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LA RELATION D’AIDE

UE 4.2. S3
V.1: http://www.infirmiers.com/pdf/la-relation-d-aide

V.2: Carmen IGLESIAS


Psychologue
INTRODUCTION
L’entretien de soutien psychologique dans la démarche de
soins relationnels

Il existe encore beaucoup de confusion sur la définition des soins


relationnels et encore plus de difficultés à enseigner et à les mettre en
œuvre au sein des unités de soin.
Et pourtant les soins relationnels sont des soins à part entière, aussi
importants que les soins techniques et les soins éducatifs.
Il est important que les futurs infirmiers soient mieux formés et mieux
outillés pour construire des démarches de soins infirmiers sur le
terrain, dans lesquelles les soins relationnels auront toute leur place,
au même titre que les soins techniques et éducatifs.
I. RAPPELS DES DECRETS INFIRMIERS

Dans le décret n° 2004-802 du 29 juillet 2004,


il est précisé que les soins infirmiers sont de nature:

TECHNIQUE, RELATIONNELLE ET
ÉDUCATIVE
 Article R. 4311-1
L'exercice de la profession d'infirmier ou d'infirmière comporte
l'analyse, l'organisation, la réalisation de soins infirmiers et leur
évaluation, la contribution au recueil de données cliniques et
épidémiologiques et la participation à des actions de prévention,
de dépistage, de formation et d'éducation à la santé. Dans
l'ensemble de ces activités, les infirmiers et infirmières sont
soumis au respect des règles professionnelles et notamment du
secret professionnel.
Ils exercent leur activité en relation avec les autres
professionnels du secteur de la santé, du secteur social et
médico-social et du secteur éducatif.
 Article R. 4311-2

Les soins infirmiers, préventifs, curatifs ou palliatifs, intègrent


qualité technique et qualité des relations avec le malade.

… Ils ont pour objet, dans le respect des droits de la personne,


dans le souci de son éducation à la santé et en tenant compte
de la personnalité de celle-ci dans ses composantes
physiologique, psychologique, économique, sociale et culturelle.
1. De protéger, maintenir, restaurer et promouvoir la santé physique
et mentale des personnes ou l'autonomie de leurs fonctions
vitales physiques et psychiques en vue de favoriser leur
maintien, leur insertion ou leur réinsertion dans leur cadre de vie
familial ou social ;

2. De concourir à la mise en place de méthodes et au recueil des


informations utiles aux autres professionnels…
3. …
4. …
5. De participer à la prévention, à l'évaluation et au soulagement de
la douleur et de la détresse physique et psychique des
personnes, particulièrement en fin de vie au moyen des soins
palliatifs, et d'accompagner, en tant que de besoin, leur entourage.
 Article R. 4311-5

Dans le cadre de son rôle propre, l'infirmier ou l'infirmière accomplit les


actes ou dispense les soins suivants visant à identifier les risques et à
assurer le confort et la sécurité de la personne et de son
environnement et comprenant son information et celle de son
entourage :

40° Entretien d’accueil privilégiant l’écoute de la personne avec
orientation si nécessaire ;

41° Aide et soutien psychologique;

42° Observation et surveillance des troubles du comportement;


 Article R. 4311-6

Dans le domaine de la santé mentale, outre les actes et soins


mentionnés à l'article R. 4311-5, l'infirmier ou l'infirmière
accomplit les actes et soins suivants :

1° Entretien d'accueil du patient et de son entourage ;

2° Activités à visée socio-thérapeutique individuelle ou de


groupe ;

3° Surveillance des personnes en chambre d'isolement ;

4° Surveillance et évaluation des engagements


thérapeutiques qui associent le médecin, l'infirmier ou
l'infirmière et le patient.
II. LA RELATION D’AIDE

A. DÉFINITIONS

A.1 Relation
Tout ce qui ,dans l’activité d’un être vivant, implique une
interdépendance, une interaction dés lors qu’une modification de
l’un entraîne une modification de l’autre.
(Définition dictionnaire ROBERT).

