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" TECHNIQUES DE REEDUCATION ET

READAPTATION EN GERIATRIE"
SOMMAIRE

INTRODUCTION

1 – ELABORATION DU DIAGNOSTIC ERGOTHERAPIQUE


1.1 Recueil d’informations sur le dossier médical
1.1.1 Facteur de risque : du vieillissement physiologique au motif
d’hospitalisation

1.1.2 Facteurs personnels : antécédents médicaux et chirurgicaux, bilans

1.1.3 Facteurs environnementaux : contexte de vie

1.2 Bilan d’entrée


1.2.1 installations

1.2.2 transferts

1.2.3 déplacements

1.2.4 aménagements de la chambre

1.3 Entretien sur les habitudes de vie

1.3.1 définition d’une habitude de vie

1.3.2 se présenter

1.3.3 se positionner

1.3.4 mettre en confiance

1.4 Diagnostic ergothérapique

Mme GONARD Jennifer, ergothérapeute, Hôpital gériatrique Pierre Garraud, année 2019 Page 1
2 - PROJETS DE SOINS GERIATRIQUES EN ERGOTHERAPIE
2.1 Définition

2.2 La récupération motrice et fonctionnelle


2.2.1 Les transferts

2.2.2 Les déplacements

2.2.3 La fonctionnalité des membres supérieurs

2.2.4 Prise en charge groupale

2.3 L’accompagnement des troubles cognitifs


2.3.1 Séance individuelle pour la réhabilitation cognitive

2.3.2 Séance groupale pour la stimulation et le maintien des capacités


restantes

2.3.3 Limites de l’accompagnement

2.4 L’adaptation aux déficits sensoriels

2.5 Le réentrainement aux activités de la vie quotidienne


2.5.1 La continence

2.5.2 L’alimentation

2.5.3 La toilette et l’habillage

2.5.4 La préparation des repas

2.5.5 Les tâches ménagères

2.5.6 La gestion du traitement et financière

2.6 La réinsertion dans les rôles signifiants et significatifs

2.6.1 définition

2.6.2 échange avec le patient

2.6.3 un accompagnement individualisé

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3 - L’ACCOMPAGNEMENT DE L’ERGOTHERAPEUTE DANS LE
PROJET DE VIE DU PATIENT
3.1 La synthèse pluridisciplinaire
3.1.1 Les participants

3.1.2 Le cadre

3.1.3 Savoir se positionner

3.2 L’entretien avec les aidants

3.3 Etude ou visite à domicile

3.4 Préconisations de l’ergothérapeute


3.4.1 Liens avec les revendeurs de matériels médicaux

3.4.2 Liens avec les assistantes sociales

MISES EN SITUATION PROFESSIONNELLES

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INTRODUCTION
La gériatrie est la spécialité médicale concernée par les affections physiques, mentales,
fonctionnelles et sociales des malades âgés, lors de soins aigus, chroniques, de
réhabilitation, de prévention et en fin de vie. L’ergothérapeute, par son travail de
prévention, rééducation et réadaption, a un rôle majeur aussi bien dans le projet de soin que
dans le projet de vie des patients.

Par le modèle du PPH-2, que nous redéfinirons, nous expliquerons, dans un premier temps,
comment élaborer le diagnostic ergothérapique. Ce diagnostic est essentiel car il permet
d’élaborer une proposition d’accompagnement en ergothérapie le plus adapté à la
personne. Puis, des techniques de rééducation et réadaption concernant les activités de la
vie quotidienne seront expliquées.

Nous aborderons, également, le travail pluridisciplinaire qu’effectue l’ergothérapeute pour


aider à la réalisation du projet de vie du patient. Ce projet est aussi discuté avec l’entourage
proche et de confiance de la personne âgée afin qu’elle participe à mettre en place un projet
physiquement et psychologiquement sécuritaire.

Enfin, pour se mettre en situation professionnelle, nous tenterons de résoudre ensemble


des cas concrets qui reprendront les points importants de cette intervention.

LE PPH-2, modèle conceptuel interprofessionnel

Le PPH-2 (processus de production du handicap) est utilisé pour les personnes et des
populations ayant des déficiences et des incapacités. Il vise à documenter et expliquer les
causes et conséquences des maladies, traumatismes et autres atteintes à l'intégrité ou au
développement de la personne.

Le PPH-2 montre que la réalisation des habitudes de vie peut être influencée par le
renforcement de nos aptitudes et la compensation de nos incapacités par la réadaptation,
mais également par la réduction des obstacles dùs, par exemple, aux préjugés, au manque
d'aide ou de ressources, à l'absence d'accessibilité.
Ainsi, mesurer la réalisation des habitudes de vie, c'est identifier le résultat de la rencontre
entre la personne et son environnement. On parlera alors d’un indicateur de la qualité de la
participation sociale : il s'apprécie sur une échelle allant de la situation de participation
sociale optimale jusqu'à la situation de handicap complète.
Le PPH-2 est donc un modèle positif qui ne place pas la responsabilité du handicap sur la
personne.

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1) ELABORATION DU DIAGNOSTIC ERGOTHERAPIQUE
Ø 1.1 Recueil d’information sur le dossier médical

Ø 1.1.1 Facteur de risque : du vieillissement physiologique au motif


d’hospitalisation

Le vieillissement correspond à l’ensemble des processus physiologiques et


psychologiques qui modifient la structure et les fonctions de l’organisme à partir de
l’âge mûr. Il s'agit d'un processus lent et progressif qui doit être distingué des
manifestations des maladies. Le vieillissement s'accompagne d'une diminution des
capacités fonctionnelles de l'organisme. D'une façon générale, cette altération est la
plus manifeste dans les situations qui mettent en jeu les réserves fonctionnelles
(effort, stress, maladies aiguës). Cette diminution des réserves fonctionnelles induit
une réduction de la capacité de l'organisme à s'adapter aux situations d’agression.

De même, plusieurs systèmes de régulation de paramètres physiologiques s’avèrent


moins efficaces chez le sujet âgé. Il faut souligner que cette réduction fonctionnelle
liée au vieillissement est très variable d'un organe à l'autre (vieillissement différentiel
inter-organe).

De plus, à âge égal, l'altération d'une fonction donnée varie fortement d'un individu
âgé à l'autre (vieillissement inter-individuel). La population âgée est ainsi caractérisée
par une grande hétérogénéité. En effet, les conséquences du vieillissement peuvent
être très importantes chez certains sujets âgés et être minimes voire absentes chez
d'autres individus du même âge.

Cette action du temps sur les hommes majore les risques de développer une maladie,
accentue les risques de chutes, accélère le développement des maladies, affaiblit
l’organisme entrainant le motif d’hospitalisation.

Ø 1.1.2 Facteurs personnels : antécédents médicaux et chirurgicaux, bilans

Ø systèmes organiques: intégrité/déficience

Un système organique est un ensemble de composantes corporelles visant une


fonction commune. Les systèmes organiques s’apprécient sur une échelle allant de l’ «
intégrité » à « la déficience importante ».

L’intégrité Déficience
L'intégrité correspond à un système Une déficience correspond à un
organique n'ayant pas subi système organique ayant subi des
d'altération. altérations légères, modérées ou
considérables.

Parmi les systèmes organiques nous repérerons dans le dossier médical les
informations sur les systèmes :
- morphologique : poids, taille, déformations…
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- cutanée : escarres, plaies variqueuses..
- musculaire : rhabdomyolyse, contractures…
- squelettique : fractures, ostéoporose…
- neurologique : avc, tc, maladies neurodégénératives…
- oculaire : cataracte, dmla…
- auriculaire : appareillé ou non ?
- digestif : poche de stomie ?
- respiratoire : besoin 02
- cardio vasculaire : pontage, rétrécissement aortique…
- urinaire : sonde ou non
- endocrinien : maladies connues
- hématopoïétique et immunitaire : maladies connues
- reproducteur : maladies connues

Ø aptitudes: capacité/incapacité

Une aptitude est la possibilité pour une personne d'accomplir une activité physique
ou mentale. Les aptitudes s'apprécient sur une échelle allant de « capacité sans limite
» à une « incapacité complète ».

