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MECANIQUE DES ROCHES ET OUVRAGES AU

ROCHER

Durée: 1 heures
PRESENTE PAR: Victor GIMOU
RESUME
OUVRAGE D’ART – MECANIQUE DES ROCHES ET OUVRAGES AU ROCHER

1 Pathologie et enjeux de la mécanique des roches :


A travers une liste de sinistres, présentation des métiers de la mécanique des roches.

2 Analyse des contraintes dans un massif rocheux :


Pas de mécanique sans calcul ; la roche n’échappe pas à cette règle. La modélisation du
massif rocheux se fait, pour les fondations d’ouvrages courants, par la mécanique des
milieux continus, en particulier par son assimilation à un milieu élastique.
3 Propriétés physiques et mécaniques des roches :
Les définitions des propriétés physiques et mécaniques des roches visent à un
recoupement des résultats de laboratoire (effectués sur la roche intrinsèque ou matrice
rocheuse) et par conséquent un meilleur renseignement des données de classification du
massif rocheux.
4 Contraintes In-Situ dans le massif rocheux :
Le massif rocheux est le siège de contraintes naturelles préexistantes avant la réalisation
de l’ouvrage de génie civil, et constituant par conséquent une donnée majeure pour le
dimensionnement.
5 Mesures des contraintes et déformations dans un massif
rocheux :
Il s’agit d’observations préalables, en cours ou post-travaux en vue d’un retour d’expérience.
Nous examinons les procédés d’instrumentation (contraintes et déformations) du massif
rocheux (siège de l’ouvrage de génie civil), pour prévenir ou contrôler les résultats de calcul
et/ou en suivre leur évolution.

6 Fractures et discontinuités :
Elles délimitent le massif rocheux modélisé par un milieu continu. Leur traitement mécanique
relève de règles spécifiques ; de leur degré de résistance dépend la stabilité et la
classification du massif rocheux monolithique.
Cette partie traite aussi des écoulements dans les discontinuités.
7 Incidence du paramètre RQD (Rock Quality Désignation) :
Le RQD caractérise le degré de fracturation du massif rocheux (observé à partir de sondages
carottés), et par conséquent la stabilité et la classification du massif rocheux monolithique.
8 Cisaillement dans une discontinuité d’un massif
rocheux:
Etude spécifique de la résistance au cisaillement d’une discontinuité, facteur
déterminant de classification du massif rocheux.

9 Classification d’un massif rocheux :


Tableau de classement des paramètres étudiés plus haut, pour octroyer des
caractéristiques géo-mécaniques de résistance limite et de déformabilité, à un
massif rocheux équivalent.

10 F o n d a t i o n s d ’ o u v r a g e s a u r o c h e r.
Présentation générale de quelques méthodes de dimensionnement
des fondations courantes (portance, tassement et rotations) à partir :
 Des paramètres du massif rocheux équivalent ;
 D’une descente des charges sur les piles et culées.
CHAPITRE I : Pathologie et
enjeux de la mécanique des
roches

I . a – Q U E LQ U ES S I N I ST R ES
I . b – L ES M E T I E RS D E L A M EC A N I Q U E D ES RO C H ES
1 ) S I N I ST R E : BA R R AG E D E M A L PA S S E T
Le barrage de Malpasset est un ancien barrage français situé au-dessus de
Fréjus, dans le Var. Sa rupture le 02 décembre 1959, cinq ans après sa
construction, compte parmi les plus grandes catastrophes civiles du XXe
siècle en France, faisant quatre cent vingt-trois morts et disparus.

Géographie
 Pays : Barrage
France 
Type : Barrage voûte
Subdivision : Provence-Alpes-Côte d'Azur
Hauteur du barrage : 60 m
Coordonnées : 43° 30′ 44″ Nord 6° 45′ 25″ Est

Cours d'eau : Reyran Réservoir


 

Volume du réservoir : 48,1 Mm³


Objectifs et impacts Surface du réservoir : 200 ha
Vocation : Irrigation
Date de mise en service : 1954
 
Catastrophe de Malpasset
Durant les cinq années qui précèdent le sinistre, le lac du barrage ne peut se remplir totalement en raison du
manque de pluies sur la région, ce qui ne permet pas de contrôler ses essais de résistance, et aussi de
  divers problèmes d'expropriation de parcelles comprises dans l'aire du plan d'eau.
En revanche, fin 1959, les pluies sont régulières et deviennent de plus en plus diluviennes sur la Côte d'Azur. Il
pleut sans discontinuer pendant le mois de décembre. Au moment où les autorités donnent l'ordre d'ouvrir les
vannes de l'évacuateur de crue du barrage, il est déjà trop tard, la voûte de ce dernier a bougé.
 
