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Mots-clés : réseaux d'eau, eau sanitaire, diagnostic, économie d'eau, risque sanitaire, corrosion, entartrage
gnostic d’un réseau de production et de distribution s'attachant soit à détecter les éventuels désordres
d’eau sanitaire. (constat), soit à en identifier les causes et à proposer
les bons remèdes (expertise). Le but du diagnostic est
de tendre vers un réseau d'eau de bonne qualité. Cela
signifie un réseau où la circulation de l'eau est bonne,
où la température de l'eau est suffisante en tout
point ; cela signifie également que le circuit de distri-
bution d'eau n'est le siège ni de corrosion, ni d'entar-
trage. Le diagnostic doit mettre en avant l'importance
de la conception, c'est-à-dire le choix des matériaux
et matériels, le respect des réglementations, certifica-
tions et textes normatifs, ainsi que la présence de pro-
tections anti-retour. Enfin le diagnostic s'attache à
faire ressortir l'importance de la mise en œuvre, par
respect du cahier des charges et par la bonne réalisa-
Figure 1
tion des assemblages.
La valeur de la prestation de diagnostiqueur repose
aussi sur l'organisation des audits sur site, sur la qua-
1.2. Valorisation des acquis lité des relations avec le diagnostiqué – c'est-à-dire la
À la suite de ces constatations, le CSTB a entrepris, en capacité à le motiver, à le rendre disponible et coopé-
collaboration avec des diagnostiqueurs, des donneurs ratif –, ainsi que sur la qualité des rapports (synthèse
d'ordre et des experts, la rédaction d'un référentiel de et rédaction).
certification de service consacré aux diagnostics des
réseaux d’eau dans le bâtiment. La rédaction de ce ré-
2.1. Constat
férentiel a largement profité du travail effectué dans
Le constat commence par un relevé des données sur
une thèse relative à la prédiction des risques de
les installations d'eau froide et d'eau chaude sani-
dégradation des réseaux.
taire : canalisations, robinetteries, appareils de pro-
En fonction des impératifs fixés par le donneur
tection, production d'eau chaude sanitaire, relevé
d'ordre (qu'ils soient techniques ou financiers), il a
précis du poste de traitement d'eau, équipements
été nécessaire de faire une distinction entre deux ni-
(surpresseurs par exemple), paramètres (tempéra-
veaux possibles de diagnostic. Un niveau de base a
ture, pression), calorifugeage, relevé des résultats
été appelé « constat », et les diagnostics plus élabo-
d’analyse d’eau disponibles, clapets anti-retour et dis-
rés, c'est-à-dire ceux contenant des recommandations
connecteurs.
d'amélioration ont été appelés « diagnostics experts ».
La figure 2 montre un exemple de schéma de protec-
Dans ce dernier cas, les moyens à mettre en œuvre
tion anti-pollution avec relevé de la position et du
(matériels et compétences) étant spécifiques, trois
type de protections sur le réseau.
spécialités ont été mises en avant :
La sécurité sanitaire est prise en compte par une
- technique (hydraulique, corrosion, entartrage),
description de la protection contre les retours d'eau,
- économie d’eau et d’énergie,
l'identification des causes des dysfonctionnements
- risque sanitaire (risque de brûlure, présence de lé-
et des branchements non-conformes, l'identification
gionelle, présence de plomb).
des réseaux mal structurés, l'évaluation du risque de
brûlure.
2. Les types de diagnostic
Le constat alerte et informe les usagers, gestionnaires
Il s'agit d'apprécier les moyens (équipements, com- et donneurs d’ordre sur les désordres concernant l’en-
pétences, organisation) permettant à une entité tretien et la maintenance, les matériaux, la qualité de
d'effectuer un bon déroulement des diagnostics, en l’eau, les retours d’eau, les risques de brûlures.
