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Une nouvelle
dela
ï;DITIONS ~
POLE~
Bibliothèque
Tcing - L'aventure mathématique
e
Tangente Hors-série n° 65
Vecteurs
Espaces vectoriels
Une nouvelle approche de la géométrie
EDiTiONS
POLE
les seerre
des - osions
EDiTiONS
POLE
Vecteurs,
espaces vectoriels
Le latin, source de mots nouveaux
Le manifeste de l'art vectoriel
Histoire et axiomatique
La notion d'espace vectoriel voit le jour progressivement
tout au long du xix• siècle, dans le but de formaliser
l'espace qui nous environne. Des précurseurs ont permis
ce changement de point de vue en introduisant les
notions de« base», de« déterminant», d'« application
linéaire» ...
la géométrie autrement
Peut-on traiter la géométrie comme une branche de
l'algèbre? C'est l'enjeu de l'usage des espaces vectoriels.
Cette « mathématique sans figures » s'intéresse aux
transformations de l'espace et à leurs invariants.
L'intuition géométrique y trouve un sens renouvelé.
le manifeste
de l'art uectoriel
Méconnu, inclassable, objet de définitions contradictoires et
ambigües, tel est le triste sort de l'art vectoriel, à la frontière
entre mathématiques, arts numériques et arts plastiques. Ce
domaine d'activité constitue pourtant depuis cinquante ans
une composante fondamentale de l'art contemporain.
'
L
art vectoriel, c'est tout sim- dont les applications a1tistiques rele-
plement l'art de dessiner vaient alors le plus souvent de l' abs-
des vecteurs : il s' agit d'un traction géométrique (par exemple les
art traditionnel, dont 1'objectif premier recherches de Véra Molnar) ou de la fi-
est de réaliser un dessin sur une feuille guration conceptuelle (voir les travaux
de papier. Il repose sur ! 'utilisation de de Scowcza, qui utilise pour la première
l'ordinateur, lequel est incapable de fois le terme « art vectoriel » au début
Le cht1poa 11 111,m, tracer une ligne autrement qu 'en la dé- des années 1980). L' art vectoriel est à
Scowczu, 1985 composant en petits segments de droite, distinguer de la production d'images
(encre d • 'hine sm· appelés vecteurs (voir la Droite, Biblio- numériques vectorielles , ainsi nom-
Pllllkr Cnnson, thèque Tangente 59, 2017),Cette forme mées pour les distinguer des images
trnccur Wntannbc et d' art très particulière se distingue de matricielles (constituées d'une simple
ordinateur Apple lie). l'image de synthèse, qui cherche es- mosaïque de pixels, dont la quantité
sentiellement à générer, habiller et ani- conditionne la netteté de l'image). Les
mer des volumes, et de l'art numérique images vectorielles sont quant à elles
contemporain, qui cherche le plus sou- constituées d' une juxtaposition de sur-
vent à générer des processus dématéria- faces colorées, dont les contours (que
Jjsés, interactifs ou aléatoires. les informaticiens appellent pour cette
raison « vecteurs ») sont des objets
Dessin par ordinateur mathématiques entièrement redessinés
lors de chaque nouvelle représentation
L ' art vectoriel trouve son origine dans de l'image (selon le principe même de
le « dessin par ordinateur sur table tra- la programmation orientée objet) ; ain-
çante », apparu dans les années 1960, si, leur netteté est indépendante de la
Animation vectorielle,
Scowcza, 2010.
La dimensio n apparente d ' un objet tance, en simplifi ant d ' autant plus les
diminue linéairement en fo nction de é léments gra phiques qu ' ils sont plus
la di stance, conformément aux lois de éloignés.
la perspecti ve class ique. Par contre, La fo rmali sation mathématique de ce
il semble que la simplifi cation de sa savoir-faire empirique découle très
représe ntatio n doive évoluer, qu ant à logiq uement de l'analyse fractale. En
elle, assez ra pidement pour les fa ibles effet, si l' o n admet que la réalité est
di stances, ma is « de mo ins en moins fa ite d 'objets de grande ur intrinsèque
rapidement » pour les di stances plus G 0 et de dimension fractale D (au sens
importantes, selon une progress ion de de la dimension de Hausdorff), alors la
ty pe logari thmjque plutôt que linéaire. grandeur apparente d ' un objet situé à la
Les dess inateurs savent intu1t1vement di stance d vaut G = G 0 / cl°.
faire évoluer la complex ité de leur Par exemple, une ligne traditionne lle,
re présentati on en fo nction de la di s- de dimension D = 1 et de longue ur L0 ,
mesurera L = L0 / d à la distance d,
comme le ve ulent les lois de la perspec-
Scowcza a fait l'objet d'une grande rétrospective en 2017 ti ve cl assique. De même, une surface,
à l' Atelier Grognard de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine). de dimension D = 2 et d 'aire S0 , mesu-
Les personnages suspendus sont les « scowczis », rera S = S 0 / d 2. Et si TJ est la plus peti te
emblèmes du collectif. lo ngue ur perceptible par le dessin ate ur
(que l'on pourrait ap peler « pouvoir de
résolution de l'œil »), alo rs la plu s pe-
tite unité de mes ure d ' un objet frac tal
est TJ D (soit TJ pour une ligne, T) 2 pour
une surface, TJ 3 pour un volume ... ). La
grande ur de cet objet, exprimée dans
cette uni té, est par dé finiti on égale
à n x TJ D. O n obtient do nc la re latio n
G = G0 / dD = n x T) D.
S i l' on caractéri se la complexité d ' un
dessin par le nombre de petites entités
é lémentaires, ou traits, nécessaires à
sa re présentation, soit n, on pe ut ex-
primer cette compl exité sous la fo rme
sui va nte : n = G 0 / (d x TJ)D ou encore
log n = log G 0 - D log (clTJ).
