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MAP431.

Analyse variationnelle des équations aux dérivées partielles

PC10 : Problèmes aux valeurs propres

Exercice 1 Inégalité de Poincaré et valeurs propres du Laplacien


Soit Ω ⊂ RN , N ≥ 1, un domaine borné régulier. D’après l’inégalité de Poincaré, on sait qu’il
existe une constante C > 0 telle que

kvkL2 (Ω) ≤ Ck∇vk(L2 (Ω))N , ∀v ∈ H01 (Ω). (1)

Dans cet exercice, on montre que l’on peut prendre une plus petite constante C dans (1) et l’on ex-
prime sa valeur en fonction de la première valeur propre du Laplacien Dirichlet.

Pour cela, on définit l’ensemble K := {v ∈ H01 (Ω) : kvkL2 (Ω) = 1} et on considère le problème de
minimisation  Z 
inf J(v) = |∇v|2 dx .
v∈K Ω

1. Montrer que J admet un infimum sur K.


2. Montrer que de toute suite minimisante de J sur K, on peut extraire une sous-suite (un )n∈N
convergeant faiblement dans H01 (Ω) et fortement dans L2 (Ω) vers un même élément u∞ .
3. Montrer que
ku∞ kH 1 (Ω) ≤ lim inf kun kH 1 (Ω) .
0 n→+∞ 0

4. En déduire que J admet un minimum λ sur K atteint pour au moins une fonction u ∈ K.
5. Écrire l’équation satisfaite par les minimiseurs de J sur K. En déduire que les minimiseurs de J
sur K sont exactement les fonctions propres associées à la première valeur propre du Laplacien
Dirichlet.
Indice: On pourra considérer le problème de minimisation suivant :
 Z Z 
min ˜ =
J(v) 2
|∇v| dx − λ 2
|v| dx , où λ = J(u) = min J(v).
v∈H01 (Ω) Ω Ω v∈K

6. En déduire l’estimation suivante :


1
kvkL2 (Ω) ≤ √ k∇vk(L2 (Ω))N , ∀v ∈ H01 (Ω),
λ
où λ désigne la première valeur propre
√ du Laplacien Dirichlet, et que la constante C dans (1)
ne peut être choisie inférieure à 1/ λ.

Exercice 2
Soit Ω ⊂ R2 un ouvert borné à frontière lipschitzienne. Dans cet exercice, on s’intéresse au problème
aux valeurs propres :
Trouver (λ, u) ∈ R × H 1 (Ω) \ {0} tel que
−∆u = λu dans Ω,
u = 0 sur ∂Ω.

1
La formulation variationnelle équivalente à ce problème s’écrit :

Trouver (λ, u) ∈ R × H01 (Ω) \ {0} tel que


(2)
a(u, v) = λb(u, v), ∀v ∈ H01 (Ω),
avec Z Z
a(u, v) = ∇u · ∇vdx et b(u, v) = uvdx.
Ω Ω

0
Soit (T h ) une famille de triangulations régulières de Ω telle que si h0 < h, T h peut-être obtenu en
raffinant le maillage T h . On note V h le sous-espace de H01 (Ω) construit à partir de l’élément fini P1
sur T h et l’on considère le problème  discrétisé  :

Trouver (λh , uh ) ∈ R × V h \ {0} tel que


(3)
a(uh , v h ) = λh b(uh , v h ), ∀v h ∈ V h .

1. Approximation numérique des valeurs propres


On note λk (resp. λhk ) la k-ième plus petite valeur propre de (2) (resp. (3)). Notons que λhk est
bien définie pour h suffisamment petit. En utilisant le principe du min-max, montrer que

λk ≤ λhk ,
0
et que λhk ≤ λhk pour h ≤ h0 . Vérifier ces propriétés avec Freefem++. Pour cela, on travaillera
dans Ω :=]0, 1[×]0, 1[. Pour cette géométrie particulière, on donnera l’expression exacte des
valeurs propres et fonctions propres du problème (2) puis on étudiera la vitesse de convergence
de (λhk ) vers λk .
2. Problème avec terme source
Pour ω ∈ R et f ∈ L2 (Ω) donnés, on considère le problème :

Trouver v ∈ H 1 (Ω) tel que


−∆v − ωv = f dans Ω,
v = 0 sur ∂Ω,

dont la formulation variationnelle s’écrit :


Trouver v ∈ H01 (Ω) tel que
(4)
a(v, v 0 ) − ωb(v, v 0 ) = `(v 0 ), ∀v 0 ∈ H01 (Ω),
Z
avec `(v 0 ) = f v 0 dx.