Capacité Incapacité
Une capacité permet d'accomplir Une incapacité ne permet pas
partiellement ou entièrement d'accomplir l'activité physique ou
l'activité physique ou mentale mentale.
même si cela est fait avec une aide
technique ou humaine.

Nous recherchons à repérer dans le dossier médical les aptitudes


- Reliées aux activités intellectuelles : compréhension, raisonnement…
- Reliées au langage : fluent, aphasie…
- Reliées au comportement : attitude frontale, reclue…
- Reliées aux activités motrices : marche, transfert
- Reliées à la respiration : importance de l’essouflement
- Reliées au sens et à la perception : lire, écouter la radio
- Reliées à la digestion : aversions pour certains aliments, texture des aliments
- Reliées à la reproduction : encore en activité ?
- Reliées à l’excrétion : continence
- Reliées à la protection et à la résistance : isolement respecté

Ø 1.1.3 Facteurs environnementaux : contexte de vie

Un facteur environnemental est une dimension sociale ou physique qui détermine


l’organisation et le contexte d’une société. Les facteurs environnementaux
s’apprécient sur une échelle allant du « facilitateur » majeur à l’« obstacle » majeur.

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Un facilitateur
Un facilitateur correspond à un facteur environnemental qui favorise la réalisation des
habitudes de vie lorsqu’il entre en interaction avec les facteurs personnels (les
déficiences, les incapacités et les autres caractéristiques personnelles).

Un obstacle
Un obstacle correspond à un facteur environnemental qui entrave la réalisation des
habitudes de vie lorsqu’il entre en interaction avec les facteurs personnels (les
déficiences, les incapacités et les autres caractéristiques personnelles).

Nous rechercherons et noterons les informations importantes du patient concernant :


- ses facteurs sociaux : (données économiques et juridiques, réseau social, contexte
sociosanitaire)
- ses facteurs physiques (architectures de l’habitat, aides techniques…)

Ø 1.2 bilan d’entrée


Ø 1.2.1 Installations

Des risques cutanés, trophiques et orthopédiques peuvent exister chez une personne
hospitalisée. Pour prévenir ou traiter ces troubles, une évaluation s’effectue dès
l’entrée du patient.

Concernant les risques cutanés, différents supports se démarquent par leurs


propriétés préventives, curatives et la/les parties du corps atteintes :
- Coussins : en mousse (pas de risques cutanée, mis pour du confort ou rehausser
l’assise), gel, mémoire de forme et autres classe 2 (préventif d’escarre, patients
sans problèmes cutanées constatés mais à risques importants), à cellules
pneumatiques dynamiques (patients ayant des lésions cutanées constatés,
coussins curatifs d’escarres dit classe 3)
- Matelas : mousse et gaufriers (classe 1), mémoire de forme (classe 2), triple
densité, dynamiques statiques et alternés (classe 3)…
- autres : décharges talonnières, dosserets, mousses fabriqués « maison » ….
Il sera également possible d’ajouter à ces installations une procédure de changements
de position réguliers et favoriser les levers, la marche, stimuler le changement
d’appui.

Certaines pathologies peuvent entraîner de l’œdème (accumulation anormale de


liquide dans le compartiment interstitiel d'une partie du corps ou d'un tissu) qui peut
être à l’origine de limitations de mouvements. Les moyens mis en place pour prévenir
ou réduire l’œdème peuvent être : la déclive avec mise en place de mousses ou
coussins.

L’immobilisation lors de l’hospitalisation reste un risque majeur d’enraidissement


articulaire et de rétractions tendineuses et d’inconfort. Pour limiter ce risque nous
sommes amenés à mettre en place des positionnements : mousses, orthèses,
coussins. Lors de certaines pathologies traumatiques (fractures membres supérieurs

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ou inférieurs), nous devons aussi mettre en place des coussins de positionnement ou
confectionner des écharpes ou adaptations pour un meilleur confort.

Ø 1.2.2 Transferts

Un bilan des capacités de la personne âgée est nécessaire pour utiliser au mieux son
potentiel et ainsi favoriser son indépendance. Pour cela, les rééducateurs proposent
l’aide technique la plus adaptée.

Test du rappel
- Posture : positionnement du soignant pieds parallèles, jambes fléchies, dos droit,
face au patient préalablement antériorisé sur l’assise, les pointes de pieds alignées
à l’aplomb des genoux
- Prises : le patient dispose de prises manuelles au niveau de la taille du soignant. Le
soignant dispose de prises manuelles au niveau de la taille du patient ou en prise
vestimentaire au niveau des plis de l’aisne ou au niveau de prises situées sur une
aide technique au redressement (ceinture « geriamax », ceinture « bi-ischio »)
- Geste : déséquilibre du soignant vers l’arrière après incitation au redressement. Le
soignant utilise le poids de son corps pour aider le patient à se verticaliser.

Test de la volte (que quand cotation 2 atteinte)


- Posture : positionnement du soignant face au patient, tous deux en position
debout
- Prises : le patient dispose de prises manuelles au niveau de la taille du soignant. Le
soignant dispose de prises manuelles au niveau de la taille du patient ou au niveau
de prises situées sur une aide technique au redressement (ceinture « geriamax »,
ceinture « bi-ischio »)
- Geste : piétinement du patient et du soignant pour effectuer un quart de tour

Résultats
- Cotation 0 : lors du test du rappel, absence de motricité au niveau des membres
inférieurs, le patient ne décolle pas les fesses de l’assise du siège ou s’affaisse
immédiatement après avoir atteint la position semi verticalisée
Utilisation du lève-personne mobile ou du rail plafonnier

- Cotation 1 : lors du test du rappel, présence d’une motricité des membres


inférieurs ne permettant pas une verticalisation complète. Le patient maintient
une position semi-verticalisée
Utilisation du verticalisateur ou disque pivotant

- Cotation 2 : Lors du test du rappel, motricité des membres inférieurs permettant


une verticalisation complète. Lors du test de la volte le piétinement n’est pas
possible.
Utilisation du guidon de transfert type « aïgo »

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- Cotation 3 : Lors du test du rappel, motricité des membres inférieurs permettant
une verticalisation complète. Lors du test de la volte, le piétinement est possible
mais instable. Un appui fixe est nécessaire
Utilisation du guidon « automax »

- Cotation 4 : lors du test du rappel, motricité des membres inférieurs permettant


une verticalisation complète. Lors du test de la volte le piétinement est possible
sans instabilité
- Utilisation de l’aide technique à la marche si présente

Ø 1.2.3 Déplacements

Il existe différents bilans validés permettant d’évaluer précisément les capacités de


déplacements : Tinetti, TMM… A l’entrée du patient, parfois accompagnés des
kinésithérapeutes, nous devons évaluer rapidement l’aide technique nécessaire à la sécurité
immédiate du patient.

Si aucune verticalisation n’est possible : nous installons un fauteuil roulant. Soit le patient a
un tonus correct et nous choisissons un fauteuil roulant standard (avec accessoires si
nécessaire : dmc, repose jambes…). Si le patient a des capacités cognitives, motrices et
sensorielles adaptées, il pourra alors se déplacer seul. Soit le patient a un tonus incorrect et
nous choisissons un fauteuil roulant confort ou coquille en fonction de l’objectif recherché
dans le lever du patient. Les fauteuils roulants doivent être choisis en fonction de la
morphologie du patient : prise de mesure de la largeur des hanches plus 2 cm. Ils doivent
ensuite être réglés grâce à une clé à laine : accoudoirs, appui tête, cales pieds…

Si une verticalisation est possible : nous choisissons l’aide technique la plus adaptée pour
sécuriser les déplacements. Un test de l’appui unipodal et un get up and go test pourront
être réalisés afin de déterminer si une canne simple, une canne anglaise, un déambulateur 2
roues, 3 roues ou 4 roues est le plus sécuritaire pour les déplacements du patient. L’aide
technique doit toujours être réglée à la taille du patient.

