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Le bassin de Tizi n'Test (Haut Atlas, Maroc) : exemple d'évolution d'un segment
oblique au rift de l'Atlantique central au Trias

Article in Canadian Journal of Earth Sciences · July 2003

DOI: 10.1139/e03-029

CITATIONS READS

26 3,116

3 authors:

Abdelmounim Qarbous Fida Medina

University Mohammed V – Agdal, Scientific Institute, Rabat, Morocco Moroccan Association of Geosciences
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Christian Hoepffner
Mohammed V University of Rabat
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949

Le bassin de Tizi n’Test (Haut Atlas, Maroc) :

exemple d’évolution d’un segment oblique au rift
de l’Atlantique central au Trias
Abdelmounim Qarbous, Fida Medina et Christian Hoepffner

Résumé : La cartographie détaillée, complétée par une étude microtectonique du bassin triasique de Tizi n’Test, situé
le long de la Zone de faille du Tizi n’Test dans le Haut Atlas marocain, a permis de préciser la géométrie des structures
et le fonctionnement des failles au Trias, au cours de la distension contemporaine du rifting de l’Atlantique central.
Celle-ci se matérialise par l’individualisation d’un rift, actuellement inversé et déformé par la collision Afrique–Europe,
constitué de demi-grabens et grabens d’échelle kilométrique limités par des failles bordières majeures de direction
N.E.–S.W. à E.N.E.–W.S.W., à pendage vers le N.W. ou le N.N.W., à jeu normal synsédimentaire. L’analyse inverse
des plans de faille striés montre un état de contrainte hétérogène au Trias. Cependant, dans les sites les plus significatifs,
la contrainte maximale σ1 est verticale, et la contrainte minimale σ3 est horizontale et en majorité de direction N.W.–S.E.
La composante décrochante est très faible, voire négligeable, ce qui est notable en raison de l’obliquité de la direction
du bassin par rapport au Rift atlantique.
Abstract: Detailed mapping completed by a microtectonic study of the Tizi n’Test Triassic basin, located along the
Tizi n’Test fault zone in the Moroccan High Atlas, has allowed us to improve the knowledge on the geometry of the
structures and the activity of faults during the Triassic extensional events related to the rifting of the central Atlantic.
The latter are reflected by the development of a rift, at present inverted and deformed by the collision of Africa and
Europe, comprising kilometric-scale grabens and half-grabens bounded by major faults trending ENE–WSW, with a dip
towards the NNW, and a dip-slip syndepositional motion. Inverse analysis of fault slickenside populations shows a
heterogeneous Triassic state of stress. However, in the most significant measurement sites, the maximum horizontal
stress σ1 is vertical, while the minimum stress σ3 is horizontal with a NW–SE trend. The strike-slip component appears
to be very small during the Triassic, a noticeable fact because of the obliquity of the basin with respect to the Atlantic rift.

Qarbous et al. 964

Introduction Dans le bassin de Fundy (fig. 1A), la structure est contrôlée

Au Trias, la dislocation de la Pangée et le rifting de
l’Atlantique central ont été accompagnés d’une distension
généralisée, à l’origine de la naissance de nombreux bassins
le long de la côte est de l’Amérique du Nord et la côte ouest
de l’Afrique nord-occidentale (Marcoux et al. 1993; fig. 1A).
La plupart de ces bassins sont plus ou moins parallèles à
l’axe du rift, mais à l’approche du seuil des Grands Bancs,
situé à la terminaison nord du rift, ils s’infléchissent pour
prendre une direction E.N.E.–W.S.W. à E.–W. C’est le cas
des bassins de Fundy, d’Orpheus, du Haut Atlas et d’autres
bassins de dimensions plus modestes situés principalement
au Maroc (fig. 1B), comme ceux de Khemisset (Et-Touhami
1994) et Oujda (Oujidi et Elmi 2000).
par la géométrie et le jeu polyphasé du système de failles
Cobequid–Chedabucto, qui limite le bassin vers le nord et le
nord-ouest. Pendant la phase de distension triasique N.W.–S.E.,
le déplacement est normal à l’ouest, où le système de failles
est de direction N.E.–S.W., mais est décrochant (normal-)
senestre plus à l’est, le long de la branche E.–W. (Olsen et
Schlische 1990; Withjack et al. 1995; Wade et al. 1996).
Au Maroc, les bassins triasiques du Haut Atlas, orientés
E.N.E.–W.S.W. à E.–W. (fig. 1B), sont obliques de 40° par
rapport au Rift atlantique (orienté N.N.E.–S.S.W.) contre lequel
ils se terminent vers l’ouest dans la région d’Essaouira–Agadir.
Du fait de cette disposition et compte-tenu de la direction
d’extension régionale N.W.–S.E. au Trias, se pose le problème
du mécanisme d’ouverture de ces bassins : en transtension

Reçu le 20 novembre 2002. Accepté le 31 mars 2003. Publié sur le site Web des Presses scientifiques du CNRC à
http://rcst.cnrc.ca, le 24 June, 2003.
Article confié à D. Lavoie, éditeur délégué.
A. Qarbous et C. Hoepffner. Département des Sciences de la Terre, Faculté des Sciences, Université Mohammed V-Agdal,
Avenue Ibn Batouta, B.P. 1014 RP, Rabat, Maroc.
F. Medina1. Département de Géologie, Institut Scientifique, Université Mohammed V-Agdal, Avenue Ibn Batouta, B.P. 703 Agdal,
Rabat, Maroc.
1. Auteur correspondant (courriel : medina@israbat.ac.ma).

