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COLLECTION « SOYEZ » : COMMENTAIRES BIBLIQUES À LA PORTÉE DE

TOUS POUR COMPRENDRE ET METTRE EN PRATIQUE LA PAROLE DE DIEU.


À UTILISER SEUL OU EN GROUPE.
19 Warren W. Wiersbe
Hébreux • Soyez confiants
« Ce Fils reflète sa gloire d’une manière éclatante et constitue l’empreinte
exacte de son être, l’expression parfaite de sa nature. » (Héreux 1 : 13
– Parole vivante)
Nous subissons de plein fouet un changement d’époque, de civilisation.

Hébreux • Soyez confiants


Les repères s’inversent. Le mal est appelé bien et les vertus chrétiennes
sont moquées. Le sol s’effondre.
La Lettre aux Hébreux fut rédigée à un moment semblable : les fonde-
ments de la société s’ébranlaient et les chrétiens ne savaient pas com-

confiants
ment réagir. Ne vacillez pas, dit l’auteur, ne craignez pas l’inconnu !
« Dieu semble bousculer toutes sortes de choses. Pourquoi ? Il veut que
vous appreniez à vivre par la foi et non par la vue. Il veut que vous bâtis-
siez votre vie sur la permanence et non sur l’instable. Sur ce qui est éter-
nel et non sur ce qui est temporel. » – Warren W. Wiersbe.
Puisse ce commentaire vous fortifier en cette période trouble !

Warren W. Wiersbe • Pasteur, professeur et conférencier de renommée internationale.


Auteur de nombreux livres dont Quand la vie chancelle et les commentaires du Nouveau
Testament de la collection « Soyez ».

biblique
W. Wiersbe
biblique

commentaire
commentaire

Hébreux
12,00 € Texte de Parole vivante inclus
9 782362 493256
ISBN 978-2-36249-325-6
a
Soyez confiants • Hébreux
Warren W. Wiersbe

confiants
biblique

commentaire

Hébreux
Texte de Parole vivante inclus
Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre :
Be confident • Warren Wiersbe
© 1982 SP Publication.
Publié par Cook Communications Ministries
4050 Lee Vance View • Colorado Springs, CO 80918 • USA
Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés.

Édition revue et corrigée publiée en langue française :


Soyez confiants : commentaire pratique de l’Épître aux Hébreux
Warren Wiersbe
Première édition parue sous le titre : Soyez confiant © 2000 • ELB
© 2015 • BLF Éditions • www.blfeditions.com
Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.

Couverture et mise en page : BLF Éditions


Impression n° XXXXX • Sepec • Rue de Prony • 01960 Péronnas • France

Sauf mention contraire, les citations bibliques, ainsi que le texte de l’Épître
aux Hébreux qui figure en fin de livre, sont tirées de Parole vivante :
transcription dynamique du Nouveau Testament, par Alfred Kuen,
© 2013 BLF Éditions. Dans le corpus, les italiques sont ajoutées par l’auteur
du présent ouvrage.

ISBN 978-2-36249-325-6 broché

Dépôt légal 3e trimestre 2015

Index Dewey (CDD) : 227.87


Mots-clés : 1. Bible. Nouveau testament. Épître aux Hébreux.
2. Commentaire.
3. Jésus-Christ. Expiation. Persévérance.
Table des matières
Introduction .................................................................................. 7
Suggestion de plan de l’Épître aux Hébreux.................................. 8

Chapitre 1 | Y a-t-il quelqu’un qui écoute ? (1 : 1-3)....................... 9


Chapitre 2 | Supérieur aux anges (1 : 4 à 2 : 18)............................ 23
Chapitre 3 | Supérieur à Moïse (3 : 1 à 4 : 13)............................... 35
Chapitre 4 | Supérieur au grand-prêtre Aaron (4 : 14 à 5 : 10) ������ 49
Chapitre 5 | Allez de l’avant ! (5 : 11 à 6 : 20)................................ 61
Chapitre 6 | Ce mystérieux Melchisédek (7 : 1-28)...................... 75
Chapitre 7 | Une meilleure alliance (8 : 1-13)............................... 87
Chapitre 8 | Un sanctuaire supérieur (9 : 1-28)........................... 101
Chapitre 9 | Un sacrifice supérieur (10 : 1-39)............................ 115
Chapitre 10 | La foi : la plus grande force au monde (11 : 1-40).......129
Chapitre 11 | Restez dans la course (12 : 1-29)........................... 143
Chapitre 12 | Les preuves de la foi (13 : 1-25)............................ 157

Questions d’étude....................................................................... 171


Épître aux Hébreux (Parole vivante)......................................... 181
Introduction
La lettre aux Hébreux répond à nos besoins. Elle fut
écrite au confluent de deux époques opposées, alors que
la société entière semblait ébranlée. Elle fut adressée à
des chrétiens perplexes. Ils s’interrogeaient sur la tour-
nure des événements. Ils ne savaient pas comment réa-
gir. L’époque stable qu’ils avaient connue laissait place
à l’inconnu et leur foi vacillait.
La lettre aux Hébreux proclame haut et fort : « Soyez
confiants ! » Aujourd’hui, Dieu semble bousculer toutes
sortes de choses. Pourquoi ? Il veut que vous appreniez à
vivre par la foi et non par la vue. Il veut que vous bâtis-
siez votre vie sur la permanence et non sur l’instable.
Sur ce qui est éternel et non sur ce qui est temporel.
Pour souligner ce message, j’ai dû faire des choix.
Cette lettre est si profonde qu’un commentaire pratique
comme le mien ne pouvait tout couvrir. Il se peut que
vous contestiez certaines de mes interprétations. Mais si
vous êtes chrétien, je suis convaincu que vous serez du
même avis que moi pour affirmer que notre grand-prêtre
éternel est à même de veiller sur nous dans ces temps
difficiles où nous vivons. « Le juste vivra par la foi » !
Regardez à Jésus-Christ et… soyez confiants !

7
Suggestion de plan de
l’Épître aux Hébreux
1. Un être supérieur : Christ (ch. 1 à 6)
Supérieur aux prophètes (1 : 1-3)
Supérieur aux anges (1 : 4 à 2 : 18)
(Exhortation : dérive par rapport à la Parole, 2 : 1-4)
Supérieur à Moïse (3 : 1 à 4 : 13)
(Exhortation : doute face à la Parole, 3 : 7 à 4 : 13)
Supérieur à Aaron (4 : 14 à 6 : 20)
(Exhortation : lenteur à comprendre la Parole,
5 : 11 à 6 : 20)

2. Un sacerdoce supérieur : Melchisédek (ch. 7 à 10)


Un ordre supérieur (chap. 7)
Une alliance supérieure (chap. 8)
Un sanctuaire supérieur (chap. 9)
Un sacrifice supérieur (chap. 10)
(Exhortation : mépris de la Parole, 10 : 26-39)

3. Un principe supérieur : la foi (ch. 11 à 13)


Les grands exemples de la foi (chap. 11)
L’endurance de la foi : le châtiment (chap. 12)
(Exhortation : défi à la Parole, 12 : 14-29)
Exhortations pratiques finales (chap. 13)

« C’est pourquoi […] tendons vers la perfection » (6 : 1)

8
1

Hébreux 1 : 1-3
Quelqu’un
écoute-t-il ?
Un homme se rendait chez son médecin pour un exa-
men de l’oreille. Celui-ci enleva l’appareil auditif que
portait son patient qui, brusquement, entendit nettement
mieux. Cela faisait vingt ans qu’il portait l’appareil dans
la mauvaise oreille !
Je demandai un jour à un ami pasteur s’il y avait une
traduction gestuelle pour les sourds dans son Église.
Il me répondit : « J’ai parfois le sentiment que toute
l’Église a besoin d’une traduction gestuelle ; ils sem-
blent ne pas m’entendre ».
Il y a entendre et entendre. Jésus disait souvent :
« Que celui qui a des oreilles pour entendre entende ». Il
semble donc qu’il ne suffit pas d’avoir des oreilles pour
entendre la voix de Dieu, il faut aussi un cœur récep-
tif : « Si aujourd’hui vous entendez la voix de Dieu,
n’endurcissez pas vos cœurs » (Héb. 3 : 7-8).
Les nombreux chrétiens qui évitent la lettre aux
Hébreux se privent d’une aide spirituelle concrète.
Certains l’évitent parce qu’ils en ont « peur ». Les aver-
tissements qu’elle contient les dérangent. D’autres
l’évitent parce qu’ils croient qu’elle est « trop difficile »
à étudier. Oui, ce livre de la Bible recèle des vérités pro-
fondes ; quel prédicateur ou professeur peut prétendre
toutes les comprendre ? Mais le message général de la
lettre aux Hébreux est clair. Il n’y a aucune raison pour
que vous et moi ne le comprenions pas. Aucune raison
pour ne pas en tirer un grand profit spirituel.
9
Soyez confiants

Notons tout d’abord les cinq caractéristiques de cette


lettre.

1. Un livre pour évaluer Christ


Son auteur démontre la supériorité de Jésus-Christ et
du salut qu’il apporte par rapport au système religieux
des Juifs. Il répète régulièrement les mots « meilleur »
ou « supérieur ». Par exemple, le Christ est « supérieur
aux anges » (1 : 4 – S21), il a apporté une « meilleure
espérance » (7 : 19) parce qu’il est « le médiateur d’une
meilleure alliance […] fondée sur des promesses plus
excellentes » (8 : 6).
Le mot « parfait » (et ses dérivés) se retrouve aussi
à plusieurs reprises dans cette lettre. Ce mot apparaît à
quatorze reprises dans le texte grec original. La perfec-
tion ne pouvait être atteinte par le sacerdoce lévitique
(7 : 11) ou par la loi (7 : 19) ni même par le sang des ani-
maux sacrifiés (10 : 1). Jésus s’est offert lui-même en
sacrifice pour le péché, et ainsi il a « conduit au but »
ou « il a conduit à la perfection pour toujours ceux qu’il
rend saints » (10 : 14 – S21).
L’auteur entérine le contraste entre le système ins-
titué par la loi dans l’Ancien Testament et le ministère
de la grâce du Nouveau Testament. Il montre clairement
que le système religieux juif était temporaire et qu’il ne
pouvait produire les « choses meilleures » et éternelles
révélées en Jésus-Christ.
« Éternel » est un troisième mot important du mes-
sage de la lettre aux Hébreux. Le Christ est « l’auteur
d’un salut éternel » (5 : 9). Par sa mort, il nous a obtenu
« une éternelle réconciliation avec Dieu » (9 : 12) et il
partage avec les croyants « l’héritage éternel promis »
(9 : 15). Son trône est éternel (1 : 8), et il est sacrificateur
pour l’éternité (5 : 6 ; 6 : 20 ; 7 : 17, 21). « Jésus-Christ est
toujours le même : hier et aujourd’hui, il le sera éternel-
lement » (13 : 8).
Combinons ces trois mots importants. Que décou-
vrons-nous ? Jésus-Christ et la vie chrétienne qu’il nous
donne sont supérieurs parce que ses bénédictions sont
10
Quelqu’un écoute-t-il ?

