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BURKINA FASO MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS

UNITE – PROGRES – JUSTICE SECONDAIRE ET SUPERIEUR


Université Ouaga2

COURS DE MICROECONOMIE 2ème ANNEE

LES INTERACTIONS DES ACTEURS


ECONOMIQUES

Professeur : B. BASSOLET

2011 –
2012

1
Table des matières
Chapitre 1: la description analytique des marchés 4
1.1 Définition d’un marché 4
1.2. La structure des marchés 4
1.3. La détermination de l’équilibre 6
Chapitre 2: le marché de concurrence pure et parfaite (CPP) 7
2.I. Analyse positive des marchés de concurrence 7

2.1.1 Offre globale et demande globale 8

2.1.2. La fonction d’offre globale 10


2.1.3. Equilibre de court terme 10
A) Prix et quantité d’équilibre de court terme 10
B) L’ajustement du prix d’équilibre. 11
2.1.3.1 Modification de l’équilibre
13
A) Taxe et équilibre 14
B) Le transfert de la taxe 15
1.5. Stabilité de l’équilibre 17
1.6. Equilibre concurrentiel de long terme 19
1.6.1. Le long terme 19
1.6.2. Le long terme du point de vu de la structure du marché. 20
II. Analyse normative: le surplus collectif sur le marché 22
1. Surplus du consommateur et surplus du producteur 22
2. Surplus de la firme et surplus des firmes 24
3. Surplus collectif 25
Chapitre 3 : Le monopole 26
1. Monopole et concurrence 26
2. Les sources d’une situation de monopole (comment une entreprise peut se trouver seule
sur le marché?) 27
3. Equilibre du monopole. 28
3.1. Fonction de demande du monopole. 28
3.2. Recettes de monopole 29
3.3. Equilibre du monopole 30

3.4. Inefficacité du monopole 34

2
3.5. La charge morte du monopole 35
3.6. Monopole naturel 36
3.7. Monopole discriminant 37
3.8. La concurrence monopolistique 39
3.8.1. Définition et caractéristiques 39
3.8.2. Equilibre d’un marché de concurrence monopolistique 39
Chapitre 4 : L’oligopole – Duopole 42
1. L’oligopole: définition et cause 42
2. Le duopole et la concurrence en quantité 44
2.1. Propriétés 44
2.2. Le Duopole de Cournot 44
2.3. Equilibre de Cournot 45
2.4. Duopole de Stackelberg 47
2.4.1. définition 47
2.4.2. Equilibre de Stackelberg 48
2.5. Duopole de Bowley 51
2.6. La collusion ou solution de Fellner 52
2.6.1. La maximisation du profit 52
2.6.2. Le problème de l’autodiscipline 53
2.6.3. Quel modèle pour l’oligopole 54
Chapitre 5 : L’équilibre général 55
1. Définition 55
2. Représentation du processus d’échange : le diagramme d’Edgworth (boite) 56
3. L’échange ou l’équilibre des marchés 57

Chapitre 1: La description analytique des marchés

Ce chapitre a pour objectif de définir le concept du marché selon l’analyse microéconomique,

3
et de présenter une description analytique des principaux marchés en mettant en exergue
leur différenciation.

1.1 Définition d’un marché

En microéconomie la notion de marché est définie par plusieurs concepts :

- Le prix : est une confrontation de l’offre et de la demande. C’est donc un lieu


de rencontre entre entrepreneur et consommateur pour l’achat des biens et
services
- Le marché implique qu’il soit défini nécessairement les caractéristiques du
bien : la qualité du bien, date de disponibilité du bien, localisation du bien. Le
marché transforme les offres et les demandes potentielles en offres et
demandes effectives ou réalisées.

Par rapport à la date on distingue les marchés au comptant (livraison immédiate) et


les marchés à terme (livraison future).

1.2 La structure des marchés


• Définition : La structure est relative aux caractéristiques qui influent sur les choix et
les stratégies des firmes en matière :

• de prix de vente ;

• du volume de production (quantité optimale)

 du profit attendu

Par rapport à la structure des marchés il ya deux critères :

a) Critère du nombre

Le critère du nombre renvoie au nombre d’entrepreneurs et de consommateurs


présents sur le marché. Ce critère tient en compte l’homogénéité des produits, la
fluidité de l’offre et de la demande.

Stackelberg a proposé un tableau qui permet de classer les différents marchés selon
le critère du nombre

Offre
Infinité d’offreurs Quelques offreurs Un seul offreur
Demande

4
Infinité de Concurrence pure
Oligopole Monopole pur
demandeurs et parfaite

Quelques
Oligopsone Oligopole bilatéral Monopole contrarié
demandeurs

Monopsone
Un seul demandeur Monopsone Monopole bilatéral
contrarié

Marché de concurrence pure et parfaite: infinité de vendeurs et infinité de


demandeurs;

Marché de monopole: marché où il existe un seul vendeur pour une infinité de


demandeurs. Exemple SONABEL pour la production et la fourniture de l énergie
électrique, ONEA, ONATEL, SITARAIL;

Monopsone : infinité de offreurs pour un seul demandeur. Exemple. DANFANI.


Entreprise du secteur agro-industriel qui achète la production des mangues. SOFITEX
dans la région cotonnière dans le Sud et l’Ouest;

Monopole bilatéral: un seul vendeur et un seul acheteur. Exemple: marché du travail


entre syndicat des travailleurs (intérêts) et syndicat des

Duopole: deux vendeurs pour une infinité de demandeurs. Exemple AIRBUS et BOING,
COCA et PEPSI;

Duopsone: situation symétrique de la précédente. Une infinité d offreurs cherchant a


écouler leur produit à deux vendeurs;

Oligopole: un petit nombre de vendeurs et un grand nombre d'acheteurs. Exemple


opérateurs de téléphonie mobile: TELMOB, AITEL et TELECEL;

Oligopsone: un grand nombre de vendeurs pour un petit nombre d'acheteurs;

Concurrence monopolistique: grand nombre de vendeurs dont les produits sont


différenciés. Exemple MERCEDES est la seule entreprise qui vend des voitures de la
marque MERCEDES et à ce titre elle est en position de monopole. Mais sur le marché
d’automobiles, elle est concurrencée par RENAULT, TOYOTA, CITROEN, OPEL,
HUNDAY, HONDA, KIA, ect….

5
Les marchés de concurrence pure et parfaite n’existent pas dans la réalité. Sur ce
marché, le profit réalisé est nul. Les marchés de monopole naturel sont caractérisés
par un prix social. Les marchés de monopole pur existent par l’obtention d’une
licence ou un brevet par les entreprises qui produisent alors seules les biens. Cela
est limité.

b) Critère du pouvoir

Ce critère renvoie à la notion d’élasticité : élasticité – prix de la demande, élasticité –


prix croisé.

∂Qi Pi
ei = . permet de mesurer la préférence attachée par les consommateurs aux
∂Pi Qi
produits offerts par une firme donnée. En d’autres termes, c’est la fidélité des
consommateurs aux produits d’une firme donnée. La baisse en valeur absolue de
l’élasticité traduit une préférence plus grande.

L’élasticité – prix croisé permet de mesurer l’interdépendance d’un offreur vis-à-vis


d’un autre offreur.

∂Qi Pj
eij = . (concerne les offreurs)
∂Pj Qi

L’interdépendance croit quand eij augmente.

Sur un marché de concurrence pure et parfaite, les produits sont homogènes. Sur ce
marché il n’ya pas de variation de prix. La valeur de l’élasticité – prix de la demande
est infinie et la valeur de l’élasticité – prix croisé est nulle. Alors chaque offreur n’a
pas un pouvoir sur ce marché (indice de pouvoir nul).

Sur un marché de concurrence pure et parfaite, la préférence des demandeurs vis-à-


vis des offreurs est faible étant donné que l’élasticité – prix directe est infinie.

Sur un marché de monopole, l’indice du pouvoir est maximal mais non infini. Si les
produits sont différenciés que peut – on dire par rapport à l’indice du pouvoir ? Le
marché qui se caractérise par une différenciation des produits est le marché de
concurrence monopolistique. Sur ce marché il existe des produits différenciés se
caractérisant par une élasticité – prix directe négative ce qui assure une élasticité –
prix croisé nulle. ei <0 ; eij =0 . Dans ce cas les agents cherchent à se différencier de
leurs concurrents pour fidéliser leurs clients. Mais ils n’ont pas suffisamment de
poids pour influencer leurs concurrents car eij =0.

Offre globale et demande globale

6
Soit un marché de concurrence de n consommateurs et m entreprises.

1.3.1 La fonction de demande globale

La demande individuelle du consommateur i s’exprime xi(p) i =1,…,n . A un prix


donné, la quantité demandée sur le marché est la somme des quantités demandées
individuellement et s’exprime par : D(p) =∑ni =1xi(p) avec D' ≤0 , si le bien n’est pas un
bien de Giffen.

p*

x1 x2 x3 D D
(p *) (p)

x1 =x1(p); x2 =x2(p); x3 =x3(p) et x1(p) +x2(p) +x3(p) =D(p)

Les réactions de cette demande suite aux variations de prix sont mesurées par son
p
élasticité prix directe εD(p) =D'(p). ≤0 . Si le prix augmente de 1%, la quantité
D(p)
demandée diminue de εD(p)%.

1.3.2 La fonction d’offre globale

Pour un prix p, chaque firme offre qj(p), j =1,…,m. Les quantités totales offertes sur le
marché sont alors données par l’offre globale, S(p) =∑m j '
j =1q (p) avec S ≥0

S'(p) ≥0 si le coût marginal est non décroissant.

7
p*

q1 q2 q3 S(p *)

S(p *) =q1(p) +q2(p) +q3(p)

Si les firmes peuvent ajuster tous les facteurs de production alors l’offre globale doit
être calculée à partir des offres individuelles de long terme.

1.4 La détermination de l’équilibre

Pour la détermination de l’équilibre, nous considérons un marché de concurrence


pure et parfaite et l’équilibre est dit partiel. L’équilibre est réalisé lorsque la quantité
demandée par les acheteurs du bien considéré est égale à la quantité offerte par les
vendeurs pour ce même bien.

D(Px) =S(Px)

D(Px) -S(Px) =0

La condition d’égalité de l’offre et de la demande détermine à la fois le prix d’équilibre


et les quantités échangées à ce prix.

Le prix d’équilibre est le seul prix auquel les désirs des acheteurs et des vendeurs
sont compatibles entre eux. On parle dans ce cas d’unicité du prix si le bien offert est
homogène.

8
9
Chapitre 2. Le marché de concurrence pure et parfaite (CPP)

La théorie microéconomique associe la notion de CPP aux caractères anonyme et


impersonnel marché. Plus précisément le marché de CPP ou marché de monde est
un marché idéal.

L’objectif de ce chapitre est d’étudier l’analyse positive d’un marché en concurrence


par la détermination de l’équilibre d’une part et d’autre part l’analyse du bien être en
terme de surplus collectif.

Analyse positive des marchés de concurrence

2.1 Les propriétés des marchés concurrentiels

Un marché est dit concurrentiel lorsque les quatre propriétés sont réunies.

a. 1ère propriété: homogénéité du produit.

Les biens sont parfaitement identiques.

Conséquence:

- Chaque consommateur est prêt à acheter le bien chez n’importe quel


producteur.

ème
b. 2 propriété: atomicité de l’offre et de la demande.

Chaque acheteur et chaque vendeur sont suffisamment petits pour que leur décision
puisse influencer le marché.

Conséquence:

- Les agents sont preneurs du prix autrement dit aucun agent ne peut imposer
son prix de vente ou d’achat sur le marché.
- Chaque entreprise est de taille négligeable par rapport à la masse représentée
par les autres entreprises sur le marché.

10
ème
c. 3 propriété: Liberté d’entrer et de sortie sur le marché.

IL n ya pas d’obstacles à l’entrée ni à la sortie du marché.

Conséquence:

Lorsque le marche est rentable (π>0) toute entreprise qui désire investir sur le
marché peut le faire librement.

Lorsque le marche est non rentable (π<0) toute entreprise qui désire sortir du marché
peut le faire librement et sans cout.

d. 4ème propriété: la transparence de l’information.

Tous les agents sont parfaitement informés sur les prix auxquels s’effectuent les
transactions, ils sont également informes au même niveau (informations
symétriques).

Conséquence:

Les transactions s’effectuent alors à un prix unique c'est-à-dire le prix du marché.

Conséquences conjointes de ces propriétés

- C’est l’ensemble des comportements des agents qui déterminent le prix du


marché. Chaque agent individuel prend ce prix comme une donnée.
- Comment se détermine le prix du marché.

Le prix détermine la quantité que chaque firme veut vendre (offre individuelle).

Le prix détermine la quantité que chaque consommateur veut acheter (demande


individuelle).

La somme des offres individuelles est égale à l’offre globale

La somme des demandes individuelles est égale à la demande globale.

L’équilibre du marché signifie offre globale égale demande globale, ce qui entraine le
prix d’équilibre.

