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Université de Carthage

Faculté des Sciences Juridiques, Politiques et Sociales de Tunis

L’adhésion de la Tunisie à la Convention de Rotterdam


Mémoire en vue de l’obtention du Mastère en droit de l’environnement

Elaboré et soutenu par

BENNOUR Inès

Sous la direction de Madame

CHIKHAOUI Leila

Année Universitaire : 2019-2020

1
« La faculté n’entend donner aucune
approbation ni improbation aux opinions
émises dans le cadre de ce mémoire, qui
doivent être considérées propres à leur
auteur ».

2
Remerciements
Je tiens à remercier, particulièrement, Mme Leila

Chikhaoui, pour ses précieux conseils, sa disponibilité

et sa patience tout au long de ce travail.

Mes remerciements s’adressent, aussi, à ma mère que je

tiens beaucoup et à toute ma famille.

3
Liste Les abréviations

ANCESP : agence nationale de contrôle sanitaire et environnemental des produits

AND : autorité nationale désignée

ANPE : Agence nationale de la protection de l’environnement

CE : conseil économique

CLP : le règlement relatif à la classification, à l’étiquetage et à l’emballage des


substances, appelé règlement

CTC : centre technique de la chimie

DHMPE : direction de l’hygiène et de la protection de l’environnement

EIE : Etude d’impact sur l’environnement

FODEP : fonds de dépollution

FAO : Organisation internationale de l’alimentation et de l’agriculture

INRAP : institut national des recherches et des analyses physico-chimique


4
IPCS : programme international sur la sécurité des substances chimiques

OIT : Organisation internationale du travail

OCDE : Organisation de coopération et de développement économique

OMC : organisation mondiale de commerce

OMS : Organisation mondiale de la santé

OMD : Organisation mondiale de douane

PCB : Biphényles- polychlorés

PIAIT : un projet d’intensification de l’agriculture irrigué en Tunisie

PIC : la procédure de consentement préalable

Pop : polluant organique persistant

PNGNP : Plan national de la gestion des nuisibles et des pesticide

PNUE : Programme des nations unies pour l’environnement

PME : Petit et moyen entreprise

SAICM : Approche stratégique pour la gestion des produits chimiques

SH̎ : Système harmonisé de codification

SGH : Système de classification et d’étiquetage des produits chimiques

5
Introduction

« Nul ne conteste que les produits chimiques et les pesticides représentent un


danger et un risque pour la santé humaine et pour l’environnement ».1

Les produits chimiques et les pesticides risquent de mettre la planète en péril. Ils
sont considérés comme l’origine de la pollution : soit dans l’atmosphère, soit dans
le sol ou dans les nappes phréatiques.
1
Bulletin d’information n°16, novembre 2008, la mise en œuvre de la convention de Rotterdam en
Tunisie.
6
Pour prévenir les méfaits de ces produits, la communauté internationale est
intervenue et a adopté divers instruments afin de lutter contre ces substances
toxiques, parmi lesquels la Convention de Rotterdam sur le consentement
préalable en connaissance de cause applicable à certains produits chimiques et
pesticides dangereux qui font l’objet de commerce international, obligeant les
Etats signataires, dont la Tunisie fait partie, à prendre des mesures de précaution
et de surveillance appropriées en vue de préserver un environnement sain et
protéger la santé humaine dans le cadre d’un système commercial multilatéral et
ouvert.

Il ne fait pas de doute que les produits chimiques et les pesticides contribuent au
développement économique et social. Ils sont utilisés par tous les secteurs de
l’industrie et sont à la base de la société moderne, sachant que leur production
représente l’un des secteurs les plus importants et les plus touchés par la
mondialisation.2

La production, la commercialisation et l’utilisation de ces produits ont connu,


durant les dernières décennies, un essor sans précédent.

Ainsi, 70 000 à 100 000 produits chimiques circulent sur le marché international,
1 500 nouveaux produits chimiques arrivent sur le marché chaque année 3, dont
seule une petite portion fait l’objet d’un test ou d’une évaluation de leurs effets
sur la santé humaine et sur l’environnement.4

Ces substances constituent parfois une vraie menace pour la santé humaine car
elles peuvent rendre gravement malades des milliers de personnes chaque année,
comme elles peuvent aussi engendrer des impacts sur l’environnement,

2
www1.uneca.org/Portals/27/Documents/ChimiquesInformationNote.pdf.
3
environnement.gov.tn
4
(A). KISS, « Droit international de l’environnement », Paris, 3ème Edition A.PEDONE, 2004, p.276
7
empoisonner le milieu naturel et endommager de nombreuses espèces animales
sauvages5 .

La Tunisie n’est pas épargnée par les problèmes liés à ces substances, vu le
volume de leur production, commercialisation et utilisation. Cela nécessite une
bonne gestion de ces produits à travers l’adoption de diverses mesures par l’Etat.

La question de l’adhésion de la Tunisie à la Convention de Rotterdam sur la


procédure de consentement préalable en connaissance de cause concernant
certains produits chimiques et pesticides dangereux qui font l’objet de commerce
international , appelée la convention « PIC », implique d’abord de définir
certaines notions préliminaires, telles que l’adhésion aux conventions
internationales par la Tunisie et l’identification de la Convention de Rotterdam.
La Tunisie donne une importance majeure à ses obligations internationales vue la
valeur accordée par la Constitution aux conventions ratifiées. Elles occupent un
rang infra constitutionnel et supra législatif.6

Juridiquement, le terme adhésion (en droit privé) est synonyme de


consentement. En droit public, ce concept est un processus de création
d’obligations impératives par le Gouvernement selon une procédure bien
déterminée.

La Convention de Rotterdam définit le produit chimique au niveau de son article


2 parag .a comme étant « une substance présente isolément, soit dans un mélange
ou une préparation, qu’elle soit fabriquée ou tirée de la nature à l’exclusion de
tout organisme vivant. Cette définition recouvre les catégories suivantes : les

5
( L) BOISSON DE CHAZOURNES, (R.D) MAKENE et (M.C) ROMANO, « Protection internationale
de l’environnement », Paris, Edition A.PEDONE, 2005, p.490
6
Selon l’article 21 de la Constitution Tunisienne du 27 janvier 2014 : « Les Conventions approuvées
par le Parlement et ratifiées sont supérieures aux lois et inférieures à la Constitution.», JORT numéro
spécial du 20 avril 2015, p.5(version française).
8
pesticides (y compris les préparations pesticides extrêmement dangereuses) et
produits industriels ».

En effet, l’article 2 prévoit une liste limitative de catégories de produits


chimiques qui font partie de ladite définition. Il existe d’ailleurs près de 100
familles de pesticides (organochlorés, organophosphorés, triazines etc…) et
10000 formulations commerciales composées de matières actives et d’adjuvants 7.
Ces produits se répartissent en quatre branches, les insecticides, les herbicides,
les fongicides et les autres8, formant la famille des produits dit
« phytosanitaires »9, des préparations pesticides extrêmement dangereuses 10 et des
produis industriels utilisés dans toutes les branches des activités industrielles.

Ainsi, ladite Convention mentionne 50 produits chimiques inscrits à l’annexe


III : 34 pesticides, 3 préparations pesticides extrêmement dangereuses, 15
produits industriels et 1 produit chimique à la fois dans la catégorie pesticide

et produit à usage industriel11.

7
notre-planete.info/écologie/alimentation/pesticides. PHP
8
Autres: on retrouve les molluscicides, les rodenticides, les nématicides, les corvicides qui permettent
de lutter contre les limaces, les ravageurs etc…
9
SUZANNE et PIERRE DEOUX, « L’écologie, c’est la santé : l’impact des nuisances de
l’environnement sur la santé », 5ème tirage 1998 p.
10
Selon l’.article2 paragr.e de la Convention de Rotterdam une « préparation pesticide extrêmement
dangereuse »s’entend d’un produit chimique préparé pour être employé comme pesticide et ayant sur la
santé et sur l’environnement, dans les conditions dans lesquelles il est utilisé, de graves effets qui sont
observables peu de temps après une exposition unique ou réputée ». De même le code de conduite pour
la distribution et l’utilisation des pesticides adopté par la FAO en 1985 et révisé en novembre 2002 a
défini dans son article 2 le pesticide sévèrement réglementé et le pesticide.
11
www.pic.inte
9
Cette liste n’est pas « close »12, puisque chaque Conférence des parties décide
d’inscrire d’autres produits chimiques (considérés comme dangereux et ayant des
effets néfastes sur la santé humaine et sur l’environnement) à la procédure de
consentement préalable en connaissance de cause.

De même, cette Convention ne vise pas tous les produits chimiques existant sur
le marché international, mais uniquement les produits chimiques interdits ou
strictement réglementés et les préparations pesticides extrêmement dangereuses 13,
soumis à la procédure de consentement préalable en connaissance de cause ou à
la procédure « PIC », inscrits à l’annexe III et faisant l’objet d’un commerce
mondial.

La procédure « PIC » constitue un élément fondamental14 de ce traité, mais n’a


pas été définie par lui. En revanche, elle a été définie par « les directives de
Londres applicables à l’échange de renseignements sur les produits chimiques qui
font l’objet de commerce international »15 à l’article 1 parag .(g) comme suit : «
on entend par ̎ consentement préalable donné en connaissance de cause̎ le
principe selon lequel le transport international d’un produit chimique interdit ou
strictement réglementé en vue de protéger la santé de l’homme ou
12
DOCTEUR SUZANNE et PIERRE DEOUX, « L’écologie, c’est la santé l’impact des nuisances de
l’environnement sur la santé » ,5ème tirage 1998, p.270
13
L’article3 parag.2 de la Convention de Rotterdam exclut de son champ d’application les stupéfiants et
les substances psychotropes ; les matières radioactives ; les déchets ; les armes chimiques les produits
pharmaceutiques, y compris les médicaments destinés aux soins de l’homme ou des animaux ; les
produits chimiques utilisés comme additifs alimentaires, les produits alimentaires et les produits
chimiques importés en quantités qui ne risquent guère de porter atteinte à la santé des personnes ou à
l’environnement, à condition qu’ils soient importés aux fins de travaux de recherche ou d’analyse ou par
un particulier pour son usage personnel, en quantité raisonnable pour cet usage.
14
Guide à l’intention des autorités nationales désignées sur le fonctionnement de la Convention de
Rotterdam, Secrétariat de la Convention de Rotterdam, Rome/ Genève 2004 p.13
15
Les directives de Londres applicables à l’échange de renseignements sur les produits chimiques qui
font l’objet de commerce international, version modifiée, 1989 par la décision 15/30 du Conseil de
l’administration de PNUE.
10
l’environnement ne doit pas s’effectuer sans le consentement de l’autorité
nationale compétente du pays importateur ». Il s’agit d’une procédure prévue par
le paragraphe (h) :« on entend par procédure de consentement préalable donné
en connaissance de cause la procédure permettant d’obtenir et de diffuser
officiellement la décision des pays d’importation d’importer à l’avenir des
produits chimiques interdits ou strictement réglementés. Une procédure
spécifique a été établie pour déterminer les produits chimiques devant faire
l’objet dans un premier temps du mécanisme de consentement préalable… ».

La Convention vise la procédure et non pas le principe, surtout que le titre fait
référence à la procédure PIC.

Par conséquent, chaque produit chimique soumis à la procédure du consentement


préalable en connaissance de cause doit être inscrit à l’annexe III selon une
procédure bien précise et déterminée par les articles 7 et 8 de la Convention.

Ces produits doivent, en outre, faire l’objet de commerce international, notion


qui n’est pas définie par la Convention de Rotterdam, laquelle utilise deux
termes, « exportation » et « importation », pour désigner le mouvement d’un
produit chimique passant d’une partie à une autre16.

L’analyse de l’adhésion de la Tunisie à la Convention de Rotterdam place le


sujet dans le cadre de l’intervention plus générale à propos la sécurité chimique
de ces produits, vu les impacts alarmants17 sur la santé de l’homme et sur
l’environnement, à travers la recherche d’un ensemble de bonnes pratiques de

16
L’article 2. (f) dispose que : « ̎ exportation̎ et ̎ importation̎ chacun dans son acception particulière,
s’entendent du mouvement d’un produit chimique passant d’une partie à une autre partie, à l’exclusion
des simples opérations de transit ».
17
(S) ENNAIL, « La Convention de Rotterdam sur le commerce international de certains produits
chimiques dangereux », mémoire pour l’obtention du diplôme d’études approfondies DEA en Droit de
l’environnement et de l’aménagement du territoire, FSJPST 1999-2000.p.2
11
ces substances et la conciliation entre la politique commerciale et
environnementale.

Cette conciliation ne peut être réalisée que par le renforcement des systèmes de
contrôle du commerce international pour éviter toutes sortes de dangers et de
risques.

A cet égard, deux notions sont définies par l’article 2 du code de conduite pour la
distribution et l’utilisation des pesticides 18 , « le danger » défini comme : « la
probabilité qu’un pesticide aura des effets nuisibles dans les conditions où il est
utilisé » et «le risque » défini comme : «la fréquence prévue des effets néfastes à
la suite d’une exposition à un pesticide ».

Deux autres notions sont utilisées par différents textes régionaux et internationaux
qui distinguent entre « les produits chimiques » et « les substances chimiques ».
Ainsi le règlement (CE) n° 1272/2008 du Parlement Européen et du Conseil du
16 décembre 2008 relatif à la classification, à l'étiquetage et à l'emballage des
substances et des mélanges dangereux définit « la substance chimique »19 comme
étant : « : un élément chimique et ses composés, à l'état naturel ou obtenus par un
processus de fabrication, y compris tout additif nécessaire pour en préserver la
stabilité et toute impureté résultant du processus mis en œuvre, mais à l'exclusion
de tout solvant qui peut être séparé sans affecter la stabilité de la substance ni
modifier sa composition ». En fait, l’article 2 parag.1 de la Convention de

18
Le code de conduite pour la distribution et l’utilisation des pesticides élaboré par l’Organisation des
Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), adopté en 1985 et révisé par le Conseil de la

FAO en novembre2002, Rome 2003 p7 .


19
Règlement (CE) N° 1272/2008 du Parlement Européen et du Conseil du 16 décembre 2008 relatif à la
classification, à l'étiquetage et à l'emballage des substances et des mélanges, modifiant et abrogeant les
directives 67/548/CEE et 1999/45/CE et modifiant le règlement (CE) n° 1907/2006, Journal Officiel de
l’Union Européenne du 31/12/2008 p.L353/1.
12
Rotterdam dispose que les produits chimiques couvrent les substances
chimiques20.

L’introduction des pesticides dans les cultures remonte à l’Antiquité par


l’utilisation du soufre comme « fongicide » afin de lutter contre les ravageurs, les
mauvaises herbes et les agents de maladies végétales21.

Cette utilisation s’est poursuivie dans le temps et l’espace, incluant d’autres


substances variées (cuivre, mercure…) dans le but de ne pas entraver le bon
développement des différentes récoltes.

siècle
Mais le démarrage réel de l’utilisation des pesticides se situe au XIX ,
notamment avec le progrès de la chimie minérale et des insecticides à base de
sulfate de cuivre22, ainsi qu’avec l’apparition d’études scientifiques sur
l’utilisation des produits chimiques en agriculture.

La production et l’utilisation de ces substances toxiques ont connu une évolution


flagrante, notamment au début du XX siècle suite à la propagation du doryphore et à
l’accroissement démographique dans le monde.

L’utilisation de ces produits a évolué avec la découverte du DDT pendant la


deuxième guerre mondiale. Ce produit chimique est devenu l’insecticide moderne
le plus utilisé pour lutter contre les divers insectes vecteurs de maladies, ainsi que
comme insecticide agricole.

Dans le même ordre d’idée, cet époque a connu l’apparition des grands acteurs
spécialisés dans l’industrie des pesticides tels que : BASF, BAYER,
MONSANTO. Ces industries sont capables de produire des molécules ou des

20
Article2, parg. a) déjà cité p.3.
21
SUZANNE et PIERRE DEOUX, « L’écologie, c’est la santé l’impact des nuisances de
l’environnement sur la santé »,5ème tirage, Edition Frison-Roche, Paris 1998.
22
Medium.com/welcome-to-agricoole l’origine –des- pesticides.
13
compositions de molécules ayant vocation à être employées de façon très large
afin d’accroître les rendements agricoles. Certaines usines d’armements
chimiques ont contribué à la fabrication de pesticides en grandes quantités.

Les années 1960 et 1970 ont été marquées par l’augmentation constante de la
production et de l’utilisation des produits chimiques, notamment dans le secteur
de l’agriculture de masse. La consommation de ces substances a doublé pendant
la période de 1945 à 1985 tous les dix ans 23, surtout dans les pays développés,
considérés comme les plus gros consommateurs de différents types de pesticides.

En effet, les Etats Unis sont le premier consommateur mondial de pesticides,


suivis par l’Inde et la France, où les herbicides représentent 70% à 80% des
produits chimiques utilisés.24

Les pesticides et les produits chimiques ne sont pas utilisés seulement dans
l’agriculture de masse, mais aussi par les particuliers dans leurs domiciles, dans
les parcs publics et pour l’entretien des voiries, des voies ferrés, des parcs de
loisirs… . Ces produits interviennent aussi pour lutter contre les maladies
infectieuses et les maladies graves.

La période actuelle a été marquée par une prise de conscience et une inquiétude
grandissante de la société internationale concernant les risques et les dangers
potentiels résultant des produits chimiques et susceptibles d’avoir des effets
néfastes sur la santé de l’homme et sur l’environnement25.

Cette inquiétude se traduit par les alertes émanant des Organisations


internationales à l’intention des gouvernements, notamment suite à l’importation
23
SUZANNE et PIERRE DEOUX. « L’écologie, c’est la santé l’impact des nuisances de
l’environnement sur la santé », paris, Edition frison-Roche, 5ème tirage 1998.p.
24
planetoscope.com
25
Guide à l’intention des autorités nationales désignées sur le fonctionnement de la Convention de
Rotterdam. Secrétariat de la Convention de Rotterdam, Rome/ Genève 2004, p.1
14
de produits chimiques interdits ou strictement réglementés vers les pays du tiers
monde, qui ne disposent ni de moyens financiers et techniques suffisants ni de
législations spéciales en la matière.

A ce propos, l’Organisation de coopération et de développement économique


(OCDE) a adopté plusieurs recommandations relatives à la production et à la
commercialisation des produits chimiques , à partir des années 1970, dont on
peut citer à titre d’exemple : la recommandation relative à l’évaluation des
produits chimiques, la recommandation sur les méthodes pour évaluer leur
toxicité et écotoxicité26, ainsi que les lignes directrices pour la procédure et les
éléments nécessaires à l’évaluation des effets potentiels des produits chimiques
sur l’homme et l’environnement27, la décision du 8 décembre 1982 relative à
l’ensemble minimal de données préalables à la commercialisation pour
l’évaluation des produits chimiques ou encore la recommandation relative à
l’échange d’informations concernant l’exportation des produits chimiques
interdits ou strictement réglementés28.

Un programme pour une gestion écologiquement saine des substances toxiques a


été établi en 1993 par des organisations internationales telles que : le Programme
des nations unies pour l’environnement (PNUE), l’Organisation internationale de
l’alimentation et de l’agriculture (FAO), l’Organisation internationale du travail
(OIT) ,sous la direction de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dans le
but d’augmenter la coordination pour évaluer les risques, harmoniser la

26
La recommandation du conseil de l’OCDE C(74)215 du 14 novembre sur l’évaluation des effets
potentiels des composés chimiques sur l’environnement.
27
La recommandation du conseil de l’OCDE C(77) 97 fixant les lignes directrices pour la procédure et
les éléments nécessaires à l’évaluation des effets potentiels des produits chimiques sur l’homme et dans
l’environnement.
28
Recommandation du conseil de l’OCDE C(84)37 du 4 avril 1984 relative à l’échange d’informations
concernant l’exportation de produits chimiques interdits ou strictement réglementés.
15
classification, échanger des informations et lutter contre le trafic illicite de
produits chimiques29.

Egalement, une approche stratégique de la gestion internationale des produits


chimiques a été adoptée en 2002 par le Sommet mondial sur le développement
durable, son « objectif 2020 » ayant pour finalité de réduire au minimum la
production et l’utilisation des produits chimiques qui ont des effets néfastes sur
la santé humaine et sur l’environnement.

