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ASSOCIATION LE PONT
DU DIAGNOSTIC AU PROJET
ET AU MARCHE DE TRAVAUX
J.P. LEVILLAIN
Ingénieur Conseil Toulouse, octobre 2006
Du diagnostic au projet et au marché de travaux JPL octobre 06
SOMMAIRE
5.3 - Quelques réflexions sur l'amélioration de la portance des appuis par reprise en sous-œuvre 11
7 - CONCLUSIONS 22
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Du diagnostic au projet et au marché de travaux JPL octobre 06
Dans un siècle où l'on jette, l'ouvrage d'art est fait pour durer. Pour faire durer, le gestionnaire de
l'ouvrage devra entreprendre des travaux assurant la pérennité et en particulier celle des protections des
appuis et des fondations.
La base de notre patrimoine d'ouvrages d'art de franchissement des rivières date essentiellement du
XIXème siècle. Ce sont des ouvrages voûtés en maçonnerie ou des tabliers métalliques sur appuis
maçonnés puis au début du XXème siècle des ouvrages en béton armé. Nous évoquerons essentiellement
ces ouvrages anciens de 100 à 200 ans d'âge moyen, qui rendent un service inestimable à la collectivité et
que, s'ils n'existaient pas, il faudrait construire. Ils font partie de notre environnement quotidien.
Le pont de franchissement d'une rivière a une valeur sociale dans la mesure où il apporte un avantage à la
collectivité. C'est une liaison entre les rives. Le coût de l'ouvrage est généralement faible eu égard à sa
fonction économique. Au coût propre de l'ouvrage à construire ou reconstruire ou à réparer il faut ajouter
celui qui est induit par les déplacements plus longs des personnes et des biens. Le caractère social des
ouvrages d'art est de plus en plus marqué. Pour ce faire l'ouvrage devra être disponible le plus longtemps
possible. Il est construit pour durer.
Initiée plus particulièrement pour les réparations des fondations des ouvrages en maçonnerie, la
démarche que nous évoquons permettant d'aller du diagnostic au projet peut s'appliquer à tous les
ouvrages de génie civil que ce soit des ponts, des murs , des ouvrages fluviaux ou portuaires.
Nombre d'ouvrages anciens sont conservés dans leur géométrie, ou élargis pour améliorer les conditions
de circulation. Ces ouvrages implantés en site aquatique sont plus ou moins fortement agressés.
Conserver ces ouvrages anciens nécessite de procéder aux travaux suivants :
◊ entretien permanent des évacuations des eaux et maintient des parements,
◊ surveillance de l'ouvrage selon des périodicités fonction de l'usage social et des environnements
agressifs,
◊ connaissance du comportement réel de l'ouvrage à un instant donné suivie d'un diagnostic
complémentaire selon les désordres constatés et les évolutions des sols au pourtour des appuis,
puis d'un pronostic et d'un projet de restauration,
◊ travaux de protection ou de consolidation permettant de retrouver ou de conserver la portance et
la tenue des fondations.
Cette démarche s'impose à tous les gestionnaires. Elle est due à la recherche du maintien en sécurité des
ouvrages vis-à-vis des usagers.
Quant au concepteur de la réparation, il ne doit pas avoir d'idées préconçues sur les travaux à
entreprendre. Sa force va résider dans sa capacité à voir l'ouvrage, à savoir "l'écouter", à reconnaître
l'origine des agressions et leurs actions, à mettre en évidence les points faibles de l'ouvrage et les
éléments pathologiques forts. Son étude ne sera valorisée que parce qu'elle conduit à la prise en compte
de toutes les contraintes techniques d'usage, des contraintes juridiques comme la loi sur l'eau et qu'elle
permet de conserver l'usage de l'ouvrage pendant les travaux.
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Les gestionnaires attendent des solutions techniques fiables, pérennes, sans risque à leur mise en œuvre.
Ils attendent que les maîtres d'œuvre redonnent "la santé" à l'ouvrage et pour longtemps.
L'objet de ce document est d'examiner et de recommander la démarche à suivre pour que les travaux
d'entretien ou de réparation soient définis exactement et déterminés au plus juste de leur efficacité en
fonction de l'état de l'ouvrage et de la sécurité à conserver ou rétablir et en recherchant un maintien de
celle-ci pour longtemps.
Très schématiquement, les performances des ouvrages se détruisent graduellement ou par à-coups au
cours du temps.
