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La loi n° 2017-399 du 27 mars 2017 relative au devoir de

vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses


d'ordre et les risques liés au plastique

Réalisé dans le cadre de la Clinique juridique de l’environnement par : Solène Barré, Salomé
Bellon, Stanislas Bouissonnie, Bérénice Cauchard, Marc Chaves Frota, Marie Combes, Ana
Filipovic, Marine Giaretta, Nicolas Ginon, Léa Goux, Emma Jeanroy, Emma Mortolini,
Lucile Perrus, Justine Polidori, Léa Thuin, Paul Vernois.

Rédacteurs principaux : Solène Barré, Salomé Bellon, Stanislas Bouissonnie, Bérénice


Cauchard, Marie Combes, Marine Giaretta, Léa Goux, Paul Vernois.

Sous la supervision de Mathilde Hautereau-Boutonnet, Professeur à Aix-Marseille Université


et Eve Truilhé, Directrice de recherche au CNRS (CERIC)

1
Avertissement

La Clinique juridique de l’environnement a été saisie d’une demande de consultation au sujet


de l’applicabilité de la loi sur le devoir de vigilance pour les sociétés soumises à cette
obligation au regard, notamment, des atteintes causées à l’environnement, par le plastique. Il
s’agissait de faire le point sur : le contenu de la loi sur le devoir de vigilance ainsi que la
question des entités pour les sièges sociaux établis hors de France ; les différentes atteintes à
l’environnement pouvant être invoquées à travers une analyse des risques couverts par la loi
sur le devoir de vigilance ; la possibilité de dresser une liste type d'entreprises comportant des
risques liés au plastique et soumises au devoir de vigilance ; les modalités d’action en justice
pour une association de protection de l’environnement.

Le présent rapport rassemble les réponses à ces différentes questions. Il a été réalisé par les
étudiants du Master 2 droit international et européen (parcours droit de l’environnement et
droit de l’énergie) de la Faculté de droit et de science politique d’Aix-Marseille Université,
dans le cadre de la Clinique juridique de l’environnement
[http://facdroitaix.wix.com/clinique-ceric].

La clinique juridique de l’environnement a pour but d’offrir gratuitement à ses partenaires les
compétences juridiques spécialisées des étudiants du Master 2 Droit International et Européen
de de l’Environnement et du Master 2 Droit International et Européen de l'Énergie. Ceux-ci
peuvent ainsi confronter les connaissances acquises à l’Université aux problèmes qui se
posent dans la pratique.

La mission de la clinique est d’apporter un soutien juridique à titre gratuit et bénévole. La


clinique juridique de l’environnement ne fait que donner à ses partenaires des éléments
juridiques lui permettant de se déterminer, à l’exclusion de toute forme de consultation
juridique.

La clinique ne fournit pas de prestation juridique de nature à engager une quelconque


responsabilité ni de sa part, ni de celle de la Faculté de droit et de science politique, ni de celle
d’Aix-Marseille Université.

Par ailleurs, elle ne fournit pas de prestation juridique assimilable à une consultation d’avocat
ou d’un quelconque professionnel du droit. Elle n’est pas assimilable à un professionnel du
droit.

2
INTRODUCTION

L’effondrement du Rana Plaza le 24 avril 2013 au Bangladesh, immeuble abritant des usines
textiles, a provoqué la mort de plus de 1000 travailleurs et en a blessé plus de 2000. La
quasi-totalité de la production de ces usines était destinée à des distributeurs
occidentaux1. Cet événement a mis en exergue les conditions de travail dans les usines
exerçant leurs activités pour des multinationales face aux modes de consommation
insoutenables des occidentaux. L’industrie du textile et de la mode n’est pas la seule à
fonctionner sur ce modèle : la téléphonie, l’informatique ou l’automobile, qui font travailler
de nombreux fournisseurs, l’agroalimentaire, qui achète des matières premières partout dans
le monde, l’industrie lourde et le BTP, qui emploie des sous-traitants sur les chantiers. Si la
catastrophe de Bophal en Inde (explosion d'une filiale d'une multinationale américaine
produisant des pesticides en 1984 causant la mort de plus de 25 000 personnes sur plusieurs
années) ou encore le naufrage de l’Erika en 1999, ont pu faire réfléchir à la responsabilité des
multinationales, c’est le drame du Rana Plaza qui a donné naissance à un collectif d’ONG
françaises (CCFD-Terre solidaire, Les Amis de la Terre, Amnesty International, entre autres)
et de syndicats qui ont réclamé aux multinationales de mieux contrôler leurs chaînes de sous-
traitance2.

Les organisations internationales ont par ailleurs grandement influencé la création de cette loi.
Nous pouvons citer les principes directeurs de l’OCDE à destination des entreprises
multinationales qui proclament le respect des droits de l’homme et de l’environnement, ou
bien encore le Pacte Mondial des Nations Unies adopté en 2000 et comptant plus de 12 000
signataires dans 145 pays. Ils offrent la possibilité aux entreprises d'adhérer à ces normes
volontaires, en les invitant à faire preuve de diligence, en alignant leurs opérations sur dix
principes reconnus universellement touchant notamment les droits de l'homme, les normes du
travail, l'environnement et la lutte contre la corruption3.

Suite à la catastrophe du Rana Plaza, un fond d'indemnisation a été mis en place sous l'égide
de l'OIT (organisation internationale du travail), à l'initiative d'ONG et de syndicats
internationaux. La participation des entreprises est volontaire et ne constitue pas une
reconnaissance de leur responsabilité dans la catastrophe. Après une forte mobilisation des
syndicats internationaux et des ONG, certaines multinationales vont faire le choix d'abonder
le fond. Nombre d'entre elles étaient clientes du Rana Plaza où elles faisaient confectionner
des vêtements pour leur industrie. On peut citer : Camaïeu, Primark, Mango, Premier
Clothing etc. D'autres entreprises, n'étant pas clientes du Rana Plaza mais assumant de
s'approvisionner au Bangladesh, telles que C&A, Inditex ou GAP, ont également participé
1
Rana Plaza : l'adoption de règles internationales sur le devoir de vigilance, 24 avril 2019, Ligue des droits de
l'Homme
2
La loi française sur « le devoir de vigilance » fait peu à peu des émules, 24 mai 2019, Béatrice
Madeline:https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/05/23/la-loi-française-sur-le-devoir-de-vigilance-fait-peu-
a-peu-des-emules_5466023_3224.html
3
Ibid

3
au fond d'indemnisation des victimes4. Finalement, malgré les 40 millions de
dollars escomptés à la naissance du fonds d'indemnisation pour les victimes, seulement 30
millions de dollars pourront être rassemblés5.

Le droit français, pionnier du devoir de vigilance des entreprises

La loi n° 2017-399 du 27 mars 2017 sur le devoir de vigilance des sociétés mères et des
entreprises donneuses d'ordre a suscité de vives oppositions entre l’Assemblée Nationale et le
Sénat depuis 20136, et une censure partielle par le Conseil constitutionnel7. Mais en adoptant e
texte, la France est sans doute le premier pays au monde à imposer aux multinationales des
obligations aussi importantes au regard de la protection des droits de l’Homme et de
l’environnement. Fondée sur une prise de conscience de l’impact des multinationales dans la
fragilisation des droits humains et la dégradation des milieux naturels, cette loi a pour objectif
de protéger les salariés et l’environnement tout au long de la chaîne de valeur de l’entreprise
et s’étend ainsi à toute sa sphère d’influence et revêt ainsi un caractère extraterritorial. L’idée
c’est que les sociétés mères n’échappent plus à leur responsabilité, et que l’accès à la justice
soit plus abordable pour les victimes de ces entreprises.

Devoir de vigilance et plastique

Le présent rapport porte sur les implications du devoir de vigilance des entreprises concernant
leur production de plastique. DIRE POURQUOI RISQUES LIES AU PLASTIQUE
Pour cause, nombre d’entre elles ne tiennent pas compte dans leurs plans de vigilance des
risques environnementaux causés par celle-ci.
Les risques engendrés par cette filière ont été soulignés dans le rapport afin de mettre en
exergue les impacts globaux d’une activité à l’origine de la génération de plastique.
L’enjeu ici est de savoir dans quelle mesure ces dommages seraient couverts par la loi.

Plan du rapport

La loi sur le devoir de vigilance n’a pas été adoptée dans un contexte de vide juridique, elle
prolonge les dispositions du droit français en matière de responsabilité sociétable des
entreprises (RSE) dont il conviendra de mettre en évidence les implications s’agissant des
risques liés au plastique (I) avant d’étudier les principales dispositions de la loi de 2017 (II).
Codifiée aux articles L225-102-4 et L225-102-5 du Code de commerce, cette loi a déjà fait

4
Un fonds de 40 millions de dollars pour les victimes du Rana plaza, Le Figaro, 23 avril 2014.
5
Rana Plaza : l'adoption de règles internationales sur le devoir de vigilance, 24 avril 2019, Ligue des droits de
l'Homme.
6
L’Assemblée Nationale plaidait pour que l’obligation de mise en œuvre du plan de vigilance soit accompagnée
d’un mécanisme de sanctions financières, civiles et commerciales. Le Sénat s’opposait à ces sanctions au titre de
la compétitivité des entreprises françaises.
7
Dans sa décision n°2017-750 DC, du 23 mars 2017, le Conseil constitutionnel n'admet pas la constitutionnalité
des dispositions instituant une amende. Il a estimé que les termes tels que « mesures de vigilance raisonnable »
ou « atteintes aux droits humains et libertés fondamentales » étaient trop larges et imprécis pour qu'une sanction
puisse être infligée en cas de manquement. Elle fait référence au principe de légalité des peines et des délits. La
décision la concernant pourra être publiée et affichée mais aucun mécanisme d'amende ne pourra être prévu en
l'état de la loi.

4
l’objet de plusieurs actions en justice dont l’action portée contre Total, par un
collectif de quatorze collectivités et cinq ONG (Notre Affaire à Tous, Sherpa, ZEA, Eco
Maires et FNE). Nous avons choisi de présenter les possibilités d’actions en justice qui
pourraient être formées à l’avenir sur le fondement de cette loi (III) Enfin, le champ
d’application de la loi étant réduit (limitées à certaines entreprises dont le nombre de salariés
est particulièrement élevé), il nous est apparu opportun de proposer d’autres pistes d’action. A
ce titre le régime de responsabilité élargie des producteurs encadré au niveau de l’Union
européenne, nous semble mériter attention (IV).

Plan :

I – En amont de la loi : la RSE


II - Principales dispositions de la loi
III - Quelles possibilités d’action en justice ?
IV – Au-delà de la loi : la REP comme autre moyen de s'intéresser à la gestion des déchets par
leurs producteurs

I – En amont de la loi du 27 mars 2017 : la Responsabilité sociale des


entreprises (RSE)

Bien avant l’adoption de la loi du 27 mars 2017 sur le devoir de vigilance des entreprises,
celles-ci devaient déjà, de manière plus générale, répondre de leurs actes via le concept de
responsabilité sociale des Entreprises (RSE). Si la loi sur le devoir de vigilance est comprise
dans la RSE, celle-ci est constituée d'autres lois et comportements que doivent respecter ou
adopter les entreprises lorsqu'elles exercent leurs activités sur le sol français.

1) Qu'est-ce que la RSE : explication du concept

Définition de la RSE par la Commission européenne : « Intégration volontaire, par les


Entreprises, de préoccupations sociale et environnementale à leurs activités commerciales et
leurs relations avec leurs parties prenantes ».

Le site du Ministère français de la transition écologique définit la RSE comme : « La


contribution des entreprises aux enjeux du développement durable ».

La responsabilité sociale des entreprises englobe donc plusieurs thèmes, regroupés au sein de
la norme ISO 26 000 (International Organisation for Standardisation). Les thématiques sont
les suivantes : gouvernance de l'organisation, droits de l'homme, relations et conditions de
travail, l'environnement, la loyauté des pratiques, les questions relatives au consommateur et
enfin, les communautés et le développement durable.

En définitive, la RSE ne concerne pas seulement des considérations sociales, mais aussi des
considérations environnementales de lutte contre le changement climatique et de mise en
place de politiques internes des entreprises visant à réduire leur impact environnemental.

5
2) Champ d'application : quelles sont les entreprises concernées ?

La RSE est un concept né au niveau international. Elle concerne donc toutes les entreprises
dans leurs activités, qu'il s'agisse de PME ou de grandes multinationales. En d'autres termes,
toutes les entreprises peuvent mettre en place une démarche de RSE, et ce quelle que soit leur
taille, leur statut ou leur secteur d'activité.

3) Cadre réglementaire de la RSE en France : dispositions sur le plastique et autres


dispositifs

Comme il l'a été mentionné ci-dessus, la commission européenne considère que la RSE relève
d'une démarche volontaire des entreprises. La France s'est néanmoins dotée d'un cadre
juridique, à la fois réglementaire et législatif, afin de mettre en œuvre de manière plus
contraignante la RSE.

Il s'agit ici de répertorier les lois et décrets qui encadrent la RSE en France. En d'autres
termes, si la RSE enclenche une responsabilité « volontaire » des entreprises, elle n'est donc
pas un fondement juridique plausible à elle seule.

Ainsi, pour engager un recours en justice sur le fondement de la RSE, il faudra se référer aux
lois et règlements qui l'encadrent ou aux relations conventionnelles établies entre une
entreprise et ses parties prenantes. En effet, tel qu’il a été construit, le concept de la RSE est
un concept de “soft law”, c’est-à-dire qu’il ne peut directement engager la responsabilité
juridique de l’entreprise.
Il est cependant possible d’effectuer un rapprochement entre responsabilité civile des
entreprises et responsabilité sociale des entreprises et notamment sur le plan de la théorie du
risque et de celle du principe de précaution, caractéristiques de la responsabilité civile. Les
entreprises répondant à leurs obligations de RSE pourront donc mettre en œuvre des
politiques environnementales et sociales afin d’empêcher un risque de se réaliser et ainsi
d’engager leur responsabilité civile.

Le cadre réglementaire de la RSE débute vraiment avec la loi NRE de 2001 ( loi sur les
nouvelles régulations économiques ) : La loi NRE fixe, pour les sociétés cotées en bourse sur
un marché, une obligation de « reporting extra-financier ». En d'autres termes, les entreprises
qui exercent une activité commerciale sur le sol français devront rendre compte, dans leur
rapport annuel, de la gestion sociale et environnementale de leur activité. Ce rapport annuel
contient des informations qui seront listées par décret en Conseil d'Etat. La liste
d'informations à fournir lors de l'adoption de la loi NRE n'est plus en vigueur. Une nouvelle
liste a été établie, par décret, en application de la loi Grenelle II de l'environnement dont il
sera fait mention ci-après.

La loi Grenelle I, du 3 août 2009, poursuit la mise en place de la RSE en France par un de ses
articles : l'article 53. L'article est ainsi rédigé : L'Etat « appuiera la création, pour les
entreprises de toute taille, de labels attestant la qualité de leur gestion dans les domaines
environnementaux et sociaux et leur contribution à la protection de l'environnement, et à

6
la mise en place d'un mécanisme d'accréditation des organismes certificateurs
indépendants chargés de les attribuer. Il soutiendra de la façon la plus appropriée, y compris
fiscale, les petites et moyennes entreprises qui s'engagent dans la voie de la certification
environnementale». Dans ce cadre, un groupe de travail a été constitué sur les « labels et
entreprises responsables ».

Cet article est particulièrement intéressant, notamment parce qu'il apparaît très incitatif pour
les entreprises, qui pourront voir leurs efforts attestés par un label fourni par l'Etat. Cela nous
donne une indication sur l'importance de l'image de l'entreprise, dans un contexte où les
consommateurs sont de plus en plus critiques de leur action. Ainsi, la RSE, en tant que
démarche volontaire, joue beaucoup sur le plan de la réputation des entreprises. Les
entreprises mettront notamment en œuvre des actions environnementales afin d'être valorisées
sur le marché, et dans le cadre du Grenelle I, afin d'être labellisées.

Le Grenelle II, issu de la loi du 12 juillet 2010, a conduit à renforcer encore davantage la
RSE, notamment par son article 75. Cet article conduit les entreprises privées de plus de 500
salariés, ainsi que les personnes morales de droit public, à fournir un bilan des gaz à effet de
serre émis.
En outre, l'article 225 de la loi Grenelle II prévoit, afin de préciser les informations
obligatoires en matière de « reporting extra-financier », une modification de l'article L.225-
102-1, qu'il est utile de résumer ainsi : lorsque les seuils fixés par le Conseil d'Etat (que nous
résumons ci-après) sont dépassés, les entreprises seront tenues par une déclaration de
« performance extra-financière » dans leur bilan annuel. Il s'agit de fournir des informations
à la fois sur le traitement de leur personnel et sur les mesures environnementales qu'elles
prennent. Elles devront ainsi rendre compte de la manière dont elles prennent en compte les
conséquences sociales et environnementales de leurs activités.
L'article 228 de la loi Grenelle II nous intéresse également, modifiant notamment l'article
L112-10 du code de la consommation, et prévoyant une obligation d' affichage
environnemental. L'objectif est ainsi d'informer le consommateur sur l'impact
environnemental des produits (équivalent carbone, emballage, consommation en ressources
naturelles).

Concernant le cadre réglementaire uniquement, l'article 225 fait notamment l'objet d'un décret
d'application, daté du 24 avril 2012 , précisant les informations relatives à la transparence des
entreprises en matière sociale et environnementale. Ainsi, l'art. R. 225-105 prévoit : « Le
rapport du conseil d'administration ou du directoire mentionné à l'article L. 225-102 expose,
en application des dispositions du cinquième alinéa de l'article L. 225-102-1, les actions
menées et les orientations prises par la société et, le cas échéant, par ses filiales au sens de
l'article L. 233-1 ou par les sociétés qu'elle contrôle au sens de l'article L. 233-3, pour prendre
en compte les conséquences sociales et environnementales de son activité et remplir ses
engagements sociétaux en faveur du développement durable. ».
L'article 225-102-1, en son 2° b) prévoit notamment, en matière environnementale,
l'obligation pour les entreprises concernées, d'inscrire dans leur bilan annuel : « les mesures
de prévention, de recyclage et d'élimination des déchets ». Cela concerne l'ensemble des
déchets produits par l'entreprise et donc cela comprend nécessairement ses déchets
plastiques.

7
Enfin, il est possible de citer la loi EGAlim du 30 octobre 2018 qui nous
intéresse en ce qu'elle consiste en un renforcement de la RSE et qu’elle contient notamment
des dispositions relatives au plastique. La loi EGAlim, relative à « l'équilibre des relations
commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et à une alimentation saine, durable et
accessible à tous », prévoit notamment une modification de l'article L.541-10-5 du code de
l'environnement, afin de renforcer ses dispositions.
Il est intéressant, avant d'évoquer les changements imposés par la loi EGALIM, d'observer le
contenu de l'article 541-10-5, qui intéresse particulièrement les utilisations de produits
plastiques.
Ainsi, cet article prévoit, dans son I. : « Au plus tard le 1er juillet 2011, tout établissement de
vente au détail de plus de 2 500 mètres carrés proposant en libre-service des produits
alimentaires et de grande consommation se dote, à la sortie des caisses, d'un point de reprise
des déchets d'emballage issus des produits achetés dans cet établissement. ». Est prévu
également par cet article dans son II. : « Il est mis fin à la mise à disposition, à titre onéreux
ou gratuit :
1° A compter du 1er janvier 2016, de sacs de caisse en matières plastiques à usage unique
destinés à l'emballage de marchandises au point de vente ;
2° A compter du 1er janvier 2017, de sacs en matières plastiques à usage unique destinés à
l'emballage de marchandises au point de vente autres que les sacs de caisse, sauf pour les sacs
compostables en compostage domestique et constitués, pour tout ou partie, de matières
biosourcées. ».
Le grand III, modifié par la loi EGAlim afin d'en renforcer la portée, prévoit : « Au plus tard
le 1er janvier 2020, il est mis fin à la mise à disposition des gobelets, verres et assiettes
jetables de cuisine pour la table, pailles, couverts, piques à steak, couvercles à verre jetables,
plateaux-repas, pots à glace, saladiers, boîtes et bâtonnets mélangeurs pour boissons en
matière plastique, sauf ceux compostables en compostage domestique et constitués, pour tout
ou partie, de matières biosourcées.
A compter du 1er janvier 2020, la mise sur le marché des bâtonnets ouatés à usage
domestique dont la tige est en plastique est interdite. Cette interdiction ne s'applique pas aux
dispositifs définis aux articles L. 5211-1 et L. 5221-1 du code de la santé publique. ».

