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Avant-propos

Cet ouvrage est destiné au public suivant : Etudiants des filières


Universitaires en Droit, Sciences Economiques et de Gestion,
Sciences Informatiques, et Sciences Commerciales.

Ce manuel a pour objet de présenter en 4 chapitres les


principes de base en micro-économie. En premier lieu, une
introduction générale à l’économie est développée. À partir
d'une définition précise enrichie de la micro-économie, nous
ferons une exploration synthétique et rigoureuse du mode de
raisonnement de cette discipline.

Aux deux premiers chapitres, nous détaillerons successivement


les comportements du consommateur et du producteur, si le
consommateur cherche à maximiser son utilité sous contrainte
de son revenu, le producteur cherche quant à lui à maximiser
son profit ou à minimiser ses coûts de production.

Au troisième chapitre, il conviendra de montrer comment les


divers comportements individuels se coordonnent. C'est le
marché qui assure ce rôle. On montrera les différents types de
marchés, en concurrence parfaite, concurrence imparfaite,
monopole et oligopole.

Au quatrième et dernier chapitre, nous aborderons


successivement l’offre et la demande en micro-économie,
l’équilibre du marché et la notion d’élasticité.

L'approche mathématique, habituellement privilégiée en micro-


économie, sera présente dans ce manuel mais l'effort des
auteurs est de donner une compréhension littérale à cette
matière. Nous illustrerons nos propos par des exemples et des
applications pratiques.

i
ii
Table des matières
Avant-propos i
Liste des figures vii
Liste des tableaux ix
Introduction 1
Chapitre 1 : Théorie du consommateur 9
1.1. Contrainte budgétaire 9
1.1.1. Présentation de la contrainte budgétaire 10
1.1.2. Déplacement de la droite du budget 11
1.2. Préférences individuelles et courbe d’indifférence 14
1.2.1. Préférences du consommateur 14
1.2.2. Courbe d’indifférence 15
1.3. Fonctions d’utilité 21
1.3.1. Utilité totale 22
1.3.2. Utilité marginale 22
1.3.3. Loi des utilités marginales décroissantes 24
1.4. Optimum du consommateur 24
1.4.1. Méthode géométrique 25
1.4.2. Méthode de substitution 27
1.4.3. Méthode du Lagrangien 28
1.5. Multiplicateur de Lagrange λ 29
Applications du chapitre 1 31
Chapitre 2 : Théorie du producteur 53
2.1. Fonction de production 53
2.1.1. Fonction de production à court terme 53
2.1.2. Fonction de production à long terme 59

iii
2.2. Fonctions des coûts 65
2.2.1. Coûts de production à court terme 65
2.2.2. Coûts de production à long terme 68
2.3. Décisions du producteur 72
2.3.1. Maximisation du profit 72
2.3.2. Combinaison optimale des facteurs de production76
Applications du chapitre 2 79
Chapitre 3 : Structures de marché 87
3.1. Concurrence pure et parfaite 88
3.1.1. Hypothèses de la concurrence pure et parfaite 89
3.1.2. Fonction de profit, objectif du producteur 90
3.1.3. Résolution du programme économique du
producteur 92
3.1.4. Seuil de rentabilité et seuil de fermeture 95
3.1.5. Equilibre d’un marché en concurrence pure et
parfaite 97
3.2. Monopole 99
3.2.1. Caractéristiques du monopole 99
3.2.2. Sources du monopole 101
3.2.3. Monopole et intérêt public 102
3.2.4. Comportement optimal du monopole non contraint
106
3.3. Concurrence monopolistique 109
3.3.1. Hypothèses de la concurrence monopolistique 109
3.3.2. Limites du modèle de concurrence monopolistique
110
3.3.3. Concurrence monopolistique et intérêt du public 111
3.3.4. Concurrence monopolistique versus monopole 113

iv
3.4. Oligopole 114
3.4.1. Oligopole et intérêt du public 115
3.4.2. Duopole 116
3.4.3. Duopole de Cournot 117
3.4.4. Duopole de Stackelberg 120
3.4.5. Duopole de Bertrand 123
Applications du chapitre 3 126
Chapitre 4 : Demande et offre 139
4.1. Demande 139
4.1.1. Fonction de demande 140
4.1.2. Déplacement de la courbe de demande 143
4.2. Offre 144
4.2.1. Fonction d’offre 144
4.2.2. Déplacement de la courbe d’offre 146
4.3. Equilibre du marché 147
4.3.1. Représentation graphique de l’équilibre 147
4.3.2. Détermination algébrique de prix et quantité
d’équilibre 148
4.3.3. Changement d’équilibre 151
4.4. Notions des élasticités 153
4.4.1. Elasticité de la demande 153
4.4.2. Elasticité de l’offre 156
Applications sur le chapitre 4 159
Bibliographie 175
Annexes 177
Annexe 1: Glossaire 177
Annexe 2: Règles de dérivation 179

v
vi
Liste des figures
Figure 1: Frontière des possibilités de production 4
Figure 2: Droite de budget du consommateur 11
Figure 3: Déplacement de la droite du budget par une
modification du revenu 11
Figure 4: Déplacement de la droite du budget par une
modification de prix 13
Figure 5: Courbe d’indifférence 16
Figure 6: Carte d’indifférence du consommateur 17
Figure 7: Interaction entre deux courbes d’indifférence 19
Figure 8: Taux marginal de substitution 20
Figure 9: Utilité totale et utilité marginale 23
Figure 10: Choix du panier optimal 26
Figure 11: Fonction de production, productivités moyenne et
marginale à CT 55
Figure 12: Courbe d’isoquant 60
Figure 13: Carte d’isoquants 60
Figure 14: Rendements d’échelle constants 64
Figure 15: Rendements d’échelle croissants 64
Figure 16: Rendements d’échelle décroissants 65
Figure 17: Coût total, coût variable total et coût fixe total 66
Figure 18: Coût marginal et Coût moyen 68
Figure 19: Fonction de coût total à long terme 69
Figure 20: Fonction de coût moyen à long terme 70
Figure 21: Fonction de coût moyen et coût marginale à long
terme 71
Figure 22: Profit total maximum 73
Figure 23: Equilibre du producteur 76

vii
Figure 24: Relation entre prix et quantité offerte par la firme 94
Figure 25: Seuil de rentabilité et seuil de fermeture 96
Figure 26: Offre de court terme et demande 98
Figure 27: Equilibre du marché en concurrence pure et parfaite
99
Figure 28: Equilibre du marché en concurrence pure, parfaite et
en monopole 103
Figure 29: Recette moyenne et marginale du monopoleur 107
Figure 30: Décision optimale du monopole non contraint 108
Figure 31: Équilibre à long terme d’une entreprise en situation
de concurrence pure et parfaite et de concurrence
monopolistique. 112
Figure 32: Equilibre non coopératif du duopole de Cournot 119
Figure 33: Equilibre non coopératif du duopole de Stackelberg
122
Figure 34: Courbe de la demande 141
Figure 35: Déplacement de la courbe de demande 144
Figure 36: Courbe d’offre 145
Figure 37: Déplacement de la courbe d’offre 147
Figure 38: Equilibre entre offre et demande 148
Figure 39: Déplacement de la courbe de demande et équilibre
de marché 151
Figure 40: Déplacement de la courbe d’offre et équilibre du
marché 152
Figure 41: Degré d’élasticité de la demande 155
Figure 42: Différentes courbes de la demande 155
Figure 43: Différentes courbes d’offres 157

viii
Liste des tableaux
Tableau 1: Caractéristiques des différentes structures de
marché 88
Tableau 2: Formules résumées des coefficients d’élasticités
154
Tableau 3: Elasticités de la demande et nature des biens 156

ix
x
Introduction
La microéconomie est un vaste champ des sciences
économiques et de gestion remplie de divers définitions,
concepts et modèles. La tâche de l’enseignant devient très
complexe, à traiter avec ses étudiants des questions
fondamentales à propos de cette discipline qu’est la
microéconomie.

En tant qu’étudiant en première année, il est indispensable, pour


l’enseignant d’aborder essentiellement, certains concepts
microéconomiques dans ce cours, mais aussi recourir à l’outil
mathématique nécessaire à la réalisation des analyses
économiques.

L’analyse économique nécessite le recours à un modèle


purement mathématique dans lequel les résultats seront
interprétés de manière cruciale et elle est un élément essentiel
de toute analyse dans le domaine.

En effet, le cours devrait apprendre aux étudiants à poser des


questions d’analyse et à apprendre des concepts
fondamentaux, liés à la microéconomie, auxquels nous nous
intéressons. Les étudiants devraient donc maîtriser le calcul
mathématique.

Ce manuscrit contient plusieurs éléments qui correspondent à


une séance de cours. Il sera question d’abord des rappels sur
les concepts fondamentaux de l’économie. Dans chaque partie
du cours, nous avons illustré par de nombreux exercices,
l’utilisation des calculs mathématiques pour résoudre les
problèmes soulevés. Les graphiques sont également utilisés
afin d’enrichir l’analyse et d’arriver à certaines conclusions.

Mais l’intérêt réel de l’analyse économique demeure dans la


résolution des problèmes économiques par des résultats
quantitatifs. Tous les étudiants devraient avoir la faculté
d’expliquer une situation économique sous la forme d’une

1
équation ou d’une formulation numérique.

En conséquence, nous avons réalisé une partie consacrée aux


exercices et corrigés qui comportent une part indissociable de
ce manuscrit. Nous pensons que les exercices et les corrigés-
types peuvent assister amplement l’étudiant dans son étude
afin de l’initier à comprendre l’essentiel de la microéconomie.

Au centre de l’analyse microéconomique se trouve la question


de l’allocation des ressources rares entre des usages alternatifs
dans les économies modernes et le rôle que jouent les prix et
les marchés dans ce processus. Cette question couvre une
large partie des analyses, qu’elles soient sur l’organisation des
marchés, ou sur les stratégies des agents économique.

L’économie s’interroge sur le comportement d’une société


confrontée à des ressources rares à usages alternatifs et aux
choix qui vont alors être réalisés. Face à la rareté des
ressources, qui prend alors les décisions économiques ? La
réponse à cette question appelle à l’étude des systèmes
économiques.

Deux grands modèles s’opposent (ou tout au moins


s’opposaient il y a quelques années) : Economie dirigée et
Economie du marché. Dans le premier système, l’économie
dirigée, le gouvernement décide de tout. L’économie dirigée est
généralement associée à un système socialiste ou communiste,
caractérisé par la propriété collective des moyens de
production (la terre et le capital).

Dans une économie de marché une partie substantielle de


l’activité économique est organisée autour du marché. Les
individus sont libres de leurs décisions. Les consommateurs
décident librement de l’utilisation de leurs revenus, ou mieux
encore de leur demande. De leur côté, les entreprises décident
librement de ce qu’elles vendent et des méthodes de production
utilisées, c’est-à-dire de l’offre qu’elles proposent. Ces décisions

2
d’offre et de la demande sont transmises des uns aux autres
par le biais de leurs effets sur le prix, autrement dit par les
mécanismes de marché. Les valeurs de marchandises qui en
résultent s’imposent alors à la fois aux entreprises et aux
consommateurs.

Etymologiquement, le mot économie vient de deux mots grecs


« OIKOS », signifie maison et « NOMOS », signifie, principes, lois,
règles, normes. Dès lors d’un point de vue étymologique,
l’économie est conçue comme les règles, lois ou mieux encore
les normes inhérentes à l’administration et/ou gestion de la
maison.

En réalité, il n'existe pas une seule définition de l'économie,


mais plusieurs définitions. Chaque définition renvoyant à des
réalités sous-jacentes différentes. La définition de l'économie
n'est pas consensuelle. Ses contours et son contenu varient en
fonction des auteurs et des courants de pensée.

Selon J.B Say, l’économie politique enseigne comment se


forment et se consomment les richesses qui satisfont aux
besoins des sociétés.

Quant à J. Garnier, l’économie politique est la science de la


richesse c’est-à-dire la science qui a pour but de déterminer
comment la richesse est et doit être le plus rationnellement
produite, échangée, répartie, employée dans l’intérêt des
individus comme dans celui de la société tout entière.

De son coté, Lionel Robbins définit l’économie comme la


science qui étudie le comportement humain en tant que relation
entre les fins et les moyens rares à usage alternatif.

Selon Malinvaud, l’économie est la science qui étudie comment


les ressources rares sont employées pour la satisfaction des
besoins des hommes vivant en société ; elle s’intéresse, d’une
part, aux opérations essentielles que sont la production, la
distribution et la consommation des biens et, d’autre part, aux
institutions et activités ayant pour objet de faciliter ces

3
opérations.

Pour Samuelson, l’économie est l’étude de la façon dont


l’homme et la société choisissent avec ou sans recours à la
monnaie, d’employer des ressources productives rares qui sont
susceptibles d’emplois alternatifs pour produire divers biens, et
les distribuer en vue de la consommation, présente ou future,
des différents individus et groupes qui constituent la société.

Ainsi, l’objet de la science économique est la recherche des


solutions efficaces aux problèmes : que produire ? Comment
produire ? Et pour qui produire ?

Selon J. Stiglitz (Prix Nobel d’économie 2001), la science


économique est l’étude de la manière dont les individus, les
entreprises et les gouvernements effectuent des arbitrages au
sein d’une société. Les arbitrages sont inévitables, car les biens,
les services et les ressources désirés sont inévitablement rares.
»

Pour Paul Samuelson (prix Nobel d’économie en 1970),


l’économie est l’étude de la façon dont l’homme et la société
choisissent, avec ou sans recours à la monnaie, d’employer des
ressources productives rares qui sont susceptibles d’emplois
alternatifs, pour produire divers biens et de les distribuer en vue
d’une consommation présente ou future.

Bref, l’objet de l’économie est alors l’allocation des ressources


rares et limitées pour répondre aux besoins illimités. Les
ressources rares nous obligent à faire des choix. Tout choix
implique un coût puisque si l’on veut avoir plus d’un bien, il faut
renoncer à d’autres.

La notion de rareté des ressources et leur gestion efficace


(affectation) ainsi que l’arbitrage y afférent peuvent être
illustrés par la courbe de possibilité de production (figure 1).

Figure 1: Frontière des possibilités de production

4
La figure 1 représente les combinaisons des biens que
l’entreprise peut produire en utilisant au mieux ses facteurs de
production. Tout point (c’est-à-dire toute combinaison de
production d’un certain nombre de tracteurs et de camions)
situé au-dessus de cette courbe (exemple point C) est
impossible à atteindre pour cette entreprise, car ses ressources
(les facteurs de production dont elle dispose) sont
insuffisantes. Au contraire, tout point situé en dessous de cette
courbe représente une inefficience, car les facteurs de
production n’ont pas été utilisés au mieux (exemple point A),
alors que le point B sur la courbe représente la combinaison
efficace.

Plus généralement, l'économie est une science sociale qui


étudie la production, la répartition, la distribution et la
consommation des richesses d'une société. Le principe général
qui sous-tend l'économie, en particulier pour les ressources
limitées ou rares, est celui de la rentabilité.

Elle consiste à consommer un minimum de moyens en vue de


réaliser un maximum de profits. Dans son acception actuelle,
ce mot désigne deux réalités distinctes : En premier lieu,
l'ensemble des activités généralement regroupées sous ce
terme ; en second lieu, la science constituée pour étudier ces
activités. Les activités économiques sont traditionnellement
celles qui relèvent de la consommation, de l'échange et de la

5
production, ou encore de l'épargne et de l'investissement.
L'homme a des besoins nombreux, et susceptibles de
s'accroître presque indéfiniment, et la nature ne lui fournit que
des ressources limitées ; il doit donc travailler, produire, ce qui
signifie faire des choix, organiser socialement travail et
production, rendre les produits de son activité complémentaires
et plus satisfaisants par l'échange.

Les sciences économiques sont les sciences qui analysent et


expliquent les modalités selon lesquelles un individu ou une
société (au sens d’une collectivité) affecte des moyens limités
à la satisfaction de besoin illimités. C’est une science des choix,
on choisit les besoins que l’on satisfait. Les ressources sont
rares et les besoins illimités. La science économique se donne
pour objectif de résoudre le problème de la rareté des
ressources.

De manière générale, toute théorie économique manipule des


concepts de base qui définissent :

- Des objets économiques : les constituants de la richesse


matérielle et des moyens de la créer et de la faire circuler :
marchandises, biens, travail, monnaies, titres, informations ;
- Des actes économiques : production, échange,
consommation, épargne, par lesquels se créent, circulent et
sont détruits les objets économiques ;
- Des acteurs économiques : ce sont des sujets, individuels
ou collectifs, qui commettent les actes économiques en
manipulant les objets économiques. Les acteurs se
caractérisent par leurs comportements à l’égard des objets
économiques.

Deux principales branches se distinguent en économie ; à


savoir la macroéconomie et la microéconomie. La
macroéconomie étudie l'économie à l’échelle d’un pays à
travers les relations entre les grands agrégats économiques,
tels que par exemple le revenu, l'investissement, la
consommation, le taux de chômage, l'inflation, etc. La
macroéconomie s’intéresse au comportement de l’économie

6
dans son ensemble et à celui de variables agrégées telles que
le chômage global, la production totale, la croissance de
l’économie, le niveau général des prix et l’inflation. Elle ne
s’intéresse pas aux agents individuellement mais à chaque type
d’agents dans son ensemble et analyse les interactions dans
l’ensemble du système économique. Elle tend à expliciter ces
relations et à prédire leur évolution face à une modification des
conditions (par exemple l’augmentation du prix du pétrole).

La microéconomie étudie les comportements du


consommateur et de l’entreprise, entre autres, dans leurs prises
décisions. Le consommateur est considéré comme un « offreur
» de travail et un « demandeur » de produits finis. L’entreprise
est assimilée à une « demandeuse » de travail et à une «
offreuse » de produits finis et de consommations
intermédiaires. La microéconomie s’intéresse aux individus. On
analyse comment se comporte l’individu en situation de rareté,
et la manière dont agit un agent économique au sein de la
société. Elle étudie l’offre et la demande des biens et services
et de ressources spécifiques : les voitures, le beurre, les
vêtements, le pétrole, les ordinateurs, etc. Bref, la
microéconomie analyse le comportement des agents (ménages,
entreprises, administrations), leurs interactions à l’intérieur
d’une organisation ou sur un marché. La microéconomie est la
branche de la théorie économique qui est consacrée à l’étude
du comportement (des choix, des décisions) des « unités
économiques » : les entreprises (la production), les ménages (la
consommation), l’Etat. Elle s’intéresse au niveau individuel par
opposition au niveau agrégé (macroéconomie). Elle cherche à
découvrir des lois qui permettent de rendre compte de
phénomènes concrets.

Ce cours sera axé essentiellement sur la microéconomie. Il


s’agira donc d’étudier les activités économiques des agents
économiques. L’activité économique est définie comme
l’échange de biens et de services entre les individus. Il y a
activité économique parce que : (1) les individus sont différents
(préférences, dotations) ; et (2) les individus sont incités à
échanger car il y a un gain à l’échange (satisfaction mutuelle

7
des individus). L’activité économique se répartit en trois actes ;
à savoir : la production, la répartition, et la consommation. Ces
actes répondent aux trois questions suivantes : (1) Comment
produire ? (Quelle organisation de la production ?) ; (2) pourquoi
produire ? (Quelle répartition de la production ?) ; et (3) Que
produire ? (Quels types de biens ?)

[1] Production : Activité économique consistant à obtenir des


biens ou des services en combinant du travail, des
machines, des matières premières. La production des
entreprises est dite marchande car elle s’échange sur un
marché à un prix visant à couvrir les coûts de la production.
Il s’agit donc de la création de richesses (biens et services).
Ces derniers dépendent de plusieurs facteurs (travail,
capital, milieu naturel, …). La combinaison des facteurs
peuvent poser certains problèmes :

- Problèmes de choix entre différents facteurs : risque de


chômage ;
- Problèmes de rendement : nombre optimal de salariés ;
- Problèmes de dimension : économies d’échelles ;
- Problèmes de productivité : repose sur le progrès technique,
l’organisation du travail, la qualification, et les économies
d’échelles.

[2] La répartition (distribution) : les marchés déterminent les


quantités produites et pour qui, mais rien ne garantit que
tout le monde s’y retrouve. La répartition des revenus et des
richesses résultant du libre fonctionnement des marchés
est extrêmement inégalitaire. L’Etat intervient pour
redistribuer les ressources, ce qui atténue les inégalités.

[3] La consommation : il s’agit de consommer les biens et


services produits par les entreprises. C’est le rôle primaire
des ménages. Cette activité est fonction de plusieurs
facteurs ; tels que : le revenu, le prix, les caractères
personnels, etc.

8
Il faut noter que l’économie ne s’interroge pas sur la production
des besoins, qui sont considérés comme des donnés, elle
s’intéresse uniquement à la manière de les satisfaire. Un besoin
est une sensation d’insatisfaction qui ne peut être effacée qu’au
prix d’un effort. Les besoins peuvent être : Physiologiques :
manger, boire, s’habiller pour se protéger du froid, Social :
manger dans un restaurant réputé. Il existe des besoins non
économiques (ne s’achètent pas) tels que respirer, dormir, etc.
et les besoins économiques réclamant une activité de
production). Les besoins présentent les caractéristiques
suivantes : (1) La satiété : L’intensité d’un besoin diminue au fur
et à mesure qu’il est satisfait ; au-delà d’une certaine
satisfaction, le besoin est saturé, il peut même donner lieu à
une « désutilité ». Ceci renvoie au principe néoclassique de
l’utilité marginale décroissante... (2) La comparabilité : Tout
individu est capable d’établir une hiérarchie dans l’intensité de
ses besoins et d’établir des priorités.

Un bien peut être un objet matériel ou immatériel (un service).


Un bien est dit économique s’il répond aux trois
caractéristiques suivantes : (1) L’utilité ou l’aptitude à satisfaire
un besoin : Cette caractéristique est relative, elle dépend du
temps et de l’espace. Par exemple, le pétrole n’était pas un bien
économique avant l’invention du moteur à explosion. (2) La
disponibilité : la possibilité de se procurer de ce bien en tout
temps. (3) La rareté : Un bien qui est disponible en quantité
illimitée n’est pas un bien économique. L’air, par exemple n’est
pas un bien économique puisque, bien qu’il satisfasse un
besoin essentiel celui de respirer, il n’est pas rare ; c’est un bien
libre.

On distingue également des Biens privés et des biens collectifs.


Les individus consomment les biens achetés des magasins, ce
sont les biens privés ou les biens qui permettent de satisfaire
les besoins privés de consommation. Ces mêmes individus
consomment également des biens et des services consommés
par d’autres individus tels que la voirie, l’université et les
hôpitaux ; ce sont les biens collectifs.

9
En effet lorsqu’un automobiliste utilise la route pour satisfaire
ses besoins personnels, il n’est pas seul sur la route, il l’utilise
en même temps avec d’autres automobilistes. Dans sa forme
actuelle, cet ouvrage comporte quatre chapitres.

Les deux premiers chapitres sont consacrés aux théories des


comportements de base des agents, respectivement, les
décisions de production (chapitre 2) et celles de consommation
(chapitre 1). Le reste de l’ouvrage considèrent la rencontre de
ces décisions sur des marchés. D’abord l’analyse des
structures des marchés (chapitre 3), ensuite la demande et
l’offre (chapitre 4).

La structure de l’ouvrage permet de couvrir un enseignement de


base en microéconomie pendant la première année d’une
licence de Sciences économiques et de gestion.

10
Chapitre 1 : Théorie du consommateur
Si le consommateur avait un revenu illimité (et un temps illimité
également), il pourrait consommer autant que possible, sans

11
avoir à faire le choix. Cependant, ce n’est pas le cas, et le
problème de la rareté l’oblige à faire des arbitrages.

Dans ce chapitre, on pose l’hypothèse que les consommateurs


se comportent de manière « rationnelle », c'est-à-dire qu’ils
comparent les coûts et les bénéfices de chacune de leurs
actions.

En ce qui concerne les choix de consommation, cette rationalité


nécessite que le consommateur puisse comparer les coûts et
les bénéfices des modalités de choix qui s’offrent à lui compte
tenu de sa contrainte de budget. C’est ainsi qu’il arrive à
dégager une satisfaction maximale à partir d’un revenu limité.
Bien sûr, il arrive que les individus se comportent de manière
irrationnelle en achetant des produits sur un coup de tête, mais
il est raisonnable de supposer que ces cas sont peu fréquents.

Dans ce chapitre, on étudie le comportement d’un


consommateur-type en économie du marché, en examinant
successivement :

- Les contraintes de budget ;


- Les préférences individuelles et la courbe d’indifférence ;
- Les fonctions d’utilité ;
- Le choix rationnel ou « l’équilibre du consommateur ».

1.1. Contrainte budgétaire

L’analyse de la contrainte budgétaire du consommateur-type


peut se comprendre plus aisément en supposant que son
univers se résume en :

 X =(X1,X2): Panier composé de deux biens, avec Xi


quantité du bien i;
 (P1,P2) = Prix de deux biens, soit Pi prix du bien i;
 En achetant une quantité Xi , le consommateur paie PiXi;
 R = Revenu dont dispose le consommateur pour acheter le
bien. On suppose qu’il ne peut dépenser plus que son

12
revenu et que son épargne est nulle.

1.1.1. Présentation de la contrainte budgétaire :


P1X1 +P2X2 ≤R

Tous les paniers vérifiant cette contrainte forment l’ensemble


de budget du consommateur. Il s’agit, en effet, des
combinaisons accessibles au consommateur étant son revenu
et les prix de deux biens considérés.

La droite de budget = ensemble de paniers (X1,X2) qui coûtent


exactement :
R P1
P1X1 +P2X2 =R ⟺X2 = - X1
P2 P2

P
Avec : - 1: pente de la droite de budget.
P2

En valeur absolue, cette pente représente la quantité du bien X2


qu’on peut obtenir en échange d’une unité de bien X1 . C’est
donc la valeur relative du bien 1 par rapport au bien 2, mais du
point de vue du marché (c’est un prix relatif).

L’équation de contrainte budgétaire peut se représenter dans un


repère avec X1 en abscisse et X2 en ordonnée. L’astuce pour
tracer la droite de budget consiste à poser :

R R
X1 =0 ⟹X2 = et X2 =0 ⟹X1 =
P2 P1

Figure 2: Droite de budget du consommateur

13
1.1.2. Déplacement de la droite du budget
a. Modification du revenu

Une augmentation du revenu de R à R’ entraîne un déplacement


de la droite de budget vers le haut et vers la droite. Une hausse
du revenu améliore le pouvoir d’achat du consommateur et
donc élargit l’espace de ses choix, tandis qu’une baisse de
revenu réduit cet espace ; mais dans la réalité, l’augmentation
du revenu profitera plus aux biens à élasticité revenu forte, alors
que la baisse du revenu pénalisera davantage ces mêmes biens
à élasticité revenu forte.

Figure 3: Déplacement de la droite du budget par une


modification du revenu

Effet d’une hausse du revenu

14
Effet d’une baisse du revenu

b. Modification des prix

Supposons que le prix du bien 2, baisse, alors que le prix du


bien 1 ainsi que le revenu demeurent inchangés. La droite de
budget va pivoter autour du point d’intersection sur l’axe du bien
1 vers l’extérieur.

Le consommateur pourra se procurer plus de bien 2 au nouveau


prix s’il consacrait entièrement son revenu à l’achat de ce bien.
Si le prix du bien 1 augmente alors que celui du bien 2 et le
revenu du consommateur sont restés constants, la droite de
budget pivote autour du point d’intersection sur l’axe du bien 2
vers l’intérieur. Avec le même revenu, le consommateur pourra
désormais se procurer moins le bien 1 s’il consacrait
entièrement son revenu à ce bien.

Figure 4: Déplacement de la droite du budget par une


modification de prix

Effet d’une hausse de prix du bien 1

15
Effet d’une baisse de prix du bien 2

1.2. Préférences individuelles et courbe d’indifférence

Outre la contrainte budgétaire, le consommateur est supposé


agir sur base d’un certain nombre de postulats ou « d’axiomes
de comportement ».

1.2.1. Préférences du consommateur


a) Axiome de comparaison

Le consommateur est capable de comparer entre eux les divers


paniers de biens, et d’énoncer à leur propos un jugement de
préférence ou d’indifférence. Pour toute paire de paniers de
biens, par exemple X et Y, il existe une relation ≥ (préféré ou
indifférent) entre ces deux paniers, qui spécifie que, pour ce
consommateur, ou bien X est préféré à Y (X >Y) , ou bien Y est
préféré à X (Y >X) ou encore X est indifférent à Y (X ≈Y).