En 2006, une conférence qui s’est tenue à Dubaï s’est achevée par l’adoption
d’une approche stratégique pour la gestion des produits chimiques par les
gouvernements et les acteurs internationaux, également appelée SAICM 30, dont
l’objectif principal est de modifier les modalités de fabrication et l’utilisation des
produits chimiques afin de réduire et, à terme à éliminer les effets néfastes des
substances toxiques sur l’homme et sur l’environnement. Cette approche n’est
pas, juridiquement, contraignante, mais constitue un engagement à l’échelle
mondiale de la part des gouvernements.31

Dans le même ordre d’idée, cette inquiétude a été approfondie suite aux divers
accidents industriels majeurs liés aux produits chimiques qui ont eu des
incidences néfastes sur la santé humaine- la mort et l’intoxication des milliers des
personnes- et sur l’environnement32, dont les plus dramatiques restent la

29
(J-M) ARBOUR et (S) LAVALEE, « Droit international de l’environnement », Editions YVON
BLAIS, 2006.p581
30
La SAICM constitue un cadre politique pour atteindre l’objectif énoncé dans le plan de mise en
œuvre du Sommet mondial de Johannesburg pour le développement durable qui prévoit que d’ici à 2020
les produits chimiques soient utilisés et produits de manière à ce que les effets néfastes graves qu’ils ont
sur la santé des êtres humains et sur l’environnement soient réduits au minimum, (www.who.int) .
31
old.saicm.org
32
Le monde a connu plusieurs catastrophes dues à des produits chimiques : la catastrophe de Seveso
« Italie » en 1976, la catastrophe de Bhopal « Inde »en 1984,la catastrophe du 19 novembre 1984 à San
Juanico (Mexique), la catastrophe de Sandoz « Suisse » en 1986, la catastrophe d’Enschede « Pays-
16
catastrophe de Seveso du 10 juillet 1976, suite à l’explosion d’une usine
pharmaceutique et cosmétique, ayant entraîné des nuages toxiques de dioxine,
ainsi que la catastrophe de Bhopal de 2 décembre 1984 , en Inde, suite à une
fuite de gaz toxique dans une usine ̎agro- chimique américaine̎ transformant
« la ville en une énorme chambre à gaz », entraînant des milliers de morts et
d’intoxications à cause de l’absence d’un système de sécurité approprié. 33

Suite à la catastrophe de Seveso, des mesures de sécurité nécessaires ont été


adoptées au niveau régional, notamment en Europe, par l’adoption de la directive
Seveso, n°81/501 du 24 juin 1982 relative aux risques d’accidents majeurs de
certaines activités industrielles34, engageant les Etats membres et les entreprises
à identifier les risques associés à certaines substances dangereuses et à prendre les
mesures de sécurité et de santé sur le lieu du travail, en prévoyant à l’avance tous
les types d’accidents pour intégrer la sécurité à la conception et à l’exploitation 35.

La directive Seveso a été modifiée à plusieurs reprises et son champ d’application


a progressivement été étendu, notamment à la suite de la catastrophe de Sandoz
à Bâle en 1986.

La directive Seveso II a renforcé le dispositif de prévention en impliquant des


substances dangereuses et a introduit des mesures complémentaires par rapport à
la directive initiale36.

Bas » en 2000, la catastrophe de Toulouse « France » en 2001et la catastrophe de Tajine « Chine » en


2015.
(M) BATTATI, « Le droit international de l’environnement », Odile Jacob, France, 2012.
33
(S) ENNAILI, « La Convention de Rotterdam sur le commerce international de certains produits
chimiques dangereux », Mémoire pour l’obtention du diplôme d’étude approfondie (DEA) en Droit de
l’environnement et de l’aménagement du territoire, FSJPS, Tunis 1999-2000, p.1.
34
La directive de Seveso I a été modifiée par « Seveso II » et « Seveso III ».
35
(M) PRIEUR, « La directive Seveso sur les risques d’accidents majeurs », R.J.E 3-1989, p.
36
.actu-environnement.com
17
La directive Seveso II a été remplacée par la directive Seveso III, abrogée par la
directive 2012/18 UE du 4 juillet 2012 relative aux accidents majeurs impliquant
des substances dangereuses, entrée en vigueur le 1er juin 2015.

L’Union Européenne s’est préoccupée des effets néfastes des produits chimiques
et des préparations dangereuses et a adopté en 1967 les directives 67/548CEE
concernant le rapprochement des dispositions législatives, réglementaires et
administratives relatives à la classification, l’emballage et l’étiquetage des
substances dangereuses. Cette directive a été remplacée par les directives
1999/45/CE puis par le règlement (CE) n°1907/2006 37 appelé le règlement
REACH.

Un nouveau règlement (CE) n°1272/2008 du Parlement Européen et du Conseil a


été adopté en 2008 relatif, à la classification, à l’étiquetage et à l’emballage des
substances, appelé règlement CLP, abrogeant les directives précités et devenant
l’unique système de classification, d’étiquetage, et d’emballage des substances
chimiques en 2015.

Un autre règlement a été adopté par l’Union européenne, à savoir le règlement


n°649/2012 concernant les exportations et les importations de produits chimiques
dangereux, entré en vigueur le 1er mars 2014, qui interdit la commercialisation de
certains produits chimiques et pesticides.

La France a organisé le contrôle des produits antiparasitaires à usage agricole par


la loi du 2 novembre 194338 et par la loi du 12 juillet 1977 relative au contrôle des
produits chimiques. Elle a interdit la commercialisation de DDT depuis 1972
37
Le règlement (CE) n°1907/2006 concernant l'enregistrement, l'évaluation et l'autorisation des
substances chimiques, ainsi que les restrictions applicables à ces substances (REACH), instituant une
agence européenne des produits chimiques, modifiant la directive 1999/45/CE et abrogeant le règlement
(CEE) no 793/93 du Conseil et le règlement (CE) no 1488/94 de la Commission ainsi que la directive
76/769/CEE du Conseil et les directives 91/155/CEE, 93/67/CEE, 93/105/CE et 2000/21/CE de la
Commission, Journal officiel de l'Union européenne du 29 mai 2007 p. L 136/3.
18
puisqu’il avait été prouvé qu’il s’accumulait dans la chaîne alimentaire et était
toxique pour les oiseaux consommateurs d’insectes. Il était considéré comme une
menace pour l’environnement. Il a été considéré aussi par la Conférence de Rio
de 1992 comme un polluant organique persistant (POP). Mais cette interdiction
ne concerne que l’agriculture et non pas tous les produits du commerce, tel que le
lindane39. De même la France a adopté une autre loi relative aux contrôles des
produits chimiques le 12 juillet 1999.

D’autres Etats ont adopté des règlementations plus sévères que la France. 40

D’autres instruments ont également été adoptés pour répondre aux vœux de la
communauté internationale et pour mieux gérer et assurer une utilisation
sécuritaire des produits chimiques, mais ils ont un champ d’application et des
objectifs distincts41 : à savoir la Convention de Bâle sur le contrôle des
mouvements transfrontières de déchets dangereux et leur élimination, adoptée le
22 mars 1989, la Convention de Stockholm sur les polluants organiques
persistants (POP) adoptée le 22 mai 2001 et la Convention de Rotterdam, objet
de notre étude , adoptée suite à la Conférence des plénipotentiaires le 10
septembre 1998, entrée en vigueur le 24 février 2004 42. Ladite convention est une
convention multilatérale, regroupant plus de 160 Etats dont l’Etat Palestinien est
le dernier Etat à avoir déposé ses instruments d’adhésion. Ce traité a subi des

38
La loi du 2 novembre 1943 relative à l’organisation du contrôle des produits antiparasitaires à usage
agricole, modifiée par la loi n°72-1139, par la loi n°99-574 du 9 juillet 1999 et par la loi du 27 décembre
2006.
39
SUZANNE et PIERRE DEOUX, « L’écologie : c’est la santé l’impact des nuisances de
l’environnement sur la santé, Paris, Edition Frison-Roche5ème tirage 1998, p.
40
En 2006, l’OMS prévoit que le DDT peut être employé de nouveau dans la lutte contre les moustiques
transmetteurs du paludisme.
41
Guide à l’intention des autorités nationales désignées sur le fonctionnement de la convention de
Rotterdam Rome/ Genève 2004, p.3
42
Art.24 de la Convention de Rotterdam.
19
modifications multiples dont la dernière lors de la 7 ème réunion à Genève du 4 au
15 mai 2015.43

D’autres instruments internationaux se sont intéressés aux produits chimiques


spécifiques, tels que le mercure, objet de la Convention de Minamata adoptée en
2013.44

La Convention de Rotterdam est destinée aux pays en développement qui


souffrent d’un manque de moyens financiers et techniques et qui ne disposent
pas d’une législation spéciale45 pour assurer le contrôle des substances chimiques
dangereuses, surtout que ces pays ont connu une utilisation massive de ces
produits, notamment dans les années 1970, vu que leurs économies se basent bien
évidemment sur le secteur agricole. Ils sont en outre de grands importateurs de
ces produits et ne les exportent pas.

Dans ce cadre, la Convention « PIC » vient pour renforcer la coopération et la


coordination entre les différents Etats parties à la Convention, à partir de
l’amélioration des processus de prise de décision relatifs aux futures importations
et vise à faciliter la communication des décisions entre Etats, par la fourniture
des informations dont ils ont besoin pour identifier les dangers potentiels et
exclure tous produits qu’ils ne sont pas en mesure de gérer en toute sécurité 46.

43
Le texte de la Convention de Rotterdam a été modifié par la première conférence des parties
(Genève20-24 septembre 2004), la quatrième réunion à (Rome 27-31 octobre 2008), la cinquième
réunion (Genève 20-24 juin 2011), la sixième réunion (Genève 28 avril-10 mai 2013).
44
La Convention de Minamata signée par la Tunisie et non ratifiée.
45
Article 1er du code de la FAO prévoit ce qui suit : « les objectifs de ce Code sont de fixer les
responsabilités et d’établir des règles volontaires de conduits pour tous les organismes publics et privés
s’occupant de ou intervenant dans la distribution et l’utilisation des pesticides, en particulier lorsque la
législation nationale réglementant les pesticides est inexistante ou insuffisante. »
46
(L).BOISSON DE CHAZOURNES, (R.D) MAKENE et (M.C) ROMANO, « Protection internationale
de l’environnement », Paris, Editions A.PEDONE, 2005, p.490
20
En effet, la Convention de Rotterdam a été adoptée suite à un processus très long
qui a commencé par l’édiction du Code de conduite pour la distribution et
l’utilisation des pesticides par l’Organisation internationale de l’alimentation et
de l’agriculture (FAO) en 1986. Ce Code est destiné aux Etats afin qu’ils adoptent
les pratiques qui y sont recommandées47. Ensuite, le programme des Nations
Unies pour l’environnement (PNUE) a adopté les directives de Londres
applicables à l’échange de renseignements sur les produits chimiques qui font
l’objet de commerce international en 1989. Ce qui caractérise ces deux
instruments est l’incorporation de la procédure de consentement préalable en
connaissance de cause.

Ce processus a continué avec l’adoption du chapitre 19 de l’Agenda 21(RIO


1992) qui s’intéresse à la gestion écologiquement rationnelle des substances
chimiques toxiques à l’issue de la Conférence des Nations Unies sur
l’environnement et le développement tenue à Rio lors du Sommet de la Terre en
1992.

La Conférence a confié à deux organisations, à savoir l’Organisation des Nations


Unies pour l’alimentation et de l’agriculture (FAO) et le Programme des Nations
Unies pour l’environnement (PNUE), le soin d’élaborer un instrument
contraignant pour la gestion des produits chimiques dangereux. Leurs travaux se
sont achevés en mars 1998 et la Convention de Rotterdam a été adoptée le 10
septembre 1998.

Dans ce contexte, la Tunisie est considérée comme une grande consommatrice de


produits chimiques et de pesticides, puisque son économie dépend
essentiellement de l’agriculture et de l’industrie agro-chimique, mais 50% des
pesticides et des produits chimiques ne sont pas utilisés d’une manière

47
(J-M) ARBOUR et (S) LAVALEE, « Droit international de l’environnement », éditions YVON
BLAIS, 2006.p581.
21
rationnelle48, même si le législateur tunisien a organisé, depuis 1960, le contrôle
du commerce par l’adoption de la loi n°61-39 du 7 juillet 1961 instituant un
contrôle du commerce et de l’utilisation de pesticides à usage agricole et a été
abrogée par la loi n°92-72 du 3 août 1992, relative à la protection des végétaux 49.

La Tunisie a signé la Convention de Rotterdam le 10 septembre 1998, l’a ratifiée


par le décret présidentiel n°2015-241 du 13 novembre 201550 et l’a promulguée
par la loi organique n°2015-43 du 3 novembre 201551.

L’étude de l’adhésion de la Tunisie à la Convention de Rotterdam présente un


intérêt théorique articulé autour de la bonne gestion de la production, de
l’utilisation, et de la commercialisation des produits chimiques et des pesticides
en Tunisie à la lumière des instruments juridiques introduit à cet effet au titre de
la Convention de Rotterdam. Au niveau pratique se manifeste l’intérêt de l’étude
à travers l’analyse de renforcement des mesures de contrôle et de précaution que
la Tunisie doit adopter pour lutter contre tous les dangers et les risques sanitaires
et environnementaux résultant des produis chimiques et des pesticides et pour
sauvegarder un système commercial et répondre aux obligations qui incombent à
la Tunisie au titre de son adhésion à la Convention de Rotterdam, ce qui permet

48
www.flehetna.com/guide-phytosanitaire
49
Loi n°92-72 du 3 aout 1992, portant refonte de la législation relative à la protection des végétaux,
modifiée et complétée par la loi n° 99-05 du 11 janvier 1999, complétant la loi n° 92-72 du 3 août 1992,
portant refonte de la législation relative à la protection des végétaux, JORT n°5 du 15janvier 1999
p.109.
50
Décret présidentiel n°2015-241 du 13 novembre 2015, portant ratification de la Convention de
Rotterdam sur la procédure de consentement préalable en connaissance de cause applicable à certains
produits chimiques et pesticides dangereux faisant l’objet d’un commerce international, JORTn°93 du
20 novembre 2015 p.2769.
51
Loi organique n°2015-43 du 3 novembre 2015, portant approbation de la Convention de Rotterdam
sur la procédure de consentement préalable en connaissance de cause applicable à certains produits
chimiques et pesticides dangereux faisant l’objet d’un commerce international, JORTn°88 du 3
novembre 2015 p.2610.
22
d’inclure non seulement les éventuelles mesures déjà prises, mais également
celles qui restent encore à prendre.

Cela nous conduit à poser la question suivante : Quelles sont les mesures prises
par la Tunisie pour la mise en application de la Convention de Rotterdam ? Deux
axes seront étudiés les mesures de précaution (I) et les mesures de contrôle (II).

23
Première partie :
Les mesures de précaution

24
L’adhésion de la Tunisie à la Convention de Rotterdam sur la procédure de
consentement préalable en connaissance de cause applicable à certains produits
chimiques et pesticides dangereux faisant l’objet de commerce international
exprime son engagement à réduire, voire éliminer, la production, l’utilisation et la
commercialisation de certaines substances toxiques.

De même, l’acceptation de cet engagement oblige la Tunisie à prendre des


mesures fondamentales afin de prévenir des incidences néfastes de ces produits
dangereux sur la santé de l’homme et sur l’environnement et d’éviter toutes
actions aux conséquences graves et mal mesurées en raison des incertitudes
scientifiques actuelles.

De ce fait, la Convention PIC oblige les parties adhérentes, dont la Tunisie fait
partie, à prendre des mesures de précaution afin de remplir leurs engagements.

Par ailleurs, la mesure de précaution intervient pour éviter les impacts


potentiellement dommageables des substances, mêmes lorsqu’il n’existe pas de
certitude scientifique quant à l’existence d’un lien de causalité entre les
émissions et les effets52 appliquant, bien évidemment, le principe de précaution53.

Ce principe existait depuis les années 80 dans des documents ou des actes non
contraignants, tel que la Charte mondiale de la nature de 1982, à valeur
déclaratoire.

En plus, il trouve sa source dans la Déclaration du 25 novembre 1987 de la


Conférence internationale sur la mer de nord, prévoyant que : « les
52
Le principe de précaution, définition, application et gouvernance (PDF), europarl.europa.eu p.4
53
Le principe de précaution est un principe juridique récent. Il a fait son apparition dans les années 70
en Allemagne au cours de l’élaboration de la législation sur la pollution atmosphérique.
25
gouvernements signataires doivent appliquer le principe de précaution, c’est-à-
dire prendre des mesures pour éviter les impacts potentiellement dommageable
des substances, même lorsqu’il n’existe pas de preuves scientifiques de
l’existence d’un lien de causalité entre les émissions et les effets »54.

La Convention de Bamako sur les déchets dangereux 55 consacre le principe de


précaution dans son article 4 alinéa 3-f selon lequel : « chaque partie s’efforce
d’adapter et de mettre en œuvre, pour faire face au problème de la pollution, des
mesures de précaution qui comportent, entre autres, l’interdiction d’évacuer dans
l’environnement des substances qui pourraient présenter des risques pour la
santé de l’homme et pour l’environnement, sans attendre de voir la preuve
scientifique de ces risques… »56.

Ce principe figure aussi dans l’article 5.7 de l’Accord sanitaire et phytosanitaire


(SPS) de l’Organisation mondiale de commerce (OMC). Il affirme la nécessité de
prendre des mesures sur une évaluation des risques fondée sur des preuves
scientifiques et de subordonner le niveau de protection sanitaire à une réduction au
minimum des effets négatifs sur le commerce.57

Par ailleurs, le principe 15 de la déclaration de RIO sur l’environnement et le


développement de 1992 a défini le principe de précaution comme suit : « pour
protéger l’environnement des mesures de précaution doivent être largement
appliquées par les Etats selon leurs capacités. En cas de dommages graves ou
54
(P.M)BIDOU, « Droit de l’environnement », Paris, Vuibert 2010, p.66.
55
La Convention de Bamako sur l’interdiction d’importer en Afrique des déchets dangereux sur le
contrôle des mouvements transfrontières et la gestion des déchets dangereux en Afrique adoptée en
1991 et entrée en vigueur en 1991.
56
La Tunisie a signé la Convention de Bamako à Addis Abbeba le 20 mai 1991 et l’a ratifiée par la loi
n°92-11 du 3 février 1992 le texte de la convention a été publié par le décret n°92-1445 du 27 juillet
1992, (JORT n°9 du 9 février 1992, p.179).
57
(L)BOY, (C) CHARLIER (C), (M) RAINELLI(M) et (P) REIS « La mise en œuvre du principe de
précaution dans l’accord SPS de L’OMC », Revue économique, vol. 54, N° 6, novembre 2003 p.1293
26
irréversibles, l’absence de certitude absolue ne doit pas servir de prétexte pour
remettre à plus tard l’adoption de mesures effectives visant à prévenir la
dégradation de l’environnement ».

Au niveau de la doctrine, le professeur Prieur a défini le principe de précaution


comme suit : « en cas d’incertitude scientifique sur les effets graves ou
irréversibles d’une activité ou d’un produit, le principe de précaution impose aux
Etats de prendre des mesures juridiques de prévention même si le risque futur
n’est pas avéré pour l’homme ou pour l’environnement »58.

Ce principe nécessite selon le professeur Prieur un renforcement des recherches


scientifiques et des expertises et l’organisation de contre-expertises accessibles au
public, ainsi qu’une éthique appropriée en matière de diffusion et de vulgarisation
des données scientifiques et l’imputation de la charge de la preuve à celui qui
propose une activité ou un produit nouveau susceptible d’entraîner un risque
significatif, auquel il incombe de démontrer qu’il n’en résultera pas un danger
grave ou irréversible pour l’homme et pour l’environnement59 .

Il en résulte que ce principe permet aux autorités publiques de recourir aux


moyens nécessaires pour faire face à des risques éventuels, même les risques pour
lesquels il n’existe pas des connaissances scientifiques nécessaires et qui font
l’objet d’une inquiétude sociale.

L’adoption de mesures de précaution nécessite, alors, des échanges d’informations


entre les parties sur les caractéristiques de certains produits chimiques et pesticides
dangereux faisant l’objet de commerce international (section I) ainsi que
l’évaluation des risques (section II).

58
(M) PRIEUR, « Droit de l’environnement, droit durable », Bruylant, Bruxelles 2014 p.108
59
(M) PRIEUR, « Droit de l’environnement, droit durable », déjà précité.
27
Chapitre I: l’échange d’informations

Les échanges d’informations au sujet de certains produits chimiques et pesticides


interdits ou strictement réglementés, inscrits à l’annexe III et visés par des mesures
de réglementation finale constituent l’élément fondamental de la Convention de
Rotterdam. Elles fournissent les possibilités d’obtenir des renseignements sur les
substances chimiques potentiellement dangereuses entre les pays participants par
divers moyens, tels que la circulaire PIC, la notification d’exportation et les
documents d’orientation des décisions60.

De même, les échanges d’informations présentent un intérêt particulier pour les


pays en développement, puisqu’ils leur garantissent le droit d’obtenir des
informations nécessaires et leur donnent le pouvoir de décider quels produits
chimiques peuvent être acceptés ou refusés à cause de l’absence de mesure de
gestion en toute sécurité.61

L’article 14 de la Convention de Rotterdam consacre expressément l’échange de


renseignements entre parties adhérentes. Il dispose que l’échange de
renseignements peut être d’ordre scientifique, technique, économique, juridique,
toxicologique et écotoxicologique, comprenant les produits chimiques et
pesticides dangereux, y compris la communication d’informations sur les mesures
de réglementation intérieure et la communication de ces informations aux autres
parties62.

