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Titre du cours
ECONOMIE INDUSTRIELLE
(ECOINDUS)
Enseignant :
BEKE TITE EHUITCHE, Ph.D
UFRSEG, Université d’Abidjan
CIRES
Mail : beketite@yahoo.fr
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Cours d’Economie Industrielle
Descriptif du cours
Ce cours d’économie industrielle (ECOINDUS) traite des théories les plus récentes sur l’organisation
des entreprises et des marchés. Dépassant le paradigme traditionnel structure-conduite-performance,
il fait une large place aux nouveaux développements de la microéconomie : théorie des marchés
contestables, des jeux et de la réglementation.
Objectifs généraux
Le cours vise à familiariser les étudiants avec les outils microéconomiques utiles à l'analyse de la
structure des marchés et des entreprises, ainsi que de leurs interactions. Ce cours développe une
approche réaliste et détaillée du fonctionnement des entreprises et des marchés, complétant ainsi un
cours de microéconomie de base où seuls les modèles idéaux sont abordés.
Stratégies d’enseignement
La méthode pédagogique privilégiée dans le cadre de ce cours comprend les modes d’intervention
suivants : exposés de l’enseignant et analyses de thèmes dont la synthèse est présentée par les étudiants.
Moyens d’enseignement
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Cours d’Economie Industrielle
Thèmes et contenus
Introduction générale
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Cours d’Economie Industrielle
Chapitre 3 : Le monopole
3.1. Comportement du monopole
3.1.1. Maximisation du profit
3.1.2. Pouvoir de monopole
3.2. Perte sèche due au monopole
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Cours d’Economie Industrielle
Bibliographie
Arrow, Kenneth (1962) « Economic Welfare and the Allocation of Resources for Invention »
Princeton University Press.
Akerlof, George (1970) “The Market for “Lemons”: Quality Uncertainty and the Market Mechanism”.
Quarterly Journal of Economics 84: 488-500.
Baumol, William, Panzar et R; Willig (1982) Contestable Markets and the Theory of Industgry
structure, New York
Varian, Hal (1984) Microeconomic Analysis; New York.
Dennis W. Carlton and Jeffrey Perloff (1998) Economie Industriel, De Boeck Université.
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Cours d’Economie Industrielle
Introduction Générale
L’économie industrielle commence sans conteste par se définir comme la branche de la théorie
une deuxième dimension plus intérieure et qui concerne l’organisation interne des firmes. Un
dernier aspect de l’économie industrielle qui est beaucoup plus récent analyse la réglementation
des marchés.
l’introduction des imperfections du monde réel : barrières à l’entrée de nouvelles entreprises sur
industrielle étudie l’organisation des entreprises et la façon dont elles entrent en concurrence dans
le monde réel.
Dans cette introduction, nous indiquons quelles sont les lignes conductrices du cours. Il existe au
présentation de l’économie industrielle. La seconde est la théorie des prix, qui recourt
satisfaire les consommateurs) dépend de la conduite (ou comportement) des entreprises, laquelle
1
Ensemble des facteurs qui concourent à la compétitivité d’un marché.
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Cours d’Economie Industrielle
d’interprétation.
microéconomique de l’entreprise en concurrence parfaite. La théorie sur les structures de base des
marchés est traitée dans le Chapitre 2. Dans ce chapitre, une attention particulière est accordée aux
coûts parce qu’ils sont essentiels à l’explication de la structure du marché. La première partie de
aux entreprises en concurrence, les entreprises oligopolistiques s’attendent à ce que leurs rivaux
coopèrent pas (Chapitre 4). Enfin, le Chapitres 5 donne un aperçu des autres stratégies des
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Cours d’Economie Industrielle
- La concurrence est une structure de marché caractérisée par un grand nombre d’acheteurs
et de vendeurs potentiels sans barrières à l’entrée ni à la sortie ;
- En monopole, une seule entreprise vend son produit à de nombreux acheteurs et aucune
autre entreprise ne peut entrer sur le marché ;
- Réciproquement, lorsqu’une seule entreprise acheteuse est face à de nombreux vendeurs,
il s’agit d’un monopsone ;
- En oligopole, un petit nombre de vendeurs offrent un produit homogène à de nombreux
acheteurs. Lorsqu’il y a deux offreurs, on parlera de duopole.
- Réciproquement, l’oligopsone est caractérisé par un petit groupe d’entreprises acheteuses
qui font face à de nombreux vendeurs.
- En concurrence monopolistique, il y a plusieurs firmes qui produisent des biens qui sont
de proches substituts sans toutefois être parfaitement homogènes.
Cette première partie du cours commence par étudier la concurrence parfaite car elle sert à évaluer
les autres formes de marché. Les points essentiels de cette partie peuvent être résumés ainsi : (1)
la concurrence a de nombreuses propriétés bénéfiques ; (2) la liberté d’entrée ou de sortie du
marché est une condition essentielle de l’efficacité du mécanisme concurrentiel ; (3) la
concurrence maximise le bien-être ; (4) les effets positifs de la concurrence se réduisent en
présence d’externalité ; (5) lorsque toutes les conditions de la concurrence parfaite ne sont pas
réunies, les marchés conservent certaines propriétés de la concurrence parfaite.
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Cours d’Economie Industrielle
La concurrence parfaite est rare. Peut-être même n’existe – elle pas en réalité. Nous l’étudions
malgré tout car c’est un modèle idéal servant de référence pour évaluer les autres formes de
concurrence. Dans les chapitres suivants, nous examinerons comment les marchés réels s’écartent
de la concurrence parfaite et quels sont ceux qui s’en écartent le plus.
Les économistes valorisent généralement la concurrence, car cette structure de marché a des
propriétés particulièrement intéressantes. Toutefois, il faut se garder de penser qu’un marché qui
n’est pas parfaitement concurrentiel serait nécessairement plus performant s’il devenait
concurrentiel.
La concurrence parfaite est une structure de marché dans laquelle un grand nombre d’entreprises
produisent un bien homogène pour de nombreux acheteurs. Il n’y a ni barrières à l’entrée, ni
barrières à la sortie, les producteurs et les consommateurs sont parfaitement informés, ne
supportent aucun coût de transaction et n’ont pas d’influence sur le prix. Pour résumer, les
principaux postulats de la concurrence parfaite sont :
2. L’atomicité des vendeurs et acheteurs : les entreprises et les consommateurs sont nombreux et
les ventes ou achats de chaque unité prise individuellement sont très petits par rapport au volume
global des transactions.
4. La Mobilité parfaite des ressources : les facteurs de production sont parfaitement mobiles entre
les différents emplois possibles et les différents secteurs de l’économie.
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Cours d’Economie Industrielle
5. La transparence du marché : les acheteurs et les vendeurs disposent de toutes les informations
utiles concernant le marché. En particulier, ils connaissent le prix et la qualité du produit.
L’objectif de toute entreprise, y compris l’entreprise concurrentielle, est de maximiser ses profits
ou de façon équivalente, de minimiser ses pertes.
Elle consiste à déterminer le profit comme la différence entre la recette totale et le coût total
d’exploitation de la firme. Le profit sera maximisé pour le niveau d’output qui maximise la
différence entre la Recette totale et le Coût total.
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Elle et utilisée en particulier lorsque l’hypothèse de divisibilité parfaite de la production n’est pas vérifiée.
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Cours d’Economie Industrielle
Q P RT CT Π
100 8 800 2000 -1200
200 8 1600 2300 -700
300 8 2400 2400 0 PEE
400 8 3200 2524 676
500 8 4000 2775 1225
600 8 4800 3200 1600
650 8 5200 3510 1690 𝚷𝒎𝒂𝒙
700 8 5600 4000 1600
800 8 6400 6400 0 PEE
PEE3 : point d’équilibre d’exploitation
𝑃 est le prix (ce prix est une donnée pour l’entreprise en concurrence parfaite),
max Π = 𝑃𝑄 − 𝐶(𝑄)
𝑄
𝛿Π
= 𝑃 − 𝐶 ′ (𝑄) = 0 ⟺ 𝑃 = 𝐶 ′ (𝑄) = 𝐶𝑚
𝛿𝑄
3
Seuil de rentabilité ou point mort.
