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21/02/2023 10:55 La lutte antivectorielle en France - Cadre législatif et réglementaire de la lutte antivectorielle - IRD Éditions

IRD
Éditions
La lutte antivectorielle en France | Didier Fontenille,
Christophe Lagneau, Sylvie Lecollinet, et al.

Cadre législatif et
réglementaire de la
lutte
1
antivectorielle
p. 37-53

Texte intégral
1 Cet état des lieux se propose de mettre en lumière les
responsabilités et compétences respectives des différents
échelons institutionnels du pays à travers une analyse des
textes : Règlement sanitaire international, directives
européennes, décisions communautaires, Code de la santé
publique, Code général des collectivités territoriales, Code
rural, Code de l’environnement, Code de la construction et

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de l’habitation, Code des assurances, Règlement sanitaire


départemental, circulaires ministérielles, jurisprudence.

LUTTE ANTIVECTORIELLE EN CAS DE


RISQUES POUR L’HOMME

Droit international
2 Les principales dispositions ressortent du Règlement
sanitaire international (RSI, 2005). Celui-ci vise à limiter la
propagation internationale des maladies. Il s’agit d’un
instrument juridique contraignant ayant force obligatoire,
notamment pour l’ensemble des États membres de
l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Actuellement
194 États, dont la France, sont parties prenantes de ce
règlement. Dans ce cadre, les maladies à transmission
vectorielle sont surtout concernées par les mesures dont le
but est de limiter la propagation des vecteurs
potentiellement infectés, que ce soit dans les moyens de
transport et le fret, aux points d’entrée, ou lors de la
procédure de délivrance des certificats de contrôle sanitaire
(pour davantage de détails sur chacun de ces aspects, voir
CD-ROM).
3 En cas d’alerte, des recommandations temporaires ou
permanentes sont émises par l’OMS (titre III, RSI) qui
publie d’ailleurs, régulièrement, la liste des zones en
provenance desquelles tout moyen de transport doit faire
l’objet de mesures de désinsectisation, et qui définit les
méthodes à appliquer (RSI, annexe 5, point 1).
Des mesures de prévention et d’alertes spécifiques
L’arrêté du 9 septembre 1987 fixe la réglementation
applicable au contrôle sanitaire aux frontières :
■ toute personne âgée de plus d’un an en provenance d’une
zone infectée de fièvre jaune ou y ayant transité sans remplir
les conditions prévues par le Règlement sanitaire
international (RSI) est tenue de produire un certificat de
vaccination antiamarile à son arrivée dans les départements
de la Guadeloupe, de la Martinique et de la Réunion ;
■ toute personne âgée de plus d’un an est tenue, quelle que

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soit sa provenance, de produire à l’arrivée dans le


département de la Guyane un certificat valable de
vaccination antiamarile.
4 Les dispositions du RSI sont, bien entendu, mises en œuvre
dans le cadre de la réglementation nationale : contrôle
sanitaire aux frontières du territoire français, au terme de
l’article R. 3115-8 du Code de la santé publique (CSP), et
contrôle aux frontières en matière de certificats
internationaux de vaccination, comme c’est, par exemple, le
cas pour la fièvre jaune dans certains départements d’outre-
mer (voir l’encadré).
5 La convention de Stockholm (2001), dans son annexe B,
apporte pour sa part des précisions sur la production et
l’utilisation de substances chimiques. À signaler également
la charte internationale pour les catastrophes majeures (20
octobre 2000) : signée par de nombreuses agences ou
organismes dans le monde, dont le Centre national d’études
spatiales (Cnes) en France, elle permet l’accès, en cas de
sinistre, à des images satellitaires des zones touchées ; ce qui
peut contribuer à l’efficacité des moyens à mettre en œuvre.

Droit communautaire
6 La décision 2007/875/CE de la Commission (18 décembre
2007), qui modifie la décision 2119/98/CE du Parlement
européen et du Conseil ainsi que la décision 2000/96/CE,
souligne le rôle important joué par les moustiques dans la
transmission de certaines maladies. Elle ajoute les maladies
vectorielles à la liste des catégories de maladies
transmissibles de la décision 2119/98 CE. À noter également
que la décision 2000/57/CE de la Commission (22 décembre
1999), qui a trait au système d’alerte précoce et de réaction
pour la prévention et le contrôle des maladies transmissibles
(décision 2119/98/CE du Parlement européen et du Conseil),
pourrait tout à fait s’appliquer au cas des maladies
vectorielles.
7 Mais c’est surtout le dispositif biocide (directive 98/8 CE du
Parlement européen et du Conseil) qui constitue le texte de
référence au sein du droit communautaire. Le dispositif

