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La diffusion des variétés améliorées de manioc en Côte d’Ivoire

Technical Report · March 2015

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Konan Evrard Brice Dibi Brice Sidoine Essis

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 Le CNRA en 2014
La diffusion des variétés améliorées de manioc
en Côte d’Ivoire
N’Zué Boni, Djédji Catherine, Dibi Konan, Essis Brice, Kouakou Amani, Kouassi Kouadio, Zohouri Goli, Tahouo Odile
En Côte d’Ivoire, le manioc occupe le deuxième
rang des productions vivrières (2,36 millions
de tonnes produites en 2013 d’après la FAO)
après l’igname. Cette production est en partie
autoconsommée et en partie commercialisée
par les producteurs. Elle est transformée
sous forme de produits variés : farine, ami-
don, flocons, attiéké, foutou, toh, gari, etc.
Cependant, le rendement moyen de cette
culture reste très faible, d’après la FAO de
l’ordre de 7 tonnes par hectare, comparé au
rendement moyen du Ghana voisin, qui attei-
gnait 15 tonnes par hectare en 2010. L’utili-
sation de cultivars locaux, peu productifs et
sensibles aux maladies et ravageurs, constitue
une des raisons de ce mauvais rendement.
16 En effet, les innovations sur le manioc
connaissent une diffusion limitée et restent
parfois inconnues des services de dévelop-
pement et des producteurs. La recherche a
pourtant mis au point des variétés améliorées
de manioc ayant un potentiel élevé, ainsi
qu’une technique de multiplication rapide de
boutures par recépage permettant de diffuser
ces variétés.
Un pied d’une variété améliorée de manioc produit
en milieu paysan
Pour améliorer le rendement du
manioc, ...
Les travaux menés entre 1998 et 2005 sur
les stations de recherche de Bouaké, Man et
sur le site d’Adiopodoumé ont permis de sé-
lectionner trois variétés, deux créées par le
CNRA et une provenant de l’IITA. Ces varié-
tés ont obtenu en stations des rendements
de 32 à 34 t/ha avec des taux de matière
sèche de 37 à 39 %. Elles ont été surnom-
mées Bocou1, Bocou2 et Bocou3.
Dans ce contexte, des champs de démons-
tration des variétés Bocou et de la variété
TMS4(2)1425, également révélée performante
en station de recherche, ont été mis en place
en milieu paysan sur différents sites
(Bouaké, Dabou, Adzopé et Man). Dans
chaque région, les producteurs ont choisi un
cultivar local comme témoin (Yacé à Dabou
et Man, Zoglo blé à Bouaké, Mamanwa à
Adzopé). Sous la supervision du CNRA et
des services de développement (ANADER et
OIC-CI), les producteurs ont réalisé les diffé-
rentes opérations de mise en place, récolte
et transformation en mets locaux.
Les rendements, obtenus dans les conditions
paysannes sans apport d’engrais, ont varié
entre 15 et 33 t/ha
pour les variétés
améliorées contre
13 à 25 t/ha pour
les variétés tradition-
nelles. Les variétés
Bocou1 et TMS4(2)
1425 ont été jugées,
par les ménages,
adaptées à la trans-
formation du manioc
en foutou, attiéké et
placali, la variété
Bocou3 adaptée à Plant de manioc régénéré
l’attiéké et au placali après recépage
et la variété Bocou2 en milieu paysan

à l’attiéké. Dans les quatre régions ciblées,
les villageois ont retenu les quatre variétés
améliorées pour produire des boutures à
grande échelle afin de les diffuser.
une production intensive de
boutures de variétés améliorées ...
A cet effet, des boutures sont produites de-
puis 2012 dans les quatre régions par des
producteurs et des producteurs semenciers
qui pratiquent la technique de multiplication
rapide du manioc par recépage. En complé-
ment, la station de recherche sur les cultures
vivrières de Bouaké produit également des
boutures sur une superficie de 15 hectares.
Dans chacune des régions de Dabou, Man,
Bouaké et Adzopé, une plateforme multi-
acteurs a été créée sous la supervision de
l’ANADER et du CNRA, qui en assurent l’ani-
mation. Les plateformes sont structurées et
formalisées afin de permettre leur dynamisme
et leur pérennité. Leur objectif est de soutenir
la production, la transformation et la com-
mercialisation des variétés de manioc.
La distribution des boutures est assurée par
l’ANADER et le FIRCA au profit d’autres pro-
ducteurs, individuels ou en groupements,
dans le cadre de différents projets. Les bou-
tures des nouvelles variétés de manioc sont
diffusées dans toutes les régions de produc-
tion du manioc de Côte d’Ivoire.
Actuellement, dans plus de 250 villages, plus
de 6 000 producteurs, dont 60 % de femmes,
Récolte d’un test de démonstration de variétés
améliorées de manioc en milieu paysan
View publication stats
Le point sur ...
cultivent au moins une des variétés amélio-
rées de manioc. Ces nouvelles variétés oc-
cupent une superficie de plus de 600 hectares,
dont 80 % concernent la variété Bocou1.
En effet, cette variété est la plus appréciée
des producteurs et dispose d’un potentiel de
production de boutures plus important que
les trois autres variétés.
… à poursuivre et à amplifier.
Dans un avenir proche, d’autres techniques
de multiplication rapide (par minibouturage et
microbouturage) vont être proposées afin
d’améliorer la diffusion des variétés améliorées
de manioc. Pour plus d’efficacité, il est né-
cessaire de renforcer les capacités des
agents de développement aux techniques de
multiplication rapide par recépage et par mi-
nibouturage afin d’assurer la formation des
producteurs semenciers.
De plus, la recherche continue d’assurer la
création, l’introduction et l’évaluation de nou-
velles variétés de manioc répondant davan-
tage aux préoccupations des producteurs, 17
des transformateurs et des consommateurs.
Ainsi, de nouvelles variétés améliorées de
manioc vont être diffusées en impliquant les
plateformes, les structures d’encadrement et
les médias.
Enfin, un mécanisme de financement des
plateformes et des activités de multiplication
des variétés améliorées doit être mis en place
afin de pérenniser le système.
Boutures de variétés améliorées de manioc,
produites en milieu paysan, prêtes à être
distribuées à des producteurs