Cette relatio n bi-logarithmique, pour
un pouvoir de réso lution TJ do nné, e ntre
la complex ité n de la représentation et
la di stance cl à laquelle se tro uve l'objet
re présenté, de grandeur in trin sèque G 0 ,
est illustrée par le schéma qui sui t.
Déueloppements artistiques
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
:• ~ Des notations multiples
• Avertissement:
• les notations
• Les notations mathématiques pour un •
• même un concept sont multiples et évolutives. •
de cet ouvrage
•
.
•
•
Celles utilisées en analyse vectorielle ne font pas
. '
except10n. A la multiplicité des formes que l'on
•
•
• observe, tout au long de l'histoire, dans les textes •
• originaux de mathématiciens, s'ajoutent la diver-
••
• sité des usages en fon ction du pays, voire de la •
• communauté : ainsi les notations utilisées dan s • Selon les auteurs, les natio-
l'enseignement scolaire ne passent pas, en gêné- •
nalités, les années, les textes
•• ral, la grille du lycée, les chercheurs étant plutôt •
mathématiques utilisent d es
• enclins à adopter les standards internationaux. •
• Restent encore des différen ces, les physiciens,
•• notations différentes. Par souci
de cohérence, les notations
• les mathématiciens, voire les mathématiciens •
• appliqués ayant leur propres usages. • adoptées dans les articles de
•• La notation du vecteur, actuellement utilisé e
• ce numéro sont:
Giuseppe
Peano
(1858-1932)
A fut le premier
à définir
Le point C est le transformé de B par
les espaces
l'homothétie de centre A et de rapport À
(sur cet exemple À = 5/4). vectoriels
de manière
Une relation
qui s'est fait un nom
La fameuse « relation de Chasles », celle qui reste après avoir
tout oublié des mathématiques, était connue avant Chasles,
mais il revient à ce maître de la géométrie de l'avoir formalisée.
Selon le contexte, elle porte sur les vecteurs, sur les angles ou
sur les intervalles d'intégration.
C
est dans son Traité de géo-
métrie supérieure que le niveau. Archimède (Ille siècle avant
mathématicien français notre ère), par exemple, le décrit avec
Michel Chasles introduit, selon son préci sion dans ses Opera Mechanica :
vocabulaire, la « somme des trois seg- « Quand un corps est mû selon un cer-
ments », ayant pris soin au préalable tain rapport [entre deux mouvements
d ' indiquer avec soin la définition d ' un rectilignes qui s'y appliquent], le corps
segment et la « manière d'indiquer la se meut en ligne droite et cette droite
direction des segments » . Cela va de- est le diamètre de lafi.gure formée par
venir l'antienne que tout bon collégien, les deux droites entre lesquelles est éta-
tout bon lycéen, tout bon étudiant, va bli le rapport. » Déjà un diagramme,
Sir William Rowan ressasser sous diverses formes au cours donc, permettait de définir et calculer
Hamilton (1805- 1865). de son existence scolaire, la célèbre les composantes d'une résultante de
« relation de Chasles » . forces, sans toutefo is faire apparaître
le concept de somme de deux vecteurs.
De lointains précurseurs Les Chinois, au premier siècle avant
notre ère, dans les Neuf Chapitres sur
Connue sous la forme vectorielle, la l'art mathématique, envi sagent, eux ,
- - -
plus courante, AB+ BC = AC , ladite les vecteurs sous un angle algébrique,
relation n' a pas toujours été exprimée allant jusqu 'à inventer plus tard la no-
en termes de vecteurs, loin s'en faut ! tion de congruence, au x111e siècle. En
Précurseur du vecteur, on voit appa- Europe , Leibniz lui aussi, dans une
raître le « parallélogramme des vi- lettre à Huygens de 1679, parle de
tesses » chez les Grecs , qui avaient congruences de points ou de figures ,
:1 _:
1': HISTOIRE ET AXIOMATIQUE
C F G
la notion de bipoint et d' équipollence,
a conduit à la forme encore enseignée
aujourd ' hui.
en donnant aux segments les signes qui f étant une fonction intégrable - c' est-
leur conviennent. » à-dire dont on peut calculer l'aire sous
Pour démontrer sa proposition qui la courbe - sur un intervalle I conte-
fera le tour de la Terre, il considère nant les trois points a, b etc.
soigneusement l' ordre des trois points Et voilà que la formul e initiée par Mi-
sur la droite qui, dit-il, « donne lieu chel Chasles a essaimé vers de multi-
aux trois séries a, b, c ; c, a, b et a, c, ples autres domaines, facilitant gran-
Giusto Bellavitis
b », remarquant toutefois que comme dement le calcul, qu'il soit vectoriel,
(1803- 1880).
« on passe d'une série à une autre par angulaire ou intégral !
la permutation de deux lettres, l 'équa-
tion ab + be + ca = 0 ne change pas É.B.
cette permutation ». Ainsi, le théorème
« sera vrai dans les trois cas s'il l'est
dans l'un » . C ' est là que, faisant in-
tervenir le fameux « ab + be = ac »,
joint à « ac = - ca », il conclut enfin : RtFitRENCES
ab+ be + ca = O. • Les 111u1riu•.1.
Bibliothè4ue Tangente 44.
La notation AB+ BC = AC est ani- 2012 .
vée après la publication du traité de • Le <'Uic11I intégrul.
Chasles puisqu ' elle est due aux travaux Bibliothi:que Tangente 50.
de formalisation du mathématicien ita- 2014.
lien Giusto Bellavitis qui, introduisant
Michel Chasles,
l'artisan du retour
es figures en géométrie
En poursuivant inlassablement l'idée que les figures
sont essentielles pour étayer le raisonnement, Mi-
chel Chasles (1793-1880) a transformé totalement
l'approche de la géométrie par ses contemporains.