Le coût des réparations des ouvrages suit une courbe d'augmentation à tendance exponentielle en
fonction des années. La perte de sécurité suit une courbe inverse.
La maintenance permet de limiter la perte de performance des ouvrages et elle réduit le coût des travaux
lourds de restauration. Il faut trouver l'équilibre entre la maintenance régulière et les travaux de
restauration réalisés à bon escient et permettant de conserver à l'ouvrage une sécurité suffisante pour un
engagement de dépense minimum.
C'est l'objectif de tous les gestionnaires de mieux maîtriser les dépenses et de conserver les performances
des ouvrages. Il est nécessaire, pour ce faire, de s'appuyer sur une surveillance de santé. Il faut donc
évaluer les performances sous charges permanentes et surcharges, détecter les endommagements et
déterminer l'état général de l'ouvrage et en particulier de ses fondations et des sols environnants.
Comme pour toute surveillance personnelle de santé, le gestionnaire met en œuvre les opérations
suivantes :
◊ des examens c'est une surveillance visuelle des structures et des
fondations,
◊ des auscultations des reconnaissances par sondages et essais de diverses
natures permettant de caractériser les matériaux et les
comportements,
◊ de la chirurgie et des convalescences des travaux de réparation ou de protection des sols ou
encore des réhabilitations.
Pour maintenir l'ouvrage en bon état de fonctionnement et de sécurité vis-à-vis de l'usager, il est
nécessaire de réaliser des travaux d'entretien permanents et d'assurer une surveillance.
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Les données de la surveillance opérationnelle doivent fournir une information pour le diagnostic. Ce sont
des indicateurs de la connaissance permettant d'accéder aux décisions opérationnelles.
Le diagnostic, préalable indispensable à toute intervention sur un ouvrage, doit être le plus précis et le
plus exact possible avant de pratiquer la thérapie d'une restauration.
a) Identifier le malade, lui demander son nom, son âge, son histoire, sa géométrie et celle de son
environnement. L'ouvrage n'est pas isolé, c'est également le sol au pourtour et la rivière avec son
régime d'écoulement et de variation du niveau d'eau.
b) L'enquête historique doit permettre de retrouver en partie ou en totalité les plans, les modes de
construction, les incidents de parcours, les traitements déjà effectués et de reconstituer l'histoire
des désordres. Cette enquête est indispensable, peu coûteuse, toujours intéressante et elle apporte
le plus souvent des éléments instructifs et très utiles pour la suite des opérations.
c) L'inspection visuelle des structures et des fondations consiste à procéder au relevé des désordres
et des anomalies pouvant affecter divers éléments constitutifs. L'inspection se doit d'être
complète. Elle nécessite de procéder à un levé topographique de l'ouvrage et de son
environnement et de mettre en évidence des tassements absolus et différentiels. Le levé des fonds
et de leur nature et la bathymétrie du lit de la rivière font partie des observations indispensables à
la connaissance de l'ouvrage.
L'inspection subaquatique est à réaliser, comme les inspections des structures, par des
inspecteurs et des agents d'inspection titulaires du Certificat de Qualification Professionnelle.
Les inspections des ouvrages nécessitent des personnes compétentes et formées, connaissant les
ouvrages d'art, pour réaliser les observations et les relevés.
d) Analyse de l'état et du comportement de l'ouvrage. Cette analyse des données et des relevés
prend en compte les informations recueillies regroupées selon les quatre grands thèmes suivants :
Déformées dans la géométrie de l'ouvrage. Il s'agit de mettre en évidence toutes les
anomalies apparentes dans les éléments structuraux et les fondations et leur position.
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Recherche des fissures et fractures et plus globalement des zones de rupture. Les fissures
ou les fractures ne se positionnent pas au hasard ; elles correspondent à un excès de
contrainte pour la structure analysée et pour l'état de celle-ci.
Identification et état des différents matériaux constitutifs de l'ouvrage. Ce thème examine
en particulier l'état d'altération des matériaux et leurs propriétés mécaniques.
Désordres dans l'environnement. Il s'agit de mettre en évidence des défauts de
comportement dans l'environnement, que ce soit les sols au pourtour des appuis, les
protections, les berges, le lit en général, les remblais adjacents,…
e) Reconnaissance des fondations, des matériaux, des sols et réalisation d'essais. Cette analyse du
comportement de l'ouvrage à partir du dossier de l'ouvrage et d'une observation visuelle permet
d'établir un prédiagnostic sur l'état et le comportement de l'ouvrage. Ce prédiagnostic est
nécessaire pour préciser ce que l'on doit rechercher pour comprendre l'ouvrage et donc pour
implanter correctement les auscultations.