Le 02 décembre 1959, la voûte du barrage se fissure à plusieurs endroits et à 21h 13, il cède. Une vague
de quarante mètres de haut (soit cinquante millions de mètres cubes d'eau) déferle en suivant la vallée du
Reyran à soixante-dix kilomètres à l'heure, dévastant campagnes et fermes. Elle atteindra la ville de Fréjus
20 minutes plus tard, avant de se jeter dans la mer par la campagne environnante sur une largeur de plus
de 800 m. Des blocs de béton et de pierres pesant pour certains jusqu'à six cents tonnes sont entraînés par
les flots et dévalent la colline dans le lit du torrent et détruisent tout sur leur passage, le quartier de
Malpasset en premier. Certains blocs de béton sont encore là actuellement à jamais abandonnés à
plusieurs centaines de mètres de la voûte effondrée.
On compte quatre-cent vingt-trois morts et disparus, certaines familles sont décimées par la destruction
totale ou partielle de leur maison[pas clair]. Les flots à leur arrivée dans Fréjus seront en partie déviés par
les arènes, ce qui permettra de sauver des vies [réf. souhaitée]. Il s'agit de la plus grosse catastrophe de ce
genre jamais survenue en France. Le barrage ne sera jamais reconstruit. Ses ruines sont aujourd'hui un but
de promenades et d'excursions.
Analyse des causes
Ceux qui considèrent la rupture du barrage comme purement accidentelle imputent la catastrophe à la
résistance insuffisante de la roche sur laquelle il s'appuyait côté droit vu de l'aval, et non à la structure du
barrage lui-même, mais aussi à la surveillance insuffisante d'un ouvrage resté pratiquement inutilisé depuis sa
construction faute de précipitations importantes.
La roche d'appui était constituée de gneiss très hétérogènes avec de nombreuses failles et très déformables.
Elle était susceptible de devenir très étanche sous la poussée du barrage, un phénomène inconnu à l'époque.
La poussée du barrage a ouvert une fissure à son pied amont (bien visible sur la rive droite) permettant à l'eau
d'exercer une forte pression en profondeur et de faire glisser un dièdre rocheux limité par une faille située à
l'aval. Le pied de l'aile gauche n'étant plus buté, toute la poussée de la coque s'est reportée sur la culée en haut
de la rive gauche amont ; lorsque cette culée a chassé, l'arc-boutement des plots du barrage a disparu et ils se
sont rompus en flexion . Cette catastrophe est considérée comme un des événements déclencheurs ayant
conduit les ingénieurs et scientifiques à s'intéresser à une toute nouvelle discipline, qui prendra le nom de
mécanique des roches quelques années plus tard.
Le 28 mai 1971, après plusieurs années d'enquêtes judiciaires, la catastrophe fut attribuée à la fatalité, avec un
arrêt du Conseil d'État mettant en avant l'emplacement du barrage, construit sur une roche peu homogène, des
failles géologiques « ni décelées, ni soupçonnées » lors des travaux de sondages et de prospections, et les très
fortes précipitations enregistrées lors des semaines précédant le drame . Cependant, les rescapés sont
persuadés que tout n'a pas été dit.
Le documentaire historique Le long chemin vers l'amitié (Allemagne, 2012) impute quant à lui la rupture du
barrage à un attentat du FLN algérien, c'est l'agent Richard Christmann des services secrets allemands qui
aurait eu connaissance du lieu et de la date, mais sa hiérarchie n'en aurait pas informé la France .
Barrage de Malpasset, vue actuelle de l'aval
2 ) S I N I ST R E : BA R R AG E VA J O N T