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Fig. 1. (A) Reconstitution paléogéographique du Nord-Ouest de l’Afrique et du Nord-Est de l’Amérique du Nord au Trias (d’après
Marcoux et al. 1993; simplifié et modifié), et localisation de la coupe de la figure 10. CCFZ, zone de fracture Cobequid–Chedabucto;
GB, Grands Bancs; SAFZ, zone de fracture sud-atlasique; IB, Ibérie. (B) Carte des bassins triasiques du Maroc (d’après Laville et
Piqué 1991; Medina 2000a). A, Argana; E, Essaouira; Dk, Doukkala; B, Berrechid – El Gara; Kh, Khemisset; HA, Haut Atlas central;
TNT, Tizi n’Test; K, Kerrouchene; ZFTT, Zone de faille de Tizi n’Test. Principales localités : MA, Marrakech; OU, Ouarzazate; TA,
Taroudant; AG, Agadir; ES, Essaouira; RA, Rabat.

ou en distension pure? Les travaux menés au cours des
décennies 1970 et 1980 sur les séries triasiques du Haut
Atlas suggèrent une évolution en transtension, avec un rôle
prédominant des décrochements (Petit 1976; Laville 1981;
Laville et Petit 1984). Ce concept a été remis en question
par des études de détail plus récentes menées sur certains
segments, qui montrent le jeu normal des failles bordières
atlasiques (Medina et Errami 1996) et une tectonique plus
précoce que celle des bassins côtiers atlantiques (Medina
2000a). Les secteurs clés qui pourraient apporter des réponses
plausibles à ce problème sont le Haut Atlas central et la
Zone de faille de Tizi n’Test (ZFTT ci-après) dans la région
du col éponyme, mais c’est cette dernière qui est la plus propice
par la qualité des affleurements et la facilité d’accès. C’est
ainsi que dans le cadre d’un programme mené depuis 1994
couvrant tout le Haut Atlas occidental (Medina et Errami
1996; El Fariati 1997; Mustaphi et al. 1997; Errami 2001),
la ZFTT a été étudiée à travers une cartographie détaillée au
1 : 30 000 et l’état de contrainte au cours du Trias a été
reconstitué par une analyse micro-structurale des plans de
faille à l’aide de programmes d’inversion. Les résultats de
l’étude et leurs implications sur la compréhension du rifting
triasique au Maroc sont exposés et discutés dans cet article.
Cadre régional et travaux antérieurs
Au Maroc, lèvre nord-orientale du rift de l’Atlantique central
(fig. 1A), les bassins triasiques et du Permien terminal pro
parte (fig. 1B) sont situés au sein de blocs restés à l’abri de
l’orogenèse alpine, comme les Mesetas occidentale et orientale,
et à l’intérieur de zones plus déformées, comme le Moyen
Atlas et le Haut Atlas (Laville et Piqué 1991; Medina 2000a).
Dans la Meseta occidentale, les bassins sont à remplissage
d’évaporites et de basaltes d’âge fini-triasique (Rhétien–
Hettangien). Leur structure correspond à des grabens ou à
des demi-grabens dont les failles bordières, orientées N.N.E.–
S.S.W. à E.N.E.–W.S.W., sont plus ou moins perpendiculai-
res à la direction d’extension régionale N.W.–S.E. (El War-
titi et al. 1992; Aït Brahim et Tahiri 1996; Medina 2000b).
Les bassins du Haut Atlas montrent des séries à domi-
nance détritique et d’âge plus étalé : Permien terminal (Jalil
2001) pour les formations basales, et Anisien–Ladinien (El
Arabi et al. 2002) à Hettangien pour les formations sommi-
tales. Leur structure, beaucoup plus complexe, correspond à
des réseaux de horsts, grabens et demi-grabens où les diffé-
rences d’épaisseur sont parfois très marquées (Proust 1973;
Laville 1981; Medina 2000a).
La ZFTT s’étend à travers le Haut Atlas depuis Agadir à
l’ouest jusqu’à Zaouiat Ahensal à l’est, sur presque 350 km,
selon une direction N.E.–S.W. à E.–W. (Proust et al. 1977;
Jenny 1983) (fig. 2). Dans la région d’Agadir, elle n’apparaît
qu’à travers la sismique-réflexion (Mustaphi et al. 1997).
Plus à l’est, le réseau de failles émerge à l’affleurement dans
la partie méridionale du couloir d’Argana, puis traverse tout
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Qarbous et al.
le Massif ancien, délimitant des bassins triasiques comme
ceux de Tine Mellil et de Tizi n’Test. Encore plus à l’est, la
ZFTT traverse les formations triasiques et jurassiques du
Haut Atlas central au sud de Demnat (Jenny 1983). Le segment
qui fait l’objet de cet article se situe dans la partie occidentale
de la ZFTT, au sein du Massif ancien du Haut Atlas, entre
les villages d’Ijoukak et de Tirknit (cf. fig. 4).
Du point de vue cinématique, la ZFTT a connu une évolution
polyphasée : jeu vertical au Paléozoïque inférieur (Binot et
al. 1986), décrochant dextre à la fin du Carbonifère (Petit
1976; Proust et al. 1977; Ouanaïmi et Petit 1992), décrochant
senestre du Trias à l’Eocène, puis inverse au Mio-Pliocène
(Proust et al. 1977; Ouanaïmi et Petit 1992).
Lithostratigraphie et environnement
sédimentaire
La série permo-triasique du Haut Atlas comprend six
formations définies à l’est du Massif ancien par Biron
(1982). Ces formations sont, de bas en haut : les conglomérats
d’Anrar (ou formation F1) d’âge indéterminé (Permien
terminal ?); les siltites de Cham-El-Houa (ou formation F2),
d’âge Permien terminal probable; le conglomérat de Timalizene
(F3); la siltite d’Anouffig (F4), d’âge Trias moyen probable
en référence aux dernières découvertes paléontologiques dans
les niveaux équivalents des régions voisines (Medina et al.
2001; El Arabi et al. 2002); les grès de l’Oukaimeden (F5),
d’âge carnien (Cousminer et Manspeizer 1976; El Youssi
1986); et la siltite de Tafilalt (F6), d’âge probable Norien. À
cette série fait suite un épais complexe de coulées de basaltes
tholéiitiques datés de 200 Ma environ (Sebai et al. 1991). La
région du Tizi n’Test ne comprend que les quatre formations
supérieures (fig. 3); du point de vue sédimentologique, elles
appartiennent en majorité au « central basin facies » défini
par Mattis (1977), caractérisé par une épaisseur importante
des niveaux grossiers, et au « marginal basin facies », com-
prenant des dépôts fins de faible épaisseur. Le « northern ba-
sin facies », qui comporte des niveaux grossiers à la base,
n’apparaît pas dans la zone d’étude. La description de la
succession exposée par Armand et al. (1980, p. 69 et 70) est
résumée au tableau 1 en empruntant la nomenclature lithos-
tratigraphique de Biron (1983).
Les épaisseurs et les faciès varient très rapidement en
fonction de la position des formations au sein du bassin
(fig. 3). Par exemple, les formations F3 et F4 sont minces
dans la région de Talat n’Yacoub (fig. 3, coupes A, B et C),
et plus épaisses à l’extrémité occidentale du secteur d’Idni
(Armand et al. 1980). De même, la formation F5, peu épaisse
dans la partie nord du secteur de Talat n’Yacoub, s’épaissit
notablement au centre du même secteur (fig. 3, coupe C).
L’épaisseur cumulée maximale mesurée sur le terrain est de
l’ordre de 800 m, mais semble supérieure à cette valeur en
coupe, probablement en raison des incertitudes sur les limites
de couches sur la carte (cf. fig. 6).
Selon Petit et Beauchamp (1986) et Benaouiss (1996), les
mesures des marqueurs de sens de courant dans les grès de
l’Oukaimeden (litage oblique, dunes et vagues sableuses)
indiquent que le sens des paléocourants était en majorité
vers l’W.S.W., ce qui est en opposition avec les conclusions
de Mattis (1977) qui trouve des sens dominants vers l’est.
Ces éléments indiquent que le bassin était probablement
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ouvert vers l’ouest, en direction du bassin d’Argana à travers
le Massif ancien, dont l’individualisation aurait eu lieu après
le Trias.
Malgré l’absence du complexe basaltique dans la région,
les formations du Tizi n’Test ont été le siège de manifestations
volcaniques modestes, exprimées par des dykes de dolérites
de puissance décimétrique à décamétrique orientés N.N.W.–
S.S.E. Cette direction est retrouvée plus à l’ouest à Tine
Mellil (Medina et Errami 1996) et à Argana, autour du neck
de Zarhenrhine, bien que les dykes soient attribués ici au
Permien (Aït Chayeb et al. 1998).
Analyse structurale du bassin triasique de
Tizi n’Test
À l’exception de sa partie occidentale, la structure actuelle
du bassin du Tizi n’Test est un synclinal (le synclinal du
N’Fis de Dresch 1941) qui résulte de l’inversion et (ou) de la
déformation pendant le Tertiaire de structures distensives
triasiques, notamment les failles majeures bordières héritées
de l’orogenèse hercynienne (Proust 1973; Petit 1976; Laville
et Piqué 1991; Piqué et Laville 1993). Trois secteurs peuvent
être distingués, chacun correspondant à un ancien graben ou
demi-graben limité au sud par le réseau de failles anastomosées
de la ZFTT. Ces secteurs sont du N.E. au S.W. (fig. 4 et 5) :
– Le secteur de Talat n’Yacoub (fig. 4A), synclinal
complexe dont le coeur affleure actuellement sur environ
30 km selon une direction E.N.E.–W.S.W. Les flancs nord et
sud sont affectés respectivement par les failles de Tinmel et
de Tadafelt, qui déterminent du nord au sud, les compartiments
de Tinmel, de Talat n’Yacoub – Ijoukak, et d’Aguadirane
(fig. 4B).
– Le secteur d’Idni, graben inverse limité au sud par le
réseau de failles anastomosées nord-Ouchden et au nord par
la faille de Tadafelt (fig. 4).
– Le secteur de Tirknit (fig. 5), demi-graben simple limité
au sud par les failles de Tirknit et d’Anghour.
Failles principales
La faille de Tinmel est à jeu inverse (fig. 4, coupe C2).
Elle affecte la partie nord du secteur de Talat n’Yacoub,
séparant le compartiment de Tinmel au nord du comparti-
ment de Talat n’Yacoub – Ijoukak au sud. Vers l’ouest, elle
est de direction W.N.W.–E.S.E., à pendage S.S.W. et son rejet
vertical est d’au moins 300 m. Elle permet, par son jeu inverse,
le chevauchement vers le nord du bloc paléozoïque de Tadafelt
sur la formation F6 du compartiment de Tinmel. À l’est, elle
est de direction N.E.–S.W., à pendage moyen vers le S.E., et
met en contact la formation F5 du compartiment de Talat
n’Yacoub – Ijoukak avec la même formation du compartiment
de Tinmel. Ce jeu s’amortit rapidement à environ 100 m à
l’est de la Kasba d’Awrir n’Gouj (fig. 4), où ne subsiste
qu’un pli dans la formation F5.
La faille de Tadafelt (fig. 4, coupe C3) constitue la limite
sud du compartiment de Talat n’Yacoub – Ijoukak et la limite
nord de celui d’Idni. Vers l’ouest, elle est de direction
W.N.W.–E.S.E. et à pendage moyen vers le N.N.E.; son jeu
inverse permet le chevauchement du bloc paléozoïque de
Tadafelt sur les formations triasiques. Vers le nord-est, le
segment oriental de cette faille est de direction E.N.E.–
W.S.W., et met en contact les dépôts gréseux du synclinal de
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Tassaft ainsi que le bloc paléozoïque de Tadafelt sur la