L'auscultation interne par sondages et essais est un élément fondamental du diagnostic. Cette
auscultation doit avoir pour objectifs de déterminer les éléments géométriques de la fondation, la
masse volumique des matériaux constitutifs, la nature et les caractéristiques mécaniques des sols
sur toute leur hauteur. Cette reconnaissance doit être suffisamment profonde pour permettre
ultérieurement une étude éventuelle de reprise en sous-œuvre.
L'auscultation par sondage nécessite une mise en œuvre d'outils adaptés (carottier de diamètre
suffisant de 116 et 131 mm avec couronne au diamant) en respectant les règles de l'Art comme le
tubage des remblais sus-jacents. Les outils destructifs seront a priori exclus.
L'implantation des sondages ne doit pas résulter des facilités d'accès de la machine mais
essentiellement de l'objectif des travaux de reconnaissance cherchant à mettre en évidence les
désordres et leur ampleur.
Comme il s'agit de conforter des fondations, il est indispensable de reconnaître exactement les
caractéristiques de celles-ci :
matériaux maçonnerie, éléments en bois, béton et béton armé,…
niveau d'assise et constitution des fondations,
caractéristiques géométriques.
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g) Un diagnostic précis et objectif : Aux observations réalisées sur les structures et les fondations et
reportées sur des plans en élévation et en coupe, on adjoint les reconnaissances des matériaux et
des géométries et les auscultations internes avec les données sur les sols issues des
reconnaissances géotechniques ainsi que les synthèses documentaires.
Le diagnostic consiste à réaliser une analyse du comportement permettant d'expliquer les
déformations, les ruptures et leurs positions et par un recalcul de l'ouvrage permette de justifier
ou non les dispositions adoptées dans ses divers éléments constitutifs et les différentes stabilités
(fondations, stabilité latérale sous la poussée des voûtes, stabilité des voûtes, …) ainsi que les
sécurités correspondantes.
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Ces graphes sont la traduction d'un suivi sur plus d'un an. On notera qu'un enregistrement est
nécessaire pour pouvoir réaliser une analyse statistique et procéder à un traitement mettant en
évidence la porteuse générale en ayant éliminé l'influence prépondérante de la température. La
température doit bien entendu être enregistrée comme les mesures d'ouverture des fractures.
Les mesures doivent porter sur des éléments représentatifs des mouvements de l'ouvrage. Les
implantations des appareils nécessitent l'établissement d'un diagnostic préliminaire du
comportement permettant de situer les éléments représentatifs d'un déplacement ou d'une
rotation. Notons également que les sols environnants sont également sensibles aux influences
extérieures (mouvements d'eau, température) et ne sont pas des points fixes de référence.
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Le rapport de diagnostic sur le comportement et l'état de l'ouvrage doit être suivi d'une phase de
pronostic.
◊ les conséquences des agressions et des désorganisations sur la sécurité générale et locale.
Le pronostic d'évolution probable tient compte du phénomène "temps" toujours difficile à évaluer. Cette
phase est cependant indispensable car elle permet de réfléchir et d'extrapoler l'évolution prévisible de
l'ouvrage et de la sécurité vis-à-vis de l'usager.
L'évolution de l'environnement hydraulique suite aux dégradations de nos rivières conduit à des pertes
d'encastrement, à des destructions des protections des fondations, à un affaiblissement des
caractéristiques mécaniques des sols ou à des modifications topographiques des sols environnants.
Les agressions dues à l'eau conduisent à une altération des matériaux constitutifs (dissolution des chaux
et des matériaux, abrasions des pièces,…) et une diminution de leurs caractéristiques mécaniques.
Ces quelques exemples indicatifs de dégradations de l'environnement sont à prendre en compte comme
risques encourus même en présence d'un bon état apparent de l'ouvrage mis en évidence au diagnostic.
Le pronostic doit mettre en évidence le besoin ou non de prendre rapidement des mesures conservatoires
immédiates mais également il peut conduire à un complément d'auscultation ou d'instrumentation pour
justifier des orientations probables d'évolution de l'ouvrage.
