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INTRODUCTION

Jadis considérée comme un art, la profession infirmière est aujourd’hui une science
qui s’appuie sur un corps de connaissances et sur des méthodes qui s’appliquent
dans des contextes humains et sociaux en constante évolution.

Ce module permettra à l’élève infirmier de se familiariser aux vocables propres à la


profession mais aussi d’acquérir des connaissances de base sur la théorisation des
soins infirmiers.

L’appropriation des concepts et théories facilitera à l’élève la compréhension des


autres modules relatifs aux soins infirmiers dont l’histoire et organisation de la
profession, les techniques soins et plus tard la démarche en soins infirmiers.

Le module est structuré en quatre (4) chapitres dont :


Chapitre I : Définitions des termes ;
Chapitre II : Nécessité du modèle conceptuel en S.I.
Chapitre III : Les théories en S.I.
Chapitre IV : Le modèle conceptuel de V.H.

L’objectif visé est d’amener l’élève infirmier à comprendre ce qu’est l’infirmier ainsi
que son mandat social.

Deux objectifs intermédiaires sont assignés à ce module dont :


- circonscrire l’origine de la profession infirmière ;
- décrire toutes les philosophies des soins infirmiers.
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OBJECTIFS ET MEHTODES

1. OBJECTIFS

A la fin de l’enseignement de ce module, l’apprenant doit être capable de :


- Cerner les notions fondamentales qui gouvernent la profession infirmière.
- Expliquer les composantes du modèle conceptuel en soins infirmiers (S.I.).
- S’approprier les quatre (4) grands courants de pensée en soins infirmiers.
- Expliquer le cadre de référence de V.H.

2. METHODES TECHNIQUES
- Exposé médiatisé
- Travaux de groupe

3. EVALUATION
- QCM
- QROC
- Questions rédactionnelles
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CHAPITRE I

DEFINITION DES TERMES


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DEFINITIONS DES TERMES

Sachant que la marque professionnelle des soins infirmiers correspond au savoir


infirmier et à la façon dont les infirmières s’en servent, il est alors indispensable que
nous ayons le même entendement par rapport à des termes cardinaux ou mots clés.

 Concept
Le concept est une représentation mentale que l’on se fait d’une idée, d’un objet
ou d’un événement.
Le concept constitue en soins infirmiers la façon dont les idées sont organisées et
communiquées aux autres.

 Théories
Ce sont des ensembles de définitions et de propositions liées visant à expliquer,
à décrire une partie du monde empirique. La théorie explique l’ordre d’application
de phénomènes ; elle prend le nom de paradigme lorsqu’elle fait l’unanimité de la
communauté scientifique en sciences sociales.

 Modèle
Un modèle est une reconstitution de la réalité, l’image mentale, descriptive ou
analogique qui permet de visualiser une théorie. C’est aussi l’unité de référence
stable qui reproduit les grandes lignes d’un objet réel guidant ainsi le
raisonnement.

 Modèle conceptuel en soins infirmiers


C’est une représentation mentale de ce que pourrait ou devrait être la profession
infirmière.
Le modèle conceptuel sert à structurer l’activité infirmière ; il précise le but de la
profession, guide la pratique, la formation et la recherche en soins infirmiers.
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 Santé
C’est une perception personnelle dont la signification varie d’une personne à une
autre selon le développement personnel, les influences sociales et culturelles, les
expériences antérieures et les attentes personnelles.
Cependant, la conception que l’infirmier a de la santé et de ses déterminants
influence fortement la nature et la portée des soins infirmiers.
En 1946-1947, l’OMS proposa la définition suivante « la santé est un état de
complet bien être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en
une absence de maladie ou d’infirmité ».
Bien qu’elles soient multiples, les définitions de la santé peuvent être regroupées
en quatre (4) modèles :
- Le modèle clinique où la santé est caractérisée par l’absence de signes et de
symptômes de maladie ou d’infirmité connus.
- Le modèle sociologique : la santé se caractérise par la capacité de remplir les
fonctions sociales avec la plus grande performance. La santé est ici perçue
comme « l’accomplissement effectif des rôles et des fonctions valorisées
auxquels un individu est destiné par voie de socialisation ».
- Le modèle adaptatif : la santé correspond à la capacité de s’adapter
facilement à son milieu avec lequel l’individu interagit.
- Le modèle eudémoniste : la santé équivaut au bien être ; est dit en santé tout
individu accompli c’est-à-dire qui s’est réalisé.

