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FRANCE
Réponses en gestation
Et ce pour un concept, s'il est en vogue, qui reste très mouvant. Anglicisation
étonnante, il est utilisé en français dans un sens qu'il ne recouvre pas dans sa
propre langue originelle, où il est soit utilisé principalement péjorativement pour
décrire des stratégies judiciaires entre parties dans des procédures civiles, soit
pour décrire les réclamations internationales entre Etats, ou encore dans
l'acception retenue par le chercheur en droit de la guerre Charles Dunlap en 2001,
qui l'a étendu au champ des confrontations militaires.
Ce sont principalement des normes juridiques américaines qui sont dans le viseur
des autorités françaises, comme l'International Traffic in Arms Regulations
(ITAR) et son pendant Export Administration Regulations (EAR), qui contrôlent
les exportations et les utilisations des équipements de défense. Leurs violations
avaient valu à Airbus Group une forte amende en janvier 2020. Stéphane Bouillon
évangélisait encore les nouveaux députés lors de son audition à l'Assemblée
nationale en juillet, précisant que "la présence d'un composant américain, ne
serait-ce qu'une puce, dans le produit d'un Etat étranger, ouvre le droit aux
Américains de demander des explications sur la manière dont il est produit,
même si cela relève du secret professionnel, voire de poursuivre l'entreprise et ses
dirigeants".
Washington n'est pas encline à assouplir une telle arme d'influence au moment où
le contrôle des chaînes d'approvisionnement est un élément clé de la compétition
globale face à Pékin. Cette régulation handicape de longue date les exports des
groupes français de défense, mais peu se risquent à s'en passer, tant pour avoir
accès aux programmes du Pentagone que parce que certains marchés de niche
n'existent qu'aux Etats-Unis. La toute première commande, passée en août, du
prochain porte-avions français, concerne la livraison de catapultes
électromagnétiques de General Atomics.
Outre l'ITAR, certains veulent placer dans ses normes applicables au concept de
lawfare le Foreign Corrupt Practices Act (FCPA), mais il est difficile pour le
SGDSN d'apparaître comme une institution protégeant des faits de corruption.
L'autre grande norme visée reste le Cloud Act, qui permet aux autorités
américaines de pénétrer des serveurs étrangers, mais celui-ci nécessite des
accords bilatéraux.