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être infirmière, c’est choisir une profession d’engagement à contribuer au mieux-être

des personnes et de la société. Ce métier exige d’acquérir des connaissances, des


compétences et de l’expertise. Il nécessite de prendre la responsabilité de son
propre développement et de ses actes. Intégrer cette profession, c’est se rendre
compte rapidement que la formation sera continue et la recherche de nouvelles
connaissances constantes. Cette profession exige de développer une identité
professionnelle claire, forte et affirmée, dans le respect des autres professionnels.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit une infirmière comme« une


personne ayant suivi une formation de base aux soins infirmiers et autorisée, dans
son pays, à prodiguer des soins infirmiers dans tous les contextes pour la promotion
de la santé, la prévention de la maladie, les soins et le rétablissement des personnes
physiquement et mentalement atteintes. »

Notamment, La définition de la profession d’infirmière est indissociable de celle de


ses missions afin de donner sens au travail des professionnels.
La mission d’un individu est intimement liée à la notion d’identité qui est « une
définition de soi par les autres et des autres par soi-même, c'est ce par quoi je me
définis et me connais, me sens accepté et reconnu comme tel par autrui, mes
groupes et ma culture d'appartenance. »
La mission d’une personne définit les raisons de sa présence. Cela va donner un
sens, un but à son travail : c’est la finalité de ce qu’elle fait, c’est son champ d’activité
qui constitue sa raison d’être

En fait, nul ne peut être actif, motivé , et participer a l’ avancement de sa discipline


sans avoir une vision bien clair et positive de son image de soi professionnelle .dans
ce sens ,la profession infirmières et surtout avec l’ universitarisation de la formation,
vit ces dernières années une mutation professionnelle , impliquant plusieurs
perceptions identitaires qui confèrent a l infirmier son appartenance a un groupe
socioprofessionnel et l image qu’il se fait de lui-même et celle que la société se fait
de lui.

Cependant, Marie-Françoise Collière dit que la perception que nous avons de


nous-même conditionne tout notre comportement professionnelle.
De même , Gabriela Chaves a prouvé dans son étude commandée par l’Etat de
Vaud sur l’image que la profession « infirmière » a d’elle-même, que les infirmières
ne sont pas
satisfaites de leur image et de leur identité .

en 2001, Mme Dubois-Fresnet (présidente de l’association nationale des infirmières)


écrit dans un article du Monde : «L’image de la profession doit évoluer. Les
infirmières ne veulent plus de ce regard paternaliste, mais souhaitent être écoutées
et valorisées » .
une infirmière hospitalière écrivait en 2001, toujours dans les colonnes du journal Le
Monde : «La profession a besoin d’être revalorisée dans tous les sens du terme. On
a trop joué sur la corde de l’infirmière dévouée qui est là par vocation »

En effet, l’histoire de nos connaissances antérieures contribue à une meilleure


connaissance du champ professionnel et par conséquent elle favorise un
renforcement de l’identité professionnelle. Il est donc essentiel de parcourir
l’historique de cette profession et de se détacher de sa vision angélique
(dévouement, vocation, religieuse,…) afin de mettre en mot l’image de l’infirmière
d’aujourd’hui.

selon des écrits, au cours de la première moitié de ce siècle, la profession infirmière


est née d’un besoin social, politique et économique , Deux groupes représentaient
les infirmières; d’une part, les religieuses qui se dévouaient au service des malades
et d’autre part les femmes servantes dociles et prêtes à obéir .
Jusque là, l’infirmière est donc vue comme une «sainte laïque» . Ce n’est qu’à la
deuxième moitié du 19ème siècle, qu’il y a eu une promotion de l’image de
l’infirmière. En effet, plusieurs facteurs ont marqué cette époque et ont contribué au
changement dans la conception de l’image de l’infirmière.
On note en premier, les années de guerre qui ont permis la mobilisation des
infirmières en avant des missions dangereuses, elles deviennent courageuses,
héroïnes en tenue militaire, bénévoles mais dont le rôle est encore restreint au rôle
auxiliaire. En deuxième lieu, certains personnages tel Florence Nightingale, ont eu
une grande influence dans le changement de la conception de la profession
d’infirmière d’une vocation vers une science .
A ceci s’ajoutent les réformes sociales et les progrès scientifiques qui ont permis à
l’infirmière d’acquérir plus de compétences et de permettre à mieux valoriser son
image dans la société.
Ainsi,a partir des années soixante, les infirmières prennent conscience de leur
profession et se libèrent de l’image de la sainte laïque. Le statut social de l’infirmière
sur le plan privé et professionnel évolue, et à partir de 1968 les infirmières s’intègrent
au sein des autres professions
Enfin, la période des années soixante-dix marque la construction de l’identité
professionnelle. Un nouveau concept de plan de soins infirmiers est abordé, centré
sur la personne humaine et non sur la maladie .