 La maladie
Du latin « male habitus » qui veut dire se trouver en mauvais état, la maladie est
un trouble, une anomalie qui pose des interrogations sur la santé, la guérison, la
souffrance voire la mort.
Tout comme la santé, la maladie est sujette à interprétation ; elle est une
perturbation d’un fonctionnement considéré normal et renvoie à des fantasmes de
culpabilité, d’immoralité, de défaillance ou d’anormalité selon les croyances.

 L’infirmier
C’est la personne qui, ayant suivi un enseignement de base est apte et habilité à
assumer dans son pays les responsabilités des soins infirmiers (SI) que
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requièrent la promotion de la santé, la prévention des maladies et les soins aux


malades ».

 Soins infirmiers
C’est un service d’aide qui vise la suppléance aux incapacités, la prévention de la
maladie, la restauration, le maintien et la promotion de la santé de l’individu, de la
famille et de la communauté avec leur pleine participation.
Les soins infirmiers peuvent être subdivisés en trois catégories : soins préventifs,
soins curatifs et soins palliatifs.
 Les soins préventifs consistent à prévenir l’apparition de troubles ou de
maladie ; ils ont une visée prophylactique et comprennent la prévention
primaire, secondaire et tertiaire.
- La prévention primaire correspond aux soins dispensés dans le but de
diminuer l’incidence d’une maladie dans une population. Exemples :
vaccinations systématiques, évacuation des ordures ménagères.
- La prévention secondaire correspond aux soins dispensés dans le contexte
d’une maladie existante ; elle consiste à réduire la prévalence d’une maladie
dans une population donnée en limitant le nombre de cas atteints et en
enrayant le risque de contamination.
- La prévention tertiaire est l’ensemble des soins infirmiers dispensés à une
phase avancée ou évolutive d’une maladie dans le but de prévenir les
récidives, limiter les séquelles/complications.

 Les soins infirmiers curatifs sont les soins donnés/dispensés à une personne,
une famille ou un groupe d’individus atteints d’une maladie. Ces soins visent
la disparition des signes avant coureurs de la maladie et sont susceptibles de
guérir ou de permettre l’accès à un meilleur état de santé.

 Les soins infirmiers palliatifs visent à atténuer les symptômes d’une maladie
« lorsqu’il n’y a plus rien à faire ».

Chacune de ces trois catégories de soins infirmiers comporte trois dimensions :


éducative, relationnelle et technique.
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CHAPITRE II

LE MODELE CONCEPTUEL
EN SOINS INFIRMIERS

« C’est en ayant conscience de ce qu’il est que l’être


humain est capable d’être présent à l’autre »

LISE RIOPELLE
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II – LE MODELE CONCEPTUEL EN SOINS INFIRMIERS

2.1. Début de la théorisation


Jusqu’à la fin du 19ème siècle, soigner fut considéré comme un art, un métier
pratiqué essentiellement par des religieuses. La professionnalisation des soins
infirmiers naît avec les travaux de Florence Nightingale en 1859 dans « Notes on
Nursing ». Les soins infirmiers deviennent alors une profession avec un programme
de formation sur les bases théoriques et pratiques par opposition au métier qui
s’apprend sur le « tas » sans cursus scolaire.
Cet effort de théorisation n’eut pas de retombées immédiates sur le développement
de la profession car la conception de Nightingale ne servit de base ni à la formation
ni à la pratique des soins infirmiers. Ainsi, toute la première moitié du 20 ème siècle
durant, la mission infirmière fut essentiellement un rôle d’assistance médicale. Les
années 1960 furent celles de la reprise du processus de théorisation avec en toile de
fond le mouvement féministe qui s’est organisé tout en remettant en cause les
façons traditionnelles de concevoir et de développer la science.

2.2. Importance du modèle conceptuel en soins infirmiers


L’influence des autres professionnels sur l’organisation et la structure des
soins, la multiplicité d’interprétations du rôle infirmier (seconde le médecin,
autonome…) ont été les facteurs ayant motivé l’infirmier à définir le but de sa
profession et de préciser sa spécificité par rapport aux autres. Ce besoin de
conceptualiser le service infirmier prit ses racines à partir d’une remise en cause du
programme traditionnel de formation calqué sur la médecine et administré par les
médecins.
Une réorientation des programmes vit le jour à partir du savoir infirmier, ce qui a
conduit à une organisation des connaissances. Cependant, la description du savoir
infirmier (savoir, savoir faire, savoir être) a engendré des questions d’ordre théorique
et philosophique telles que :
 Quel est le domaine d’intérêt de la discipline infirmière ?
 En quoi la profession infirmière est-elle différente/distincte des autres professions
de la santé ?
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 Quel devrait être le corps de connaissances nécessaires à l’identification, le


contrôle et la guidance de l’action infirmière ?