La thérapie fait suite au pronostic. Elle recherche la ou les solutions techniques permettant de
remettre ou de conserver l'ouvrage dans des conditions de sécurité autorisant son usage
conformément au programme fonctionnel demandé par le maître d’ouvrage.
La thérapie, pour utiliser des termes de médecine applicables aux ouvrages "malades", consiste à
définir les étapes suivantes :
◊ objectifs des restaurations à envisager en fonction du programme prévisionnel. Quels
éléments faut-il modifier, renforcer, remplacer, améliorer pour répondre aux divers critères
de sécurité ?
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◊ quels sont les types de techniques qui vont répondre aux objectifs ? Il s’agit de concevoir les
orientations permettant de résoudre les insuffisances constatées et listées.
◊ principe des travaux : pour atteindre les objectifs, quels travaux doit-on effectuer ? Il s’agit
ici de définir les techniques appropriées à l’ouvrage et aux améliorations recherchées ou aux
réparations.
◊ moyens à mettre en œuvre et procédures. L’analyse des conditions d’exécution, des
contraintes environnementales, des contraintes liées au site et à son usage conduit à ne
retenir que des techniques bien précises.
Les travaux de réparation, renforcement, amélioration, … étant bien justifiés, il importe ensuite
d’examiner les évaluations des coûts et des délais.
Avec cette appréciation des coûts, le programme fonctionnel proposé peut si besoin être réexaminé
de manière à cadrer les travaux avec le montant raisonnable de la remise en état de cet ouvrage. Un
coût prohibitif pourrait remettre en question la réalisation de la réhabilitation.
Comme chaque fois qu'une évolution est mise en évidence ou à craindre, il est nécessaire d'agir à
bon escient. On a rarement besoin de prendre des mesures conservatoires immédiates.
Le projet ne peut être établi qu'à partir du schéma de réflexion précisé ci-dessus, diagnostic,
pronostic, risques encourus et d'une connaissance exacte de cette évolution. Il ne faut pas que le
projet de réparation n'aggrave les désordres ou les risques encourus par l'ouvrage.
Aussi la première question à résoudre sera de déterminer s'il est nécessaire ou non de protéger les
sols, de consolider, de reprendre en sous-œuvre, voire de reconstruire.
Dans cette graduation de l'importance de l'opération, on notera que souvent la réparation consistera
à procéder à des travaux de simple conservation d'un état existant par des améliorations ou la
reconstitution des protections. Les travaux beaucoup plus lourds de consolidation ou de reprise en
sous-œuvre doivent être justifiés par un diagnostic précis et réaliste.
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C'est le diagnostic, l'analyse des risques encourus et le pronostic qui permettent de répondre à ces
interrogations.
Travaux envisageables
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suffisante sous le niveau moyen des fonds affouillables pour éviter la formation d'érosion à
la base et derrière cet encagement.
◊ La reprise en sous-œuvre n'est à envisager que lorsque la portance des fondations de l'appui
est insuffisante et que les techniques précédentes sont inadaptées. Les techniques de reprise
en sous-œuvre sont plus lourdes, plus complexes et parfois dangereuses. Elles sont
examinées très sommairement ci-dessous.
5.3 - Quelques réflexions sur l'amélioration de la portance des appuis par reprise en sous-œuvre
Lorsque le diagnostic sur l'état et le comportement des fondations a mis en évidence un défaut
certain de portance des sols de fondation, il est nécessaire de réfléchir aux différentes solutions
permettant d'améliorer la sécurité globale de l'ouvrage.
Dans le cadre de cette note technique limitée aux réflexions et recommandations pour établir un
projet technique de confortement, nous énumérons les différentes techniques qui peuvent être
envisagées. Leur choix sera à établir à partir du diagnostic élaboré, du pronostic, de l'examen des
risques encourus et de la formalisation des objectifs à respecter pour redonner les sécurités.
Quand on est en présence d'un ouvrage présentant une insuffisance de portance des appuis, les
orientations des solutions sont les suivantes :
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La technique de reprise en sous-œuvre des fondations par micropieux est très utilisée sur les
ouvrages pour différentes raisons que nous analysons à la lumière des observations et des
expériences de ces vingt dernières années.
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La technique des micropieux est assez répandue dans le domaine du bâtiment et des ouvrages en site
terrestre comme fondation neuve ou de reprise en sous-œuvre à la suite d'incidents. Dans ces
différents domaines, les efforts transmis sont généralement modestes eu égard aux charges exercées
par un ouvrage d'art comme un pont. Néanmoins, leur facilité apparente d'exécution avec des
machines courantes de forage et l'utilisation de tubes pétroliers qui permettent de transférer des
charges importantes (200 t et plus) ont conduit à leur emploi sur de nombreux ouvrages en service.
