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Circuit C7, Le Haut Atlas central de Beni Mellal à Imilchil

Chapter · January 2011

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2 authors:

André Charrière H. Ibouh


Paul Sabatier University - Toulouse III Cadi Ayyad University, Fac. of Sciences and Techniques,
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Central High Atlas, Geology of the anticline ridges, mining exoloration by remote sensing. View project

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Notes et Mém. Serv. Géol. Maroc, n° 559, 2011, pp. 109-164, 60 figs.

Circuit C7 / Tour C7

LE HAUT ATLAS CENTRAL DE BENI MELLAL À IMILCHIL


CENTRAL HIGH ATLAS FROM BENI MELLAL TO IMILCHIL
par / by
A. CHARRIÈRE, H. IBOUH & H. HADDOUMI
Avec la collaboration d’A. Michard

In Nouveaux Guides géologiques et miniers du Maroc / New Geological and Mining Guidebooks of
Morocco, Michard A., Saddiqi O., Chalouan A., Rjimati E., Mouttaqi A. (Eds),
Notes et Mémoires du Service géologique du Maroc, 2011, n°s 556-564
111

Circuit C7 / Tour C7
Le Haut Atlas central de Beni Mellal à Imilchil
Central High Atlas from Beni Mellal to Imilchil
par / by
A. CHARRIÈRE1, H. IBOUH2 & H. HADDOUMI3
Avec la collaboration d’A. Michard

Un nouveau transect au cœur de l’Atlas - 4 jours, 700 km


A new transect in the heart of the Atlas - 4 days, 700 km drive

Points clés : Cet itinéraire (fig. 1) permet la découverte de la chaîne du Haut Atlas central en
empruntant des voies peu connues, récemment asphaltées. L’accent est mis sur les événements
postérieurs au Lias. On montrera un nouvel aspect du chevauchement bordier de l’Atlas et, plus
à l’est, l’accident Aghbala-Afourer, linéament séparant l’extrémité SW du Moyen Atlas du
Haut Atlas proprement dit. Le calage biostratigraphique des « Couches rouges » jurassico-cré-
tacées sera précisé, et deux épisodes volcaniques différenciés dans le magmatisme associé à
cette évolution continentale. On verra également les formations jurassiques marines de l’axe
du bassin, recoupées par de nombreux dykes doléritiques. On rayonnera ensuite à partir d’Imil-
chil sur le synclinal du Plateau des Lacs et les anticlinaux adjacents (couches en éventail et
slumpings attestant la croissance synsédimentaire des anticlinaux, transition séries marines-
séries continentales, discordance des couches rouges bathoniennes, structures atlasiques). Un
jour entier sera consacré aux rides anticlinales triasiques de Tassent et de Tasraft, riches en in-
trusions grenues mésozoïques (gabbro, diorite, syénite) et recouvertes de couches continentales
discordantes datées du Paléocène.
Highlights : This tour (fig. 1) offers the opportunity to discovering the Central High Atlas
along newly tarred roads. Emphasis is put on the post-Liassic events. New aspects of the Atlas
northernthrust will be demonstrated, as well as the role of the Aghbala-Afourer fault zone be-
tween the south-western tip of the Middle Atlas and the High Atlas properly said. Biostrati-
graphical dating of the Jurassic-Cretaceous “Couches Rouges” (red beds) will be precised,
and two different volcanic events recognized during this continental evolution. We will also ob-
serve the Jurassic marine series of the Atlas trough axis, intruded by a number of dolerite
dykes. Then, based at Imilchil, we will visit the Plateau des Lacs syncline and the bordering
anticlines (fanned marine strata and slumpings testifying to synsedimentary growth of the an-
ticlines; transition from marine to continental sedimentation, Bathonian Couches rouges un-
conformity, Alpine compressional structures). One entire day will be dedicated to the core of
the two Triassic anticlines north of Imilchil, i.e. the Tassent and Tasraft ridges, which include
large Mesozoic intrusions (gabbro, diorite, syenite) as well as unconformable, continental de-
posits recently dated from the Paleocene.

1
26 rue J.-P. Chabrol, 34740 Vendargues, France. E-mail : HYPERLINK "mailto:andre.charriere73@orange.fr"
andre.charriere73@orange.fr
2
Faculté des Sciences et Techniques, Département de Géologie, Bd A. Khattabi BP 549, 40 000 Guéliz Marrakech. E-
mail : ibouh@fstg-marrakech.ac.ma, ibouh@yahoo.com
3
Université Mohamed 1er, Faculté des Sciences, Laboratoire des Géosciences Appliquées, BP. 524, Oujda, Maroc, E-
mail : haddoumihamid@yahoo.com
112 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 4

Documents à emporter : remian volcanic episodes.


Carte routière du Maroc au 1/1 000 000 ; Route : Beni Mellal est située vers 500 m d’altitude au pied
des reliefs atlasiques, en bordure de la plaine quaternaire du

Volume 1 des Nouveaux Guides géologiques et miniers


Tadla. Quitter la ville par la route (N8, ex-P 24) en direction

du Maroc (expose les grands traits de l’évolution géo-
logique ; les figures 9 à 16 concernent le domaine des de Marrakech. Après une dizaine de kilomètres, le Jbel
Atlas) ; R’Nim (2250 m d’altitude) apparaît au sud. C’est une unité
Carte géologique du Maroc au millionième ; liasique chevauchante au sommet de l’Atlas de Beni Mellal
(cf. arrêt J2-3, fig. 2.4B). Dépasser la bifurcation pour Afou-

Cartes topographiques et géologiques au 100 000ème cor-


rer (à ~20 km de Beni Mellal), et poursuivre vers l’ouest sur

respondant à l’itinéraire suivi : feuilles d’Afourer, Azi-


lal, Beni Mellal et Imilchil. 2 km jusqu’à un nouveau carrefour. Là, bifurquer vers le
sud en direction de l’Atlas pour atteindre la localité de Beni
J1 : Beni Mellal-Azilal via Aït Attab (140 km) Ayyat (5 km). Au-delà, une route récemment goudronnée se
Itinéraire et thèmes (fig. 1.1) : Coupe de la bordure at- dirige vers Aït Attab et permet un nouveau transect géolo-
lasique septentrionale (Atlas d’Afourer). Chevauchement gique à travers l’Atlas d’Afourer (fig. 1.2A). Le début du
sur la plaine du Tadla. Tectonique des synclinaux d’Aït trajet est consacré à la structure de la bordure atlasique qui
Imelloul et d’Aït Attab. Stratigraphie du Jurassique marin a fait l’objet de plusieurs profils sismiques (Beauchamp et
de bordure de bassin. « Couches rouges » continentales du al., 1999 ; Hafid, 2006). L’interprétation en profondeur d’un
Jurassique moyen et du Crétacé inférieur. Episodes volca- transect situé 30 km plus à l’ouest (fig. 1.2B) souligne l’im-
niques de la fin du Dogger et du Barrémien. portance du décollement des unités de l’Atlas de Demnate-
Beni Mellal au-dessus du socle, sur les formations argilo-
Route and themes (fig 1.1) : Cross-section of the High
gypseuses du Trias.
Atlas northern border in the Afourer Atlas. Atlas thrusting
over the Tadla Basin.Aït Imelloul and Aït Attab synclines. Arrêt J1-1 : Le chevauchement de l’Atlas sur la série
Stratigraphy of the Jurassic series from the Atlas Basin subatlasique du Tadla
border. Middle Jurassic and Lower Cretaceous continen- GPS : 32°12’22”N ; 006°35’15”W
tal redbeds (« Couches Rouges »). Late Dogger and Bar- Les deux arrêts correspondant à l’arrêt 1 sont proches l’un

FIG. 1 : Itinéraire d’ensemble du circuit Beni Mellal-Imilchil reporté sur la carte géologique du Maroc au 1/1 000 000. Légende : voir Annexe 1 en fin de volume.
FIG. 1 : Route of the Beni Mellal-Imilchil tour plotted on the geological map of Morocco, scale 1/1 000 000. For legend, see Appendix 1 at the end of this volume.
113

FIG. 1.1 : Itinéraire de la journée J1 (fond : carte géologique du Maroc au 1/1 000 000 ; légende : Annexe
1 en fin de volume).
FIG. 1.1 : Day J1 route (plotted on the geological map of Morocco, scale 1/1 000 000. For legend, see Ap-
pendix 1at the end of this volume.

FIG. 1.2 : La bordure septentrionale du Haut Atlas à l’ouest d’Afourer.- A : Coupe géologique des chaînons bordiers. Li-m : Lias inférieur-
moyen ; Ls : Lias supérieur-Aalénien ; Jm : Bajocien-Bathonien ; nc : Crétacé inférieur (essentiellement Barrémien) continental avec cou-
lée basaltique B2 ; n5 : Aptien ; c1-2 : Cénomano-Turonien ; e1-5 : Eocène ; mp : Mio-Pliocène ; F1, F2 : failles chevauchantes majeures.
Noter le renversement des séries de part et d’autre de F1. - B : Interprétation géologique du profil sismique KT 11 entre les Ait Attab et le
Tadla (ONHYM, in Hafid, 2006). TWT : secondes temps double ; TD : profondeur totale des sondages ; L/M/U : inférieur, moyen, supé-
rieur ; J : Jurassique ; Cr : Crétacé.
FIG. 1.2 : High Atlas north front west of Afourer.- A : Geological cross-section.- B : Geological interpretation of the seismic profile KT 11
between Aït Attab and Tadla (ONHYM, in Hafid, 2006). TWT : two-way travel time ; TD : total depth of borehole ; L/M/U : Lower, Mid-
dle, Upper ; J : Jurassic ; Cr : Cretaceous.
114 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 4

de l’autre et situés peu au-dessus de Beni Ayyat. L’arrêt des terrains, ce qui permet d’estimer à environ 80°S le pen-
J1-1A, après le premier lacet contournant un palais en dage (inverse) des couches liasiques chevauchant les cal-
ruine (celui du Caïd El Bachir, de l’époque du protectorat caires cénomano-turoniens. En rive droite de l’oued, on
français), permet une bonne vue « en coupe » sur la partie retrouve le palais en ruine installé sur ces calcaires. A leur
inférieure des structures (fig. 1.3) avec, du nord au sud et limite sud passe le chevauchement frontal (F1) de l’Atlas
de bas en haut : d’Afourer. Vers l’est, le contraste entre la plaine verdoyante
du Tadla et les pentes arides de l’Atlas est frappant.
♦ un premier ressaut formé par les conglomérats du Mio-
Pliocène (molasse subatlasique) ; Route : Poursuivre la montée à travers le panneau liasique
♦ un talus avec des dépôts phosphatés du Crétacé supé- chevauchant.
rieur-Eocène, de couleur claire ;
une cuesta portant un douar, formée par les calcaires du Arrêt J1-2 : Structure de la partie septentrionale
des unités chevauchantes

Cénomano-Turonien.
(GPS : 32°11’48”N, 006°36’33”W)
Cet ensemble inférieur, basculé d’une vingtaine de degrés
vers le sud, est donc en série renversée. Il est recouvert tec- Un arrêt à plus haute altitude (830 m) permet de découvrir
toniquement (faille F1, fig. 1.2) par un ensemble supérieur, un panorama vers l’ouest sur la série chevauchante (fig.
également renversé mais à pendage plus fort, avec de bas 1.4). On observe de bas en haut (du nord au sud) :
en haut : - Une première unité tectonique étroite comportant un syn-
● des marnes rouges violacées, à nombreuses intercala- clinal de Lias moyen-supérieur (un ksar est perché sur
tions calcaires, dites « Marnes chocolat » (Rolley, les calcaires domériens du flanc sud, deux autres ksars
1978), du Toarcien-Aalénien p.p. ; en position symétrique sont installés en contrebas sur le
● des calcaires massifs du Lias inférieur-moyen ;
flanc nord) ; ce pli est suivi vers l’ouest par un anticli-
nal, seul visible sur le transect de la figure 1.2 ;
● et localement des argilites du Lias basal, signalées au

sud de la falaise (Rolley, 1977). - Une seconde écaille pinçant le Calcaire-corniche bajo-
cien qui montre une terminaison périanticlinale (dessi-
On peut voir dans la séquence inférieure le flanc inverse
d’un synclinal dont le flanc normal n’est autre que la série née par le Lias là où passe la coupe) ;
de couverture autochtone du Tadla, comme on l’observe - Une troisième unité dans laquelle on différencie, au se-
sur des transects plus à l’ouest (Sidi Rahal, Amizmiz, dans cond plan, des terrains rouges avec une zone verdâtre cor-
l’Atlas de Marrakech ; Missenard et al., 2007). Noter que respondant à un basalte (Barrémien, cf. arrêt 3), puis une
la flèche du chevauchement F1 pourrait excéder 10 km cuesta inférieure jaunâtre (Aptien) et une cuesta supé-
d’après les données sismiques (fig. 1.2B) rieure plus puissante (Cénomano-Turonien). Il s’agit de
Pour atteindre l’arrêt J1-1B (GPS : 32 12 16N, 006 35 la série crétacée en position normale qui constitue le flanc
32W), poursuivre les lacets de la route, puis se rendre à pied nord du synclinal d’Aït Imelloul (fig. 1.2).
sur le site d’une ancienne mosquée, 150 m à l’ouest de la Route : En poursuivant l’ascension, la route recoupe cette
route. De ce point de vue, un superbe panorama se dévoile. série souvent recouverte de dépôts de pente, puis une série
A gauche, vers l’ouest, un oued donne une coupe naturelle analogue, mais en position inverse.

FIG. 1.3 : Le chevauchement nord-atlasique au sud de Beni Ayyat (regard vers l’ouest).
FIG. 1.3 : North Atlas thrust fault south of Beni Ayyat (looking westward).
CIRCUIT C7 : LE HAUT ATLAS CENTRAL DE BENI MELLAL ET IMILCHIL 115

Arrêt J1-3 : Fm du Jbel Sidal et basalte B2 veau fossilifère a livré des ostracodes et des charophytes
(Barrémien) du synclinal d’Aït Imelloul dont Atopochara trivolvis trivolvis marqueur du Barrémien
(GPS : 32°11’27”N, 006°36’43”W) supérieur (Mojon et al., 2009). Le basalte B2 (ainsi nom-
més d’après les corrélations régionales ; cf. figs. 1.8 et 2.4)
Cet arrêt se situe dans le flanc inverse du synclinal d’Aït
est donc antérieur au Barrémien supérieur.
Imelloul (fig. 1.4). Vers le NE, en contrebas dans le virage,
on observe la base renversée des calcaires de l’Aptien. Au- Route : Poursuivre la route en direction SW, vers le col.
dessus de ces derniers, dans le talus de la route (mais stra- Vers le NW se dégage un panorama sur les terrains situés
tigraphiquement au-dessous) se développe la Formation dans le cœur du synclinal d’Aït Imelloul. Une épaisse dalle
(Fm) du Jbel Sidal, gréso-pélitique, surmontée (géométri- carbonatée (Cénomanien supérieur-Turonien) constitue
quement) par les basaltes « B2 ». l’armature principale des reliefs.

Une coupe sédimentologique détaillée de la Fm du Jbel Arrêt J1-4 : Le cœur et le renversement du flanc sud
Sidal peut être effectuée en bordure de route (fig. 4.B). Elle du synclinal d’Aït Imelloul
montre une succession (renversée !) de séquences déca- (GPS : 32°10’53”N ; 006°37’48”W)
métriques formées de barres gréseuses faiblement chena- Cet arrêt permet de repérer la falaise cénomano-turonienne
lisées et d’argiles de plaine d’inondation. La puissance des du flanc nord du synclinal, sous une imposante mosquée
décharges détritiques diminue entre le bas (au sud) et le blanche (fig 1.5). Le douar et les champs reposent sur les
haut (au nord) de la série. Dans la partie inférieure, un ni- formations sableuses du Paléocène-Eocène. Vers le sud,

FIG. 1.4 : A : Carte géologique des chaînons bordiers dans le secteur traversé par l’itinéraire, avec localisation des arrêts
1 à 4 (extrait de la carte géologique du Maroc au 100 000ème, feuille Afourer). - B : La succession barrémienne dans le flanc
inverse du synclinal d’Aït Imelloul (d’après Haddoumi et al., 2010). En noir : basalte (niveau B2).
FIG. 1.4 : A : Geological map of the Atlas border in the field trip area, with location of stops 1 to 4 (after the geological
map of morocco, scale 1/100 000, sheet of Afourer). - B : Barremian succession in the reverse limb of the Aït Imelloul syn-
cline (Haddoumi et al., 2010). Black : basalt B2.
116 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 4

FIG. 1.5 : Vue sur le cœur du synclinal dissymétrique d’Aït Imelloul et le chevauchement F2 (localisation voir fig. 1.4).
FIG. 1.5 : View of the Aït Imelloul asymmetrical syncline and thrust fault F2 (see fig. 1.4 for location).

on observe le renversement de ces terrains et la réappari- Arrêt J1-5 : Flanc nord du synclinal d’Aït Attab ;
tion de la corniche aptienne au-dessous : il s’agit du flanc fluctuations des mers jurassiques
inverse sud du synclinal d’Aït Imelloul. Plus au sud en- (GPS : 32°09’53”N ; 006°39’10”W)
core apparaissent les falaises calcaires du Lias inférieur-
Un premier arrêt J1-5A au début de la descente (vers 1250
moyen qui chevauchent (F2) le synclinal.
m d’altitude) permet l’observation de la retombée du pan-
Un deuxième arrêt à proximité de la source en bord de neau liasique précédent sous le flanc nord du synclinal
route permet d’observer les termes de la base de la série d’Aït Attab (fig. 1.7). Les calcaires du Lias moyen clôtu-
liasique et une faille dans les éboulis consolidés (fig. 1.6) : rent le premier cycle sédimentaire marin du Haut Atlas
exemple intéressant de néotectonique atlasique. central (du Dresnay, 1979). Ils sont surmontés par
Route : On pénètre dans cette nouvelle unité chevau- des « Marnes chocolat » (= Formation d’Azilal ; Jenny,
chante, qui n’est autre que celle du synclinal d’Aït Attab 1988) qui représentent un faciès de bordure du sillon at-
(fig. 1.2). Poursuivre jusqu’au col et un peu au-delà au tra- lasique (du Dresnay, 1971), d’âge toarcien-aalénien. Les
vers des dolomies bréchiques et pulvérulentes du Lias in- marnes sont à leur tour surmontées par une double cor-
férieur, puis des calcaires lités du Lias moyen, jusqu’à ce niche calcaire avec une dépression médiane. Il s’agit des
que la vue se dégage vers le sud. « Calcaires-corniches », dépôts de la plateforme marine

FIG. 1.6 : Faille affectant des colluvions quaternaires (arrêt 4).


FIG. 1.6 : Faulted Quaternary alluvium (stop 4).
CIRCUIT C7 : LE HAUT ATLAS CENTRAL DE BENI MELLAL ET IMILCHIL 117

FIG. 1.7 : Panorama sur le synclinal d’Aït Attab depuis son flanc nord.
FIG. 1.7 : Overview of the Aït Attab syncline from its northern limb.

bajocienne (Rebouillat, 1983), regroupés en trois forma- Arrêt J1-6 : Calcaires-corniches bajociens (Fm de Bin-
tions (Fm de Bin-el-Ouidane 1, 2 et 3), définies plus à l’est el-Ouidane) : la fin de la sédimentation marine
sur la carte de Beni Mellal (Monbaron, 1985). Au sud se GPS : 32°08’45”N : 006°45’11”W
développe une vaste dépression dans des formations
rouges en partie recouvertes de Quaternaire ; elle montre Stopper dans la cluse coupant les Calcaires-corniches et, à par-
en son centre une cuesta cénomano-turonienne en syncli- tir de ce point, reprendre la coupe dans le sens N-S (fig. 1.8).
nal perché qui constitue l’éperon d’Aït Attab. Au point d’arrêt, on peut observer les Calcaires-corniches, dé-
pôts de plate-forme carbonatée correspondant aux dernières
Un deuxième arrêt (J1-5B ; GPS : 32 09 41N, 006 38
fluctuations marines dans le Haut Atlas Central (Rebouillat,
53W, alt. 1200m), au niveau de la première épingle de la
1983). On identifie aisément la trilogie : Fm de Bin-el-
route, permet des observations complémentaires vers l’est.
Ouidane 1, riche en calcaires dolomitiques ; Fm Bin-el-
Le Lias inférieur-moyen du flanc nord des Aït Attab mon-
Ouidane 2, à dominante marno-calcaire ; Fm Bin-el-Ouidane
tre des plis en genou et des amorces de plis en champi-
3, à bancs massifs de calcaires oolitiques et bioclastiques ;
gnon, probablement associés au fonctionnement du
chevauchement F3 (fig. 1.2B). La dernière épingle en ceux-ci sont particulièrement fossilifères, avec une macrofaune
contrebas montre les « Marnes chocolat » affectées de re- benthique (bivalves, échinodermes, brachiopodes, coraux dis-
plis et d’une faille inverse à vergence nord. La dépression persés) dénotant un environnement périrécifal.
à couches rouges est entaillée vers l’est et une corniche La partie sommitale de la « barre à rhynchonelles » (Rol-
jaunâtre s’y différencie : il s’agit des calcaires aptiens. ley, 1978) est datée du Bajocien supérieur par ses brachio-
podes (Haddoumi, 1988).
Les couches rouges demeurant masquées dans cette partie
du synclinal, leur succession sera étudiée latéralement vers Route : Au-dessus des calcaires-corniches apparaissent,
l’ouest, en bordure de l’ancienne route reliant Aït Attab à sur une quinzaine de mètres, des dépôts marneux versico-
Oulad Ayyad. lores qui constituent la Fm de Tilougguit. Celle-ci contient
les dernières récurrences marines jurassiques et assure la
Route : Rejoindre le carrefour au centre de la localité d’Aït transition avec la formation exclusivement continentale
Attab (lieu-dit Al Garage) puis prendre l’axe routier prin- sus-jacente, appelée Fm des Guettioua. Le trajet vers le
cipal vers le nord, puis le NW, en direction des Ouled sud s’effectue ensuite dans cette formation jusqu’à l’arrêt
Ayyad pendant 7,5 km. suivant, localisé dans sa partie supérieure.
118 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 4

FIG. 1.8 : Le synclinal d’Aït Attab (Haddoumi et al., 2002).- A : Carte de situation.- B : Carte de la partie centrale, avec l’itinéraire proposé en rouge (6 à 9 :
localisation des arrêts).- C : Coupe N-S (localisée sur A). Noter la dissymétrie du remplissage sédimentaire, héritage probable d’une structure en hémi-graben.
FIG. 1.8 : The Aït Attab Syncline (Haddoumi et al., 2002). - A : Localisation map. – B : Map of the central area with the trip route in red (6 to 9 : stop loca-
tion).- C : Cross-section (see A for location). Notice the asymmetry of the sedimentary infilling, probably inherited from a half-graben structure..