A.2 Aide
Action d'aider quelqu'un, de lui donner une assistance
momentanée ; appui, soutien : Avec votre aide, je réussirai.
Secours financier, subvention accordés à certaines catégories
sociales (handicapés, personnes âgées...), à certaines
industries ou entreprises …
A.3 Confiance

Assurance, hardiesse, courage qui vient de la conscience qu'on


a de sa valeur, de sa chance : Faire face aux difficultés avec
confiance.
Sentiment de quelqu'un qui se fie entièrement à quelqu'un
d'autre, à quelque chose : Notre amitié est fondée sur une
confiance réciproque.
Sentiment d'assurance, de sécurité qu'inspire au public la
stabilité des affaires, de la situation politique : La confiance des
épargnants envers l'État.
Si l’on entre en relation avec son corps et sa parole,
l’affectivité est l ’élément central,
il est au cœur des relations soit pour les fonder,
soit pour les souder,
soit pour les défaire.
A.4 Facteurs dans la relation

Facteurs Facteurs sociaux Facteurs


psychologiques physiques

Valeurs Catégorie Perception


personnelles professionnelle propre à chacun

Représentations Age /culture Aspect physique


préjugés

Émotions désirs Rôle /fonction


Une relation c’ est la rencontre
entre 2 personnes (au -) avec…

 2 Caractères.

 2 psychologies.

 2 histoires.

La relation soignant soigné est donc une


rencontre singulière et unique dans une situation
de soin particulière et unique.
A . 5 La relation d’aide

 La relation d’aide se définit comme l’aide psychologique. La


relation est le support de l’aide. C’est aussi l’engagement
dans la voie de l’accompagnement. Elle se réfère à la
philosophie humaniste.
 Cette approche tient compte de la prise en charge de la
personne : c’est le prendre soin du sujet. Les anglais parlent
du caring.

 Elle peut-être considérée comme le cœur du métier


d’infirmière.
L. Lamontagne, infirmière clinicienne québécoise définit ainsi la
relation d’aide:

« C’est de faciliter à l’autre la découverte de lui-même


(émotions, ressources, choix) à l’occasion de sa maladie, de
son hospitalisation dans l’ici et le maintenant »

Jacques CHALIFOUR (1969)


« …la relation d’aide consiste en une interaction particulière
entre deux personnes, l’IDE et le client, chacun contribuant
personnellement à la recherche et à la satisfaction d’un
besoin d’aide présent chez ce dernier (…) »
Carl ROGERS :

« La relation d’aide est une communication de type thérapeutique


qui s’instaure entre un professionnel de santé et un patient à
l’occasion de certaines difficultés.
L’aidant met à la disposition de l’aidé une ressource complémentaire
afin que celui-ci puisse trouver une solution au problème auquel il est
confronté.
La solution doit être perçue par les deux intervenants dans une
optique de croissance et d’épanouissement et non uniquement de
résolution de problèmes.
La relation d’aide est basée sur la non directivité pour permettre
l’évolution du sujet.
Dans la relation d’aide, l’aidant « cherche à favoriser chez l’autre la
croissance, le développement, la maturité, un meilleur fonctionnement
et une plus grande capacité d’affronter la vie ».
Roger MUCCHIELLI

La relation d’aide = entretien non directif ou centré sur le patient .

« La centration sur le patient pour comprendre le problème tel que


le patient l’éprouve suppose logiquement les principes suivants,
que l’on peut déjà formuler :

1) Une attitude d’intérêt ouvert, c’est-à-dire une disponibilité


intégrale, sans préjugé ni a priori d’aucune sorte, une manière
d’être et de faire qui soit un encouragement continu à l’expression
spontanée d’autrui.

2) Une attitude de non jugement qui permette de tout recevoir, de


tout accueillir, sans critique ni culpabilisation ni conseil.
3) Une attitude de non-directivité, c’est-à-dire qu’il n’y a pas
quelque chose de présupposé à chercher ou à vérifier, et que le
client a l’initiative complète dans sa présentation du problème et
dans son itinéraire

4) Une intention authentique de comprendre autrui dans sa


propre langue, de penser dans ses termes, de découvrir son
Univers subjectif, c’est-à-dire de saisir les significations que la
situation a pour le patient.

5) Un effort continu pour rester objectif et pour contrôler tout au


long de l’entretien ce qui se passe. »
B. PREALABLES

L’infirmière doit avoir des connaissances, des habiletés et des


attitudes particulières.

