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DR Cherif FARAH

Service de psychiatrie A
1) DEFINITION:

´L'OMS définit la santé comme

« un état de complet bien être physique, mental et social, et ne


consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité »
´la santé mentale est partie intégrante de la santé, ce qui confirme
le vieil adage
"un esprit sain dans un corps sain".

´La santé mentale est plus que l’absence de troubles mentaux


• La santé mentale est un état de bien-être dans lequel une
personne peut:
üse réaliser,
üsurmonter les tensions normales de la vie,
üaccomplir un travail productif
üet contribuer à la vie de sa communauté.
• Dans ce sens positif, la santé mentale est le fondement du bien-être
d’un individu
+
du bon fonctionnement d’une communauté.

• C’est pourquoi, la promotion, la protection et le rétablissement de


la santé mentale sont des préoccupations centrales pour les
personnes, les collectivités et les sociétés partout dans le monde.
Aspects d'une bonne santé mentale:

´capacité d'accéder au bonheur et à la joie de vivre


´s'adapter à la réalité sans souffrir soi-même ou faire
souffrir les autres
´participer de façon constructive à la vie sociale
´établir des relations satisfaisantes avec autrui

•La santé mentale est relative à la société dans


laquelle on vit,

ce qui explique les difficultés psychologiques des


migrants.
LES DÉTERMINANTS DE LA SANTÉ MENTALE

o Des facteurs sociaux,


o psychologiques et
o biologiques
• déterminent le degré de santé mentale d’une personne à un
moment donné
• Les problèmes de santé mentale sont associés aux éléments sociaux
suivants:
ü changement social rapide;
ü conditions de travail éprouvantes;
ü discrimination à l’égard des femmes;
ü exclusion sociale;
ü mode de vie malsain;
ü risques de violence ou de mauvaise santé physique;
ü et violations des droits de l’homme.
´certains profils psychologiques

et certains traits de personnalité prédisposent aux troubles


mentaux.

• Enfin, les troubles mentaux peuvent être dus à des causes


biologiques, notamment à des facteurs génétiques qui
contribuent à des déséquilibres chimiques du cerveau.
2) ACTIONS DE LA SANTE MENTALE:

La santé mentale a pour but de:


´ prévenir
´ soigner
´ réadapter
´ assister le malade à l’hôpital
ou dans la collectivité.
vPrévenir:
c'est le rôle de l'hygiène mentale,
c'est à dire l'ensemble de mesures dont le but est la prévention des
maladies, particulièrement les maladies mentales.

vSoigner:
les maladies déclarées par l'ensemble des techniques spécifiques.
A ce titre, un plan d'action doit être mis sur pied afin de faire face
aux différentes maladies et fléaux sociaux de la façon la plus
efficace mais aussi économe.
vRéadapter le malade:
afin de le réinsérer dans la société

et qu'il reprenne une place active et productive.

vAssister le malade ou l'handicapé:


en apportant l'aide matérielle et morale nécessaires afin que celui-
ci sente sa place en tant qu'individu.
3) LES SIGNES DE BONNE SANTE MENTALE

a) équilibre personnel :
b) équilibre social :
a) équilibre personnel :
´ cette notion est importante,

´l'individu doit pouvoir trouver un compromis satisfaisant entre ses


désirs et les interdits sociaux, sans souffrir lui-même ou faire
souffrir les autres.

´L'individu doit être capable de:


Ømaitriser les situations difficiles,
Ødifférer ses désirs à des moments plus favorables à leur
satisfaction.

´Tout ceci se passe dans un climat où la tension excessive est


absente.
a) équilibre personnel

qL'angoisse:

vfait partie de la vie et nous la ressentons tous à un


moment ou un autre de notre existence ;

vMalaise psychique et physique, né du sentiment de


l'imminence d'un danger, caractérisé par une crainte
diffuse pouvant aller jusqu'à la panique.
a) équilibre personnel

v elle apparait chaque fois qu'un changement risque de


survenir au cours de notre existence ou qu'une
situation inattendue et mal connue risque de
survenir
v Dans ces cas, l'angoisse sert de stimuli pour mobiliser
les énergies du sujet afin qu'il soit à même
d'affronter la situation nouvelle.

► Dans ces conditions, l'angoisse est positive.


a) équilibre personnel

v Dans d'autres situations, l'angoisse apparait


sans motif,
ou
disproportionnée à la cause

► ici l'angoisse devient un frein à la vie


et signe de mauvaise santé mentale.
a) équilibre personnel

q L'amour:
v est nécessaire à la vie et à l'épanouissement de la personne,

v mais trop souvent les gens n'ont pas appris à aimer, pendant
leur enfance, d'où leur soif d'amour plus tard.
a) équilibre personnel

