Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
10 Résumé de texte
Options Scientifique et Économique
Durée : 2 heures
Candidats bénéficiant de la mesure « Tiers-temps » :
Le concours ECRICOME PRÉPA est une marque déposée. Toute reproduction du sujet est interdite. Copyright ©ECRICOME - Tous droits réservés
14h20 - 17h00
1 - RESUMER ce texte en 250 (DEUX CENT CINQUANTE) MOTS.
On tolère 10 % en plus ou en moins (225 au moins, 275 au plus).
Tout manquement à ces normes (par excès ou par défaut) sera gravement sanctionné :
par exemple, un résumé atteignant 300 ou n’atteignant pas 200 mots, sera noté zéro.
2 - DONNER UN TITRE au résumé (les mots du titre n’entrent pas dans le décompte des mots).
La qualité du titre compte dans le barême d’évaluation de la copie.
3 - INDIQUER LE NOMBRE DE MOTS UTILISÉS en portant les mentions suivantes très lisiblement et à l’encre : repère formé d’un
double trait // dans le texte écrit après chaque tranche de 50 mots, décompte chiffré cumulatif (50, 100, 150, etc) en regard
dans la marge, total exact en fin d’exercice.
N.B. : On entendra par MOT l’unité typographique limitée par deux blancs, par deux signes typographiques, par un signe typographique
et un blanc ou l’inverse. Ainsi : « l’ » compte pour un(1) mot et « c’est-à-dire » compte pour quatre (4). Cette convention est celle
des travaux de statistique lexicale (B.O.E.N. no 27-07/ 83).
Exception : les lettres euphoniques ne sont pas comptées comme mot. Ex. : « a-t-il » compte pour deux (2) mots, t étant la lettre
euphonique. Tolérance : tout nombre (cardinal ou ordinal) sera compté pour un seul mot. Ex : 1988, XXIe.
CONSIGNES
TOUTES LES COPIES DOIVENT COMPORTER UN CODE-BARRES D’IDENTIFICATION.
Aucun document n’est permis. Le jury tiendra compte de la correction et de l’orthographe.
Conformément au règlement du concours, l’usage d’appareils communiquants ou connectés est formellement interdit durant l’épreuve.
Ce document est la propriété d’ECRICOME, le candidat est autorisé à le conserver à l’issue de l’épreuve.
-2-
pour avoir menti sous serment, ont ainsi fait l’objet de les multiples nuances et ressorts par lesquels un sujet
commentaires dignes d’une exégèse biblique pour savoir déguise, arrange et truque la vérité.
s’il fallait considérer une fellation avec sa stagiaire comme Une enquête amorale sur le mensonge analysera, sans
un acte sexuel délictueux. juger, les logiques inventives d’un sujet qui construit un
Faute de pouvoir sonder les reins et les cœurs, la monde cohérent et puissant, destiné à prendre les autres
dénonciation d’un mensonge se heurte à l’obscurité des dans ses leurres. En situation ordinaire, les menteurs
intentions. Le menteur ment-il toujours délibérément et montrent beaucoup de talents pour soutenir leur mensonge
avec quel degré de conscience de son mensonge ? Le car ils doivent l’alimenter de quantité d’autres histoires.
tranchant des principes moraux ne convient pas à une Alors que le franc-parleur, une fois qu’il a confié la vérité,
analyse fine des mobiles ou de l’implication du menteur n’a plus besoin de s’encombrer d’arguties, la clarté étant
dans ses énoncés. Et parfois le menteur, sans devenir faite, le menteur, lui, compose de multiples et infinies
psychotique pour autant, peut croire par autoconviction fictions. Il affabule, il enchevêtre beaucoup de récits, il en
à ses propres mensonges. Un enfant qui nie avoir cassé rajoute sans cesse à mesure que des preuves contraires
la théière ou un meurtrier qui conteste avoir planté surgissent. Souvent cette accumulation de détails ou
son couteau dans le cœur d’une victime seront certes cet effort pour contrer la vérité devient le révélateur du
confondus par des preuves. Cependant, la vérité n’est mensonge. En racontant trop d’histoires, le menteur « en
pas toujours assise sur des faits authentifiables. La fait trop » et se dénonce. Cependant de telles constructions
perception qu’a le menteur de son mensonge peut varier, viennent aussi des menteurs non intentionnels, ceux qui
au point que la vérité se décline en tailles et couleurs : des mentent à leur insu. Elles présentent alors une richesse
petits ou demi-mensonges, ou encore ce que la langue esthétique et psychique étonnante, par des torsions et des
anglaise appelle white lies, paraissent sans conséquence hypertrophies du langage. Face à des figures si prolixes et
et ne provoquent pas le sentiment d’une trahison ni d’une si retorses, le soupçon vient de l’insistance dont témoigne
faute. La vie ordinaire oblige à mentir un peu, voire le un sujet pour afficher une vérité ou une qualité.