Arrêt J1-7 : Premières couches rouges (Fm des lites. Au-dessus viennent des coulées altérées, associées à
Guettioua), épisode basaltique B1 et base de la des dépôts volcano-clastiques, et surmontées par des pé-
deuxième série rouge (Fm Iouaridene) lites rouges. Ce premier épisode basaltique apparaît ainsi
(GPS : 32°08’21”N ; 006°44’31”W) contemporain de la fin de la sédimentation marécageuse
du Bathonien-Callovien ?
L’arrêt en bord de route permet d’abord d’observer des
grès et argiles rouges inclinés de ~15° vers le sud : ce sont Il est suivi par un deuxième épisode plus épais (35 à 40 m)
les dernières séquences fluvio-deltaïques de la Formation qui débute par trois coulées massives, séparées ponctuel-
(Fm) des Guettioua. Celle-ci est une succession de sé- lement les unes des autres par des lentilles argileuses. Elles
quences fluviatiles d’épaisseur métrique à décamétrique, sont surmontées par d’autres coulées, plus altérées. Dans
constituées de grès massifs de teinte rouge violacé suivis le talweg et de part et d’autre de la route, le toit de la der-
d’argiles rouges. Présente dans la plupart des cuvettes syn- nière coulée est recouvert par un banc de dolomie qui
clinales du Haut Atlas Central, cette formation a livré à Ti- épouse les irrégularités de la surface basaltique (paléoto-
lougguit (~50 km au SE d’Aït Attab, cf. fig. 2.1) pographie). Des observations en lame mince ont révélé la
d’importants ossements et squelettes de dinosauriens du présence de quelques fragments basaltiques remaniés dans
Bathonien-Callovien ? (Monbaron et al., 1999). la dolomie, ce qui confirme que le basalte ne s’est pas mis
en place sous forme de sill(s), comme il en existe, par
En descendant le long de la route apparaît bientôt un com-
exemple, dans le Bajocien du bassin de Taguelft (cf. J2-4),
plexe basaltique, dit « B1 », qui est représenté sur tout le
flanc nord du synclinal des Aït Attab (en noir sur la fig. mais qu’il s’agit bien de coulées au toit de la série rouge du
1.8, en rouge sur la fig. 1.1 ; attention, le rouge indiqué par Bathonien-Callovien ?
cette dernière carte dans le flanc sud est un complexe ba- Au-dessus des dolomies supra-basaltiques, une disconti-
saltique plus jeune, c’est le B2 : voir fig.1.8). Ce com- nuité sédimentaire marque la limite avec une nouvelle
plexe B1 débute par une coulée contenant quelques (deuxième) formation rouge : la Fm. des Iouaridène.
enclaves d’argile rouge, suivie d’une récurrence d’argi- Celle-ci se différencie nettement de la précédente par sa
CIRCUIT C7 : LE HAUT ATLAS CENTRAL DE BENI MELLAL ET IMILCHIL 119

forte dominante pélitique. Des prélèvements effectués dans Il est également intéressant de noter qu’un prélèvement ef-
les termes inférieurs ont livré des ostracodes et des charo- fectué à la base de la série pélitique surmontant les gypses
phytes dont Feistiella atlantis. Cette nouvelle espèce de la Fm des Iouaridène a révélé de petits foraminifères
(Mojon et al., 2009), de par son association avec une os- benthiques lituolidés. Cet indice fournit un argument pour
tracofaune similaire à celle des bassins brésiliens, est at- réinterpréter les dépôts évaporitiques des Iouaridène
tribuée à l’Hauterivien ? -Barrémien. Dans ce synclinal, la comme étant liés à des lagunes côtières d’une mer barré-
limite Jurassique-Crétacé pourrait ainsi se situer à la rup- mienne, et non pas associés à des chotts intracontinentaux.
ture de sédimentation qui succède aux épanchements ba-
Route : Poursuivre vers le sud. On recoupe la série rouge
saltiques (avant ou après le banc dolomitique). On verra
(épaisse d’environ 200 m) de la Formation du Jbel Sidal
en effet (arrêt J2-2) que dans le synclinal d’Ouaouizarth, la
d’où émergent plusieurs barres gréseuses. Les études sé-
limite J-C se place dans la Fm des Iouaridène.
dimentologiques (Haddoumi, 1988 ; Souhel, 1996) mon-
Route : Poursuivre la route en direction du sud à travers la trent qu’il s’agit majoritairement de dépôts de systèmes
Fm des Iouaridène, essentiellement pélitique. Son mem- fluviatiles à chenaux en tresse ou à chenaux droits à faible
bre supérieur s’enrichit en intercalations gypseuses blan- sinuosité balayant de manière discontinue une zone de
châtres, bien visibles à l’ouest de la route. plaine d’inondation. En base de série, les transports de ma-
Arrêt 1-8 : Deuxième et troisième séries rouges : Fm tériaux s’effectuent selon une direction préférentielle vers
Iouaridène et Fm du J. Sidal et épisode basaltique B2 l’ouest (Souhel, 1996) ; sur l’ensemble de la succession,
(GPS : 32°07’55”N ; 006°43’52”W) les paléocourants donnent un écoulement moyen vers le
SW à SSW (Haddoumi, 1988). Bien que de caractère lo-
Cet arrêt permet d’avoir une vue frontale (fig.1.9) sur la par-
calisé, ces données indiquent que le drainage se fait glo-
tie supérieure de la Fm des Iouaridène, argilo-évaporitique,
balement en direction de l’Atlantique. Dans un thalweg à
et la base de la Fm du Jbel Sidal. Celle-ci est une troisième
l’ouest de la route, apparaît une zone constituée de strates
formation rouge qui se caractérise par l’apparition de nou-
claires, objet de l’arrêt suivant.
velles décharges détritiques grossières (conglomérats, grès)
qui alternent avec des pélites rouges, déterminant ainsi des Arrêt J1-9 : De la sédimentation continentale à la
séquences d’épaisseur décamétrique (partie supérieure du transgression de l’Aptien
paysage, fig. 1.9). Deux coulées de basaltes (B2) sont ici in- (GPS : 32°07’31”N, 006°43’01”W)
terstratifiées dans la partie basale de cette formation.
La partie supérieure de la Fm du Jbel Sidal (fig 1.10) mon-
Des échantillonnages micropaléontologiques sériés (Had-
tre des conditions émersives marquées par la présence de
doumi et al., 2002) dans cette zone de passage entre les
« mud cracks » et d’empreintes de Dinosauriens. Plusieurs
deux formations sédimentaires ont livré des ostracodes et
niveaux (D1 à D4) formés de plaquettes dolomitiques s’in-
de nombreux charophytes marqueurs du Barrémien. La
tercalent dans la série. Une faune à caractère lagunaire ap-
partie sommitale de la Fm des Iouridène renferme Globa-
paraît, avec des gastéropodes nains, des conchostracés
tor mutabilis, marqueur du Barrémien inférieur. La base
(Haddoumi, 1988) et des ostracodes limniques. Un niveau
de la Fm du Jbel Sidal contient « des utricules présentant
stromatolithique continu évoque un estran supratidal et la
un degré d’évolution avancé évoquant Globator trochili-
présence de radioles d’échinodermes indique des relations
discoïdes du Barrémien supérieur » (Mojon et al., 2009).
épisodiques avec le milieu marin.
Les basaltes (B2) associés se sont donc épanchés au cours
du Barrémien. Après de nouvelles décharges détritiques, un changement

FIG. 1.9 : Les Couches rouges supérieures dans le synclinal d’Aït Attab (flanc nord). On peut observer la superposition Fm. des Iouaridène/Fm. du Jbel Sidal, et l’épisode basaltique B2.
FIG. 1.9 : Uppermost Couches rouges in the Aït Attab syncline (northern limb). The superposition of Iouaridene and Jbel Sidal Fms and the B2 basaltic episode can be observed.
120 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 4

FIG. 1.10 : Colonne stratigraphique du Crétacé inférieur illustrant le passage de la sédimentation continentale barrémienne à la sédimen-
tation marine de l’Aptien dans le synclinal des A¨t Attab (d’après Andreu et al., 2003, modifié)
FIG. 1.10 : Lower Cretaceous stratigraphic column showing the transition from the Barremian continental sedimentation to the Aptian
marine deposits in the Ait Attab syncline (Andreu et al., 2003, modified).

radical se produit dans la sédimentation avec le dévelop- du Cénomano-Turonien, des couches rouges de l’Albo-
pement d’un niveau de marnes jaunâtres. La microfaune Cénomanien, les calcaires jaunes aptiens, la série rouge
devient abondante et se compose alors d’ostracodes ma- barrémienne et les basaltes B2 intercalés. En fond de val-
rins (Trachelyberididae) et de foraminifères lituolidés lée (de part et d’autre du pont sur l’oued el-Abid), au-des-
(dont Choffatella decipiens) de l’Aptien inférieur (Andreu, sous de la Fm des Iouaridène, on recoupe directement le
1991 ; Andreu et al., 2003). Au-dessus se développe la Lias calcaire (Domérien) à pendage nord, affecté de
cuesta aptienne formée de lumachelles, de calcaires jaunes flexures. Après avoir traversé l’oued el Abid, on remonte
organogènes, de marno-calcaires et de marnes. Cette « Fm par sa rive gauche très abrupte sur le flanc nord de l’anti-
d’Aït Tafelt » est constituée par 4 mésoséquences de dépôt clinal du J. Aït Sari.
de plate-forme littorale (Souhel, 1996). Des ammonites ré-
coltées près de la base par cet auteur permettent de dater le Arrêt J1-10 : Flanc sud du synclinal d’Aït Attab ;
Bédoulien (Aptien inférieur) moyen. mouvements jurassico-crétacés et fluctuations des
mers crétacées
Route : La série sus-jacente (Albo-Cénomanien) demeure (GPS : 32°04’19”N ; 006°40’17”W ; alt. 810 m)
masquée vers le sud. On atteint le carrefour « Al Garage »
au centre d’Aït Attab, dans la zone axiale de la cuvette syn- Cet arrêt, au-delà du troisième lacet, offre un splendide pa-
clinale, puis poursuit vers le sud. La descente qui s’amorce norama vers le nord, sur le flanc sud du synclinal des Aït
permet de recouper, sur 2,5 km environ, le flanc méridio- Attab (fig. 1.11). On retrouve la stratigraphie des dépôts sé-
nal du synclinal perché cénomano-turonien (fig. 1.8, coupe dimentaires crétacés où s’intercalent les basaltes B2, à la base
C), avec des affleurements de bonne qualité : les calcaires de la Fm du Jbel Sidal. Les dépôts ont enregistré le retour
CIRCUIT C7 : LE HAUT ATLAS CENTRAL DE BENI MELLAL ET IMILCHIL 121

FIG. 1.11 : Le flanc sud du synclinal d’Aït Attab ; évolution de la sédimentation du continental au marin au cours du Crétacé inférieur (Fm Iouari-
dene : Hauterivien ? -Barrémien ; Fm. J. Sidal : Barrémien supérieur ; Fm Ouaouizarht : Albo-Cénomanien).
FIG. 1.11 : South border of the Aït Attab syncline, exposing the facies evolution from continental to marine during the Lower Cretaceous (Iouri-
dene Fm : Hauterivian ?- Barremian ; J. Sidal Fm : Upper Barremian ; Fm Ouaouizarht : Albo-Cénomanien).

hésitant des conditions marines au cours du Crétacé infé- séries jurassico-crétacées de l’anticlinal du J. Aït Sari, dans
rieur : lagunes côtières du Barrémien (partie supérieure de la la mesure où le socle n’est pas écaillé (cf. coupe sismique
Fm Iouaridène), suivi de conditions fluvio-deltaïques (Fm fig. 1.2B). Il est envisageable qu’un coussin (pillow) diapi-
du J. Sidal) ; Aptien inférieur marin (Fm Aït Tafelt), puis ré- rique se soit formé dès le Jurassique moyen dans ce secteur.
currence lagunaire (Fm de Ouoauizarth ; Andreu, 1991)
Route : Vers le sud, la route 1811 traverse des calcaires du
avant la grande transgression du Cénomanien-Turonien
Lias moyen qui sont entrecoupés en plusieurs points par
(Choubert & Faure-Muret, 1962). Mais à la différence de ce
des dykes et des sills basaltiques dont l’épaisseur va
qu’on a observé au nord (fig. 1.7), la Fm des Iouaridène re-
jusqu’à 40 m. Après avoir traversé des dolomies pulvéru-
pose ici directement sur le Lias : ni la coulée B1, ni la Fm des
lentes du Lias inférieur, la route aboutit à Ouzoud. Cette lo-
Guettioua, ni les Calcaires-corniches et marnes du Bajocien
calité est célèbre (et mérite un arrêt optionnel, si le temps
ne sont représentés. Leur biseautage (coupe C, fig. 1.8) in-
le permet) par le site de ses cascades (fig. 1.13) établies
dique une surrection du bord sud du synclinal (c’est-à-dire de
sur le rebord d’une falaise formée par le Calcaire-corniche
l’anticlinal du J. Aït Sari) durant cette période, surrection
bajocien. Au cours du Plio-Quaternaire s’est formé un im-
dont le mécanisme sera discuté plus loin (fin J1 et J4). Ce-
portant drapage de travertins qui continuent à se dévelop-
pendant, on peut déjà noter que sur une coupe générale de
per localement.
cette région de l’Atlas (fig. 1.12), les assises argilo-gypseuses
du Trias doivent dessiner un renflement important sous les Au sud d’Ouzoud, le trajet (fig. 1.1) se poursuit dans la

FIG. 1.12 : Coupe d’ensemble de la bordure atlasique au SW d’Afourer. Extrait de la carte géologique du Maroc au 1/100 000, feuille Afourer (d’après Rolley 1977, modifié). In-
dices stratigraphiques partiellement réactualisés en fonction des datations des Couches rouges. t : Trias ; li : Lias inférieur ; lm : Lias moyen ; ls : Lias supérieur ; jm : Jurassique
moyen marin et continental (Fm Guettioua) ; nC : Crétacé inférieur continental (Fm Iouaridène et Fm Jbel Sidal) ; n5 : Aptien ; n6-cI : Albo-Cénomanien ; c1-2 : Cénomano-Tu-
ronien ; c3-4 : Sénonien ; e1-5 : Eocène ; mp : Mio-Pliocène B1 : basaltes du Bathonien ; B2 : basaltes du Barrémien.
FIG. 1.12 : Overall cross-section of the Atlas norther border SW of Afourer, after the Geological map of Morocco, scale 1/100 000, Rolley, 1977, modified. The Couches rouges
and basalts stratigraphic indexes are updated taking into account the recent datations.
122 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 4

FIG. 1.13 : Les cascades d’Ouzoud, un haut-lieu touristique de la région. Les travertins drapent le rebord de la falaise formée par le « Calcaire-corniche » bajocien.
FIG. 1.32 : Ouzoud waterfalls, a famous tourist site of the area. The Quaternary travertines drape the cliff of the Bajocian “Calcaire-corniche”.

Fm des Iouaridène qui occupe l’axe d’un nouveau syncli- d’altitude, formant un large bassin synclinal entre des crêtes
nal (synclinal d’Ouzoud). La route recoupe sa terminaison d’altitude proche de 1700-1900 m au nord et au sud.
périclinale SW au niveau de laquelle les dépôts rouges des I- Les « Couches rouges » du Haut Atlas
Iouaridene reposent sur un niveau de marnes grises datées
du Bathonien supérieur-Callovien inférieur (Haddoumi et Les grandes cuvettes synclinales du Haut Atlas central -
al., 2010). Ces marnes grises sont suivies de marnes et celles que nous avons déjà traversées (fig. 1.1) et celles
marno-calcaires diversement colorés, surmontant directe- que nous découvriront les jours suivants (fig. 2.1) renfer-
ment les Calcaires-corniches. On peut donc constater la la- ment des couches rouges continentales dont l’âge a été
cune totale de la Fm des Guettioua mentionnée sur la carte longtemps controversé (Monbaron, 1980). Des études mi-
d’Azilal (Jenny, 1985). Ce fait, général dans tout ce secteur cropaléontologiques récentes (Andreu et al., 2003 ; Char-
depuis l’arrêt J1-10, est à mettre en relation avec une émer- rière et al., 2005 ; Mojon et al., 2009 ; Haddoumi et al.,
sion et une érosion de cette aire au cours du Bathonien 2010) ont été développées sur les ostracodes et les charo-
et/ou durant le Jurassique supérieur-Néocomien. phytes des séries, dont quelques marqueurs sont repré-
sentés ici (fig. 1.14). Ces études ont apporté de nouveaux
Poursuivre la route touristique vers le sud jusqu’au carre- repères biostratigraphiques et permis des corrélations ré-
four avec la S508/R304. A cette jonction, prendre vers l’est gionales relativement précises (fig. 1.15). Les lignes qui
pour rejoindre la localité d’Azilal, située à 22 km. On tra- suivent visent à discuter la signification paléogéogra-
verse un paysage de plateaux liasiques étagés vers 1300 m phique et tectonique de ces dépôts continentaux, dont l’âge
CIRCUIT C7 : LE HAUT ATLAS CENTRAL DE BENI MELLAL ET IMILCHIL 123

FIG. 1.14 : Quelques charophytes marqueurs du Jurassique supérieur (A, B) et du Crétacé inférieur (C à G) du Haut Atlas central, et
du Paléocène (H, I) du Haut Atlas d’Imilchil. Diagnoses de P. O. Mojon.
A et B : charophytes de la partie inférieure de la Formation des Iouaridène du Haut-Atlas central. A1 à A3 : utricules de Dictyoclava-
tor ramalhoi GRAMBAST-FESSARD (Clavatoracées), (Kimméridgien) ; B1 à B3 : gyrogonites de Porochara kimmeridgensis (MÄD-
LER) MÄDLER emend. MOJON (Porocharacées) (Oxfordien ?–Kimméridgien). B4 : vue interne d'une gyrogonite cassée de Porochara
kimmeridgensis montrant la plaque basale composée (bipartite).- C1 à C3 : gyrogonites de Feistiella atlantis n.sp. ; Porocharacée du
Crétacé inférieur (Hauterivien ? - Barrémien inférieur), Formation des Iouaridène, Aït Attab.- D à G : utricules de Clavatoracées (cha-
rophytes) du Crétacé inférieur (Barrémien inférieur-supérieur) du Haut Atlas central. D : Globator mutabilis (MOJON) MOJON, syn-
clinal d'Aït Attab, partie sommitale de la Formation des Iouaridène et partie basale de la Formation du Jbel Sidal (Barrémien inférieur)
; E1 à E3 : Atopochara trivolvis triquetra GRAMBAST ; F : Flabellochara harrisi (PECK) GRAMBAST ; G1 et G2 : Globator tro-
chiliscoides GRAMBAST. E-G : partie inférieure de la Formation du Jbel Sidal (Barrémien supérieur), synclinal d'Aït Imelloul.- H et
I : Charophytes de la Formation de Tasraft (Paléocène supérieur), région d’Imilchil : H1-H2 : Sphaerochara edda SOULIÉ-MÄR-
SCHE, 1971 ; I1-I2-I3 : Harrisichara tougnetensis MASSIEUX, 1977.
FIG. 1.14 : Some Charophyte markers of the Late Jurassic (A, B) and Early Cretaceous (C-G) redbeds of the Central High Atlas, and
from the Paleocene of the Imilchil region. Determinations by P.O. Mojon.
124 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 4

FIG. 1.15 : Colonnes synthétiques des Couches rouges du versant nord du Haut Atlas central (d’après Haddoumi et al., 2010, modifié)..
FIG. 1.15 : Stratigraphic columns of the Couches rouges in the northern part of the Central High Atlas.