Ø 1.2.4 aménagements de la chambre

Certaines aides techniques seront fournies immédiatement pour favoriser


l’indépendance et l’autonomie dans les activités de la vie quotidienne : coussin
mousse pour rehausser l’assise, rehausse wc, barre latérale de redressement pour les
transferts…
Lors de cette première rencontre, il est aussi nécessaire parfois d’apporter quelques
modifications dans l’aménagement de la chambre dès le premier jour. On pourra,
par exemple, remplacer le lit existant par un lit qui se baisse plus bas pour favoriser
les transferts ; changer le sens du lit pour stimuler un patient héminégligent ;
proposer un adapte table plus approprié pour la prise des repas… Le patient doit

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obligatoirement avoir accès et utiliser la sonnette et la lumière. Nous veillons aussi
que l’espace de déambulation soit suffisamment grand pour que le patient qui se
déplace ne soit pas gêné. La chambre doit être organisée de façon la plus sécuritaire
possible. Bilan tug

Ø 1.3 Entretien sur les habitudes de vie

Ø 1.3.1 La définition d’une habitude de vie utiliser IADL/BADL.

Une habitude de vie est une activité courante ou un rôle valorisé par la personne ou
son contexte socioculturel selon ses caractéristiques (l’âge, le sexe, l’identité
socioculturelle, etc.). Elle assure la survie et l’épanouissement d’une personne dans sa
société tout au long de son existence. Les habitudes de vie s'apprécient sur une
échelle allant de la « situation de participation sociale optimale » à la « situation de
handicap complète ».

Une situation de participation sociale


Une situation de participation sociale correspond à la pleine réalisation des habitudes
de vie, résultant de l’interaction entre les facteurs personnels (les déficiences, les
incapacités et les autres caractéristiques personnelles) et les facteurs
environnementaux (les facilitateurs et les obstacles).

Une situation de handicap


Une situation de handicap correspond à la réduction de la réalisation ou à l’incapacité
à réaliser des habitudes de vie, résultant de l’interaction entre les facteurs personnels
(les déficiences, les incapacités et les autres caractéristiques personnelles) et les
facteurs environnementaux (les facilitateurs et les obstacles).

Ø 1.3.2 se présenter

Pour que l’entretien avec le patient sur ses habitudes de vie s’effectue dans de
bonnes conditions, il est important de choisir le créneau horaire le plus judicieux. Un
patient qui a l’habitude de faire la sieste, qui a de la visite, ou bien qui reste stressé
par une difficulté n’est pas disponible pour converser.

Quand le moment opportun se présente, dans les premiers jours, nous nous
présentons et expliquons le rôle d’un ergothérapeute dans un service de soin de
suite et réadaptation : retrouver l’autonomie et l’indépendance dans les activités de la
vie quotidienne.

Cette présentation introduit l’entretien sur les habitudes de vie antérieures à


l’hospitalisation du patient. Nous prévenons que nous allons lui poser une série de
questions sur son quotidien. Cette discussion doit permettre de recueillir des
éléments les plus précis possible.

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Ø 1.3.3 se positionner

L’échange avec notre patient sera d’autant plus fructueux que nous aurons veillé à
son positionnement. Nous serons vigilants à ce que l’installation mise en place le
premier jour, que ce soit en position assise ou allongée, soit correcte. Plus la
personne est confortablement installée, plus elle est à même de discuter.

Il est également très important que l’ergothérapeute se positionne de façon


stratégique et en position d’écoute. Nous serons donc attentifs à nous mettre à la
même hauteur que notre patient, à une place où il nous entend et nous voit. Enfin,
l’ergothérapeute doit poser des questions courtes et compréhensibles pour que les
réponses soient les plus fiables possibles.

Bonjour, Comment allez-vous ? Vous avez bien dormi, pas de douleur


Se présenter je suis l’ergothérapeute.
J’aimerai savoir comment cela se passait avant l’hôpital, des habitudes de vie.

Ø 1.3.4 Mettre en confiance

Pour que la personne réponde sans gêne à toutes nos interrogations, il est
indispensable de commencer l’entretien par des questions d’ordre général en
premier. Une fois la confiance installée, les questions intimes (continence, sexualité)
pourront être évoquées.

L’entretien ne doit pas être un questionnaire strict, il faut savoir rebondir sur les
informations évoquées, ce doit être un échange. Cependant il faut aussi savoir tenir le
cadre. En effet, certains patients logorrhéiques, dispersés ou avec des troubles
cognitifs peuvent détourner la conversation de son objectif principal : le recueil des
habitudes de vie antérieure à l’hospitalisation.

Cette discussion permet d’évaluer la fiabilité des informations recueillies du dossier


médical et/ou de mettre en évidence les éventuels troubles cognitifs du patient. A la
fin de l’entretien, nous l’informons de notre prochaine rencontre.

Ø 1.4 diagnostic ergothérapique

Plusieurs éléments doivent être précisés pour que le diagnostic ergothérapique soit
correct. Il doit d’abord débuter par une synthèse des facteurs personnels,
environnementaux et des habitudes de vie du patient.

Ce diagnostic doit être élaboré à la suite des évaluations initiales pertinentes que
nous aurons effectuées : évaluations cognitives (MMS, MOCA…), évaluation motrice
(TUG, TMM…) et évaluation fonctionnelle (préhension, membre supérieur…). Il
indiquera alors succinctement les résultats de ces tests.

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Enfin pour que celui-ci soit le plus précis possible, nous le compléterons par le projet
de soin envisagé en ergothérapie (stimulations, réhabilitations cognitives,
récupérations motrices et fonctionnelles, resocialisation…).

Exemples :
Mme M. 75 ans, habite seule dans une maison à étage à Saint Genis dont elle est
propriétaire. Elle avait seulement une aide-ménagère 2 heures par semaine pour le
gros ménage et était autonome et indépendante dans toutes les autres activités de la
vie quotidienne. Sa chute par maladresse, ayant entrainée une fracture de l’humérus
droit chez cette droitière, nécessite un accompagnement en ergothérapie pour une
installation adéquate à sa pathologie, une récupération motrice et fonctionnelle de
son membre supérieur droit dans les activités de la vie quotidienne, une préparation à
son retour à domicile chez une patiente sans trouble cognitif et sensoriel majeur.

Mr F, 83 ans, diagnostiqué parkinsonien depuis 8 ans, vit dans un appartement avec


sa femme en location. Une infirmière venait tous les matins pour la préparation des
traitements et la mise en place des bas de contentions. Son épouse l’aidait pour la
toilette, l’habillage, préparait les repas ; les courses et le ménage étaient effectués par
les enfants. Son hospitalisation pour une pneumopathie a engendré une perte
d’autonomie et d’indépendance pour les transferts et les déplacements. Nous
effectuerons donc en ergothérapie un travail sur les déplacements spontanés et
accompagnerons le patient et sa famille dans la mise en place d’un plan d’aides
adéquate pour un retour à domicile sécuritaire.

2) PROJETS DE SOINS GERIATRIQUES EN ERGOTHERAPIE


Ø 2.1 Définition
En ergothérapie, l’objectif est d’aider le sujet âgé à récupérer au mieux, dans les
meilleures conditions de sécurité et de temps, une efficience fonctionnelle, ou
autre, perdue ou amoindrie. A défaut, il faut chercher à obtenir le maximum des
possibilités restantes de façon à assurer une qualité de vie optimale ; en gériatrie
toutes les fonctions seront prises en considération.

La prévention signifie prévenir des risques, c’est-à-dire la mise en place de moyens


pour empêcher l’apparition, l’aggravation de lésions ou maladies limitant
l’indépendance

La rééducation signifie éduquer à nouveau, c’est à dire recréer l’image motrice,


redonner le pouvoir fonctionnel. Nous recherchons à retrouver l’intégrité de la
fonction perdue en tentant de corriger le défaut de fonction et en refusant les
compensations.

La réadaptation signifie adapter à nouveau, c’est-à-dire conserver l’image motrice, le


savoir gestuel épargné par la lésion, et d’utiliser la fonction dégradée quel que soit le

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handicap. On accepte et on utilise le défaut de fonction en utilisant des
compensations comme facilitations à l’autonomie.

La réinsertion signifie insérer à nouveau, c’est-à-dire agir pour que la personne puisse
se réadapter à la vie sociale, associative, professionnelle, qu’elle réintègre ses rôles
signifiants et significatifs pour elle.

La collaboration avec l’ensemble des autres professionnels est indispensable pour


accompagner notre patient dans le projet de soin en ergothérapie.