Plusieurs raisons conduisent les bureaux d'études à préconiser des reprises en sous-œuvre par
micropieux.
◊ L'étude géotechnique
Tout d'abord, une étude de stabilité des appuis est conduite par un géotechnicien ayant
accepté de réaliser une mission normalisée de type G 0 et G 11 et parfois G 52. Cette mission
comporte l'exécution de forages dans les maçonneries, la réalisation d'essais
pressiométriques dans les sols de fondation. Traités à des prix bas, les forages sont effectués
en destructif sur toute la hauteur et les essais pressiométriques ne traduisent
qu'imparfaitement la qualité des sols de fondation. Sans recalcul de la stabilité de l'ouvrage
(non prévu dans ce type de mission), le géotechnicien, qui n'a pas mission d'analyse et de
diagnostic mais seulement d'indiquer des préconisations souhaitables, a vite fait de conclure
à la nécessité d'une reprise en sous-œuvre par micropieux dont le logiciel informatique lui
délivre en quelques minutes la justification du dimensionnement type.
◊ Le manque de sanction
Décidée sans justification véritable, surabondante dans son dimensionnement puisqu'une
fondation qui assurait la reprise totale des efforts exercés est substituée partiellement ou
totalement par une autre fondation, la solution micropieux ne sanctionne pas son auteur.
Et pourtant, cette solution présente en elle-même de nombreuses causes de désordres
potentiels, tant dans son exécution que dans son comportement ultérieur.
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Cette technique de la reprise en sous-œuvre par micropieux est adaptée à certaines fondations
d'ouvrages présentant des tassements absolus et différentiels ou des désordres importants dans un
transfert des charges sur des pieux d'origine fichés dans un sol peu portant.
En effet, quand l'ouvrage présente des tassements continus de grande amplitude (centimétrique),
l'exécution de quelques micropieux venant compléter la portance de la fondation en reprenant le
supplément des charges permettant d'arrêter les mouvements est une des solutions envisageables.
Un exemple est donné par le pont de Pierre de Bordeaux où quatre appuis de la rive gauche ont vu
leur fondation renforcée par l'exécution de 16 à 20 micropieux permettant de reprendre un tiers de la
charge totale exercée. En effet, le tassement continu des appuis s'est arrêté quand, après
raccourcissement élastique des micropieux, il y a eu transfert d'une partie de la charge totale sur
ceux-ci et déchargement suffisant de la fondation d'origine.
Un autre exemple est donné par un ouvrage construit sur une argile compressible et présentant un
tassement métrique. L'ajout de plusieurs micropieux a permis d'arrêter les tassements et de redonner
le profil en long de l'ouvrage en le rechargeant.
Un autre cas de la nécessité d'une reprise en sous-œuvre par micropieux est par exemple celui d'un
barrage écluse édifié sur pieux bois battus dans les alluvions et enchâssés dans un massif de béton
délavé et défaillant au point de ne plus transférer les charges, faute de liaison entre le massif de
béton et les pieux. Dans ce cas, les micropieux sont venus se substituer totalement aux fondations
d'origine insuffisantes pour reprendre les charges appliquées. Toutefois, il est nécessaire que les
maçonneries soient de très bonne qualité pour transférer la totalité des charges aux nouvelles
fondations.
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La mise en œuvre d'une technique de renforcement des fondations doit être justifiée et étudiée avec
précision. Le projet peut être remis en cause en s'interrogeant sur sa validité et sur la nécessité de
cette opération qui n'est jamais exempte de risques.
L'appréciation de l'état de l'ouvrage est un problème difficile et ceci, d'autant que les informations
tirées de la reconnaissance sont limitées. La prudence doit alors guider le projeteur quant au choix
des moyens à mettre en œuvre et sur l'établissement de la séquence des opérations. A cet égard, il
est recommandé, selon les cas :
◊ de reconstituer d'abord la continuité entre l'appui et le sol support en comblant les cavités
existantes,
◊ d'étayer les parties instables, voire de mettre les voûtes sur cintres provisoires,
◊ de ceinturer les appuis fracturés.