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communautaire biocides encadre l’utilisation des


insecticides, des répulsifs et des appâts dans le cadre de la
lutte antivectorielle. La directive 98/8/CE, dont la révision
débute en 2009, en est le pilier : elle concerne la mise sur le
marché des produits biocides et a été transposée dans le
Code de l’environnement français (articles L. 522-1 à L. 522-
19). Son objectif est de subordonner l’Autorisation de mise
sur le marché (AMM) d’un tel produit à un niveau de risque
acceptable pour l’homme et pour l’environnement, à
l’absence d’effets inacceptables (développement de
résistance, souffrance des organismes cibles…) et à une
efficacité suffisante.
8 L’évaluation comporte deux étapes : une évaluation
communautaire de la substance active contenue dans le
produit qui, si elle est favorable, conduit à son inscription
sur la liste communautaire « positive » des substances
actives autorisées, et une évaluation nationale en vue de la
délivrance d’une AMM. Cette procédure distingue les
substances existantes, à savoir présentes sur le marché
communautaire au 14 mai 2000, des substances nouvelles,
c’est-à-dire postérieures. Parmi les substances existantes,
deux types de produits (TP) biocides concernent la lutte
antivectorielle sur la liste des 23 répertoriés : le TP 18
(insecticides, acaricides, produits de lutte contre les autres
arthropodes) et le TP 19 (répulsifs, appâts).
9 Les premières AMM seront délivrées en 2009, voire en 2010.
À l’issue de l’évaluation communautaire, l’inscription des
substances actives existantes (voir l’encadré) sur la liste
européenne des substances actives autorisées vaut pour une
durée de dix ans. Au niveau national, l’AMM sera délivrée
par le ministère chargé de l’Écologie si ces substances sont
destinées à la lutte antivectorielle. En attendant (tant que le
nouveau système d’AMM n’aura pas totalement porté ses
fruits), l’ancien système de délivrance d’AMM peut
continuer à s’appliquer par dérogation, à condition qu’il
s’agisse bien d’une substance active existante.
Statut des substances actives biocides
Les différents statuts d’une substance biocide sont les

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suivants :
■ non identifiée comme une substance active existante sur le
marché communautaire au 14/5/2000 : cette substance
active et les produits biocides en contenant ne peuvent plus
être mis sur le marché depuis le 14 décembre 2003. Elle ne
figure pas à l’annexe I du règlement CE n° 1451/2007 ;
■ identifiée mais non notifiée : la substance ainsi que les
produits biocides en contenant ont dû être retirés du marché
le 1er décembre 2006. Elle figure à l’annexe III du règlement
CE n° 1451/2007 ;
■ identifiée et pour laquelle l’intention de soutien n’a pas été
suivie par le dépôt d’un dossier : la substance ainsi que les
produits biocides en contenant ne pourront plus, à terme,
être mis sur le marché ni utilisés à des fins insecticides.
Entrée en vigueur de ces dispositions courant 2008 ;
■ identifiée, notifiée et pour laquelle un dossier a été
déposé : la substance ainsi que les produits biocides en
contenant restent autorisés tant que l’évaluation
communautaire n’est pas terminée et jusqu’à ce que les
produits soient évalués au niveau national.
10 Pour les produits contenant une substance active nouvelle,
une autorisation provisoire de vente n’excédant pas trois ans
peut être accordée, avec prorogation éventuelle d’un an, en
attendant son inscription sur la liste des substances
autorisées. Il faut toutefois que l’autorité nationale
compétente l’ait évaluée.
11 À noter également l’existence d’une procédure particulière :
la demande d’usage essentiel. Les États membres peuvent y
faire appel lorsqu’ils estiment qu’une substance leur est
essentielle pour des raisons de santé, de sécurité ou de
protection du patrimoine culturel, ou bien si elle est
indispensable au bon fonctionnement de la société. La
France y a, par exemple, recouru pour prolonger
l’autorisation du téméphos dans les départements d’outre-
mer (DOM) jusqu’au 14 mai 2009.

Droit interne

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12 La lutte antivectorielle fait partie intégrante de la politique


de santé publique.

De quels vecteurs parle-t-on ?


13 Le cadre législatif général pour la lutte contre les vecteurs est
donné par l’article L. 3114-5 CSP, modifié par la loi 2004-
809 du 13 août 2004. On y lit entre autres : « Un arrêté du
ministre chargé de la Santé établit et tient à jour la liste des
départements où est constatée l’existence de conditions
entraînant un risque de développement de maladies
humaines transmises par l’intermédiaire d’insectes et
constituant une menace pour la santé de la population. Dans
ces départements, la définition des mesures de lutte
nécessaires relève de la compétence de l’État ». Cette
disposition vise donc tous les insectes vecteurs de maladies,
y compris les moustiques. Parallèlement, la loi 64-1246 du
16 décembre 1964, modifiée notamment par les lois 2004-
809 et 2004-1343, porte sur la lutte contre les seuls
moustiques.
14 Première question : ne serait-il pas plus raisonnable
d’envisager un texte législatif unique pour encadrer la lutte
contre tous les insectes, quitte à y intégrer des dispositions
spécifiques à la lutte contre les moustiques ? Deuxième
question : la loi ne devrait-elle pas aller au-delà des seuls
insectes au sens zoologique du terme et inclure les
arthropodes hématophages ? Si l’on se réfère à la dernière
édition du dictionnaire de l’Académie française, il y est
clairement rappelé le fait que « dans l’usage courant, on
emploie parfois, de façon impropre, le mot “insecte” pour
désigner d’autres animaux appartenant à d’autres classes
(arachnides, myriapodes…) ». Les tiques, par exemple, sont
des vecteurs importants. Ce ne sont pourtant pas des
insectes mais des acariens, un ordre d’arachnides et à ce titre
des arthropodes. Un doute juridique sur cette question peut
sérieusement hypothéquer la lutte antivectorielle.