s’échelonne du Bathonien au Barrémien, avec une récur- (Jenny et al., 1981; Monbaron, 1982a ; Jenny, 1984 ; La-
rence à l’Albo-Cénomanien. ville, 1985 ; Souhel, 1996). La présence locale de ravine-
1) Le Bathonien et la « tectonique médio-jurassique » ments sous la Fm des Guettioua indique que la plupart de
ces rides ont fonctionné antérieurement à son dépôt. Un bon
Au Bathonien, l’émersion du domaine du Haut Atlas cen- exemple est celui de la ride anticlinale du J. Abbadine au
tral est documentée par le dépôt de la Fm des Guettioua, sud du bassin de Ouaouizarth ; la discordance sur le flanc
exclusivement continentale et correspondant à un épan- NW de la ride montre que les couches bajociennes avaient
dage fluviatile grossier. La répartition discontinue de cette été basculées de 10-15° vers le NW avant d’être érodées
formation peut être interprétée, soit comme originelle (pié- puis recouvertes par les Couches rouges bathoniennes
geage des matériaux dans des bassins élémentaires), soit (Monbaron, 1982a). Ceci n’exclut pas que certaines rides,
comme secondaire (isolement de synclinaux entre des axes sinon toutes, aient pu être recouvertes par des dépôts conti-
anticlinaux). Le choix entre ces hypothèses (ou leur com- nentaux rouges (en particulier ceux du Crétacé, Iouaridene
binaison) doit être examiné sur la base des données stra- et/ou Sidal) avant leur réactivation cénozoïque.
tigraphiques précises.
L’importance des variations de la Fm des Guettioua (et
Au sein de chaque synclinal, d’importantes variations
des formations continentales sus-jacentes) d’un bassin à
d’épaisseurs peuvent être observées, notamment dans son
l’autre a conduit plusieurs auteurs (Jenny et al., 1981;
stratotype (fig. 1.15B). Elles sont d’abord liées à une dissy-
Monbaron, 1982b ; Jenny, 1984) à évoquer une « phase
métrie du remplissage initial, mais sont en outre localement
paroxysmale médio-jurassique ». Dans les synclinaux sep-
accentuées par la transgressivité de la Fm des Iouaridène
tentrionaux (fig. 1.15, colonnes D, F, G), une ou plusieurs
sur la bordure surélevée du bassin. Le caractère dissymé-
coulées basaltiques s’intercalent dans la partie supérieure
trique des bassins élémentaires, les biseaux et les discor-
de la formation. Elles soulignent le contexte extensif ou
dances progressives rencontrées à l’approche des rides
transtensif des déformations médio-jurassiques.
anticlinales (cf. J3, § italique) limitrophes confirment leur
caractère syntectonique, souligné par de nombreux auteurs La plupart des bassins synclinaux sont associés à des
CIRCUIT C7 : LE HAUT ATLAS CENTRAL DE BENI MELLAL ET IMILCHIL 125

rides anticlinales longitudinales WSW-ENE à W-E, alors que caux, témoignent directement de reprises érosives asso-
certains sont liés à des failles transverses, tel le bassin stra- ciées à des jeux synsédimentaires des rides. Au cours de
totype de la formation (colonne B) associé au décrochement cette période, le drainage des matériaux s’effectue vers
N120E de Demnate (Jenny, 1984). On peut envisager une l’ouest, le nord-ouest ou le sud-ouest, c’est-à-dire vers un
paléogéographie comportant un système fluviatile originaire exutoire atlantique (Souhel, 1996), ce qui prouve une in-
d’une voussure sud-occidentale (Haut Atlas de Marrakech) version totale de la pente paléogéographique, dirigée vers
d’où viendrait l’essentiel du matériel quartzeux (remanie- le secteur téthysien au Dogger, puis vers le domaine at-
ment des grès triasiques plus encore que du socle ?), qui lantique au Barrémien.
contournerait les différentes rides longitudinales ou trans-
L’apparition de la deuxième décharge détritique grossière
verses (avant de les recouvrir ?), en alimentant les zones sub-
(Fm du Jbel Sidal) est par ailleurs associée à une reprise
sidentes voisines (dépocentres) et en s’écoulant en direction
de l’activité volcanique (basaltes B2), ce qui révèle aussi, à
du domaine téthysien, vers l’est ou le sud-est, comme l’in-
notre sens, une reprise de la tectonique extensive au cours
dique le drainage d’ensemble des matériaux dans les syn-
du Barrémien. Ces différentes données sédimentologiques,
clinaux d’Aït Attab et de Ouaouizarth (Souhel, 1996).
structurales et volcaniques, bien situées chronologiquement
2) Au Jurassique supérieur et au Néocomien à l’aide de marqueurs biostratigraphiques, conduisent à
Les archives sédimentaires sont beaucoup plus limitées, évoquer une « phase extensive paroxysmale barrémienne »
vraisemblablement en raison d’une période prolongée auparavant insoupçonnée. Ces déformations déterminent la
d’érosion subaérienne. Des dépôts continentaux maréca- reprise d’une sédimentation fluviatile à margino-littorale
geux et lacustres d’âge oxfordien-kimméridgien ont été ré- au Barrémien, puis franchement marine à l’Aptien.
cemment identifiés (Charrière et al., 2005 ; Mojon et al.,
2009 ; Haddoumi et al., 2010) dans certains synclinaux à J2 : Azilal-Imilchil via Ouaouizarth (230 km)
la base de la Fm Iouaridene (fig. 1.15, colonnes A, F, G). Itinéraire et thèmes (fig. 2.1) : Synclinaux à « couches
Dans certains cas (A), ils succèdent en continuité appa- rouges » jurassico-crétacées de la partie septentrionale du
rente à la sédimentation médio-jurassique. Dans d’autres Haut Atlas (Ouaouizarth, Taguelft et Naour). Accident
cas (F), ils succèdent à des lacunes post-basaltiques (ba- Aghbala-Afourer (AAA), limite entre le Haut Atlas cen-
saltes B1). Ces dépôts témoignent toutefois de la persis- tral et l’Atlas bordier, prolongement du Moyen Atlas. Dé-
tance d’une sédimentation continentale au SW comme au formations alpines et fonctionnement synsédimentaire de
NE du Haut Atlas central, ce qui peut faire penser à une l’AAA au Jurassique moyen. Première approche des for-
extension initiale importante. En certains points comme à mations marines jurassiques.
Aït Attab (D) et Aït Imelloul (E) situés à la bordure NW de
l’Atlas, ces dépôts n’existent pas (érosion anté-barré- Route and themes (fig. 2.1) : Synclines with Jurassic-Cre-
mienne ?). Par leur lithologie à dominante argileuse ou taceous red beds (“Couches Rouges”) in the northern part
argilo-silteuse, ces dépôts témoignent d’un environnement of the High Atlas ((Ouaouizarth, Taguelft and Naour).
morphologiquement atténué ainsi que d’un calme tecto- Aghbala-Afourer Fault (AAA), tectonic boundary between
nique relatif. Leur épaisseur est assez limitée, au regard the Central High Atlas and the southern tip of Middle
des sédiments médio-jurassiques et barrémiens. Atlas. Synsedimentary and Alpine movements along the
3) Le Crétacé inférieur et la « tectonique barrémienne » AAA fault. First approach of the Jurassic marine series.

La sédimentation de cette époque apparaît d’emblée consi- Route : Quitter Azilal vers le NE en direction de Bin-el-
dérable. L’essentiel (3/4 supérieurs dans son stratotype) Ouidane et Afourer. La partie haute de la ville d’Azilal est
(A) ou la totalité (B) des dépôts de la Fm des Iouaridène construite sur les calcaires bajociens de la Formation de
date du Crétacé inférieur (Haddoumi et al., 2010), le mem- Bin-el-Ouidane 1. La partie basse est installée sur les
bre supérieur gypseux datant du Barrémien. La Fm du Jbel « Marnes chocolat », définies comme la Formation d’Azi-
Sidal sus-jacente marque un deuxième épandage détri- lal (Jenny, 1988), de milieu continental à saumâtre ayant
tique, grossier et généralisé, durant le Barrémien supé- ceinturé à l’ouest le sillon atlasique au Toarcien-Aalénien
rieur. Les dépôts lagunaires de la partie supérieure de la (du Dresnay, 1971). La route repose d’abord sur cette for-
Fm des Iouaridène transgressent souvent sur les paléore- mation, puis remonte sur un vaste plateau carbonaté consti-
liefs constituant les bordures des bassins, ce qui peut-être tué par les calcaires bajociens. A une dizaine de kilomètres
partiellement associé à la montée eustatique du Crétacé vers l’est, un décalage fait réapparaître les « Marnes cho-
inférieur (Hardenbold et al., 1998) et/ou à la subsidence colat » au NW de la route qui se poursuit alors sur un pan-
d’ensemble du domaine atlasique central. Toutefois, les neau calcaire affaissé. A la terminaison orientale du plateau
conglomérats de base, les litharénites et les grès de la Fm (~15 km d’Azilal), on découvre une vue plongeante sur la
du Jbel Sidal étant pour partie alimentés par les reliefs lo- retenue de Bin-el-Ouidane.
126 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 4

FIG. 2.1 : Itinéraire de la journée J2 sur une carte géologique simplifiée du nord du Haut Atlas central.
FIG. 2.1 : Day J2 route on a simplified geological map of the northern Central High Atlas.

Arrêt J2-1 : Vue panoramique sur la retenue de plus jeunes du sud au nord. Pour Monbaron (1981, 1988),
Bin-el-Ouidane cette ride a constitué un relief permanent pendant la sédi-
(GPS : 32°05’46”N ; 006°29’40”W) mentation des couches rouges continentales (considérées à
son époque comme intégralement d’âge dogger). Ce relief
Stopper dans les premiers lacets de la descente pour ad-
aurait été créé par le « paroxysme bajoço-bathonien » d’une
mirer l’étendue de la retenue. Le barrage de Bin-el-
tectonique de type controversé (compressive-transpressive
Ouidane (« au confluent des deux oueds », dont le
ou distensive-diapirique ; voir plus loin, § ital. II).
principal est l’oued El-Abid, « oued de l’esclave ») a été
construit de 1948 à 1955. C’est un barrage voûte en béton Route : La descente s’effectue à travers les calcaires en
de 133 m de haut. Les eaux turbinées à son pied sont ré- bancs massifs de la série bajocienne. Après avoir traversé
cupérées quelques kilomètres à l’aval et conduites par une le barrage (ancré sur les calcaires Bin-el-Ouidane 1), la
galerie de 10 km jusqu’à l’usine d’Afourer. route remonte faiblement au-dessus du niveau de la rete-
nue, en traversant les calcaires marneux et calcaires des
La retenue de Bin-el-Ouidane occupe le centre de la cu-
formations Bine-El-Ouidane 2 et 3. Au-dessus se déve-
vette synclinale d’Ouaouizarth. Le flanc nord du synclinal
loppe la formation versicolore de Tilougguit, caractéris-
est bien exposé dans le panorama (fig. 2.2) avec les Cal-
tique de milieux de transition entre domaine marin subtidal
caires-corniches du Bajocien (Fm Bin-el-Ouidane 1-3) qui
et domaine continental (cf. coupe type de Bin-El-
supportent le barrage, les dépôts marno-calcaires versico-
Ouidane ; Löwner, 2009). Quelques empreintes de pas de
lores (Fm de Tilougguit), puis les grès rouges (Fm de Guet-
dinosauriens sont observables sur deux dalles au nord de
tioua) qui constituent le premier dépôt exclusivement
la route (Boutakiout et al., 2006). Le trajet recoupe ensuite
continental d’âge bathonien-? callovien. La succession se
les barres gréseuses de la Fm des Guettioua, puis longe
complète au dernier plan par les séries crétacées affleurant
pendant quelques kilomètres le basalte B1 (fig. 2.3).
au niveau de la ville d’Ouaouizarth (arrêt J2-3).
Arrêt J2-2 : Basaltes B1 ; âge jurassique supérieur de
La dissymétrie du synclinal apparaît dans le paysage et sur
la base de la Fm Iouaridène
la carte géologique (fig. 2.3). Alors que les couches succes-
(GPS : 32°07’13”N, 006°24’38”W)
sives sont régulièrement empilées sur le flanc nord, sur le
flanc sud les couches rouges arrivent en discordance sur la S’arrêter à environ 5 km du barrage, au débouché d’un
ride anticlinale du Jbel El-Abbadine, et elles sont de plus en thalweg au nord de la route, qui permet de relever une par-
CIRCUIT C7 : LE HAUT ATLAS CENTRAL DE BENI MELLAL ET IMILCHIL 127

FIG. 2.2 : Vue panoramique du flanc occidental du synclinal de Ouaouizarth au N de la retenue de Bin-el-Ouidane (arrêt J2-1).
FIG. 2.2 : Panorama on the western side of the Ouaouizarth syncline, north of the Bin el-Ouidane dam (stop J2-1).

tie de la coupe C1 (cf. « zoom » au bas de la fig. 2.3) dans base de la série continentale suprabasaltique (à l’exception
le toit de la Fm des Guettioua et la base de la Fm des Ioua- de ses premiers mètres) du Jurassique supérieur. La co-
ridène sus-jacente. La Fm des Guettioua est recouverte par lonne stratigraphique à droite de la fig. 2.3 résume la suc-
la coulée basaltique B1 (cf. arrêt J1-7). Dans le talweg, on cession du synclinal d’Ouaouizarth, qui diffère de celle des
peut observer la base et le toit de la coulée massive, épaisse Aït Attab (fig. J1-14) par le fait que la Fm des Iouaridene
d’environ 25 m. La base fortement minéralisée surmonte débute ici par des couches du Jurassique supérieur. La da-
des grès fins carbonatés. Le toit de la coulée est affecté tation K-Ar à 169±6 Ma (Aalénien à Callovien) obtenue
d’un débit prismatique dénotant vraisemblablement un re- dans les basaltes (Westphal et al., 1979) est très imprécise,
froidissement rapide en milieu aérien. Cette surface est mais compatible avec l’âge Oxfordien ?-Kimméridgien de
surmontée par 2 m de blocs basaltiques emballés dans une la série sédimentaire sus-jacente. Ces basaltes B1 étant en-
matrice dolomitique, évoquant une mise en place sous très cadrés par le Bathonien-? Callovien et l’Oxfordien ?-Kim-
faible tranche d’eau. L’ensemble est recouvert par un pre- méridgien se sont donc mis en place au voisinage de la
mier dépôt dolomitique plus ou moins chaotique mais ter- limite Jurassique moyen-supérieur, dans un environnement
miné par une zone nodulaire continue (paléosol probable). subaquatique très peu profond.
Au-dessus apparaît une première décharge détritique gros- Route : Continuer vers Ouaouizarth sur environ 5 km. La
sière remaniant le substratum, puis un second niveau de route est établie sur la Fm des Iouaridène, avant de recou-
dolomies à déformations synsédimentaires. Une deuxième per la première barre gréseuse de la Fm du Jbel Sidal.
décharge détritique est constituée par un grès grossier très Noter l’accentuation des pendages. Le flanc NW du syn-
riche en éléments basaltiques, puis des grès fins passant clinal de couches rouges est quasi vertical à proximité
vers le haut à des marnes. Les niveaux dolomitiques et gré- d’Ouaouizarth (figs. 2.3, 2.4).
seux se sont révélés azoïques. En revanche, les premiers Arrêt J2-3 : Intercalation laguno-marine barré-
niveaux marneux sus-jacents ont livré des petits bivalves mienne (partie supérieure de la Fm des Iouaridène)
laguno-lacustres apparentés au genre Unio, des ostracodes, et panorama sur le chevauchement du Jbel R’Nim
dont Cypridea sp., ainsi que des gyrogonites de Porochara (GPS : 32°09’02”N ; 006°23’13”W)
kimmeridgensis, espèce couvrant l’intervalle Oxfordien-
Kimméridgien. Dans les couches sus-jacentes affleurant au S’arrêter à environ 3 km d’Ouaouizarht (localisation : fig
sud de la route, la coupe peut être poursuivie. Dans un ni- 2.4A) et remonter d’environ 150 m vers le nord de la route
jusqu’à atteindre les affleurements de gypse du membre
veau de marnes rouge-marron, la forme P. kimmeridgiensis
supérieur de la Fm des Iouaridène. La coupe C2 (fig. 2.3)
a été retrouvée, associée à Dictyoclavator ramalhoi, mar-
peut être relevée depuis l’ensemble gypseux principal
queur du Kimméridgien (diagnoses paléontologiques P. O.
jusqu’aux premiers grès (verticaux ou même renversés) de
Mojon, fig. 1.14 A, B).
la base de la Fm du Jbel Sidal. Cette série rubéfiée pré-
Ces données biostratigraphiques permettent de dater la sente un niveau grisâtre d’épaisseur métrique dans lequel
128 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 4

FIG. 2.3 : Le synclinal de Ouaouizarth : carte géologique (1), coupes C1 et C2 (n° 3 et 4, correspondant respectivement aux arrêts 2 et
3), détail du toit du basalte B1 (3) et colonne stratigraphique (5), d’après Haddoumi et al. (2010). Til. : Fm de Tilougguit.
FIG. 2.3 : Ouaouizarth syncline: geological map (1), C1 and C2 cross-sections (n° 3 et 4, corresponding to stops 2 and 3, respec-
tively), detail of the beds covering the B1 basalt (3) and stratigraphic column (5), after Haddoumi et al.,(2010). Til. : Tilougguit Fm.

des échantillonnages détaillés ont révélé des faunes d’os- présence d’une incursion marine dès le Barrémien à proxi-
tracodes diversifiées, incluant notamment une association mité de la bordure septentrionale du Haut Atlas central.
d’ostracodes marins Trachyleberididae (Strigosocythere Depuis ce site se dégage en outre un panorama (fig. 2.5)
cf. strigosa, Rehacythereis sp., Protocythere sp.) apparen- sur le secteur d’Ouaouizarth. On y retrouve la succession
tés à des formes du Barrémien inférieur de l’Europe occi- crétacée déjà observée au sud d’Aït Attab (arrêt J1-10)
dentale (Mojon et al., 2009). Ces données fournissent un avec les deux intercalations marines de l’Aptien et du Cé-
deuxième argument (cf. arrêt J1-8) permettant d’évoquer la nomano-Turonien. Ces derniers terrains sont surmontés au
CIRCUIT C7 : LE HAUT ATLAS CENTRAL DE BENI MELLAL ET IMILCHIL 129

FIG. 2.4A : Carte géologique du synclinal crétacé de Ouaouizarth, entre le chevauchement du J. R’Nim et l’extrémité orientale de la ride anticlinale du J. El-Abbadine, d’après la
carte géologique du Maroc au 1/100 000, feuille de Beni Mellal (Monbaron, 1985), avec le trajet de l’excursion et la localisation des arrêts. l : Lias ; jm I-III : Bajocien (Fm Bine
El Ouidane) ; jm IV-V : Bathonien- Callovien ? (Fm Guettioua) ; Jm-n4 : Jurassique moyen à Barrémien ; Js-n4 : Jurassique supérieur à Barrémien (Fm Iouaridène) ; n4 : Barré-
mien (Fm Jbel Sidal) ; n5 : Aptien ; cI : Albo-Cénomanien ; cII : Cenomano-Turonien ; e : Eocène ; mp : Mio-Pliocène ; B1 : basaltes du Bathonien ; B2 : basaltes du Barrémien.
FIG. 2.4 A : Map of the Cretaceous Ouaouizarth syncline, between the J.R’Nim thrust and the eastern tip of the J. El-Abbadine anticlinal ridge, after the geological map of Marocco,
scale 1/100,000, Beni Mellal sheet (Monbaron, 1985), with the tour route and stops

FIG. 2.4B : Coupe NW-SE entre Beni Mellal et le J. El Abbadine, d’après Monbaron (1985). Localisation et légende : fig. 2.4A. Les indices concernant les Couches rouges et les
basaltes ont été modifiés d’après Haddoumi et al. (2010).
FIG. 2.4B : NW-SE cross-section from Beni Mellal to J. EL Abbadine, after Monbaron (1985). Location and legend : see fig. 2.4A. Indexes concerning the Couches rouges and
associated basalts have been modified after Haddoumi et al. (2010).
130 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 4

FIG. 2.5 : Les séries crétacées du synclinal de Ouaouizarth (partie supérieure) et le chevauchement du Jbel R’Nim, depuis l’arrêt 3 au SE de Ouaouizarth.
FIG. 2.5 : Cretaceous series of the Ouaouizarth syncline (upper part) and the Jbel R’Nim thrust fault as seen from stop 3, SE of Ouaouizarth.

nord par une imposante dalle calcaire de Lias inférieur et du village. Les termes phosphatés du Maastrichtien-Paléo-
moyen. Il s’agit du chevauchement du Jbel Ighnayene = J. cène (cIV) ne sont préservés que localement.
R’Nim, à vergence SE (figs. 2.4A, B) qui se place à la ter-
La route monte progressivement jusque vers 1500 m d’al-
minaison sud-occidentale de l’accident d’Aghbala-Afourer
titude (virages). On atteint le bord oriental du synclinal
(=AAA) (fig. 2.1) séparant l’Atlas bordier de Beni Mellal
crétacé, sous les calcaires liasiques chevauchants du J. Igh-
(considéré comme le prolongement méridional du Moyen
nayene = R’Nim. A environ 9 km d’Ouaouizarht, on ob-
Atlas) du Haut Atlas central proprement dit (Laville, 1978 ;
serve les déblais de l’ancienne exploitation minière de
Monbaron, 1981).
Tannsrift (Subra, 1977). La minéralisation, essentiellement
La polarité du chevauchement du J. R’Nim est opposée à cuprifère, est située dans les grès barrémiens de la Fm du
celle des chevauchements de la bordure atlasique sur la Jbel Sidal, au contact d’une faille de direction N145 à
plaine du Tadla (fig. 2.4B). A priori, on pourrait les consi- N160, qui se raccorde vers le sud à la faille axiale de l’an-
dérer ensemble comme des structures conjuguées. Cepen- ticlinal du Jbel el-Abbadine (figs.2.4A, B). Le tracé géné-
dant, le pendage de la faille basale sous le J. R’Nim est ral courbe de cette zone de failles peut faire penser à un
faible et la dalle liasique paraît déracinée, presque hori- ancien réseau de failles longitudinales et transverses in-
zontale, se raccordant ( ?) quasiment comme une nappe de versées pendant l’orogenèse. Sur toute sa longueur, ce sys-
charriage au lambeau de la bordure atlasique, penté au tème de failles comporte des pincées de Trias
NW. Cette représentation est peut-être trompeuse. Axiale- argilo-gypseux et des roches gabbroïques altérées. Ces der-
ment, sur le transect de Beni Mellal, le Lias du R’Nim nières sont attribuées au Jurassique sur la carte Beni Mel-
forme un pli anticlinal massif déversé sur ses deux flancs lal, et elles sont en effet proches de dykes et petits plutons
en sens opposé. On doit en conclure que sa terminaison subvolcaniques intrusifs dans le Lias de part et d’autre de
SW (transect d’Ouaouizarth) est un chevauchement ou la faille (cf. coin SE de la fig. 2.4A).
décro-chevauchement en fleur, déformé tardivement par
Au-delà de la zone faillée et minéralisée, la route traverse une
le bombement anticlinal du J. Tazerkount qui borde à
zone de calcaires bajociens (axe anticlinal prolongeant le J. el-
l’ouest le synclinal d’Ouaouizarth. Le front haut-atlasique
Abbadine), avant de descendre vers le synclinal de Taguelft.
AAA doit passer au-dessous du recouvrement et sortir à
l’ouest, à la jonction des écailles crétacées frontales. Arrêt J2-4 : Synclinal de Taguelft : séquence
régressive du Dogger, magmatisme B1N
Route : Atteindre le carrefour situé à l’entrée ouest
(GPS : 32°13’16”N, 006°16’37”W)
d’Ouaouizarth (alt. 900 m). A ce carrefour, prendre à gauche
la route 1802 qui monte en direction de Beni Mellal. Envi- On stationne au début de la descente devant un panorama
ron 2,5 km plus loin, laisser cette direction et prendre à l’est sur le bassin de Taguelft (fig. 2.6A). Les différents chevrons
en direction de Taguelft (route 1805B). Cette partie du tra- de calcaires-corniches bajociens (Fm de Bin-el-Ouidane 1-
jet s’effectue dans les « couches rouges lagunaires » de la 3) sont surmontés par un terme laguno-marin (Fm de Ti-
Fm d’Ouaouizarht (Albo-Cénomanien, cI sur la fig. 2.4) qui lougguit), puis par la série continentale des Guettioua (fig.
succède à la transgression marine de l’Aptien (n5) et sur la- 2.6B). Celle-ci a livré à sa base (Aït Wissadane) des restes
quelle est bâti Ouaouizarth. Cette formation lagunaire est de dinosauriens (Monbaron, 1981). La Fm des Guettioua est
suivie par les couches marines du Cénomanien supérieur et un ensemble détritique rouge violacé dont l’épaisseur avoi-
du Turonien (cII, cIII), formant le synclinal perché à l’ENE sine, ici sur le versant nord, environ 500 m. Au sommet (Jbel
CIRCUIT C7 : LE HAUT ATLAS CENTRAL DE BENI MELLAL ET IMILCHIL 131

FIG. 2.6. : A : Vue du bassin synclinal de Taguelft depuis son bord occidental.- B : Coupe correspondante. Légende : lIII : Domérien ; jmI : Fm d'Azilal ; jmII-IV : Fm Bin-el-
Ouidane 1-3 ; jmV : Fm Tilougguit ; jmVIC : Fm Guettioua ; β1a et β1b : coulées basaltiques du Bathonien ; F : Faille d’Aït Boulmane.
FIG. 2.6 : A : View of the Taguelft syncline from its western side.– B : Corresponding cross-section. : lIII : Domérien ; jmI : Fm d'Azilal ; jmII-IV : Fm Bin-el-Ouidane 1-3 ;
jmV : Fm Tilougguit ; jmVIC : Fm Guettioua ; β1a, β1b : Bathonian basalts ; F : Ait Boulmane fault.