16
b) Axiome de transitivité

Les jugements de préférence du consommateur ne sont pas


incohérents. Pour tout triplet de paniers, par exemple X, Y et Z,
si pour ce consommateur X ≥Y et Y ≥Z , alors pour lui aussi X
≥Z.

c) Axiome de dominance (ou de non-saturation)

Selon cette hypothèse, le consommateur ne dit jamais non à


une quantité supplémentaire de bien X ou de bien Y. Il ne
connaît jamais la saturation au niveau de la consommation.
Toutes autres choses restant égales par ailleurs, « plus est
préféré à moins ». Si deux paniers A =(XA,YA) et B =(XB,YB)
contiennent la même quantité en X (XA =XB) et si A contient une
quantité plus grande en Y ( YA >YB) que B, alors A est préféré à
B.

d) Axiome de substituabilité

Lorsqu’un panier est jugé préférable à un autre, «il y a moyen de


compenser » : le consommateur admet qu’il est toujours
possible de rendre le second panier indifférent au premier en
compensant l’insuffisance d’un bien par un surplus d’un autre
bien. Pour toute paire de paniers Y =(qa,qb) et Z =(qa,qb) qui
sont tels que Y >Z, il existe une quantité dqa ou dqb qui, ajoutée
à Z, permet de constituer un nouveau panier Y'(qa +dqa,qb ) qui
est tel que Y ≈Y'.

e) Axiome de convexité stricte

Pour toute paire de paniers indifférents, Y ≈Y' par exemple, le


panier « moyen» Y * =aY +(1 -a)Y', ou 0 <a <1 , est toujours tel
que Y * ≻Y' ≈Y L’axiome revient à supposer que, en cas
d’indifférence entre paniers différents par leur composition, le
consommateur préfère toujours un compromis sous la forme
d’une moyenne des deux.

17
f) Axiome de réflexivité

Pour tout panier Y appartenant à R², on a Y ≥Y

g) Axiome de continuité

Cette hypothèse présente un intérêt économique. Quelle que


soit la combinaison choisie de X et de Y, la fonction est définie.
A défaut, il y a des combinaisons de X et Y indéfinies. Cette
hypothèse présente un intérêt mathématique. Elle permet
l’utilisation de l’outil mathématique : la dérivée. La fonction
d’utilité est par hypothèse dérivable 2 fois. Si un panier X est
préféré à un panier Y, une situation présentant un panier Z aussi
très proche de X (c’est-à-dire Z est à la limite égal X) doit aussi
être préférée à Y. Cet axiome n’est pas vérifié pour les
préférences lexicographiques. Les préférences du
consommateur peuvent être représentées graphiquement par la
courbe d’indifférence.

1.2.2. Courbe d’indifférence


ème
Au début du XX siècle, Pareto développe la théorie des
courbes d’indifférence. Selon cette théorie, on a plus besoin de
mesurer et de quantifier l’utilité. Pareto adopte une approche
ordinale dans laquelle l’individu ne mesure plus le niveau
d’utilité mais est seulement capable d’indiquer un ordre de
préférence. Pour simplifier l’analyse, on suppose que le
consommateur ne consomme que deux biens X1 et X2 et qu’il
choisit entre deux paniers A et B. qui contiennent des quantités
données de X1 et de X2. Un panier de biens est une combinaison
des quantités de biens X1 et X2 . Analytiquement, un panier
prend la forme d'un vecteur à 2 composantes.

La courbe d’indifférence représente toutes les combinaisons


entre deux biens substituables qui procurent une satisfaction
identique à un consommateur. Les courbes d’indifférences
permettent de faire une représentation graphique des
préférences.

18
En général, les courbes d’indifférences sont convexes, c’est à
dire qu’elles ont une pente de plus en plus faible. Cette allure
est imputable à la substitution entre les deux biens sans
changement du niveau d’utilité. Mais l’analyse reste valable
pour n biens.

1) Représentation de la courbe d’indifférence

Figure 5: Courbe d’indifférence

Etant donné que chaque courbe d’indifférence correspond à un


niveau donné de satisfaction, par conséquent, il est possible
d’en tracer une infinité, chacune représentant une satisfaction
distincte. C’est ce qu’on appelle carte d’indifférence.

Figure 6: Carte d’indifférence du consommateur

19
Les points V et T procurent une même satisfaction au
consommateur.

Plus la courbe d’indifférence est proche de l’origine, moins elle


correspond à un niveau de satisfaction élevé. A l’inverse, plus la
courbe d’indifférence se situe vers le haut niveau, plus elle
correspond à un niveau de satisfaction élevé. En effet, plus on
se déplace vers le haut, et plus les quantités consommées de
deux biens augmentent, ce qui signifie que le niveau d’utilité
augmente. Le long d’une courbe d’indifférence, la variation de
l’utilité totale est nulle. Une courbe d’indifférence a une pente
négative. Ceci dérive de l’axiome de comportement selon lequel
le consommateur préfère toujours plus («more is better»).

Exemple : Panier de consommation des biens poires et oranges

Oranges (X1) Poires (X2) Points de la figure

9 32 a

12 24 b

20
14 21 c

18 17 d

23 13 e

27 10 f

33 7 g

A partir du tableau ci-dessus, il est possible de construire une


courbe d’indifférence. Sur chaque axe du graphique, on porte la
quantité de consommation d’un des deux fruits (par exemple on
obtient ainsi la courbe de la figure ci-dessous sur laquelle
apparaissent toutes les combinaisons du tableau ci-dessus,
illustrées par les points a à g) par exemple, le point A sur la
courbe d’indifférence du consommateur signifie qu’il
consomme 32 poires et 9 oranges.

Représentation graphique du tableau ci-dessus :

21
En vertu de l’axiome de transitivité (rationalité du
consommateur), les courbes d’indifférence correspondant à
des niveaux différents de satisfaction ne peuvent pas se couper.

Figure 7: Interaction entre deux courbes d’indifférence

22
Si X et Y appartiennent à la même courbe d’indifférence IX,
alors X équivaut (~) à Y.

Si Y et Z appartiennent à la même courbe d’indifférence IY, alors


Y~Z. Par transitivité, on devrait avoir X~Z. Or, graphiquement,
on constate que Z est préféré à X. Les deux résultats sont
incompatibles. Par conséquent, la représentation traduite sur
la figure 9 ne peut exister.

2) Substitution entre les biens

En d’autres termes, la substitution entre les biens le long d’une


courbe d’indifférence se mesure par le taux de substitution d’un
bien à un autre, qui se définit comme étant le rapport entre
quantités de biens cédées (numérateur) et quantités obtenues
(dénominateur), qui laissent le consommateur en état
d’indifférence, c’est-à-dire à un niveau constant de satisfaction.

C’est le taux auquel le consommateur est disposé à échanger


une quantité de bien contre une quantité d’un autre bien tout en
conservant le même niveau de satisfaction (le même degré
d’utilité).

23
En raisonnant sur le bien X, le TMS mesure le nombre d’unités
supplémentaires du bien X qu’il faut donner au consommateur
pour qu’il accepte de renoncer à la consommation d’une unité
du bien Y. A l’inverse, il y a le nombre d’unités supplémentaires
du bien Y que le consommateur gagne en renonçant à une unité
du bien X.

TMS (Y,X) = -
ΔY ΔY
=
ΔX ΔX| | | | | |
=
dY
dX
=
UmX
UmY
TMS (X,Y) = -
ΔX ΔX
=
ΔY ΔY| | | | | |
=
dX
dY
=
UmY
UmX

Où UmX et UmY représentent respectivement l’utilité


marginale de X et l’utilité marginale de Y.

Figure 8: Taux marginal de substitution

Le taux marginal de substitution en valeur absolue est


décroissant, car UmX diminue. Le TMS possède trois propriétés
suivantes :

• Le TMS est variable : change au fur et à mesure qu’on


se déplace sur la courbe d’indifférence. A chaque point
de la courbe correspond une valeur du TMS ;
• Le TMS négatif : l’accroissement de la quantité d’un

24
bien s’accompagne d’une diminution de la quantité d’un
autre bien (du fait de contrainte budgétaire), cependant
le niveau de satisfaction reste le même ;
• Le TMS est décroissant : La convexité des courbes
d’indifférence entraîne la conséquence fondamentale
qu’est la décroissance du TMS lorsque la
consommation de bien X s’accroît.

3) Propriétés des courbes d’indifférences

Les courbes d’indifférence possèdent 5 propriétés :

- Le long d’une courbe, la variation d’utilité totale est


nulle : dU = 0 ;
- Une courbe d’indifférence a une pente négative. Ceci
dérive de l’axiome de comportement selon lequel le
consommateur préfère toujours plus ;
- Une courbe d’indifférence est convexe par rapport à
l’origine ;
- Les courbes d’indifférence ne peuvent se couper ;
- Plus les courbes d’indifférences sont éloignées de
l’origine, plus le niveau est élevé.

1.3. Fonctions d’utilité

La fonction d’utilité est la traduction numérique des préférences.


L’utilité d’un bien, c’est la capacité qu’a ce bien à satisfaire un
besoin. L’utilité est un instrument scientifique, utilisé par les
économistes pour comprendre comment les consommateurs
rationnels répartissent leurs ressources limitées entre les
différents biens et services qui leur procurent une certaine
satisfaction. Chaque consommateur est donc caractérisé par
une certaine fonction U. Puisque cette fonction U accorde au
panier de biens ou services une valeur d’autant plus grande que
la satisfaction éprouvée par le consommateur est forte, il
semble assez naturel de la nommer fonction de satisfaction ou
fonction d’utilité.

Les fonctions d’utilité peuvent prendre de multiples formes. Il y

25
a néanmoins une exigence essentielle qui doit être satisfaite : la
satisfaction éprouvée doit croître lorsque l’on augmente la
quantité consommée d’un des biens ou services, toutes choses
étant égales par ailleurs (c’est-à-dire, ici, lorsque les quantités
consommées des autres biens ou services sont inchangées).

En mathématiques, on dira que la fonction est croissante


relativement à chacune de ses variables.

1.3.1. Utilité totale

L’utilité totale est la somme des niveaux de satisfaction retirés


de chaque unité de bien consommée. La théorie économique
définit l’utilité comme une fonction des quantités consommées.
Si l’on considère un panier de deux biens (X , X ) , la fonction
1 2
d’utilité aura pour arguments les quantités des deux biens qui
composent ce panier.

Formellement, elle est notée : U =U(X1, X2)

Avec : U: Niveau d’utilité ; X1: Quantité du bien 1 et X2: Quantité


du bien 2.

La fonction d’utilité est concave dans la mesure où l’utilité


totale augmente à un rythme décroissant avec la quantité de
biens consommés (X et X ) jusqu’au point de saturation, puis
1 2
décroit au-delà de ce point, ceci parce que l’abondance d’un
bien diminue son utilité aux yeux du consommateur. (Loi de
Gossen).

1.3.2. Utilité marginale

L’utilité marginale d’un bien est le supplément d’utilité procuré


par la consommation d’une unité additionnelle de ce bien,
toutes choses étant égales par ailleurs. C’est le rapport de la
variation de l’utilité totale à la variation de la quantité, soit :
ΔUx
UmX =
ΔX

26
L’utilité marginale d’un bien est l’augmentation de l’utilité totale
obtenue à partir de la consommation d’une unité
supplémentaire de ce bien, si la consommation des autres
biens reste constante. L’utilité marginale Um mesure donc
l’évolution de l’utilité totale « à la marge », c’est-à-dire pour une
variation très petite de la quantité consommée.

Si la fonction d’utilité Ux =U(X) est continue, c’est-à-dire


admettant des dérivées première et seconde, l’utilité marginale
est la limite du rapport ΔUx lorsque ΔX tend vers zéro et s’écrit :
ΔX

dUx
UmX =
dX

C’est la dérivée première de la fonction d’utilité totale. Il s’en


suit donc que l’utilité totale est la somme des utilités
marginales.

Figure 9: Utilité totale et utilité marginale

L’utilité totale de la consommation de biens x est égale à la


somme des utilités marginales. Elle augmente tant que l’utilité
marginale est positive et décroît une fois le point de satiété

27
dépassé.

Le consommateur aura intérêt à consommer du bien x jusqu’au


point de satiété. Ce point est déterminé par le point de
rencontre entre la courbe d’utilité marginale et l’axe des
abscisses.

· Avant ce point : la consommation d’une unité


supplémentaire de bien x procure au consommateur du
plaisir (UmX positive) ;
· A ce point : la consommation d’une unité supplémentaire
de bien x ne procure au consommateur aucun plaisir (UmX
nulle) ;
· Après ce point : la consommation d’une unité
supplémentaire de bien x procure au consommateur non
pas du plaisir mais un désagrément (UmX négative).

1.3.3. Loi des utilités marginales décroissantes

C’est Gossen qui a énoncé ce principe en 1854. Il établit que


l’utilité procurée par la dernière unité consommée décroît au fur
et à mesure que le consommateur augmente sa consommation
de ce bien.

L’exemple le plus cité est celui d’un voyageur dans le désert qui
a soif. Le premier verre d’eau lui procure une grande utilité, le
deuxième verre une utilité moins grande, l’utilité de chaque
verre additionnel déclinant jusqu’à s’annuler ou même devenir
négative.

Cet exemple montre que l’utilité marginale de l’eau est


décroissante. A chaque unité supplémentaire consommée, le
désir du consommateur diminue. Donc chaque unité
supplémentaire possède une utilité inférieure à celle de l’unité
précédente.

1.4. Optimum du consommateur

La théorie des choix met en évidence les principes qui

28
déterminent le choix de consommation. Le consommateur
atteint sa consommation d’équilibre lorsque la combinaison de
consommation retenue lui procure la plus grande satisfaction
qu’il soit possible d’obtenir, compte tenu des contraintes qui
représentent le niveau des prix et le budget de consommation
disponible.

La recherche de l’optimum du consommateur consiste à


déterminer la ou les quantité(s) de bien(s) qui maximise(nt)
l’utilité sous contrainte budgétaire.

Le consommateur fait face à une contrainte budgétaire et à ses


préférences représentées par une fonction d’utilité ou des
courbes d’indifférence. Le problème pratique qui se pose au
consommateur est le suivant : Quelles quantités de deux biens
X1 et X2, doit-il acheter ?

L’analyse de la contrainte budgétaire a montré que le


consommateur ne peut pas se permettre n’importe quelle
combinaison de X1 et X2 , certaines combinaisons n’étant pas
accessibles à cause du coût. Il est tout à fait logique de
supposer que le consommateur recherchera les combinaisons
de biens qui lui procurent la plus grande satisfaction, tout en
tenant compte de ses ressources limitées. Les économistes
désignent ce comportement par l’expression « maximisation de
l’utilité ».

Pour trouver ces quantités X1 * et X2 *, on peut utiliser soit la


méthode graphique, soit la méthode algébrique.

1.4.1. Méthode géométrique

Le consommateur cherche le maximum de satisfaction. Il doit


choisir le panier qui se trouve sur la courbe d’indifférence la
plus élevée et qu’il est possible d’acquérir compte tenu de son
revenu (respecter la contrainte budgétaire).

Pour cela, il doit identifier la combinaison possible, placée sur


sa droite budgétaire, qui représente le niveau de satisfaction la

29
plus élevé. Cette combinaison est celle qui se situe sur la
courbe d’indifférence la plus élevée.

La résolution graphique du problème du consommateur


consiste à égaliser la pente de sa droite de budget et celle de sa
courbe d’indifférence. La courbe d’indifférence qui représente la
plus grande utilité compatible avec le budget est la courbe CI*.
Sur cette courbe, le consommateur se placera au point E où CI*
et la droite de budget sont tangentes. Au point E, le
consommateur achète le panier ( X1 *, X2 *) et dépense tout son
revenu. A ce point, la pente de la courbe d’indifférence est égale
à la pente de la droite du budget.

Or, en valeur absolue, la pente de la droite du budget est le


rapport des prix, P1/P2 . De même, la pente de la courbe
d’indifférence, qui est le TMS, est donnée par le rapport des
utilités marginales, Um1/Um2.

La solution graphique implique la relation suivante :


Um1 P1
= =TMS
Um2 P2

On retrouve la loi d’égalisation des utilités marginales


pondérées par les prix. Cette relation correspond à l’idée que la
satisfaction du consommateur est maximale lorsque la dernière
unité monétaire consacrée à l’achat de chacun des biens lui
procure le même supplément d’utilité.

En effet, si l’affectation de la dernière unité monétaire suppose


le choix entre 2 achats d’utilités différentes, le consommateur
rationnel privilégie le bien dont l’utilité est supérieure. Donc
l’utilité est maximale lorsqu’aucune opportunité n’est laissée
inexploitée. C’est l’idée de la deuxième loi de Gossen.

En conséquence, la combinaison optimale est définie par le


point où une courbe d’indifférence est tangente à la droite
budgétaire (le point E).

Figure 10: Choix du panier optimal

30
Le rapport P1/P2 donne le prix du bien 1 en termes du bien 2. Si
le consommateur renonce à une unité du bien 1 (i.e. il
économise P1 FCFA), le rapport P1/P2 donne le nombre d’unités
du bien 2 qu’il peut s’octroyer sur le marché. Le rapport
Um1/Um2 donne aussi une sorte de prix du bien 1 en termes du
bien 2. Si le consommateur renonce à une unité du bien 1, il
perd l’utilité Um1. Pour rester sur la même courbe d’indifférence,
il doit être compensé en recevant l’utilité additionnelle Um2
procurée par une quantité additionnelle du bien 2.

Le rapport Um1/Um2 donne le nombre d’unités du bien 2


nécessaires pour compenser une perte d’une unité du bien 1.
L’équilibre a donc lieu quand le nombre d’unités de X2 que le
consommateur est prêt à accepter pour une unité de x1 de
façon à rester indifférent est égal au nombre d’unités de X2 qu’il
peut effectivement obtenir sur le marché en renonçant à une
unité de X1.

1.4.2. Méthode de substitution

Le problème qui est posé est celui de la maximisation d'une

31
fonction d'utilité sous contrainte budgétaire. Il s’agit de trouver
et qui maximise U =U(X,Y)

sous contrainte R =PXX +PYY

Il est possible de transformer un problème de maximisation


d’une fonction sous contrainte en un problème de maximisation
d’une fonction sans contrainte en procédant ainsi :

A partir de l’équation de la contrainte budgétaire,


R =PXX +PYY (1)
On obtient Y qu’on remplace dans U.
R PX
Y = - X (2)
PY PY
On exprime ainsi U en fonction de X seulement.
U =U(X,Y) (3)
(2) dans (3)
R PX
(
⟹ U =U X, - X
PY PY )
Cette fonction dépend d’une seule variable X
⟹ U =U(X,f(X) )
On dérive U par rapport à X pour obtenir le point maximal :
dU
=0 ⟹ E (X *et Y *)
dX

1.4.3. Méthode du Lagrangien

La recherche de l’optimum du consommateur consiste à


déterminer les quantités maximales des biens et , qui
maximisent son utilité sous contrainte budgétaire.
Mathématiquement, il s’agit de trouver un extremum sous
contrainte qui se formule ainsi :

Max
SC
Où et P2 sont des constantes

32
Réécrivons la contrainte : R -P1X1 -P2X2 =0

Formulons la fonction de Lagrange, ou le lagrangien :

L =F(X1,X2) +λ(R -P1X1 -P2X2) =0

La fonction L est maximum lorsque les dérivées partielles


s’annulent, soit :
δL δU
= -λP1 =0 (1)
δX1 δX1
δL δU
= -λP2 =0 (2)
δX2 δX2
δL
=R -P1X1 -P2X2 =0 (3)
δλ
Les équations (1) et (2) impliquent:
δU δX1 δU δX2
= =λ
P1 P2
δU δX1 P1
= =λ (4)
δU δX2 P2

La relation (3) indique bien que le consommateur doit choisir un


panier sur la droite du budget.

L’équation (4) indique la condition d’équilibre : pour maximiser


son utilité, le consommateur égalise le rapport des utilités
marginales des biens aux prix relatifs de ceux-ci. Or, le rapport
prix étant aussi le TMS, l’optimum est atteint lorsque la
contrainte budgétaire est tangente à la plus haute courbe
d’indifférence (voir figure 10).

1.5. Multiplicateur de Lagrange λ

On peut démontrer que le multiplicateur de Lagrange, noté λ


représente l'utilité marginale du revenu. L'utilité marginale du
revenu se définit comme la variation d'utilité générée par la
variation du budget de consommation, et se note dU.
dR

33
L'expression du revenu est donnée par la contrainte de budget :
R =PXX +PYY
Donc la variation du revenu s'écrit
dR =dPXX +PXdX +dPYY +PYdY
Soit, Si on considère les prix comme donnés :
dR =PXdX +PYdY (1)
Les variations des quantités dX et dY sont déterminées par les
conditions d'équilibre du consommateur, soit notamment
(d'après la condition du premier ordre) :

{
∂U
=λ PX
∂X
∂U
=λ PY
∂X
de Sorte que les prix se réécrivent:

{
∂U 1
PX = *
∂X λ
(2)
∂U 1
PY = *
∂Y λ
Donc la variation du revenu se réécrit
(2) dans (1)
∂U 1 ∂U 1
dR = * * dX + * *dY
∂X λ ∂Y λ
1 ∂U ∂U
dR =(λ ∂X
*dX +
∂Y) *dY (3)
soit encore, puisque le terme entre parenthèses n'est autre que
la différentielle dU de la fonction d'utilité:
1
dR = *dU (4)
λ
dU
=λ (5)
dR

Ainsi, le multiplicateur de Lagrange λ est égal à l'utilité


marginale du revenu, c'est-à-dire à la variation de l'utilité du
consommateur susceptible d'être entraînée par une variation
d'une unité de son revenu, aux prix des deux biens donnés.

34
Applications du chapitre 1

Exercice 1

Monsieur Mujinga dispose d’un revenu de 32 USD. Ce revenu


est entièrement consacré à la consommation des burgers et
des frites. Le prix d’un burger ( ) est de 4 USD et le prix d’une
portion de frites ( ) est de 2 USD.

35
a) Quelle est la contrainte budgétaire de Monsieur Mujinga?
b) Quel est le prix relatif des burgers ?
c) La fonction d’utilité de Monsieur Mujinga est
Donnez l’équation et dessinez la courbe d’indifférence
qui donne un niveau d’utilité de 32 ?
d) Quel est le entre les burgers et les frites ?
e) Quel est le choix optimal de Monsieur Mujinga?

Résolution

a. La contrainte budgétaire de Monsieur Mujinga est


donnée par :
4B +2F =32 soit F =16 -2B

b. Le prix relatif des burgers est donnée par :


PB 4
P = = =2
PF 2
c. La courbe d’indifférence de Monsieur Mujinga qui
donne un niveau d’utilité de 32 est donnée par
l’équation suivante :
32
F =
B

Sa représentation graphique est comme suit :

36
d. Le TMS entre les burgers et les frites est obtenu
en faisant :
UmB F
TMSF,B = =
UmF B
e. Au choix optimal, le taux marginal de substitution
entre les deux biens doit être égal au prix relatif et
le panier doit satisfaire la contrainte budgétaire :
TMS =P
4B +2F =32
B * =4 et F * =8

Exercice 2

Le tableau ci-dessus donne l’utilité de Mademoiselle SHALAME


par rapport à la consommation de pop-corn et de chocolat :

Quantité U(P) Quantité de U(C) Um(P)/Pp Um(C)/Pc

37
Pepsi(P) chocolat (C)

0 0 0 0

1 20 1 14 20 28

2 36 2 26 16 24

3 50 3 36 14 20

4 62 4 44 12 16

5 72 5 51 10 14

6 80 6 57 8 12

Le prix d’un sac de pop-corn est d’1$ et le prix d’une barrette de


chocolat est de 0.50$.

a) Calculez, pour chaque bien, l’utilité marginale par dollar


dépensé ;
b) Shalame a un budget de 4$. Si elle dépense tout son
argent pour acheter du pop-corn et du chocolat, combien
elle en achètera ?
c) Supposez maintenant que Mushalame consomme 3
sacs de pop-corn et 2 barrettes de chocolat. Expliquez
pourquoi elle n’est pas en train de maximiser son utilité.

Résolution

a) Voir tableau ci-dessus;


b) Il faut que le panier satisfasse sa contrainte budgétaire

38
avec égalité (P+0.5C=4) et que le dernier dollar dépensé
pour acheter des pop-corn donne la même utilité que le
dernier dollar dépensé pour acheter du chocolat. On note
qu’entre les paniers qui respectent cette dernière
propriété, seul le panier (Pp=2, Pc=4) satisfait la
contrainte budgétaire avec égalité ;
c) Si Shalame consomme P=3 et C=2, elle dépense tout son
argent. Le dernier dollar dépensé en pop-corn lui donne
une utilité de 14, mais le dernier dollar dépensé en
chocolat lui donne 24 utilités. Elle peut augmenter son
utilité en achetant moins de pop-corn et plus de chocolat.

Exercice 3

Le revenu de Monsieur Joseph Stiglitz consacré à l’achat de


deux biens passe de 2000$ à 1000$, alors que et
demeurent constants, le est le même pour chacune des
combinaisons optimales de ces deux biens.

Vrai ou faux ? Expliquez.

Résolution

Vrai car si varie alors que et restent constants, à

l’équilibre le reste le même et donné par

Exercice 4

Robert Lucas consacre son revenu entier à l’achat de 3 pizzas


au prix de 20$ chacune et 2 bouteilles de vin rouges au prix de
10$ chacune. Lors de votre passage dans son bureau, il confie
qu’il est prêt à renoncer à 1 pizza pour 2 bouteilles de vin rouge.

a) Représentez l’équation de la contrainte budgétaire de


Lucas ?
b) Le choix actuel de Lucas est-il optimal ? Expliquez

39
c) Le prix de pizza baisse à 10 $ pièce. Lucas achète 5
pizzas et 3 bouteilles de vin rouge puisque dans de telles
conditions une pizza a pour lui la même valeur qu’une
bouteille de vin. Illustrez cette nouvelle combinaison sur
le même graphique qu’en b). Identifiez cette
combinaison par la lettre b.
d) Si vous réunissez les combinaisons représentées par les
lettres a et b, qu’obtenez-vous ?
e) Christiano, l’ami de Lucas, achète-lui aussi des pizzas et
les bouteilles de vin rouge pour un montant de 800 $. Il
effectue ses achats aux prix de 10 $ pour une bouteille
de vin rouge et de 20 $ pour une pizza. La fonction
d’utilité totale de Christiano est donnée par l’expression :
Déterminez la combinaison
optimale et qui maximise l’utilité de Christiano et
indiquez, si son TMS sera alors différent de celui de
Lucas en b).

Résolution

a) L’équation de la contrainte budgétaire se présente


comme suit :
80 = 10 x + 20 y (Avec x vin et y pizza)
b) On sait qu’à l’optimum,
ΔY PX 1 10$
TMS = = → =
ΔX PY 2 20$

c) Si baisse de 10$, l’équilibre est caractérisé par un

40
ΔY PX 1 10$
TMS = = → =
ΔX PY 1 10$

Graphiquement, la nouvelle combinaison sur le même


graphique se présente comme suit :

d) On obtient la courbe consommation prix pour le bien


e) Pour trouver la quantité optimale de X et Y, on procède
comme suit :

R =PXX +PYY → 800 =10X +20Y (1)


ΔY UmgX PX
TMS = → =
ΔX UmgY PY
10Y² 1 0.5Y 1
→ = → =
20XY 2 X 2
→ X =Y (2)
(2) dans (1)
800
800 =10X +20X →X = =26,7 (4)
30
(4) dans (2)
Y =26,7

Exercice 5

La fonction d’utilité de Claude est donnée par

41
Avec F=Food et C= Clothing. La fonction d’utilité de F et C sont
et Prix de F est de 1$ et celui de C est de
2$. Le revenu de Claude est de 22 $.

a) Claude dépense tout son revenu. Elle achète 8 unités de


F. Combien d’unité de C achète-il ?
b) Tracez sa contrainte budgétaire. Placez le nombre
d’unités de C sur la droite verticale et le nombre de F sur
la droite horizontale ;
c) Tracez les courbes d’indifférence avec le niveau d’utilité
de 36 et 72 ;
d) Trouvez la quantité de F et C qui maximisent l’utilité de
Claude par l’approche graphique ;
e) Trouvez la quantité de F et C qui maximisent l’utilité de
Claude par l’approche algébrique ;
f) Quel est le à l’équilibre du consommateur ?

Résolution

a) Claude dépense tout son revenu alors,

F +2C =22 →8 +2C =22 →C =7

b)

42
c) Les courbes d’indifférence sont concaves

d) L’équilibre est obtenu à l’intersection entre la courbe


d’indifférence et la droite du budget

43
e) La condition de tangence:

UmF PF
=
UmC PC

(Égalité entre droite du budget et la courbe d’indifférence)


C +1 1
= → 2C +2 =F (1)
F 2
Substituons F dans la droite du budget, c’est-à-dire
F +2C =22 →(2C +2) +2C =22 →4C =20 →C =5 (2)
(2) dans (1)
2(5) +2 =F →F =12
f) (Le taux marginal de
substitution est égal au rapport de prix)

Exercice 6

Soit la fonction d’utilité d’un consommateur donnée par

44
. Le prix de et et le revenu .

a) Écrivez la contrainte budgétaire;


b) Quelles sont les quantités de X et de Y qui maximisent la
satisfaction du consommateur ?
c) Si Py est maintenant égal à 7 $, quelles sont les
nouvelles quantités qui maximisent la satisfaction du
consommateur ?
d) Faites un graphique pour illustrer les deux situations
optimales.

