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AZIZAH Y. AL-HIBRI
1
Traduction de Dina El Kassas, delkassas@gmail.com.
2
Faruqi, 1981.
3
« Dis : Il est Dieu, Unique. Dieu, Le Seul à être imploré pour ce que nous
désirons. Il n'a jamais engendré, n'a pas été engendré non plus. Et nul n'est égal à
Lui » ( Le Coran 112:1-4 ). Voir également « Je [Dieu] n'ai créé les djinns et les
hommes que pour qu'ils M'adorent » ( Le Coran 51:56 ).
Azizah Y. Al-Hibri
4
Voir par exemple, Le Coran 4:1 ; 6:98 ; 7:189 et 39:6.
5
« Ô hommes ! Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle, et Nous avons
fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entreconnaissiez. Le
plus noble d'entre vous, auprès de Dieu, est le plus pieux. Dieu est certes
Omniscient et Grand Connaisseur », ( Le Coran 49:13 ).
6
Le Coran 49:13.
7
Le Coran 49:13. Consulter aussi les passages coraniques qui mettent en exergue
l'origine commune aux deux genres et, en conséquence, leur nature et leur statut
similaires. Citons par exemple : « Ô hommes ! Craignez votre Seigneur qui vous a
créé d'un seul être, et a créé de celui-ci son épouse, et qui de ces deux-là a fait
répandre ( sur terre ) beaucoup d'hommes et de femmes. Craignez Dieu au nom
duquel vous vous implorez les uns les autres, et craignez de rompre les liens du
sang. Certes Dieu vous observe parfaitement », le Coran 4:1. « Et c'est Lui qui
vous a créé à partir d'une seule âme. Voici un lieu de séjour et un lieu de départ.
Nous avançons les preuves pour ceux qui comprennent », le Coran 6:98. « En
vérité, Je ne laisse pas perdre le bien que quiconque parmi vous a fait, homme ou
femme, car vous êtes les uns des autres », le Coran 3:195. « Et quiconque,
homme ou femme, fait de bonnes œuvres, tout en étant croyant... les voilà ceux
qui entreront au Paradis ; et on ne leur fera aucune injustice », le Coran 4:124. «
Quiconque, mâle ou femelle, fait une bonne œuvre tout en étant croyant, Nous lui
ferons vivre une bonne vie. Et Nous les récompenserons, certes, en fonction des
meilleures de leurs actions », le Coran 16:97.
8
« Dieu dit : « Qu'est-ce qui t'empêche de te prosterner quand Je te l'ai
commandé ? » Il répondit :
« Je suis meilleur que lui : Tu m'as créé de feu, alors que Tu l'as créé d'argile » »,
le Coran 7:12.
9
Voir, par exemple, Al-Ghazali 1939, 3:338 ( discutant des pièges de la logique
hiérarchique ).
Introduction aux Droits de la Femme Musulmane
La loi islamique familiale doit se baser sur une logique divine tel
qu'il est révélé dans le Coran et non sur une vision hiérarchique du
monde. Le Coran indique que Dieu a créé les êtres humains, hommes et
femmes, d'une même nafs pour qu'ils trouvent la tranquillité, la bonté et
l'affection entre eux10. Le Coran indique aussi que les croyants, hommes et
femmes, sont walis ( alliés, gardiens ) les uns des autres 11. Ces thèmes
prévalent à travers le Coran qui refuse toute forme de primauté
métaphysique, ontologique, religieuse ou éthique de l'homme sur la
femme. Le Coran indique aussi clairement que la volonté divine considère
les relations d'harmonie, de consultation et de coopération comme
l'antonyme de l a domination et du conflit entre les deux sexes12.
13
Voir la discussion concernant ce point dans al-Hibri 1992, 9-10.
14
Voir, d'une manière générale, al-Hibri 1992.
15
Ibid.
16
Le Coran 2:256.
Introduction aux Droits de la Femme Musulmane
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Les juristes traditionnels sont d'accord pour considérer la 'illah comme la base
de l'interprétation.
18
Voir al-Zuhayli I986, 1:662. Pour plus de détails sur la jurisprudence de la 'iIlah,
lire al-Razi 1992, 5 : 207-16.