Coussin hospidex

Ø 2.2 La récupération motrice et fonctionnelle


Ø 2.2.1 L’indépendance dans les transferts

Durant l’hospitalisation, un travail de rééducation / réadaptation doit être


immédiatement entrepris surtout pour les patients en désadaptation psychomotrice
ou en syndrome post chutes (troubles posturaux, de la marche, et des automatismes
psychomoteurs). Cet accompagnement peut être travaillé en collaboration avec
d’autres professionnels (psychomotriciens, kinésithérapeutes).

- un travail sur le déplacement spontané, selon la méthode des gestes et activation


des personnes âgées, qui correspond aux mouvements effectués naturellement par
un individu pour se transférer d’une position à une autre. Il est important, dans cet
accompagnement, de bannir le « on », nous devons accompagner nos patients en leur
donnant des ordres directs simples.
Pour passer de la position allongée à la position assise, on commence par élever la
tête et le bras opposé au côté où on veut se lever. On effectue ensuite une
orientation diagonale puis un roulement latéral pour faire une bascule en bloc.
Pour passer de la position assise à la position debout, on recule tout d’abord les pieds
puis on projette le tronc vers l’avant pour que la poussée sur les membres inférieurs
soit efficace. Il faut éviter la traction sur les bras qui engendre une postériorisation du
tronc et risque de blesser le patient (luxation de la scapulo-huméral) et utiliser des
prises adaptées avec l’utilisation des accoudoirs.

- Si la fonction est défaillante, nous utilisons des aides techniques.


La potence et la barre latérale de lit peuvent faciliter le redressement couché assis. Au
fur et à mesure de l’accompagnement nous baisserons le dossier du lit médicalisé
pour se rapprocher de plus en plus de la réalité du quotidien. Nous tenterons
également de sevrer le patient des aides techniques.
L’aide technique au transfert (guidon, disque, automax) mise en place dès le 1er jour
sera réévaluée régulièrement pour s’adapter à la progression de notre patient.
L’installation pour favoriser l’autonomie et l’indépendance du début d’hospitalisation
sera aussi à revoir en fonction des progrès ou non de notre patient. Nous pourrons
alors recommander une chaise assis/debout ou un coussin pour rehausser la hauteur
d’assise.

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Ø 2.2.2 La sécurité des déplacements

Le sujet doit tout d’abord retrouver l’équilibre et la station debout en récupérant les
réactions parachutes assis et debout (poussées sur le thorax dans différentes
directions, induire des positions à la limite du déséquilibre), en luttant contre la
rétropulsion assis (jeux de ballons, aller chercher des objets au sol), debout, sur des
plans inclinés (reprogrammation du centre de gravité vers l’avant dans le schéma
corporel ; adjonction de talonnettes de marche).

L’adaptation des aides techniques sera progressive (barres parallèles, déambulateur 2


roues, déambulateur 3 ou 4 roues, canne simple du côté du genou malade et du côté
opposé à la hanche malade). Ce travail s’effectue en collaboration étroite avec les
kinésithérapeutes pour décider ensemble de la meilleure aide technique adaptée aux
habitudes de vie, aux capacités motrices et à l’environnement de notre patient.

Si pas de douleur, L’apprentissage du relever au sol redonne confiance au sujet


risquant de tomber et ayant la possibilité de le réaliser. Les différentes étapes sont :
roulement latéral, appuis sur coude, main et genoux pour une stabilisation à 4 pattes,
recherche d’une chaise pour passage en chevalier servant, appuis manuels sur angle
éloigné de la chaise et sur le genou levé pour pivotement arrière et relever au ras du
siège puis translation au fond du siège. Avec le kinésithérapeute, ces différentes
étapes pourront être accompagné pour que le patient réussisse seul et en confiance à
se relever du sol.

Ø 2.2.3 La fonctionnalité des membres supérieurs et préhension

Certaines pathologies (AVC, arthrose, capsulite rétractile…) ou traumatismes


(fractures, luxation, tendinite…) entrainent une perte partielle ou totale de la
fonctionnalité des membres supérieurs et de la préhension. A la suite des bilans
effectués, dans les premiers jours, un travail de rééducation adapté aux déficits est
mis en place. Il est progressif (passif, actif aidé, actif sans résistance, actif, actif avec
résistance) et infra douloureux. Il a pour objectif de retrouver les amplitudes
articulaires et la force musculaire. Nous utilisons une table de rééducation et
travaillons avec différents supports : pâtes de rééducation, ballons, jeux de société
(puissance 4, structuro, jeux de fléchettes…), ustensiles de la vie quotidienne… En
parallèle on développe ou on renforce (selon si c’est le côté dominant qui est atteint)
le côté opposé. Cet accompagnement est similaire aux techniques de rééducation
effectuée en traumatologie ou en neurologie à l’exception près que nous nous
adressons à une population âgée généralement pluri pathologique donc fatigable. Il
est donc fondamental en gériatrie de respecter la fatigabilité de nos patients tout en
maintenant une certaine motivation.

Quand nous arrivons à un niveau où notre patient ne récupère plus, nous proposons
les aides techniques les plus appropriées pour que la personne âgée soit la plus
indépendante possible. Cette aide technique doit être acceptée et comprise sans quoi
elle ne sert à rien. Elle demande un apprentissage pour l’intégrer et l’utiliser au
quotidien. La motivation à redevenir indépendant doit être importante et adaptée aux
habitudes de vie de la personne (on ne proposera pas un grossisseur de manche pour

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stylo à un patient qui n’écrit plus). Par la suite, dans la partie réentrainement aux
activités de la vie quotidienne, un certain nombre d’aides techniques seront décrites.
On évite de dire « ON »

Ø 2.2.4 prise en charge groupale

Dans les propositions d’accompagnement pour la récupération motrice et


fonctionnelle de nos patients, nous pouvons mettre en place des ateliers en
collaboration avec d’autres professionnels : kinésithérapeute, psychomotricien,
moniteur en activité physique adaptée.
Cette prise en charge pluridisciplinaire, avec la spécificité de chaque thérapeute
permet une meilleure coordination de la rééducation. La régularité des séances
améliore l’apprentissage des exercices et des conseils donnés pour l’équilibre statique
et dynamique, stimule les fonctions sensorimotrices et aide à la tonicité.
La dynamique de groupe mobilise des ressources psychologiques, corporelles et
relationnelles. Elle développe les capacités relationnelles et de communication. Les
patients ne doivent pas avoir de troubles cognitifs majeurs pour participer pour ne
pas mettre à mal le groupe. Enfin, par la prise en charge groupale, les participants
prennent mieux confiance en leurs capacités. Le groupe contient et accompagne les
angoisses autour de la chute. Il favorise l’intégration du traumatisme dans l’histoire
du patient.
Exemples de 2 séances :
Lundi (séance psychomotricien/ergothérapeute) salle kinésithérapie
- automassage
- équilibre assis : cerceaux (passer la tête, passer les pieds, échange de couleurs en face et sur
les côtés, descendre au sol)
- équilibre debout : en appui sur la barre parallèle talon-pointe, déplacements latéraux, appui
unipodal
- déplacements en rythme

Jeudi (séance kinésithérapeute/ergothérapeute) salle kinésithérapie


- mobilisations articulaires
- équilibre assis : bâtons (descendre le long, les mettre sur les côtés, les faire passer de + en +
vite…)
- déplacements d’objets à différentes hauteurs de préhension
- parcours de marche : pas latéraux, changement de direction, marche sur tapis,
enjambement d’obstacles

Ø 2.3 L’accompagnement des troubles cognitifs


En intervenant dès l’apparition des premiers troubles cognitifs ou même en cas de
troubles graves, la prise en charge cognitive cherche à minimiser leurs effets et leurs
retentissements avant qu’ils ne s’aggravent. L’objectif principal des techniques
utilisées est l’acquisition ou le renforcement de stratégies compensatrices, spécifiques
et applicables dans la vie quotidienne.

Ø 2.3.1 séance individuelle pour la réhabilitation cognitive

Mme GONARD Jennifer, ergothérapeute, Hôpital gériatrique Pierre Garraud, année 2019 Page 15
Dans la réhabilitation cognitive, nous utilisons des techniques de facilitation et
d’apprentissage. Ces techniques sont profitables à condition que le patient soit
suffisamment entrainé et encouragé dans la démarche.