Résolution

a) 100 =2X +5Y


b) X * = 25 et Y * = 10; si px = 2 et si py = 5
c) X * = 25 et Y * = 7.14; si px = 2 et si py = 7
d) Graphiquement, les deux situations se présentent
comme suit :

45
Exercice 7

Le TMSXY (Taux marginal de substitution entre X et Y) d’une


courbe d’indifférence doit toujours être égal à 1 lorsque les
biens X et Y sont parfaitement substituables. Vrai ou Faux ?
Expliquez

Résolution

Faux. En effet X, Y parfaitement substituables ⇒ TMS =


constante mais pas nécessairement toujours égale à 1.

Exercice 8

Un individu consomme deux biens, X et Y. Les prix de ces deux


biens sont identiques. Si cet individu maximise son utilité, alors
l’utilité marginale de X doit être égale à l’utilité marginale de Y.
Vrai ou Faux. Expliquez ?

Résolution

Vrai. Parce que l’équilibre est caractérisé par l’équation TMS=


UmX/UmY=PX/PY. PX=PY implique UmX/UmY= 1 ou UmX=UmY

46
Exercice 9
Si le revenu et les prix des biens X et Y diminuent de moitié, la
contrainte budgétaire se déplacera vers la gauche et la pente
changera, reflétant la baisse des prix relatifs entre les 2 biens.

Résolution

Faux.

R = PXX +PYY . En divisant R, PX et Px par deux, on obtient une


contrainte budgétaire qui s’écrit :
R PX PY
= *X + *Y
2 2 2
Mettons en évidence membre à membre 1/2.
1 1
*R = (PXX +PYY)
2 2

qui n’est rien d’autre la contrainte budgétaire de départ.

Bref, La contrainte budgétaire demeure inchangée et la pente ne


change pas.

Exercice 10

Dani Rodrick a une fonction d’utilité quasi-linaire donnée par

47
, avec les fonctions d’utilité marginale
associées : et .

a) Dérivez la courbe de demande de Rodrick pour en


fonction de prix et . Vérifiez si la demande de
est indépendante du revenu à l’optimum inférieur.
b) Dérivez la courbe de demande de Rodrick pour le bien .
est-il un bien normal? Qu’est-ce qui arrivera à la
demande de si le prix augmente ?

Résolution

a) Notons que le niveau de revenu est donné par , la


contrainte budgétaire est donnée par .

La condition de tangence est donnée par , cela

voudrait dire que

. La demande pour ne dépend pas du niveau

de revenu.
b) A partir de la contrainte budgétaire, la courbe de la
demande de , est donnée par
. On sait voir que la demande

pour s’accroît avec l’accroissement du revenu. Cela


indique que est un bien normal.

Exercice 11

Les préférences de Messi pour la Pizza ) et d’autres biens )


sont donnés par ) avec et .
Le revenu de Messi est de 120$.

48
a) Trouvez son panier optimal des biens ) et ) pour
et
b) Calculez l’effet revenu et l’effet de substitution d’une
diminution de la nourriture pour 3$.

Résolution

a) En utilisant les conditions de tangence, , et la

contrainte budgétaire,
Y =4X (1)

Insérez dans la contrainte budgétaire


4X +4X =120 →X =15 (2)
(2) dans (1)
Y =4(15) =60
Le panier optimal est donné par avec le niveau
total d’utilité de 900.
b) Premièrement, nous avons besoin de décomposer le
panier. Ce dernier devrait satisfaire la nouvelle condition

de tangence, et qui devrait procurer un niveau


d’utilité plus élevé que le premier, soit .

Y =3X (1)
X(3X) =900 →X2 =300 →X =17.32 (2)
(2) dans (1)
Y =3(17.32) =51.96
Cela donne (X,Y) =(10 3 , 30 3 ) . Or approximativement (17.3,
51.9). Maintenant, nous avons besoin de trouver le nouveau
panier et la nouvelle contrainte : (1)
Y
=3 →Y =3X (2)
X
(2) dans (1)

49
3X +3X =120 →X =20 (3)
(3) dans (2)
Y =3(20) =60

Ensemble, ces conditions impliquent le couple (X,Y)=(20,60).


L’effet de substitution est par conséquent donné par 17.3-
15=2.3, et l’effet revenu par 20-17.3=2.7.

Exercice 12

Considérons la fonction d’utilité d’un consommateur


avec et
a) Le consommateur croît-il que plus est préféré pour
chacun de ces biens ?
b) Les préférences du consommateur montrent l’utilité
marginale décroissante pour X ? L’utilité marginale de Y
est-elle décroissante?

Résolution

a) Etant donné que augmente lorsque ou


augmente, plus est préféré que moins. Cela est aussi
confirmé par et qui sont toutes positives.
b) Etant donné , un accroissement de (
restant constant), chute. Par conséquent, l’utilité
marginale de est décroissante. Cependant,
, un accroissement , l’ ne change pas.
Donc, les préférences du consommateur révèlent l’utilité
marginale décroissante de .

Exercice 13

Soit une fonction d’utilité , avec et


.

a) Le postulat selon lequel plus est préféré est –il satisfait

50
pour les deux biens ?
b) L’utilité marginale de est-elle décroissante, constante
ou croissante lorsque le consommateur augmente la
consommation de ? Expliquez
c) Quel est le ?
d) Le croissant, décroissant ou constant lorsque le
consommateur achète plus de biens ? Expliquez

Résolution

a) Oui, l’hypothèse selon laquelle plus est préféré que


moins est satisfaite pour les deux biens car les utilités
marginales sont positives. Aussi longtemps que l’on
accroit la quantité de chacun de ces biens, l’utilité totale
augmente.
b) L’utilité marginale de reste constante et se situe à 3
pour toutes les valeurs prises par . La fonction d’
est simplement une constante (3). Par conséquent,
l’augmentation de la consommation de ne change pas
.
c) car / =3/1
d) reste constant le long de la courbe d’indifférence
(voir l’équation ci-dessus).

Exercice 14

Supposons que les préférences du consommateur pour deux


biens peuvent être représentées par une fonction d’utilité Cobb-
Douglas , avec supposés positifs et
constants.
a) Le postulat selon lequel plus est préféré est –il satisfait
pour les deux biens ?
b) L’utilité marginale de est-elle décroissante, constante
ou croissante lorsque le consommateur augmente la
consommation de ? Expliquez.

51
c) Quel est le ?
d) Le croissant, décroissant ou constant lorsque le
consommateur achète plus de biens ? Expliquez.
e) Tracez les différentes courbes d’indifférence pour ,
. Donc pour .

Résolution
a) Oui, l’hypothèse plus est préféré que moins est satisfaite
car les utilités marginales sont négatives ;
b) Si: l’utilité marginale de diminue si
augmente ;
l’utilité marginale de reste constante si
augmente ;
l’utilité marginale de augmente lorsque
augmente.

c)

d) Etant donné que le consommateur substitue par ,


diminuera car
est au dénominateur et fait décroître toute la fraction.
e) La figure ci-dessous montre les différentes courbes
d’indifférence pour
, . Donc pour

52
Exercice 15

Soit une fonction d’utilité de type Cobb-Douglas donnée par


. Supposons que lorsque
et . Quelle est la valeur numérique de ?
Résolution

Avec lorsque et

→ → →

Exercice 16
Linda consomme deux biens, X et Y. Sa fonction d’utilité est
donnée par . Avec et .
Initialement, Px =18$ et . Le revenu de Linda est de .
Cependant, baisse à .

a) Complétez le tableau ci-dessous :

Panier X Y U=XY Umx/Umy=Px/P Dépenses

53
y

B 12 48

b) Le passage du point A au point B illustre l’effet revenu ou


l’effet de substitution ? Expliquez.
c) Le passage du point B au point C illustre l’effet revenu ou
l’effet de substitution ? Expliquez.
d) X est-il un bien inférieur, bien normal ou bien Giffen ?
Expliquez.
e) SiX est un bien inférieur et que son prix augmente.

1. L’effet de substitution poussera le consommateur à


acheter plus de biensX et l’effet revenu le poussera
acheter plus de biensX .
2. L’effet de substitution poussera le consommateur à
acheter plus de biensX et l’effet revenu le poussera
acheter moins de biensX .
3. L’effet de substitution poussera le consommateur à
acheter moins de biensX et l’effet revenu le poussera
acheter plus de biensX .
4. L’effet de substitution poussera le consommateur à
acheter moins de biensX et l’effet revenu le poussera
acheter moins de biensX .

Résolution

54
a)

Pour A Pour C

→ → → →

→ →

→ → → →

→Y =72 →Y =72

Panie X Y U=XY Umx/Umy=Px/Py Dépenses


r

A 8 7 8*72=576 Y/X=72/8=9/1=18 18*8+2*72=28


2 /2 8

B 1 4 12*48=576 Y/X=48/12=4/1=8 8*12+2*48=19


2 8 /2 2

C 1 7 18*72=129 Y/X=72/18=4/1=8 8*18+2*72=28


8 2 6 /2 8

b) Le passage du point A au point B illustre l’effet de


substitution parce que le consommateur se déplace le
long de la courbe d’indifférence (l’utilité totale reste la
même) sur un nouveau point de tangence entre la courbe
d’indifférence initiale et la nouvelle contrainte budgétaire

55
avec . On observe donc le changement du choix
optimal induit par le changement de prix dans la relation
entre X et Y, et non à aucun changement induit par le
changement de revenu.

c) Le déplacement du point B au point C illustre un effet


revenu car le consommateur se déplace vers la courbe
d’indifférence élevée. Le point C représente la nouvelle
tangence entre la nouvelle contrainte budgétaire et la
nouvelle courbe d’indifférence. Ici, on observe comment
le changement de revenu affecte le choix optimal de ce
consommateur.

d) Le bien X est un bien normal car, à l’accroissement du


revenu du point B au point C, Linda consomme plus le
bien X. Il sied de rappeler que la différence entre B et C
mesure l’effet inhérent au changement de revenu (effet
revenu). Cela permet de conclure qu’il s’agit d’un bien
normal ou d’un bien Giffen. Notons que le passage de A
à B ne permet pas de vérifier si le bien est normal ou
Giffen.

e) Rappelons qu’avec le bien inférieur, l’effet de revenu et


l’effet de substitution varient dans les directions
opposées. Par conséquent, les assertions A et D peuvent
être éliminées. Maintenant, considérons la figure ci-
dessous:

56
Dans cette figure, le prix diminue et on peut voir l’effet de
substitution (bundle A à B) qui pousse le consommateur à
acheter plus. On peut aussi voir l’effet de revenu (bundle B) qui
entraîne une diminution de la consommation. Encore une fois, il
s’agit de la baisse de prix.

Ainsi, lorsque le prix augmente, cela entraîne le changement de


la direction des effets. Ainsi, dans notre exemple, l’effet de
substitution entraîne moins et l’effet revenu entraîne plus dans
la consommation de X, par conséquent la réponse est 3.

Exercice 17

Monsieur Kande dispose d’un revenu de 60 $. Ce dernier est


consacré à l’achat de deux biens, à savoir la gomme (X) et le
chocolat (Y). Le prix d’une unité de X est de 4 $ et celui d’une
unité de Y est de 1 $.

a) Quelle est l’expression de sa contrainte budgétaire ?


b) Quelle est la quantité de Y que Kande est prêt à échanger
pour obtenir une unité supplémentaire de X ?

57
c) Quelle est quantité de X et celle de Y qui maximisent
l’utilité de monsieur Kande, sachant que sa fonction
d’utilité est la suivante : U = 8x2y ? ?
d) Tshigoma, le petit frère de Kande, fait face aux mêmes
prix, mais dispose d’un budget de 30 $ uniquement. Il se
demande quelle quantité de X et de Y il devrait acheter.
Comme son budget représente la moitié de celui de
Kande, Tshigoma conclut qu’il doit acheter deux fois
moins de X et deux fois moins de Y que son frère. Son
choix est-il optimal sachant que sa fonction d’utilité est
?
e) Si Kande et Tshigoma consomment chacun leur panier
optimum, est-il exact de conclure qu’ils ont les mêmes
préférences en termes de gomme ?

Résolution

a) La contrainte budgétaire de Kande se présente comme


suit :

La droite du budget de Kande pour la consommation du


chocolat (X) de la gomme (Y) est donnée par le graphique ci-
dessous :

58
b) Le panier optimal est donné par . Etant donné

que , on peut donc conclure que Kande est prêt à

renoncer à 4 paquets de gommes pour obtenir 1 paquet


de chocolat ;
c) La quantité de X et Y qui maximisent l’utilité de Kande
est respectivement de 10 et 20. Le calcul ci-dessous
permet de le constater:

donc

Etant donné ses préférences, Tshigoma devrait consommer


huit fois plus de gomme que de chocolat. Puisque la contrainte
budgétaire est représentée par :

, on remplace par

, donc

d) A l’optimum, le TMS de Kande et Tshigoma sont

59
identiques (4/1), c'est-à-dire qu’ils sont prêts à échanger
4 gommes pour 1 chocolat. Mais ils ne consomment pas
le même panier de biens. Toutefois, leurs préférences en
termes de gomme ne sont pas identiques : Tshigoma
préfère la gomme tandis que Kande préfère le chocolat.

de Tshigoma =
de Kande =

Dans le cas actuel, bien que les deux consomment la même


quantité de gomme, Kande consomme plus de chocolats. Dans
le cas général, comme le sacrifice auquel Tshigoma est prêt à
consentir pour un chocolat supplémentaire est inférieur à celui
de son frère, il aime plus la gomme que Kande.

60
61
Chapitre 2 : Théorie du producteur
Ce chapitre examine le choix d’un producteur type dans une
économie de marché. Dans une économie de marché, le
producteur est amené à prendre des décisions ou à effectuer
des choix de natures fort différentes, que l’on peut
principalement distinguer comme suit :

- Il doit savoir juger mieux de la quantité de facteur à


utiliser pour réaliser une production (exemple
engrais pour blé) ;
- Il doit être à même de combiner de la manière la
plus efficace possible les facteurs de production
qui sont à sa disposition pour réaliser ce produit (ex :
facteur capital (K) et travail (L)) ;
- Il doit pouvoir déterminer la quantité optimale du
produit à réaliser, compte tenu de l’ensemble des
coûts à supporter ;
- Enfin, il doit aussi pouvoir combiner au mieux les
produits figurant dans sa gamme de production.

2.1. Fonction de production

Une fonction de production est une relation fonctionnelle


quantitative entre inputs (capital et travail) et output
(production), entièrement déterminée par une technologie, qui
décrit en termes physiques quelle est la quantité d’inputs
nécessaire et suffisante pour produire une quantité quelconque
d’output, durant une période donnée.

L’étude de la fonction de production peut être envisagée à court


terme (CT) et à long terme (LT).

2.1.1. Fonction de production à court terme

Le court terme est la période au cours de laquelle l’entreprise ne


peut ajuster que de manière partielle ses facteurs de production.
Au cours de cette période, au moins un facteur de production

62
est supposé fixe, alors que les autres facteurs sont supposés
variables.

Prenons le cas d’une firme avec deux facteurs de production (le


capital supposé fixe et le travail). La fonction de production à
court terme s’écrit :
(
Q =f K , L )
Avec K exprimant le capital supposé constant et L le travail.
L’étude de cette fonction de production permet d’illustrer trois
concepts de productivité à savoir : la productivité marginale, la
productivité moyenne et la productivité totale.

1) La productivité totale

La productivité totale s’identifie à la production totale et par


conséquent à la fonction de production.
(
Q =f K , L )
2) La productivité marginale (Pm)

La productivité marginale représente la production totale


additionnelle (ΔQ) lorsqu’on ajoute une unité supplémentaire du
facteur de production variable (ΔL) . En d’autres termes, la Pm
est égale au rapport de variation de la production totale à la
variation de la quantité d’une unité de facteur de production
variable. Dans le cas d’espèce, le facteur variable est le travail,
ΔQ
la productivité marginale de travail (PmL) est: h = .
ΔL
PmL: Accroissement de la production totale/Accroissement
d’une unité de travail.
PmL est aussi égale à la dérivée première de la fonction de
production par rapport au travail:
δQ
PmL =
δL

63
3) La productivité moyenne (PM)

La productivité moyenne représente la production totale (Q) par


unité de facteur de production variable (L), le capital (K) étant
constant. C’est la quantité de production produite par une unité
Q
de travailleur. Elle est obtenue par : PML =
L

4) Loi des rendements marginaux décroissants

A court terme, la production se heurte à la loi de rendements


marginaux décroissants. Cette loi s’énonce comme suit : «
Lorsqu’on accroit la quantité de facteur variable, utilisé avec
une quantité limitée de facteur fixe, il existe un seuil au-delà
duquel, chaque unité supplémentaire de facteur variable
entraîne un accroissement de production inférieur à
l’augmentation induite par l’unité précédente ».

La figure 11 montre que jusqu’au point L2 , l’augmentation du


travail (avec ΔL2 =ΔL3) entraîne une croissance de la
production plus que proportionnelle : ΔQ1 est supérieur à ΔL2. A
partir de L2 , la situation s’inverse : l’augmentation du facteur
travail entraîne une croissance moins que proportionnelle de la
production : ΔQ2 est inférieur à ΔL3.

Figure 11: Fonction de production, productivités moyenne et


marginale à CT

64
Pour comprendre cette loi, prenons l’exemple d’une exploitation
agricole. Supposons que le facteur fixe soit la terre, et le facteur
variable, le travail. Comme la quantité du facteur terre
disponible est fixe, l’augmentation de la production ne peut se
faire à court terme qu’en augmentant la quantité du travail.
Mais l’espace étant limité, la production ne peut pas s’accroître
indéfiniment lorsqu’on augmente le nombre de travailleurs.
Passé un certain seuil, la quantité supplémentaire de
production obtenue par chaque unité de travail supplémentaire
diminue forcément.

Exemple 1:

Une exploitation agricole produit du blé à l’aide de deux facteurs


de production: nombre de travailleurs supposé variable et la
terre supposée fixe. Le tableau ci-dessous, illustre la variation
de la production du blé, en fonction du nombre d’employé (L ou

65
n) pour un niveau fixe de facteur terre.

Pm
Nombre de Quantité produite PM (Q/n) ( )
travailleurs (L ou (Q)
n)

0 0 -

1 3 3 3

2 10 5 7

3 24 8 14

4 36 9 12

5 40 8 4

6 42 7 2

7 42 6 0

8 40 5 -2

66
Production annuelle de blé

Lorsqu’une personne ne travaille pas la terre, la production est


nulle (point a). Lorsque les premiers travailleurs interviennent, la
production s’accroît de manière importante. La production
s’accroît de plus en plus rapidement jusqu’à l’embauche du
troisième travailleur (point b). Ainsi, la pente de la courbe

67
représentant la fonction de production est de plus en plus forte
jusqu’au point b (figure ci-dessus).

Mais dépassé le point b, les rendements marginaux


décroissants apparaissent. La production s’accroît de plus en
plus lentement avec les travailleurs additionnels, et la pente de
la courbe de la fonction de production devient de plus en plus
faible.

5) Lien entre productivité totale, marginale et


moyenne (PM, PT et Pm)

Lorsqu’on atteint le point d, la production de blé est à son


maximum. La terre donne le maximum de ce dont elle est
capable. Toute embauche supplémentaire, au-delà de ce point
est contre-productive : la production totale diminue. Huit
travailleurs produisent moins que sept travailleurs.

A l’aide de cet exemple, plusieurs conclusions peuvent être


tirées quant aux liens entre Pm, PT et PM :

 La Productivité marginale entre deux points est égale à la


pente de la courbe de la fonction de production (Q) entre
ces deux points. Par exemple, quand le nombre de
travailleurs passe de 1 à 2, la production totale passe de 3
à 10 tonnes ( ΔQ =7 ). La Pm est égale à 7, ce point qui
correspond à la pente de la courbe Q entre le point g et h.
 La Productivité marginale commence par augmenter : la
pente de Q devient de plus en plus forte. La Productivité
marginale atteint un maximum au point b. En ce point, la
courbe de Q a une pente maximale. Passé ce point, les
rendements marginaux décroissants apparaissent. La
Production marginale diminue. La courbe de Q est de plus
en plus horizontale.
 Productivité moyenne commence par augmenter et
continue ainsi tant que la Pm lui est supérieure. Cela se
poursuit au-delà du point b, où même si la Pm diminue,
elle reste supérieure à la Productivité moyenne. Au-delà du
point c, la Productivité marginale passe en-dessous de la

68
Productivité moyenne. Les travailleurs supplémentaires
accroissent la production d’une quantité inférieure à la
production moyenne. Cela fait donc baisser la Productivité
moyenne.
 Tant que la Productivité marginale est positive, la
production totale (Q) s’accroît. Le travailleur
supplémentaire augmente la production totale.
 Au point d, la courbe Q est à son maximum (la pente est
nulle). Un travailleur supplémentaire n’ajoute rien à la
production totale. La Productivité marginale est égale à 0.
 Au-delà du point d, Q diminue. La Productivité marginale
est négative.

2.1.2. Fonction de production à long terme

1) Représentation de la fonction de production à LT

A long terme, tous les facteurs de production sont supposés


variables. Prenons le cas où la production est réalisée avec
deux facteurs variables et substituables, la fonction de
production s’écrit comme suit :

Q =f(K,L)

Cette fonction de production traduit une relation quantitative


entre les inputs (K, L) supposés variables et l’output (Q). Par
ailleurs, la production est une fonction croissante de chacun de
deux inputs. La fonction de production implique aussi une
relation facteur-facteur qui permet de caractériser le
phénomène de substitution dans le domaine de production.
Cette dernière est appréhendée par ce que les économistes
appellent la courbe d’isoquant (isoquante ou isoproduit). Un
isoquant, associé à un niveau donné de production, est une
courbe dont chacun des points représente une combinaison de
facteurs de production (variables et substituables) avec
laquelle il est possible de réaliser ce niveau de production.

Exemple 2 :

69
(INPUTS) OUTPUT

K T Q

16 1 250

8 2 250

6 2,7 250

5,3 3 250

4 4 250

3 5,3 250

2,7 6 250

2 8 250

1 16 250

Figure 12: Courbe d’isoquant

70
2) Carte d’isoquants

La carte d’isoquants d’un producteur est la famille de courbes


qui décrivent les diverses combinaisons de facteurs avec
lesquelles il peut réaliser tout niveau de production.

Figure 13: Carte d’isoquants

La question qui peut être posée est de savoir s’il y a alors


intérêt que l’entreprise puisse accroitre de manière indéfinie sa
production ? La réponse à cette question passe par l’étude de
rendements d’échelle.

La figure 13 fait apparaître la carte d’isoquants d’un producteur


donné. On y observe qu’à chaque isoquant correspond une
production précise (Q ,Q , Q ,…) . A chacune de ces productions
1 2 3

71
sont associées différentes combinaisons des facteurs de
production (K1L1,K2L2,…).

Etant donné que ces facteurs sont substituables, la pente de


ces isoquants est négative. Par ailleurs, leur convexité permet
de définir le taux marginal de substitution technique (TMST).

3) Taux marginal de substitution technique

Le TMST est le nombre d’unités d’un facteur que l’on doit


enlever si l’on ajoute une unité d’un autre facteur, la production
demeurant constante. Le TMST de K à L s’écrit :
PmK
TMSTK,L =
PmL
Comme la fonction de production est égale à Q =f(K,L) , le
différentiel total de Q s’écrit :
δQ δQ
dQ = dK + dL
δK δL
Sur un même isoquant, dQ =0 et :
δQ δQ
dK + dL =0
δK δL
Soit encore :
δQ
dK δL
=-
dL δQ
δK
Puisque :
δQ δQ
=PmL et =PmK
δL δK
On a:
dK PmL
=-
dL PmK

4) Rendements d’échelle

L’étude de rendements d’échelle permet de savoir comment


varie la production lorsque tous les inputs sont multipliés dans

72
la même proportion. Les rendements d’échelle expriment
l’ampleur avec laquelle l’output accroît, lorsque tous les inputs
sont accrus simultanément et dans la même proportion. Ils se
mesurent en comparant la proportion dans laquelle l’output est
accru à la proportion d’accroissement des inputs.

En d’autres termes, si une entreprise doit doubler l’ensemble de


ses facteurs de production, ce qui est faisable à long terme, est-
ce que cela lui permet de doubler sa production ?

La réponse permet de distinguer les rendements d’échelle


croissants, constants et décroissants. Autrement, pour une
fonction de production donnée, par exemple. Si on multiplie les
deux facteurs de production par une proportion positive et pour
toutes les valeurs positives de K et L, les rendements d’échelle
qu’elle présente sont :

o Constants si f(λK,λL) =λQ ;


o Croissants si f(λK,λL) >λQ ;
o Décroissant si f(λK,λL) <λQ.

Une fonction particulière de type Cobb-Douglass-permet de


mieux appréhender les notions de rendements d’échelle.

Dans le cadre de cette fonction, deux facteurs de production


sont retenus : le capital (K) et le travail(L). La production
s’identifie, ici, au revenu national Y.

La fonction de production Cobb-Douglas est fonction du type :


β
Q =AKαL
Ce qui permet d’écrire :
ln Q =αln K +βln L
dln Q =αd ln K +βd ln L
Les coefficients α et β expriment l’élasticité de la production
respectivement par rapport au capital et par rapport au travail.
Avec :

73
dQ
d(ln Q) Q
α = =
d(ln K) dK
K
α: élasticité par rapport au capital
dQ
d(ln Q) Q
β = =
d(ln L) dL
L

β: élasticité par rapport au travail

De plus, les productivités marginales du travail et capital sont


étroitement liées aux productivités moyennes qui y sont
associées. En effet, on peut écrire :

δQ β Q
=αKα -1L =α
δK K
Avec :
δQ
: exprimant la productivité marginale du capital;
δK
Q
: la productivité moyenne du capital.
K
De même :
δQ β -1 Q
=αKαL =β
δL L
Avec:
δQ
: exprimant la productivité marginale du travail;
δL
Q
: la productivité moyenne du travail.
L
Comme dit précédemment, cette fonction de production permet
de préciser également, lorsqu’appliquée à la firme, les
rendements d’échelle. Dès lors :

o Les rendements d’échelle sont constants Si α +β =1 ;


o Les rendements d’échelle sont croissants Si α +β >1 ;
o Les rendements d’échelle sont décroissants Si α +β <1.

74
 Rendements d’échelle constants

On parle de rendements d’échelle constants, lorsqu’une


augmentation de l’ensemble de facteurs de production d’un
certain pourcentage entraîne une augmentation de la
production dans le même pourcentage.

Figure 14: Rendements d’échelle constants

 Rendements d’échelle croissants

On parle de rendements d’échelle croissants, lorsqu’une


augmentation de tous les facteurs de production d’un certain
pourcentage induit une augmentation de la production d’un
certain pourcentage supérieur.

Figure 15: Rendements d’échelle croissants

75
 Rendements d’échelle décroissants

On parle de rendements d’échelle décroissants, lorsqu’une


augmentation de tous les facteurs de production induit une
augmentation de la production d’un pourcentage inférieur.

Figure 16: Rendements d’échelle décroissants

2.2. Fonctions des coûts

L’étude de la fonction de production a mis en lumière l’éventail


des possibilités qu’offre la technique quant à l’utilisation et la
combinaison de facteurs de production, pour réaliser un produit

76
donné. Fondamentalement, l’acquisition des inputs entraîne des
dépenses, coûts. Les coûts de production d’une entreprise
dépendent des facteurs de production utilisés.

Comme dans la section précédente, l’analyse de la fonction de


coûts se fait à court terme et à long terme.

2.2.1. Coûts de production à court terme

A court terme, trois types des coûts, auxquels sont associées


trois fonctions, sont à mettre en évidence :

• Le coût total CT ;
• Le coût moyen CM ;
• Le coût marginal Cm.

Coût total : somme des coûts fixe et des coûts variables, soit :
CT = CFT + CVT
Avec :

CFT=Fixe total : l’ensemble des coûts qui ne varient pas avec la


production, par exemple, tous les coûts liés au capital
(amortissements, intérêts, impôts, assurances, etc.).

CVT= coût variable total : tous les coûts qui évoluent en


fonction du niveau de production comme le salaire, la matière
première, etc. Parmi les coûts variables, on distingue ceux qui
sont proportionnels, comme les dépenses de l’énergie et ceux
qui ne sont pas proportionnels, comme le salaire, les frais de
transport.

Du point mathématique, nous avons :


CVT = g(Y) CFT = constante
CT = CFT +CVT =Constante + (Y) = f(Y)

Figure 17: Coût total, coût variable total et coût fixe total

77
De cette analyse des coûts ressortent cinq concepts majeurs à
savoir : le coût total moyen, le coût variable moyen, le coût fixe
moyen, le coût total marginal et le coût variable marginal.