Sgat) apparaît une structure tabulaire de couleur noire qui l’on retrouvera à Tassent et Tasraft (journées 3 et 4).
correspond à deux coulées basaltiques intercalées au toit de
Route : Pendant 35 km, le trajet serpente à travers les fa-
la formation (fig. 2.7A). C’est l’équivalent de l’épisode B1
ciès rouges de la Fm de Guettioua, en offrant de superbes
des synclinaux d’Aït Attab et Ouaouizarth, mis en place vers
la limite Jurassique moyen-supérieur. panoramas dans toutes les directions. Par comparaison au
stratotype de la formation ou à sa lithologie dans le syn-
La disposition des différents affleurements magmatiques clinal d’Ouaouizarth, on constate ici une forte dominance
dans l’ensemble du synclinal (fig. 2.8A) révèle la présence des faciès argileux par rapport aux dépôts gréseux, ces der-
de plusieurs formes d’intrusions subvolcaniques associées à niers présentant par ailleurs une faible granulométrie. Ce
ces coulées (Monbaron & Just, 1980), i) des sills concor- caractère plus mature et plus distal des dépôts tend à cor-
dants dans le Lias, les Calcaires-corniches et les Couches roborer les conceptions de Souhel (1996) concernant le
rouges elles-mêmes, ii) une intrusion ou stock gab- drainage vers l’est des matériaux détritiques lors du com-
broïque/doléritique (Aït Boulmane), et enfin, iii) des dykes blement médio-jurassique.
rayonnants autour de ce massif et recoupant les grès batho-
niens. On remarquera sur la coupe (fig. 2.8B) la présence Après la traversée de l’oued El Abid vers 900 m d’altitude,
de lambeaux déformés d’argilites rouges du Trias, mêlés au on remonte en direction NE jusqu’au village de Taguelft
stock gabbroïque de la ride anticlinale – un dispositif que (alt. 1000 m). 200 m avant l’entrée de ce dernier, on peut

FIG. 2.7 : Le magmatisme dans le bassin de Taguelft.- A : Zoom sur la coulée β1a de la figure 2.6, intercalée dans la partie supérieure de la Fm Guettioua. - B : Dyke recoupant
cette formation, à proximité de la localité de Taguelft.
FIG. 2.7 : Magmatic events in the Taguelft Basin.- A : Zoom on the β1a lava flow of fig. 2.6, interbedded in the upper part of the Guettioua Fm. - B : Dyke intersecting the
Guettioua Fm close to the Taguelft village.
132 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 4

FIG. 2.8 : Carte et coupe du synclinal de Taguelft et de l’anticlinal faillé qui le borde au SE (d’après Monbaron, 1985). Indices de la coupe comme
fig. 2.4. Les dépôts continentaux du Jurassique moyen (jmc) atteignent 1000 m d’épaisseur.
FIG. 2.8 : Map and cross-section of the Taguelft syncline and adjoining faulted anticline (after Monbaron, 1985). Stratigraphic indexes as in fig. 2.4.
The thickness of the Middle Jurassic continental deposits (jmc) reaches about 1000 m.

observer dans les talus de la route (arrêt optionnel, GPS 100 000ème Beni Mellal). La route atteint ensuite le pla-
N32 14 09 ; W 006 07 37) un dyke de direction N170 re- teau de calcaires bajociens.
coupant la série rouge des Guettioua (fig. 2.7B).
Arrêt J2-5 : Panorama sur le bassin de Taguelft et sa
Environ 1,5 km au-delà, on atteint un carrefour en patte bordure à stock gabbroïque
d’oie ; la route de droite va vers Anergui, la route de Un arrêt au bord du plateau vers 1500 m d’altitude (GPS:
gauche (R 306), que l’on emprunte, s’oriente au nord vers (32 16 46N, 006 05 39W) offre une vue magnifique vers
Naour, El Ksiba. Elle traverse à nouveau l’oued El-Abid le sud sur le synclinal de Taguelft et la ride anticlinale qui
qui entaille les dépôts versicolores de la Fm de Tilougguit le borde à l’est. La coupe correspondante (fig. 2.8B) sou-
sous-jacente. Elle s’élève ensuite en zigzag dans les for- ligne l’augmentation de l’épaisseur des dépôts du Juras-
mations calcaires bajociennes. Dans les premiers lacets sique moyen continental vers le SE, à l’approche de la ride
(GPS : N32 16 50, 006 06 42W), on peut apercevoir vers anticlinale, démontrant le jeu synsédimentaire de celle-ci
le nord, quelque 100 m au-dessus de la route, une falaise (paléofaille à regard NW ?). La zone de faille est intrudée
de conglomérats d’âge mio-pliocène reposant en discor- par le petit pluton gabbroïque/doléritique d’Aït Boulmane
dance sur la Fm de Tilougguit. Ces dépôts néogènes for- qui contient des enclaves de sédiments triasiques appa-
ment la pointe SW d’un des deux synclinaux NE-SW remment entraînées lors de son intrusion dans le Trias. Sa
présents dans ce secteur, synclinaux ouverts avec des pen- mise en place subvolcanique hors de tout contexte com-
dages de l’ordre de 25-30° sur leurs flancs (cf. carte au pressif est attestée par le système de dykes rayonnants qui
CIRCUIT C7 : LE HAUT ATLAS CENTRAL DE BENI MELLAL ET IMILCHIL 133

recoupent les grès continentaux (fig. 2.8A). L’inversion de rer (AAA), que nous avons frôlé peu après Ouaouizarht
la paléofaille et le serrage de la zone anticlinale triasique (chevauchement du R’Nim) et au sud duquel nous avons
au Tertiaire a conduit à la géométrie actuelle. roulé depuis lors (cf. fig. 2.1). La vue panoramique (fig.
Route : Poursuivre sur le plateau vers le NE. Le calcaire 2.9) s’ouvre sur le compartiment nord-occidental et mon-
bajocien est bientôt recouvert par les dépôts du Mio-Plio- tre une succession régulière de couches monoclinales à
cène aperçus en montant (arrêt optionnel au point GPS : pendage SE, dessinant des chevrons sur la pente. La teinte
32 22 24N, 006 04 15W). Il s’agit de décharges conglo- blanchâtre est caractéristique des dépôts phosphatés du
mératiques grossières, mal classées, constituées d’élé- Crétacé terminal et du début du Tertiaire (sables, marnes et
ments arrondis dont la nature polygénique témoigne du calcaires du Maastrichtien-Paléocène). Ils sont suivis par
remaniement de différentes formations calcaires sous-ja- des marnes rosées concordantes d’âge éocène, recouvertes
centes. Après plusieurs kilomètres sur le plateau dénudé, à leur tour, mais cette fois en discordance, par les pou-
on franchit un col recoupant le calcaire-corniche inférieur dingues mio-pliocènes qui affleurent en contrebas de la
verticalisé. La descente débute dans les calcaires du Lias route. Dans le talus de celle-ci, on peut observer une faille
moyen à pendage SE. inverse subverticale mettant en contact les calcaires lia-
siques du compartiment sud avec une écaille de couches
Arrêt J2-6 : Le synclinal de Naour et sa bordure
rouges jurassico-crétacées verticales, pincées dans l’acci-
faillée (Accident Arhbala-Afourer)
dent. La coupe (fig. 2.9C) montre que la zone de failles
(GPS : 32°22’24”N, 006°02’14”W)
AAA affecte tous les terrains présents, y compris ceux du
S’arrêter au premier virage de la descente vers la combe Mio-Pliocène. La tectonique compressive pliocène a peut-
synclinale. La route recoupe ici l’Accident Arhbala-Afou- être été précédée par un fonctionnement synsédimentaire

FIG. 2.9 : L’extrémité sud du synclinal de Naour et l’Accident d’Aghbala-Afourer (AAA). - A : Extrait de la carte Beni Mellal au 1/100 000. - B : Panorama sur les couches mo-
noclinales du Crétacé supérieur-Paléogène. - C : Coupe, d’après Monbaron (1985). Le contraste dans l’épaisseur des dépôts bajociens (jm2) de part et d’autre de l’AAA suggère
un jeu synsédimentaire de l’accident en faille normale à regard SE. Légende: voir fig. 2.4.
FIG. 2.9 : The southern tip of the Naour syncline and the Aghbala-Afourer fault (AAA). - A : Geological map, from the Beni Mellal sheet, scale : 1/100 000. - B : Panorama on
the Paleogene-Upper Cretaceous succession. - C : Cross-section, after Monbaron (1985). The contrasting thicknesses of the Bajocian deposits (jm2) from each side of the AAA
suggest a synsedimentary normal throw of the fault to the SE. Legend as fig. 2.4.
134 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 4

de l’AAA, comme le suggère le contraste des épaisseurs et ciès marins intertidaux (coupe de Takoust-Naour ; Löw-
des faciès des séries bajociennes et bathoniennes de part et ner, 2007). On atteint le village de Naour. Au sud, la cuesta
d’autre de la zone faillée. du Cénomanien supérieur-Turonien surmonte des couches
Route : On descend au fond de vallée, on traverse l’oued rouges. Celles-ci incluent les basaltes, objet de l’arrêt 7.
puis on roule vers le NE sur les formations phosphatées. Arrêt J2-7 : Coulées basaltiques de Naour ;
Les calcaires blancs, crayeux de l’Eocène sont flexurés et révision de l’âge du magmatisme
surmontés de marnes roses gypsifères qui sont chevau- (GPS : 32°28’09”N ; 005°53’39”W)
chées par le Lias du compartiment sud. Après avoir longé
l’AAA pendant ~5 km, la route oblique vers le nord et re- Dans le talus de la route, on recoupe d’ouest en est et de
coupe des formations crétacées de plus en plus anciennes. haut en bas (pendage général 25°W) un ensemble basaltique
On retraverse l’oued au niveau du douar Ben Cherrou, puis supérieur formé d’une succession de plusieurs coulées dé-
on le longe en rive droite sur encore ~6 km, dans une cluse camétriques, puis 3,5 m de marnes rouges intercalaires, et
qui recoupe, au-dessous du Sénonien rouge, l’épaisse dalle enfin un ensemble basaltique inférieur avec deux coulées
du Cénomanien supérieur-Turonien, maintenant subhori- décamétriques superposées. Ces coulées ont fait l’objet des
zontale, puis les différents termes du Crétacé inférieur (cf. premières études paléomagnétiques et géochronologiques
J1). La route s’infléchit vers l’est au milieu des oliveraies. portant sur les formations magmatiques de l’Atlas (West-
On quitte la feuille au 1/100 000 de Beni Mellal pour en- phal et al., 1979). Les datations K-Ar réalisées sur les pla-
trer dans celle d’Imilchil. gioclases ont donné des âges de 173±4 et 166 ± 3 Ma pour
les coulées inférieures et supérieures, respectivement. Si les
A la jonction avec la route El Ksiba-Imilchil, traverser le
résultats obtenus pour la coulée supérieure paraissaient com-
pont sur l’oued Bounoual et prendre à droite en direction
patibles avec un âge bathonien de la formation sédimentaire
de Naour (8 km), Arhbala, Imilchil (route 1901 = R317).
encaissante, attribuée à la Fm des Guettioua (Fadile, 1987 et
Cette route serpente au fond d’une vallée E-W dans la par-
2003), ceux de la coulée inférieure, avec un âge Lias supé-
tie sommitale de la Formation de Bin-el-Ouidane 3 consti-
rieur, sont problématiques.
tuée de bancs massifs de calcarénites. Les coupes
naturelles en rive droite montrent de belles figures sédi- Or la suite de la coupe vers l’est traverse la série sédi-
mentaires pluridécimétriques (stratifications obliques et mentaire sous-jacente, comportant une épaisse (5 à 8 m)
entrecroisées, structures en « arête de poisson ») qui té- barre gréseuse à environ 50 m au-dessous des basaltes
moignent d’un paléoenvironnement de plateforme litto- puis, encore au-dessous, une série pélitique rouge vif avec
rale. Au-dessus apparaissent les marnes de Tilougguit, des intercalations dolomitiques et des niveaux de marnes
particulièrement développées dans ce secteur avec des fa- grisâtres (fig. 2.10). Plusieurs échantillonnages dans cette

FIG. 2.10 : Les Couches rouges sous les basaltes de Naour, datées de l’Oxfordien-Kimméridgien par ostracodes (O) et charo-
phytes (Haddoumi et al., 2010). Ab : Aclistochara bransoni, Pk : Porochara kimmeridgiensis.
FIG. 2.10 : The Aghzif redbeds beneath the Naour basalts dated as Oxfordian-Kimmeridgian by ostracods (O) and charo-
phytes (Haddoumi et al., 2010). Ab : Aclistochara bransoni, Pk : Porochara kimmeridgiensis.
CIRCUIT C7 : LE HAUT ATLAS CENTRAL DE BENI MELLAL ET IMILCHIL 135

série ont livré des ostracodes jurassiques et des charo- contact jalonne le passage de l’AAA (fig. 2.11) qui sépare
phytes dont Porochara kimmeridgiensis marqueur de un compartiment à pendage nord (synclinal de Naour) d’un
l’Oxfordien et du Kimméridgien (Haddoumi et al, 2010). compartiment à pendage sud (synclinal de Tizi n’Isli). La
Le niveau marneux précédant la première séquence dolo- crête des Calcaires-corniches que l’on traverse correspond
mitique contient en plus Aclistochara bransoni indiquant à une flexure de la bordure septentrionale du synclinal de
un âge oxfordien très probable (Mojon et al., 2009). De Tizi n’Isli dont on va recouper des termes de plus en plus
par ses faciès, sa microfaune et sa microflore, cette série récents en allant vers le sud. On stoppe lorsque la forêt se
appartient à la partie inférieure de la Fm des Iouaridène, et raréfie et qu’un paysage se dégage en direction du sud.
non à la Fm des Guettioua. Les basaltes sus-jacents peu-
vent ainsi relever d’un épisode jurassique supérieur ou cré- Arrêt J2-8 : Panorama sur le synclinal de Tizi n’Isli
tacé inférieur ; il peut-être d’âge barrémien (cf. B2) si la et le bord nord de la zone axiale de la chaîne
barre-repère gréseuse marque la base de la Formation du (GPS : 32°28’06”N ; 005°47’32”W ; alt. 1470 m)
Jbel Sidal. Cette question demeure ouverte, mais en tout Cet arrêt se situe près d’un point géodésique repérable à
état de cause les datations K-Ar des plagioclases de ces l’ouest de la route. Le panorama vers le sud (fig. 2.12)
basaltes ne doivent plus être prises en compte. montre au premier plan les Couches rouges du synclinal
Route : Elle continue d’abord sur 8 km vers le NNE, pa- de Tizi n’Isli (fig. 2.11). La formation lagunaire de Ti-
rallèlement à l’axe du synclinal de Naour. L’ascension au lougguit y est particulièrement développée et la série conti-
Tizi n’Isli (alt. 1630 m) s’effectue dans une zone boisée ins- nentale bathonienne n’est pas représentée par la formation
tallée sur les Calcaires-corniches. La route oblique ensuite gréseuse des Guettioua, mais par une épaisse formation à
vers le sud et la descente du col débute dans une zone dé- dominante marneuse et silto-gréseuse : la Formation
nudée, interrompue par une importante crête calcaire. Ce d’Anemzi, définie plus au NE (Studer, 1987). Les plans

FIG. 2.11 : Le synclinal de Tizi n’Isli et sa région, modifié d’après la carte géologique du Maroc au 1/100 000, feuille d’Imilchil (Fadile, 2003), avec
la route suivie par l’excursion C7.- Ts : Trias et Lias inférieur ; Li :Lias inférieur ; L5-J1 AgI : Toarcien Aalénien ; J1-2 : Aalénien-Bajocien ; J2-3 :
Bajocien – Bathonian ; J3 : Bathonian ; J3-4 : Bathonien à Callovien ; C1 : Cretacé inférieur ; CII : Cénomano-Turonien ; Pvc : Plio-villafranchien ;
q : Quaternaire.
.FIG. 2.11 : The Tizi n’Isli syncline and neighbouring region, modified from the geological map of Morocco, scale 1/100 000, Imilchil sheet (Fadile,
2003), with the tour C7 itinerary.
136 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 4

FIG. 2.12 : Panorama sur la ride anticlinale de Tassent dans la zone axiale du Haut Atlas depuis le cœur du synclinal de Tizi n’Isli.
FIG. 2.12 : View toward the Tassent anticlinal ridge in the High Atlas axial zone from the core of the Tizi n’Isli syncline.

intermédiaires, concernant essentiellement la vaste aire grandes lignes paléogéographiques jurassiques et n’ayant
synclinoriale d’Ikassene, montrent les puissants dépôts eu aucun rôle majeur au Jurassique.
marneux et marno-calcaires de couleur grise qui représen-
Route : Poursuivre vers le sud, après le carrefour Aghbala-
tent la sédimentation typique du sillon atlasique. L’âge de
Imilchil situé au voisinage de l’axe du synclinal de Tizi-n-
ces séries s’étale du Lias moyen à l’Aaléno-Bajocien. Les
Isli. La route vers Imilchil, récemment goudronnée,
dépôts marneux et marno-calcaires sont particulièrement
développés au Toarcien-Aalénien-Bajocien et constituent traverse d’abord un oued (assif Ikassene) puis franchit la
la Formation d’Agoudim (Studer, 1987), affleurant large- zone faillée limitant au sud le synclinal de couches rouges
ment au cœur de la chaîne atlasique. Enfin, les crêtes des et affectant son soubassement bajocien (fig. 2.11). Au-delà
derniers plans sont formées par les calcaires de différents de la faille, on pénètre dans les formations marno-calcaires
anticlinaux et notamment par celui de Tassent, étudié pen- grises du sillon jurassique du Haut Atlas. Le Calcaire-cor-
dant les journées suivantes. niche n’est plus représenté par des calcarénites biodétri-
tiques (faciès de plateforme), comme au nord de l’AAA,
Le synclinal de Tizi n’Isli est bordé au nord par la zone
faillée AAA, dont la direction passe de NE à E-W dans mais par des calcaires en plaquettes micritiques sombres
cette région, et par des failles moins importantes au sud (faciès de sillon). Rappelons que ce « sillon » ou bassin at-
(fig. 2.11). A l’est, la terminaison périclinale apparaît peu lasique dérive d’un rift formé pendant la fracturation de la
dérangée, il y est signalé la discordance du Jurassique Pangée, essentiellement à partir du Trias moyen-supérieur,
continental sur les calcaires-corniches (Fadile, 2003). A avec une géométrie contrôlée par les structures E-W et NE-
l’ouest apparaît en revanche une torsion sigmoïde attri- SW de la croûte continentale (voir Vol. 1).
buable à un mouvement décrochant dextre sur l’AAA. En
examinant les directions axiales à l’échelle régionale (fig. Arrêt J2-9 : Plis dans le Lias du sillon atlasique entre
2.13), on observe que les structures orientées SW-NE dans Tizi n’Isli et Tassent
le sud de la région sont tordues en E-W dans le nord, sug- (GPS : 32° 24’ 40”N ; 005°44’34W)
gérant un décrochement dextre de direction E-W. Il pour- L’arrêt est localisé près de 2 km de la bordure sud du syn-
rait s’agir d’un effet de la compression NW-SE néogène, clinal de Tizi n’Isli, ~1 km au sud des calcaires bajociens
contrôlé par les paléofailles E-W limitant le haut-fond lia-
traversés en cluse. Sous les marnes du Toarcien-Aalénien
sique de la Haute-Moulouya. Morel et al. (1993) décrivent
apparaît une série du Domérien, faite de bancs décimé-
également un jeu dextre associé à la tectonique de che-
vauchement le long de l’accident nord haut-atlasique, qui triques de marno-calcaires micritiques gris-bleu et d’inter-
apparaît comme le prolongement oriental de l’AAA. bancs marneux. Les bancs dessinent des plis en chevrons
décamétriques d’axe NE, clairement visibles dans le talus
Le rôle paléogéographique de l’AAA est controversé. La de la route tout autant que sur la rive droite de l’oued Ikas-
tectonique synsédimentaire du Jurassique moyen, dont sene (fig. 2.14). Ces mésostructures peuvent être associées
nous avons vu les effets à Ouaouizarth, pourrait être argu-
aux plis d’échelle cartographique voisins, en particulier aux
mentée par des discordances signalées au SE d’Arhbala
anticlinaux et synclinaux affectant les séries du bassin (for-
(Laville, 1978 ; Fadile, 2003). Un jeu sénestre synsédi-
mation Agoudim) peu au sud de l’arrêt (fig. 2.11).
mentaire de l’AAA associé à un régime transpressif est in-
voqué par Löwner (2009). Selon Monbaron (1981), l’AAA Route : La route tourne d’abord vers le SW pour longer le
est un accident tectonique récent recoupant en sifflet les flanc nord d’un pli anticlinal de direction NE, puis tourne
CIRCUIT C7 : LE HAUT ATLAS CENTRAL DE BENI MELLAL ET IMILCHIL 137

FIG. 2.13 : Carte structurale du Haut Atlas central septentrional montrant les rides anticlinales et les synclinaux à Couches rouges, d’après le schéma structural au 1/400 000
de la feuille d’Imilchil au 1/100 000 (Fadile, 2003), modifié.
FIG. 2.13 : Structural map of the northern Central High Atlas showing the anticlinal ridges and Couches rouges synclines, after the structural sketch (scale 1/400,000) of
the geological map 1:100,000, Imilchil sheet (Fadile, 2003), modified.