La première méthode utilisée est la facilitation de l’encodage et de la récupération.


On aide la mémorisation de l’information en fonction des caractéristiques du
contexte. On associe l’objet à retenir à une couleur, une forme, un usage… On
effectue une classification, on visualise l’information. Il faut multiplier les afférences
d’encodage, visuelles, sonores et sémantiques.

La technique de récupération espacée repose sur la mémoire procédurale. Elle


permet de retrouver une information après un délai plus ou moins long. C’est une
technique rigoureuse et précise. Les principes sont: donner l’information à apprendre,
une information à la fois, puis le patient doit la restituer immédiatement après nous.
Attendre 10 secondes et renouveler l’expérience en augmentant les temps entre
chaque réponse correcte. Doubler chaque délai réussi. Chaque essai doit se terminer
par la bonne réponse : générer le moins d’erreurs possibles. Toujours recréer le même
contexte d’apprentissage avec la même question exactement. Toujours terminer la
séance sur une réussite. Si l’apprentissage énerve ou excite, il faut arrêter.

On peut aussi estomper les indices de récupération. Le rappel de reconnaissance est


d’abord choisi parmi plusieurs possibilités. Puis on donne un seul indice et enfin on
tente le rappel libre. Le travail consiste à diminuer progressivement le nombre
d’indices apportés lors de la récupération.

On est souvent amené à utiliser plusieurs techniques simultanément. Pour


promouvoir l’utilisation d’un téléphone chez des patients avec une maladie
d’Alzheimer, on combine l’utilisation d’une procédure écrite collée au dos de
l’appareil, et la technique de récupération espacée pour automatiser l’acquisition
(sans erreur) de chacune des étapes successives.

Enfin, il faut informer la famille qu’un apprentissage reste toujours propre à une
situation et ne se généralise pas à d’autres. Par exemple, pour apprendre à utiliser un
téléphone portable, il est important que le patient dispose toujours du même
appareil. De la même façon, l’utilisation d’un calendrier digital pour connaitre la date
du jour risque d’être fortement compromise si ce type de calendrier ne trouve pas de
place fixe au sein de l’environnement habituel.

Ø 2.3.2 séance groupale pour la stimulation et le maintien des capacités


restantes

La mise en place de séances groupales peut être proposée dans la stimulation


cognitive et le maintien des capacités restantes. Cet accompagnement, comme pour
les ateliers moteurs et fonctionnels, peut se réaliser en pluridisciplinaire :
orthophoniste, animatrice, aide-soignant. Il est important de respecter un cadre
spatio-temporel pour que les patients repèrent l’atelier. Nous choisissons un lieu où
il n’y a pas de facteurs environnementaux qui pourraient parasiter les séances (bruits,
odeurs..). Les patients sont installés en fonction de leur capacité sensorielle et
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fonctionnelle. Nous conseillons d’avoir un rituel avec une partie similaire à chaque
fois : la date du jour, rappel du lieu, explication sur les raisons de l’atelier. La partie
variable doit être préparée à l’avance pour avoir plusieurs niveaux de présentation. Il
faut s’adapter au rythme cognitif et moteur des patients, procéder du plus simple au
plus complexe et adapter les supports.

Atelier attentionnel
- Observation de dessin
- Présenter deux dessins avec des différences, retrouver les anomalies
- Mémorisation d’image et description
- Mémorisation d’objet avec restitution du nom des objets un fois cachés
- Lecture de texte et demander de comptabiliser le nombre de fois qu’un mot est
employé
- Lecture de texte et question sur le texte
- Jeux de société faisant appel à l’observation, lynx, recherche d’intrus…
- Reconnaissance chiffres, lettres, symboles au milieu de distracteurs:
- Observer la stratégie d’exploration du patient, indicez en cachant une partie de la
feuille, en suivant du doigt.
- Dénombre un dessin avec des cercles enchevêtrés
- Indicez en comptant avec le doigt ou en cochant les cercles déjà dénombrés.
- Entourer sur une grille les chiffres identiques ou les chiffres supérieurs à trois…
- Reconnaissance des signes différents sur une grille

Atelier mémoire et raisonnement


-Exercice de mémorisation d’objets (photos objets réels…)
- Montrer à la personne 6 objets de différentes façons, multipliez les encodages
(visuel, auditif, sémantique, procédural…) cachez les objets et demandez la restitution
en fonction des capacités du patient. Restitution orale ou écrite.
- Exercice de mémorisation auditive
- Lecture de texte et rappel en suivant les règles de facilitation
- Exercice des intrus
- Lister une série de 6 objets de la même famille avec un intrus en demandant de
retrouver celui qui n’a aucun rapport avec les autres. Adaptez l’exercice aux capacités
du patient.

Atelier orientation
- Jeux du Tangram
- Reconnaissance des formes et orientation des formes dans l’espace pour les replacer
sur le dessin.
- Reproduction de figure, de dessin
Dessin de figure en symétrie, reproduction de dessin en suivant des points préétablis
Carte de France
Replacez, villes, spécialités culinaires et autres repères spatiaux sur la carte
Labyrinthe
Puzzle
Jeux de construction avec réappropriation du langage verbal

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Atelier schéma corporel
Présentation de dessins représentant le corps humain, les parties du corps humain ou
le visage.
Demandez de nommer les parties du corps
Indiçage en montrant sur son propre corps
Attention : éviter de montrer des photos du patient ou de travailler avec un miroir
(difficulté de l’image de soi) (anosognosie)

Ø 2.3.3 Limites de l’accompagnement

Les prises en charge proposées et décrites ci-dessus peuvent être compliquées voire
impossibles. En effet, certains patients ont, en plus des troubles cognitifs, des
difficultés visuelles ou auditives trop importantes. D’autres sont illettrés ou ne
parlent pas le français. L’accompagnement doit alors être adapté à chaque patient.

Certains patients sont à un stade très avancé sans jamais avoir eu de diagnostic. La
rééducation et réadaptation proposées n’ont aucun effet et peuvent même être
délétères. En effet, la complexité des tâches demandées, l’incompréhension des
consignes peuvent engendrer des troubles du comportement.

Il existe aussi des personnes anosognosiques. En ne reconnaissant pas leurs


difficultés, ces patients deviennent agressifs ou anxieux par l’objectivation de leur
trouble cognitif. Ils refusent généralement l’accompagnement en ergothérapie.

Enfin, ces prises en charges sont chronophages si on souhaite que cela soit efficace.
Les ergothérapeutes n’ont parfois pas les moyens en temps de travail disponible pour
proposer ces rééducations/réadaptations. C’est pourquoi, ils se mettent en lien avec
les ESAD (équipe spécialisé Alzheimer à domicile) pour que cet accompagnement soit
proposé à domicile.

Ø 2.4 L’adaptation aux déficits sensoriels


Nous sommes également amenés à accompagner les déficits sensoriels de nos
patients afin d’optimiser leur autonomie et indépendance :

La vue : les personnes âgées sont souvent confrontées à une diminution de l’acuité
visuelle, une diminution du champ visuel du fait de pathologies telles que la DMLA, la
cataracte, le glaucome…
Il est important de signaler si l’appareillage n’est pas ou plus adapté. En tant
qu’ergothérapeute, nous serons attentifs au bon éclairage, à la mise en place de
contrastes (assiette bleue sur plateau blanc), à proposer des aides techniques (loupe,
écran digital grossi…)

L’ouïe : Les patients ont également souvent une diminution de l’audition entrainant
une compréhension difficile soit du fait d’un appareillage non adapté soit par un
bouchon de cérumen ou des acouphènes.

Mme GONARD Jennifer, ergothérapeute, Hôpital gériatrique Pierre Garraud, année 2019 Page 18
Par rapport à ces difficultés, nous conseillons les soignants et l’entourage sur leur
positionnement : se placer en face de la personne (lecture labiale) ou du « bon » côté,
parler sur la bonne tonalité

Le Goût : Certaines pathologies peuvent exacerber et/ou annuler des saveurs (trop
épicé / fade), entrainent plus ou moins une perte d’appétit. En collaboration avec
l’orthophoniste et la diététicienne, nous proposons des plats plus colorés, avec des
textures différentes dans une ambiance propice à manger.