Ces questions trouvent leurs réponses dans des conceptions claires et précises,
complètes et explicites appelées modèles conceptuels. Les modèles conceptuels en
soins infirmiers permettent alors :
- de cerner le domaine d’intérêt de la discipline infirmière ;
- de préciser la contribution spécifique de la profession ;
- de délimiter le corps de connaissances requises pour l’exercice de la
profession infirmière.

Le modèle conceptuel permet une certaine unicité de volonté et de désir, essentielle


pour tout engagement.
Chaque modèle conceptuel en soins infirmiers est constitué de trois composantes
essentielles : les valeurs, les postulats et les éléments.

2.3. Les composantes d’un modèle conceptuel en soins infirmiers


Tout modèle conceptuel en soins infirmiers est constitué d’un ensemble de
trois (3) composantes qui sont les postulats, les valeurs et les éléments : ce sont les
bases ou assises théoriques du modèle conceptuel.

2.3.1. Les postulats


Ce sont les faits ou les énoncés généralement admis, vrais et légitimes
constituant le fondement théorique sur lequel repose la conception. Ils comprennent
des concepts qui illustrent la vision du bénéficiaire.

2.3.2. Les valeurs


Ce sont les croyances de l’auteur d’une conception. Les valeurs donnent une
vision globale du service infirmier.
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2.3.3. Les éléments essentiels du m.c.


Spécifiquement au service professionnel de l’infirmier, les éléments
représentent les activités professionnelles quels que soient le lieu et le moment de
l’action professionnelle. Ces éléments sont :
 Le but : c’est la fin recherchée par les membres de la profession.
 Le bénéficiaire du service : c’est l’individu ou groupe d’individus définis par la
conception et vers qui le professionnel dirige ses activités.
 Rôle du professionnel : c’est l’action sociale jouée par les membres d’une
discipline donnée.
 Source de difficulté : c’est l’origine ou la cause probable des difficultés éprouvées
par le bénéficiaire face à son bien être.
 Interventions : elles se composent du centre et du mode d’intervention.
 Le centre de l’intervention est le foyer de l’attention portée au bénéficiaire sur
lequel le professionnel intervient.
 Le mode d’intervention est le moyen dont dispose le professionnel pour
intervenir ou agir.
 Conséquences : ce sont les résultats attendus de l’activité professionnelle en
accord avec le but poursuivi.
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CHAPITRE III

LES THEORIES EN SOINS INFIRMIERS

« C’est de la discussion que jaillit la lumière »

J.J. ROUSSEAU
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III – LES THEORIES EN SOINS INFIRMIERS

Il existe une multitude de théories en soins infirmiers qu’on peut regrouper en


tendances ou courants de pensée en soins infirmiers dont :
- tendance écologique ;
- tendance existentielle ;
- tendance sociologique ;
- tendance cosmique.

3.1. La tendance écologique

3.1.1. FLORENCE NIGHTINGALE


La professionnalisation des soins infirmiers est induite par Florence
Nightingale qui s’inspira des observations minutieuses réalisées auprès des soldats
soignés durant la guerre de Crimée. Très concernée par les concepts de prévention
et promotion de la santé, Florence mise sur l’environnement pour apporter secours
aux blessés.

3.1.1.1. La conception de l’homme


L’être humain est considéré comme un instrument passif soumis aux lois de la
nature.

3.1.1.2. Le but des soins infirmiers


Dans « Notes on Nursing », Florence Nightingale déclara en 1859 que le
service infirmier consiste à « Mettre le patient dans les meilleures conditions
possibles, afin que la nature puisse faire son œuvre en lui ».
Pour Florence Nightingale, « être en santé ne se résume pas seulement à se sentir
bien mais à pouvoir utiliser toutes ses ressources ».

3.1.1.3. Cadre de travail en soins infirmiers


Pour que le patient mobilise son énergie vitale à la guérison, l’infirmier doit
veiller à une manipulation coordonnée de l’environnement. Il s’agit d’assurer au
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malade les éléments essentiels à la guérison qui sont : l’air pur, la lumière, la chaleur
et la nourriture saine.