éternelles et qu’elles nous permettent d’être parfaits


devant Dieu. Le système religieux existant sous la loi
mosaïque était imparfait, car il ne pouvait pas accomplir
une rédemption définitive, éternelle.
Pourquoi l’auteur demande-t-il à ses lecteurs d’éva-
luer leur foi et ce que Jésus veut leur offrir ? Parce qu’ils
traversaient une période difficile. Ils étaient près de suc-
comber à la tentation de retourner vers la religion juive.
À l’époque de la rédaction de la lettre, le temple tenait
encore debout ; des cérémonies sacerdotales s’y dérou-
laient encore chaque jour. Comme il aurait été facile
pour ces chrétiens d’origine juive d’échapper à la per-
sécution ! Il leur suffisait de retourner dans le giron de
l’ancien système mosaïque.
Ces chrétiens étaient des « croyants de la seconde
génération ». Ils avaient été gagnés au Christ par ceux
qui l’avaient connu lors de son ministère terrestre
(2 : 3). C’étaient de véritables croyants (3 : 1) et non de
simples professants. Ils connaissaient la persécution
à cause de leur foi (10 : 32-34 ; 12 : 4 ; 13 : 13-14), et ils
pourvoyaient fidèlement aux besoins de chrétiens qui
souffraient (6 : 10). Mais ils risquaient de « se laisser
entraîner par toutes sortes de doctrines séductrices »
(13 : 9). Ils couraient le danger d’oublier la véritable
parole que leurs anciens conducteurs, morts depuis, leur
avaient enseignée (13 : 7).
Le plus tragique, c’est qu’ils étaient spirituellement
« au point mort ». Ils couraient le risque de rétrograder
(5 : 12s). Certains ne participaient même plus aux cultes
d’adoration (10 : 25) et ne faisaient plus aucun progrès
spirituel (6 : 1). Dans la vie chrétienne, qui n’avance pas
recule.
« Comment pouvez-vous retourner à votre ancienne
religion ? demande l’auteur. Prenez le temps d’évaluer
ce que vous avez en Jésus-Christ. Il est bien supérieur à
tout ce que vous aviez sous la loi. »
La lettre aux Hébreux glorifie la personne et l’œuvre
de Jésus-Christ, le Fils de Dieu. Le chrétien qui prend
11
Soyez confiants

conscience de tout ce qu’il possède en lui et par lui ne


désire rien ni personne d’autre.

2. Un livre pour encourager


le chrétien
L’auteur appelle sa lettre « quelques paroles d’encou-
ragement » (Héb. 13 : 22).
Le même mot grec est traduit par « consolation »
en Romains 15 : 4, ainsi qu’à plusieurs reprises en
2 Corinthiens (1 : 5-7 ; 7 : 7). Ce mot est de la même
racine que celui traduit par « Consolateur » en Jean
14 : 16 pour désigner le Saint-Esprit. L’auteur ne cherche
pas à effrayer ses lecteurs, mais à les encourager. La
feuille de route est la suivante : « Exhortez-vous les uns
les autres, jour après jour » (Héb. 3 : 13). Il rappelle ainsi
que nous possédons une « assurance inébranlable » en
Jésus-Christ (6 : 18).
Examinons maintenant la question classique : « Que
penser des cinq terribles avertissements de l’Épître aux
Hébreux ? » (cf. les cinq exhortations indiquées dans le
plan précédent).
Ces cinq passages ne sont pas à proprement parler
des « avertissements », mais plutôt un « encouragement »
(Héb. 13 : 22). Ne minimisons pas leur gravité, mais
discernons leur but : nous encourager à nous confier en
Dieu et à prêter attention à sa Parole.
La lettre s’ouvre sur une déclaration importante :
Dieu « nous a parlé par son Fils » (1 : 2). Vers la fin de
la lettre, l’auteur écrit : « Veillez à ne pas fermer votre
oreille à la voix de celui qui vous parle » (12 : 25). En
d’autres termes, le thème de cette lettre aux Hébreux
semble être : « Dieu a parlé. Nous avons sa Parole.
Qu’allons-nous en faire ? »
Dans cette perspective, les cinq passages « probléma-
tiques » s’éclairent. Ils nous encouragent à prêter atten-
tion à la parole de Dieu (« Dieu a parlé ») en soulignant
les graves conséquences de notre négligence éventuelle.
Considérons comment ces passages s’enchaînent pour
12
Quelqu’un écoute-t-il ?

ne former qu’un seul message : prêtez attention à la


parole de Dieu.
• Dériver par rapport à la Parole : négligence
(2 : 1-4) ;
• Douter de la Parole : endurcissement (3 : 7 à 4 : 13) ;
• Être lent à comprendre la Parole : paresse (5 : 11 à
6 : 20) ;
• Mépriser la Parole : obstination (10 : 26-39) ;
• Défier la Parole : refus d’écouter (12 : 14-29).
Celui qui n’écoute pas la parole de Dieu, qui n’y
prête pas vraiment attention, commence à dériver. La
négligence mène toujours à la dérive. C’est vrai des
domaines physique et matériel, ça l’est aussi dans le
domaine spirituel. Dérivant par rapport à la parole de
Dieu, il commence à la mettre en doute, car la foi vient
en écoutant la Parole (Rom. 10 : 17). Il commence alors
à s’endurcir, ce qui mène à la paresse spirituelle, qui
elle-même produit la lenteur à comprendre la Parole.
Il en vient à mépriser cette Parole au point de désobéir
délibérément à Dieu. Ainsi se développe progressive-
ment une attitude de défiance : il défie presque Dieu de
faire quoi que ce soit !
Que fait Dieu contre cette régression spirituelle ? Il
continue à parler. Il encourage ce chrétien rétrograde
à retourner vers sa Parole. S’il n’écoute ni obéit, alors,
Dieu commence à corriger. Cette correction est le thème
du chapitre 12, qui constitue l’apogée de la lettre. « Le
Seigneur lui-même jugera son peuple » (Héb. 10 : 30).
Dieu ne laisse pas ses enfants devenir des « enfants
gâtés » en leur permettant de s’obstiner à défier sa
Parole. Il corrige toujours avec amour.
Ces cinq exhortations s’adressent à des personnes
véritablement nées de nouveau. Leur but ? Pousser le
lecteur à être attentif à la parole de Dieu. Le langage
est parfois sévère, mais rien ne menace le lecteur d’une
éventuelle perte de son salut. S’il persiste à défier
13
Soyez confiants

Dieu, il peut perdre sa vie : « Ne voulons-nous pas, à


plus forte raison, nous soumettre à notre Père céleste
pour apprendre à vivre ? » (12 : 9, ou : « avoir la vie »).
Demeurer dans l’insoumission, c’est donc risquer de
« commettre le péché qui mène à la mort » (1 Jean
5 : 16). Mais s’il y a une chose que la lettre aux Hébreux
enseigne, c’est bien l’assurance d’une vie éternelle,
par un souverain sacrificateur qui ne peut mourir (Héb.
7 : 22-28).
Certains essayent de résoudre le « problème » de la
perte du salut ou de l’apostasie en affirmant que les lec-
teurs n’étaient pas véritablement nés de nouveau, mais
qu’ils n’étaient que « professants » de la foi chrétienne.
Toutefois la façon dont l’auteur s’adresse à eux élimine
cette approche :
• Il les appelle « mes frères, vous qui appartenez
à Dieu et qu’il a appelé à hériter la vie céleste »
(3 : 1) ;
• Ils ont un grand prêtre dans les cieux (4 : 14), ce
qui n’est pas le privilège des perdus ;
• Ils ont « eu part au Saint-Esprit » (6 : 4) ;
• Ils font l’objet de remontrances (Héb. 10 : 19-25)
qui n’auraient aucun sens si elles étaient adressées
à des incroyants.
La lettre aux Hébreux est un livre pour évaluer la
supériorité de Jésus-Christ à tout ce qu’offre la loi de
Moïse. C’est aussi un livre pour encourager les lecteurs
à écouter la parole de Dieu, de peur de régresser spiri-
tuellement et de subir la correction de Dieu.

3. Un livre pour examiner sa foi


Cette lettre est rédigée à un moment critique de
l’Histoire. Le temple n’était pas encore détruit ; les Juifs
y offraient encore des sacrifices. Mais quelques années
plus tard, et la ville et le temple allaient être détruits.
La nation juive allait être dispersée, et cette dispersion
14
Quelqu’un écoute-t-il ?

atteindrait aussi des Juifs croyant en Jésus-Christ. La fin


des temps approchait. Dieu « faisait trembler » l’ordre
des choses (Héb. 12 : 25-29), afin que son peuple s’ap-
puie sur les solides fondements de la foi, et ne se confie
pas en ce qui allait disparaître.
L’Église d’aujourd’hui traverse des circonstances
semblables. Tout ce qui nous entoure est ébranlé ; tout
est en train de changer. Les gens découvrent qu’ils se
sont appuyés sur « l’échafaudage » et non sur le fonde-
ment. Le peuple de Dieu s’est aussi laissé tenter par le
système de ce monde. Au point de placer sa confiance
dans sa situation financière, ses connaissances, ses réali-
sations et les choses matérielles. Sa confiance doit venir
uniquement de la parole de Dieu.
Dieu veut que notre cœur « soit affermi. Or, c’est
la grâce divine qui lui donne sa fermeté » (13 : 9). Être
« affermi », c’est être solidement fondé. Se tenir ferme.
Vous y trouvez l’idée de force, de fiabilité et de per-
manence. C’est là, je pense, la clé de la lettre aux
Hébreux : « Vous pouvez être en sûreté alors même que
tout s’écroule autour de vous ! » Nous vivons dans un
« royaume inébranlable » (12 : 28). La parole de Dieu « a
eu sa pleine validité » (2 : 2), il en sera de même pour
l’espérance dont nous nous réjouissons en lui (6 : 19).
Il n’y a, bien sûr, aucune sécurité pour celui qui ne
s’est jamais confié en Jésus-Christ comme Sauveur.
Pas de sécurité non plus pour ceux qui n’ont fait qu’une
« confession des lèvres » et dont la vie ne manifeste
jamais qu’ils sont véritablement sauvés (Tite 1 : 16 ;
Matt. 7 : 21-27). Christ ne sauve « parfaitement », c’est-
à-dire « éternellement », que ceux qui sont venus à Dieu
par la foi en lui (Héb. 7 : 25).
Un contrôleur monte dans un train et commence à
demander les billets. Un premier passager lui montre le
sien. Le contrôleur lui dit :
— Monsieur, vous êtes dans le mauvais train.
Vérifiant le billet du passager suivant, il répète la
même chose à celui-ci.
15
Soyez confiants

— Mais l’employé de la gare m’a dit de monter dans


ce train-ci, proteste le passager.
— Je vais vérifier, dit le contrôleur.
Cela fait, il découvre que c’est lui qui se trouve dans
le mauvais train !
Je crains qu’un grand nombre de personnes reli-
gieuses n’aient pas une foi véritable, n’aient pas vrai-
ment entendu et écouté la parole de Dieu. Ils sont parfois
si occupés à dire aux autres ce qu’il faut faire qu’ils en
oublient d’examiner leur propre situation. La lettre aux
Hébreux est un livre pour examiner sa foi, et découvrir
en qui ou en quoi nous l’avons véritablement placée.