Parmi les connaissances reliées à son domaine de travail, l’IDE


doit posséder les notions nécessaires pour reconnaître et
comprendre.
Les manifestations psychologiques particulières du besoin
d’aide et la place qu’elles occupent dans la demande d’aide du
client.

L’IDE doit également posséder une connaissance élevée d’elle-


même (écouter et être écouté) pour établir une relation affective
significative (de confiance) avec le patient.
Il se caractérise aussi par une disponibilité intellectuelle et
affective pour comprendre et intervenir en fonction du
besoin d’aide identifié.

Pour se faire, l’infirmière doit être consciente de ses


ressources personnelles et professionnelles dans le but de
les utiliser de façon optimale.

De plus, elle doit reconnaitre ses principales difficultés et


leurs effets sur la qualité de la relation. Tout intervenant qui
désire apporter de l’aide doit connaître en quoi consistent
ses principaux fonctionnements internes.
Pour dispenser une aide efficace, l’infirmière doit accepter
de s’investir dans la relation.

Cet investissement se caractérise tout d’abord par une


prise de contact nécessitant l’utilisation de ses sens, un
savoir-faire pour communiquer et une certaine
disponibilité de temps et d’énergie.
C. PRINCIPAUX OBJECTIFS

 Favoriser l’expression du problème

 Aider la personne à exprimer des craintes

 Aider la personne à faire émerger ses propres


ressources
III. LES HABILETES

Parler, bouger, utiliser nos sens nous permet d’échanger


avec l’environnement.

Reconnaître le canal sensoriel (auditif, visuel ou


kinesthésique) que privilégie le patient au moment de décrire
son expérience est utile pour entrer en contact avec lui et
pénétrer son « monde intérieur ».
Exemples :
Les visuels : mots où il est question de couleur, de forme,
d’images : j’ai vu que...; il était placé à...il était habillé...ses yeux
étaient menaçants...les murs étaient de couleur...
Les auditifs : décriront une situation en choisissant des termes
qui font appel à l’ouïe tels que : il y avait beaucoup de bruit dans
la pièce...la radio était forte...il avait une voix forte qui résonne
encore en moi...il m’a dit...je lui ai répondu...il a ri très fort...il a
claqué la porte
Les kinesthésiques : je me sens...j’ai le goût de...j’ai
l’impression que...j’ai peur que...j’ai ressenti…

A cela s’ajoute les facteurs socioculturels (Interdits de toucher,


d’écouter...cela provoque un malaise à utiliser ses sens et des
hésitations…)
A. QUESTIONS À SE POSER POUR ENTRER EN
CONTACT AVEC LE PATIENT DE
FAÇON OPTIMALE.

- Quels sont les sens que je privilégie dans mes interactions


avec les clients ?
- Quelles sont mes habiletés à utiliser chacun de mes sens ?
- Dans quelles conditions ai-je tendance à me couper de
l’information que je perçois par mes sens ?
- Comment est-ce que je procède pour me couper de
l’information que me livre le client ?
- Quelles sont mes hésitations, quelles sont les objections que
je me donne pour m’empêcher d’utiliser librement mes sens?
B. LE TOUCHER

Toucher répond-il à son propre besoin ou à celui du patient ?

Le choix de toucher ou non le patient au cours de l’entretien


sera déterminé par la connaissance que l’IDE possède de la
personne, par son expérience comme intervenante et par le but
poursuivi.

Selon la distance entre deux personnes, des relations


sensorielles sont établies.
Les sensations tactiles sont souvent intimes et appartiennent à
la sphère privée.
Or 85% des soins infirmiers nécessitent le toucher pour être
effectués.
Le toucher communication:

Toute attitude, tout comportement, tout geste, toute posture,


toute expression du visage suscite des réactions chez les
patients.
Dans certaines situations de soin, le patient ne peut pas avoir
recours à la parole.
Le soignant peut également ne pas trouver les mots…
Le toucher peut alors être le seul mode d’expression.

Le toucher est une relation.