A long terme, les opportunités de profit doivent disparaitre (π = 0) du faite de l’entrée


de nouvelle firmes d’où la distinction entre équilibre de long terme et équilibre de
court terme

2.2Equilibre de court terme

11
2.2.1Prix et quantité d’équilibre de court terme

A court terme on suppose qu’il n’y a pas d’entrée ni de sortie des firmes. Leur nombre
est donc fixé.

Définition

Sur un marché concurrentiel, l’équilibre sera donné par un prix de marché p * des
quantités achetées par chaque consommateur, xi * et des quantités vendues par
chaque producteur, qj * tel qu’au prix p * chaque consommateur maximise sa
satisfaction

xi * =xi(p *).

Au prix p *, chaque producteur maximise son profit

qj * =qj(p *)

La somme des quantités vendues est égale à la somme des quantités achetées

∑ni =1xi * =∑nj =1qj *

Les égalités ci-dessus impliquent la relation suivante :

∑ni =1xi(p *) =∑nj =1qj(p *) ⇒ D(p *) =S(p *)

Cette double égalité est la condition pour que p * soit le prix d’équilibre. Une fois
obtenu le prix d’équilibre, la quantité d’équilibre q * est déterminée soit en remplaçant
le prix p * dans D(p *) ou S(p *).

Offre excédentaire
p0

E
p*

p1
Dde
excédentaire

E =E(p *, q *) D0 Q* S0

12
2.2.2 L’ajustement du prix d’équilibre.

Le modèle de la CPP doit être complété par une description du processus


d’ajustement qui contribue au prix d’équilibre. Ce mécanisme a été décrit par Walras
et il est similaire à celui qui résulterait du tâtonnement organisé par un commissaire
priseur. La séquence décrite par Walras est la suivante :

A l’ouverture du marché le commissaire priseur annonce un prix initial sur la base de


ce prix, les agents transmettent leurs propositions d’échange : les consommateurs
expriment une quantité demandée et les entreprises une quantité offerte. Si on a une
demande excédentaire, le commissaire priseur révise à la hausse (augmentation du
prix), si au contraire l’offre est excédentaire le commissaire priseur révise à la baisse
(diminution du prix). Sur la base du nouveau prix annoncé par le commissaire priseur,
les agents formulent de nouvelles propositions d’échange et ainsi de suite. Un tel
processus d’ajustement doit conduire à un prix tel que l’offre globale et la demande
globale soient égales. C'est-à-dire un prix p * . Trois propriétés de l’équilibre son
cruciales (importantes)

i) Existence

Est ce que l’équilibre existe? L’équilibre existe si et seulement si on a p ≥0 tel que les
transactions ont lieu (q ≥0).

S
S (p)
(p)

D D
(p) (p)

Inexistence de l’équilibre Inexistence de l’équilibre

ii) Unicité

Est ce que l’équilibre est unique ?

13
S
(p)

D
(p)

Multiplicité de l’équilibre

Le graphique indique un cas d’équilibre multiple en raison de la forme atypique de la


courbe d’offre

iii) Stabilité de l’équilibre

Le marché converge t-il vers l’équilibre si l’économie part initialement d’une situation
de demande ou d’offre excédentaire ?

2.3 Modification de l’équilibre

L’équilibre peut être modifié par l’intermédiaire d’une taxe ou l’octroi d’une subvention.
Nous allons nous intéresser à l’introduction d’une taxe. En matière de taxation, le
point fondamental est que l’on doit prendre en compte deux prix :

- le prix payé par le consommateur ou le demandeur ou prix de la demande (pD)


- le prix reçu par l’offreur ou prix de l’offre note (pS)

La différence entre les deux prix est égale au montant de la taxe :

pD -pS =t

pD =pS +t

pS =pD -t

Définition

14
Une taxe est une somme d’argent prélevée par l’Etat sur des transactions des
individus sur le marché. La taxe est forfaitaire lorsqu’elle ne dépend pas du
comportement de l’individu. C’est une taxe à l’unité. L’état prélève une somme t de
sorte que le prix unitaire du bien s’élève à p +t.

On distingue également la taxe proportionnelle (taxe ad valorem). Exemple : la TVA.


Si π est le taux de la taxe proportionnelle, le prix unitaire du bien s’élève à p(1 +π).

Définition

Une subvention est une somme d’argent versé par l’Etat lors des transactions des
individus sur le marché. Elle est forfaitaire lorsqu’elle ne dépend pas du
comportement des individus. C’est une subvention à l’unité sur chaque unité du bien
échangé. L’Etat verse une somme s de sorte que le prix du bien s’élève à p -s . La
subvention peut être également proportionnelle. Si σ est le taux proportionnel, le prix
unitaire du bien s’élève à p(1 -σ).

A) Taxe et équilibre

1er cas : on suppose que c’est l’offreur qui supporte la taxe.

Sans la taxe le prix reçu par le producteur ou de l’offreur pour une certaine quantité q
est ps =ps(q) . Après l’introduction de la taxe, ce prix devient ps(q) +t . Ceci constitue
la nouvelle fonction d’offre inverse. L’équilibre se calcul en égalisant la fonction
d’offre inverse et la fonction de demande inverse. Soit q *(t) la quantité d’équilibre
avec la taxe.

ps(q *(t)) +t =pd(q *(t))

2eme cas : on suppose que c’est le demandeur qui supporte la taxe.

La fonction de demande inverse avant l’introduction de la taxe est pD =pD(q) . Après


introduction de la taxe la fonction demande inverse devient pD =pD(q) -t . A l’équilibre
on a : pS(q *(t)) =pD(q *(t)) -t

pS(q(t)) +t pS(q)

pS(q)

p*
p * +t
p15
D
p -t
*
p* pD -t
pD(q)
L’étude du graphique livre les enseignements suivants :

- la quantité d’équilibre q *(t) avec taxe est inferieure à la quantité d’équilibre


sans taxe (q *)
- le prix d’équilibre avec taxe reçu par le producteur est supérieur au prix
d’équilibre sans taxe.

Le prix d’équilibre de la demande est inferieur au prix d’équilibre sans la taxe.

- En conséquence, le surplus du consommateur et le surplus du producteur


diminuent en présence de la taxe.

Il est important de noter qu’on obtient la même quantité d’équilibre ce qui est normal
car au final ce qui compte pour le consommateur, c’est le prix toute taxe comprise
(TTC) et pour le producteur le prix hors taxe (HT), la façon dont la différence est
prélevée importe peu.

Malgré le fait que la taxe constitue un revenu pour l’Etat et qu’il est susceptible d’être
reversé aux producteurs ou consommateurs, elle diminue néanmoins le bien être
des producteurs et des consommateurs. Ainsi, la taxe peut constituer un outil pour
redistribuer la richesse de certains individus vers d’autres. Mais sa présence
constitue une distorsion de l’équilibre car elle entraine une perte du bien-être.

B) Le transfert de la taxe

Qui supporte la taxe?

L’idée générale est que la taxe ne diminue pas le profit des firmes car celles-ci
peuvent la transférer sur les consommateurs, mais cette idée est elle fondée? On
peut retenir que lorsqu’on impose une taxe, le prix payé par les consommateurs
augmente et le prix reçu par le producteur diminue.

Les caractéristiques de la demande et l’offre indiquent le montant supporté par


chaque agent.

16
- L’offre est parfaitement élastique

∂Qs Pi
es = . ; es = +∞ ⇒∂Pi =0
∂Pi Qi

P * +t S'
t
P * S

La courbe d’offre est une droite horizontale, ceci signifie que la firme est prête à offrir
n’importe quelle quantité de bien désirée à un prix constant et une quantité nulle à un
prix inférieur au prix constant. Autrement dit, le prix d’équilibre est déterminé par la
condition d’offre tandis que la quantité d’équilibre est déterminée par la courbe de
demande. La totalité de la taxe est transférée au consommateur.

- L’offre et parfaitement inélastique

∂Qs Pi
es = . ; es =0 ⇒Qs =cste
∂Pi Qi

S
P*

D
*
P -t

D'

La fonction d’offre est une droite verticale. Elle signifie que l’offre est fixe. Autrement
dit, la quantité d’offre est une constante indépendamment du prix. La quantité
d’équilibre est déterminée par les conditions d’offre et le prix d’équilibre par les
conditions de demande. Après l’introduction de la taxe la courbe d’offre reste
inchangée. Puisque ce sont les demandeurs seuls qui déterminent le prix d’équilibre,
ils payeront un prix d’équilibre inferieur au prix d’équilibre sans taxe (P * -t <P *) la
totalité de la taxe est supportée par les offreurs.

17
- L’offre relativement élastique : c’est un cas intermédiaire.
S'
S'
S
S
P * +t P * +t

P* P*

D D

(a) (b)

Le montant de la taxe qui est transféré dépend de l’importance de la pente de la


courbe d’offre. Si la courbe d’offre a une pente moins élastique (figure (a))
l’augmentation du prix est plus faible que dans le cas ou elle est très élastique (figure
(b)).

Dans le premier cas une petite partie de la taxe est transférée sur le consommateur

Dans le deuxième cas une grande partie de la taxe est supportée par le
consommateur

2.4 Stabilité de l’équilibre

La question de la stabilité de l’équilibre est la suivante:

Lorsque le prix s’éloigne pour une raison ou pour une autre, de sa valeur d’équilibre,
existe-t-il des forces qui le font revenir vers cette valeur?

Les premiers économistes pensaient que oui, leur raisonnement était le suivant:
supposons que pour une raison ou une autre (suite a une mauvaise récolte par
exemple ) la quantité a un moment donne soit inferieure a la quantité d’équilibre;
alors un excès de demande va se produire, ce qui va immédiatement faire augmenter
le prix. Mais cette augmentation du prix va inciter les entrepreneurs à investir sur le
marché et donc la production va augmenter, du coup le prix va de nouveau baisser et
revenir soit à l’équilibre soit a un niveau inferieur a la valeur d’équilibre et ainsi de
suite. Mais ce raisonnement est il fondé?

En réalité, ce n’est pas souvent le cas. Pour le montrer, il faut s’appuyer sur un
raisonnement mathématique rigoureux que nous allons voir avec l’exemple de la toile
d’araignée (Cob web)

18
Supposons que la quantité offerte à la période t dépend du prix au temps t -1 soit Pt -1
et la quantité demandée dépend du prix au temps t soit Pt. On a alors

St =APt -1 +B avec A >0

Dt =aPt +b avec a <0

Ces équations signifient:

Produire nécessite un certain temps et on peut supposer que les décisions prises par
les entreprises à la période t -1 sur la base du prix Pt -1 ne conduisent à la quantité
effectivement offerte sur le marché qu’à la date t . Inversement, la demande des
consommateurs à la date t dépend du prix Pt qui s'établit pendant cette période.
Concernant l'exemple de la toile d'araignée, on suppose que la quantité offerte à la
période t est toujours égale à la quantité demandée à cette même période. On admet
donc qu’aucun producteur n’est laissé avec des stocks invendus et aucun
consommateur avec une demande insatisfaite. On a donc :

Dt =St

aPt +b =APt -1 +B

A B -b
Pt = Pt -1 +
a a

Pour étudier la stabilité dynamique de l’équilibre, il faut résoudre cette équation de


récurrence. La résolution de cette équation exige une solution complémentaire de
l’équation homogène.

Equation homogène

A At
Pt = Pt -1 . La solution de cette équation est de la forme f(t) =c( )
a a

At
1 -( )
B -b a
Solution particulière : g(t) = .
a A
1-
a

Solution générale : Pt =f(t) +g(t). Ainsi :

At
1 -( )
A t B -b a
Pt =c( ) + a .
a A
1-
a

19
c est une constante à déterminer.

A t =0, les conditions initiales sont données par Pt =P0. On a :

A0
1 -( )
A 0 B -b a
P0 =c( ) + a . alors P0 =c
a A
1-
a

At
1 -( )
A t B -b a
Pt =P0( ) + a .
a A
1-
a

A t B -b At
Pt =P0( ) +
a a -A
1 -( )
a [ ]
A t B -b B -b A t
Pt =P0( ) + - ( )
a a -A a -A a

B -b A t B -b
(
Pt = P0 - ).( ) +
a -A a a -A

Cette solution de l’équation de récurrence décrit l’évolution du prix comme fonction


du temps. La condition de convergence vers un prix d’équilibre peut s’établir à partir
de cette solution.

Le marche est en situation d’équilibre dynamique sur le prix est stable de période en
période c'est-à-dire Pt -1 =Pt =P * (prix d’équilibre). Cette condition permet d’écrire
alors :

aP * +b =AP * +B

B -b
aP * -AP * =B -b⇒P * =
a -A

D’où :

t
* A
Pt =(P0 -P ).( ) +P *
a

Le marché est stable en dynamique si Pt tend vers P * lorsque t tend vers +∞ avec
A
()
la condition que le rapport des pentes est inférieur à l’unité c'est-à-dire
a
<1

20
Si (Aa) >1 alors P →∞ lorsque t→∞ . Dans ce cas, le marché est dynamiquement
t

instable.

Solution graphique.