Cet article permet aux Etats membres de protéger les renseignements à caractère
confidentiel et spécifie certains types de renseignements qui ne doivent pas être
60
Guide à l’intention des Autorités Nationales Désignées sur le fonctionnement de CONVENTION de
ROTTERDAM, Secrétariat de la Convention de Rotterdam, Rome/Genève2004 p.23
61
La commission propose que la Convention de Rotterdam sur les produits chimiques soit ratifié par
l’Union Européenne, Bruxelles le 5 février 2002, p1 (ec.europa.eu).
62
Guide à l’intention des Autorités Nationales Désignées sur le fonctionnement de la Convention de
Rotterdam, Secrétariat de la Convention de Rotterdam, Rome/ Genève2004, p.23
28
considérés comme confidentiels et qui par conséquent, devraient être mise à la
disposition du public, tels que, les renseignements figurant sur la fiche technique,
la date de péremption du produit chimique et les renseignements sur les
précautions d’emploi.63

L’échange de renseignements sur ces produits dangereux doit avoir lieu au


préalable afin de protéger la santé humaine et l’environnement, surtout que
l’exercice de la protection de l’environnement repose essentiellement sur le
principe d’information.64

Ce principe est consacré dans différents textes internationaux. Il est prévu


expressément par le principe 10 de la Déclaration de RIO (1992) qui dispose

1
63
Article 14 de la Convention de Rotterdam prévoit ce qui suit : « les parties facilitent, selon qu’il
convient et conformément à l’objectif de la présente Convention :a. l’échange de renseignements
scientifiques, techniques, économiques et juridiques sur les produits chimiques entrant dans le champ
d’application de la présente Convention, y compris l’échange de renseignements d’ordre toxicologique
et écotoxicologique et de renseignements relatifs à la sécurité, b. la communication d’informations
publiques sur les mesures de réglementation intérieures intéressant les objectifs de la présente
Convention ; c. la communication de renseignements à d’autres Parties, directement ou par
l’intermédiaire du Secrétariat, sur les mesures de réglementation nationale qui restreignent
notablement une ou plusieurs utilisations du produit chimique, selon qu’il conviendra. 2Les Parties qui
échangent des renseignements en application de la présente Convention protègent le caractère
confidentiel des renseignements comme mutuellement convenu.3Les renseignements suivants ne sont pas
considérés comme confidentiels aux fins de la présente Convention : a. Les renseignements énoncés
dans les annexes I et IV et communiqués en application des art.5 et 6 respectivement ; Les
renseignements figurant sur la fiche technique de sécurité visée au par.4 de l’art.13 ; c. La date de
péremption du produit chimique , les renseignements sur les précautions à prendre, y compris la
catégorie du danger, la nature du risques et les conseils sur les mesures de sécurité à prendre ; e. le
récapitulatif des résultats des essais toxicologiques et écotoxicologiques.4 La date de production n’est
pas normalement considérée comme confidentielle aux fin de la présente Convention. Toute Partie qui a
besoin de renseignements sur le transit sur son territoire de produits chimiques inscrits à l’annexe III
peut le signaler au Secrétariat, qui en informe toutes les Parties. »
64
(B) JANNET, « Le droit d’accès à l’information en matière environnementale », mémoire en vue de
l’obtention du mastère en Droit de l’environnement, FSJPST 2016-2017, p.
29
que : « … chaque individu doit avoir dûment accès aux informations relatives aux
substances et activités dangereuses dans leur collectivité et avoir la possibilité de
participer aux processus de prise de décision… ».

En outre, ce principe est prévu par la Convention d’Aarhus du 25 juin 1998 sur
l’accès à l’information, la participation du public au processus décisionnel et
l’accès à la justice en matière d’environnement 65, prévoyant que chaque Etat doit
créer des mécanismes appropriés afin que des informations suffisantes sur les
produits soient mises à la disposition du public d’une manière permanente et à
permettre aux consommateurs de faire des choix écologique en toute connaissance
de cause66.

L’information doit être suffisante, claire et sûre puisqu’elle représente une garantie
en faveur la sécurité chimique.

De sa part, la Convention de Rotterdam a pour but de faciliter la diffusion


d’information sur les produits chimiques et pesticides et de permettre aux
consommateurs de faire le bon choix.

En d’autres termes, en cas de menace pour la santé de l’homme ou pour


l’environnement, elle permet de diffuser immédiatement toutes les informations
pour prendre des mesures préventives67.

65
La Tunisie n’a pas encore ratifié la Convention d’Aarhus mais le gouvernement tunisien s’est engagé
dans le cadre du plan national de l’open-Gov adopté en septembre 2014 à lancer le processus de
ratification de la Convention d’Aarhus sur l’accès à l’information la participation du public au processus
décisionnel et l’accès à la justice en matière de l’environnement.
66
Article 5.8 de la Convention d’Aarhus intitulé « rassemblement et diffusion d’informations sur
l’environnement » adoptée le 25 juin 1998 et entrée en vigueur le 30 octobre 2001.
67
(W) SCHARGE, « La Convention sur l’accès à l’information la participation du public au processus
décisionnel et l’accès à la justice en matière d’environnement », in Revue juridique de l’environnement
n° spécial septembre 1999, pp.5-7.
30
En Tunisie, la reconnaissance du droit à l’information a connu deux phases 68 : une
phase provisoire ou transitoire et une phase permanente.

D’abord, la première phase, considérée comme phase provisoire ou transitoire, au


cours de laquelle le pays a connu une transition démocratique caractérisée par une
liberté d’expression, d’opinion et la libre circulation de l’information, couronnée
par l’adoption du décret-loi n°2011-115 du 2 novembre 2011 relatif à la liberté de
la presse, de l’imprimerie et de l’édition dont l’article 9 dispose que : « il est
interdit d’imposer des restrictions à la libre circulation des informations… ».

De ce fait, l’accès à l’information est devenu accessible à toutes les personnes


physiques ou morales dans un cadre légal et organisé, notamment en ce qui
concerne les documents à caractère administratif, ce qui inclut a priori les
documents ayant un rapport avec l’exportation et l’importation des produits
chimiques et des pesticides dangereux, comme prévu par l’article 3 du décret -loi
n°2011-41 du 26 mai 2011 relatif à l’accès aux documents administratifs des
divers organismes69.

Cette première phase a été renforcée par une deuxième phase permanente. En effet,
la Constitution du 27 janvier 2014 a reconnu le droit à l’information et le droit
d’accès à l’information, deux notions qui se complètent 70 au niveau de l’article 32

68
Le droit d’accès à l’information existait particulièrement en Tunisie dans le domaine de la protection
contre les risques dès les années 1990 par l’adoption d’un certain nombre de textes. En 2009 le
législateur tunisien a adopté la loi n°2009 -11 du 2 mars 2009, portant promulgation du code de la
sécurité et de la prévention contre les risques d’incendie, d’explosion et de panique dans les bâtiments.
(JORT n° 19 de 6 mars 2009, p.678).
69
Le décret n° 2011-41 du 26 mai 2011 modifié et complété par le décret n°2011-54 du 11 juin 2011
prévoit que : « Toute personne physique ou morale a le droit d'accéder aux documents administratifs tels
que définis à l'article 2 du présent décret-loi, aussi bien par divulgation proactive que divulgation sur
demande de l'intéressé, sous réserve des exceptions prévues par le présent décret-loi »
70
(B) JANNET, « le droit d’accès à l’information en matière environnementale, mémoire en vue de
l’obtention du mastère en droit de l’environnement, FSJPST 2016-2017
31
selon lequel: « l’Etat garantit le droit à l’information et le droit d’accès à
l’information. L’Etat œuvre en vue de garantir le droit d’accès aux réseaux de
communications. »71.

En fait, le droit à l’information se rattache à la liberté individuelle proclamée par


l’article 31 de Constitution consacre aux : « libertés… d’information et
d’expression sont garanties ».

La consécration du droit d’accès à l’information dans la Constitution permet à


l’Etat de garantir les informations nécessaires dont les personnes physiques ou
morales ont besoin pour leurs activités.

Cela est justifié bien évidemment par l’adoption de la loi organique n°2016-22 du
24 mars 2016 relative au droit d’accès à l’information qui prévoit dans son 1 er
article : « la présente loi a pour objet de garantir le droit de toute personne
physique ou morale à l’accès à l’information afin de permettre –l’obtention de
l’information, le renforcement des principes de transparence et de reddition des
comptes et surtout en ce qui concerne la gestion des services publics… ».

Toutefois, pour lutter contre les effets nocifs des produits chimiques et des
pesticides dangereux à la lumière de la Convention de Rotterdam l’information
doit être préalable (pargraphe1) et doit être soumise à un système d’harmonisation
(paragraphe 2).

Section I : Une information préalable

Dans le cadre de la restriction des incidences néfastes de certains produits


chimiques et pesticides dangereux, la Convention de Rotterdam impose l’échange
d’informations préalables entre les Etats qui l’ont ratifiée.

71
La constitution adoptée le 27 janvier 2014 en arabe a été publiée dans un numéro spécial (version
française) du JORT du 30 avril 2015 p.6.
32
En effet, l’Etat d’export doit informer préalablement l’Etat d’import au sujet des
risques ou des dangers qui peuvent provenir de certaines substances dangereuses
pour prendre des mesures préventives.

En droit comparé, le règlement (CE) n° 689/2008 du Parlement européen et du


Conseil du 17 juin 2008 concernant les exportations et importations de produits
chimiques dangereux affirme la mise en œuvre de la Convention de Rotterdam,
impliquant l’obligation de partager la responsabilité et la coopération et de
contribuer à l’utilisation écologiquement rationnelle de ces produits, en facilitant
l’échange d’informations sur leurs caractéristiques72.

En effet, La Convention de Rotterdam garantit le droit à l’information par deux


mesures fondamentales, à savoir : la notification d’exportation (A) et la procédure
du consentement préalable (B).

A/ La notification d’exportation

La notification d’exportation est une mesure d’information préalable par


excellence pour tout produit interdit ou strictement réglementé, prévue par
l’article 12 de la Convention de Rotterdam et considérée comme une mesure clé
pour le commerce international des produits chimiques et pesticides dangereux 73.

En effet, l’article 12 n’a pas défini la notification d’exportation mais il a


déterminé dans le premier paragraphe les composantes de cette mesure : « … la
notification d’exportation comporte les renseignements indiqués à l’annexe V ».

72
Le règlement de (UE) n°214/2011 du 03/03/11 modifiant les annexes I er V du règlement (CE)
n°689/2008 du Parlement européen et du Conseil concernent les exportations et importation de produits
chimiques dangereux. (aida.ineris.fr)

73
(S) ENNAILI, « La Convention de Rotterdam sur le commerce international de certains produits
chimiques et pesticides dangereux », mémoire pour l’obtention du diplôme d’études approfondies en
droit de l’environnement et de l’aménagement du territoire, FSJPST 2000.
33
La notification peut être définie comme étant : « la soumission à l’autorité
compétente par la personne qui en a l’obligation d’informations spécifiées
concernent une substance chimique. »74. En d’autres termes, l’Etat d’exportation
doit transmettre à l’Etat d’importation tous les renseignements relatifs à la
substance toxique, tels que le nom du produit chimique interdit ou strictement
réglementé, le résumé des renseignements, la catégorie de l’utilisation prévue, la
mesure de précaution, les nom(s) et adresse(s) de l’importateur etc…, les
renseignements concernant les risques et les dangers, afin d’aider l’Etat
d’importation à prendre des mesures préventives en temps voulu et en toute
connaissance en cause. De même, la partie importatrice peut demander à la partie
exportatrice un complément d’information dont elle estime avoir besoin 75.

Par ailleurs, l’article 12 mentionne le processus que les Etats d’exportation et les
Etats d’importation doivent suivre. En effet, la partie exportatrice doit envoyer
une notification avant toute première exportation des produits interdits ou
strictement réglementés sur son territoire.

Une notification d’exportation mise à jour doit être envoyée suite à l’adoption de
la mesure de réglementation finale qui peut apporter une modification à la mesure
de réglementation finale précédente 76. En contrepartie, la partie importatrice doit
accuser réception de la notification d’exportation. Si la partie exportatrice ne
reçoit pas d’accusé de réception dans les 30 jours suivants, elle est tenue
d’envoyer une deuxième notification.
74
(s)ENNAILI, « la Convention de Rotterdam sur le commerce international de certains produits
chimiques et pesticides dangereux », mémoire pour l’obtention du diplôme d’études approfondies en
droit de l’environnement et de l’aménagement du territoire, FSJPST 2000. Déjà précité.
75
Guide à l’intention des Autorités Nationales Désignées sur le fonctionnement de la CONVENTION
DE ROTTERDAM, Secrétariat de la Convention de Rotterdam, Rome/ Genève 2004.
76
La mesure de réglementation finale est définie par la Convention de Rotterdam dans l’article 2
parag.e) comme « une mesure prise par une partie, n’appelant pas de mesure de réglementation
ultérieure de la part de cette partie et ayant pour objet d’interdire ou de réglementer strictement un
produit chimique ».
34
Dans le même ordre d’idée, le 5 ème paragraphe de l’article 12 dispose que la
notification d’exportation prend fin si le produit chimique et les pesticides
dangereux sont inscrits à l’annexe III de la Convention de Rotterdam ou si le
secrétariat a distribué à toutes les parties les réponses des parties importatrices
concernant l’importation de ce produit chimique.

De même, le secrétariat lors de la 3 ème réunion de la Conférence des parties a


élaboré un formulaire standard relatif à la notification d’exportation afin de
permettre aux parties de se conformer plus facilement à leurs obligations en vertu
la convention PIC. 77

A propos la Tunisie, aucune notification d’exportation n’a été envoyée au


Secrétariat de la Convention de Rotterdam, malgré que la date limite était fixée le
21 janvier 2017 pour envoyer une décision concernant 33 pesticides et le 21
mars 2017 pour les produits chimiques à usage industriel78.

Il en résulte que la notification d’exportation est un mécanisme de promotion de


l’échange de renseignements au sujet des produits chimiques interdits ou
strictement réglementés. Elle diffère de la procédure de consentement préalable
dite procédure PIC.

&2 :La procédure du consentement préalable

La Convention de Rotterdam impose la procédure du consentement préalable en


connaissance de cause sur certains produits chimiques et pesticides dangereux
mais ne l’a pas définie.

77
http://www.pic.int/Accueil/tabid/1731/language/fr-CH/Default.aspx
78
Atelier National sur la Mise en œuvre de la Convention de Rotterdam, Formation pratique sur les
aspects opérationnels et Identification des éléments d’un plan d’action tenue à Tunis de 20 au 22
décembre 2016.
35
Ce sont, les directives de Londres applicables à l’échange de renseignements sur
les produits chimiques faisant l’objet du commerce international qui la définissent
au niveau de l’article 1er paragr. g comme étant : «le ̎consentement préalable
donné en connaissance de cause̎ le principe selon lequel le transport
international d’un produit chimique interdit ou strictement réglementé en vue de
protéger la santé de l’homme ou l’environnement ne doit pas s’effectuer sans le
consentement de l’autorité nationale compétente du pays importateur ».

En d’autres termes, cette procédure permet à chaque Etat de décider en


connaissance de cause d’accepter ou de refuser l’importation des produits
chimiques considérés comme dangereux sur son territoire en raison du manque de
sécurité de leurs utilisations et de l’incapacité d’assurer les moyens nécessaires à
la gestion de ces substances.79

Donc, l’objectif de cette procédure est de promouvoir une responsabilité partagée


entre les pays exportateurs et les pays importateurs pour les aider à mieux
comprendre les caractéristiques de certains produits chimiques potentiellement
dangereux.

L’article 5 et l’article 6 de la Convention de Rotterdam consacre la soumission


des produits chimiques et des préparations pesticides extrêmement dangereuses à
la procédure du consentement préalable en connaissance de cause. Chacune de
ces deux substances est soumise à deux procédures proches mais distinctes.

En ce qui concerne les produits chimiques, la soumission à la procédure PIC se


base sur l’analyse des réglementations nationales et des connaissances
scientifiques. Les parties édictent des mesures d’interdiction ou de réglementation
stricte de ces substances peuvent adresser une notification au secrétariat afin
d’inscrire un produit potentiellement dangereux à l’annexe III, après vérification

79
(J.M) ARBOUR et (S) LAVALLE, « le droit international de l’environnement », 2ème éditions Yvons
Blais, p 583
36
faite par ce dernier, puis transfèrent au comité d’étude des produits chimiques, un
organe subsidiaire de la Conférence des parties, qui doit à son tour examiner les
renseignements contenus dans la notification et se fonder sur les critères
énumérés à l’annexe II.

A propos des préparations pesticides extrêmement dangereuses, la soumission à


la procédure PIC ne peut s’effectuer qu’à la suite de la demande des pays en
développement ou des pays à économie de transition au secrétariat à cause de
problèmes rencontrés lors de l’utilisation sur leur territoire80.

En Tunisie, les produits chimiques et les pesticides dangereux inscrits à l’annexe


III et soumis à la procédure PIC n’ont jamais été fabriqués ni formulés. Ils ont été
introduits sur le marché national par l’importation.

En effet, l’importation des pesticides, notamment ceux à usage agricoles, est


soumise à la loi n°92-72 du 3 août 1992, portant refonte de la législation relative à
la protection des végétaux81. L’article 16 de ce texte prévoit que : « sous réserve
des dispositions de la législation en vigueur, il est interdit de fabriquer,
d’importer, de formuler, de conditionner, de tenir, de transporter, de vendre, de
distribuer tout produit pesticide utilisé pour combattre les organismes nuisibles
n’ayant pas fait l’objet d’une homologation ou autorisation provisoire de délivrer
par le ministre de l’agriculture, après avis d’une commission technique dont la
composition est fixée par décision du ministre de l’agriculture. Les modalités et
les conditions d’obtention de l’homologation ou de l’autorisation provisoire sont
fixées par décret ».
80
Article 6 de la Convention de Rotterdam relatif à la procédure applicable aux préparations pesticides
extrêmement dangereuses.
81
Loi n°92-72 du 3 août 1992, portant refonte de la législation relative à la protection des végétaux,
modifiée et complétée par la loi n° 99-05 du 11 janvier 1999 complétant la loi n°92-72 du 3 août 1992,
(JORTn°05 du 15 janvier 1999, p.109).

37
Le législateur Tunisien impose un régime d’interdiction, notamment pour
l’importation de tout produit chimique et pesticide et prévoit deux procédures à
savoir : l’homologation ou l’autorisation provisoire et l’autorisation.

En effet, selon le décret relatif à l’obtention de l’homologation, l’autorisation


provisoire ou l’autorisation des pesticides ne peut être approuvée qu’ après une
évaluation des données scientifiques complètes qui démontrent que le produit est
efficace par rapport aux objectifs fixés et ne présente pas des risques ou des
dangers pour la santé humaine ou pour l’environnement.

Par ailleurs, l’échange d’information sur les produits chimiques et les pesticides
dangereux intervient pour assurer la bonne gestion de ces produits toxiques et
surtout pour rendre les informations accessibles au public, mais l’échange
demeure insuffisant notamment pour les pays en développement dont la Tunisie
fait partie, d’où la nécessité de mettre en œuvre du système harmonisé.

Section II : La mise en œuvre du système harmonisé

Le fabricant, ou l’importateur et l’utilisateur de produits chimiques et de


pesticides dangereux doivent identifier des informations pertinentes afin de
déterminer si ce produit comporte un danger ou un risque pour la santé de
l’homme ou l’environnement.

Les informations recueillies sont mises à la disposition, du public sauf celles qui
sont sous réserve de confidentialité.

En outre, les personnes qui fabriquent ou importent des substances dangereuses


doivent fournir à l’administration, suite à sa demande, toutes les informations
disponibles relatives aux risques ou aux dangers pour la santé de l’homme et
l’environnement.

38
En effet, l’article 13 de la Convention de Rotterdam intitulée : ̎ Renseignements
devant accompagner les produits chimiques exportés̎ prévoit que les produits
chimiques et pesticides inscrits à l’annexe III doivent porter un code relevant du
Système harmonisé de codification ;en ce terme : « la Conférence des parties
encourage l’organisation mondiale de douanes à attribuer à chaque produit
chimique ou groupe de produits chimiques inscrits à l’annexe III, un code
déterminé relevant du Système harmonisé de codification… »

En vertu de cet article, l’importation et l’exportation des produits chimiques et


des pesticides dangereux doivent soumises au niveau international au Système
harmonisé de codification

Ce système est dénommé « ̎SGH̎ » qui désigne « une nomenclature: comprenant


les positions et sous-positions et les codes numériques y afférents, les notes de
sections, de chapitres et de sous-positions ainsi que les règles générales pour
l’interprétation du Système harmonisé̎ »82. Cet instrument international est
polyvalent et élaboré par l’Organisation mondiale de douane (OMD).

Ce système permet d’identifier les marchandises selon un code à six chiffres. Les
marchandises sont ainsi classées selon une structure légale reposant sur des règles
bien déterminées afin de faciliter son application. 83 Le code est utilisé pour
élaborer les tarifs douaniers, les statistiques du commerce international et faciliter
l’échange des données commerciales.

Le Système harmonisé de codification est régi par la Convention internationale


sur le Système harmonisé de désignation et de codification de marchandises,
adopté à Bruxelles le 14 juin 1983, entrée en vigueur le 1er janvier 1988.

82
Définition adoptée par Convention internationale sur le Système harmonisé de désignation et de
codification des marchandises
83
wcoomd.org
39
Le système harmonisé de désignation et de codification des marchandises inclut
les produits visés par la Convention de Rotterdam en ce qui concerne la
surveillance des produits dangereux.

Il en résulte que le Système harmonisé de codification est pertinent au niveau


international notamment dans l’échange des données commerciales, la
détermination des politiques commerciales et la surveillance des substances
réglementées.

Le système général harmonisé de classification et d’étiquetage des produits


chimiques a été adopté suite à la Conférence des Nations Unies sur
l’environnement et le développement de 1992 et renforcé par le paragraphe 27 de
l’Agenda 21 : « on s’efforcerait d’assurer qu’un système harmonisé
mondialement de classification et d’étiquetage compatible, comportant
notamment des fiches sur la sécurité et des symboles facilement compréhensible
soit disponible d’ici à l’an 200084. »

Ce système de classification et d’étiquetage des produits chimiques (SGH)


comprend des fiches techniques et des symboles faciles à comprendre. Il constitue
un instrument non contraignant.