Montrer que (4) admet une unique solution si et seulement si ω n’est pas valeur propre du
problème (2). Pour établir ce résultat, on utilisera le fait que L2 (Ω) admet une base hilber-
tienne formée de fonctions propres associées aux valeurs propres du problème (2). Lorsque ω
est valeur propre de (2), discuter les caractéristiques du problème (4).

Lorsque ω n’est pas valeur propre de (2), notons v(ω) la solution de (4). Tracer avec Freefem++
la courbe ω 7→ kv h (ω)kH 1 (Ω) où v h (ω) désigne l’approximation par éléments finis de v(ω). Es-
sayer différents f et commenter.

Soit λ une valeur propre de (2) et u une fonction propre associée. Considérons (ωn ) une suite
de réels convergeant vers λ, avec ωn 6= λ pour tout n ∈ N. Établir que
Z
lim kv(ωn )kH 1 (Ω) = +∞ lorsque f est tel que f udx 6= 0.
n→+∞ Ω

2
Solution de l’exercice 1
1. La fonctionnelle J est positive donc minorée sur K. Par conséquent son infimum m = inf K J
existe.

2. Considérons (un ) ∈ K N une suite minimisante pour J, autrement dit une suite d’éléments de
K telle que
lim J(un ) = inf J.
n→+∞ K

La suite (J(un )) est alors bornée. Puisque J(v) tend vers l’infini lorsque kvkH 1 (Ω) → +∞, on
déduit que (un ) est bornée dans H01 (Ω). Quitte à extraire une sous-suite, on sait alors qu’il
existe u ∈ H01 (Ω) tel que
un * u faiblement dans H01 (Ω),
ce qui, d’après le théorème de Rellich, implique

un → u fortement dans L2 (Ω).

3. C’est la preuve du théorème 7.11 du polycopié.


4. Par propriété de la convergence faible (que l’on vient de redémontrer), on a

kukH 1 (Ω) ≤ lim inf kun kH 1 (Ω)


0 n→+∞ 0

et donc
J(u) ≤ lim inf J(un ) = inf J.
n→+∞ K

Or, pour tout n, on a kun kL2 (Ω) = 1. Puisque (un ) converge fortement vers u dans L2 (Ω), on
déduit kukL2 (Ω) = 1, donc u appartient à K. Ainsi J atteint son infimum sur K en u. Cet
infimum est un minimum et le problème de minimisation de J sur K admet une solution.

5. Notons λ = J(u) le minimum de J sur K et considérons le problème de minimisation


 Z Z 
min ˜ =
J(v) |∇v|2 dx − λ |v|2 dx .
v∈H01 (Ω) Ω Ω

Par définition de λ, la fonctionnelle J˜ est positive sur H01 (Ω). Par ailleurs, on a J(u)
˜ = 0 et
1 ˜ 1 ˜
u ∈ H0 (Ω). Par conséquent, u est un minimiseur de J sur H0 (Ω). Or J peut s’écrire sous la
˜ = 1 a(v, v) avec
forme J(v) 2

1
Z Z
a(v, w) = ∇v · ∇wdx − λ vwdx.
2 Ω Ω

La forme a est bilinéaire, symétrique, positive sur H01 (Ω) qui est un espace vectoriel. Puisque
u minimise J˜ sur H01 (Ω), on a donc

∀v ∈ H01 (Ω), a(u, v) = 0.

En prenant v dans Cc∞ et en intégrant par parties, on déduit que u ∈ K ⊂ H01 (Ω) doit vérifier

−∆u = λu.

Cela prouve que λ doit être une valeur propre du Laplacien Dirichlet (sinon u serait nul, ce qui
est impossible car kukL2 (Ω) = 1) et u est une fonction propre associée à λ.

Montrons enfin que λ est la première valeur propre (la plus petite) du Laplacien Dirichlet.