Outre les progrès importants qu'il a apportés dans
cette discipline, il a permis de simplifier de nom-
breuses démonstrations ; il a surtout influencé de
manière notable l'enseignement des mathéma-
tiques en France pendant plus d'un siècle.
Ses contemporains exploraient les notions nouvelles
de géométrie comme la tangente ou la courbure par
des opérations purement calculatoires. La représen-
tation d'une figure n'est alors plus que d'un apport
secondaire. Chasles, lui, traçait des ellipses, des po-
lygones ou des cercles tangents à trois autres. Ses
occupations semblaient dérisoires et paraissaient
devoir l'éloigner des « bonnes méthodes ». Ne fai-
sant pas appel au calcul différentiel ou intégral, ses
travaux sont plutôt mal reçus et passent inaperçus.
La parution en 1837 de !'Aperçu historique sur l'origine et le développement des méthodes en
géométrie est un tournant essentiel pour la compréhension de la géométrie. Chasles y retrace
l'histoire de cette discipline, mettant en valeur l'approche synthétique des Anciens et réhabili-
tant les travaux de Girard Desargues et Philippe de la Hire.
RÉFÉRENCES
•Dossier« La saga des mathématiciens: Michel Chasles» . Tangente 160, 2014.
•Dossier « Coniques et formes quadratiques ». Tangente SUP 75, 2014.
Un concept
réuolutionnaire !
Entre les motivations géométriques des premiers savants et
son axiomatisation autour des années 1900, la notion d'espace
vectoriel s'est affinée pour devenir le socle indispensable de
nombreuses théories mathématiques. En voici la palpitante
histoire.
L
a description du plan comme de
l'espace nécessite un repérage
des points. La donnée d'une
origine permet d'associer, à tout point
A, le vecteur OA. Pour parvenir à
cette conception des choses, encore
fallait-il avoir la notion de repère, ce
qui n' arrive qu'au xvue siècle avec
René Descartes et Pierre de Fermat.
Ces savants ont ramené ainsi les pro-
blèmes de géométrie au maniement
d'équations algébriques.
l. a + b = b + a (loi de commutativité),
Die lineale_ Ausdehnungslehre
2. (a+ b) + c =a+ (b + c) (loi d ' associativité),
3. Soit a et c n'importe quels vecteurs, alors il existe un nener Zweig der Mathematik
et un seul vecteur rc qui vérifie l' équation a + rc = c. Il dargel'ltellt
• Multiplication :
Hermann Graamiann.
1. (À+ µ)a= À.a+ (µa) (première loi de distributivité),
2. À(µa) = (Àµ)a (loi d'associativité), ZWalto, lm Tut unverlnderte Aufl•se.
3. la= a,
4. À(a+ b) =À.a+ À.b (deuxième loi de distributivité). De manière beaucoup plus pragma-
tique , Arthur Cayley introduit les
Les axiomes d ' addition donnent sans le dire la définition matrices, effectue des opérations
sur ces dernières et, de manière plus
d ' un groupe commutatif. En effet, on retrouve le vecteur
générale, définit des additions et des
nul noté O comme solution de a + ra = a et le symétrique
multiplications par un scalaire sur les
comme solution de a+ r0 = O. n-uplets de réels. Le mathématicien
britannique anglais ose ainsi braver
l'interdit de considérer des espaces
de dimension supérieure à 3 ; rapi -
dement, de nombreux autres savants
Hermann Weyl s 'engouffrent dans la brèche.
(1885-1955).
Un « Grassmann pour les nuls »
VOIU.ESl:'NG&."1 OOC'"R
Contrairement à ce que l'on pourrait croire naïvement, ALLCEMl!lNE RELATIVITi\TSHIEORIE
part qui possède lui aussi une structure d'espace vectoriel. VUlU(lVONJllUl!S Sî•ltM;;rlt
Espaces triuiau1e
Il est des évidences qu'il est toujours bon de rappeler. Ainsi,
la plupart d'entre nous ont déjà croisé des espaces vectoriels
sans parfois même le savoir ...
D
a ns le livre I d es Éléments, se diversifie e nsuite. Mais restons sur la
E ucli de défi nit la li gne comme dimension des espaces vectoriels. L' idée
une longueur sans largeur et la sous-j acente est qu 'i l s'agit du nombre
surface comme ce qui possède longueur de paramètres nécessaires pour décrire
et largeur seulement. Au li vre XI, il y un vecte ur.
ajoute les solides comme ce q ui possède
longueur, largeur et profondeur. De nos Retour à la base ...
jours, on décrypte cela comme ce qui
a trait aux dimensions l , 2 et 3. Avec Envisageons un espace de dimensio n 2,
la géométrie analytique de Descartes, comme celui des couples de nombres
do nt on peut trouver les prém ices chez réels V = (x, y) . On peut les décomposer
Apo ll oni us dans son ouvrage s ur les comme combinaison linéai re des de ux
Coniques, chaq ue point se défi nit à partir vecteurs I = (l , 0) et J = (0, 1), pui sq ue
d ' un nombre sur une li gne, de deux sur V = x I + y J. Cette décomposition est
une surface et de trois dans un solide ; naturell ement unique puisque x et y sont
la notion de dimension se préc ise : il les composantes de V. Pour cette ra ison,
s' ag it du nombre de paramètres néces- l'ense mb le {I , J} es t dit une base de
saires pour définir un point. Cette idée l'espace vectorie l des couples de nombre
rée ls : tout vecteur se décompose, de
manière uniq ue, comme combinaison
La notion de dimension se précise : linéaire de I et J. Le système de vecteurs
{I, J} n'est pas la seule base, il en existe
il s'agit du nombre de paramètres une infinité 1 Ainsi, {(-'lï, 0) , (0, V2) }
nécessaires pour définir un point. conviendrait to ut autant. Cependant,
J
b
a
toutes les bases ont le même nombre coplanaires r' --;' et k de l'espace usuel
d'éléments, deux dans ce cas. forment une base de cet espace, c'est-
Pour montrer pourquoi, imaginons que à-dire que tout vecteur s'écrit de façon
{U}, qui ne possède qu ' un seul élé- uniquesouslaformeV =ai + + ck bJ
ment, soit une autre base. Dans ce cas, où a, b et c sont des nombres réels.