(production ECS, sondes de température, adoucis- parations et améliorations doit aussi être faite en
seur) et les mauvais usages du réseau (mauvaise fonction de l’impact que celles-ci peuvent avoir et des
maintenance, abandon de portions de réseaux) à par- moyens nécessaires pour les mettre en œuvre.
tir de l'historique et des documents mis à disposition. Les préconisations peuvent concerner les traitements
2.2.1.2. Analyse, préconisations d'eau anticorrosion ou la lutte contre l'entartrage, le
calcul de l'hydraulique du réseau, la désinfection en
Cette phase du diagnostic a pour but de déterminer
cas de risque élevé de développement bactérien, la
l'origine des non-conformités et de proposer des re-
suppression des bras morts. Cette phase du diagnos-
mèdes et recommandations visant à réduire les consé-
tic peut aussi indiquer les matériaux ou produits à
quences des phénomènes de corrosion et entartrage
modifier, proposer des matériaux ou produits de rem-
(ralentissements de débit, développements de bio-
placement.
film, modification de la composition de l'eau). En
particulier, il doit être proposé de se mettre en confor- Enfin, elle doit insister sur la nécessité de mettre en
mités avec les DTU, les normes, les guides et les place un carnet d’entretien (s'il n'existe pas encore)
règles de l'art en général. et de le tenir à jour.
2.2.2. Économie d'eau et d'énergie
Cette partie du diagnostic peut préconiser l'installa-
tion de vannes d’équilibrage, le redimensionnement 2.2.2.1. L'état des lieux
des divers organes (la pompe, le surpresseur), le by- Ce diagnostic comporte une analyse des consomma-
passage de dispositifs dangereux (ballons mal bran- tions d’eau et d’énergie, avec une étude des factures
chés), les éventuelles réparations à entreprendre pour et relevés, le recensement des appareils et leur
pérenniser l’installation (redimensionnement du ré- consommation.
seau). Elle doit identifier les travaux à mener en ur- Il s'attache à identifier les points faibles tels que les
gence en cas de désordres susceptibles de mettre en gaspillages énergétiques, les fuites, l'absence de calo-
défaut la sécurité de l’installation et/ou induire des rifugeage ou sa mauvaise qualité éventuelle, les surdi-
dégradations coûteuses. Une hiérarchisation des ré- mensionnements.
La production est étudiée sous l'aspect de son rende- Pour connaître le risque de saturnisme d'origine hy-
ment, et la distribution examinée (isolation, bou- drique, le repérage des matériaux du réseau doit être
clage, traçage, etc.). Les facteurs aggravants de ges- fait selon la norme NF P 41-021.
tion sont mis en avant. 2.2.3.2. Analyse, préconisations
2.2.2.2. Analyse, préconisations
Les préconisations relatives aux risques sanitaires
La première préconisation associée à ce type de dia-
sont les suivantes.
gnostic concerne les opérations d’urgence à mener en
• Risques de brûlures
cas de fuite ou de déséquilibre dans la distribution.
Le diagnostic sur l'économie d'eau et d'énergie pro- Mise en conformité de l'installation par rapport à l'ar-
pose une hiérarchisation de solutions plus éco- rêté du 30 novembre 2005, avec respect de la tempé-
nomes : rature maximale de 50 °C aux points de puisage dans
- mise en place d’une gestion plus adéquate, les salles de bain. Cette préconisation peut passer par
- mise en place d’appareils économes ou limitant les l'installation de mitigeurs. Mais elle est aussi liée au
pertes énergétiques, maintien d'une température suffisante dans le réseau
- redimensionnement des divers équipements, et les appareils de production d'eau chaude, ce qui
- proposition de mise en œuvre de solutions alterna- peut nécessiter leur remise à niveau ou leur remplace-
tives (solaire, récupération d’eau…). ment, ainsi qu'un équilibrage hydraulique.