4. C’est un livre pour espérer dans le


monde à venir
Dans ce livre, l’accent est mis sur le futur. L’auteur
va parler du « monde futur » (2 : 5), lorsque les croyants
régneront avec le Christ. Jésus-Christ est « héritier uni-
versel » (1 : 2) et nous partageons « l’héritage éternel
promis » (9 : 15). Comme les patriarches, célébrés au
chapitre 11, nous regardons vers la cité future de Dieu
(11 : 10-16, 26).
Comme ces grands hommes et femmes de foi, nous
sommes aussi des « “étrangers et voyageurs” sur cette
terre » (11 : 13). Ou devrions l’être. C’est l’une des rai-
sons pour lesquelles Dieu ébranle tout autour de nous.
Pour que nous nous détachions des choses de ce monde
et que nous cessions de dépendre d’elles. Il veut que
nous portions notre attention sur le monde à venir. Il ne
s’agit pas de nous absorber par les choses célestes au
point de ne plus nous occuper des choses de ce monde.
Il s’agit plutôt de ne plus nous attacher aux valeurs de ce
monde afin de vivre selon et pour les valeurs éternelles
du monde à venir. Abraham et Lot illustrent ces deux
attitudes contraires (Gen. 13 à 14).
• Abraham était un homme riche. Il aurait pu
habiter une maison opulente, à l’endroit qui lui
plaisait. Mais il était avant tout un serviteur de
16
Quelqu’un écoute-t-il ?

Dieu, un étranger et un résident temporaire. Cela


signifiait vivre sous la tente.
• Lot choisit d’abandonner la vie nomade et de
s’installer dans la triste ville de Sodome.
Lequel de ces deux hommes vivait en sécurité ? Lot,
apparemment. Mieux vaut la sécurité d’une ville que la
fragilité d’une tente dans la plaine. Mais c’est Lot qui
fut fait prisonnier de guerre… et c’est Abraham qui l’a
délivré !
Négligeant les avertissements de Dieu, Lot est
retourné vivre en ville. Lorsque Dieu détruisit Sodome
et Gomorrhe, Lot a tout perdu (Gen. 19). C’était un
homme sauvé (2 Pi. 2 : 7), mais qui s’appuyait sur les
choses du monde plutôt que sur la parole de Dieu. Il a
perdu ce qu’il possédait parce qu’il dépendait de « l’im-
médiat » et vivait en fonction de son choix. Jim Elliot, le
missionnaire martyr, l’a excellemment bien décrit : « Il
n’est pas fou celui qui donne ce qu’il ne peut garder
pour gagner ce qu’il ne peut perdre ».
Vous et moi, en tant qu’enfants de Dieu, avons reçu
la promesse d’une récompense future. Comme pour
Abraham et Moïse, de nos décisions d’aujourd’hui
dépendent nos récompenses de demain. J’ose le dire, nos
décisions devraient être motivées par l’espérance d’une
récompense à venir. Abraham obéit parce qu’il « atten-
dait la cité » (Héb. 11 : 10). Moïse dédaigna les trésors
et les plaisirs d’Égypte « car il avait les yeux fixés au
loin sur la rétribution finale » (Héb. 11 : 26). Ces grands
hommes et femmes de foi (11 : 31, 35) « vivaient en
fonction du futur » et c’est ainsi qu’ils furent capables de
vaincre les tentations du monde et de la nature humaine.
En fait, c’est la même attitude de foi qui a soutenu
notre Seigneur Jésus-Christ dans l’agonie de la croix :
« Jésus […] parce qu’il avait en vue la joie qui lui était
réservée, a affronté la mort sur la croix, sans tenir
compte de la honte attachée à un tel supplice » (12 : 2).
Ce que la lettre aux Hébreux veut mettre en valeur pour-
rait se résumer ainsi :
17
Soyez confiants

Ne vivez pas pour ce que le monde promet


aujourd’hui, mais pour ce que Dieu vous a promis
dans le futur !
Soyez un étranger et un résident temporaire sur
la terre ! Marchez par la foi, non par la vue !
Ce livre n’est pas un régime pour des « bébés spiri-
tuels » qui veulent être dorlotés et nourris à la cuillère
(5 : 11-14). Dans cette lettre, vous trouverez de la « nour-
riture solide » qui, pour que l’on puisse la mâcher et en
jouir, exige que l’on ait des « molaires spirituelles ».
L’accent est mis non pas sur ce que le Christ a fait sur
terre (le « lait »), mais sur ce qu’il fait maintenant au ciel
(la « nourriture solide » de la Parole). Il est le grand sou-
verain sacrificateur qui nous qualifie en nous donnant la
grâce (4 : 14-16). Il est aussi le grand berger des brebis
qui nous équipe pour accomplir sa volonté (13 : 20-21).
Il est à l’œuvre en nous pour mener à bien ses objectifs.
Quelle joie pour nous de savoir que nous faisons partie
d’un ministère si merveilleux !
Le docteur A. W. Tozer rappelait souvent que « tout
homme doit choisir son monde ». Les vrais croyants ont
« senti combien la parole de Dieu était bonne et bienfai-
sante et ils ont connu par expérience les richesses et les
forces merveilleuses du monde à venir » (6 : 5) ; ce qui
devrait impliquer que nous n’avons pas le moindre inté-
rêt ou désir pour le système présent du monde pécheur.
Abraham choisit le monde qu’il fallait et devint le père
des fidèles. Lot pris la mauvaise décision ; il choisit
l’autre monde et devint le père des ennemis du peuple de
Dieu (Gen. 19 : 30-38). Abraham devint l’ami de Dieu
(2 Chr. 20 : 7), mais Lot devint l’ami du monde et perdit
tout. Lot fut sauvé, mais tout juste, « comme un homme
qui réussit à s’échapper d’un incendie » (1 Cor. 3 : 15) et
il perdit sa récompense.

5. C’est un livre pour glorifier Christ


La lettre aux Hébreux glorifie la personne et l’œuvre
de notre Seigneur Jésus-Christ. Les trois premiers ver-
sets proclament ce thème haut et saint qui est ensuite
18
Quelqu’un écoute-t-il ?

maintenu tout au long de la lettre. Le but immédiat de


ces versets est de prouver que Jésus-Christ est supérieur
aux prophètes (des hommes considérés avec la plus
haute estime par le peuple juif).
Premièrement, il est le Fils même de Dieu, et non un
homme simplement appelé par Dieu. L’auteur montre
clairement que Jésus-Christ est Dieu (Héb. 1 : 3). En
effet, la description qu’il donne ne pourrait jamais
être appliquée à un mortel. Le fait qu’il « reflète d’une
manière éclatante sa gloire » se réfère à la gloire, la she-
kinah de Dieu qui demeurait dans le tabernacle et dans
le temple (cf. Exode 40 : 34-38 et 1 Rois 8 : 10. Le mot
hébreu shekinah signifie : « demeurer »). Le Christ est
au Père ce que les rayons de soleil sont au soleil : il est
le rayonnement de la gloire de Dieu. Tout comme il est
impossible de séparer les rayons du soleil de sa source,
de même il est impossible de séparer la gloire du Christ
de la nature de Dieu.
« L’expression parfaite de sa nature » (Héb. 1 : 3).
Littéralement Jésus-Christ est « la représentation exacte
de la substance même de Dieu » (cf. Col. 2 : 9). Seul
Jésus pouvait en toute honnêteté affirmer : « Celui qui
m’a vu, a aussi vu mon Père » (Jean 14 : 9). Lorsque
vous voyez Jésus-Christ, vous voyez la gloire de Dieu
(Jean 1 : 14).
En son œuvre, le Christ est aussi supérieur aux pro-
phètes. Il est, tout d’abord, le Créateur de l’univers.
Par lui, Dieu « avait créé l’univers » (Héb. 1 : 2). Non
seulement le Christ a créé toutes choses par sa Parole
(Jean 1 : 1-5), mais il soutient aussi toutes choses par
cette même Parole puissante (Héb. 1 : 3) : « Il était déjà là
avant toute existence, par lui, tout l’univers est maintenu
en vie » (Col. 1 : 17). Le verbe « soutenir » (Héb. 1 : 3) ne
signifie pas que l’univers soit un poids posé sur le dos de
Jésus. Son sens ici est « tenir et porter d’un endroit à un
autre ». Il est le Dieu de la création et le Dieu de la pro-
vidence, qui mena cet univers à sa destinée divinement
ordonnée.
19
Soyez confiants

Il est aussi le prophète supérieur aux autres et qui


annonce la parole de Dieu.
Le tableau ci-dessous souligne quelques aspects du
contraste entre le Christ et les prophètes.

Les prophètes Le Christ

Des hommes Dieu le Fils


appelés par Dieu

De nombreux prophètes Un seul Fils

Un message Un message
fragmentaire et incomplet définitif complet

L’Ancien Testament et la révélation de l’Évangile


viennent de Dieu. Jésus-Christ est le « dernier mot » de
Dieu. Il est le début, le milieu et la fin de tout ce que
Dieu veut nous révéler.
Jésus-Christ a aussi un ministère de prêtre. C’est là
ce qui révèle sa grandeur. Il fait, de lui-même, la purifi-
cation des péchés (1 : 3). Cet aspect de son ministère sera
développé dans les chapitres 7 à 10.
Enfin, Jésus-Christ règne en tant que roi (Héb.
1 : 3). Il est assis, car son œuvre est accomplie : « Il a
pris sa place à la droite du Tout-Puissant dans les lieux
célestes », la place d’honneur. Cela prouve qu’il est
l’égal de Dieu le Père, car nul être simplement créé ne
pourrait s’asseoir à la droite de Dieu.
Créateur, prophète, sacrificateur et Roi : Jésus-Christ
est supérieur à tous les prophètes et serviteurs de Dieu
mentionnés dans les pages de l’Écriture. Il n’est donc
pas étonnant que le Père, lors de la transfiguration, ait
dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qui fait toute
ma joie » (Matt. 17 : 5). Deux des plus grands prophètes
se trouvaient à ce moment-là avec Jésus : Moïse et Élie,
mais le Christ leur était supérieur.
20
Quelqu’un écoute-t-il ?

Rappelons-nous que notre but n’est pas de nous


perdre dans certains détails doctrinaux. Notre propos
n’est pas non plus d’attaquer ou de défendre telle ou
telle doctrine particulière. Notre objectif est d’écouter
Dieu parler en Jésus-Christ et de prêter attention à cette
parole. Nous voulons faire écho à la prière des Grecs :
« Nous aimerions voir Jésus » (Jean 12 : 21). Si nous
visons à mieux connaître et glorifier Christ, nos diffé-
rences d’interprétation passeront après l’adoration de sa
personne.