3.1.2. MARTHA ROGERS


Sa théorie de soins infirmiers se fonde sur le processus de vie de l’homme en
interaction avec son environnement. Cette théorie d’adaptation est centrée sur cinq
(5) principes scientifiques :
1. « L’être humain est un tout unifié qui possède son intégrité propre et qui
manifeste des caractéristiques qui sont plus et qui sont différentes de la somme
de ses parties ».

2. « L’homme et son environnement échangent continuellement de la matière et de


l’énergie ».

3. « Le processus de la vie évolue d’une manière irréversible et unidirectionnelle le


long du continuum de l’espace et du temps vers une complexité toujours plus
grande et vers de nouveaux modes d’adaptation ».

4. « L’organisation et le phénomène de l’adaptation caractérisent l’être humain


parmi toutes les autres créatures et sont un reflet de son intégration innovatrice ».

5. « L’être humain est caractérisé par sa capacité d’abstraire, de représentation, de


parler, de penser et de s’émouvoir ».

3.1.2.1. Conception de l’homme


L’homme est un système ouvert coexistant dans l’univers avec son
environnement. Pour MARTHA ROGERS, l’être humain affecte son environnement
immédiat et est affecté par lui.

3.1.2.2. But des soins infirmiers


Il consiste à servir l’homme de trois manières :
- Promouvoir l’harmonie entre l’homme et son environnement ;
- Renforcer la cohérence et l’intégrité du champ humain ;
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- Aider l’être humain à atteindre un état de santé physique, mental et social


maximal.

3.1.2.3. Cadre de travail en soins infirmiers


Selon Martha, les interventions infirmières comprennent :
- La collecte des données concernant la personne soignée et son
environnement ;
- Utilisation des compétences techniques et relationnelles pour favoriser
l’intégration de l’être humain dans son environnement.

3.1.3. CALLISTA ROY


Sa théorie se base également sur l’adaptation de l’homme. Les processus
d’adaptation appartiennent à l’un ou l’autre des deux groupes de mécanismes :
 Les mécanismes régulateurs, physiologiques, chimiques, neurologiques et
endocriniens qui préparent l’organisme aux changements de l’environnement.
 Les mécanismes cognitifs, psychologiques qui permettent l’adaptation
émotionnelle et cognitive.

3.1.3.1. Conception de l’homme


L’homme est un être biopsychosocial en interaction constante avec son
environnement. Il dispose de quatre modes d’adaptation pour rester en harmonie
avec son environnement dont :
- besoins physiologiques ;
- image ou estime de soi ;
- maîtrise des rôles ;
- relations d’interdépendance.

3.1.3.2. But des soins infirmiers


Il consiste à promouvoir l’adaptation de l’être humain à travers les quatre
modes d’adaptation.
Les soins infirmiers sont centrés sur le patient qui doit réagir positivement à tout
stimulus présent en libérant de l’énergie elle-même génératrice de changement.
Le but est d’aider le malade à atteindre un état d’adaptation qui le rendra libre de
répondre aux stimuli.
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3.1.3.3. Cadre de travail


Les interventions infirmières sont définies comme une évaluation des
comportements et des facteurs qui ont des répercussions sur l’adaptation. Elles
consistent à :
- Evaluer les compétences du patient et les facteurs qui influencent
l’adaptation ;
- Aider l’individu à utiliser des mécanismes innés et acquis pour s’adapter ;
- Permettre au malade de conserver son énergie qui sera employée à la
guérison.

Pour ces théories dites d’adaptation, l’action infirmière implique la possibilité de


changement en ramenant le stimulus dans la zone où une réponse positive est
possible.

3.2. LA TENDANCE EXISTENTIELLE

3.2.1. HILDE GARDE PEPLAU


Elle conceptualise les soins infirmiers comme une relation humaine entre un
individu (malade ou nécessitant des services de santé) et une infirmière.

3.2.1.1. Conception de l’homme


Selon HILDEGARDE PEPLAU, l’homme ne peut se développer et s’épanouir
que s’il s’engage dans des interactions avec autrui ou avec son environnement.
De ce fait, « l’homme est un organisme vivant dans un état d’équilibre instable et qui
lutte pour atteindre un état d’équilibre parfait qu’il n’atteindra qu’à la mort ».
Cette recherche d’équilibre génère des sentiments de bien-être, de joie mais aussi
d’anxiété ou de solitude.