2.2.3. Risque sanitaire (risque de brûlure, présence • Risque de prolifération de légionelles
de légionelle, présence de plomb) Actions de nettoyage, le plus souvent à base de pro-
2.2.3.1. L’état des lieux duits acides pour éliminer le tartre, suivies d'une pas-
Pour prévenir le risque de brûlure, l'état des lieux sivation, et en respectant la compatibilité avec les
comporte des mesures de température, l'étude de la matériaux de l'installation. La désinfection du réseau
conception du réseau, le repérage de la présence et peut alors être envisagée, soit d'une façon curative,
du positionnement des mitigeurs. avec le réseau hors service, à base de produits libé-
Pour faire face au risque de légionellose, il s'agit de dé- rant du chlore libre ou de peroxyde d’hydrogène avec
tecter la présence éventuelle de bactéries de type Le- acide peracétique ou stabilisé aux sels d’argent, soit
gionella pneumophila, d'évaluer l'état du réseau (cor- en procédant à un choc thermique de 70 °C pendant
rosion, entartrage, fiches d’interventions), de faire des 30 minutes sur chaque poste utilisateur. La lutte
analyses d'eau et de s'entretenir avec les exploitants et contre la prolifération des bactéries peut se faire aussi,
gestionnaires. L'évaluation du comportement hydrau- le réseau étant en service, par injection en continu de
lique du réseau doit être faite, afin de déterminer si la produits libérant du chlore libre avec dosages définis
circulation de l'eau est bonne et si la température en par la circulaire du ministère de la Santé relative aux
tout point du réseau est supérieure à 50 °C. établissements de santé. Toujours dans le cadre de
l'arrêté du 30 novembre 2005, la lutte contre la proli-
fération des légionelles fait prioritairement appel à un
équilibrage hydraulique et au maintien d'une tempé-
rature suffisante en tout point du réseau.
3. La certification
La mise en place d'une certification pour ces diagnos-
tics de réseaux d'eau répond à plusieurs objectifs :
- satisfaire une demande des donneurs d’ordre (auto-
rités sanitaires, gestionnaires de parcs immobiliers)
par rapport à la qualité des interventions. Les récentes
Figure 7 enquêtes de satisfaction par rapport aux acteurs de
Conclusion
Ce travail d'analyse des diagnostics de réseaux d'eau
dans le bâtiment, puis de rédaction d'un référentiel
montre l'intérêt qu'il y a à harmoniser les pratiques
dans ce domaine. Ces évaluations se distinguent par
leur pluridisciplinarité, le réseau d’eau sanitaire pou-
vant se décliner selon divers aspects (sanitaire,
confort de l’utilisateur, économie d’eau). Ce travail
trouve aussi sa légitimation dans la lutte contre les
désordres de corrosion ou entartrage qui peuvent
avoir des conséquences économiques considérables.
Bibliographie
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CORREC O., DERRIEN F., DIAB Y.: "Development of a tool 17, 2004. Paris.
for predicting the risk of degradations in water supply
Résumé
F. DERRIEN. Diagnostic des réseaux d'eau de légionelles. Tirant les leçons d'une analyse
sanitaire dans les bâtiments de quatre diagnostics effectués sur la même
Les diagnostics obligatoires se développent installation par des prestataires différents, et
dans l'habitat, afin d'assurer aux propriétaires se basant sur les connaissances des réseaux
et aux habitants une meilleure connaissance intérieurs depuis de longues années, le CSTB
de la surface du logement, de la performance a établi un référentiel, en concertation avec
énergétique, de la sécurité sanitaire (plomb différents acteurs, dans le but de définir une
dans les peintures, termites), de la sécurité base pour une certification. Les récentes éva-
des ascenseurs. L'état des installations de luations de la qualité des prestations de dia-
distribution d'eau a échappé à ce recense- gnostic obligatoires ont confirmé l'intérêt de
ment. Il n'en demeure pas moins que ces dis- mettre en place une certification, afin de ras-
tributions d'eau sont source d'amélioration, surer les donneurs d'ordre et valoriser le tra-
là où existe un gisement d'économies d'eau, vail de ceux qui mènent ces prestations avec
de meilleur confort, et de sécurité par rapport professionnalisme.
aux risques de brûlures ou de développement