P0
P2

P3

P1

q1 q3 q2 q0

2.5Equilibre concurrentiel de long terme

2.5.1 Le long terme

A long terme, les firmes peuvent ajuster les quantités de tous les facteurs de
production. Nous devons utiliser les fonctions d’offre de long terme. Ce qui équivaut
à écrire :

j
CmLT(qj) =P⇒SLT(P) =qj

j
L’offre globale de long terme est alors donnée par SLT(P) =∑m
j =1SLT(P).

Sans la contrainte des facteurs fixes, la firme peut réagir pleinement aux variations
du prix. A long terme la fonction d’offre a une pente plus faible qu’a court terme.

21
SCT
D(P) (P) SLT
(P)

PCT* E'
PLT*

PLT* <PCT*

A) Le long terme du point de vu de la structure du marché.

A long terme, il ya aussi l’entrée de nouvelles firmes sur le marché et la sortie de


celles qui n’arrivent pas à atteindre les profits positifs.

S(P) =D(P) P*

m
j

∑S (P)
j =1
j S (P *)et πj(P *)

πj(P *) <0 j =1,…,m→sortie


m'

πj(P *) ≥0 j ≥m→entrée

m' représente le nombre de firmes

C’est un ajustement continu, nous avons des équilibre de court terme successif suite
à la sortie et à l’entrée de nouvelles firmes et l’équilibre final.

Si ce processus s’arrête pour un nombre de firme m * alors (m *, P *(m *)) est un


équilibre de long terme.

22
Définition

Un équilibre de long terme, d’un marché concurrentiel est donné par:

a) Un prix P * pour le bien

b) Une liste des firmes actives choisie à partir de la liste de toutes les firmes
potentiellement actives.

Pour chaque firme, un plan de production tel que:

*Chaque firme maximise son profit en prenant le prix P * comme une donnée.

* Pour chaque firme active, ce profit maximal est non négatif.

* Chaque firme inactive ferait aux mieux des profits non positifs si elle décidait de
devenir active.

* L’offre totale des firmes actives qui est la somme de leur plan de production au prix
P * est exactement égale à la demande de marché à ce prix.

Eléments caractéristiques de l’équilibre de long terme(LT)

PLT =MinCM⇒∂CM =0 et ∂2CM >0 π =0 n est déterminé (nombre de firmes)

Comment déterminer cet équilibre de LT?

Soit un marché où toutes les firmes ont la même technologie (c'est-à-dire la même
fonction de coût) représentée par la fonction de coût de long terme C(q) . A cette
fonction correspond la fonction de coût moyen, de long terme CMLT(q)

Nous pouvons calculer q * qui minimise le CM et le niveau minimum correspondant.

MinqCM(q)⇒q *⇒CM(q *) =PLT

Si P >PLT⇒πj(P) ≥0, donc entrée de firmes sur le marché.

Si P <PLT⇒Pq <q.CM(q *)⇒πj <0 donc sortie de firmes sur marché de façon à ce que
le profit devient nul.

Si on note S(P) l’offre totale quand il ya n firmes identiques, on a :

n j
S(P) =∑j =1Sj(P) =nS (P)

23
Nous pouvons représenter cette fonction pour les différents nombre de firmes sur le
marché.

S1
(P)
S2
(P)
P1 S3
P2 (P)
P3 S4
P4 PLT

q1* q2* q3* q4*

n =1→ S1(P)⇒P1 >PLT⇒π1(P1) >0

n =2→ S2(P)⇒P2 >PLT⇒π2(P2) >0

n =3→ S3(P)⇒P3 >PLT⇒π3(P3) >0

n =4→ S4(P)⇒P4 <PLT⇒π4(P4) <0

PLT⇔PQ * =Q *CMLT(Q *) ou πLT(Q *) =0

B) Signification des profits nuls

Profit économique: il correspond au gain net de la firme une fois qu’elle a rémunéré
tous les facteurs de production au prix de marché (les matières premières, mais
aussi le travail (L) et le capital (K)). C’est pour cette raison que les firmes restent sur
le marché même si elles font des profits nuls. Dès qu’il apparait un secteur qui
permet des profits positifs, il attire les capitaux vers lui. Par conséquent, la
maximisation du profit conduit l’économie à une meilleure allocation des ressources,
c'est-à-dire là où les ressources sont affectées aux secteurs qui ont le plus de valeur
pour la société. Il ne faut pas confondre les profits économiques des firmes avec le
profit financier qui signifie parfois les rémunérations du seul capital investi.

Analyse normative: le surplus collectif sur le marché

24
Le surplus est une mesure du bien-être social.

2.6 Surplus du consommateur et surplus consommateurs

L’utilité ou la satisfaction indique le bien-être d’un individu. C’est pour cette raison
que le consommateur national cherche à maximiser son utilité. De la maximisation
de cette utilité, on dérive une fonction de demande du consommateur.

A) Prix de réserve ou prix de réservation

Définition

Le prix de réserve d’un consommateur est le prix maximal que ce consommateur est
prêt a payer pour avoir une unité supplémentaire de bien.

Exemple: soit un individu se trouvant dans une zone désertique.

Un verre d’eau égal 50F

2ème verre d’eau égal 40F

3ème verre d’eau égal 30F

4ème verre d’eau égal 20F

L’ensemble donne 140F

Soit le même individu se trouvant dans une zone humide. 4 verres = 20F chacun, soit
80F l’ensemble.

Le surplus du consommateur sc = 140 – 80 = 60F

Le surplus du consommateur mesure les gains (bénéfices nets) découlant de la


consommation de n unités du bien sur un marché. C’est donc une évaluation
monétaire du supplément du bien être ressenti par un consommateur, lorsque celui-
ci acquiert une certaine quantité de bien sur un marché.

25
B) Surplus du consommateur et surplus des consommateurs

SC

a b

(a) surplus du consommateur individuel

(b) surplus du consommateur sur le marché

Sci = surface (OABq0)

- surface (OP0Bq0)

= surface (P0ABq0)

Ou:

i qo
Sc = ∫ 0 p(q) dq – p0.q0

-1
avec p(q) = Di (q) ou fonction de la demande inverse.

Le surplus des consommateurs est la somme des surplus individuels.

C) Surplus de la firme et surplus des firmes

Le surplus de la firme est associé à la notion du prix seuil. Le prix seuil est le prix

26
minimum auquel une entreprise accepte de vendre une unité de bien.

Le surplus du producteur est égal au profit brut.

Soit : SP =π +F avec F étant le coût quasi – fixe

SP =[RT -(CV +F)] +F

SP =RT -CV

CV(q *)
=Pq - *
.q *
q*

=Pq * -CVM(q *).q *

SP =[(P -CVM(q *))q *]

marge unitaire

Si une firme produit q0 et le vend au prix unitaire, P0 son surplus individuel se


présentera comme suit:

SP(P)

P0 P0
P
S (P0,q0)
SP(P0,q0)
Ps

q0
C) Surplus collectif q*

Surplus du producteur Surplus des producteurs


Le surplus collectif ou surplus social est la somme du surplus des consommateurs
et du surplus des producteurs.

SS =SC +SP
S
Pr (P)

SC
P * 27
P
S
Ps D
(P)
28
Chapitre 3 : Le monopole

La concurrence parfaite correspond à des propriétés très intéressantes en ce qui


concerne l’efficacité dans l’allocation des ressources dans l’économie.

Mais malheureusement elle est très rare dans les économies réelles. Les firmes
possèdent souvent un pouvoir considérable sur le marché. Le cas extrême est celui
d’une industrie dominée par une seule firme. Il s’agit du monopole. Exemple: les
services téléphoniques, l’électricité.

3.1 Monopole et concurrence

En comparant les propriétés du monopole et de la concurrence, on obtient le tableau


suivant:

CPP MONOPOLE

*Homogénéité du produit *Homogénéité du produit

*Information parfaite *Information parfaite

*Atomicité des entreprises sur le marché *Une seule entreprise sur le marché

*Atomicité des consommateurs *Atomicité des consommateurs

*Libre circulation des ressources *Barrière a l’entrée

*Preneuses de prix *Faiseuse de prix

Trois propriétés fondamentales distinguent le monopole de la concurrence pure et


parfaite. Il s’agit :

- une seule entreprise sur le marché. Conséquence : pouvoir de marché


- barrière à l’entrée. Conséquence : existence de super profit pour l’entreprise et
inefficacité dans l’allocation des ressources.
- faiseuses de prix. Conséquence : existence de super profit.

29
L’entreprise en situation de monopole possède donc un pouvoir de marché.

3.2 Sources d’une situation de monopole

Les sources d’une situation de monopole (comment une entreprise peut se trouver
seule sur le marché?)

Quatre causes principales expliquent l’existence de monopole. Il s’agit:

- barrières technologiques ou monopole naturel


- barrières légales, exemple le contrôle d’un brevet ou d’une ressource rare
- barrières légales ou monopole institutionnel
- barrières stratégiques, exemple la stratégie de prédation

A) Monopole naturel ou barrière (source) technologique

Il ya monopole naturel sur un marché, lorsque pour tout niveau de production, le coût
des facteurs utilisés est minimal, lorsque la production est réalisée par une seule
entreprise. Une condition suffisante qui n’est pas nécessaire est que toutes les
entreprises susceptibles de produire les biens aient la même technologie et que leur
cout moyen a long terme soit décroissant (économie d’échelle).

CMLT

OD =OA 2
E
F
B
C
CMLT

O D A Q

Lorsque la production est réalisée par une seule entreprise, la quantité produite est
OA, le coût unitaire AB, et le cout total OABC.

Si la production se réalise par deux (2) entreprises et que chacune produit OD= OA/2,

30
le coût unitaire est DE pour chaque entreprise et le coût total des facteurs utilisés
dans les branches ou dans l’industrie est égale à 2[ODEF] en comparant les couts
totaux, on a: 2[ODEF] > OABC. En raison des économies d’échelle que réalise
la seule entreprise sur le marché. Dans ce cas, le souci d’efficacité devrait conduire a
ne laisser qu’une seule entreprise sur le marché. Cette entreprise sera en mesure de
satisfaire la demande de manière plus efficace que si les clients se repartissent entre
plusieurs offreurs.

Les entreprises de transport de collectif (chemin de fer), le secteur des


télécommunications sont des exemples typiques de monopole naturel.

B) Contrôle d’une ressource rare, brevet de fabrication ou barrière légale

Le contrôle d’une ressource rare constitue la deuxième origine possible d’une


situation de monopole. En effet, lorsqu’une entreprise contrôle totalement l’offre de
matière première indispensable à la production d’un certain bien, elle s’assure d’une
situation de monopole sur le marche de ce bien. L’exemple typique est celui d’ALCOA
aux USA qui contrôlait l’approvisionnement de bauxite avant la deuxième guerre
mondiale et avait de ce fait une situation de monopole sur le marché d’aluminium. De
même, une entreprise se trouve temporairement en situation de monopole,
lorsqu’elle dispose d’un brevet lui assurant pour une certaine durée l’exclusivité de la
fabrication d’un produit détermine (exemple des vaccins, logiciel).

C) Monopole institutionnel (public) ou barrière légale

C’est le cas d’une entreprise particulière protégée par la puissance publique (l’Etat).
Cette protection peut être directement accordée par la loi. Elle peut être accordée
indirectement par des barrières douanières (droit de douane a l’importation très
élevé) dans le but d’isoler totalement le marché intérieur de la concurrence étrangère
(protectionnisme).

D) Comportements prédateurs ou barrière stratégique

C’est la source la plus commune des monopoles dans la mesure où elle correspond
aux stratégies les plus actives des firmes dans le but d’évincer les concurrents du
marché.

Les situations de monopole peuvent aussi résulter de la volonté délibérée d’une


entreprise, d’exterminer ses concurrents du marché. Il s’agit d’un comportement de
prédation. Une entreprise de taille importante peut fixer des prix inferieurs au coût
unitaire sur un marché particulier, en acceptant de réaliser des pertes si ceci conduit
des entreprises concurrentes à se retirer du marché. On parle alors de "guerre de
prix". Cette "guerre de prix" bénéficiera à l’entreprise si les gains additionnels vont
plus que compenser les pertes temporaires nécessaires pour éliminer ses

31
concurrents. L’exemple est celui de MICROSOFT.

3.3 Equilibre du monopole.

3.3.1 Fonction de demande du monopole.

En concurrence pure et parfaite les entreprises considèrent les prix de vente de leur
produit comme une donnée et un paramètre imposé par le marché. Autrement dit le
prix est indépendant de la quantité demandée en situation de concurrence. En
situation de monopole, l’entreprise est seule confrontée à la totalité des demandes
individuelles. La demande qui s’adresse donc à elle se confond avec la demande
totale du marché.

Soit D(P) , la demande totale du marché. D(P) est une fonction décroissante du
prix du produit fabriqué par le monopole. La relation entre le prix P et la quantit
produite Q s’écrie alors Q =D(P) . On peut exprimer P en fonction de Q par la relation
P =D -1(Q) ou tout simplement P =P(Q) avec P(.) =D -1(.).