19
Le Coran dit dans le verset 2:185 : « Dieu veut pour vous la facilité, Il ne veut
pas la difficulté pour vous ». Plusieurs autres versets montrent comment Dieu
défend l'intérêt public par les lois divines. Un célèbre hadith dit : « Aucun
Azizah Y. Al-Hibri
24
Voir Abu Zahrah l957, I66. Voir, également, l'intéressante discussion de Bennani
l993, 143-46. Zaidan 1994, 7:302:8.
25
Voir note 23, ci-dessus.
26
Certains juristes ont même suggéré que la femme a droit à une bonne pour la
servir si elle n'est pas habituée à prendre en charge les tâches ménagères. Voir
al-Bardisi 1986, 306-7. Voir, également, note 23 ci-dessus.
27
Al-Bardisi 1966, 39-40 ; Zaidan I994, 7:239-40. Voir, également, al-'Asqalani
I986, 285-86.
28
La jurisprudence patriarcale a réussi à réinterpréter ces gages et les
transformer en limites.
29
Maghniah 1960, 301-2. Voir, également, Abu Zahra 1957, 156-62.
30
Maghniah 1960, 301.
Azizah Y. Al-Hibri
L'obligation du Mahr
La tutelle
35
Voir 1985 Al-Jawzi, 136-37. Ghandour 1972, 167-68. Voir, également, Zaidan
1994, 7:68, 71-77. Certains États du Golfe ont récemment adopté des lois qui
fixent le montant du mahr.
36
Mahmassani 1965, 495. Voir, également, Abu Zahrah 1957, 174.
37
Abu Zahrah 1957, 204-6. Voir, également, Zaidan 1994, 7:112-13.
38
Le Coran 49:13.
Azizah Y. Al-Hibri
Néanmoins, même les hanafites ont été influencés par les vents de
protection patriarcale de l'époque et ont accordé au père le droit
d'empêcher sa fille vierge ( et, donc, innocente ) d'épouser un futur mari
inéligible42. Ils ont également défini la notion
d'« éligibilité » dans des termes appuyant les préjugés de classe et de
race. D'autres juristes ont défini cette notion en conformité avec le verset
coranique qui le fonde sur la piété, mais ils ont voulu accorder au père un
pouvoir autoritaire, au lieu d'un pouvoir consultatif43. Dans une société
islamique où, historiquement, le processus islamique de consultation
politique et d'élection a été remplacé par un processus de décision
autoritaire, il n'est pas surprenant que la structure de la famille subit les
mêmes influences. Cependant, actuellement, alors que les citoyens dans
le monde musulman exigent la pleine adhésion à la démocratie islamique
à laquelle ils ont droit grâce à la révélation divine, les femmes ne peuvent
pas demander moins.
La planification familiale
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Les choix individuels sont la condition préalable à la responsabilité personnelle.
Aucune responsabilité ne pourrait exister si les actes de la personne n'émanent
pas d'un choix libre. Le Coran met l'accent sur la doctrine de la responsabilité
personnelle dans plusieurs passages. Par exemple,
« Toute âme dégèle les mauvaises herbes de ses actes uniquement : personne ne
portera le fardeau d'autrui » ( le Coran 6:164 ). Cette doctrine est aussi exprimé
dans les versets 17:15 ; 39:7 et 53:38, entre autres.
40
Abu Zahra 1957, 132-34. Voir, aussi, Maghniah 1960, 321 ; Zaidan 1994, 6:345.
41
Abu Zahra 1957, 130 ; Zaidan 1994, 6:345.
42
Abu Zahra 1957, 130, 136-46 ; Zaidan 1994, 6:345.
43
Pour un aperçu des cinq écoles de pensée islamique sur cette question, voir
Maghniah 1960, 326.
Introduction aux Droits de la Femme Musulmane
L'entretien
besoin pour prendre une décision donnée, mais ne les possède pas ( à ce
moment là ). Sans ces deux qualités ( qui peuvent éventuellement
changer de temps à autre et d'une décision à une autre ), les hommes
n'ont pas le droit de donner des conseils ou de se prendre pour des
protecteurs ( qawwamun )52.
