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Problèmes variationnels
Boris Kolev
11 mars 2004
Résumé
Ce chapitre est une introduction aux méthodes du calcul variationnel à travers quelques
exemples. On y présente d’abord les équations d’Euler-Lagrange et le théorème de Noether
pour un lagrangien dans Rn . On traite ensuite les géodésiques d’une variété riemannienne
comme solution d’un problème variationnel et on calcule la seconde variation. Dans la
dernière section on envisage les problèmes faisant intervenir plusieurs paramètres et en
particulier le problème des surfaces minimales dans R3 .
de Hamilton [1]. Une autre approche du calcul différentiel sur les espaces de dimension infinie repose sur la théorie
des espaces difféologiques développée par Souriau et Iglesias (voir http ://www.umpa.ens-lyon.fr/ iglesias/)
1
Soit (x, v) 7→ L(x, v) une fonction C∞ de Rn × Rn dans R. Un problème variationnel à 1
dimension consiste à rechercher les courbes γ ∈ Ωab (Rn ) qui rendent l’intégrale
ˆ 1
S(γ) = L(x(t), ẋ(t)) dt, (1)
0
dite intégrale d’action, extrémale. La fonction L est appelée le lagrangien du problème varia-
tionnel.
La première étape consiste à rechercher les points critiques. La dérivée de la fonction S au
point γ dans la direction X s’écrit
ˆ 1
∂L i ∂L i
DS(γ)X = X + i Ẋ dt,
0 ∂xi ∂v
où l’intégrale est prise le long de la courbe γ. Une intégration par partie nous donne, compte-
tenu que X(0) = X(1) = 0 :
ˆ 1
∂L d ∂L
DS(γ)X = i
− i
X i dt.
0 ∂x dt ∂v
D’où le théorème
Theorème 1.1. Si une courbe γ ∈ Ωab (Rn ) est une extrémale de la fonction
ˆ 1
S(γ) = L(x(t), ẋ(t)) dt,
0
2
3. La force
∂L
fi = .
∂xi
Remarque 1.3. Pour traiter le cas d’une intégrale d’action dont le lagrangien L est une fonction
qui dépend explicitement du paramètre t, on se ramène à l’étude précédente en posant q = (x,t)
et en se plaçant dans Rn+1 . ♣
On a le résultat suivant
Theorème 1.5 (Théorème de Noether). Soit L un lagrangien invariant sous l’action d’un groupe
de Lie G et γ une extrémale de S. Alors pour tout A ∈ g on a
d ∂L i
X = 0,
dt ∂vi A
le long de γ.
3
On dit aussi que la fonction est une intégrale première ou une grandeur conservée des
équations d’Euler-Lagrange.
Remarquer que si le couple (x, v) ∈ Rn × Rn est fixé, l’application
∂L i
A 7→ X = pi XAi , A ∈ g
∂vi A
est une forme linéaire sur g, autrement dit un élément de g∗ . L’application
µ(x, v) = A 7→ pi XAi
(3)
de T Rn = Rn × Rn dans g∗ est appelé l’application moment.
4
Remarque 1.7. Dans ce cas, l’application moment définie par l’équation (3) s’écrit
µA = p(XA ) = θL (X̃A ),
où X̃A est le champ de vecteur engendré par A ∈ g sur T Rn (le vérifier). µ coïncide donc bien avec
l’application moment qu’on définit formellement en géométrie symplectique et dont l’origine
remonte au théorème de Noether. ♣
Si de plus la fonction p définie un difféomorphisme de T Rn sur T ∗ Rn , on dit alors que le
lagrangien L est fortement non dégénéré. On peut alors exprimer les équations de Lagrange à
l’aide des variable (x, p) à la place des variables (x, v) et on obtient le résultat suivant :
Theorème 1.8. Soit L un lagrangien fortement non dégénéré et H(x, p) l’énergie E exprimée
en fonction des variables x et p (H est la transformée de Legendre de L). Alors les équations de
Lagrange sont équivalentes aux équations de Hamilton :
∂H ∂H
ẋ = , ṗ = − (4)
∂p ∂x
Exercice 1.9. Démontrer le théorème précédent. ♠
On peut munir cet espace d’une structure de variété de Fréchet où l’on sait faire du calcul
différentiel au sens faible, c’est à dire calculer des dérivées directionnelles. L’espace vectoriel
tangent à Ωab (M) au point α est
Tα Ωab (M) est donc le sous-espace des relèvements de α, que nous avons noté L(α) au chapitre
1 et qui sont nuls en a et en b.
Si F : Ωab (M) → R est une fonction C∞ , on définit la dérivée directionnelle de F en α dans
la direction X ∈ Tα Ωab (M) par
F(σs ) − F(α)
DF(α) X = lim , (5)
s→0 s
où σs (t) = σ(s,t) est tel que
∂σ
σ(s, 0) = a, σ(s, 1) = b, σ(0,t) = α(t), (0,t) = X(t).
∂s
On définit sur Ωab (M) deux fonctions, l’énergie
ˆ 1
1
K(α) = hα̇, α̇ i dt , (6)
0 2
5
et la longueur
ˆ 1p
L(α) = hα̇, α̇ i dt . (7)
0
Exercice 2.1. 1. Montrer que tout chemin α qui minimise l’énergie minimise également la
longueur.