La loi PACTE du 22 mai 2019, relative à la croissance et la transformation des


entreprises,qui, si elle contribue au renforcement de la RSE sur certains points, conduisait à
amenuiser les dispositions de la loi EGAlim en matière de plastique et à faire reculer les
échéances. Le Conseil Constitutionnel ayant invalidé les dispositions relatives au plastique de
la loi PACTE, les modifications issues de la loi EGAlim restent en vigueur en matière de
produits jetables.

4) Les entreprises en France, la RSE et le plastique : focus sur les mesures


environnementales prises par les entreprises en matière de plastique sur le fondement de
la RSE

Il s'agit ici de recenser les mesures environnementales prises par les entreprises dans le cadre
de leur responsabilité sociale et environnementale. Seront exposés majoritairement les
mécanismes mis en place par des entreprises françaises afin de limiter leur impact écologique,
notamment via leur réduction et recyclage du plastique. Il est important d'informer en amont

8
que les propos qui suivent reposent sur des rapports provenant des entreprises
elles-mêmes.

Seront présentées successivement trois entreprises qui œuvrent pour une gestion des déchets
plus durables et qui ont donc mis en place un dispositif de lutte contre le gaspillage 8. Les
entreprises, surtout les grandes entreprises, doivent déployer des efforts considérables dans le
cadre de cette lutte contre le plastique. La réduction de l’utilisation du plastique s’inscrit dans
cette RSE.

Les actions mises en place par Disneyland Paris

La gestion des déchets est un véritable enjeu pour Disneyland Paris, qui accueille en moyenne
14 millions de visiteurs par an. Selon les chiffres d'EuroDisney, chaque visiteur produit en
moyenne 1 kilo de déchets, soit 18 000 tonnes récoltés à Disneyland Paris en 2015. Le site
précise que 17 681 tonnes des déchets répertoriés sont des déchets industriels considérés
comme « non dangereux ». Le plastique entre dans cette catégorie.

La politique de Disneyland Paris est une politique qui vise à la réduction de déchets à la
source, notamment par la diminution de l'utilisation d'emballages non recyclables.

La politique mise en place, qui entre dans le cadre de la RSE, permet de recycler 42% des
déchets quotidiens (papier, carton, ferraille, verre). Une autre forme de recyclage est
proposée, permettant de réutiliser des objets qui contiennent du plastique : la vente à très
faible prix d'articles d'occasion provenant du parc au personnel de l'entreprise.

Dans le cadre d'une responsabilité environnementale accrue, Disneyland Paris a également


mis en place une politique de tri des déchets, permettant de trier 25 types de déchets
différents.

Parmi cette politique de tri et de recyclage des déchets, Disneyland a mis en place, depuis
2014, un système de tri et de recyclage des films plastiques permettant le traitement d'une
tonne de déchets .

8
http://www.plastiques-caoutchoucs.com/Lidl-affirme-sa-RSE.html
https://enrouteversdemain-lidl.fr/lidl-sengage-contre-les-dechets-plastiques/
http://www.ecoemballages.fr/sites/default/files/files/resources/eco-embal_plaquette_rse_def.pdf
https://disneylandparis-news.com/category/responsabilite-societale-des-entreprises/page/2/
https://www.economie.gouv.fr/entreprises/responsabilite-societale-entreprises-rse
https://www.compta-online.com/les-cadres-reglementaires-de-la-rse-en-europe-et-en-france-ao1436
https://www-dalloz-fr.lama.univ-amu.fr/documentation/Document?
ctxt=0_YSR0MD1TdHJhdMOpZ2llcyBkZSBnZXN0aW9uIGRlcyBkw6ljaGV0c8KneCRzZj1zaW1wbGUtc2V
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%2F2016%2F1533
https://www.cairn.info/revue-gestion-2000-2011-5-page-83.htm

9
D'autres efforts, plus récents, rendent compte également de la tendance vers
une gestion plus durable de l'entreprise Disneyland Paris. Ainsi, en juillet 2019, dans le
rapport FRE 7, Disneyland Paris indique, qu'à l'horizon 2019, la société n'utilisera plus de
pailles à usage unique, ni de touillettes en plastique. Cela correspond à une réduction de 175
millions de pailles en plastique et à une réduction de 13 millions de touillettes par an.
Disneyland Paris annonce également que seront désormais dotées de commodités
rechargeables les chambres d'hôtel, permettant de réduire de 80% l'usage du plastique dans les
chambres.

Les actions mises en place par la chaîne d'Hôtels Accor Arena

Les objectifs de la chaîne se révèlent assez ambitieux. En 2020, La société Accor fait un bilan
assez catastrophique sur l'usage du plastique par leur chaîne : 200 Millions d'articles en
plastique à usage unique sont utilisés chaque année dans les chambres, espaces de loisirs et
restaurants.

Dans le cadre de leur RSE, Les hôtels Accor Arena s'engagent, en respect de l'article L541-
10-5 du code de l'environnement tel que modifié par la loi EGAlim, à éliminer pailles,
touillettes et Cotons-Tiges en plastique. Seulement, la chaîne décide d'aller encore plus loin et
s'engage, pour 2022, à éliminer l'intégralité des produits plastiques à usage unique utilisés
par ses clients.

Remarque : cet engagement démontre la force de la RSE. Si les entreprises, en France, sont
tenues par un encadrement juridique de la RSE, elles peuvent mettre en place des actions pour
aller au-delà des textes. L'action d'Accor Arena en est un exemple.

La société Accor Arena joue également sur le plan de l'information. Ainsi, elle s'engage à
mettre en place des guides opérationnels afin d'informer les hôtels sur la marche à suivre. Des
informations seront communiquées par le biais de ces guides sur les alternatives écologiques
au plastique à usage unique : cuillères en bois, gobelets en carton etc.

Les actions mises en place par Lidl France

En termes de distribution alimentaire, prenons l’exemple de lidl France déjà très active en
matière de développement durable et d’environnement. Dans le cadre de sa RSE, l’enseigne
s’engage à réduire de 20 pour-cent le plastique de ses emballages d’ici à 2025 et à proposer
100 pour-cent d’emballages recyclables. De plus, suite à cet engagement, Lidl France met en
place des mesures concrètes depuis 2019 en mettant un terme à la vente d’emballages
plastiques à usage unique ( pailles, Cotons-Tiges etc), comme l’exige la loi.

Les actions mises en place par Fruitidis

Nous pouvons également citer Fruitidis, une entreprise alimentaire française de produits frais,
qui, au sujet de l’éco-conception des emballages en 2013 a utilisé pour sa nouvelle gamme de

10
smoothies des bouteilles de 25 cl intégrant 20% de PET (Polytéréphtalate
d’éthylène) issu de cannes à sucre et toujours entièrement recyclables. On peut également
noter l’intégration de 50% de plastique recyclé dans les bouteilles de jus de fruits d’1L.

II - Principales dispositions de la loi du 27 mars 2017

1. Champ d’application
La loi n° 2017-399 du 27 mars 2017 relative au devoir de vigilance des sociétés mères et des
entreprises donneuses d'ordre9 a été inscrite dans le Code du commerce français à l’article L225-
102-4 (Annexe 1) qui institue l’obligation pour les sociétés mères d’établir et de mettre en place de
manière effective un plan de vigilance.

Alinéa 1 et 2 de l’article L225-102-4 du Code de commerce : « I. Toute société qui emploie, à la clôture de
deux exercices consécutifs, au moins cinq mille salariés en son sein et dans ses filiales directes ou indirectes
dont le siège social est fixé sur le territoire français, ou au moins dix mille salariés en son sein et dans ses
filiales directes ou indirectes dont le siège social est fixé sur le territoire français ou à l'étranger, établit et met
en œuvre de manière effective un plan de vigilance.
Les filiales ou sociétés contrôlées qui dépassent les seuils mentionnés au premier alinéa sont réputées
satisfaire aux obligations prévues au présent article dès lors que la société qui les contrôle, au sens de l'article
L. 233-3, établit et met en œuvre un plan de vigilance relatif à l'activité de la société et de l'ensemble des
filiales ou sociétés qu'elle contrôle ».

A. Entreprises visées

Ces dispositions s’appliquent à toute société tête de groupe qu’elle soit une société anonyme, une
société en commandite par actions (article L226-1 du code du commerce) ou encore une société par
actions simplifiées (SAS) (article L 227-1 du code de commerce). S’agissant des SAS, des doutes
existent. La loi indique que le plan de vigilance ainsi que son compte rendu est directement applicable
aux SAS par renvoi à l’article L227-1 du Code de commerce. Mais sa mise en œuvre doit être
effective au sein du rapport de gestion (article L225-102 du code de commerce) qui n’est pas
applicable aux SAS. Pour certains auteurs, le plan de vigilance s’applique aux SAS, il doit être rendu
public mais ne doit pas obligatoirement figurer dans le rapport de gestion. Une autre partie de la
doctrine10, minoritaire, considère à l’inverse que l’obligation d’établir un plan de vigilance n’est pas
applicable à la SAS.

Sont soumises à la l’obligation d’établir un plan de vigilance :

- Les entreprises qui emploient à la clôture de deux exercices consécutifs, au moins 5000 salariés en
leur sein et dans leurs filiales directes ou indirectes dont le siège social est fixé sur le territoire
français. Cette condition de nationalité du siège social permet au texte de respecter le principe de
territorialité de la loi, en ne faisant peser directement ses obligations que sur des entreprises françaises,
bien que le périmètre du plan de vigilance dépasse le territoire national. Il y a pourtant un effet
extraterritorial en exerçant une contrainte sur une filiale indépendante de droit étranger.

- Celles qui emploient à la clôture de deux exercices consécutifs, au moins 10 000 salariés en leur
sein et dans leurs filiales directes ou indirectes dont le siège social est fixé sur le territoire français
ou à l’étranger. Les sociétés mères ayant leur siège social en France mais détenant des filiales
9
JORF n°0074 du 28 mars 2017.
10
P.-L. PÉRIN, Devoir de vigilance et responsabilité illimitée des entreprises : qui trop embrasse mal étreint,
RTD com. 2015, p. 215 ; C. Malecki, préc. ; S. Schiller, préc., JCP E 2017, 1193, no 3.

11
directement ou indirectement à l’étranger sont soumises au devoir de vigilance.
Les filiales françaises d’entreprises étrangères dépassant l’un des seuils décrits ci-haut sont elles
aussi concernées par la loi.

Relations entre la société mère et leurs filiales directes ou indirectes : contrôle direct ou indirect

Contrôle direct : lorsque la société mère (B) détient directement la majorité des droits de vote au
conseil d’administration de sa filiale (A).

Contrôle indirect (via une holding) lorsque la société mère (B) a le contrôle de sociétés
intermédiaires (C et D) et qu’elle peut demander de voter de la même manière au conseil
d’administration de sa filiale (A). Article L233-4 du Code de commerce : « toute participation même
inférieure à 10 % détenue par une société contrôlée est considérée comme détenue indirectement par la
société qui contrôle cette société ». Pour que cette détention puisse déboucher sur un contrôle indirect
et confère ainsi le statut de sous-filiale, il est nécessaire que la filiale, contrôlée par la société mère, ait
une participation dans la sous-filiale équivalente :
- À la majorité des droits de vote dans les assemblées de la sous-filiale ;
- À 40% des droits de vote et aucun autre associé ou actionnaire ne détenant directement ou
indirectement une fraction supérieure à la sienne ;
- Au contrôle de fait cette société.

La société mère est réputée « contrôler indirectement la sous-filiale », donnant à cette dernière la
qualité de filiale indirecte. Le plan doit couvrir clairement la société mère et ses filiales. Il doit
présenter la méthode de consolidation permettant d’identifier les filiales de façon précise.

Nos observations : Plusieurs plans de vigilance ne permettent pas de manière précise


d’identifier les filiales contrôlées, leurs activités ne sont pas précisées. Un lien hypertexte
permettant d’accéder à cette liste devrait être mis en place afin de respecter l’obligation de
transparence, de lisibilité et d’accessibilité de l’information.

B. Intégration des sous-traitants et fournisseurs au plan de vigilance

Alinéa 3 de l’article L225-102-4 du Code de commerce : « Le plan comporte les mesures de


vigilance raisonnable propres à identifier les risques et à prévenir les atteintes graves envers les
droits humains et les libertés fondamentales, la santé et la sécurité des personnes ainsi que
l'environnement, résultant des activités de la société et de celles des sociétés qu'elle contrôle au sens
du II de l'article L. 233-16, directement ou indirectement, ainsi que des activités des sous-traitants
ou fournisseurs avec lesquels est entretenue une relation commerciale établie, lorsque ces activités
sont rattachées à cette relation ».

La société mère doit dans son plan surveiller ses sous-traitants et fournisseurs et ceux de ses
filiales avec lesquels elles entretiennent une relation commerciale établie.

Notion de relation commerciale établie : l’article L441-2-II vise toutes les relations commerciales
contractuelles ou extracontractuelles, précontractuelles ou post contractuelles pourvu que la relation
commerciale soit établie. Une relation commerciale est établie si elle est « suivie, stable et continue
»11.

11
Cour de cassation, Chambre commerciale, 15 janvier 2020, pourvoi n° 18-10.512

12
Nos observations : Parmi les plans de vigilance étudiés, les fournisseurs, de produits plastiques
notamment, ne sont pas toujours identifiés, leurs activités et leur rang dans la chaîne
d’approvisionnement ne sont pas toujours précisées. Un lien hypertexte devrait permettre
d’accéder directement à l’information.

2. Cartographie des risques

Alinéa 4 de l’article L225-102-4 du Code de commerce : « Le plan a vocation à être élaboré en


association avec les parties prenantes de la société, le cas échéant dans le cadre d'initiatives
pluripartites au sein de filières ou à l'échelle territoriale. Il comprend les mesures suivantes :
1° Une cartographie des risques destinée à leur identification, leur analyse et leur hiérarchisation
2° Des procédures d'évaluation régulière de la situation des filiales, des sous-traitants ou
fournisseurs avec lesquels est entretenue une relation commerciale établie, au regard de la
cartographie des risques
3° Des actions adaptées d'atténuation des risques ou de prévention des atteintes graves ;
4° Un mécanisme d'alerte et de recueil des signalements relatifs à l'existence ou à la réalisation des
risques, établi en concertation avec les organisations syndicales représentatives dans ladite société ;
5° Un dispositif de suivi des mesures mises en œuvre et d'évaluation de leur efficacité ».

L’entreprise se doit de « dresser une cartographie des risques destinée à leur identification, leur
analyse et leur hiérarchisation ». Les risques visés sont ceux qui portent directement ou
indirectement « une atteinte grave envers les droits humains et les libertés fondamentales, la santé et la
sécurité des personnes ainsi que l’environnement ». Les entreprises industrielles impliquées dans la
chaîne plastique doivent être vigilantes quant aux impacts environnementaux de leurs activités
(pollution de l’air, des sols ou de l’eau), ainsi qu’aux impacts climatiques.

Le plan doit permettre d’identifier les normes de référence de la société, c’est le périmètre
substantiel.

Nous avons réalisé une analyse des risques en termes d’impacts sur l’environnement et la santé que la
filière plastique pourrait engendrer.

Les risques environnementaux Les risques sanitaires et sociaux

1.L’extraction de matières premières fossiles et 1.Faillite de la gestion des déchets :


leurs transformations en plastique : à l’origine de accumulation dans les sols agricoles de plastique, les
plusieurs accidents (feux industriels, explosions, chaînes alimentaires terrestres et aquatiques, et les
rejets chimiques, ainsi que des risques pour les sources d’approvisionnement en eau
travailleurs exposés)

2.Biotope marine impactée : l’étranglement, 2.Présence de métaux lourds, de polluants organiques


l’ingestion, l’accroissement d’espèces invasives à persistants, cancérogènes, de perturbateurs
l’origine des problèmes de biodiversité endocriniens et de micro plastiques : impact sur la
santé humaine

13
3. Pollution du milieu terrestre : la pollution des 3.Existence de décharges non contrôlées et
sols, des systèmes terrestres et d’eau douce d’incinérateurs à ciel ouvert libérant des gaz toxiques,
d’halogènes et des oxydes

Nos observations : La cartographie des risques devrait lister les risques et atteintes graves
pour l’environnement ou pour les tiers. Les entreprises devraient s’attacher dans
l'identification de ses risques à être précis et à identifier, par exemple, les risques que la
production du plastique nécessaire à l’ensemble de leurs produits de grande distribution font
peser sur les tiers et l’environnement.

3.

3. Grille d’analyse des plans de vigilance en application des dispositions de la loi

Les questions que devraient se poser les entreprises au moment d’établir leur plan de vigilance
concernent la production et la gestion des déchets plastiques : « Comment produire moins de
déchets ? » et « Comment gérer durablement ces déchets ? ». Les plans de vigilance que nous
avons analysés sont ceux des plus grands pollueurs et/ou des industries les plus polluantes en
termes de plastique12 avec un focus sur les industries ayant recours au packaging plastique.
Nous pouvons tout d’abord mettre en exergue que de nombreuses sociétés n’ont toujours pas
établi de plan de vigilance au cours de ces trois dernières années (Annexe 2). Certains
industriels dont l’activité plastique est importante au sein de leurs activités ont pu établir un
plan de vigilance (Annexe 3) mais de contenu souvent incomplet. Sur le fond, nous avons
constaté que les sociétés se fixent des objectifs afin de répondre à la première question et de
réduire leur production de déchets plastiques. La seconde question n’est en revanche que très
partiellement évoquée.

Pour la cohérence de l’analyse, nous nous sommes appuyés pour nos analyses sur la méthode
explicitée par Sherpa. Cette association a publié un « Guide de référence pour les plans de
vigilance » qui propose une analyse juridique détaillée du contenu des plans de vigilance et
des pistes d’améliorations législatives que les entreprises sont incitées à suivre.

Moyens d’évaluation choisis par la société  Outils choisis (audits ou/et autres)
 Méthodologie
 Objectifs
 Calendrier des procédures
 Critères et résultats d’évaluation (situation des filiales,
fournisseurs et sous-traitants)
 Les mesures correctives
 Les actions doivent être élaborées au  Les actions doivent présenter dans le plan des mesures
regard de la cartographie pour répondre, correctives et le calendrier de leur mise en œuvre
point par point, aux risques identifiés
 Le dispositif de suivi et d’évaluation doit  L’entreprise doit s’assurer du caractère efficace de ces
12
Plastic waste generation by industrial sector, 2015 https://ourworldindata.org/grapher/plastic-waste-by-sector?
time=earliest..latest

14
couvrir toutes les mesures du plan, depuis mesures et doit mettre en place une méthodologie et des
les mesures d’identification et d’évaluation moyens pour s’en assurer
du risque de la cartographie, au mécanisme  Bien regarder car certaines entreprises ne font aucune
d’alerte mention du dispositif de suivi des mesures et de leur efficacité
engagé
 Bien regarder si l’entreprise considère Regarder les risques de pollution lié à son activité
les risques liés à ses activités Risque de pollution de l’air, de l’eau et des sols
Sur les différents sites
 LA PUBLICATION. Le plan doit être  Il doit être rendu public et diffusé de façon visible sur les
publié de manière autonome, formalisée différents sites internet du groupe
et accessible  Le plan de vigilance doit être inclus dans le rapport de
gestion de la société
 Par exemple, si le plan opère à plusieurs reprises “des
renvois” à d’autres chapitres, d’autres rapports, d’autres
paragraphes = cela porte atteinte aux impératifs
d’accessibilité de l’information en réduisant leur lisibilité
 L’impératif d'accessibilité du plan : implique qu’il doit
être visible sur le site de l’entreprise. Le plan doit aussi être
traduit au minimum dans les langues des pays dans lesquels la
société opère.