I comme J s'exprime comme combinai- Autrement dit, un vecteur est donné
sons linéaires de U, c'est-à-dire qu'il entièrement par un triplet de nombres
existe a et b tels que I = a U et J = b U. réels (a, b, c). Géométriquement, on
On en déduit que b I - a J = 0 (faites la obtient une figure en forme de parallé-
vérification !). Comme a est non nul, logramme qui, à partir des vecteurs de
puisque I n'est pas égal à (0, 0), on peut base, décrit le vecteur V en fonction du
écrire que J = (b / a) 1. Ainsi, J s'ex- triplet (a, b, c) .
prime de deu x façons distinctes selon Les règles de calcul sur les vecteurs,
la base {I, J}, à savoir J = O.I + l.J et addition et multiplication par un scalaire,
J = (b / a) .I + O.J, ce qui est contradi c- correspondent aux règles de calcul sur les
toire. Ainsi, {U} ne peut être une base triplets. Additionner les vecteurs revient
de 1' espace considéré. à additionner les triplets, composante
Toute base possède donc au moins deux par composante ; les multiplier par un
vecteurs. scalaire revient à multiplier chaque com-
De même, en imaginant que {U, V , W} posante du triplet par le scalaire. Ainsi,
est un e a utre base, on aboutit à un e V+ V' correspond au triplet (a + a',
con tradiction . L'idée est la même e t b + b', c + c') et mV au triplet (ma,
la démonstration , plus technique si on m b, m c) . On résume souvent ceci en
veut la mener à terme, est proposée en di sant que l'espace vectoriel usuel est
encadré. isomorphe à R 3 , l'espace des triplets
Concrètement, vous avez déjà tou s de nombres réels . Le mot « isomorphe »
rencontré les notions d'espace vectoriel sign ifie ici que les deux structures fonc-
et de base. En effet, trois vecteurs non tionnent de manière identique !
Montée on abstraction
Les espaces vectoriels abstraits (sur le Le mathématicien allemand Georg Karl
corps des réels) ont été introduits pour la Wilhelm Hamel (1877- 1954) est allé
première foi s par Hermann Grassmann plus loin en démontrant l'existence de
mais de façon tellement obscure que bases dans tout espace vectoriel ; il a
son ouvrage la Théo rie des extensions également prouvé le fait qu 'elles avaient
linéaires, une nou ve lle branche des toutes même cardinal. Sa démonstration
mathématiques ne fut compri s que fait intervenir l'axiome du choix (voir
vingt ans après avoir été écrit, en 1866 les Ensembles, Bibliothèque Tangente
par Hermann Hankel , puis en 1869 par 61 ). En son honneur, la notion de dimen-
Felix Klein. Comme l' arithmétique, sion concernant les espaces vectoriel s
les espaces vectoriels abstraits seront est nommée dimension de Hamel et on
axiomatisés par Giu seppe Peano trente appelle base de Hamel toute base d' un
ans plus tard . espace de dimension infinie (en particu-
Si un espace possède au moins une base lier les bases de l'ensemble des nombres
finie , alors toutes les bases possèdent le réels vu comme espace vectoriel sur le
même nombre d'éléments, ce qui permet corps des nombres rationnels). Georg
de définir la notion de dimension dan s ce Hamel utilisait ces bases pour montrer
cas. Elle correspond bien au « nombre qu'il exi stait des fonction s disconti-
de paramètres nécessaires pour définir nues vérifiant l' équation fonctionnelle
un vecteur », tout en étant plus préci se. f (x + y) = f (x) + f (y). Cela ne signi-
Il est donc essentiel de montrer propre- fie pas pour autant que l'on puisse en
ment que tout espace vectoriel possède exhiber une seule !
une base, ce qui est facil e si l'on suppose H.L.
que J'espace en question a un système
générateur fini .
Le corps s'exprime
Il n'est de bon espace vectorie l E que sur un corps de
base K. Mais qu ' est-ce qu ' un corps exactement ?
Il s'ag it d' une structure fondamenta le de l'algèbre « cal-
quée » sur les propriétés de l' ensemble des nombres
réel s : il s'agit d ' un ensemble, possédant au moins deux
élé ments, muni de deux opérations binaires, tradition-
nellement notées + (addition) et x (multipli cation), qui
rendent possible le calcul d 'opposés et d ' inverses. Cela
permet de définir la soustraction et la divi sion (par tout
élément non nul) en respectant certaines règles usuelles
de calcul (commutativité des deux opérations binaires,
di stributivité de x sur+ notamment).
Ain si, l' ensemble des entiers naturels n'est pas un corps
car on ne peut pas y définir une soustraction (0 - 1 par
exemple n' appartient pas à N). L' ensemble des entiers
relatifs n'est pas non plus un corps, car on ne peut pas y
définir une division (en effet, 1 / 2 n'appartient pas à l'.') .
Mai s l'ensemble IR des nombres rationne ls, l'ensemble
des réels ou encore IC, l'ensemble des comp lexes sont des
corps. Mais il y en a bien d'autres encore ...