L’article L. 3114-5 CSP et ses zones d’ombre


15 La lecture de cet article donne lieu à quatre observations :

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le texte concerne tous les insectes. Il a donc un champ


d’application beaucoup plus large que la seule loi de
1964 ;
c’est au ministre de la Santé de dresser la liste des
départements à risque ;
seuls sont concernés les départements où existent des
conditions à risque de maladies humaines transmises
par des insectes donc une menace pour la population ;
dans ces départements, la définition des mesures de
lutte relève de la compétence de l’État.

16 D’où deux séries de questions. L’une concerne la troisième


observation : quelles sont les conditions entraînant un risque
et selon quels critères ? À partir de quand y a-t-il menace ?
Quelle marge d’appréciation laisser à l’État ?
17 L’autre porte sur la quatrième observation : quelle est la
collectivité compétente pour mettre en œuvre les mesures de
lutte décidées ? En toute logique, dès lors que le législateur a
précisé que, seule, la définition des mesures de lutte relevait
de la compétence de l’État, il sous-entend que leur mise en
œuvre relève d’une autre entité. Laquelle ? Force est de
constater que le CSP n’apporte pas de solution. En effet,
l’article R. 3114-9 CSP dispose que le préfet peut prendre
certaines mesures. D’une part, il peut mettre en œuvre des
actions d’information et d’éducation sanitaire de la
population ou des actions de surveillance, afin de réduire la
prolifération des insectes vecteurs. D’autre part, lorsque les
insectes sont des moustiques, il peut prescrire (dans les
zones délimitées conformément au 1° de l’article 1er de la loi
n° 64-1246 du 16 décembre 1964 modifiée) des mesures de
prospection, de traitement, de travaux et de contrôle au sens
du dernier alinéa de cet article.
18 Donc, l’article R. 3114-9 CSP distingue bien le cas général
des insectes et le cas particulier des moustiques, mais il
n’indique en rien qui est compétent pour mettre en œuvre
les mesures définies par l’État contre les insectes autres que
les moustiques (la loi de 1964, pour sa part, fixe pour les
moustiques une répartition des compétences). En toute
logique, cette compétence n’ayant pas été attribuée
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explicitement à une collectivité précise, deux collectivités


pourraient être amenées à intervenir si nécessaire : l’État, au
titre de sa compétence de principe en matière de protection
de la santé publique, et la commune puisque, selon l’article
L. 2212-2 du Code général des collectivités territoriales
(CGCT), la police municipale a pour mission d’assurer
notamment la salubrité publique. Le maire peut donc
prescrire toutes mesures permettant de faire cesser, « par
des précautions convenables », « les maladies épidémiques
ou contagieuses ». Si les choses devaient en être autrement,
cela devrait être précisé par le législateur.

La loi de 1964 et la politique de lutte contre les moustiques


19 Cette loi, qui ne visait initialement que les moustiques en
tant que nuisants, s’applique désormais aux moustiques de
façon générale, qu’ils soient nuisants ou vecteurs. Dans le
cadre de la lutte contre les moustiques, le texte modifié de la
loi de 1964 prévoit que les communes peuvent se situer dans
l’une des trois catégories de départements définies par son
article 1er (voir l’encadré). Le texte de 1964 modifié regroupe
donc les notions de lutte contre les moustiques transmettant
des maladies humaines (catégorie 1) et contre ceux qui
seraient seulement nuisants (catégorie 3). La catégorie 2
paraît viser une situation plus incertaine de menace… On
constate que la différence entre les départements de la
première et de la deuxième catégorie est à affiner. Une
nouvelle fois, quand y a-t-il « menace » ?
Trois catégories de departements
1. « Départements où est constatée, dans les conditions
définies à l’article L. 3114-5 (CSP), l’existence de conditions
entraînant le développement de maladies humaines
transmises par l’intermédiaire d’insectes et dont la liste est
fixée par arrêté du ministre chargé de la Santé. »
2. « Départements où les moustiques constituent une
menace pour la santé de la population et dont la liste est
fixée par arrêté conjoint du ministre en charge de la Santé et
du ministre en charge de l’Environnement. »