21
2

Hébreux 1 : 4 à 2 : 18
Supérieur aux anges
Les anges prenaient une place importante dans la
religion juive. D’abord parce que des milliers d’entre
eux assistèrent au don de la loi sur le mont Sinaï (Deut.
33 : 2 ; Ps. 68 : 17 ; Actes 7 : 53 ; Gal. 3 : 19). Parce qu’il
était tentant de les vénérer, l’auteur se devait d’aborder
le sujet, fidèle au thème de la supériorité du Christ sur
toutes choses.
Cette longue partie sur les anges est divisée en trois
paragraphes :
–– L’auteur commence par l’affirmation de la
supériorité de Christ par rapport aux anges (Héb.
1 : 4-14), s’appuyant sur sept affirmations de
l’Ancien Testament ;
–– Vient ensuite l’exhortation (2 : 1-4) : il appelle les
lecteurs à prêter attention à la parole que Dieu a
donnée par son Fils ;
–– Vient enfin une explication (2 : 5-18) : il montre
comment le Christ, tout en ayant un corps
humain, pouvait être supérieur aux anges, qui
eux, sont des esprits.

1. Affirmation : le Christ est


supérieur aux anges (1 : 4-14)
Sept citations de l’Ancien Testament visent à prouver
la supériorité du Christ par rapport aux anges. L’auteur
cite ici la version grecque de l’Ancien Testament, ver-
sion appelée la Septante. (Selon la tradition, cette tra-
23
Soyez confiants

duction de l’Ancien Testament de l’hébreu en grec


aurait été réalisée par 70 personnes, d’où le nom de
« Septuaginta », dont le symbole est LXX, c’est-à-dire
70 en chiffres romains.) Le même Saint-Esprit qui ins-
pira les Écritures a le droit de citer et d’énoncer de nou-
veau la vérité si cela lui semble opportun.
Notons les affirmations qui sont faites à propos de
Jésus-Christ et les citations qui les appuient.

A. Il est le Fils (1 : 4-5)


Le « nom incomparablement supérieur » que Jésus a
reçu est celui de « Fils ». Alors que les anges sont parfois
appelés collectivement « les fils de Dieu » (Job 1 : 6),
jamais un ange ne se verra appliquer ce titre individuel-
lement. Ce titre appartient uniquement à notre Seigneur
Jésus-Christ. La première citation est extraite du
Psaume 2 : « Tu es mon Fils, aujourd’hui je suis devenu
ton Père » (v. 7). Paul le citera dans une prédication
(Actes 13 : 33). Jésus-Christ était Dieu de toute éternité.
Il s’est humilié lui-même et devint un homme (cf. Phil.
2 : 5-6). Mais, par sa résurrection, il glorifia l’humanité
qu’il avait reçue du Père et retrouva la gloire éternelle de
laquelle il s’était dépouillé (Jean 17 : 1, 5). La résurrec-
tion proclame qu’il est « le Fils tout-puissant de Dieu »
(Rom. 1 : 4).
La seconde citation provient de 2 Samuel 7 : 14. Dans
le contexte de Samuel, c’est au fils de David, Salomon,
que ce passage est d’abord appliqué. Salomon, que Dieu
aurait aimé et élevé comme s’il était son propre fils (cf.
Ps. 89 : 28). Mais l’application définitive se rapporte à
Jésus-Christ qui est « plus que Salomon » (Matt. 12 : 42).

B. Il est le premier-né qui reçoit l’adoration (1 : 6)


L’expression « premier-né » ne signifie pas tou-
jours, dans la Bible, « celui qui est né le premier ».
Dieu fit de Salomon le premier-né (Ps. 89 : 28)
alors qu’il n’était que le dixième dans la généalo-
gie officielle (1 Chr. 3 : 1-5). Ce titre dénote le rang et
l’honneur, car le premier-né reçoit l’héritage et une
24
Supérieur aux anges

bénédiction spéciale. Le Christ est « le premier-né


de toute création ; il a la primauté sur toute créature »
(Col. 1 : 15), car il a créé toutes choses, et il est le pre-
mier de tous ceux qui sont ressuscités (Col. 1 : 18).
Lorsqu’il vient dans le monde, les anges de Dieu
l’adorent (citation de Deut. 32 : 43 d’après la Septante :
« Cieux, réjouissez-vous avec lui, et que tous les fils de
Dieu l’adorent ! »). Dieu ordonne aux anges de l’adorer,
ce qui prouve que Jésus-Christ est Dieu, car nul parmi
les anges de Dieu n’adorerait une simple créature.

C. Les anges le servent (1 : 7)


Il s’agit ici d’une citation de Psaumes 104 : 4 (les
mots hébreu et grec pour « vents » peuvent aussi être
traduits par « esprit ».) Les anges sont des esprits créés ;
ils n’ont pas de corps, bien qu’ils puissent revêtir une
forme humaine lorsqu’ils exercent leur ministère sur la
terre. Lorsque notre Seigneur se trouvait sur terre, les
anges le servirent à plusieurs reprises (Matt. 4 : 11 ; Luc
22 : 43). Désormais, les anges servent et le Seigneur
Jésus et nous-mêmes.

D. Il est le Dieu établi sur le trône et


ayant reçu l’onction (1 : 8-9)
Certaines sectes traduisent ainsi cette citation du
Psaumes 45 : 7-8 : « le trône divin ». En effet, elles ne
peuvent supporter l’affirmation de la divinité de Jésus-
Christ. Mais la traduction doit être : « Ton trône, ô Dieu,
est éternel » ou « établi pour l’éternité ». Les anges
servent devant le trône, ils ne s’assoient pas sur le trône.
L’un des enseignements principaux du Psaume 110 est
que Jésus-Christ, l’Oint de Dieu (ou : Messie, Christ),
règne maintenant sur son trône de gloire. Jésus lui-
même s’est référé à ce psaume capital (Marc 12 : 35-37
et 14 : 62), et Pierre l’a utilisé le jour de la Pentecôte
(Actes 2 : 34-36). Notre Seigneur n’est pas encore entré
dans son royaume terrestre, mais il a déjà été couronné
de gloire (Éph. 1 : 20).
25
Soyez confiants

Lorsque le Christ est monté au ciel et est entré dans


la gloire céleste, il a été oint pour son ministère dans le
ciel « au milieu des acclamations de joie » (Héb. 1 : 9).
Il y a sans doute ici référence au Psaumes 16 : 11 que
Pierre mentionne à la Pentecôte : « Tu me combleras de
joie, car je verrai ta face » (Actes 2 : 28). Quelle scène
joyeuse cela dut être ! Le Psaume 45 est un psaume de
mariage, et aujourd’hui notre Seigneur est l’Époux dans
le ciel qui connaît « la joie qui lui était réservée » (Héb.
12 : 2). Les anges l’adorent, mais ils ne peuvent parta-
ger sa position ou sa joie. Le trône de notre Seigneur est
éternel, ce qui signifie qu’il est Dieu de toute éternité.

E. Il est le Créateur éternel (1 : 10-12)


Cette longue citation est tirée du Psaume 102, des ver-
sets 26 à 28. Les anges n’ont pas fondé la terre puisqu’ils
font eux-mêmes partie de la création. Jésus-Christ est le
Créateur. Un jour, il fera disparaître l’ancienne création
et il en fondera une nouvelle. Tout, autour de nous est
sujet au changement, mais lui ne changera jamais. Il est
« toujours le même : hier, aujourd’hui, il le sera éternel-
lement » (Héb. 13 : 8). La création est semblable à un
vieux vêtement : un jour elle sera mise de côté pour être
remplacée par une nouvelle création.

F. Le Christ règne en souverain :


les anges le servent (1 : 13-14)
L’auteur cite à nouveau Psaumes 110 : 1. Le fait que
Jésus se trouve maintenant à la droite du Père (la place
d’honneur) est mentionné à de nombreuses reprises dans
le Nouveau Testament (cf. Matt. 22 : 43-44 ; 26 : 64 ;
Marc 16 : 19 ; Actes 2 : 33-34 ; Rom. 8 : 34 ; Col. 3 : 1 ;
Héb. 1 : 3, 13 ; 8 : 1 ; 10 : 12 ; 1 Pi. 3 : 22). Les anges sont
des esprits au service du Seigneur assis sur le trône.
Mais ils nous servent aussi, nous qui devons « hériter du
salut » par la foi en Jésus-Christ. Les anges nous servent
aujourd’hui !
Il serait impossible d’ignorer la preuve avancée par
ces citations. Jésus-Christ est supérieur aux anges, ce
26
Supérieur aux anges

qui implique qu’il est aussi supérieur à la loi qui a été


apportée au peuple d’Israël avec le concours des anges.

2. Exhortation : prêtez attention


à la Parole et ne vous en écartez pas
(2 : 1-4)
Voici la première des cinq exhortations que nous
trouvons en Hébreux. Elles visent à encourager tous
les lecteurs à prêter attention à la parole de Dieu et à
y obéir. Nous avons signalé, au chapitre précédent, que
ces exhortations deviennent de plus en plus pressantes à
mesure que nous progressons dans la lettre : la première
appelle à ne pas dériver par rapport à la parole de Dieu,
la dernière appelle à ne pas défier la parole de Dieu
(12 : 14-29). Nous avons aussi remarqué que Dieu ne
reste pas indifférent et ne permet pas à ses enfants de se
rebeller contre lui. Il continuera de parler et, si besoin, il
corrigera les siens.
L’exhortation s’adresse à des croyants, car l’auteur
s’inclut lui-même lorsqu’il dit « nous ». Le danger ici
est de négliger son salut. Remarquez avec attention que
l’auteur ne dit pas « rejetons » mais bien « négligeons ».
Il n’encourage pas des incroyants à devenir chrétiens ;
au contraire, il encourage des chrétiens à prêter attention
au salut merveilleux qu’ils ont reçu par le Seigneur.
« De peur d’être entraînés par le courant » (2 : 1). Plus
loin, l’auteur utilisera l’image d’une ancre pour montrer
à quel point nous pouvons nous confier dans les pro-
messes de Dieu (6 : 19). La négligence est à la base de
bien plus de problèmes spirituels que tout autre manque-
ment de notre part. Nous négligeons la parole de Dieu,
la prière, l’adoration avec le peuple de Dieu (10 : 25) et
d’autres occasions de croître spirituellement. Résultat ?
Nous nous laissons progressivement entraîner. Ce n’est
pas l’ancre qui bouge, c’est nous !
À l’époque de l’Ancien Testament, ceux qui n’écou-
taient pas la Parole étaient punis. Cette Parole avait
été donnée par des anges, à combien plus forte raison,
27
Soyez confiants