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Cours d’Economie Industrielle
L’égalité entre le prix et le coût marginal est la condition nécessaire de maximisation du profit en
concurrence parfaite.
𝛿 2Π
= −𝐶 ′ (𝑄) < 0
𝛿𝑄
La condition de second ordre de maximisation du profit (Π) nécessite que la dérivée seconde soit
négative, ce qui signifie que le coût marginal doit être croissant pour le niveau de production
d’équilibre (la valeur de l’output qui maximise Π).
Cm CTM
P P = Rm= Cm
CVM
qs Q* Q
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Cours d’Economie Industrielle
- L’équilibre de court terme de la firme est réalisé au point E où le coût marginal est égal au
prix.
- Tout niveau de production inférieur à 𝑄 ∗ correspond au 𝐶𝑚 < 𝑃 : dans ce cas,
l’augmentation de la production entraîne un accroissement plus que proportionnel de la
recette totale par rapport au coût total. L’entreprise peut accroître son profit en augmentant
sa production tant que cette inégalité se maintient.
- Par contre si le niveau de production est supérieur à 𝑄 ∗ alors le 𝑃 < 𝐶𝑚 . Dans ce cas, tout
accroissement du niveau de production entraîne une hausse du coût total qui excède
l’augmentation de la recette totale. En conséquence, le niveau de profit se réduit. Il est donc
nécessaire de réduire le niveau de production afin d’accroître le profit Π.
Ces deux cas limites indiquent que le profit de court terme en CPP est maximisé uniquement au
niveau de production qui réalise l’égalité entre le coût marginal et le prix du bien.
- Si le prix du bien, P > Coût Total Moyen (CTM) alors la firme maximise ses profits ;
- Si P < CTM mais P > CVM (CVM < P < CTM) ( Si le prix est inférieur au CTM mais
supérieur au CVM) la firme minimise ses pertes totales.
- Si P < CVM, la firme minimise ses pertes totales et ferme ses portes (Elle n’arrive pas à
couvrir les coûts de ces facteurs de production variables).
Une entreprise ne produit que si c’est profitable, c'est-à-dire si ses recettes sont supérieures aux
coûts récupérables (les sommes que l’entreprise récupère si elle arrête de produire et vend ce
qu’elle possède). Au-delà du montant correspondant aux coûts récupérables, tout supplément de
recette correspond à une quasi-rente, c'est-à-dire un revenu supplémentaire à ce qui est strictement
nécessaire au fonctionnement de l’entreprise.
Pour simplifier, supposons maintenant que tous les coûts fixes sont irrécupérables. Un exemple de
coût fixe irrécupérable est celui des droits d’inscription au registre du commerce. Ces droits ne
sont pas remboursés en cas de cessation d’activité. Si tous les coûts fixes sont irrécupérables, la
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Cours d’Economie Industrielle
partie récupérable des coûts est juste égale aux coûts variables car ceux-ci sont évités si l’entreprise
décide de stopper sa production.
Aussi la règle qui préside à la décision de produire ou non doit être : ne produire que si les recettes
sont au moins égales aux coûts variables. De façon équivalente, l’entreprise ne doit produire et
vendre au prix P que si P est égale ou supérieur au Coût Variable Moyen (CVM).
Si le prix est inférieur au minimum du coût moyen (P < min CM) mais supérieur au minimum du
CVM (min CVM < P < min CM)4, il est profitable pour une entreprise de produire plutôt que de
fermer. Autrement dit, il vaut mieux produire et encaisser l’excédent des revenus sur les coûts
variables que de fermer et de n’avoir plus aucun revenu (car cela permet en partie de compenser
les coûts fixes irrécupérables).
On appelle courbe d’offre de la firme, la courbe qi indique la quantité qu’elle souhaite produire
pour chaque prix possible. En concurrence parfaite, la courbe d’offre d’une entreprise correspond
à la partie de la courbe de coût marginal située au dessus de la courbe de coût variable moyen (ou
au dessus du minimum du coût variable moyen ou seuil de fermeture).
- la fonction d’offre n’est pas définie pour des niveaux de prix inférieurs à P0
- la fonction est obtenue à partir de la condition de Π max ; ie P=Cm
- puisque le Cm de court terme dépend de la quantité produite, l’offre sera positive dans les
conditions suivantes :
- si P≥Min CVM⇒ Si = Si (P) : la firme produit
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Le coût moyen minimum est supérieur au minimum du coût variable moyen à court terme.
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Cours d’Economie Industrielle
P Cm CTM
CVM
q0 q1 q2 q3 q
Exercice d’application
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Cours d’Economie Industrielle
La courbe d’offre de l’industrie est obtenue en faisant la somme horizontale des courbes d’offre
individuelles des firmes ; que ce soit dans le court terme comme dans le long terme.
Supposons qu’il y ait 2 entreprises A et B. La courbe d’offre de chacune est la portion de sa courbe
de coût marginal (Cm) située au-dessus du prix de fermeture.
Cm S0 S1
P0 A CVM P0 E0
Profit maximum
P1 C B P1 E1
q1 q0 Q0 Q1
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Cours d’Economie Industrielle
Soit un ensemble de firmes ayant la même taille et représentées par la fonction de Cm à partir
duquel un équilibre initial (E0) permet d’obtenir les valeurs (P0, q0 et Q0). Au prix P0, chaque firme
atteint un équilibre de court terme au point (A) où le coût marginal est égal au prix (Cm=P). A ce
point d’équilibre, chaque firme de la branche produit la quantité (q0) qui lui permet de réaliser un
profit économique pur ou profit maximum. (AB x q0).
Puisque chaque firme de la branche réalise des profits économiques purs, il y aura de nouvelles
firmes qui feront leur entrée sur le marché. Par conséquent la courbe d’offre de la branche va passer
de S0 à S1 : ce qui accroît la quantité offerte dans la branche de Q0 à Q1, mais le prix d’équilibre
est réduit à p1. Cette baisse de prix entraîne une réduction de la quantité offerte par chaque firme
de q0 à q1.
Au prix P1, chaque firme produit la quantité (q1) qui égalise le prix (P1) au coût marginal (point
C), i.e au minimum du CVM. Il s’agit là du point d’équilibre de long terme où les firmes de la
branche ne réalise ni profits économiques purs ni pertes mais plutôt des profits comptables ou
profits normaux.
Le graphique 1.4 : ci-dessous résume l’équilibre de long terme d’une firme en CPP
EL
PE
P=RM=CMC=CML=CmC=CmL
qE q
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Cours d’Economie Industrielle
L’équilibre de long terme (EL) et atteint au point où le CTM de long terme est égal au prix de
marché (PE=CTML). La firme réalise des profits ou des pertes selon que l’une ou l’autre des
conditions suivantes se vérifie :
- Si PE > CTML : les firmes réalisent des profits économiques purs et de nouvelles firmes
font leur entrée sur le marché et la quantité offerte augmente,
- Si PE < CTML : il y a des firmes de la branche qui subissent des pertes économiques : pures
celles-ci vont quitter la branche.
- Au point d’équilibre final (EL) les firmes ne réalisent ni profits économiques purs, ni pertes
économiques pures. Il n’y a donc pas d’incitation à l’entrée de nouvelles firmes car les
entreprises existantes ne réalisent que des profits comptables ou profits normaux réalisables
dans n’importe quelle autre branche en CPP. Pour ces mêmes raisons les firmes ne
quitteront pas la branche. A ce point d’équilibre de long terme, il est donc nécessaire que :
PE=RM=CMC=CML=CmC=CmL.
Dans une industrie en CPP à coûts constants, les prix des facteurs de production restent constants
avec l’accroissement du nombre de firmes. Dans une telle industrie le prix d’équilibre de long
terme est déterminé au minimum du coût moyen de court terme et de long terme.
S’agissant d’efficience et de bien-être, les marchés concurrentiels ont des propriétés bénéfiques.
Rappelons qu’un équilibre concurrentiel est caractérisé par l’équilibre de l’offre et de la demande
et si toutes les entreprises sont identiques, le profit de chacune est nul à long terme.