Au niveau communautaire, le Système général d’harmonisation est tenu


d’inclure les classes de dangers conformément au règlement 1272/2008 du
Parlement Européen et du Conseil du 16 décembre 2008 relatif à la classification,
à l’étiquetage ,à l’emballage des substances et à la classification des mélanges 85
84
Avant-propos du système général harmonisé de classification et d’étiquetage des produits chimiques
(SGH) 5ème édition révisée, Nations Unies, New York et Genève 2013, p iii
85
Le règlement 1272/2008 remplace la directive 67/548/ CEE du Conseil du 27 juin 1967 concernant le
rapprochement des dispositions législatives, réglementaires et administratives relatives à la
classification, l'emballage et l'étiquetage des substances dangereuses (14), ainsi que la directive
1999/45/CE du Parlement européen et du Conseil du 31 mai 1999 concernant le rapprochement des
dispositions législatives, réglementaires et administratives des États membres relatives à la
40
(REACH), qui a pour objectif d’assurer un niveau très élevé de protection de la
santé de l’homme et de l’environnement. Cet objectif ne peut être réalisé que dans
le cadre de la mise en place des critères d’étiquetage, d’emballage et de
classification harmonisés.86

&1 : les éléments de système harmonisé

Les éléments de système harmonisé comprennent les critères suivants à savoir :


la classification, l’étiquetage, l’emballage et le stockage

En ce qui concerne la classification des substances dangereuses a pour but de


faciliter l’identification exacte des produits chimiques et des pesticides
dangereux.

De ce fait, le classement est fonction du degré de danger et de la nature spécifique


de risque, par exemple toxicité aigüe, cancérogénicité…

Le Système général harmonisé classe les produits chimiques, selon leurs dangers
physiques et leurs dangers pour la santé de l’homme et pour l’environnement
suite à un examen scientifique basé sur des méthodes d’essai, l’interprétation des
données, le niveau de danger à prendre en compte et la rechercher un consensus
sur les critères.

En Tunisie, le décret n°92-2246 du 28 décembre 1992 fixant les modalités et les


conditions d’obtention de l’homologation ou de l’autorisation provisoire de vente
de pesticides à usage agricole ainsi que l’autorisation de leur fabrication,
importation, formulation, conditionnement, vente et distribution impose le

classification, à l'emballage et à l'étiquetage des préparations dangereuses.


86
Dans certains pays, le système harmonisé est intégré dans la législation interne, notamment au sein de
l’UE.
41
classement des pesticides à usage agricole en fonction de leur toxicité par un
arrêté de ministre de l’agriculture87.

Les produits chimiques et les pesticides doivent être correctement classés et


étiquetés.

L’étiquetage des produits chimiques interdits ou strictement réglementés permet


d’assurer la diffusion des renseignements voulus concernant les risques et les
dangers pour la santé des personnes et pour l’environnement88.

Dans le même ordre d’idée, les produits chimiques et les pesticides dangereux
inscrits à l’annexe III de la Convention de Rotterdam et faisant l’objet de
commerce international doivent être étiquetés d’une manière appropriée. Ils
doivent aussi être accompagnés des renseignements de base sur les risques et les
dangers pour la santé de l’homme et l’environnement présentés sous forme d’une
fiche technique.

Par ailleurs, l’étiquetage permet de donner les informations nécessaires pour les
secteurs de travail, en particulier l’industrie chimique, et pour les
consommateurs. Il comprend des éléments de communication et des informations
requises, l’identité des fournisseurs, l'indicateur de produit, le pictogramme de
danger, mentionnant des dangers, des conseils de prudence et des informations
supplémentaires.

En droit Tunisien l’étiquetage est soumis au décret n° 92-2246 du 28 décembre


1992 fixant les modalités et les conditions d’obtention de l’homologation ou de
l’autorisation provisoire de vente de pesticides à usage agricole ainsi que
87
Voir l’arrêté du ministre de l’agriculture et des ressources hydrauliques du 4 juin 2008, relatif à la
classification des pesticides à usage agricole et fixant la liste des pesticides extrêmement dangereux,
(JORT n°47 du 10 juin 2008, p.1820)

(J.M) ARBOUR et (S) LAVALLE, « le droit international de l’environnement », 2ème éditions Yvons
88

Blais, p 586
42
l’autorisation de leur fabrication, importation, formulation, conditionnement,
vente et distribution89 qui impose que chaque emballage contenant un produit
pesticide répond aux normes générales d’étiquetage et mentionne les éléments
suivants : le nom, l’adresse du bénéficiaire de l’homologation ou de
l’autorisation, l’appellation commerciale des produits, l’indication de toute
matière active par la mention de leur nom usuel ou leur dénominations
chimiques.

De même, ce décret impose que la teneur de chaque matière active soit en


pourcentage ou en unité, le numéro d’homologation ou d’autorisation, le poids, le
contenu de l’emballage, le numéro de lot, la date de fabrication, l’indication des
mesures à prendre pour la sécurité et la protection de la santé des utilisateurs et
des autres personnes, les indications concernant les premiers secours et les
indications destinées au médecin, notamment l’antidote et les méthodes pour
rendre inoffensifs les emballages et les surplus de traitement, des indications
spécifiques de toxicité et d’utilisation imposées dans l'’homologation ou
l’autorisation et les symboles des substance dangereuses ainsi que les autres
matières actives qui contiennent des produits d’indication de la nature du danger
et l’indication des mesures de précaution.

Les indications doivent être écrites en langue arabe et française et doivent être
bien visibles.

Pour l’emballage, la Tunisie impose pour tout produit contenant des compositions
toxiques de répondre aux normes d’emballage d’origine.

89
Décret n° 92-2246 du 28 décembre 1992 fixant les modalités et les conditions d’obtention de
l’homologation ou de l’autorisation provisoire de vente de pesticides à usage agricole ainsi que
l’autorisation de leur fabrication, importation, formulation, conditionnement, vente et distribution,
modifié par le décret n° 2002-3469 du 30 décembre 2002 et par le décret n° 2010-2973du 15 novembre
2010, modifiant et complétant le décret n 92-2246 du 28 décembre, fixant les modalités et les conditions
d’obtention de l’homologation ou de l’autorisation provisoire de vente des pesticides à usage
agricole(.JORT n° 94du 23 novembre 2010.p3207)
43
Les récipients contenant des pesticides doivent avoir une marge de remplissage
de 3 % au moins et le contrôle des pesticides doit être fait par des contrôleurs des
pesticides pour assurer la qualité des récipients.

De même, les emballages fournis aux utilisateurs doivent être d’origines et


intacts et contenant des pesticides qui doivent comporter, selon leur degré de
toxicité, des symboles graphiques et des mentions dont les modèles sont délivrés
par l’administration.90

Tout pesticide doit être contenu dans des emballages conçus et fabriqués de
manière à : empêcher toute déperdition de leur contenu, à éviter toute attaque au
contenu et toute formation de combinaisons dangereuses avec l’emballage et à
résister aux exigences de la manutention et du transport

En ce qui concerne, le stockage des produits chimiques et des pesticides


dangereux doit être approprié et sécurisé et doit conserver les produits dans leurs
emballages d’origine.

Il est soumis à des conditions bien déterminées. L’entrepôt doit être loin des
habitants, réservé aux pesticides et produits chimiques, loin des produits
alimentaires, accessible en cas d’urgence et fermé lorsqu’il n’est pas utilisé.

Lors du stockage, les produits doivent être séparés par des panneaux d’indication.
A titre d’exemple : la séparation des herbicides des produits inflammables.

De même, les produits toxiques doivent être stockés, en tenant compte des
registres pour enregistrer le volume de la toxicité des substances dangereuses.

Le stockage des pesticides en Tunisie est prévu par le décret n°92-2246 du 28


décembre 1992, fixant les modalités et les conditions d’obtention de
l’homologation ou de l’autorisation provisoire de vente des pesticides à usage
90
Le décret 92-2246 du 28 décembre 1992, (JORT N°1 du 15 janvier 1993 p.51) , décret susvisé

44
agricole ainsi que l’autorisation de leur fabrication, importation, formulation,
conditionnement, vente et distribution, qui exige certaines conditions prévues par
les articles 17 à 19 imposant que les entrepôts des pesticides soient construits et
entretenus de façon à éviter toute sorte des risques, être classés par types « les
herbicides doivent être classés séparément », loin des produits alimentaires et
doivent disposer des équipements nécessaires afin d’éviter l’explosion ou
l’incendie91.

En outre, les locaux doivent avoir des équipements nécessaires pour la protection
des personnes chargées du stockage, tels que casques, lunettes, bottes,
combinaisons et autres… équipements nécessaires (extincteurs, signaux d’alarme
et points d’eau) pour faire face aux accidents pouvant parvenir à savoir : les
incendies ou les explosions lors du transport, du stockage, ou de la fabrication. 92

&2 : Le transport des produits chimiques

Le transport des produits chimiques et des pesticides a fait objet de plusieurs


réglementations internationales et nationales.

1) Au niveau international

Plusieurs textes internationaux s’intéressent au transport des marchandises


dangereuses.

91
Le décret n°92-2246 du 28 décembre 1995fixant les modalités et les conditions d’obtention de
l’homologation ou de l’autorisation provisoire de vente des pesticides à usage agricole ainsi que des
autorisations pour leur fabrication, importation, formulation, conditionnement, vente et distribution,
modifié et complété par le décret n°2010-2973 fixant les modalités et les conditions d’obtention de
l’homologation ou de l’autorisation provisoire de vente des pesticides à usage agricole ainsi que des
autorisation pour leur fabrication, importation, formulation, conditionnement vente et distribution et les
conditions d’utilisation des pesticides à usage agricole extrêmement dangereux(.JORT n° 94du 23
novembre 2010.p3207).
92
Article 19 du décret suvisé.

45
Le Système général d’harmonisation pour la classification des produits chimiques
dangereux organise le transport international de substances chimiques.

De ce fait, il a créé un comité international d’experts en matière de transport des


marchandises dangereuses. Aussi le Conseil économique et social des Nations
Unies a émis des recommandations relatives au transport des produits chimiques,
On cite à titre d’exemple la recommandation relative aux marchandises
dangereuses, adoptée par le présent conseil économique et social en 2011, dont
l’objectif est d’éviter, dans toute la mesure du possible, les accidents matériels ou
humaines ou la dégradation de l’environnement par les matériels de transport 93.

2) Au niveau national

Le droit tunisien s’est intéressé au transport des produits chimiques et en


particulier à celui des pesticides à usage agricole. Le décret n°92-2246 du 28
décembre 1992 prévoit que le transport des produits pesticides doit effectuer
dans des véhicules destinés au transport de ces matières. En d’autres termes les
véhicules ne doivent pas transporter des personnes ou animaux ou denrées
alimentaires.

De même, les véhicules doivent afficher de 4 côtés les symboles des dangers et
les symboles graphiques indiquant les propriétés physiques des pesticides 94

Le législateur Tunisien a adopté en 1997 la loi n° 97-37 du 2 juin 1997, relative


au transport par route des matières dangereuses afin d’éviter les risques et les
dommages susceptibles d’atteindre les personnes, les biens et l’environnement 95.

93
unece.org
94
Article 31 du décret n°92-2246 du 28 décembre 1992 susvisé.
95
Loi n° 97-37 du 2 juin 1997, relative au transport par route des matières dangereuses, (JORT n° 45 du
6 juin 1997 p.1020)
46
L’article 1er de ce texte dispose ce qui suit : « Les dispositions de la présente loi
et ses textes d'application s'appliquent au transport par route des matières
dangereuses effectué sur le territoire de la République Tunisienne au moyen des
véhicules automobiles et de leurs remorques... »

De même, cette loi impose des conditions pour transporter les matières
dangereuses par voie routière. Elles doivent être emballées, d’une manière qui
permet l’adaptation à leur nature, aux dangers qu’elles peuvent provoquer et aux
moyens utilisés pour leur chargement, leur transport et leur déchargement et
doivent comporter des étiquettes de danger.96

L’irrespect des conditions de transport des produits dangereux par voie routière
peut conduire à des infractions punissables.

3 arrêtés ministériels relatifs au transport des produits dangereux par voie routière
ont été adoptés en Tunisie :

- l’arrêté conjoint des ministres intérieur et du transport du 18 mars 1999 fixant


le modèle de la fiche de sécurité relative au transport de matières dangereuses par
route et les consignes qu’elle doit comporter.97

-l’arrêté du ministre du transport du 19 janvier 2000 fixant les étiquettes de


danger et les marques distinctives relatives au transport de matières dangereuses
par route.

96
Article 6 de loi n°97-37 susvisé
97
L’article 2 de l’arrête dispose que : « la fiche de sécurité doit porter les indications suivantes : la
dénomination de la matière et sa classe, le numéro d’identification de la matière et le numéro
d’identification des dangers conformément à la réglementation en vigueur, la nature des dangers
présentés en la matière, les consignes générales à appliquer en cas d’accident ou incident, les mesures à
prendre en cas de déversement ou d’incendie, les premiers secours, l’identité, l’adresse et les numéros
de téléphone et de fax de l’expéditeur … ».
47
- l’arrêté des ministres de l’intérieur et du transport du 19 mai 2000, fixant les
matières dangereuses dont le transport est soumis à l’obtention d’une feuille de
route.

De même le droit tunisien a réglementé le transport des matières dangereuses par


voie maritime , par le décret n° 2001-143 du 5 janvier 2001 fixant les règles de
sécurité applicables au chargement, au déchargement et à la manutention des
marchandises dangereuses dans les ports maritimes de commerce, qui oblige tous
navires transportant des produits dangereuses faisant escale sur le territoire
tunisien, à avoir à bord tous documents et certificats relatif aux matières
dangereuses .98

L’adhésion de la Tunisie à la Convention de Rotterdam vient de renforcer


l’arsenal juridique et législatif relatif au contrôle de la traçabilité des produits
chimiques dangereux, à partir de leur importation jusqu’à leur utilisation et leur
élimination conformément aux normes, pour préserver l’environnement.

La Tunisie, de ce fait, doit modifier les textes législatifs et réglementaires pour


être en harmonie avec ce traité surtout que les textes précités ont été adoptés
antérieurement à sa ratification.

Il en résulte que, les informations doivent être pertinentes et liées à des examens
effectués sur les produits chimiques et pesticides pour établir des données de base
nécessaires à l’appréciation en toute connaissance de cause, des dangers ou des
risques potentiels.

98
L’article 2 de décret n°2001-143 du 5 janvier 2001 fixant les règles de sécurité applicables au
chargement, au déchargement et à la manutention des marchandises dangereuses dans les ports
maritimes du commerce Les navires transportant des marchandises dangereuses et faisant escale dans
un port maritime de commerce doivent avoir à bord tous documents et certificats exigés par la
lt5gislation et la réglementation en vigueur pour le transport de ces marchandises.
48
Même si elles sont précises et bien déterminées, les informations restent toujours
insuffisantes face au développement technologique accéléré, d’où l’obligation de
s’orienter vers l’évaluation appropriée des risques chimiques.

Chapitre II: L’élargissement de l’évaluation des risques chimiques

Il est important d’évaluer les effets potentiels des substances chimiques sur la
santé humaine et sur l’environnement, surtout pendant ou la fin d’un processus
de fabrication pour toute industrie chimique important ou exportant des matières
premières contentant des composantes actives.99

Cette évaluation doit prendre en considération, les dommages déjà causés, mais
aussi les risques éventuels.

Dans un contexte de précaution, l’incertitude scientifique relative aux risques ou


aux dangers provenant des produits chimiques et des pesticides ne doit pas être
empêchée l’adoption de mesures, puisque la prévention des risques ou des
dangers oblige à fournir un maximum d’informations et de données sur les
produits concernés100.

La Convention de Rotterdam impose dans (l’annexe II), l’adoption d’une mesure


de réglementation finale prise après une évaluation des risques.

Cette évaluation constitue un élément fondamental des documents que doit


fournir la partie concernée pour inscrire un produit à la procédure de
consentement préalable (PIC). Elle doit comporter des données analysées, étayées
et obtenues par des méthodes scientifiquement reconnues101

99
A.KISS ; « le droit internationale de l’environnement » Paris, A.pedone, 2004. P.277
100
MEZNI (S) , « Produit chimique et droit de l’environnement » mémoire en vue de l’obtention du
mastère en Droit de l’environnement et de l’aménagement des espaces, FSJPST, 2007-2008
101
Annexe II de la Convention de Rotterdam intitulée critères d’inscription des produits chimiques
interdits ou strictement réglementés à l’annexe III
49
Selon le rapport du comité intergouvernemental de négociation : « l’évaluation
des risques ne désigne pas une estimation des risques, mais plutôt une évaluation
des propriétés toxicologiques et écotoxicologue intrinsèques et de l’exposition
correspondante, effective ou prévue, y compris les incidences effectifs et les
preuves scientifiques de danger. »

De plus, les annexes I et II de la convention PIC disposent que les mesures de


réglementation finales doivent comporter des résumés des dangers ou des risques
pour chaque produit présentant un danger ou un risque pour la santé des
consommateurs ou des travailleurs et l’environnement.

Ces résumés doivent être établis suite à une étude des données et selon des
méthodes scientifiquement reconnues.102

De même, la Convention de Rotterdam renforce ce qui a été prévu par le code de


conduite de la FAO qui oblige les industriels à tester chaque pesticide selon des
méthodes et procédures éprouvées. De ce fait, l’article 6.2 oblige à : « fournir
une évaluation objective des données sur les pesticides pour chaque produit avec
les informations nécessaires à l’appui, y compris les données suffisantes pour
aider à l’évaluation des risque et permettre la prise de décision, en matière de
gestion de risques. »103

Par ailleurs, l’Agenda 21 s’est intéressé à l’évaluation des risques chimiques dans
son chapitre 19 relatif à la gestion écologiquement rationnelle des substances

102
Rapport UNEP/FAO/PIC/INC.5/3 du17 du 17 mars 1998 du comité de négociation
intergouvernemental chargé d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant propre à
assurer l’application de la procédure de consentement préalable en connaissance de cause dans le cas de
certains produits chimiques et pesticides dangereux qui font l’objet du commerce international , les
Travaux de la cinquième session, Bruxelles1998 p.19
http://www.pic.int/Portals/5/incs/INC5/c)/French/Repfr.PDF
103
Le code international de conduite pour la distribution et l’utilisation des pesticides : version révisée
en novembre 2002.
50
chimiques toxiques. Son l’article 19.A a été consacré à « l’Elargissement et
accélération de l'évaluation internationale des risques chimiques ».

Ce chapitre exige aussi, que l’évaluation des risques soit préalable, en particulier
pour l’utilisation et la commercialisation des produits présentant un danger pour
la santé de l’homme et pour l’environnement.

Dans le même ordre d’idée, la Convention de Stockholm sur les polluants


organiques persistants, adoptée le 22 mai 2001 et entrée en vigueur le 17 mai
2004, considérée comme une Convention spécialisée et complémentaire, édicte
dans l’article 11 parg.2 point A que les Etats parties : « appuient les activités
nationales et internationales visant à renforcer les capacités nationales de
recherches scientifiques et techniques et en particulier dans les pays en
développement et de pays à économie de transition , et à favoriser l’accès aux
données et analyses et leur échange ».

En d’autres termes l’évaluation des risques a besoin d’un renforcement des


recherches scientifiques, mais cette recherche diffère d’un pays à un autre et entre
les pays développés et les pays en développement qui souffrent d’un manque des
capacités.

Cela nous conduit à évoquer en premier lieu l’évaluation des risques basée sur
des données scientifiquement reconnues (section I) et en second lieu la nécessité
de renforcer les programmes d’évaluation des risques chimiques (section II).

Section I : L’évaluation des risques des données

La Convention de Rotterdam sur la procédure de consentement préalable en


connaissance de cause exige dans son annexe II, intitulée ̎ critères d’inscription
des produits chimiques interdits ou strictement réglementés à l’annexe III̎ que la

51
mesure de réglementation finale ne soit prise qu’après une évaluation des
risques.

Cette évaluation se base, bien évidemment, sur des données analysées et étayées
selon des méthodes scientifiquement reconnues comme l’identification des
données, l’évaluation de dosage et la caractérisation des risques 104 .

De même, ces données scientifiques ne peuvent être mises en œuvre que par des
experts qui montrent à quel point un produit chimique ou un pesticide peut
constituer un risque ou un danger pour la santé humaine ou l’environnement.

De ce fait, ces données permettent aux autorités publiques de prendre des mesures
préventives face aux risques ou aux dangers potentiels.

Egalement, les données scientifiques peuvent être développées en amont ou


pendant ou à la fin de processus de fabrication 105 afin de répondre aux incertitudes
posées par les décideurs avant d’importer ou d’exporter un produit dangereux
pouvant avoir des conséquences catastrophiques sur la santé de l’homme ou sur
l’environnement106.

Il en résulte que les données scientifiques ne peuvent être établies qu’après des
recherches scientifiques approfondies afin d’écarter toute forme de doute et pour
attirer l’attention des décideurs publics sur la nécessité des recherches,
notamment dans les zones d’ombre.

Donc, la prise de décision publique se fonde sur des données scientifiques qui lui
donnent une légitimité et une rationalité dépassant la logique scientifique

104
H.DKHIL, « La maitrise des risques sanitaires et environnementaux liés aux produits » ANCSEP,
2011, (inc.nat.tn)
105
(A.)KISS, « Droit international de l’environnement », Paris, 3ème Editions A.PEDONE, 2004, p.277

106
(P.M). BIDOU; « droit de l’environnement », Paris Vuibert 2010, p.65
52
traditionnelle basée sur la certitude, vers une nouvelle logique fondée sur
l’incertitude.

La logique scientifique traditionnelle est établie sur la science exacte qui ne


supporte aucun changement.

Par contre, l’incertitude scientifique est le résultat du développement


technologique. Donc, l’évolution de la science a conduit à la découverte qu’il
n’existe pas une seule vérité stable mais plusieurs107.