LE PÉRIMÈTRE GROUPE. Le plan doit  Le plan doit permettre d’identifier les filiales de façon
couvrir la société mère et ses filiales. précise : liste des sociétés contrôlées de manière directe ou
indirecte
 La liste des filiales peut contenir des des informations
relatives au contrôle exercé par la société mère : cette liste
permettrait de justifier l’inclusion ou l’exclusion dans le
périmètre de la vigilance.
 Le format des listes doit permettre de traiter la quantité
d’information
 Bien regarder donc si le plan de vigilance couvre les activités
de l’entreprises et de ses filiales consolidées (article L 233-16
du code de commerce)
 Regarder aussi les différentes filiales au sein du rapport de
gestion : ce dernier présente le pourcentage de détention de la
filiale par le groupe = un lien hypertexte permettant d’accéder à
la liste doit être mis en place pour respecter l’obligation de
transparence, de lisibilité, d’accessibilité de l’information
au sein du plan de vigilance.
 LE PÉRIMÈTRE EXTRA GROUPE.  Le plan doit contenir une liste des fournisseurs et sous-
Le plan doit démontrer l’intégration des traitants : lorsqu’il y a des relations commerciales établis avec
sous-traitants et fournisseurs de la société la société mère et ses filiales
mère et des sociétés contrôlées.  La publication (si la liste est très longue) n’a pas obligation
d’être réalisée directement dans le plan lui-même. Mais le plan
doit contenir un lien hypertexte pour y renvoyer pour respecter
l’obligation de transparence, de lisibilité, d’accessibilité de
l’information
 LE PÉRIMÈTRE SUBSTANTIEL. Le  Le plan de vigilance doit présenter les droits humains que la
plan doit couvrir les risques et atteintes société entend respecter
graves aux droits humains, à Identifier leur contenu
l’environnement, la santé et à la sécurité Les écarts potentiels dans les différents pays où le groupe opère
 Le plan doit être vigilant quant-aux-impacts
environnementaux de leurs activités (pollution de l’air, des sols
ou de l’eau par exemple)
 Souvent, les plans ne détaillent pas les écarts potentiels dans
les différents pays où le groupe opère

15
 PARTIES PRENANTES . Le plan doit  Doit contenir la liste des parties prenantes internes et
identifier les parties prenantes de la société externes impliquées dans l’établissement et la mise en oeuvre
et présenter la méthodologie de leur de chaque mesure du plan.
consultation ainsi que les résultats de cette  Le plan doit rendre compte de la méthodologie
dernière d’identification des parties prenantes
 INITIATIVE SECTORIELLES OU  Si l’entreprise recourt à des initiatives pluripartites au sein
RÉGIONALES. La loi devoir de vigilance des filières ou à l’échelle régionale, la société devrait publier la
incite les sociétés à se rapprocher des liste de celles-ci
initiatives multi-parties prenantes  La société doit aussi publier une évaluation critique des
sectorielles ou régionales. initiatives à échéance régulière : cela permet de savoir si la
société a identifié des limites à ces initiatives et a engagé des
actions pour y remédier.
 GOUVERNANCE. Le plan doit
présenter l’organisation transversale de la
gouvernance de la vigilance au sein de la La loi ne contient aucune disposition relative à l’organisation
société. interne ou à la gouvernance du plan.
Le plan peut identifier la gouvernance de la vigilance pour
chaque risques et mesures : identifier les directions
opérationnelles et les moyens alloués
Exemple : “ « repose sur une approche intégrée qui fait appel
aux compétences des différents métiers concernés (HSE, droits
humains, achats, ressources humaines, sociétal, sûreté,
juridique) “
 MISE EN OEUVRE DE LA  Le plan de vigilance sert à démontrer qu’il produit des effets.
VIGILANCE DE MANIÈRE Le contenu des plans doit être mis à jour régulièrement, en
CONSTANTE. Le plan doit être mis à jour fonction de l’évolution des risques, des atteintes et de leur
de façon régulière. gestion
 Regarder la date de publication, si des mises à jour sont
récentes ? (mis à jour annuellement ?)
 Le contenu du plan doit être mis à jour périodiquement en
cas d’événements majeurs (si par exemple nouveaux projets
pour l’entreprise)
 CARTOGRAPHIE DES RISQUES.  Le plan doit identifier les entités de la société impliquées
Gouvernance dans la cartographie des risques
Par exemple, « Le Comité d’éthique, La direction HSE, La
direction Engagement Société Civile, La direction des
Ressources humaines Groupe, La direction de la Sûreté etc…”
 Le groupe doit décrire le rôle de chacune des entités
Par exemple, la direction de la sûreté est en charge de la
protection des personnes
 Le groupe doit aussi préciser comment la gouvernance se
décline sur le terrain : cela permet de s’assurer que les acteurs
mobilisés sont au plus proches des risques et atteintes graves
qui pourraient survenir tout au long de la chaîne de valeur et
plus précisément en ce qui concerne l'utilisation des plastiques
 Les risques doivent être clairement identifiés et leur
localisation
 CARTOGRAPHIE DES RISQUES.  Les détails des sources d’information utilisées pour
Sources d’informations utilisées cartographier les risques (visite de terrains, rapports d’experts,
initiatives sectorielles …) pour connaître les contextes sociaux,
environnementaux, économiques
 CARTOGRAPHIE DES RISQUES.  Préciser quelles sont les communautés locales
Parties prenantes et communautés locales potentiellement atteintes, consultées ? (pour le plastique à
regarder dans les pays asiatiques surtout)
 CARTOGRAPHIE DES RISQUES.  La société doit identifier les impacts que ses activités, les
Identification de risques : Risques que activités de ses filiales fournisseurs et sous-traitants

16
l’entreprise suscite en matière de droits pourraient potentiellement causer envers l’environnement, la
humains et à l’environnement santé et la sécurité
 En matière plastique par exemple, la société doit être
particulièrement vigilantes quant aux risques que l’on identifié
avec Solène (voir synthèse risque)
 L’entreprise doit indiquer une évaluation de la gravité de
l’impact, pour les tierces potentiellement affectées
(collaborateur, riverain d’un site ou autre personne)
 Faire ressortir les risques substantiels à l’activité de
l’entreprise
Souvent les entreprises cartographies non pas les risques
d’atteintes à l’environnement mais les risques qui pourraient
affecter l’entreprise
CARTOGRAPHIE DES RISQUES.  Les risques et atteintes graves potentielles découlant de la
Identification détaillée des risques et production de plastique doivent être identifiés par la société.
atteintes graves  La cartographie doit atteindre un niveau de détail suffisant
pour permettre à n’importe qui d’identifier les risques
 Il faut bien regarder si par exemple, le groupe ne formule les
risques que de manière générale. Les risques doivent être
spécifiques aux activités du groupe.
 Le groupe pourrait présenter les risques identifiés par pays
ou régions d’implantation

CARTOGRAPHIE DES RISQUES.  L’analyse des risques et des atteintes permet d’évaluer la
Description et analyse des risques identifiés gravité ou l’ampleur de la production de plastique
 L’analyse doit permettre d’identifier les risques qui doivent
faire l’objet d’une action prioritaire en raison de leur gravité ou
de l’imminence
 Une analyse précise des risques en liens avec les activités
des filiales du groupe impliquées
Regarder si les risques sont vagues ou non ?
Bien regarder si le groupe détaille les conséquences de leurs
activités sur l’environnement

CARTOGRAPHIE DES RISQUES.  La hiérarchisation des risques et atteintes graves découle de


Hiérarchisation des risques identifiés leur analyse qui évalue d’une part la gravité, l’ampleur et le
caractère réversible ou non des atteintes et d’autre part la
probabilité du risque ou l’aggravation de l’atteinte
 CARTOGRAPHIE DES RISQUES.  Doit contenir la méthodologie d’identification des risques,
Publication détaillée les sources et les outils utilisés pour la société pour la réaliser
 Doit présenter de manière détaillée les risques par pays,
régions ou entités impliquées
 Les risques ne doivent pas être détachés de tous liens avec
les activités du groupe
 Toute personne doit pouvoir identifier les risques propres à
l’utilisation de plastique à la lecture des risques au sein des
plans
 MESURES D'ÉVALUATION DE LA  Le plan doit permettre d’identifier la chaîne de valeur. Est
SITUATION DES FILIALES, SOUS ce que par exemple le plan fournit des précisions sur la chaîne
TRAITANTS ET FOURNISSEURS de création du plastique ? Le traitement des déchets ? La
recyclage ? etc …
 Le plan doit apporter des précisions sur la méthodologie
mise en place quant à l’identification des sous traitants et
fournisseurs présents (lien hypertexte pour renvoyer aux listes
dans le plan)
 Précision sur l’origine de la production de plastique : pour

17
permettre d’identifier les risques selon les pays ?
 L’identification des entités impliquées permet de s’assurer
que la société peut mener une évaluation précise des risques de
toutes ses filiales, fournisseurs et sous-traitants
 MESURES D'ÉVALUATION DE LA  La société doit établir et publier la méthodologie, les
SITUATION DES FILIALES, SOUS objectifs et le calendrier des procédures d’évaluation de la
TRAITANTS ET FOURNISSEURS situation des filiales, fournisseurs et sous-traitants
Cahier des charges  Obligation légale de transparence et d’information du devoir
de vigilance : publication obligatoire

ACTIONS ADAPTÉES DE  Le plan doit contenir un plan d’action élaboré avec des
PRÉVENTION ET D'ATTÉNUATION parties prenantes identifiables
DES RISQUES ET DES ATTEINTES  Le plan doit présenter de façon détaillée les mesures de
GRAVES prévention et d’atténuation des risques et atteintes graves
 Les parties prenantes et les organismes de la société civile et
les tiers doivent être concernés et nommées.
 Pour chaque risque identifié dans sa cartographie des risques,
la société doit publier une synthèse des mesures de prévention,
d’atténuation et de réparation à mettre en oeuvre
 La société doit publier un calendrier des objectifs qualitatifs
et quantitatifs des mesures de prévention, d’atténuation ou de
réparation
 INDICATEURS DE SUIVI DES  Dans la loi : “actions adaptées” = la société doit mettre en
MESURES place des indicateurs permettant de démontrer l’effectivité et
l'efficacité des mesures de prévention
 Le plan envisage-t-il de cesser certaines activités et de
développer des alternatives ?

MÉCANISME D’ALERTE - élément clé  Le mécanisme d’alerte et de recueil des signalements doit
du dispositif de vigilance être disponible, au minimum à tous les individus présents dans
ce périmètre (le mécanisme doit pouvoir être saisi notamment
au sein de filiales, ou par des fournisseurs et sous-traitants de la
société mère et de ses filiales)
 Le groupe doit préciser comment sont traitées, au niveau
local, les alertes et signalements
 Les procédures de traitement des alertes doivent être
détaillées et apparaître dans le plan de vigilance pour être
accessible aux tiers
 Obligation légale
 Publication des différents mécanismes et procédures, des
publics visés et des conditions de mise en œuvre (accessibilité,
confidentialité …)
 Mise en place d’une adresse électronique ?
 MÉCANISME D’ALERTE - Mise en  Le dispositif de suivi des mesures doit contenir des éléments
oeuvre effective de suivi mis en place de manière accessible, exhaustive, en
corrélation avec l’identification et les prévention des risques et
des atteintes
 Le plan doit montrer par la publication d’indicateur de suivi,
que la mesure produit des effets et que ses effets réduisent le
risque ou préviennent l’atteinte grave.
 La société doit fournir une explication méthodologique sur le
choix des indicateurs et des outils statistiques ainsi que les
sources des données utilisées

18
S’agissant de la cartographie des risques, l’analyse détaillée des plans de vigilance
(voir annexe) nous amène à constater que :

- certains groupes ne présentent que des analyses générales des risques. Une analyse précise
des risques, liés aux activités des différentes filiales plastiques, permet d’évaluer l’ampleur
des risques liés à l’exploitation de plastique. S’agissant du plan de vigilance de Danone par
exemple, la cartographie des risques n’est pas publiée de façon exhaustive ou suffisamment
détaillée. Afin de pleinement respecter l’obligation de publication, la cartographie aurait dû
atteindre un niveau de détail suffisant, permettant à toute personne d’identifier précisément
les risques du groupe en fonction de ses activités.

- la hiérarchisation finale de la totalité des risques établis par les entreprises n’est pas toujours
publiée dans leurs plans de vigilance.

Principaux manquements au sein des plans de vigilance (Extraits – pour une analyse complète voir Annexe)

Suivi et mise en œuvre Les mesures de suivi peuvent être parfois des mesures propres et internes à la
société qui n’impliquent pas les parties prenantes du groupe ou à des tiers
pour s’assurer de l’objectivité des mesures mises en place.

Procédures relatives aux La procédure ne doit pas être unique et doit être adaptée aux régions où le
mécanismes d’alerte (Alinéa groupe opère. Selon les régions d’activités du groupe, des outils différents
4 de l’article L225-102-4 du doivent être mis en place (internet ou téléphone…).
Code de commerce)

Les parties prenantes Les entreprises n’identifient pas des parties prenantes qui auraient participé à
(Alinéa 4 de l’article L225- l’élaboration du plan de vigilance. Même s’ils décidaient de rendre
102-4 du Code de commerce) confidentielles certaines parties prenantes vulnérables, la société devrait
indiquer les catégories des parties prenantes consultées pour lesquelles elle a
préféré privilégier l’impératif de confidentialité.

Nos observations : Certains plans de vigilance ne détaillent pas de manière suffisamment précise
les atteintes potentielles à ces droits en fonction des risques et atteintes identifiés par la société et
pouvant intervenir dans les différents pays où elle opère. L’ensemble des risques que nous avons
recensé ci-dessus ne sont par exemple pas détaillés dans le plan de vigilance de Danone, qu’elle
est impliquée à travers leurs communications dans la transition énergétique.

19
III - Quelles possibilités d’action en justice sur le fondement de la loi ?
La loi sur le devoir de vigilance prévoit deux dispositifs différents :

- Une action en cessation de l’illicite qui consiste à demander la publication et la mise en oeuvre d’un
plan de vigilance conforme à la loi et à l’issue de laquelle le juge peut condamner l’entreprise au
paiement d’astreintes, prévue à l’article L225-102-4 du Code de commerce ;

- L’engagement de la responsabilité civile de l’entreprise lorsque le manquement à ses obligations


engendre un préjudice en vertu de l’article L225-102-5 du Code du commerce. A noter : La loi crée
une obligation de moyen et non de résultat. En conséquence, si une société met en œuvre un plan de
vigilance en respectant le contenu obligatoire et la qualité du plan, sa responsabilité ne devrait pas
être engagée même si des dommages se produisent. En revanche, elle pourra l’être en cas :
d’absence de plan de vigilance, d’absence de publication du plan, d’insuffisance du plan au regard de
l’article L225-102-4 du Code du commerce, de défaillance dans sa mise en œuvre effective.

A. Procédure

La procédure est la même que l’entreprise ait produit un plan de vigilance non conforme à la loi ou
qu’elle n’ait pas satisfait à son obligation de rédiger ce-dit rapport. Dans un premier temps, une phase
de dialogue est possible (voir affaire Total). Par la suite, la première étape précontentieuse consiste à
mettre en demeure l’entreprise de publier un plan de vigilance conforme aux exigences légales, et
ce dans un délai de trois mois à compter de la réception du courrier de mise en demeure. En cas de
refus de l’entreprise de faire suite à la mise en demeure, de silence pendant une durée de trois mois ou
de publication d’un plan de vigilance non conforme, la phase contentieuse débute et se matérialise par
la saisine du juge compétent par toute personne justifiant d’un intérêt à agir.

B. Juge compétent

Dans le cadre d’une action en justice qui oppose Total à six associations et qui repose
principalement sur les atteintes aux droits de l’homme commises par la multinationale dans le cadre de
ses activités (ci-après Total/Droits de l’Homme), la Cour d’Appel décidera le 10 décembre 2020 si
la mise en cause d’une entreprise pour son devoir de vigilance relève du Tribunal judiciaire ou
du Tribunal de commerce. Dans cette affaire, les demandeurs requièrent la cessation de l’illicite et
l’engagement de la responsabilité civile de Total devant le juge judiciaire. Le Tribunal judiciaire de
Nanterre s’est déclaré incompétent dans une décision rendue le 30 janvier 2020 et a renvoyé l’affaire
devant le Tribunal de commerce « constatant que l’élaboration et la mise en œuvre du plan de
vigilance participent directement du fonctionnement des sociétés commerciales et font partie
intégrante de leur gestion » et a rejeté l’hypothèse de condamnation à une amende civile. Les
associations requérantes ont fait appel de la décision. En attendant, le doute subsiste et nous avons
ainsi listé les différents arguments qui pourraient retenir une des compétences plus qu’une autre.

20
En quoi le Tribunal de Le Tribunal judiciaire a jugé13 que les actions visant à contraindre une société à
commerce peut-il être modifier son plan de vigilance relevaient de la compétence des juges
compétent ? consulaires, car le litige concernerait le fonctionnement interne de l’entreprise ;
Le devoir de vigilance peut imposer une obligation d’organisation interne de
l’entreprise. Le plan étant inclus dans le rapport de gestion élaboré par les
membres du directoire et déposé aux greffes du tribunal de commerce, le plan de
vigilance pourrait constituer un enjeu commercial.
Avantages Procédure plus souple, instruction plus rapide, frais de justice moins élevés
Saisi d’une demande de satisfaction aux obligations de vigilance des sociétés-
mères, il devra appliquer l’article L225-102-4 du Code de commerce et
prononcer une sanction civile s’il y a lieu ;
Seule la chambre commerciale de la Cour de cassation est compétente en cas de
pourvoi, ce qui prévient une éventuelle divergence de jurisprudence entre les
chambres de la Haute Juridiction.
Inconvénients Les juges du tribunal de commerce sont des magistrats élus parmi les
commerçants ou dirigeants de sociétés commerciales. Ils pourraient être plus
sensibles aux intérêts des entreprises.

En quoi le Tribunal L’obligation de vigilance pourrait être susceptible d’engager la responsabilité


judiciaire est-il civile des entreprises sur des faits qui ne sont pas internes à l’entreprise ;
compétent ? Il n’y aurait pas de lien direct avec la gestion de l’entreprise puisque ce n’est pas
la responsabilité individuelle des dirigeants qui est en cause mais l’impact des
activités de l’entreprise sur les droits humains ;
Le juge naturel des questions liées au respect des droits humains et de
l’environnement est le juge du Tribunal judiciaire.

Avantages Le Tribunal judiciaire a une compétence globale et de droit commun


Inconvénients La procédure est plus longue est plus coûteuse
Pour un litige concernant un acte de commerce, les juges du Tribunal judiciaire
sont désavantagés car ils ont une moins bonne connaissance des usages
commerciaux.

Nos observations : Le Tribunal de commerce paraît être la meilleure option : procédure plus
rapide, flexible et moins coûteuse. Une action menée devant le juge judiciaire, plus longue,
implique un risque d’incompétence. Elle peut néanmoins être plus stratégique concernant le
poids médiatique de l’affaire qui pourra exercer une pression sur la société assignée.
La stratégie opérée par les requérants dans l’affaire Total/Climat (opposant quatorze
collectivités et cinq associations à Total) peut s’avérer intéressante : la société est assignée sur
le fondement de la responsabilité civile, excluant ainsi toute déclaration d'incompétence du
juge judiciaire dont la compétence est exclusive pour juger d’une action en responsabilité
civile. Cela implique cependant de démontrer l’existence d’une faute de la part de la société
assignée, un préjudice et un lien de causalité.