3
Supposons qu’il existe µ valeur propre du Laplacien Dirichlet telle que µ < λ. Soit v une
fonction propre associée à µ. Quitte à diviser v par kvkL2 (Ω) , on peut supposer que v ∈ K. On
a alors
J(v) = µ < λ = inf J(w).
w∈K

On aboutit donc à une contradiction, ce qui prouve que λ est la première valeur propre du
Laplacien Dirichlet.

6. Si v est nulle, alors clairement on a

1
kvkL2 (Ω) ≤ √ k∇vk(L2 (Ω))N . (5)
λ

Si v ∈ H01 (Ω) est non nulle, définissons w = v/kvkL2 ∈ K. D’après les questions précédentes, on
a λ ≤ J(w) = k∇wk2(L2 (Ω))N . Cela conduit directement à (5). Enfin, on remarque que l’inégalité
de Poincaré (5) est optimale car pour u fonction propre associée à λ (qui est donc la première
valeur propre du Laplacien Dirichlet), on a égalité.
√ Dans l’inégalité de Poincaré, on ne peut
donc pas prendre une constante plus petite que 1/ λ.

Solution de l’exercice 2
1. Tout d’abord a restreint à V h est symétrique définie positive : par le théorème spectral, on sait
qu’il existe une base de vecteurs propres et que les valeurs propres sont réelles positives. Ainsi
λhk existe pourvu que dim(V h ) ≥ k, ce qui correspond à h assez petit.
Le principe du min-max de Fischer nous dit (poly ch.8, p.95, formule (8.10))
!
a(v, v)
λk = min max ,
W ∈Ek v∈W \{0} kvkL2 (Ω)

où Ek représente l’ensemble des sous-espaces vectoriels de dimension k de H01 (Ω). On peut
0 0
définir de même Ekh et Ekh les sous-espaces vectoriels de V h et V h de dimension k, et l’on a,
pour h ≤ h0 :
0
Ekh ⊂ Ekh ⊂ E,
0
donc min ≤ min ≤ min
0
, donc λk ≤ λhk ≤ λhk .
E Ekh Ekh
Dans Ω =]0, 1[×]0, 1[, on teste des fonctions de type uk (x) = sin(ω1 x) sin(ω2 y) et on trouve :

ω12 + ω22 = λk , ω1 = k1 π, ω2 = k2 π λk1 ,k2 = π 2 (k12 + k22 ).

2. On écrit tout élément de L2 (Ω) dans une base hilbertienne (ek ) de vecteurs propres associés
aux valeurs propres ordonnées de façon croissante λk :

X ∞
X
u= (u, ek )L2 ek , v= (v, ek )L2 ek .
k=1 k=1

Le problème (4) s’écrit donc



X ∞
X
(v, ek )L2 (u, ek0 )L2 a(ek , ek0 ) − ωb(ek , ek0 )) = (f, ek )L2 (v, ek )L2 ,
k,k0 =1 k=1

et grâce au fait que a(ek , ek0 ) = λk δk,k0 et b(ek , ek0 ) = δk,k0 , en testant contre v = ek on obtient

(f, ek )L2
(u, ek )L2 (λk − ω) = (f, ek )L2 =⇒ (u, ek )L2 = si λk − ω 6= 0.
λk − ω

4
On a donc deux cas :
(f,e )
• ∀ k, ω 6= λk : dans ce cas, il y a une unique solution, donnée par (u, ek )L2 = λkk−ωL2 : on
voit que f étant dans L2 , u sera dans H01 par convergence de la série λk (u, ek ).
P

• ω = λk pour un (ou plusieurs si valeur propre multiple) certain k : dans ce cas, soit (f, ek ) 6=
0, et dans ce cas il n’y a aucune solution possible, soit f ∈ Vect(ek )⊥ , et dans ce cas il y a
une infinité de solutions possibles, données par
X (f, ei )L2
u= ei + Vect(ek ).
i6=k
λi − ω

Si (wn ) 6= λ est une suite convergeant vers λ valeur propre associée au vecteur propre u,
alors on a la formule explicite ci-dessus pour v(ωn ) avec
R
Ω f udx
(v(ωn ), u)L2 = ,
λ − ωn
ce qui implique que

kv(ωn )kH 1 (Ω) ≥ kv(ωn )kL2 (Ω) ≥ |(v(ωn ), u)L2 | → +∞.

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