De ce fait, l’incertitude scientifique constitue un élément fondamental du


principe de précaution introduit dans la Déclaration de RIO sur l’environnement
et le développement.108

Toutefois, le principe de précaution se base sur deux caractéristiques :


l’incertitude scientifique d’une part et l’existence de dommages graves et/ ou
irréversibles d’une autre part.

L’incertitude scientifique, en droit de l’environnement en général et dans le


domaine des produits chimiques et des pesticides dangereux en particulier, doit
être renforcée par des expertises scientifiques109.

Mais avant d’évoquer l’importance des expertises scientifiques, il convient de


démontrer le rôle de l’expert.
107
(S) SLAMA, « le principe de précaution », mémoire pour l’obtention du diplôme d’études

approfondies en droit de l’environnement et de l’aménagement de territoire, FSJPST 2000-2001


108
La déclaration de RIO, adoptée suite à la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le

développement tenue à Rio de Janeiro du 3 au 14 juin, prévoit dans le principe 15 : « des mesures de
précaution doivent être largement appliquées par les Etats selon leurs capacités. En cas de risque de
dommages graves ou irréversibles, l'absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de
prétexte pour remettre à plus tard l'adoption de mesures effectives visant à prévenir la dégradation de
l’environnement. »
109
(M) Prieur, « Droit de l’environnement, droit durable » ; Bruylant, Bruxelles, 2014
53
En effet, le rôle de l’expert, face aux incertitudes et à la pluralité des vérités, est
précieux. Il est sollicité parfois par les pouvoirs publics, pour donner son avis, 110
en matière environnementale en général et dans le domaine des produits
chimiques chimique dangereux en particulier. Il doit analyser et évaluer les
risques afin de les rendre maîtrisables et de présenter aux décideurs les
fondements scientifiques évalués permettant la prise de décision convenable,
basée sur un savoir a priori et donner son avis sur la gestion technique et
administrative de ce risque.

En ce qui concerne le recours à l’expertise scientifique, il a lieu notamment en


situation d’incertitude afin d’aider les autorités publiques à évaluer et à graduer
les risques potentiels entre deux extrêmes : la certitude d’un dommage prévisible
et l’incertitude d’un danger hypothétique.

En effet, l’expertise scientifique est dotée d’un pouvoir discrétionnaire, en


d’autres termes, elle a le pouvoir de décider seule. Généralement, l’autorité
publique compétente prend la décision sans attendre le rapport de l’expertise.

L’administration, dans le cadre de la mesure de précaution, peut effectuer des


analyses chimiques et prend toutes les mesures nécessaires pour vérifier les
informations fournies.

Aussi, le producteur est tenu obligatoirement d’informer en ̎ permanence̎


l’administration compétente de toute évolution des connaissances de l’impact des
produits sur l’homme et sur l’environnement et s’il existe des données
nouvelles111.

110
Encinas de Munagorri (R), « Expertise scientifique et principe de précaution », RJE numéro spécial
2000 p63-73

111
M.PRIEUR ; « Droit de l’environnement » ; Paris 7ème édition, 2016, DALLOZ p.823
54
Le rôle de l’importateur ou du fabriquant est très important, en cas de besoin il
réaliser de nouveaux essais afin de gérer les risques ou les dangers qu’elles
peuvent présenter à l’administration.112

De ce fait, l’administration, dans le cadre de mesure de précaution, peut effectuer


des analyses chimiques et prend toutes les mesures nécessaires pour vérifier les
informations fournies.113

La Convention de Rotterdam impose à chaque Etat qui a reçu, du secrétariat, des


réponses concernant l’importation future des produits chimiques, de les diffuser
auprès de tous les intéressés, soit les entreprises ou soit les administrations
publiques, tels que les services de douane.114

Il en résulte que la procédure de l’expertise scientifique est facultative et non


obligatoire.

Par ailleurs, l’évaluation des risques demande des moyens financiers suffisants
pour assurer de bonnes études et de bonnes recherches. Elle exige aussi le
recrutement de personnes qualifiées et expérimentées.

Ainsi que, des moyens techniques suffisants pour assurer des analyses précises et
étayées afin de démontrer les risques potentiels ou les dangers pouvant parvenir
des produits chimiques et pesticides dangereux.

112
(E ) Brosset, « le règlement communautaire en matière des produits chimiques : petite explication »,
RJE 2008.5
113
Décret n°2010 -2973 Décret n° 2010-2973 du 15 novembre 2010, modifiant et complétant le décret
n° 92-2246 du 28 décembre 1992, fixant les modalités et les conditions d'obtention de l'homologation,
des autorisations provisoires de vente des pesticides à usage agricole, ainsi que les conditions de leur
fabrication, importation, formulation, conditionnement, stockage, vente, distribution et les conditions
d'utilisation des pesticides à usage agricole extrêmement dangereux JORTn°94 du23 novembre 2010
p.3207)
114
(S) MEZNI, « Produits chimiques et protection de l’environnement » ; mémoire en vue de l’obtention
du mastère en droit de l’environnement, FSJPST2005-2006
55
A ce niveau un clivage se manifeste entre, pays développés disposant ont des
moyens financiers et l’assistance technique nécessaire pour se lutter contre tous
les risques éventuels des produits chimiques, et pays en développement
souffrant d’un manque de moyens techniques et financiers permettant de prendre
la bonne décision relative à l’importation des produits chimiques et des pesticides
dangereux.

De ce fait, la convention PIC intervient pour aider les pays en développement.

La Tunisie encourage les recherches scientifiques et l’évaluation des risques


provenant des produits chimiques et des pesticides dangereux par la création de
différentes structures. On cite à titre d’exemple l’agence nationale de contrôle
sanitaire et environnemental des produits115 (ANCESP)

Cette agence a pour mission la coordination et la consolidation des activités de


contrôle sanitaire et environnemental des produits exercées par les différentes
structures de contrôle et la contribution116, à la formation et à l’information en
matière de contrôle sanitaire et environnemental des produits, ainsi que le
développement des relations scientifiques et techniques avec des organisations
internationales de même vocation.117

La Tunisie est également dotée d’un institut national des recherches et analyses
physico-chimiques, (INRAP), Créé en janvier 1995 118 dont le but est de

115
L’agence nationale de contrôle sanitaire et environnemental des produits a été créée par le décret
n°99-769 du 5 avril 1999, portant création de l’agence de contrôle sanitaire et environnementale des
produits et fixant sa mission, son organisation administrative et financière, ainsi que la modalité de son
fonctionnement, (JORT N°32 du 20 avril1999, p.600).
116
L’article 2 le décret n°99-769 du 5 avril 1999, portant création de l’agence de contrôle sanitaire et
environnementale des produits, susvisé
117
Alinéas 4 et 5 de l’article 2 du décret susvisé
118
La loi n°95-4 du 2 janvier 1995, portant création de l'Institut national de recherche et d'analyse
physico-chimique, (JORT N°1 du 3 janvier 1995, p3)
56
promouvoir des moyens humains et matériels nécessaires pour effectuer des
analyses complexes, d’améliorer le savoir-faire des Tunisiens, de réaliser des
expertises dans les domaines de sa compétence et de développer la coopération
avec d’autres pays dans le domaine de l’analyse physico-chimique.

Par ailleurs, la recherche scientifique se base aussi sur un système intégré de


maîtrise des risques comportant l’évaluation des risques tout le long du cycle de
vie d’un produit chimique, des mesures de gestion appropriées et un système
d’enregistrement intégré des produits chimiques.

L’évaluation convenable des risques chimiques est indispensable pour pouvoir


élaborer des mesures adéquates et prendre toutes les précautions nécessaires face
aux risques et aux dangers. Cela ne peut être fait que par le renforcement des
programmes de réduction des risques et des dangers chimiques.119

Le producteur est tenu obligatoirement d’informer en ̎ permanence̎


l’administration compétente de toute évolution des connaissances de l’impact sur
l’homme et sur l’environnement et s’il existe des données nouvelles120.

Le rôle de l’importateur ou du fabricant est très important d’acquérir s’il faut


réaliser de nouveaux essais ou d’améliorer les connaissances sur les substances et
leur l’exploitation afin de gérer les risques 121qu’elles peuvent présenter

L’évaluation des risques oblige à faire des études des dangers.

Section II : Le renforcement des programmes de réduction des risques

chimiques

119
H.DKHIL, « la maitrise des risques sanitaires et environnementaux liés aux produits. ANCSEP, 2011
120
M.PRIEUR ; « Droit de l’environnement » Paris, 7ème édition 2016, DALLOZ p.823
121
(E ) brosset , « le règlement communautaire en matière des produits chimiques : petite explication »,
RJE 2008.5
57
Dans un monde où l’expansion rapide de l’industrie chimique a rendu nécessaire
la prise en considérations des risques ou des dangers potentiels pouvant affecter
l’Homme ou l’environnement, il est obligatoire d’instaurer des programmes de
prévention, au niveau international qu’au niveau national.

Paragraphe 1 : Au niveau international

Des programmes internationaux ont été lancés par des organisations


internationales afin de sensibiliser les fabricants ou importateurs et utilisateur à la
gravité des substances toxiques.

Un programme international sur la sécurité des substances chimiques (IPCS),


lancé en 1980 par l’organisation international de santé (OMS), l’organisation
internationale de travail (OIT), et le programme des Nations Unies sur
l’environnement (PNUE), a pour objectif d’évaluer les risques pour la santé et
l’environnement, de fournir des informations scientifiques et ayant fait l’objet
d’une évaluation internationale afin d’élaborer des mesures préventives dans ce
domaine et renforcer la gestion rationnelle des produits chimiques.

De même, ce programme s’intéresse à la sécurité de l’emploi des substances


chimiques à partir de la fabrication, passant par l’importation, le transport, le
stockage et l’utilisation122.

Pour sa part, l’organisation internationale de santé (OMS) a averti que 10 produits


sont considérés comme des produits dangereux, tels que: le Mercure, les
préparations pesticides extrêmement dangereuses, le biphényles- polychlorés
(PCB)123… .

122
www.who.int
58
Dans le même ordre d’idée, ce programme a été renforcé par le programme
d’action de Dubaï géré par la (FAO) et clôturé par l’adoption d’une approche
stratégique de la gestion internationale des produits chimiques(SAICM).

Ce programme comprend la déclaration de Dubaï relative à la gestion


internationale des produits chimiques, la stratégie politique globale et le plan
d’action mondial.

Ce programme présente aussi un cadre politique pour atteindre les objectifs


énoncés dans le plan de mise en œuvre du Sommet Mondial sur le
Développement Durable afin de réduire les effets nocifs des substances toxiques
en 2020.

Un Rapport de la Conférence internationale sur la gestion des produits chimiques


sur les travaux de sa troisième session tenue à Nairobi du 17 au 21 septembre
2012 afin d’adopté une Stratégie visant à renforcer la participation du secteur de
la santé dans la mise en œuvre de l’Approche stratégique de la gestion
internationale des produits chimiques124

La Tunisie fait partie de ces programmes internationaux par sa participation et le


développement des programmes au niveau national.

La Tunisie a présenté une demande de financement au secrétariat relative au


projet dans le cadre du programme de mise en œuvre rapide "QSP". Ce projet vise
à appuyer, développer et compléter d’avantage la stratégie nationale actuelle pour
l'élimination des produits chimiques ; conformément aux objectifs de l'Approche

123
Les Polychlorobiphényles (PCB), nommés aussi biphénylespolychlorés ou (BCP) ou « Pyralènes » ;
un nom commercial d’un produit de Monsanto.
124
Rapport de la Conférence internationale sur la gestion des produits chimiques sur les travaux de sa
troisième session du 29 octobre 2012
59
stratégique pour la gestion internationale des produits chimiques au niveau
national125.

&2 : Au niveau national

La Tunisie n’est pas loin de son environnement international. Elle contribue à ces
actions par une étude et un plan d’action afin de réduire ou éliminer les
incidences néfastes des produits chimiques et des pesticides sur la santé de
l’homme et sur l’environnement.

La Tunisie a élaboré une étude en 2004 sur l’inventaire et le diagnostic des


risques de l’utilisation des produits chimiques dangereux au niveau national et sur
l’inventaire des quantités chimiques importées et produites126.

L’étude comprend l’évaluation de la capacité des différents laboratoires en termes


de connaissance d’équipement pour l’analyse des produits chimiques.

De même, il existe un plan d’action national pour la mise en œuvre de la


Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants (POP) par la
Tunisie. Ce plan porte sur le profil national de la gestion des produits chimiques
et de (POP) en vue de l’évaluation de la capacité nationale127.

De même, un programme de l’élimination des pesticides périmés a été mis en


œuvre afin de soutenir les capacités nationales dans le domaine de la gestion

125
www.environnement.gov.tn
126
environnement.gov.tn
127
environnement.gov.tn
60
rationnelle et appropriée des pesticides de la promotion des mesures de
prévention et de l’élaboration d’une stratégie nationale.128

Un plan national de la gestion des nuisibles et des pesticide (PNGNP) a été pris
dont l’objectif est identifier l’ensemble des risques potentiels liés à l’utilisation
des pesticides dans l’environnement, de minimiser les effets potentiels négatifs
sur la santé de l’homme et animaux pouvant découler de la lutte intégrée contre
les nuisible.

De même, la Tunisie a chargé e ministère de l’agriculture et des ressources


hydrauliques et de la pêche de mettre en place un projet d’intensification de
l’agriculture irrigué (PIAIT) vise à préparer et à mettre en œuvre un outil de
gestion pour contrôler la lutte antiparasitaire et la gestion des pesticides par des
promoteurs qui utilisent ses produits.129

Un atelier National sur la mise en œuvre de la Convention de Rotterdam ;


Formation pratique sur les aspects opérationnels et l’identification des éléments
de plan d’action, tenue à Tunis du 20 au 22 décembre 2016 qui a pour objectif la
formation des Autorités nationales désignées et des partenaires nationaux sur les
principales obligations de la Convention de Rotterdam et l’identification et
l’examen des éléments clés d’un plan d’action pour la mise en œuvre de la
Convention de Rotterdam.130

Tous ces programmes visent la réduction des risques ou des dangers engendrés
par les produits chimiques et pesticides.

Ces programmes et plans d’action ne peuvent être utiles sans la conscience des
autorités publiques, avec la participation de la société civile, notamment les
associations, relative à la protection de l’environnement. Les syndicats
128
environnement.gov.tn
129
www.agriculture.tn,PIAIT3
130
Workshop tunisia report 2016 p.3
61
professionnels doivent aussi défendre les personnes les plus exposées à ces
produits qu’il s’agisse des agriculteurs, ou des travailleurs dans ce domaine.

Il en résulte que les autorités publiques compétentes doivent assurer une


sensibilisation et une formation pour que les travailleurs et les utilisateurs soient
prudents face aux dangers et risques potentiels.

Conclusion de la 1ère partie

Les mesures de précaution ne peuvent être réalisées qu’à travers deux


mécanismes fondamentaux, à savoir l’échange d’informations, entre les Etats
dans le cadre de la mise en application de la Convention de Rotterdam, ou entre
Etats et entreprises importateurs et exportateurs des produits chimiques et des
pesticides dangereux, complété par l’évaluation des risques au moyen de données
scientifiques reconnues et l’instauration de programmes et des plan d’actions pour
faire face aux risques ou aux dangers chimiques.

De ce fait, l’Etat Tunisien a pris des mesures de précaution pour prévenir des
incidences néfastes des produits chimiques et des pesticides sur la santé de
l’homme et sur l’environnement par l’adoption de textes législatifs et
réglementaires et par la création des différente structures.

Ces mesures préventives ont été prise avant ou après l’adoption et la ratification
de la Convention de Rotterdam.

De même la Tunisie a interdit l’exportation de ces produits à partir de leur pays


d’origines sans l’obtention des autorisations ou des homologations.

62
Les mesures prisent par la Tunisie restent insuffisantes, à cause du manque des
moyens techniques et financiers malgré tous les efforts effectués par les autorités
compétentes et malgré le développement des programmes visant à réduire les
risques ou les dangers engendrés par les produits chimiques et les pesticides.

Cela nécessite un renforcement de mesure de contrôle.

Deuxième partie :
Les mesures de contrôle

63
Vu l’expansion rapide de l’industrie chimique et vu les risques potentiels et les
dangers pouvant provenir des substances ou des mélanges dangereux 131 est
nécessaire l’adoption la prise de mesures de contrôle plus larges et plus
rigoureuses afin de rationaliser leur production, leurs commercialisation et leurs
utilisation132.

Le contrôle désigne la surveillance des paramètres environnementaux pour le


maintien ou l’amélioration de la qualité écologique et la surveillance des
indicateurs sanitaires en lien avec l’exposition aux produits chimiques et aux
pesticides dangereux.

De ce fait, le contrôle ou la surveillance permet de suivre et d’évaluer l’état de


l’écosystème. Il permet aussi de comprendre les impacts de la dégradation de la
faune et de la flore et de fournir les éléments pertinents pour la prise des
décisions.

Dans ce cadre, la Convention de Rotterdam oblige les parties adhérentes, dont la


Tunisie fait partie, à instaurer un système de contrôle ou de surveillance 133 pour
certains produits chimiques dangereux faisant l’objet d commerce international

131
Il faut prendre en considération les risques potentiels pouvant résulter d’une exposition fréquente à un
produit à faible concentration, ainsi que le danger d’effets chroniques sur la santé ou sur
l’environnement.
132
(M).PRIEUR, « Droit de l’environnement », Paris 7ème édition, DALLOZ, 2016
64
afin de protéger la santé des personnes, notamment celles des consommateurs et
des travailleurs, ainsi que l’environnement.134

De même, la Convention de Rotterdam prévoit que chaque Etat qui a reçu du


secrétariat les réponses concernant l’importation future du produis chimiques de
diffuser l’information auprès de tous les intéressés, à savoir les administrations
publiques et en particulier les services de douane135.

Une fois, ces réponses mises à la disposition de tous les intéressés, les parties
doivent renforcer l’efficacité et la capacité de contrôle. La Convention de
Rotterdam impose à chaque partie d’appliquer des mesures législatives et
administratives appropriées.136

A cet égard, les mesures de contrôle sont consacrées expressément par la


Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants (POP),
considérée comme une convention complémentaire à la Convention de
Rotterdam,137 qui prévoit ce qui suit dans son préambule «conformément à la
133
(I).DIOUANI, « La mise en œuvre par la Tunisie de la Convention de Stockholm sur les polluants
organiques persistants », mémoire en vue de l’obtention du mastère en droit de l’environnement
FSJPST 2016-2017.
134
Le préambule de la Convention de Rotterdam sur la procédure de consentement préalable en
connaissance de cause de certains produits chimiques et pesticides qui font l’objet d’un commerce
international.
135
(S) MENSI, « produit chimique et droit de l’environnement », mémoire en vue de l’obtention du
mastère en droit de l’environnement et de l’aménagement des espaces, FSJPST 2007-2008.
136
L’article 15 de la Convention de Rotterdam dispose que : « Chaque partie prend les mesures qui
pourraient être nécessaires pour doter d’infrastructures et d’institutions nationales ou les renforcer afin
d’appliquer effacement la présente convention. Ces mesures pourront inclure, si nécessaire, l’adoption
d’une législation nationale ou des mesures administratives ou leur modification... »
137
La Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants dispose dans le préambule
que : « Rappelant les dispositions en la matière des conventions internationales pertinentes sur
l’environnement, en particulier la Convention de Rotterdam sur la procédure de consentement
préalable en connaissance de cause applicable à certains produits chimiques et pesticides dangereux
qui font l’objet d’un commerce international et la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements
65
Charte des Nations Unies et aux principes du droit international, les États ont le
droit souverain d’exploiter leurs propres ressources selon leurs politiques en
matière d’environnement et de développement et le devoir de veiller à ce que les
activités menées dans les limites de leur juridiction ou sous leur contrôle ne
causent pas de dommages à l’environnement d’autres États ou de zones ne
relevant d’aucune juridiction nationale ».138

Cette Convention impose à chaque Etat qui a reçu, du secrétariat, des réponses
concernant l’importation future des produits chimiques, et de les diffuser auprès
de tous les intéressés, soient les entreprises ou soient les administrations
publiques, tels que les services de douanes.139

En Droit comparé, la France adopte, annuellement, un plan de contrôle des


produits chimiques qui vise la sécurité des consommateurs et assure le respect des
obligations communautaires relatives aux produits et aux substances chimiques
mises sur marché.140

Dans le même contexte, la Tunisie n’épargne aucun effort pour protéger la santé
publique et l’environnement contre les effets nocifs des produits chimiques et
des pesticides. Elle impose aux acteurs économiques : exportateurs ou
importateurs, distributeurs, fabricants et vendeurs de respecter l’ensemble des
procédures posées par les lois et par les textes réglementaires qui établissent
une mesure de contrôle ou de surveillance adéquate141.

transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination, y compris les accords régionaux conclus au
titre de son article 11 ».
138
Le préambule de la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants « POP ».
139
(S) Mezni, « Produits chimiques et protection de l’environnement » ; mémoire en vue de l’obtention
du mastère en droit de l’environnement et de l’aménagement des espaces, FSJPST2007-2008
140
https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/plan-controle-des-produits-chimiques
141
(K.)AYADI, « Le régime juridique des pesticides à usage agricole », mémoire en vue d’obtention du
mastère en droit de l’environnement et l’aménagement des espaces ; FSJPST 2011-2012.
66
Ces textes obligent les autorités publiques à effectuer un contrôle en amont et en
aval de l’exercice de l’activité liée à la commercialisation des produits chimiques
et des pesticides interdits ou strictement réglementés (chapitre II). Comme ils
obligent à renforcer le cadre institutionnel dans le but de respecter les obligations
internationales de la Tunisie (chapitre I).