Le Toucher : L’hypo / hypersensibilité causée par des séquelles d’hémiplégie, une


pathologie diabétique ou autres peuvent être responsables de chutes ou maladresses.
Notre rôle est d’être rigoureux sur un bon chaussage et de travailler ou stimuler la
sensibilité en collaboration avec les psychomotriciens

L’odorat : L’exacerbation ou l’absence d’odorat favorise la perte d’appétit et les


problèmes d’hygiène.
En lien avec l’équipe soignante, nous tentons de stimuler nos patients en leur
expliquant l’importance de la prise des repas et d’une hygiène correcte pour la santé.

Ø 2.5 Le réentrainement aux activités de la vie quotidienne

Le bilan IADL/BADL nous permet de répertorier les activités de base et instrumentale


essentielles au quotidien des personnes âgées.

Ø 2.5.1 La continence

La gestion de la continence est un enjeu important dans l’objectif d’un retour à


domicile. Un travail d’autonomisation devra être entrepris en collaboration avec
l’équipe soignante :

- Dans le sevrage des aides techniques : de l’utilisation de l’urinal ou de la bassine par


l’installation d’une chaise pot. Dans les premiers temps, un accompagnement dans les
transferts peut être effectué pour évoluer jusqu’à l’utilisation des WC de façon
autonome et indépendante (possibilité de mise en place d’un rehausseur de WC ou de
barre d’appui).

- Dans l’apprentissage d’une gestion autonome des protections (mise à disposition de


protection, utilisation de protections plus facile à mettre type Pull Ups), de la sonde à
demeure ou du pénilex (apprentissage de la vidange et du changement de la poche de
sonde).

- objectifs spécifiques : travail des transferts pour se lever et se coucher pour aller au
toilette, indépendance dans les déplacements afin d’arriver au wc en sécurité,
équilibre bipodal pour baisser et remonter ses habits du bas du corps,

Mme GONARD Jennifer, ergothérapeute, Hôpital gériatrique Pierre Garraud, année 2019 Page 19
Ø 2.5.2 L’alimentation

L’indépendance du patient dans la prise des repas doit être une priorité dans notre
prise en charge en ergothérapie.

L’installation du patient pour une prise la plus fonctionnelle possible est primordiale.
Dans la mesure du possible, mettre la personne la plus assise possible si elle reste au
lit (relever au buste avec oreiller dans le dos si besoin, veiller au maintien de la tête et
à la stabilité du tronc, adapte table à hauteur de coude). Au fauteuil, le patient doit
être assis à 90°, les pieds en appui sur le sol ou les cale pieds, le bassin au fond de
l’assise et les bras sur la table. Il faut également être attentif à la disposition du
plateau repas et savoir transmettre les bons conseils aux soignants pour aider nos
patients : aliments découpés et opercules enlevés si nécessaire, placer la vaisselle et
les aliments du côté non négligent…

Il existe de nombreuses aides techniques qui peuvent nous aider dans cet
accompagnement. Voici les plus utilisés :
- le verre à anse et les grossisseurs de manches destinés aux patients avec des
difficultés de préhension
- le tapis antidérapant, que l’on installe sous l’assiette pour l’empêcher de glisser et
une butée, qui se fixe autour de l’assiette (rebord d’assiette), évite que les aliments
ne s’en échappent pour faciliter la prise des aliments
- les couverts courbés pour faciliter la prise alimentaire quand il existe des difficultés
du membre supérieur à atteindre la bouche
- Le couteau cochoir, s’utilise comme un hachoir et permet de couper ses aliments
d’une seule main…
Il n’est pas facile pour un patient d’intégrer une aide technique, c’est pourquoi il
faudra plusieurs séances d’entrainement avant un résultat probant. Si les progrès en
rééducation le permettent, ces ustensiles seront progressivement sevrés.

Ø 2.5.3 la toilette et l’habillage

Une évaluation plus approfondie est d’abord effectuée par l’ergothérapeute. Cette
prise en charge permet de cibler les déficits et incapacités de la personne et de
solliciter sa participation de manière plus efficace. Une rééducation peut alors
commencer, l’aide apportée peut être:

- Une stimulation verbale pour maintenir les capacités physiques : demander à la


personne d’effectuer certains mouvements ou une action (personne présentant
des troubles d’initiative, mnésique, praxique par le séquençage des gestes).

- Des conseils gestuels pour faciliter et sécuriser l’activité (croiser les jambes pour
la toilette des pieds et l’enfilage des chaussettes et chaussures (attention si PTH),
agrafer le soutien-gorge devant puis le faire tourner, enfiler d’abord la manche du
bras pathologique, s’asseoir pour faire la toilette ou s’habiller…).

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- L’utilisation d’aides techniques pour pallier aux fonctions déficitaires (brosse à
long manche pour la toilette du dos et des pieds, enfile bas de contention, chausse
pied à long manche, bretelles pour enfiler sous-vêtements et pantalon…).

Cet accompagnement est relayé et discuté avec l’équipe soignante pour que notre
travail soit poursuivi et efficace.

Ø 2.5.4 la préparation des repas

Quand nos patients avaient l’habitude de préparer seuls leur repas à leur domicile,
nous proposons des mises en situation dans la salle d’ergothérapie.
En lien, avec la récupération motrice et fonctionnelle et les éventuels troubles
cognitifs, cette prise en charge écologique nous permet d’évaluer l’autonomie et
l’indépendance de nos patients dans cette activité instrumentale de vie quotidienne.

Pendant cet accompagnement, nous nous attachons à donner et à faire intégrer les
conseils de sécurité : prendre des points d’appui adaptés, utiliser des aides
techniques appropriées aux difficultés rencontrées (chaise haute de cuisine, desserte,
éplucheur, tapis anti dérapant, minuteur…), utilisation d’appareils électroménagers
compatibles avec l’état cognitif (plaque à induction, bouilloire…°).

Nous avons aussi l’objectif de faire comprendre aux patients, l’importance d’un
rangement et d’une meilleure organisation: mettre les objets les plus utilisés à une
hauteur de préhension fonctionnelle (entre les genoux et la tête), rangement du
frigidaire plus organisé, notices et recettes à disposition…

Ø 2.5.5 les tâches ménagères

Certains patients n’avaient aucune aide à domicile avant leur hospitalisation et


géraient encore toutes les tâches domestiques. Des mises en situation peuvent
également être proposées pour évaluer les capacités physiques et cognitives à gérer
cette activité. Nous testons et proposons des aides techniques : brosses, balais à long
manche, caddie… et montrons les bons gestes. L’objectif est également, parfois, de
faire réaliser au patient les limites de ses capacités pour qu’il accepte l’intervention
d’une aide-ménagère.

Ø 2.5.6 la gestion du traitement et financière

Ces deux activités instrumentales de la vie quotidienne sont importantes à


accompagner. Nous proposons des mises en situations et des réentrainements à
l’autonomie dans la mesure des capacités cognitives et sensorielles de nos patients.

Pour la gestion du traitement, nous demandons au patient de répartir des comprimés


dans un pilulier selon une « pseudo » ordonnance. En lien avec l’équipe infirmière,
nous sommes attentifs à la bonne prise du traitement. Aucune erreur ne doit être
constatée pour laisser gérer le patient seul. Le patient sera en autogestion du pilulier
sous la surveillance infirmière.

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Pour la gestion financière, plusieurs exercices de manipulation d’argent, des
remplissages de chèques seront effectués. Un patient ne sachant plus gérer la
monnaie pourra se faire arnaquer, ou se mettre en situation financière compliquée.
Nous devons signaler à l’entourage humain de notre patient les difficultés
rencontrées. Le médecin décide alors éventuellement de lancer un système de
mesures de protection via l’assistante sociale.

2.6 La réinsertion dans les rôles signifiants et significatifs

2.6.1 définition

Un rôle signifiant et significatif est la participation d’une personne à une activité qui
a du sens pour elle. Il est nécessaire d’être précis sur le contexte de l’activité, son
lieu, le moment, les raisons. Par exemple, une patiente peut avoir envie de cuisiner
pour pouvoir être en capacité de recevoir sa famille les dimanche midi chez elle.
L’accompagnement des patients en ergothérapie sera d’autant plus simple que la
personne investit cette activité.
Nous conseillons de partir de la mesure canadienne du rendement occupationnel
(MCRO) pour établir les priorités entre les soins personnels, les activités de
productivité et les loisirs.