2. Montrer que si α(t) minimise la longueur, il en est de même de α ◦ ϕ(t) pour tout dif-
féomorphisme ϕ de l’intervalle [0, 1]. En déduire que si α(t) est un minimum de la fonc-
tionnelle de longueur paramétré par sa longueur, alors c’est également un minimum pour
l’énergie.
♠
∂σ
σ(s, 0) = a, σ(s, 1) = b, σ(0,t) = α(t), (0,t) = X(t).
∂s
On a ˆ ˆ 1
1
d 1 ∂σ ∂σ DX
DK(α)X = h , i dt = hα̇, i dt,
0 ds s=0 2 ∂t ∂t
0 Dt
du fait que
D ∂σ D ∂σ
= .
Dt ∂s Ds ∂t
Mais
d Dα̇ DX
hα̇, X i = h , X i + hα̇, i,
dt Dt Dt
ce qui nous donne finalement, compte tenu que X(0) = 0 et X(1) = 0
ˆ 1
Dα̇
DK(α)X = − h , X i dt. (8)
0 Dt
par conséquent, les points critiques de l’énergie sont les géodésiques.
∂σ
σ(s, 0) = a, σ(s, 1) = b, σ(0,t) = α(t), (0,t) = Y (t).
∂s
Soit X(s,t) = Xs (t) un relèvement de σ(s,t) tel que X(0,t) = X(t). On va maintenant calculer
la dérivé seconde de K en un point critique α. Elle est définie par
ˆ 1
2 d d D ∂σ
D K(α)(X,Y ) = DK(σs )Xs = − h , Xs i dt,
ds s=0 0 ds s=0 Dt ∂t
6
soit ˆ 1
2 D D ∂σ Dα̇ DXs
D K(α)(X,Y ) = − h ,X i+h , i dt.
0 Ds Dt ∂t Dt Ds
Le second terme de droite est si α est un point critique. En utilisant les lemmes du chapitre 1
sur les propriétés de commutation des opérateur de dérivation covariante, on a
D D ∂σ D2Y
= + R(Y, α̇)α̇,
Ds Dt ∂t Dt 2
ce qui nous donne finalement
ˆ 1
2 D2Y
D K(α)(X,Y ) = − h − R(α̇,Y )α̇, X i dt.
0 Dt 2
On voit donc que le noyau de la forme bilinéaire symétrique D2 K(α)(X,Y ) (où α est un
point critique) est constitué par les champs de Jacobi le long de α qui vérifient de plus Y (0) = 0
et Y (1) = 0.
x = cos θ cos ϕ
y = cos θ sin ϕ
z = sin θ
Calcul de la métrique La métrique de la sphère est induite par celle de l’espace ambiant. On
a donc
ds2 = dx2 + dy2 + dz2 = dθ2 + cos2 θ dϕ2
c’est à dire
gθθ = 1, gθϕ = 0, gϕϕ = cos2 θ.
7
ce qui nous donne
d
(θ̇) = − cos θ sin θ ϕ̇2 ,
dt
d
(cos2 θ ϕ̇) = 0.
dt
Calcul des symboles de Christoffel On réécrit les équations des géodésiques sous la forme
Calcul des champs de Jacobi Nous commencerons par calculer le tenseur de courbure.
Comme
R(X,Y ) = −R(X,Y ),
il suffit de calculer R(∂θ , ∂ϕ ) sur la base ∂θ , ∂ϕ . On commence par calculer
∇∂θ ∂θ = 0,
∇∂θ ∂ϕ = ∇∂ϕ ∂θ = − tan θ ∂ϕ ,
∇∂ϕ ∂ϕ = cos θ sin θ ∂θ .
puis
8
ce qui nous donne pour un champ de vecteurs quelconque de composantes (Xθ , Xϕ )
où A et B sont des constantes. On voit donc que pour ϕ = π il existe un champ de Jacobi non nul
qui s’annule aux deux extrémités de la géodésique, ce qui traduit le fait que cette géodésique
cesse d’être un minimum stricte.
9
L’application f induit une métrique riemannienne g sur D par pull-back de la métrique
ambiante de R3
g = f ∗ (dx2 + dy2 + dz2 ).
On appelle également la métrique g la première forme fondamentale de S . Sa matrice dans la
base locale ( fu0 , fv0 ) s’écrit :
E F
Q1 =
F G
où E = k fu0 k2 , G = k fv0 k2 et F = fu0 · fv0 .
La connexion de Lévi-Civita associé à cette métrique est donnée par
∇X Y = P⊥ (dY. X)
q(X,Y ) = −(dY. X) · n
et on appelle q la deuxième forme fondamentale. Sa matrice dans la base locale ( fu0 , fv0 ) s’écrit :
L M
Q2 =
M N
00 · n, M = f 00 · n et N = f 00 · n. En chaque point m ∈ S , il existe un opérateur linéaire
où L = fuu uv vv
H : Tm S → Tm S tel que
q(X,Y ) = g(H(X),Y ) = g(X, H(Y )).