Similairement aux notions de productivités moyenne et


marginale, le coût total moyen et le coût variable moyen
représentent la pente de l’angle formé par les droites issues de
l’origine des axes passant un point quelconque respectivement
de la courbe du coût total et celle du coût variable avec l’axe
des abscisses (axe OQ).

Dans le cas de la figure 17, le coût total moyen et le coût


variable moyen sont respectivement représentés par la
tangente des angles α et β. Le coût fixe moyen appelé aussi
coût fixe unitaire, est représenté par une hyperbole équilatère,
c'est-à-dire il est décroissant car plus le producteur utilise ses
facteurs fixes, plus il en réduit le coût unitaire ; tandis que le
coût total marginal et le coût variable marginal, quant à eux,
traduisent chacun la tangente en un point quelconque
respectivement de la courbe de coût total et celle de coût
variable. Sur la figure précédente, ces coûts marginaux sont
représentés respectivement par la tangente au point M1 et celle

78
au point M2.

Toutefois, nous signalons qu'il n’existe pas deux courbes de


coûts marginaux. Il n’y en a plutôt qu'une seule. Contrairement
aux coûts moyens, il existe une courbe du coût total moyen et
une autre du coût variable moyen.

Ci-dessous, la formulation mathématique de ces différents


coûts est la suivante :

Coût total moyen :


CTM =CFM +CVM
CF CV
CTM = +
Y Y
Avec :
CF
Coût fixe moyen : CFM =
Y
CV
Coût variable moyen : CVM =
Y
Coût total marginal :
CTm =CFm +CVm
∂CT ∂CV
CTm = =
∂Y ∂Y
Avec :
∂CV
Coût variable marginal : CVm =
∂Y
∂CF
Coût fixe marginal : CFm =
∂Y

Figure 18: Coût marginal et Coût moyen

79
La fonction du coût marginal et celle du coût moyen
entretiennent des relations équivalentes à celles existantes
entre la productivité moyenne et la productivité marginale :

Px
Cm =
Pmx
Px
CVM =
PMx

Le minimum de la fonction de Cm est atteint avant celle de la


fonction de CM dû au fait que le Cm porte sur des charges
variables uniquement, et par conséquent diminuera plus vite
que le CM qui prend en compte les charges fixes et variables.
La courbe de Cm coupe la courbe de CM au minimum de celle-
ci (Cfr figure 18).

2.2.2. Coûts de production à long terme

A long terme, tous les facteurs de production sont supposés


variables, c'est-à-dire la dimension de la firme. L’objectif de
l’entrepreneur est un volume de production déterminé. Pour
cela, il doit choisir la solution la moins coûteuse.

1) Fonction des coûts totaux à long terme

Pour parvenir à une production Q*, objectif fixe, l’entreprise peut

80
choisir entre les différentes solutions techniques. Pour
simplifier, on supposera qu’elle dispose de deux possibilités. La
première se traduit par une entreprise ayant une taille (1), à
laquelle est associée une fonction de coût total à court terme
CT1cT . La seconde suppose une entreprise ayant une taille
différente (2), à laquelle est associée une fonction de coût total
à court terme CT2cT.

Le coût total à long terme est le lieu géométrique des points du


coût total minimal de la fonction du coût total de court terme, et
ce pour une production donnée. On dira encore que c’est la
courbe enveloppe des fonctions du coût total à court terme,
tangente à chaque fonction du coût total de court terme.

Le coût total à long terme est le lieu géométrique des points du


coût total minimal de la fonction du coût total à court terme, et
ce pour une production donnée. On dira encore que c’est la
courbe enveloppe des fonctions du coût total à court terme,
tangente à chaque fonction à court terme.

Figure 19: Fonction de coût total à long terme

2) Fonction de coût moyen à long terme

81
Le coût moyen à long terme, CMLT , est égal à: CMLT =CTLT/Q
C’est le lieu géométrique des coûts moyens à court terme les
moins chers et ce pour une production donnée, par exemple Q*,
c’est la courbe enveloppe des fonctions de coût moyen à court
terme. Elle ne passe pas par le minimum des CMCT que pour
celui correspondant à la taille minimale.

Figure 20: Fonction de coût moyen à long terme

Connaître le coût moyen à long terme permet de déterminer la


taille optimale de la firme et de savoir s’il y a, ou non, des
économies d’échelle. En effet, pour qu’il y ait économie
d’échelle, il faudra que le CMLT diminue. La figure ci-dessus
résume ces différentes hypothèses.

Au point A, on supposera que l’entreprise a atteint la taille


minimale optimale, et ce jusqu’en B. la zone A-B est dite zone
d’efficacité. A partir de B, on rentre dans une zone de
déséconomies d’échelle.

3) Fonction de coût marginale à long terme

Le coût marginal à long terme CmLT est égal à la dérivée de la


fonction de coût total à long terme par rapport à Q :

82
dCTLT
CmLT =
dQ

Figure 21: Fonction de coût moyen et coût marginale à long


terme

On dira que le coût moyen à long terme est égal à


l’accroissement du coût dû à la production d’une unité
supplémentaire, lorsque les quantités de facteurs sont telles
que le coût est le plus faible possible.

Le CmLT n’est pas une courbe enveloppe. Il procède d’une


dérivation graphique. La courbe de coût total à long terme
permet alors de le déterminer puisque la courbe de CmLT coupe
la courbe de coût moyen à long terme en son minimum.

Prenons un exemple de différence d’approche entre le coût


marginal à court terme et le coût marginal : le cas de la centrale
électrique thermique.

Soit une centrale, dont la production maximale est de 100 000


kWh ; la production habituelle est de 990 000 kWh. L’unité
marginale est de 100 kWh. Pour produire, il faut du charbon et
une centrale.

83
A court terme, augmenter la production de 100 kWh
n’entraînera qu’une consommation supplémentaire de charbon.
L’augmentation du coût variable total en sera la conséquence,
les coûts fixes étant invariants.

A long terme, dépasser la production de 100 000 kWh


entraînera à la fois une augmentation des charges totales fixes,
une centrale supplémentaire, et des charges totales variables,
davantage de charbon. Le CmLT sera donc totalement différent
du CmCT et ce pour une variation de production minime.

2.3. Décisions du producteur

2.3.1. Maximisation du profit

Pour des prix Py et Px, les quantités de l’output (Q), et les


facteurs (K, L), rendent le profit maximum. Le profit du
producteur se définit comme la différence entre sa recette
totale et son coût total, soit : π =RT -CT . La règle d’or de
maximisation de profit est l’égalité entre la recette marginale et
le coût marginal, soit : Rm =Cm

Pourquoi l’entreprise maximise ses profits lorsque Rm =Cm ?


La manière la plus simple de le démontrer est de considérer ce
qui se produirait si ce n’était pas le cas. Si la Rm est supérieure
au Cm, cela signifie que si l’entreprise accroît sa production, la
recette dérivée de cet accroissement ( Rm ) excède les coûts
(Cm). Le profit doit donc augmenter quand la production
augmente. Ainsi, tant que la courbe de Rm est supérieure à la
courbe de Cm, l’entreprise peut augmenter son profit.

De manière similaire, Cm excède la Rm, si l’entreprise augmente


sa production, le coût consécutif à cette augmentation (Cm) est
supérieur à la recette ( Rm ). L’augmentation de la production
réduit le profit total. Ainsi, tant que la courbe de Cm est
supérieure à celle de Rm , l’entreprise peut augmenter son profit
en réduisant sa production. Cette règle d’or est illustrée par la
figure 22.

84
Figure 22: Profit total maximum

85
Le profit est maximisé lorsque la courbe de Cm et la courbe de
Rm se croisent et lorsque la courbe de Cm est ascendante.

Algébriquement, le profit est tel que :

86
π =RT -CT
Le profit est maximal lorsque la dérivée de la fonction de profit
est nulle (condition de premier ordre) :
dπ dRT dCT
= - =0
dQ dQ dQ
C’est-à-dire :
Rm =Cm =0
Ou
Rm =Cm
Selon la condition deuxième ordre,
dπ² d²RT d²CT
= - <0
dQ² dQ² dQ²
d²RT d²CT
<
dQ² dQ²

La condition de deuxième ordre est respectée si la pente de Cm


est positive.

1) Maximisation de profit à court terme

Rappelons que la maximisation de profit permet d’identifier la


quantité optimale des facteurs variables et, donc, aussi la
quantité optimale des produits qui maximisent le profit.

Soit le profit
π =f (L, K ) *P -(P L
Q
L +PK K )
Avec :
La production : Q =f (L, K )
Recette totale : RT =PQ *Q =f (L, K ) *PQ

Coût total : CT =PLL +PK K


Condition de premier ordre de maximisation de π:

dL
=f'L ( ) (
L, K
*PQ -
PLL +PK K )
⟹f (
L, K )
'
L *P Q =PL
⟹Pm VL =PL

87
PL
⟹PmL =
PQ

Cette condition signifie qu’il faut employer le facteur variable de


production L, en quantité telle qu’il rapporte exactement ce qu’il
coûte, ou que le produit marginal de l’intrant L ( Pm VL ) soit égal
à son prix PL.

Pour vérifier que le profit atteint de cette manière soit bien un


maximum, il faut vérifier que la fonction de profit soit
strictement concave par rapport à L par la condition de
deuxième ordre suivante :

Condition de deuxième ordre de maximisation de π:

d²π
dL²
=f'L( )
L, K
*PQ <0

⟹f'L( )
L, K
<0

Il faut donc que le produit marginal (en valeur) de l’intrant L, soit


décroissant.

2) Maximisation de profit à long terme

Soit le profit : π =f(L,K) *PQ -(PLL +PKK)


Avec :
La production : Q =f(L,K)
Recette totale : RT =PQ *Q =f(L,K) *PQ
Coût total : CT =PLL +PKK

Condition de premier ordre de maximisation de π:

88
dπ dπ
=f'L(L,K) *PQ -(PLL +PKK) =f'K(L,K) *PQ -(PLL +PKK)
dL dK
⟹f'L(L,K) *PQ =PL ⟹f'K(L,K) *PQ =PK
⟹Pm VL =PL ⟹Pm VK =PK
PL PL
⟹PmL = (1) ⟹PmK = (2)
PQ PQ

(1) =(2)
PmL PL
= =TMST
PmK PK
Donc la maximisation de profit est réalisée lorsque le
producteur égalise le taux marginal de substitution technique
des facteurs à leur prix relatifs.
Conditions de deuxième ordre de maximisation de π:
d²π
=f'L(L,K) *PQ <0 ⟹f'L(L,K) <0 (3)
dL²
d²π
=f'K(L,K) *PQ <0 ⟹f'K(L,K) <0 (4)
dK²

Il faut donc que le produit marginal (en valeur) de chacun des


intrants L et K soit décroissant. Ces conditions sont
équivalentes à exiger que la fonction de production Q =f(L,K)
soit strictement concave au voisinage des valeurs de L et K qui
satisfont les conditions de premier ordre.

2.3.2. Combinaison optimale des facteurs de production

1) Maximisation de production sous contrainte de coûts

L’entreprise est confrontée à la situation suivante : parmi les


combinaisons possibles de facteurs de production, quelle est la
combinaison des facteurs qui permet d’atteindre au moindre
coût un niveau de production donné.

Figure 23: Equilibre du producteur

89
Sur le graphique, la contrainte budgétaire (CT) est représentée
par la droite d’isocoût T T' . La production maximale est connue
par la courbe d’isoquant Q0 . Toute production Q2 supérieure à
Q0 est sans doute souhaitable par l’entreprise, mais le budget
dont elle dispose ne permet cependant pas de l’obtenir.

La situation telle que Q1 inférieure à Q0 , est certes réalisable


compte tenu des ressources disponibles, mais n’est pas
optimale car toutes les ressources dont elle dispose ne sont
pas utilisées. L’optimum est donc possible au point E, point de
tangence d’isocoût à l’isoquant. En ce point, la pente de la
droite d’isocoût, en valeur absolue est égale à celle de
l’isoquant.

Soit encore :

|PL| PmL
|PK|PmK

La fonction à maximiser est Q =f(K,L) sous contrainte d’un


coût total CT égal à CT =PKK +PLL.
Avec PK: prix du capital et PL= prix du travail.
On peut alors écrire : CT =PKK +PLL =0
Introduisons le lagrangien λ:
λ(CT -PKK -PLL) =0

90
Formons la fonction :
M =Q +λ(CT -PKK -PLL) (1)
La maximisation de la fonction implique celle de la production.
La condition du premier ordre de maximisation appliqué à la
fonction consiste à l’annulation des dérivées partielles de la
fonction par rapport à K, L et λ. Soit :
δM δQ PmK
= -λ PK =0 ⟹ λ = (2)
δK δK PK
δM δQ PmL
= -λ PL =0 ⟹ λ = (3)
δL δL PL
δM δQ
= +CT -PKK -PLL =0 (4)
δλ δλ
(2) =(3)
PmK PK
= (5)
PmL PL

(5) dans (4) pour avoir les quantités optimales de


facteurs qui maximisent la production.

2) Minimisation de coûts sous contrainte de production

Parmi les combinaisons possibles de facteurs de production,


quelle est celle qui permet d’atteindre au moindre coût un
niveau de production donné. Le problème peut s’écrire comme
suit :

Min CT =PKK +PLL


S/C : Q =f(K,L)

Conditions de premier ordre pour la minimisation du coût total


CT sous contrainte d’un niveau de production Q:
M =PKK +PLL +λ[Q -f(K,L)] (1)
δM PK
=PK -λ f'K =0 ⟹ λ = (2)
δK f'K
δM PL
=PL -λ f'L =0 ⟹ λ = (3)
δL f'L

91
δM δCT
= +Q -f(K,L) =0 (4)
δλ δλ
(2) =(3)
PK f'K PmK PK
= ⇒ = (5)
PL f'L PmL PL

(5) dans (4) Pour avoir les quantités optimales de


facteurs qui minimisent les coûts de production.

Il faut que les productivités marginales Pm relatives aux


facteurs de production prises deux à deux soient égales à leur
prix relatif.

Applications du chapitre 2

Exercice 1

Kalonji est un producteur de froment. Il veut maximiser son


profit et doit décider combien d’acres cultiver. Il reçoit 2000$
par acre de terrain cultivé. La table suivante montre les coûts et
revenus totaux de Kalonji en fonction du nombre d’acres
cultivés.

Acre Coût Revenu Profit Coût Revenu


s total total marginal marginal

92
1 1000 2000 1000 1000 2000

2 2500 4000 1500 1500 2000

3 5000 6000 1000 2500 2000

4 8500 8000 -500 3500 2000

5 13000 10000 -3000 4500 2000

6 18500 12000 -6500 5500 2000

a) Calculez la quantité d’acres qui maximise le profit de


Kalonji ;
b) Calculez le coût marginal et le revenu marginal relatif à
chaque nombre d’acres cultivés ;
c) Sur la base des revenus marginaux et des coûts
marginaux, quelle quantité d’acres Kalonji devrait-il
cultiver ? Comparez votre réponse avec (a).

Résolution

a) Dans la colonne « Profit » on note le profit en maximal


quand la quantité d’acres cultivés est 2 ;
b) Voir table;
c) Kalonji augmente son profit en augmentant la quantité
d’acres cultivés jusqu’au point où le coût marginal est
supérieur ou égal au revenu marginal : 2 acres.

93
Exercice 2

Une firme produit le manioc avec deux facteurs de production,


notamment le travail et intrants agricoles avec une

fonction de production donnée par :

a) Trouvez les fonctions de productivité marginal et


;
b) Quelle est la nature des rendements d’échelle (constants,
décroissants ou croissants) ?
c) La productivité marginale du travail est-elle décroissante
pour cette fonction de production ?

Résolution

a) Les fonctions de productivité marginale pour les deux


facteurs de production se présentent comme suit :

et

b) Pour déterminer la nature du rendement d’échelle, nous


allons multiplier tous les inputs par facteur et voir
comme la production se comportera.

Par conséquent, on peut voir qu’en multipliant tous les facteurs

94
de production par un facteur , la production se trouve
multipliée par le même facteur. Il s’agit donc des rendements
d’échelle constants.

c) Rappelons que . Supposons que

En gardant constant, l’accroissement de se


traduira par une décroissance de Donc, la
productivité marginale de est décroissante pour
toutes les valeurs prises par le travail. Cependant, elle ne
sera jamais négative car les deux composantes de
l’équation seront toujours supérieures ou égale à zéro.

Exercice 3

Monsieur Éric produit les arachides avec trois facteurs de


production. Sa fonction de production est donnée par
l’expression suivante : Quelle est
la nature des rendements d’échelle de sa fonction de
production ?

Résolution

Il s’agit d’une fonction de production à rendements d’échelle


croissants.

95
Exercice 4

Une fonction de production de la firme Kinzavuete est de la

forme

a) Calculez la productivité marginale de et ;


b) Quelle est nature de rendements d’échelle de cette
fonction ?
c) Calculez le taux marginal de substitution de à ;
d) Calculez l’élasticité de substitution pour cette fonction
de production

Résolution

a) Les fonctions de productivité marginale se présentent


comme suit :

et

b) La fonction de production est une fonction à rendements


d’échelle constants.

c) Le taux marginal de substitution technique travail au


capital est donné par

96
d) L’élasticité de substitution est calculée comme suit1:

Exercice 5
Que peut-on dire des rendements d’échelle de la fonction de
production suivante : Sachant que et sont
positifs ?
Résolution

La fonction de production est une fonction à rendements


d’échelle constants.

1
MRTS (Marginal Rate of Technical Substitution) équivaut au TMST

97
Exercice 6
Que peut-on dire des rendements d’échelle de la fonction de
production suivante : Sachant que et sont
positifs et constants ?
Résolution

Rendements d’échelle constants.

Exercice 7

Supposons que vous participez au concours de sélection des


chercheurs aspirants juniors organisé par le Laboratoire
d’Analyse Recherche en Economie Quantitative, LAREQ en sigle.
Voici une des questions posées lors du test d’économie
politique. Quelle est la quantité d’équilibre Q qu’une entreprise
1/2 1/2
utilisant une technologie Q=2K L produirait si les prix des
facteurs PK=5 et PL=4 et le coût total CT=40 ?

Le taux marginal de substitution technique est : TMST = L/K.

Sa décroissance étant assurée, on peut donc l’égaliser au prix


relatif. Ce qui nous donne : L/K=5/4. De cette condition
d’équilibre, nous déterminons le sentier d’expansion du
producteur : L=5K/4

Après substitution de ce dernier dans la contrainte de coût,


nous obtenons :

5K
40 =5K +4 (4)
10K =40
K * =4, L * =5 et Q * =2.41/2 ×51/2 =8.94

Exercice 8

98
La fonction de production de l’entreprise A est donnée par
Q = K0.5L0.5 où Q est la quantité de biens produits par jour, K est
le nombre de machines et L est le nombre d’heures de travail.
L’entreprise B a une fonction de production donnée par
Q = K² +L².

a) Ces 2 fonctions de production présentent-elles des


rendements à l’échelle constants, croissants ou
décroissants ? Justifiez.

Q = K0.5L0.5
α +β =0.5 +0.5 =1 R.E Constants
Q = K² +L²
λQ = (λK)2 +(λL)2 =λ2K2 +λ2L2 =λ2(K2 +L2) =λ2Q R.E
Croissants
b) La loi des rendements marginaux décroissants est-elle
vérifiée pour le facteur travail pour ces 2 fonctions de
production ? Expliquez brièvement.
∂Q
(1) PmL = =0.5 K0.5L0.5 -1 =0.5 K0.5L -0.5
∂L
∂PmL
∂PmL = = -0.25 K0.5L -0.5 -1 = -0.25 K0.5L -1.5 <0
∂L
La loi des rendements décroissants est vérifiée.
∂Q
(2) PmL = =2L
∂L
∂PmL
∂PmL = =2 >0
∂L
La loi des rendements décroissants n’est pas vérifiée.

Exercice 9

Considérons la fonction du coût total suivante :

CT = 4000 + 5Q + 10Q²
a) Déterminez les coûts suivants : fixe, fixe moyen, variable,
variable moyen, total moyen, et marginal.
b) Quelle est la quantité qui minimise le coût total moyen ?
Résolution

99
a)
4000 5Q +10Q²
CF =4000 ;CFM = ; CV =5Q +10Q2 ; CVM =
Q Q
=5 +10Q
CT 4000 + 5Q + 10Q² 4000
CTM = = = +5 +10Q
Q Q Q
∂CT
Cm = =5 +20Q
∂Q
b) CTM =Cm
4000 + 5Q + 10Q²
=5 +20Q → 4000 + 5Q + 10Q2
Q
=5Q +20Q²
4000 =10Q2 →Q = 4000/10 = 400 =20

100
Chapitre 3 : Structures de marché
Il existe principalement quatre catégories de structures de
marché :

• Concurrence pure et parfaite : un très grand nombre


d’entreprises sont en concurrence. Chacune d’elles
est si petite face au marché qu’elle n’exerce aucune
influence sur les prix. Elles sont toutes preneuses de
prix (price taker) ;
• Monopole : une seule entreprise est présente et ne
fait face à aucune concurrence ;
• Concurrence monopolistique : un grand nombre
d’entreprises offrant un produit différencié sont en
concurrence, et l’entrée de nouvelles entreprises est
libre ;
• Oligopole : un nombre restreint d’entreprises en
concurrence, et l’entrée de nouvelles entreprises
n’est pas libre.

Pour distinguer plus précisément ces quatre situations, il est


nécessaire de considérer les points suivants : la libre entrée de
nouvelles entreprises sur le marché, la nature du produit, le
degré de contrôle de l’entreprise sur les prix.

Le tableau 1 montre les différences entre les quatre catégories


de structure de marché.

101
Tableau 1: Caractéristiques des différentes structures de
marché

Type de Nombre Liberté Nature du Exemples Implication


marché d’entrepris d’entrée produit s pour la
e courbe de
demande
individuelle

Concurrence Un très Oui Homogèn Certains Horizontal


pure et grand e produits e,
parfaite nombre agricoles l’entreprise
est
preneuse
de prix.

Concurrence Un grand Oui Différenci Menuisiers, Pente


monopolistiq nombre é restaurants. horizontal
ue e,
l’entreprise
possède un
certain
contrôle
sur les prix.

Oligopole Un Restreint Différenci Automobile, Pente


nombre e é ou ciment. verticale.
limité homogèn
e

Monopole Une Restreint Unique Médicament Pente


e ou donc s, société de verticale,
bloquée homogèn distribution l’entreprise
e d’eau a un
contrôle
important
sur les prix.

3.1. Concurrence pure et parfaite

Le marché de concurrence pure et parfaite est un marché très


particulier, caractérisé par la présence d’un très grand nombre

102
de firmes de petite taille produisant toutes le même bien ou
service. Un tel marché est considéré par les économistes
comme « idéal » au sens où il rend possible de prévoir le
comportement de chacun des acteurs de manière simple et,
qu’à l’issue d’un certain délai, le fonctionnement du marché
conduira à une allocation optimale (au sens de Pareto) des
ressources.

En réalité, l’existence d’un tel marché est très hypothétique. Les


économistes le savent parfaitement. Mais en dépit de la faible
vraisemblance d’un tel marché, ils s’efforcent d’en caractériser
de manière très précise le fonctionnement supposé, de manière
à établir le portrait d’un marché parfait, un cadre de référence
pour toute analyse économique.

3.1.1. Hypothèses de la concurrence pure et parfaite

Le modèle de la concurrence pure et parfaite s’appuie sur cinq


hypothèses fondamentales :

• Atomicité des agents : les entreprises sont preneuses


de prix. Il y a tellement d’entreprises présentes sur le
marché, chacune d’elles produisant une si petite part de
la production totale qu’au final aucune ne peut influer
sur le prix du marché (variable qui régule le marché). Du
côté de la demande, un grand nombre d’acheteurs sont
également présents sur le marché. Il y a ainsi atomicité
des agents. Les décisions de chaque consommateur
et/ou producteur prises individuellement n’ont aucune
influence au niveau agrégé.

• Absence de barrière à l’entrée : la liberté d’entrée sur le


marché pour les nouvelles entreprises est totale. Les
entreprises présentes ne peuvent pas empêcher
l’arrivée de nouveaux entrants. Néanmoins, faire sa
place sur un nouveau marché prend, en général, un
certain temps. L’hypothèse de liberté d’entrée est donc

103
surtout valable à long terme.

• Homogénéité des produits : toutes les entreprises


produisent un produit identique. Il n’y a donc pas de
différence possible à travers les marques ou la publicité.
En d’autres termes, les produits sont objectivement
semblables et, de ce fait, il n’y a pas d’élément de
confiance qui inciterait le consommateur à
s’approvisionner auprès de tel vendeur plutôt qu’auprès
de tel autre (anonymat des agents).

• Information parfaite (transparence) : les


consommateurs et les producteurs disposent chacun
d’une information parfaite sur les conditions de marché.
Les producteurs sont parfaitement informés des prix,
coûts et opportunités de marché de chacun. De même,
les consommateurs connaissent parfaitement les prix,
la qualité et la disponibilité de chaque produit.

• Mobilité des facteurs : les facteurs de production


peuvent se déplacer ou être déplacés d’un marché à un
autre. Le facteur « travail » doit être mobile sur le plan
géographique et sur le plan professionnel (possibilité
de transférer le travail d’un poste à un autre).

L’un des éléments les plus importants de ce descriptif est le fait


que les firmes soient trop petites pour réellement peser sur la
fixation du prix de marché. Ces hypothèses sont très strictes.
Très peu de secteurs, voire aucun, dans la pratique ne les
satisfont complètement. Certains marchés de produits
agricoles, tel que celui des légumes frais, s’en rapprochent
toutefois.

3.1.2. Fonction de profit, objectif du producteur

Ce que recherche le producteur est le profit. On peut nuancer


cette affirmation en prétextant que certains entrepreneurs,

104
avant de viser les bénéfices immédiats, cherchent d’abord à
faire croître et prospérer leur entreprise. Il peut en effet y avoir
un conflit entre la profitabilité immédiate et le souhait d’inscrire
son entreprise dans la durée, en consolidant la structure par
des investissements permanents, des innovations et une
adaptation perpétuelle de l’activité.

Mais ce que nous étudions, ici a une portée limitée. Nous


n’avons pas caractérisé l’entreprise et la technologie de
production dans une optique temporelle. Tout se passe comme
si le temps s’arrêtait (ou presque) à la fin de la période en cours.
Nous n’envisageons donc l’objectif central de la firme que dans
ce contexte simplifié.

Ainsi, nous allons donc considérer que toute firme cherche à


maximiser son profit microéconomique, défini comme la
différence entre la recette totale, notée RT(Q) et le coût total de
production.

La fonction de profit est la fonction qui mesure, pour toute


quantité produite d’un bien ou service, la différence entre la
recette totale tirée de la vente des unités de ce bien et le coût
total de leur production. Si l’on désigne par Q la quantité
produite, on désignera la fonction de profit par :
π(Q) = RT(Q) – CT(Q)

Deux remarques importantes s’imposent à notre argumentation :

La microéconomie est une discipline qui s’inscrit dans la


perspective d’une économie de « l’offre », c’est-à-dire dans la
tradition intellectuelle résumée par Jean-Baptiste Say sous la
forme d’une fameuse loi des débouchés : « Toute offre crée sa
demande ». Ainsi, dès lors qu’une certaine quantité Q est
produite, elle est réputée être vendue sans difficulté ! Ceci peut
surprendre les lecteurs du XXIème siècle, nous qui constatons
que les entreprises font parfois face à des stocks d’invendus
considérables. Souvent même, c’est en raison de l’existence
trop récurrente d’invendus que les entreprises périclitent…

105
Mais rappelons que, dans le cadre hypothétique dans lequel
nous nous trouvons, les firmes entrent et/ou sortent du marché
de manière très souple et que, si elles participent à la
production du bien ou service, leur production demeure infime
au regard des quantités échangées sur le marché. En résumé,
dès lors que le bien homogène est proposé au prix unique du
marché, il trouvera acheteur. Ceci explique que l’on puisse, sans
précaution particulière, définir la fonction de profit à partir d’une
seule variable Q : la quantité produite (dont le coût de
production sera CT(Q)) sera aussi la quantité vendue (qui
engendre une recette totale RT(Q)).

Cette approche, très facile à justifier dans le cadre de la


concurrence pure et parfaite, sera aussi retenue dans le cadre
de la concurrence imparfaite (monopole et oligopole).
L’hypothèse que la quantité produite par toute firme est aussi
exactement la quantité vendue pourrait susciter, dans cet autre
cadre, des interrogations et critiques beaucoup plus
préoccupantes.

La seconde remarque nous ramène à l’idée que, pour un


entrepreneur, il existe une marge « normale » associée à la
production des unités de bien ou service. Ceci signifie que le
profit défini ci-dessus n’est pas un profit ou un bénéfice au sens
usuel du terme.