Il se distingue des autres sens par sa relation directe à la
réalité, son immédiateté du contact et sa continuité.
Le toucher est un mode de communication profond capable de
transmettre des émotions car le contact est intime.
Selon la situation de soin:

- Il contribue à intensifier l’estime de soi

- Il apporte une sensation de chaleur et de bien-être

- Il rassure et réconforte

- Les impressions laissées par le toucher contribuent à la


formation de notre mémoire affective

- Les soins attentionnés et chaleureux sont des appels


d’humanitude.
C. LA DISTANCE

Les distances chez l’homme occidental d’après E.T .HALL :


Les données recueillies par HALL proviennent d’observation sur des
sujets nord-américains adultes ne présentant pas de problèmes
affectifs apparents, elles sont donc globalement transposables dans
notre contexte culturel.
Cependant, ces données ont besoin d’être nuancées puisque les
patients auprès de qui l’IDE intervient peuvent provenir d’origine
ethniques différentes. De plus, certains patients manifestent des
problèmes physiques ou psychosociaux qui influencent sensiblement
la qualité du rapport entre les personnes. L’IDE doit reconnaître
comment ses différences affecteront la distance physique adoptée au
cours des échanges.
D. LES POSITIONS PHYSIQUES

Elles peuvent amplifier les effets de la distance entre les personnes


tenant compte de la position physique occupé par le patient, l’IDE doit
s’assurer :
- que les personnes en présence ont un contact visuel
- que les personnes sont situées à la même hauteur sur le plan
visuel pour éviter la domination
- que les positions physiques des 2 personnes favorisent l’utilisation
optimale des modes de contact désirés : personne en face à face
sans meuble
- que les positions occupées par les 2 personnes soient le plus
confortable possible afin d’éviter que l’inconfort physique et la fatigue
nuisent à la qualité de l’échange et provoque l’arrêt prématuré de
l’entretien
E. LE REGARD

Regarder le patient c’est lui confirmer qu’il existe pour nous.


Regarder permet d’observer et d’apprendre beaucoup sur le
patient tout en demeurant alerte aux autres messages.
Notre regard permet également d’entrer en relation avec le
patient et de lui transmettre des messages (compréhension,
incompréhension, peur, attention...) donc attention de bien
contrôler son regard.
F. L’ECOUTE

Le message contient toujours 2 échelles d’information, l’une


conceptuelle et l’autre de nature affective.
L’infirmier doit donc non seulement être attentif au contenu exprimé
mais aussi s’intéresser à la manière dont il est communiqué (tonalité
de la voix, rythme de l’énoncé du contenu, les hésitations...).

Ex : « je vais être opéré demain »


« oui, je sais, je l’ai vu sur votre dossier »
ou « ça vous inquiète d’être opéré demain ? »

La disponibilité affective est d’une très grande importance dans


l’écoute. L’infirmier étant avant tout une personne, elle possède des
goûts et des intérêts qui peuvent être différents du patient et affecter
sa disponibilité d’écoute.
De l’écoute sociale à l’écoute
thérapeutique

Ex : le patient vous parle de ses voyages

Ecoute sociale ou conceptuelle: centré sur les voyages


et leur description. Elle peut être juste une bonne
distraction pour le patient.
Ecoute thérapeutique ou affective: être attentif à ce que le
patient raconte sur lui et sur sa situation actuelle en parlant des
voyages. En déduire qu’il s’ennuie ici parce qu’il voit toujours les
mêmes choses, qu’il prend conscience que son passé est à
jamais révolu et qu’il en éprouve beaucoup de peine.

Il est ainsi possible de maintenir son intérêt pour la personne


même si les voyages vous intéressent peu.

Evitez également d’être sélectif dans l’écoute en vous attardant


uniquement à ce qui vous intéresse et prenez également le
temps d’entendre ce que dit le patient avant de vous préparer
mentalement à y répondre.
Ecouter c’est donc :

1- Ne rien faire : laisser parler l’autre sans intervenir (écoute


passive)

2- Accuser réception par des interjections (ah ! oh ! mmmm !)

3- Inviter la personne à poursuivre : « je vous écoute», « je vois »


G. L’ECOUTE ACTIVE

C’est un acte volontaire qui s’acquiert avec l’expérience.

Ecouter activement c’est favoriser l’expression et


principalement l’expression des sentiments.

Il faut montrer à la personne que l’on est à sa disposition et


que l’on tente de la comprendre.