Étant donné que le Coran a été révélé dans un monde qui était, et
continue d'être, très patriarcale, il met en place des mesures positives
pour protéger les femmes. Le but de la révélation au sujet de l'entretien
est de protéger les femmes contre la pauvreté. Le Coran précise
également que l'entretien ne suffit pas pour qu'un homme demande la
qiwamah sur une femme. La deuxième condition coranique détermine qui
est à même de fournir des conseils aux femmes ou de les protéger. Elle
limite donc les pratiques actuelles et empêche la mise en place de tout
nouveau droit. Certains juristes ont intuitivement compris cette différence
et ont essayé de la contourner.
Malgré tous les droits et tous les garanties offerts par l'Islam aux
femmes, la plupart des hommes continuent de les utiliser comme des
52
Al-Hibri 1997, 26-34.
53
Voir Rida n.d., 2:380; 5,67-69. Voir également Zaidan 1994, 7:277-9.
54
« Le Projet de Code Unifié du Statut Personnel Arabe », ART. 52 (1985).
Azizah Y. Al-Hibri
La polygamie
55
« Le Projet de Code Unifié du Statut Personnel Arabe », ART. 43 (1985).
56
Abu Zahra Voir 1957, 403-5. Voir également Zaidan I994, 9:475-80, qui passe
en revue les différents avis juridiques sur ce point. Hanafi, Shafi'i et Hanbali
déclarent que la femme est religieusement et non légalement obligée d'allaiter
son enfant, qu'elle soit mariée ou divorcée. Son mari n'a pas le droit de l'obliger à
allaiter. La mère est cependant obligée d'allaiter le bébé si celui-ci rejette toutes
les autres remplaçantes, ou qu'il n'y en a pas une. Les malékites précisent que la
mère doit allaiter son enfant sauf si elle est issue d'une famille noble ou éduquée
dans laquelle les femmes n'allaitent pas !
57
Voir, Abu Zahra 19S7, 204-5. Voir également Zaidan I994, 9:485-92. ( Appuyant
toujours l'avis de Maliki présenté dans la note précédente, ce passage précise
aussi que les malékites estiment qu'une mère noble allaitant son enfant a droit à
une indemnisation même si elle est encore mariée avec le père [ 9:486 ]. )
58
Le Coran 4:3.
59
« Vous ne pourrez jamais être équitable entre vos femmes, même si vous en
êtes soucieux » ( Le Coran 4:129 ).
Introduction aux Droits de la Femme Musulmane
60
Al-Bukhari n.d., 3:117.
61
Voir al-Bardisi 1966, 38. Voir aussi Mahmassani 1965, 471 ( affirmant que
l'esprit de la Charia islamique est de limiter la permissivité de la jahiliyah
( l'ignorance ) dans la pratique de la polygamie et de mettre en garde contre elle.
Il a posé des conditions sur cette pratique qui la rend presque impossible à
exercer. En conséquence, Mahmassani précise que de nombreux juristes estiment
que l'action, la meilleure et la plus sûre [ al-ahwat ], est d'épouser une seule
femme, et qu'épouser plus qu'une est makrouh [ n'est pas apprécié ]. ) Voir aussi
Zaidan 1994, 6:287, 291-92, qui discute de ces points de vue, mais plaide en
faveur de la polygamie.
62
Voir al-Jaziri 1969, 4:87-89. Voir, également, Zaidan 1994, 6:133, 292.
63
Le code tunisien tire sa légitimité d'une interprétation moderne de l'islam. Voir
Rahman 1980, 451.
Azizah Y. Al-Hibri
64
« Dieu ne vous défend pas d'être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne
vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos
demeures. Car Dieu aime ceux qui sont juste ». ( Le Coran 60:8 )
65
Al-Hibri 19931b, 16:66.
66
« Vous est permise la nourriture des gens du Livre, et votre propre nourriture
leur est permise.