Chapitre I : Les institutions chargées du contrôle

L’article 4 de la Convention de Rotterdam prévoit ce qui suit : « chaque partie


désigne une ou plusieurs autorité(s) nationale(s) désignée(s) habilitée(s) à agir
en son nom dans l’exercice des fonctions administratives fixées par la présente
Convention … ».142

Chaque partie est tenue de désigner une ou plusieurs autorités nationales,


présentant un point de contact principal pour les questions concernant le
fonctionnement de la Convention, autorisées à s’acquitter des fonctions
administratives nécessaires à l’application de la Convention de Rotterdam 143

Les autorités nationales désignées (AND) sont un lien de communication auprès


des administrations compétentes ainsi que des industries d’export et d’import, le
secrétariat et les autres parties participantes au traité. Elles diffusent les
renseignements nécessaires pour la mise en œuvre de la Convention.144

En outre, les institutions et structures sont chargées du contrôle des produits


chimiques et des pesticides afin de respecter les obligations de la Tunisie en

142
L’article 4 de la Convention de Rotterdam sur la procédure de consentement préalable en
connaissance de cause applicable à certains produits chimiques et pesticides dangereux qui font l’objet
de commerce internationale..
143
GUIDE à la l’intention des Autorités Nationales Désignées sur le fonctionnement de la Convention
de Rotterdam, Rome/ Genève2004
144
GUIDE à la l’intention des Autorités Nationales Désignées sur le fonctionnement de la Convention
de Rotterdam, Rome/ Genève2004.
67
vertu la Convention de Rotterdam et d’établir une sécurité chimique appropriée
face au développement de ces substances chimiques et pesticides extrêmement
dangereux.145 De ce fait, l’Etat Tunisien a renforcé le cadre institutionnel (section
I) comme il a renforcé les modalités de contrôle (section II)

Sections I : Le cadre institutionnel centralisé

L’Etat Tunisien accorde une place importante à la protection de l’environnement


contre toutes formes de pollution, particulièrement la pollution chimique.

L’article 45 de la Constitution Tunisienne dispose que : « l’Etat garantit le droit à


un environnement sain et équilibré et la participation à la sécurité de climat,
l’Etat doit fournir les moyens nécessaires à l’élimination de pollution. »146

En effet, la mise en application de la Convention de Rotterdam relève du


ministère des affaires locales et de l’environnement et de ministère de
l’agriculture constituant deux autorités nationales désignés

&1 : Les autorités nationales désignées

Deux autorités nationales représentent la Tunisie auprès du secrétariat de la


Convention de Rotterdam à savoir le ministère des affaires locales et de
l’environnement(a) et le ministère de l’agriculture (b)

A/ Le Ministère des affaires locales et de l’environnement

La mise en œuvre de la Convention de Rotterdam est attribuée au ministère des


affaires locales et de l’environnement. Le décret présidentiel n°2015-241 du 13

145
environnement.gov.tn
146
L’article 45 de la constitution Tunisienne adopté le 27 janvier 2014.
68
novembre 2015 a chargé le ministre de l’environnement et des affaires locales à
l’exécution de ce décret147.

En effet, le ministère des affaires locales et de l’environnement est le plus


important intervenant dans le domaine de produits chimiques. Il est considéré le
point focal pour le suivi de la mise en œuvre de la Convention de Rotterdam 148.

Ce ministère a été créé pour la première fois en Tunisie dans les années 1990. Il a
connu depuis sa création une évolution dans son appellation et dans ses
attributions.

Ce ministère est souvent rattaché au ministère de l’agriculture, mais il lui arrive


d'être rattaché au ministère de l’équipement, de l’habitat et de l’aménagement du
territoire149

Depuis sa création, ce ministère est chargé de proposer en collaboration avec les


ministères et organismes concernés, la politique de l’Etat dans le domaine de
l’environnement et de la nature, de l’amélioration du cadre de vie et de
l’aménagement du territoire.150

147
Le décret présidentiel n°2015-21 du 13 novembre 2015, portant ratification de la Convention de
Rotterdam sur la procédure de consentement préalable en connaissance de cause applicable à certains
produits chimiques et pesticides dangereux qui font l’objet d’un commerce international, JORT
n°93p.2769
148
(I) Diouani, « la mise en œuvre par la Tunisie de la Convention de Stockholm sur les Polluants
Organiques Persistant, mémoire en vue de l’obtention du mastère en droit de l’environnement, FSJPST,
Tunis 2016-2017 p. 44
149
Le décret n°2002-2126 du 23 septembre 2002, portant rattachement de structures relevant de l’ex-
ministère de l’environnement et de l’aménagement du territoire au ministre de l’équipement, de
l’habitait et de l’aménagement du territoire.
150
Décret n°93-303 du 1er février 1993 fixant les attributions du ministère de l’environnement et de
l’aménagement territoire, (JORTn°13 du 16 février 1993 p).
69
Le décret n°2005-2933 du 1er novembre 2005, fixant les attributions du ministère
de l’environnement et du développement durable a chargé ce ministère de
proposer, en collaboration avec les autres ministères et organismes concernés la
politique générale de l’Etat dans le domaine de la protection de l’environnement,
la conservation de la nature et la promotion de la qualité de vie.

Il est également chargé de prévenir, de réduire ou supprimer les risques


menaçant l’homme, l’environnement et les ressources naturelles 151.

le ministère est aussi chargé d’instituer des règles de gestion écologiquement


rationnelles dans tous les secteurs d’activité impliquant l’usage ressources
naturelles et de prendre les mesures nécessaires, en coordination avec toutes les
parties concernées, afin de prévenir et prendre les précautions contre les risques et
pour faire face aux problèmes environnementaux éventuels ou prévisible sans
attendre leur avènement.

Il a aussi pour mission d’animer et de coordonner les actions de l’Etat dans le


domaine de la protection de l’environnement et de la conservation de la nature, y
compris les actions de contrôle, de réduction ou de suppression des pollutions et
des nuisances et des risques qui touchent l’environnement, occasionnés soit par
les particuliers ou par les grands ensembles ou les équipements collectifs ou les
activités agricoles, commerciales ou industrielles ou autres.

Il doit également veiller à la mise en œuvre des engagements internationaux en


matière de lutte contre la pollution, de prévention, de réduction et de suppression
des risques et de protection de l’environnement et du développement durable. 152

Le ministère de l’environnement et des affaires locales a pour mission e


représenter le Gouvernement Tunisien auprès des instances internationales et aux
151
1 parag.de l’article 1er du décret n°2005-2933 du 1er novembre 2005, fixant les attributions du
ministère de l’environnement et du développement durable, JORTn°90 du 11 novembre2005, p.2983.
152
Le décret n°2005-2933 du 1er novembre 2005, précité.
70
réunions bilatérales et multilatérales ayant pour objet le développement durable,
la protection de l’environnement et la nature, la précaution et la prévention des
risques153.

Il en résulte que ce ministère est concentré sur la protection de l’environnement


et l’amélioration de la qualité de vie humaine contre les incidences néfastes des
produits en particulier.

Le contrôle ou la surveillance de l’importation et de l’exportation des produits


chimiques ne se limite pas au ministère des affaires locales et de l’environnement
mais nécessitent l’intervention d’une autre autorité nationale compétente

B/ Le ministère de l’agriculture :

Le ministre de l’agriculture est chargé de contrôler en particulier l’importation


des pesticides à usage agricole.154 Il constitue l’autorité nationale désignée (AND)
chargée de l’application des dispositions de la Convention de Rotterdam sur la
procédure de consentement préalable en connaissance de cause de certains
produits chimiques et pesticides faisant l’objet de commerce internationale.

La direction générale de la protection et du contrôle de la qualité des produits


agricoles est organisée par le décret n°2001-420 du 13 février 2001. Cette
direction est chargée de contrôler la commercialisation des semences, plants,
pesticides et intrants agricoles, d’homologuer les pesticides à usage agricole et
d’élaborer un guide spécifique, d’évaluer l'efficience biologique des pesticides à
usage agricole, de contrôler l'état phytosanitaire des produits végétaux destinés à
l'importation et à l'exportation, de contrôler etd’ analyser les résidus des produits
agricoles,

Le décret n°2005-2933 du 1er novembre 2005, précité.


153

La Tunisie n’exporte pas les produits chimiques et pesticides dangereux inscrits à l’annexe III de la
154

convention de Rotterdam, plutôt elle importe ses produis


71
Cette direction générale comprend deux directions, une sous-direction et un
service commun.

La direction de l’homologation et du contrôle de la qualité est chargée de


contrôler la commercialisation des semences et plants, des pesticides et des
intrants agricoles, de contrôler la qualité des semences et plants produits
localement, de les homologuer et d’en préparer un guide spécifique et
d’homologuer les pesticides à usage agricole et en préparer un guide spécifique,
d’assurer le contrôle technique à l'exportation des produits agricoles obtenus
selon le mode biologique, de contrôler les agents de lutte biologique,
d’homologuer ou autoriser l’importation des produits et intrants agricoles,
d’assurer la liaison et la coordination avec les établissements nationaux et
internationaux spécialisés dans le contrôle sanitaire, la qualité des intrants et des
produits végétaux

Cette direction comprend deux sous-directions : la sous-direction des semences et


plants avec deux services : le service de certification de la multiplication des
semences et plants et le service d'évaluation, d'homologation et de protection des
obtentions végétales et des relations extérieures.

La sous-direction des intrants et des produits disposé d’un service d'homologation


des pesticides, des fertilisants, des produits chimiques, des produits biologiques et
des origines contrôlées.

La direction de la protection des végétaux est chargée d’effectuer le contrôle


phytosanitaire des produits végétaux à l'intérieur du pays et aux frontières, de
suivre l'état du criquet pèlerin, les rongeurs et les oiseaux et d’organiser, le cas
échéant, les campagnes de lutte, d’effectuer les statistiques et la planification de
tout ce qui a trait à la protection et à la qualité des produits agricoles, d’assurer la
liaison et la coordination avec les établissements nationaux et internationaux

72
spécialisés dans le contrôle sanitaire, la qualité des intrants et des produits
agricoles,

La direction de la protection des végétaux comprend trois sous-directions, dont


une sous-direction chargée d’analyser les pesticides et les intrants agricoles, les
semences et plants, les résidus et la qualité du produit. Elle comprend deux
services : le service d'analyses des semences et plants, et le service d'analyses
chimique.

De même le ministère de l’agriculture ne se limite pas au contrôle de pesticides


à usage agricole. Il a pour mission aussi de contrôler le milieu hydraulique,
surtout que l’épandage de ces produits peut contaminer les milieux aquatiques. Ce
milieu est organisé par le code de l’eau qui s’intéresse aux produits contaminés.

Ce milieu a fait l’objet de programmes de surveillance de la qualité de l’eau


notamment pour les sites contaminés par les produits chimiques 155

§ 2 : Les partenaires des opérations de contrôle

D’autres institutions et structures sont chargées des contrôles des produits


chimiques et des pesticides afin de respecter les obligations de la Tunisie en vertu
la convention de Rotterdam

On trouve on premier lieu le ministère de la santé publique qui joue un rôle


fondamental dans le contrôle préventif, à travers sa Direction de l’hygiène et de la
protection de l’environnement (DHMPE).

155
484 sites contaminés par les produits chimiques ont été inventoriés et diagnostiqués et ils ont placées
dans une base des données et une carte numérique, on trouve 303 sites pollués par les activités
industrielles, 35 sites contaminés par les activités de services, 19 sites contaminés par les activités
agricoles
73
Cette direction contrôle l’importation des insecticides, des désinfectants… ainsi
que la santé environnementale provenant de différentes formes de pollution à
savoir la pollution atmosphérique, la pollution chimique etc… .

Cette direction possède des services régionaux de l’hygiène du milieu


environnemental. Elle contribue à la détermination des objectifs et des priorités
de la politique de la prévention et de l'hygiène, de l'organisation, à l'échelle
régionale, des activités de contrôle visant à assurer l'hygiène de l'environnement
et la sécurité sanitaire des aliments, en collaboration, avec les collectivités
locales. Elle s’occupe aussi de l'inspection et du contrôle des conditions
d’hygiène en milieu de soins dans les deux secteurs public et privé et contribue à
assurer un environnement sain en milieu rural et urbain156.

Une autre entité publique exerçant un contrôle sur les produits chimiques à usage
industriel est le ministère chargé de l’industrie petite et des moyennes entreprises
(PME).

Ce ministère s’intéresse au secteur de l’industrie de la chimie organique, le


pétrochimique et les synthèses organiques157. Il assure aussi le contrôle des
équipements pouvant contenir des « Biphényles polychlorés (PCB)158, un produit
inscrit à l’annexe III de la Convention de Rotterdam.

Aussi, Le ministère chargé de transport joue un rôle primordial dans le


domaine de transport des produits chimiques et des pesticides dangereux.

156
Décret n° 2010-1668 du 5 juillet 2010, fixant les attributions et l'organisation des directions
régionales de la santé publique, JORT n°55du 9 juillet 2010 p.1896.
157
Tunisie industrie.gov.tn
158
(I) Diouani , « la mise en œuvre de la Convention de Stockholm sur les polluants organiques
persistants », mémoire en vue de l’obtention du mastère en droit de l’environnement, FSJPST Tunis
2016-2017p.42
74
Le transport des produits chimiques et des pesticides dangereux était l’objet de
première partie de cette étude.

d'éviter les risques et les dommages susceptibles d'atteindre les personnes, les
biens et l'environnement159.

De Même, Le ministère chargé du commerce intervient dans du domaine de


contrôle de l’exportation et de l’importation des produits chimiques. Sachant que
les produits chimiques et les pesticides dangereux visés par la Convention de
Rotterdam n’ont jamais été fabriqués ni formulés en Tunisie. Ces produits
existent sur le marché Tunisien par le biais de l’importation.

En outre, la loi n°94-41 du7 mars 1994, relative au commerce extérieur a exclu
dans son article 3 tous produits pouvant toucher la sécurité, l’hygiène, la santé
publique et la protection de la faune et de la flore 160. Elle impose une autorisation
accordée par le ministère chargé du commerce.

De même, les produits importés peuvent être soumis à un contrôle technique


définie à l’article 2 de décret n°94-1744 du 29 août relatif aux modalités de
contrôle technique à l’importation et à l’exportation et aux organismes habilités à
l’exercice du commerce qui proclame : « le contrôle technique à l’importation et
à l’exportation vise à vérifier la conformité des produits à la réglementation
technique en vigueur et notamment celle relative à la sécurité et à la santé ainsi
qu’à la loyauté des transactions. »161

159
L’article 1 de loi n° 97-37 du 2 juin 1997, relative au transport par route des matières dangereuses,
(JORT n°45 du 6 juin 1997 p.1020).
160
L’article 3 de la loi n°94-41 du 7 mars 1994, relative au commerce extérieur dispose que : « Sont
exclus du régime de la liberté de commerce extérieur tous les produits touchant à la sécurité, à l'ordre
public, à l'hygiène, à la santé, à la morale, à la protection de la faune et de la flore et au patrimoine
culturel ».
161
Le décret n°94-1744 du 29 août relatif aux modalités de contrôle technique à l’importation et à
l’exportation et aux organismes habilités à l’exercice,( JORT, n°69 du 2 septembre 1994).

75
Le ministère des affaires sociales intervient aussi dans le contrôle de produits
chimiques puisqu’ils sont omniprésents dans les lieux de travail notamment dans
les usines industrielles ou dans les activités agricoles.

De ce fait, les employés doivent les utiliser avec précaution car ils peuvent causer
des accidents de travail ou des maladies professionnelles.

La prévention des risques professionnels est attribuée au Conseil national de


prévention des risques professionnels, regroupant les représentants des structures
gouvernementales, des organisations professionnelles et les différentes
institutions.

Ce Conseil a pour objet de coordonner les actions des différentes parties, de


proposer des mesures de nature à appuyer la politique nationale en matière de
prévention des risques professionnels et de formuler des avis concertés sur les
projets de textes règlementaires.

L’Institut de santé et de sécurité du travail est chargé de la prévention des risques


professionnels et contribue au développement de la législation et de la
réglementation dans le domaine de la santé et de la sécurité Il a aussi pour
mission d’inspecter les conditions d’hygiène et de sécurité du travail et
d’effectuer le contrôle médical d’aptitude au travail concernant les victimes
d’accidents et de maladies professionnels.

Cet institut a été créé par la loi n°90-77 du 7 août1990 et chargé d’assurer une
assistance technique aux entreprises dans le domaine de la prévention des risques
professionnels et de l'amélioration des conditions de travail, de procéder aux
études et de recherches ayant pour objectif la santé et la sécurité au milieu

76
professionnel et la sensibilisation et la formation des intervenants dans la
prévention des risques professionnels162.

1) Une protection particulière pour les travailleurs

Le législateur tunisien s’est intéressé aux risques et aux dangers résultant du


travail dans le domaine chimique. En effet le Code de travail prévoit dans son
article 152 derniers alinéas qu’il convient : « … informer et sensibiliser les
travailleurs aux risques de la profession qu’ils exercent ». Il s’agit de l’obligation
de prendre toutes les mesures préventives pour garantir la protection de la santé
des travailleurs et de garantir la sécurité dans le milieu du travail.

En droit comparé, le législateur français protège les travailleurs contre les effets
néfastes des produits chimiques depuis la loi n°76 -1106 du 6 décembre 1976 qui
peut limiter ou interdire ou réglementer la fabrication ou l’importation ou même
l’emploi des substances ou préparation par les travailleurs.

En effet, ce texte insiste pour que les travailleurs dans le secteur chimique
disposer des informations nécessaires à l’appréciation des risques afin de prendre
les mesures nécessaires le cas échéant163.

Au niveau international, une Convention relative à la sécurité dans l’utilisation


des produits chimiques au travail, considérée comme une Convention importante,
s’intéresse particulièrement aux travailleurs pour les protéger contre les effets
néfastes des produits chimiques sur le lieu de travail. Elle s’applique à tous les
secteurs de l’économie dans lesquels sont utilisés les produits chimiques et
couvre tous les produits chimiques. Cette Convention exige l’établissement de

162
La loi n° 90-77 du 7 août 1990, portant création de l’institut de la santé et de la sécurité de travail,
(JORT n° 52 du 10 août 1990 p.1033)
163
Art.5, L76-1106 du 6 décembre 1976 relative au développement de la prévention des accidents de
travail. (Legifrance.gouv.fr.)

77
systèmes de classification soient établie soient indiqué sur tous les produits
chimiques pour leur indication. L’étiquetage des produits chimiques dangereux
doit mentionner toutes les informations, les risques qu’ils présentent et les
précautions à prendre lors de leur emploi.

Les pesticides peuvent contribuer à des intoxications, parfois grave lors de la


consommation, par le biais des résidus présents dans l’alimentation ou lors de
l’exposition soient pour les agriculteurs ou soient pour les travailleurs.

2) Une protection du consommateur

Le contrôle effectué par les autorités administratives compétentes intervient pour


apprécier le sérieux du bénéficiaire de l’autorisation octroyée. La Tunisie
bénéfice d’un cadre juridique organisant la protection du consommateur.

En effet la loi n° 92-117 du 7 décembre 1992, relative à la protection du


consommateur qui a pour objet de fixer les règles générale afférentes, à la
sécurité des produits, a la loyauté des transactions économiques et à la protection
de consommateur164.

De même cette loi prévoit la sécurité de produit en indiquant dans son article 3
comme suit : « les produits doivent, dans les conditions normale de leur
utilisation, présenter la sécurité à laquelle on peut légitimement s’attendre et ne
pas porter atteinte aux intérêts matériels des personnes ou à leur santé ».

D’autres acteurs publiques peuvent intervenir d’une manière directe ou indirecte


dans le contrôle des produits chimiques et des pesticides , à savoir le ministère de
l’intérieur et le ministère de la défense nationale ainsi que des acteurs publiques
décentralisés

164
L’article 1 et 3 de la loi n°92-117 du 7 décembre 1992, relative à la protection du consommateur,
(JORT n°83 du 15 décembre 1992 p1571).
78
Section II : le cadre institutionnel décentralisé

Pour répondre aux obligations découlant de l’adhésion à la Convention de


Rotterdam, la Tunisie a créé différentes institutions placés sous la tutelle des
départements ministériels. Ces institutions sont considérées comme des
institutions spécialisées, il s’agit d’une décentralisation technique 165.

§ 1 : Les administrations techniques

Plusieurs administrations techniques interviennent pour la mise en œuvre de la

Convention de Rotterdam par la Tunisie.

D’abord, le service de douane, sous la tutelle de ministère des finances, joue un


rôle fondamental dans le contrôle de l’exportation et de l’importation des
produits chimiques dangereux.

En effet, le service de douane exerce un contrôle technique à l’importation au


point d’entrée terrestres, maritimes et aériens

Les opérations de contrôle sont entreprises au lieu de dédouanement et avant que


la douane n’autorise l’enlèvement. Si, pour des raisons techniques, l’enlèvement
ne peut être effectué au lieu de dédouanement, il peut être opéré dans les dépôts et
lieux de stockage de l’importateur, dans ces conditions, une autorisation
provisoire d’enlèvement doit être délivrée par le service technique concerné.

Dans le même ordre d’idée, l’agence nationale de protection de l’environnement


(ANPE) créée par la loi n°88-91 du 2 août 1988. Elle participe à l’élaboration de

165
(I) Diouani, « la mise en œuvre par la Tunisie de la Convention de Stockholm sur les Polluants
Organique Persistant », mémoire en vue de l’obtention du mastère en droit de l’environnement, FSJPST
2016-2017 p.49.