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3. « En cas de besoin, départements où les conseils généraux


le demanderaient. »
20 En ce qui concerne la 1re catégorie de départements, il y a
aujourd’hui un arrêté du ministre chargé de la Santé pris
dans le cadre de la lutte contre les insectes vecteurs
potentiels (dans les conditions de l’article L. 3114-5 CSP) :
arrêté du 23 avril 1987 concernant Haute-Corse, Corse-du-
Sud, Guadeloupe, Guyane, Martinique et Réunion.
21 Pour la deuxième catégorie de départements, seul le
département du Var figure sur la liste fixée par l’arrêté du 26
août 2008 établissant la liste des départements où les
moustiques constituent une menace pour la santé de la
population.

Répartition des compétences


22 L’article L. 3114-5 CSP, qui concerne la lutte contre les
insectes y compris les moustiques, précise de façon
détournée que, seule, la définition des mesures de lutte
relève de la compétence de l’État, dès lors qu’est intervenu
un arrêté du ministre de la Santé constatant la nécessité de
lutte contre les maladies transmises par des insectes dans le
département. Dans le cas contraire, l’État reste compétent
pour l’ensemble des opérations, au titre de sa compétence de
protection de la santé publique.
23 Cela n’est pas sans ambiguïté. L’article 1er de la loi de 1964
ne semble faire aucune distinction entre les trois catégories
de départements ayant des zones de lutte contre les
moustiques. Les services du département peuvent intervenir
d’office dans les trois catégories. Ils ont donc compétence
pour mettre en œuvre diverses mesures (prospections,
traitement, travaux, contrôles). Mais, seule la première
catégorie de départements recoupe le cadre de l’article L.
3114-5 CSP (liste fixée par arrêté du ministre chargé de la
Santé). Les deux autres catégories ne correspondent pas au
cadre défini par l’article L. 3114-5 CSP. Seuls les arrêtés
préfectoraux prévus par la loi de 1964 encadrent la
démoustication dans ces cas de figure. En substance il n’y a
pas de compétence dévolue à l’État en matière de

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surveillance entomologique ni en termes de surveillance des


insectes. Dans le cadre du 2e et du 3e de l’article 1 de la loi de
1964, c’est à la collectivité de définir les objectifs à atteindre.
La compétence de l’État telle que définie à l’article L. 3114-5
CSP s’y applique-t-elle ? Certainement. Mais, on voit bien là
les limites rédactionnelles des dispositions actuellement en
matière de lutte contre les moustiques (loi de 1964), le préfet
est chargé de définir les conditions de mise en œuvre des
mesures de lutte (zones concernées, opérations, calendrier).
De même, il ressort de l’article R. 3114-9 CSP que le préfet
détermine et évalue la stratégie de lutte contre la (les)
maladie(s) transmise(s) par l’intermédiaire d’insectes
(l’article R. 3114-9 CSP). En outre, dans les départements
« où est constatée l’existence de conditions entraînant le
développement de maladies humaines transmises par
l’intermédiaire de moustiques et constituant une menace
pour la santé de la population », les préfets peuvent
prescrire les mesures utiles (article 7-1 de la loi de 1964).
24 L’État va donc définir les départements à risque, les mesures
qui doivent y être prises et les zones d’intervention dans
lesquelles le préfet décide des opérations et du calendrier.
Les départements concernés, eux, vont exécuter les
opérations à l’intérieur des zones : prospection, repérage,
surveillance, traitement, réalisation des travaux nécessaires,
contrôles. Telle est, depuis la loi du 13 août 2004, la
répartition des compétences en matière de lutte contre les
moustiques.
25 Ce réel transfert de compétences au plan juridique (loi du 13
août 2004) implique une réorganisation et une
restructuration des carrières des agents impliqués dans la
lutte antivectorielle, d’une part, et une compensation
financière (au profit du département) au sens de l’article 72-
2 de la Constitution, d’autre part. La question se pose alors
de savoir si le partage des charges financières entre le
département et les communes concernées (article 65 de la loi
de finances 1975, déjà cité) est toujours pertinent.
26 Au niveau des communes, un certain nombre de mesures du
CGCT précisent les responsabilités du maire. Celui-ci est en

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effet habilité à prescrire des mesures contre les « maladies