C. Capacité d’une association étrangère à mener une action en justice en France

Une association peut agir en justice même si elle n’a pas son siège social situé sur le territoire français.
L’association doit être pourvue de la personnalité juridique dans son Etat d’origine. Elle doit en outre

13
Tribunal judiciaire de Nanterre, 30 janvier 2020, pourvoi n° 19/02833

21
être reconnue sur le territoire français. Après une condamnation de la France par la
Cour Européenne

des Droits de l’Homme14, la Cour de cassation a précisé les conditions dans lesquelles une association
étrangère avait le droit d’ester en justice en France sans déclaration préalable 15 :
- L’association doit posséder la personnalité juridique dans son pays d’origine ;
- Son représentant doit avoir le pouvoir d’agir en son nom.

De fait, il apparaît que ClientEarth remplisse toutes les conditions requises pour une telle action.
Nous conseillons toutefois de produire une version française des statuts de ClientEarth ainsi que
des pouvoirs de son Président pour agir en justice.

D. Intérêt à agir

Quelle que soit la procédure utilisée, le demandeur doit avoir un intérêt à agir. En vertu du Code
procédure civile16 « l'action est ouverte à tous ceux qui ont un intérêt légitime au succès ou au rejet
d'une prétention, sous réserve des cas dans lesquels la loi attribue le droit d'agir aux seules personnes
qu'elle qualifie pour élever ou combattre une prétention, ou pour défendre un intérêt déterminé ».

Une association de protection de l’environnement ne peut démontrer son intérêt personnel à agir mais
le législateur a créé l’action attitrée en accordant à certaines personnes morales, dont les associations,
le droit de défendre les intérêts collectifs environnementaux devant le juge judiciaire 17.

La loi sur le devoir de vigilance ne précise pas l’interprétation à donner à la notion d'intérêt à agir et ne
se réfère pas aux dispositions du Code de l’environnement. Selon le Rapport fait au nom de la
Commission des lois de l’Assemblée nationale sur la proposition de loi relative au devoir de vigilance,
la qualité pour agir est acquise pour toute personne disposant d’un intérêt sans que cette action ne
puisse être réservée à une catégorie particulière de demandeur : « le juge peut être saisi en dehors de
toute action en responsabilité, par toute personne justifiant d’un intérêt à agir, pour vérifier l’existence,
la publication et la mise en œuvre effective du plan – donc aussi, implicitement, son adéquation aux
risques identifiés ».

Selon la jurisprudence du juge judiciaire, en dehors de toute autorisation légale prévue par le
législateur, pour qu’une action portée par une association soit recevable devant le juge, il faut
démontrer un intérêt lésé dans le patrimoine ou les intérêts moraux défendus par l’association et
qui figurent dans ses statuts. L’intérêt à agir est alors reconnu si l’action entre dans le cadre de son
objet social18, mais peut être refusé lorsque l’objet social de l’association est trop général 19.
L'association doit établir qu'une atteinte est portée aux intérêts collectifs qu'elle représente 20 et
l'action n'est recevable que dans les limites de l'objet social. Une association est toujours recevable à

14
CEDH, 15 janvier 2009, Ligue du monde islamique et Organisation Islamique Mondiale du
Secours, n° 36497/05 37172/05
15
Cour de cassation, chambre criminelle, 1er décembre 2015, pourvoi n°14-80.394
16
Article 31 du Code de procédure civile
17
Article L141-2 du Code de l’environnement
18
Cour de cassation, 3ème chambre civile, 26 septembre 2007, pourvoi n° 04-20.636
19
Cour de cassation, 3ème chambre civile, 24 mai 2018, pourvoi n° 17-18.866
20
Cour de cassation, 2ème chambre civile, 21 juillet 1986, pourvoi n° 84-15.397

22
agir pour demander la réparation d’un préjudice même si l’atteinte portée aux
intérêts collectifs qu’elle entend défendre a cessé au jour de sa demande 21.

S’agissant de ClientEarth : les statuts prévoient que l’association a pour objet de « promouvoir et
encourager la promotion, la restauration, la conservation et la protection de l’environnement » (Article
4, a)). Pour atteindre cet objectif, l’association peut « sous réserve de l’obtention d’une autorisation
légalement requise, engager des poursuites judiciaires, mener des procédures judiciaires » (Article 5.1,
b)). « Plus généralement, l’association peut réaliser toutes les activités qui concernent directement ou
indirectement la réalisation de son objet ».

Nos observations : La démonstration d’un intérêt à agir n’est pas aisée. Il conviendra de
démontrer que les manquements d’une multinationale qui exerce en France porte atteinte à
vos intérêts en tant qu’association basée à l’étranger. Pour pallier tout risque d’irrecevabilité,
une stratégie serait de se rapprocher d’une association de protection de l’environnement basée
en France.

E. Affaire pendante devant le juge français : affaire Total / Climat

Le premier plan de vigilance 2018 publié par Total ne faisait aucune référence aux changements
climatiques, ni ne prévoyait de mesures d’atténuation des risques et de prévention des atteintes graves
à l’environnement. En mars 2019, Total publie un second plan de vigilance qui identifie cette fois-ci le
changement climatique dans sa cartographie des risques mais qui reste lacunaire compte tenu des
exigences de la loi sur le devoir de vigilance. Pour ces raisons, le 28 janvier 2020, un ensemble de
quatorze collectivités et de cinq associations (Notre Affaire à Tous, Sherpa, ZEA, Eco Maires et
France Nature Environnement) a assigné Total devant le Tribunal judiciaire de Nanterre pour que
l’entreprise se conforme à ses obligations. Sur ce point, les requérants soulèvent l’argument de la
responsabilité civile de l’entreprise et demandent la réparation des préjudices environnementaux
causés par les activités de l’entreprise et induits par le manquement à ses obligations découlant de
l’article L225-102-4 du Code du commerce. Les requérants souhaitent contourner le risque de la
déclaration d’incompétence du juge judiciaire au profit du juge commercial comme cela a été le cas
dans l'affaire Total / Droits de l’Homme.

Les fondements juridiques de l’action sont multiples :


- A titre principal sur le devoir de vigilance (article L225-102-4 du code de commerce) : non-
conformité des plans de vigilance de Total en matière de cartographie des risques et d’atténuation des
risques ou de prévention des atteintes graves ;
- A titre subsidiaire sur l’obligation générale de vigilance environnementale : notamment aux
articles 1 et 2 de la Charte de l’environnement : les activités de Total génèrent des émissions de gaz à
effet de serre en quantité importante et que l’entreprise contribue significativement à la réalisation de
dommages écologiques ;
- Les requérants ont aussi invoqué la possibilité d’action préventive rendue possible par la loi sur la
reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages de 2016 qui donne la possibilité aux
associations agréées de demander au juge de « prescrire les mesures raisonnables propres à prévenir
ou faire cesser le dommage ». L’article 1252 du code civil qui prévoit une action en responsabilité
civile à finalité préventive. Une injonction est demandée par les requérants pour que Total se mette
en conformité avec la trajectoire des 1,5° du traité de Paris.

21
Cour de cassation, 3ème chambre civile, 20 novembre 2012, Assoc. France Nature Environnement et Écologie
pour Le Havre, pourvoi n° 11-19562

23
Nos observations : La décision rendue dans cette affaire pendante donnera de précieuses
précisions quant à la démarche à suivre pour mettre en cause une multinationale défaillante
en matière de gestion du risque plastique. Une telle action nécessiterait une étude approfondie
des plans de vigilance des multinationales les plus polluantes, après avoir réussi à démontrer
l’insuffisance des risques identifiés, les mesures prises dans le but de limiter les atteintes
graves à l’environnement, leur mécanisme d’alerte ou encore tout autre élément mentionné
dans la loi.

IV - Au-delà de la loi : la REP comme autre moyen de s'intéresser à la


gestion des déchets par leurs producteurs
Il nous semble intéressant en matière de devoir de vigilance des entreprises et des risques liés au
plastique de se rapporter à la directive (UE) 2019/904, relative à l’incidence de certains produits en
plastique sur l’environnement (délai de transposition au 3 juillet 2021). Une prise en compte plus
importante des risques liés au plastique par les entreprises s’imposera et celles-ci devront compléter
leurs plans de vigilances. La directive-plastique renforce le devoir de prévention du producteur, en
renforçant la responsabilité élargie du producteur (REP), par la restriction à la mise sur le
marché de certains produits en plastique à usage unique.

Produits visés : récipients destinés à contenir des aliments, ballons de baudruche, produits du tabac
avec filtres, engins de pêche contenant du plastique. Voir le tableau réalisé en Annexe 4.

A – Eléments introductifs

Si la responsabilité élargie du producteur (REP) concerne de fait les mesures prises par les
producteurs s’agissant de la gestion des déchets engendrés par le cycle de vie d’un produit, il
convient alors de déterminer tout d’abord la notion -générale- de déchet, puis, de déterminer
la définition de déchet plastique.

Définition juridique d’un déchet à l’échelle européenne : La directive 2006/12 relative aux
déchets établit un cadre juridique pour le traitement des déchets au sein de l’Union. Elle
apporte une précision et une définition s’agissant des notions de base telles que “déchet”,
“valorisation et élimination”, et met en place les exigences relatives à la gestion des déchets.
La directive cadre relative aux déchets adoptée en 2008 vient préciser davantage les notions
sus-citées. De fait, une directive de 1975 nous donnait une première définition de la notion de
déchet “toute substance ou tout objet qui relève des catégories figurant à l’annexe 1 dont le
détenteur se défait ou dont il a l’intention ou l'obligation de se défaire ”. En 2008, le
législateur simplifie cette définition en la limitant à « toute substance ou tout objet dont le
détenteur se défait ou dont il a l’intention ou l’obligation de se défaire ». En sus, l’arrêt rendu
par la Cour de Justice des Communautés européennes en 1997 met quant à lui en exergue que
la notion de déchet n’exclut pas les substances non susceptibles de réutilisation et le fait
qu’une substance soit intégrée dans un processus industriel n'exclut pas qu’elle puisse être un
déchet.

24
La détermination d’un déchet plastique par la directive-plastique et ses
limites. S’agissant des déchets plastiques, des précisions sont apportées par le champ
d’application ratione materiae de la directive-plastique. Cette dernière rappelle la définition
usuelle des plastiques (préalablement donnée par le règlement REACH) à son considérant 13
« généralement définis comme des matériaux polymères auxquels peuvent avoir été ajoutés
des additifs ».

En revanche, le considérant 11 de la directive-plastique consacre une adaptation de la


définition du terme « polymère » à celle donnée par le règlement REACH dans la mesure où
ces polymères naturels modifiés et les matières plastiques fabriquées à partir de matières
premières d’origine biologique fossiles ou synthétiques n’existent pas naturellement dans
l’environnement, et devraient donc relever de la présente directive. Ces produits entrent donc
dans le champ de la définition des matières plastiques de la présente directive.

L’usage unique est quant à lui défini par le texte comme le produit « qui n’est pas conçu, créé
ou mis sur le marché pour accomplir, pendant sa durée de vie, plusieurs trajets ou rotations en
étant retourné à un producteur pour être rempli à nouveau ou réutilisé pour un usage unique
identique à celui pour lequel il a été conçu ». Les produits à base de plastique oxodégradable,
souvent employés par les producteurs afin de pallier l’interdiction des sacs plastiques à usage
unique par exemple « renferment des additifs qui, sous l’effet de l’oxydation, conduisent à la
fragmentation de la matière plastique en micro-fragments ou à une décomposition chimique ».
Cette définition s’inscrit par ailleurs dans la continuité de la directive 1994/62/CE dont
l’annexe 2 dispose que ces emballages ne sont pas biodégradables, et en sus « doivent être de
nature à pouvoir subir une décomposition physique, chimique, thermique ou biologique telle
que la plus grande partie du compost obtenu se décompose finalement en dioxyde de carbone,
en biomasse et en eau ».

Si le plastique oxodégradable se distingue bien évidemment du biodégradable « de nature à


pouvoir subir une décomposition physique ou biologique, de telle sorte qu’il se décompose
finalement en dioxyde de carbone, en biomasse et en eau, et est, conformément aux normes
européennes, applicable aux emballages, valorisable par compostage et par digestion
anaérobie », il ne fait en revanche pas encore l’objet de mesures puisqu’il est ignoré dans le
corps de la directive plastique (laquelle concerne uniquement les produits en plastique
biodégradable).

Origine économique de la notion de responsabilité élargie du producteur.

Nous pouvons considérer la notion de REP comme un dérivé du principe environnement


pollueur-payeur et relever l’adaptation d’une notion du droit de la concurrence à la législation
environnementale.

Les mécanismes de la responsabilité élargie du producteur déclinés du principe de pollueur-


payeur

25
La directive 2018/851 permet de définir la REP comme un ensemble de
mesures prises par les Etats membres pour veiller à ce que les producteurs de produits
assument la responsabilité financière et organisationnelle de la gestion de la phase de déchets
du cycle de vie d’un produit.

Dès lors, nous pouvons qualifier cette notion d’application des principes du pollueur-payeur et
de responsabilité environnementale. Nous retrouvons ici le lien entre environnement et
marché intérieur, et l’importance de ce dernier dans la législation sur les déchets. De fait, bien
qu'actuellement le marché ne se porte pas bien, le principe du pollueur-payeur est l’exemple

type du système pariant sur le marché afin de protéger l’environnement, et a quand même
permis de donner de bons résultats en matière de déchets.

Une notion du droit de la concurrence étendue à la prise en compte des exigences de


protection environnementale

La notion REP existait déjà dans la directive du 20 décembre 1994 relative aux emballages et
aux déchets d’emballages. Il s’agit de pouvoir gérer le produit constituant le déchet à travers
le réemploi, ou le recyclage, afin d’émettre « un signal implicite» auprès des producteurs dans
le but qu’ils «diminuent les incidences environnementales correspondantes en modifiant la
conception des produits ».

Par ailleurs, la directive-cadre sur les déchets de 2008 permet de renforcer la législation en
matière de REP en prévoyant cette notion à son article 8. Également la révision de la directive
en 2018 permet d’établir des exigences générales minimales applicables aux régimes de REP
eu égard au nouvel article 8 bis. Il est ainsi important de relever le caractère facultatif de la
mesure, et les disparités que cela peut engendrer dans l’objectif d’unification du droit de
l’Union. L’arrêt rendu par la Cour de Justice de l’Union européenne le 12 novembre 2015
permet d’ancrer la notion au sein du droit de l’Union « et surtout contribue un peu plus à la
sécuriser ». De fait, la Cour se prononce ainsi sur la mise en place de dispositifs fiscaux par
les Etats membres, dans le but de renforcer la REP.

Par le paquet législatif « Economie circulaire », le législateur, en 2018 a permis d’apporter


une nouvelle précision à la notion de REP, grâce à l’ajout de l’article 3-21 à la directive cadre
sur les déchets modifiée par la directive de 2018 en la désignant comme « un ensemble de
mesures prises par les Etats membres pour veiller à ce que les producteurs de produits
assument la responsabilité financière ou la responsabilité financière et organisationnelle de la
gestion de la phase « déchet » du cycle de vie d’un produit ».

Le caractère économique des mesures mettant en œuvre la REP est flagrant, de même que son
rattachement au principe du pollueur-payeur, et à la « politique intégrée des produits »
provenant d’une Communication de la Commission du 18 juin 2003, reposant sur l’analyse du
cycle de vie du produit, précurseur d’un concept d’économie circulaire, en vue de préserver
des ressources naturelles par la valorisation des produits en fin de vie.

26
B - La nécessité de l’incorporation d’un tel instrument économique au
sein de la directive

Rattacher un instrument économique à une norme environnement adoptée sur la base


juridique unique de l’article 192 permet de mettre en avant l’économie circulaire au service de
la législation environnementale européenne (1), dont l’hétérogénéité est particulièrement
marquée s’agissant des engins de pêche contenant du plastique (2).

1. Le support des divers coûts de gestion de déchets et de sensibilisation du public issus


de produits en plastique à usage unique aux producteurs ; une obligation à géométrie
variable

Le considérant 22 de la directive-SUP rappelle que la REP est déjà prévue à l’article 8 de la


directive 2008/98 relative au traitement des déchets, mais de manière facultative « Les États
membres peuvent imposer plusieurs obligations au producteur », lequel est entendu comme «
personne physique ou morale qui élabore, fabrique, manipule, traite, vend ou importe des
produits ». Dès lors, la directive-SUP apporte un complément au régime d’harmonisation
minimale posée par la directive 2008. C’est également par l’article 8 qu’elle dispose que « les
États membres veillent à ce que des régimes de responsabilité élargie des producteurs soient
établis pour tous les produits en plastique à usage unique énumérés dans la partie E de
l’annexe qui sont mis sur le marché de l'État membre, conformément aux articles 8 et 8 bis de
la directive 2008/98.

La directive-SUP impose désormais des mesures approfondies à celles minimales de la


directive-cadre sur les déchets de 2008 en matière de REP. De fait, elle oblige les producteurs
à « couvrir les coûts du nettoyage et des déchets sauvages », et « de la mise en place
d’infrastructures de collecte ». Ces coûts peuvent être de trois sortes : sensibilisation du
consommateur, collecte des déchets et nettoyage des déchets sauvages. Il existe une grande
souplesse dans la transposition de cet article, qui laisse une importante marge de manœuvre
aux Etats membres. L’objectif est toutefois inscrit par la directive et les Etats membres ne
seront libres que dans le choix des moyens afin d’établir la responsabilité élargie des produits
pour les produits en plastique dans la partie E.

Cette obligation de support de coût par le producteur varie en fonction des produits, nous
pouvons mettre en exergue trois différents groupes présentés par le texte (le groupe des engins
de pêche étant traité ultérieurement) : les récipients (1), les lingettes et ballons de baudruche
(2), les produits du tabac avec filtre (3). Pour chacun des produits cités ci-dessous, les
producteurs seront ainsi responsables des coûts de sensibilisation, du nettoyage des déchets
sauvages, du transport, et du traitement ultérieur de ces déchets.

Les récipients pour aliments utilisés pour contenir des aliments

Il s’agit des produits présents au point I de la partie E de l’annexe, composés : des récipients
pour aliments destinés à être consommés ; sachets et emballages en matériaux souples
contenant des aliments destinés à être consommés ; les récipients pour boissons d’une
capacité maximale de trois litres, à l’exception : des récipients pour boissons en verre ou en
métal dont les bouchons et les couvercles sont en plastique, les gobelets pour boissons, y
compris leur fermeture et couvercle, et les sacs en plastiques légers.

27
Les ballons de baudruches et lingettes humides

Il s’agit des produits décrits par le point II de la partie E de l’annexe, concernant uniquement
les lingettes humides (à usages corporels et domestiques), et les ballons de baudruche destinés
à d’autres fins que des usages ou applications industriels et professionnels.

4. Un principe développé en matière d’engins de pêche contenant du plastique

Par souci de proportionnalité, l’obligation ne concerne pas directement les pêcheurs et les
fabricants artisanaux, mais seulement les producteurs d’engins de pêche. Les mesures prises
par les Etats membres doivent être conformes aux articles 8 et 8 bis de la directive 2008/98
sur les déchets. De fait, s’agissant des eaux marines les Etats doivent fixer des taux annuels de
collecte des déchets d’engins de pêche conformément à la directive 2008/56, et ils doivent
également assurer un suivi des engins de pêche mis sur le marché ainsi que les déchets
d’engins de pêche contenant du plastique qui sont collectés et rendent des comptes à la
Commission.

Dès lors, ce champ d’application limité de la directive, associé à des mesures à géométrie
variable et particulièrement souples en matière de REP, pourraient laisser penser que la
directive pourrait ne pas avoir l’effet escompté par les institutions lors de l’élaboration dans la
pratique, et nécessite de s’accompagner de mesures ultérieures afin d’atteindre l’objectif
initial.

C – La REP au niveau national

En vertu du Code de l’environnement français, « tout producteur ou détenteur de déchets est


tenu d’en assurer ou d’en faire assurer la gestion (…). Il est responsable jusqu’à leur
élimination ou valorisation finale, même lorsque le déchet est transféré à des fins de
traitement à un tiers » (article L541-2). « En application du principe de responsabilité élargie
du producteur, il peut être fait obligation aux producteurs, importateurs et distributeurs de ces
produits ou de ces éléments et matériaux entrant dans leur fabrication de pourvoir ou de
contribuer à la gestion des déchets qui en proviennent. » (article L541-10). Le producteur se
définit comme « toute personne qui élabore, fabrique, manipule, traite, vend ou importe » des
produits générateurs de déchets. Les plateformes de e-commerce seront soumises aux mêmes
obligations dès 2022. Dès lors, les supermarchés, de par leur activité de vente de produits,
sont tenus au respect de cette obligation.