Il s’agit plutôt d’un surprofit, c’est-à-dire une rémunération au-


delà de la rémunération normale de l’entrepreneur (du ou des
propriétaire(s) de l’entreprise si le détenteur de l’entreprise n’est
pas celui qui assure physiquement la mise en œuvre de la
production et qui, dès lors, est a minima, bénéficiaire d’un
salaire).

3.1.3. Résolution du programme économique du producteur

Puisque dans un cadre de concurrence pure et parfaite,


l’entreprise ne possède aucune marge de manœuvre sur la
fixation du prix de son produit, la seule variable sur laquelle
porte sa décision est la quantité à produire Q (qui est supposée

106
être immédiatement et intégralement achetée). L’objectif de la
firme est donc de trouver la quantité d’output qui maximise son
profit. Le programme économique du producteur s’écrit donc :
Max π(Q) = RT(Q) – CT(Q)

Sous quelle condition la firme parvient-elle à maximiser le profit ?


Sans entrer dans les détails mathématiques (aux termes
desquels la dérivée première de cette fonction de profit doit
être nulle), nous pouvons indiquer que le profit est maximisé
lorsque la firme produit une quantité telle que la recette
marginale ( Rm ) tirée de la vente de l’output est égale au coût
marginal de sa production. Pour comprendre cette condition, il
faut d’abord préciser ce qu’est la recette marginale tirée de la
vente de l’output.
∂RT(Q)
Rm(Q) =
∂Q

La quantité Q qui maximise le profit est donc celle pour laquelle :


Rm(Q) = Cm(Q)

Comme souvent en microéconomie, la condition d’optimalité


prend la forme d’une relation indiquant que deux grandeurs
marginales doivent être identiques. Cela signifie donc qu’a
contrario, si les deux quantités en question ne sont pas égales,
l’optimum ne sera pas atteint. C’est dans cette optique que
nous nous proposons de décrypter la condition d’optimalité.

Si la recette marginale était supérieure au coût marginal


(Rm(Q) > Cm(Q)), cela signifierait qu’au regard de la quantité Q
effectivement produite, produire une unité de plus rapporterait
plus qu’il ne coûterait. Il faudrait donc produire plus. Il ne peut
donc s’agir de l’optimum.

Si la recette marginale était inférieure au coût marginal


(Rm(Q) < Cm(Q)), cela signifierait qu’au regard de la quantité Q
effectivement produite, produire une unité de plus coûterait plus
qu’il ne rapporterait. Plus précisément, pour la quantité Q
effectivement produite, la quantité minimale d’output au regard
de laquelle un supplément de production rapporte plus qu’il ne

107
coûte a été dépassée. Il faudrait donc produire moins. Il ne peut
donc s’agir de l’optimum.

Seule la quantité d’output pour laquelle produire plus rapporte


autant qu’il en coûte caractérise l’optimum. Cette
caractérisation de la décision optimale d’une firme est valable
au-delà du contexte de la concurrence pure et parfaite.

Dans le cadre particulier de la concurrence pure et parfaite, la


recette marginale est précisément égale au prix p du bien ou
service produit. En effet, si la firme n’a aucune capacité à peser
sur le prix unitaire auquel le bien est vendu, elle a, en
contrepartie, la « garantie » que chaque unité produite est
vendue au prix unitaire p. Et si la firme augmente sa production
d’une unité, cette unité supplémentaire est, elle aussi, vendue
au prix P. Or ceci est précisément la définition de la recette
marginale. Ainsi dans le contexte de la concurrence pure et
parfaite, la condition d’optimalité se décline donc comme :

P = Cm(Q)

Puisque la firme est preneuse de prix ou «price taker», le prix


unitaire p doit être considéré comme une variable exogène dans
le calcul de la dérivée première de la fonction de recette totale.
Ainsi, en concurrence pure et parfaite, la recette totale de la
firme est :

RT(Q) = P × Q

On peut alors écrire la condition de premier ordre conduisant à


la solution du problème de maximisation du profit

Max π(Q) =RT(Q) -CT(Q)


Max π(Q) =P *Q -CT(Q)
∂π ∂RT(Q) ∂CT(Q)
=0⟺ - =0
∂Q ∂Q ∂Q
⟺P -Cm(Q) =0 ⟺ P =Cm(Q)

Cette condition d’égalité entre le prix et le coût marginal signifie

108
que la firme doit choisir un niveau de production Q tel que le
coût marginal de production soit, à cette échelle de production,
précisément identique au prix qui s’impose à elle. Cette
condition qui assure que le profit sera maximum ne garantit
néanmoins aucunement que celui-ci soit positif.

Mais une situation où une firme en concurrence pure et parfaite


réaliserait un profit négatif (c’est-à-dire un bénéfice inférieur au
niveau normal attendu dans ce secteur d’activité, peut-être
même négatif) n’est pas envisageable : la libre entrée et la libre
sortie sans coût irrécupérable font qu’aucune firme ne sera
présente sur le marché si elle n’obtient pas un profit positif ou
nul.

Figure 24: Relation entre prix et quantité offerte par la firme

La figure 24 indique, pour chaque niveau possible de prix, quelle


quantité la firme aura intérêt à produire et commercialiser. Bien
entendu, si le prix unitaire ne permet pas de couvrir le coût
unitaire de production, la firme décidera de ne rien produire. Or,
rappelons qu’à l’intersection entre le coût marginal et le coût
moyen se situe le niveau d’output pour lequel le coût unitaire
est minimum : ainsi, la firme ne décidera de produire des unités
d’output que si le prix unitaire de ce dernier excède le minimum
de son coût moyen de production. C’est pourquoi, la relation
entre prix et quantité offerte est discontinue : si le prix que le
marché impose à la firme est strictement inférieur au minimum

109
de son coût moyen, la quantité offerte par la firme est nulle ; si
ce prix est supérieur ou égal au minimum de son coût moyen, la
quantité offerte est positive, d’autant plus grande que le prix est
grand, et « portée » par la courbe de coût marginal.

Il est possible d’établir que le profit est positif ou nul si et


seulement si le prix est supérieur ou égal au coût unitaire de
production, ou, en d’autres termes, si :

P ≥ CM(Q)

3.1.4. Seuil de rentabilité et seuil de fermeture

Est-il possible que la firme produise alors même que son profit
est négatif ? Dans la tradition microéconomique, certains
répondent par l’affirmative en distinguant un seuil de rentabilité
et seuil de fermeture. Cette distinction n’est pas pertinente sous
les hypothèses littérales de la concurrence pure et parfaite car
elle n’est pas cohérente avec le postulat de libre entrée (et de
libre sortie). Néanmoins, dès que les caractéristiques du
marché étudié s’éloignent un peu de ces hypothèses extrêmes,
la distinction entre ces deux seuils, a un sens.

La microéconomie souligne qu’il faut produire tant que le prix


permet de couvrir le coût variable moyen. Rappelons que le
coût total de production est la somme d’un coût variable et d’un
coût fixe

CT(Q) = CV(Q) + CF

Le coût variable moyen est le quotient du coût variable sur la


quantité produite.
CV(Q)
CVM(Q) =
Q

Cette fonction isole, dans le coût unitaire de production, ce qui


est imputable aux « consommables ».

On distingue donc un seuil de rentabilité et un seuil de

110
fermeture :

 Tant que le prix de vente unitaire du bien couvre le coût


moyen de production, le profit microéconomique est
positif et l’on se situe au-dessus du seuil de rentabilité ;
 Si le prix de vente unitaire du bien est en dessous du
coût moyen mais au-dessus du coût variable moyen de
production, la production continue mais le profit
microéconomique est négatif. On se situe entre le seuil
de rentabilité et le seuil de fermeture ;
 Si le prix de vente unitaire du bien est en dessous du
coût variable moyen, la production cesse et le profit
microéconomique est négatif car l’entreprise continue à
supporter la part fixe du coût. On se situe sous le seuil
de fermeture.

Les seuils de rentabilité et de fermeture apparaissent sur la


figure 25. La fonction d’offre inverse est la courbe en trait gras.
On observe donc que la firme produit et propose à la vente des
unités de son produit lorsque le prix est inférieur au minimum
de son coût unitaire, tant qu’il demeure au-dessus du coût
variable moyen.

Le seuil de fermeture est le prix à partir duquel l’entreprise


préfère fermer ses portes ( Min CVM) , tandis que le seuil de
rentabilité est le prix à partir duquel l’entreprise réalise des
profits (Min CTM).

Figure 25: Seuil de rentabilité et seuil de fermeture

111
1) Détermination du seuil de fermeture
p np
Si l’on note Π le profit réalisé par la firme en produisant et Π
le profit réalisé en ne produisant pas, on peut comparer les «
gains » (en réalité des pertes) :
p np
Π ≥Π
⇔ RT -CT ≥ RT -CT
⇔ P *Q – CV(Q) – CF ≥ – CF
⇔ P *Q – CV(Q) ≥ 0
⇔ P *Q ≥ CV(Q)
CV(Q)
⇔P ≥
Q
⇔P ≥ CVM(Q)

Comme annoncé ci-dessus, la firme préfère continuer à


produire (plutôt que cesser totalement sa production) tant que
le prix reste supérieur au coût variable moyen. Parfois, dans
certaines périodes d’activité, il est donc opportun de vendre à
perte car ces pertes seront, au total, moindres que si l’on ne
produisait pas.

Enfin rappelons qu’entre seuil de rentabilité et seuil de


fermeture, c’est le profit microéconomique qui est négatif. Il est
donc même possible que sous le seuil de « rentabilité », la firme
réalise néanmoins quelques maigres bénéfices au sens
comptable du terme.

112
3.1.5. Equilibre d’un marché en concurrence pure et parfaite

Les firmes différaient par leurs fonctions de coût à court terme.


Pour un niveau donné du prix de l’output, certaines d’entre elles,
trop peu performantes, ne produisaient pas car elles étaient
incapables, à ce prix, de couvrir leur coût unitaire. D’autres, à
l’inverse, réalisaient un profit microéconomique strictement
positif, autant dire des gains alléchants.

Que peut-il se passer à l’issue d’un certain délai ? D’autres


entrepreneurs seront désireux de se positionner sur ce marché
où, à condition de choisir la bonne technologie, les gains sont
assurés. Sous les hypothèses de la concurrence pure et parfaite,
il n’y a aucune raison qu’un nouvel entrant ne puisse pas se
doter de la technologie la plus performante. En effet, aucun
brevet, aucune technologie secrète, aucune restriction d’accès
aux différents procédés et techniques ne sont réputés exister.
L’entrée de nouvelles firmes adoptant la technologie la plus
efficace a une conséquence immédiate : le prix auquel l’output
peut être vendu va baisser avec l’entrée de nouvelles firmes et
donc le profit que celles-ci vont réaliser sera plus faible
qu’escompté.

Figure 26: Offre de court terme et demande

Attirées par la perspective de réaliser un profit strictement


positif, de nouvelles firmes affluent donc sur le marché. Ces

113
entrées sur le marché vont considérablement modifier la forme
de la fonction d’offre globale (inverse). En effet, tous les
entrants vont adopter la technologie la plus performante (il
serait absurde, pour un entrant, d’adopter une technologie
moins bonne).

Combien de firmes vont entrer sur ce marché ? De nouveaux


entrants affluent tant qu’il est possible de réaliser un profit
strictement positif. Ceci nous renseigne sur ce que sera le prix
de marché à l’issue du mouvement d’entrées sur le marché :
nécessairement, le flux d’entrée se tarira dès lors que le profit
deviendra nul, c’est-à-dire lorsque le prix aura atteint le plancher
que constitue le minimum du coût moyen. Le délai à l’issue
duquel le profit devient nul est appelé le long terme. Quant au
nombre N de firmes présentes sur le marché à long terme, il est
déterminé par l’intersection de l’offre (inverse) et de la demande
(inverse). C’est ce qui apparaît sur la figure 26.

Dans le cadre du modèle de concurrence pure et parfaite, le


long terme désigne le délai à l’issue duquel :

 Toutes les firmes qui produisent le bien ou service ont


adopté la technologie de production la plus efficace
disponible ;
 Le nombre de firmes présentes s’est ajusté de manière
que le profit microéconomique de chacune d’entre elles
soit nul.

Il nous est aussi maintenant possible de donner la définition de


l’équilibre (partiel) du marché en question.

On dit d’un marché qu’il est à l’équilibre lorsque les quantités


offertes et les quantités demandées sur ce marché sont égales.
Le prix qui conduit à ce que les quantités offertes et
demandées soient ainsi égales est appelé prix d’équilibre.

À l’équilibre de concurrence pure et parfaite, N firmes recourant


à une même technologie (la plus efficace) vont chacune
produire une quantité d’output Q* telle que cette production se

114
fasse au minimum de leur coût unitaire (commun) de
production. Le prix d’équilibre p* sera égal au minimum de ce
coût unitaire. A ce prix p*, la demande globale exprimée par les
consommateurs sera précisément égale à N × Q*. Ainsi, les
quantités globalement offertes et demandées sont identiques.

Figure 27: Equilibre du marché en concurrence pure et parfaite

3.2. Monopole

Un monopole est un secteur d’activité où une firme unique,


appelée monopole, est le seul offreur du bien ou service produit
et mis en vente.

3.2.1. Caractéristiques du monopole

On parle de monopole, lorsqu’il y a une seule entreprise sur le


marché et que le produit offert par cette entreprise n’a pas de
substitut proche. Cependant, il n’est pas toujours aisé de
décider si une industrie particulière doit être considérée comme
un monopole ou non. Cela dépend notamment de la manière
dont l’industrie est définie.

Par exemple, une entreprise de textile peut être en position de


monopole sur certains modèles de vêtements mais elle n’a pas
le monopole sur les vêtements en général. De manière similaire,
une entreprise pharmaceutique peut avoir un monopole sur la

115
vente d’un médicament, mais il est possible que d’autres
traitements existent.

La concurrence parfaite correspond à des propriétés très


intéressantes en ce qui concerne l’efficacité de l’allocation des
ressources dans l’économie. Mais elle est bien rare dans les
économies réelles. Les firmes possèdent souvent un pouvoir
considérable sur leur marché. Elles mobilisent d’ailleurs
beaucoup d’énergie pour l’acquérir. Le cas extrême de pouvoir
du marché correspond à celui d’une industrie dominée par une
seule firme : il s’agit alors d’un monopole 1.

Exemple : les transports ferroviaires dans plusieurs pays (SNCF,


SNCB, SNCC) ; le métro dans différentes villes ; les
communications téléphoniques locales (France Télécom) ;
fourniture du gaz aux particuliers en France (ouvert à la
concurrence maintenant mais monopole de fait encore) ; mais
aussi, les processeurs Core2Duo (Intel), Monsanto, etc.

La concurrence parfaite correspond à la présence d’une


multitude de firmes. Le monopole correspond à la situation
contraire d’un fournisseur unique. Dans ce cas, la firme est
faiseur de prix car elle possède un pouvoir de marché, étant
donné que la totalité de la demande doit s’adresser à elle. Si
d’autres firmes sont prêtes à entrer sur ce marché dès qu’il
apparaît des opportunités fortes pour faire des profits, cette
entrée potentielle peut discipliner le comportement du
monopole et l’obliger à ne pas exploiter pleinement son pouvoir
de marché.

3.2.2. Sources du monopole

On distingue quatre sources principales du monopole :

a) Monopole naturel (source : Technologie)

La technologie est telle que les coûts de production de


l’industrie sont plus faibles quand il y a un seul producteur.
Donc, quand il existe des indivisibilités (comme les coûts fixes),

116
la production par une seule firme est plus avantageuse pour la
société en termes de coûts de production (minimisation des
coûts de l’industrie).

Exemple : Industries réseaux comme les transports publics,


télécommunications ; industries lourdes comme l’énergie, etc.

b) Contrôle d’une ressource rare ou d’un brevet de


fabrication

Dans ce cas, la firme est capable de contrôler l’accès à cette


ressource rare ou à cette technologie et exclure ses
concurrents de ces accès, de manière à conserver le monopole
de la production finale qui nécessite ces ressources.

Exemple : Brevets en cascade d’Intel, le contrôle des


ressources en Nickel ou en uranium.

c) Monopole Institutionnel (ou public)

C’est la source historique de reconnaissance des situations de


monopole : il s’agissait à l’origine d’un privilège accordé par le
souverain (le monopole du sel, par exemple).

Le Statute of monopolies instaurait ce type de monopole. Nous


pouvons considérer, par exemple, les droits exclusifs accordés
à certaines professions dans ce cadre (les notaires, ou les taxis
parisiens). Par la suite, le privilège politique a été remplacé par
des nécessités économiques, notamment du type que nous
avons évoqué dans le cas (a), de sorte que la production a été
assurée par des monopoles publics ou des régies dans certains
secteurs : énergie, réseaux, etc.

d) Comportements stratégiques prédateurs

C’est la source la plus commune de monopoles dans la mesure


où elle correspond aux stratégies actives des firmes en vue
d’évincer les concurrents du marché (Microsoft est souvent cité
ces dernières années pour ce type de pratiques, sans en avoir

117
l’exclusivité, bien sûr). Ce type de stratégie peut mobiliser des
comportements agressifs comme la guerre de prix (on baisse
les prix jusqu’à ce que les concurrents ne puissent plus suivre
et soient obligés de quitter le marché), mais aussi des
stratégies basées sur les autres sources que nous avons déjà
évoquées, comme le contrôle d’une ressource rare ou d’un
brevet.

Ces différentes sources conduisent en général à une structure


de marché où toute la demande se trouve obligée de s’adresser
à une firme unique qui a toute latitude pour en tirer le profit le
plus élevé.

3.2.3. Monopole et intérêt public

a. Inconvénients du monopole

Le monopole peut aller à l’encontre de l’intérêt public pour


plusieurs raisons :

Prix plus élevé et quantités de production moins importantes


qu’en situation de concurrence pure et parfaite (à court terme et
à long terme).

La figure 28 permet de comparer le niveau de prix et les


quantités produites pour un même marché en situation de
monopole et de concurrence pure et parfaite à court terme. Le
monopoleur maximise son profit lorsque le Cm=Rm, c'est-à-dire
qu’en produisant Q1 et en affichant P1.

Cependant, si l’entreprise était en situation de concurrence pure


et parfaite, le niveau de production agrégé à l’équilibre de
marché serait Q2 et le prix P2. C’est, en effet, en ces points que
l’offre rencontre la demande. En somme, la concurrence pure et
parfaite entraîne un prix plus bas et des quantités de production
plus élevées.

Figure 28: Equilibre du marché en concurrence pure, parfaite et

118
en monopole

Cette analyse s’appuie sur l’hypothèse que les courbes de Cm


et CM sont les mêmes que l’industrie, soit en situation de
monopole ou de concurrence pure et parfaite. Par exemple,
considérons des producteurs de pommes de terre en situation
de concurrence pure et parfaite.

Le prix de marché est P2 (voir figure 28). Maintenant,


imaginons que l’ensemble de producteurs de pommes de terre
se regroupent et créent une agence commune de marketing et
de distribution de leurs produits. Cette agence, désormais en
situation de monopole, va demander un prix P1. Comme les
producteurs sont ici les mêmes qu’en situation de concurrence
pure et parfaite, il n’y a pas de raison que leur CM et leur Cm
soient différents.

Néanmoins, même lorsque cette hypothèse ne tient pas et que


l’industrie admet des CM et des Cm plus bas en situation de
monopole qu’en situation de concurrence pure et parfaite (car
le monopoleur peut bénéficier d’économie d’échelle, par
exemple), en général, on observe que le prix du monopole reste
supérieur et la quantité produite inférieure.

En concurrence pure et parfaite, le niveau de production optimal

119
est atteint lorsque le P=Cm. Si un monopoleur produit une
quantité inférieure au niveau de production correspondant
P=Cm (par exemple au niveau de la figure 28, où P>Cm), cela
n’est pas optimal. Certains consommateurs seraient prêts à
payer des unités supplémentaires à un prix supérieur à ce qu’il
en coûterait au monopoleur de les produire. Autrement dit, des
échanges qui bénéficieraient à la fois au producteur et au
consommateur ne sont pas réalisés. Le monopoleur génère
ainsi une perte sèche (ou charge morte) par rapport à une
situation de concurrence pure et parfaite.

A long terme, en situation de concurrence pure et parfaite, la


condition de libre entrée élimine la possibilité de réaliser des
profits à long terme et oblige les entreprises à produire au
minimum de leur courbe de CMLT. Les prix restent bas à long
terme. En situation de monopole, en revanche, les barrières à
l’entrée permettent au monopoleur de maintenir des profits à
long terme. Le monopoleur n’est pas obligé de produire au
minimum de sa courbe de CMLT.

En conséquence, toutes choses étant égales par ailleurs, les


prix à long terme tendent à être plus élevés tandis que les
quantités produites faibles en situation de monopole qu’en
situation de concurrence pure et parfaite.

 Coûts plus élevés du fait de l’absence de concurrence

En situation de concurrence pure et parfaite, la survie d’une


entreprise à long terme dépend de sa capacité à utiliser les
techniques connues les plus efficaces et à inventer des
nouvelles chaque fois que c’est possible. Le monopoleur,
cependant, étant protégé par les barrières à l’entrée, peut
réaliser des profits élevés sans être forcément plus efficace. Il
est moins incité à produire de la manière la plus efficace
possible.

D’un autre côté, si le monopoleur peut diminuer ses coûts en


utilisant des techniques plus efficaces, cela lui permet
d’accroître ses profits. Et ces profits supplémentaires peuvent

120
être maintenus à long terme du fait de l’existence de barrières à
l’entrée. Il est, dans ce cas, fortement incité à mettre en œuvre
ces techniques plus efficaces.

 Distribution inégale de revenu

Les profits élevés du monopoleur peuvent être considérés


comme inéquitables, particulièrement par les entreprises qui
subissent une forte concurrence et par les personnes dont le
monopole réduit les revenus. La pertinence de ce problème
dépend naturellement de la taille et du pouvoir du monopoleur.
Les profits de monopole réalisés par la boulangerie du village
peuvent être perçus comme mineurs lorsqu’ils sont comparés
aux profits réalisés par une grande multinationale en situation
de monopole.

En plus de ces problèmes, il est généralement reproché aux


monopoles de ne pas encourager l’introduction de variété ainsi
que de favoriser les activités de lobbying afin d’obtenir des
traitements avantageux de la part des gouvernements.

b. Avantages du monopole

Une situation de monopole peut également avoir des avantages


pour la société :

 Economie d’échelle

Un monopoleur bénéficie souvent de substantielles économies


d’échelle du fait de sa taille, d’une administration centralisée et
de suppression des outils de production redondants (par
exemple, un monopole sur la distribution d’eau permet d’éviter
la pose de plusieurs tuyaux en parallèle dans chaque rue). Si
ces économies d’échelle résultent en une courbe de Cm très en-
dessous de celle qui serait obtenue en situation de concurrence
pure et parfaite, alors le monopole conduit à une quantité
d’équilibre plus élevée et à un prix plus faible qu’en situation de
concurrence pure et parfaite.

121
 Capacité supérieure d’investissement notamment en
recherche et développement

Bien qu’à court terme la survie du monopole ne dépend pas de


son aptitude à utiliser les techniques les plus efficaces, il peut
néanmoins réinvestir une part de ses profits, par exemple dans
des activités de recherche et développement. Il a une capacité
d’investissement plus importante que de petites entreprises,
aux capacités de financement limitées, ce qui augmente ses
chances d’être plus efficace.

 Concurrence pour le contrôle du monopole

Même si le monopoleur ne subit pas de concurrence sur le


marché des biens, il affronte souvent une autre forme de
concurrence sur les marchés financiers. Un monopoleur, avec
des coûts potentiellement très bas, qui n’afficherait pas de
performances économiques convenables, aurait toutes les
chances de se faire racheter par une autre entreprise. Cette
concurrence pour le contrôle de l’entreprise peut l’obliger à se
comporter de la manière la plus efficace possible.

 Innovation et nouveaux produits

La perspective de profits générés par de nouveaux produits,


protégés éventuellement par les brevets, peut inciter au
développement de nouveaux monopoles sur des nouveaux
marchés.

3.2.4. Comportement optimal du monopole non contraint

Nous allons maintenant examiner la décision d’un monopole


quelconque (non nécessairement « naturel »), lorsqu’il n’est pas
contraint, c’est-à-dire lorsqu’il n’est pas tenu de respecter des
règles de tarification ou des quotas de production. Précisons en
outre que le monopole, ici, étudié est non discriminant, c’est-à-
dire qu’il vend chaque unité du bien ou service à un même prix
unitaire.

122
Puisque la firme est faiseuse de prix ou «price maker», le prix
unitaire P est désormais, non plus une constante, mais une
fonction de la quantité vendue (la demande inverse,
précisément) dans le calcul de la dérivée première de la
fonction de recette totale.

Ainsi, la recette totale de la firme en situation de monopole est :

RT(Q) = P(Q) × Q

Si l’on calcule la recette marginale, il vient :

∂RT(Q) ∂(P(Q) × Q) ∂P(Q)


Rm(Q) = = = ×Q +P(Q) ×1
∂Q ∂Q ∂Q
∂P(Q)
Rm(Q) = ×Q +P(Q)
∂Q

Or le terme ∂P(Q) est négatif (la demande est une fonction


∂Q
décroissante du prix). Donc :
Rm(Q) <P(Q)

La recette marginale est inférieure au prix.

La condition qui caractérise la décision optimale de toute firme


désireuse de maximiser son profit microéconomique est
l’égalité entre la recette marginale et le coût marginal

Rm(Q) =Cm(Q)

La recette marginale est la dérivée première de la fonction de


recette totale, qui prend la forme d’une fonction décroissante,
située sous la fonction (elle-même décroissante) de demande
inverse. La recette marginale est décroissante car pour vendre
des unités d’output supplémentaires, elle devra toujours se
tourner vers des consommateurs dont la disponibilité maximale
à payer est toujours plus faible (la recette marginale est donc

123
inférieure au prix et décroissante).

Par construction, pour un monopole, la recette moyenne est


confondue avec la demande inverse. En effet, pour un
monopole :

RT(Q) =P(Q) *Q
RT(Q) P(Q) *Q
RM(Q) = = =P(Q)
Q Q

Figure 29: Recette moyenne et marginale du monopoleur

Pour figurer la décision optimale du monopole, il faut


maintenant faire apparaître la fonction du coût marginal,
puisque la quantité QM qui égalise la recette marginale et le coût
marginal est celle qui permet au monopole de maximiser son
profit.

Figure 30: Décision optimale du monopole non contraint

124
Sur la figure 30 est représentée une courbe de coût marginal
croissante. Ceci est une option qui ne correspond pas
nécessairement à ce que l’on trouve auprès de la grande
majorité des firmes en situation de monopole. Il s’agirait ici, par
exemple, d’une firme que la puissance publique a placée (et
protège) institutionnellement en situation de monopole.

Le pouvoir de marché d’une firme est sa capacité à réaliser un


profit élevé sur ce marché. On le mesure par le taux de marge m,
qui est un indicateur de sa capacité à pratiquer durablement un
prix supérieur à son coût marginal de production. De manière
générale :

P -Cm(Q)
μ =
P

La définition ci-dessus présente un inconvénient : ce n’est pas


parce que le prix pratiqué est supérieur au coût marginal qu’il
est nécessairement supérieur au coût moyen. En conséquence,
dans certaines situations, le taux de marge peut être positif
alors même que le profit microéconomique est négatif !
Néanmoins, l’écart entre le prix et le coût marginal demeure un
« marqueur » pertinent de la capacité de la firme à extraire un
profit conséquent, un profit « anormal » au regard des résultats

125
caractéristiques rencontrés dans le cadre de la concurrence
pure et parfaite.

3.3. Concurrence monopolistique

La théorie de la concurrence monopolistique a été élaborée


dans les années 1930 par l’économiste américain Edward
Chamberlin. On parle de la concurrence monopolistique
lorsqu’il existe sur un marché donné un grand nombre
d’entreprises qui sont en concurrence, mais où chacune
possède néanmoins un certain pouvoir de marché (d’où
l’expression concurrence monopolistique) : chaque entreprise
possède un certain degré de liberté dans le choix de prix de ses
produits.

3.3.1. Hypothèses de la concurrence monopolistique

Le modèle de la concurrence monopolistique s’appuie sur les


hypothèses suivantes :

Hypothèse d’indépendance : un grand nombre d’entreprises. De


ce fait, chaque entreprise représente une fraction insignifiante
du marché total et, donc, les choix d’une entreprise
n’influencent pas ceux d’autres. Cela signifie que lorsqu’une
entreprise fait un choix, elle n’a pas à se préoccuper de la
réaction de ses concurrents. Cette hypothèse est connue sous
le nom d’hypothèse d’indépendance ;

Liberté d’entrer sur le marché : si une nouvelle entreprise


souhaite pénétrer le marché, elle est libre de le faire ;

Information parfaite : les entreprises et les consommateurs


sont parfaitement informés des prix et des caractéristiques des
biens échangés ;

Différenciation des produits : la différenciation des produits


correspond à une situation où chaque entreprise offre un bien
ou un service légèrement différent de celui de ses concurrents.
En conséquence, chaque entreprise peut augmenter ses prix

126
sans perdre tous ses clients. La courbe de demande d’une
entreprise donnée présente une pente négative. Toutefois, la
demande qui lui est adressée est censée être assez élastique,
étant donné le grand nombre d’entreprises présentes sur le
marché vers lesquelles le client peut se retourner, au cas où elle
augmenterait trop son prix.