La fonction P(Q) est la fonction inverse de la fonction de demande D(P) . Elle


définit le prix maximal auquel la quantité Q peut être vendue sur le marché. D(P) et
P(Q) sont des fonctions décroissantes. Ainsi, le monopole peut jouer sur deux
paramètres pour définir sa politique. Il peut fixer le prix, mais la quantité lui sera
imposée. Il peut augmenter (respectivement diminuer) la quantité, mais le prix va
baisser (augmenter).

3.3.2 Recettes de monopole

On distingue la recette totale, la recette moyenne et la recette marginale.

A) Recette totale

Soit RT(Q) la fonction de la recette totale. C’est le chiffre d’affaire du monopole


lorsqu’il vend la quantite Q compte tenu du prix auquel cette production peut etre
vendue.

Monopole : RT(Q) =P(Q).Q. Dans ce cas on dérive P(Q) et Q

CPP : RT =P.Q dans ce cas on dérive Q.

B) Recette moyenne

RM(Q) est la fonction de recette moyenne. C’est le chiffre d’affaire par une unité
vendue.

32
RT(Q)
RM(Q) =
Q

P(Q).Q
RM(Q) =
Q

RM(Q) =P(Q)

La fonction de recette moyenne n’est rien d’autre que la fonction de demande inverse.

C) Recette marginale

Rm(Q) est la fonction de recette marginale. C’est le supplément du chiffre d’affaire


qui résulte de la production d’une unité supplémentaire de bien.

∂RT(Q) ∂P(Q)
Rm(Q) = =P(Q) + .Q
∂Q ∂Q

Rm(Q) =P(Q) +P'(Q).Q

D) Relation entre RM et Rm

P(Q) étant une fonction décroissante, P'(Q) est négatif en raison de la baisse du prix
due a la production d’une unité supplémentaire. On a alors:

Rm(Q) <RM(Q) =P(Q)

Ainsi donc la recette marginale est toujours inferieure à la recette moyenne.


Autrement dit produire et vendre une unité supplémentaire conduit le monopole à
accepter une baisse du prix. C’est la raison pour laquelle la Rm est donc
nécessairement inferieure au prix de vente donc a la recette moyenne.

Graphiquement on obtient:
RM

Rm

RM(Q) =P(Q)
Rm
(Q)
Q

33
NB: Cette différence entre recette moyenne et recette marginale oppose
fondamentalement le monopole à l’entreprise en concurrence pure et parfaite (CPP).

3.4 Equilibre du monopole

Soit π le profit du monopole c'est-à-dire la différence entre la recette totale RT(Q) et


le coût total CT(Q)

π(Q) =RT(Q) -CT(Q)

π(Q) =P(Q).Q -CT(Q)

Le problème de maximisation du profit de monopole est de déterminer la quantité


optimale Q * qui vérifie les conditions du premier et du second ordre.

{
Soit alors: Max P(Q).Q -CT(Q)
SC Q ≥0

CPO


=π'(Q) =0⇔P(Q) +P'(Q).Q -Cm =0
dQ

⇔P(Q) +P'(Q).Q =Cm

Rm =Cm

CSO

d2π
2
=π''(Q) <0
dQ

⇔Rm'(Q) <Cm'(Q)

La condition du premier ordre stipule que la recette marginale est égale au coût
marginal de production qui maximise le profit.

La condition du second ordre requiert que la dérivée de la recette marginale soit


inferieure a la dérivée du coût marginal. Autrement dit la courbe de recette marginale
coupe par le bas la courbe de coût marginal.

34
Graphiquement on a:

CM, Cm
Cm
CM
RM, Rm

C
D
RM =P
F

A Rm
B
E
Q
Q*
Q * représente la production optimale c’est – à – dire l’intersection entre recette
π =ABCD
marginale et coût marginal.

CMu =EB

P(Q *) =EC (prix de vente)

Marge unitiare =P(Q *) -CMu(Q *)

=EC -EB

=BC

π =Marge unitaire *Quantité optimale =BC *AB

π =ABCD

A l’équilibre du monopole, le chiffre d’affaires marginal est inférieur au prix. Donc, à


l’équilibre du monopole, on a prix > chiffre d’affaires marginal= coût marginal ou P>
Rm

Dans le cas d’une entreprise concurrentielle, on a prix= chiffre d’affaire marginal =


coût marginal ou P=Cm :

=> la distinction fondamentale entre un marché de monopole et un marché


concurrentiel est que sur un marché concurrentiel, le prix est égal au coût marginal
alors qu’en situation de monopole, le prix est supérieur au coût marginal.

35
Relation entre Rm et élasticité

On sait que:

Rm(Q) =P(Q) +P'(Q) *Q

P'(Q)
=P(Q) 1 +
[ P(Q)
.Q
]
dQ P
ε(Q) = .
dP Q
'
1 dP.Q P (Q)
= = .Q
ε(Q) dQ.P P(Q)

1
Rm(Q) =P(Q). 1 +
[ ε(Q) ]
La condition de maximisation du profit peut alors s’écrire :

1
Rm(Q) =Cm(Q) ⇔ P(Q) 1 +
[ ε(Q) ] =C . Puisque ε <0, on peut écrire :
m

1
[
P(Q) 1 -
|ε(Q)|] =C (Q) m

Cm
Ou P(Q) =
1
1-
Iε(Q)I

Cette expression indique également que le prix du marché est supérieur au coût
marginal, et que le taux de majoration ( markup pricing) dépend de l’élasticité de la
1
demande. Le taux de majoration (markup) est : 1 -
Iε(Q)I

En CPP, l’entreprise est confrontée à une courbe de demande parfaitement élastique


c’est-à-dire à une courbe de demande horizontale ( 1/ ε(Q) = 1/∞ = 0 →P = Cm) ou
condition de max∏). Alors qu’en monopole, la courbe est décroissante.

1
Puis que εD<0 alors : P(Q) 1 -
[ Iε(Q)I ] =Cm(Q)
1
Si la demande est inélastique c'est – à – dire |ε(Q)| <1 ou >1 alors la Rm est
ε(Q)

36
négative. Il est alors impossible d’égaliser Rm et Cm . Autrement dit, une reduction de
l’output permet d’augmenter les recettes mais la réduction va également diminuer les
couts totaux de sorte que le profit doit nécessairement augmenter. Par conséquent,
une demande inélastique ne correspond pas au profit maximum du monopoleur. Ce
profit maximal ne correspond qu’a un point pour lequel |ε| >1

E) Pouvoir du marché de monopole: indice de Lerner

Soit :

dπ(Q)
Max π(Q)⇒ =π'(Q) =0 (CPO)
dQ

⇒P(Q) +P'(Q) *Q -Cm(Q) =0

⇒P(Q) -Cm(Q) = -P'(Q) *Q

En divisant par P(Q) on obtient :

P(Q) -Cm(Q) -P'(Q) *Q


=
P(Q) P(Q)

P(Q) -Cm(Q) 1
⇒ =
P(Q) |ε(Q)|
P -Cm 1
Max π ⇒ =
P |ε|

Indice de Lerner (Li)

P -Cm
Li = .
P

Permet de mesurer le pouvoir du marché de monopole. Il représente le taux de marge


c’est – à – dire la différence entre le prix et le coût marginale. Il est inversement
proportionnel à l’élasticité prix de la demande. Le monopoleur vend alors à un prix
supérieur au cout marginal.

En situation de concurrence pure et parfaite la demande est infinie ε→∞ et le prix


tend vers le coût marginal (P→Cm ) ou Li =0

Autrement dit l’entremise n’a aucun pouvoir de marché en CPP.

37
Exemple de la demande linéaire

Supposons que le monopoleur soit confronté a une fonction de demande linéaire :


P(q) =a -bq , a >0, b >0 . Supposons la fonction de cout total à CT pouvant s’écrire
CT(q) =cq2 +CF, c >0 avec CF le coût fixe du monopole.

F) Les fonctions de recette totale, de recette moyenne et de recette marginale


s’écrivent :
G) RT(q) = P(q).q = q(a-bq) = aq – bq2
H) RM(q) = RT(q)/q = a + bq
I) Rm(q) =RT'(q =0 -2bq = -2ab
J) Les fonctions de CM et de Cm

CT(q) CF
CM(q) = =cq +
q q

Cm =CT'(q) =2cq

Le profit du monopoleur est maximal pour la production q * Caractérisée par l’égalité


entre Rm et Cm.

Max π⇒Rm(q *) =Cm(q *)

⇒a -2bq * =2cq *

⇒a =2bq * +2cq *

a =q *[2b +2c]

a
q* =
2(b +c)

Le profit s’écrit alors

π(q *) =a[q * -b(q *)2] +c(q *)2 -CF

a2
Ou π(q *) = -CF
4(b +c)

a2
π >0 si CF < CF c’est – à – dire si les coûts fixes ne sont pas trop élevés.
4(b +c)

38
3.6 Inefficacité du monopole

En CCP, l’entreprise maximise son profit quand P =Cm En situation de monopole


P >Cm . Dès lors, en règle générale, le prix sera plus élevé et l’output plus faible, si
l’entreprise adopte un comportement monopolistique plutôt qu’un comportement
concurrentiel. Par conséquent, les consommateurs auront un niveau de satisfaction
(surplus) moindre en situation de monopole qu’en situation concurrentielle. Ce
niveau de satisfaction moindre reflète l’inefficacité du monopole par rapport à la CCP.

Pm =prix du monopole

Cm Pc =prix de CPP
Pm qm =quantité du monopole

Pc qc =quantité de CPP

Pm >Pc
inefficacité du monopole
qm <qc
Rm RM =P(q)

qm qc

Inefficacité du monopole

Le niveau d’output produit par le monopole est inefficace. L’inefficacité du monopole


montre qu’il est doublement mauvais pour le consommateur :

Premièrement : il produit une quantité moindre, ce qui peut entrainer un rationnement


pour certains consommateurs

Deuxièmement : cette quantité est vendue à un prix supérieur, ce qui entraine une
perte de surplus. Par contre, il est doublement bon pour le producteur. En effet il vend
une production moindre (peut couteux) mais a un prix plus élevé. Au total, la mise en
place d’un monopole entraine une perte de surplus social que l’on appelle charge
morte.

Raisonnement en terme de surplus

C C
En CPP,(P , q ):

39
le surplus des consommateurs est: a + b + c

le surplus des entreprises est : d + e

le surplus collectif est : a + b + c + d + e

En situation de monopole (PM, qM) :

le surplus du consommateurs est : a

le surplus de l’entreprise est : b + e

le surplus collectif est : a + b + e

Le surplus collectif est donc réduit en situation de monopole comparativement à


celui de la CPP. Le monopole n’alloue donc pas les ressources de manière efficace.

3.7 La charge morte du monopole

Pour mesurer l’ampleur de l’inefficacité du monopole, on utilise la notion de surplus.


La variation du profit de la firme c'est – à – dire la variation de son surplus mesure la
somme que les actionnaires de l’entreprise seraient prêts à dépenser pour obtenir un
prix plus élevé en situation de monopole.

La variation du surplus des consommateurs mesure la somme que les


consommateurs devraient recevoir pour être dédommagés du prix plus élevé qu’ils
paient.

La différence entre ces deux valeurs mesure le bénéfice net ou le coût net du
monopole.

40
Charge morte du monopole

La figure représente la variation du surplus collectif dans une situation de monopole


d’une part et de CCP d’autre part.

Le rectangle A est la part du surplus gagné par le consommateur et perdu par le


producteur lorsqu’on passe du monopole a la CCP.

Le triangle B est la part du surplus gagné uniquement par les consommateurs qui
n’avaient pas accès au bien en situation du monopole en raison du prix trop élevé.

La surface C est la part correspondant au surplus que l’entreprise retire de la vente


des unités supplémentaires.

B+C mesure la valeur que les consommateurs et les producteurs attribuent à l’output
supplémentaire (qc -qm ) qui serait vendu. La surface B+C représente la charge morte.
Elle mesure la perte du surplus des individus du fait qu’ils paient le prix du monopole
( Pm ) plutôt que le prix concurrentiel ( Pc ). C’est donc la perte d’output due au prix que
les gens sont disposés à payer.

41
3.8 Monopole naturel

Il ya monopole naturel lorsque les rendements sont croissants. Dans ce cas le coût
marginal est inférieur au coût moyen. Par ailleurs nous savons que pour maximiser
son profit, le monopoleur égalise sa recette marginale à son coût marginal, mais il
produit un output plus faible. Ce qui le rend inefficace. Pour éliminer cette inefficacité,
l’Etat peut le contraindre de fixer un prix égal au coût marginal. C’est la tarification au
coût marginal. Mais cette tarification peut avoir pour conséquence que le producteur
réalise un profit négatif.

Ce type de situation s’observe le plus souvent au niveau des services publics.

Une tarification au coût marginal conduit alors à un déficit du monopole. Ce déficit


doit être comblé par les subventions de l’Etat. Mais ces subventions sont financées
par l’impôt ce qui n’est pas bien perçu par le contribuable. C’est la raison pour
laquelle l’Etat astreint (oblige) à respecter l’équilibre budgétaire c'est-à-dire à vendre à
un prix égale au cout moyen.