hercyniens; 4, Trias moyen-supérieur et Permien terminal pro parte; 5, dépôts post-triasiques; 6, roches volcaniques jurassiques; 7, faille; 8, chevauchement majeur; 9, limite de

formation F6. L’extrémité orientale de cette faille est

Fig. 2. Carte de la Zone de faille de Tizi n’Test, d’après Petit (1976) et Jenny (1983). 1, Précambrien et Paléozoïque anté-stéphanien; 2, Stéphanien et Autunien; 3, granites

tronquée par une faille chevauchante vers le nord qui fait

partie du système de failles nord-Ouchden.
Les failles nord-Ouchden (fig. 4, coupes C1, C2, C3) sont
représentées par un ensemble de plans anastomosés de longueur
hectométrique à kilométrique qui longent au nord les formations
paléozoïques du Jbel Ouchden. Ce sont des failles de direction
N.E.–S.W. et à pendage généralement fort vers le sud-est,
qui permettent le chevauchement des formations paléozoïques
sur la formation F6 des compartiments d’Aguadirane et d’Idni.
La faille de Tirknit (fig. 5, coupe C4) est rectiligne sur environ
20 km à travers le secteur de Tirknit, avec une direction
générale E.N.E.–W.S.W. et un pendage de 65° N.W. Elle est
relayée plus à l’est par la faille d’Anghour, de même direction
et pendage.