Les trois premières hypothèses sont identiques à celles de


concurrence pure et parfaite. Cependant, à la différence de
cette dernière, les produits ne sont pas homogènes. Les
stations-services, les restaurants, les salons de coiffure, les
boulangeries sont des exemples de concurrence
monopolistique.

3.3.2. Limites du modèle de concurrence monopolistique

Plusieurs problèmes apparaissent lorsqu’on rapproche le


modèle de concurrence oligopolistique et des données
empiriques :

 L’information n’est pas toujours parfaite. Les entreprises


hésiteront à entrer sur un marché, alors qu’elles ignorent
le niveau de profit réalisé par les entreprises déjà en
place et qu’elles méconnaissent la demande qui pourrait
s’adresser à elles ;

 Comme chaque entreprise offre un produit spécifique, il


est difficile, voire impossible, de construire une courbe
de demande agrégée au niveau du secteur. L’analyse est
ainsi limitée au niveau individuel ;

 Les entreprises sont probablement différentes, non


seulement par la nature du bien ou du service qu’elles
offrent, mais également par leur taille et par leur
structure de coût. De plus, l’entrée sur le marché peut ne
pas être parfaitement libre. Deux stations-service, par
exemple, ne pourront pas se situer exactement au même

127
endroit sur une route très passante. Ainsi, bien qu’en
théorie les entreprises en situation de concurrence
oligopolistique ne réalisent pas le profit à long terme, en
pratique cela est possible. Elles peuvent, par exemple,
disposer d’un avantage dans le coût de production d’un
bien difficilement réplicable ;

 Un des problèmes majeurs avec le modèle simple est


qu’il se concentre sur le choix du prix et des qualités. En
réalité, l’entreprise doit également choisir la variété de
ses produits, ses investissements en marketing, etc. En
somme, elle choisit son degré de différenciation avec les
autres entreprises, cela la fait entrer dans une
concurrence différente de la concurrence par le prix.

3.3.3. Concurrence monopolistique et intérêt du public

Comparaison avec la concurrence pure et parfaite. Une


entreprise en situation de concurrence pure et parfaite fait face
à une courbe de demande horizontale. Elle produit une quantité
Q1 au prix de marché P1. Une entreprise en situation de
concurrence monopolistique fait, elle, face à une courbe de
demande décroissante. Elle produit une quantité Q2 qu’elle offre
à P2 (voir graphique 31).

Une hypothèse centrale, ici, est qu’une entreprise a la même


courbe de CMLT, qu’elle soit en situation de concurrence
monopolistique ou de concurrence pure et parfaite.

En faisant cette hypothèse, on observe ainsi que, par rapport à


la concurrence pure et parfaite, en situation de concurrence
monopolistique, une entreprise :

o Offre une quantité plus faible et à un prix de


marché plus élevés.
o Ne produit pas à son coût minimal à long terme.

128
Figure 31: Équilibre à long terme d’une entreprise en situation
de concurrence pure et parfaite et de concurrence
monopolistique.

En produisant plus, les entreprises en concurrence


monopolistique diminueraient leur coût moyen de production.
Elles ont ainsi une capacité de production excédentaire.

À la figure 31, cette capacité excédentaire est représentée par


un grand nombre d’entreprises, toutes produisant une quantité
trop faible pour atteindre leur niveau de coût moyen minimal et
toutes affichant un prix trop élevé.

D’un autre côté, il est possible que ces pertes générées par la
situation de concurrence monopolistique soient insignifiantes.
En effet, même si la courbe de demande individuelle est
décroissante, elle est souvent très élastique du fait de
l’existence de substituts proches. De plus, le consommateur
peut préférer la concurrence monopolistique, car il jouit d’une
plus grande variété de produits et a ainsi plus de choix. Chaque
entreprise peut satisfaire les goûts spécifiques de certains
consommateurs.

3.3.4. Concurrence monopolistique versus monopole

129
Les arguments ici sont très proches de ceux développés lors de
la comparaison des situations de concurrence pure et parfaite
et de monopole. Tout d’abord, la liberté d’entrée réduit les
profits à long terme et profite aux consommateurs, en
maintenant des prix plus bas qu’en situation de monopole et en
incitant les entreprises à être efficaces. D’un autre côté, le
monopoleur est susceptible de bénéficier d’échelle et a plus de
facilité à investir en recherche et développement.

 Illustration de la concurrence monopolistique :

La société « Canadian Pure » dispose d’un monopole absolu


dans la fabrication et la vente de l’eau en bouteille « Canadian
Pure ». A la connaissance de tous, un autre groupe pourrait
fabriquer exactement le même type d’eau en bouteille mais il ne
pourrait pas l’appeler « Canadian Pure ». Cependant, d’autres
groupes peuvent produire de l’eau en bouteille et l’appeler
Swissta, Paani, Maya, etc. Donc, en réalité, chaque groupe de
producteurs dispose d’un monopole avec son propre produit
mais les diverses marques d’eau en bouteille sont des biens
étroitement liés et de ce fait, il existe une concurrence intense
et personnalisée entre les entreprises. De l’exemple ci-dessus,
deux arguments essentiels peuvent être retenus :

 D’abord les produits sont hétérogènes au lieu d’être


homogènes et par conséquent, la concurrence parfaite et
impersonnelle ne peut exister ;
 Ensuite, bien qu’hétérogène, les produits sont seulement
légèrement différents ; chacun est un substitut étroit
d’autres. Par conséquent, la concurrence existe mais
c’est une concurrence personnalisée entre des rivaux qui
sont très conscients de leur situation respective.

Cette forme générale de marché (concurrence monopolistique)


est caractérisée par la différenciation du produit. Chaque
producteur s’efforce de différencier son produit pour le rendre
unique ; pourtant, pour être sur le marché, les produits
particuliers doivent être proches du produit général considéré.

130
 Différenciation réelle versus différenciation artificielle
du produit

Réelle : s’il est possible d’observer les différences en termes de


composition chimique, services offerts par les vendeurs,
puissance, coût de fabrication, etc.

Artificielle : si la différentiation se fonde, par exemple, sur la


publicité, les différences de présentation, de forme, de marque,
etc.

Dans tous les cas, en différenciant les produits, chaque produit


devient unique et donc, son producteur dispose d’un certain
degré de monopole, qui est généralement très faible, car les
autres producteurs peuvent commercialiser un bien très
semblable.

Au regard de ce qui précède, on se rend compte que ce n’est


donc pas par hasard que le prix de vente d’eau en bouteille est
presque identique d’une marque à l’autre.

3.4. Oligopole

Dans un monopole, par définition, il ne peut y avoir de relation


entre les firmes, puisqu'il n'y en a qu'une. En concurrence pure
et parfaite ainsi qu’en concurrence monopolistique, le nombre
d'entreprises fait qu'une firme n’ait pas (ou très peu) d'influence
sur les autres. La réalité des affaires montre que dans la plupart
des secteurs industriels ou de services, les entreprises
s'opposent vivement entre elles et mettent en œuvre des
stratégies complexes d'affrontement, d'entente ou de collusion.

L'oligopole est un marché sur lequel s'affronte un petit nombre


de producteurs. Ainsi, une firme est souvent capable de
connaître tous ses concurrents et peut donc tenir compte de
leurs stratégies dans ses propres décisions : on dit qu'il y a
interdépendance conjecturale. Il s'agit d'une interdépendance
fondée sur des vraisemblances. Une telle structure de marché
s'explique par l'existence des barrières à l'entrée (différenciation,

131
économies d'échelle, réglementation, avantage absolu de coûts,
etc.).

Afin de simplifier une réalité très complexe, considérons que


l'oligopole ne comporte que deux firmes (A et B) ; cette
situation prend le nom de duopole. Nous supposerons que les
firmes produisent un bien homogène, afin d'éviter les
problèmes liés à la différenciation. On distingue deux types
principaux de comportement : l'affrontement et l'entente. Dans
le premier cas, les équilibres seront appelés équilibres non
coopératifs. Plusieurs modèles très célèbres s'y intéressent : il
s'agit des modèles de Cournot, de Stackelberg et de Bertrand.
Dans le second cas, les équilibres seront dits coopératifs. Le
modèle du cartel en fournit une parfaite illustration

3.4.1. Oligopole et intérêt du public

Si les oligopoleurs s’entendent (oligopole collusif) et


maximisent conjointement leurs profits, ils agissent
concrètement de la même manière qu’un monopoleur et les
conséquences pour la société sont analogues. L’oligopole non
coopératif conduit, de son côté, à une production supérieure et
à un prix de marché inférieur à celui du monopole. En revanche,
par rapport à la concurrence pure et parfaite, le prix est, en
général, plus élevé et les quantités produites, moindres.

L’oligopole peut parfois entraîner des conséquences plus


néfastes pour la société que le monopole du fait des deux
raisons suivantes :

• En fonction de la taille des oligopoleurs, il est possible


que l’oligopole soit moins que les économies d’échelle
et donc que ces dernières soient moins à même de
contrebalancer les effets du pouvoir de marché ;
• Les oligopoleurs sont encouragés à s’engager dans de
coûteuses campagnes publicitaires, ce qui est moins le
cas d’un monopoleur.

Néanmoins, le pouvoir des oligopoleurs sur certains marchés

132
intermédiaires peut être contrebalancé par le pouvoir de
négociation des clients (si les clients sont puissants). Ainsi, les
fabricants de yaourts sont largement en situation
oligopolistique mais, comme ils vendent leur produit à de
grandes chaînes de supermarchés, ils sont moins en mesure de
profiter de leur pouvoir de marché car les supermarchés tirent
les prix vers le bas. Il y a donc ici un phénomène de contre-
pouvoir.

Le pouvoir des oligopoleurs est également réduit s’ils opèrent


sur des marchés contestables. Plus les barrières à l’entrée sont
réduites et les coûts de sortie faibles, plus il est difficile pour un
oligopoleur de profiter de son pouvoir de marché et de réaliser
des profits. Dans une certaine mesure, l’oligopole peut
également avoir des avantages pour la société par rapport aux
autres structures de marché :

• Les oligopoleurs, à l’instar des monopoleurs, peuvent


utiliser leurs profits afin d’investir en recherche et
développement et donc réduire leurs coûts à long terme.
De plus, à la différence d’un monopoleur, les
oligopoleurs ont de fortes incitations à investir en
recherche et développement. En effet, un meilleur
produit peut donc leur permettre d’accroître leurs parts
de marché et donc leurs profits ;
• La concurrence, à travers la différenciation des produits,
accroît le choix des consommateurs.

En pratique, il est cependant difficile de dresser des


conclusions générales sur les avantages et les inconvénients
pour le public, tellement les oligopoles diffèrent dans leurs
caractéristiques et leurs performances.

3.4.2. Duopole

Dans une situation de duopole, deux producteurs indépendants


approvisionnent le marché et cherchent à maximiser leurs
profits. Par rapport à la situation de concurrence pure et
parfaite, les producteurs peuvent influencer par les quantités

133
offertes le prix du marché.

Mais ils ne sont pas pour autant dans une situation de


monopole puisqu’ils usent de concurrence mutuellement et qu’il
leur est difficile de ne pas tenir compte du comportement de
l’autre producteur. Les deux producteurs peuvent adopter
plusieurs types de stratégie : adaptation passive au niveau de la
production de chaque producteur, relations hiérarchisées entre
les deux protagonistes (firme leader, firme dominée ou la
volonté de domination des deux firmes), concurrence par les
prix, entente et cartel.

En 1838, Cournot propose une première analyse du duopole.


Pour lui, les producteurs ne souhaitent pas mener une guerre
des prix et ne cherchent pas non plus à passer un accord entre
eux. Chacun décide de son volume de production en fonction
de la production de l’autre et de telle sorte que son profit soit
maximum. Aucun ne cherche à dominer sur l’autre. Par exemple,
comme l’indique le tableau ci-dessous, le producteur A sait que
le producteur B produit un volume de 1, il doit offrir un volume
de 26 pour maximiser son profit. Le producteur B sait, lui, que si
le producteur A offre un volume de 26, il doit produire 19 pour
maximiser son profit. A et B peuvent donc déterminer une
fonction de réaction qui indique pour chaque niveau de
production du concurrent, le niveau de production nécessaire
pour maximiser son profit. L’équilibre du marché est alors
atteint lorsque ni A ni B n’ont intérêt à modifier leur niveau de
production, soit ici 22 pour chaque entreprise.

On appelle équilibre non coopératif d’un jeu une combinaison


stratégique telle que chaque stratégie est une meilleure
réponse aux stratégies des autres joueurs. L’équilibre non
coopératif est aussi appelé équilibre de Nash ou équilibre de
Cournot-Nash. En d’autres termes, l’équilibre non coopératif du
jeu est l’intersection des fonctions de meilleures réponses.

3.4.3. Duopole de Cournot

Si la notion d’équilibre non coopératif est due au mathématicien

134
américain John Nash, son intuition initiale est apparue un siècle
plus tôt, en 1838, dans les travaux d’un ingénieur économiste
français : Antoine-Augustin Cournot.

Cournot a étudié un marché où seules deux firmes produisent


un même bien ou service et le proposent aux consommateurs.
Dans sa construction, Cournot considère deux firmes de forces
égales, c’est-à-dire telles qu’aucune ne possède d’ascendance
sur l’autre. On peut imaginer deux entreprises de tailles à peu
près semblables, arrivées en même temps sur le marché et
produisant des biens très peu différenciés, par exemple deux
constructeurs aéronautiques fabricants des gros porteurs ou
deux producteurs de semences agricoles (à l’échelle mondiale).

En dépit de son manque de réalisme (les firmes ne produisent


jamais des biens indifférenciés), cette hypothèse a la grande
vertu de permettre un traitement très simple du jeu auquel
participent les firmes. En retenant l’hypothèse d’homogénéité
du bien, il ne pourra exister qu’une valeur unique du prix du bien
(ce sans quoi, toute la demande s’adresserait à la firme
pratiquant le prix le plus bas, alors que sa concurrente aurait vu
s’enfuir tous les consommateurs). C’est désormais sur la
quantité produite du bien ou service que va porter la décision
centrale. En d’autres termes, la variable stratégique, dans le
modèle Cournot, est la quantité.

Le duopole de Cournot est un duopole symétrique au sens où


aucune firme ne possède d’ascendant d’aucune sorte sur sa
concurrente. Cela ne signifie pas que les firmes aient
nécessairement les mêmes fonctions de coût : celle qui a la
meilleure technologie réalisera évidemment un profit supérieur
à sa concurrente, mais le fait d’avoir des coûts plus élevés ne
remet en cause, ni la présence de la seconde firme, ni le
postulat qu’elle se trouve sur un pied d’égalité avec sa
performante rivale.

1) Hypothèse du duopole de Cournot

Le duopole de Cournot est une configuration de marché dans

135
laquelle deux firmes en positions symétriques se font
concurrence en quantité. Elles produisent et vendent un bien
homogène à un prix unique P. Chacune connaît les
caractéristiques de la relation entre prix et quantité demandée,
les caractéristiques de sa propre fonction de coût ainsi que les
caractéristiques de la fonction de coût de sa concurrente.

Cette dernière précision sur la parfaite connaissance de la


fonction de coût de la concurrente fait référence au cadre
d’information parfaite dans lequel nous nous situons. Il s’agit, là
d’une hypothèse peu réaliste.

La demande inverse est supposée être, comme précédemment,


une fonction décroissante P(Q). Les deux joueurs (les deux
firmes) sont indicés 1 et 2. La firme 1 décide de sa production
Q1, la firme 2 décide de sa production Q2. La quantité totale
produite Q est la somme simple des quantités produites par les
firmes 1 et 2 : Q = Q1 + Q2

La fonction de coût total de la firme 1 est CT1(Q1). La fonction


de coût total de la firme 2 est CT2(Q2). L’équilibre non coopératif
du jeu de Cournot sera la combinaison stratégique (Q *, Q *) telle
1 2
que :

{
Q1* =MR1(Q2*,)
Q2* =MR2(Q1*,)

L’équilibre non coopératif du jeu de Cournot est la combinaison


stratégique (Q *, Q *) telle que la quantité produite par chaque
1 2
firme est une meilleure réponse à la quantité produite par sa
concurrente.

On peut représenter cet équilibre non coopératif en traçant les


fonctions de meilleures réponses de chacune des deux firmes
dans un repère où la quantité produite par la firme 1 figure en
abscisse et la quantité produite par la firme 2 en ordonnée. Au
point C, à l’intersection de ces fonctions de meilleures réponses,
figure l’équilibre non coopératif du jeu. Cet équilibre non
coopératif apparaît sur la figure 32.

136
Figure 32: Equilibre non coopératif du duopole de Cournot

2) Détermination de l’équilibre de Cournot

Pour déterminer sa fonction de meilleure réponse, la firme 1


doit maximiser son profit (sa fonction de « paiement »)
relativement à la variable sur laquelle porte sa décision, c’est-à-
dire la quantité Q1. Ainsi, elle
Max π1 (Q1; Q2) = P(Q1 + Q2) × Q1 – CT1(Q1)
La condition d’optimalité est que :
∂ π1 (Q1; Q2)
=0 ⟺ Q1 =MR1(Q1)
∂Q1
De même la firme 2 doit maximiser son profit relativement à la
variable Q2.
Max π2 (Q1; Q2) = P(Q1 + Q2) × Q2 – CT2(Q2)
La condition d’optimalité est que :
∂ π2 (Q1; Q2)
=0 ⟺ Q2 =MR2(Q2)
∂Q2

À l’équilibre non coopératif de Cournot, les firmes peuvent


réaliser un profit microéconomique durablement positif. On
peut montrer qu’à technologie donnée, le profit total obtenu par
les deux firmes est (sous certaines hypothèses) inférieur au
profit qu’aurait obtenu un monopole. En cela, le duopole est
bien une situation intermédiaire entre monopole et concurrence

137
pure et parfaite.

Si l’on prolonge l’analyse, on peut, sous ces mêmes hypothèses,


montrer que le profit total qu’obtiendraient trois firmes dans un
«triopole» de Cournot serait inférieur au profit total obtenu par
les deux firmes d’un duopole et ainsi de suite. Lorsque le
nombre de firmes qui forment l’oligopole devient très grand, le
profit total tend vers zéro et le prix pratiqué par les firmes à
l’équilibre non coopératif de l’oligopole tend vers le prix de
concurrence pure et parfaite. Dans cette optique, la
configuration de concurrence pure et parfaite s’apparente à un
jeu de Cournot dans lequel le nombre de joueurs tendrait vers
l’infini.

3.4.4. Duopole de Stackelberg

Le duopole de Stackelberg est une configuration de marché


dans laquelle deux firmes en positions asymétriques se font
concurrence en quantité. Elles produisent et vendent un bien
homogène à un prix unique P. L’une des firmes est dominante :
c’est le leader.

L’autre est dominée : c’est le follower. Chacune connaît les


caractéristiques de la relation entre prix et quantité demandée,
les caractéristiques de sa propre fonction de coût ainsi que
celles de la fonction de coût de sa concurrente.

Une fois encore, le cadre dans lequel nous envisageons


d’analyser la formation des décisions des firmes leader et
follower est un cadre qui semble assez éloigné de la réalité : la
toute première variable stratégique serait plus naturellement le
prix et l’idée même d’un bien homogène paraît encore moins
raisonnable dans le cadre de Stackelberg que dans le cadre de
Cournot.

Néanmoins, la caractérisation de l’équilibre non coopératif


obtenu est valable, qualitativement très proche de ce qui se
passerait dans les circonstances réelles.

138
Le jeu de Stackelberg est un jeu séquentiel à 2 étapes. Lors
d’une première étape, la firme leader (nous postulons qu’il s’agit
de la firme 1) décide de sa production Q1S en maximisant son
profit. Dans une seconde étape, la firme follower s’adapte à la
décision du leader en se positionnant sur sa fonction de
meilleure réponse :

Q2S = MR2 (Q1S)

Pour déterminer les caractéristiques de cet équilibre non


coopératif (Q1S ; Q2S), il faut résoudre le jeu par la méthode dite
de la « récurrence à rebours ».

Ce terme, laide traduction de l’expression anglaise backward


induction, désigne le mode de résolution de tous les jeux
séquentiels : il faut partir de la fin du jeu puis remonter, pas à
pas, vers le début du jeu.

Dans le cas présent, il faut donc commencer par l’étude de la


décision de la firme 2 (le follower), puis intégrer les
caractéristiques de la réponse optimale de la firme 2 dans
l’ensemble d’informations de la firme 1, le leader ; sur la base de
ces informations, la firme leader construit alors sa décision
optimale (de maximisation du profit).

Le résultat obtenu est différent de celui obtenu dans le cadre


symétrique de Cournot : la firme leader dispose d’un avantage
incarné par l’opportunité de jouer en premier. La firme follower
joue en second et adopte un comportement optimisateur, mais
elle s’adapte « passivement » à la décision du leader : elle ne
conteste pas son leadership. Bien sûr, le jeu ici décrit n’est
qu’un habillage théorique de la réalité ; il se pourrait en effet,
que, dans la vie réelle, les deux firmes agissent simultanément
(ou même que le follower prenne sa décision un peu avant le
leader).

Mais la vertu de cette modélisation est d’objectiver, dans le


cadre d’un jeu parfaitement délimité, l’émergence d’un

139
comportement de leader et d’un comportement de follower sur
un marché. L’équilibre non coopératif du duopole de
Stackelberg est représenté sur la figure 33.

L’équilibre non coopératif de Stackelberg est le couple


stratégique (Q1S; Q2S), tel qu’en ce point la tangente à la courbe
d’iso-profit de la firme 1 soit confondue avec la fonction de
meilleure réponse de la firme 2. C’est en effet la solution
graphique qui correspond à l’issue du jeu séquentiel décrit ci-
dessous.

Figure 33: Equilibre non coopératif du duopole de Stackelberg

À fonctions de coûts identiques, la firme leader produit, à


l’équilibre non coopératif de Stackelberg, plus que la firme
follower. Ainsi, le leader réalise un profit plus élevé que le
follower. Si l’on compare, en outre, les duopoles de Cournot et
de Stackelberg à fonctions de coût identiques, on constate que
la quantité produite par la firme leader est plus élevée que la
production de l’une ou l’autre des concurrentes dans le cadre de
Cournot. A contrario, le follower produit moins.

Détermination de l’équilibre de Cournot

140
Nous connaissons déjà la fonction de meilleure réponse de la
firme 2, Q2 = MR2 (Q1), issue de la maximisation du profit de la
firme 2. C’est, en tout cas, ce qui doit être déterminé lors de la
première étape de résolution du jeu.

Lors de la seconde étape de la résolution, il s’agit de


caractériser la décision de la firme 1 qui maximise son profit
sachant que la firme 2 se positionnera sur sa fonction de
meilleure réponse. Ceci revient à :

Max π1 (Q1; Q2)


SC:Q2 =MR2(Q1)
Pour résoudre ce programme de maximisation, il faut substituer,
dans la fonction objectif, Q2 par l’expression de la meilleure
réponse de la firme 2 à la stratégie de la firme 1 :
Max π1 (Q1) =P[Q1 +MR2(Q1)] *Q1 -CT1(Q1)

La condition d’optimalité est que


∂ π1 (Q1)
=0
∂Q1

La valeur de Q1 qui annule cette dérivée première est Q1S


Enfin,
Q2S =MR2(Q1S)

3.4.5. Duopole de Bertrand

Le choix de la quantité plutôt que du prix comme variable


stratégique a suscité de nombreuses critiques. Celles de
Joseph Bertrand furent les plus virulentes. À juste titre, il
convient de s’interroger sur ce qui se passerait si les firmes,
plutôt que décider des quantités à produire, concentraient leur
réflexion stratégique sur le prix à pratiquer. Cette question est
un véritable défi pour la construction de Cournot : si le prix était
la variable stratégique, les firmes finiraient, à l’issue d’une «
guerre des prix », par tarifer le bien ou service produit au coût
marginal, comme en concurrence pure et parfaite !

141
Présentons, succinctement, le raisonnement de Bertrand.
Supposons que les deux firmes ont des fonctions de coût
semblables, et donc les mêmes fonctions de coût marginal ;
supposons de surcroît que le coût fixe est nul. Quel que soit le
prix p pratiqué par l’une des firmes, sa concurrente aura intérêt
à pratiquer un prix p – e (où e désigne une valeur infime positive)
lui permettant d’attirer à elle tous les clients (et d’accroître son
profit). La première firme ne resterait pas sans réaction et
pratiquerait alors le prix p – 2e lui garantissant à son tour
d’attirer tous les acheteurs. Mais la seconde firme réagirait et
pratiquerait le prix p – 3e… et ainsi de suite.

Cette guerre des prix s’arrêterait à un plancher correspondant


au coût marginal de production de la moitié de la quantité
globalement produite. Ainsi, les firmes parviendraient à un
équilibre non coopératif dans lequel chacune produirait la
moitié des unités d’output et vendrait ces unités d’output au
prix plancher égal à leur coût marginal de production. Elles
réaliseraient toutes deux un profit microéconomique nul et la
situation du marché s’apparenterait à une situation conforme
aux conditions de la concurrence pure et parfaite.

Il y a deux manières de réagir au raisonnement de Bertrand. Soit


jeter le travail de Cournot aux oubliettes (ce qui, heureusement,
n’arrivera pas), soit comprendre que l’hypothèse d’un bien
homogène ne permet pas (c’est une évidence) de raisonner en
supposant que la variable stratégique est le prix. Il faudrait
modéliser la différenciation des produits pour être à même de
travailler avec le prix comme variable stratégique.

C’est l’objet des modèles de concurrence monopolistique, et en


particulier des modèles de localisation spatiale comme les
modèles de Hotelling et de Salop ; la modélisation des «
distances » est en effet une démarche impérative pour analyser
comment des consommateurs font leur choix entre les produits
différenciés : « distances » entre les caractéristiques de
différents produits et « distances » entre les caractéristiques
des produits et les goûts des consommateurs. Dans ces
modèles, à prix identiques des biens différenciés, les

142
consommateurs choisissent les produits qui leur sont les plus
proches, au sens propre (géographiquement) ou figuré
(distance entre caractéristiques).

Applications du chapitre 3

Exercice 1 : L'équilibre d'un marché en monopole non


discriminant

Soit un marché en situation de monopole. La fonction de


demande prend la forme suivante :

Qd =2000 -100P

Le monopole a une fonction de coût de la forme :


CT = 4000 + 0,01Q²

a) Calculez le coût moyen et le coût marginal ;


b) Calculez les différentes recettes du monopole ;
c) Calculez l’équilibre de ce marché (prix d’équilibre,
quantité échangée et profit du monopole) ;
d) Quelle aurait été le résultat en CPP ?
e) Représentez graphiquement les deux situations.

Réponse :

a) Le coût moyen est le coût unitaire. Il nous est donné par


le rapport entre le coût total et les quantités produites :
CT(Q) 4000 + 0,01Q² 4000
CM(Q) = → CM(Q) = = +0,01Q
Q Q Q

Le coût marginal est la variation du coût total provoquée par la


production d’une unité supplémentaire. On exprime l’équation
du coût marginal en dérivant la fonction du coût total par
rapport à la variable Q.

dCT
Cm(Q) = →Cm =0.02Q
dQ

143
b) Pour une firme en monopole le prix n’est plus une
donnée mais une variable qu’elle fixe et qu’elle va devoir
diminuer pour augmenter les quantités vendues (loi de la
demande).

- La recette totale nous est donnée par l’équation :


RT(Q) = P(Q) x Q

Pour exprimer la fonction P(Q) (qui est la fonction de prix : elle


nous indique quel doit être le prix pour chaque quantité vendue),
on inverse la fonction de demande :
Q
P(Q) = 20 –
100

La fonction de recette totale est donc :


Q Q2
(
RT(Q) = 20 –
100 )
Q = 20Q –
100

- La recette moyenne nous indique la recette unitaire, donc


pour chaque unité vendue. On l’exprime en faisant le
rapport entre la RT et les quantités produites :
RT(Q)
RM(Q) =
Q
Donc :
Q
RM(Q) = 20 -
100

La RM(Q) est donc confondue avec la fonction de prix.