'
L
image et de noya u sont qui, à chaque vecteur Û de l'espace vec-
deux espaces vectoriels toriel E 1, associe le vecteur v = J(û)
privilégiés, ce sont même de l'espace vectoriel E 2 , on définit le
des notions fondamentales de l'algèbre noyau comme le sous-espace vectoriel
linéaire. Pour une application linéaire/ de E 1 constitué des éléments Û tels que
J(û) = Ô. L'image est, comme son
nom l'indique, le sous-espace vectoriel
El E2 de E 2 constitué des vecteurs v atteints
par l'application linéaire/, c'est-à-dire
qu'il existe un vecteur Û de E 1 tel que
v = J(û).
Ces définitions, pour naturelles qu'elles
soient, sont terriblement abstraites !
D' un autre côté, ces notions sont omni-
présentes en algèbre linéaire. Si f est
1
un endomorphisme, son image, notée
I
Im(f ), et son noyau, noté Ker(f), sont
des sous-espaces vectoriels (respecti-
vement de E 2 et de E). Par exemple, il
faut et il suffit que Ker( f) soit réduit
au vecteur nul pour que/soit une bijec-
tion dans le cas d 'espaces de dimen-
sions finies ... Mais n'égrainons pas les
L'image et le noyau de l'application linéaire/ . propriétés de l'image et du noyau, ce
hors-série n'y suffirait pas ... Voyons
plutôt sur un jeu leur signification .
Éteins la lumière...
www~ w boutons
sont tous
1~ 1~ ~ 1~ 1,
Lights Out.
RÉFÉRENCES En appuyant sur l'un des vingt-cinq bou- Malheureusement, avec les règles clas-
• Œuvres (tome tons, on en modifie l'état... et celui de siques du Lights Out, la matrice J n'est
ill). Archimède, ses voisins ! Les règles usuelles du jeu pas inversible. Le noyau est engen-
Les Belles montrent que l'état d'un bouton donné dré par deux vecteurs indépendants,
Lettres, 2002. ne dépend pas de l'ordre d'activation si et 82, donc le noyau contient les
quatre vecteurs , 81 , 82 , 8 1 + 82, ce
o ---+ ---+ ---+
-+ ---+
• Turning Lights de l'ensemble des boutons et que la
Out with description d'une séquence se résume, qui signifie que l'exécution des straté-
Linear Algebra. pour chaque bouton, à zéro ou un appui. gies si, 82, si + 82 ne fait absolument
Marlow Ainsi, une séquence s de jeu .se résume rien ! La dimension du noyau (en tant
Anderson et à une matrice colonne composée de 0 qu'espace vectoriel) est 2 . Par voie
Todd Feil, et de 1 ; cette séquence est la stratégie. de conséquence, l' image n'est pas
Mathematics Les règles du jeu se résument à une l'espace vectoriel complet, mais un
Magazine 71 , matrice J d'ordre 25, composée elle espace de dimension 23 (soit 25 - 2),
1998. aussi de Oet de l. Dire qu'une stratégie ce qui veut dire que si l'on génère
s donne la configuration c, c' est écrire une configuration au hasard il n'est
• Les matrices.
l'équation matricielle J s = c. Dans le pas forcement possible de résoudre le
Bibliothèque
monde des espaces vectoriels, on tra- problème ! Alors comment savoir si
Tangente 44,
vaille sur des vecteurs colonnes à valeurs une configuration est résoluble ? Elles
2012.
booléennes. J est la matrice qui repré- ne sont que 2 23 , c'est-à-dire 8 388 608.
• Jeux sente un endomorphisme. La solution
d'ampoules, du Lights Out serait facile si la matrice Un théorème, dû à Marlow Anderson et
ou comment J était inversible .. . Todd Feil, nous dit que la configuration
éviter la crise est résoluble si elle est orthogonale à
de nerfs à un La conception d'un nouveau jeu si et 82. Ceci va se calculer en effec-
électricien tuant le produit scalaire entre notre
dépressif Comme nous sommes en dimension configuration et si et 82. Le produit
à coup finie , J serait inversible si le noyau de scalaire a un sens puisque nous tra-
d'algèbre l' endomorphisme associé était réduit vaillons sur des vecteurs ! Le calcul se
linéaire sur au vecteur nul (à savoir le vecteur dont conduit par les règles habituelles du
F 2 • Grégory toutes les coordonnées sont 0, c'est-à- calcul binaire. Si le produit scalaire
Berhuy, dire qu'aucun bouton n' est actionné). avec les deux vecteurs est nul , alors
Quadrature 79, Les autres éléments du noyau seraient la configuration est résoluble. Ensuite,
2011 . les stratégies qui ne changent pas la il faut encore fai re un peu d'algèbre
configuration du jeu (on les appelle linéaire pour éteindre la lumière ...
stratégies silencieuses).
L'image est l' ensemble des configura- L' important ici était de montrer que le
tions que l'o n peut atteindre en appli- noyau et l' im age de l'endomorphisme
qu ant toutes les stratégies possibl es. du jeu ont une signifi cation très par-
Donc si une confi guration n'appartient lante: c' est respectivement l' espace des
pas à 1' image, on ne peut pas l' atteindre configurations muettes et l'espace des
en partant de la configuration où tous configurations résolubles . li est donc
les boutons sont éteints ; réciproque- crucial d'évaluer ces deux espaces lors
ment, il existe une solution au jeu si, et de la conception d' un nouveau jeu !
seulement si, la configuration proposée
appartient à l'image. J.-J. D.
les matrices
uues comme des uecteurs
L'ensemble des matrices à trois lignes et trois colonnes
forme un espace vectoriel de dimension 9 dont il peut être
intéressant de considérer des décompositions diverses pour
résoudre des problèmes concrets, comme celui des matrices
magiques.