79
la politique de gouvernement pour se lutter contre toutes les sources de
pollutions et de nuisance et contre toutes formes de dégradation de
l’environnement.

Aussi, elle consulte les dossiers d’agrément des investissements dans tous les
projets visant à concourir à la lutte contre la pollution et promeut les actions de
formation, d’éducation et de recherche concernant ce domaine166.

Aussi, l’agence nationale de contrôle sanitaire et environnemental des produits


(ANCESP) participe au contrôle des produits chimiques et pesticides dangereux.
Elle a été créée par le décret n°99-769 du 5 avril 1999 167 et placée sous la tutelle
du ministère de la santé publique.

Cette agence couvre tous les produits qui ont un impact sur la santé et sur
l’environnement.

L’arrêté du ministre de la santé publique du 15 janvier 2002 fixe une liste des
produits soumis à l’activité de l’agence, parmi lequel les produits chimiques
dangereux.

Le centre technique de la chimie (CTC), placé sous la tutelle du ministère de


l’industrie et a été créé par la loi n°94-123 du 28 novembre 1994. Il est chargé de
la collecte et de la diffusion de l’information technique, industriel et commerciale
et de l’élaboration des études techniques et économiques inhérentes aux activités
industriels.

166
La loi n°88-91 du 3 aout 1988, portant création d’une agence nationale de la protection de
l’environnement et modifiée pat la loi n°92-115 du 30 novembre 1992.
167
L’arrête du ministre de la santé publique du 15 janvier 2002, fixant la liste des produits soumis à
l’activité de l’agence nationale de contrôle sanitaire et environnemental de produit, (JORT n° du 22
janvier 2002 p 136)

80
Il fournit une assistance aux industries pour la modernisation des méthodes de
production, l’amélioration technologique et la maîtrise de la qualité et contribue à
l’élaboration des normes et à l’assistance aux industriels pour leur mise en
application.

Une autre institution chargée des recherches et des analyses sur les dangers ou
les risques des produits chimiques est l’Institut national des recherches et analyse
physico-chimique créée par la loi n°94-4 du 2 janvier 1994, le décret n°98-2413.

§ 2 : Le rôle de la société civile

Les acteurs privés jouent un rôle primordial dans la protection de


l’environnement cela conduit à étudier en premier lieu le rôle important des
associations défendant le droit à un environnement sain et équilibré (1). Ces
associations participent aussi à la formation et à la sensibilisation de la gravité de
certaines substances chimiques et pesticides dangereux.

1) Le rôle important des associations:

Les associations chargées de la défense des droits de consommateurs et les


associations chargées de la protection de l’environnement contribuent à un
contrôle des produits chimiques et pesticides dangereux et à la politique
environnementale par des propositions législatives rigoureuses sur le contrôle des
produits nocifs

En effet, le rôle des associations en général et des associations


environnementales en particulier est très important en Tunisie, notamment après
la révolution du 14 janvier 2011. Cela est apparait, bien évidemment, par la
rapidité de l’annulation de la loi organique du 7 novembre 1959 relative aux

81
associations168 et son remplacement par le décret-loi n°2011-88 du 24 septembre
2011, portant organisation des associations.

Ce décret-loi donne le droit aux associations de déclencher une action devant les
tribunaux, il dispose dans son article 14: « Toute association a le droit de se
constituer partie civile ou d'intenter une action se rapportant à des actes relevant
de son objet et ses objectifs prévus par ses statuts. »

Ce décret- loi est renforcé par l’adoption de l’article 35 de la Constitution


Tunisienne du 27 janvier 2014 disposant que : « La liberté de constituer des
partis politiques, des syndicats et des associations est garantie. ».

D’où l’importance accordée à la société civile et des organisations non


gouvernementales (ONG).

Les groupements interprofessionnels, les organisations non gouvernementales


(ONG), les associations, les composantes de la société civile et le secteur privé
constituent les principaux acteurs qui interviennent potentiellement dans la
gestion, la recherche et la promotion des méthodes alternatives.

2) L’obligation sensibilisation

La Convention de Stockholm169 sur les polluants organiques persistants, 170 oblige


la sensibilisation et la formation des travailleurs, des décideurs sur les dangers des
substances interdits ou strictement réglementés et l’obligation de l’application de
programme d’éducation et de sensibilisation en toute la population et en

168
La loi organique °59-154 du 7 novembre 1959 relatives aux associations, modifié et complété par la
loi n°88-90 du 2 août 1990 et la loi n°92-25 du 2 avril1992.
169
L’article 10 de la convention de Stockholm intitulé : « information, sensibilisation et éducation du
public ».
170
La Convention de Stockholm s’intéresse à certains produits visé par la convention de Rotterdam à
savoir le DDT, PCB, dieldrine ….
82
particulier à l’intention des femmes, les plus utilisateurs de ces produits dans
l’hygiène domestique.

Chapitre II : Les différentes modalités de contrôle

Le contrôle effectué par les autorités publiques doit réaliser avant l’exercice de
l’activité liée à l’exportation et à l’importation des produits chimiques et des
pesticides dangereux (section I) et se poursuivre par un contrôle a posteriori
(section II).

Section I : Le contrôle a priori : un contrôle préventif

Dans le cadre de la prévention des effets nocifs des produits chimiques et des
pesticides dangereux sur la santé de l’homme et sur l’environnement, la Tunisie

a organisé depuis les années 1960 le contrôle du commerce par l’adoption de la


loi n°61-39 du 7 juillet 1961, instituant un contrôle du commerce et de
l’utilisation des pesticides à usage agricole171.

De ce fait, différentes mécanismes préalables a été effectués par la Tunisie (&1)


comme elle a prévue aussi des conditions de commercialisation des produits
chimiques (&2)

&1 Les mécanismes préalables aux échanges des produits chimiques

La réglementation prévoit des mécanismes, obligeant les importateurs, vendeurs


et utilisateurs de pesticides à usage agricole en particulier à se conformer au
préalable à un régime d’agrément, d’homologation ou autorisation provisoire, de
l’autorisation ou au cahier des charges. Elle permet de fixer les règles relatives à
la fabrication, l’importation, l’entreposage, la distribution, la vente et l’utilisation
de ces produits.
171
La loi n°61-39 du 7 juillet 1961 a été abrogée par la loi n°92-72 du 3 aout 1992, portant refonte de la
législation relative à la protection des végétaux n°51 p. 974.
83
1. L’autorisation provisoire ou l’homologation

Plusieurs pays interdisent l’importation ou l’emploi de pesticides non


homologués en vertu de leur législation nationale 172. Parmi ces pays, la Tunisie
interdit la fabrication, l’importation, la formulation de tous produits pesticides à
usage agricole et qui n’ont pas fait l’objet d’une autorisation provisoire ou d’une
homologation selon la loi n°92-72 du 3 août 1992, portant refonte de la
législation relative à la protection des végétaux.

Ces instruments permettent aux autorités compétentes de fixer la liste des


produits enregistrés et leurs usages autorisés et d'exercer un contrôle sur la
qualité, les niveaux d'utilisation, l'étiquetage, l'emballage,...des pesticides pour
garantir ainsi les intérêts des utilisateurs finaux ainsi que la protection de
l'environnement.

En effet, l’article 16 de la loin°92-72 dispose ce qui suit:« sous réserve des


dispositions de la législation en vigueur, il est interdit de fabriquer, d’importer,
de formuler, de conditionner, de tenir, de transporter, de vendre, de distribuer
tout produit pesticide utilisé pour combattre les organismes nuisibles n’ayant pas
fait l’objet d’une homologation ou une autorisation provisoire de vente délivrée
par le ministre de l’agriculture, après avis d’une commission technique dont la
composition est fixée par décision de ministre de l’agriculture. Les modalités et
les conditions d’obtention de l’homologation ou de l’autorisation provisoires
sont fixées par décret. »

Dans le même ordre d’idée, l’homologation ou l’autorisation provisoire constitue


une étape fondamentale pour l’importation, la commercialisation et l’utilisation
des produits chimiques et pesticides dangereux. Elle vise la sécurité du
consommateur et la protection du milieu environnemental.

Guide à l’intention des Autorités Nationales Désignés sur le fonctionnement de la Convention de


172

Rotterdam p.15
84
De même, l’exigence de l’homologation est en harmonie avec les dispositions du
code international de conduite pour la distribution et l’utilisation des pesticides
de la FAO prévoit dans son article 6 que les Etats: « s’efforcer de mettre en place
des systèmes et de structures d’homologation des pesticides permettant
d’homologuer les produits avant qu’ils ne soient utilisés dans les pays et, en
conséquence, s’assurer que chaque pesticide est homologué conformément aux
lois et règlements du pays, avant d’être mis sur le marché ».

Ce document est délivré par le ministre de l’agriculture après avis d’une


commission technique, sur la base d’un dossier présenté par le demandeur
souhaitant exercer une activité dans ce domaine173.

L’autorité compétente donne son accord pour dix ans renouvelable si les produits
dont l’efficacité et l’innocuité sont reconnues, mais peut refuser si le produit
présente un danger pour la santé humaine et pour l’environnement.

De même, l’administration peut accorder une autorisation provisoire d’une année


renouvelable pour un produit dont l’efficacité et l’innocuité n’est pas conforme
aux règles.

173
L’article 5 de décret n° 92-2246 du 28 décembre 1992 fixant les modalités et les conditions de
l’obtention de l’homologation au de l’autorisation provisoire de vente des pesticides à usage agricole
ainsi que autorisations de leur fabrication, importation, formulation, conditionnement vente et
distributions dispose que tout demandeur doit destiner un dossier comprenant les éléments suivants : un
formulaire délivré par l’administration et dûment rempli par le demandeur, les copies des autorisations
de vente ou des homologations du pays d’origine (en cas d’importation), la désignation des usages objet
de la demande d’homologation, le modèle définitif de la notice d’emploi du produit avec indication des
doses des périodes d’application préconisées, et est des précautions par son emploi, un échantillon
d’emballage proposé, un dossier relatif à l’efficacité un dossier relatif à l’efficacité du produit et son
innocuité pour les cultures et les produits récoltés, un dossier relatif au degré de toxicité de produit à
l’égard de l’homme et des animaux, un dossier relatif aux modes d’analyses de matière active et des
résidus, un échantillon des matières actives pures, un échantillon du produits à commercialiser, un
récépissé du payement de la redevance relative à la demande d'homologation.

85
Aussi, toute modification dans le produit ou dans les compositions chimiques,
physiques ou biologique d’un produit déjà homologué, doit faire l’objet d’une
nouvelle demande.

2. L’autorisation

L’article 17 de la loi n°92 -72 du 3 août 1992 dispose que toute personne
physique ou morale désirant fabriquer, importer, formuler, conditionner, vendre
ou distribuer des pesticides à usage agricole doit obtenir préalablement une
autorisation de ministre de l’agriculture174.

Cette autorisation est obligatoire. Elle est délivrée après une étude d’impact sur
l’environnement (EIE) qui vise à évaluer préalablement le degré de l’incidence
du projet sur l’environnement afin de pouvoir prendre les mesures nécessaires en
vue de minimiser les impacts négatifs175.

L’EIE est consacrée dans le principe 17 de la déclaration de Rio sur


l’environnement 1992 et elle est introduite en droit tunisien en 1988avec la
création de l’Agence Nationale de la Protection de l’Environnement (ANPE) mais
au paravent au code forestier.176

L’article 5 (nouveau) loi n°88-91 dispose comme suit : « la réalisation des unités
industrielles, agricoles, et commerciales est soumise, soit à l’approbation
préalable par l’agence de l’étude d’impact négatif éventuel sur l’environnement,

174
La loi n°92-72 du 3 aout 1992, portant refonte de la législation relative à la protection des végétaux
n’a pas définit le terme autorisation.
175
Sifaoui « Wiem, l’évaluation du cadre légal de l’étude d’impact en Tunisie », R.T.D, 2007 p. 529
176
La loi n°88-91 du 2 aout 1988 portant création d’une agence nationale de protection de
l’environnement, J.O.R.T n°52 du 2 aout 1988,p.1102
-L’article 1 parag. 2 du décret n°2005-1991 du 11 juillet 2005, relatif à l’étude d’impact sur
l’environnement et fixant les catégories d’unités soumises à l’étude d’impact sur l’environnement et les
catégories d’unités soumises aux cahiers des charges définit l’EIE comme étant : « L'étude qui permet
d’apprécier, d’évaluer et de mesurer les effets directs et indirects, à court, moyen et long terme de la
réalisation de l’unité sur l’environnement et qui doit être présentée à l’Agence nationale de protection de
l’environnement pour avis avant l’obtention de toutes autorisations administratives relatives à la
réalisation de l’unité ».
86
soit à l’engagement du promoteur de l’unité d’appliquer les prescriptions d’un
cahier des charges qui sera approuvé par un arrêté du ministre chargé de
l’environnement, selon le type de l’unité, la nature de son activité et des risques
qu’elle présente pour l’environnement ».

Cette étude doit envisager l’état initial du site et de son environnement et les
conséquences prévisibles directes ou indirectes sur l’environnement. Elle doit
indiquer, aussi, les mesures prises par le pétitionnaire ou le maître de l’unité afin
d’éliminer ou de réduire si possible les dégradations pouvant provenir des
substances dangereuses, compenser les conséquences dommageables de l’unité
sur l’environnement et établir un plan détaillé de gestion environnementale de
l’unité.177

L’autorisation pour la fabrication, l’importation, la vente et la distribution des


pesticides à usage agricole doit subir un certain conditionnement.

En effet, tout demandeur sollicitant l’obtention de l’autorisation doit être titulaire


d’un diplôme d’ingénieur agronome ou d’ingénieur chimiste ou d’une licence en
chimie ou diplôme équivalent et disposer de locaux, de matériaux et
d’équipements adéquats178

L’article 3 du dédit décret prévoit que tout demandeur doit adresser au ministère
de l’agriculture une autorisation de fabrication, d’importation, de
conditionnement, de formulation, de vente ou de distribution un dossier
comprenant une demande, une copie des statuts pour les personnes morales, un
extrait d’inscription au registre du commerce, un plan détaillé des lieux avec une
description détaillée des locaux, une autorisation sanitaire des locaux délivrée par
177
Le décret n°2005 - 1991 du 11 juillet 2005, relatif à l’étude d’impact sur l’environnement et fixant les
catégories d’unités soumises à l’étude d’impact sur l’environnement et les catégories d’unités soumises
aux cahiers des charges, J.O.R.T n°57 du 19 juillet 2005, 91834-1836.
178
L’article 3 du décret n° 92-2246 du 28 décembre 1992 fixant les modalités et les conditions de
l’obtention de l’homologation au de l’autorisation provisoire de vente des pesticides à usage agricole
ainsi que autorisations de leur fabrication, importation, formulation, conditionnement vente et
distributions
87
les services compétents de ministère de la santé publique, une description du
matériel de manipulation et des dispositifs de sécurité dans les usines et les
entrepôts, le nombre d’emplois et la qualification du personnel ainsi que les
moyens de sécurité et le numéro de code en douane en cas d’importation 179.

Il en résulte que le décret de 2005 exige pour toutes les unités de fabrication des
produits chimiques et des pesticides figurant dans l’annexe1 sont soumises
obligatoirement à l’étude d’impact sur l’environnement et font partie de la
catégorie B « faisant l’objet d’un avis ne dépassant pas le délai de trois mois
(3mois) ouvrable ».180

En ce qui concerne les pesticides agricoles extrêmement dangereux ils ne


peuvent être utilisés que par des utilisateurs spécialement autorisés et doivent
subir un certains conditionnements : la personne physique doit justifier des
connaissances requises et doit disposer de locaux destinés à cet effet et possèder
des matériels et des équipements adéquats et le gérant des personnes morales,
doit remplir les conditions susvisées. 181

Par ailleurs, une liste de pesticides extrêmement dangereux est fixée par un arrêté
de ministre de l’agriculture après avis de la commission technique.

A cet égard, un arrêté du ministre de l’agriculture et des ressources hydrauliques


du 4 juillet 2008 relatif à la classification des pesticides à usage agricole et fixant
la liste des pesticides extrêmement dangereux prévoit les produits soumis à une
utilisation spéciale parmi lesquelles on trouve l’Aldicrabe, un produit inscrit à
l’annexe III de la Convention de Rotterdam182.

179
L’article 5 de décret n°92-2246 du 28 décembre 1992, susvisé
180
Annexe 1 du décret n°2005-1991 du 11 juillet 2005 relatif à l’étude d’impact sur l’environnement et
fixant les catégories d’unités soumises à l’étude d’impact sur l’environnement et les catégories d’unités
soumises aux cahiers des charges, J.O.R.T n°57 du 19 juillet 2005 p.1838.
181
L’article 4 du décret n°92-2249 du 28 décembre 1992, susvisé
182
La Tunisie n’a pas envoyé son consentement relatif à l’importation concernant l’aldicrabe.
88
3. Le cahier des charges

Dans le cadre d’une prise d’une conscience nationale des incidences néfastes des
produits chimiques et des pesticides sur la santé de l’homme et sur
l’environnement, la Tunisie exige une autre procédure fondamentale que l’étude
d’impact sur l’environnement (EIE) pour toute unité industrielle, agricole et
commerciale.

En effet, l’arrêté d ministre de l’agriculture, de l’environnement et des ressources


hydrauliques du 5 mai 2003 portant approbation du cahier des charges relatif à la
fabrication des pesticides à usage agricole, leur importation, formulation,
conditionnement, stockage, vente et distribution prévoit les conditions et les
obligations générales concernant les pesticides à usage agricole 183.

De même, le stockage des produits chimiques doit être soumis au cahier des
charges fixant les mesures environnementales qui doit être signé et légalisé par le
maître de l’unité ou le pétitionnaire.

Un autre arrêté du ministre de l’environnement et du développement durable du 8


mars 2006 a approuvé le cahier des charges relatifs aux procédures
environnementales que le maître de l’ouvrage ou le pétitionnaire doit respecter
pour les catégories d’unités soumises aux cahiers des charges.184
183
L’annexe du l’arrêté susvisé n’existe qu’à la langue arabe dont l’article 5 dispose que :
‫تخضع المبيدات ذات االستعمال الفالحي و توريدها و تحضيرها و تكييفها و خزنها و بيعها و توزيعها الى احكام و شروط هذا الكراس‬
‫ المتعل˜˜ق بتح˜˜وبر التش˜˜ريع‬1992 ‫ أوت‬3 ‫ الم˜˜ؤرخ في‬1992 ‫ لس˜˜نة‬72 ‫و الى جميع النصوص القانونية المنظمة له و خاصة القانون عدد‬
‫و‬2001 ‫ م˜˜ارس‬19 ‫ الم˜˜ؤرخ في‬2001 ‫ لس˜˜نة‬28 ‫الخاص بحماية النباتات و جميع النصوص التي نقحته أو تممت˜˜ه و خاص˜˜ة ق˜˜انون ع˜˜دد‬
‫ المتعلق بضبط ة شروط الحصول على المصادقة االداري˜˜ة و ال˜˜تراخيص‬1992 ‫ ديسمبر‬28 ‫ المؤرخ في‬2246 ‫كذلك إلى أحكام أمر عدد‬
‫الوقتية في بيه المبيدات ذات االستعمال الفالحي و كذلك تراخيص صنعها و توريدها و تحضيرها و تكييفه˜˜ا و بيعه˜˜ا و توزعه˜˜ا و المنقح‬
.2002 ‫ ديسمبر‬30 ‫ المؤرخ في‬2002 ‫ لسنة‬3469 ‫باالمر عدد‬
184
Arrêté de ministre de l’environnement et du développement durable, du 8 mars 2006, portant
approbation des cahiers des charges relatifs aux procédures environnementales que le maître de
l’ouvrage ou le pétitionnaire doit respecter pour les catégories d’unités soumises aux cahiers des charges
JORT p.588
89
Le cahier des charges doit être retiré des services du ministère de
l’environnement. Les produits doivent être stocké, conformément aux mesures de
sécurités et à l’exigence de la protection de l’environnement. Le pétitionnaire ou
le maître de l’unité doit choisir les techniques appropriées pour garantir la
préservation de l’environnement.

Le pétitionnaire doit respecter la vocation de la zone d’implantation, les plans


d’aménagement, les eaux pluviales doivent être gérées d’une manière à préserver
l’environnement.

&2 : Les conditions de commercialisation des produits chimiques

Généralement, les produits chimiques interdits ou strictement réglementés sont


soumis à des conditions assez rigoureuses, notamment dans les pays développés.

Mais, ces produits peuvent être exportés vers des pays tiers, notamment les pays
en développement, ne disposant pas de législations spéciales et deinfrastructures
nécessaires185.

La Tunisie, en tant que pays importateur des substances chimiques dangereux 186,
exige un certain nombre des conditions afin d’octroyer les homologations aux
intéressés.

De ce fait, la Tunisie impose des conditions prévues par le décret n°2010-2973


du 15 novembre 2010 modifiant et complétant le décret n° 92-2246 du 28
décembre 1992, fixant les modalités et les conditions d'obtention de
l'homologation, des autorisations provisoires de vente des pesticides à usage
agricole, ainsi que les conditions de leur fabrication, importation, formulation,

185
Prieur (M), droit de l’environnement, 7ème édition 2016, p .821
186
En Tunisie 36 unités totalement exportatrices et 72 en partenariat. En effet, La Tunisie exporte « la
chimie de base » et 5% de parachimie et elle importe des produits pharmaceutiques et parachimie
90
conditionnement, stockage, vente, distribution et les conditions d'utilisation des
pesticides à usage agricole extrêmement dangereux.