C’est l’aider à exprimer et clarifier sa problématique afin


d’identifier ses propres ressources pour la résoudre de la façon
la plus juste pour elle.
Habiletés correspondantes:

 Décentration de soi (pour éviter la projection)


 Se centrer sur le vécu de la personne plutôt que sur les faits qu’il
évoque.
 Prendre le temps / Regarder la personne
 Être bienveillant, respectueux, discret
 Le non jugement
 Ne pas couper la parole
 Observer les manifestations verbales / non verbales (langage du
corps)
 Renoncer à tout savoir sur l’autre
 Respecter les silences (leur laisser de la place)
 Reformuler
 Respecter la distance qui convient à la personne aidée.
H. LA REFORMULATION

 Redire avec d’autres mots ce que vient d’exprimer le patient


 Atteste de l’attention que l’IDE porte à son patient
 Met en mots les émotions que le patient n’arrive pas à
exprimer
 Attention de ne pas se laisser enfermer par la reformulation

Ex:
Si je comprends bien, vous…
D’après ce que vous me dites, vous vous sentez…, vous avez….
Donc vous avez vécu….., vous ressentez….
IV. LES ATTITUDES

L’application des techniques de communication présuppose et


nécessite la présence chez l’infirmier d’attitudes internes.
A. L’ATTITUDE EMPATHIQUE

L’empathie est un profond sentiment de compréhension de


l’aidant(e).

Synthèse de plusieurs définitions par Gordon (1964) :


C’est un processus par lequel une personne est capable, sous
un mode imaginaire, de se placer dans le rôle et la situation
d’une autre personne afin de saisir les sentiments, points de
vue, attitudes et tendance propres à l’autre dans une situation
donnée.

En d’autres termes, c’est l’habileté à répondre correctement à la


question : « comment je me sentirais ou j’agirais dans la
situation, si j’étais à sa place ».
L’empathie favorise l’alliance entre l’infirmier et le patient:

- Être dans la proximité sans dériver vers la sympathie

- Reconnaître l’autre comme un sujet avec ses propres


besoins

- Attention à l’identification
B. LE RESPECT CHALEUREUX

La relation d’aide repose sur la confiance et le respect.


Par le respect, l’aidant(e) reconnaît dans l’autre une personne
humaine investie d’une dignité et d’une grande valeur.
Elle la perçoit comme un être unique et libre, capable de
prendre ses propres décisions, même si c’est parfois avec de
l’aide.
La respecter, c’est lui manifester de l’estime, la traiter avec
déférence et politesse, c’est l’accueillir dans sa différence et
lui montrer une considération réelle pour ce qu’elle est.
Il consiste à reconnaître que l’individu possède en lui, même s’il
ne semble pas y avoir accès, les qualités suivantes :
« Patient unique dans sa façon d’être au monde, cette façon est
digne d’intérêt et mérite reconnaissance et valorisation par-
dessus tout et le patient possède la capacité de faire ses
propres choix »

L’intervention consistera donc à aider le patient à reconnaître


ses qualités et à les utiliser dans l’exercice de ses choix.
Il arrive souvent que le patient ait perdu contact avec cette
attitude de respect envers lui-même.
Moyens de manifester ce respect :

- En lui indiquant que l’on se sent intéressé et concerné par ce qui lui
arrive, qu’il est digne d’affection, de tendresse et d’amour, qu’il est
important à nos yeux.
- En prenant le temps de l’écouter, en lui demandant son avis, en le
regardant au moment où il nous parle, en étant présent au RDV...
- On tentera de connaître ce patient qui possède des caractéristiques
propres.

Pour cela, nous essaierons de le comprendre de façon empathique,


c’est-à-dire que l’on s’intéressera à la façon dont lui-même perçoit et
comprend son besoin d’aide.
On s’intéressera à ses goûts, ses besoins, ses pensées, ses émotions,
ses valeurs, sa façon de vouloir mener sa vie..
C. L’AUTHENTICITE

 Il s’agit de la capacité de l’aidant(e) de demeurer strictement


elle-même au cours de la relation avec l’aidé.
 Grâce à l’authenticité, la/le soignant(e) reste transparent(e),
spontané(e) et ouvert(e), ne cherche pas à présenter une façade
artificielle et ne se prétend pas être l’expert(e) de la situation de
l’autre.
 Cette capacité est essentielle à l’établissement du climat de
confiance et de simplicité nécessaire à la création d’une saine
alliance thérapeutique entre l’aidant(e)et l’aidé.
 L’authenticité est souvent confondue avec la congruence, il existe
un lien profond entre ces deux concepts. Une personne
authentique manifeste un certain degré de congruence entre ce
qu’elle pense, ressent et exprime.
D. LA CONGRUENCE

Il s’agit de la manière d’être de l’infirmière qui manifeste une


certaine adéquation entre ce qu’elle ressent, ce qu’elle pense,
ce qu’elle dit et ce qu’elle fait, et entre son comportement
verbal et son comportement non verbal.