( Vous sont permises ) les femmes vertueuses d'entre les croyantes, et les
femmes vertueuses d'entre les gens qui ont reçu le Livre avant vous ». ( Le Coran
5:5 )
Introduction aux Droits de la Femme Musulmane
67
Pour plus d'informations, voir Rida n.d., 351.
68
Al-Hibri 1993b. Voir, également, Zaidan 1994, 76-10, indiquant que le verset
coranique 2:221 interdit à la femme musulmane d'épouser un non-musulman,
quelque soit sa religion.
69
Al-Hibri 1993b, 66-67. Voir, également, Mahmassani 1965, 479, indiquant que le
principe juridique traditionnel réglementant la charia fondée sur une 'illah suit la
'illah que celle-ci existe ou pas.
Azizah Y. Al-Hibri
Le divorce
Une femme qui ne s'est pas fait protéger par le contrat de mariage
peut demander le divorce judiciaire pour des raisons multiples, y compris
la violence domestique et le manque de soutien. Comme en Occident, les
juges jouent un rôle significatif dans la détermination du degré de violence
dans le comportement du mari, susceptible d'être considéré comme un
acte. Ces degrés varient d'un pays à l'autre. Au Yémen, par exemple, la
karahia ( l'aversion excessive ) présente un motif légal suffisant pour
accorder le divorce judiciaire ou l'annulation ( faskh )72. En Jordanie et au
Koweït, la violence verbale est aussi l'un des motifs légaux du divorce
judiciaire73.
70
« Les partis devraient vivre ensemble conformément à la bienséance ou se
séparer gentiment » ( le Coran 2:229 ).
71
Abu Shaqqa 1990, 6:233, citant Ibn Taymiyah qui indique que certains juristes
estiment que les rapports sexuels, en tant que le devoir de l'homme, doivent
avoir lieu au moins une fois tous les quatre mois ; d'autres estiment que la
période est déterminée en fonction des besoins de la femme et la capacité de
l'homme. Ibn Taymiyah opte pour cette dernière approche. Les arguments
généralement avancés pour imposer une telle obligation sur le mari se basent sur
le fait que la satisfaction des besoins sexuels de la femme l'aide à préserver sa
chasteté. C'est pourquoi al-Ghazali recommande que le mari ait des rapports
sexuels avec chaque épouse une fois toutes les quatre nuits ( en supposant que le
mari a quatre épouses ) ( 2:52 ). Les juristes accordent également à la femme le
droit de divorce judiciaire ( tafriq ) si son mari cesse d'avoir des rapports sexuels
avec elle pour un temps ( 1994 Zaidan 8:439 ).
72
Le Décret Présidentiel Yéménite promulguant la loi no 20 de l'année 1992
portant sur les questions concernant le Statut Personnel, liv. 2, chap. 1, art. 54.
73
Le Code du Statut Personnel Jordanien, la loi provisoire no 61 (1976), chap. 10,
art. 132. La loi koweïtienne no 51 (1984) concernant le Statut Personnel, pt. 1, liv.
2, Titre 3, art. 126. Les deux codes décrivent le préjudice comme étant d'une
nature « qui rend impossible aux pairs de la femme de continuer la relation ».
Introduction aux Droits de la Femme Musulmane
Par ailleurs, une femme musulmane qui n'a pas le droit au divorce
peut avoir recours au khul'. Sous cette forme de divorce, la femme
retourne le mahr à son mari pour mettre fin au mariage. Cette forme puise
ses origines dans un incident qui a eu lieu pendant la vie du Prophète 74.
Depuis lors, cependant, la plupart des pays musulmans perçoit le
consentement du mari comme condition du khul'75. Cette condition requise
a rendue cette forme de divorce très coûteuse étant donné que de
nombreux maris négocient leur consentement. Pourtant, il y a dix ans, des
savants d'Al-Azhar76 ont révisé cette condition et l'ont trouvé injustifiée à
la lumière de la sunna du Prophète. En conséquence de cette évolution
importante et d'autres facteurs, le Parlement Égyptien a réformé le code
du Statut Personnel Égyptien en l'an 2000. Aujourd'hui, le code ne
nécessite plus le consentement du mari pour le khul'.
Conclusion