• Le manque d'amour est la cause de beaucoup de


tourments:
ü manque de confiance en soi,
ü hypocrisie et mensonge,
ü absence de sens moral et des responsabilités,
ü manque de maturité...
a) équilibre personnel

v Il est impossible d'aimer l'autre et d'évaluer l'amour de


l'autre à sa juste valeur, pour ceux qui n'ont pas été aimés
++++
a) équilibre personnel

q L'autonomie et l'indépendance:

v sont aussi de bons critères de santé mentale

v il n'y a que l'enfant, le malade ou le débile qui soit


complètement dépendant de la famille et de la société !
a) équilibre personnel

v Il faut apprendre tôt à l'enfant d'être indépendant et


responsable.
►Ceci amène à pouvoir résoudre ses problèmes, sans les fuir
ou les dénier.

v N'oublions pas que beaucoup de gens choisissent la maladie,


faute de pouvoir résoudre leurs difficultés !!!
a) équilibre personnel

q La joie et le bonheur mérités


(c'est à dire récompensant une action ou un travail)
sont des critères de bonne santé mentale,

v parallèlement il faut savoir accepter le mal et les échecs.


b) équilibre social :

v s'adapter à la réalité sociale,


vcapacité de s'intégrer dans la société sans perdre sa
personnalité.

vFaire partie du groupe social tout en gardant son autonomie.

vIl faut participer de façon constructive à modifier le milieu et à


laisser son empreinte.
b) équilibre social

´Cela veut dire qu'il faut chercher à être créatif et pas


seulement passif, comme un mouton de Panurge.
´Il faut aussi chercher à soutenir les autres,
et à être à l'écoute des difficultés des autres.
´Aimer son travail, autant que sa propre famille et ses loisirs
est nécessaire à l'équilibre mental.
4) LES QUALITES DU SOIGNANT :

´Nous avons vu les conditions pour être en bonne santé


mentale.

´Nul ne peut être bien dans sa famille, dans son travail ou


dans la société s'il n'est pas en bonne santé mentale, c'est à
dire s'il n'est pas bien dans sa peau.
´Trop de gens pensent qu'à l'avenir, ils seront heureux et
bien, car alors ils auront ce qui leur manque aujourd'hui
Mais
´ni l'amour, ni l'argent, ni rien au monde ne fait le bonheur
qui vous manque aujourd'hui.

La santé mentale se juge au présent.


´ Il faut conseiller à tous ceux qui ont souffert de maladies au

cours de leur enfance d'éviter de choisir un métier de la santé,

´ils risquent de voir leurs souffrances réactivées au contact


du malade, ce qui ne sera pas sans conséquences néfastes.
q Les métiers de la santé sont éprouvants et peuvent
dégrader l'état de santé de quelqu'un qui est de nature
fragile.

qLes patients sont toujours anxieux

et à la longue, le soignant risque d'être contaminé.


qIl faut que le soignant soit
üsolide et jouir d'une bonne santé
üêtre capable de résister à la fatigue et à l'usure
nerveuse.
ücalme, ayant beaucoup de sang froid
ücapable de résister à une grande charge d'angoisse.
qLe soignant doit être une personne:
§ qui aime le contact humain
§ qui aime écouter
§ qui a une nature qui le pousse à chercher à aider autrui.
§ Il faut pour cela avoir une patience à toute épreuve et le
sens de la générosité.
qLe soignant doit se connaitre : il doit savoir quels sont ses défauts,
ses faiblesses et surtout ses limites.

qPromettre ou donner l'impression de pouvoir faire plus qu'il n'est


possible en réalité est très mauvais pour la relation avec le malade.

qLe respect de soi-même et le respect de l'autre sont la devise


essentielle du bon soignant
qDans sa relation avec le malade :
Øle soignant doit être capable de neutralité bienveillante, à
l'écoute du patient,
Øle soignant est disponible, dévoué, épanoui, souriant (cela
rassure plus que tous les discours),
Øgarder le secret du patient,
Øsavoir que tous les mots prononcés par les soignants ont
une grande répercussion sur les malades, même si ces mots
ne concernent pas leur propre maladie
qle soignant a été souvent comparé à un ange pour toutes ses
qualités.

• Aujourd'hui, ces anges semblent avoir déserté nos hôpitaux et


c'est pourquoi les malades sont si mécontents.

• Pouvez-vous être cet ange, à la fois pour vous-même, pour

votre famille et pour vos malades ?


5) LA RELATION SOIGNANT-SOIGNE :
´Comme nous le dit dans son ouvrage Catherine DESHAYS , médecin et
psychothérapeute :

« La relation est au carrefour de toute action dans le milieu


professionnel »

Or, chaque instant passé auprès de nos patients nous mène à établir une «
relation soignant -soigné».

le choix du soigné → relation «imposée»

car ni le patient ni le soignant ne choisissent d’entrer en relation l’un avec


l’autre.
• La relation soignant/soigné est un lien bilatéral asymétrique entre le
soignant et la personne soignée.

• Bilatérale : rapport mutuelle entre le soignant et le soigné

• Asymétrique : le statut entre le soignant et le soigné est différent


Le soignant est actif, celui qui soigne, qui a les connaissances et peut aider


Le patient est passif, demandeur, il reçoit, celui qui n'a pas les connaissances et
a besoin d'aide, il est dépendant, quelque part il est « soumis » au soignant
• Cet aspect est très important à prendre en compte quand on réfléchit à
la relation soignant-soigné,

• car c’est de part cette asymétrie dans la relation que des dérives
peuvent s’insinuer :

• de la part du soignant (la maltraitance)

• comme de la part du patient « vous êtes la mère que je n’ai jamais eu » ,


relation érotique,,,
• Selon Louis Malabeuf, il existe 4 niveaux de relation
soignant-soigné qui s'établissent par ordre croissant :
v La relation de civilité

• c’est une relation où l’échange ne vise pas de but ou de sujet précis.