Cette solution (PCM, qCM) permet à l’entreprise de juste couvrir ses coûts (π =0). Mais
elle produit un output inferieur ( qCM <qCm ) au niveau efficace. Cette solution est
appelée tarification optimum du second rang par opposition à la tarification au coût
er
marginal qui apparait comme un optimum du 1 rang.

A l’optimum de second rang, pour chaque bien produit par le monopole, les écarts
relatifs entre prix et coût marginaux sont inversement proportionnels aux élasticités
prix de la demande. C’est la règle de Ramsey BOITEUX qui s’applique au monopole

42
public. Plus précisément la règle stipule que : le monopole public soucieux de l’intérêt
général c'est – à – dire la maximisation du surplus collectif, n’est astreint par une
contrainte d’équilibre budgétaire, doit fixer des écarts entre prix et coût marginal qui
sont d’autant plus grands que la demande est peu élastique.

Tarification Ramsey-Boiteux

Comportement du monopole

3.9 Monopole discriminant

Dans le modèle précédent, le prix des biens vendus par le monopoleur était le même
pour tous les acheteurs. Il existe cependant une multiple de situations ou le
monopoleur peut vendre différentes unités d’output à des prix différents. On parle
alors de monopole discriminant par le prix. Il ya discrimination par le prix si :

Le monopole applique une tarification différente suivant les individus ou les groupes
d’individus (exemple : tarif étudiant, tarif retraité).

Le monopoleur applique une tarification dégressive (offre ou vente promotionnelle


aux abonnements). Le prix unitaire change alors selon les quantités achetées.

La discrimination par les prix dépend du niveau d’information que la firme possède

43
sur les consommateurs et de la transférabilité des biens ou de la demande.

On distingue trois types de discrimination par le prix :

La discrimination au 1er degré. Elle correspond à une situation ou le monopoleur vend


des différentes unités d’output à des prix différents d’une personne à l’autre. On parle
de discrimination parfaite.

La discrimination au 2nd degré. Elle implique que le monopoleur vend des unités
différentes de biens à des prix différents mais que tous les individus qui achètent
une quantité identique du bien payent le même prix. En d’autres termes, les prix
diffèrent selon les quantités achetées mais pas selon les individus. L’exemple le plus
fréquent est les ristournes accordées pour des achats en grande quantité.

La discrimination au 3ème degré. Elle correspond à une situation ou le monopoleur


pratique des prix différents selon la personne qui achète le bien car il n’a
d’information que sur chaque consommateur en particulier. C’est la forme la plus
fréquente de la discrimination des prix. Exemple : tarif préférentiel pour les étudiants,
les personnes âgées ou prix différents selon le pays ou le bien est acheté.

Discrimination de 3ème degré : maximisation du profit

Supposons que le monopoleur soit capable de distinguer deux groupes d’individus et


qu’il vend le même produit à ces deux groupes à des prix différents. On suppose que
les consommateurs ne peuvent pas revendre le bien. Soit :

P(q1) la fonction de demande inverse pour les consommateurs du groupe 1

P(q2) la fonction de demande inverse pour les consommateurs du groupe 2

C(q1, q2) le coût total de production.

Le profit du producteur s’écrit :

π(q) =P1(q1) *q1 +P2(q2) *q2 -C(q1 +q2)

RT1 =P1(q1) *q1

RT2 =P2(q2) *q2

Le problème de maximisation du profit s’écrit :

Max πq ,q =P1(q1) *q1 +P2(q2) *q2 -C(q1 +q2)


1 2

44
{
Rm1(q1) =Cm(q1 +q2)
CPO⇒ Rm2(q2) =Cm(q1 +q2)
Rm1(q1) =Rm2(q2) =Cm(q1 +q2)

Le monopoleur maximise son profit en égalisant la recette marginale sur chaque


marché au cout marginal de la production totale.

Comment le monopoleur fixe le prix sur chaque marché ? Autrement dit, le prix sur le
marché 1 doit il être supérieur au prix sur le marché 2 ou inversement ?

Pour répondre à cette question, utilisons la formule de recette marginale en termes


d’élasticité.

1
[
P1(q1) * 1 -
|ε1(q1)| ] =Cm(q1 +q2)

1
[
P2(q2) * 1 -
|ε2(q2)| ] =Cm(q1 +q2)

1 1
Si P1 >P2⇒1 - <1 -
|ε1(q1)| |ε2(q2)|
1 1
Ou > ⇒ |ε2(q2)| >|ε1(q1)|
|ε1(q1)| |ε2(q2)|
Le monopoleur fixe donc le prix le plus élevé sur le marché ou l’élasticité prix de la
demande est la plus faible. En effet, une demande élastique est sensible aux
variations de prix. Un monopoleur qui discrimine les prix, pratique par conséquent un
prix plus faible sur le groupe qui est sensible au prix et un prix plus élevé sur le
groupe qui est relativement insensible au prix (demande inélastique). Dans cette
façon le monopole maximise son profit total.

3.10 La concurrence monopolistique

3.10.1 Définition et caractéristiques

Un marché est en concurrence monopolistique lorsqu’il comprend un grand nombre


de vendeurs et d’acheteurs dont les produits sont différenciés. Le concept de base
qui définit la concurrence monopolistique est celui de la différenciation des produits.
Ce concept a été introduit par Chamberlain en 1983. L’idée fondamentale de
Chamberlain est que sur de nombreux marchés, les firmes vendent des produits qui
sont étroitement substituables (très proches) les uns aux autres sans être
parfaitement homogènes. Ces produits se présentent souvent dans des variétés

45
différentes ou des marques diverses. La différenciation du produit peut se reposer
soit sur la qualité intrinsèque, soit sur les conditions dans lesquelles il est vendu (ce
qui est commercial par exemple) ; soit sur les démarches de publicité; soit sur la
réputation de qualité obtenue par le vendeur dans le passé.

La différenciation du produit confer le statut du marché à un monopole. Cependant,


Ce marché se rapproche de la concurrence parfaite pour trois raisons principales:

L’existence d’un grand nombre de vendeurs et d’acheteurs

Liberté d’entrée et de sortie du marché

Les firmes considèrent les prix des autres comme données

La concurrence monopolistique apparait alors comme une notion intermédiaire entre


la concurrence parfaite et le monopole. C’est la forme de marché la plus fréquente.
Exemple marché de cigarette, marché de boisson alcoolisée et non alcoolisée,
marché de pâte.

3.10.2 Equilibre d’un marché de concurrence monopolistique

A) Equilibre de court terme

A court terme, l’entreprise en concurrence monopolistique, pour maximiser son profit


se comporte en monopole. Supposons que toutes les firmes sur ce marché ont des
fonctions de coût identiques qui s’écrivent: C(q).

Le profit d’une entreprise est π =P(q) *q -C(q)

Le problème de maximisation du profit s’écrit alors :

dπi
Max πi ⇒CPO: =0⇒P'(q)q +P(q) -C'(q) =0
dq
qi

⇒Rm(q) =Cm(q) ce qui permet de dériver (q *, P *) avec π >0

B) Equilibre de long terme

L’équilibre de long terme est similaire à celle de la concurrence parfaite. Le marché


étant rentable (π >0); de nouvelles firmes vont rentrer dans la branche avec des
produits similaires. Si le mouvement continue aussi longtemps que le profit reste
positif, l’équilibre de long terme se définit de la façon suivante :

1- Chaque entreprise détermine une combinaison de prix et d’out put ( P *, q * )


situé sur sa courbe de demande.

46
2- Chaque entreprise maximise son profit compte tenu de la courbe de demande
à laquelle elle est confrontée.
3- Le phénomène d’entrée dans la branche pousse le profit de chaque entreprise
vers zéro (0).

Ces trois éléments ont pour conséquence que la courbe de demande et la courbe de
coût moyen doivent être tangentes l’une à l’autre.

CM

Dema

q*
Equilibre LT,

L’équilibre est le point de tangence entre la courbe de demande et la courbe de cout


moyen et le profit est nul.

La courbe de demande ne peut pas couper la courbe du cout moyen car si cela était
le cas, ceci signifie que l’entreprise pratique un prix différent de celui qui assure
l’égalité entre ses recettes et ses coûts. Pour tout prix différent, qu’il soit supérieur ou
inférieur, l’entreprise perdrait de l’argent, alors que pour le prix initial l’entreprise
réalise un profit nul. Ce prix correspond au profit maximum.

3.11 La firme dominante et la frange concurrentielle

Le monopole pure est plutôt rare. Ce qu’on rencontre plus souvent, c’est le cas
d’une firme qui domine un marché qui est par ailleurs occupé par une multitude de
petites firmes : la frange concurrentielle. La firme dominante fixe alors le prix en
tenant compte de la présence de ces firmes preneuses de prix.

Si l’offre totale de la frange concurrentielle est S(p) , alors le problème du monopole


est :
max p(D(p) - S(p)) - C(D(p) - S(p))
p

47
Où D(p) - S(p) est la demande résiduelle qui s’adresse au monopole quand le prix est
p.

Reprenons le cas linéaire avec n firmes dans la frange, Ci (q) = cq2, la fonction d coût
de chacune de ces firmes et cm le coût unitaire du monopole.
Chacune des firmes de la frange maximise son profit en prenant le prix comme une
donnée : maxpq -cq2
q
p np
⟹q(p) = ⟹S(p) =
2c 2c
p2
On a donc Π =
4c

La demande résiduelle du monopole est donnée par :

np n
D(p) - S(p) =A -bp -
2c (
=A - b +
2c)p

Le profit du monopole est alors donné par :

n
(
Πm(p) = [A - b +
2c)p] (p - cm)

∂Πm
et l’optimum du monopole correspond à : =0
∂p

n n
(
A-b +
2c ) (
p = b +
2c )
p] (p - cm)

2bc +n
A + cm ( )
2c
p* =
2bc +n
c

Ac cm
p* = +
2bc +n 2

2Ac - cm(2bc +n)2


Donc Πm =( )
4c(4bc +2n)

Application numérique : A = 100 ; b= 1 ; n = 40

Pour c= 10, p*= 19,2 ; Πm =602,08; S(p) = 38,33 ; ∏*i =9,18

Pour c= 1, p*=4,88; Πm =0,29; S(p) =97,2; ∏*i = 5,99

48
Si l’entrée est libre sur la frange, n va augmenter et cela va tirer le prix vers le bas.
Si les coûts de la firme dominante ne sont pas suffisamment avantageux pour elle,
cela peut considérablement réduire sa production et son profit, en érodant sa
position dominante sur le marché.
Exemple : La position d’IBM sur le marché des PC, dans les années 80.

Les interactions stratégiques

Chapitre 4 : La concurrence imparfaite : L’oligopole – Duopole

4.1 L’oligopole: définition

L’oligopole est l’existence d’un petit nombre de vendeurs. Il y a une concurrence entre
les firmes qui ont un pouvoir. Cette concurrence est dite concurrence de petit
nombre. Dans un oligopole, chaque firme est capable d’identifier clairement son
concurrent et de tenir compte de son comportement, quand elle prend des décisions
de quantité ou de prix (pour maximiser son profit). Il existe une interdépendance
entre les décisions des firmes. Cette interdépendance correspond à l’existence de
comportements stratégiques qui tiennent compte des réactions des concurrents ou
décisions de la firme.

Ces comportements peuvent conduire soit à des situations conflictuelles ou non


coopératives entre les prix soit à des situations de coopération ou d’entente entre les
firmes.

Tout comme la concurrence monopolistique, l’oligopole est une situation fréquente


dans les économies contemporaines. Les marchés de l‘automobile, l’agro-alimentaire,
l’industrie du ciment etc.

4.2 Les causes de l’oligopole

Les causes de l’oligopole sont proches de celles de monopole et les causes


institutionnelles sont parfaitement communes entre les deux situations de manière
globale. Les situations de l’oligopole s’expliquent par des barrières a l’entrée qui
découragent l’entrée de nouveaux concurrents.

John BAIN distingue trois sources de barrière à l’entrée.

A) Economie d’échelle

Comme pour le monopole, la nécessité de produire un certain niveau minimal pour


atteindre les coûts unitaires plus faibles peut être une source de barrière à l’entrée.

49
Cm

C q * =EEM =Echelle efficace minimum


q * est l’échelle efficace minimale, c'est-à-dire le niveau de l’output qui minimise le
coût moyen

Un concurrent potentiel qui ne peut produire que q aurait pour coût unitaire OC plus
élevé de sorte qu’il se trouverait alors désavantageux par rapport aux entreprises qui
produisent q * avec un coût unitaire OD plus faible.

B) Différence absolue des coûts

Contrairement au cas précédent, l’entrant peut avoir des coûts unitaires plus élevés
quelque soit son niveau de production. Ce type de désavantages s’explique par le fait
qu’étant déjà sur le marché, les firmes installées ont pu acquérir une meilleure
connaissance de leur technologie qui permet de réduire les coûts de production.