Le barrage de Vajont (nom d'une rivière de la région), construit de 1956 à 1959,


est situé au-dessus de Longarone, dans la province de Belluno, à 100 kilomètres
de Venise, au pied du mont Toc en Italie. Il est désaffecté depuis la catastrophe qui
l'a touché le 09 octobre 1963

Géographie
Barrage
Pays : ITALIE 
Type : Barrage voûte en béton armé
Subdivision : Pordenone Hauteur du barrage : 261,6 m
Coordonnées : 46° 16′ 02″ Nord 12° 19′ 44″ Est   Longueur de barrage : 190,15 m
Cours d'eau : Vajont
Réservoir
 

Objectifs et impacts Volume du réservoir : 168,715 Mm³


Altitude du réservoir : 722.5 m
Vocation : Énergie hydroélectrique
Date de mise en service : 1960
Catastrophe de Vajont
 Vue aérienne du barrage de Vajont le lendemain de la catastrophe montrant le glissement
de terrain occupant l'emplacement de la partie aval du lac de retenue, contre le barrage
 
dans le bas de la photo.
Analyse des causes
La SADE (Società Adriatica Di Elettricità), société qui a construit le barrage, a affirmé que la
géologie de la gorge avait été étudiée, y compris l'analyse d'éventuels glissements de terrain, on
croyait ainsi que celui-ci serait suffisamment stable. Cependant, lors du remplissage du barrage on
a pu constater une modification dans la roche ; un premier glissement de terrain a eu lieu le 04
novembre 1960. On a donc fait baisser le niveau du lac qui a alors été contrôlé attentivement. Les
recherches ont conclu qu'une catastrophe était peu probable. Le lac fut entièrement rempli puis
vidé à trois reprises.
À ce moment-là, l'Italie débutait une nationalisation des centrales électriques et la SADE était
impatiente de vendre ce barrage au service public.
Le 09 octobre 1963 à 22h 39, un glissement de terrain fait s'écrouler 260 millions de mètres-cubes
de terres et de roches dans le lac de retenue du barrage, à plus de 110 km/h. Au passage
l'éboulement emporte les lignes d'alimentation électrique, plongeant ainsi Longarone dans le noir
sur un kilomètre et demi. Deux vagues de 25 millions de mètres cubes d'eau chacune se propagent
d'amont en aval du lac de retenue en débordant du barrage. La masse d'eau détruit les localités de
Longarone, Pirago, Rivalta, Villanova et Faè, puis touche d'autres nombreux petits villages aux
alentours (Castellavazzo, Erto e Casso...). On estime à environ 1 900 le nombre de personnes tuées
par le mégatsunami. Le barrage, lui, n'a pratiquement pas été endommagé.
Analyse des causes
Les signes avant-coureurs de ce glissement de terrain dûment mesurés chaque jour étaient
suivis depuis des mois par les ingénieurs.
L'un des responsables du désastre se suicidera. La plupart des autres responsables politiques
et techniques ont été absous faute de preuves, en dehors de l'ingénieur en chef du projet,
Alberico Biadene, condamné à 5 ans de prison en 1977 (et ayant bénéficié d'une mesure de
grâce au bout d'un an).
Depuis un demi-siècle, le site fait l'objet de nombreuses investigations scientifiques qui ont
notamment révélé la présence d'une mince couche d'argile entre le sol instable qui s'était
effondré et la roche dure sous-jacente. Celle-ci avait été fragilisée par les variations de
niveau du lac conduites par les ingénieurs. La nuit fatidique, après un lent processus de
plusieurs semaines, cette couche d'argile, sous l'effet conjugué de la pression de la terre et
de l'eau qui l'imbibait, a fini par se fragmenter totalement, entraînant vers le lac les 40 m
d'épaisseur de sol meuble qui s'appuyaient sur elle depuis des millénaires. Les sondages trop
peu profonds des sols, effectués lors des études préliminaires du projet de barrage n'avaient
pas révélé la présence de cette couche d'argile, sinon le projet aurait été annulé.
3 ) S I N I ST R E : S E I S M ES I N D U I T S