1.4.1. Efficience
Le prix et la quantité qui caractérisent l’équilibre concurrentiel reflètent deux propriétés de cet
équilibre : l’efficience de la production et l’efficience de la consommation.
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Cours d’Economie Industrielle
A. Efficience de la production
La production est efficiente dans le sens où tous les produits sont fabriqués au coût minimum.
Autrement dit, aucun réagencement des ressources (telles que le travail, les machines et les
matières premières) entre les entreprises ne permettrait d’augmenter la production d’un produit
sans réduire celle d’au moins un autre. (Nous sommes sur la FPP).
B. Efficience de la consommation
La quantité consommée de chaque bien correspond aussi au critère de l’efficience : la valeur qu’un
acheteur accorde à la consommation d’un bien est exactement égale au coût marginal de production
de ce bien. Aucune autre répartition des biens entre les consommateurs ne pourrait améliorer le
bien-être d’un consommateur sans réduire celui d’au moins un autre.
1.4.2. Bien-être
Pour toute distribution donnée du revenu, la concurrence maximise le bien-être. Pour le montrer,
nous expliquons de quelle facon l’on mesure les gains et les pertes des consommateurs et des
producteurs, de facon à comparer les différentes structures de marché sous ce rapport. Nous
pourrons alors utiliser ces instruments pour évaluer les effets socialement négatifs de tout écart par
rapport à la situation de concurrence (comme l’écart introduit par le prélèvement d’impôts).
On appelle surplus du consommateur, la différence entre la somme maximale de monnaie qu’il est
disposé à payer pour acquérir une certaine quantité de bien et la dépense qu’il supporte
effectivement.
La courbe de demande ci-dessous, indique que les consommateurs sont disposés à payer 10F pour
100 unités du bien, 8F pour 200 unités et 6F pour 300 unités. A l’équilibre les consommateurs
paient 6F pour 300 unités. Ils auraient été disposés à payer 4F de plus pour consommer seulement
100 unités, 2F de plus pour consommer seulement 200 unités, mais rien de plus pour consommer
300 unités.
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Cours d’Economie Industrielle
Prix, F
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Offre, S
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2 Demande, D
On appelle surplus des producteurs, la différence entre les dépenses des consommateurs (ce qui
est une recette pour les producteurs) et le coût de production.
Sur la figure 1.5, par exemple, cela coûte 2 F pour produire 100 unités, 4 F pour produire 200
unités et 6 F pour produire 300 unités. Au prix d’équilibre de concurrence (concurrentiel), 6 F, les
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Cours d’Economie Industrielle
entreprises obtiennent 4 F de plus que le coût marginal pour les 100 premières unités. Sur la figure
1.5, le surplus des producteurs donné par la surface située au-dessus de la courbe d’offre et au-
dessous du prix (6 F) est égal à 900 F. Autrement dit le profit des entreprises au prix d’équilibre
concurrentiel (6 F) est égal à 900 F.
Supposons que ce surplus résulte de la réalisation d’une entreprise ou d’un projet qui fournit une
quantité q* d’un bien au prix p*. On sait que les consommateurs dépensent effectivement p*q* ;
mais sont disposés à payer aussi S pour avoir q*. La volonté totale de payer des consommateurs
est alors S+p*q*. Cette volonté totale de payer est appelée bénéfice social du projet ou encore
variation d’utilité collective ou encore surplus économique.
S
P* Demande
p*q*
q* Q
Bien entendu le projet qui a mis à la disposition des consommateurs la quantité q* a nécessité un
coût de production. On appelle surplus social, le bénéfice social moins le coût de production. On
appelle surplus des producteurs, la différence entre la recette et le coût de production. Ainsi, le
surplus social est égal à la somme des surplus des consommateurs et des producteurs.
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Cours d’Economie Industrielle
On appelle perte sèche (PS) le coût social d’un mauvais fonctionnement du marché. La perte sèche
est égal à la réduction des surplus du consommateur et du producteur causée par une déviation par
rapport à l’équilibre concurrentiel.
Graphique 1.7 : Perte sèche
P
P*
A B
T P0 Perte sèche PS
C D
P*-T
Q* Q0 Q
La théorie des marchés contestables apparue au début des années 1980 et proposée par Baumol
visait à donner un contenu au concept de concurrence lorsqu’il y a un petit nombre d’entreprises
qui proposent un même bien sans exclure le cas où elles auraient des rendements d’échelle
constants.
Cette théorie s’appuie essentiellement sur l’idée que la seule présence de candidats potentiels à la
production d’un bien empêche les entreprises en place de tirer parti de leur situation (en faisant
notamment des profits anormaux) et les oblige à pratiquer des prix concurrentiels. Un marché dans
lequel l’entrée est parfaitement libre et dont la sortie s’effectue sans coût est un marché contestable
ou encore disputable.
Selon la théorie des marchés contestables les situations où il y a un petit nombre d’entreprises qui
offrent le même bien (d’oligopoles ou de monopoles) peuvent être des situations de concurrence
aussi efficiente que la concurrence pure et parfaite ; pour cela il faut que les entreprises en place
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Cours d’Economie Industrielle
puissent être « contestées » par d’autres qui sont disposées à les supplanter. Ainsi, le rôle de l’Etat
ne consiste pas à imposer des contraintes d’ordre réglementaire aux entreprises qui abusent de leur
position dominante mais à créer les conditions d’une libre entrée et libre sortie sur le marché pour
qu’elles puissent être contestées.
La théorie des marchés contestables est bâtie sur un certain nombre de concepts qu’elle a elle-
même forgés tel celui de la « configuration d’industrie » et sur trois hypothèses très particulières.
Le propos de la théorie des marchés contestables est que dans une société libérale le pouvoir de
monopole est rare, faible et transitoire.
Cette idée repose sur 3 hypothèses : la première est que la domination d’un secteur par une firme
provient d’une efficacité supérieure.
La seconde est que le seul type de pouvoir monopolistique authentique résulte de collusion entre
firmes, cette collusion est faible et transitoire : l’une des firmes finit par trahir la collusion.
La troisième hypothèse est que les monopoleurs obtiennent rarement des profits de monopole du
fait qu’ils doivent beaucoup dépenser par avance dans des activités de recherche de rentes. (L’idée
est que capter une rente est beaucoup cher car il faut corrompre les hommes politiques, racheter
les potentiels concurrents, etc.
Certains rares marchés répondent à la plupart des critères du modèle de la concurrence parfaite.
Par exemple, le marché boursier :
- les participants au marchés des actions sont nombreux (un grand nombre de personnes
achètent et vendent des actions d’entreprises) et bien informés ;
- le prix d’une action particulière est déterminé par les forces de l’offre et de la demande ;
- aucun participant pris individuellement ne peut influencer le prix du marché.
Ainsi, le marché boursier correspond de très près aux postulats de la concurrence parfaite.
Cependant, ce n’est pas le cas de la plupart des marchés. Seuls quelques marchés fonctionnent
sur le mode de la concurrence parfaite.
C’est pourquoi la plus grande partie de ce cours sera consacrée à l’analyse de modèle plus réaliste
du comportement économique.
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Cours d’Economie Industrielle
Le modèle de la concurrence parfaite postule que les entreprises ne peuvent pas influencer le prix
du marché. Dans la réalité cependant, les entreprises ont un pouvoir plus ou moins grand de
fixation de prix lorsqu’elles sont en petit nombre (monopoles, oligopoles, cartels). Les chapitres 3
et 4 étudient les stratégies de prix et de quantité des entreprises visant à augmenter les ventes ou
les profits lorsqu’elles sont en petit nombre.
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Cours d’Economie Industrielle
Nous nous intéresserons à l’industrie d’un bien c'est-à-dire à l’ensemble des firmes ou des
entreprises qui produisent ce bien. S’il y a N entreprises et si la production de l’entreprise i est qi,
alors on appelle configuration d’industrie l’ensemble formé par le vecteur des production
(q1,…,qN) et par un prix p* du bien considéré, prix qui est le même pour toutes les entreprises qui
forment l’industrie.
Une configuration d’industrie est dite réalisable si au prix p*, l’offre totale du bien produit par
l’industrie (q1+…+qN) est égale à la demande totale de ce bien et si aucune entreprise ne produit
à perte. Parmi les configurations réalisables d’une industrie, on distingue celles qui sont
soutenables et qui sont en fait les équilibres du modèle.