L
es matrices, et plus générale- Cette écriture montre que les Eu for-
ment l'algèbre linéaire, sont ment un système générateur de l'es-
des objets mathématiques uti- pace des matrices carrées d'ordre 3. La
lisés par tous les ingénieurs. Une ma- question naturelle est de se demander
trice carrée M d'ordre 3 s'écrit sous la s'il s'agit d'une base. C'est bien le cas
forme générale suivante : car la matrice M est nulle si, et seule-
Gu G 12 G13) ment si, tous les coefficients au sont
M = ( a2, a22 a23 nuls , donc les Eu forment un système
G31 G 32 G 33 libre de l'espace des matrices carrées
Somme et produit par un scalaire de d'ordre 3. Autrement dit, l'espace vec-
telles matrices s'écrivent de façon sem- toriel des matrices carrées d'ordre 3 est
blable, donc l'ensemble des matrices de dimension 9, et les Eu en forment
carrées d'ordre 3 forme un espace vec- une base.
toriel. On peut reprendre le même raisonne-
De plus , la matrice M peut s'écrire ment pour montrer que l' ensemble des
ainsi: M = a 11 E 11 + a 12 E 12 + a 13 E 13 + matrices à n lignes et p colonnes est un
a 21 E 21 + a22 E 22 + a 23 E 23 + a 3 1 E 3 1 + espace vectoriel de dimension n x p
a 32 E 32 + a33 E 33 , où Eu est la matrice dont les Eu (pour 1 ~ i ~net 1 ~.i ~ p)
carrée d' ordre 3 dont tous les éléments forment une base.
so nt nuls sauf celui de la ligne i et la
colonne j qui est égal à 1. Ainsi , par Symétriques, antisymétriques
exemple: (a 11
G 12 G1 3) Une matrice carrée M est dite symé-
E l.3 = G 21 a 22 a 2.1 trique si a1; = au pour tous les indices i
G 31 G 32 G 33 etj, ce qui correspond à une « symétrie
les modules
Apparus avec Richard Dedekind et développés par David Hilbert
et Emmy Noether, les modules sur un anneau sont les frères des
espaces vectoriels sur un corps : ils répondent à des définitions
très proches. Ils sont pourtant très différents !
des éléments de cette famille. Ceci n'en- Un corps K est un espace vectoriel sur
traîne pas l' existence de bases ! On ne lui-même, qui ne possède aucun sous-
peut pas alors parler de « dimension ». espace vectoriel propre (autre que lui-
Seule consolation, s'il existe une base même et celui réduit à {O}). Certes, un
comptant un nombre fini d'éléments, anneau A est un module sur lui-même ;
alors toutes les autres bases possèdent cependant, une partie stricte B de A
le même nombre d'éléments; on parle peut être, elle aussi, un module sur A ;
alors de module libre. pour ceci, il suffit que ce soit un sous-
groupe et que, pour tout a dans A et
tout b dans B, l'élément ab soit dans
Modules et groupes commutatifs B (stabilité de la loi externe). De telles
parties s'appellent des idéaux de A.
Un module sur un anneau commutatif A est un
Un exemple simple : l'ensemble des
ensemble M muni deux lois. nombres pairs est un idéal sur Z, c'est
La première est une loi de composition interne, un module sur Z.
La théorie des modules s'est avérée
notée+, qui munit M d'une structure de groupe
extrêmement féco nde dans diverses
commutatif. branches des mathématiques comme
la théorie des nombres et la géométrie
La deuxième associe à tout couple d'éléments a (de
algébrique. Les questions s' y posent
l'anneau A) et x (de M) un élément de M noté il= o:x naturell ement en termes de modules sur
tel que que les propriétés suivantes sont vérifiées pour un anneau, et non en termes d'espaces
tous scalaires a, f3 et tous vecteurs i, il: vectoriels sur un corps. L'étude des
modules sur un anneau D d'opérateurs
o:(x +il)= o:x + ail, (a+ (3)x = o:x + (3x, différentiels (théorie des D-modules) est
(o:(3):l = o:(/3:l) et lx= i. actuellement en pleine effervescence.
Une géométrie
sans figures
L'algèbre linéaire est née du besoin de trouver un cadre à la
géométrie usuelle. Du point de vue de la pratique calculatoire,
c'est réussi! La simplification de certaines opérations et mani-
pulations, devenues plus systématiques, simplifie et rend plus
rigoureux le raisonnement géométrique.
'
L
ancienne géométrie était pour sens, uti li sant des lieux géométriq ues
Michel Chasles ( 1793- 1880) po ur réso ud re certa in s prob lè mes :
« hérissée de figures » et il « On a ainsi la résolution et construc-
souhaitait déj à s'évader des représenta- tion exacte et la plus simple possible
tions particubères qui , pour lui, empri- des problèmes de géométrie par des
sonnaient un problème. De nombreuses lieux naissant suivant le cas de courbes
tentatives ont été faites dans ce sens au d'esp èces différentes et convenant à
cours de l' hi stoire des mathématiques et ces problèmes. » Peu après, Gottfried
la géométrie vectorielle est l' une d'elles. Wi lhe lm Le ibniz suggère, dans une
lettre à Huygens de 1679, « qu'il nous
La tentation faut encore une autre analyse propre-
d'une géométrie sans figure ment géométrique linéaire, qui exprime
directement la situation comme l 'al-
A u XVII" siècl e déj à, s i la fig ure e n gèb re exprime la grandeur» et propose
géométrie reste prégnante dans I' œuvre une « géométrie de situation», mais son
de René Descartes, le mathématic ien et idée n'est pub liée qu ' en 1833.
philosophe cherche déjà, avec l' intro- Peu après, Joseph -Louis Lagra nge
duction des coordonnées, à algébriser la (1736- 18 13) précise, dan s son tra ité
géométrie, et recommande, pour venir à de Mécanique analytique: « On ne trou-
bout d' un problème géométriq ue: « De ve ra point de fi gures dans cet ouvrage.
toutes les lignes courbes qui doivent être Les méthodes que j'y expose ne deman-
reçues en géométrie, il faut avoir soin dent ni constructions, ni raisonnements
de toujours choisir la plus simple par géométriques ou mécaniques, mais
laquelle il est possible de le résoudre. » seulement des opérations algébriques. »
Pierre de Fermat va également dans ce Gaspard Monge (1746-1818) a, lui ,
Portrait de
Lazare Nicolas Marguerite Carnot
(1753- 1823), mathématicien,
homme politique et général français.
