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Le Globe.

Revue genevoise de
géographie

Présentation, avec cartes nouvelles, d'une cartographie générale


pour le meilleur enseignement de la géographie
Henri Boutillier de Beaumont

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Boutillier de Beaumont Henri. Présentation, avec cartes nouvelles, d'une cartographie générale pour le meilleur enseignement
de la géographie. In: Le Globe. Revue genevoise de géographie, tome 30, 1891. pp. 214-218;

doi : https://doi.org/10.3406/globe.1891.1783

https://www.persee.fr/doc/globe_0398-3412_1891_num_30_1_1783

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214 BULLETIN.
bres effectifs : M. le colonel Emile Gautier, ancien directeur
de l'Observatoire, décédé à Genève le 24 février, et
M. Alphonse Gautier, ingénieur, neveu du précédent, mort
à Marseille le 13 mars 1891.

Communication de M. Henri Bouthillier de Beaumont.


Président honoraire :

Présentation, avec cartes nouvelles, d'une


cartographie GÉNÉRALE POUR LE MEILLEUR ENSEIGNEMENT DE LA
GÉOGRAPHIE.

La géographie, sous l'impulsion des nouvelles


connaissances acquises par la facilité et la rapidité des
communications sur toute la surface de la terre . a pris un
développement si remarquable que sa connaissance, de
facultative qu'elle était il y a cinquante ans, à bien plaire,
si l'on peut ainsi dire, est devenue utile, nécessaire même,
et son enseignement obligatoire pour satisfaire aux
exigences nouvelles qui lui sont adressées de toutes parts.
Depuis les grandes découvertes des explorateurs du
continent africain et du centre de l'Asie, cette impulsion, de
simple curiosité qu'elle était peut-être à l'origine, est vite
devenue d'utilité, pour ne pas dire de nécessité
commerciale ou de politique internationale , demandant une
représentation aussi exacte et complète que possible de
la surface de la terre et aussi semblable que possible pour
tous les pays du globe.
C'est dans une cartographie générale, universellement
admise, que se trouve la réponse aux desideratas de la
géographie de nos jours , c'est-à-dire dans un mode de
représentation donnant l'ensemble de la terre avec le
dessin et la surface se rapprochant le plus possible de la
réalité. Quelles sont les projections qui doivent être
employées dans tous les atlas et servir de base aux
différentes cartes qui les composent? M. Bouthillier de Beaumont a
déjà traité ce sujet dans un mémoire lu il y a trois ans à la
Société de géographie x. Il expose brièvement quelques-

