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de botanique appliquée
Kerharo J. Pharmacognosie du Rauwolfia vomitoria Afz. Grand Médicament africain. In: Journal d'agriculture tropicale et de
botanique appliquée, vol. 17, n°10-11, Octobre-novembre 1970. pp. 353-367;
doi : https://doi.org/10.3406/jatba.1970.3079
https://www.persee.fr/doc/jatba_0021-7662_1970_num_17_10_3079
Ressources associées :
Rauwolfia vomitoria
(*) La croyance selon laquelle une plante convient pour le traitement d'une
maladie de tel ou tel organe suivant qu'elle rappelle par certains caractères
comme la forme, la couleur, la sécrétion (ici un latex blanc laiteux) ledit
organe n'est pas propre à l'Afrique noire puisqu'elle est déjà mentionnée par
Pline dans son Histoire naturelle vers l'an 50 de notre ère. On la retrouve
chez les médecins arabes, chez les médecins spagyriques et alchimistes au
Moyen âge avant d'être condensée pour la première fois en système par
Porta au xvie siècle sous le nom de « Théorie de la signature ».
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Chimie.
Alcaloïdes.
Groupe du Yohimbane
Organes* Organes* Organes*
Réserpine R Rescidine R Sérédine R
Réserpoxydine Rescinnaminc R
(= Rénoxydine) R Yohirabine R
a-yohimbine F (G, N)
II — Groupe de l'Heteroyohimbane
Organes* Organes* Organes*
Rauvanine R(G) Tétrahydro- R (N, G) Isoréserpiline F (N, G)
Alstonine R alstonine R(C) Réserpiline F (N, G)
Raumitorine R(G) Aricine F (N, G) R
Réserpinine R
Ajmalicine R
Pharmacologie.
Racines.
Les Alcaloïdes.
RÉSERPINE (*).
La réserpine est l'alcaloïde principal caractérisé par une action
sédative et tranquillisante, une action hypotensive (plus
précisément « antihypertensive » ) en cas d'hypertension artérielle et un
effet bradycardique.
A la différence des barbituriques, la réserpine provoque moins
de somnolence et ne modifie pas l'électroencéphalogramme. Elle
agirait sur les centres sous-corticaux cholino-réactifs (action para-
sympathomimétique centrale) et influencerait le métabolisme de
la sérotonine, de la noradrénaline et d'autres catécholamines en
les mobilisant des tissus où elles sont mises en réserve. D'autre
part les inhibiteurs de la mono-amine oxydase s'opposent à l'action
de la réserpine et diminuent l'élimination urinaire des metabolites
de la sérotonine.
Des doses croissantes de réserpine provoquent chez l'animal
une sedation non hypnotique, une dépression des centres
respiratoire et thermorégulateur, une hypotension plus ou moins nette
avec bradycardie, un ptosis, un myosis, une stimulation du péris-
taltisme intestinal, une hypersécrétion gastrique.
La réserpine n'a pas d'action ganglioplégique et son action
hypotensive s'exercerait en bloquant la transmission de l'influx nerveux
des voies sympathiques (fibres adrénergiques) (d'après 13).
Delàveau (11) a relevé dans la littérature que les travaux récents
concernant la pharmacologie de la réserpine s'étendaient sur une
trentaine de domaines différents. C'est dire combien le sujet est
vaste et ne peut être traité ici dans son ensemble.
Au point de vue indication thérapeutique l'emploi en psychiatrie
comme sédatif et tranquillisant a valu à la réserpine une vogue
exceptionnelle qui a diminué peu à peu au profit des phénothia-
zines. Elle est néanmoins prescrite chez les individus intolérants
aux phénothiazines ou lorsqu'il s'agit de combiner des effets
antihypertenseurs et sédatifs. Les doses varient selon qu'il s'agit
de traiter des états anxieux ou des psychoses, de 0,5 mg à 5 mg
par jour par voie orale et jusqu'à 10 mg en injection
intramusculaire.
L'indication de choix est l'hypertension artérielle labile ou
modérée, particulièrement dans les formes associées à l'anxiété ou
à des facteurs émotionnels (dose orale 0,25 à 1,5 mg par jour) et
l'hypertension grave (0,25 à 0,5 mg par jour) en association avec
des hypotenseurs plus puissants.
Rescinnamine (*).
La rescinnamine est également un hypotenseur sédatif
appartenant au même groupe pharmacodynamique que la réserpine.