• Relation qui intervient en dehors du soin et qui correspond au


rituel social de reconnaissance de l’autre, qui fait partie des
règles de civilité, et aux codes socio-culturels

• tels que : Etre poli, Etre courtois, Saluer, Se présenter,,,


v La Relation fonctionnelle

• correspond en général à une fonction d’investigation par


le biais de recueil d’information sur le patient afin de
mieux le connaître et pour orienter la prise en soin , des
données

• tel que : Signes cliniques et paracliniques de la


pathologique, Habitudes de vie, Données familiales,
Données socio-professionnelles,,,
v La Relation de compréhension

• cette relation de compréhension, de soutien et de


réassurance s’exprime dans un début d’empathie.

• Elle passe généralement par une écoute attentive et par


une tentative de dédramatisation des situations
v La Relation d’aide
• la capacité que peut avoir un soignant à amener toutes personnes en
difficultés à mobiliser ses ressources pour mieux vivre une situation,

• c’est un soin relationnel qui se met en place progressivement par


l’instauration d’un climat de confiance

• correspond à une technique d’entretien fondée sur l’empathie , le


dialogue et surtout l’écoute centrée sur la personne,
La Relation d’aide
• elle vise à aider cette dernière à exprimer sa problématique
interne et à trouver en elle-même les ressources nécessaires
pour améliorer sa situation

• le soignant est là aussi pour aider la personne à aller mieux,


pour l’accompagner vers cet état de mieux être
´la relation soignant-soigné est une relation thérapeutique ≠
d'une relation sociale ordinaire,

´le patient attend du soignant que des services de santé lui


soient rendus, et le devoir du soignant est de le traiter,

´c'est un contrat qui s'établit entre les deux,

basé sur la confiance mutuelle.


• L’asymétrie de la relation ainsi que son côté «intimiste» supposent,
pour que la relation se passe bien, que le patient puisse être en
confiance :
confiance qu’il ne va pas être abusé, que les personnes qui vont
prendre soin de lui seront compétentes, qu’il sera respecté ,,,,,

• En somme, on peut être en confiance lorsque l’on se sent en sécurité.

• Pour garantir cette confiance, c’est au soignant de faire preuve


d’habiletés communicationnelles et d’une qualification professionnelle.
´ la satisfaction du besoin de sécurité du patient est un facteur
essentiel d'une bonne relation
´pour rassurer un malade:
Øles paroles ne suffisent pas!
Øde solides connaissances et une confiance en soi du
soignant sont nécessaires.

´ la conscience et la morale professionnelles sont


nécessaires pour établir une relation thérapeutique saine
avec le patient.
´ les malades doivent être acceptés tels qu'ils sont dans la vie
sociale,
´l'acceptation de l'individu est conditionnée par sa conformité
aux modèles de comportements admis, sinon il est rejeté plus
ou mois par les autres
´ la relation soignant-soigné exige une nouvelle qualité
relationnelle basée sur l'acceptation sans conditions : ni
sociale, ni matérielle, ni morale.

´ Accepter c'est respecter +++


´le soignant ne soigne pas un organe mais une personne
entière,

´la relation est une relation humaine entre deux


personnes : l'une qui demande, l'autre qui répond

´et non entre un technicien et un organe

(comme le ferait un plombier venu déboucher un tuyau)!!!!

´cette relation est une expérience vécue par l'un et par


l'autre.
´Relation d’attente et d’espérance mutuelle:
üle malade attend la guérison ou au moins le soulagement
üet le soignant attend la reconnaissance de son pouvoir
réparateur
´la relation thérapeutique n'est pas un rapport de force,
´mais un dialogue que le soignant doit contrôler ;
´il doit ressentir la souffrance du patient,
´sans s'impliquer dans ses problèmes
´le soignant se doit de discipliner son comportement
émotionnel devant celui du malade ;
´il lui est nécessaire de contrôler ses réactions et ses
propres mouvements affectifs.
conclusion
• La relation qui se crée entre une personne soignante et une
personne soignée est évolutive,

• elle s’inscrit selon la situation dans les différents registres


identifiés

• «PRENDRE-SOIN» doit nous aider à instaurer un climat de


confiance entre le soigné et le soignant.

• Celui-ci permettra une communication qui facilitera l’obtention


d’informations de la part du patient
´chaque soignant doit tout faire pour mettre en confiance le
patient: Pour cela il doit l’écouter, lui parler, le rassurer,
l’aider
´Dès le début de l’hospitalisation du patient, il est essentiel
de lui démontrer une prise en charge physique et
psychologique, et non pas une appréciation ou un jugement
de sa personne ou de son vécu.

´Nous ne sommes pas là pour le juger, mais


pour l’aider

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