La directive 2008/98 CE définit, en son article 3, la valorisation comme « toute opération


dont le résultat principal est que des déchets servent à des fins utiles en remplaçant d'autres
matières qui auraient été utilisées à une fin particulière, ou que des déchets soient préparés

28
pour être utilisés à cette fin, dans l'usine ou dans l'ensemble de l'économie ».

L'annexe II énumère une liste non exhaustive d'opérations de valorisation : le déchet peut
être utilisé comme combustible ou autre moyen de produire de l'énergie, il est possible de
récupérer ou de regénérer des solvants, de procéder à un épandage sur le sol au profit de
l'agriculture ou de l'écologie.

Le même article précise que l’élimination s’entend de « toute opération qui n'est pas de la
valorisation même lorsque ladite opération a comme conséquence secondaire la
récupération de substances ou d'énergie ». L’annexe 1 dresse une liste non exhaustive des
différentes opérations d’élimination : il peut s’agir du dépôt sur ou dans le sol, telle que la
mise en décharge, du traitement en milieu terrestre, comme la biodégradation de déchets
liquides ou de boues dans les sols, d’immersion, y compris l’enfouissement dans le sous-sol
marin.

La loi n° 2020-105 relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire du 10


février 2020 (dite loi AGEC) et son décret d’application n°2020-1455 en date du 27 novembre
2020 réforment les modalités de mise en œuvre de la responsabilité élargie des producteurs en
France. Il existe deux systèmes différents d’application de la REP : d’une part, avec le rôle
croissant des éco-organismes ; d’autre au travers d’une gestion individuelle des déchets par
les producteurs eux-mêmes qui tend à disparaître. « Les producteurs qui mettent en place un
système individuel de collecte et de traitement ainsi que les éco-organismes sont considérés,
lorsqu'ils pourvoient à la gestion des déchets issus de leurs produits, comme étant les
détenteurs de ces déchets » (article L541-10 V).

Ces données ont été synthétisées à partir du rapport publié par l’Institut de l'Économie
Circulaire en 2020.

1. Le rôle croissant des éco-organismes

Afin de gérer leurs déchets, les producteurs peuvent faire appel à des éco-organismes
auxquels ils versent une éco contribution qui reflète le coût de traitement de la fin de vie du
déchet, celle-ci étant financée par les consommateurs lorsqu’ils achètent un produit : le coût
de la prise en charge et de la gestion des déchets est internalisé dans le prix de vente du
produit.

Faisant suite à l'éco-contribution versée par le producteur, les éco-organismes deviennent


responsables de la gestion des déchets et peuvent remplir des rôles différents :

- Les éco-organismes financiers font appel aux collectivités locales afin qu’elles gèrent
la collecte et le tri des déchets en leur reversant les éco contributions qu’ils ont perçu
de la part des producteurs ;
- Les éco-organismes opérationnels prennent en charge directement la gestion des
déchets ;

29
- Enfin, les éco-organismes peuvent être mixtes : les collectivités gèrent
la collecte des déchets et les éco-organismes le tri, le transport et le traitement.

Chargés d’une mission d’intérêt général, ces éco-organismes doivent être titulaires d’un
agrément et «respecter un cahier des charges comprenant des objectifs de collecte et de
recyclage. L’État veille à ce que ces engagements soient tenus » par la nomination d’un
censeur d’Etat qui vérifie la bonne gestion des sommes collectées par l’éco-organisme dans le
respect du cahier des charges.

Il existe en France 15 filières de responsabilité élargie des producteurs. Certaines de ses


filières concernent des produits qui contiennent du plastique parmi lesquels les déchets
d’emballages ménagers. Ainsi, « les emballages servant à commercialiser les produits
consommés ou utilisés par les ménages, y compris ceux consommés hors foyer » relèvent du
principe de responsabilité élargie du producteur (article L541-10-1).

La loi AGEC du 10 février 2020 crée de nouvelles filières d’ici 2025 – produits de tabac,
jouets… - ; d’autres seront étendues – la filière relative aux emballages ménagers est étendue
aux emballages non ménagers consommés ou utilisés par les professionnels.

Source : Rapport sur la REP et la loi AGEC, INEC

En matière de déchets d’emballages ménagers, CITEO est le principal éco-organisme auquel


les producteurs recourent. Il est un éco-organisme financier, ce qui signifie qu’il confie la
gestion des déchets aux collectivités en échange d’une rémunération.

30
Le décret d’application de la loi AGEC met en place des objectifs de
performances pour chaque filière REP : à partir du 1 janvier 2021, les éco-organismes seront
tenus d’estimer « les performances pouvant être atteintes au regard des meilleures techniques
disponibles et les différentiels de coûts correspondants (...) (d’)élabore(r) une proposition de
programme pluriannuel d'évolution des primes et pénalités fondée sur cette estimation ou sur
d'autres critères de référence qu'il propose ». On parle l’éco-modulation : il s’agit de la «
variation du barème des éco-contributions, souvent par le biais d’un bonus-malus, pour
favoriser la production de produits plus facilement réemployables, réutilisables, démontables
et recyclables, et ainsi contribuer à la prévention des déchets ». Dès lors, le producteur de
déchets pourra se voir allouer une prime s’il respecte les critères de performance
environnementale définis par l’éco-organisme, ou une pénalité lorsque le produit ne remplit
pas correctement les critères. « Par exemple, les emballages plastiques non recyclables, ou
ceux connaissant une signalétique pouvant créer une confusion sur la règle de tri connaîtront
une pénalité (au plus tard le 1 janvier 2022) ».

Des comités de parties prenantes seront également créés à partir de 2021, dans lesquels
siègeront divers acteurs – producteurs, collectivités, associations agréées de protection de
l’environnement, gestionnaires de déchets - qui rendront des avis sur des décisions relatives à
la gouvernance de l’éco-organisme. Les avis seront rendus public mais ne lieront pas l’éco-
organisme. Un autocontrôle régulier visera à s’assurer du respect de l’éco-organisme de ses
obligations et de son cahier des charges.

2. Une gestion individuelle des déchets par les producteurs

Jusqu’alors, les producteurs de déchets pouvaient également décider de mettre en place « un


système individuel de collecte et de traitement agréé », qui leur permet de déroger au principe
qui est celui de recourir à un éco-organisme. en effet, par le décret du 27 novembre 2020, le
pouvoir exécutif a renforcé le principe de la mise en place d’un éco-organisme auxquels les
producteurs doivent adhérer et verser une éco-contribution, sauf exception : « lorsqu'aucun
éco-organisme agréé n'a été mis en place par les producteurs » (article L541-10), une
dérogation peut être accordée par décret ministériel. La dérogation est valable « lorsque ses
produits (du producteur) comportent un marquage permettant d'en identifier l'origine, qu'il
assure une reprise sans frais des déchets en tout point du territoire national accompagnée, si
elle permet d'améliorer l'efficacité de la collecte, d'une prime au retour visant à prévenir
l'abandon des déchets et qu'il dispose d'une garantie financière en cas de défaillance » (article
L541-10).

Ainsi, le système individuel de gestion des déchets est voué à disparaître.


Les éco-organismes et les systèmes individuels font l’objet d’un agrément par l’Etat pour une
durée de 6 ans renouvelable « s'ils établissent qu'ils disposent des capacités techniques, de la
gouvernance et des moyens financiers et organisationnels pour répondre aux exigences d'un
cahier des charges fixé par arrêté du ministre chargé de l'environnement, après avis de la
commission inter-filières ». Ils « sont également soumis à un autocontrôle périodique reposant
sur des audits indépendants réguliers réalisés au moins tous les deux ans, permettant
notamment d'évaluer leur gestion financière, la qualité des données recueillies et
communiquées ainsi que

31
la couverture des coûts de gestion des déchets. La synthèse des conclusions
de ces audits fait l'objet d'une publication officielle, dans le respect des secrets protégés par la
loi ».

Enfin, les responsables de la gestion de déchets similaires peuvent les confier à une structure
commune, qui agit comme mandataire. Cette structure n’est pas agréée et « la responsabilité
de chaque producteur reste individuelle. Chaque metteur sur le marché reste donc responsable
de la bonne gestion des déchets résultant des produits qu’il a mis sur le marché ».

III. Les nouveautés de la réforme de la REP

Désormais, il pourra être fait obligation aux distributeurs de reprendre « sans frais, ou de faire
reprendre sans frais pour leur compte, les produits usagés dont l'utilisateur final se défait, dans
la limite de la quantité et du type de produit vendu ou des produits qu'il remplace (…)
Lorsque le distributeur dispose d'une surface de vente qui est consacrée à une même catégorie
de produits relevant d'un régime de responsabilité élargie du producteur, il peut être fait
obligation au distributeur de reprendre sans frais et sans obligation d'achat les déchets issus
des produits

de même type. » En cas de non-respect de cette obligation, le distributeur encourt une amende
d’un montant de 1500 euros.
L’Agence pour la transition écologique, établissement public sous la tutelle du ministère de la
Transition écologique et du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de
l’Innovation est dorénavant compétente pour les missions de suivi et d’observation des
filières à REP qui consistent notamment à réaliser des audits préalables aux demandes
d’agrément et de renouvellement d’agrément des éco-organismes et à analyser les données et
informations relatives à la gestion des déchets des produits mis sur le marché, aux objectifs de
prévention et gestion des déchets définis dans son cahier des charges.

En conclusion, sur un éventuel engagement de la responsabilité des distributeurs, il faut


rechercher si mesures prises par le distributeur pour gérer la fin de vie des produits qu’il
vend sont conformes à la règlementation :

Soit il peut décider de financer la gestion de ses déchets au travers du versement d’une éco-
contribution à un éco-organisme, qui devient alors détenteur des déchets : le distributeur
n’est plus responsable de leur gestion ;
Soit il fait le choix de mettre en œuvre de manière effective un système individuel de
collecte et de tri des déchets : il demeure responsable de la gestion de ses déchets.

Il pourrait aussi être intéressant de s’attacher aux activités des éco-organismes et des
collectivités territoriales, lorsqu’elles sont chargées de la gestion des déchets, pour s’assurer
du respect de leurs obligations et notamment de leur cahier des charges.

32
ANNEXES

Annexe 1
LOI n°2017-399 du 27 mars 2017 relative au devoir de vigilance des sociétés mères
et des entreprises donneuses d’ordre
(Source : legifrance)

Article 1

Après l’article L. 225-102-3 du code de commerce, il est inséré un article L. 225-102-4 ainsi rédigé :
« Art. L. 225-102-4.-I.-Toute société qui emploie, à la clôture de deux exercices consécutifs, au moins
cinq mille salariés en son sein et dans ses filiales directes ou indirectes dont le siège social est fixé sur
le territoire français, ou au moins dix mille salariés en son sein et dans ses filiales directes ou
indirectes dont le siège social est fixé sur le territoire français ou à l’étranger, établit et met en œuvre
de manière effective un plan de vigilance.
« Les filiales ou sociétés contrôlées qui dépassent les seuils mentionnés au premier alinéa sont
réputées satisfaire aux obligations prévues au présent article dès lors que la société qui les contrôle, au
sens de l’article L. 233-3, établit et met en œuvre un plan de vigilance relatif à l’activité de la société
et de l’ensemble des filiales ou sociétés qu’elle contrôle.
« Le plan comporte les mesures de vigilance raisonnable propres à identifier les risques et à prévenir
les atteintes graves envers les droits humains et les libertés fondamentales, la santé et la sécurité des
personnes ainsi que l’environnement, résultant des activités de la société et de celles des sociétés
qu’elle contrôle au sens du II de l’article L. 233-16, directement ou indirectement, ainsi que des
activités des sous-traitants ou fournisseurs avec lesquels est entretenue une relation commerciale
établie, lorsque ces activités sont rattachées à cette relation.
« Le plan a vocation à être élaboré en association avec les parties prenantes de la société, le cas
échéant dans le cadre d’initiatives pluripartites au sein de filières ou à l’échelle territoriale. Il
comprend les mesures suivantes :
« 1° Une cartographie des risques destinée à leur identification, leur analyse et leur hiérarchisation ;

33
« 2° Des procédures d’évaluation régulière de la situation des filiales, des sous-
traitants ou fournisseurs avec lesquels est entretenue une relation commerciale établie, au regard de la
cartographie des risques ;
« 3° Des actions adaptées d’atténuation des risques ou de prévention des atteintes graves ;
« 4° Un mécanisme d’alerte et de recueil des signalements relatifs à l’existence ou à la réalisation des
risques, établi en concertation avec les organisations syndicales représentatives dans ladite société ;
« 5° Un dispositif de suivi des mesures mises en œuvre et d’évaluation de leur efficacité.
« Le plan de vigilance et le compte rendu de sa mise en œuvre effective sont rendus publics et inclus
dans le rapport mentionné à l’article L. 225-102.
« Un décret en Conseil d’Etat peut compléter les mesures de vigilance prévues aux 1° à 5° du présent
article. Il peut préciser les modalités d’élaboration et de mise en œuvre du plan de vigilance, le cas
échéant dans le cadre d’initiatives pluripartites au sein de filières ou à l’échelle territoriale.
« II.-Lorsqu’une société mise en demeure de respecter les obligations prévues au I n’y satisfait pas
dans un délai de trois mois à compter de la mise en demeure, la juridiction compétente peut, à la
demande de toute personne justifiant d’un intérêt à agir, lui enjoindre, le cas échéant sous astreinte, de
les respecter.
« Le président du tribunal, statuant en référé, peut être saisi aux mêmes fins.».

Article 2:

Après le même article L. 225-102-3, il est inséré un article L. 225-102-5 ainsi rédigé :

« Art. 225-102-5.-Dans les conditions prévues aux articles 1240 et 1241 du code civil, le manquement
aux obligations définies à l’article L. 225-102-4 du présent code engage la responsabilité de son auteur
et l’oblige à réparer le préjudice que l’exécution de ces obligations aurait permis d’éviter.
[Dispositions déclarées non conformes à la Constitution par la décision du Conseil constitutionnel n°
2017-750 DC du 23 mars 2017.]
« L’action en responsabilité est introduite devant la juridiction compétente par toute personne
justifiant d’un intérêt à agir à cette fin.
« La juridiction peut ordonner la publication, la diffusion ou l’affichage de sa décision ou d’un extrait
de celle-ci, selon les modalités qu’elle précise. Les frais sont supportés par la personne condamnée.
« La juridiction peut ordonner l’exécution de sa décision sous astreinte. »

34
Annexe 2
Liste des industriels plastiques n’ayant toujours pas établi de plan de vigilance à ce jour

Déchets identifiés22 Localisation des


déchets

Coca-Cola 11. 732 déchets collectés dans 37 pays sur 4 Philippines


continents Vietnam
Bouteilles en plastique Sri Lanka
Hong-Kong
Monténégro

Pepsico 3.362 déchets plastiques collectés Inde


Bouteilles en plastique Vietnam

Les Mousquetaires

Métro France

Supermarché
Match

Distribution Casino

Nestlé 4846 déchets plastiques collectés  Philippines


Sacs de croustilles  Sri Lanka
Emballage de barres chocolatées  Indonésie
Emballages céréales  Turquie
Bouteille en plastique  Vietnam
 Indonésie

McDonald’s France

Picard Surgelés

Cora

Socopa Viande

22
Rapport de l’association Break Free from plastic, Branded: In Search of the World’s Top Corporate Polluters
vol. 1, 2018

35
Annexe 3
Liste des industriels plastique ayant eu recours à un plan de vigilance

Carrefour

Danone

Fnac Darty

Casino

Auchan Holding

Kiabi Europe

Annexe 4

36
Afin de vous présenter brièvement les produits concernés par cette directive, et
donc, les entreprises productrices de ces produits qui devront modifier leur plan de vigilance, nous
vous proposons ce tableau23 afin de croiser les produits concernés avec le panier de mesures de la
Commission.

Réduction de Restriction Exigences Exigences REP Collecte Mesures de


la à la mise applicables de séparative sensibilisation
consommation sur le aux marquage
marché produits

Produits à base de
plastique X
oxodégradable
Gobelets pour
boissons X X (PES) X X X

Récipients pour
aliments X X (PES) X X

Récipients pour
boissons X (PES) inf. 3 L. inf. Bouteilles inf. 3 L
3 inf. 3 L.
L.

Couverts, assiettes,
pailles, bâtonnets X
mélangeurs

Bâtonnets de coton-
tige X

Serviettes
hygiéniques, tampons X X
et applicateurs

Lingettes humides
X X X

Produits du tabac
avec filtres et filtres X X X

Ballons de baudruche
X X

Tiges supports de
ballons X

23
P. Thieffry, « La directive sur les plastiques “à usage unique” : des marges de transpositions importantes mais
contraintes », op.cit

37
Sachets et emballages
souples d'aliments X X
consommés
immédiatement
Sacs légers
X X

Engins de pêche
X

(*) sans collecte séparée obligatoire

Annexe 5

III - Analyse de quelques plans de vigilance dans le secteur agro-alimentaire

38
1. Carrefour24

« Le chapitre 2.3 présente le Plan de vigilance de Carrefour en matière de risques de non-


respect des droits humains et des libertés fondamentales, d’atteinte grave à la santé et à la
sécurité des personnes et de dégradation de l’environnement, ainsi que son bilan d’effectivité
sur l’année 2019. Il répond ainsi aux exigences de la loi n° 2017-399 du 27 mars 2017 relative
au devoir de vigilance. »

Partie 1 : Cartographie des risques

Ce qui doit être Eléments présents dans le plan de Carrefour Eléments absents dans le plan de
présent dans le Carrefour
plan

24
Source : https://www.carrefour.com/sites/default/files/2020-07/Devoir%20de%20vigilance.pdf
https://plan-vigilance.org/company/carrefour/

39
Identification
des risques : Méthode d’identification des risques :
Cartographie des risques réalisée par la Direction des
risques Groupe, ces risques ont ensuite été analysés par
Méthodologie les Directions en charge dans l’ensemble des pays
d’identification intégrés du Groupe. Cette analyse est mise à jour tous
des risques, les ans et présentée en Comité d’audit, en Comité
présentation des Exécutif Groupe et en Conseil d’administration »
outils utilisés Consultations avec les équipes opérationnelles
concernées ainsi qu’avec les ONG (ex : WWF France) et
syndicats partenaires de Carrefour.
La cartographie fait l’objet d’une veille continue et
d’une mise à jour régulière.
Présentation des 3 approches utilisées pour la
cartographie des risques (par les processus métiers, par
les secteurs d’activité, par les zones géographiques).
Renvoi à un document « Plan de vigilance du groupe
Carrefour » disponible sur le site carrefour.com, pour en
savoir plus, document assez complet et clair
https://www.carrefour.com/sites/default/files/2020-07/D
evoir%20de%20vigilance.pdf Mais le renvoie est il
autorisé ?
Diagnostic réalisé en 2018 auprès de 800 fournisseurs
pour quantifier la quantité de plastique mise sur le
marché par l’entreprise : plus de 120 000 tonnes
d’emballages de marques Carrefour sont mis sur le
marché tous les ans.

résultats de Résultats de l’identification des risques : Résultats de l’identification des


l’identification Selon l’entreprise 92 risques ont été identifiés risques :
des risques : pas de liste complete de tous les
présenter les risques identifiés, seuls certains
risques et sont mentionnés et classés dans
atteintes graves deux catégories : risques liés à
par région, l’environnement et ceux liés a la
produit, entité, santé, la sécurité et aux droits
activité… humains
pas de présentation détaillée des
risques par produit, région ou
activité
concernant le plastique, il est
seulement fait mention du risque
« Impact environnemental lié à
la mise sur le marché

40
d’emballages non recyclables,
en particulier pour les
plastiques » Pas suffisant
sachant que l’entreprise a généré
en 2018 + de 120 000 tonnes
d’emballages plastiques

2) Analyse des Pas de hiérarchie des risques


risques et dans le plan
hiérarchisation
des risques :
méthode utilisée
pour la
hiérarchisation
(en fonction de
la gravité, de
leur ampleur, de
leur caractère
réversible ou
pas…)

Prioriser les Pas de hiérarchie dans le plan


réponses dans le
temps aux
atteintes à
l’environnement

Partie 2 : procédures d’évaluation régulière de la situation des filiales, des sous-traitants


ou fournisseurs avec lesquels est entretenue une relation commerciale établie, au regard
de la cartographie des risques

Carrefour fait mention des fournisseurs dans son plan de vigilance et des risques afférents.
« Les mesures de prévention et d'atténuation des atteintes graves envers l'environnement chez
nos fournisseurs comprennent :
- la promotion et le développement de pratiques agricoles à faible impact
environnemental ;
- la gestion spécifique des fournisseurs pour les secteurs ou géographies à risque ;
- la réduction de l'impacts climatique lié aux achats de biens et services par Carrefour »

Il n’est pas fait mention des risques liés aux déchets plastique pour les fournisseurs, seuls les
risques liés au changement climatique sont identifiés et les actions prévues pour réduire les
risques environnementaux sont très limitées, a savoir que carrefour s’engage à ce que les dix
plus importants fournisseurs disposent d’une approche conforme aux Science Based Targets
et que les 30 plus importants se dotent d’un engagement climat d’ici 2025.