Séismes provoqués par les activités


humaines

Barrages, mines, forages, géothermie agressent la croûte terrestre engendrant


parfois des réactions dévastatrices. Toutes ces installations peuvent déclencher
des tremblements de terre. À Bâle (Suisse) en décembre 2006 une mine de
charbon dans l'Utah (États-Unis) en août 2007, et un autre dans la région de
Sarrebruck (Allemagne) en février 2008 ont enfanté une série de séismes. Sans
oublier le dévastateur tremblement de terre survenu au Sichuan en Chine le 12
mai 2008, que certains scientifiques audacieux relient aujourd'hui à la présence
du barrage voisin de Zipingpu.
Depuis des décennies, plusieurs observations ont interpellé les scientifiques qui sont
à l'écoute des soubresauts de notre planète. "Le soupçon d'influence naît lorsqu'il y
a coïncidence dans le temps et dans l'espace entre le tremblement de terre et la
mise en activité d'une installation, par exemple lors de la mise en eau d'un barrage.
Pour pouvoir incriminer une ingérence humaine dans la tectonique de la planète, il
est nécessaire de connaître précisément l'activité sismique de la région avant la
mise en service des installations incriminées. En France, l'historique des secousses
ressenties par la population est parfaitement documenté sur les cinq derniers
siècles. Ce qui a permis notamment à Jean-Robert Grasso de démontrer de manière
flagrante, dès les années 1980, que les séismes enregistrés dans la région de Pau,
dont certains de magnitude 4, étaient dus à l'exploitation de l'immense gisement de
gaz naturel de Lacq par Elf Aquitaine.
barrage voisin de Zipingpu
Un autre exemple ? Dans le nord-est des États-Unis, l'exploitation de mines profondes, de vastes carrières à ciel
ouvert et de puits d'injection de fluide en profondeur est, d'après les chercheurs, directement à l'origine d'un séisme
sur trois enregistrés depuis les années 1980 dans cette région normalement peu active d'un point de vue
géologique ! Et ce n'est pas une particularité locale, comme le démontrent les travaux de Christian Kiose, géologue
à l'Observatoire de la Terre Lamont-Doherty de l'université Columbia (New York).
Dans une tentative de recensement publiée en août 2007, ce scientifique a dénombré plus de 200 endroits dans le
monde pour lesquels l'action humaine a été reconnue comme responsable du déclenchement de séismes.
Il est évident que la coïncidence entre un séisme et la mise en exploitation d'un champ pétrolier ou d'un barrage
est plus aisée à démontrer si la région n'est pas secouée en permanence.
Un principe qui est d'ailleurs aussi valable lorsque l'on cherche à détecter les séismes produits par les essais
nucléaires souterrains, comme celui réalisé en octobre 2006 par la Corée du Nord, et qui a déclenché une
secousse de magnitude 4,2.
Le risque de générer des tremblements de terre est plus important dans les régions continentales "calmes" parce
que, contrairement aux endroits très actifs du globe, ce sont surtout les premiers kilomètres de la croûte terrestre,
près de la surface, qui voient naître les séismes naturels. Or "ces zones sismogènes sont à portée des
perturbations générées par l'activité humaine, donc plus facilement déstabilisées par elles", conclut Art McGarr, du
Bureau de surveillance géologique des États-Unis (USGS). Un point déterminant lorsqu'il s'agit de démontrer,
arguments mécaniques à l'appui, le lien entre séisme et activités humaines. Et qui permet de verser au dossier des
preuves plus percutantes qu'une simple coïncidence, notamment dans les cas délicats pour lesquels il s'est passé
plusieurs années entre le début de l'exploitation et la survenue d'un séisme majeur.
En accumulant des masses impressionnantes d'eau derrière un barrage, ou en extrayant des
millions de tonnes de minerai ou d'hydrocarbures du sous-sol, l'activité humaine pèse sur la
croûte terrestre ou, au contraire, la soulage d'un poids. Ce faisant, elle modifie les contraintes
auxquelles sont déjà soumises naturellement les failles et, en venant s'ajouter aux forces
tectoniques, peut faciliter leur rupture. Autrement dit, "un séisme déclenché par l'Homme est
avant tout un phénomène naturel, la responsabilité de l'Homme se limitant à son
déclenchement", précise Leonardo Seeber, spécialiste de la sismicité induite par les activités
humaines au Lannont-Doherty. Le travail des scientifiques consiste donc à démontrer que le
changement de contrainte imposé par l'Homme sur la faille arrive dans la bonne direction, au
bon moment, et avec suffisamment d'intensité pour précipiter un tremblement de terre.
UNE PETITE PERTURBATION SUFFIT
À DÉCLENCHER UN SÉISME