Si la mise à sec de l'ouvrage est à envisager et qu'elle permet alors de conforter les fondations dans
les meilleures conditions, certaines précautions sont de rigueur. Il faut au préalable apprécier les
risques de tassements du sol de fondation (tassement de consolidation ou dû à l'augmentation des
charges par suppression de la poussée d'Archimède) ou encore vérifier le non-entraînement des sols
par de l'eau en charge derrière un appui. Les épaulements des digues doivent être réalisés
soigneusement et il convient en outre de prévoir une remise en eau rapide face à une crue.
Le tirant d'air disponible sous les voûtes des petits ponts en maçonnerie est souvent très limité. Ceci
complique la mise en œuvre des palplanches, d'autant que l'on doit rechercher à ne pas réduire le
débouché sous l'ouvrage. Lorsque l'épaisseur des alluvions est faible, il suffit alors de réaliser une
présouille. Cette dernière ne doit cependant être exécutée que sur une longueur limitée, le travail
étant mené par plots à l'avancement pour ne pas diminuer la stabilité de la fondation. Le non respect
de cette règle de bon sens s'est traduit il y a quelques années par le basculement et la ruine de deux
ouvrages fondés superficiellement.
Signalons également que le fonçage des palplanches favorise toujours une réorganisation des sols
pulvérulents et, par suite, occasionne des tassements. Ce phénomène particulièrement marqué avec
le vibrofonçage est susceptible de provoquer des tassements d'appui importants lorsque la fondation
n'est pas établie sur un horizon dur. En l'état actuel des connaissances, l'utilisation du battage
apparaît préférable au vibrofonçage et au lançage au voisinage immédiat de fondations en état
précaire. Cependant, le vibrofonçage à très haute fréquence avec découplage des basses fréquences
apparaît également applicable sans entraîner des désordres. Ces travaux doivent n'être exécutés que
sous une surveillance permanente de l'ouvrage.
Tout travail de reprise en sous-œuvre d'une fondation affaiblit momentanément les sols de
fondation, que ce soit à la suite de forages dans les sols, d'incorporation de coulis de ciment, de
terrassements locaux … En conséquence, les cadences d'exécution de ces travaux doivent être
examinées avec précision et selon une procédure détaillée analysant les conséquences de chacune
des opérations.
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En particulier les travaux d'injection, que ce soit dans les sols ou les maçonneries, ne se font que
sous pression faible et débit très réduit. Une injection trop brutale de coulis fluide de ciment-chaux
peut jouer un rôle de vérin et provoquer une dislocation des maçonneries, soulever un appui, faire
tasser une fondation sur pieux par réduction momentanée du frottement latéral, … Aussi les
quantités à injecter par manchettes et les débits doivent-ils être bien précisés dans le marché de
travaux et non laissés à l'initiative de l'entreprise qui aura toujours tendance à augmenter les
cadences pour remettre un prix concurrentiel.
Le projet de restauration ou de confortement est unique tout comme l'ouvrage à réparer. Il est défini
dans ses objectifs et ses orientations. Il doit assurer la mise en sécurité de l'ouvrage et ceci au
moindre coût, dans une optique de pérennité de l'opération.
Nous venons d'examiner l'organisation de la démarche à suivre par phases successives
(identification du malade, inspections et topographie générale du site et de l'ouvrage, observations
visuelles et analyse de comportement, auscultations internes, diagnostic sur l'état et le
comportement, pronostic et recherche des risques encourus). Lorsque les orientations et les objectifs
du projet de restauration ou de consolidation sont établis celui-ci va être précisé et étudié
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De même, le projet comporte l'examen de la réalisation des travaux selon des tranches
fonctionnelles avec une évaluation des délais d'exécution tenant compte des difficultés et des aléas
prévisibles.
Le marché de travaux orientés vers un renforcement des fondations ou de protection des sols ne
peut être établi que par des spécialistes du sol et des structures.
Le maître d'œuvre rédigera un cahier des clauses techniques particulières comprenant les chapitres
classiques :
◊ Dispositions générales - descriptions de l'ouvrage,
◊ Préparation - organisation du chantier,
◊ Provenance, qualité, préparation des matériaux,
◊ Exécution des travaux.