Des méthodes d’évaluation sont mises en place, avec la réalisation d’audits environnementaux
« Les équipes de Carrefour sont en train de formaliser le niveau et les modalités de vigilance
systématique de leurs fournisseurs sur la conformité globale en matière d’environnement au
vu des actions déjà en place. Des audits environnementaux sont commandités chez les

41
fournisseurs fabriquant des produits de marques Carrefour labellisés ou
certifiés et pour certains sites ou processus prioritaires présentant des risques pour
l’environnement. ».

L’entreprise prévoit également des plans d’action correctifs suite aux audits, c’est-à-dire
qu’en cas d’atteinte aux droits humains ou à l’environnement, « des programmes correctifs
sont établis en collaboration avec les parties prenantes et les communautés locales concernées
en fonction des situations auxquelles elles font face. Les principales non-conformités
rencontrées dans le parc de fournisseurs de Carrefour sont la durée du temps de travail,
le niveau de rémunération et la santé et sécurité des travailleurs. ». Il est ensuite détaillé
la procédure, une sorte de mécanisme d’alerte est prévu, si une anomalie est constaté chez un
fournisseur, Carrefour est alerté dans les 48h. Encore une fois ces alertes ne concernent pas
les risques environnementaux mais seulement les risques humains notamment le travail
d’enfants, le travail forcé, des mesures disciplinaires, les tentatives de corruption, de
falsification de documents ou des conditions de sécurité mettant en danger la vie des
travailleurs.

Qu’en est-il des filiales et sous filiales ? Aucune mention n’est faite dans le plan de vigilance

Partie 3 : actions adaptées d’atténuation des risques ou de prévention des atteintes


graves

« Carrefour a pour objectif d'éviter la mise sur le marché de 10 000 tonnes d'emballages d'ici
2025 (par rapport à 2017) au travers de la suppression d'emballages inutiles ou de la mise en
place de projets d'éco-conception. »

« Le Groupe a pour objectif d’atteindre 100 % d’emballages réutilisables, recyclables ou


compostables pour les produits de marques Carrefour d’ici 2025. Un outil de reporting
partagé avec plusieurs distributeurs est en cours d’élaboration, afin de mesurer la performance
associée à cet objectif. »

« Le Groupe a en outre pour objectif d’atteindre 80 % des emballages de produits Carrefour


bio recyclables et de supprimer les emballages plastiques des rayons fruits et légumes bio en
France d’ici 2020 (sauf impossibilité technique). »

Le calendrier de mise en œuvre des mesures correctives est flou. La société doit publier un
calendrier des objectifs qualitatifs et quantitatifs des mesures de prévention, d’atténuation ou
de réparation.

Un plan d’action est prévu par la marque pour atténuer les risques issus de leurs activités, ces
actions portent sur plusieurs domaines, la gestion de l’eau, des déchets, la protection de la
biodiversité. Concernant l’utilisation du plastique, les actions sont les suivantes :

- Transformer l’expérience client en développant des solutions d’emballages


réutilisables : Initiative « Apporte ton contenant » + lancement de Loop (système de
consigne et contenants durables).

42
- Réduire et supprimer les emballages plastiques en magasin en
adoptant une approche client.
- S’assurer de la recyclabilité des emballages et faciliter la collecte et le tri par les
consommateurs.
- Incorporer d’avantage de matière recyclée dans nos emballages de produits de
marques Carrefour.

Mais toutes ces mesures du plan d’action ne prennent pas assez en compte les filiales et sous
filiales, le plan doit contenir un plan d’action élaboré avec des parties prenantes identifiables.
Ce plan ne contient pas la liste des parties prenantes internes et externes impliquées dans
l’établissement et la mise en œuvre de chaque mesure du plan.
De plus, elles sont mentionnées à la page 65 du rapport extra financier, dans la partie « Les
politiques mises en place pour atténuer les risques issus de nos activités » mais pas dans la
partie « plan de vigilance » qui commence à la page 85.

Partie 4 : mécanisme d’alerte et de recueil des signalements relatifs à l’existence ou à la


réalisation des risques
Établi en concertation avec les organisations syndicales représentatives dans ladite société

« Les partenaires et salariés de Carrefour constituent, dans l’organisation Carrefour, des


points d’alerte permanents.
Ainsi, dans le cadre de l’accord signé avec UNI Global Union, une procédure de gestion des
litiges est intégrée permettant la remontée à l’UNI et la Direction de Carrefour de toute
réclamation constatée par les représentants syndicaux ou par les équipes Carrefour et
l’engagement d’en assurer le traitement.
Le Groupe Carrefour a, de plus, déployé un système d’alerte éthique propre permettant aux
collaborateurs ou parties prenantes qui le souhaitent d’alerter sur des situations ou des
comportements en contradiction avec les Principes éthiques du Groupe. Ce système d’alerte
couvre toutes les thématiques des Principes éthiques, notamment les droits humains et
l’environnement.
La confidentialité des informations est garantie à toutes les étapes du processus d’alerte et
Carrefour s’engage à ce qu’aucune mesure de sanction ne soit prise à l’encontre d’un
collaborateur ayant signalé de bonne foi un manquement aux Principes éthiques. L’existence
de ce dispositif d’alerte a pour ambition de permettre à Carrefour tant de prévenir les atteintes
graves à ses Principes éthiques, que de prendre les mesures nécessaires en cas de manquement
avéré. Ce système d’alerte fait partie des outils promus par les deux parties dans le cadre de
l’accord signé par Carrefour avec UNI Global Union.
http://ethics.carrefour.com/"

Tout d’abord l’entreprise mentionne le fait que les partenaires et salariés constituent des
points d’alerte permanents, cela pourrait se comprendre en matière de droits humains mais en
matière de prévention des risques liés au plastique cela semble non approprié. La question qui
se pose est est-ce que les mécanismes d’alerte sont adaptés à la problématique de la pollution
plastique étant donné que le risque n’est pratiquement pas identifié dans le plan de vigilance.

UNI Global Union opère seulement dans le domaine du respect des droits humains mais pas
dans la protection de l’environnement.

43
Le problème est que le mécanisme d’alerte est mentionné en des termes vagues et n’est pas
corrélé avec les risques identifiés, l’entreprise signale simplement que le système d’alerte
couvre « toutes les thématiques des Principes éthiques (du Groupe), notamment les droits
humains et l’environnement ».
Quels sont donc les Principes éthiques du Groupe ?

Il n’y a donc aucune mention de l’environnement. Enfin, un lien hypertexte nous renvoie vers
un site internet permettant de déposer une alerte, le site est clair, il est accessible en
différentes langues et donne la possibilité d’utiliser un numéro de téléphone à défaut de
l’utilisation du site internet.

44
Ensuite, il est demandé à la personne souhaitant effectuer un signalement de choisir le pays
dans lequel se sont déroulés les faits, et de s’identifier en tant qu’employé ou
fournisseur/prestataire. Plusieurs catégories s’ouvrent ensuite concernant les faits que le
lanceur d’alerte souhaite relater, et les atteintes ou risques d’atteintes grave à l’environnement
y sont bien mentionnés.

45
Le mécanisme d’alerte est bien effectif et permet de déposer un dossier concernant une
atteinte ou un risque d’atteinte grave à l’environnement. Il est ensuite demandé au lanceur
d’alerte de décrire les faits en précisant tous les détails et informations susceptibles de servir à
mieux évaluer et résoudre la situation : Qui, quoi, quand, comment? (les personnes
concernées, les faits, le déroulement, le lieu, la date, etc.).

La question des mesures prises suite aux signalement reste en suspens, l’entreprise explique
seulement que le mécanisme d’alerte lui permet de « prendre les mesures nécessaires en cas
de manquement avéré » mais aucune autre précision.

De plus, il semblerait que le mécanisme d’alerte ne soit pas accessible directement depuis le
site internet de la marque, le numéro de téléphone mis a disposition pour déposer une alerte
non plus. Cela traduit un problème d’accessibilité.

Partie 5 : dispositif de suivi des mesures mises en œuvre et d’évaluation de leur


efficacité

Dans le guide réalisé par l’association Sherpa, il est mentionné que « La société devra établir
un dispositif de suivi pour chaque risque, atteinte et mesure correspondante, ainsi qu’un
dispositif global de suivi du Plan. Un tel dispositif de suivi doit nécessairement comprendre
l’établissement d’indicateurs pour chaque mesure de vigilance et pour chaque risque ou
atteinte grave, afin de démontrer à la fois l’effectivité et l’efficacité des mesures. Il s’agira
donc d’indicateurs de moyens et de résultats ».
46
De plus, la société doit fournir une explication méthodologique sur les choix des
indicateurs, outils statistiques et les sources de données identifiées.

Un bilan d’effectivité est mentionné dans le plan de vigilance de Carrefour, toutefois celui-ci est
largement insuffisant. Certaines données sont manquantes, il n’y a pas d’information sur la méthode
utilisée, ni sur les données qui ont permis d’obtenir ces chiffres.

Partie 6 : Forme, accessibilité, publication

Obligations :
- Le plan doit être inclus dans le rapport de gestion de société ➜ Le plan est bien inclus
dans le rapport financier annuel
- Le plan doit être public et diffusé sur les différents sites internet de la marque ➜ Le
plan est bien diffusé sur le site internet de la marque mais les deux documents ne sont
pas identiques en tout points, le rapport inclus dans le rapport financier effectue des
renvois pour « plus de précisions » au plan publié sur le site de la marque. Cela oblige
à utiliser les deux documents et a recouper les informations. Principe d’accessibilité
est-il respecté ?
- Le plan de vigilance n’est disponible qu’en français et n’est pas traduit dans les
langues des pays dans lesquels la société est présente à savoir l’espagnol, Polonais,
Roumain, Italien, Portugais…

Conclusion : le plan de vigilance de Carrefour semble respecter les grandes lignes


directrices des obligations du plan de vigilances, toutefois concernant l’identification des
risques liés aux déchets plastique et les mesures prises pour les atténuer, le plan présente
des lacunes. De nombreuses informations se trouvent dans le rapport extra financier en
dehors de la section « plan de vigilance » et ne sont donc pas reprises dans le plan de
vigilance publié sur le site internet de Carrefour. Au niveau des filiales et sous filiales
elles sont quasiment absentes du plan de vigilance. Toutefois il faut souligner un
mécanisme d’alerte qui semble effectif et simple d’utilisation, reste à savoir si des
mesures sont prises après réception des signalements. Un autre point positif à souligner
est la réalisation d’audits environnementaux pas l’entreprise. Il reste que risques
humains sont largement mieux considérés que les risques environnementaux.

47
Casino

En 2017, le groupe Casino a mis en place un Comité Devoir de vigilance, qui s’assure donc de la
bonne application de la loi du 27 mars 2017 relative au devoir de vigilance des sociétés mères et
donneuses d’ordre. L’existence de ce comité démontre d’une bonne volonté de Casino. De plus, il peut
être qualifié d’actif, s’étant réuni quatre fois en 2019.

1. Cartographie des risques

Selon le 1° de la loi sur le devoir de vigilance : la cartographie des risques a pour but d’identifier,
analyser et hiérarchiser les risques. Ainsi, il conviendra de vérifier si les risques liés à la pollution
plastique ont été clairement identifiés par le plan de vigilance de Casino. Ce dernier permet-il
d’identifier, analyser et hiérarchiser les risques encourus par l’environnement ou la santé humaine ?

Le Comité Devoir de vigilance a défini une méthodologie précise pour réaliser la cartographie d’un
certain nombre de risques, notamment les dommages environnementaux. Cette méthodologie permet
donc d’analyser les risques identifiés, pour ensuite les hiérarchiser.

A. Identification des risques

L’identification se fait selon les composés présents dans le produit. 12 principaux risques ont été
identifiés par le Groupe Casino, touchant aux droits humains et libertés fondamentales, à la santé et
sécurité des personnes, et à l’environnement. Ainsi, 5 principaux risques environnementaux ont été
identifiés :
 Pollution des eaux et des sols (pesticides, produits chimiques…)
 Émission de gaz à effet de serre (procédés polluants, procédés énergivores)
 Déforestation
 Atteintes à la biodiversité
 Gestion durable des ressources et des déchets

=> Cette liste de risques ne peut être qualifiée de précise. En effet, les risques mentionnés sont très
généraux et désignent des catégories de risques plutôt larges et imprécises. Ainsi, les risques que la
production de plastique cause à l’environnement et aux tiers n’est pas pris en compte par le plan de
vigilance.
Si la gestion durable des déchets est une problématique importante, il convient avant tout de rappeler
la nécessité de produire moins de déchets plastiques. En effet, les risques environnementaux, sanitaires
et sociaux causés par ces derniers ne sont plus à démontrer. Or, le plan de vigilance ne mentionne
pas l’importance de produire moins de déchets plastiques.

B. Analyse des risques

Afin de réaliser une cartographie des risques adaptée, la méthodologie du Comité permet de les
analyser, pour déterminer quel poids attribuer à chaque risque. En effet, l’analyse des risques doit
prendre en compte leur caractère de gravité, l’ampleur des atteintes à l’environnement, et leur
caractère irréversible. Ces risques identifiés doivent donc être analysés selon :

- Ses composés : pour ce faire, Casino utilise des sources documentaires et d’expertises
internes, afin d’établir le niveau de risque de chaque composé présent dans le produit vendu.

48
Une analyse de 2019 permet d’établir que ce niveau de risque est en
augmentation pour la majorité des composés.
- Le pays d’approvisionnement ou de fabrication du produit / de ses composés éventuels .
Depuis plusieurs années, le groupe Casino vise les pays. Ainsi, cela permet “d’évaluer et de
prendre en compte pour chaque produit les risques liés au pays de fabrication ou de
provenance connue”.
- Le volume d’achat du produit : la probabilité que le risque se réalise augmente en fonction du
volume d’achat du produit.
- Le nombre de fournisseurs par catégorie de produits . Pour les petits fournisseurs qui sont donc
nombreux, les contrôles des chaînes en amont sont plus complexes.

Une fois le risque identifié, la méthodologie utilisée par le groupe Casino permet une analyse plutôt
complète des risques encourus pour l’environnement, en raison de la production et commercialisation
de certains produits.

C. Hiérarchisation des risques

Casino s’est assuré de hiérarchiser ces risques, établissant donc leur ordre de priorité.

2. Procédures d’évaluation régulière de la situation des filiales, sous-


traitants, fournisseurs, au regard de la cartographie.

Outils choisis pour évaluer la situation des fournisseurs : les audits

Depuis 2000, le Groupe Casino est membre de l’Initiative for Compliance and Sustainability. Cette
initiative a pour but d’améliorer les conditions de travail en mettant des outils à disposition de sociétés
multinationales. Elle propose donc une méthodologie commune en termes d’audits sociaux et
environnementaux et permet de mutualiser les résultats. Ainsi, la procédure d’évaluation de
Casino utilise les outils mis à disposition par l’ICS.

Le classement de chaque pays au sein de l’analyse menée par le Groupe a été comparé à celui
développé par l’ICS afin de pouvoir identifier les pays pour lesquels il existait une divergence
d’appréciation du niveau de risque. Cette comparaison, couplée à une analyse des résultats des audits
sociaux ICS réalisés dans les sites de fabrication situés dans chaque pays, a permis de proposer au
Comité Devoir de vigilance une modification du statut de sourcing pour certains pays.

Critères d’évaluation selon les différentes procédures :

Le référencement des usines dans les pays à risque


Depuis 2002, Casino référence les usines des pays à risque, qui feront l’objet de contrôles externes.
Un “Manuel Fournisseur du Programme de Conformité du groupe Casino (SCOP)” est délivré à tous
les fournisseurs de Casino qui sont donc prévenus des engagements à respecter, et des possibles
contrôles qui peuvent être réalisés.
Des cabinets d’audit indépendants réalisent de manière récurrente ces évaluations dans les pays à
risque (ex : Chine, Inde, Bangladesh). L’analyse des risques est effectuée grâce à leur
cartographie, qui permet donc un tel référencement. Le classement des pays à risque est effectué
selon les analyses et résultats des audits de l’ICS.
=> En 2019, ce sont 1566 usines situées dans des pays à risques qui fabriquent des produits pour le
groupe Casino.

49
Récemment et suite à de nouvelles analyses des résultats des audits sociaux, de
nouveaux pays sont soumis à ces contrôles. En 2019, le Groupe Casino a aussi mené une analyse des
risques au sein des pays d’Europe de l’Est.

Campagne annuelle d’audits sociaux


Annuellement, une campagne d’audits cible les usines situées en priorité dans les pays les plus
susceptibles de présenter des risques (droits de l’Homme, normes du travail, produits à risque). Les
audits peuvent être semi-annoncés ou non-annoncés.
Casino a prévu un processus de contrôle, qui permet d’assurer que tous les fournisseurs subissent une
évaluation similaire :
 Analyse préalable de l’usine : évaluation des risques à partir d’une grille interne
 Audit initial : le groupe Casino sélectionne un cabinet d’audit indépendant parmi ceux accrédités par
l’ICS. Si les résultats issus de l’audit sont suffisants, alors l’usine sera référencée. Mais si les résultats
de l’évaluation menée s’avèrent trop inacceptables, le groupe Casino pourrait clore ses relations avec
le fournisseur en question
 Audits de suivi : ils sont encore effectués par des cabinets indépendants accrédités par l’ICS. Ils
seront plus ou moins fréquents, selon le degré de non-conformité constaté lors des précédents audits.
 Audits spécifiques : pour des questions de sécurité des employés.
L’obligation de publier les résultats de cette évaluation est respectée. En effet, les résultats de ces
audits sont partagés sur la base de données de l’ICS.

Mais ces audits sont des audits sociaux et non environnementaux. Ainsi, si certaines problématiques
sociales et environnementales peuvent parfois se rejoindre et justifient donc de se pencher sur ces
derniers, il convient de rappeler que depuis 2018, des audits complémentaires ont été mis en place,
pour les questions environnementales.

Contrôles renforcés:
Ils sont eux aussi effectués par l’ICS, pour les mêmes avantages mentionnés précédemment. Ces
audits complémentaires sur l’environnement peuvent être effectués dans les usines de rang 1 et 2 ou
dans les usines impliquées dans des étapes de fabrication risquées pour l’environnement.

Les non-conformités relevées portent sur :


- Les eaux usées et effluents,
- La gestion des déchets,
- La prévention de la pollution et gestion des substances dangereuses et potentiellement
dangereuses

De plus en plus, les évaluations n’ont pas uniquement lieu dans les pays considérés comme étant
à risque pour les audits environnementaux. Des responsables Éthique du groupe Casino ont visité
des usines en Pologne et en Italie. Ces visites inhabituelles permettent d’en savoir plus sur le niveau de
risque de tous les pays, et devraient permettre d’améliorer la cartographie des risques ainsi que le plan
de vigilance de Casino.
Malgré cette évolution, les visites et audits restent très ciblées vers les usines des pays risques.