- La recette marginale nous indique quelle est la variation


de la recette totale lorsque la firme augmente sa
production d’une unité. On l’exprime en dérivant la
fonction de recette totale par rapport à la variable Q :
dRT(Q) Q
Rm (Q) = = 20 -
dQ 50

b) Une entreprise, quelle que soit la structure du marché, a


pour objectif de maximiser son profit. Pour cela, elle fait

144
un raisonnement à la marge : pour chaque unité de bien
qu’elle puisse produire, elle compare ce que lui rapporte
cette unité (Rm) et ce qu’elle lui coûte (Cm). Tant que le
Cm <Rm , elle offre cette quantité. Mais le Cm est
croissant alors que la Rm est décroissante ; donc les
deux fonctions finissent par se croiser. La quantité pour
laquelle le Cm=Rm est donc celle qui maximise le profit
de la firme.

- Raisonnement mathématique : on cherche à maximiser


la fonction de profit (π):

π(Q) = RT(Q) – CT(Q)

Lorsque l’on recherche le maximum (optimum) de cette


fonction, on égalise le dérivé premier à zéro :
dπ(Q)
= Rm (Q) – Cm(Q)
dQ

Donc le profit est maximum lorsque Rm(Q) = Cm(Q)


Q
0,02 Q =20 - →Q =1000 -Q →Q =500
50

Pour connaître le prix de vente, on remplace Q par sa valeur


dans la fonction de prix :
Q 500
P =20 – = 20 – =20 -5 =15
100 100
π(Q) = RT(Q)– CT(Q) =P *Q -(4000 + 0,01Q² )
→ π =(15 ×500) -[4000 +0,01(500)2]
=7500 -4000 -2500 =1000

c) En CPP, l’équilibre sur le marché se fait au point de


rencontre entre l’offre et la demande, donc au point où le
RM(Q) =Rm(Q)
Q 2000
20 - =0,02 Q →2000 -Q =2Q →Q = =666,67
100 3

145
Q 666,67
P =20 – =20 - =13,33
100 100

π(Q) = RT(Q)– CT(Q) =P *Q -(4000 + 0,01Q² )


→ π =(13,33 ×666,67) -[4000 +0,01(666,67)2] =442,22

d)

Exercice 2 : L'équilibre d'un marché en monopole discriminant

Sur son territoire, une entreprise détient le monopole de la


production d’un bien Q pour lequel la demande est de la forme :

P
Q = - + 24
5
a) Le produit n’a pas de substitut, l’entreprise cherche à
maximiser son profit. Calculez la quantité produite, le
prix de vente et le profit, la fonction de coût étant :
5
CT = Q²
3
b) Sur un territoire voisin, la demande pour le même type de
bien est de la forme :

146
P
Qd = - + 16
5

Si l’entreprise ne satisfaisait que cette demande-là, quelle serait


sa production, son prix de vente et son profit (la fonction de
coût restant la même) ?

c) L’entreprise décide de satisfaire la demande des deux


territoires. Ainsi, à la demande nationale s’ajoute la
demande étrangère. Déterminez la nouvelle quantité
produite, le nouveau prix et le nouveau montant du profit.
d) L’entreprise décide de pratiquer une politique de
discrimination tarifaire ; de combien va-t-elle augmenter
ses profits ?

Réponses :

a)
10
Cm(Q) = Q;
3
P
Qd = - + 24→5Q = -P +120 →P =120 -5Q
5
RT(Q) = P(Q)x Q =(120 -5Q)Q =120Q -5Q²
Rm(Q) = -10Q + 120; RM(Q) = -5Q + 120
Cm(Q) = Rm(Q)
10 360
Q = -10Q + 120 →40Q =360 →Q = =9
3 40
P =120 -5Q =120 -5(9) =120 -45 =75
5
π(Q) = RT(Q)– CT(Q) =P *Q - Q²
3 ( )
5 2
[ ]
→ π =(75 ×9) - (9) =675 -135 =540
3
b)
P
Qd = - + 16
5
→5Q = -P +80 →P =80 -5Q
RT(Q) = P(Q)x Q =(80 -5Q)Q =80Q -5Q²
Rm(Q) = -10Q + 80; RM(Q) = -5Q + 80
Cm(Q) = Rm(Q)

147
10 240
Q = -5Q + 80 →25Q =240 →Q = =9,6
3 25
P =80 -5Q =80 -5(9.6) =80 -48 =32
5
π(Q) = RT(Q)– CT(Q) =P *Q - Q²
3 ( )
5
[ ]
→ π =(32 ×9.6) - (9.6) =307.2 -153.6 =153.6
3
2

c) Pour exprimer la fonction de demande totale nous


devons additionner les deux fonctions de demande
nationale
P P 2P
5 (
Qt(P) =Q(P) + Qd(P) = - +24 + - +16 = -
5 ) ( 5 )
+40
2P 5Q
Q =- +40 →5Q = -2P +200 →P =100 -
5 2
5Q 5Q2
RT(Q) = P(Q)x Q = 100 - (2
Q =100Q - )2
5Q
Rm(Q) = 100 -5Q; RM(Q) = 100 -
2
Cm(Q) = Rm(Q)
10 300
Q =100 -5Q →25Q =300 →Q = =12
3 25

Si l'entreprise ne pratique pas de discrimination tarifaire, elle


offrira une quantité totale de 12.
5Q 5(12)
P =100 - =100 - =100 -30 =70
2 2
5
π(Q) = RT(Q)– CT(Q) =P *Q - Q²
3 ( )
5
[ ]
→ π =(70 ×12) - (12)2 =840 -240 =600
3

d) Si l’entreprise pratique une politique de discrimination


tarifaire, elle produira une quantité totale de 12, mais elle
en écoulera une part sur le marché national et l'autre part
sur le marché étranger. Sur chacun des marchés elle
devra égaliser la Rm (du marché) avec le coût marginal
occasionné par la production de 12 unités.

148
Cm(Q =12) = (10/3)x12 = 40
Sur le marché national :
Rm = -10Q + 120 = Cm = 40 donc Q = 8; puis, à l'aide de la
fonction de prix du marché national (que l'on obtient en
inversant la fonction de demande nationale), on calcule le prix
qui sera pratiqué sur ce marché: P =80

Sur le marché étranger :


RM = P = -5Q + 80 donc RT = -5Q² +80Q et
Rm = -10Q + 80.
Donc Rm = Cm: -10Q + 80 = 40 → Q = 4; P = 60

Exercice 3

Une industrie qui évolue dans un contexte de concurrence pure


et parfaite est composée de 20 firmes. Chacune de ces firmes
a une fonction de coût total donnée par :

CT =10 +0.05Q2 +4Q

Et la demande du marché est représentée par l’équation


suivante :

Q =300 -20 P

a) Quelle est la fonction d’offre d’une firme représentative ?


b) Quelle est la fonction d’offre du marché ?
c) Calculez le prix et la quantité d’équilibre du marché ;
d) Quelle quantité la firme doit-elle produire et à quel prix
pour maximiser ses profits ?
e) Quels seront alors les profits de la firme ?

Résolution
a) A partir du seuil de fermeture l’offre égale au coût
marginal
P =Cm → P =0.1Q +4 →Qs = -40 +10P
b) QM =n ×QS = =( -40 +10P)20 = -800 +200P
S

c) Offre=demande

149
-800 +200P =300 -20 P →220P =1100 →P =5
d) P =Cm →5 =0.1Q +4 →Q =10
e)
π(Q) = RT(Q)– CT(Q) =P *Q -(10 +0.05Q2 +4Q)
→ π =(5 ×10) -(10 +0.05(10)2 +4(10)) =50 -55 = -5

Exercice 4
Considérez une entreprise en concurrence pure et parfaite avec
une fonction de coût total suivante :
CT =Q2 +10Q +100

Sous quel prix l’entreprise perd-elle de l’argent ?

Résolution
si P <CTM
Il s’agit de déterminer le seuil de rentabilité
100
CTM =Q +10 +
Q
∂CTM 100 100
=0 →1 - 2 =0→ 2 =1 →Q = 100 →Q =10
∂Q Q Q
P =Cm →P =2Q +10 →P =2(10) +10 =30 seuil de
rentabilité

Exercice 5

Voici quelques données de court terme sur l’entreprise Gamma,


une fabrique de chocolats de qualité supérieure qui opère dans
un contexte de concurrence monopolistique.

Pri Quantit Recett Recette Coût Coût Coût


x é e marginal total total margin
totale e moyen al

150
20 1 210
0

19 2 175
0

18 3 160
0

17 4 155
0

16 5 156
0

15 6 165
0

a) Complétez le tableau ;
b) Quelle quantité Gamma devrait-elle vendre pour
maximiser ses profits ? Quel prix devrait-elle fixer ?
c) Dans une perspective de court terme, à quel prix Gamma
aurait vendu ses chocolats si elle était en concurrence
pure et parfaite ? Quelle quantité aurait-elle vendue ?

Résolution

a)

Pri Quantit Recett Recette Coût Coût Coût


x é e marginal total total margin

151
totale e moyen al

20 1 200 210 210


0

19 2 380 180 175 350 140


0

18 3 540 160 160 480 130


0

17 4 680 140 155 620 140


0

16 5 800 120 156 780 160


0

15 6 900 100 165 990 210


0

b) Cm =Rm

Q =4 tonnes et P =170$
c) Cm =RM
Q =5 tonnes et P =160$

Exercice 6

Soit une firme, avec une fonction de demande donnée par :

152
P =6900 -2Q

De plus, l’entreprise estime que ses coûts fixes sont de 300 000
$ et que ses coûts variables moyens sont :

CVM = -100 +5Q

a) Calculez le prix et la quantité qui maximiseraient les


profits de l’entreprise. Quels seraient ses profits ?
b) Calculez le pouvoir de monopole (indice de Lerner) de
l’entreprise. Commentez brièvement votre résultat.

Résolution

a) CV =CVM ×Q →CV = -100Q +5Q²


CT =CF +CV →CT =300 000 -100Q +5Q²
Cm = -100 +10Q
RT =P ×Q =6900Q -2Q²
Rm =6900 -4Q
7000
Cm =Rm → -100 +10Q =6900 -4Q →Q = =500
14
P =6900 -2Q =6900 -2(500) =6900 -1000 =5900$
π(Q) = RT(Q)– CT(Q) =P *Q -(300 000 -100Q +5Q²)
→ π =(5900 ×500) -(300 000 -100(500) +5(500)2) =145 000 $
P -Cm
b) L =
P
5900 -( -100 +10Q) 5900 -( -100 +10(500))
L = = =0,169
5900 5900
concurrence parfaite (0) <L <(1)monopole parfait
concurrence parfaite (0) <0,169 <(1)monopole parfait

L’indice de Lerner étant faible, l’entreprise possède un petit


pouvoir de monopole. Une concurrence assez forte est en effet
constatée dans l’industrie.

Exercice 7

Le marché d’un produit homogène d’une industrie en situation


d’oligopole est composé de 21 firmes. Parmi elles, 20 firmes

153
sont de petites tailles et se comportent comme en concurrence
pure et parfaite. Une firme de grande taille agit selon le modèle
de la firme dominante.

Vous disposez des informations suivantes :

La demande du marché est égale à


QM =700 -10P
Le coût marginal de chaque petite firme s’écrit :
CmPF =q +10
Le coût marginal de la firme dominante est :
1
CmFD = ( )
30
q +10

a) Déterminez la fonction de demande de la firme


dominante ;
b) Déterminez la quantité optimale et le prix de vente de la
firme dominante ;
c) Déterminez la quantité produite par les 20 petites firmes
et le prix de vente.

Résolution

a)
QFD =QM -n ×QPF
S
CmPF =q +10

L’offre de chaque petite firme est


P =CmPF →P =q +10 →QPF S = -10 +P
FD M PF
Q =Q -n ×QS =(700 -10P) -20( -10 +P)
=700 -10P +200 -20P
QFD =900 -30P

b) La firme dominante se comporte comme un monopole


1
QFD =900 -30P →30P =900 -Q →P =30 - Q
30
1 1
( )
RT =P ×Q = 30 - Q Q =30Q - Q²
30 30

154
1
Rm =30 - Q
15
CmFD =Rm
1 1 600
(30)q +10 =30 -15Q →3Q =600 →Q =
3
=200
1 1
P =30 - Q =30 - (200) =30 -6,66 =23,33
30 30

c) La demande du marché
QM =700 -10P =700 -10(23,33) =700 -233,33 =466,67

Puisque la firme dominante produit 200 unités, les 20 petites


firmes vont produire
Q =466,67 -200 =266,67
Etant donné que les firmes se comportent comme en CPP, le
prix est une donnée, donc P =23,33.

155
Chapitre 4 : Demande et offre
Le marché d’un bien ou d’un service est le lieu de rencontre
d’une demande et d’une offre aboutissant à la fixation d’un prix
et d’une quantité d’équilibre de ce bien.

Cette définition mérite quelques précisions :

- Un marché est défini pour un bien ou un service spécifié,


encore que le terme puisse être appliqué à un ensemble
de biens ou de services voisins ;
- Tout marché est la rencontre entre les offreurs ou
producteurs et les demandeurs ou consommateurs qui
révèlent leurs préférences face à des prix ;
- Si certains marchés sont géographiquement bien
localisés, d’autres n’ont pas de localisation très précise ;
ainsi en est-il des marchés de l’art ou des bons de Trésor
américain ;
- Enfin, l’équilibre du marché d’un bien est une situation
telle que le prix et la quantité du bien égalisent la
demande et l’offre de ce bien.

4.1. Demande

La demande d’un bien est la relation entre la quantité désirée de


ce bien et son prix, toutes choses restant égales par ailleurs.

Cette définition appelle 3 précisions :

156
• Quantité désirée : la demande, en économie, n’est pas la
consommation effective, mais plutôt l’ensemble des
intentions d’achat et non les achats réels ;
• Clause « toutes choses restant égales par ailleurs » ou
«Ceteris paribus»: toutes les autres variables pouvant
influencer la demande sont supposées constantes;
(revenu, prix des autres biens, goûts et préférences).
• Prix : considéré comme une donnée et sa fixation dépend
des forces de marché (hypothèse de concurrence pure et
parfaite).

4.1.1. Fonction de demande

La fonction de la demande est la formulation de la relation prix-


quantité demandée. Le fait de privilégier la relation Q/P ne veut
pas dire que l’économiste ignore les autres éléments qui
interviennent dans la décision des consommateurs (revenu, prix
d’autres biens, goûts, etc.). Cela traduit seulement que ces
autres éléments sont considérés comme constants.

On dira alors que


QD =QD(P) (1) Fonction de demande directe
QD = Quantité demandée et P = Prix du bien
De (1) en tirant P qui sera fonction de Q [P =P(QD)] on a une
fonction de demande inverse.

La relation (1) signifie qu’à toute valeur possible du prix


correspond une quantité donnée. En règle générale, si le prix
d’un bien augmente, la quantité demandée de ce bien diminue.
C’est la loi de la demande qui est énoncée comme suit : « En
règle générale, les quantités demandées d’un bien sont une
fonction décroissante du prix de ce bien ».

En d’autres termes, on dira que la fonction de demande est une


fonction inverse du prix. Cela implique algébriquement :

dP/dQD <0 (2)

Dans le cas général, la fonction de demande est présentée de

157
façon linéaire, l’équation de la droite qui est supposée la
représenter est de type :

P =α -βQD (3)
α P
⟹QD = -
β β

A partir d’une situation donnée (figure 34), si le prix d’un bien


varie, cela induit un déplacement le long de la courbe de
demande, qui, elle, ne bouge pas. En d’autres mots, lorsqu’on
modifie le prix Px, en considérant les autres variables
constantes, ceteris paribus, on constate un déplacement le long
de la courbe de demande.

Graphiquement, nous avons la situation suivante :

Figure 34: Courbe de la demande

Exemple 1 : Considérons l’équation suivante :

P =10 000 -200QD

A partir de cette équation, il est possible de calculer un plan de


demande et tracer une courbe de demande ci-après. Cette
équation indique dans quelle mesure la quantité demandée
évolue lorsque le prix change. Par exemple, quand le prix est
égal à 10, la quantité demandée est égale à 8000. Si le prix

158
augmente et passe à 15, la quantité demandée diminue de 1000
unités et passe à 7000.

Plan de demande correspondant à l’équation

P Qd

5 9000

10 8000

15 7000

20 6000

25 5000

Courbe de demande correspondant

159
Exemple 2:

Les données fictives du tableau ci-dessous représentent la


demande mensuelle de pommes de terre

Demande du
Prix Demande Demande de
marché
(en cents d’Eric Stéphanie
(en milliers de
par kg) (en kg) (en kg)
tonnes)
20 28 16 700
40 15 11 500
60 5 9 350
80 1 7 200
100 0 6 100

Courbe de demande de pommes de terre

160
Ces fonctions de demande sont fondées sur l’hypothèse ceteris
paribus, c’est-à-dire tous les autres déterminants de la
demande (Comme le revenu, les goûts, les prix d’autres biens,
substituables, complémentaires ou non), autre que le prix, sont
constants.

4.1.2. Déplacement de la courbe de demande

Que se passe-t-il lorsqu’un des déterminants de la demande,


autre que le prix, varie ? La conséquence est un déplacement de
la courbe de demande. Si par exemple, une variation d’un de ces
déterminants provoque une augmentation de la demande, la
courbe de demande se déplace vers la droite. La nouvelle
courbe de demande indiquera que pour un niveau de prix
identique, la quantité demandée est supérieure (la demande a
augmenté).

A la figure 35, au prix P, la quantité demandée était de Q0 , mais


après le choc positif de demande, la quantité demandée à ce
prix est Q1 >Q0.

Par symétrie, si un changement de l’un de ces déterminants de


la demande induit une diminution de la demande, la courbe de

161
la demande se déplace alors vers la gauche, indiquant ainsi que,
pour un niveau de prix équivalent, la demande a diminué.

Figure 35: Déplacement de la courbe de demande

4.2. Offre

4.2.1. Fonction d’offre

L’offre est une relation entre la quantité d’un bien que l’on désire
produire (et/ou vendre) pour tout prix possible de ce bien,
toutes choses égales par ailleurs. Cette définition demande
deux précisions : Clause «Ceteris paribus» signifie que tous les
autres facteurs autres que le prix pouvant influencer la décision
d’offrir sont considérés comme constants. Ces principaux
facteurs sont la technologie de production et le prix des
facteurs de production, autrement dit les coûts.

Comme pour la demande, l’offre est établie pour une période


donnée. La relation entre le prix et la quantité offerte peut être
décrite formellement comme suit :

QS =Q(P) (1) Fonction d’offre directe


P =P(QS) (2) Fonction d’offre inverse

162
dP
Avec >0
dQ
QS = Quantité offerte
P = Prix du bien

Dans le cas général, comme la fonction de demande, la


fonction d’offre est présentée de façon linéaire, l’équation de la
droite qui est supposée la représenter étant de type :

P =γ +δQS (3)

En général, l’offre est d’autant plus élevée que les prix du bien
est élevé. Les offreurs « aiment les prix élevés », ce qui signifie
qu’à prix élevés, ils sont prêts à vendre plus : un producteur est
prêt à se « décarcasser » si les prix sont élevés. Ainsi, la loi de
l’offre peut être énoncée comme suit : « Toutes choses étant
égales par ailleurs », les quantités offertes d’un bien sont une
fonction croissante du prix de ce bien.

Figure 36: Courbe d’offre

La courbe d’offre individuelle donne les intentions de vente de


cet individu pour chaque niveau de prix de ce bien, Ceteris
paribus.

Exemple 3 :

163
Le tableau ci-dessous indique les quantités mensuelles de
pommes de terre offertes et le prix par un fermier individuel (A)
et par le marché dans sa globalité.

Offre mensuelle de pommes de terre

Prix des pommes de Offre du marché


Offre de A
terre
(en milliers de
(en tonne)
(en cents par Kg) tonnes)

20 50 100

40 70 200

60 100 350

80 120 530

100 130 700

Courbe d’offre mensuelle de pommes de terre P (en cents par


kg)

164
4.2.2. Déplacement de la courbe d’offre

En général et toutes choses égales par ailleurs, quand le prix


d’un facteur de production augmente, la quantité offerte du bien
produit diminue. De même, toutes choses étant égales par
ailleurs, quand la productivité d’un facteur de production
augmente, la quantité offerte du bien augmente et inversement.

Aussi, toutes choses étant égales par ailleurs, si la firme


productrice anticipe une hausse de prix, elle voudra en stocker
plus et vendre moins maintenant. Par ailleurs, des anticipations
pessimistes poussent les autres entreprises à investir peu en
machine,… et à réduire leur offre. L’inverse se produit pour des
anticipations optimistes.

Bref, si un déterminant de l’offre autre que le prix varie, cela se


traduit par un déplacement de la courbe de l’offre : vers la droite
en cas d’augmentation de l’offre et vers la gauche en cas de
diminution de l’offre.

Supposons que la courbe d’offre Q0 reflète la situation originale,


pour chaque niveau de prix la quantité est plus élevée sur Q1
que sur Q0 . A l’inverse la courbe Q2 représente une diminution
de l’offre.

Figure 37: Déplacement de la courbe d’offre

165
4.3. Equilibre du marché

Un marché est dit « en équilibre » lorsque la quantité totale que


les offreurs sont prêts à fournir est égale à la quantité totale
que les demandeurs sont désireux d’acquérir (O=D). Cette
quantité (O=D) est appelée la quantité d’équilibre. En d’autres
termes, l’équilibre classique est celui du marché dans lequel le
niveau du prix en vigueur est tel que les quantités demandées
du bien sont égales aux quantités offertes.

4.3.1. Représentation graphique de l’équilibre

Graphiquement l’équilibre est obtenu à partir de l’intersection


des fonctions de demande et des fonctions d’offre. Pour un prix
Pe , les quantités offertes sont égales aux quantités demandées.
Pour un prix supérieur à Pe , les débouchés sont insuffisants.
Pour un prix inférieur à Pe, la production est insuffisante.

Figure 38: Equilibre entre offre et demande

166
4.3.2. Détermination algébrique de prix et quantité d’équilibre

Supposons que les quantités échangées et offertes aient la


forme suivante :
QD =a -bP (1)
QO = -c +dP (2)
L’équilibre de marché correspond à une situation où les
quantités demandées QD sont égales aux quantités offertes QO .
Le prix qui satisfait cette égalité est tel que :
c P
- + =a -bP
d d
Ce qui donne :
a +c
Pe =
b +d
En remplaçant le prix P par sa valeur d’équilibre Pe dans
l’équation de l’offre ou de la demande, on obtient la quantité
d’équilibre Qe :
ad +bc
Qe =
d +b

167
Exemple 4 :

Le tableau ci-dessous montre l’offre et la demande de pommes


de terre.

Prix des pommes de Demande du Offre du marché


terre (en cents par marché (en milliers (en milliers de
kg) de tonnes) tonnes)

20 700 (A) 100(a)

40 500(B) 200(b)

60 350(C) 350(c)

80 200(D) 530(d)

100 100(E) 700(e)

A partir de ce tableau, on peut représenter graphiquement


l’équilibre sur le marché des pommes de terre. La figure ci-
dessous montre les courbes d’offre et de demande sur le
marché de pommes de terre ainsi que la quantité et le prix
d’équilibre sur ce marché.

Ce graphique montre que l’équilibre est atteint au prix Pe égal à


60 cents, et la quantité échangée, Qe égale à 350 000 tonnes.
Pour tout prix supérieur à 60 cents, il y a un surplus d’offre. Les
agriculteurs produisent plus que ce que les consommateurs
sont prêts à acheter.

Le marché n’est pas en équilibre et le prix diminue jusqu’à ce


que l’équilibre soit atteint, au point c. De manière analogue, pour

168
tout prix inférieur à 60 cents, il y a excès de demande, une
pénurie. Le prix augmentera jusqu’à ce que cet excès de
demande soit résorbé et atteigne à nouveau le point c, qui
correspond à l’équilibre du marché.

Quantité et prix d’équilibre sur le marché des pommes de terre

Exemple 5

Supposons que les quantités demandées et offertes aient les


formes suivantes :

169
Qd =320 -20 P (1)
QO = -40 +20 P (2)
En posant
Q d =Q O
320 -20 P = -40 +20 P
360
Pe = =9 (3)
40
(3) dans (1)ou (2)
Qd =320 -20 (9) =140
QO = -40 +20 (9) =140

Donc, la quantité d’équilibre Qe =140

4.3.3. Changement d’équilibre

Le prix d’équilibre ne change pas tant que les courbes d’offre et


de demande restent les mêmes. Mais lorsque l’une de ces deux
courbes se déplace, un nouvel équilibre apparaît.

1) Déplacement de la courbe de demande et équilibre de


marché

Un déplacement de la courbe de la demande entraîne un


déplacement de l’équilibre le long de la courbe d’offre. Par
exemple, la demande passe de D0 à D1 (voir figure 39). Cette
augmentation de la demande entraîne une pénurie (égale à
h -Q1), si le prix de marché reste Pe1.

Cela se traduit par une hausse du prix de marché, provoquant


une augmentation des quantités offertes et une diminution des
quantités demandées. Le nouvel équilibre est atteint lorsque la
courbe d’offre coupe la nouvelle courbe de demande. La
quantité d’équilibre est alors Qe2 >Qe1 et le nouveau prix
d’équilibre est Pe2 >Pe1.

Figure 39: Déplacement de la courbe de demande et équilibre


de marché

170
2) Déplacement de la courbe d’offre et équilibre de marché

Un déplacement de la courbe d’offre entraîne un déplacement


de l’équilibre. Par exemple, la courbe d’offre se déplace vers la
gauche de O1 à O2 (voir figure 40). Cette diminution d’offre
suscite une pénurie (égale à Q1 -j ), si le prix de marché reste Pe1.
Cela conduit à l’augmentation des prix du marché. Au nouvel
équilibre, la quantité échangée est alors Qe2 <Qe1 et le nouveau
prix d’équilibre est Pe2 >Pe1.

Figure 40: Déplacement de la courbe d’offre et équilibre du


marché

171
Parfois, les courbes d’offre et de demande se déplacent
simultanément. Le nouvel équilibre dans ce cas correspond
simplement à leur nouveau point d’intersection.

4.4. Notions des élasticités

4.4.1. Elasticité de la demande

De manière précise, la demande d’un bien n’est pas seulement


fonction du prix de ce bien, mais elle dépend aussi des prix
d’autres biens ainsi que du revenu que possède l’individu.

Par l’élasticité, nous voulons analyser la réaction de la demande


si une de ces trois composantes arrive à être modifiée. D’où le
concept d’élasticité de la demande. L’élasticité de la demande

172
est définie comme étant «la variation relative de cette demande
occasionnée par la variation relative d’une de ses composantes
(prix du bien, prix des autres biens et revenu).

On distingue ces élasticités selon qu'il s’agit de la variation


relative du prix direct du bien (élasticité-prix directe), de la
variation relative du prix d’un autre bien (élasticité-prix croisée)
et selon que le revenu varie (élasticité revenu). L’index qui
permet de mesurer cette sensibilité s’appelle « coefficient de
l’élasticité ».

Remarques : il faut noter que le calcul des élasticités est très


utile dans la classification des biens et aussi selon la définition
de la fonction de la demande, le signe attendu pour le
coefficient de l’élasticité prix direct étant négatif, mais il est des
situations où il n’en est pas le cas (ce sont les cas avec des
biens à caractéristiques particulières).

Le tableau 2 donne un résumé de toutes les formules qui sont


utilisées dans le cadre du calcul des différents coefficients
d’élasticités.

Tableau 2: Formules résumées des coefficients d’élasticités

Élasticité prix Élasticité prix


Élasticité revenu
direct croisé

173
Formule de ΔQi Pj ΔQi R
ΔQ P εQ P = x εY R = x
l’élasticité en Ԑ = x j
ΔP Q ΔPj Qi ΔR Qi
i

un point

Cas
discret
Formule de ΔQ ΔQi ΔQi
Ԑ = . εQP = x εY R = x
l’élasticité
j
ΔP ΔPj ΔPj
i

d’arcs (P1 +P2) (P1 +P2) (R1 +R2)


2
(Samuelson) (Q1 +Q2) (Q1 +Q2) (Q1 +Q2)

dQi Pi dQi Pj dQi R


Cas continu Ԑ = x εY P =
i j
x εY R = x
dPi Yi dPj Qi dR Q
i

L’interprétation du coefficient de l’élasticité est fonction de son


intensité ainsi que de son signe. La formule générale utilisée
pour cette interprétation est la suivante :

Supposons par exemple que le prix d’un bien (prix d’un autre
bien ou du revenu) varie en un pourcentage donné, l’impact sur
la quantité demandée est un taux équivalant au produit de la
valeur absolue de l’élasticité trouvée avec le pourcentage de
variation du prix du bien (d’un autre bien ou du revenu) selon
qu’il s’agit de l’élasticité directe (croisée ou revenu) en prenant
en compte le signe du coefficient de l’élasticité en question.

Par exemple l’élasticité-prix directe de -1 s’interprète de la


manière suivante :

- Si le prix augmente par exemple de 10%, la demande


va diminuer de 1*10%, c'est-à-dire 10% ;
- Si le prix diminue de 10%, la demande va augmenter
de 10%.

