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Au sens minimaliste, il s’agit d’une entreprise implantée dans plusieurs États au moyen de
filiales dont elle détient tout ou une partie du capital. Si l’on s’en tient à cette définition, la
taille de l’entreprise multinationale importe peu, ce qui compte c’est son caractère
international.
En réalité, bien que les documents de la fiche ne différencient pas toujours sur la base de ce
critère, c’est bien les entreprises multinationales de taille importante qui sont visées. Avec le
plus souvent une société mère et une multitude de filiales directes ou indirectes, elles
cumulent des sommes importantes de capitaux et de ressources, emploient directement ou
indirectement des milliers de personnes dans le monde et ont des activités commerciales et/ou
de production qui s’étendent sur plusieurs États.
La mise en oevure de la RSE prend la forme de codes de conduite. Ce sont des actes
volontaires adoptés par les entreprises et qui vont présenter leurs engagements en
matière de respect des droits de l’homme, des droits sociaux, de l’environnement. Ces
codes privés ont été largement adoptés par les entreprises multinationales à partir du
début des années 1990. Ex : Doc. 3 : voir la partie II.B de l’arrêt qui analyse le
contenu du code d’éthique de la société Alstom.
La RSE est encouragée et guidée par des standards normatifs que les organisations
internationales publiques incitent à adopter par le biais d’instruments de soft law (=
instruments non contraignants). Ex : Documents 1 et 2 de la fiche.
Doc 3. C.Civ, 3ème, Associations France Palestine solidarité « AFPS » c. Société Alstom
Transport SA : (section II.B)
- Textes applicables :
o Convention CLC 69/92 : Convention internationale sur la responsabilité civile
pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures de 1969
o Convention de MARPOL : Convention internationale pour la prévention de la
pollution par les navires, entrée en vigueur de 1983.
Les articles applicables de ces deux textes stipulent que : « une demande en
réparation de dommage par pollution peut être formée contre le propriétaire du
navire ainsi qu'à l'encontre des autres personnes qui y sont énumérées lorsque
le dommage a été commis témérairement et avec conscience qu'un tel
dommage en résulterait probablement ».
o Procédures volontaires de vetting (Code de conduite de Total) : contrôle de
conformité des exigences de sécurité et de protection de l’environnement
- Résumé de l’arrêt : Les juges du fond avaient écarté la demande de réparation civile
des victimes formée contre la société Total SA en estimant notamment que la société
n’avait pas eu d’éléments d’informations suffisants pour constater la présence
d’anomalies et justifiant d’empêcher le départ du navire Erika. Une simple négligence
et non une faute dans la procédure de contrôle avait alors été retenue. La Cour de
cassation affirme en revanche que : « alors que les constatations de fait,
souverainement appréciées par la cour d'appel, caractérisaient une faute de témérité, au
sens de la Convention CLC 69/92, à la charge de la société Total SA, et qu'il en
résultait que son représentant avait nécessairement conscience qu'il s'ensuivrait
probablement un dommage par pollution »
Quel apport en ce qui concerne les codes de conduite ? la Cour de cassation leur
accorde une importance décisive pour établir la faute de témérité de la société. Elle
estime que le code de conduite lui est opposable dans ce contexte : « qu’une inspection
du navire, réalisée dans le cadre de sa mission de contrôle de conformité aux
exigences de sécurité et de protection de l’environnement, dénommée « vetting », si
elle avait été correctement effectuée dans les conditions et les délais prévus par les
procédures internes, aurait dû mettre en évidence […] les faiblesses de l’Erika, inapte
à naviguer en Atlantique ».
Donc on voit que la prise en compte de ces codes de conduite est assez variable. La
plupart du temps, le juge ne les considère pas comme des actes contraignants mais
selon la formulation et le contexte de l’affaire, ils peuvent parfois servir à confirmer
l’engagement de la responsabilité de l’entreprise.
Il s’agit ici plutôt d’instruments de soft law (donc non contraignants), principalement élaborés
par des organisations internationales, dans le but d’encadrer les codes de conduites privés et
d’orienter les entreprises et les États vers une meilleure mise en œuvre de la RSE.
- Champ d’application des principes directeurs : Toutes les entreprises qui opèrent à
partir d’un État membre de l’OCDE ou qui agit sur l’un d’eux.
- Recommandations aux entreprises : les principes directeurs s’en remettent à la volonté
des entreprises mais tentent de les pousser dans des domaines variés :
o Respect des droits de l’homme des personnes affectées par leurs activités
o S’abstenir de rechercher ou d’accepter des exemptions non prévues dans le
dispositif législatif ou réglementaire concernant l’environnement, la santé, la
sécurité etc
o Encourager les fournisseurs, sous-traitants à se conformer aux principes
directeurs des Nations Unies
- Donc globalement, on reste dans une démarche de recommandation, pas d’obligation.
Toutefois les principes de l’OCDE sont assez bien repris par les multinationales dans
leurs codes de conduites.
Doc. 1 : Principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme : mise en
oeuvre du cadre de référence « protéger, respecter et réparer » des Nations Unies
[extraits]
- Partie I : Les Etats : Destinataires des principes fondateurs : Ils ont l’obligation de
protéger les droits de l’homme des atteintes commises par les tiers notamment les
entreprises. Cela implique : l’adoption de mesures de prévention +
enquête/punition/réparation en cas d’atteinte
(suite en TD)