Situation des usines auditées :

50
Les procédures d’évaluation sont donc très complètes en termes de problématiques sociales et de
protection des travailleurs. En revanche, pour ce qui est des risques liés au plastique, aucune procédure
d’évaluation n’a été mise en place pour contrôler le comportement des filiales, sous-traitants et
fournisseurs vis-à-vis de cette problématique.

III. Actions adaptées d’atténuation des risques ou de prévention des atteintes graves

Le terme « d’actions adaptées » signifie que la société ne peut se contenter de simples mesures
déclaratives ou d’engagements moraux. La société doit créer un plan d’action élaboré avec des parties
prenantes identifiables et elle doit publier un calendrier des objectifs qualitatifs et quantitatifs des
mesures de prévention, d’atténuation ou de réparation. Aussi, la société doit mettre en place des
indicateurs permettant de démontrer l’effectivité et l’efficacité des mesures de prévention.

A. Actions d’atténuation des risques ou de prévention des atteintes graves liées au


Groupe

Les politiques environnementales s’appuient sur quatre piliers :

1. La stratégie bas carbone afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre du Groupe et lutter
contre les dérèglements climatiques

Les objectifs de réduction de gaz à effet de serre sont définis en cohérence avec la trajectoire 2°C
définie par l’Accord de Paris de 2015. Ils passent par cinq axes.

- Réduire les émissions associées aux meubles froids.


Le Groupe a réalisé un guide de recommandations pour un froid durable en collaboration avec
l’ADEME.
Le Groupe s’engage à réduire de 18% ses émissions fugitives des fluides réfrigérants à fort pouvoir de
réchauffement climatique d’ici 2025.

- Réduire les émissions liées à l’énergie


Le Groupe s’est engagé à réduire la consommation électrique par mètre carré de surface de vente de
18% d’ici 2025 par rapport à 2015.

51
=> Exemples de mesures mises en place: Des campagnes de sensibilisation et de
formation aux éco-gestes sont déployées dans les entités du Groupe.

- Réduire les émissions liées au transport en favorisant des modes plus durables

Le Groupe s’engage à réduire de 10% les émissions de gaz à effet de serre entre 2018 et 2025.
=> Exemples de mesures mises en place: Utilisation de carburants bas carbone comme le bio
méthane.

- Réduire les émissions liées aux produits commercialisés en magasins


Réduire de 10% les émissions de gaz à effet de serre entre 2018 et 2025.
=> Exemples d’actions mises en place: Informer le consommateur sur l’impact environnemental des
produits pour l’orienter vers une consommation bas carbone

- Adaptation au changement climatique : Le Groupe ne prévoit pas de calendrier des


objectifs.

2. La préservation et l’économie des ressources au travers de l’économie circulaire et de la lutte


contre le gaspillage alimentaire

Cette politique repose sur quatre axes :

- Réduire les consommations d’énergie et agir en faveur des énergies renouvelables.


Le Groupe s’est engagé à réduire la consommation électrique par mètre carré de surface de vente de
18% d’ici 2025 par rapport à 2015. Les moyens mis en œuvre pour réduire les consommations
d’électricité consistent à : équiper de portes les meubles frigorifiques destinés aux produits frais,
mettre en place des dispositifs d’éclairage et de climatisation basse consommation et accompagner les
équipes magasins sur les éco-gestes à mettre en place.

- Maîtriser la consommation d’eau : Le Groupe ne prévoit pas de calendrier des objectifs.

- Réduire, trier et valoriser les déchets pour une économie circulaire


Le Groupe ne prévoit pas de calendrier des objectifs.
Exemples d’actions mises en place:
Au Brésil, Multivarejo a poursuivi dans ses magasins son programme de valorisation des recyclables
et des déchets organiques
Les magasins du Groupe proposent la collecte des déchets en retour clients.
En France, Cdiscount a mis en place un partenariat avec ENVIE, association engagée en faveur de
l’économie circulaire

- Réduire l’impact des emballages


Le Groupe prévoit pour:
2019 : signer et mettre en œuvre le Pacte Plastique.
2023 : incorporer 25% de plastique recyclé dans les bouteilles PET des eaux, jus de fruits, boissons
gazeuses à marque propre
2025 : atteindre 100% des emballages à marque propre réutilisable, recyclable ou compostable.

Exemples de mesures mises en place: Réduire les emballages inutiles et les produits jetables en
plastique (cf. Pacte plastique), Réduire l’utilisation de matière par l’éco - conception des produits,

52
Utiliser davantage d’emballages recyclables, Incorporer des matériaux recyclés,
favoriser de nouveaux modes de consommation, Améliorer le geste de tri.

3. Lutter contre le gaspillage alimentaire

Cette politique repose sur quatre axes. Aucun des engagements ne comporte de calendrier des
objectifs qualitatifs et quantitatifs.

Amélioration continue du fonctionnement des magasins

Le don des produits aux associations telles que la Fédération Française des Banques
Alimentaires

Sensibilisation des collaborateurs et des clients


=> Exemples de mesures mises en place: Les collaborateurs sont sensibilisés via un guide des «
Éco-Gestes » qui est à la disposition des employés de Casino

Développement de nouveaux concepts


=> Exemples de mesures mises en place: Vrac, Transformation des produits frais abîmés,
Développement du tri organique des produits alimentaires non consommables afin de les valoriser en
alimentation animale ou en compostage

4. La préservation de la biodiversité

Cette politique repose sur trois axes.

 Commercialiser une offre de produits plus respectueux de l’environnement et de la biodiversité


Le Groupe ne prévoit pas de calendrier des objectifs.
Exemples de mesures mises en place:
- Casino renforce son offre de produits certifiés issus de l’agriculture biologique, présente dans
tous ses magasins avec plus de 2300 références alimentaires à marques nationales
- Le Groupe développe ses enseignes dédiées au bio

Lutter contre la déforestation liée à l’exploitation des matières premières


Un seul objectif pour 2020 concernant le cacao : 100% des produits contenant plus de 20% de cacao
certifié UTZ.Casino s’est engagé à lutter contre la déforestation liée à l’exploitation des matières
premières et notamment à l’exploitation de l’élevage bovin, des palmiers à huile, du soja et du cacao.

Préserver les ressources halieutiques


Casino s’est engagé à arrêter progressivement de commercialiser les principales espèces de grand fond
menacées, mais aucune date précise n’est avancée.

 Le plan d’action est-il élaboré avec des parties prenantes identifiables ?

La politique environnementale du groupe Casino est pilotée et animée par la Direction RSE Groupe
qui a la responsabilité de la coordination des priorités environnementales, du partage des bonnes
pratiques et du monitoring des plans d’action.

Les filiales ont la responsabilité de : Décliner des priorités du Groupe en matière d’environnement ;
Mettre en œuvre un système de management environnemental s’appuyant sur les indicateurs
53
environnementaux nécessaires au pilotage des plans d’actions des priorités définies.
Les performances sont partagées avec les responsables et collaborateurs de chaque entité concernée et
font l’objet d’une revue annuelle par la Direction RSE avec les membres des comités concernés.

Les axes d’actions pour réduire l’impact environnemental direct et indirect du Groupe sont mis en
œuvre par les enseignes, les magasins et les entrepôts du Groupe.

Toutefois, les parties prenantes, ne sont pas explicitement mentionnées et impliquées dans les
mesures d’atténuation des risques ou de prévention des atteintes graves.

B. Actions d’atténuation des risques ou de prévention des atteintes graves liées aux
fournisseurs

1. Fournisseurs de produits à marque propre fabriqués dans les pays à risque, notamment textile

Aucun calendrier des objectifs n’est établi. Le Groupe a mis en place cinq mesures:

- Charte Éthique fournisseurs : elle assure de privilégier une approche respectueuse de


l’environnement notamment quant à l’utilisation optimisée des ressources naturelles, la
gestion des déchets, la lutte contre les pollutions…

- Politique de référencement des usines dans les pays à risque : démarche d’éthique sociale
visant à contrôler et à contribuer à l’amélioration des conditions sociales et
environnementales de fabrication de ces produits distribués par le Groupe. Elle s’appuie sur
une procédure de référencement stricte consistant en l’acceptation de la Charte Éthique
fournisseurs, de contrôles externes réalisés par des cabinets d’audit indépendants, et la mise en
place des plans d’actions correctives lorsque nécessaire.

- Campagne annuelle d’audits sociaux

- Accompagnement des fournisseurs

- Actions de sensibilisation et de formation des acheteurs : la Direction de la RSE mène des


actions de sensibilisation récurrentes tant auprès des équipes achats que des bureaux locaux
afin de s’assurer de la bonne prise en compte et connaissance du programme de conformité
sociale et environnementale des fournisseurs du Groupe

2. Fournisseurs à marques propres dont les produits contiennent de l’huile de palme

Les objectifs sont établis pour l’année 2020: Poursuivre les actions de lutte contre la déforestation liée
à l’exploitation des matières premières pour produits à marque propre (pas d’objectif quantitatif) -
Utilisation à 100% d’huile de palme certifiée RSPO.

3. Fournisseurs de viande bovine au Brésil

Aucun calendrier des objectifs n’est prévu. En 2019, 100 % des fournisseurs ont adhéré à la politique
et au programme de développement de GPA. Elle s’appuie sur les cinq critères socio-
environnementaux pour l’achat de bovins établis en 2009 pour les abattoirs brésiliens.

54
IV. Mécanisme d’alerte et de recueil des signalements relatifs à
l’existence ou la réalisation des risques (établi en concertation avec les organisations
syndicales représentatives de la société)

Grille d’évaluation du mécanisme:

Le mécanisme d’alerte et de recueil OUI Le groupe Casino a procédé en 2017 à la nomination d’un
des signalements doit être Déontologue Groupe, membre du Comité Éthique Groupe, et
disponible, au minimum à tous les d’un Directeur des Risques et de la conformité, dont la
individus présents dans ce périmètre responsabilité est de déployer le dispositif éthique du groupe
(le mécanisme doit pouvoir être Casino et d’animer le réseau des déontologues mis en place
saisi notamment au sein de filiales, dans chaque entité en France et d’interagir avec les filiales
ou par des fournisseurs et sous- internationales, qui disposent d’un comité d’éthique ou
traitants de la société mère et de ses assimilé.
filiales)

Le groupe doit préciser comment NON Pas de précisions spécifiques pour le traitement des alertes au
sont traitées, au niveau local, les niveau local.
alertes et signalements

Les procédures de traitement des OUI Les messages sont reçus par le déontologue Groupe qui, après
alertes doivent être détaillées et analyse, saisit les services compétents au sein du Groupe. Un
apparaître dans le plan de vigilance reporting est effectué lors des Comité Devoir de vigilance.
pour être accessible aux tiers

Publication des différents OUI Le réseau des déontologues s’assure de la bonne


mécanismes et procédures, des compréhension par les collaborateurs des principes et valeurs
publics visés et des conditions de du groupe Casino, répond aux questions, reçoit les alertes, les
mise en œuvre (accessibilité, analyse et les traite, garantit la confidentialité et, selon leur
confidentialité …) caractère de gravité, en informe le Déontologue Groupe et le
Comité Éthique Groupe, dans le respect de l’anonymat des
lanceurs d’alerte et des personnes faisant l’objet du
signalement, conformément aux exigences de la loi Sapin II.

Mise en place d’une adresse OUI contact75vgl@deontologue.com


électronique ?

V. Un dispositif de suivi des mesures mises en œuvre et d’évaluation de leur efficacité

 Les mesures adoptées et utilisées ont-elles un impact mesurable ou identifiable?

55
Dans le tableau « Indicateurs de performance Groupe » :
 Pas de référence aux émissions liées au transport et aux produits commercialisés en magasins (Scope
3) : Depuis 2017, le Groupe effectue une étude approfondie de l’ensemble des postes constituant ses
émissions de gaz à effet de serre du Scope 3 à partir de données internes et des facteurs d’émissions
associés. Ainsi, le Groupe a évalué ses émissions du Scope 3 à près de 30 millions de tonnes de CO2
par an => les données ne sont pas publiées + quid de l’année 2019 ?
 Pas de référence aux consommations d’eau : renvoi au tableau, mais aucune information n’est donnée
sur ce point.
 Pas de référence à la lutte contre le gaspillage alimentaire.

VI. Suite de l’analyse du plan de vigilance

1. La publication du plan de vigilance

Le plan de vigilance du Groupe Casino est oublié au sein du document d’enregistrement universel, au
Chapitre 3 traitant de la responsabilité sociale d’entreprise (RSE) et les déclarations de performances
extra financières.
Le plan de vigilance devrait être traduit dans les langues des pays dans lesquels les sociétés opèrent.

2. Périmètre du groupe

56
Le plan de vigilance du groupe Casino n’établit pas explicitement une liste des
filiales qu’il encadre. Néanmoins, on peut trouver un organigramme des filiales du Groupe Casino à la
page 19 du document d’enregistrement universel. Mais aucun renvoi n’y est fait dans le plan de
vigilance (manque de clarté).

3. Périmètre extra groupe

Le plan de vigilance ne mentionne pas les fournisseurs et les sous-traitants concernés de manière
explicite.

4. Périmètre substantiel

Le plan de vigilance de Casino est conforme à la loi sur le devoir de vigilance de 2015. En
effet, la cartographie des risques indique que ce plan concerne des problématiques liées aux
droits humains et liberté fondamentales, à la santé et sécurité des personnes, et à
l’environnement.

5. Implication des parties prenantes dans le processus de plan de vigilance

57
Pour effectuer son travail de cartographie, le Comité Devoir de vigilance prend en compte
“les plans d’actions du Groupe et les échanges avec les parties prenantes”. Dans son plan de
vigilance, Casino rappelle que l’objectif partagé ne pourra être atteint que par une
collaboration entre toutes les parties prenantes : associations comme industriels.

C’est par exemple en suivant les attentes des parties prenantes que Casino a adhéré à la
Roundtable on Sunstainable Palm oil en 2011.

6. Mise en oeuvre du plan de vigilance de manière constante

Le plan de vigilance précise que la cartographie des risques est revue chaque année.
Néanmoins, aucune information n’est donnée sur le renouvellement du plan de vigilance en
lui-même.

58
Auchan

Auchan Holding est une entreprise société anonyme à conseil d'administration, son siège
social se trouve dans la commune française Croix dans le Nord Pas de Calais.

Cette société est composée de deux filiales :


- Auchan Retail : Cette filiale de Auchan Holding réunit tous les formats du commerce
alimentaire (hypermarché, supermarché, proximité, drive) dans 14 pays dont 3
continents (Europe, Asie et Afrique). Le nombre de points de vente dans le monde est
de 2 293 et son nombre de salariés s’élevait à 329 694 selon le rapport financier de
2019.
- Ceetrus : Il s’agit de la filiale immobilière d’Auchan Holding, elle implante des
commerces, logements, bureaux et services, son nombre de salariés s’élevait à 950
selon le rapport financier de 2019.
-
Le chiffre d’affaire d’Auchan Holding de 2019 était de 46,6 milliards d’euros, Auchan Retail
a contribué à 98,7% de celui-ci. La société Auchan Holding rentre dans le champ
d’application établi par la loi du n° 2017-399 du 27 mars 2017 et doit donc établir un plan de
vigilance.

La société Auchan Holding a élaboré 3 plans de vigilance depuis 2017. L’analyse s’est portée
sur le dernier plan vigilance disponible dans le rapport financier annuel et déclaration de
performance extra-financière de 2019.

L’analyse du plan de vigilance est divisée en 5 points reprenant les mesures issues de l’article
L. 225-102-4.-du Code de commerce :
 « Une cartographie des risques destinée à leur identification, leur analyse et leur
hiérarchisation
 Des procédures d'évaluation régulière de la situation des filiales, des sous-traitants
ou fournisseurs avec lesquels est entretenue une relation commerciale établie, au
regard de la cartographie des risques;
 Des actions adaptées d’atténuation des risques ou de prévention des atteintes
graves ;
 Un mécanisme d'alerte et de recueil des signalements (…) établi en concertation
avec les organisations syndicales représentatives dans ladite société ;
 Un dispositif de suivi des mesures mises en œuvre et d'évaluation de leur efficacité.
» Année après année, il faut justifier que telle action est efficace. »

I- La cartographie des risques dans le plan de vigilance d’Auchan Holding

Les risques identifiés pour le volet environnemental de la filiale Auchan Retails sont les
suivants : « Environnement : pollution des eaux, sols et airs, destruction de la biodiversité,
changement climatique, pénurie d’eau, utilisation abusive des terres, conséquences
potentielles de l’utilisation d’intrants chimiques. »

59
Il est indiqué que pour réaliser cette cartographie, il a été élaboré 5 000 triplets dont chaque
triplet est déterminé par trois critères :

- L’activité ou catégorie de produits et de service (exemples : Fruits et légumes,


hygiène-parfumerie, loisirs, etc.)
- La nature du risque (exemple : Environnement de travail et d’habitation non adéquat).
- Le pays d’origine du produit, des biens qui en résultent ou du service.

Enfin, cette cartographie est détaillée par 3 grandes typologies :


- Les activités propres : couvrent le risque direct lié à l’exploitation des sites de
l’entreprise, y compris dans son aspect de gestion des ressources humaines.
- Les achats directs alimentaires ou non alimentaires : il s’agit des produits destinés à
être vendus en magasin.
- Les achats indirects : il s’agit des achats nécessaires à l’exploitation des sites de
l’entreprise. Il peut s’agir de biens physiques (mobilier, matériel informatique) ou de
prestations de services (transport, nettoyage des sites, achats d’énergie).

Une synthèse des risques est disponible dans le plan de vigilance, elle apparait très
superficielle. Vous la trouverez ci-dessous :

Analyse :

GOUVERNANCE Le plan doit identifier les entités de Des comités éthiques et instances de

60
la société impliquées dans la ressources humaines sont à l’écoute des
cartographie des risques. risques émergents dans l’ensemble des
pays d’implantation d’Auchan Retail.

Le groupe doit décrire le rôle de Aucun détail n’a été donné sur ce point.
chacune des entités.
Le groupe doit aussi préciser Aucun détail n’a été donné sur ce point.
comment la gouvernance se décline
sur le terrain : cela permet de
s’assurer que les acteurs mobilisés
sont au plus proche des risques et
atteintes graves qui pourraient
survenir tout au long de la chaîne de
valeur et plus précisément en ce qui
concerne l'utilisation des plastiques.
SOURCES Les détails des sources Les sources d’informations sont d’origine
D’INFORMATIONS d’information utilisées pour internes et externes à l’entreprise. Les
UTILISEES cartographier les risques (visite de risques ont notamment été évalués sur la
terrains, rapports d’experts, base d’entretiens avec les équipes
initiatives sectorielles …) pour internes les plus qualifiées (Achats,
connaître les contextes sociaux, Sourcing, Qualité, Audit Interne, Risques,
environnementaux, économiques. RH, Conception Produits).