Géométrie des compartiments

Secteur de Talat n’Yacoub
Dans la partie orientale du secteur de Talat n’Yacoub, le
synclinal de demi-longueur d’onde plurikilométrique (au moins
3 km) montre dans son coeur les argilites sommitales de la
formation F6 (fig. 4, coupe C1). Le flanc sud est recoupé
longitudinalement par la faille inverse d’Ijoukak, de direction
E.N.E.–W.S.W., et à pendage N.N.W. Ces structures com-
pressives reprennent des structures distensives plus ancien-
nes, puisque les dépôts de la formation F6 sont plus épais
dans le flanc sud, ce qui témoigne d’un ancien éventail ouvert
vers le sud. Par conséquent, la structure originelle au Trias
était probablement celle d’un demi-graben de direction
E.N.E.–W.S.W. dont la faille bordière est celle qui limite
actuellement ce synclinal au sud de la faille d’Ijoukak. Le
jeu normal de cette faille au cours de l’ouverture du bassin a
été à l’origine des slumps observés au sommet de la formation
F6.
Plus à l’ouest, dans le compartiment de Tinmel au nord de
la faille éponyme, la barre gréseuse de la formation F5,
d’épaisseur localement réduite (150 m), est décalée par des
failles normales synsédimentaires N.–S. et E.–W. (fig. 4,
coupe C2), dont certaines ont été basculées à l’horizontale
par la compression tardive (Armand et al. 1980; Petit et
Beauchamp 1986). Ces failles sont localement responsables
de brusques variations latérales d’épaisseur au sein de la
formation F6 (p. ex. la faille près de Tinmel décrite par Petit
et Beauchamp 1986). Entre les failles de Tinmel et de Tadafelt,
les grès de l’Oukaimeden, à faciès plus fin, atteignent 800 m
d’épaisseur environ dans le synclinal de Tassaft. Celui-ci est
affecté par quelques failles normales dont les plus importantes
s’observent le long de la route reliant Talat n’Yacoub à Idni.
Au sud, dans le compartiment d’Aguadirane, les dépôts
triasiques ne sont plus représentés que par la formation F6,
peu épaisse et plissotée, qui repose directement sur le socle
paléozoïque. Compte-tenu des lacunes et des différences
d’épaisseur, la structure du secteur peut être interprétée
domaine structural.

comme celle d’un graben d’orientation générale E.N.E.–W.S.W.,

à soubassement penté vers le S.S.E., donc vers la faille de
Tadafelt qui constitue sa limite méridionale. La faille de
Tinmel serait alors une faille conjuguée. Pendant la com-
pression post-triasique ces deux failles ont été réactivées en
failles inverses, provoquant la déformation du synclinal de
Tasseft en coin extrusif (« pop-up »).
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Qarbous et al.
Fig. 3. Colonnes lithostratigraphiques (A–F) des séries triasiques du bassin du Tizi n’Test.
Secteur d’Idni
Dans le secteur d’Idni, la série triasique, basculée vers
l’est, est limitée au sud par le réseau de failles anastomosées
nord-Ouchden, dont la plus importante est la faille normale
d’Iguer, de direction N65 et à pendage fort vers le nord
(fig. 4). À la base de la série, l’épaisseur des conglomérats
de la formation F3 augmente notablement du nord au sud
(fig. 4, coupe C3). La sédimentation dans ce compartiment
s’est donc effectuée dans un demi-graben orienté E.N.E.–
W.S.W. limité par la faille d’Iguer.
Plus au nord, entre la faille d’Iguer et la faille de Tadafelt
qui chevauche ce compartiment, les grès de la formation F5
sont affectés par un ensemble de failles de longueur hecto-
métrique, de direction N.E.–S.W. à E.N.E.–W.S.W., dont les
rejets verticaux atteignent plusieurs dizaines de mètres. Ces
failles montrent un jeu normal synsédimentaire conservé
(Petit et Beauchamp 1986) et délimitent au sein de la forma-
tion F5 un système de horsts et de grabens (fig. 4, coupe
C3). Vers l’est, en direction du compartiment d’Aguadirane,
les formations F3, F4 et F5a se biseautent, et on ne retrouve
plus que le niveau F5b reposant sur le Paléozoïque, ce qui
rappelle le « marginal basin facies » de Mattis (1977). Les
conditions d’affleurement ne permettent pas d’observer com-
ment se fait cette disparition, mais il est possible qu’une
branche du réseau nord-Ouchden limite les grès vers le S.E.
Secteur de Tirknit
Contrairement au synclinal indiqué sur la carte géologique
du Maroc au 1 : 500 000, feuille Marrakech (Choubert
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1957), le secteur de Tirknit, peu affecté par la compression
tertiaire, présente une structure typique de bloc basculé vers
le S.S.E., limité par les failles normales de Tirknit et
d’Anghour à pendage N.W. (fig. 5, coupe C4). Le jeu nor-
mal de ces failles est attesté par des crochons synclinaux
d’échelle métrique au contact des miroirs de faille, par des
structures en poisson entre les plans de faille et par des
stries. La faille normale d’Anghour montre à l’affleurement
des plans d’orientation N040°, 55° N.W., et N060°, 65° à
75° N., portant des stries à pitch 70° E., 40° E. (à compo-
sante dextre) et 90° respectivement. Dans le relais de rampe
entre les failles de Tirknit et d’Anghour, les niveaux de la
formation F5, reposant directement sur le socle paléozoïque,
sont subhorizontaux à l’est, mais à pendage N.N.W. (65°)
plus à l’ouest. Au sein du demi-graben, la série triasique
s’organise en éventail ouvert vers cette faille (fig. 5, coupe
C4). L’accentuation du basculement des couches en direc-
tion opposée de la faille suggère que celle-ci est à géométrie
listrique (Wernicke et Burchfiel 1982). D’autres failles de
moindre importance, de direction N.N.E.–S.S.W. et W.N.W.–
E.S.E., décalent la base de la série triasique.
La structure dans de ce secteur est donc celle d’un demi-
graben conservé, de direction E.N.E.–W.S.W., basculé vers
le S.S.E., délimité par des failles bordières à pendage N.N.W.
Analyse microtectonique
Dans le but de déterminer l’état de contrainte au Trias et
la relation angulaire entre l’axe de la contrainte compressive
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954 Can. J. Earth Sci. Vol. 40, 2003