épidémiques ou contagieuses » ou bien contre les
moustiques « en vertu de ses pouvoirs de police concernant
l’hygiène ».
27 Le maire est en outre chargé de l’application du Règlement
sanitaire départemental (RSD), texte de référence en matière
d’hygiène et de salubrité (pour les activités qui ne relèvent
pas du champ d’application de la loi du 19 juillet 1976). Un
texte toujours d’actualité en de nombreuses circonstances
(citernes de recueil d’eau de pluie, mares, abreuvoirs…).
28 Concernant la salubrité, il faut également signaler les décrets
en Conseil d’État qui, selon l’article L. 1311-1 du CSP, fixent
les règles générales d’hygiène et autres mesures propres à
préserver la santé humaine (salubrité des habitations,
agglomérations…). Ces mesures peuvent être complétées par
des arrêtés préfectoraux ou par des arrêtés municipaux
(article L. 1311-2 CSP).
29 Enfin, au flou juridique caractérisant la répartition des
compétences telle qu’elle vient d’être rapidement décrite
(voir CD-ROM), des dispositions spécifiques sont
susceptibles de brouiller un peu plus les cartes, comme ce fut
le cas avec les circulaires relatives aux modalités de mise en
œuvre du plan antidissémination du chikungunya et de la
dengue en territoire métropolitain (voir CD-ROM).
30 À cela, il convient encore d’ajouter que la question du
partage des compétences s’inscrit aujourd’hui dans le cadre
de la Révision générale des politiques publiques (RGPP).
L’actualité la plus récente vient apporter de nouveaux
éléments :

projet de loi « hôpital, patients, santé, territoires »


présenté au Conseil des ministres du 22 octobre 2008 ;
mise en œuvre de la réorganisation territoriale de l’État
présentée au Conseil des ministres du 17 décembre
2008, complétée par une circulaire du Premier ministre
du 31 décembre 2008 ;
circulaires DGS/DSC du 7 et du 12 janvier 2009
relatives à l’organisation de la défense et de la sécurité
dans le domaine des affaires sanitaires.
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Répartition des compétences dans les COM (hors


Dom)
La lutte antivectorielle dans les collectivités d’outre-mer est
notamment encadrée par le décret 2003-462 du 21 mai 2003
qui a conduit à l’article R. 3114-9 CSP, sauf en ce qui
concerne Mayotte.
■ Mayotte : le conseil général n’a pas de pouvoir
décisionnaire en matière de lutte contre les maladies
vectorielles (voir notamment l’article LO 6161-CGCT du 21
février 2007), de la seule compétence de l’État (article 3811-7
CSP). Le décret du 12 janvier 1988 définissant les
compétences des Directions régionales et départementales
des affaires sanitaires et sociales n’a pas été abrogé à
Mayotte. Rien n’empêche toutefois les communes de
prendre des initiatives de lutte contre les moustiques, qui
doivent figurer au nombre des dépenses obligatoires (L.
2572-52 CGCT).
■ Saint-Barthélemy et Saint-Martin : les deux se sont vu
attribuer les mêmes compétences que le département
d’outre-mer de la Guadeloupe (articles LO 6214-1 et LO
6314-1 CGCT).
■ Saint-Pierre-et-Miquelon : la compétence en matière de
lutte antivectorielle relève exclusivement de l’État (article LO
6414-1 CGCT, créé par la loi 2007223 du 21 février 2007 et
article LO 6461-11 CGCT).
■ Wallis-et-Futuna : l’État assure notamment l’hygiène et la
santé publique (article 7 de la loi 61-814 du 29 juillet 1961).
31 L’un des points les plus importants à considérer réside dans
la création des Agences régionales de la santé (ARS), qui
devrait intervenir dès le début de l’année 2010 (les
recrutements des premiers directeurs généraux sont d’ores
et déjà lancés). Le directeur général de chacune de ces
agences aura en effet compétence pour définir et organiser la
stratégie de lutte antivectorielle. Son action devrait être
prolongée au niveau départemental par une délégation
placée « auprès du préfet de département ». La circulaire du
Premier ministre du 31 décembre 2008 précise clairement
qu’en période de risque avéré, le préfet reprend la main et

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s’appuie sur les moyens humains et matériels « mis à


disposition » par le directeur général de l’ARS.