Les configurations soutenables sont les configurations réalisables telles qu’il n’y a plus d’entrées
profitables (aucune entreprise extérieure à l’industrie ne puisse offrir le bien produit par cette
industrie à un prix inférieur ou égal au prix de la configuration tout en faisant un profit strictement
positif. La menace que font peser les « candidates » à l’entrée qui en proposant un prix inférieur
peuvent « rafler » toute la demande fait qu’il n’y a pas d’équilibre tant que cette menace peut
s’exercer c'est-à-dire tant que la configuration de l’industrie n’est pas soutenable. Toute situation
où les configurations réalisables ne peuvent être des équilibres que si elles sont soutenables est
appelée marché parfaitement contestable.
Dans la réalité, on observe que les entreprises cherchent à s’isoler de la concurrence en jouant sur
un grand nombre de variables d’action. L’idée est qu’il faut acquérir un avantage concurrentiel
durable. La découverte de ces variables d’action suppose (au préalable) un diagnostic interne et
externe de la firme.
- faire un diagnostic interne
- faire un diagnostic externe.
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Cours d’Economie Industrielle
Il s’agit de repérer les forces et faiblesses de l’Entreprise, qui proviennent de 3 formes différentes
de pouvoir de marché qui sont :
- la domination par les coûts (la firme supporte des coûts plus bas que ceux des concurrents) ;
- la différenciation des produits (elle permet d’isoler le produit de la firme de ses proches
substituts proches ;
- les autres formes de pouvoir de marché sont la discrimination par les prix ou les restrictions
verticales des clients ou des fournisseurs (pouvoir de marché exercé vis-à-vis des clients
et des fournisseurs).
𝑃 − 𝐶 ′ (𝑞) 𝑑𝑃 𝑞 1
𝑃𝑚 − 𝐶 ′ (𝑞) = − 𝑑𝑃⁄𝑑𝑞 . 𝑞 ⇒ =− . =
𝑃 𝑑𝑞 𝑃 𝜀𝑝
C’est la règle de l’élasticité inverse.
𝑃−𝐶 ′ (𝑞)
est le taux de marge du monopole qui est une fonction inverse de l’élasticité de la demande.
𝑃
Plus l’élasticité est faible, plus le pouvoir du monopole ou son taux de marge est élevé et donc plus
son profit est élevé. C’est le principe de la règle de l’élasticité inverse, plus mon produit est
différencié, plus mon élasticité est faible (l’idée est qu’il n’y a pas de substitut).
Cette notion porte sur l’environnement externe des firmes. Il s’agit des menaces et opportunités.
Dans le diagnostic externe, il importe d’analyser :
- l’environnement concurrentiel direct de l’entreprise.
- Faire attention aux entrants potentiels.
- Faire attention aux producteurs de biens substituts.
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Cours d’Economie Industrielle
- Enfin, il faut observer sa position vis-à-vis des clients et des fournisseurs. C’est le problème
des restrictions verticales. L’idée est qu’il est très dangereux d’être les mains et pieds liés
à un seul client ou un seul producteur. On peut schématiser comme suit :
Pouvoir de négociation des fournisseurs
2.2. Domination par les coûts et configuration naturelle d’un marché en production simple
et en production multiple
L’avantage absolu de coût signifie que la courbe de coût de l’entreprise est durablement inférieure
à celle de ses concurrentes. On a trois sortes d’avantages absolus de coût.
2. l’avantage qui provient de l’exploitation d’une position favorable sur le marché des inputs qui
peuvent être le travail, les produits intermédiaires ou les matières premières.
3. enfin, les avantages absolus de coût qui résultent de la réglementation spécifique qui protège les
entreprises installées sur le marché.
Ces avantages peuvent dissuader les entreprises d’entrer sur le marché, mais la plupart du temps,
ils sont transitoires. Notamment si les entreprises ont un accès égal aux techniques de production
et aux marchés des intrants, les avantages devrait disparaitre à long terme.
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Cours d’Economie Industrielle
A long terme, une firme parce que disposant de coûts plus bas arrive à dominer ses concurrentes
en livrant seule l’ensemble du marché. On dit dans ce cas qu’elle a une fonction de coût sous-
additive. L’idée de sous-additivité est liée aux économies d’échelle ou aux coûts moyens
décroissants.
Coût
Coût moyen
qi q q
Propriété de sous-additivité des coûts
𝐶(𝑞) < ∑𝑁 𝑁
𝑖 𝐶𝑖 (𝑞𝑖 ) avec ∑𝑖 𝑞𝑖 = 𝑞
Cette propriété est généralisable à des configurations de marché avec un nombre limité
d’entreprises c'est-à-dire M entreprises où M < N
𝑀 𝑁
Dans ce cas on parle d’oligopoles naturels. (Si M =1 on est en situation de monopole naturel).
La définition d’une structure industrielle optimale conduit à introduire des concepts nouveaux de
configurations réalisables et soutenables d’un secteur. La configuration d’un secteur est défini par
trois variables : le nombre de firmes n, les quantités qu’elles produisent, q1, q2,…qN et le prix p.
Une configuration est dite réalisable si les conditions suivantes sont remplies.
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Cours d’Economie Industrielle
1. 𝑞 = ∑𝑁
𝑖=1 𝑞𝑖 = 𝑞(𝑝) c'est-à-dire que le marché est soldé (l’offre est égale à la demande) et 𝑝𝑞𝑖 −
𝐶(𝑞𝑖 ) ≥ 0, 𝑖 = 1, … 𝑁 c'est-à-dire toutes les firmes sont profitables (aucune firme ne produit à
perte).
Une configuration réalisable est dite soutenable si elle n’offre pas de possibilités d’entrée
profitable. Dans un marché parfaitement contestable (MPC), une configuration n’est optimale que
si elle est soutenable.
Une structure de marché optimale autrement le nombre « naturel » de firmes pour un niveau de
production donné est la population de firmes qui réalise cette production à moindre coût.
(Jacquemin).
Pour des fonctions de coûts sous-additives, la configuration optimale sera le monopole. (Une
entreprise est dite en situation de monopole naturel lorsque sa fonction de coût est sous-additive).
Pour d’autres configurations des courbes de coûts, la structure optimale sera le duopole, l’oligopole
ou encore la concurrence pure et parfaite.
Une fonction de coût associée à N biens est non séparable si on ne peut pas séparer la fonction de
coût en N coûts partiels autrement dit si une partie des coûts est partagée entre plusieurs produits.
𝑁
𝐶(𝑞1, 𝑞2 , … 𝑞𝑁 ) ≠ ∑ 𝐶𝑖 (𝑞𝑖 )
𝑖=1
Une fonction de coût associée à N biens est séparable si les N biens n’ont donc pas de coûts
communs :
𝑁
𝐶(𝑞1, 𝑞2 , … 𝑞𝑁 ) = ∑ 𝐶𝑖 (𝑞𝑖 )
𝑖=1
𝐶(𝑞1, 𝑞2 , … 𝑞𝑁 ) ≤ ∑ 𝐶𝑖 (𝑞𝑖 )
𝑖=1
29
Cours d’Economie Industrielle
Autrement dit, si pour les mêmes quantités de biens, une entreprise multiproduit supporte un coût
inférieur à celui que supporteraient ensemble plusieurs entreprises monoproduit. Dans ce cas, on
est en présence d’économies d’envergure.
Il y a 3 facteurs qui peuvent expliquer la présence d’économies d’envergure :
- Le partage d’activités communes (administration, recherche, marketing)
- L’existence de synergies entre activités ;
- La diversification des risques qui sont liés à la vente de produits sur des marchés différents.
A l’inverse, on peut connaitre des déséconomies d’envergure. Ces déséconomies résultent des
coûts de structure élevés qui sont entraînés par la coordination d’un grand nombre d’activités
différentes.
Les économies d’envergure peuvent se combiner avec les économies d’échelle pour aboutir à une
structure industrielle optimale. La détermination de la structure industrielle optimale en production
multiple est un peu complexe, toutes les situations sont possibles. Il faut tenir compte des
interactions entre demandes de produits en production multiple.