Tableau 1. Caractéristiques lithologiques et sédimentologiques des formations triasiques du basin de Tizi n’Test (simplifié d’après
Armand et al. 1980).
Formations Situation Épaisseur (m) Composition Milieu
Formation F3 Partie ouest du secteur d’Idni 325 Conglomérats à galets de roches volcaniques Cônes alluviaux proximaux à distaux
(conglomérat de (Mattis 1977) (Mattis 1977; Armand et al. 1980;
Timalizene) Petit et Beauchamp 1986)
Secteur de Tirknit Grès grossiers de couleur violacée à niveaux de
calcrètes et à pseudomorphoses de halite
Formation F4 Partie occidentale du secteur 86 Siltites brun-rouge, à intercalations de bancs Vastes playas inondées
(siltite d’Anouffig) d’Idni et à Tirknit d’épaisseur décimétrique à métrique de grès temporairement (Mattis 1977;
grossiers à niveaux micro-conglomératiques à Armand et al. 1980); la bioturbation
la base; les siltites montrent des fentes de développée au sommet, et la
dessiccation et des pisolithes ferrugineuses. présence de bivalves d’eaux peu
profondes (Pholadomya sp.),
témoignent d’une influence
aquatique (Armand et al. 1980;
Petit et Beauchamp 1986)
Formation F5 Ensemble du bassin 500 Grès violacés (membre F5a) passant vers le haut L’origine fluviatile de cette formation
(grès de l’Oukaimeden) à des grès de couleur rose (membre F5b) a été suggérée par Mattis (1977);
cependant, la présence de fragments
de bivalves et d’échinodermes dans
les intercalations silteuses basales,
indique un milieu aquatique de type
deltaïque ou de plage à forte
influence marine (Armand et al.
1980; Petit et Beauchamp 1986)
Formation F6 Ensemble du bassin 70 Siltites de couleur rose ou brune admettant des Milieu lagunaire (Armand et al. 1980)
(siltite de Tafilalt) bancs gréseux de couleur brune; le sommet de
cette formation montre des niveaux à slumps
de taille hectométrique.

minimale et les directions de faille, une analyse des plans de
faille striés a été menée dans le bassin. La plupart des sites
exploitables sont situés dans les grès de l’Oukaimeden
(formation F5), qui enregistrent facilement les marqueurs de
déplacement (fig. 6).
Le traitement des mesures a été effectué à l’aide du programme
de calcul numérique de recherche quadri-dimensionnelle
R4DT du tenseur des contraintes (Angelier 1984, 1990), qui
permet de déterminer par inversion des données des plans de
faille striés l’état de contrainte caractérisé par la direction
des axes des contraintes principales σ1, σ2 et σ3 (σ1 > σ2 > σ3,
compression positive) et par leur intensité relative exprimée
par le rapport Φ = (σ2 – σ3)/(σ1 – σ3).
Les populations de failles ont été triées à plusieurs
niveaux :
– Sur le terrain, les mesures ont été effectués sur les plans
de faille qui n’ont pas été réactivés lors de la compression
tertiaire, et qui ont donc conservé les stries originelles liées
à la phase distensive. La surface de ces sites est réduite
(quelques dizaines de m2 au maximum; fig. 6), ce qui permet
d’obtenir une population de plans relativement homogène.
– Lors du traitement informatique, les mesures présentant
un écart angulaire important (>45°) avec la strie théorique
obtenue ont été éliminées (Angelier 1984). Le nombre de
ces mesures, exprimé dans le tableau 2 par le paramètre de
qualité n1 (nombre de mesures avec un écart angulaire strie/
contrainte tangentielle > 45°), est faible en raison de la sélection
effectuée sur le terrain. Les valeurs du paramètre n2 (nombre
de mesures avec un écart angulaire strie/contrainte tangentielle
compris entre 45° et 22,5°) est également faible sauf pour le
site S20 (34 mesures), ce qui souligne la qualité acceptable
des tenseurs obtenus.
En raison des dimensions plus ou moins équivalentes des
plans de faille, les mesures n’ont pas été pondérées, sauf
dans le cas de la faille d’Anghour, où un poids maximum (9)
a été affecté aux mesures recueillies sur le miroir principal.
En outre, un débasculement a été effectué dans les cas où les
couches ont subi une rotation importante (>20°) lors de la
tectonique compressive tertiaire.
Enfin, les décrochements ont été triés en fonction de leur
compatibilité avec les failles normales. En général, les plans
liés à la phase de compression alpine (N.–S. à N.W.–S.E.)
sont incompatibles avec les failles normales triasiques,
puisque les plans orientés N.E.–S.W. à N.–S. sont à jeu
senestre, et ceux de direction N.W.–S.E. à E.–W. sont à jeu
dextre. Les décrochements liés à la phase distensive sont
associés aux failles normales et montrent une composante
normale (cf. Annexe). L’absence de terrains post-triasiques
dans le secteur ne permet pas a priori d’attribuer une limite
supérieure à l’âge de la fracturation; toutefois, les structures
triasiques sont très faciles à reconnaître puisque la plupart
des failles sont synsédimentaires, comme l’indique leur
cachetage par des dépôts triasiques sus-jacents, la présence
d’éventails sédimentaires ouverts vers les plans de faille, et
les différences d’épaisseur dans les compartiments. Comme
la plupart des sites sont situés dans la formation F5, l’âge du
jeu des failles normales est carnien pour les failles synsédi-
mentaires à post-carnien (norien) pour les plans recoupant