nous qui avons reçu la Parole venue du Fils de Dieu,


devons-nous assumer une plus grande responsabilité !
Le mot « infraction » (v. 2) se rapporte à un péché com-
mis, tandis que « désobéissance » se réfère à un péché
d’omission.
J’ai souvent raconté l’histoire du pasteur qui prê-
cha une série de sermons sur « les péchés des saints ».
Il fut sévèrement réprimandé par l’un des membres de
l’Église :
— C’est vrai, lui dit ce monsieur, le péché dans la
vie d’un chrétien est différent du péché dans la vie d’un
non-chrétien.
— Oui, répondit le pasteur, il est plus grave.
Nous avons tendance à croire que les croyants,
aujourd’hui « sous la grâce », peuvent échapper au châti-
ment de Dieu, qui, « sous la loi », était si manifeste. Mais
à celui à qui il est beaucoup donné, il sera beaucoup
demandé. Non seulement nous avons reçu la Parole
par le Fils de Dieu, mais, qui plus est, cette Parole a
été confirmée par des miracles apostoliques (2 : 4).
L’expression « signes et miracles » se trouve à onze
reprises dans le Nouveau Testament. Elle se rapporte ici
aux prodiges qui témoignent et confirment la véracité de
la Parole. Ces miracles furent accomplis par les apôtres
(cf. Marc 16 : 17-20 ; Actes 2 : 43). Nous disposons,
aujourd’hui, de la parole de Dieu dans sa totalité ; de tels
miracles ne sont donc plus nécessaires. Dieu témoigne
maintenant par son Esprit en utilisant la Parole (Rom.
8 : 16 ; 1 Jean 5 : 1-13). L’Esprit distribue aussi des dons
spirituels au peuple de Dieu afin que chacun puisse ser-
vir dans l’Église (Éph. 4 : 11s ; 1 Cor. 12).
Trop nombreux aujourd’hui sont les chrétiens qui
négligent la parole de Dieu. J’ai découvert, au cours de
mon ministère pastoral, que la négligence de la parole de
Dieu et de la prière, tant publique que privée, est la cause
de la majeure partie des cas de « dépression spirituelle ».
Il n’est pas nécessaire de multiplier les exemples : tout
croyant, en effet, sait combien cela est vrai. Soit qu’il
28
Supérieur aux anges

l’ait expérimenté lui-même, soit qu’il l’ait remarqué


dans la vie d’autres personnes.
Un célèbre compositeur de cantiques, converti grâce
à la prédication de George Whitefield, et qui avait rendu
de grands services en tant que pasteur, s’éloigna du
Seigneur parce qu’il négligea sa vie spirituelle. Il se mit
à voyager, espérant ainsi trouver la paix. Lors d’un de
ses voyages, il rencontra une jeune femme qui, de toute
évidence, était très attachée aux choses spirituelles :
« Que pensez-vous de ce cantique que je viens de lire ? »
lui demanda-t-elle en lui tendant le livre. C’était un de
ses cantiques ! Il essaya d’éviter la question, mais en
vain. Le Seigneur lui parlait. Finalement, il fondit en
larmes, révéla qui il était et comment il s’était éloigné
du Seigneur. « Mais les “torrents de grâce” dont vous
parliez coulent toujours », lui dit la jeune femme en le
rassurant. Ses encouragements le rétablirent dans la
communion avec le Seigneur.
Il est facile de se laisser aller à la dérive, porté par le
courant, mais il est bien plus difficile de revenir en lut-
tant contre lui. Notre salut est un « grand salut », acquis
à un grand prix. Il contient de nombreuses promesses et
bénédictions et conduit à un merveilleux héritage dans
la gloire. Comment pouvons-nous le négliger ?

3. Explication : malgré son


humanité, Jésus-Christ n’est pas
inférieur aux anges (2 : 5-18)
Le fait que les anges soient des « esprits au service
de Dieu » n’ayant pas de corps humain, semble leur
donner avantage sur Jésus qui, alors qu’il était sur la
terre, avait un corps humain. (Aujourd’hui, il a un corps
glorifié qui ne connaît aucune limitation.) L’auteur du
livre donne quatre raisons pour lesquelles l’humanité
de notre Seigneur n’était ni un handicap ni une marque
d’infériorité.
29
Soyez confiants

A. Son humanité lui a permis de regagner


la domination perdue de l’homme (2 : 5-9)
La citation, dans ce passage, est tirée de Psaumes
8 : 5-7. Il serait bon de lire le psaume entier avec atten-
tion. Lorsque Dieu créa le premier homme et la première
femme, il leur donna la domination sur sa création (Gen.
1 : 26-31). David s’émerveilla du fait que Dieu partageât
sa puissance et sa gloire avec l’homme, être si fragile !
L’homme fut créé « un peu inférieur aux anges » (autre
traduction possible du verset 6) mais il reçut des privi-
lèges bien supérieurs aux leurs. Dieu n’a en effet jamais
promis aux anges qu’ils régneraient dans « le monde
futur » (Héb. 2 : 5).
Mais, arrivés à ce point, nous faisons face à un
problème sérieux : il est clair en effet qu’aujourd’hui
l’homme n’exerce pas la domination sur la création.
L’homme ne peut, c’est évident, contrôler les poissons,
les oiseaux ou tout autre animal. Il lui est déjà assez dif-
ficile de se contrôler lui-même ! « Actuellement, il est
vrai, nous ne constatons pas encore que l’homme étende
sa domination sur “toutes choses” » (2 : 8).
Mais « contemplons » Jésus (2 : 9). Il est la réponse de
Dieu au dilemme de l’homme. Jésus-Christ est devenu
homme afin de pouvoir souffrir et mourir pour le péché
de l’homme et restaurer la domination perdue à cause
du péché. Notre Seigneur a exercé cette domination
perdue lorsqu’il était sur la terre. Il dominait les pois-
sons (cf. Luc 5 : 1-11 ; Matt. 17 : 24-27 ; Jean 21 : 1-11),
les oiseaux (Luc 22 : 34, 60), les bêtes sauvages (Marc
1 : 12-13) et les animaux domestiques (Marc 11 : 1-7).
Dernier Adam (1 Cor. 15 : 45), Jésus-Christ a regagné
la domination perdue de l’homme. Aujourd’hui, tout est
sous ses pieds (Éph. 1 : 20-23).
L’homme était « couronné de gloire et d’honneur »
(Héb. 2 : 7), mais il a perdu sa couronne et est devenu
esclave du péché. Jésus-Christ les a toutefois regagnées,
et il est « couronné de gloire et d’honneur » (2 : 9). Il a
regagné ce qui avait été perdu par l’homme de sorte
que les croyants, aujourd’hui, ont part à sa domination
30
Supérieur aux anges

royale (Apoc. 1 : 5-6). Un jour, lorsque Jésus établira


son royaume, nous régnerons avec lui dans la gloire et
l’honneur. Jésus-Christ a fait tout cela pour nous qui
n’étions que des pécheurs perdus, à cause de « la grâce
de Dieu » (Héb. 2 : 9). S’il n’était pas devenu homme, il
n’aurait pas pu mourir et « en éprouver l’amertume pour
tout homme » (2 : 9). Il est vrai que les anges ne peuvent
pas mourir, mais il est tout aussi vrai qu’ils ne peuvent
pas sauver des pécheurs condamnés ni rétablir la domi-
nation perdue de l’homme.

B. Son humanité lui a permis de conduire


beaucoup de fils à la gloire (2 : 10-13)
Christ est non seulement le dernier Adam, mais il
est de plus l’auteur du salut. Littéralement, le mot tra-
duit par « auteur » signifie « pionnier », c’est-à-dire
« celui qui ouvre le chemin afin que d’autres puissent le
suivre ». Le Christ a abandonné sa gloire afin de devenir
homme. Il a regagné sa gloire lorsqu’il est ressuscité et
est monté au ciel. Il partage maintenant cette gloire avec
tous ceux qui se confient en lui pour être sauvés (Jean
17 : 22-24). Il conduit, maintenant, de nombreux fils et
filles à la gloire.
Le Christ est uni à nous, et nous sommes unis à lui :
nous sommes spirituellement unis. En fait, nous sommes
ses « frères » (Héb. 2 : 12). L’auteur cite ici Psaume
22 : 23, un psaume messianique dans lequel le Christ
appelle l’Église ses « frères ». Cela signifie que nous et
le Fils de Dieu partageons la même nature et faisons par-
tie de la même famille ! Quelle merveille accomplie par
la grâce de Dieu !
L’auteur de la lettre aux Hébreux cite aussi Ésaïe
8 : 17-18 (dans la Septante). Le contexte immédiat se
réfère d’abord, bien sûr, au prophète Ésaïe et à son fils
unique qui s’était vu attribuer des noms bien significa-
tifs (cf. Ésaïe 7 : 3 ; 8 : 1-4). Mais le passage se réfère,
en dernière instance, à Jésus-Christ. Les croyants sont
non seulement ses frères, mais aussi ses enfants : « Me
voici avec les enfants […] que Dieu m’a donnés » (Héb.
31
Soyez confiants

2 : 13). Si Jésus-Christ n’était pas venu sur terre et s’il


n’était pas devenu homme, il n’aurait pas pu nous enle-
ver de la terre pour nous faire prendre part à sa gloire.
On ne peut pas séparer l’incarnation, la crucifixion et la
résurrection. Elles mènent ensemble à la gloire.
Nous devons, avant de continuer, parler d’une par-
tie du verset 10 du chapitre 2 : « Il lui convenait donc
d’élever d’abord à la perfection, par ses souffrances,
celui qui avait pour mission de les conduire au salut ».
Ce passage ne sous-entend pas que Jésus était imparfait
lorsqu’il se trouvait sur la terre. Le mot traduit par « per-
fection » signifie « achèvement, efficacité, adéquation ».
Jésus n’aurait pas pu devenir un Sauveur et un souve-
rain sacrificateur à la hauteur de sa tâche s’il n’était pas
devenu homme, s’il n’avait pas souffert et s’il n’était
pas mort.

C. Son humanité lui a permis de désarmer Satan


et de nous délivrer de la mort (2 : 14-16)
Les anges ne peuvent pas mourir. Jésus n’est pas
venu pour les sauver (v. 16) : il est venu pour sauver les
hommes. Cela signifie qu’il a dû se revêtir de chair et de
sang et devenir lui-même un homme. C’est alors seule-
ment qu’il a pu mourir et, par sa mort, ravir le pouvoir à
Satan. Cela ne signifie pas que Satan ait été annihilé ; il
est clair qu’il est toujours vivant et à l’œuvre. Mais il a
été rendu « inopérant, sans effet ». Satan n’est certaine-
ment pas détruit, mais il est désarmé.
De quelle manière Satan détenait-il le pouvoir de
la mort ? L’autorité finale en ce qui concerne la mort
se trouve entre les mains de Dieu (Deut. 32 : 39 ; Matt.
10 : 28 ; Apoc. 1 : 18). Satan ne peut accomplir que ce qui
lui est permis par Dieu (Job 1 : 12 ; 2 : 6). Il exerce son
pouvoir dans le domaine de la mort en ce sens qu’il est
l’auteur du péché (Jean 8 : 44) et que le péché mène à
la mort (Rom. 6 : 23). Jésus l’a décrit comme un meur-
trier (Jean 8 : 44). L’une des armes les plus puissantes
qu’il utilise pour s’assurer le contrôle de la vie des gens
est la peur de la mort. Son royaume est un royaume de
32
Supérieur aux anges

ténèbres et de mort (Col. 1 : 13). Nous qui croyons en


Jésus-Christ avons une fois pour toutes été délivrés de
l’autorité de Satan et de la peur de la mort. La mort, la
mise au tombeau et la résurrection du Christ nous ont
donné la victoire ! (1 Cor. 15 : 55-58).
Jésus ne s’est pas revêtu de la nature des anges afin
de sauver les anges déchus (Apoc. 12 : 7-9 ; 2 Pi. 2 : 4).
Au contraire, il est devenu inférieur aux anges afin de
devenir homme ! Et pas n’importe quel homme. Il est
devenu juif, l’un des « descendants d’Abraham » (Héb.
2 : 16). Les Juifs étaient une race méprisée et haïe, et
pourtant notre Seigneur devint juif.