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Ce chapitre est essentiel : il pose les problèmes et indique les solutions retenues. Il nécessite de
définir clairement les objectifs et les principes du confortement. On indique dans ce chapitre la liste
des intervenants (maître d'ouvrage, maîtres d'œuvre, bureau de contrôle, experts, …). On précise le
cadre dans lequel se déroulent les travaux :
◊ pont de franchissement d'une rivière et supportant une voie de circulation présentant des
caractéristiques clairement identifiées,
◊ les contraintes hydrauliques de la rivière et ses variations ainsi que les contraintes dues à la
loi sur l'eau,
◊ le type d'ouvrage parfaitement identifié et décrit avec son mode de fondation et les
caractéristiques des matériaux (pierres, mortier, bois, …),
◊ l'étude préalable des sols et fondations et les travaux d'auscultation réalisés,
◊ les objectifs à atteindre, stabilisation des sols et des fondations, les mouvements tolérés
pendant les travaux et après consolidation tenant compte des déplacements naturels des
ouvrages selon le site.
Il peut être toléré d'indiquer la possibilité de présenter ou non des variantes techniques et dans
quelles conditions, mais, en général, un diagnostic correct, un pronostic argumenté et des risques
encourus bien identifiés conduisent à ne retenir qu'une seule solution technique adaptée au problème
posé par cet ouvrage étudié.
Dans quelques rares cas particuliers d'ouvrages aux fondations reconstruites plusieurs fois et donc
complexes ou d'ouvrages aux fondations réalisées selon différentes techniques et mal connues, le
projet peut être présenté de manière à adapter la ou les solutions de réparation aux observations et
aux diagnostics à réaliser au cours des travaux. Ce projet non défini précisément au marché
nécessite la collaboration permanente d'un expert en fondation auprès du maître d'œuvre pour
déterminer les travaux adaptés et un entrepreneur réactif exécutant les travaux de confortement à la
demande. Cette disposition particulière ne peut être qu'exceptionnelle.
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La période d'exécution des travaux est à déterminer dans le cadre du marché de travaux. Dans le cas
de fondations soumises à des mouvements cycliques ou à des périodes privilégiées de tassement, on
aura intérêt à prévoir les travaux lorsque les fondations sont à un niveau compatible avec l'objectif
recherché.
Ainsi, au pont de pierre de Bordeaux, le scellement des reprises en sous-œuvre sur l'appui est-il
réalisé sur l'ensemble des micropieux terminés, leur ancrage étant scellé, quand l'ouvrage est
déjaugé de telle manière que la charge appliquée se transfère partiellement sur la nouvelle fondation
lors de l'abaissement du plan d'eau.
Lorsqu'on fait des travaux sur des fondations existantes efficientes, il risque d'y avoir tassement
ultérieur par report des charges sur la fondation nouvelle, surtout s'il s'agit de micropieux.
Dans certains cas, les travaux réduisent momentanément la portance comme les injections ou la
technique du jet-grouting. Ils devront être entrepris dans des périodes où l'appui sollicite moins sa
fondation. Ce cas est particulièrement intéressant à respecter pour des ouvrages à la mer soumis
alternativement à la poussée des eaux hautes de la marée haute ou à la poussée de la nappe du
remblai à marée basse.
Il est nécessaire d'exiger certaines dispositions d'exécution car le maître d'œuvre concepteur connaît
maintenant l'ouvrage. Ainsi la maçonnerie sera carottée de préférence aux outils destructifs. Cette
disposition est nécessitée par la nature des maçonneries constituée d'un ensemble hétérogène de
moellons et de mortiers généralement plus tendres.
On évitera tous les procédés risquant d'engendrer des vibrations et une aggravation des désordres.
Le vibrage des palplanches est ainsi à éviter et le battage y est préféré pour mettre en œuvre les
encagements et batardeaux.
Les travaux d'injection seront particulièrement décrits dans leur exécution pour éviter les
soulèvements éventuels, les chutes de portance des pieux, les pertes de coulis ou les aggravations
des désordres du fait d'un débit trop important et d'une montrée brutale en pression, ou faute d'un
arrêt sur quantités prédéterminées.
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L'entreprise devra préciser dans ses procédures détaillées les dispositions qu'elle envisage d'adopter
pour limiter ou supprimer ces mouvements. Elle précisera et justifiera les moyens qu'elle compte
mettre en œuvre pour assurer une surveillance et un contrôle des mouvements et leur
enregistrement. C'est au maître d'œuvre de préciser dans son cahier des charges les valeurs
maximales que l'ouvrage peut accepter sans aggraver les désordres ni mettre en péril sa sécurité.