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Fig. 4. (A) Schéma structural des secteurs de Talat n’Yacoub et Idni. 1, socle paléozoïque; 2, formations F3 et F4; 3, formation F5 (membre F5a); 4, formation F5 (membre
F5b); 5, formation F6 (a, argilites; b, alternance gréso-pélitique). (B) Nomenclature des compartiments tectoniques. (C) Coupes tectoniques à travers le bassin (localisation en
A). F.N.O, Failles nord-Ouchden.
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Fig. 5. Schéma structural du secteur de Tirknit (A) et coupe tectonique à travers le bassin (B) (figurés comme à la fig. 4) : 1, socle
paléozoïque; 2, formation F3; 3, formations F4 et F5.
en totalité la formation F5. Cependant, le jeu des failles a
débuté plus tôt, lors du dépôt de la formation F3, d’âge anisien
à ladinien, comme le montre l’existence d’éventails sédi-
mentaires (voir section Géométrie des compartiments).
Les résultats détaillés de l’analyse concernant les 28 sites
qui ont pu être exploités, sont consignés dans le tableau 2.
L’orientation des axes σ3 est illustrée dans la figure 8, et les
stéréogrammes détaillés des mesures sont fournis en Annexe.
Dans le secteur de Talat n’Yacoub (fig. 6 et 7A), le traitement
des mesures recueillies dans 10 sites montre que σ1 est verticale
et que σ3 est subhorizontale et de direction N.W.–S.E. dans 5
sites, N.–S. dans 2 autres et N.E.–S.W. dans 3 sites, avec des
rapports Φ allant de 0 à 0,74.
Dans le compartiment d’Idni (fig. 6 et 7A), les mesures
recueillies dans 15 sites montrent un état de contrainte
extensif où σ3 est subhorizontale et de direction N.W.–S.E.
dans 9 sites, N.–S. dans 2 sites et N.E.–S.W. dans 4 sites,
mais dans 8 sites le rapport Φ est proche de 0 (tableau 2).
Dans les sites où le rapport Φ est très différent de 0, la direction
d’extension dominante est N.W.–S.E., compatible avec le jeu
normal des failles d’Iguer, nord-Ouchden et de Tadafelt, qui
ont contrôlé la sédimentation dans ce compartiment.
Enfin, dans le secteur de Tirknit (fig. 6 et 7A), les trois sites
de mesure fournissent des résultats homogènes où σ3 est de
direction W.N.W.–E.S.E. à N.W.–S.E., avec des rapports Φ
variables (0,3 à 0,9).
Afin de caractériser l’état de contrainte le plus significatif
dans la région, nous avons écarté les sites où le rapport Φ
était proche de 0, correspondant à un ellipsoide de contraintes
pratiquement de révolution (σ2 = σ3), qui ne fournit aucune
indication sur la direction d’extension réelle (argumenté
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ci-après). L’analyse des sites où la valeur de Φ est comprise
entre 0,2 et 0,8 montre que la direction prédominante de σ3
est N.W.–S.E. (fig. 7B), ce qui implique que la direction
d’extension était proche de la perpendiculaire aux plans des
failles principales.
Évolution temporelle du bassin
Les données recueillies à travers la cartographie permettent
de retracer l’évolution temporelle du bassin. Dans un premier
stade (fig. 8A), les formations F3 et F4 se déposent principa-
lement dans les secteurs de Tirknit et d’Idni, au sein de
demi-grabens limités par des failles de direction E.N.E.–
W.S.W. à N.E.–S.W. L’épaisseur maximale est atteinte près
du col du Tizi n’Test (Mattis 1977). Ensuite, ces failles se
propagent latéralement, et la formation F5 se dépose dans
l’ensemble de la région, atteignant son épaisseur maximale
dans la partie la plus profonde des demi-grabens, en particulier
à Idni (fig. 8B). Les failles bordières des demi-grabens,
jusqu’alors isolées les unes des autres, se connectent entre
elles. La formation F6 se dépose ensuite sur l’ensemble,
débordant sur les compartiments inférieurs (« footwalls »)
des demi-grabens, avec des épaisseurs importantes au N.E.
du secteur (fig. 8C). Ce schéma d’évolution est similaire à
l’évolution théorique des demi-grabens décrite par Schlische
(1995) pour les bassins triasiques d’Amérique du Nord.
Structure profonde
En raison de la nature des affleurements et de la réactivation
tertiaire, la structure profonde de la ZFTT ne peut être
connue qu’indirectement. Les études de sismique-réflexion
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Qarbous et al.
Fig. 6. Distribution spatiale des axes de la contrainte compressive minimale σ3 dans les secteurs de Talat n’Yacoub et Idni (A), et de
Tirknit (B).
réalisées plus à l’ouest dans le bassin du Souss montrent que
les failles qui constituent le prolongement de la ZFTT vers
l’ouest se connectent à un plan de détachement intra-crustal
faiblement penté vers le nord (Mustaphi et al. 1997). Ce
plan est interprété comme un ancien décollement hercynien.
De même, les études géophysiques menées plus à l’est dans
le Haut Atlas oriental montrent une surface à pendage nord
(Giese et Jacobshagen 1992), à faible résistivité électrique
(Schwarz et al. 1992) et à faible vitesse sismique (Wigger et
al. 1992). Il est possible que les failles bordières du bassin
de Tizi n’Test, à pendage N.W. ou N.N.W., se rattachent en
profondeur à ce détachement crustal (fig. 9). L’existence de
plans de détachement à pendage sud, envisagée par Laville
et Piqué (1991) et El Kochri et Chorowicz (1996) peut être
expliquée par l’étagement au sein de la croûte de plusieurs
plans de détachement à pendages opposés (cf. discussion
dans Medina 2000a).
La ZFTT se relierait donc à un plan de détachement profond
intra-crustal, qui s’étendrait jusqu’à la marge marocaine à
travers le bassin d’Essaouira, dont les failles normales se
raccordent également à un plan horizontal bien visible en
profondeur (Medina 2000a).
Discussion
Nature du jeu des failles du bassin du Tizi n’Test
L’analyse du bassin de Tizi n’Test, appuyée par l’étude
microtectonique, suggère qu’il s’est développé au sein d’une
structure de type rift, constituée de demi-grabens de direction
N.E.–S.W. à E.N.E.–W.S.W., basculés vers le S.E. ou le
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S.S.E., à failles bordières de pendage N.W. ou N.N.W. La géo-
métrie du remplissage sédimentaire, en particulier
l’épaississement des formations en direction des failles bordiè-
res, et l’orientation de la population de stries indiquent que
les failles sont à jeu normal synsédimentaire durant le Trias.
Le long de ces failles, notamment celles de direction
E.N.E.– W.S.W., aucun indice de décrochement pur n’a été
relevé. Même durant la période de serrage atlasique au Ter-
tiaire, le rejeu principal observé de ces failles est essentiellement
inverse, les mouvements décrochants se limitant aux plans de
direction N.N.E.–S.S.W. et N.N.W.–S.S.E. Ce même disposi-
tif apparaît plus à l’ouest, dans le petit bassin de Tine Mellil,
où les failles E.N.E.–W.S.W. à E.–W. (faille de Tine Mellil
par exemple), montrent un jeu normal lié à une extension
N.–S. à N.N.W.– S.S.E. (Medina et Errami 1996). Plus au
nord-est, dans la région de Douar Sour, les failles qui affec-
tent les formations du Trias, de direction N70, sont égale-
ment à jeu normal (Boummane et al. 2000).
Certains auteurs, en particulier Piqué et Laville (1995,
leur fig. 5) ont proposé une ouverture en transtension des
bassins triasiques de l’Ourika, situés plus à l’est (fig. 2).
Leur modèle est basé sur l’existence de failles normales de
direction N.E.–S.W. au sein de grabens limités par les failles
principales de direction E.N.E.–W.S.W. (Biron 1982). Ces
dernières sont interprétées, sans arguments microtectoni-
ques, comme des décrochements senestres. Cependant, deux
autres interprétations sont possibles : (i) un état de contrainte
triaxial qui conduirait à la création de quatre ensembles de
failles de directions obliques entre elles (Aydin et Reches
1982); (ii) deux phases extensives superposées, avec une pre-
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958 Can. J. Earth Sci. Vol. 40, 2003