Ce qui ressort de l'analyse des nombreux cas recensés est très étonnant : l'Homme n'a
pas besoin de perturber fortement le système naturel pour réactiver une faille. "Si la faille
est sur le point de rompre, il peut suffire d'un changement de contrainte en profondeur, au
niveau de la faille, d'un dixième de bar (c'est-à-dire équivalent à un dixième de la pression
atmosphérique) pour déclencher la rupture", explique Pascal Bernard.
CAS DES BARRAGES
Le barrage Hoover, situé à la frontière entre l'Arizona et le Nevada, a été, en 1945, le
premier pointé du doigt pour avoir déclenché un séisme, dix ans plus tôt.

Au cours des années 1960, quatre séismes majeurs, de magnitude supérieure à 6,


ont été enregistrés et, après coup, associés à des barrages : celui de Hsinfengkiang
en Chine (1962), celui de Kariba en Zambie (1963), celui de Kremasta en Grèce
(1967) et celui de Koyna en Inde (1967). Ce dernier barrage constitue un cas d'école,
car il est lié au séisme le plus violent (magnitude 6,3) et le plus meurtrier (200 morts).
Depuis sa mise en place, en 1962, la zone est le siège d'incessantes secousses : 170
séismes de magnitude supérieure à 4, dont 19 de magnitude supérieure à 5, y ont été
mesurés ! Aujourd'hui, une centaine de barrages dans le monde sont reliés à des
tremblements de terre, selon le recensement effectué par Harsh Gupta, spécialiste
mondial de la sismicité induite par les barrages et membre de l'institut national de
recherches géophysiques (Hyderabad, Inde). Parmi ces installations, dix ont
déclenché des séismes de magnitudes comprises entre 5 et 5,9 et 28 autres, des
séismes de magnitudes de 4 à 4,9.
En octobre 2008, la Commission internationale des grands barrages (Paris), qui représente les
constructeurs, a également publié un rapport consacré à ce phénomène. Ses auteurs estiment
que 1 % des grands barrages dont la retenue d'eau dépasse 100 m de haut soit six ouvrages,
sont associés à des séismes de magnitude supérieure à 5,7. Une part qualifiée de "non
négligeable" dans le rapport, qui rappelle cependant que "la mise en eau d'un barrage ne peut
déclencher une activité sismique qu'en conjonction avec des conditions tectoniques
préexistantes favorables". Lesquelles ? Comme c'est presque toujours le cas en matière de
séismes déclenchés par l'homme, l'existence, à l'aplomb de l'ouvrage, de failles prêtes à rompre.
Failles que le barrage, et plus spécifiquement son lac de retenue, titillent de deux façons. La
première est liée aux immenses quantités d'eau stockées qui pèsent sur le sol, augmentant,
même faiblement, la contrainte verticale sur la faille. La seconde repose sur l'infiltration lente
d'eau en profondeur qui va lubrifier la faille, et lui permettre de glisser plus facilement.
L'existence de ces deux mécanismes explique pourquoi certains séismes apparaissent
rapidement après la mise en eau du barrage tandis que d'autres, mettant en jeu des failles plus
profondes, se manifestent des années après. Ainsi, le barrage d'Assouan, en Égypte, a-t-il été
associé à un séisme de magnitude 5,3 survenu en novembre 1981; dix-sept ans après sa mise
en eau. La multiplication des cas de sismicité induite par les barrages a aussi permis de montrer
que la hauteur d'eau dans le barrage, ainsi que la vitesse à laquelle le lac de retenue est rempli
ou vidé, influe significativement sur la survenue de tremblements de terre.
Pour une poignée de sismologues, le séisme du Sichuan a été déclenché par le
barrage de Zipingpu. Si la thèse était confirmée, l'impact destructeur de l'Homme sur
la planète devrait être reconsidéré… pour éviter le pire.
Plus de 88 000 morts ou disparus, près de 400 000 blessés, 5 millions de bâtiments
détruits : le tremblement de terre qui a secoué la province du Sichuan (centre-ouest
de la Chine) le 12 mai 2008 est l'un des plus dévastateurs enregistrés au cours des
dernières décennies. Le tremblement de terre du Sichuan pourrait tout aussi bien