3.2.1.2. But des soins infirmiers


Les soins infirmiers ont trois (3) visées :
- Axer le développement de la personnalité vers une vie créative, constructive
et productive pour l’individu et pour la communauté ;
- Favoriser les tendances naturelles de l’être humain ;
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- Aider au développement de la personnalité en prodiguant des soins éducatifs.

PEPLAU base sa théorie sur deux principes :


 Tout comportement humain a une signification et tend vers un but qui peut être la
recherche d’un sentiment de satisfaction ou d’un sentiment de sécurité.
 Toute interférence ou barrière qui se met en travers de la poursuite d’un but
constitue une frustration.

3.2.1.3. Cadre de travail


Les interventions infirmières équivalent à un processus composé de quatre
phases qui sont :
- la phase d’orientation ;
- la phase d’identification ;
- la phase d’exploitation ;
- la phase de résolution.

PEPLAU prône deux hypothèses dans l’organisation des interventions infirmières :


- la personnalité de l’infirmier fait une différence substantielle au niveau de ce
qu’un patient peut apprendre durant l’expérience de sa maladie ;
- l’une des fonctions des soins infirmiers est de contribuer au développement de
la personnalité de l’infirmière dans le sens de la maturité personnelle et
professionnelle.

3.2.2. NANCY ROPER


Ce modèle vise la prise en compte de la réalité immédiate et concrète de l’être
humain qui aspire à la réalisation de soi.

3.2.2.1. Conception de l’homme


L’être humain est « un système ouvert » en relation permanente avec son
environnement. Il s’adapte, croit, se développe et tend vers l’indépendance.
L’homme se caractérise par les activités qu’il entreprend qui se subdivisent en quatre
groupes :
- les activités de la vie quotidienne indispensables à la vie permettant la
satisfaction des besoins de base (respiration, alimentation, élimination,
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propreté personnelle, habillement, mobilisation, communication, socialisation,


travail, distraction, relaxation et sommeil) ;
- les activités visant la recherche du confort, du bien être ;
- les activités de recherche et de poursuite de buts.

3.2.2.2. But des soins infirmiers


Il se résume à promouvoir l’acquisition, le maintien ou la restauration de
l’indépendance maximum pour chaque patient au niveau des quatre groupes
d’activités.
Il s’agit de déterminer les activités prioritaires à promouvoir pour plus
d’indépendance.

3.2.2.3. Cadre de travail


Les interventions infirmières qu’elle définit consiste à :
- évaluer les capacités d’indépendance de la personne ;
- fixer des objectifs avec le patient selon le temps disponible ;
- aider le patient à atteindre les objectifs fixés à court, moyen et long termes ;
- évaluer le gain d’indépendance pour chacune des quatre activités sur une
échelle allant de l’indépendance (10) à la dépendance (0).

Pour les théories existentielles, les soins infirmiers contribuent à travers l’expérience
de la maladie, au développement de la personnalité du malade par le biais de la
relation interpersonnelle.

3.3. LA TENDANCE SOCIOLOGIQUE

DOROTHEA OREM
Le modèle explicite la spécificité des soins infirmiers à travers les « self
cares » ou auto soins. Soigner est un processus au cours duquel l’infirmier mobilise
ses capacités d’analyse, d’organisation et de décision, dans le but d’aider le patient à
atteindre un niveau de santé optimal.
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3.3.1. La conception de l’homme


L’être humain est une unité d’auto soins ou self cares qui dispose des
capacités, des aptitudes et la liberté de s’impliquer dans les activités de ces self
cares.
Les self cares sont des actions positives et pratiques qui nécessitent un choix, une
décision.

3.3.2. Le but des soins infirmiers


Les soins infirmiers consistent ici à aider l’individu à accomplir seul ses
activités d’auto soins et de l’amener à adopter une attitude responsable concernant
sa santé.
Selon DOROTHEA OREM, lorsqu’une personne devient dépendante du fait d’une
maladie ou d’un accident, elle passe de la situation d’agent d’auto soins à celle de
receveur d’auto soins.
Ces selfs cares sont :
- self care air et oxygène
- self care eau
- self care nourriture
- self care élimination
- self care équilibre entre activités et repos
- self care équilibre entre solitude et interactions sociales
- self care protection contre le danger
- self care respect des normes sociales.