FIG. 2.14 : Plis mineurs hiérarchisés (deux ordres) associés à la faille sud du synclinal Tizi n’Isli et/ou au pli anticlinal de premier ordre situé au sud de la faille
(voir fig. 2.11 ; regard vers l’ENE).
FIG. 2.14 : Eastward view of hierarchically ordered minor folds (two orders) associated with the southern fault of the Tizi n’Isly syncline and/or with the first order
anticlinal fold located south of the fault (see fig. 2.11).
138 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 4

à nouveau vers le SE pour le recouper (fig. 2.11A). Les (membre inférieur de la Fm d’Agoudim) évoluent vers des
flancs sont formés de calcaires gréseux et de lumachelles dépôts calcaires et marno-calcaires de l’Aaléno-Bajocien
d’âge toarcien et le cœur est constitué de marnes et de cal- (membre supérieur de la Fm d’Agoudim) qui déterminent
caires à silex du Lias moyen. Le trajet se poursuit vers l’est des corniches peu marquées. La vallée et la route obliquent
pendant une dizaine de kilomètres dans des séries sub-ta- ensuite vers l’ouest.
bulaires toarço-aaléniennes jusqu’à atteindre une
deuxième fois la vallée de oued Ikassène. A partir de ce Arrêt J2-10 : Dykes doléritiques et constructions
point, la route va remonter pendant une dizaine de kms récifales
cette vallée vers le sud en longeant au départ une zone de (GPS : 32°15’38”N, 005°38’41”W)
cultures sur les alluvions. Cet arrêt, choisi parmi d’autres possibilités voisines, permet
de voir dans un rayon restreint deux objets géologiques. Il
Un arrêt optionnel (GPS 32 19 58N, 005, 40, 01W) est
s’agit d’une part de dykes de basaltes doléritiques ou de mi-
préconisé après avoir dépassé le douar Ikassène et la zone
crogabbros recoupant, avec des pendages variés, les dépôts
cultivée. Il permet d’observer (fig. 2.15A) en 3D un gros
marno-calcaires de l’Aaléno-Bajocien (fig. 2.15B). D’autre
dyke doléritique recoupant les marnes toarço-aaléniennes
part, dans les pentes au-dessus des dykes, on peut observer
de la rive droite.
des épaississements localisés des corniches calcaires (fig.
La route continue dans la vallée de l’oued Ikassène, au sein 2.16). Il s’agit de petites constructions récifales ou monticules,
des séries monotones correspondant au fond plat d’un dispersés dans le plan des couches calcaires (patch reefs),
large synclinal. Les dépôts marneux du Toarço-Aalénien semblables à celles que l’on voit près de Rich (Warme, 1988 ;

FIG. 2.15 : Filons doléritiques recoupant les marnes et marno-calcaires de la Fm d’Agoudim (Toarcien-Aalénien-Bajocien) dans la vallée d’Ikassene.
Certains filons dépassent 10 km de long (cf. fig. 2.13).
FIG. 2.15 : Dolerite dykes crosscutting the marls and marly limestones of the Agoudim Fm (Toarcian-Aalenian-Bajocian) in the Ikassene valley.
Some dykes exceed 10 km in length (cf. fig. 2.13).

FIG. 2.16 : Monticule récifal développé sur un banc calcaire dans


la Fm d’Agoudim de la vallée d’Ikassene.
FIG. 2.16 : Reef mound developed in a limestone bar of the
Agoudim Fm, Ikassene Valley.
CIRCUIT C7 : LE HAUT ATLAS CENTRAL DE BENI MELLAL ET IMILCHIL 139

cf. vol. 2, circuit C1). Elles se sont formées lors du comble- abordés sont la stratigraphie du sillon atlasique, les indices
ment du sillon atlasique, avant son émersion bathonienne. de mouvements synsédimentaires au Jurassique, l’évolu-
tion régressive de la sédimentation durant le Dogger, les
Route : La monotonie des paysages grisâtres se trouve rom-
intrusions doléritiques et la déformation finale de l’Atlas.
pue par une tache rouge vif perchée au sud de la route. Il
s’agit de dépôts continentaux discordants sur la ride anticli- Route and themes (figs. 3.1, 3.2) : The first half of the day
nale de Tassent. Antérieurement attribués au Jurassique ou is dedicated to the “Plateau des Lacs” to the north of Im-
au Crétacé inférieur, ces dépôts rouges ont été récemment ilchil (Plateau des Lacs syncline and southern flank of the
datés du Paléocène par charophytes (cf. arrêt J4-6). La route Tassent anticline), and the second half, to the anticlinal
longe d’abord le flanc nord de l’anticlinal de Tassent, puis ridges and synclines south of Imilchil. The main topics are
oblique vers le sud. On traverse le chaînon anticlinal au prix the Atlas trough stratigraphy, the Jurassic synsedimentary
d’une montée abrupte où la route se rétrécit parfois dange- movements, the regressive evolution during the Dogger,
reusement, puis on atteint le col de Bab-n-Ouayad (2240 m), the doleritic intrusions, and the Atlas final deformation.
déjà sur le flanc sud de l’anticlinal, et enfin le Plateau des II- Les « rides anticlinales » de l’Atlas
Lacs où est installé le village d’Imilchil, à 2160 m d’altitude.
Ces secteurs seront analysés au cours des journées J3 et J4. Le terme de « ride » est utilisé de longue date dans l’Atlas
(Dubar, 1938) par les stratigraphes, paléontologues et sé-
J3 : Les structures de l’Atlas d’Imilchil (110 km A-R) dimentologistes pour désigner des axes paléogéogra-
phiques surélevés à sédimentation réduite ou lacunaire
Itinéraire et thèmes (figs. 3.1, 3.2) : La première partie de (Sadki, 1992), par opposition aux larges zones subsidentes
la journée est consacrée au Plateau des Lacs au nord situées de part et d’autre. Ce terme au sens proche de
d’Imilchil (synclinal des Lacs ou d’Imilchil, flanc sud de « seuil » (high, threshold), s’oppose ainsi à celui de dépo-
l’anticlinal de Tassent), la deuxième partie, aux rides anti- centre (depocentre). Dans la littérature atlasique, le terme
clinales et synclinaux situés au sud d’Imilchil. Les thèmes de « ride » est appliqué classiquement à des structures an-

FIG. 3.1 : Carte des itinéraires au nord et au sud d’Imilchil (journée J3) sur fond topographique simplifié. 1 : route asphaltée ; 2 : piste ; 3 : réseau hydrographique ; 4 : ligne de crête ; 5 : arrêts décrits.
FIG. 3.1 : Itinerary map north and south of Imilchil (Day J3) plotted on a simplified topographic map. 1 : tarred road; 2 : track ; 3: river pattern ; 4 : crest line ; 5 : stops.
140 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 4

FIG. 3.2 : Image Landsat de la région d’Imilchil. AAK : Douar Aït Ali Ou Ikkou.
FIG. 3.2 : Landsat image of the Imilchil area. AAK : Aït Ali Ou Ikkou village.

ticlinales auxquelles on reconnaît aussi une évolution syn- Route : Prendre la direction de Beni Mellal et rouler sans
sédimentaire de zone haute. Dans le Haut Atlas central, arrêt vers le nord au travers du bassin synclinal des Lacs,
ces « rides anticlinales » sont orientées en majorité N60, puis vers l’ouest jusqu’au col de Bab-n-Ouayad, sur le
mais d’autres sont transverses (N120 ou N-S). Les inter- flanc sud de l’anticlinal de Tassent, soit un trajet de 12 km
prétations tectoniques proposées pour les « rides anticli- environ. Les arrêts se feront au retour, dans l’ordre strati-
nales » de l’Atlas sont très diverses et ont donné lieu à de graphique ascendant. La série stratigraphique qu’on va
nombreuses controverses : failles inverses et amorce de rencontrer est résumée par le tableau joint (fig. 3.3). En
plis compressifs synsédimentaires (Studer & du Dresnay, passant près du lac de Tislit (« la fiancée »), on peut déjà
1980 ; Studer, 1987), intrusions magmatiques (Schaer & admirer le flanc sud de l’anticlinal de Tassent, avec une
Persoz, 1976 ; Laville & Harmand, 1982), structures com- géométrie de pli ouvert en genou dans les couches d’ex-
pressives et extensives associées à des décrochements (La- trados (fig. 3.4A).
ville, 1985 ; Laville et al., 1991 ; Laville & Piqué, 1992),
Remarque : On peut également réserver l’arrêt 1 à la
structures cassantes normales, ensuite décrochantes, puis
journée J4, consacrée à l’étude des rides anticlinales de
compressives (Ibouh, 1995, 2004, Ibouh et al., 2001),
Tassent et de Tasraft, et donc commencer la journée J3 à
structures extensives associées à du diapirisme (Bou-
l’arrêt 2. Cette solution permet de disposer de plus de
chouata et al., 1995 ; Ettaki et al., 2007), ou encore bor-
temps pour l’étude des régions autour et au sud d’Imilchil.
dures surélevées de blocs basculés, découpés par des
failles normales synsédimentaires (Jenny et al., 1981 ; III- Stratigraphie du sillon atlasique ;
Monbaron, 1982b ; Poisson et al., 1998). questions de nomenclature
Ainsi, le terme de ride met-il l’accent sur l’histoire synsédi- Les séries marines du Toarcien au Bajocien, représentées
mentaire jurassique ou crétacée des structures atlasiques et dans l’axe de la chaîne atlasique ont été définies (Studer,
tend à faire perdre de vue qu’elles constituent surtout des an- 1987) au NE du secteur d’Imilchil comme « Formation
ticlinaux du système de plis et failles inverses associés à l’in- d’Agoudim ». Dans son stratotype, où elle atteint 4500 à
version tertiaire. Nous emploierons ici la locution « ride » 5000 m d’épaisseur, elle comporte un membre inférieur es-
dans un sens strictement limité à l’histoire paléogéogra- sentiellement marneux et un membre supérieur à sédimen-
phique jurassique et crétacée et celle de « ride anticlinale » tation rythmique marno-calcaire ; ces deux membres sont
(ou d’anticlinal tout court) pour désigner ces structures ac- respectivement désignés par les indices Ag I et Ag II sur la
tuelles qui seront illustrées lors des journées suivantes, plus feuille d’Imilchil. Au-dessus de la formation marine d’Agou-
particulièrement près d’Imilchil, dans l’axe de la chaîne. dim, Studer (1987) définit la « Formation d’Anemzi » (800
CIRCUIT C7 : LE HAUT ATLAS CENTRAL DE BENI MELLAL ET IMILCHIL 141

FIG. 3.3 : La série stratigraphique de l’Atlas d’Imilchil : divisions classiques (Studer, 1987 ; Fadile, 2003) et subdivisions détaillées (Ibouh, 1995). Fossiles
indicateurs : ammonites dans le Toarcien, brachiopodes au-dessus (avec quelques ammonites, non figurées).
FIG. 3.3 : Stratigraphy of the Imilchil Atlas : classic divisions (Studer, 1987 ; Fadile, 2003) and detailed subdivisions (Ibouh, 1995). Fossil indicators :
ammonites in the Toarcian, and brachiopods above (together with some ammonites, not shown).

à 1000 m) comme une série détritique versicolore qui enre- semble cartographié comme Fm d’Imilchil sur cette carte
gistre un confinement progressif du bassin. est pris dans un sens plus large car il regroupe en fait une
série encore marine (Ag 3) et la série de transition (An1 =
Dans le secteur d’Imilchil, la succession stratigraphique
Fm d’Imilchil au sens de Ibouh, 1995).
définie par Ibouh (1995) comporte d’abord trois ensem-
bles lithostratigraphiques marins superposés (fig. 3.3): Fm A partir des stratotypes définis par Studer (1987), qui per-
de Tassent à dominante marneuse, puis marno-calcaire mettent des corrélations élargies au domaine atlasique, et
dans le souci de conserver la logique de l’enregistrement
stratocroissante ; Fm de Bab-n-Ouayad avec des cal-
sédimentaire régional, on emploiera dans ce guide la ter-
caires, et Fm de Tislit à alternances marno-calcaires
minologie suivante :
strato-décroissantes. Par-dessus ces niveaux marins vient
une série de transition marquée par l’apparition d’inter- - Groupe d’Agoudim pour les dépôts exclusivement ma-
calations continentales, qui est appelée Fm d’Imilchil. rins, avec successivement Fm de Tassent (Ag1), Fm de
Enfin, la série continentale sus-jacente, localement dis- Bab-n-Ouayad (Ag2) et Fm de Tislit (Ag3) (Lias supé-
cordante, est nommée Fm d’Isli. Ce découpage est par- rieur-Bajocien supérieur) ;
tiellement repris dans la carte géologique d’Imilchil - Groupe d’Anemzi avec la Fm d’Imilchil (An1) débutant
(Fadile, 2003). Il convient toutefois de préciser que l’en- à l’apparition de la première intercalation continentale
142 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 4

FIG. 3.4 : Le flanc sud de l’anticlinal de Tassent, vu depuis le lac de Tislit (A) et depuis le col de Bab-n-Ouayad (B). Une géométrie en pli coffré est observable
dans la Fm d’Imilchil (An1), dans le premier cliché.
FIG. 3.4 : The southern flank of the Tassent anticline, as seen from the Tislit Lake (A) and from Bab-n-Ouayad Pass (B). Notice the box fold geometry in the
Imilchil Fm (An1, upper picture).

dans la série marine et se terminant avec la dernière in- de calcaires bioclastiques. Cette formation débute avec la
cursion marine (Bajocien sup. à Bathonien inférieur ?) première combe marneuse qui apparaît en contrebas au ni-
et la Fm d’Isli (An2) (= Fm d’Anemzi sur Imilchil veau des gorges. Différentes coupes levées à sa base (Azizi
1/100 000) série exclusivement continentale sus-jacente Kadmiri, 1999) ont fourni des associations de brachio-
(Bathonien à Callovien ?). podes du Bajocien moyen et supérieur. La Formation de
Tislit se poursuit vers le sud, puissante série dans laquelle
Arrêt J3-1 : Evolution de la sédimentation
vont dominer les marnes, avec des pendages de plus en
bajocienne : Fm de Bab-n-Ouayad (Ag2) et de
plus faibles.
Tislit (Ag3) ; dyke doléritique déformé
(GPS : 32°12’36”N ; 005°41’54”W) Marcher vers le nord sur ~300 m, jusqu’au prochain vi-
rage (sub-arrêt 1B). On peut ici observer vers l’est un
Une fois atteint le col de Bab-n-Ouayad (2240 m), s’arrê- dyke doléritique de pendage N70, 50°N, traversant per-
ter au premier virage (repère géodésique) précédant la des- pendiculairement la série marno-calcaire (Fm de Tislit) de
cente raide. En ce point (sub-arrêt A), le panorama vers le pendage N70, 35°S (fig. 3.5). Le haut du dyke est décalé
SW (fig. 3.4B) montre le flanc sud de la ride de Tassent
par rapport au bas, suggérant un mouvement de glissement
avec les « calcaires-corniches » de la Fm de Bab-n-Ouayad
banc sur banc postérieur à l’injection.
(Ag2) constituée de barres calcaires intercalées de cal-
caires marneux. Des faunes de brachiopodes ont permis de Ce dyke fait partie d’un réseau de filons entourant la ride
dater cette formation du Bajocien inférieur à moyen. Elle de Tassent avec un pendage vers l’axe de celle-ci. Cette
est surmontée par la Fm de Tislit (Ag3) montrant une suc- disposition a été décrite en termes de « cone-sheets » par
cession de séquences décamétriques de marnes grises et Laville (1985) et Fadile (1987) et résulterait pour ces au-
CIRCUIT C7 : LE HAUT ATLAS CENTRAL DE BENI MELLAL ET IMILCHIL 143

Arrêt J3-2 : Les derniers dépôts marins de la


Formation de Tislit (Ag3)
(GPS : 32°12’26”N, 005°40’07”W ; alt. 2280 m)
A cet arrêt, sur le côté nord de la route, des barres modé-
rément inclinées vers le sud montrent des niveaux luma-
chelliques très riches en brachiopodes (térébratules et
rhynchonelles). La récolte de plusieurs associations de ces
brachiopodes par Azizi Kadmiri (1999) a permis de réac-
tualiser les âges (Ibouh, 2004) en datant ce niveau du Ba-
jocien supérieur-Bathonien. Les chevrons au nord de la
route présentent des intumescences dispersées suggérant
la présence de monticules construits posés sur les strates
bioclastiques (patch reef mounds) comme ceux rencontrés
à l’arrêt J2.10. Ces niveaux marquent une diminution de la
bathymétrie du bassin atlasique, peu avant son émersion
générale au Bathonien, phénomène probablement accentué
ici par la proximité de la ride de Tassent en cours de sur-
rection (cf. J3-5).
Route : Reprendre la direction d’Imilchil sur environ 2,5
km, et s’arrêter en début de descente, avant que s’ouvre le
panorama sur le lac Tislit.
FIG. 3.5 : Dyke de dolérite au nord du col Bab-n-Ouayad dans la formation de Tislit Arrêt J3-3 : Synclinal du Plateau des Lacs :
(Ag3), basculé avec les couches et décalé par un cisaillement couche-à-couche en-
traînant l’extrados de l’anticlinal de Tassent vers la charnière (i.e. vers la gauche).
Couches rouges du Dogger (An 1 et 2)
FIG. 3.5 : Dolerite dyke cutting across the Tislit Fm (Ag3) north of the Bab-n-Ouayad (GPS : 32°12’36”N, 005°38’42”W ; alt. 2380 m)
Pass. The dyke is tilted together with the strata and crosscut by a bedding-parallel shear
carrying the external layers of the Tassent anticline toward the hinge (i.e. to the left). Un premier arrêt (sub-arrêt 3A) montre, dans la série mar-
neuse au NE de la route, un niveau de marnes rouges qui
teurs d’une surpression magmatique pendant l’intrusion
marque, par convention (Ibouh, 1995), la base de la Fm
jurassique au cœur des rides. Une autre hypothèse est que
d’Imilchil (An1). Cette dernière est constituée de niveaux
ces dykes, injectés quasi verticalement comme ceux qu’on
de marnes vertes et rouges, de silts alternant avec des cal-
observe dans les synclinaux voisins à fond plat (cf. figs. caires lumachelliques, des calcaires bioclastiques et de cal-
2.7B, 2.15), ont été basculés avec leur encaissant dans les caires gréseux, à surfaces ferrugineuses. Ils présentent des
flancs nord et sud des anticlinaux au Néogène. Le mouve- figures sédimentaires associées à des environnements litto-
ment de glissement couche-à-couche observé ici est en ac- raux, des déformations hydroplastiques et parfois des fentes
cord avec cette dernière interprétation (dragage des de dessiccation indiquant des émersions temporaires.
couches d’extrados vers la charnière anticlinale).
Moins de 500 m plus au sud (sub-arrêt 3B, GPS : 32 12 30N,
Route : On fait demi-tour et roule vers Imilchil sur ~2,5 005 38 29W, alt. 2330 m), le panorama se dégage sur le Pla-
km, en restant sur le flanc sud de l’anticlinal, dans les al- teau des Lacs (fig. 3.6). On décrira ce panorama en s’aidant
ternances de calcaires et de marnes de la Fm de Tislit (Ag3). de la carte structurale de la région d’Imilchil (fig. 3.7).

FIG. 3.6 : Panorama sur le synclinal du Plateau des Lacs (synclinal d’Imilchil), depuis le bord nord du synclinal, à l’arrêt 3B, montrant les collines à intrusions gabbroïques du
lac de Tislit, et les rides anticlinales qui bordent le synclinal à l’arrière-plan.
FIG. 3.6 : Panorama on the « Plateau des Lacs » syncline (Imilchil syncline) from the northern edge of the syncline, stop 3B, showing the hills with gabbroic intrusions of the
Tislit Lake and the anticlinal ridges bordering the syncline in the background.
144 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 4