En agissant ainsi, elle crée une harmonie entre ses émotions,


ses pensées et ses actions.
Cette harmonie interne lui permet d’exprimer ce qu’elle pense
de manière thérapeutique ou de faire ce qu’elle croit
approprié afin de faciliter une prise de conscience chez l’aidé
ou une évolution de la relation qu’elle entretient avec lui.
E. LA SPECIFICITE

Cette attitude « a pour but d’accroître le niveau de compréhension de


l’aidant et de l’aidé concernant non seulement les émotions et les
expériences spécifiques que vit l’aidé en dehors des entretiens mais
aussi celles vécues au cours des interactions entre l’aidant et l’aidé »
C’est en insistant sur la précision dans sa communication et celle du
patient que l’infirmier peut l’aider à se rapprocher de son expérience
et reprendre confiance avec l’information que lui communique son
organisme.
En effet, le Besoin d’aide psychologique et la maladie mentale
apparaissent quand la personne ne parvient plus à reconnaître ce
qu’elle vit au point de devenir une étrangère à ses propres yeux et
qu’elle manifeste de plus en plus de difficultés à percevoir avec
exactitude les caractéristiques de son environnement.
Exemple :

Patient : « Des fois, je trouve que les gens comprennent pas ce qu’on
leur dit »

IDE :
- Si pas souci de précision : « vous pensez ça ? »
- Si soucis de préciser : « vous faites référence à qui en parlant des
gens ? »
Ou
« J’aimerais que vous me donniez un exemple où vous avez vécu
cela ».

Spécifier = caractériser ou mentionner de façon précise,


indiquer, préciser.
F. L’ACCEPTATION

Il s’agit d’un sentiment d’ouverture à l’expérience de l’autre,


à sa souffrance et à sa manière d’être sans exigence de
changement, ce qui constitue la première condition à
l’établissement d’une relation d’aide.
L’aidant(e) reconnaît l’aidé dans toute sa dignité en dépit de son
aspect physique, de son caractère, de ses valeurs et de sa
conduite, et consent à s’en occuper de manière active et
chaleureuse.
G. LA CONFRONTATION

 Elle peut être perçue à la fois comme une attitude et comme une
technique. La pertinence de son utilisation en relation d’aide est
controversée. Cela est dû à une utilisation malhabile et abusive.
Elle peut donc soit blesser plus que guérir ; soit inciter à la
fermeture et à la défense au lieu d’encourager l’ouverture ; soit
provoquer la justification plutôt que l’exploration.
 La relation existera si l’IDE parvient à créer un lieu d’échange où
le patient est invité à rechercher avec courage et confiance ses
propres réponses aux questions qu’il pose. Cela sera possible si
l’IDE manifeste les attitudes que nous avons abordées
précédemment en tenant compte du degré de confiance présent et
de la qualité du lien entre les personnes.
 Carkhuff indique quelles attitudes devraient être présentes aux
différentes étapes de la relation d’aide et avec quelle intensité.
V. LES 4 NIVEAUX DE RELATION (L. MALABEUF)

Selon Malabeuf, la relation d’aide « ne se décrète pas, elle ne


s’improvise pas.
Elle se met en place progressivement par l’instauration d’un
climat de confiance dans le respect d’au moins deux
préalables que sont : le temps minimum à consacrer au
malade et, pour soi-même, un minimum de préparation
psychologique.
C’est une relation de type empathique où le soignant est
suffisamment proche du malade pour percevoir et sentir ce
qu’il ressent, mais aussi suffisamment distant et non-fusionnel
pour ne pas se projeter lui-même dans la situation, pour ne pas
parler et agir à la place du maladie. »
A. LA RELATION SOCIALE DE CIVILITÉ

 Un rituel
 Volonté individuelle d’un comportement agréable, sociable
 Correspond à des propos banals sans réels intérêts (parler de
la pluie et du beau temps)