On peut retenir deux cas extrêmes :
Si l’entreprise produit des biens substituts, elle pourra pratiquer des prix plus élevés qu’un
monopole uniproduit car une hausse du prix d’un produit entraine une hausse de la demande du
produit substitut.
Si une entreprise produit des biens complémentaires, elle peut avoir intérêt à pratiquer une
tarification inférieure à une tarification monopoliste sur un produit parce qu’en baissant le prix de
ce produit elle entraine une hausse de la demande du produit complémentaire. Elle peut dans
certain cas avoir intérêt à vendre à perte.
La configuration optimale en production multiple est déterminée si le marché est parfaitement
contestable. En effet, les pratiques de subventions croisées sont limitées car cette pratique nécessite
un bien subventionneur et un bien subventionné. Les profits sur le bien subventionneur
compensent les pertes sur le bien subventionné.
Lorsqu’on a des marchés prafaitement contestables, une telle pratique est vite détruite par l’entrée
de nouveaux concurrents sur le marché du bien subventionneur par ce que le prix sur le marché du
bien subventionneur n’est pas concurrentiel, les entreprises monoproduit candidate peuvent faire
30
Cours d’Economie Industrielle
des entrées profitables sur le marché du biens subventionneur et rafler toute la demande par une
légère baisse des prix.
31
Cours d’Economie Industrielle
Chapitre 3 : Le monopole
On dit qu’une entreprise est en situation de monopole lorsqu’elle est seule à offrir un bien
homogène à de nombreux consommateurs.
Nous nous intéresserons dans ce chapitre au monopole naturel. On dit qu’il y a monopole naturel
sur un marché lorsque pour tout niveau de production, le coût est minimal lorsque la production
est réalisée par une seule entreprise. (ie. le coût supporté par une seule entreprise est inférieur au
coût que supporteraient conjointement deux ou plusieurs entreprises pour réaliser ce même niveau
de production).
Une condition suffisante pour qu’il en soit ainsi est que toutes les entreprises susceptibles de
produire le bien aient la même technologie et que leur coût moyen soit décroissant (c'est-à-dire
qu’on ait une industrie à rendements d’échelle croissants).
Dans les industries à économies d’échelle, le souci d’efficacité devrait conduire à ne laisser qu’une
seule entreprise sur le marché puisque celle-ci sera en mesure de satisfaire la demande de manière
plus efficace que si les clients se répartissaient entre plusieurs offreurs.
Le profit du monopole, noté Π, est égal à la différence entre la recette totale RT(Y) et le coût total
de production CT(Y) à court ou long terme. On écrira donc :
CPO
32
Cours d’Economie Industrielle
Le volume de production Y* choisi par le monopole est donc inférieur à celui qui correspond à
l’égalité du prix et du coût marginal c'est-à-dire Y’, 𝐶𝑚 (𝑌 ′ ) = 𝑃(𝑌 ′ ).
Ceci est une différence fondamentale avec l’équilibre d’un marché de concurrence parfaite qui
est caractérisé par l’égalité du prix et du coût marginal pour toutes les firmes qui participent au
marché.
En résumé, le comportement du monopole se caractérise par un écart entre prix et coût marginal
et s’accompagne d’une réduction du surplus collectif par rapport à la situation optimale où prix
et coût marginal sont égaux. On parle parfois de « malthusianisme » du monopole pour qualifier
ce comportement d’une entreprise qui restreint volontairement sa production par rapport à un
niveau socialement optimal, afin de bénéficier d’un prix unitaire plus élevé lui permettant de
réaliser un profit plus important.
CNPO
𝛿Π
= 𝑅 ′ (𝑞) − 𝐶 ′ (𝑞) = 0 ⇔ 𝑅 ′ (𝑞) = 𝐶 ′ (𝑞)
𝛿𝑞
Nous avons :
′ ′ (𝑞) ′ (𝑞)𝑞
𝑃′ (𝑞)
𝑅(𝑞) = 𝑃(𝑞). 𝑞 𝑑 𝑜ù 𝑅 =𝑃 + 𝑃(𝑞) = 𝑃(𝑞) [1 + 𝑞]
𝑃
𝛿𝑃 𝑞
𝑅 ′ (𝑞) = 𝑃(𝑞) [1 + ]
𝛿𝑞 𝑃
1 1
𝑅 ′ (𝑞) = 𝑃(𝑞) [1 + ] = 𝑃(𝑞)[1 + ]
𝛿𝑞 𝑃 𝜀𝑞,𝑃
𝛿𝑃 𝑞
1
L’égalité 𝑅 ′ (𝑞) = 𝐶 ′ (𝑞) devient : 𝐶 ′ (𝑞) = 𝑃(𝑞)[1 + 𝜀 ]. En réarrangeant nous obtenons :
𝑞,𝑃
33
Cours d’Economie Industrielle
pouvoir de monopole et signifie que le prix du monopole excède le coût marginal d’un écart
d’autant plus grand que la demande du bien est inélastique.
Cm
Pm
A B
Pc
C
Rm=Cm
Demande P(q)
Qm Rm Qc
La charge morte du monopole est représentée par la surface B+C, cette surface représente la perte
de satisfaction des agents due au fait qu’ils paient le prix du monopole plutôt que le prix
concurrentiel. En effet, suite à un déplacement de la position du monopole à la position
concurrentielle, le surplus du monopoleur diminue de A mais augmente de C.
34
Cours d’Economie Industrielle
Le spectre de la structure des marchés est classé de la structure la plus concurrentielle à la moins
concurrentielle. Le monopole pur est la moins concurrentielle tandis que la concurrence parfaite
Ces deux formes extrêmes de structure de marché partagent un élément commun qui est le suivant,
ni le monopoleur pur, ni la firme en concurrence parfaite n’a besoin d’accorder un intérêt aux
La plupart des marchés observés dans la réalité se situent entre ces deux structures extrêmes. Il
s’agit des marchés oligopolistiques. Sur ces marchés, il y a un petit nombre de grandes firmes, qui
concurrence oligopolistique est l’interdépendance entre les producteurs à travers leurs actions
stratégiques. Les instruments de ces actions peuvent être classés selon la vitesse avec laquelle ils
- A court terme, la principale variable qu’une entreprise peut modifier est d’abord le prix
ensuite les quantités produites. La première variable d’action de court terme est donc le
prix si bien que l’analyse des interactions stratégiques de court terme se confond avec celle
35
Cours d’Economie Industrielle
Les modèles d’oligopole se préoccupent des interactions stratégiques qui apparaissent dans un
secteur d’activité quand il y a un petit nombre d’entreprises. Il existe plusieurs modèles pertinents
parce que les entreprises peuvent adopter différents comportements dans un environnement
oligopolistique.
a) un leadership en quantité ;
b) un leadership en prix
CNO
𝛿Π2 𝛿𝑃
= 𝑦 + 𝑃(𝑌) − 𝐶𝑚2 (𝑦2 ) = 0
𝛿𝑦2 𝛿𝑦2 2
𝛿𝑃
𝑅𝑚2 = 𝑃(𝑦1 + 𝑦2 ) + 𝑦 = 𝐶𝑚2
𝛿𝑦2 2
Nous écrivons la solution ou fonction de réaction du follower comme suit 𝑦2 = 𝑓2 (𝑦1 ). Dans le
cas où la fonction de demande inverse revêt la forme suivante :
36
Cours d’Economie Industrielle
𝑎 − 𝑏𝑦1
𝑦2∗ = 𝑓(𝑦1 ) =
2𝑏
𝑎 𝑎
𝑀𝑎𝑥 Π1 = −𝑏𝑦1 = 0 ⇔ 𝑦1∗ = 𝑏
2 2
Enfin l’output du follower est obtenu en substituant 𝑦1∗ dans la fonction de réaction
𝑎−𝑏𝑦1∗
𝑦2∗ = ⇒ 𝑦2∗ = 𝑎/4𝑏
2𝑏
3𝑎
L’output total est donc 𝑦1∗ + 𝑦2∗ = 4𝑏
L’entreprise 2 se comporte comme un follower signifie qu’elle choisit son output sur la base de sa
fonction de réaction 𝑓2 (𝑦1 ).