Depuis les crêtes au nord jusqu’au point d’arrêt affleurent les Isli (8 km). On circule sur le Plateau des Lacs en suivant la
parties moyenne (Ag2, Fm de Bab-n-Ouayad) et supérieure stratification des Couches rouges de la Fm d’Isli (An2).
(Ag3, Fm de Tislit) du Groupe d’Agoudim, surmontées par
Arrêt J3-5 : Les environs du lac Isli ; déformations syn-
la partie inférieure du Groupe d’Anemzi (An1, Fm d’Imil-
sédimentaires dans la Fm de Tislit (Ag3)
chil). Celle-ci se développe vers le sud, elle est constituée par
(GPS : 32°14’30”N ; 005°31’03”W)
des alternances de marnes gréseuses vertes et rouges, d’ar-
giles, de silts et de carbonates détritiques, bioclastiques et Le premier arrêt (sub-arrêt J3-5A) est consacré au site
parfois bioconstruits (des pinacles récifaux sont encore fré- (superbe) du lac Isli (2260 m) aux eaux sombres, dominé
quents dans la partie médiane de la formation). Des brachio- par des collines rouges, dans le creux synclinal entre les
podes datent ces niveaux du Bajocien supérieur-Bathonien anticlinaux de Tassent au nord et de Msadrid au sud. Les
moyen (Ibouh, 2004). Par son âge et ses faciès laguno-del- couches de grès et argiles rouges de la formation à laquelle
taïques associés aux dernières récurrences marines, la Fm il prête son nom l’entourent comme les bords d’une cor-
d’Imilchil peut être corrélée avec la Fm de Tilougguit de la beille, sauf du côté NW où un important placage quater-
bordure septentrionale du Haut Atlas (fig. 1. 14). naire descend jusqu’à son bord. Contrairement au lac de
Tislit, celui d’Isli n’a pas d’effluent. Son bassin versant est
Le passage de la Fm d’Imilchil à la Fm d’Isli (An2) se
restreint, de sorte que les apports annuels s’éliminent par
marque par la disparition des marnes vertes et des cal-
évaporation et infiltration. L’inclinaison des dépôts qua-
caires ; cette dernière formation se différencie par sa cou-
ternaires environnants et la bathymétrie anormalement éle-
leur rouge brique uniforme et par sa lithologie à dominante
vée (96 m) pour un lac endoréïque plaident en faveur d’une
gréseuse et silteuse. Localisée dans la partie axiale de la
activité néotectonique dans ce secteur.
structure synclinale, la Fm d’Isli, exclusivement continen-
tale, clôture l’enregistrement sédimentaire jurassique dans On se dirige ensuite par une mauvaise piste vers le NE du
la région d’Imilchil. Par continuité, elle est rapportée au lac jusqu’à atteindre (~2 km) les gorges d’un oued qui en-
Bathonien-? Callovien. Dans le paysage, elle affleure dans taille en cluse l’anticlinal de Tassent. Grimper sur la col-
les deux collines jumelles de la rive sud du lac de Tislit, où line située face à l’entrée des gorges pour atteindre la crête
les sédiments sont armés par des dykes rayonnants (arrêt (sub-arrêt J3-5B ; GPS N 32 14 30, W 005 31 03) d’où se
suivant). Au dernier plan s’observent, à gauche, la crête dégage un point de vue circulaire sur les couches enve-
anticlinale de Msadrid et à droite, le flanc nord de la ride loppant l’anticlinal.
anticlinale d’Aït Ali-ou-Ikkou. Ces anticlinaux sont dans le Vers le nord, le flanc SE de l’anticlinal de Tassent est des-
prolongement l’un de l’autre, à une déchirure transverse siné par la falaise des calcaires-corniches (Fm de Bab-n-
près, avec une forte courbure dans le secteur central, au Ouayad, Ag2), supportant les alternances marno-calcaires
nord du village d’Aït Ali-ou-Ikkou (fig. 3.2). La coupe de de la Fm de Tislit (Ag3). Celles-ci montrent clairement des
ces anticlinaux fait l’objet des arrêts J3-6 et suivants. amincissements et des biseaux dans la partie inférieure de la
Route : Avant de dépasser le lac en direction d’Imilchil, on série (fig. 3.8A). Des barres et des bancs de calcaires mar-
emprunte une piste en direction de l’est et descend neux s’amalgament en direction de la ride et inversement se
jusqu’au bord du lac Tislit. séparent et divergent dans la direction opposée. L’ensemble
constitue un éventail de sédimentation ouvert vers le sud,
Arrêt J3-4 : La colline à intrusions gabbroïques
en direction de la zone synclinale du Plateau des lacs.
du lac de Tislit
(GPS : 32°11’39”N ; 5°37’50”W) Vers le sud, on observera d’abord une faille subméridienne
décalant l’extrémité occidentale de la crête calcaire. Le dé-
S’arrêter au bord sud du lac. Les collines jumelles sont for-
calage d’une dizaine de mètres observé sur la crête disparaît
mées par les couches rouges silto-gréseuses de la zone de
vers le sud, étant fossilisé par les strates horizontales de la
passage entre Fm d’Imilchil et Fm d’Isli (fig. 3.7). Elles
partie haute de la colline. En se déplaçant d’environ 500m
doivent leur relief aux nombreux dykes gabbroïques qui
vers l’est sur la crête, on peut voir vers le sud une flexure
les traversent. Le sommet de la colline la plus haute est
dans les alternances marno-calcaires (fig. 3.8B). Celle-ci,
formé par des microgabbros à olivine, correspondant pro-
de direction axiale subméridienne, n’affecte pas les niveaux
bablement à un culot ou neck subvolcanique. De ce dernier
sus-jacents demeurés subhorizontaux. Elle a été considérée
partent plusieurs dykes doléritiques de directions variées
comme un pli rattaché à l’extrémité compressive d’un jeu
avec une géométrie d’ensemble radiaire. Le dispositif a été
décrochant sénestre synsédimentaire d’âge bajocien (La-
décrit par Fadile (1987) comme un « stockwerk » (terme
ville, 1985 ; Ibouh et al., 1994 ; Ibouh, 1995 ; Ibouh et al.,
plus souvent utilisé pour les filons minéralisés). Il est com-
2008). Alternativement, on peut y voir une structure conju-
parable au dispositif rencontré à Taguelft (fig. 2.6).
guée de la faille synsédimentaire juste à l’ouest, et enregis-
Route : Prendre la piste qui part vers l’est en direction du lac trant avec elle une extension E-W au cours du Bajocien.
CIRCUIT C7 : LE HAUT ATLAS CENTRAL DE BENI MELLAL ET IMILCHIL 145

FIG. 3.7 : Carte structurale de la région d’Imilchil, d’après Ibouh (1995), modifié in Michard et al. (2011). AAK : Ait Ali Ou Ikkou. 1 : Trias ; 2: Lias inférieur ; 3 : Fm Ag1 ; 4 :
Fm Ag2 (“Calcaires-corniches”) ; 5 : Fm Ag3 ; 6 : Fm Anemzi inférieure ; 7 : Fm Anemzi supérieure ; 8 : marnes et grès rouges, Paléocène sup.-Eocène inf. (?) de Tassent ; 9 : ba-
salte paléocène ; 10 : couches rouges et calcaires lacustres, Paléocène sup. de Tasraft ; 11: troctolites ; 12 : gabbros ; 13 : “diorites”, gabbros pneumatolytiques ; 14 : syénites ; 15
: dykes (dolérites/indéterminés) ; 16 : failles ; 17 : axe anticlinal ; 18 : axe synclinal ; 19 : Quaternaire.
FIG. 3.7 : Structural map of the Imilchil area, after Ibouh (1995), modified in Michard et al. (2011). AAK : Ait Ali Ou Ikkou. 1 : Triassic green basalts and argillites ; 2 : Lower Liassic
limestones; 3: Ag1 Fm.; 4: Ag2 Fm (“Calcaires-corniches”); 5: Ag3 Fm; 6 : Lower Anemzi Fm ; 7 : Upper Anemzi Fm ; 8 : Thanetian-Ypresian red marls and sandstones (Tassent) ;
9 : Upper Paleocene basalts ; 10 : Thanetian lacustrine-lagoonal limestones, marls, red sandstones and conglomerates (Tasraft) ; 11 : Troctolites ; 12 : Gabbros ; 13 : “Diorites” or
pneumatolytic gabbros ; 14 : Syenites ; 15 : Doleritic/undetermined dykes ; 16 : Faults ; 17 : Anticlinal axis ; 18 : Synclinal axis ; 19 : Quaternary deposits.

A l’entrée des gorges enfin, l’observation de la partie som- formations synsédimentaires observées dans la série
mitale de la Fm de Bab-n-Ouayad (Ag2) apporte un com- marno-calcaire (Ag3). Remaniements, éventail de sédi-
plément de données. Plusieurs bancs calcaires présentent mentation et déformations en extension sont associés à la
un aspect conglomératique. Il s’agit de faciès noduleux surrection progressive de la ride pendant le Bajocien
formés de « pseudo-galets » centimétriques de micrite moyen à supérieur.
sombre développée autour d’un fragment coquillier. Les
Route : Retour vers Imilchil. 1 km avant d’atteindre le vil-
autres bancs sont des calcaires bioclastiques pétris de frag-
lage, on peut observer dans le talus ouest de la route (arrêt
ments d’organismes marins mélangés indiquant des rema-
optionnel, GPS : 32 10 30N ; 005 38 01W) des bancs de
niements importants. Ces deux faciès évoquent des dépôts
calcaires sableux de la Fm d’Imilchil avec des déforma-
resédimentés en bas de pente.
tions synsédimentaires évoquant des expulsions ascen-
Ainsi, dès la fin de la sédimentation de plateforme calcaire sionnelles d’eau dans du matériel incomplètement lithifié.
(Ag2) sur la ride, des indices d’instabilité sédimentaire et Ces structures sédimentaires correspondent probablement
tectonique apparaissent, qui vont s’affirmer avec les dé- à des séismites.
146 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 4

FIG. 3.8 : Détail de la géométrie des couches dans la Fm de Tislit (Ag3) au nord du lac d’Isli. - A : Vue du flanc SE de l’anticlinal
de Tassent. Noter le biseautage des couches situées entre les tiretés. - B : Flexure affectant seulement une partie des couches.
FIG. 3.8 : Detail of the strata geometry in the Tislit Fm (Ag3) north of the Isli Lake. - A : View of the southeastern flank of the
Tassent anticline. Note the sedimentary wedging of the beds between the dashed lines. - B : Flexure affecting only part of the layers.

Dans l’agglomération d’Imilchil, prendre à gauche (vers Le premier arrêt (sub-arrêt 6A) se place au début du pre-
l’est) la direction de Rich. Imilchil est bâti sur la rive droite mier grand virage convexe à l’ouest qui marque l’entrée
de l’assif Melloul (« la rivière blanche »), à la limite entre des gorges. On se trouve vers la base de la formation mar-
les séries gréseuses de la Fm d’Imilchil, au nord, et les neuse de Tislit (Ag3), dans les niveaux faisant transition
marnes de la Fm de Tislit, au sud (fig. 3.7). La route se di- vers la formation calcaire de Bab-n-Ouayad (Ag2) que l’on
rige vers l’est sur 2 km, en suivant la rive droite de l’assif va recouper jusqu’au sub-arrêt 6E. Grimper d’une ving-
Melloul (fig. 3.1), puis franchit un affluent, s’oriente vers taine de mètres sur la colline en rive droite de façon à avoir
le SE et entre progressivement dans les gorges de Motzli, une vue dégagée vers l’est, le sud et l’ouest. La série est
dites aussi d’Aït Ali-ou-Ikkou. déformée par un pli ouvert, d’axe ENE plongeant à l’ouest,
Arrêt J3-6 A-E : Plis atlasiques et déformations éventré par l’érosion quaternaire (fig. 3.11A). Vers l’est
précoces dans le Bajocien de la ride anticlinale apparaît la charnière de ce pli droit isopaque (pli atlasique),
de Msadrid-AAK qui développe en hauteur une géométrie coffrée. La vue
(GPS : 32°10’01”N, 005°35’54”W) vers le SW montre l’ennoyage du pli en rive gauche de
l’assif Melloul, avec une barre carbonatée à pendage fai-
Les coordonnées indiquées sont celles de l’entrée des gorges
ble vers le nord (fig. 3.11B). Cette barre porte une succes-
d’Aït Ali-ou-Ikkou (AAK). Celles-ci offrent une coupe na-
sion de pinacles récifaux lenticulaires dont la taille tend à
turelle magnifique dans la zone de jonction des rides de
se réduire vers le nord, tandis que l’ensemble des couches
Msadrid et d’AAK (fig. 3.9). Cinq arrêts proches les uns des
dessine un éventail de sédimentation ouvert dans la même
autres (« sub-arrêts ») sur un trajet de ~1600 m permettront
direction nord. Ce dispositif conduit à envisager l’exis-
d’en comprendre la structure générale (fig. 3.10) et d’ob-
server des mésostructures de deux types, les unes synsédi- tence d’une paléopente synsédimentaire vers le nord.
mentaires, les autres atlasiques. De retour sur la route et en progressant de 500 m vers l’est,
CIRCUIT C7 : LE HAUT ATLAS CENTRAL DE BENI MELLAL ET IMILCHIL 147

FIG. 3.9 : Interprétation géologique de l’image satellitaire Google earth de la région des gorges de l’Assif Melloul, montrant les plis rencontrés
dans la vallée (cf. figs 3.10, 3.11) et la faille transverse entre les rides anticlinales de Msadrid et d’Aït Ali-Ou-Ikkou.
FIG. 3.9 : Geological interpretation of the Google earth satellite image of the Assif Melloul gorge area with the folds observed in the valley (cf. figs.
3.10, 3.11) and the transverse fault between the Msadrid and Aït Ali Ou Ikkou anticlinal ridges.

FIG. 3.10 : Coupe de la ride anticlinale de Msadrid et des plis associés, observables dans les gorges d’Aït Ali Ou Ikkou. Localisation : fig. 3.9.
FIG. 3.10 : Cross-section of the Msadrid anticline and associated folds that can be observed in the Aït Ali Ou Ikkou gorge. See fig. 3.9 for location.

puis le SE, on demeure dans les calcaires massifs de la Fm principal apparaissent deux chevrons mineurs d’axe N70
de Bab-n-Ouayad (Ag2), en traversant d’abord la zone de plongeant vers l’ouest (fig. 3.11D). Ces deux chevrons sont
charnière de ce grand pli atlasique. Or dans le flanc sud du dysharmoniques par rapport à leur enveloppe unique, où est
pli (sub-arrêt 6B) on peut reconnaître des plis hydroplas- d’ailleurs logé un monticule récifal. L’ensemble montre un
tiques à l’intérieur d’une lentille de bancs calcaires lités léger déversement nord, le flanc nord s’interrompant sur une
(fig. 3.11C) ; ces structures sont liées au glissement d’un faille inverse mineure. Remarquer que les plis d’axe N70
paquet de bancs de la pile sédimentaire sur la paléopente des arrêts A et C sont disposés en échelon sur l’axe général
du bassin, du sud vers le nord. N45 de la ride anticlinale (fig. 3.9), ce qui indique un jeu
En se déplaçant encore de 200 m vers le sud (sub-arrêt 6C), transpressif sénestre alpin sur l’axe de la ride.
on arrive dans l’axe d’un deuxième pli droit pluri-hectomé- En poursuivant vers le sud, on voit dans les couches du
trique en chevron, dessiné toujours par le calcaire-corniche flanc sud du pli précédent des indices de glissements
(Fm Bab-n-Ouayad, Ag2). En rive gauche, au cœur du pli couche-à-couche vers le nord (fig. 3.11E). Il paraît s’agir
148 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 4

FIG. 3.11 : Principales structures observables dans les gorges d’Aït Ali-Ou-Ikkou, au sein de la Fm de Bab-n-Ouayad (Ag2).-
A : Brachyanticlinal atlasique d’axe N70, vu en rive droite.- B : Renflement récifaux et couches en éventail ouvert au N, dans
le flanc NW du pli A, vu en rive gauche.- C : Plis hydroplastiques associés à un chevauchement synsédimentaire à vergence N
dans le flanc sud du pli A (en rive droite).- D : Anticlinal atlasique d’axe N60-N70 comportant deux anticlinaux mineurs dys-
harmoniques, et dont le flanc nord est tronqué sur une rampe de chevauchement (rive gauche).- E : Plis et failles de glissement
couche à couche à vergence nord dans les niveaux calcaro-marneux du flanc sud du pli D (rive gauche).- F : Surépaississement
par empilement synsédimentaire de matériaux déversés vers le nord (rive gauche).
FIG. 3.11 : Main structures observed in the Bab n’Ouayad Fm (Ag2) of the Aït Ali Ou Ikkou gorge.- A : N70-trending brachyan-
ticline from the Atlas folding event (right bank).- B : Reef mounds and sedimentary fan opened to the north in the northern limb
of fold A (left bank).- C : Hydroplastic folds linked to a northward synsedimentary sliding in the southern limb of fold A (right
bank).- D : N60-N70 trending anticline (Atlas folding) with two minor disharmonic anticlines and truncation of the northern
limbs on a thrust ramp.- E : Folds and bedding-parallel reverse faults in the southern limb of fold D (left bank).- F : Thicken-
ing of a calcareous layer by synsedimentary stacking of beds slumped to the north (left bank).

de structures précoces, mais on ne peut exclure dans leur directionnel, présent en rive droite, l’autre transverse, sub-
cas une déformation atlasique à l’extrados du pli 3.11D. parallèle à la cluse et qui sépare deux compartiments NE
Puis les couches adoptent un pendage vers le nord mono- et SW structurés différemment.
tone. A environ 700 m de l’arrêt précédent, le sub-arrêt
Au NE de la route, les calcaires bajociens de Bab-n-
6D permet de voir, dans les falaises de rive gauche, un
Ouayad (Ag2) que l’on a traversé jusqu’ici, pentés 40° vers
banc calcaire présentant un épaississement exceptionnel
le NW, sont recoupés par une faille à fort pendage vers le
(fig. 3.11F). Celui-ci résulte d’un empilement de matériaux
sud ; cette faille les met en contact avec la formation mar-
disloqués et glissés au cours de la sédimentation. Ces
neuse aaléno-bajocienne de Tassent (Ag1), pentée vers le
structures synsédimentaires indiquent à nouveau une pente
sud (sauf au contact, sous l’éboulis ?). Les marnes Ag1 oc-
vers le nord, comme au début de la coupe.
cupent ici l’axe de l’anticlinal de Msadrid, déversé vers le
Enfin, environ 200 m au-delà (sub-arrêt 6E), on atteint NW (fig. 3.10). Au SW de la route, en rive gauche de
l’intersection de deux contacts tectoniques (fig. 3.9), l’un l’oued, les calcaires Ag2 de la gorge, à fort plongement
CIRCUIT C7 : LE HAUT ATLAS CENTRAL DE BENI MELLAL ET IMILCHIL 149

NW, reposent en contact normal sur les marno-calcaires Route : Une fois terminée la coupe des gorges, on continue
et les marnes Ag1, qui présentent le même pendage NW, la en direction d’Aït Ali-ou-Ikkou et Rich. La route recoupe
série demeurant monoclinale ; l’axe anticlinal de la ride le flanc SE de l’anticlinal de Msadrid, fait de couches ma-
majeure est décalé plus au SE dans la ride AAK. rines bajociennes (Ag2 et Ag3) sur lesquelles viennent s’ap-
IV- Anticlinal atlasique et ride synsédimentaire : puyer en concordance des couches de transition (Fm
l’exemple de l’axe Msadrid - AAK d’Imilchil An1) assez réduites, puis les couches rouges
continentales bathoniennes à calloviennes (Fm d’Anemzi
L’axe anticlinal Msadrid-AAK est d’abord un bon exemple An2). On traverse l’oued Tilmi bordé de champs cultivés,
de pli atlasique majeur (premier ordre) déversé et chevau- on laisse à gauche une route secondaire allant vers le village
chant dans sa partie nord-est (Msadrid) sur le synclinal du de Tilmi au NE, puis on traverse le village d’Aït Ali-ou-
Plateau des Lacs, et accompagné de plis de second ordre Ikkou pour aller s’arrêter au sud des dernières maisons.
au front de la rampe inverse. Cette grande structure régio- Arrêt J3-7 : Terminaison NE de la ride anticlinale
nale est particulièrement remarquable par la présence d’une AAK
déchirure entre ses parties NE (Msadrid) et SW (AAK), ré- (GPS : 32°08’39”N, 005°34’28”W)
vélée par la dissymétrie observable de part et d’autre de la
cluse de l’assif Melloul. L’existence de ce décrochement Le point d’arrêt est localisé sur les basaltes triasiques altérés
transverse contemporain du plissement est encore confirmé du cœur de la ride anticlinale. On monte sur la colline, vers
par le fait que, quelques centaines de mètres plus au SE, les l’est, en suivant un niveau calcaire séparant deux coulées. La
couches de Lias moyen-supérieur affleurant au nord et au ride d’Aït Ali-ou-Ikkou (AAK) se distingue des autres rides
sud de l’assif Melloul ont des pendages opposés entre la rive de la région d’Imilchil par une zone axiale où dominent les
droite et la rive gauche. L’anticlinal de Msadrid est courbe affleurements de basaltes du Trias en coulées superposées
(cf. fig. 3.2). Il est parcouru dans son plan axial par une bien individualisées, parfois séparées par un niveau sédi-
faille directionnelle (fig. 3.9) que la route recoupe à la sor- mentaire essentiellement calcaire (Ibouh et al., 2002).
tie des gorges. Plus au sud, l’axe anticlinal est décalé laté- Depuis le sommet de la colline basaltique, on voit au pre-
ralement vers le SE par le décrochement transverse qu’on mier plan vers l’est un lambeau calcaire d’âge probable-
vient de définir et peut se raccorder aux affleurements tria- ment Lias inférieur. Il marque la limite orientale de l’axe
siques (essentiellement basaltes) d’Aït Ali-ou-Ikkou. anticlinal AAK, à la limite des couches rouges de la Fm
Mais la coupe des gorges montre un autre caractère remar- supérieure d’Anemzi, An2 (fig. 3.9). Ce type de lambeau
quable de cet axe anticlinal. En effet, les différents indices de liasique est décrit dans la ride de Tassent par Ibouh (1995)
déformations synsédimentaires observés le long du trajet mi- et interprété en terme de lentilles de décrochement juras-
litent tous en faveur de l’existence d’une paléopente sédimen- sique ultérieurement extrudées en surface par les phases
taire inclinée vers le nord pendant le Bajocien. Sur le flanc d’inversion alpine. Leur position en contact anormal avec
sud du Msadrid, le Bathonien continental repose sur une série le Trias peut également se comprendre comme le résultat
Ag2-Ag3 relativement mince par rapport au flanc nord. Ainsi d’un mouvement diapirique des masses triasiques, suivant
la ride AAK-Msadrid a dû fonctionner en zone haute ou ride l’hypothèse développée plus loin (cf. journée J4).
durant la sédimentation bajocienne. Cette interprétation sera La vue vers l’ouest permet d’admirer en premier plan, la
confirmée pour la période Bathonien-? Callovien par l’étude verdure des champs bordée de peupliers, et au second plan
de l’axe AAK lui-même (arrêt J3-8). On est amené à la conclu- le cœur de la ride AAK, occupé essentiellement par les ba-
sion que le pli atlasique s’est surimposé à une structure sur- saltes altérés verdâtres du Trias supérieur (fig. 3.12). Du
élevée jurassique. côté SE, les basaltes sont en contact tectonique (faille in-