En ce qui concerne l’importation des pesticides, le décret précité oblige que la


Tunisie doit avoir l’original de l’homologation de pesticides délivrée par les
autorités officielles du pays d’origine ou une copiée certifiée conforme à
l’original par l’ambassade de Tunisie au pays d’origine, valide et mentionnant
que le produit importé est utilisé et en cours d’utilisation dans le pays d’origine à
la date de dépôt de la demande.187

De même, il oblige d’indiquer la désignation des usages du pesticide, un modèle


définitif de la notice d’emploi avec indication des doses, des périodes
d’application préconisées et des précautions exigés pour son emploi, un
échantillon d’emballage, un dossier relatif à l’efficacité du produit et son
innocuité pour les cultures et les produits récoltés.

Concernant les pesticides d’origine, le dédit décret impose une référence relative
à la toxicité des pesticides vis-à-vis de l’homme et de l’environnement et émanant
de fabricant d’origine188 .

Pour les pesticides génériques, un dossier , original est exigé concernant l'étude
des différents types de toxicité de la substance active et du produit formulé vis-à-
vis de 1'homme et de l'environnement, des résidus de ces substances, de leur
devenir dans les produits agricoles, le sol et l'eau et de leurs effets sur les
systèmes environnementaux.

1) Les analyses
187
L’article 2 de décret n°2010-2973 du 15 novembre 2010 n°2010-2973 du 15 novembre 2010
modifiant et complétant le décret n° 92-2246 du 28 décembre 1992, fixant les modalités et les
conditions d'obtention de l'homologation, des autorisations provisoires de vente des pesticides à usage
agricole, ainsi que les conditions de leur fabrication, importation, formulation, conditionnement,
stockage, vente, distribution et les conditions d'utilisation des pesticides à usage agricole extrêmement
dangereux.
188
L’article 7 de décret susvisé

91
Avant tout la mise sur le marché, la Tunisie procède à des analyses aux produits
chimiques ou pesticides importés.

2) Les échantillons

Le décret n°2010-293 du 15 novembre 2010 prévoit que les fabricants ou les


importateurs doivent fournissent un échantillon des substances actives pures,
accompagnés de l'original du bulletin des analyses, délivré par des laboratoires
spécialisés.

Pour les pesticides importés, un échantillon du pesticide à commercialiser préparé


dans des emballages d'origine utilisés dans le pays d'origine qui soit sellé, de lots
différents et disponibles en quantité suffisante pour effectuer les analyses de
laboratoire et les expériences de terrain.

Un bulletin d'analyse détaillé doit également fournie mentionnant la composition


du pesticide, y compris la substance active, des adjuvants, des solvants, des
impuretés et autres, délivré par des laboratoires spécialisés internationalement
accrédités en la matière et accompagné d'une fiche de sécurité pour tous les
composants cités. L'administration peut, le cas échéant, effectuer tous les types
d'analyses chimiques et toutes les mesures nécessaires pour vérifier l'exactitude
des informations fournies189.

3) Les frais

Les analyses, l homologations et autorisations provisoires de vente de pesticides


sont soumises au paiement d’une contribution aux dépenses dont les montants et
les modalités sont fixés par un arrêté conjoint des ministres des finances et de
l’agriculture

189
L’article 9, 10,et 10 de décret susvisé

92
En effet, les pays en développement souffrent d’un manque des moyens
financiers pour la gestion appropriée des produits chimiques et pesticides
dangereux et ont besoin d’une aide financière, notamment de la part les pays
développés, considérés comme étant les 1 ers responsables de la pollution
chimique dans le monde. Pour cela, le pollueur doit supporter le coût de sa
pollution.

De ce fait, la déclaration de RIO de 1992 sur l’environnement et le


développement impose ce qui en vertu du principe 16 : « … c’est le pollueur,
qui doit, en principe, assumer le coût de la pollution, dans le souci de l’intérêt
public et sans fausser le jeu du commerce international et de l’investissement ».

Dans le même ordre d’idée, la Tunisie conformément à ses engagements, a


introduit depuis les années 1990 de nouvelles mesures d’incitation et
d’encouragement à la dépollution industrielle et à la protection de
l’environnement.

Parmi ces mesures d’incitation, on peut citer le fonds de dépollution « FODEP »,


destiné à financer les projets de protection de l’environnement, à aider les
entreprises à réaliser des investissements anti-pollution et à mettre en œuvre des
mesures d’incitations et à utiliser de la technologie non polluante 190.

Ce fonds est financié par les dons ou prêts accordés à l’Etat Tunisien pour lutter
contre la pollution et la protection de l’environnement. Il est alimenté aussi par
les contributions des entreprises polluantes et les ressources fiscales instituées à
son profit de ce fonds.

190
Le fonds de dépollution est créé par ’article 35 de la loi n°92-122 du 29 décembre 1992 portant loi
de finance pour la gestion 1993, complété par le décret n°93-2120 du 25 octobre 1993, fixant les
conditions et les modalités d’intervention de fonds de dépollution, modifié et complété par le décret n°
2636 du 24 septembre 2005.
93
En outre, un arrêté du ministre de l'agriculture du 4 septembre 20012, modifiant
l'arrêté du 24 octobre 2005 relatif aux prestations administratives rendues par les
services du ministère de l'agriculture et des ressources hydrauliques, les
établissements et les entreprises publics sous-tutelle et aux conditions de leur
octroi prévoir le paiement d’une redevance au profit de fonds de concours de
végétaux.

Section II: le contrôle a posteriori

Le contrôle des produits chimiques et des pesticides se poursuit même après la


délivrance de l’homologation ou de l’autorisation.

Le contrôle de l’importation, de la commercialisation, ou de l’utilisation des et


des produits chimques et pesticide est assuré par des contrôleurs désignés pour
effectuer leurs missions dans les locaux de fabrications

Le bénéficiaire de l’autorisation administrative se trouve dans l’obligation de


veiller à la bonne application de l’autorisation en évaluant lui-même
l’enchaînement de son activité.

&1 : le rôle des contrôleurs

Le contrôleur joue un rôle important dans la surveillance des produits chimique


et en particulier des pesticides à usage agricole

En effet, l’article 18 de la loi de 3 aout 1992 relative à la protectio des végétaux


prévoit que : « le contrôle des pesticides est assuré par des contrôleurs désignés à
cet effet conformément à la législation en vigueur, les contrôleurs désignés sont
assermentés ».191

191
Article 1 de la loi n°92-72 du 3 aout, portant réfonte de la législation relative à la protection des végétaux,
JORT n°51-du 4 aout 1992 p.974

94
Pour assurer un contrôle pertinent et fiable le législateur tunisien a prévu dans
l’article 19, alinéa 2 que l’agent de contrôle doit prendre l’ordre de mission de
ministre de l’agriculture, ou par le chef de la structure charge de contrôle des
pesticides à usage agricole au ministère ou par le commissaire régional au
développement agricole territorialement compétent et indiquant le lieu et la date
de contrôle de l’agriculture192

De même les contrôleurs sont chargés de contrôler l’application des dispositions


prévues par le cahier des charges.

De même l’administration peut effectuer un contrôle.

&2 les sanctions

L’importateur, le vendeur et l’utilisateur sont soumis au respect des diverses


règles trouvant leurs source dans le droit commun et dans la réglementation
spécifique du droit de l’environnement.

En effet, les sanctions peuvent être des sanctions administratives comme elles
peuvent être des sanctions pénales

Toutes les infractions constatées donnent lieu à une poursuite et une pénalité
selon la législation en vigueur

Conclusion :

La Convention de Rotterdam intervient dans le cadre de la protection de


l’environnement et de la santé humaine. Elle participe à la réduction de la
pollution chimique soit industrielle ou agricole.
192
L’article 19 de la loi Article 1 de la loi n°92-72 du 3 aout, portant réfonte de la législation relative à la
protection des végétaux, JORT n°51-du 4 aout 1992 p.974

95
malgré tous les programmes et les plans d’actions pour la rationalisation de la
commercialisation, de la production et de l‘utilisation de certains produits
chimiques et pesticides interdits ou strictement réglementés, le problème des
substances chimiques continuent à se poser.

Ce problème tient d’abord deuxdes grandes sociétés internationales à


savoir :BAYeR et MONSOTO, deux grandes sociétés qui monopolisent la
production de ces substances toxiques et qui n’arrivent pas à restreindre leurs
productions malgré tous les procès juridiques.

la Tunisie comme les autre pays du tiers monde souffre d’un manque des moyens
techniques et financiers pour faire face aux risques risques et les dangers pouvant
parvenir de ces produits.

De ce fait la Tunisie a besoin de renforcer son cadre législatif malgré que le


législateur Tunisien a adopté des textes réglementaires assez rigoureux et n’a pas
organisé le secteur industriel, malgré le danger des PCB, fréquemment utilisés en
Tunisie,

Des problèmes majeurs se posent en Tunisie, à cause des substances périmées et


l’inventaire des différents produits sur le marché Tunisien par rapport à la liste
des produits inscrits à l’annexe III de la Convention

De même, il convient de renforcer le contrôle douanier notamment contre les


trafics illicites des produits chimiques, un problème que la Tunisie n’ pas encore
trouver la bonne solution.

96
Biblographie

Ouvrages généraux
- ARBOUR (J-M) et LAVALEE (S), Droit international de l’environnement, éditions
YVON BLAIS, 2006.

- BIDOU P.M ; « droit de l’environnement » Vuibert paris 2010, p.65

- KISS, Droit international de l’environnement, Paris, 3ème Edition A.PEDONE, 2004

97
- L.BOISSON DE CHAZOURNES, R.D MAKENE et M.C ROMANO, Protection
internationale de l’environnement, Paris, Edition A.PEDONE, 2005

- Prieur (.M), « Droit de l’environnement, droit durable » ; Bruylant : Bruxelles : 2014

- PRIEUR (M), « Droit de l’environnement » ; 7ème, DALLOZ, 2016

- RAPHEIL.R , droit de l’environnement , LGDI 8ème édition


Ouvrages spécialisés

- DEOUX SUZANNE et PIERRE , L’écologie, c’est la santé l’impact des nuisances de


l’environnement sur la santé 5ème tirage 1998

Thèse et mémoire

. ENNAILI (S) La Convention de Rotterdam sur le commerce international de certains


produits chimiques dangereux, mastère, en DEA, Droit de l’environnement et de
l’aménagement de territoire, FSJPST 1999-2000.

- Diouani (Imen), la mise en œuvre par la Tunisie de la Convention de Stockholm sur les
Polluants Organique Persistant, mémoire en vue de l’obtention du mastère en droit de
l’environnement, FSJPST 2016-2017
- JANNET(Baghdad), « Le droit d’accès à l’information en matière environnementale »,
mémoire en vue de d’obtention du mastère en droit de l’environnement et de ménagement territoriale,
FSJPST 2016-2017
-
- K.AYADI, « Le régime juridique des pesticides à usage agricole », mémoire en vue
d’obtention du mastère en droit de l’environnement et l’aménagement des espaces ; FSJPST 2011-2012
- Mezni (Sihem),« Produits chimiques et protection de l’environnement » ; mémoire en vue de
l’obtention du mastère en droit de l’environnement et de l’aménagement des espaces, FSJPST2007-
2008
Article scientifques:

- Bulletin d’information n°16, novembre 2008, la mise en œuvre de la convention de Rotterdam


en Tunisie
Rapport et autres :

98
- Brosset(E) , « le règlement communautaire en matière des produits chimiques : petite
explication », RJE 2008--

- Encinas de Munagorri (R), « Expertise scientifique et principe de précaution », RJE numéro


spécial 2000

- Prieur(M) , « La directive sur les risques d’accidents majeurs .R.J.E 3-1989


- Rapport proposer par la commission pour que la Convention de Rotterdam sur les produits
chimiques soit ratifié par l’Union Européenne, Bruxelles le 5 février 2002

- Sifaoui Wiem, « l’évaluation du cadre légal de l’étude d’impact en Tunisie », R.T.D, 2007
- Wiecher Scharge : « la convention sur l’accès à l’information la participation du public au
processus décisionnel et l’accès à la justice en matière d’environnement », revue juridique de
l’environnement n° spéciale septembre 1999.
- Workshop tunisia report 2016

Législation nationale

- La Constitution adoptée le 27 janvier a été publiée dans un numéro spécial (version française) du JORT
du 30 avril 2015
- La loi n°61-39 du 7 juillet 1961 a été abrogée par la loi n°92-72 du 3 aout 1992, portant refonte
de la législation relative à la protection des végétaux n°51
- La loi n°88-91 du 3 aout 1988, portant création d’une agence nationale de la protection
de l’environnement et modifiée pat la loi n°92-115 du 30 novembre 1992.
La loi n° 90-77 du 7 août 1990, portant création de l’institut de la santé et de la sécurité de
travail, JORT n° 52 du 10 août 1990
- la loi n°92-11 du 3 février 1992, ratification portant ratification de la Convention de Bamako
sur l’interdiction d’importer des déchets dangereux et sur le contrôle des mouvements transfrontières et
la gestion des déchets dangereux en Afrique
- La loi n°92-72 du 3 aout 1992, portant refonte de la législation relative à la protection des
végétaux .
- la loi n°92-122 du 29 décembre 1992 portant loi de finance pour la gestion 1993,
complété par le décret n°93-2120 du 25 octobre 1993, fixant les conditions et les modalités
d’intervention de fonds de dépollution, modifié et complété par le décret n° 2636 du 24
septembre 2005.
- la loi n°94-41 du 7 mars 1994, relative au commerce extérieur

99
- La loi n°95-4 du 2 janvier 1995, portant création de l'institut national de recherche et
d'analyse physico-chimique, JORT N°1 du 3 janvier 1995
- Loi n° 97-37 du 2 juin 1997, relative au transport par route des matières dangereuses,
JORT n° 45 du 6 juin 1997
- L’agence nationale de contrôle sanitaire et environnemental des produits est créé par le
décret n°99-769 du 5 avril 1999 portant création de l’agence de contrôle sanitaire et
environnementale des produits
- le décret n°61-300 du 28 aout 196, portant l’application de la loi n°61-39 du 7 juillet
1961, instituant un contrôle de commerce et de l’utilisation des pesticides à usages agricoles,
JORT
- décret n° 92-2246 du 28 décembre 1992 fixant les modalités et les conditions
d’obtention de l’homologation ou de l’autorisation provisoire de vente de pesticides à usage
agricole ainsi que l’autorisation de leur fabrication, importation, formulation, conditionnement,
vente et distribution
- le décret n°93-2120 du 25 octobre 1993, fixant les conditions et les modalités
d’intervention de fonds de dépollution, modifié et complété par le décret n° 2636 du 24
septembre 2005.

- décret n°2005-1991 du 11 juillet 2005, relatif à l’étude d’impact sur l’environnement et


fixant les catégories d’unités soumises à l’étude d’impact sur l’environnement et les catégories
d’unités soumises aux cahiers des charges définit l’EIE
- Décret n°2010 -2973 Décret n° 2010-2973 du 15 novembre 2010, modifiant et
complétant le décret n° 92-2246 du 28 décembre 1992, fixant les modalités et les conditions
d'obtention de l'homologation, des autorisations provisoires de vente des pesticides à usage
agricole, ainsi que les conditions de leur fabrication, importation, formulation,
conditionnement, stockage, vente, distribution et les conditions d'utilisation des pesticides à
usage agricole extrêmement dangereux JORTn°94 du23 novembre 2010
- L’arrête du ministre de la santé publique du 15 janvier 2002, fixant la liste des produits
soumis à l’activité de l’agence nationale de contrôle sanitaire et environnemental de produit,
JORT n° du 22 janvier 2002
- Décret-loi n° 2011-116 du 2 novembre 2011, relatif à la liberté de la communication
audiovisuelle et portant création d’une Haute Autorité Indépendante de la Communication
Audiovisuelle

100
- Arrêté de ministre de l’environnement et du développement durable, du 8 mars 2006,
portant approbation des cahiers des charges relatifs aux procédures environnementales que le
maître de l’ouvrage ou le pétitionnaire doit respecter pour les catégories d’unités soumises aux
cahiers des charges JORT
- Un arrêté du ministre de l’agriculture et des ressources hydrauliques du 4 juin 2008,
relatif à la classification des pesticides à usage agricole et fixant la liste des pesticides
extrêmement dangereux, JORT n°47 du 10 juin 2008
Droit comparé :

- La loi du 2 novembre 1943 relative à l’organisation du contrôle des produits


antiparasitaires à usage agricole, modifiée par la loi n°99-574 du 9 juillet 1999 et par la loi du
27 décembre 2006
- La recommandation du conseil de l’OCDE C(74)215 du 14 novembre sur l’évaluation des effets
potentiels des composés chimiques sur l’environnement.
- La recommandation du conseil de l’OCDE C(77) 97 fixant les lignes directrices pour la
procédure et les éléments nécessaires à l’évaluation des effets potentiels des produits chimiques sur
l’homme et dans l’environnement.
- Recommandation du conseil de l’OCDE C(84)37 du 4 avril 1984 relative à l’échange
d’informations concernant l’exportation de produits chimiques interdits ou strictement réglementés

- L76-1106 du 6 décembre 1976 relative au développement de la prévention des accidents de


travail.
- la loi n°77-771 du 12 juillet 1977 sur le contrôle des produits chimiques et a été abrogée le 21
septembre 2000.
- Le code de conduite pour la distribution et l’utilisation des pesticides
- Les directives de Londres applicables à l’échange de renseignements sur les produits chimiques
qui font l’objet de commerce international,.

- Guide à l’intention des autorités nationales désignées sur le fonctionnement de la


Convention de Rotterdam
- Le règlement (CE) n°1807/2006 du parlement européen concernant l’enregistrement,
l’évaluation et l’autorisation des substances chimiques.
- RÈGLEMENT (CE) N° 1272/2008 DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL
du 16 décembre 2008 relatif à la classification, à l'étiquetage et à l'emballage des substances et

101
des mélanges, modifiant et abrogeant les directives 67/548/CEE et 1999/45/CE et modifiant le
règlement (CE) no 1907/2006
-

Programme et stratégie

- projet d’intensification de l’agriculture irriguée en Tunisie


Colloque

- Dkhil (Hamadi), « La maitrise des risques sanitaires et environnementaux liés aux


produits », ANCSEP, 2011
-

Sites internet

- www.economie.gouv.fr
- Legifrance.gouv.fr.
- Tunisie industrie.gov.tn
- .economie.gouv.fr
- who.int
- wcoomd.org
- flehetna.com/guide-phytosanitaire
- .actu-environnement.com

- uneca.org/Portals/27/Documents/ChimiquesInformationNote.pdf.

- environnement.gov.tn
- notre-planete.info/écologie/alimentation/pesticides. PHP
- .pic.inte
- medium.com/welcome-to-agricool/lorigine-des-pesticides-1ebb51afbaa8
- planetoscope.com/agriculture-alimentation/885-consommation-de-pesticides-dans-le-
monde.html

102
Tables des matières
Introduction……………………………………………………………………………………………1

Première partie : Les mesures de


précaution……………………………………............................................................................19

Chapitre I : L’échange
d’informations……………………………………………………………………………………..…23

Section I : Une information


préalable………………………………………………………………………………………………28

&1 : La notification d’exportation…………………………………………………………………...28

103
&22 :La procédure du consentement préalable…………………………………………………31

Section II : La mise en œuvre du système harmonisé………………………………….…….33

&1 : les éléments de système harmonisé……………………………………………………36

&2 : Le transport des produits chimiques…………………………………………………….41

3) Au niveau international…………………………………………………………………..…41
4) Au niveau national

Chapitre II : L’élargissement de l’évaluation des risques chimiques…………………………44

Section I : L’évaluation des risques des données des données scientifiquement reconnues

Section II : Le renforcement des programmes de réduction des risques chimiques………53

&1 : Au niveau international…………………………………………………………………..54

&2 : Au niveau national……………………………………………………………………….56

Conclusion de la 1ère partie……………………………………………………………………...58

Deuxième partie : Les mesures de contrôle…………………………………………………..59


…..

Chapitre I : Les institutions chargées du contrôle……………………………………………..63

Sections I : Le cadre institutionnel centralisé…………………………………………………..64

§ 1 : Les autorités nationales désignées………………………………………………………..64

A// Le Ministère des affaires locales et de l’environnement…………………………………..64

B/ Le ministère de l’agriculture……………………………………………………..……….67

§ 2 : Les partenaires des opérations de contrôle……………………………………………..69

Section II : le cadre institutionnel décentralisé

3) Une protection particulière pour les travailleurs……………………………………….….73


4) Une protection du consommateur ………………………………………………………74

§ 1 : Les administrations techniques………………………………………..…………………..75

§ 2 : Le rôle de la société civile…………………………………………………………….…….77

3) Le rôle important des associations………………………………………………..…….77

104
4) L’obligation sensibilisation……………………………………………………………….78

Chapitre II: Les différentes modalités de contrôle……………………………………………..79

Section I : Un contrôle a priori……………………………………………………………………79

§ 1 : Les mécanismes préalables aux échanges de produits chimiques……………………79

§ 2 : Les conditions de commercialisation des produits chimiques………………………..82

1)Les analyses………………………………………………………………………….88

2)Les échantillons………………………………………………………..…………..88

3 ) les frais……………………………………………………….……………………….89

Section 2: Un contrôle a posteriori……………………………………………………………..….90

§ 1 : Le rôle des contrôleurs………………………………………………………..………………90

§ 2 : Les sanctions……………………………………………………………………………………91

Conclusion…………………………………………………………………………………………….92

105

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