cette construction identitaire difficile à assurer se répercute sur la mauvaise


compréhension du rôle de l’infirmière par elle-même ainsi que par les autres
professionnels. La collaboration interprofessionnelle, l’engagement et l’autonomie de
l’infirmière seront alors développés de manière sous-optimale et c’est la qualité des
soins qui en sera affectée.
Également, tel que présenté par Birks, Chapman et Francis et MacIntosh, la
compréhension du processus de développement de l’identité professionnelle permet
une intériorisation du rôle professionnel, une meilleure estime et une plus grande
implication dans les soins.
Cet engagement se ressent chez les infirmières possédant une forte identité
professionnelle et se répercute dans le souci de celles-ci pour le bien-être des
patients sous leurs L’identité professionnelle fait référence à la perception
personnelle de l’infirmière vis-à-vis son rôle, c’est sa philosophie de l’art de soigner .
Cette auteure(lezm nchoufouh chkounou) définit l’identité professionnelle de
l’infirmière comme ceci : « les valeurs et les croyances d’une infirmière qui guident sa
pensée, ses actions et ses interactions avec le patient»… l’identité professionnelle
peut être vue comme une conception personnelle du soin, c’est-à-dire le sens que
donne une infirmière à ce que c’est d’être et d’agir comme une infirmière, cela
représente sa philosophie personnelle de soigner. Finalement, Fagermoen et Öhlén
et Segesten ont abordé le lien entre les valeurs et l’identité professionnelle.
Ces auteurs suédois ayant grandement exploré l’identité professionnelle des
infirmières, s’entendent pour affirmer que l’identité se développe d’une part, lors des
interactions sociales et d’autre part, par l’intériorisation personnelle des valeurs de la
profession.
l’identité professionnelle d’une infirmière possède aussi une double dimension; la
dimension personnelle et la dimension sociale. La dimension personnelle fait
référence à « ce que je veux être »
L’identité est toujours dans un mouvement dynamique de construction et de
déconstruction qui entraîne des crises identitaires
Des remises en question provoquent alors une « crise identitaire » et permettent la
construction d’une identité professionnelle dite négociée. Cette identité est un
compromis entre les contraintes rencontrées sur le terrain et les intérêts personnels
du professionnel.

Cependant, on remarque de plus en plus que la dignité de la profession soignante


est atteinte a un large niveau ce qui engendre des signes de malaise général
touchant la profession infirmière.
Ce qui risque de porter atteinte à l’engagement des infirmiers envers cette profession
et par conséquence rabaisser sa valeur
Or, Le travail infirmier pose aujourd’hui plus que jamais la question de l’engagement
professionnel. En effet, dans le contexte délicat de remise en cause des conditions
du travail soignant, l’engagement, au cœur même de la relation de soins, occupe une
place particulière dans la détermination et l’appréciation de ce métier.

Et comme nous l’indique la déontologie infirmière, l’infirmière* est préparée et


autorisée à s’engager dans le cadre général de l’exercice
de la profession infirmière . L’infirmier s’engage donc d’abord dans une profession.
Cet engagement - dans et pour une profession - est l’accomplissement d’un parcours
de vie construit autour d’une formation théorique et pratique

Proprement dit , Lorsqu’une personne adhère à une professoin, elle s’engage à en


respecter et à honorer les valeurs et les règles de conduite établies. Tout en tenant
compte de ses propres valeurs et convictions , l’infirmière doit aussi répondre aux
exigences de sa profession. Habituellement, ces deux dimensions sont non seule-
ment compatibles, mais complémentaires.