Tableau 2. Paramètres des paléocontraintes obtenues à partir de l’analyse des miroirs striés
par la méthode R4DT (Angelier 1984, 1990) dans le bassin de Tizi n’Test.

σ1 σ2 σ3
Sites N D (°) P (°) D (°) P (°) D (°) P (°) Φ n1 n2
Talat n’Yacoub
S2 13 205 70 088 09 355 18 4 1 0
S4a 7 005 67 244 12 150 19 3 1 1
S4b 8 104 64 220 12 315 23 4 0 1
S5 4 242 85 144 01 54 05 1 0 0
S6 7 042 86 303 01 213 04 5 0 0
S7 4 109 35 305 54 204 08 2 0 0
S10 22 029 70 214 20 124 02 0 0 0
S11 5 315 74 091 12 183 11 1 1 0
S17,18a 10 327 67 223 06 131 22 7 2 0
S17,18b 6 117 80 263 08 354 06 0 0 0
Idni
S19 10 312 85 114 05 204 02 0 1 3
S20 34 090 82 271 08 181 00 0 2 10
S21a 10 301 68 034 01 125 22 0,7 2 0
S21b 4 284 67 092 23 184 04 0 0 0
S22 8 063 13 203 73 331 11 0,5 0 0
S23* 8 034 53 205 37 298 04 0 2 0
S24 16 067 76 248 14 158 00 0,3 0 3
S25 4 288 45 042 22 150 37 0,8 0 0
S26 8 311 84 130 06 220 00 0 0 0
S27 12 102 76 290 14 200 02 0 0 1
S28 5 074 86 235 04 325 01 0 0 0
S31* 10 009 65 228 20 132 14 0 1 1
S32* 5 073 64 254 26 164 01 0,7 0 0
S33a* 6 183 87 315 02 045 02 0,3 0 1
S33b* 5 009 66 230 18 136 15 0,4 0 0
Tirknit
S34* 12 047 70 221 20 312 02 0,3 1 0
S35 7 037 61 230 28 137 05 0,6 0 0
S36* 7 353 34 213 48 098 21 0,9 0 0
Nota : N, nombre de mesures par site; D et P, respectivement direction et pendage de l’axe de
contrainte; Φ, n1 et n2, voir explication dans le texte. En gras, tenseurs les plus significatifs (>10
mesures). L’astérisque désigne les sites de mesure dans la formation F3 (conglomérats).

mière extension de direction N.N.W.–S.S.E. perpendiculaire
aux failles bordières E.N.E.–W.S.W., et une deuxième ex-
tension W.N.W.–E.S.E. oblique à la première, accommodée
par les failles N.E.–S.W. à l’intérieur des demi-grabens et
grabens; une telle succession est proposée par Bonini et al.
(1997) pour le Rift éthiopien.
En l’absence d’études microtectoniques dans le secteur de
l’Ourika, il semble prématuré de se prononcer pour un modèle
définitif.
Outre les failles normales N.N.E.–S.S.W. à E.–W., la présence
de familles de failles N.W.–S.E. à jeu également normal,
auxquelles s’associe une extension « anormale » N.E.–S.W.,
peut s’expliquer de différentes manières, comme discuté
pour le bassin d’Argana (Medina 2000b) : (i) existence d’une
deuxième phase d’extension, (ii) un ellipsoïde de contraintes
de type révolution donnant lieu à deux directions de failles
(cas où Φ est proche de 0); ce cas est très fréquent à
l’intérieur des bassins, loin des failles bordières, et peut être
lié à l’existence de zones d’accommodation et de failles de
détente (failles situées dans le compartiment effondré et per-
pendiculaires à la faille principale, issues du glissement dif-
férentiel de la lèvre du compartiment; cf. Destro 1995).
Comme les failles de direction N.W.–S.E. sont pratiquement
contemporaines de celles orientées N.E.–S.W., et qu’aucune
zone de transfert importante n’a été observée dans la région,
nous excluons l’existence d’une phase d’extension de direc-
tion N.E.–S.W. L’explication la plus plausible reste donc
une perturbation de l’état de contrainte lié au jeu de failles
de détente et (ou) un ellipsoïde de contraintes local de révolu-
tion.
Rift atlasique versus Rift atlantique
À l’échelle régionale, l’observation de la répartition des
bassins triasiques au Maroc montre que les bassins triasiques
de la ZFTT, comme ceux du Haut Atlas, sont de direction
E.N.E.–W.S.W. (direction dite atlasique ou téthysienne),
alors que les bassins côtiers comme ceux d’Argana, Essaouira,
Doukkala et Berrechid – El Gara, sont orientés N.N.E.–S.S.W.
(fig. 1), parallèlement à l’axe du Rift atlantique. S’il est certain
que les formations triasiques au sein des bassins de Doukkala