2.6.2 échange avec le patient

D’après la MCRO, l’entretien avec le patient permet de déceler les changements de


son rendement occupationnel. Une entrevue semi-structurée et cotée permet à la
personne de choisir elle-même les problèmes pour lesquels elle souhaite une
intervention. L’évaluation s’effectue en 5 étapes :

1- Identification des difficultés de rendement occupationnel


2- Estimation par la personne de l’importance des difficultés (échelle de 0 à 10)
3 / 4- Etablissement des cinq difficultés les plus importantes à traiter avec auto
évaluation du rendement actuel de l’activité et satisfaction de ce rendement
Ces quatre premières étapes s’effectuent au début de l’hospitalisation et
permettent de cibler l’intervention de l’ergothérapeute mais aussi des autres
professionnels de rééducation et de soins.

5- Réévaluation par la personne de l’intervention


Cette dernière étape est prévue en fin d’hospitalisation pour mesurer l’efficacité de
l’accompagnement proposée.

Ø 2.6.3 un accompagnement individualisé

En proposant des activités signifiantes, nous stimulons nos patients dans leur
rééducation et réadaptation. La personne étant motivée par l’activité, elle accepte et
intègre plus facilement les aides techniques et les conseils de bons gestes.
Cette accompagnement doit être au plus près des occupations habituelles de notre
patient. Par exemple nous proposons un porte carte pour jouer au jeu de carte choisi
Mme GONARD Jennifer, ergothérapeute, Hôpital gériatrique Pierre Garraud, année 2019 Page 22
par le patient, nous conseillons de plier les genoux plutôt que de baisser le tronc pour
jardiner ce que le patient a envie de planter… Cela demande parfois des ressources
autres que nos ressources en place et il faut donc être inventif ou demander un
budget pour avoir le matériel ou l’aliment adapté.

Aujourd’hui, il existe de plus en plus de nouvelles technologies et nos aînés


commencent à s’y intéresser (téléphone portable, tablette, ordinateur). Nous
pouvons proposer un accompagnement dans l’utilisation de ces outils. Les avantages
sont nombreux : travail mnésique en proposant des jeux variés quand l’occupation
principale est maintenir sa mémoire, explication des possibilités de communication
(mail, réseau sociaux) pour maintenir les liens avec la famille quand cela est
l’occupation principale de la personne …

3) L’ACCOMPAGNEMENT DE L’ERGOTHERAPEUTE DANS LE PROJET


DE VIE DU PATIENT
Ø 3.1 synthèse pluridisciplinaire
Ø 3.1.1 les participants

La synthèse pluridisciplinaire rassemble une partie des professionnels du service de


soin de suite et réadaptation. Nous sommes invités à participer, comme les autres
rééducateurs, pour transmettre les progrès, régressions ou stagnations en
rééducation/réadaptation. Le corps médical (médecin, interne, externe) et les équipes
de soins (infirmier et aide-soignant) concernés par les patients dont ils ont la charge
sont aussi présents. D’autres intervenants se joignent également à cette discussion
autour des projets de soin et de vie de nos patients : le cadre du service, l’assistante
sociale, la psychologue, la diététicienne, les étudiants…

Ø 3.1.2 le cadre

Cette réunion a lieu de façon hebdomadaire. Elle se déroule normalement toujours au


même moment et reste synthétique pour limiter le côté chronophage. Elle a quasi
toujours lieu au même endroit, une pièce qui peut se fermer pour la confidentialité.
Elle consiste à discuter en pluridisciplinarité des projets de soins et de vie de tous les
patients du service.
Le médecin commence par rappeler le motif d’hospitalisation et les informations
médicales importantes. Puis chaque professionnel présent peut intervenir pour
donner son point de vue sur l’état de santé, le comportement, l’évolution du patient
afin de décider ensemble de l’accompagnement. Le médecin statue des décisions
prises.

Ø 3.1.3 savoir se positionner

Mme GONARD Jennifer, ergothérapeute, Hôpital gériatrique Pierre Garraud, année 2019 Page 23
Dans un service de soin de suite et réadaptation gériatrique, l’ergothérapeute a un
rôle important dans la prise des décisions médicales pour le projet de vie des
patients. Il est nécessaire de se positionner et d’argumenter, via les bilans et
accompagnements effectués, sur la faisabilité des projets. Nous avons le devoir
d’informer les médecins des aides indispensables pour les retours à domicile et des
obstacles majeurs ne permettant pas les retours de façon sécuritaire et donc le
placement dans une structure adaptée (ehpad ou usld).
Aujourd’hui il existe une réelle pression liée à la durée moyenne de séjour dans les
hôpitaux. Notre argumentation pendant ce temps de synthèse est donc primordiale
pour éviter des décisions non appropriées par rapport à la dépendance du patient et
ses conditions de vie.

Ø 3.2 entretien avec les aidants

Pour que les projets de vie de nos patients soient accompagnés correctement, il est
indispensable de rencontrer les aidants. Cet entretien s’effectue en toute
confidentialité après prise de rendez-vous.

Certaines personnes ne connaissent pas exactement le rôle d’un ergothérapeute en


hôpital gériatrique. Avant toute discussion, il est donc important de présenter notre
travail de rééducateur/réadapteur pour favoriser l’autonomie et l’indépendance dans
les activités de la vie quotidienne.

Cette présentation permet de questionner plus facilement les aidants sur les
habitudes de vie du patient avant l’hospitalisation. Un échange s’effectue entre les
informations données par les aidants et les capacités actuelles du patient pour
travailler le projet de vie. Nous transmettons alors nos préconisations pour que la
sécurité physique et psychique de nos patients soient prises en compte : aides
humaines et techniques indispensables pour le retour à domicile. Les aidants nous
expliquent, à leur tour, comment ils souhaitent s’impliquer.

Lors de cet entretien, nous réalisons aussi une étude de domicile ou décidons d’une
visite à domicile pour trouver des solutions d’aménagements ou mettre le patient en
situation écologique.

Ø 3.3 étude/visite à domicile

Toutes les pièces du domicile et l’extérieur seront étudiées ou visitées. L’idéal reste la
visite à domicile, bien que ce soit chronophage, elle permet de mettre le patient en
situation et d’observer le « savoir-faire » de la personne âgée fragilisée. Il n’y a pas de
recette miracle… Les conseils doivent êtres simples, pratiques et évolutifs. Ils doivent
respecter l’individu, ses valeurs et son mode de vie (les activités qui ont du sens pour
lui). Attention à ne pas déstabiliser la personne en agissant pour son « bien »… Les
solutions doivent correspondre au plus près au fonctionnement de la personne et de
son entourage. Les propositions sont personnalisées Voici les principales actions ou
recommandations à effectuer :

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Sécuriser les déplacements
1 Matérialiser les obstacles fixes
2 Fixer les obstacles mobiles ou les enlever (fils, tapis, carpettes, guéridon,…)
3 Libérer les espaces de déambulation + matérialiser les points d’appui
4 Faciliter les changements de position (vérifier la hauteur des assises et les points
d’appui ou de traction ex.: cônes rehausseurs Kinetec)
5 Prévoir un éclairage suffisant dans toutes les pièces et couloirs

Concernant la cuisine
- simplifier l’environnement,
- ranger à portée de main,
- sécuriser les tâches comme déplacement avec charges chaudes, préparation des
repas…

Concernant les wc
- adapter la hauteur d’assise des wc : rehausse wc à conseiller
- sécuriser les transferts, mise en place de barres d’appui ou rehausse wc avec
accoudoirs intégrés fixé par des pattes de sécurité à la place de la lunette.
- en fonction des capacités motrices du patient et de la surface de la pièce : interdire
l’accès et préconiser une chaise garde-robe dans une autre pièce