FIG. 3.12 : Panorama sur l’axe de la ride an-


ticlinale d’Aït Ali-Ou-Ikkou, depuis la col-
line triasique au sud du village (regard vers
l’WSW).
FIG. 3.12 : Panorama on the axis of the Aït
Ali Ou Ikkou anticlinal ridge from the Trias-
sic hill in the south border of the village
(looking WSW-ward).
150 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 4

verse à fort pendage) avec les couches rouges jurassiques, subsidence des secteurs voisins (cf. dépôt des couches de la
et vers le sud avec les calcaires Ag2. Du côté NW, les ba- Fm de Tislit et d’Imilchil au NW). La question de savoir si
saltes sont en contact avec une écaille plus ou moins conti- ce soulèvement localisé résulte de déformations extensives
nue de calcaires liasiques (Feuille d’Imilchil 1/100 000) ou compressives, associées ou non à des décrochements, a
bordée par une épaisse série sédimentaire allant du Toar- été beaucoup discutée, tout autant qu’en de nombreux points
cien au Bajocien, avec des pendages diminuant rapidement du domaine atlasique (voir J3, § italique II). L’hypothèse
de la verticale (au contact avec les basaltes) à 50°NW puis d’une phase majeure de compression/ transpression juras-
à l’horizontale (au niveau de la crête formée par la Fm sique ménageant des zones de transtension a été défendue
Ag2). Cette géométrie de l’axe anticlinal triasique, limité par Laville (1985), Laville et al. (1991), Laville & Piqué
par des failles et bordé par des barres verticales du Lias (1992) et Piqué et al. (1998). Selon cette approche, la struc-
supérieur ou Aaléno-Bajocien, avec des écailles de terrains ture d’Aït-Ali-ou-Ikkou résulterait d’une transtension locale
plus anciens (Lias inférieur-moyen) fait envisager une ori-
avec effondrement sur des failles transverses N160 locali-
gine en partie diapirique pour cette structure.
sées sur l’extrémité distensive (bord SW) d’un décrochement
Route : Revenir sur le village d’Aït Ali-ou-Ikkou. Une sénestre N60-70 (Ibouh, 2004). Cependant, une telle hypo-
piste traverse la rivière et se poursuit vers le SW, au-delà thèse se heurte aux nombreuses indications de régime ex-
du village. Avec une marche complémentaire de quelques tensif généralisé (Frizon de Lamotte et al., 2008).
centaines de mètres on atteint le site de l’arrêt J3-8. Comp- L’hypothèse alternative d’une déformation en blocs bascu-
ter environ 2h pour le circuit aller-retour vers ce site. lés où les rides correspondraient aux bords surélevés des
Arrêt J3-8 : Discordance angulaire des
couches rouges bathoniennes sur la
bordure SE de la ride anticlinale AAK
(GPS : 32°07’35N, 005°35’24”W ; alt. 2300 m)
La localisation de ce site est indiquée sur la fi-
gure 3.9. La carte au 1/100 000 du Maroc,
feuille Imilchil (Fadile, 2003) indique que les
couches rouges bathoniennes sont ici en dis-
cordance sur le flanc sud de la ride d’Aït Ali-
ou-Ikkou. L’image satellitaire Google earth
est en effet éloquent (fig. 3.13A). Sur le ter-
rain, on constate que les premiers niveaux des
couches rouges, pentés de 20° à 40° vers
l’ENE, reposent en discordance angulaire sur
des niveaux sub-verticaux de marno-calcaires
de l’Aaléno-Bajocien (Ag1) et de calcaires ba-
jociens (Ag2), de direction N50 à N60 (fig.
3.13B). La série discordante, débute par des
lentilles de conglomérats bréchiques, dispo-
sées en « onlap » et dont les matériaux pro-
viennent du remaniement des calcaires
bajociens sous-jacents. La série se poursuit
par une succession de séquences de grès car-
bonatés et de marnes versicolores. C’est la Fm
supérieure d’Anemzi (An2) qui atteint des
épaisseurs considérables, de l’ordre de 1000
m, dans le creux synclinal plus à l’est.
V- Quelle origine pour la surrection
bajocienne de la ride AAK ?
FIG. 3.13 : Discordance du Bathonien sur le flanc sud de la ride d’Aït Ali-Ou-Ikkou (arrêt 8 ; localisation :
On a ici une preuve irréfutable de l’émersion fig. 3.9). -A : Image satellitaire (Google earth). tB : basaltes triasiques ; Ag2 : Bajocien; An2 : Bathonien à
et de l’érosion active d’une partie de la ride Callovien.- B : Vue du contact discordant.

durant la période de la fin du Bajocien-début FIG. 3.13 : The Bathonian unconformity on the southern limb of the Aït Ali Ou Ikkou ridge (stop 8, fig. 3.9
for location). -A : Satellite view (Google earth). tB : Triassic basalts ; Ag2 : Bajocian ; An2 : Bathonian
du Bathonien, contemporaine d’une certaine to Callovian.- B : Field aspect of the unconformity.
CIRCUIT C7 : LE HAUT ATLAS CENTRAL DE BENI MELLAL ET IMILCHIL 151

blocs a été défendue par Jenny et al. (1981), Monbaron, Route : Retourner au douar Aït Ali-ou-Ikkou et reprendre
(1982b) et, dans le Moyen Atlas, par Charrière (1990). Une la route vers le SE (en direction de Rich).
troisième voie mérite d’être envisagée, faisant appel au dia-
pirisme. Il est en effet connu que les basaltes du Trias supé- Arrêt J3-9 : Traces de pas de dinosaures dans
rieur sont situés au sommet d’une série salifère qui produit le Jurassique moyen continental
d’importantes structures diapiriques dans le Haut Atlas oc- (GPS : 32°08’13”N ; 005°33’39”W)
cidental et le bassin d’Essaouira (cf. Nouveaux Guides, vol. Cet arrêt en bord de route permet, avec l’autorisation du
6) ainsi que dans le Rif externe (Nouveaux Guides, vol. 5). propriétaire de l’enclos, de voir de belles empreintes de
On peut proposer avec Michard et al. (2011) qu’une halo- dinosaures sur une dalle gréseuse rouge violacé à pendage
cinèse /argilocinèse alignée sur un accident de socle ait dé- NW. Son toit présente une piste d’empreintes tridactyles
buté dès le Lias moyen et déterminé un relief dans la partie de petites dimensions (fig. 3.14), vraisemblablement
sud du futur axe anticlinal (Aït Ali-ou-Ikkou), alors que sa celles d’un Théropode, fortement imprimées dans la roche
partie nord (Msadrid) restait peu ou pas soulevée. On re- (l’animal devait courir !). En dessous et à gauche de la
viendra sur cette hypothèse à propos des rides de Tassent et
dalle principale, sur un banc sous-jacent, une petite em-
de Tasraft (journée J4).
preinte ovoïde de Sauropode est visible, en partie cachée
par le banc supérieur. Enfin la dalle principale offre un
autre type d’empreintes peu profondes mais de grande
taille, dont la diagnose reste à faire. Ces ichnofossiles sont
conservés sur des strates de la Fm d’Anemzi (An2), d’âge
bathonien-? callovien.
Route : On poursuit vers le sud en descendant dans la série
jurassique rouge du synclinal d’Aït Ali-ou-Ikkou jusqu’au
village de Sountat, puis jusqu’aux barres calcaires du Ba-
jocien, au nord du village de Tissila.

Arrêt J3-10 : L’anticlinal d’Azilal n’Tafghoult


prolongeant la faille Tizal-Azourki
(GPS : 32° 06’ 47”N ; 005° 32’ 39”W)
Entre les deux villages de Sountat au nord et Tissila au sud,
cet arrêt permet de voir vers le SW la coupe naturelle d’une
nouvelle structure anticlinale de direction N70. La série sédi-
mentaire est représentée au cœur du pli par les marnes et
marno-calcaires du Toarcien-Aalénien et se termine dans le
flanc nord par des falaises carbonatées du Bajocien (fig. 3.15).
Ce pli majeur présente un cœur déformé par de multiples plis
mineurs associés à des failles inverses. Il est situé sur le pro-
longement oriental de la faille Tizal-Azourki, linéament ma-
FIG. 3.14 : Piste de Dinosaurien tridactyle (Théropode) au SE d’Aït
Ali-Ou-Ikkou (arrêt J3-9). Les enjambées sont d’environ 0,5 m.
FIG. 3.14 : Tridactyl Dinosaurian trail (Theropod) SE of Aït Ali Ou jeur du Haut Atlas central (cf. fig. 2.1), prolongeant lui-même
Ikkou village (stop J3-9). Strides are about 0.5 m long. l’une des branches de la faille du Tizi n’ Test, dans le Haut

FIG. 3.15 : L’anticlinal d’Azilal n’Tafghoult et ses replis dysharmoniques mineurs, vus du NE.
FIG. 3.15 : Azilal n’Tafghoult anticline and its disharmonic minor folds, seen from the NE.
152 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 4

Atlas de Marrakech (Ibouh, 2004 ; Ibouh et al. 2001). cordants sur le cœur de la ride. Chronologie des déforma-
tions et l’implication possible du diapirisme.
Route : Si le temps le permet, on peut continuer vers le
sud jusqu’au carrefour des routes vers Rich (à l’est) et vers Route and themes (fig. 4.1) : Tassent Ridge (continuation
Tineghir-Errachidia (au sud) pour un dernier arrêt avant de of J3): structure of the ridge axis : Triassic basalts and
rentrer vers Imilchil. evaporitic clays, Liassic slivers, magmatic intrusions (gab-
bro, diorite and syenite), unconformable Paleocene cover;
Arrêt J3-11 : Grand dyke dans le Jurassique
Toarcian-Aalenian synsedimentary deformation. Tasraft
(GPS : 32°06’02”N, 005°30’52”W)
Ridge : NE pericline ; Paleocene deposits overlying un-
En s’arrêtant à proximité du carrefour, on peut observer conformably the ridge axis. Chronology of the ridge build-
vers l’ouest une butte-témoin formée de marnes, marno- ing and role of diapirism.
calcaires et calcaires du Toarcien-Aalénien, qui est traver-
Route : Quitter Imilchil par la route de Beni Mellal. At-
sée par un dyke doléritique de direction N85. Large de 4 à teindre le col de Bab-n-Ouayad (~12 km au nord d’Imil-
5 m, le dyke présente une double bordure figée décolorée. chil), comme décrit dans l’arrêt 1 de la journée précédente.
Il est décalé par des décrochements NW-SE et par des On situera les objectifs de la journée, d’une part à l’aide de
mouvements conjugués de glissement banc sur banc de la la carte figure 3.7, d’autre part avec la coupe figure 4.2.
série aaléno-bajocienne. Ce grand dyke est à rattacher à un
centre intrusif présent plus au SW et matérialisé par un Arrêt J4-1 : Biseaux sédimentaires bajociens au flanc
massif intrusif de roches grenues (massif de Tadaghmamt, sud de la ride de Tassent
sur l’axe Tizal-Azourki ; cf. fig. 2.1). (GPS : 32°12’36”N ; 005°41’54”W ; alt. 2240 m)
Stopper au-delà du col de Bab-n-Ouayad (~2300 m), avant
J4 : Les rides anticlinales de Tassent et de Tasraft
la descente en forte pente au cours de laquelle la route de-
(70 km A-R, dont 20 km de piste) vient très étroite. Poursuivre à pied en descendant à gauche
Itinéraire et thèmes (fig. 4.1) : Ride anticlinale de Tas- de la route (fig. 4.3A ; attention aux chutes de pierres !). La
sent (suite de J3) : structure du cœur de la ride : argilites et ride anticlinale est dissymétrique : le flanc nord de la ride
basaltes triasiques, écailles de calcaires liasiques, intru- est dominé par le flanc sud où affleurent les « calcaires-
sions grenues (gabbro, diorite et syénite) ; série discor- corniches » de Bab-n-Ouayad (Ag 2). La cluse de l’oued
dante paléocène ; déformations synsédimentaires dans le donne une coupe naturelle dans cette formation (fig. 4.2B)
Toarcien-Aalénien du flanc nord. Ride anticlinale de Tas- qui montre une organisation en séquences décamétriques
raft : terminaison périclinale NE ; dépôts paléocènes dis- terminées par des barres calcaires plus massives. Une ob-
servation attentive suggère un amincissement
progressif de certains bancs vers l’axe de la ride,
indiquant un prisme sédimentaire en éventail ou-
vert vers le sud dans la formation Ag2. Il est ce-
pendant difficile de faire la part de la
perspective, et les observations ne sont pas de la
qualité de celles faites à l’est (arrêt J3-5) dans
des niveaux un peu plus jeunes (Ag3).
Route : Après avoir descendu une partie de la
rampe (environ 100 m de dénivelée), stopper sur
la première plate-forme en bordure ouest de la
route.
Arrêt J4-2 : Le cœur de la ride : Trias et
roches intrusives
(GPS : 32°13’09”N ; 005°42’02”W)
Ce premier arrêt assez haut dans le cœur de la ride
anticlinale donne un beau point de vue vers
l’ouest (fig. 4.4). La première observation est
qu’une faille subverticale, malheureusement ca-
chée sous les éboulis, doit passer entre les cal-
caires bajociens du flanc sud et l’axe anticlinal de
FIG. 4.1: - A : Itinéraire et arrêts de la journée J4 sur fond de carte topographique au 1/50 000.
FIG. 4.1 : A : Itinerary and stops of Day J4, plotted on the topographic map, scale : 1/50 000.
Blue : tarred road ; red : track la ride. Les épaisses formations marno-calcaires
CIRCUIT C7 : LE HAUT ATLAS CENTRAL DE BENI MELLAL ET IMILCHIL 153

FIG. 4.2 : Coupe d’ensemble à travers les structures de l’Atlas d’Imilchil. Localisation : fig 3.7.
FIG. 4.2: Overall cross-section through the Imilchil Atlas. See fig 3.7 for location.

FIG. 4.3 : Flanc sud de la ride anticlinale de Tassent.- A : Image Google basculée situant l’arrêt J4-1 (point de vue du cliché B) et montrant un éventail de stratification dans la base
de la Fm Ag2, en contact faillé (F) avec le cœur de la ride (Trias probable sous l’éboulis : t ?).- B : Vue depuis le col Bab-n-Ouayad. Noter l’épaississement de plusieurs barres cal-
caires en direction du sud.
FIG. 4.3 : Southern limb of the Tassent anticlinal ridge. - A : Tilted Google earth image showing the stop J4-1 (point of view B) and a sedimentary fan at the bottom of the Fm
Ag2, close to the fault (F) bounding the core of the anticlinal ridge (Trias t ? hidden beneath yhe slope formations). –B : View from the Bab-n-Ouayad pass. Note the thickening
of several limestone bars towards the south.

FIG. 4.4 : Vue axiale du cœur de la ride anticlinale de Tassent à l’ouest de la route, depuis les premiers virages de la descente. Comparer avec la figure 4.3A.
FIG. 4.4 : Westward axial view of the core of the Tassent anticlinal ridge as seen from the first upper bends of the road. Compare with fig. 4.3A.
154 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 4

du sillon atlasique et le Lias calcaire sont supprimés. cœur anticlinal et correspondent à trois intrusions juxta-
posées du SW au NE (Bougadir, 1991 ; Rahimi et al. 1991).
En second lieu, on observe la complexité du cœur de la
Chaque intrusion comporte trois unités pétrographiques :
ride anticlinale, qui inclut des roches magmatiques di-
une unité basique (troctolites et gabbros), une unité inter-
verses: diorites, gabbros et troctolites, intrusives dans des
médiaire (diorites, diorites quartziques, monzodiorites) et
basaltes altérés verdâtres (Trias terminal) et des forma-
une unité différenciée (syénites). Les caractères géochi-
tions sédimentaires : argilites roses triasiques et masses
miques des roches (fig. 4.5) ont conduit à les considérer
calcaires liasiques. Toutes ces roches sont disposées de comme d’affinité alcaline (Bougadir, 1991 ; Saidi, 1992 ;
façon chaotique dans l’axe de la ride. Le point d’obser- Lhachmi et al., 2001) ou transitionnelle (Zayane, 1992 ;
vation lui-même est établi sur une lame calcaire verticale Zayane et al., 2002), caractéristiques d’un volcanisme ano-
recristallisée et minéralisée (cipolin). Dans le talus nord rogénique. Elles dérivent de l’évolution d’un liquide ba-
de la route, on observe un contact métamorphique cipolin- sique par un processus de cristallisation fractionnée dans
gabbro avec, sur environ 2 m, des blocs de cipolins em- une chambre magmatique que les géobaromètres situent à
ballés dans une roche gabbroïque très altérée. Une bordure une profondeur de 10-15 km. Une contamination crustale
figée est bien individualisée à la périphérie du corps gab- interviendrait à un stade tardif de la différenciation mag-
broïque dont le cœur montre par ailleurs des veinules matique (Zayane et al., 2002).
d’amiante. L’organisation d’ensemble de la ride évoque
L’âge classiquement admis (Jurassique moyen-supérieur)
une structure diapirique, compliquée par l’injection de
n’est basé que sur un petit nombre de mesures effectuées
magmas subvolcaniques.
sur des biotites extraites de gabbros-diorites par Hailwood
Vers l’est, la partie haute du cœur de la ride montre des et Mitchell (1971). Deux datations de dykes sur roche totale
couches continentales et une coulée de basalte que l’on ob- ont toutefois fourni à ces auteurs des âges crétacé inférieur.
servera mieux à l’arrêt suivant. D’autres datations plus récentes (Armando, 1999) réali-
sées dans une autre ride (Tirrhist) sur une troctolite et un
VI- Quelques données sur les magmas intrusifs
gabbro à olivine ont donné respectivement 151,3 ± 0,5 Ma
(Jurassique sup. ? Crétacé inf.)
et 145 ± 0,5 Ma (Jurassique terminal). La mise en place fi-
Les roches magmatiques sont bien développées dans la ride nale des intrusions (étape extrusive, Ibouh 1995, 2004)
de Tassent où elles occupent environ 60% de la surface du semble s’être effectuée à froid, sans métamorphisme de

FIG. 4.5 : Géochimie des roches intrusives du Haut Atlas central (Zayane et al., 2002). (a) Dia-
grammes des alcalins montrant le caractère transitionnel des roches basiques (cercles pleins), in-
termédiaires (cercles vides) et évoluées (triangles). (b) : Spectre des Terres Rares (même
symboles).
FIG. 4.5 : Geochemistry of the Central High Atlas intrusive rocks (Zayane et al., 2002). (a) Alka-
line diagrams showing the transitional character of the basic rocks (full circles), intermediate
(empty circles) and differentiated (triangles) ; (b) : Rare earth spectrum (same symbols).
CIRCUIT C7 : LE HAUT ATLAS CENTRAL DE BENI MELLAL ET IMILCHIL 155

contact dans l’encaissant, mais avec une activité hydro- une dissymétrie frappante, observable aussi bien dans le pay-
thermale. Les nouvelles datations micropaléontologiques sage que sur l’image satellitaire (fig. 4.6). Le Calcaire-cor-
obtenues dans les terrains discordants sus-jacents (arrêt 3) niche (Ag2) constitue une imposante falaise du côté sud, et
montrent que ce dernier épisode est anté-Thanétien. en revanche n’est pas du tout représenté sur le flanc nord.
Celui-ci est constitué par les marnes et marno-calcaires de la
Route : Poursuivre la descente sur environ 1 km, en né-
Fm de Tassent (Ag1) du Toarcien-Aalénien, en série normale
gociant un virage en épingle, jusqu’à atteindre une nou-
en bas de la coupe et se renversant vers le haut. On remarque
velle plateforme où stationner, en contrebas de la
en outre une diminution de l’épaisseur des couches vers le
précédente (fig. 4.6). secteur proche de la faille bordant la ride. L’interprétation de
Arrêt J4-3 : Les formations paléocènes discordantes cette variation latérale de l’épaisseur des couches (qui affecte
sur le cœur anticlinal principalement les marnes, mais aussi les calcaires) est déli-
(GPS : 32°13’19N ; 005°42’10W) cate. Elle pourrait résulter de deux processus liés à un diapi-
risme des argilites salifères, i) un éventail de sédimentation
Cet arrêt est établi, comme le précédent, sur une lame ver- s’ouvrant en direction du nord et témoignant d’un soulève-
ticale de calcaires liasiques, à côté de gabbros altérés qui ment synsédimentaire de la ride durant le Toarcien-Aalénien,
affleurent dans le talus de la route. Vers l’ouest, le cœur de et ii) un effet mécanique postérieur, dû à la poursuite de l’in-
la ride montre une autre lame calcaire (Lias inférieur) des- trusion diapirique du Lias jusqu’au Jurassique moyen au
sinant un pli anticlinal aigu à axe N70 plongeant vers le moins (cf. l’éventail observé dans les formations Ag3 du
sud, avec des argilites roses (Trias) dans son plan axial ver- flanc sud de la ride à l’arrêt J3-5).
tical. Mais l’intérêt principal de ce nouvel arrêt dans l’axe
La structure du cœur de la ride est complexe. Dans la par-
anticlinal est qu’il permet de bien voir vers l’est le syncli-
tie inférieure, on retrouve un corps magmatique gabbroïque
nal de couches paléocènes discordantes sur le cœur de la
(affleurant également dans le talus de la route) encaissé
ride et sur son flanc nord (fig. 4.7).
dans des basaltes triasiques verdâtres. Au contact des
Les flancs de la ride, tous deux limités par faille, présentent marno-calcaires du flanc nord, on rencontre une lame cal-

FIG. 4.6 : Image satellitaire (Google earth) de la ride de Tassent à l’est de la route (pointillé rouge), montrant la dis-
symétrie des flancs, l’éventail de sédimentation dans le Toarcien-Aalénien du flanc nord, et le témoin de couverture
paléocène discordante. P(a) : grès et argiles rouges paléocènes. Ts(b) : Trias supérieur (basaltes altérés). Ag1 : Fm de
Tassent (Toarcien-Aalénien) ; Ag 2 : Fm de Bab-n-Ouayad (Bajocien inférieur-moyen) ; Ag3 : Fm de Tislit (Bajocien
supérieur-Bathonien).
FIG. 4.6 : Satellite image (Google earth) of the Tassent ridge east of the road (red dotted line) showing the limb asym-
metry, the sedimentary fans in the Toarcian-Aalenian of the northern limb, and the remainder of unconformable Pale-
ocene cover. P(a): Paleocene red beds ; Ts(b) : Upper Triassic (altered basalts) ; Ag1 : Tassent Fm. (Toarcian-Aalenian) ;
Ag2 : Bab-n-Ouayad Fm (Lower-Middle Bajocian) ; Ag3 : Tislit Fm (Upper Bajocian-Bathonian).
156 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 4

FIG. 4.7 : Vues axiales de la ride anticlinale de Tassent à l’est de la route. - A : Vue d’ensemble depuis l’arrêt
J4-4 (comparer avec la figure 4.6). - B : Vue rapprochée du Paléocène discordant.
FIG. 4.7 : Axial views of the Tassent anticlinal ridge east of the road. - A : Overview from stop J4-4 (compare
with fig. 4.6). - B : Closer view of the unconformable Palaeocene.

caire verticale (Lias ?) et latéralement, une autre lame en l’axe d’un anticlinal et non dans l’axe des synclinaux voi-
position horizontale. Au-dessus, reposent en discordance sins, où l’érosion récente très active a déblayé les dépôts
des dépôts sédimentaires gréseux rubéfiés, surmontés par post-jurassiques. La sédimentation continentale paléocène
des basaltes qui sont à leur tour recouverts de dépôts rouges s’est faite au pied des falaises bajociennes, qui a préservé
concordants, l’ensemble étant déformé en synclinal ouvert les dépôts discordants au toit de la structure antiforme tria-
d’axe N70. Une coupe correcte de ce dispositif a été four- sique injectée de magmas jurassico-crétacés. La géomé-
nie par Chèvremont (1975), à ceci près que les terrains dis- trie de cette antiforme faillée évoque un diapir allongé
cordants se trouvaient alors attribués au Crétacé, ce qui est (« mur de sel »). Cette structure s’est probablement déve-
encore le cas sur les cartes géologiques les plus récentes loppée en relation avec une paléofaille (faille de Tassent,
(Fadile, 2003). Or la série sédimentaire rouge supra-basal- Ibouh et al., 1994). L’ensemble est finalement repris en pli
tique a livré des ostracodes et des charophytes indiquant un anticlinal durant l’inversion néogène. On reviendra sur
âge thanétien-yprésien inférieur (Charrière et al., 2009). cette problématique à l’arrêt 7.
L’âge le plus probable pour les couches rouges sous-ja-
Route : Poursuivre la descente vers le village de Tassent,
centes, structuralement indissociables, est donc Paléocène.
puis stationner près de la maison forestière sous les peu-
On remarquera que le synclinal paléocène est perché sur pliers.
CIRCUIT C7 : LE HAUT ATLAS CENTRAL DE BENI MELLAL ET IMILCHIL 157