devenir le symbole du potentiel destructeur de l'activité humaine ! Car, moins d'un an
après sa survenue, une poignée de scientifiques n'hésitent pas à voir la marque de
l'homme derrière ce séisme meurtrier...
L'accusé ? L'imposant barrage de Zipingpu, construit sur la rivière Min, et mis en eau
en décembre 2004. Haut de 156 mètres, il peut retenir plus d'un milliard de mètres
cubes d'eau. Il a surtout la particularité d'être installé à 500 mètres seulement du
système de failles qui a joué lors du tremblement de terre et à quelques kilomètres de
l'épicentre de la secousse principale de magnitude 7,9.
CAS DES MINES
Plus de 6 milliards de tonnes de charbon, 1,6 milliard
de tonnes de minerai de fer, 190 millions de tonnes de
minerai d'aluminium, voici ce que l'homme extrait
chaque année, entre autres matières premières, du
sous-sol de la Terre. Une exploitation qui perturbe
l'équilibre des forces dans la croûte terrestre et
s'accompagne d'une intense activité sismique. Celle-ci,
observée dès le début du XXe siècle dans les mines de
charbon d'Allemagne et dans les mines d'or d'Afrique
du Sud, est aujourd'hui constatée aux quatre coins du
monde. Les séismes sont classés par les
géophysiciens en deux catégories, selon qu'ils
prennent naissance près de la mine ou à plusieurs
kilomètres en dessous. Dans le premier cas, qui
concerne surtout les mines profondes, c'est le vide
laissé par l'extraction du minerai qui entraîne
localement un déséquilibre des contraintes auxquelles
sont soumises les roches.
CAS DES FORAGES
C'est le gisement de Goose Creek, au Texas, qui est le premier
associé à un séisme, en 1925. Aujourd'hui, plusieurs dizaines de
champs d'hydrocarbures sont concernés dans le monde. "Chaque
fois qu'on exploite des gisements un tant soit peu profonds, on sait
qu'on va déclencher des séismes", déclare Jean-Robert Grasso,
de l'université Joseph-Fourier (Grenoble). La raison ? La roche-
réservoir se comporte comme une éponge : quand on pompe le
pétrole, le gaz et l'eau qu'elle renferme dans ses pores, elle se
contracte et le couches qui l'encadrent doivent faire face à ce
changement de volume. Quand le gisement est superficiel, les
terrains, plutôt meubles à cet endroit, réagissent en se déformant
graduellement, sans secousses. Mais dès que l'on dépasse
quelques kilomètres de profondeur, les terrains sont plus rétifs à la
déformation et finissent par céder le long de failles préexistantes,
déclenchant des séismes. C'est ce qui se passe par exemple à
Lacq, dans les Pyrénées-Atlantiques, mais aussi dans le nord des
Pays-Bas. Là, l'exploitation des champs de gaz naturel de
Groningue a brisé le calme d'une zone jusqu'ici classée comme
asismique... Entre 1986 et 2008, plus de 500 séismes de
magnitude comprise entre 0,5 et 3,5 ont été dénombrés à
proximité des sites d'extraction.
CAS DE LA GÉOTHERMIE
PROFONDE
 La géothermie profonde fait appel à la technique de
fracturation hydraulique, qui consiste là injecter des fluides
sous pression afin de fissurer la roche en sous-sol.
Forer un puits de 5000 m de profondeur et y injecter de l'eau
sous très haute pression : voilà comment les ingénieurs
transforment un massif granitique d'une température de près
de 200°C en échangeur de chaleur naturel. Cette technique
de géothermie profonde est appliquée dans une poignée de
sites expérimentaux et s'accompagne de son lot de séismes :
les pressions d'injection, d'une centaine de bars, ayant
justement pour but de faire rejouer d'anciennes fractures afin
de faciliter, dans un second temps, la remontée d'une eau
réchauffée. Le projet de géothermie profonde près de Bâle,
en Suisse, en a fait les frais : il a été arrêté après avoir
engendré trois tremblements de terre de magnitude
supérieure à 3 de décembre 2006 à janvier 2007. Des
secousses sans conséquences, mais qui ont ravivé le
spectre du séisme ayant rasé Bâle en 1356.
CAS DES GAZ DE SCHISTE