Dans le modèle du leadership en prix, une entreprise leader fixe son prix et l’autre entreprise
follower choisit la quantité qu’elle désire offrir à ce prix.
De nouveau, quand le « leader » choisit son prix, il tient compte de la façon dont le follower
réagira.
La première chose à noter dans le modèle de leadership en prix est qu’à l’équilibre le « follower »
doit toujours avoir le même prix que le leader. Etant donné que les deux firmes vendent des
produits identiques, si elles pratiquent des prix différents, les consommateurs préféraient le
producteur pratiquant le prix le plus bas.
37
Cours d’Economie Industrielle
Supposons que le leader ait fixé un prix P, le follower prend ce prix pour une donnée et choisit
l’output qui maximise son profit. Il s’agit essentiellement du même comportement qu’en CPP.
Il sait que s’il fixe un prix P, le follower offrira S(P). la quantité d’output que le leader vendra est
donc 𝑅(𝑃) = 𝐷(𝑃) − 𝑆(𝑃). C’est la courbe de demande résiduelle du « leader ».
1
Exemple : 𝐷(𝑃) = 𝑎 − 𝑏𝑃 𝐶2 (𝑦2 ) = 2 𝑦22 𝐶1 (𝑦1 ) = 𝐶𝑦1
Le modèle général d’oligopole décrit une situation dans laquelle n entreprises produisent et offrent
un même bien à une multitude de consommateurs qui n’ont chacun aucune influence sur la
demande du bien.
- La fonction de coût de chaque entreprise est : 𝐶(𝑞𝑖 )
- La fonction de profit de chaque entreprise est : Π𝑖 = 𝑃(𝑄(𝑞𝑖 )). 𝑞𝑖 − 𝐶(𝑞𝑖 )
38
Cours d’Economie Industrielle
𝛿𝑃 𝛿𝑄
𝑃 + 𝑞𝑖 = 𝐶 ′ (𝑞𝑖 ) ⇔ 𝑅𝑚 = 𝐶𝑚
𝛿𝑄 𝛿𝑞𝑖
(Recette marginale = Coût marginal)
𝛿𝑄
est le rapport de la variation de la production du secteur sur la variation de la production de
𝛿𝑞𝑖
Les entreprises dans ce cas pratiquent un prix de monopole. Le taux de marge du pouvoir de
marché est égal au taux de marge du monopole.
39
Cours d’Economie Industrielle
𝑃 − 𝐶 ′ (𝑞𝑖 ) 𝑆𝑖
= (1 + 𝐴𝑖 ) ⇒ 𝑆𝑖 (1 + 𝐴𝑖 ) = 1
𝑃 𝜀𝑃
Si on a 𝑆𝑖 = 1/𝑛 alors 𝐴𝑖 = 𝑛 − 1 ; Ici les variations de production sont planifiées et toutes les
firmes du marché agissent comme si elles ne formaient qu’une seule firme.
L’oligopole de Cournot correspond à une situation où la firme considère que tous ses rivaux
laisseront leur production inchangée quelle que soit sa propre décision. Cela se traduit par 𝐴𝑖 = 0.
On a alors un prix compris entre le prix concurrentiel et le prix de monopole.
On prendra le cas où il y a deux entreprises. Chaque entreprise maximise son profit en prenant la
production du concurrent comme donnée.
Π1 (𝑞1 , 𝑞2 ) = 𝑞1 𝑃(𝑞1 + 𝑞2 ) − 𝐶1 (𝑞1 )
Π2 (𝑞1 , 𝑞2 ) = 𝑞2 𝑃(𝑞1 + 𝑞2 ) − 𝐶2 (𝑞1 )
𝛿Π1 𝛿𝑃(𝑞1 + 𝑞2 )
= 𝑃(𝑞1 + 𝑞2 ) − 𝐶 ′1 (𝑞1 ) + 𝑞1 =0
𝛿𝑞1 /𝑞2 𝑓𝑖𝑥é 𝛿𝑞1
On aura une relation entre 𝑞1 et 𝑞2 de la forme : 𝑞1 = 𝑅1 (𝑞2 ) avec
𝛿Π1 (𝑅1 (𝑞2 ))
= 0.
𝛿𝑞1
Pour l’entreprise 2, on aura 𝑞2 = 𝑅2 (𝑞1 ). Les deux relations sont décroissantes si mon concurrent
augmente sa production, la mienne va décroître. Les quantités produites sont des substituts
stratégiques, ce qui veut dire qu’une action de l’entreprise entraîne une réaction au sens opposé du
concurrent.
Dans ce cas, on a : 𝑃𝑐 < 𝑃 ∗ < 𝑃𝑚 et 𝑞 𝑐 > 𝑞 ∗ > 𝑞 𝑚 .
L’absence de coordination entre les entreprises engendre une externalité négative car elles
pratiquent un prix inférieur au prix de monopole.
40
Cours d’Economie Industrielle
𝒒∗𝟐
𝑹𝟐
𝑹𝟏
𝒒∗𝟏 𝒒𝟏
1. Les courbes de réaction sont de pente négative (les quantités sont des substituts stratégiques)
2. les courbes de réaction ont une intersection unique (l’équilibre de Cournot est unique).
3. le prix de marché et le profit de chaque firme diminueront avec le nombre de firmes. En effet,
lorsque le nombre de firmes devient très grand le prix de marché tend vers le prix de concurrence.
Ainsi, un équilibre de Cournot avec un grand nombre de firme est approximativement
concurrentiel. Ce qui est naturel puisque chaque firme n’a qu’une faible influence sur le prix et
agit donc à peu près comme si elle prenait le prix pour donnée.
4. Dans le modèle de Cournot, la variable d’action de chaque entreprise est la quantité produite et
la fonction de demande est supposée connue des duopoleurs.
41
Cours d’Economie Industrielle
En 1883, le mathématicien Joseph Bertrand critique la façon dont Augustin Cournot décrit le
comportement des entreprises dans son modèle de duopole. Plus précisément, il lui reproche
d’avoir supposé que les entreprises agissent à travers les quantités offertes et non à travers les prix
qui sont supposés s’ajuster de façon à égaliser l’offre et la demande globale. Le modèle de Bertrand
considère que les entreprises commence par prendre l’initiative de proposer un prix pour le bien
qu’elles veulent vendre avant de servir la demande qui se manifeste à ces prix.
Bertrand reprend les hypothèses de Cournot en supposant une information très centralisée (les prix
sont connus de tous) et que les entreprises possèdent des technologies de production à coût unitaire
C constant et des capacités e production qui permettent à chacune des deux entreprises de servir
toute la demande, quelque soit le prix.
Bertrand montre que si dans le cadre de ces hypothèses, les duopoleurs prennent l’initiative de
proposer des prix alors il n’y a qu’un seul équilibre où le prix est unique et égal au coût unitaire C
( le profit des deux firmes est donc nul à l’équilibre).
La démonstration du résultat de Bertrand est immédiate. Soit deux entreprises A et B qui produisent
un même bien et soit PA et PB les prix qu’elles proposent pour ce bien respectivement. Si PA=PB=C
alors il y a équilibre, car si l’une ou l’autre entreprise augmentait son prix même très légèrement,
elle perdrait toute sa clientèle et n’augmenterait donc pas son profit, et c’est là, le seul équilibre du
modèle. En effet, si un duopoleur propose un prix P > C l’autre a intérêt :
-soit à diminuer son prix s’il est supérieur ou égal à celui de son concurrent de facon à récupérer
toute la clientèle ;
- soit à l’augmenter légèrement de façon à augmenter son profit en gardant sa clientèle s’il est
strictement inférieur à celui de son concurrent.
Il n’y a donc pas équilibre tant qu’on a pas PA=PB=C car au moins une entreprise est incitée à
modifier son choix.
42
Cours d’Economie Industrielle
Deux firmes produisent un bien homogène, chacune ayant un coût marginal identique 𝐶 > 0 et
aucun coût fixe. Supposons que la demande de marché est linéaire par rapport à la quantité totale
d’output Q et on écrit donc : 𝑄 = 𝛼 − 𝛽𝑃 où P est le prix du bien. Les firmes annoncent
simultanément les prix et sont prêtes à satisfaire toute la demande à ces prix. Les consommateurs
achètent chez le producteur qui pratique le prix le plus bas. Si les deux déclarent le même prix
alors ils se partageront la demande de marché équitablement.