Cadre normatif pour les milieux favorables aux vecteurs


32 Les dispositions spécifiques relatives au traitement des
milieux favorables à la propagation des insectes vecteurs
sont peu nombreuses, même si un certain nombre de
dispositions de lutte contre l’insalubrité de manière générale
sont bien sûr applicables. Elles sont, pour l’essentiel,
contenues dans la loi 64-1246 du 16 décembre 1964 modifiée
et dans le décret 2005-1763 du 30 décembre 2005 qui ne
portent que sur les moustiques.
33 En ce qui concerne les agents (professionnels de la
surveillance, des traitements…), la loi du 16 décembre 1964
donne des précisions sur leurs droits, rôles et
responsabilités, y compris coercitives (établissement de
procès-verbaux en cas d’infraction, par exemple). Quant aux
propriétaires, locataires, exploitants… c’est essentiellement
le décret du 1er décembre 1965 qui éclaire sur leurs
obligations, notamment en cas de gîtes à larves dans les
zones de lutte contre les moustiques, tous (occupants ou
exploitants) étant tenus de faire disparaître ces gîtes (voir
CD-ROM). Une consultation d’exemples étrangers, même
très brève, est, sur cette question, instructive (voir
l’encadré).
Quelques législation d’États étranges en bref
■ Îles Caïmans : au terme de la Mosquito (research and
control) Law (19 juin 2007), les agents en charge des
contrôles ont accès à toute heure à tous locaux, y compris
dépôts d’ordures ménagères et commerciales, pour les
inspecter ou les surveiller, les propriétaires et occupants de
locaux d’habitation ou commerciaux doivent permettre un
accès facile, à des fins de contrôle, aux réservoirs, bidons,
cuves et autres réceptacles pour le stockage de l’eau, etc.
■ Comores : les articles 70 et 71 du Code de la santé publique
comorien (loi 95-O13/A/F) portent sur les normes régissant
l’importation, la distribution, l’utilisation et l’homologation
des pesticides utilisés pour la lutte antivectorielle. Selon

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l’article 109 « tout individu ayant constaté la présence […]


d’insectes dans son habitation devra solliciter leur
destruction complète auprès des services du Génie sanitaire
et de l’assainissement et de lutte contre les maladies à
transmission vectorielle ». L’article 137 prévoit que « toute
disposition doit être prise pour éviter les gîtes de
reproduction des vecteurs […] ».
■ Sri Lanka : la prévention contre les moustiques fait l’objet
d’une loi, Prevention of mosquito breeding Act, n° 11 (2007).
Comme aux îles Caïmans, ce texte impose diverses
obligations aux propriétaires ou occupants de locaux :
fermeture et couverture des réserves à eau de toutes sortes,
contrôle des appareillages à air conditionné, réduction des
arbustes, broussailles et autres types de végétation, etc.
34 En cas de non-respect des prescriptions sur les terrains bâtis
ou non bâtis des agglomérations, pour les décharges et les
dépôts situés en dehors, voire dans les cultures irriguées… le
dispositif répressif est relativement développé et sévère à
l’encontre de(s) (l’)intéressé(s). Il semble d’ailleurs
largement inspiré de celui, non abrogé, de l’ordonnance du 3
avril 1944 relative à la lutte antipaludique. Le décret 2005-
1763 du 30 décembre 2005 prévoit les amendes applicables
(contraventions de 4e et 5e classes, soit respectivement de
750 euros et 1 500 euros). La récidive est sanctionnée encore
plus lourdement. Le cadre normatif des opérations de
contrôle et de traitement est, lui aussi, bien développé, ainsi
que le système de sanctions à l’encontre des agents en cas
d’incurie. Reste le problème du nombre insuffisant de ces
agents.
35 En revanche, il n’existe aucune mesure de nature
systématique, par exemple en cas de transaction
immobilière, à l’instar de celle appliquée pour les termites.
Peut-être, serait-il envisageable et utile d’instaurer un bilan
des risques vectoriels et de conditions favorables à leur
implantation.

LUTTE ANTIVECTORIELLE ET SANTÉ


ANIMALE
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36 Le cadre réglementaire s’articule autour de quatre axes : la


réglementation issue de l’Organisation mondiale de la santé
animale (OIE), celle issue de l’Organisation mondiale du
commerce (OMC), la réglementation communautaire et la
réglementation nationale. Mais aucune de ces
réglementations n’est exclusivement consacrée à la lutte
antivectorielle pour la santé animale.

L’OIE
37 Cette organisation (anciennement Office international des
épizooties) élabore des normes au sein desquelles les
références aux vecteurs portent sur trois domaines :

la détermination des statuts sanitaires des pays et


régions : selon les maladies concernées, celle-ci peut se
fonder sur des programmes de surveillance des
vecteurs ;
la détermination des conditions d’échange des animaux
entre pays : selon le statut sanitaire des pays, celle-ci
peut s’appuyer sur des périodes d’activité ou d’inactivité
vectorielle attestées par des programmes de
surveillance entomologique ;
la protection des animaux contre les vecteurs : elle se
fait soit au travers de protocoles de quarantaine, soit
lors du chargement et du transport des animaux.

38 Les dispositions définies par l’OIE sont reprises dans le livre


II du Code rural (titre III, chapitre VI, article L. 236-4) :
« Lorsqu’ils sont originaires ou en provenance de pays non
membres de la Communauté européenne, les animaux
vivants […] sont soumis […] à un contrôle vétérinaire
sanitaire, qualitatif, zootechnique ou ayant trait à la
protection des animaux, selon les cas, systématique ou
non. »

L’OMC
39 Cette organisation est l’aboutissement d’un certain nombre
d’accords, y compris sur des dispositions spécifiques
relatives aux questions sanitaires et phytosanitaires, en
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relation avec les risques posés par les échanges commerciaux


d’animaux (et de leurs produits). Les normes, lignes
directrices et recommandations de l’OIE sont alors
considérées comme références internationales en matière de
maladies animales et de zoonoses. Mais il n’est donc pas
tenu compte, dans ce cadre, de l’introduction d’un agent
pathogène par le biais d’un vecteur, ni de l’introduction
d’une espèce de vecteur exotique.