Arrêt J4-4 : Failles normales synsédimentaires dans vers la ride anticlinale de Tasraft. La terminaison nord-est
le Toarcien -Aalénien du flanc nord de la ride de de cette ride est accessible à partir d’une piste pour 4x4
Tassent (Circuit pédestre, environ 2h) (compter au moins 4 h A/R). Cette piste débute en face de
(GPS : 32°13’28”N ; 005° 42’58”W ; alt. 1920 m) la maison forestière de Tassent en direction de l’ouest et re-
Depuis la maison forestière de Tassent, se diriger vers coupe l’oued dès son départ. Elle serpente ensuite à travers
l’ouest sur la colline de la rive gauche de l’oued (qu’il faut les marnes et les marno-calcaires de l’Aaléno-Bajocien. A
traverser à gué) jusqu’à la dernière maison avec des peu- mi-pente une bifurcation se présente, prendre obligatoire-
pliers (GPS N 32 13 28, W 005 42 58). Vers l’ouest af- ment vers le nord, même si l’état de ce tronçon n’est pas
fleure largement la série marneuse (Ag1) du flanc nord de très engageant, surtout après la saison des pluies. La suite
la ride de Tassent. On se dirige à pied vers les talwegs les du trajet est visible sur la vue satellitaire (fig. 4.9).
plus proches de la ride. On y observe plusieurs failles nor- Arrêt J4-5 : Terminaison périclinale nord-orientale
males (fig. 4.8) de direction moyenne allant de N135 à de la ride de Tasraft
N160 et à pendage moyen de 50°, tantôt vers l’ouest, tan- (GPS : 32°16’22”N ; 005°43’12”W ; alt. 2330 m)
tôt vers l’est. Ces failles décalent les niveaux de calcaires
L’arrêt est situé au terme de l’ascension, là où la piste tra-
gréseux du Toarcien supérieur et sont fossilisées par les ni-
verse l’enveloppe périclinale NE du synclinal de Tasraft
veaux sus-jacents. Les miroirs sont ondulés et présentent
(fig. 4.9). Le replat débute avec des calcaires bajociens
deux générations de stries : une première génération syn-
(Ag2) qui dessinent une superbe terminaison périclinale
sédimentaire, indiquant des mouvements en faille normale
dont on aura une vue d’ensemble ultérieurement (arrêt J4-
et une deuxième génération post-sédimentaire sur des en-
7). Ces calcaires présentent un clivage schisteux, vrai-
duits calcitiques, généralement liée à des mouvements dé-
semblablement en relation avec la torsion péri-anticlinale.
crochants. Les failles de première génération sont par
Après les avoir recoupés, on pénètre dans le cœur de la
endroit ouvertes et présentent un remplissage de dépôts
ride, qui montre, d’une part, au nord de la piste, des argi-
sus-jacents sous forme de filons synsédimentaires (dykes
lites rouges gypsifères (intercalations centimétriques de
neptuniens). Cette tectonique extensive toarcienne a été
gypse ou gypse dispersé) et des basaltes triasiques et, d’au-
identifiée en plusieurs points du domaine atlasique central
tre part, au sud de la piste, des reliefs calcaires de structure
(Ibouh et al., 2000 ; Ibouh, 2004).
grossièrement synclinale. Ces calcaires blancs appartien-
Route : De retour aux voitures, on se dirige maintenant nent à la série discordante sur les matériaux de la ride. De-

FIG. 4.8 : Paléofailles normales dans le flanc sud de la ride anticlinale de Tassent. Le trait rouge marque la limite du cœur de la ride
(Trias et gabbro intrusif). Le stéréogramme concerne les failles synsédimentaires.
FIG. 4.8 : Normal paleofaults in the southern limb of the Tassent anticlinal ridge. The red line marks the boundary of the ridge core
(Triassic and intrusive gabbro). The stereogram concerns the synsedimentary faults.
158 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 4

FIG 4.9 : Image satellitaire (Google earth oblique) du périclinal NE de la ride de Tasraft, montrant le reliquat de couverture continentale d’âge
paléocène conservé sur l’axe de la ride. Ts : Trias supérieur, avec (a) : argilites rouges gypsifères, et (b) : basaltes altérés; l1-2 : Lias inférieur-
moyen calcaire ; Ag1 Fm de Tassent (Toarcien-Aalénien) ; Ag 2 : Fm de Bab-n-Ouayad (Bajocien inférieur-moyen) ; Ag3 : Fm de Tislit (Bajo-
cien supérieur-Bathonien) ; b1 à b5 : barres calcaires de la série paléocène discordante.
FIG. 4.9 : Satellite image (Google earth, tilted) of the north-eastern pericline of the Tasraft ridge, showing the Paleocene continental cover pre-
served on the ridge axis. Ts : Upper Triassic, with (a) gypsiferous red beds, and (b) : altered basalts ; l1-2 : Lower-Middle Liassic limestones ;
Ag1: Tassent Fm (Toarcian-Aalenian) ; Ag 2 : Bab-n-Ouayad Fm (Lower-Middle Bajocian) ; Ag 3 : Tislit Fm (Upper Bajocian-Bathonian) ; b1-
b5 : limestone bars of the unconformable Paleocene series.

puis la cartographie exploratrice de Bourcart (1942), ils C1) et la succession observable (fig. 4.11) sont ainsi dé-
étaient attribués au Cénomanien. La série sous-jacente crites par Charrière et al. (2009) :
montre des alternances de barres carbonatées et de couches
“La succession la plus complète débute avec un conglo-
rouges continentales qui étaient attribuées, par voie de
mérat polygénique formé de matériaux sédimentaires (cal-
conséquence, au Crétacé inférieur, au Jurassique supérieur
caires marins du Dogger provenant des flancs de la ride) et
ou au Jurassique moyen. Or il s’agit en fait d’une série
de matériaux éruptifs (notamment gabbros et autres roches
d’âge paléocène supérieur (cf. J4-6).
grenues, ainsi que des basaltes, originaires du cœur de la
Cette série discordante, objet de l’arrêt suivant, est bien pré- ride). La série est organisée en cinq séquences qui débutent
servée seulement dans les limites du périclinal de calcaires par des termes détritiques de moins en moins grossiers vers
bajociens, où elle présente une forme de synclinal perché le haut : conglomérats, puis grès, silts et marnes (m) et se
(fig. 4.9). On reviendra plus loin sur les raisons possibles de terminent par des dépôts calcaires (b) de plus en plus dé-
cette disposition singulière, déjà rencontrée à Tassent. veloppés. Les séries marneuses évoluent de marnes et silts
rubéfiés à passées conglomératiques (m1) vers des faciès
Route : En poursuivant la piste vers le SW, on longe toujours
plus argileux, jaunâtres (m4). Les barres calcaires (b) pré-
au NW le Trias, mais au SE des termes de plus en plus anciens
sentent différents types de microfaciès d’eau douce (à on-
de la série paléocène. Le contact entre les deux ensembles se
colithes, débris de thalles et gyrogonites de charophytes,
marque généralement par une faille et une flexuration des ter-
ostracodes) qui témoignent d’environnements lacustres et
rains paléocènes dénotant un soulèvement post-thanétien de
fluvio-lacustres affectés par des conditions hydrodyna-
la partie axiale et nord occidentale de la ride.
miques très fluctuantes. Dans certaines barres (b2, b4, b5),
Arrêt J4-6 : Coupes dans la série paléocène des influences laguno-marines sont attestées par la pré-
discordante sence de quelques niveaux à foraminifères.”
(GPS : 32°15’59”N, 005°43’51”W ; alt. 2310 m)
“Les ostracodes laguno-lacustres Candonidae et Limno-
S’arrêter au point de rebroussement de la piste vers le nord cytheridae (Timiriaseviinae : Metacypris sp.; Limnocythe-
pour débuter une coupe (sub-arrêt J4-6A) dans l’un des rinae: Limnocythere sp.), très abondants, sont des formes
deux talwegs avoisinants. La coupe WSW-ENE (fig. 4.10, caractéristiques du Crétacé terminal–Paléocène. Les cha-
CIRCUIT C7 : LE HAUT ATLAS CENTRAL DE BENI MELLAL ET IMILCHIL 159

FIG. 4.10 : Trois coupes dans la Fm de Tasraft (Paléocène), discordante sur la terminaison NE de la ride anticlinale de Tassent (extrait de Charrière et al., 2009).
FIG. 4.10 : Three cross-sections in the Tasraft Fm (Paleocene), overlying unconformably the NE tip of the Tasraft anticlinal ridge (from Charrière et al., 2009).

rophytes (fig. 1.14H-I) comprennent cinq genres et es- temps et dans l’espace en direction du nord-ouest. »
pèces : Microchara vestita, Nitellopsis (Campaniella) he-
Route : Poursuivre la piste vers le nord. A proximité du
licteres, Sphaerochara edda, Harrisichara tougnetensis,
chemin, on rencontrera divers éléments disparates du cœur
Pseudolatochara sp. qui sont des formes classiques des
de la ride : diorite et lambeaux de calcaires jurassiques,
bassins ouest-européens et notamment des bassins nord et
parfois entièrement ferruginisés.
sud-pyrénéens. Leur association se rapporte au Paléocène
supérieur (Thanétien). Il est intéressant de noter la pré- Arrêt J4-7 : Vue panoramique à partir du flanc nord
sence de Pseudolatochara sp. et surtout la fréquence à tous (GPS : 32°16’36”N ; 005°40’60”W ; alt. 2360 m)
les niveaux de Microchara vestita (marqueurs du Thané- Ce troisième et dernier arrêt est situé sur la crête NW de la
tien et de l’Ilerdien inférieur-moyen, y compris à la base ride, d’où on découvre un superbe panorama sur le cœur
des calcaires b1 et dans la barre sommitale b5 (diagnoses chaotique de la ride et la terminaison périclinale (fig. 4.12)
paléontologiques P.-O. Mojon)”. que dessinent les calcaires bajociens (comparer à la vue sa-
Des coupes réalisées orthogonalement au flanc SE de la tellitaire fig. 4.9). Les calcaires enveloppent la dépression
ride (sub-arrêt J4- 6B) montrent des biseautages et des correspondant au cœur de la ride, constitué surtout par les
discordances imputables à des déformations synsédimen- argilites gypsifères (entaillées par le talweg situé à l’est) et
taires au cours du Thanétien (fig. 4.10, coupes 2 et 3). les basaltes triasico-liasiques. On voit aussi, posée sur le
Cette mobilité est également décelable dans l’enregistre- cœur de la ride anticlinale, la colline paléocène faite de
ment sédimentaire. Les barres calcaires sommitales fu- couches rouges et de calcaires blancs (cf. coupe C1). Au-
sionnent entre elles. On constate que « les barres dessous de la corniche sommitale, des masses calcaires
carbonatées, dont la base est fréquemment constituée de chaotiques sont visibles, faites de blocs disposés de façon
brèches intraformationnelles, sont en fait formées de corps plus ou moins anarchique. Ces masses se raccordent aux
lenticulaires d’épaisseur métrique, se relayant dans le corniches b2 et b3 et correspondent à des déformations hy-
160 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 4

FIG. 4.11 : Les niveaux repères de la Fm de Tasraft. A gauche : marnes et barres de calcaire lacustre (b) de la partie inférieure (cf. fig. 4.10), regard
vers le NW. A droite : calcaires de la partie supérieure, regard vers le N.
FIG. 4.11 : The reference layers of the Tasraft Fm. Left: marls and lacustrine limestone bars (b) of the lower part (cf. fig. 4.10), looking NW-ward.
Right: Uppermost bars of the series, looking northward.

FIG. 4.12 : Vue d’ensemble de la terminaison périclinale NE de la ride anticlinale de Tasraft et du synclinal paléocène superposé, depuis les crêtes ba-
jociennes septentrionales (arrêt 7 ; localisation fig. 4.10). Comparer avec la fig. 4.9.
FIG. 4.12 : Overview of the NE pericline of the Tasraft anticlinal ridge and of the superimposed Paleocene syncline, from the northern Bajocian
crests (stop 7; see fig. 4.10 for location). Compare with fig. 4.9.

droplastiques survenues durant la sédimentation thané- structure curieuse, déjà vue à Tassent, d’un synclinal pa-
tienne. La structure dissymétrique du synclinal n’est pas vi- léocène conservé au cœur d’un anticlinal de Trias-Juras-
sible de ce point de vue, mais le dernier document joint (fig. sique. Michard et al. (2011) proposent l’explication
4.13) permet de visualiser les biseautages des couches du suivante : la sédimentation continentale et laguno-marine
Paléocène vers le SE et leur épaississement en direction du paléocène s’est faite, à Tassent en contrebas d’une crête
NW. Ce dispositif illustre le caractère syntectonique de la bajocienne, et à Tasraft, dans un périclinal éventré, dans
sédimentation thanétienne en relation avec le soulèvement des creux d’un bassin (par ailleurs peu profond) corres-
du flanc SE de la ride de Tasraft. pondant au cœur de rides antiformes faillées de type dia-
pirique. Celles-ci se sont probablement développées en
Route : Reprendre la piste en sens inverse vers Tassent, relation avec une paléofaille profonde située sous les rides
puis rentrer à Imilchil, ce qui offre l’occasion de faire le (notion de « mur diapirique »). A Tassent, un jeu normal
point sur les rides anticlinales observées. de la faille profonde durant le Thanétien peut rendre
compte de l’épanchement volcanique paléocène conservé
VII- Les rides anticlinales du Haut Atlas d’Imilchil :
au cœur de la ride. Ultérieurement, l’ensemble des flancs
bilan et discussion
jurassiques et des dépôts thanétiens sera repris en com-
Sur la position des synclinaux paléocènes et le rôle vrai- pression lors des serrages alpins avec formation des plis
semblable du diapirisme.- A Tasraft, on retrouve cette actuels et inversion de la faille axiale entraînant dans les
CIRCUIT C7 : LE HAUT ATLAS CENTRAL DE BENI MELLAL ET IMILCHIL 161

FIG. 4.13 : Vue satellitaire oblique (Google earth) sur le synclinal paléocène de la ride de Tasraft. b1-b5 : barres calcaires repères (voir fig. 4.10).
Noter l’ouverture vers le NW du prisme sédimentaire paléocène, conséquence de la surrection de la bordure SE de la ride durant le Thanétien.
FIG. 4.13 : Satellite oblique view on the Palaeocene syncline of the Tasraft ridge. b1-b5 : limestones bars (see fig. 4.10). Notice the NW-ward
opening of the Paleocene sedimentary prism, suggesting an uplift of the south-eastern border of the ridge during the Thanetian.

deux cas une surélévation du compartiment NW par rap- feste en de nombreux point dans un contexte de paléo-en-
port au compartiment SE. Les dépôts paléocènes s’éten- vironnement de plateforme littorale. A Tassent, des éven-
daient plus ou moins largement sur les synclinaux actuels tails de sédimentation se rencontrent sur les flancs sud
mais l’érosion plus intense de ceux-ci (inversion morpho- (arrêts J3-5, J4-1) et nord (arrêt J4-3). Des failles trans-
logique) les a fait disparaître, sauf à l’abri des crêtes ba- verses et des flexures N-S sont fossilisées au cours de la
jociennes. période bajocienne. Dans la zone anticlinale de Msadrid
Sur la paléogéographie du Paléocène et les mouvements (arrêts J3-6), la sédimentation a enregistré d’importantes
ultérieurs.- Le caractère laguno-marin d’une partie des déformations hydroplastiques (slumps, masses glissées) té-
dépôts carbonatés de Tasraft prouve qu’il ne s’agit pas moignant de paléopentes vers le nord qu’on peut mettre
d’un simple petit bassin continental localisé au pied d’un en relation avec l’ébauche de la ride d’Aït-Ali-ou-Ikkou
relief, et implique au contraire une relation avec la mer située juste au sud.
paléocène. Or les affleurements marins phosphatés paléo-
Au cours du Bathonien, dans un contexte de sédimentation
cènes sont limités actuellement aux bordures nord et sud
continentale, se manifestent des soulèvements plus impor-
du Haut Atlas central. L’affleurement le plus proche se
tants en bordure de certaines rides et plus particulièrement
situe à 25 km au NW et à des altitudes avoisinant 1500 m.
du flanc sud d’Aït-Ali-ou-Ikkou (arrêt J3-8), dont l’émer-
On est donc amené, d’une part, à envisager une relation
sion est démontrée par la discordance de différents termes
paléogéographique privilégiée avec ce secteur septentrio-
bathoniens ou calloviens, les termes les plus récents (An2)
nal et, d’autre part, à estimer le décalage vertical post-
reposant directement sur les assises liasiques préalable-
thanétien à un millier de mètres (l’altitude du synclinal de
ment basculées et érodées.
Tasraft étant proche de 2500 m).
Sur la chronologie et le mécanisme des déformations.- Au Une grande lacune de l’enregistrement sédimentaire
Toarcien-Aalénien, dans un contexte de bassin marin sub- tronque ensuite toute information relative au Jurassique
sident, sont enregistrés les premiers indices d’une tectonique supérieur et à la totalité du Crétacé. La structure des rides
synsédimentaire en contexte extensif, associant vraisembla- de Tassent et de Tasraft, avec les corps magmatiques in-
blement tectonique de blocs basculés et diapirisme. Ceci se trudés, était proche de celle que l’on observe aujourd’hui,
manifeste par un réseau de failles normales synsédimen- dès avant le Thanétien.
taires exposées au nord de la ride de Tasraft (J4-4). Des dé- Durant le Thanétien, une sédimentation continentale, la-
pôts conglomératiques aaléniens, localisés sur le flanc sud custre et localement laguno-marine (arrêt J4-6) s’installe
de la ride de Tasraft (Fadile, 1987, 2003), remanient des au cœur des rides en débordant vraisemblablement large-
calcaires et marno-calcaires du Lias, ainsi que des basaltes ment vers le nord en direction de la « mer des phos-
probablement triasiques. Ces remaniements signent une pre- phates ». Il s’agit d’une sédimentation syntectonique
mière ébauche de structuration de la ride de Tasraft. (Tasraft) qui a été localement interrompue par un épisode
Durant l’Aaléno-Bajocien, la mobilité des rides se mani- volcanique (Tassent, arrêt J4-2).
162 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 4

L’évolution post-paléocène se marque par un serrage des jurassico-crétacées du versant nord du Haut Atlas, ainsi
synclinaux et des rides anticlinales, dont certaines tendent que de la découverte du Paléocène discordant sur les rides
à chevaucher les synclinaux (Msadrid). Ce raccourcisse- d’Imilchil. Les auteurs remercient A. Michard pour son
ment de la couverture s’est accompagné d’un décollement aide dans la mise en forme de nombreuses figures et sur-
dans les assises triasiques, au-dessus d’un socle resté cas- tout pour son implication, y compris sur le terrain, dans les
sant. Dans les rides où des formations paléocènes assez débats sur la tectonique des « rides atlasiques ». Ils re-
épaisses s’étaient accumulées, elles sont ployées en syncli- mercient enfin E. Rjimati (Ministère de l’Energie et des
nal, tandis que se produit une verticalisation, voire un ren- Mines, Rabat) pour sa participation active à la dernière
versement des flancs jurassiques. Un chevauchement assez mission d’Octobre 2010 sur le terrain.
prononcé du Trias de la ride sur son flanc peut se manifes-
ter (ride Aït Ali-ou-Ikkou, arrêt J3-8). Enfin, un décalage
Références
vertical de 1000 m se produit entre l’ensemble des rides du
secteur d’Imilchil et les régions atlasiques septentrionales ANDREU B. (1991) : Les Ostracodes du Crétacé moyen (Barrémien à Tu-
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léocènes du Haut Atlas central par rapport à celles du Tadla
ANDREU B., COLIN J.-P., HADDOUMI H. & CHARRIÈRE A. (2003) : Les Os-
dépasse 2000 m. tracodes des « Couches rouges » du synclinal d’Aït Attab, Haut
Sur le magmatisme.- Avec Ibouh (2004), on peut envisager Atlas Central. Maroc : systématique, biostratigraphie, paléoé-
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une mise en place des corps magmatiques en deux étapes :
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L’étape intrusive est celle de la mise en place et cristallisa- petrography, mineralogy and geochemistry of the Jebel Hayim
tion des corps magmatiques vers 10-15 km de profondeur Massif (Central High Atlas – Morocco). Mémoires de Géologie
(encadré VI). Ces intrusions peuvent être associées à l’un ou Lausanne, 31, 106 p.
l’autre des épisodes effusifs B1 (fin Jurassique moyen) ou AZIZI KADMIRI R. (1999) : Stratigraphie, sédimentologie et analyse sé-
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Atlas central (J1 et J2), ou à un évènement d’âge intermé- II, 240p.
diaire. Les datations isotopiques disponibles plaident en fa- BARBERO L., TEIXELL A., ARBOLEYA M.L., DEL RIO P., REINERS P.W. &
veur de cette dernière hypothèse, mais leur rareté et leur BOUGADIR B. (2006) : Jurassic-to-present thermal history of the
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La remontée halocinétique /argilocinétique de matériaux BEAUCHAMP W., ALLMENDINGER R.W., BARAZANGI M., DEMNATI M., EL
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magmas jusqu’à des profondeurs moindres et préparé BOUCHOUATA A., CANÉROT J., SOUHEL A. & & GHARIB A. (1995) : Stra-
tigraphie séquentielle et évolution géodynamique du Jurassique
l’étape suivante. Dans un deuxième temps, une étape extru-
de la région Talmest-Tazoult (Haut Atlas central, Maroc). C. R.
sive, associerait la remontée en surface des corps magma- Acad Sci, Paris, 320, 749-756.
tiques avec les autres matériaux du cœur des rides : argilites BOUGADIR B. (1991) : Les complexes plutoniques alcalins de la ride de
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Les auteurs tiennent à témoigner leur reconnaissance à leur de l’âge paléocène des dépôts discordants sur les rides anticli-
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CIRCUIT C7 : LE HAUT ATLAS CENTRAL DE BENI MELLAL ET IMILCHIL 163

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ANNEXES
166 NOUVEAUX GUIDES GÉOLOGIQUES ET MINIERS DU MAROC - VOLUME 4

Annexe 1 / Appendix 1 : Légende générale de la carte géologique du Maroc au 1/1000000

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