Ici donc le profit de chaque firme dépend clairement du prix que sa concurrente pratique et de son
propre prix.
Nous supposons que chaque firme restreint son espace de choix aux prix 𝑃𝑖 ≥ C
A l’équilibre, toutes les firmes pratiquent un prix égal au coût marginal et gagne un profit nul. Une
justification est celle-ci : si l’une des firmes accroît son prix au dessus de C , elle perd toute sa
demande puisque le prix de la firme concurrente est alors strictement inférieur. En conséquence,
il n’est pas possible de gagner plus qu’un profit nul. D’où en choisissant :
𝑃𝑖 = C, 𝑖 = 1,2, chaque firme maximise son profit étant donné le choix de l’autre.
Si la concurrence entre deux firmes dominant le marché se fait en prix, le modèle de Bertrand
établit alors un équilibre unique où les deux firmes tarifient au coût marginal et ne font pas de
profit. Un simple duopole suffirait ainsi à rétablir la concurrence parfaite, c’est le « Paradoxe de
Bertrand ». En effet, il est difficile de comprendre que les firmes des industries qui n’en
comprennent qu’un petit nombre ne réussissent jamais à manipuler le prix du marché pour faire
des profits.
43
Cours d’Economie Industrielle
Ce paradoxe a été repris et étudiée en théorie des jeux notamment avec le dilemme du prisonnier.
Dans le paradoxe de Bertrand, on s’aperçoit que les prix sont des compléments stratégiques
puisqu’une action d’une entreprise entraine une réaction du concurrent dans le même sens.
44
Cours d’Economie Industrielle
La règle générale qui préside à l’analyse de la différenciation est qu’elle est décidée par les
consommateurs. Chaque fois que les consommateurs pensent que deux variétés de produit sont
différentes et qu’ils prennent leur décision d’achat sur cette base, le produit doit être considéré
comme différencié.
Les biens diffèrent par leurs caractéristiques : qualité, localisation, disponibilité, etc…On peut
ainsi distinguer deux types de différenciation : la différenciation verticale et la différenciation
horizontale.
La différenciation est verticale lorsque le classement établi sur les caractéristiques est le même
pour tous les consommateurs dont les choix ultimes sont déterminés uniquement par leur revenu
et les prix.
Exemple : tous les consommateurs peuvent s’accorder sur le fait qu’une Mercedes est supérieure
à une Renault ou à une Fiat.
La différenciation est horizontale lorsque le classement des produits dépend des goûts individuels.
Exemple : le produit de l’entreprise 1 est préféré par un consommateur X alors que celui de
l’entreprise 2 est préféré par un consommateur Y.
45
Cours d’Economie Industrielle
En choisissant les caractéristiques de leur produit, les entreprises doivent intégrer le fait que ces
choix influencent le degré de la concurrence entre elles, le pouvoir de marché de chacune d’elles
ainsi que le profit réalisé par chaque entreprise. En règle générale, la notion de secteur d’activité
permet de regrouper les biens qui sont étroitement substituables entre eux. Mais les biens d’un
secteur ne sont jamais des substituts parfaits entre lesquels, les consommateurs sont totalement
indifférents quand ils sont vendus au même prix. Les biens sont différenciés verticalement ou
horizontalement.
La différenciation verticale implique que tous les consommateurs établissent le même classement
entre les qualités du produit. Soit un consommateur achetant un bien de qualité S, S étant un indice
(nombre réel positif) et dont les préférences sont représentées par la fonction d’utilité suivante :
𝛿 − 𝑝 𝑠 ′ 𝑖𝑙 𝑎𝑐ℎè𝑡𝑒 𝑙𝑒 𝑏𝑖𝑒𝑛
𝑈={ 𝑆
𝑂 𝑠𝑖𝑛𝑜𝑛
p = prix du bien et 𝛿 = un paramètre de goût. U se présente ainsi comme le surplus net résultant
de la consommation d’une unité de bien. Nous supposons que le goût 𝛿 est distribué dans
l’économie selon la densité 𝑓(𝛿) avec une fonction de répartition 𝐹(𝛿) définie sur [0, +∞[ avec
F(0) = 0, 𝐹(+∞) = 1.
𝐹(𝛿) est le proportion de consommateurs dont le paramètre de goût est inférieur à 𝛿. La
consommation possible de chaque consommateur est par convention d’une unité. Soit N le nombre
total de consommateurs, la demande pour le bien va provenir des consommateurs dont le paramètre
de goût 𝛿 est tel que 𝛿𝑠 − 𝑝 ≥ 0 ⇔ 𝛿 ≥ 𝑝/𝑠.
La demande totale de biens sera telle que :
𝑝
𝑞(𝑝) = 𝑁[1 − 𝐹 ( )]
𝑠
Supposons qu’il existe deux qualités du bien telles que 𝑠2 > 𝑠1 , les prix des deux qualités étant
𝑝2 > 𝑝1 . Aucun consommateur n’achèterait en effet un produit de qualité inférieur à un prix plus
élevé.
Pour l’expression de la demande des consommateurs entre les deux qualités de biens, nous devons
alors distinguer deux situations :
46
Cours d’Economie Industrielle
- Première situation : le bien de qualité inférieure est dominé. C’est le cas où le surplus net
dégagé par l’achat de la qualité supérieure dépasse au sens large celui correspondant à
l’achat de la qualité inférieure : 𝛿𝑠2 − 𝑝2 ≥ 𝛿𝑠1 − 𝑝1 nous tirons la condition
𝑠2 𝑠1
≥
𝑝2 𝑝1
Ce sont les rapports qualité-prix. Lorsque le rapport qualité-prix est plus élevé pour le bien de
qualité supérieure, le bien de qualité inférieure est dominé et tous les consommateurs qui
achètent effectivement le bien préfèrent toujours la qualité supérieure. La demande pour le
bien de qualité inférieure est nulle.
- Deuxième situation : le bien de qualité inférieure n’est pas dominé. Soit 𝛿 ′ le paramètre
de goût du consommateur indifférent entre les deux qualités, indifférent non pas dans son
classement mais dans son surplus net : 𝛿 ′ 𝑠2 − 𝑝2 = 𝛿 ′ 𝑠1 − 𝑝1. Nous avons ainsi :
𝑝2 − 𝑝1
𝛿𝑠2 − 𝑝2 ≥ 𝛿𝑠1 − 𝑝1 ⇔ 𝛿 ≥
𝑠2 − 𝑠1
𝑝2 − 𝑝1
𝛿𝑠2 − 𝑝2 < 𝛿𝑠1 − 𝑝1 ⇔ 𝛿 <
𝑠2 − 𝑠1
Les demandes des consommateurs obéissent alors aux règles suivantes :
- les consommateurs dont le paramètre de goût est > à 𝛿 ′ achètent le bien de qualité
supérieure
- les consommateurs dont le paramètre de goût est < à 𝛿 ′ mais > à 𝑝1⁄𝑠1 achètent la qualité
inférieure
- les consommateurs dont le paramètre de goût est inférieur à 𝑝1⁄𝑠1 n’achètent pas le bien.
Les demandes s’expriment alors de la manière suivante :
𝑝2 − 𝑝1
𝑞2 (𝑝1 , 𝑝2 ) = 𝑁 [1 − 𝐹 ( )]
𝑠2 −𝑠1
𝑝2 − 𝑝1 𝑝1
𝑞1 (𝑝1 , 𝑝2 ) = 𝑁 [𝐹 ( ) − 𝐹( )]
𝑠2 −𝑠1 𝑠1
Le cas type de la différenciation horizontale est celui où la différenciation est liée à l’emplacement
du produit : les consommateurs peuvent préférer un produit localisé dans leur voisinage. Les
consommateurs sont alors identifiés par la distance géographique qui les séparent d’un produit et
47
Cours d’Economie Industrielle
plus deux produits sont spatialement proches, plus ils sont substituables pour un consommateur.