En premier lieux,les stages jouent un rôle essentiel puisqu’ils confirment ou non


l’engagement dans un projet professionnel. Ces premières expériences amènent une
prise de conscience de soi et de ses limites dans son rapport à l’autre, à la
souffrance et à la mort
L’infirmier s’engage ensuite au sein d’un établissement, d’une institution qui possède
ses rythmes, ses modes de fonctionnement et d’organisation, ses obligations et
devoirs… Il s’engage aussi envers une équipe médicale et paramédicale et prend
ainsi la responsabilité d’un travail en équipe qui doit avancer ensemble pour un projet
commun.

La nature même du travail infirmier induit une forte implication personnelle.


L’engagement infirmier doit donc aussi poser la question des limites du cadre des
soins et de la relation à l’autre pour ne pas être envahi par ses propres affects et
ceux des autres. L’implication du soignant rend compte d’une exigence très élevée
envers lui-même, parfois dangereuse lorsqu’elle entraîne des sentiments de
frustration ou d’échec… L’engagement représente ainsi une forme de présence qui
doit être mesurée pour trouver la bonne distance entre soi et l’autre

Se poser la question des limites c’est interroger sa pratique, son investissement, son
approche des soins et sa relation aux autres

Ce retour sur soi est nécessaire pour donner du sens à son travail, pour trouver une
cohérence dans son engagement et donc amener une meilleure prise en soins. Cette
prise de conscience de son implication participe aussi activement à la construction
de son identité professionnelle
L’engagement infirmier doit poser la question des limites du cadre des soins et de la
relation à l’autre pour ne pas être envahi par ses propres affects et ceux des autres
nous pouvons cependant noter que la première limite de l’engagement se trouve
dans l’évaluation de sa juste mesure.

Ensuite, comme le souligne Divay (2012), la profession infirmière est caractérisée


par une horizontalité des carrières , c’est-à-dire que les possibilités d’évolution
ascendante, si elles existent, restent faibles. Cette perspective limite aussi
l'engagement

Enfin, la notion d’engagement a-t-elle toujours un sens aujourd’hui ?

Les conditions de travail difficiles touchent aux valeurs morales et éthiques de


l’infirmier, mettant ainsi à mal la relation soignante et l’engagement professionnel
Aujourd’hui, il est demandé à l’infirmier de s’engager toujours plus, donc de se lier
davantage à l’autre, sans pour autant lui en donner les moyens.

Dans ces conditions, la réaction défensive évidente est la fuite. Fuir pour échapper
aux logiques institutionnelles… et ne plus avoir de responsabilités

Ne pas s’engager, ne pas se lier, c’est nier ses propres besoins et ceux des autres.
La peur de l’engagement, si fréquente dans notre société, pourrait engendrer, dans
le cas particulier du travail infirmier, des attitudes dangereuses telles que la
frustration, la démotivation, l’insensibilité ou encore le détachement, jusqu’à se
perdre soi-même

Certains professionnels rapportent une forte déception après seulement quelques


années d’exercice et cherchent alors à se réaliser dans un autre domaine : une
carrière professionnelle brisée dans l’œuf et un engagement totalement désinvesti…

La valorisation du travail infirmier et de son engagement doit être envisagée à partir


d’une analyse de la dimension éthique de son approche des soins : penser (et
repenser) son travail. L’engagement professionnel s’inscrit fondamentalement dans
une prise de conscience de la responsabilité du soignant envers le soigné. Il s’agit
avant tout de donner du sens à sa pratique. C’est ce sens, parce qu’il est défini et
réfléchi dans le respect de l’autre, qui va donner de la valeur à l’engagement

Ce retour sur soi et cette prise de recul est nécessaire au maintien de la qualité de
l’engagement du soignant. Il est important aussi que la valeur de cet engagement
des soignants soit reconnue et encouragée par les autres professionnels. Ne pas la
reconnaître ou la sous-estimer est dangereux : c’est laisser la porte ouverte au
découragement, au désinvestissement du soignant ou encore à sa fuite . Les
obstacles à l'expression de cet engagement personnel et éthique doivent donc être
surmontés par la prise en compte de ses conditions d'épanouissement.

Ce n’est que dans cet effort de continuité que les soignants pourront se réaliser
pleinement à travers leur engagement et favoriser une meilleure prise en soin.

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