Il est mentionné que pour identifier les


risques, la société a utilisé des référentiels
internationaux tels que les principes
directeurs des Nations Unies relatifs aux
entreprises et aux droits de l'homme.
PARTIES PRENANTES Préciser quelles sont les Aucun détail n’a été donné sur ce point.
ET COMMUNAUTES communautés locales
LCOALES potentiellement atteintes, Seulement deux Etats ont été nommés :
consultées. Espagne : Risques forts sur les fruits et
légumes du fait de ses importantes
exportations vers les pays de l’Union
européenne.
Inde : A l’origine de risques majeurs sur
le secteur bazar et jouets bien qu’Auchan
Retail n’y soit pas implanté.
IDENTIFICATION DES La société doit identifier les impacts Dans le plan de vigilance, seule une
RISQUES que ses activités, les activités de ses synthèse de la cartographie est transmise.
filiales fournisseurs et sous-traitants 2 risques ont été identifiés :
pourraient potentiellement causer
envers l’environnement, la santé et - Espagne : portant sur la
la sécurité). viande, produits laitiers et
L’entreprise doit indiquer une ovoproduits.
évaluation de la gravité de l’impact, - Bangladesh : relatif au
pour les tiers potentiellement textile.
affectés (collaborateur, riverain
d’un site ou autre personne) En 2019, des audits ont permis d’établir
qu’il existait des carences en matière de
gestion des déchets et de traitement de
l’eau dans des « usines intégrées des
fournisseurs textiles partenaires de la
Chine, du Vietnam, de l’Indonésie et du

61
Cambodge ». Cette information ne se
situe pas dans la partie relative à la
cartographie des risques, mais dans celle
relative aux procédures d’évaluation des
filiales, sous-traitants et fournisseurs.
IDENTIFICATION Les risques et atteintes graves Aucun risque sur le plastique n’a été
DETAILLES DES potentielles découlant de la identifié dans le plan de vigilance. Ce qui
RISQUES D’ATTEINTES production de plastique doivent être est surprenant puisque dans la déclaration
GRAVES identifiés par la société. de performance extra-financière, Auchan
Retail mène un politique
environnementale afin de réduire leur
impact en matière de plastique.
A titre d’exemple, dans le cadre de son
action se nommant « Defi plastique »,
Auchan Retail France prévoit le
recyclage de 100 % de ses plastiques
d’exploitation
à l’horizon 2025.
De plus, des actions sont menées pour
nettoyer les plages tel que ce fut le cas au
Sénégal. Par cette action, il a été ramassé
2000 tonnes de déchets, dont 5 tonnes de
plastiques ont été revendues par la suite à
une entreprise locale pour la
revalorisation.
La cartographie doit atteindre un
niveau de détail suffisant pour
permettre à n’importe qui L’identification des risques reste
d’identifier les risques. sommaire. Aucune indication n’est
donnée sur leur impact environnemental
Il faut bien regarder si par exemple, (nature de la pollution, lieu précis de la
le groupe ne formule les risques que pollution, gestion des déchets...). Ils sont
de manière générale. Les risques juste classés comme des risques
doivent être spécifiques aux environnementaux, cela reste trop
activités du groupe. général. De plus, le nom de de l’Etat à
l’origine du risque est identifié mais pas
la filiale, le fournisseur à l’origine du
risque.

Enfin, on trouve une partie relative aux


« enseignements tirés de cartographie ».
Dont il est mentionné premièrement que
souvent le risque se trouve en dehors du
lieu d’implantation d’Auchan Retail. Il
prend l’exemple de l’Inde dans le secteur
du Bazar et jouets, sans donner plus de
détails sur la nature du risque.
Deuxièmement, il est mentionné que
l’Espagne est à l’origine de risques forts
sur les fruits et légumes du fait des
importantes importations au sein de l’UE.
Tout comme l’Inde, il n’est pas identifié
clairement la nature du risque et la
localisation précise.
HIERARCHISATION La hiérarchisation des risques et Il n’y pas eu de hiérarchisation des
DES RISQUES atteintes graves découle de leur risques dans le plan de vigilance.

62
analyse qui évalue d’une part la
gravité, l’ampleur et le caractère Il est mentionné que la hiérarchisation a
réversible ou non des atteintes et été faite en fonction des risques RSE.
d’autre part la probabilité du risque Mais aucun détail de cette hiérarchisation
ou l’aggravation de l’atteinte. n’est transmis dans le plan de vigilance.

Conclusion intermédiaire : Les risques environnementaux sont identifiés sans trop de précisions et de
détails. Seulement deux risques environnementaux sont identifiés et aucun en matière de plastique. Alors
que la déclaration extra-financière mentionne le fait qu’Auchan tente de limiter son impact
environnemental en matière de plastique, ils ont donc clairement conscience que leurs activités ont des
effets sur la pollution liée au plastique. Enfin, il est délivré un tableau synthétisant les différents risques.
L’information n’est pas disponible entièrement. Auchan Holding aurait dû transmettre l’intégralité de la
cartographie.

II- Les procédures d’évaluation dans le plan de vigilance d’Auchan Holding

Le plan de vigilance fait état d’un certain nombre d’audits qualité, sociaux et environnementaux réalisés sur les
sites de production de ses fournisseurs avec une grille d’évaluation commune à chaque pays.

Etat des lieux des procédures d’Auchan Retail :


- 1 127 audits sociaux ont ainsi été réalisés en 2019 auprès des fournisseurs de la Direction Produits et
Flux, dont le parc est essentiellement asiatique.
- Auchan Retail réalise également des audits environnementaux de leurs fournisseurs.
o « 18 audits environnementaux ont été réalisés, ces audits ont été conduits selon la trame
d’audit environnemental ICS (Initiative for Compliance and Sustainability). Ils permettent de
vérifier notamment la conformité des usines en matière de :
 Système de management environnemental ;
 Consommations d’énergie ;
 Consommations d’eau ;
 Traitement des eaux usées et effluents ;
 Émissions dans l’air ;
 Gestion des déchets ;
 Prévention de la pollution et substances dangereuses
 Potentiellement dangereuses ;
 Gestion des interventions d’urgence. »

Résultat de ces audits : « En 2019, ces audits ont couvert des usines intégrées des fournisseurs textiles
partenaires en Chine mais aussi au Vietnam, en Indonésie ou au Cambodge. Ils ont mis en évidence des carences
en matière de gestion des déchets et du traitement de l’eau. Des plans d’action ont été mis en place en 2019 et se
poursuivront en 2020 pour éliminer les écarts détectés. » Enfin, les équipes de Corporate réalisent chaque année
des audits en matière de détection de la soustraite opaque. Le bilan des audits effectués n’a pas été inclus dans le
plan de vigilances.

Analyse :

63
MESURES D'ÉVALUATION Le plan doit permettre d’identifier la Aucune chaîne de valeur n’a été
chaîne de valeur. Est-ce que par transmise.
DE LA SITUATION DES
exemple le plan fournit des
FILIALES, SOUS précisions sur la chaîne de création
du plastique ? Le traitement des
TRAITANTS ET
déchets ? Le recyclage ? etc …
FOURNISSEURS
Le plan doit apporter des précisions Il est juste fait un état des lieux des
sur la méthodologie mise en place différentes procédures d’évaluation.
quant à l’identification des sous- Une présentation de la grille
traitants et fournisseurs présents (lien d’évaluation des risques
hypertexte pour renvoyer aux listes environnementaux liés aux usines est
dans le plan) donnée sans donner plus de détails.

Une formation aux achats


responsables est tenue dans tous les
L’identification des entités pays d’implantation auprès de
impliquées permet de s’assurer que différents publics tel que : acheteurs,
la société peut mener une évaluation chef de produits, négociateurs,
précise des risques de toutes ses ingénieurs de qualité.
filiales, fournisseurs et sous-traitants
Quant aux audits environnementaux,
il n’est pas mentionné quelles sont
les entités qui les ont réalisés.
CAHIER DES CHARGES La société doit établir et publier la Ni méthode, ni objectif n’ont été
méthodologie, les objectifs et le délivré. S’agissant d’un calendrier,
calendrier des procédures on sait seulement que 18 audits
d’évaluation de la situation des environnementaux ont été réalisés.
filiales, fournisseurs et sous-traitants

Obligation légale de transparence et Les audits environnementaux n’ont


d’information du devoir de vigilance pas été annexés au plan de vigilance.
: publication obligatoire

Conclusion intermédiaire :
Le plan de vigilance chiffre seulement les procédures d’évaluation réalisées en 2019 sans
rentrer dans le détail de leur contenu. 18 audits environnementaux ont été réalisés, il semble
compliquer de les annexer au plan de vigilance. Cependant, une synthèse détaillée de chaque
audit aurait dû être annexée au plan de vigilance.

III- Des actions adaptées d'atténuation des risques ou de prévention des atteintes
graves dans le plan de vigilance d’Auchan Holding

Plusieurs actions sont relatées dans le plan de vigilance, mais uniquement en matière de
risques sociaux. Il est rappelé qu’en plus des audits, une politique éthique est menée par les
sociétés d’Auchan Holding et elle est constituée d’une Charte éthique, d’un Code éthique
commercial et un guide de l’éthique au quotidien.
Aucune action n’a été mentionné pour essayer de limiter les deux risques environnementaux
identifiés au Bangladesh et en Espagne.

64
Conclusion intermédiaire : Les actions environnementales sont absentes
dans ce plan de vigilance, alors que le volet environnemental du rapport extra-financier
de 2019 fait état d’un certain nombre d’actions pour limiter l’impact sur la biodiversité
du plastique.

IV- Le mécanisme d'alerte et de recueil des signalements dans le plan de vigilance


d’Auchan Holding

La cartographie des risques « sera mise à jour en cas d’évolution notable de l’activité de
l’entreprise ou en cas d’identification d’un risque émergent non identifier jusqu’alors. »

En 2019, Auchan Retail a ouvert le système d’alerte prévu par la loi sur le devoir de vigilance
à l’ensemble de ses parties prenantes et pas uniquement aux fournisseurs. L’effectivité du
mécanisme d’alerte ne peut pas être encore analysée puisque celui-ci n’a été mis en place
qu’en 2019. Cependant, dans le nouveau plan de vigilance qui ne devrait par tarder à être
publié au printemps 2020, une analyse de l’effectivité serait opportune.

Analyse :
ELEMENTS CLES DU Le mécanisme d’alerte et de recueil des Seules les parties prenantes et pas uniquement les
MECANISME signalements doit être disponible, au minimum fournisseurs peuvent faire un signalement. On peut
D’ALERTE à tous les individus présents dans ce périmètre donc en conclure que des personnes externes à
(le mécanisme doit pouvoir être saisi l’entreprise ne peuvent pas faire de signalement de
notamment au sein de filiales, ou par des l’existence d’un risque environnemental.
fournisseurs et sous-traitants de la société mère
et de ses filiales).
Aucun détail n’a été donné sur ce point.
Le groupe doit préciser comment sont traités,
au niveau local, les alertes et signalements. Les procédures n’ont pas été détaillées.
Les procédures de traitement des alertes doivent
être détaillées et apparaître dans le plan de
vigilance pour être accessible aux tiers
Aucune précision n’a été délivrée pour savoir comment
Obligation légale : on pouvait signaler un risque et les conditions du
Publication des différents mécanismes et signalement.
procédures, des publics visés et des conditions
de mise en œuvre (accessibilité, confidentialité
…) Aucun dispositif tel qu’une adresse mail n’a été mis à
Mise en place d’une adresse électronique ? disposition dans le plan de vigilance pour faire parvenir
un signalement.

Conclusion intermédiaire : Un mécanisme d’alerte a bien été mis en place, mais seulement depuis 2019, il
apparaît donc compliqué de juger de son effectivité. De plus, les conditions d’accès à ce dispositif
n’apparaissent pas dans le plan de vigilance.

65
V- Le dispositif de suivi des mesures dans le plan de vigilance
d’Auchan Holding

Auchan Holding a mis en place un comité de pilotage et a identifié les représentants qui le
constitue. Le comité se réunit deux fois par an. Des comptes rendus des réunions sont partagés
avec le CODIR Auchan Retail mais ils n’ont pas été annexés au plan de vigilance.

Conclusion intermédiaire :
Il est regrettable que les bilans des deux réunions annuelles n’aient pas été annexés au plan de
vigilance. De plus, on ne connait pas les missions confiées au comité de pilotage.

Conclusion : Le plan de vigilance d’Auchan Holding s’épaissit d’année en année mais de


nombreuses informations sont encore manquantes, surtout en matière
environnementale. La transparence des informations est insuffisante voir inexistante.
On observe seulement un état des lieux sommaire des risques et des actions pour les
limiter. Le plan de vigilance se concentre plus sur les risques liés aux droits humains, à
la santé et à la sécurité. De nombreuses informations sur les risques environnementaux
se trouvent dans le rapport extra financier, mais ne sont pas reprises dans le plan de
vigilance. Les informations relatives aux filiales et sous filiales sont quasiment
inexistantes du plan de vigilance. On peut donc en conclure que Auchan Holding ne se
conforme pas aux obligations issues de la loi 27 mars 2017 relative au devoir de
vigilance.

Bibliographie sélective

1. Ouvrages

S. Schiller, Devoir de vigilance : une victoire contre l’impunité des multinationales, LexisNexis,
2019, p.246.

2. Articles

S. BRABANT, E. SAVOUREY, Loi relative au devoir de vigilance : Des sanctions pour prévenir et
réparer ?, Revue Internationale de la Compliance et de l'Éthique des Affaires n° 2, 2017.
M-C. CAILLET, Du devoir de vigilance aux plans de vigilance ; quelle mise en œuvre ?, Revue
Dalloz Droit social 2017, p.819.
S. COSSART, T. BEAU DE LOMÉNIE, A.LUBRANI, Extension du domaine de la vigilance, la loi
sur le devoir de vigilance, au-delà de la compliance, Revues des Juristes de Sciences Po n° 16.
N. CUZACQ, Premier contentieux relatif à la loi « vigilance » du 27 mars 2017, une illustration
de l’importance du droit judiciaire privé, Recueil Dalloz 2020, p.970.
I. DOUSSAN, P. STEICHEN, J.BARDY, Droit privé et droit économique de l’environnement, Revue
juridique de l’environnement, 2020/2 (Volume 45), p.359 à 379.

66
R-C. DROUIN, Le développement du contentieux à l’encontre des entreprises
nationales : quel rôle pour le devoir de vigilance ? Revue Dalloz de droit social 2016 p.246.
P. DUFOURQ, Devoir de vigilance des multinationales : quelles évolutions ? Proposition de loi
relative au devoir de vigilance des sociétés mères et entreprises donneuses d’ordre, Dalloz actualité, 21
février 2017.
P. DUFOURQ, Devoir de vigilance des multinationales : retour sur la décision du Conseil
constitutionnel, Dalloz actualité, 29 mars 2017.
A.S, EPSTEIN., La portée extraterritoriale du devoir de vigilance des sociétés mères et des
entreprises donneuses d'ordre, Cahiers de droit de l'entreprise n° 4, Juillet 2018, dossier 30.
G. VINEY et A.D-FATOME, La responsabilité civile dans la loi relative au devoir de vigilance des
sociétés mères dans une entreprise donneuse d’ordre, recueil Dalloz 2017 p.1610.
M. HAUTEREAU-BOUTONNET, Première assignation d’une entreprise pour non-respect de son
devoir de vigilance en matière climatique : quel rôle préventif pour le juge ? Recueil Dalloz 2020,
p.609.
M. HAUTEREAU-BOUTONNET, Les procès climatiques : quel avenir dans l’ordre juridique
français ? Recueil Dalloz 2019, P.688.
R. LAPIN, Le principe de responsabilité et le devoir de vigilance, Dalloz revue de droit du travail,
2016 p.276.
C. LARONDE-CLÉRAC, V°Associations, Fascicule 15 : ASSOCIATIONS. – Constitution. Capacité,
Jurisclasseur LexisNexis, 3 Juin 2020
B. LECOURT, Pour un texte européen sur le devoir de vigilance des sociétés, Revue Sociétés 2020,
p.315.
S. MABILE., et F. De CAMBIAIRE., L’affirmation d’un devoir de vigilance des entreprises en
matière de changement climatique, Revue Énergie - Environnement - Infrastructures n° 5, Mai 2019,
dossier 21.
K. MARTIN-CHENUT, Devoir de vigilance : internormativités et durcissement de la RSE, Revue de
droit social Dalloz 2017, p.798.

D. MBOW, La contribution de la loi sur l’obligation de vigilance à la protection de


l’environnement, Bulletin du Droit de l'Environnement Industriel, 2020.
R. MÉTAIS, et E. VALETTE, Le devoir de vigilance et les enjeux en matière de responsabilité civile,
Revue Lamy droit des affaires, 2019.
P.-L. PÉRIN, Devoir de vigilance et responsabilité illimitée des entreprises : qui trop embrasse mal
étreint, RTD com. 2015, p. 215 ; C. Malecki, préc. ; S. Schiller, préc., JCP E 2017, 1193, no 3.
Y. QUEINNEC, et F. FEUNTEN, La preuve de vigilance, un challenge d’interprétation, Revue Lamy
droit des affaires, 2018.
J.C. RODA, Quand la compliance américaine s’invite dans le contentieux contractuel français,
Recueil Dalloz 2020, p. 913.
P. THIEFFRY, La responsabilité élargie du producteur et la concurrence, RDT, Eur, 2014 p.73.
P. THIEFFRY, Environnement et développement durable : la directive sur les plastiques « à usage
unique » : des marges de transpositions importantes mais contraintes, LexisNexis, Énergie-
environnement-infrastructures n°7, Juillet 2019, étude 9.

3. Rapports

67
A. DUTHILLEULE, et M.De JOUVENEL, Évaluation de la mise en œuvre de la loi
n° 2017-399 du 27 mars 2017 relative au devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises
donneuses d’ordre, 2020.
E. TRUILHÉ, et M. HAUTEREAU-BOUTONNET, Rapport final de recherche « Le procès
environnemental. Du procès sur l’environnement au procès pour l’environnement, 2019.
D.A, WOLFE, Persistent plastics and debris in the ocean : an international problem of ocean
disposal, Marine Pollution Bulletin, 1987.
M. POTIER, Rapport n°2628, Assemblée Nationale, 2015.
SHERPA, Guide de Référence pour les Plans de Vigilance, Paris, première édition, 2018.
SHERPA, LES AMIS DE LA TERRE, AMNESTY INTERNATIONAL et autres, Loi sur le devoir de
vigilance des sociétés mères et entreprises donneuses d’ordre, Année 1 les entreprises doivent mieux
faire, février 2019.
SHERPA et TERRE SOLIDAIRE, Le radar du devoir de vigilance, identifier les entreprises soumises
à la loi, édition 2020.
CIEL, Plastic & Health : The Hidden Costs of a Plastic Planet, 2019.
NOTRE AFFAIRE À TOUS, Dossier de presse Assignation Total, 2020.

4. Textes législatifs et réglementaires

Décision 1600/2002/CE du Parlement européen et du Conseil établissant le sixième programme


d’action communautaire pour l’environnement, (JOUE n° L 242 du 10/09/2002 p. 0001 - 0015).
Directive 2006/12/CE sur les emballages et déchets d’emballages (JOUE n°C 144/9 du 27 avril 2006).
Directive (UE) 2019/904 relative à l’incidence de certains produits en plastique sur l’environnement
(JOUE n° L 155 du 12 juin 2019).
Résolution du Parlement européen du 13 septembre 2018 sur une stratégie européenne sur les matières
plastiques dans une économie circulaire (2018/2035 (INI)), dossier de commission parlementaire :
ENVI/8/12349.
Proposition de loi relative au devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses
d’ordre, n°2578, 11 février 2015 (JORF n°0074 du 28 mars 2017).
Loi n° 2017-399 du 27 mars 2017 relative au devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises
donneuses d'ordre (JORF n°0074 du 28 mars 2017).

5. Jurisprudence

Décision n°2017-750 du 23 mars 2017, Site du Conseil Constitutionnel (JORF n°0074 du 28 mars
2017).
Tribunal judiciaire de Nanterre, 30 janvier 2020, pourvoi n° 19-02833.
Cour de cassation, 3ème chambre civile, 26 septembre 2007, pourvoi n° 04-20.636.
Cour de cassation, 2ème chambre civile, 21 juillet 1986, pourvoi n° 84-15.397.
Cour de cassation, 3ème chambre civile, 20 novembre 2012, Assoc. France Nature Environnement et
Écologie pour Le Havre, pourvoi n° 11-19562.
Cour de cassation, chambre criminelle, 1 décembre 2015, pourvoi n°14-80.394.
Cour de cassation, 3ème chambre civile, 24 Mai 2018, pourvoi n° 17-18.866.
Cour de cassation, 3ème chambre civile, 8 novembre 2018, pourvoi n° 17-26.180.

68
Cour européenne des droits de l’homme, 15 janvier 2009, Ligue du monde islamique
et Organisation Islamique Mondiale du Secours, n° 36497/05 37172/05.

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