Dans le modèle proposé par Hotelling où les produits ne diffèrent que par la localisation du
magasin qui les vend, nous pouvons supposer qu’une ville est constituée d’une rue principale
unique dont la longueur est par convention égal à l’unité.
Magasin 1 Magasin 2
0 x 1-x 1
Les maisons des consommateurs sont uniformément reparties le long de la rue principale et il
existe un bien physiquement homogène vendu respectivement aux prix 𝑝1 et 𝑝2 par 2 magasins
situés aux extrémités de la ville. La localisation du magasin 1 est x=0 et celle du magasin 2 est
x=1. Le consommateur supporte pour se déplacer un coût t par unité de distance de telle manière
que les prix d’approvisionnement (prix généralisé) pour un consommateur de coordonnée x sont
tels que :
Magasin 1 : 𝑤1 = 𝑝1 + 𝑡𝑥
Magasin 2 : 𝑤2 = 𝑝2 + 𝑡(1 − 𝑥)
Nous supposons qu’il y a N consommateurs dans la ville. Soit 𝛿 ̅ le surplus brut dont bénéficie
chaque consommateur lorsqu’il consomme une unité du bien. L’utilité du consommateur mesuré
par le surplus net dépend du magasin dans lequel il achète le bien :
Magasin 1 : 𝑢1 = 𝛿 ̅ − 𝑤1 = 𝛿 ̅ − 𝑝1 − 𝑡𝑥
Magasin 2 : 𝑢2 = 𝛿 ̅ − 𝑤2 = 𝛿 ̅ − 𝑝2 − 𝑡(1 − 𝑥)
Les consommateurs dans un tel modèle vont exclure un magasin de leurs achats si le différentiel
de coût de transport en sa défaveur est tel qu’il l’emporte sur le différentiel de prix. Posons : 𝑤2 >
𝑤1 ⇔ 𝑝2 + 𝑡(1 − 𝑥) > 𝑝1 + 𝑡𝑥 d′ où 𝑝2 − 𝑝1 > 𝑡(2𝑥 − 1). Dans ce cas, le magasin 2 n’a pas de
demande, tous les consommateurs qui achètent le bien vont l’acquérir dans le magasin 1. Mais les
acheteurs du bien sont les seuls consommateurs pour lesquels nous avons 𝑢1 ≥ 0 ⇔ 𝛿 ̅ − 𝑝1 −
̅ −𝑝1
𝛿
𝑡𝑥 ≥ 0 𝑑′ 𝑜ù 𝑥 ≤ .
𝑡
𝛿 ̅ − 𝑝1
𝑞1 (𝑝1 , 𝑝2 ) = 𝑁 [ ]
𝑡
48
Cours d’Economie Industrielle
𝑞2 (𝑝1 , 𝑝2 ) = 0
Dans ce modèle où la différenciation entre les deux biens est maximale, les deux magasins étant
situés aux deux extrémités de la ville, nous introduisons les deux hypothèses suivantes :
H1 : les prix ne sont pas trop élevés par rapport au surplus 𝛿 ̅ de telle manière que tous les
consommateurs achètent le bien ;
H2 : le différentiel de prix entre les deux magasins n’est pas suffisant pour exclure un magasin de
la demande.
Le consommateur x indifférent entre les deux magasins et qui divise le marché entre les deux
valeurs est tel que :
𝑝2 − 𝑝1 + 𝑡
𝑞1 (𝑝1 , 𝑝2 ) = 𝑁𝑥 = 𝑁 [ ] (𝑚𝑎𝑔𝑎𝑠𝑖𝑛 1)
2𝑡
𝑝1 − 𝑝2 + 𝑡
𝑞2 (𝑝1 , 𝑝2 ) = 𝑁(1 − 𝑥) = 𝑁 [ ] (𝑚𝑎𝑔𝑎𝑠𝑖𝑛 2)
2𝑡
Du point de vue de l’information des acheteurs sur la qualité, il existe trois types de bien :
- les biens de recherche : ils correspondent aux biens qui ont des caractéristiques
observables ;
- les biens d’expérience : ils correspondent aux biens dont les caractéristiques se révèlent à
l’usage ;
- les biens de confiance : il s’agit des biens comme les services de réparation pour lesquels
le consommateur n’a pas d’autres possibilités que de se fier à la parole du prestataire.
La publicité persuasive procède par des affirmations explicites ou implicites faisant appel aux
désirs du consommateur d’être socialement reconnu (la cravate de l’homme moderne) ou de suivre
la mode.
En première approximation, on peut considérer que la publicité informative s’applique aux biens
de recherche tandis que la publicité persuasive s’applique aux biens d’expérience et aux biens de
confiance. Il coexiste chez les analystes deux visions opposées sur la publicité :
Selon la vision positive, la publicité est une source d’information qui réduit les coûts de recherche
des consommateurs et facilite leur choix rationnel. En informant l’acheteur, la publicité favorise
l’entreprise produisant les biens de qualité supérieure qui sont celles ayant le plus d’incitation à
faire connaître leur produit.
Selon la vision négative, la publicité n’est qu’un moyen de tromper le consommateur en favorisant
une différenciation fictive qui réduit la concurrence et renforce les barrières à l’entrée.
Dans beaucoup de pays, les pouvoirs publics punissent la publicité mensongère et/ou obligent les
entreprises à révéler un minimum d’informations fiables sur leur produit. Mais les lois sur la
publicité mensongère peuvent avoir des effets pervers en favorisant justement le développement
de la publicité mensongère. Lorsque la loi interdit par exemple les marques frauduleuses et que les
acheteurs pensent qu’ils sont protégés par la loi, ils auront spontanément confiance dans les
marques qui leur sont présentées ce qui peut encourager les entreprises tricheuses à développer des
marques frauduleuses.
Le modèle proposé par Dorfman-Steiner cherche à établir le montant optimal des dépenses de
publicité pour une entreprise en situation de monopole.
50
Cours d’Economie Industrielle
La demande qui s’adresse aux monopoleurs dépend du prix du produit 𝑃 et des dépenses totales
de publicité S de l’entreprise. Le rôle de la publicité étant d’informer les consommateurs de
l’existence du produit et de son prix. Nous avons ainsi pour la fonction de demande :
𝛿𝑄 𝛿𝑄
𝑄 = 𝑄(𝑃, 𝑆) 𝑎𝑣𝑒𝑐 <0 >0
𝛿𝑃 𝛿𝑆
La fonction de coût total du monopole est par hypothèse additive dans les coûts de production et
les dépenses de publicité : 𝐶𝑇 = 𝐶[𝑄(𝑃, 𝑆)] + 𝑆 d’où le profit Π(𝑃, 𝑆) = 𝑃. 𝑄(𝑃, 𝑆) −
𝐶[𝑄(𝑃, 𝑆)] − 𝑆.
Le monopole fixe le prix et les dépenses de publicité de manière à maximiser son profit.
𝛿Π(𝑃, 𝑄) 𝛿𝑄 𝛿𝐶 𝛿𝑄
= 𝑄(𝑃, 𝑆) + 𝑃 − =0 (1)
𝛿𝑃 𝛿𝑃 𝛿𝑄 𝛿𝑃
𝛿Π(𝑃, 𝑄) 𝛿𝑄 𝛿𝐶 𝛿𝑄
=𝑃 − −1=0 (2)
𝛿𝑆 𝛿𝑆 𝛿𝑄 𝛿𝑃
𝛿𝑄
𝛿C 𝑃 −1
𝛿𝑆
De (2), je tire : 𝛿𝑄 = 𝛿𝑄
𝛿𝑆
𝛿𝑄 𝑆
𝑆 𝛿𝑆 𝑄
=−
𝑃𝑄 𝛿𝑄 𝑃
𝛿𝑃 𝑄
𝛿𝑄 𝑆
Par définition : = 𝜀𝑆 est l’élasticité de la demande par rapport aux dépenses de publicité et
𝛿𝑆 𝑄
𝛿𝑄 𝑃
= 𝜀𝑃 est l’élasticité-prix de la demande d’où
𝛿𝑃 𝑄
𝑆 𝜀𝑆
=−
𝑃𝑄 𝜀𝑃
51