Le déterminant possède toutefois une signification géométrique. Prenons par exemple le cas d'un
système linéaire de deux équations à deux inconnues, { ax + bx = c,
a'x + b'y = c' .
Le déterminant 1; , :, 1 = ab' - ba' n'est autre, en valeur absolue, quel' aire du parallélogramme
l'aire du triangle et, de gros calculs et Cela signifie que les vecteurs AS etm
de nombreuses figures plus loin, arrive sont colinéaires, donc que les droites
à HG= (2/3) HO et GO= (1/3) HO, ce (AS) et (OI) sont parallèles. Or la droite
qui signifie que non seulement ces trois (01) n'est autre que la médiatrice de
points sont alignés, mais que de plus G [BC] : ainsi (AS) est-elle perpendiculaire
est, sur le segment [OH], au tiers à partir à (BC). C'est donc la hauteur issue de
de O. Ce résultat, obtenu de haute lutte, A . On montre de même que (BS) est
fait dire au géomètre britannique H.S.M. la hauteur issue de B et (CS) la hau-
Coxeter : « Certaines des découvertes teur issue de C. Le point S est donc
les plus simples d'Euler sont de telle l'orthocentre H du triangle ABC et
nature qu 'on imagine l'esprit d'Euclide OB = 6A +OB +oê.
s'exclamant: "Pourquoi sur Terre n'y Or, par définition du centre de gra-
ai-je pas pensé ?" »
GA+ GB +CC = rf , so it
vité G,
Et que dirait l' esprit d'Euclide devant ce 6A + OB + oê = 36G.
petit calcul vectoriel qui prouve le même
On vient donc de démontrer très rapi-
résultat encore beaucoup plus vite .. . et
dement, et sans figure aucune, que
sans figure? L'idée est d'introduire un
point S tel queOS = 0A + OB + OC. OB 30G = et, comme Euler, de trou-
ver la même position de G sur le segment
C'est dire que OS - 0A = OB +OC, [OH]. À chaque amateur ou utilisateur
soit AS= OB +OC= 2m si I est de mathématique de choisir le point de
milieu de [BC]. vue qui lui conviendra le mieux !
É.B.
RÉFÉRENCES
• Dossier « Michel Chasles ». Tangente 160, 20 14.
• Euler.Bibliothèque Tangente 29, 2007.
• La magie des invariants mathématiques. Bibliothèque Tangente 47 , 2013.
• La droite. Bibliothèque Tangente 59, 2017 .
arcel Berger, grand géomètre XVIIe siècle avec René Descartes puis
t1
8
tés classiques de la affine, c'est le cadre de la géométrie
géométrie affine se traditionnelle, celle que nous a ensei-
c redémontrent dans gnée Euclide, en précisant bien qu'on en
ce cadre, comme par exclut tout ce qui concerne les distances,
exemple la règle du parallélogramme ; les angles et, en conséquence, l' 011ho-
elle stipule qu'étant donnés quatre points gonalité. On appelle notion affine tout
A, B, Cet D, les égalités AB = CD ce qui traite des droites, des plans, leurs
et Aê = BD sont équivalentes. intersections, du parallélisme ... Les
En effet, la relation de Chasles nous applications affines bijectives comme
donne AB = Aê + CD + DB , soit les translations , les homothéties, les
AË - cî5 =AC +W = AC - BD , symétries y jouent un rôle important
d' où le résultat. (voir en encadré).
B.H.
RÉFÉRENCES
• Géométrie. Marcel Berger, Cassini , 2016.
• Géométrie.Michèle Audin, EDP Sciences, 2013.
En projetant U1 0
8 oo 0
des données 0 (j
0
statistiques N
sur un ()lan
0
adéquat, l'analyse N
N
'i 0
X
en composantes x 0
principales
permet d'en
faire émerger des
0
caractéristiques
significatives 0 4 4 6 8
cachées. x1 x1+x2
PrécieuM
barycentres
Déjà utilisé par Archimède, le centre de gravité, généralisé en
barycentre, s'avère être une ressource précieuse en géométrie.
Il permet de caractériser simplement les points remarquables
d'un triangle. De nombreux résultats, comme le théorème de
Desargues, se démontrent aisément grâce à lui.
/ '"~ .
tout point P du plan peut être considéré
i= l de manière unique comme barycentre Le Calcul
Dans le cas où tous les coefficients a1 de A, B et C « pesant » respectivement barycentrique,
sont égaux, on parle d'isobarycentre. certains poids p, q, r de somme égale à 1. par Mobi us.