1 Voir le Globe (1888), t. XXVII. Mémoire.


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uns des systèmes de projection et fait ressortir les
inconvénients propres à chacun d'eux. La projection de Mol weid
ou de Babinet, de construction ellipsoïdale avec un degré
moyen, en cercle, co-mme circonférence de la sphère, a de
graves défauts de déformation, de progression et
d'équivalence des surfaces. Récemment une projection
entièrement ellipsoïdale a paru, et, au point de vue de la loi
adoptée, aurait des avantages sur la précédente; mais
M. Bouthillier de Beaumont n'admet pas l'ellipse dans la
construction des cartes d'un atlas géographique ; elle peut
être seulement tolérée, à son avis, dans le canevas de cartes
à grandes échelles dans des projections spéciales et
partielles.
En dehors de ces développements ellipsoïdaux et
antérieurement à eux régnait le système de la représentation
graphique par carrés ou parallélogrammes. La mensuration
directe du terrain était là pour donner la base certaine du
tracé : le cadastre en a conservé l'emploi, et il était
naturel que l'on cherchât à rendre ce système applicable sans
coupure à la surface courbe de la sphère. Mercator trouva
l'ingénieux moyen de substituer au carré le cylindre qui le
renferme et de faire de la surface de la sphère le
développement de ce dernier, et M. Bouthillier de Beaumont fait
l'exposé des deux méthodes adoptées pour la construction
du canevas d'après le système de Mercator pour arriver
au développement de la sphère sur un plan que nous
appelons planisphère. Malgré l'extrême commodité pour
la marine des planisphères dressés sur la projection de
Mercator. M. Bouthillier de Beaumont n'hésite pas -à en
condamner l'emploi pour les contrées situées à une latitude
supérieure aux tropiques, à cause de l'abusive progression
des distances, au fur et à mesure que l'on se rapproche
des pôles. M. Bouthillier de Beaumont passe rapidement
en revue quelques autres systèmes ingénieux dont les
inconvénients l'emportent sur les avantages qu'ils
présentent.
La figuration de la terre en deux hémisphères est plus
favorable pour sa représentation quoique ayant une grande
difficulté de juxtaposition par la courbure inverse des
degrés. Ne serait-il pas possible, par l'emploi des mêmes.
216 BULLETIN.
lois, et par extension de l'hémisphère à la sphère entière,
d'arriver à produire cette dernière dans une forme
similaire à chacun d'eux ? Il y a bientôt vingt ans que M.
Bouthillier de Beaumont s'est posé cette question, et c'est le
résultat pratique de ses longs travaux qu'il est heureux
de présenter aujourd'hui à la Société de géographie, avec
ses avantages pour l'enseignement et la vulgarisation de la
géographie.
Nous n'entrerons pas dans le détail de l'exposé du
système de projection de Beaumont. L'auteur l'a décrit dans
le mémoire déjà cité. Rappelons seulement qu'il repose sur
le développement conique, « seul applicable, par la loi du
cercle inscrit sur la droite du cône qui lui sert de corde, »
en poussant ce procédé sur le cône double au lieu du cône
simple pour chaque hémisphère.
L'auteur a déjà publié plusieurs cartes qui ont l'avantage
de faire ressortir la forme générale de la sphère et la
proportionnalité des surfaces. Les encouragements qu'il a
reçus de plusieurs Sociétés de géographie et de nombreux
savants, la mention honorable spéciale obtenue à
l'exposition universelle de Paris en 1889, la décision du
département de l'instruction publique de Genève de comprendre
ces cartes et planisphères, dans l'exposition scolaire
genevoise à l'exposition géographique de Berne en 1891, ont
engagé M. de Beaumont à les présenter aujourd'hui à notre
Société, cette fois dans leur forme et grandeur définitives.
Ce sont : 1 ° une petite carte muette pour les élèves 1 er degré ;
2° une petite carte de géographie générale et comparée pour
élèves 2me degré ; 3° une grande carte murale muette
devant servir au maître à interroger l'élève. M. Bouthillier
de Beaumont compte faire dresser cette dernière à une
beaucoup plus grande échelle ; 4° la même carte parlante
qui servira au maître à donner son enseignement, en le
faisant suivre par ses élèves sur leur petite carte muette.
Après cet exposé, M. Bouthillier de Beaumont présente
un planisphère, sur le même système, qu'il appelle carte
de bureau, à cause de l'emploi auquel elle doit-être appelée
dans toutes les transactions et informations journalières.
Cette carte donne en effet la possibilité de suivre les
services de la navigation générale ainsi que ceux des
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chemins de fer et des télégraphes, de telle sorte que. les
longitudes étant données pour les lieux de départ et d'arri"
vée, le temps de parcours des dépêches s'obtient
facilement par soustraction de la différence des longitudes de
celles des heures locales de départ et d'arrivée données
par le télégramme ; et que les chemins de fer présentent,
dans leur marche continue dans le temps, des horaires qui
donnent également l'heure universelle et l'heure locale
pour tous les points de leurs réseaux, sans interruption
pour frontières ou nationalités différentes. Ces grands
avantages que présente ce système, avec des exemples donnés
en notes sur cette carte, ne peuvent être acquis que :
1° Par la fixation des longitudes géographiques par
l'adoption d'un méridien initial choisi scientifiquement en
dehors de toute prétention nationale, mais uniquement par
sa position sur la surface de la terre, etc.
2° Par l'expression des longitudes géographiques par le
temps, l'heure représentant 15 degrés, (4m pour le degré.)
la minute 15' de degré, etc.
M. Bouthillier de Beaumont fait ressortir encore tous les
avantages que donnerait l'adoption du temps pour compter
les longitudes (tout en laissant la graduation en degrés
pour les cartes nationales ou les calculs où cette donnée
est nécessaire), et il exprime son ferme espoir que ce grand
progrès sera acquis au Congrès international de Berne.

Cette communication d'un si haut intérêt était illustrée


d'un grand nombre de diagrammes donnant le principe
des anciennes tentatives de planisphères.

M. le prof. Charles Galopin pense qu'il serait bon de


dresser aussi le planisphère Beaumont en coupant la
surface terrestre sur quelque autre méridien que celui de
Behring, pour que l'on ne voie pas toujours les mêmes
régions déformées.
M. le prof. W, Rosier lui répond que. lorsqu'on coupe
la sphère au méridien de Behring, ce sont surtout des
espaces océaniques qui sont déformés, tandis que si elle
était coupée selon le médiateur, par exemple, ce seraient
des terres importantes qui souffriraient.
218 BULLETIN.
A un point de vue plus général, M. Rosier est d'avis que
la projection de M. Bouthilïier de Beaumont compense les
déformations inévitables par de sérieux avantages. Tandis
que la projection Mereator ne peut pas figurer les pôles et
comporte des erreurs énormes dans les hautes latitudes,
ces régions lui paraissent beaucoup moins déformées par
la projection Beaumont.
Au point de vue pédagogique, il trouve avantageux de
remplacer, comme l'a fait M. de Beaumont, l'ellipse par
l'arc de cercle et d'avoir ainsi une projection que l'on
puisse faire comprendre et exécuter aux élèves.
La discussion roule ensuite sur des questions de détails-
pratiques d'intérêt pédagogique, notamment sur ce que
doit être la carte muette et sur son usage.
M. Gustave Rochette voudrait que les déformations des
régions polaires fussent corrigées pour les élèves par
l'adjonction de deux petites projections polaires dans les
coins du planisphère de Beaumont.

SÉANCE DU 3 AVRIL 1891

Présidence de M. le Dr Edouard Dufresne, Président.

M. Charles Faure rend compte des délibérations de la


commission centrale de la Bibliographie géographique de
la Suisse, dans sa séance tenue à Berne le 21 mars
dernier. Il rappelle l'utilité de cette bibliographie et cite les
travaux semblables entrepris en d'autres pays. La
commission s'est assuré le concours d'environ 140
collaborateurs et cherche un homme compétent pour diriger la
publication. Quelques chapitres de la deuxième division
du programme seront probablement insérés dans le
Journal de statistique suisse au moment du Congrès de
Berne ; les autres paraîtront dans les journaux de diverses
sociétés. La commission espère que les fonds nécessaires
lui viendront quand les premiers fascicules auront
démontré la valeur de. son travail.

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