CM (Nouvelles firmes)
NF

CM (Anciennes firmes)
AF

C) Différenciation des produits

La différenciation des produits peut apparaitre quand les consommateurs font la


différence entre les variétés du bien produit par les firmes. Par exemple l’expérience
des firmes installées peut leur permettre de convaincre les consommateurs que
leurs produits sont de meilleure qualité que celui d’une nouvelle firme. C’est l’effet
marque.

50
Dans ce cas, l’entant peut être amené à demander un prix plus faible ou à engager
des frais de publicité pour attirer les consommateurs.

La différenciation peut aussi rendre difficile l’entrée si chaque nouvelle firme doit
produire une gamme relativement étendue de variétés pour atteindre l’échelle
minimale efficace. Ces phénomènes se traduisent donc par un désavantage pour
l’entrant.

En résumé, ces barrières a l’entrée peuvent donc limiter l’entrée concurrentielle de


nouvelles firmes et conduire à une situation d’oligopole.

Les interactions entre les firmes installées peuvent se faire à travers les quantités
(concurrence en quantité) ou des prix (concurrence en prix). Ces firmes peuvent
aussi essayer de coopérer pour s’approcher d’une situation de monopole.

4.3 Le duopole et la concurrence en quantité

A) Propriétés

Duopole = deux firmes sur le marché.

- Sur ce marché, ces deux vendeurs produisent un bien homogène (sans


différenciation de produit).
- La demande est linéaire Q =A -P avec A un paramètre P le prix de la production.
Q est la quantité totale produite sur le marché.
- Les deux firmes ont des coûts unitaires constants c1 et c2 (A >c1, A >c2)

La fonction de cout de la firme i s’écrit donc Ci(qi) =ciqi, i =1, 2

- L’idée que chaque firme se fait de la manière dont son concurrent doit réagir a
ses décisions c'est-à-dire à ses conjonctures est fondamentale dans la
détermination des comportements stratégiques. Les choix de la firme vont en
définitif dépendre de ces conjonctures.

4.3.1 Le Duopole de Cournot

A) Définition

Il correspond à une situation où chaque firme produit de manière isolée les quantités
qu’elle apporte au marché. C’est la négation de l’interdépendance entre ces deux
firmes. Ces quantités sont déterminées en connaissance de la structure du marché
(nombre de concurrent égale un), de la fonction de demande et aucune firme n’a les

51
moyens d’apprendre en avance la production de son concurrent. Dans ce cas, la
firme 1 doit calculer les quantités qui maximisent son profit pour chaque niveau
possible de production q2 de son concurrent de manière à déterminer à l’avance la
meilleure réponse qu’elle peut lui donner pour chacune de ses stratégies. Elle doit
aussi négliger les répercutions de ses propres productions sur ces quantités puisque
celles-ci ne seront pas observées à l’avance par son concurrent. Elle va alors
dq2
raisonner avec des conjonctures de Cournot : =0
dq1

dq1
Ce raisonnement est aussi valable pour la firme 2 : =0
dq2

B) Equilibre de Cournot

Il est la résolution du problème de maximisation du profit des deux firmes étant


donné les quantités de leur concurrent. On a alors

Maxq π1(q1, q2) et Maxq π2(q1,q2) avec :


1 2

π1 =[A -(q1 +q2)]q1 -c1q1

π2 =[A -(q1 +q2)]q2 -c2q2

Le profit de l’entreprise 1 dépend de la quantité produite de l’entreprise 2. Et pour


prendre une décision avisée, l’entreprise 1 doit prévoir la décision de production de
l’entreprise 2 idem pour l’entreprise 2.

Maximisation du profit.

Pour la firme i , les conditions de premier et de second ordre de la maximisation du


dπi d2πi
profit sont données par : =0 et 2 <0
dqi dqi

Firme 1

dπ1 A -c1 1
= -2q1 +A -q2 -c1 =0⇒q1*(q2) = - q2
dq1 2 2

ou R1 =φ(q2) =q1

d2π1
= -2 <0
dq21

52
Firme 2

dπ2 A -c2 1
=A -q1 -2q2 -c2 =0⇒q2*(q1) = - q1
dq2 2 2

ou R2 =φ(q1) =q2

d2π2
= -2 <0
dq22

π1 (respectivement π2 ) nous donnent les quantités que doit produire la firme 1


(respectivement la firme 2) pour chaque niveau de production concurrent de manière
à maximiser son profit. C’est la fonction de réaction de la firme 1 (respectivement la
firme 2). La fonction de réaction exprime donc la production de chaque firme en
fonction de la production de son concurrent. On peut représenter graphiquement ces
courbes de réaction.

{
A -c1
A -c1 1 q2 =0⇒q1 =
q1* = - q2 R1 2
2 2
q1 =0⇒q2 =A -c1

{
A -c2
A -c2 1 q1 =0⇒q2 =
q2* = - q1 R2 2
2 2
q2 =0⇒q1 =A -c2

q2

A -c1
R1

A -c2
2
C
qc2
R2

qc1 A -c1 A -c2 q1


2

Quel sera l’équilibre de ce marché ?

L’équilibre de marché doit être une situation telle qu’une fois atteinte aucune firme

53
ne doit avoir envie de s’éloigner de ce point. Aucune firme ne doit pouvoir améliorer
son profit en produisant autre que sa quantité d’équilibre. Soit ( qc1, qc2 ) l’équilibre de
marché, nous devons alors avoir dans ce cas :

1) qc1 =q1*(qc2) . qc1 maximise le profit de la firme 1 étant donné la quantité


d’équilibre de la firme 2
2) qc2 =q2*(qc1) : maximise le profit de la firme 2 étant donné la quantité d’équilibre
de la firme 1.

Cette situation ( qc1, qc2 ) est un équilibre de Cournot : la quantité d’équilibre de chaque
firme est sa meilleure réaction à la quantité d’équilibre de son concurrent et la firme
ne peut plus améliorer son profit en modifiant ses quantités.

Nous devons donc nous trouver à l’intersection des deux courbes de réaction au
point C qui matérialise l’équilibre de Cournot.

A -c1 1 c
qc1 =q1*(qc2) ou qc1 = - q2 (R1) (1)
2 2

A -c2 1 c
qc2 =q2*(qc1) ou qc2 = - q1 (R2) (2)
2 2

Pour déterminer qc1 et qc2 , on doit résoudre le système des deux équations linéaires à
deux inconnues. En substituant (2) dans (1), on aura :

A -c1 1 A -c2 1
qc1 = - ( - qc1)
2 2 2 2

A -c1 A -c2 1
⇒qc1 = -( - qc1)
2 4 4

1 A -2c1 +c2
⇒qc1(1 - ) =
4 4

A +c2 -2c1
qc1 = (3)
3

A -c2 1 A +c2 -2c1


(3) dans (2) ⇒ qc2 =
2 2
-
[ 3 ]
A +c1 -2c2
qc2 =
3

54
Dans cet exemple, nous observons que les quantités d’équilibre de chaque firme sont
décroissantes avec ses coûts et croissantes avec les coûts de sont concurrence.
Nous pouvons aussi calculer l’offre et le prix d’équilibre.

2A -c1 -c2
Qc =qc1 +qc2 =
3

A +c1 +c2
Pc =A -Qc =
3

c c
A -2c1 +c2 2
π1 =P *q -c q =(
1 1
c
1 1 )
3

c c
A -2c2 +c1 2
π2 =P *q -c q =(
2 2
c
2 2 )
3

Cet équilibre de marché apparait donc dans une situation où les firmes prennent leur
décision de production de manière isolée, sans communication entre elles.

4.3.2 Duopole de Stackelberg

A) Définition

Le duopole de Cournot correspond pour les firmes à une situation relativement


égalitaire ou symétrique. Aucune des deux firmes n’a une situation dominante. Or,
l’histoire des industries crée souvent des firmes dominantes soit parce qu’elles ont
un poids quantitatif importante et une part de marché élevée (exemple de Microsoft
dans le secteur de système d’exploitation, logiciels pour les compatibles PC) soit
elles ont un comportement agressif innovateur ( IBM dans le secteur des ordinateurs
compatible PC).

Stackelberg a imaginé une situation ou une des deux firmes a une idée du
comportement de son concurrent. Elle connait donc parfaitement la fonction de
réaction de ce concurrent et elle l’intègre dans un processus de décision. On appelle
alors cette firme le leader ou le meneur. Suite à sa décision de production, son
concurrent réagit en maximisant son profit et donc en suivant sa fonction de réaction.
π2 =P2(q1 +q2) -c2q2

Elle se contente de « suivre » le comportement du leader et c’est pour cette raison


qu’on l’appelle le suiveur ou follower. Dans ce cas, le suiveur considère que ses
décisions n’ont aucun impact sur le comportement du leader. Par contre, celles du
meneur ont un impact sur celles du suiveur. Il est donc le seul à avoir la conjoncture

55
de Cournot.

B) Equilibre de Stackelberg

Supposons que la firme 1 joue le rôle de leader, elle choisira donc la quantité q1 à
produire. La firme 2 qui est le suiveur réagit en choisissant une quantité q2 . Chaque
entreprise sait que le prix d’équilibre du marché dépend de la quantité totale
Q =q1 +q2. Si la firme 1 est le leader, son problème est donc le suivant :

Maxq π1(q1, q2) avec q2 = q2(q1)


1

Le meneur essaie donc d’atteindre le niveau le plus élevé de profit tout en respectant
la fonction de réaction du suiveur. En fait, il tient compte du fait que le suiveur
n’accepte jamais de produire une quantité qui ne maximise pas son profit.

Le meneur (firme 1) essaie donc de se placer sur sa courbe d’isoprofit correspondant


au profit le plus élevé possible et qui est tangente avec la courbe de réaction du
suiveur (firme 2).

La courbe d’iso profit représente les combinaisons de ( q1, q2 ) qui engendrent un


niveau constant de profit. En d’autre termes, les courbes d’iso profit sont constituées
de tous les points (q1, q2) qui satisfont les équations de la forme :

1 1
(q , q ) ̅ ̅
π1 1 2 = π ⇔q2 =γ(q1, π )

Dans le cas de notre exemple avec des fonctions de demande et de coûts linéaires
on a :

1 1
̅ ̅
1 1 (A -c1)q1 -q21 π dq2(q1, π )
(A -q1 -q2 -c1)q =̅
1
( ̅
π ⇒q2 q1, π ) = q1 - q1 avec 1
<0
̅

Pour un niveau donné q0 , un profit π1 plus élevé correspond à une production plus
faible pour le suiveur (q2). Les courbes d’isoprofit correspondent à des paraboles.

Application numérique : A =100; c1 =5; q1 =q; q2 =x

Courbes d’isoprofit :

(100 -q -x -5)q =700

56
(100 -q -x -5)q =1250

(100 -q -x -5)q =1000

π1 =1250

π2 =1000

π3 =700

Courbes d'isoprofit

Etant donné que les profits de la firme 1 (le meneur) augmente sur des courbes d’iso-
profit se rapprochant de plus en plus vers l’origine, cette firme va chercher un point
de tangence entre une courbe d’iso-profit et la fonction de réaction de la firme 2
(suiveur).

q2

R1

R2

S
qs2

qs1
q1
57
Algébriquement, la résolution de l’équilibre de Stackelberg est la suivante :

Le programme de maximisation du profit du meneur ou du leader est :

{
Max π1(q1,q2)
SC: q2 =q2*(q1) (R2)
⇔Max π1(q1,q2*(q1))

CPO :

dπ1(q1,q2*(q1))
=0
dq1

∂π1(q1,q2*(q1)) ∂π1(q1,q2*(q1)) ∂q2


Ou + * =0
∂q1 ∂q2 ∂q1

Dans le cas de notre exemple linéaire, on a :

π1 =[A -(q1 +q2)]q1 -c1q1

A -c2 1
π1(q1,q2*(q1)) = A -q1 -
[ (2 2 )]
- q1 q1 -c1q1

(2A -2q1 -A +c2 +q1)q1 -2c1q1


π1 =
2

dπ1(q1,q2*(q1)) 2A -4q1 -A +c2 +2q1 -2c1


= =0
dq1 2

A -2q1 -2c1 +c2


⇒ =0
2

A -2c1 +c2
⇒qs1 =
2

A -c2 1 A -2c1 +c2


qs2 =q2*(qs1) =
2 2
-
(
2 )
A -3c2 +2c1
Ou qs2 =
4

P =A -Qs

58
A -2c1 +c2 A -2c1 +c2 2
A -3c2 +2c1 2
⇒P =s
4
s
et π =
1
( 8 ) ; π =( s
2
4 )
Si on compare la situation de l’entreprise leader par rapport a Cournot, on a :

A -2c1 +c2 A -2c1 +c2


qs1 = >qc1 =
2 3

La situation de meneur améliore donc la situation de la firme leader par rapport à


l’équilibre de Cournot.