Permet de créer un climat de confiance dès l’accueil du


patient
B. LA RELATION FONCTIONNELLE

 But: Effectuer un recueil de données

 Conduire la relation dans le but d’acquérir certaines


informations concernant le patient

 Relation professionnelle pure


C. LA RELATION DE SOUTIEN

 Expression d’un début d’empathie

 Comprendre le ressenti d’autrui, mais sans le partager

 ≠ sympathie = avec dimension affective

 ≠ compassion = affliction pour les souffrances d’autrui


D. LA RELATION D’AIDE THÉRAPEUTIQUE

 Elle permet d’apporter réconfort au patient

 Passe par une écoute attentive de la part du soignant et par


une attitude empathique, c’est-à-dire compréhensive et sans
jugement

 Nécessite une relation de confiance qui permet au patient


d’exprimer ses affects (craintes, difficultés, émotions…)

 Faire appel aux professionnels: Psychologue, assistante


sociale, diététicienne…
VI. LES DIFFERENTS TYPES D’ENTRETIENS
DANS LES SOINS RELATIONNELS
Nous pouvons isoler dans les différents entretiens pratiqués par les infirmiers ceux
qui s’apparentent le plus particulièrement aux soins relationnels.

A. ENTRETIEN D’ECOUTE DE LA PERSONNE EN CRISE


Dit aussi entretien « à chaud ».

Objectifs: Réduire l’état de crise, desserrer l’angoisse de la personne, calmer dans


l’ici et maintenant, abaisser la souffrance psychique et l’état d’agitation.

Finalités: Restaurer un minimum de communication pour envisager des soins


appropriés.
B. ENTRETIEN DE SOUTIEN PSYCHOLOGIQUE
Dit aussi entretien d’aide ou de confort

Objectifs: Permettre à la personne de parler de ses difficultés


présentes, de ses craintes à venir, de son vécu.

Buts: réduire la souffrance psychique de la personne, la


soutenir dans les moments difficiles de l’hospitalisation ou de
soins délicats.

Finalités: Introduction à une relation d’aide éventuelle, favoriser


l’autonomie pour envisager une sortie.
C. ENTRETIEN DE RELATION D’AIDE
Série d’entretiens de soutien

Objectifs: Atteindre les objectifs visés par l’équipe.

Buts: Réduire la souffrance psychique de manière durable,


réduire l’angoisse et remobiliser les ressources pour faire des
choix et agir.

Finalités: S’assumer seul, sortir de l’institution, retrouver du


sens à sa vie, faire des projets.
D. ENTRETIENS PSYCHOTHÉRAPIQUES

Ces entretiens sont réalisés uniquement sur prescription


médicale, le plus souvent en psychiatrie.

Objectifs et buts: Selon les indications du médecin et après


réflexion commune avec l’équipe du service si possible.

Finalités: Suivant Les indications du médecin et sur réflexion


commune avec l’équipe du service si possible.
VII. EXEMPLE DE PROTOCOLE D’ENTRETIEN
DE RELATION D’AIDE

QUI
Tous les infirmiers habilités, formés, et ayant à leur disposition un
groupe de parole et/ou un groupe de supervision (analyse de
pratique) animés par un psychologue; Rôle propre de l’infirmier
(Décret du 29 juillet 2004).

QUOI
Entretiens individuels ou relation d’aide faisant référence au concept
de la philosophie humaniste dont le référentiel théorique est l’A.C.P.
(Approche Centrée sur la Personne de Carl Rogers).

Dans un bureau réservé et choisi à cet effet dans le service, ou dans
un endroit calme, accueillant, discret, confortable, sans témoin, sans
bruit et sans dérangement, ou encore dans la chambre de la personne
soignée (sans témoin).

COMMENT
L’entretien de soutien psychologique et la relation d’aide sont d’abord
et avant tout l’existence d’une relation entre deux personnes; ces
entretiens ont pour spécificité d’être aidant sur le plan psychologique
(démarche de soins relationnels), pour l’une des deux personnes, la
personne soignée et/ou sa famille
QUAND
Sur proposition d’une des deux parties, ou à la demande d’un tiers
(médecin, soignants, parents, famille), avec accord réciproque (alliance
thérapeutique ou contrat) entre l’infirmière et le patient, sur la durée
moyenne de l’entretien, sa périodicité éventuelle et le nombre d’entretiens.