Elle est indiquée oralement selon Fattorusso aux doses initiales
de 0,5 mg deux fois par jour pour deux semaines, la posologie
pouvant être augmentée ou diminuée en fonction des effets. Selon
Goodman on peut prescrire 1 à 12 mg par jour en doses échelonnées.
Ajmaline (**).
L'ajmaline est un sympathicoly tique dont les propriétés
rappellent celles de la quinidine, prolongeant la période réfractaire du
myocarde, déclanchant des actions chronotrope négative
(ralentissement du rythme cardiaque) et dromotrope négative
(diminution de l'excitation cardiaque).
D'après Bénigni (5) les DL 50 trouvées pour assurer un effet
préventif total d'arythmie provoquée par le chlorure de calcium
sont de 130/kg pour l'ajmaline et de 135 mg/kg pour la quinidine.
En bref l'action principale de l'ajmaline est une action
antiarythmique et antifibrillante. On la prescrit dans les extra-systoles
auriculaires, les crises de tachycardie, les tachycardies sinusales.
On a signalé également son indication dans le bigéminisme post-
digitalique. Les doses par voie orale sont de 100 à 200 mg par
jour et par injection (intraveineuse, intramusculaire, perfusion) de
50 à 200 mg.
Ajmalicine (***).
L'ajmalicine, ou raubasine, est un vasodilatateur à action sym-
pathicolytique capable d'inverser les effets cardio-vasculaires de
l'adrénaline sans modifier l'action hyperglycémique de celle-ci.
Elle possède aussi une action sur le système nerveux central.
Elle est peu efficace dans l'hypertension. Elle est prescrite par
voie buccale aux doses de 1-2 mg trois fois par jour comme vaso-
dilatateur périphérique dans les spasmes des vaisseaux
périphériques, notamment syndrome de Raynaud, acrocyanose, etc. (in 13).
RESERPILINE.
L'attention a été attirée par La Barre sur la reserpiline qui
représente 75 p. 100 de l'extrait de R. vomitoria non réserpiné.
La reserpiline à la dose de 2 mg/kg par jour ne provoque pas
chez le rat de lésions ulcéreuses gastriques et duodénales alors
qu'une dose moitié moindre de réserpiné détermine de graves
troubles digestifs (23).
La reserpiline n'entraîne aucune perturbation motrice ni sécré-
toire de l'estomac contrairement à la réserpine (24).
Elle possède tant chez le chien que chez le chat anesthésiés une
action hypotensive aussi puissante que celle de la réserpine tout
en étant complètement dénuée de propriétés tranquillisantes. De
ce fait La Barre estime qu'on pourrait envisager avec intérêt les
applications thérapeutiques de la reserpiline qui présente des
propriétés vaso-dilatatrices intenses sans entraîner de troubles
digestifs ni d'état de somnolence (25).
D'autre part il a été signalé par Hans et col. que chez le chien
la reserpiline ne modifie pas de façon décelable le taux des
metabolites urinaires contrairement à la réserpine qui augmente
de façon notable l'élimination urinaire d'acide 5-hydroxyindol-
acétique (15).
Raumitorine.
Selon La Barre la raumitorine, comme la reserpiline, présente
des propriétés hypotensives marquées (chat, chien chloralosé),
n'exerce aucune action sur la sécrétion et la motilité gastrique
et est dépourvue de propriétés ulcérigènes gastriques (29, 26, 27).
La raumitorine comme la reserpiline ne modifie pas de façon
notable chez le chien le taux des metabolites urinaires de la
sérotonine (15).
Elle diffère de la reserpiline par ses effets sur le système
central car elle conserve à un degré assez marqué les propriétés
tranquillisantes de la réserpine (29, 28).
Rauvamine.
Selon Quevauviller et col. la rauvamine, deux fois moins
toxique que la réserpine est un hypotenseur, non sympatholy-
tique, peu tranquillisant, non ulcérigène, non antifibrillant. Elle
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Autres alcaloïdes.
Signalons pour mémoire la yohimbine et l'alstonine qui ne
sont pas spécifiques des Rauwolfia.
La yohimbine à action sympatholytique, stimulant du système
nerveux central est plus ou moins employé comme
vaso-dilatateur, hypotenseur et aphrodisiaque.
L'alstonine est un hypotenseur à action adrénolytique et à
propriétés fébrifuges.
CONCLUSIONS
BIBLIOGRAPHIE
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