Concernant la chambre
- Choisir un lit à bonne hauteur, si agitation placer un matelas au sol, contention
adaptée …
- Si lit médicalisé, choisir un lit descendant très bas (nécessite pour être prescrit et PEC
que le diagnostic soit posé) + attention au choix du matelas
- Placer à portée de main le nécessaire (boisson, téléphone, télécommande,
interrupteur, …)
- Chaise percée si distance toilettes/lit importante ou si inaccessibilité des toilettes
Veilleuse

Concernant la salle de bain


- Dans la douche et/ou la baignoire, il convient de mettre un tapis antidérapant, voire
de disposer également des barres d’appui pour éviter de glisser.
- Afin d’éviter d’avoir à enjamber, une douche traditionnelle peut être
avantageusement remplacée par une douche sans bac receveur, après avis d’un
expert du bâtiment. Si cette installation n’est pas envisageable, une barre d’appui
judicieusement placée vous aidera au passage du pas. Il existe par ailleurs des sièges,
que l’on peut mettre dans une douche, et qui permettent de s’asseoir pendant la
toilette.
- Pour la baignoire, il existe des planches de transfert bain qui permettent de rentrer
et sortir plus facilement. Les mesures de la planche doivent être adaptées à la taille de
la baignoire. Mettre en place une barre d’appui au mur (à ventouse si faïence) pour
aider le lever. Si patient trop dépendant, mise en place d’un siège pivotant de
baignoire, toujours avec un aidant.
- Retirer le meuble sous le lavabo permet de s’asseoir. Ainsi les genoux trouvent leur
place. Il est parfois nécessaire de rehausser le lavabo ou d’acquérir un siège adapté
pour le glisser dessous.

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Concernant la sécurité (d’autant + si troubles des fonctions cognitives)
- Installer près du téléphone Le numéro des pompiers, du médecin traitant, du centre
antipoison local + le numéro d’un proche
- Accessibilité du/des téléphones + incitation à l’utiliser
- Enlever les clés des serrures
- Enfermer les objets, les produits dangereux (les escabeaux)
- Éviter les brûlures : réglage et vérification régulière du chauffe-eau (température,
évacuation du gaz), retirer la gazinière et installer un détecteur de fumée
- Prendre le temps de former la personne âgée dès que l’on modifie son
environnement
- conseiller la mise en place d’une téléalarme avec détecteur de chutes intégrées

Ø 3.4 préconisations de l’ergothérapeute

Avant que le patient rentre à domicile ou entre en institution, nous réalisons un


compte rendu. Le bilan IADL/BADL (activité basale et instrumentale de la vie
quotidienne) est un outil intéressant pour transmettre les informations importantes
sur l’indépendance et l’autonomie des patients à la fin de l’accompagnement en
service de soin suite et réadaptation. Notre conclusion met en évidence nos
préconisations pour le projet de vie décidé en termes d’aides techniques et d’aides
humaines.

Ø 3.4.1 liens avec les revendeurs de matériels médicaux

La liste des aides techniques est fournie et discutée avec les aidants. Soit les aidants
s’occupent de se fournir le matériel préconisé, soit ils nous demandent de l’aide et
nous faisons appel aux revendeurs paramédicaux. Parfois nos patients n’ont aucun
aidant et nous devons également nous occuper de la mise en place des aides
techniques.

Nous appelons alors un revendeur médical pour lui demander un devis du matériel
conseillé. Il faut savoir que certaines aides techniques sont remboursées entièrement
par la sécurité sociale avec une prescription médicale, d’autres ont un
remboursement partiel et certaines aucune prise en charge. Le matériel pris en charge
a un code LPPR ; signifiant qu’il existe une ligne de remboursement.

Il est important de faire appel à des revendeurs différents pour ne pas être accusé de
favoritisme. Il faut choisir un revendeur fiable et compétent, qui sache suivre nos
recommandations sans aller essayer de vendre n’importe quoi à nos patients âgés
fragilisés.

Après acceptation du devis par le patient et/ou la famille, soit le revendeur prend
contact avec la famille pour décider d’une livraison avant le retour ; soit nous lui
faisons part de la date du retour et la livraison se fera le jour même de la sortie pour
que le patient rentre dans les meilleures conditions de sécurité possible. Les livreurs

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doivent installer correctement les aides techniques, voire même aider au démontage
de meubles gratuitement.

Ø 3.4.2 liens avec l’assistante sociale

Les aides humaines préconisées dans notre compte rendu seront prescrites par le
médecin du service. Nous informons et travaillons régulièrement avec l’assistante
sociale pour une cohérence entre les aides conseillées et les moyens financiers du
patient et l’implication de l’entourage aidant. C’est pourquoi certains rendez-vous
famille s’effectuent en collaboration avec l’assistante sociale. Il est indispensable de
savoir comment les prises en charges financières fonctionnent.

Ø APA: allocation personnalisée d’autonomie

L'Allocation Personnalisée d'Autonomie (APA) est une aide dont peuvent bénéficier
les personnes âgées. Elle doit leur permettre de faire face aux frais engendrés par leur
perte d'autonomie. Elle ne dépend pas des conditions de ressources, mais du degré
d'autonomie de la personne.

L'APA est destinée à toutes les personnes en perte d'autonomie indépendamment de


leurs conditions de ressources. Néanmoins, celles-ci sont prises en compte pour le
calcul du ticket modérateur, c'est-à-dire la participation financière demandée à la
personne.

Si la personne âgée vit toujours à son domicile, l'APA doit lui permettre de faire face
aux dépenses liées à la mise en place du plan d'aide personnalisée. Celui-ci est établi
par une équipe médico-sociale qui se rend au domicile du demandeur. Les dépenses
peuvent aussi bien être des aménagements du logement que liées aux transports ou
la prise en charge des aides humaines.

Si la personne réside dans un établissement, l'évaluation de sa situation est assurée


par l'équipe médico-sociale de la structure, puis elle est validée par les services du
département. L'APA est alors égale aux dépenses correspondant à la prise en charge
du malade par l'établissement.

Dans les deux cas, la personne est classée dans l'une des 6 catégories AGGIR (grille
d'évaluation du degré de dépendance), selon son degré d'autonomie. S'il elle se
trouve dans les catégories 1 à 4, alors elle peut bénéficier de l'APA.

Ø Caisse de retraite / mutuelle

Leur caisse de retraite peut apporter des aides, notamment s’ils ne peuvent pas
bénéficier de l’APA (patient en GIR 5 OU 6). Les caisses de retraite peuvent proposer
des aides financières et matérielles (financement d’aides techniques comme des

Mme GONARD Jennifer, ergothérapeute, Hôpital gériatrique Pierre Garraud, année 2019 Page 27
barres d’appui ou des marches antidérapantes, financement de l’intervention d’une
aide à domicile…). L’objectif de ces aides est de leur permettre de continuer à vivre
chez vous le mieux possible et de les soutenir lorsqu’ils rencontrent des difficultés
(besoin d’aide à domicile, hospitalisation…).

Mme GONARD Jennifer, ergothérapeute, Hôpital gériatrique Pierre Garraud, année 2019 Page 28
BIBLIOGRAPHIES

6 Guides des aides techniques au domicile des personnes âgées, carsat


Rhône alpe.

http://www.carsat-ra.fr/images/pdf/.../10036_bro_eval_aide_technic.pdf

7 Ergothérapie et accompagnement au repas – CHU de St-etienne

www.chu-st-etienne.fr/Reseau/reseau/umcssr/.../NutritionAVCpartie2.pdf

8 « L’ergothérapie en gériatrie », cours par Esmeralda GAUTHIER de l’école


d’ergothérapie de Créteil

9 « Diagnostic ergothérapique et activités pour la personne Alzheimer »


formation à l’école d’ergothérapie de Montpellier par Pierre BRUN

10 Abrégé de la méthode « Gestes et activation pour personnes âgées » par


Max Abric et Paul Dotte

11 « Réadaptation cognitive pour les activités de vie quotidienne dans la


maladie d’Alzheimer » dans Gérontologie et société (2009/3, vol 32/n°130)

12 « Les modèles conceptuels en ergothérapie » par Marie-Chantal Morel-


Bracq (2ème édition, janvier 2017)

Mme GONARD Jennifer, ergothérapeute, Hôpital gériatrique Pierre Garraud, année 2019 Page 29

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