Ces self cares se répartissent en trois groupes (3) principaux dont les self cares
universels, self care d’évaluation et self care d’adaptation.

3.3.3. Le cadre de travail


La conception de soins infirmiers de DOROTHEA OREM intègre quatre
phases dont :
- collecter des données pour déterminer les problèmes de santé ;
- construire un système d’assistance infirmière pour le malade ou pour sa
famille et planifier cette assistance ;
- mettre en œuvre et conduire à bon terme puis contrôler les actions planifiées ;
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- évaluer et ajuster le plan de soins.

DOROTHEA OREM identifie trois (3) systèmes de soins infirmiers dont :


- le système totalement compensatoire où le malade ne joue aucun rôle
(comateux) ;
- le système supportif – développemental où le malade est en mesure
d’accomplir certaines activités d’auto soins lorsqu’il est aidé ;
- le système partiellement compensatoire dans lequel le malade et l’infirmier
participent aux activités retenues.

Pour DOROTHEA OREM, plus qu’une simple combinaison des activités, les soins
infirmiers sont plutôt un processus pensé, organisé, contrôlé et dirigé vers un but.

3.4. LA TENDANCE COSMIQUE

VIRGINIA HENDERSON
Son modèle conceptuel est paru en 1955 dans « Textbook of the principles
and practices of Nursing »

3.4.1. La conception de l’homme


L’être humain et un être entier, complet et indépendant disposant de 14
besoins fondamentaux et possédant les ressources nécessaires pour les satisfaire
sur les plans biologique, psychologique et social.

3.4.2. But des soins infirmiers


Il consiste à aider le patient à recouvrer son autonomie ou à défaut retrouver
une zone d’autonomie en dépit du handicap.

3.4.3. Cadre de travail


Les interventions infirmières se résument à l’accomplissement des tâches que
l’individu s’acquitterait lui-même s’il en avait la force, la volonté ou la connaissance.
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Conclusion

Les écrits en soins infirmiers sont multiples mais toutes ces philosophies de
soins sont classées en quatre groupes principaux ou courants de pensée dont la
tendance existentielle, écologique, sociologique et cosmique.
Ces approches sont formées des concepts organisés et logiquement reliés entre eux
pour fournir le cadre de référence de l’exercice infirmier, la base du choix des
connaissances à transmettre ainsi que l’orientation de la recherche infirmière.
Tous ces courants de pensée permettent aux infirmiers d’expliquer leur mandat
social mais aussi et surtout de préciser leur spécificité dans l’équipe pluridisciplinaire
des professionnels de la santé.
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CHAPITRE IV

LE MODELE CONCEPTUEL DE VIRGINIA HENDERSON

« Reconnaître les problèmes des gens, tant physiques que


psychologiques et sociaux puis aider ces personnes à les
surmonter, tel est et fut plus ou moins l’objectif des soins
infirmiers dans le monde »

VIRGINIA HENDERSON
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Le modèle conceptuel de VIRGINIA HENDERSON

L’évolution de la profession infirmière est émaillée d’une éclosion de


conceptions qui ne sont pas toutes des cadres conceptuels. En effet, une conception
prend la dénomination de modèle conceptuel lorsqu’elle sert de guide pour la
pratique, la formation et la recherche après avoir défini le but des soins infirmiers.

Exemples de cadres théoriques :


- Déterminants de la relation infirmière-patient de G.G. UJHELY.
- Les soins infirmiers de IMOGENE KING ;
- Les soins infirmiers cliniques de MYRA LEVINE.

Le modèle conceptuel en soins infirmiers est un guide structuré, un support servant à


rendre efficiente et effective l’action infirmière. C’est un fil conducteur composé de
postulats, de valeurs et des éléments.
Les modèles en soins infirmiers permettent une organisation de la pensée, ils
donnent une structure pour observer et interpréter ce que voit l’infirmier. Les cadres
de référence conduisent en fin à une rationalisation dans la dispense des soins par
l’identification préalable d’un problème de santé de l’individu, la famille ou la
communauté.