D. Son humanité lui a permis de devenir un


grand prêtre miséricordieux pour son peuple
(2 : 17-18)
Les anges étant de purs esprits n’ayant jamais souf-
fert, ils ne peuvent s’identifier à nous dans nos faiblesses
et nos besoins. Mais Jésus, lui, le peut ! Lorsqu’il était
sur terre, il était « à tous égards, semblable à ses frères »
en ce qu’il a connu les infirmités normales de la nature
humaine. Il a su ce que c’était qu’être un bébé impuis-
sant, un enfant en pleine croissance, un adolescent se
rapprochant de plus en plus de la maturité. Il a connu
la fatigue, la faim, la soif (Jean 4 : 68). Il a aussi connu
le mépris, le rejet, le mensonge, les fausses accusations.
Il a eu part à la souffrance et à la mort. Tout cela faisait
partie de sa « formation » pour le ministère céleste de
grand prêtre.
Par contre, pour trouver l’exemple d’un prêtre qui
n’était ni miséricordieux ni fidèle, il suffit de lire l’his-
toire d’Éli (1 Sam. 2 : 27-36) qui n’a même pas appris
à ses propres fils à marcher fidèlement avec Dieu. Qui
plus est, il accusa Anne d’être ivre, elle qui avait le cœur
brisé ! (1 Sam. 1 : 9-18).
Jésus-Christ, lui, est à la fois miséricordieux et
fidèle : il est miséricordieux envers les hommes et fidèle
envers Dieu. Jamais aucun reproche ne pourra lui être
adressé à propos de son ministère de sacrificateur. Il a
33
Soyez confiants

offert le sacrifice qu’exigeaient nos péchés afin que


nous puissions être réconciliés avec Dieu. Il n’a pas eu
besoin d’offrir un sacrifice pour ses péchés, car il était
sans péché.
Mais qu’arrive-t-il lorsque, nous qui sommes sauvés,
sommes tentés de pécher ? Il se tient prêt à nous aider !
Il a connu la tentation sur la terre, mais jamais la ten-
tation ne l’a vaincu. Ayant vaincu tout ennemi, il peut
prodiguer la grâce dont nous avons besoin pour vaincre
la tentation. Le verbe « secourir » (Héb. 2 : 18) signifie
littéralement : « accourir au cri d’un enfant ». Il signifie
« apporter de l’aide lorsque le besoin s’en fait sentir ».
Les anges peuvent nous servir (1 : 14), mais ils ne peu-
vent pas nous secourir dans la tentation. Jésus-Christ
seul peut le faire parce qu’il s’est fait homme, a souffert
et est mort sur la croix.
Quelle est la différence entre le ministère de souve-
rain sacrificateur et celui d’avocat (1 Jean 2 : 1) ? En tant
que souverain sacrificateur, Jésus peut nous donner la
grâce dont nous avons besoin pour ne pas pécher lorsque
survient la tentation. Si, malgré cela, nous péchons, il
est alors notre avocat devant le trône de Dieu et il nous
pardonne lorsque nous lui confessons nos péchés avec
sincérité (1 Jean 1 : 5 à 2 : 2). Ces deux ministères font
partie de son œuvre actuelle d’intercession, et c’est ce
ministère d’intercession même qui est la garantie de
notre salut éternel.
En relisant ce passage de la lettre aux Hébreux, on
ne peut que s’émerveiller de la grâce et de la sagesse
de Dieu. À vues humaines, que Dieu se fasse homme
semble être une folie, c’est pourtant cet acte de grâce
même qui a rendu possible notre salut et tout ce qu’il
implique. Lorsque Jésus-Christ s’est fait homme, il n’est
pas devenu inférieur aux anges, car en son corps humain
il a accompli quelque chose que les anges n’auraient
jamais pu accomplir. Et en même temps, il a permis que
nous puissions partager sa gloire !
Il n’a pas honte de nous appeler ses frères et ses
sœurs. Avons-nous honte de l’appeler « Seigneur » ?

34
3

Hébreux 3 : 1 à 4 : 13
Supérieur à Moïse
Moïse était incontestablement l’homme le plus
révéré par le peuple juif, après Abraham. Retourner à
la loi signifiait donc retourner à Moïse, et c’est préci-
sément là ce qu’étaient tentés de faire les destinataires
de la lettre aux Hébreux. Il était important que l’auteur
convainque ses lecteurs de la supériorité de Jésus-Christ
sur Moïse, car le système entier de la religion juive était
venu par Moïse. Dans ce passage, nous apprenons que
Jésus-Christ est supérieur à Moïse sous trois aspects au
moins.

1. La personne du Christ
est supérieure (3 : 1-2)
La double description que l’auteur donne des lecteurs
montre clairement que ceux-ci étaient des chrétiens.
Seuls des membres de la famille de Dieu, mis à part par
la grâce de Dieu, pourraient être appelés « mes frères ».
De plus, le fait que l’auteur emploie l’expression « vous
qui appartenez à Dieu et qu’il a appelé à hériter la vie
céleste » indique bien qu’il s’adresse à des membres de
l’Église, le corps du Christ. Jamais un inconverti, juif ou
non, ne pourrait prétendre à cette bénédiction ! Le mot
traduit par « appartenez » est traduit ici par « associés »
en Luc 5 : 7, où il décrit la relation existant entre quatre
hommes dans le métier de la pêche. Ils y étaient tous
engagés.
Les véritables chrétiens ne partagent pas seule-
ment l’héritage des biens célestes ; ils partagent aussi
35
Soyez confiants

une appartenance au Christ (Héb. 3 : 14). Par le Saint-


Esprit nous sommes « des membres de son corps » (Éph.
5 : 30). Les véritables croyants ont aussi « eu part à l’Es-
prit saint » (Héb. 6 : 4). « Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de
Christ en lui, il ne fait pas partie des siens » (Rom. 8 : 9).
Parce que nous sommes enfants de Dieu, nous avons
aussi part à sa correction, qu’il exerce par amour (Héb.
12 : 8). Ne pas être châtié est la preuve que l’on n’est pas
enfant de Dieu.
Ces gens pouvaient « proclamer » leur foi en Jésus-
Christ, parce qu’ils étaient des frères et des sœurs saints
et des participants à une vocation céleste. Le mot utilisé
pour « proclamer » signifie simplement « dire la même
chose ». Tous les véritables chrétiens « disent la même
chose » lorsqu’il est question de leur expérience du
salut. À deux reprises dans sa lettre, l’auteur exhorte ses
lecteurs à demeurer ou rester fermement attachés à leur
foi (4 : 14 ; 10 : 23). C’était cette même confession du fait
qu’ils étaient « étrangers et voyageurs » sur la terre qui
caractérisait les hommes et les femmes de foi dans les
siècles passés (11 : 13).
C’est Jésus-Christ et non Moïse qui a fait toutes les
choses décrites ici pour les lecteurs. L’auteur les invite à
considérer Jésus-Christ et non Moïse. Le mot employé
ici signifie plus exactement « considérer avec soin, com-
prendre complètement ». Nous ne voulons pas jeter un
coup d’œil rapide à Jésus-Christ, mais considérer atten-
tivement qui il est et ce qu’il a fait.
Que le Christ soit supérieur à Moïse est une évi-
dence. Moïse n’était qu’un homme, appelé à être pro-
phète et chef, alors que Jésus-Christ, lui, est le Fils de
Dieu envoyé par le Père dans le monde. Le mot apôtre
signifie « celui qui est envoyé avec un mandat ». Moïse
a été appelé et mandaté par Dieu. Mais Jésus-Christ a
été envoyé en tant que « dernière parole » de Dieu pour
l’homme pécheur. Voici quelques versets des Évangiles
où il est dit de Jésus qu’il a été « envoyé par Dieu » :
Jean 3 : 17, 34 ; 5 : 36, 38 ; 6 : 29 ; 8 : 42 ; 10 : 36 ; 11 : 42 ;
17 : 3 et notez aussi 13 : 3.
36
Supérieur à Moïse

Jésus-Christ n’est pas seulement apôtre, il est aussi


grand-prêtre. Moïse était prophète et, à l’occasion, fai-
sait office de prêtre (voir Ps. 99 : 6), mais jamais il ne
fut grand-prêtre. Ce titre appartenait à son frère Aaron.
En fait, Jésus reçoit même le titre de « grand souve-
rain sacrificateur » ou « grand-prêtre si éminent » (Héb.
4 : 14).
En tant qu’apôtre, Jésus-Christ était le représentant
de Dieu auprès des hommes, en tant que souverain sacri-
ficateur (ou grand-prêtre), il est maintenant le représen-
tant des hommes auprès de Dieu dans les cieux. Moïse
accomplissait, bien sûr, des tâches semblables, car il
enseigna la vérité de Dieu au peuple d’Israël et il pria
pour Israël lorsqu’il rencontra Dieu sur la montagne (cf.
Exode 32 : 30-32). Moïse était d’abord le prophète de la
loi alors que Jésus-Christ est le messager de la grâce de
Dieu (cf. Jean 1 : 17). Moïse contribua à préparer le che-
min de la venue du Seigneur sur terre.
L’auteur de la lettre aux Hébreux souligne cependant
que Moïse et Jésus-Christ furent tous deux fidèles dans
l’œuvre que Dieu leur confia. Moïse ne fut pas sans
péché comme Jésus-Christ, mais il fut fidèle et obéit à
Dieu (Nomb. 12 : 7). C’était là pour ces croyants juifs du
premier siècle, un encouragement à demeurer fidèles au
Christ au sein même des difficultés où ils se trouvaient.
Au lieu de retourner à Moïse ils devaient l’imiter et être
fidèles à leur vocation.