La réglementation communautaire
40 Elle détermine au travers de la directive 894-CE du 21
décembre 1982 la liste des maladies devant être signalées à
la Commission. Parmi elles, figurent les maladies à
transmission vectorielle. En la matière, le règlement
2007/1266/CE (26 octobre 2007) porte, par exemple, sur les
modalités d’application de la directive 2000/75/CE du
Conseil concernant la lutte contre la fièvre catarrhale du
mouton, son suivi, sa surveillance et les restrictions
applicables aux mouvements de certains animaux des
espèces qui y sont sensibles.
41 Vis-à-vis de la fièvre catarrhale ovine (FCO), la directive
européenne 2000/75, transposée en droit national par
l’arrêté ministériel du 24 août 2001 (remplacé par celui du
1er avril 2008), impose le confinement des animaux et leur
traitement à l’aide d’insecticides en cas de suspicion ou de
confirmation d’un foyer. Le règlement européen
2007/1266/CE définit les dérogations à l’autorisation et à
l’exportation si les animaux sont « protégés des attaques du
vecteur Culicoides » pendant leur transport. Une
formulation sibylline que la France traduit par le traitement
insecticide épicutané des animaux (note de service
DGAL/SDSPA/N2007-8276).

La réglementation nationale
42 La réglementation s’appuie notamment sur l’article R. 3114-
9 CSP. Celui-ci précise entre autres que le préfet, dans les
départements où s’appliquent les dispositions de l’article L.
3114-5 CSP, peut prendre des mesures de « surveillance des
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animaux susceptibles d’être contaminés par des agents


pathogènes transmis par des insectes vecteurs, selon les
modalités fixées par un arrêté du ministre chargé de
l’Agriculture ».
43 La liste des maladies réputées contagieuses, parmi lesquelles
figurent les maladies vectorielles, détermine en outre les
maladies pour lesquelles des mesures de police sanitaire
doivent être mises en œuvre. La liste des maladies à
déclaration obligatoire fixe celles pour lesquelles la
notification aux services vétérinaires est obligatoire (livre II
du Code rural relatif à la santé publique vétérinaire, article
L. 2114-1). D’une manière générale, l’article L. 214-1 du Code
rural précise que « tout animal étant un être sensible doit
être placé par son propriétaire dans des conditions
compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce ».
Moyennant quoi les références à la lutte antivectorielle
concernent les mesures à appliquer ainsi que les échanges et
mouvements (voir l’encadré).
44 Il apparaît que les exigences réglementaires en matière de
lutte antivectorielle n’imposent le plus souvent que la
désinsectisation. Il n’existe pas de politique globale de lutte
antivectorielle en matière de santé animale, autrement dit
d’organisation opérationnelle fondée sur un cadre
réglementaire.
45 À noter que les services vétérinaires compétents en matière
de santé animale sont organisés en services centraux
(Direction générale de l’alimentation, ou DGAL) et en
services déconcentrés départementaux et régionaux. Les
services centraux sont principalement chargés de la
préparation, du suivi, du contrôle et de l’évaluation de la
législation et de la réglementation, tandis que les missions
des services déconcentrés consistent à organiser et à
contrôler l’exécution des mesures préconisées par la DGAL.
Les textes rédigés au niveau central sont d’application
nationale (sauf cas particuliers) avec communication par
ordres de service aux services déconcentrés.
Dispositions de lutte antivectorielle à mettre en
œuvre

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Mesures à appliquer dans les foyers (ou suspicions de


foyers), de deux ordres essentiellement :
■ la lutte et la protection contre les vecteurs :
désinsectisation des animaux, des bâtiments et des abords
selon les cas ; confinement des animaux… (articles L. 223-8
et L 224 du Code rural) ;
■ des enquêtes épidémiologiques destinées à déterminer la
présence et la distribution des vecteurs, les lieux de
reproduction…
Échanges et mouvements, les références aux vecteurs
s’appliquant dans ce cas à trois types de situations ;
■ la protection des animaux contre les vecteurs lors du
chargement et du transport (désinsectisation des animaux et
des moyens de transport) ;
■ la protection des animaux contre les vecteurs dans le cadre
de protocoles destinés à garantir le statut sanitaire des
animaux ;
■ l’élaboration de programmes de surveillance des vecteurs
destinés à déterminer les périodes d’activité/inactivité des
vecteurs (périodes fixant éventuellement les conditions
d’échanges des animaux).

LE DROIT DES ASSURANCES ET LES


MALADIES VECTORIELLES
46 Deux axes de réflexion sont à considérer sur la question des
assurances.