Comme la géothermie profonde, la technique d'extraction des gaz de schiste fait appel à la
technique de fracturation hydraulique qui pourrait être la cause de tremblements de terre.
En effet, les cas de séismes possiblement associés à cette pratique se sont multipliés,
particulièrement aux États-Unis, qui connaissent une ruée vers ces gaz non
conventionnels.
Dernier exemple en date : un tremblement de terre de magnitude 4 a surpris les habitants
de la ville de Youngstown, dans l'Ohio, le 31 décembre 2011. Annoncé par une dizaine
d'autres de moindre ampleur au cours des mois précédents, ce séisme pourrait avoir été
provoqué par un puits mis en service fin 2010, et dans lequel ont été injectées des tonnes
d'eaux usées ayant servi à la fracturation hydraulique. Selon John Armbruster, de
l'université Columbia (New York), "le séisme du 31 décembre a eu lieu à environ 1 km du
fond du puits d'injection". Fin novembre, ce géologue avait installé quatre sismographes
sur le site pour cerner l'origine de ces séismes survenus dans une zone historiquement
inactive. La proximité entre le puits et la secousse est pour le moins troublante... Mais
prouver le lien de cause à effet reste cependant délicat.
I.b – LES METIERS DE LA
MECAROCHE
 Mécanique des roches : Etude de la statique et de la dynamique des roches ou des massifs
rocheux = mécanique des milieux continues (Elasticité) malgré les discontinuités.
 Ingénierie de la mécanique des roches : Etude de la statique et de la dynamique des roches et des
massifs rocheux en vue d’un projet d’ingénierie.
 Ingénierie des roches (ouvrages au rocher) = Etude et construction :
o Sur la roche {Ex : construction des structures fondées sur la roche ou logées dans la roche (Ex :
stockage souterrain d’hydrocarbures, de déchets radioactifs…)}
o Avec la roche (blocs de protection contre l’érosion fluviale)

incluant les études de procédures (plans méthodes) et de dimensionnement associés (plans de


définition de l’ouvrage).

 Géologie structurale = partie de la tectonique des plaques en charge de la description et l’analyse de


la structure des massifs rocheux => fournit les données pour la mécanique des roches = travail
d’équipe Ex: sondage avec diagraphies
 Ingénierie de la géologie (Ingénieurs géologues) = Etude de la géologie en vue de fournir les
 Mécanique des sols : Etude de la statique et de la dynamique des sols meubles.
 Ingénierie géotechnique : procédure définissant les étapes d’ingénierie relative à
la roche et/ou aux sols meubles.

Les 3 domaines d’applications de la mécanique des roches :

 Ingénierie du génie civil (depuis 130 ans environ).


o carrière des roches (exploitation de matériaux de construction)
o Excavation pour ouvrage au rocher
o Talus routiers ou ferroviaires
o Tunnels
o Transport d’eau (galerie d’amenée des conduites forcées, barrages)
o Stockages
o NB : Problèmes de circulation d’eau souterraine
 Ingénierie minière ou génie minier (depuis 60 ans environ).
o Excavations profondes à ciel ouvert ou en galerie (puits, tunnels)
o NB : Problèmes de circulation d’eau souterraine

 Ingénierie pétrolière ou génie pétrolier.


o Forages à travers la roche à grande profondeur (dureté de la roche et stabilité
du trou circulaire)
o NB : Problèmes d’affaissement minier dû au pompage de pétrole =>
circulation d’eau souterraine dû à la création des vides souterraines.

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