2. Le ministère du Christ
est supérieur (3 : 3-6)
À six reprises le mot « maison » est employé dans ces
versets. Il s’agit ici du peuple de Dieu, non d’un bâti-
ment matériel. Moïse a servi Israël, le peuple de Dieu
sous l’ancienne alliance. Aujourd’hui le Christ exerce
son ministère auprès de son Église, le peuple de Dieu
sous la nouvelle alliance (« Et cette maison, c’est nous
qui la constituons » v. 6). On peut trouver un exemple
de l’emploi du mot « maison » dans un double sens en
37
Soyez confiants

2 Samuel 7. David voulait bâtir un temple pour Dieu,


une maison dans laquelle Dieu pourrait habiter. Mais
Dieu dit à David que lui, il bâtirait la maison (maison-
née, famille) de David et qu’il établirait une alliance
avec ses descendants.
Le contraste entre Moïse et le Christ est clair : Moïse
était un intendant fidèle dans la maison, Jésus-Christ,
lui, est Fils, placé à la tête de la maison. Moïse était un
membre de la maison, tandis que Jésus a construit la
maison ! Il vaut la peine de remarquer par ailleurs que
la vérité présentée dans ces versets est un puissant argu-
ment en faveur de la divinité de Jésus-Christ. Si Dieu
bâtit toutes choses et si Jésus-Christ bâtit la maison de
Dieu, alors Jésus-Christ doit être Dieu.
Il y a une autre chose qu’il faut souligner quant à la
supériorité du Christ sur Moïse : le prophète Moïse a
parlé de choses à venir, Jésus-Christ, lui, a amené toutes
ces choses à leur accomplissement. (v. 6). Moïse a servi
« dans l’ombre » en quelque sorte (cf. 8 : 5 et 10 : 1), tan-
dis que Jésus-Christ a apporté la lumière totale et défini-
tive de l’Évangile de la grâce de Dieu.
Le mot grec traduit par « serviteur » (v. 5) n’est pas le
mot que l’on rencontre habituellement dans le Nouveau
Testament pour désigner un serviteur ou un esclave. Il
s’agit ici d’un « serviteur volontaire qui agit par affec-
tion ». Dans le Nouveau Testament, il est uniquement
employé pour parler de Moïse. Au début de son minis-
tère, Moïse fut quelque peu hésitant et il résista à l’appel
de Dieu. Mais après s’être soumis, il obéit par amour et
adoration.
Il faut comprendre la phrase commençant par « si »
(v. 6) à la lumière de son contexte, c’est-à-dire Moïse
conduisant Israël hors d’Égypte et vers le pays promis.
L’auteur ne sous-entend pas que nous, en tant que chré-
tiens, devons veiller à rester sauvés. Cela contredirait
le thème principal de la lettre, c’est-à-dire que l’œuvre
parfaitement accomplie du Christ et son ministère
céleste sont la garantie de notre salut éternel (7 : 14s).
Au contraire, l’auteur affirme que ceux qui gardent la
38
Supérieur à Moïse

pleine assurance et la fierté que nous donne notre espé-


rance prouvent par là qu’ils sont véritablement nés de
nouveau.
L’auteur ajoute : « étant toujours prêts à en témoi-
gner hardiment ». Lorsqu’on est libre de parler, on ne
ressent aucune crainte et on est plein d’assurance. Un
croyant peut s’approcher du trône de grâce avec assu-
rance et confiance (4 : 16), avec franchise et sans aucune
crainte. Cette assurance nous vient du sang que le Christ
a versé (10 : 19). Ainsi donc, quelles que soient les cir-
constances, nous ne devons pas rejeter notre assurance.
Notre assurance ne doit pas être fondée sur nous-mêmes,
nous sommes bien trop enclins à tomber, mais sur Jésus-
Christ, qui lui, jamais ne fait défaut.
À cause de cette assurance en Jésus-Christ et de
notre confession du Christ, une espérance joyeuse est
la nôtre (v. 6). L’auteur exhorte ces saints qui sont dans
la souffrance à se réjouir de leur expérience spirituelle
et non pas à simplement la subir. Jésus-Christ est le
Fils bien-aimé établi sur sa maison ; il prendra soin de
chaque membre de la famille. Il est le fidèle souverain
sacrificateur qui prodigue toute la grâce dont nous avons
besoin en chaque circonstance de la vie. Jésus-Christ,
le souverain berger des brebis (13 : 19-20), se sert des
expériences qui surviennent dans la vie des siens pour
les équiper pour le service qui glorifiera son nom.
En d’autres termes, ceux qui se sont confiés en
Jésus-Christ prouvent leur confession par leur fermeté,
leur assurance et leur joyeuse espérance. Attendant l’es-
pérance bénie du retour de leur Seigneur, ils ne plient
pas sous le poids du passé ni ne sont menacés par le
présent ; au contraire, ils vivent « au futur ». C’est cette
« vocation céleste » qui pousse les croyants à continuer
de vivre pour le Seigneur, alors même que les circons-
tances deviennent difficiles à supporter.
La marche d’Israël dans le désert est l’un des sujets
principaux de ce passage. Deux hommes parmi cette
nation, Josué et Caleb, illustrent l’attitude décrite en 3 : 6.
Tout Israélite âgé de plus de vingt ans allait mourir dans
39
Soyez confiants

le désert sans jamais voir le pays promis (voir Nomb.


14 : 26-38). Josué et Caleb, eux, crurent en Dieu et Dieu
honora leur foi. Pendant quarante ans, Caleb et Josué ont
vu leurs amis et parents mourir, mais ces deux hommes
de foi, pleins d’assurance en la parole de Dieu, savaient
qu’un jour ils entreraient en Canaan. Alors que d’autres
connaissaient la tristesse et la mort, Caleb et Josué se
réjouissaient, pleins d’assurance et d’espérance. Nous
les croyants, nous savons que Dieu nous conduit vers le
ciel ; et nous devrions aussi avoir une joyeuse espérance
dont nous sommes prêts à témoigner hardiment. Comme
ces deux hommes.

3. Le repos en Christ est supérieur


(3 : 7 à 4 : 13)
Ce long passage est la seconde des cinq exhortations
de cette lettre. Dans la première (2 : 1-4), l’auteur a sou-
ligné le danger qu’il y a à dériver loin de la Parole à
cause de la négligence. Il explique ici le danger qu’il y a
à douter et à ne pas croire la Parole à cause de l’endur-
cissement du cœur. Nous devons bien nous représenter
les circonstances dans lesquelles Israël a vécu son départ
d’Égypte et ses expériences dans le désert.
Nous devons d’abord réaliser qu’il y a des leçons
spirituelles à tirer des divers lieux où a séjourné Israël.
L’esclavage en Égypte est une illustration de l’esclavage
du pécheur en ce monde. De même qu’Israël fut délivré
d’Égypte par le sang d’un agneau et par la puissance de
Dieu, ainsi le pécheur qui croit en Christ est délivré de
l’esclavage du péché (Col. 1 : 13-14). Jésus-Christ est
« l’agneau de Dieu » dont la mort et la résurrection ont
fait de notre délivrance du péché une réalité.
Ce n’était pas la volonté de Dieu qu’Israël reste en
Égypte ou dans le désert. Son désir était que le peuple
prenne possession de son héritage glorieux dans le pays
de Canaan. Mais lorsque les Juifs arrivèrent aux fron-
tières de leur héritage, ils retardèrent leur entrée car
ils doutèrent de la promesse de Dieu (Nomb. 13 à 14).
40
Supérieur à Moïse

« Nous ne pourrons pas », pleurèrent les dix espions et


le peuple. « Nous pourrons avec l’aide de Dieu », dirent
Moïse, Josué et Caleb. Le peuple n’eut point part à l’hé-
ritage et mourut dans le désert car, au lieu d’aller de
l’avant par la foi, ils reculèrent à cause de leur incrédu-
lité. Ce fut la génération suivante qui prit possession du
pays et entra dans son repos.
Que représente Canaan pour nous, chrétiens d’au-
jourd’hui ? Il représente notre héritage spirituel en
Jésus-Christ (Éph. 1 : 3, 11, 15-23). Il est malheureux
que certains de nos cantiques et chœurs utilisent Canaan
comme une image du ciel et « la traversée du Jourdain »
comme une image de la mort. Canaan fut un lieu de
batailles et même de défaites, ce n’est donc pas une
image du ciel ! C’est par la foi que le peuple d’Israël eut
à traverser la rivière (une image du croyant qui meurt à
lui-même et au monde ; cf. Romains 6) et à réclamer son
héritage. Ils eurent à « sortir par la foi » (Josué 1 : 3) et
à revendiquer la possession du pays, comme doivent le
faire les croyants aujourd’hui.
Nous sommes à même de comprendre maintenant
ce que la marche dans le désert représente : l’expérience
du croyant qui ne réclame pas son héritage spirituel en
Christ, qui met la parole de Dieu en doute et vit dans
l’incrédulité et l’inquiétude. Dieu est avec ce croyant,
comme il fut avec Israël, c’est là un fait certain ; mais il
ne jouit pas pleinement de ses bénédictions.
Ayant considéré ces circonstances, nous compre-
nons mieux à présent l’un des mots-clés de ce passage :
repos (Héb. 3 : 11, 18 ; 4 : 1, 3, 4, 5, 8, 9, 10, 11). L’auteur
mentionne deux « repos » différents que l’on trouve dans
l’Ancien Testament :
1. Le repos du Sabbat de Dieu, lorsque Dieu cessa
de créer (Héb. 4 : 4 ; Gen. 2 : 2) ;
2. Le repos d’Israël en Canaan (Héb. 3 : 11 ; Deut.
12 : 9 ; Josué 21 : 43-45).
Il voit dans ces deux « repos » des images, des expé-
riences spirituelles du croyant d’aujourd’hui. Le repos
41
Soyez confiants

du sabbat est une image de notre repos en Jésus-Christ


par le salut (Héb. 4 : 3, cf. Matt. 11 : 28). Le repos en
Canaan est une image de notre repos actuel, alors que
nous revendiquons notre héritage en Jésus-Christ (Héb.
4 : 11-13, remarquez l’accent mis sur la parole de Dieu).
Il faut mentionner un troisième repos
3. Le repos futur dont tout croyant jouira auprès de
Dieu. « Le véritable “repos de sabbat”, un repos
semblable à celui de Dieu le septième jour, reste
donc en réserve pour le peuple de Dieu » (4 : 9).
C’est la seule fois dans le Nouveau Testament
où le mot grec pour l’expression « repos de sab-
bat » (sabbatismos) est employé. Lorsque les
saints entreront au ciel, ce sera comme s’ils par-
tageaient le grand repos de sabbat de Dieu ; il n’y
aura plus ni travaux ni combats (Apoc. 14 : 13).
On pourrait représenter cela de la manière suivante :

Passé Présent Futur


Le repos du sabbat Le repos du salut Le ciel
de Dieu
Le repos d’Israël Le repos de la Victoire en Christ
en Canaan soumission

Après avoir examiné l’histoire d’Israël et les


« repos » dont il est question, nous pouvons maintenant
étudier le passage lui-même. L’auteur adresse un triple
avertissement.

A. Prenons garde (3 : 7-19)


Prendre garde à quoi ? À la triste histoire de la nation
d’Israël et aux leçons qu’elle nous enseigne. L’auteur
cite le Psaumes 95 : 7-11, où Dieu réagit à la tragique
condition spirituelle d’Israël. Dieu avait délivré son
peuple de l’Égypte et avait pris soin de lui, révélant sa
puissance par de nombreux signes et prodiges. Israël
vit tout cela et en bénéficia, mais cela ne l’a pas rap-
proché de Dieu, ni ne l’a porté à plus de confiance en
42
Supérieur à Moïse

lui. Tout ce que Dieu a fait pour les Israélites ne leur a


rien apporté spirituellement. C’est même le contraire qui
s’est produit : ils ont endurci leurs cœurs contre Dieu et
l’ont mis à l’épreuve. Lui s’est montré fidèle, mais eux
se sont détournés de lui.
Le cœur de tout problème est un problème de cœur.
Les Israélites (à l’exception de Moïse, Josué et Caleb)
étaient égarés dans leur cœur (Héb. 3 : 10), c’est-à-dire
que leur cœur était éloigné de Dieu et de sa Parole. Ils
avaient aussi un cœur mauvais et incrédule (v. 12) ; ils
ne croyaient pas que Dieu leur donnerait la victoire en
Canaan. Ils avaient vu Dieu accomplir des signes pro-
digieux en Égypte, et malgré cela, ils doutaient qu’il
soit capable de les aider face au défi que représentait
Canaan.
Avoir un cœur incrédule qui s’égare mène inévi-
tablement à l’endurcissement du cœur, c’est-à-dire à
un cœur insensible à la parole de Dieu et aux œuvres
qu’il accomplit. Israël avait le cœur tellement endurci
qu’il voulait retourner en Égypte ! Imaginez cela, les
Israélites voulaient échanger la liberté que leur donnait
Dieu contre l’esclavage qu’ils avaient connu en Égypte !
Naturellement, cette histoire devait avoir une significa-
tion pour les lecteurs de cette lettre parce qu’eux-mêmes
couraient le danger de « retourner en arrière ».
Le jugement de Dieu s’était abattu sur Israël dans
le désert, à Qadech-Barnéa. Cette génération entière
fut condamnée à mourir ; seule la génération suivante
pourrait entrer dans le pays. Dieu dit : « Non, jamais ils
n’entreront dans mon lieu de repos » (3 : 11). Mais quel
message cela apporte-t-il au croyant d’aujourd’hui ? Il
n’est pas un seul croyant, juif ou païen, qui aujourd’hui
pourrait retourner au système légal mosaïque, puisque le
temple et la prêtrise n’existent plus. Mais tout croyant
est tenté d’abandonner sa confession du Christ et de
retourner aux compromis et à l’esclavage qui font partie
de la vie selon le monde. Et ceci est particulièrement vrai
en temps de persécution et de souffrances. Les feux de la
persécution ont de tout temps purifié l’Église, parce que
43
Soyez confiants

la souffrance sépare les vrais croyants d’avec les faux.