Les maladies vectorielles et la mortalité animale


47 Les exploitants agricoles peuvent contracter une assurance
« mortalité bétail », mais ce type d’assurance reste facultatif.
Les pertes de bétail à la suite d’une maladie vectorielle
peuvent-elles être en revanche considérées comme une
catastrophe naturelle ou une calamité agricole ?
48 Selon l’article 1er de la loi 82-600 du 13 juillet 1982, une
catastrophe naturelle est caractérisée par l’intensité
anormale d’un agent naturel alors même que les mesures
habituelles à prendre pour prévenir ces dommages n’ont pu
empêcher leur survenue ou n’ont pas été prises. En milieu
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agricole, la catastrophe naturelle concerne entre autres le


cheptel vif en bâtiment. Une extension aux maladies
vectorielles touchant le bétail est-elle envisageable ? Jusqu’à
présent, le législateur a réaffirmé en maintes circonstances
son attachement à une acception de la notion de catastrophe
naturelle limitée aux seuls événements climatiques et
telluriques.
49 La notion de calamité naturelle ressort pour sa part du Code
rural. Selon l’article L. 361-2 : « Sont considérés comme
calamités agricoles au sens du présent chapitre les
dommages non assurables d’importance exceptionnelle dus
à des variations anormales d’intensité d’un agent naturel,
lorsque les moyens techniques de lutte préventive ou
curative employés habituellement dans l’agriculture n’ont pu
être utilisés ou se sont révélés insuffisants ou inopérants »
(article L. 361-2). Cette définition est très proche de celle de
la catastrophe naturelle. Elle concerne, entre autres, les
cheptels vivant hors bâtiment. Les éléments à l’origine d’une
calamité naturelle sont de même nature que pour la
catastrophe naturelle. Cependant, il semble que le Fonds
national de garantie des calamités intervient pour tous les
dommages visés à l’article L. 361-2 (sécheresse, inondation,
gel… mais aussi multiplication exceptionnelle de parasites
ou de virus…). Mais, compte tenu de la complexité de cette
procédure d’indemnisation, il y a fort à penser que les
décisions varient au gré des circonstances.

Les maladies vectorielles et les pertes


d’exploitation
50 Certaines zones géographiques peuvent voir leur potentiel
économique fortement hypothéqué par l’occurrence d’une
maladie vectorielle (baisse d’activité touristique, par
exemple). De telles pertes sont-elles potentiellement
assurables (sachant que l’État, de son côté, a toujours la
possibilité de créer une structure spéciale d’indemnisation) ?
51 Typiquement, en cas de sinistre, la reconstitution des
moyens de production d’entreprises, d’artisans… peut
prendre des mois, voire des années, ce qui grève

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considérablement le chiffre d’affaires des établissements en


question pendant cette période. Mais quel que soit
l’événement couvert, le contrat perte d’exploitation ne
s’applique que si cet événement fait l’objet d’une garantie
dommages matériels. Or, une épidémie/endémie n’entraîne
pas en soi de dommage matériel sur les biens assurés
(installations hôtelières, commerces…). La perte
d’exploitation est en elle-même le dommage. En
conséquence, une garantie perte d’exploitation, telle que
prévue et pratiquée actuellement, paraît difficilement
concevable dans le cas d’une perte d’exploitation résultant
d’une maladie vectorielle. Reste que tout produit non
contraire au Code des assurances peut être inventé, de la
même manière que certaines compagnies d’assurance
lancent des produits garantissant contre les variations
climatiques (saison estivale trop froide, saison hivernale trop
chaude, etc.).

Notes
1. Dans ce chapitre, les références au CD-ROM concernent la question 2 :
« Quel est le cadre législatif et réglementaire ? »

© IRD Éditions, 2009

Licence OpenEdition Books

Référence électronique du chapitre


Cadre législatif et réglementaire de la lutte antivectorielle In : La lutte
antivectorielle en France [en ligne]. Marseille : IRD Éditions, 2009
(généré le 21 février 2023). Disponible sur Internet :
<http://books.openedition.org/irdeditions/1225>. ISBN :
9782709917773. DOI : https://doi.org/10.4000/books.irdeditions.1225.

Référence électronique du livre


FONTENILLE, Didier (dir.) ; et al. La lutte antivectorielle en France.
Nouvelle édition [en ligne]. Marseille : IRD Éditions, 2009 (généré le 21
février 2023). Disponible sur Internet :
<http://books.openedition.org/irdeditions/1214>. ISBN :
9782709917773. DOI : https://doi.org/10.4000/books.irdeditions.1214.
Compatible avec Zotero

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21/02/2023 10:55 La lutte antivectorielle en France - Cadre législatif et réglementaire de la lutte antivectorielle - IRD Éditions

La lutte antivectorielle en France


Ce livre est cité par
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