POURQUOI
Pour réduire la souffrance psychologique de la personne soignée ou de sa
famille.
Pour l’aider à faire face à ses problèmes existentiels avec responsabilité.
Pour que la personne soignée puisse se réaliser et réaliser ses objectifs
de vie dans le respect de ses propres valeurs et de ses propres rythmes.
Pour l’accompagner dans les périodes critiques de l’hospitalisation.
Pour l’aider à aller vers son propre épanouissement et donner du sens à
sa vie.
VIII. LES TECHNIQUES DE COMMUNICATION

A. La communication

 Parole et écoute.
 La communication est liée au comportement des
personnes
 Il n’y a pas de non comportement.
 Le silence et l’inaction sont un comportement.
 Il est impossible de ne pas communiquer!
B. Communication verbale

 Mots , mais aussi ….


 Le Ton.
 Les soupirs.
 Les rires.
 Les intonations de la voix.
C. Communication non verbale

 Le regard
 L’expression du visage
 Les gestes / les mimiques
 Les mouvements du corps / les attitudes corporelles
 Les contacts physiques
 Les accessoires
D. Statistiques

Dans la communication :

 Mots : 7%

 Voix : 38%

 Non verbal : 55%


LES DIFFICULTÉS DE LA RELATION D’AIDE

Un lien se crée entre un professionnel et un patient :

• être distinct sans être distant


• être chaleureux sans être dans l’affectivité
• être dans la relation sans se mettre à la place
• savoir gérer les relations humaines professionnelles
• ne pas être possessif : c’est MON patient!
• Formation continue, validation des acquis professionnels...
• Groupe de paroles...
LES LIMITES DE LA RELATION D’AIDE

 Limites contextuelles
Charge de travail, disponibilité.

 Limites liées à l’IDE


Manque d’engagement, surinvestissement, manque de
formation, histoire personnelle.

 Limites liées à la personne aidée


Quelles sont les attentes du patient? De quelles ressources
dispose-t-il?
CONCLUSION
W. Hesbeen: « prendre soin de quelqu’un, c’est porter une
attention particulière à une personne qui vit une situation de
soins qui lui est particulière et dans ce but de contribuer à son
bien-être, à son harmonie ».
« Le soin infirmier est l’attention particulière portée par un(e)
infirmier(e) à une personne et à ses proches ..en vue de leur
venir en aide dans leur situation en utilisant, pour concrétiser
cette aide , les compétences et les qualités qui en font des
professionnels infirmiers.
Le soin infirmier s’inscrit ainsi dans une démarche
interpersonnelle et comprend tout ce que les infirmiers font
dans leur limites de leur compétences pour prendre soin des
personnes ».
Hildegarde PEPLAU (1995)

« …Une relation d’aide est un système de lien révélant une


représentation du monde et un processus d’intégration des
besoins: le but, quand on l’étudie, est d’identifier la
représentation, le modèle du monde de la personne (…) »
Gardons à l’esprit que l’entretien de soutien psychologique n’est
pas la panacée, et qu’il s’effectuera d’autant mieux que le
malade ne souffre pas sur le plan physique.
N’oublions pas la pyramide de Maslow où le 1er besoin, à la
base, est d’abord de soulager la douleur physique? Ce n’est
qu’ensuite que nous pourrons proposer d’autres actes
thérapeutiques adaptés.

Les soins physiques et relationnels sont aussi importants les


uns que les autres, ils sont complémentaires et indissociables.
Une meilleure prise en compte de la souffrance psychique par
des professionnels du soin relationnel (écoute, entretiens de
soutien psychologique, psychothérapie…), permettrait sans
aucun doute à long terme, de contribuer à réduire sensiblement
la consommation de psychotropes et de réduire les dépenses
de santé.

Mais le soin relationnel n’est pas rapide, il ne peut pas se faire


dans la précipitation, il demande aussi un temps d’intégration,
les résultats ne sont pas immédiats ni spectaculaires, c’est un
travail de fond et un investissement à long terme, et surtout il
nécessite à chaque rencontre un professionnel de l’écoute bien
formé, et non une molécule agissante produite à la chaîne.

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