Les vrais croyants sont prêts à souffrir pour le Christ et
ils restent fermement attachés à leurs convictions et à
leur confession de foi (Héb. 3 : 6, 14). Ce n’est pas en
restant attaché à notre confession que nous sommes
sauvés, mais le fait d’y rester attachés prouve que nous
sommes de véritables enfants de Dieu.
Prenons garde aux dangers spirituels auxquels nous
devons faire face. Sachons les reconnaître. Tout aussi
important, sachons nous encourager mutuellement à
demeurer fidèles au Seigneur (3 : 13). En lisant cette
lettre, on a l’impression que certains croyants à qui elle
est adressée négligeaient la communion dans l’assem-
blée locale (cf. 10 : 23-25). Les chrétiens s’appartiennent
les uns aux autres et ont besoin les uns des autres. Moïse,
Caleb et Josué s’efforcèrent de convaincre Israël lorsque
le peuple refusa d’entrer en Canaan, mais le peuple ne
voulut pas les écouter.
Dieu fut clairement attristé par Israël durant les
quarante ans que dura leur marche dans le désert. Il ne
fallut pas attendre longtemps après la sortie d’Égypte
pour que les Hébreux commencent à provoquer Dieu
(Exode 16 : 1s). Après que Dieu leur eut donné du pain,
ils commencèrent à se plaindre du manque d’eau (Exode
17 : 1-7). Moïse appela cet endroit « Massa et Mériba »,
ce qui signifie « révolte et contestation ». On retrouve
ces mots en Hébreux 3 : 8.
Le péché d’Israël est décrit au verset 12 : « se lais-
ser détacher du Dieu vivant ». Le mot grec employé ici
a donné « apostasie » en français. C’est la seule fois où
ce mot se rencontre en Hébreux. « Apostasie » signi-
fie-t-il abandonner sa foi et être donc condamné pour
l’éternité ? Une telle explication ne s’accorde pas du tout
avec le contexte. Les Israélites se détournèrent du Dieu
vivant en refusant sa volonté pour leur vie et en s’entê-
tant à retourner en Égypte. Dieu ne leur permit pas de
regagner l’Égypte. Il préféra les punir dans le désert et
ne leur permit pas de retourner à l’esclavage.
44
Supérieur à Moïse

La lettre aux Hébreux insiste sur le fait suivant : les


vrais croyants ont un salut éternel parce qu’ils mettent
leur confiance en un Sauveur vivant qui, sans cesse,
intercède en leur faveur. Mais l’auteur prend bien soin
de souligner que cette confiance n’offre aucune excuse
pour le péché. Dieu châtie ses enfants. Rappelez-vous
que Canaan n’est pas une image du ciel, mais de l’héri-
tage spirituel que le croyant possède actuellement en
Jésus-Christ. Le croyant qui met en doute la parole de
Dieu et se rebelle contre elle n’est pas privé de l’accès
au ciel, mais il est privé des bénédictions de son héritage
actuel et aura à subir le châtiment de Dieu.

B. Entrons dans le repos (4 : 1-8)


Les croyants d’aujourd’hui peuvent prendre posses-
sion et jouir de leur héritage spirituel en Christ. Nous
devons nous garder de mettre en doute la parole de Dieu
car c’est seulement lorsqu’elle est « accompagnée de la
foi » qu’elle peut atteindre ses fins. Dans ce passage, le
raisonnement est développé en plusieurs propositions :
1. Dieu acheva son œuvre et se reposa, de sorte que
son repos a été accessible depuis la création ;
2. Les Juifs n’entrèrent pas dans leur repos ;
3. Bien plus tard (Ps. 95), Dieu annonça qu’un repos
était toujours accessible. Cet « aujourd’hui »
s’applique encore à nous aujourd’hui (4 : 7) ! Cela
signifie que Josué ne conduisit pas le peuple vers
le véritable repos, car il reste un repos à atteindre.
Le repos d’Israël en Canaan est une image du repos
spirituel que nous trouvons en Christ lorsque nous nous
abandonnons à lui. Lorsque nous venons au Christ par
la foi nous trouvons le repos du salut (Matt. 11 : 28).
Lorsque nous nous soumettons à lui, apprenons ce qu’il
nous enseigne et lui obéissons par la foi, nous jouissons
du repos de la soumission (11 : 29-30). Vient d’abord
la « paix avec Dieu » (Rom. 5 : 1). Ensuite la « paix de
Dieu » (Phil. 4 : 6-8). C’est par la foi que l’on entre dans
le repos (Héb. 4 : 3) ; c’est en obéissant à Dieu par la foi
45
Soyez confiants

et en nous abandonnant à sa volonté que le repos entre


en nous.

C. Empressons-nous (4 : 9-13)
« Mettons donc tout en œuvre » est une bonne tra-
duction de cette admonition. C’est le contraire de « aller
à la dérive » (2 : 1-3). Comment peut-on tout mettre en
œuvre ? En prêtant attention à la parole de Dieu. Israël
n’a pas cru à la parole de Dieu et c’est ainsi que les
rebelles sont morts dans le désert. « Donc, la foi naît
lorsqu’on entend prêcher l’Évangile » (Rom. 10 : 17).
En comparant la Parole à une épée, l’auteur ne sous-
entend pas que Dieu se serve de sa Parole pour massa-
crer les chrétiens ! Il est vrai que la Parole brise le cœur
des pécheurs par la conviction (Actes 5 : 33 ; 7 : 54) ou
qu’elle peut vaincre Satan (Éph. 6 : 17). Le mot grec uti-
lisé ici désigne en fait « une courte épée ou une dague ».
L’accent est mis ici sur la puissance que recèle la Parole
pour pénétrer et mettre à nu le cœur de l’homme. La
Parole discerne ce qui se trouve dans le cœur, elle est
une « critique ». Les Israélites ont critiqué la parole de
Dieu au lieu de la laisser les juger. Et ainsi ils ont perdu
leur héritage.
Bien sûr, Dieu voit notre cœur (Héb. 4 : 13), mais
nous ne savons pas toujours ce qui s’y trouve (Jér. 17 : 9).
Dieu se sert de la Parole pour nous permettre de voir le
péché et l’incrédulité qui se trouvent dans notre propre
cœur. La Parole met notre cœur à nu. Par la suite, si nous
nous confions en Dieu, elle rend notre cœur capable de
lui obéir et de se fier en ses promesses. C’est pourquoi
tout croyant devrait constamment prêter attention à la
parole de Dieu. Dans la Parole nous voyons Dieu, et
nous voyons aussi comment Dieu nous voit. Nous nous
voyons tels que nous sommes. Cela nous permet d’être
honnêtes avec Dieu, de nous confier en sa volonté et de
lui obéir.
Tout cela est possible à cause de l’œuvre accomplie
par Jésus-Christ, œuvre qu’il a menée à sa fin. (« Celui »
au verset 10 se rapporte à Jésus-Christ.) Dieu se reposa
46
Supérieur à Moïse

après avoir achevé l’œuvre de la création. Le Fils de


Dieu se reposa après avoir accompli l’œuvre de la nou-
velle création. Nous pouvons entrer dans son repos en
croyant en sa Parole et en obéissant à sa volonté. Et
cela, nous pouvons le faire en écoutant sa Parole, en la
comprenant, en nous confiant en elle et en lui obéissant.
C’est de cette façon seulement que nous pouvons reven-
diquer notre héritage en Jésus-Christ.
Avant que Josué ne conquière Jéricho, il était sorti
pour examiner la situation. C’est alors qu’il rencontra le
Seigneur Jésus-Christ (Josué 5 : 13-15) et qu’il découvrit
qu’il n’était que le chef en second ! Le Seigneur tenait
une épée à la main et Josué tomba à ses pieds dans la
soumission la plus complète. C’est cet acte accompli en
privé qui donna à Josué la victoire aux yeux de tous.
Nous aussi nous prenons possession de notre héri-
tage en nous abandonnant à lui et en nous confiant en sa
Parole. Gardons-nous d’avoir un cœur incrédule.

47
COLLECTION « SOYEZ » : COMMENTAIRES BIBLIQUES À LA PORTÉE DE
TOUS POUR COMPRENDRE ET METTRE EN PRATIQUE LA PAROLE DE DIEU.
À UTILISER SEUL OU EN GROUPE.
19 Warren W. Wiersbe
Hébreux • Soyez confiants
« Ce Fils reflète sa gloire d’une manière éclatante et constitue l’empreinte
exacte de son être, l’expression parfaite de sa nature. » (Héreux 1 : 13
– Parole vivante)
Nous subissons de plein fouet un changement d’époque, de civilisation.

Hébreux • Soyez confiants


Les repères s’inversent. Le mal est appelé bien et les vertus chrétiennes
sont moquées. Le sol s’effondre.
La Lettre aux Hébreux fut rédigée à un moment semblable : les fonde-
ments de la société s’ébranlaient et les chrétiens ne savaient pas com-

confiants
ment réagir. Ne vacillez pas, dit l’auteur, ne craignez pas l’inconnu !
« Dieu semble bousculer toutes sortes de choses. Pourquoi ? Il veut que
vous appreniez à vivre par la foi et non par la vue. Il veut que vous bâtis-
siez votre vie sur la permanence et non sur l’instable. Sur ce qui est éter-
nel et non sur ce qui est temporel. » – Warren W. Wiersbe.
Puisse ce commentaire vous fortifier en cette période trouble !

Warren W. Wiersbe • Pasteur, professeur et conférencier de renommée internationale.


Auteur de nombreux livres dont Quand la vie chancelle et les commentaires du Nouveau
Testament de la collection « Soyez ».

biblique
W. Wiersbe
biblique

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Hébreux
12,00 € Texte de Parole vivante inclus
9 782362 493256
ISBN 978-2-36249-325-6

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