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Fig. 7. (A) Diagramme de distribution des axes de la contrainte horizontale minimale σ3 dans l’ensemble de la région de Tizi n’Test.
Les petits symboles correspondent aux sites où le rapport Φ est proche de 0 ou de 1. (B) Stéréogramme de densité des axes σ3. La
densité maximale est à N137°, 20°.
et de Berrechid – El Gara sont plus récentes que celles du
Haut Atlas, les bassins d’Essaouira et d’Argana abritent des
formations dont la lithologie et l’âge sont comparables à
ceux des bassins du Haut Atlas. Par conséquent, et sur la
base de l’état de contrainte dans les deux régions, il faudrait
envisager une variation spatiale de la contrainte compressive
minimum σ3 du Ladinien au Norien (N.N.W.–S.S.E. au Tizi
n’Test, N.W.–S.E. à E.–W. à Argana et Essaouira) (fig. 10).
Au cours du Rhétien–Hettangien, les bassins côtiers se seraient
développés dans un régime extensif W.N.W.–E.S.E., qui n’a
pas été observé dans la région de Tizi n’Test, en raison de
l’absence des formations sommitales (coulées basaltiques et
formations sus-jacentes).
Dans les travaux récents de Withjack et al. (1998; leur
fig. 10), la ZFTT a été considérée comme une zone de
décrochement parallèle à la zone de fracture Cobequid–
Chedabucto, à jeu senestre lors de la période de rifting du
Trias au Jurassique inférieur, permettant ainsi le transfert de
la distension des bassins est-américains aux bassins portu-
gais. La plupart des failles de la ZFTT sont à jeu normal; par
conséquent, le mouvement décrochant est mineur probable-
ment par une réorientation de la contrainte compressive
minimale σ3 (fig. 10). S’il y a eu un mouvement latéral,
celui-ci doit avoir été absorbé par les failles intra-graben,
comme dans le cas du Rift éthiopien (Bonini et al. 1997).
Lors du début de l’expansion océanique au Jurassique
moyen-supérieur, le jeu des failles s’inverse donnant lieu à la
structure observée actuellement, et ce en commençant du
sud du rift (fig. 10B).
Un autre problème souvent discuté est la cause de
l’avortement du Rift atlasique en faveur du Rift atlantique.
Jusqu’ici, les mécanismes avancés sont restés ambigus, bien
que tous mettent en cause le soulèvement (tectonique ou
thermique) du Massif ancien (cf. p. ex. Stets 1992). Une ex-
plication plausible serait celle mettant en jeu des mécanismes
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semblables à ceux proposés pour les bassins nord-américains
(partie sud de la fig. 10B; Withjack et al. 1998) : à partir du
Jurassique moyen, des contraintes compressives de poussée
de ride (« ridge push »; fig. 10B), auraient été enregistrées
dans le Haut Atlas, induisant une séparation définitive du
Rift atlasique du Rift atlantique par la surrection du Massif
ancien. Cependant, les données de terrain pour appuyer ce
modèle sont en nombre insuffisant, et la superposition de la
tectonique compressive tertiaire dans le Haut Atlas rend difficile
l’analyse des événements antérieurs.
Conclusions
La cartographie détaillée au 1 : 30 000 et l’analyse des
plans striés à l’aide des programmes d’inversion permettent
d’arriver aux conclusions suivantes :
(1) La géométrie du bassin triasique de Tizi n’Test, situé le
long de la Zone de faille du Tizi n’Test, est celle de
demi-grabens et grabens d’échelle kilométrique limités
par des failles bordières majeures de direction N.E.–S.W.
à E.N.E.–W.S.W., à pendage vers le N.W. ou le N.N.W.,
à jeu normal synsédimentaire exprimé par des éventails
ouverts vers les failles.
(2) L’analyse des plans striés à l’aide de méthodes d’inversion
numériques montre qu’au Trias, l’état de contrainte est
extensif essentiellement selon la direction N.W.–S.E.
(3) Contrairement aux idées avancées antérieurement sur le
fonctionnement de la Zone de faille du Tizi n’Test, la
composante décrochante est très faible, voire négligeable.
Si elle a existé, elle doit avoir été accommodée par les
failles intra-bassin. À l’échelle régionale, cette branche
oblique au Rift atlantique s’est comportée différemment
du bassin de Fundy, dont le segment oriental, de direction
proche de celle de la distension triasique, a fonctionné
en décrochement.
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960 Can. J. Earth Sci. Vol. 40, 2003

Fig. 8. Évolution temporelle du bassin triasique de Tizi n’Test durant le Trias : (A) stade de dépôt des formations F3 et F4 (Anisien–Ladinien
à Carnien inférieur); (B) stade de dépôt de la formation F5 (Carnien supérieur); (C) stade de dépôt de la formation F6 (Norien). Les
tirets correspondent aux limites d’extension des formations sous-jacentes (extrapolées). Autres symboles comme dans la figure 4.

Fig. 9. Coupe interprétative à travers le Rift atlantique entre le Maroc et le Canada (localisation à la fig. 1A). Partie marocaine d’après
Medina (2000a); partie canadienne selon Withjack et al. (1995). La croûte inférieure est figurée en pointillés.

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Fig. 10. Évolution du Rift atlantique et de ses marges au Trias
moyen et supérieur (A) et au Trias terminal – Jurassique
inférieur (B) selon Withjack et al. (1998) modifiée pour la partie
marocaine. 1, direction d’extension régionale; 2, faille inverse; 3,
dykes; 4, faille normale de bordure de bassin; 5, direction de
compression (« ridge push »); 6, croûte océanique; 7, direction
d’extension locale déduite de cette étude.
Remerciements
Les auteurs tiennent à remercier Mme Muriel Rocher et
MM. Gilles Merzeraud et Denis Lavoie pour leurs commentaires
qui ont permis d’améliorer la première version du manuscrit,
ainsi que MM. David Brown, Jean Chorowicz et Anas
Emran pour la documentation fournie. Nos remerciements
s’adressent également aux autorités locales de Talat
n’Yacoub pour leur aide sur le terrain. Cette étude a été en
partie financée par le Programme d’appui à la recherche
scientifique (PARS), Projet SDU-30.
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Bibliographie
Aït Brahim, L., et Tahiri, A. 1996. Rotation horaire des contraintes
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964 Can. J. Earth Sci. Vol. 40, 2003

Annexe A

Fig. A1. Stéréogrammes des mesures de plans striés mesurées dans la région du Tizi n’Test (phase distensive), et des axes des
contraintes principales déterminées par inversion (méthode R4DT). Localisation à la figure 6.

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