4.3.3 Duopole de Bowley

Nous avons étudié des types de concurrence en quantité

a) Firme 1 suiveur, firme 2 suiveur ⇒ duopole de Cournot


b) Firme 1 meneur, firme 2 suiveur ⇒ duopole de Stackelberg

Que peut on dire de Firme 1 meneur, firme 2 meneur ? C’est le duopole étudié par
Bowley.

Dans ce cas, les deux firmes essaient d’établir un point de tangence entre leurs
courbes d’iso profit et la courbe de réaction de leur concurrent.

q1
R1
S2

S1

πs1 R2

q2
Déséquilibre de Stackelberg

Comme l’indique le graphique, ces comportements sont incompatibles et il n’existe


pas d’équilibre dans ce cas. C’est le déséquilibre de Stackelberg ou oligopole de
Bowley.

Le déséquilibre de Stackelberg signifie que les deux entreprises produisent

59
globalement davantage que ce que ne désirent leurs consommateurs. Mais une telle
situation ne peut pas perdurer. On peut alors assister à une entente entre les deux
firmes qui deviennent partenaires. Ceci revient à transformer le duopole en monopole
avec plusieurs établissements (unité de production) ou à une guerre économique
entre les deux firmes, chacune d’elles ne voulant pas perdre la maîtrise du marché.
Dans ce cas il y aura à terme la disparition de l’une des deux firmes. On assiste alors
à un processus de concentration par suite de fusion ou d’absorption par une
opération OPA (offre publique d’achat). Dans ce cas également l’aboutissement
logique de cette guerre est le monopole.

4.3.4 Contraintes de capacité ou duopole d’Edgeworth

Admettons que c1=c2=c. La guerre de prix s’engage car chaque firme a intérêt à
suivre la baisse de prix de son concurrent, sinon elle perd toute la demande.
Mais si le concurrent ne peut satisfaire toute la demande qui s’adresse à elle, la firme
qui propose le prix le plus élevé peut conserver une demande. Elle aura alors moins
d’incitation pour suivre la baisse de prix de son concurrent. Ce type de situations peut
notamment résulter d’une capacité de production limitée des firmes. C’est le duopole
imaginé par Edgeworth ou duopole d’Edgeworth. Même si la demande qui s’adresse
à la firme peut doubler quand elle baisse son prix, elle n’aura pas nécessairement la
capacité de double sa production dans le court terme. Elle ne pourra alors servir
qu’une fraction des consommateurs qui sont prêts à acheter le bien à ce prix. Le reste
de la demande se trouve alors obligé de se retourner vers l’autre firme.
Considérons ce cas en supposant que les capacités de production des deux firmes
sont données et elles sont respectivement représentées par K1 et K2. Les contraintes
de capacité sont :
q1 ≤ K1 et q2 ≤ K2

Partons d’une situation initiale : p1 < p2. Dans ce cas, toute la demande s’adresse à la
firme 1 :

D1 (p1, p2) = D (p1)

Tous les consommateurs qui ont un prix de réserve supérieur à p1 désirent donc
acheter le bien chez la firme 1. Deux types de situations peuvent alors apparaître :
er
1 cas
K1 ≥ D (p1) La firme 1 a la capacité de satisfaire cette demande et la demande qui
s’adresse à la firme devient nulle. La firme 2 sera donc fortement incitée à baisser
son prix et la guerre de prix va s’engager. Si Ki ≥ D (c) , nous aboutirons à l’équilibre
de Bertrand.
ième
2 cas
K1 < D (p1). La firme 1 ne peut satisfaire cette demande et une partie de ces
consommateurs sera rationnée. La firme 2 aura alors le monopole sur cette
demande résiduelle.

Elle ne sera pas nécessairement incitée à baisser son prix.

60
Quelle est la composition de cette demande résiduelle ?
Cela dépendra de la manière dont les consommateurs sont rationnés. En effet, parmi
les consommateurs qui ont un prix de réserve supérieur à p1, seulement une fraction
K1 pourra obtenir ce bien. Mais nous n’avons a priori aucun mécanisme qui détermine
ce sous-ensemble de consommateurs. Cela dépendra du mécanisme de
rationnement qui est en vigueur dans cette industrie. Il peut y avoir un ensemble de
clients favorisés de la firme qui seront servis les premiers ou les premiers arrivés
seront servis les premiers.
Dans ce dernier cas, ceux qui désirent le plus le bien (ceux qui ont les prix de réserve
les plus élevés) peuvent se présenter avant les autres (rationnement efficace) ou
l’arrivé peut se faire de manière tout-à-fait aléatoire (rationnement proportionnel). La
demande qui restera à la firme 2 dépendra fondamentalement du mécanisme de
rationnement en vigueur.

A) Le rationnement efficace
La règle de rationnement efficace suppose que la demande résiduelle de la firme 2
soit donnée par :

{
D(p2) - K1 si D(p2 ) >K1
D(p2 ) = 0 sinon

Les consommateurs achètent d’abord chez 1 et ceux qui ne peuvent être servis se
retournent vers 2 : la firme 2 a une demande résiduelle qui est la translation de la
demande totale par K1.
On parle de rationnement efficace car ce mécanisme maximise le surplus des
consommateurs
: Si K1 < D (p1) , le dernier consommateur qui achète le bien a un prix de réservation
de p2 et il l’achète au prix p2 chez la firme 2.
Si les consommateurs pourraient échanger sans coût le bien entre eux, on arriverait
exactement à la même situation.

B) Le rationnement proportionnel

Selon cette règle, chaque consommateur a la même probabilité d’être rationné. La


probabilité de ne pas pouvoir acheter chez la firme 1 est donnée par :

D(p1) - K1
D(p1)

On appelle aussi cela le rationnement aléatoire.

La demande résiduelle qui s’adresse à la firme 2 est alors donnée par :

D(p1) - K1
D(p2) =D(p2).
D(p1)

Le second terme donne la proportion des consommateurs qui n’ont pu être servis

61
par la firme 1.

4.4 La concurrence en prix: le duopole de Bertrand

4.4.1 Définition du duopole de Bertrand

Dans ce modèle, la concurrence se fait par les prix: chaque entreprise cherche à
attirer davantage de clients en baissant son prix de vente ou à maximiser son
profit par le biais de son prix.

Soient P1 et P2 les prix des deux firmes, la demande qui s’adresse à chaque firme
est donnée par:

D1 (P1, P2) et D2 (P1, P2)

Par hypothèse et par simplification, les coûts unitaires de deux firmes c1 et c2


sont constants.

Le problème de chaque firme est alors donné par:

MaxP1 (P1 – c1) D1(P1,P2) pour la firme 1, et

Max P2 ( P2 - c2) D2 (P1, P2) pour la firme 2.

Le bien étant homogène, les consommateurs ne font pas de différence entre


les produits des deux firmes et chaque firme sert toute la demande qui
s’adresse à elle.

Si un firme baisse son prix, alors elle attire toute la demande du marché vers
elle, soit D(P).

Si le deux firmes appliquent le même prix alors elles se partagent la demande


de manière à satisfaire la demande du marché.

Les demandes individuelles dans cet exemple sont par:

Si P1 < P2 alors D1(P1,P2) = D(P1) et D2(P1,P2) = 0

Si P1>P2 alors D1(P1,P2)=0 et D2(P1,P2) = D2(P2),

Si P1 = P2 =P alors D1(P,P) + D2(P,P) = D(P) ,

Exemple D1(P,P) + D2(P,P) = D(P)= ½ D(P)

Par conséquent, tant que son prix reste supérieur à don coût unitaire ci, la
firme i a intérêt à casser les prix pour récupérer la totalité de la demande.
Mais cela est aussi vrai pour son concurrent j.

62
Autrement dit, si l’on part d’une situation où les prix des deux firmes sont
égaux :

P1=P2=P, D1(P,P)=D2(P,P) = ½ D(P),

Alors la firme 1 a intérêt à baisser son prix à P- ε si:

(P1 – ε – c1) D(P – ε)> (P-c1) . ½ D(P)

(P1 – ε – c1) D(P – ε) est le profit de monopole avec P - ε tandis que (P-c1) . ½
D(P) est le profit du duopole avec P, ou ∏m > ∏d.

Ce raisonnement n’est valable que si la firme 1 considère que la firme 2 ne va


pas changer son prix (conjonctures de Bertrand). Avec ses conjonctures
(équivalentes à celles de Cournot pour les prix), chaque firme a intérêt à
baisser son prix pour se retrouver en situation de monopole.

4.4.2 Equilibre du duopole de Bertrand

L’équilibre de Bertrand consiste à déterminer (P1* et P2*) qui maximisent le


profit du duopole. Considérons l’hypothèse des coûts unitaire symétriques
avec c1=c2=c.

Peut-on avoir un équilibre si P1>P2?

Dans ce cas nous aurions:

∏1 = (P1* – c) . 0 = 0 et

∏2 = (P2* –c ) D(P2*) > 0 si P2*> C

Dans ce cas de figure, la firme 1 a intérêt à baisser son prix à P2* - ε (P1* = P2*
- ε) pour espérer obtenir le monopole et avoir des profits positifs. Donc cela ne
peut pas être un équilibre.

Peut-on avoir P1* = P2* = P >C à l’équilibre?

Dans ce cas la firme 1 obtiendrait:

∏1 = (P* - c) ½ D(P*) >0.

Mais en baissant légèrement son prix de ε(P* - ε), elle obtiendrait un profit:

∏1 = (P* - ε - c) 1/2 D(P*- ε) > (P* - c) ½ D(P*)

Donc à l’équilibre, on ne peut pas avoir:

P1*= P2* = P > c

63
Peut –on avoir P1*< P2*<c à l’équilibre?

Non car dans ce cas les firmes auront des profits négatifs et ne pourront pas
rester sur le marché (elles vont quitter le marché).

Donc le seul équilibre possible du duopole de Bertrand symétrique (c1=c2=c)


est obtenu quand:

P1*=P2*=P*=c et ∏j = (P* -c ) – ½ D(P*) = 0

A partir de cette situation, aucune firme n’a intérêt à modifier son prix. On
aboutit alors à ce qu’on appelle le paradoxe de Bertrand.

Le paradoxe de Bertrand: on a un duopole (avec un certain pouvoir de


marché) qui, à l’équilibre, possède les mêmes propriétés que la concurrence
parfaite: prix égale coût marginal et profit nul ( P = cm et ∏ = 0).

4.5 La collusion ou solution de Fellner


4.5.1 Définition

La collusion est la reconnaissance de l’interdépendance de firmes. Celles-ci adoptent


un comportement coopératif. Autrement dit, elles prennent leurs décisions de
manière coordonnée contrairement au cas de Cournot et de Stackelberg (non
coopératif). Dans cette situation elles peuvent constituer un cartel pour fixer
ensemble leurs quantités. Le cartel est défini comme un groupe d’entreprise qui
forment une coalition de façon à se comporter comme un monopole unique et à
maximiser leurs profits. Dans le cas du cartel, les quantités résultent d’une
négociation entre les firmes, la négociation entre deux firmes permet de définir les
quotas de production q1 et q2 que les deux firmes s’engagent à respecter. L’issu de la
coopération peut être représenté par un contrat (q1, q2) qui définit les productions de
chaque firme.

Deux conditions définissent les contrats possibles

- Pour que le contrat soit retenu, il ne doit pas exister d’autres contrats qui
augmentent le profit de l’une des entreprises sans réduire celui de son
concurrent. Si tel n’était pas le cas, les deux entreprises auraient intérêt à
poursuivre la négociation.

64
- Le contrat doit garantir un profit positif à chaque entreprise, faute de quoi elle
préfèrerait se retirer. C’est la clause de la rationalité individuelle.

4.5.2 La maximisation du profit

Si la collusion est possible, l’objectif du cartel devient alors la maximisation du profit


total du secteur : les entreprises vont la suite partager ce profit maximal. Leur
problème devient alors :

Maxq ,q π =π1 +π2


1 2

π =P(q1 +q2) *(q1 +q2) -c1q1 -c2q2

CPO :

∂π ∂P(.)
=0⇒P(q1 +q2) +(q1 +q2) =Cm (q1) 1
∂q1 ∂q1

∂π ∂P(.)
q
=0⇒P( 1 + q q
2) +( 1
+ q 2) =Cm (q2)
2
∂q2 ∂q2

Quand l’entreprise évalue l’augmentation de sa quantité, elle tient également compte


de l’impact sur le profit de son partenaire de la baisse du prix.

Si nous reprenons notre cas linéaire, l’ajustement de la quantité suppose


l’augmentation des coûts marginaux. L’ajustement de la quantité n’est possible que
si c1 =c2 =c

π =(A -q1 -q2)(q1 +q2) -c(q1 +q2)

CPO :

∂π
=0⇒(A -q1 -q2) -(q1 +q2) =c (1)
∂q1

∂π
=0⇒(A -q1 -q2) -(q1 +q2) =c (2)
∂q2

On voit que les équations des conditions d’optimalité sont redondantes. Pour
résoudre ce système d’équation, on peut choisir (1) ou (2)

Posons Q =q1 +q2

65
(1) ⇒ A -(q1* +q2*) -(q1* +q2*) =c

A -Q * -Q * =c

A -2Q * =c

A -c A +c A -c 2
Q* =
2
; P* =
2
et π = ( )
2

Cette solution correspond à celle du monopole, donc en s’associant, les deux firmes
sont capables d’atteindre le profit du monopole. Le problème qui reste est le partage
du profit c’est – à – dire la part à attribuer à chaque firme. Cette part dépend du
pouvoir de négociation de chaque firme. Il peut également avoir des possibilités de
transfert de revenu entre les firmes. Dans ce cas également, le pouvoir de
négociation va encore jouer un rôle déterminant.