Le marché devra préciser les témoins permettant de justifier la nécessité des travaux de
consolidation des fondations. A l'initiative du maître d'œuvre, les mesures à adopter au démarrage
des travaux et à effectuer avant, pendant et après travaux devront être prévues au marché.
L'instrumentation de l'ouvrage devra être fiable et permanente.
Le planning des travaux sera indiqué de façon précise de manière à respecter les délais imposés
compte tenu d'impératifs liés aux sujétions de l'environnement (hydraulique de la rivière, circulation
routière ou ferroviaire, ou autres impératifs …).
Le cahier des clauses techniques précise toutes les procédures qui seront détaillées par
l'entrepreneur, agréées par le maître d'œuvre et qui seront suivies en cours de travaux.
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Ce document doit être précis et détaillé pour permettre de faire des comparaisons valables entre les
différentes offres des entreprises.
Ce ne sont pas des annexes comme telles mais des documents essentiels mis en annexe. Ces pièces
comprennent :
◊ les plans détaillés et cotés de l'ouvrage avec des détails particuliers des fondations en tant
que besoin,
◊ les plans des travaux de confortement,
◊ les notes de calcul des reprises en sous-œuvre ou des justifications des renforcements des
sols avec dimensionnement détaillé,
◊ l'étude des sols et des fondations.
La qualité requise dans ce type de travaux de confortement nécessite l'obtention de celle-ci à toutes
les étapes. L'importance de la phase de diagnostic où se situe la recherche de l'origine des désordres
et l'étude du comportement et des stabilités de l'ouvrage est fondamentale dans ce type de projet.
Cette phase nécessite une bonne compréhension des problèmes de stabilité ou des risques encourus
par l'ouvrage dans son environnement, une clarté et un caractère suffisamment complet des données
à recueillir.
Pour faciliter la dévolution des travaux et leur réalisation, il importe que le projet soit :
◊ compréhensible pour éviter des interprétations incertaines,
◊ complet pour qu'il ne soit pas nécessaire d'improviser au cours des travaux,
◊ réalisable sans des complications injustifiées qui risqueraient de conduire à de mauvaises
interprétations des désordres, à des anomalies et à une mauvaise exécution.
Il est ainsi souhaitable qu'il n'y ait pas de coupure entre les acteurs impliqués dans la phase d'étude
du projet de confortement et ceux qui dirigent et en assurent l'exécution.
Le projet d'exécution doit être adapté au niveau des compétences et moyens mis sur le chantier
(moyens intellectuels et matériels) sans pour autant réduire la qualité de la prestation. La liaison
entre les trois entités (donneur d'ordre, bureau d'études et chantier) se doit d'être efficace et
complète, réactive et sans a priori. Des compléments d'informations sont permanents sur ce type de
chantier au fur et à mesure de son avancement et du suivi du comportement. Il importe ainsi d'en
tenir compte très rapidement car, parfois, il faut revoir la procédure en cours, l'améliorer ou la
modifier substantiellement.
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Du diagnostic au projet et au marché de travaux JPL octobre 06
7 - CONCLUSIONS
Les travaux de consolidation ou de renforcement des appuis en site aquatique représentent des opérations
délicates et complexes nécessitant des projets précis et très élaborés. De tels projets ne peuvent être
conçus et établis que par des bureaux d'études spécialisés dans le domaine des ouvrages anciens et des
fondations anciennes.
L'élaboration du diagnostic, la recherche des risques encourus puis l'établissement du pronostic sont des
étapes indispensables avant de définir la solution qui convienne à l'ouvrage étudié. Ce sont des travaux
qui demandent de la réflexion, des interrogations et donc du temps.
L'éventail des techniques et des procédures est large, la connaissance évoluant sans cesse, les expériences
et les nouvelles techniques apportent leur lot de possibilités nouvelles et de travaux de réparation encore
mieux adaptés.
En suivant la démarche exposée, le coût des études pourrait paraître onéreux. Mais ce coût sera vite
compensé et même économisé largement par des travaux adaptés au plus juste et strictement nécessaires
pour remettre l'ouvrage en sécurité, le rendre pérenne dans ses matériaux et son comportement.
S'il a fallu des artistes et des ingénieurs compétents mettant en œuvre les matériaux selon les règles de
l'Art pour construire des ponts en maçonnerie, il en faut aussi pour assurer leur sauvegarde. Le mot
"Art de l'Ingénieur" prend ici en particulier tout son sens.
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