2
Paul Anthony Samuelson est un économiste américain qui a proposé la
formule de l’élasticité d’arc pour remédier aux insuffisances de la formule
de l’élasticité en un point.

174
Il en est de même pour les autres élasticités.

Remarque : chacun est libre de supposer n’importe quelle


variation relative du prix ou autre déterminant de la demande
dans son interprétation (1%, 5%, 10%, 25%, 30%, 50%, 75%, etc.).
Le degré d’élasticité d’une courbe de demande dépend de la
valeur du coefficient.

Ainsi, la figure 41 donne ces différents degrés d’élasticité de la


courbe de demande.

Figure 41: Degré d’élasticité de la demande

Les différents cas sur le schéma ci-dessus se présentent de la


manière suivante sur un graphique (il s’agit des différentes
formes de la courbe de demande en fonction de sa sensibilité
par rapport au prix).

Figure 42: Différentes courbes de la demande

175
On peut également, au travers de ce coefficient, classifier les
biens selon leur nature. Le tableau 3 en donne un résumé.

Tableau 3: Elasticités de la demande et nature des biens

Élasticité-prix Élasticité-croisée Élasticité revenu

Biens complémentaires
Bien ordinaire (ԑ<0) Bien inférieur (ԑ<0)
(ԑ<0)

Bien de Giffen (ԑ>0) Biens substituables (ԑ>0) Bien normal (0<ԑ<1)

A priori aucune liaison Bien supérieur ou luxe


(ԑ=0) (ԑ>1)

4.4.2. Elasticité de l’offre

De même qu’il existe une élasticité de la demande, il existe


également une élasticité de l’offre. La variable explicative de
l’évolution d’un bien donné est supposée être l’évolution de son
prix. On parlera alors de l’élasticité prix de l’offre d’un bien.

L’élasticité-prix de l’offre d’un bien est égale au rapport entre la


variation de la quantité offerte du bien et la variation du prix de
ce bien. Son signe et son intensité sont déterminés à partir de
la formule ci-après :

dQ/Q dQ P
Elasticité-offre= = *
dP/P dP Q

Avec Q = la quantité produite du bien ; et P = le prix du bien.

L’élasticité-prix de l’offre est normalement positive puisqu’une


courbe d’offre est normalement croissante par rapport à une
hausse du prix. Comme lors de l’étude de la demande, si la
variation du prix est très petite, on définit une élasticité-point de

176
l’offre. Si la variation est substantielle, on calcule une élasticité-
arc de l’offre.

L’élasticité de l’offre conduit à distinguer, une offre très rigide


au prix (1), une offre sensible au prix (2) et d’une offre normale,
à la fois croissante, sensible à l’évolution du prix (3) et
parfaitement sensible au prix (4).

Figure 43: Différentes courbes d’offres

Si le prix du produit est une variable décisive dans l’élasticité de


l’offre, il convient de rappeler que le prix de vente sera tantôt

177
une donnée pour l’entreprise et tantôt une variable. Tout
dépendra de la structure du marché.

En situation de concurrence, le prix est une donnée qui


s’impose à l’entreprise. Celle-ci ne pourra agir que sur le volume,
toute chose étant égale par ailleurs, qui maximise son profit.
Tandis qu’en situation de monopole, le prix est fixé par la firme
et devient l’élément décisionnel de produire ou de ne pas
produire.

L’élasticité de l’offre, si intéressante soit-elle sur le plan


conceptuel, ne permet pas à elle seule de connaître la
production optimale, celle qui trouve preneur sur le marché. Elle
définit uniquement la production théorique par rapport à un prix
imposé sur un marché dans l’hypothèse du monopole, ou
imposé par le marché dans l’hypothèse de concurrence pure.

178
Applications sur le chapitre 4

Exercice 1

Supposons que la fonction de demande soit représentée par


Qd =1000 -10P et la fonction d’offre donnée par QS = -50 +25P.

a) Déterminez la quantité et le prix d’équilibre ;


b) Quelle est la fonction inverse de la demande ?
c) A l’équilibre, quelle est l’élasticité de la demande ?
d) Supposons que le prix sur ce marché est de 25$.
Quel est le montant de la demande excédentaire ?

Solution

a) On sait qu’à l’équilibre, la quantité demandée est


égale à la quantité offerte. Simplement,
Qd =QS →1000 -10P = -50 +25P →1050 =35P
1050
→Pe = =30
35

Connaissant le prix d’équilibre, on peut alors déterminer la


quantité d’équilibre en replaçant le prix d’équilibre dans la

179
fonction de l’offre ou de demande.

QS = -50 +25P = -50 +25(30) =700


b) La fonction inverse de la demande est donnée par
Q =1000 -10P →10P =1000 -Qd →P =100 -0.1Qd
d

c) L’élasticité de la demande est obtenue en


procédant comme suit:
ΔQ
Q ΔQ P 10
εQ/d =
ΔP
= * = -10
ΔP Q ( )
700
= -0.429
P

Donc, une augmentation de prix de 1% se traduit par une


réduction de la demande de l’ordre de 0.429%.

d) En introduisant 25$ (le nouveau prix) dans la


fonction de demande, on obtient :

Qd =1000 -10P =1000 -10(25) =1000 -250 =750


En introduisant le prix de 25$ dans la fonction d’offre, on obtient
QS = -50 +25P = -50 +25(25) = -50 +625 =575

Nous avons donc l’offre de 575 unités et la demande de 750


unités.
La demande supplémentaire est égale à

Exercice 2

Deux biens ont une élasticité croisée positive. Sont-ils des biens
substituables ou complémentaires ? Expliquez.

Réponse

Deux biens (A et B) ayant une élasticité croisée positive sont


des biens substituables. Une augmentation du prix de A (qui
s’accompagne d’une baisse de la quantité demandée de A,
d’après la loi de la demande) voit augmenter la quantité de B.

180
Ainsi les quantités de A et B varient en sens inverse, ce qui
s’explique par la substitution.

Exercice 3

Le journal de St-Bruno rapportait dernièrement une baisse de 75


% des inscriptions à la bibliothèque municipale suite à la
décision du service des loisirs d’imposer des frais d’inscription
de 5 $ par personne. Les inscriptions, qui étaient de 5 500
lorsque le service était gratuit (P = 0), ont chuté à 1 200. Le
comité de la bibliothèque estime que chaque augmentation de
1 $ des frais d’inscription diminue le nombre d’usagers de 860.
Si l’on fait l’hypothèse d’une relation linéaire, la demande des
usagers de la bibliothèque serait donnée par la relation :

Vrai ou faux ?

Réponse: Vrai

181
Exercice 4

Lors d’une récession, on s’attend à ce que la demande d’un bien


diminue lorsque son élasticité revenu est de -10. Vrai ou faux ?

Réponse : FAUX

=-10 Bien inférieur

Donc, si le revenu varie de 1%, la quantité demandée varie de


–10%. Il s’agit de bien inférieur. Lors d’une récession, i.e.
baisse de revenu, alors si le revenu baisse de 1%, la quantité
augmentera de 10%.

Exercice 5

Les statistiques indiquent que l'élasticité-prix de la demande de


cigarettes est de l'ordre de -0.4. Si le prix du paquet de
cigarettes augmente de 50 % alors la quantité consommée va
diminuer de 40 %.

Réponse : FAUX

Inélastique

Donc 1% de variation de prix amène à 0,4% de variation de

182
quantité demandée de cigarette. Si le prix augmente de 50%, on
a 50 x -0,4% = –20% de baisse de quantité demandée de
cigarettes.

Exercice 6

La compagnie Kassy est intéressée à obtenir des estimations


rapides de l’offre et de la demande d’amiante. Le département
de la recherche de la compagnie vous informe que l’élasticité
de l’offre est approximativement de 1,7, l’élasticité de la
demande de –0,85, et le prix ainsi que la quantité sont
respectivement de 41 $ et 1 206. Le prix est mesuré en $ par
tonne et la quantité en nombre de tonnes par semaine.
L’équation linéaire de l’offre aux prix et quantités actuels du
marché est donc :

Solution

Par conséquent, l’affirmation ci-dessus est fausse.

Exercice 7

Supposons que l’élasticité croisée entre les X et Y est égale à -5.


Le prix du bien Y doit donc augmenter de 25% de manière à
augmenter la consommation du bien X de 50%.

Réponse

Cette affirmation est fausse car :

183
E croisée = /

=+50% /-5 =-10% pour obtenir une hausse de


50% de la consommation

Exercice 8

Si l’élasticité-revenu du bien X est égale à 2, une baisse de


revenu entraînera une baisse de la quantité demandée du bien X.

Résolution
VRAI

La baisse du revenu de 1 % entraîne une baisse de la quantité


demandée de 2%

Exercice 9

Dans une ville de taille moyenne, le prix d’équilibre pour un billet


d’autobus de la ville est de 1$ et le nombre de passagers par
jour est 10 80. L’élasticité de la demande à court terme est de -
0.6 et l’élasticité de l’offre à court terme est 1. L’équation
linéaire de la demande est donc Q= 17280 - 6480 P

184
Solution

Exercice 10

La compagnie pétrolière MLB vient d’embaucher un diplômé de


l’UPC, Van Deck. Ce dernier doit utiliser pour ses analyses
l’élasticité-prix de la demande d’essence de marque MLB de -
2.5 alors que son professeur d’économie lui affirmait que
l’élasticité prix de la demande d’essence était de -0.2.

Vous référant à la théorie économique, ces deux valeurs


différentes d’élasticité sont-elles possibles ?

R/Oui, car l’élasticité-prix est plus grande en valeur absolue


pour un produit de marque particulière telle que MLB que
celle du produit en général –l’essence- car il y a plus de
substitut à la marque MLB, et donc les consommateurs sont
plus sensibles à variation du prix.

Exercices 11

Supposons la courbe de la demande donnée par la fonction


suivante : QD= 400-10P.

Quelle est l’élasticité-prix de la demande au point P=30 ? Au


point P=10

Solution

Pour la courbe de la demande linéaire, on peut trouver


l’élasticité-prix de la demande en utilisant la formule ci-après :

185
ԐPQ=-b(P/Q). Avec b=-10 et QD= 400-10P,

 si P=30, ԐPQ=-10(30/400-10*30)=-3
 si P=10, ԐPQ=-10(10/400-10*10)=-0.33

Notez que la de demande est élastique au point P=30, mais elle


est inélastique au point P=10 (en d’autres termes, P=30 est
dans la région élastique de la demande pendant que P=10 se
situe dans la région inélastique).

Exercice 12

Supposons une courbe de la demande à élasticité constante qui


-1/2
est donnée par la formule QD= 200P . Donnez la valeur de
l’élasticité-prix directe.

Solution

Pour cette fonction puissance, l’élasticité-prix de la demande


est égale à -1/2 en un tout point sur la courbe de la demande.

Exercice 13

Supposons la demande pour les nouvelles automobiles aux


USA décrite par l’équation QD= 5.3- 0.1P

Où QD est le nombre de nouvelles automobiles demandées par


an (en million) quand P est le prix moyen d’une automobile (en
milliers de dollars).

a. Quelle est la quantité d’automobiles demandée par an


si le prix moyen d’une automobile est 15.000 USD ? si
c’est 25.000 USD ? si c’est 35.000 USD ?
b. Dessinez la courbe de la demande pour les
automobiles. Cette courbe de demande obéit-elle à la
loi de la demande ?

Solution

186
a. Le tableau ci-dessous donne les différentes
quantités demandées pour différents prix

Prix moyen par Utilisation de Quantité


automobile l’équation demandée
d’automobile
(QD)

USD 15.000 QD= 5.3- 3.8 millions


0.1(15)=3.8 d’auto

USD 25.000 QD= 5.3- 2.8 millions


0.1(25)=2.8 d’auto

USD 35.000 QD= 5.3- 1.8 millions


0.1(35)=1.8 d’auto

b. R
eprésentation graphique

187
Exercice 14

Les fonctions de demande et d’offre d’un bien sont données par


les formules suivantes : QD= [10/ (1+P)]-1 et QS= P/2

(i) Représentez sur un même graphique ces deux


fonctions ;
(ii) Calculez le prix ainsi que les quantités d’équilibre.

Solution

A l’équilibre, QD=Qs:
[10/ (1+P)]-1= P/2
[(9-P)/ (1+P)]= P/2
Par produit des moyens et produit des extrêmes, nous
2
obtenons : 18-2P=P+P
Après arrangement, nous obtenons l’équation du second degré
suivante :
2
P +3P-18=0
Δ=81
P1=-6 (solution rejetée)
P2= 3=Pe
Qe=1.5

188
Exercices 15

Supposons l’offre annuelle de maïs produits en République


Démocratique du Congo décrite par l’équation : QD=0.15+P où
QS est la quantité de maïs produite en RDC par an (en millions
de sac) et P le prix moyen du maïs (en milliers CDF par sac).

a. Quelle est la quantité de maïs offerte par an pour


P=2000 CDF ? 3000 CDF ? 4000 CDF ?
b. Faites la représentation graphique de la courbe
d’offre. Celle-ci obéit-elle à la loi de l’offre ?

Solution

a. Le tableau ci-dessus donne les différentes


quantités aux différents prix

Prix moyen par sac Utilisation de Quantité offerte


de maïs l’équation (QS)

CDF 2000 QS= 0.15+2=2.15 2.15 millions de


sacs

CDF 3000 QS= 0.15+3=3.15 3.15 millions de


sacs

CDF 4000 QS= 0.15+4=4.15 4.15 millions de


sacs

Représentation graphique de la courbe de l’offre

189
La loi de l’offre est vérifiée parce que la courbe de l’offre est
croissante.

Exercice 16

Considérons les relations demande et offre suivantes dans un


marché de ballon de golf : QD= 90-2P-2T et QS= -9+5P-2.5R, où T
est le prix du titanium, un métal utilisé pour créer un club de golf ;
et R est le prix de rubber.

a. Si R=2 et T=10, calculez les prix et quantité d’équilibre


de balles de golf.
b. Aux valeurs d’équilibre, calculez l’élasticité-prix de la
demande et l’élasticité prix de l’offre.
c. Aux mêmes valeurs d’équilibre, calculez l’élasticité
croisée de la demande de balles de golf avec le
même prix du titanium. Les biens balles de golf et
titanium sont de quelle nature ?

Solution

a. R=2 et T=10 impliquent que QD= 70-2P et QS= -4+5P. A


l’équilibre, les quantités demandées doivent être
égales aux quantités offertes (QD=QS). 70-2P = -4+5P
-7P=-74
Pe=10.6 et Qe=47.8
b.Elasticité-prix de la demande et élasticité prix de
l’offre sont les suivantes :

190
ԐPQ=-2[10,6/(70-2*10.6)]=-0.43 (demande inélastique)
ηPQ=5[10,6/(-4+5*10.6)]=1.1 (offre élastique)
c. L’élasticité croisée de la demande est ԐTQ=-2[10/(70-
2*10.6)]=-0.41. Comme cette élasticité est négative,
la conclusion est que les deux sont complémentaires.

Exercice 17

La courbe de demande d’un produit Y a pour expression P= 3/Q


(P= prix).

On considère deux points A et B de cette courbe de demande. A


est défini par P=1 et B par P=2. Les élasticités de la demande
respectivement pour A et B comme point, de référence dans
chacun de cas sont calculées comme suit :

Au point A, PA=1 implique QA= 3 et au point B, PB=2 implique


QB= 1.5

En prenant a comme point de référence, on aura :


Ԑ= [(QB-QA)/(PB-PA)]*(PA/QA)= [(1.5-3)/(2-1)]*(1/3)= - 0.5

En prenant B come point de référence, on aura :


Ԑ= [(QA-QB)/(PA-PB)]*(PB/QB)= [(3-1.5/1-2)]*(2/1.5)= -2

Les deux élasticités peuvent être interprétées de la manière


suivante :

Si on augmente (ou diminue) le prix de 1%, la quantité


demandée va baisser (ou augmenter) de 0.5% (cas où A est un
point de référence) et si on augmente (ou diminue) le prix de 1%,
la demande va baisser (ou diminuer) de 2% (point B).

Exercice 18

On considère une courbe de demande décroissante formée par


un segment de droite coupant l’axe des ordonnées au point A et
l’axe des abscisses au point B. Sur le segment AB, on prend un
point C1 quelconque de coordonnées (OP1 et OQ1). (i)

191
établissez l’expression géométrique de l’élasticité de la
demande par rapport au prix au point C1. (ii) A partir du résultat
établi à la question précédente, montrez comment évolue la
valeur absolue de l’élasticité lorsque c1 parcourt le segment AB.
(iii) on suppose que la courbe de demande AB a pour
expression : P=6-2Y. En utilisant le résultat géométrique établi
au-dessus, donnez la valeur des coordonnées du point C1 pour
lesquels la valeur absolue de l’élasticité est : Ԑ=∞ Ԑ=0 Ԑ= 1. Ԑ
exprime l’élasticité de la demande du bien par rapport au prix.

Solution.

(i) Pour établir l’expression géométrique de l’élasticité en un


point C1 de la courbe AB, il faut considérer un autre point C2 de
coordonnées (OP2, OQ2) sur le segment AB et calculer la valeur
de l’élasticité en prenant C1 comme base.

On sait que η= (ΔQ/ΔP)*P/Q

Dans le cas présent on aura donc :


Ԑ= (Q1Q2/P1P2). OP1/OQ1
Q1Q2= DC2
Par construction : ⇒|Ԑ| = (DC2/C1D).(OP1/OQ1)
P1P2= C1D
Représentons graphiquement les valeurs de ces élasticités

192
On peut constater que les triangles DC1C2 et Q1C1B sont
semblables, ce qui permet d’écrire :
DC2/C1D= Q1B/C1Q1

Puisque C1Q1=OP1 on aura :


DC2/C1D= Q1B/OP1 implique η= (Q1B/OP1).(OP1/OQ1) et
donc Ԑ= Q1B/OQ1.
Q1C1 et OA sont parallèles, on peut donc écrire (par théorème
de Thales):
Q1B/C1B= OQ1/AC1 implique Q1B/OQ1= C1B/AC1

En définitive :
Ԑ= Q1B/OQ1= C1B/AC1.

Ceci est l’expression géométrique de l’élasticité au point C1


dont les coordonnées sont (OP1, OQ1)

(ii) à l’aide de l’expression établie au-dessus, il est aisé de voir


comment évolue |Ԑ| lorsque C1 se déplace sur AB.

193
- Si C1 est confondu avec A: C1B= AB et C1A= AA= 0
implique |Ԑ|= AB/0= ∞
- Si C1 est confondu avec B: C1B= BB=0 et AC1= AB
implique |Ԑ|= 0/AB=0
- Si C1 est situé au milieu du segment AB (point C sur le
graphique): BC1= BC= AC1= AC implique |Ԑ| =1
- Si C1 est compris entre A et C: BC1>AC1 implique ∞>
|Ԑ|>1

Si C1 est compris entre C et B: BC1<AC1 implique 0<|Ԑ|<1

Exercice 19

On connaît le barème du coût total à court terme d’une firme


représentative de celles opérant sur un marché de concurrence
parfaite :

Volume de Coût
production total

0 20

1 28

2 34

3 42

4 52

194
5 70

6 96

7 126

8 160

On connaît aussi les équations des courbes d’offre et de


demande sur ce marché :

 QS = 100 + 10P
 QD = 600 – 15P

a) Déterminez le volume de production et le profit que cette


firme réalisera à l’équilibre.
b) Quels seront son prix et son volume de production à long
terme (le barème du coût total à long terme est le même
qu’à court terme) ?

Solution

a) Equilibre de marché:

QD = QS →600 – 15P = 100 + 10P →25P = 500 et P = 20

A l’équilibre de la firme (maximisation du profit), on a : P = Cm


(la firme augmente ses ventes tant que P ≥ Cm)

Volume de Coût Coût


production total marginal

195
0 20 -

1 28 8

2 34 6

3 42 8

4 52 10

5 70 18 < 20

6 96 26

7 126 30

8 160 34

Donc q = 5, P = 20 et le profit : p = RT – CT = 5*20 – 70 = 30

b) A long terme, des firmes entrent dans la branche


jusqu’au moment où le prix sera égal au coût moyen
minimum : P = CMmin = Cm

On déterminera q de telle manière que le coût moyen soit


minimum.

196
Volume de production Coût total Coût moyen

0 20 -

1 28 28

2 34 17

3 42 14

4 52 13 = P

5 70 14

6 96 16

7 126 18

8 160 20

Donc, P = 13 et q = 4

197
Bibliographie
1. Bernier B. et Védie H.-L. (2009). Initiation à la
Microéconomie . 3ème éd. Dunod. Paris.
2. Berrebeh Jalel (2013). Cours de Microéconomie .
Première année d’économie et gestion. Université de
Cartage. Maroc.
3. Bien, F., & Méritet, S. (2022).Microéconomie : exercices
corrigés et commentés , L2 (No. hal-03962980).
4. Etner J. et Jeleva M. (2015).Microéconomie : exercices
corrigés . Dunod. Paris.
5. Gayant J.-P., (2019). Micro-économie : Aide-mémoire .
2ème édition Dunod.
6. Gendron Bruno (2014).L’essentiel de la Micro-économie .
ème
4 édition Lextenso.
7. Muayila K.H. (2019).Economie politique. Première année
d’économie et gestion. Université Protestante au Congo.
Kinshasa.
8. Ntita, J. C. N., & Ntita, F. K. (2021). Introduction à la
microéconomie . Éditions universitaires européennes.
ème
9. Varian H. (2014).Introduction à la microéconomie , 8
éd., De Boeck.
10. Wells, R., & Krugman, P. (2019). Microéconomie. De
Boeck Supérieur.
11. Yildizoglu, M. (2009). Introduction à la microéconomie .
Université Paul Cézanne.
12. Zié Ballo (2014).Cours de Microéconomie 2. Deuxième
année d’économie. Université Peliforo Gbon Coulibali.

198
199
Annexes
Annexe 1: Glossaire

Bien de Giffen ou est un bien dont la demande croît quand son prix
Bien atypique ugmente.

Bien de luxe est un bien dont la demande croît plus vite que
l’augmentation du revenu.

Bien indésirable est un bien que le consommateur ne souhaiterait pas


consommer.

Bien inférieur est un bien dont la demande décroît quand le revenu


augmente.

Biens neutre est un bien dont la quantité disponible n’influence


aucunement le niveau d’utilité du consommateur.

Bien normal ou est un bien dont la demande croît moins vite que
Bien de nécessité l’augmentation du revenu.

Bien ordinaire ou est un bien dont la demande décroît quand son prix
Bien non Giffen augmente.

Bien supérieur est un bien dont la demande croît quand le revenu


augmente.

Comportement c’est un comportement qui pousse le consommateur


monomaniaque à ne consommer qu’un seul bien pour réaliser son
équilibre.

200
Courbe de est une courbe qui mesure les quantités de biens X1
consommation- et X2 demandées à l’équilibre, lorsque le prix d’un
prix ou Chemins seul bien varie, ceteris paribus.
d’expansion de
prix

Courbe de est une courbe qui détermine la combinaison des


consommation- biens X1 et X2 à l’équilibre lorsque le revenu du
revenu ou consommateur varie, ceteris paribus.
Chemins
d’expansion de
revenu

Courbes de relie toutes les combinaisons de quantité demandée


demande d’un bien à l’équilibre aux différents prix du marché,
ceteris paribus.

Courbe d’Engel relie toutes les combinaisons de quantité demandée


d’un bien à l’équilibre aux différents niveaux du
revenu du consommateur, ceteris paribus.

Courbe est un lieu géométrique des combinaisons des biens


d’indifférence X1 et X2 vis-à-vis desquelles le degré d’utilité du
consommateur demeure inchangé.

Droite de budget représente l’ensemble des paniers de biens qui


peuvent être achetés par le consommateur s’il
dépense la totalité de son revenu monétaire.

Effet de mesure l’effet de substitution à niveau d’utilité


substitution de constant c’est-à-dire lorsque le consommateur peut
Hicks encore s’offrir un panier de biens qui lui apporte la
même satisfaction que le panier de consommation
qu’il avait choisi avant le changement dans le vecteur
de prix.

201
Effet de mesure l’effet de substitution à pouvoir d’achat
substitution de constant c’est-à-dire lorsque le consommateur peut
Slutsky encore s’offrir le panier de consommation qu’il avait
choisi avant le changement dans le vecteur de prix.

Effet de c’est la variation de la quantité demandée provoquée


substitution exclusivement par une variation du prix relatif, ceteris
(d’une variation paribus.
du prix d’un bien)

Effet prix c'est l’effet total d’une variation de prix. Il correspond


à la somme des effets revenu et de substitution.

Effet revenu c'est la variation de la quantité demandée de biens


(d’une variation provoquée exclusivement par un changement du
du prix d’un bien) revenu réel, ceteris paribus.

Equilibre du est une condition d’optimalité qui exprime une


consommateur situation où le consommateur égalise son taux
marginal de substitution au taux du marché.

Condition de C’est une situation où les coûts variables moyens


fermeture sont supérieurs au prix de vente. C’est donc une
situation où les recettes provenant de la vente de
l’output ne parviennent plus à couvrir les coûts
variables de production et qui pousse toute firme
rationnelle à cesser toute activité de production.

Condition de C’est l’égalité prix et produit marginal. C’est une


pénétration du exigence que doit observer une firme afin d’accéder à
marché un marché concurrentiel. Du point de vue analytique,
la condition de pénétration du marché permet de
dériver la fonction d’offre individuelle.

Coûts fixes Coûts associés aux facteurs fixes et qui doivent être

202
assumés que l’entreprise produise ou non un output.

Coûts quasi-fixes Coûts indépendants du niveau de l’output mais qui ne


doivent être supportés que si la firme produit une
quantité positive d’output.

Demande Fonction de demande représentant la quantité


conditionnelle d’inputs nécessaires pour produire l’output Y en
minimisant le coût, pour des prix d’inputs donnés.

Elasticité de C’est le rapport de la variation relative des quantités


substitution de facteurs à la variation relative des productivités
marginales lorsqu’on fait varier les inputs X1 et X2, le
volume de production restant inchangé.

Eutope Correspond à la condition d’équilibre du producteur,


exprimé en fonction d’un facteur de production; il
correspond au sentier d’expansion du producteur.

Facteur fixe Un facteur est dit fixe lorsque la quantité nécessaire


à la firme pour produire est indépendante du volume
de l’output.

Annexe 2: Règles de dérivation

Dérivée d’une fonction constante

La dérivée d’une fonction constante, y = k où k est une


constante quelconque, est égale à zéro.

Si y = k, alors

dy
y’ = =0
dx

203
Cela signifie que, quel que soit l’accroissement de x,
l’accroissement de y est nul. En termes de pente, le fait que la
dérivée est nulle se traduit par l’existence d’une pente nulle, ce
qui est évident puisqu’une fonction de constante est
représentée graphiquement par une droite horizontale. C’est le
cas par exemple de la fonction de coût fixe de courte période
d’une entreprise. Quelle que soit l’augmentation de volume de
production, le coût fixe ne change pas.

Dérivée d’une fonction linéaire


La dérivée d’une fonction linéaire, y = ax + b est égale au
coefficient de x, soit a.
Si y =ax + b , alors
dy
y’ = =a
dx
Dérivée d’une fonction puissance
La dérivée d’une fonction puissance, y =axn est égale à
l’exposant de cette fonction facteur de a , multiplié par la
variable élevée à l’exposant moins 1.
Si
dy
y’ = = n axn -1
dx

Dérivée d’une somme ou d’une différence

La dérivée d’une somme, y =u(x) + v(x) , est égale à la


somme de dérivées de chaque fonction individuelle. La dérivée
d’une différence est égale à la différence de dérivées de chaque
fonction. Si

y = u(x) ±v(x) alors y’ =u’(x) ± v’(x)

Dérivée d’un produit

La dérivée d’un produit, y = u(x) *v(x), est égale à la dérivée de


la première fonction multipliée par la seconde fonction plus la
dérivée de la seconde fonction multipliée par la première.

204
Si y = u *v où u et v sont des fonctions de x, alors
y’ = u’v + v’u

Dérivée d’un quotient

La dérivée d’un quotient, y = u /v , est égale à la dérivée du


numérateur facteur du dénominateur, moins la dérivée du
dénominateur facteur du numérateur, tout divisé par le carré du
dénominateur. Si y = u /v alors,
(u' v +uv')
y’ =

Dérivée d’une fonction de fonction

dy
La dérivée ( ) d’une fonction de fonction, y = f(u) où u = g(x),
dx
est égale à la dérivée de la première fonction par rapport à u
facteur de la dérivée de la seconde fonction par rapport à x.

Si y = f(u) où u =g(x), alors:


dy dy du
= *
dx du dx

Dérivée logarithmique

La dérivée d’une fonction logarithmique naturelle (logarithme à


base e ou logarithme Népérien), y = ln u , où u est une fonction
de x, est:

dy 1 du
= *
dx u dx

205

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