Une fois le profit déterminé, il reste toutefois un problème: quelle doit être la part de
chaque firme? Cela dépend du pouvoir de négociation de chaque firme. S’il y a des
possibilités de transferts de revenus entre les firmes, le pouvoir de négociation de
chaque firme va encore jouer dans la détermination des profits individuels.

NB : la cartellisation est en général interdite par réglementation de la concurrence.

4.5.3 Le problème de l’autodiscipline

La cartellisation a un autre problème qui est celui de l’autodiscipline ou de la stabilité.


Le cartel a pour objet de réduire la production afin de pouvoir fixer des prix
supérieurs aux coûts marginaux. Cependant, le problème du cartel est que chacun de
ses membres est tenté de tricher. En effet si tous les autres membres du cartel
limitent leur production de sorte que le prix soit supérieur au coût marginal, le dernier
membre peut tenter d’augmenter sa production et tirer profit du prix supérieur. On dit
que cette entreprise se comporte en passagers clandestin. Autrement dit, les
entreprises paient le prix de la collusion en baissant leur production tandis que le
passager clandestin bénéficie du prix élevé sans renoncer à réduire ses ventes
cependant. Si le nombre des membres qui trichent en augmentant leur production au
-delà du niveau convenu est très important, le cartel s’autodétruit. . Autrement dit, il
existe un problème de stabilité dans les cartels. (les cartes sont instables) .

On peut monter ce problème de stabilité en reprenant l’une des équations de la


condition d’optimalité. Supposons que la firme 1 envisage d’augmenter sa production
à partir de la solution du cartel. A-t-elle intérêt à le faire?

66
Dans ce cas la condition d’optimalité du cartel implique:

CPO :

∂π ∂P
=0⟹P(q1* + q2) + (q1* +q2) - cm1 (q1) =0
∂q1 ∂q1

∂P ∂y
P(q1* + q2) + (q1*) - cm1(q1) +(q2) =0
∂q1 ∂x

∂P ∂P
P(q1* +q2) +(q1) - cm1(q1) = -(q1*) >0
∂q1 ∂q1

∂P
(q1*) est le profit marginal de la firme 1 et ce profit est positif à
∂q1
l’optimum du cartel. Ce qui veut dire que la firme sera tenté d’ augmenter sa
production si elle pense que son partenaire ne va pas modifier la sienne. Par
conséquent si les firmes ne peuvent pas observer les quantités individuelles, cela
va déboucher dans un duopole de Cournot où chaque firme va obtenir en fin de
compte, des profits plus faibles que dans le cartel.

4.6 Quel modèle pour l’oligopole

Cela dépend des connaissances empiriques que nous possédons sur l’entreprise que
nous étudions.

- Pour certaines industries où la coordination des activités des firmes est interdite
ou difficile à réaliser, les modèles non coopératifs sont adaptés. Si la position
des firmes est fortement asymétrique, une concurrence du type Stackelberg est
possible.
- Si les firmes sont plutôt similaires en taille et en position du marché, celle du
coté de Cournot (ou de Bertrand) que la concurrence est possible. C’est
l’exemple des biens de consommation courante.
- Si la coordination est possible, alors la collusion convient (exemple de l’OPEP)
mais elle est à surveiller de près et en n’omettant pas les problèmes qu’elle
cause.

67
Chapitre 5 : L’équilibre général

Définition

Dans l’équilibre partiel on suppose fixer certains prix et certains revenus. Dans la
réalité tous les marchés sont liés et toutes les quantités doivent être déterminées
simultanément par un modèle mettant en jeu l’ensemble des comportements et des
relations entre agents. l’équilibre général consiste donc à montrer que les
comportements des agents (maximisation de l’utilité pour les consommateur et
maximisation du profit pour les producteurs) déterminent un système de prix tel que
chaque marché soit équilibré (égalité entre les quantités vendues et demandées).

Le modèle de base de Walras sert à illustrer l’équilibre général. Ainsi un


consommateur a un double rôle. Il vend ses services c’est – à – dire sa force de

68
travail aux entreprises et achète les biens. De même un producteur est caractérisé
par les fonctions d’offre de biens (output) et les fonctions de demande de services
(input).

Considérons deux consommateurs A et B qui possèdent deux facteurs de


productions K et L et qui sont utilisés par deux firmes produisant deux biens X et Y.
On peut décomposer 18 équations :

- Fonction de demande des consommateurs : 2*2=4 fonctions de demande


- Fonction d’offre des facteurs : 2*2=4 fonctions d’offre des facteurs
- Fonction de demande de biens : 2*2=4 fonctions de demande
- Fonction d’offre de biens : 2*1=2 fonctions d’offre de biens
- Equilibre des marchés des biens : 2 équations (X et Y)
- Equilibre des marché des facteurs : 2 équations (K et L)

A ces 18 équations correspondent 18 inconnues :

- Quantité demandée de X et Y par les consommateurs : 2*2=4


- Quantité offerte de K et L par les consommateurs : 2*2=4
- Quantité demandée de K et L par les firmes : 2*2=4
- Quantités X et Y offerte par les firmes : 2
- Prix des biens X et Y : PX et PY : 2
- Prix des facteurs K et L : ω et r : 2

On a une égalité entre le nombre d’équation et le nombre d’inconnues. Cette égalité


n’est pas une condition nécessaire ni suffisante à l’existence de solution du faite que
les 18 équations ne sont pas indépendantes.

On peut trouver une solution lorsqu’on connait la solution des 17 entre elles. Alors la
ème
18 solution est déterminée.

La loi de Walras stipule que si on a n marché et que l’équilibre est réalisé sur n -1
marchés, alors il l’est automatiquement sur le nième marché.

Représentation du processus d’échange : le diagramme d’Edgworth (boite)

On se place dans une économie ou la quantité totale des biens est donnée (il n’ya
pas de production). On a donc uniquement des consommateurs qui, à partir de leur
dotation initiale de biens procèdent à des échanges en vu d’améliorer leur bien être.
Cette situation est qualifiée d’économie d’échange pure. Pour simplifier, supposons
qu’il ya deux consommateurs (i =1, 2) et deux biens (h =1, 2).

69
wih représente la dotation initiale du consommateur i en bien h . Exemple w21 est la
dotation initiale du consommateur 2 en bien 1.

Grace à l’échange, les consommateurs sont capables d’adapter leurs


consommations à leur goût. Ils obtiennent alors des consommations finales
représentées par xih. x21 est la consommation finales du consommateur 2 en bien 1.

Chaque consommateur cherche à maximiser son utilité. On peut représenter ces


différentes utilités par des courbes d’indifférences.

x22
x12

u2
u1
u
0 0
Consommateur 2 x21 Consommateur 1 x11

Pour obtenir le diagramme d’Edgeworth, on combine ces deux graphiques de


manière à obtenir un double système d’axe dans le même graphique.

Diagramme d’Edgeworth

x12 w21
0'
x21

A
w12 w22

w1 =w11 +w21

w2 =w12 +w22
1
0 x 1
1
w 1
70
x22
Le point A correspond à une distribution possible de dotation initiale. (w11, w12)
représente le panier de bien que le consommateur 1 peut consommer s’il ne participe
à l’échange. (w21, w22) indique le panier de bien pour le consommateur 2.

Le diagramme d’Edgeworth illustre graphiquement l’interaction entre deux agents


économiques quand les prix sont fixés. Autrement dit, c’est un instrument graphique
permettant d’étudier l’équilibre général quand il ya deux consommateurs et deux
biens.

L’échange ou l’équilibre des marchés


L’échange permet au consommateur d’atteindre n’importe qu’elle point dans la boite
d’Edgeworth. Mais un consommateur ne participe pas à cet échange que si cela
améliore son bien être par rapport à sa situation initiale.

x12 w21
2
O'
x 1
A
w12 w22
.F .G u3
u'1 Echange et courbe de contrat
.B

u1 u2

u'3 u'2
x11
O w11
x22
Comment s’effectue l’échange ?

A partir du point A, le consommateur 1 ( O ) est prêt à obtenir le panier G mais le


consommateur 2 ( O' ) n’acceptera pas un tel échange car sa satisfaction y est plus
faible. La situation inverse s’observe pour le panier F. Par contre, les deux
consommateurs seraient prêts à échanger en vue d’obtenir le panier B. Le
consommateur 1 reçoit dans ce cas du bien 1 en échange du bien 2 inversement
pour le consommateur 2.

La zone comprise entre les deux courbes d’indifférence représente donc la région

71
d’avantage mutuel qui contient les paniers qui améliorent la situation des deux
consommateurs par rapport à leurs dotations initiales. Les deux consommateurs
vont échanger jusqu’à ce que disparaissent cette région.

courbe de
contrat

Lorsque la région d’avantage mutuel est vide, elle correspond au point E, on obtient
alors des courbes d’indifférence tangentes les unes aux autres. Les lieux
géométriques des points de tangence s’appellent la courbe de contrat. A partir d’un
point de la courbe de contrat il n’est pas possible d’améliorer la satisfaction d’un
consommateur sans détériorer celle de l’autre. Cette courbe est la représentation
géométrique des optima de Pareto.

Définition : une allocation est un optimum de Pareto, s’il n’est pas possible
d’améliorer la situation d’un individu sans détériorer celle d’au moins un autre
individu.

Propriété de l’optimum de Pareto

- Il n’est pas possible d’accroitre la satisfaction de toutes les personnes


impliquées dans l’échange

- Il n’est pas possible d’accroitre le niveau de satisfaction d’un individu sans


réduire le niveau de satisfaction d’un autre

Tous les gains d’échange ont été exploités, il n’est pas possible d’effectuer des
échanges mutuellement avantageux

Comment s’effectue l’équilibre des marchés ?

Supposons qu’il existe des marchés pour ces deux biens et que le prix du bien h soit
ph. On aura : p1 le prix du bien 1 et p2 le prix du bien 2.

La valeur de la dotation initiale du consommateur i est donnée par :

Ri =p1wi1 +p2wi2 ou Ri est la richesse initiale du consommateur i

72
Le panier que le consommateur peut acheter est alors contraint par cette richesse
initiale. Cela nous donne sa contrainte budgétaire.

p1xi1 +p2xi2 =p1wi1 +p2wi2 i =1, 2

Ou p1(xi1 -wi1) +p2(xi2 -wi2) =0

xih -wih est la demande nette du consommateur h pour le bien i.

Si xih >wih autrement dit si la demande nette est positive alors on a un achat

Si xih <wih on a alors une vente.

R1 p1 1
Pour le consommateur 1 on a R1 =p1x11 +p2x12⇒x12 = - x
p2 p2 1

p1
représente la pente de la droite de budget. Graphiquement l’équilibre du
p2
consommateur est le suivant :

x12

A
1
w 2

E
x12

x11
w11 x11

Nous avons un problème similaire pour le consommateur 2. L’équilibre général sur


ces deux marchés est obtenu au diagramme d’Edgeworth

x21
O'

73

M équilibre dans la boite


x12 x22
L’équilibre signifie que la quantité du bien 1 que la consommateur 1 désire acheter
est exactement la même que le consommateur 2 désire vendre et il en est de même
pour le bien 2.

Définition

L’équilibre générale d’une économie d’échange pure est une allocation des biens tels
que :

1- Chaque consommateur maximise sa satisfaction

2- Les marchés sont soldés c’est – à – dire l’offre globale du bien est égale à sa
demande globale.

Etant donné que les consommateurs font face aux mêmes vecteurs de prix, leur
optimum simultané correspond à la même pente de la tangente de leur courbe
d’indifférence.
p1
TMS1 =p =TMS2
2

L’équilibre et l’optimum social

L’allocation d’équilibre appartient à la région d’avantage mutuel et à la courbe de


contrat. Cette appartenance entraine deux propriétés :

La première propriété dit que les agents ont toujours la possibilité de consommer
leurs dotations initiales.

La deuxième propriété implique que l’équilibre est nécessairement un optimum de


Pareto (possibilités d’échange mutuellement avantageux et épuisées). Cette
deuxième propriété permet de mettre en évidence deux théorèmes du bien être :
er
1 théorème du bien être : Tout équilibre concurrentiel est un optimum de Pareto

74
ème
2 théorème du bien être : A condition que les préférences soient convexes, toute
allocation au sens de Pareto peut être réalisée par un équilibre concurrentiel
(propriété inverse du premier).

Ces deux théorèmes sont à la source de l’idéalisation des marchés concurrentiels


par la théorie économique.

75

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