Comme on peut le vérifier facilement, on a
H(X) = dn. X .
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Comme pour le problème des géodésiques, on peut calculer les dérivées directionnelles de
la fonction A . Dans le cas qui nous intéresse, on a
ˆ
dν
DA ( f ). ξ = du dv ,
D ds s=0
où
ν(s) = ν( f + sξ)
et ξ : D → R3 est telle que ξ = 0 sur ∂D. Un calcul élémentaire nous donne
dν
= n · (ξ0u ∧ fv0 + fu0 ∧ ξ0v )
ds s=0
= ( fv0 ∧ n) · ξ0u + (n ∧ fu0 ) · ξ0v .
Écrivons la formule de Stokes ˆ ˆ
dω = ω
D ∂D
avec
ω = (ξ · ( fv0 ∧ n)) dv − (ξ · (n ∧ fu0 )) du,
il vient
ˆ
∂u ( fv0 ∧ n) + ∂v (n ∧ fu0 ) · ξ du dv
DA ( f ). ξ = −
ˆD
fv0 ∧ ∂u n + ∂v n ∧ fu0 · ξ du dv .
=−
D
Soit
a b
c d
la matrice de l’endomorphisme symétrique H dans la base locale ( fu0 , fv0 ), alors
∂u n = a fu0 + c fv0
∂v n = b fu0 + d fv0 ,
et donc
ˆ
a fv0 ∧ fu0 + d fv0 ∧ fu0 · ξ du dv
DA ( f ). ξ = −
ˆ D
= tr(H) (n · ξ) ν( f ) du dv
D
Un point critique de A est donc défini par l’équation
tr(H) = 0.
Theorème 3.1. Une condition nécessaire pour qu’une surface de R3 de bord donné soit mini-
male est que sa courbure moyenne soit nulle.
Exercice 3.2. On considère 2 cercles coaxiaux de rayon R, espacés d’une distance L. Montrer
qu’il existe une surface minimale stable joignant ces deux cercles si L/R n’est pas trop grand.
Déterminer la valeur de L/R pour laquelle cette solution perd sa stabilité.
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3.2 Équations d’Euler-Lagrange et tenseur d’impulsion-énergie
j
Plus généralement, soit L(qi , pk ) une fonction de classes C∞ définie sur Rn × Rnp . On
cherche à déterminer les extrema de la fonction
ˆ
A ( f ) = L( f i (u), fujk (u)) du1 ∧ · · · ∧ du p ,
D
j
où on a noté fuk la dérivée partielle de f j par rapport à uk et f appartient à un espace de fonctions
de classe C∞ de R p dans Rn qui ont toutes une même valeur donnée (condition limite) sur le
bord ∂D du domaine D.
Comme nous l’avons fait dans la recherche des surfaces minimales, considérons une varia-
tions fs = f + sξ de f où la fonction ξ est nulle sur ∂D. La dérivée directionnelle de A s’écrit
alors ˆ ( )
∂L i ∂L j
DA ( f ). ξ = i
ξ + j ξuk du1 ∧ · · · ∧ du p .
D ∂q ∂p k
Écrivons la formule de Stokes avec
!
p
∂L
ω= ∑ (−1) k+1
j
du1 ∧ · · · ∧ du
ck ∧ · · · ∧ du p ,
k=1 ∂ fuk
il vient ˆ
∂L ∂ ∂L
DA ( f ). ξ = − k ξi du1 ∧ · · · ∧ du p .
D ∂qi ∂u ∂pik
Les points critiques de A sont donc les fonctions f qui vérifient les équations d’Euler-
Lagrange
∂L ∂ ∂L
− = 0, 1 ≤ i ≤ n. (9)
∂qi ∂uk ∂pik
dans le cas d’un problème variationnel à une dimension, nous avons vu que si le lagrangien
L ne dépendait pas explicitement du paramètre t alors la fonction
∂L
E = vi −L
∂vi
appelée énergie était constant le long d’une extrémale. Nous avons un résultat analogue en
dimension quelconque. Introduisons le tenseur
∂L
Ti j = fuki − δi j L
∂ fukj
qu’on appelle le tenseur d’énergie-impulsion et qui généralise la fonction énergie évoquée plus
haut.
Lemme 3.3. Si f est une solution des équations d’Euler-Lagrange, on a
n∂Ti j
div T = ∑ j
= 0.
j=1 ∂u
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Démonstration. On a
!
∂ ∂L
(div T )i = k ful i l − δik L
∂u ∂ fk
! !
∂L ∂ ∂L ∂L
= ful k ui l
+ k l
ful i − i .
∂ fk ∂u ∂ fk ∂u
Mais !
i ∂L ∂L
∂L/∂u = ful i + ful k ui ,
∂fl ∂ ful k
d’où ! !
∂ ∂L ∂L
(div T )i = ful i − l
∂uk ∂ fkl ∂f
Références
[1] Richard S. Hamilton, The inverse function theorem of Nash and Moser, Bull. Amer. Math.
Soc. (N.S.) 7 (1982), no. 1, 65–222. MR 83j :58014
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