4.1. Les postulats


Ce sont les bases ou assises théoriques de tout cadre de référence. Répondant à la
question comment, les postulats sont les fondements théoriques vérifiés et
vérifiables par tous.
VIRGINIA HENDERSON a défini trois postulats qui soutiennent son modèle
conceptuel :
a. Toute personne (être humain) tend vers l’indépendance et la désire.
b. L’individu forme un tout caractérisé par quatorze (14) besoins fondamentaux.
c. Lorsqu’un besoin demeure insatisfait, l’individu n’est pas « complet », « entier »,
« indépendant ».
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4.2. Les valeurs


Correspondant au pourquoi du modèle conceptuel, les valeurs sont des croyances
qui sont en conformités avec les caractéristiques de la société.
Cependant, les valeurs personnelles et professionnelles de l’infirmier lui échappent
souvent, il n’est pas toujours conscient de les posséder à moins qu’elles ne lui soient
rappelées.
Les valeurs sont nos convictions intimes, elles sont donc à la base de nos
impressions.
VIRGINIA HENDERSON définit ainsi trois valeurs qui sous-tendent son modèle
conceptuel :
 L’infirmière possède des fonctions qui lui sont propres (spécificité) ;
 Lorsque l’infirmière usurpe le rôle du médecin, elle cède en retour ses fonctions à
un personnel non qualifié ;
 La société attend un service particulier de la part de l’infirmière qu’aucun autre
travailleur ne peut lui rendre.

4.3. Les éléments


Ils équivalent au quoi du modèle conceptuel.
Le schème ou cadre de référence de VIRGINIA HENDERSON comprend six
éléments qui sont le but de la profession, le bénéficiaire, le rôle, la source de
difficulté, l’intervention et les conséquences.

4.3.1. Le but de la profession


Il consiste à rendre la cible ou bénéficiaire indépendant (conserver ou rétablir)
dans la satisfaction de ses besoins fondamentaux.

4.3.2. Le bénéficiaire
C’est la cible de l’action infirmière ou le client (malade) qui est perçu comme
un être biopsychosocial utilisant une infinité de moyens/manières propres pour
satisfaire chacun de ses quatorze (14) besoins fondamentaux qui sont :
1. Respirer
2. Boire et manger
3. Eliminer
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4. Se mouvoir et maintenir une bonne posture


5. Dormir et se reposer
6. Se vêtir et se dévêtir
7. Maintenir la température du corps dans les limites normales
8. Etre propre, soigné et protéger ses téguments
9. Eviter les dangers
10. Communiquer avec ses semblables
11. Agir selon ses croyances et valeurs
12. S’occuper en vue de se réaliser
13. Se recréer
14. Apprendre.

4.3.3. Rôle de l’infirmier


Il correspond à la suppléance aux capacités qui peut être partielle ou totale,
temporaire ou définitive : c’est le rôle ou fonction spécifique de l’infirmier.
Un second rôle est reconnu à l’infirmier par lequel il s’associe aux autres
membres de l’équipe pour une meilleure prise en charge du malade : c’est la
fonction de collaboration.

4.3.4. Source de difficulté


C’est la cause expliquant la dépendance du malade. Elle revêt trois formes :
manque de force physique, manque de motivation et le manque de
connaissance.

4.3.5. Intervention
On distingue le centre d’intervention et le mode d’intervention. Le centre de
l’intervention infirmière est la zone ou le lieu ou site de la dépendance : c’est le
foyer déficitaire.
Lorsque l’infirmier identifie les actions que l’individu ne peut pas accomplir
pour satisfaire le besoin fondamental, il définit les activités de suppléance à
entreprendre. Ces activités qui sont entreprises par l’infirmier pour rendre
autonome le malade forment les interventions infirmières dont les modes
selon VIRGINIA HENDERSON sont :
- Remplacer
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- Compléter
- Substituer
- Ajouter
- Renforcer
- Augmenter

4.3.6. Conséquences
Elles correspondent aux résultats escomptés par l’infirmier après une
intervention chez un malade donné.
Le résultat peut être selon les cas :
 La satisfaction du besoin lorsque l’intervention a visé un problème
prioritaire : elle est dite immédiate ;
 L’autonomie ou l’indépendance lorsque les interventions ont permis la
satisfaction de l’ensemble de besoins fondamentaux perturbés : elle est
appelée médiate ;
 Ou alors une mort paisible dans l’honneur et la dignité « lorsqu’ il ne reste
plus rien à faire ».

Conclusion
La profession infirmière est fondée sur un cadre de référence ou schème ou modèle
conceptuel qui se compose de postulats, des valeurs et des éléments. Ces concepts
forment les assises théoriques de la philosophie des soins où l’infirmier et son
mandat social sont clairement définis.

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