requiert pour ne pas heurter les autres. Exiger la vérité Insister, répéter, marteler sont des gestes langagiers
en toutes circonstances, à la manière d’Alceste dans Le suspects qui révèlent une inquiétude inverse à l’assurance
Misanthrope, mène à la solitude, voire à la folie. Ceux exposée par l’énonciateur. Freud observait que nous
qu’il dénonce, les menteurs par commodité civile, ne sont répétons ce que nous n’arrivons pas à dire une fois
d’ailleurs pas persuadés qu’ils mentent. La conscience du pour toutes. La répétition d’un comportement renvoie,
mensonge étant suspendue à la définition ou au sentiment selon lui, à un traumatisme passé que le sujet n’arrive
de chacun, l’intention de trahir la vérité ne peut être tenue pas à articuler. D’un point de vue langagier, elle indique
pour un critère absolu. Certains s’arrangent avec la vérité plutôt une dissonance vécue au présent, voire un conflit
quand d’autres éprouvent de forts scrupules à mentir. Il en contemporain entre l’énoncé et sa signification. Pourquoi
va du mensonge comme du passage à l’acte : les individus tel sujet éprouve-t-il le besoin récurrent de dire qu’il va
ne sont pas égaux devant la possibilité d’enfreindre la loi bien, qu’il n’a pas peur ou que tout lui réussit ? L’entendre
morale. continuellement claironner sa bonne santé ne nous
Dès lors, comment repérer un mensonge qui n’est suggère-t-il pas d’en douter fortement ? L’insistance peut
pas vécu comme tel ? Nous accédons là au mensonge se repérer aussi dans un ton, un rythme de phrase, un
le plus répandu et le plus intéressant : celui que chacun débit paradoxalement assuré. Des oreilles fines sauront
exerce à l’égard de soi-même. Le mensonge devient là détecter le sous-texte de tels phénomènes parfois infimes
une question immense qui dépasse les jugements moraux qui portent la trace d’un mensonge.
et juridiques. Se confronter à la puissance du mensonge Cette intuition psychologique trouve une confirmation
exige d’en analyser l’efficacité, à la mesure de celle dans l’usage politique ou publicitaire des rhétoriques
produite par la vérité, dans sa profération, sa fabrication et persuasives. Le domaine des opinions regorge en effet de
son autonomie. Pour accomplir cette tâche, un détecteur formules volontairement contradictoires où l’affirmation
de mensonge ne suffit pas. Une science autant qu’un du faux se donne l’apparence du vrai.
art de l’observation s’imposent, ce que peut accomplir
une « psychologie », du moins celle que pratiquaient les
moralistes du XVIIe siècle ou encore celles de Nietzsche François Noudelmann, Le Génie du mensonge,
et de Freud. Les mille et une manières dont un sujet Max Milo Editions, 2015
s’abuse, croit à ses mensonges, se prend dans les pièges pages 11 à 18
de son amour-propre conduisent à étendre l’enquête
sur le mensonge bien au-delà de l’acte intentionnel. Les
menteurs ne savent pas toujours qu’ils mentent, d’autant
qu’ils abusent à la fois les autres et eux‑mêmes. La
notion d’intention semble trop grossière pour apprécier
-3-
-4-