Si l'idée d'Archimède a donné lieu à On peut évidemment généraliser cette
cette définition, une vingtaine de siècles définition aux coordonnées barycen-
plus tard, les mathématiciens allemands triques d'un point M dans un repère
Karl Wilhelm Feuerbach ( 1800-1834) affine de plus de trois points, et Mobius
et Julius Plücker (1801 - 1868) inven- insiste dès le début de son livre sur le fait
tent de nouvelles coordonnées et c'est que les nombres p, q, r peuvent aussi être
Mobius qui théorise dans son ouvrage négatifs : c'est pourquoi il préférera le
de 1827 la notion de coordonnées bary- mot« barycentre » à celui de « centre de
centriques, une nouvelle façon, selon gravité». Comme le dit le mathématicien
lui, de définir la situation des points. Il allemand, persuadé d'ouvrir la voie d'un
commence en considérant dans le plan nouveau type de calcul,« toutes nos for-
deux points A et B. On pourrait traduire mules sont beaucoup plus que de simples
ainsi l'un de ses premiers résultats : raccourcis de calcul[. .. ], A, B, C. .. ne
« Si, pour un point O quelconque, il sont pas que de simples points, mais[. .. J
existe un couple (a, b) de nombres tels ils permettent de traduire les propriétés
que ao + bOB = OC, alors C est essentielles du centre de gravité dans
BC le langage de l'algèbre. »
Z- ,
a tgne avec
A
et
B
et ba = CA. »
Mobius considère ensuite trois points Les notations de Grassmann
A, B et C coplanaires et généralise le
résultat à un point P du plan (ABC), Dans nos natations modernes, toutes les
disant exactement qu'une relation du formules sont écrites en termes vecto-
type po + qOB + roê = Ô est riels. En fait, Mobius lui-même utilise une
l' « expression » du point P ; il nomme autre notation, celle de son contemporain
p, q, r les « coordonnées » de ce point. Hermann Gunther Grassmann ( 1809-1877).
Voici donc une première approche des M ê lant points et vecteurs, ce dernier
coordonnées barycentriques, comme on parlera donc de M + ü pour l' image du
peut les définir dans le plan : étant donné point M par la translation de vecteur ü et
trois points coplanaires A, B et Cet O un n' hésitera pas à écrire B - A pour le vec-
n n
point quelconque de ce plan(]' origine),
pour tout point P du plan il existe un
teur AB ou L aiMi pour L ai 6M;,
i=l i= l
triplet (p, q, r) de nombres réels tel que quelle que soit l'origine O choisie.
A'
R ,, -/ - - ----
Q
Le théorème de Desargues.
même combat !
Les notions de points et de droites du plan sont duales : aux
théorèmes concernant des alignements de points correspondent
des théorèmes concernant des concourances de droites. Cette
dualité peut être définie géométriquement. On la retrouve même
dans l'espace avec la coplanarité.
E
n géométrie, la dualité permet Le théorème de Ceva affirme quant à
de transformer un théorème lui que si ABC est un triangle et P, Q,
concernant des alignements de R trois points sur les côtés [BC], [CA]
points en un théorème concernant des et [AB], alors les droites (AP), (BQ) et
concourances de droites. On peut se (CR) sont concourantes ou parallèles si,
contenter d ' un simple principe de dua- . PB QC RA
etseulements1 = · = • = = -1.
lité, permettant de prédire un théorème ' pc QA RB
à partir d'un autre, avant de le démon-
trer indépendamment. Ainsi, à partir du A
théorème de Ménélaüs , on peut prédire
A le théorème de Ceva.
Le thé orème de Mén é laüs
énonce que si ABC est un
D triangle et D une
droite cou-
p
pant s e s
troi s côtés
C
B en P, Q et R, Bien ente nd u, cette façon empirique de
. PB rai sonn er reste très imprécise. On peut
a 1ors 1e pro d u1t = . =QC . =RA es t cependant la justifier à partir d ' équa-
éga l à 1. PC QA RB
tion s en considérant les coordonnées
Réciproquement, une telle relation entre homogènes d ' un point, qui consistent
les mesures algébriques des segments à ajouter une troisième coordonnée aux
implique que les trois points P, Q et R coordonnées affines . Plus précisément,
sont alignés. si M a pour coordonnées affines x et y ,
p Si l'on rapporte le pl an à un
p
repère orthonormé d 'ori -
gine 0 , et si le pôle Pa pour
coordonnées a et b, alors sa
polaire p a pour équation
ax + b y = R 2 . Considérons
un point Q de coordonnées a
0 et f3 appartenant à la polaire
p , ce qui se caractérise par
aa + b f3 = R 2 . La symétrie
de cette équation entre P
Polaire d'un point
et Q montre l'équivalence
extérieur au cercle.
entre les deux propriétés : la
polaire de P passe par Q et
Si P ' est le point d' intersection de (OP) la polaire de Q passe par P.
et de (AB), alors (BP') est la hauteur On en déduit le théorème suivant liant
issue de l'angle droit du trian gle rec- alignement et concourance : s i de s
tangle OBP. En utilisant la similitude points sont alignés , alors leurs polaires
des trois triangles OBP', BPP' et OPB , sont concourantes (et réciproquement,
on montre que OPxOP ' = R 2 • Cette si des droites sont concourantes, alors
égalité permet d'étendre la notion de le urs pôles sont alignés). En outre, si
polaire d'un point P (distinct de 0) , en des points sont alignés avec le centre 0
considérant le point P ' de (OP) tel que du cercle, leurs polaires sont parallèles
OPxOP' = R 2 et p la droite perpendi- (et réciproquement, si des droites sont
culaire à (OP) passant par P ' . Ainsi , si parallèles, leurs pôles sont align és avec
P est sur le cercle, sa polaire est la tan- le centre du cercle).
Un certain nombre de théorèmes sur C sont alignés. De même, a', b' etc' sont
des points alignés ont une version duale concourantes. Comme I est aligné avec
concernant des droites concourantes. En B et C', sa polaire i est concourante avec
guise d'exemple, considérons le théo- b et c '. De même, elle est concourante
rème de Pappus: si A, B, C d'une part avec b' et c. La droite i joint donc les
et A' , B', C' d'autre part sont des points points d'intersection bnc' et b' nc. Il
alignés, alors les points d'intersection I en de même pour j et k.
de (BC') et (B'C), J de (AC') et (A'C)
et K de (AB') et (A'B) sont alignés. Des points et des droites
A
Considérons trois points du plan, A, B et
C, de coordonnées respectives (xA, yA),
(x 8 , y 8 ) et (xC' Yc) dans un repère affine.
Ces points sont alignés si, et seulement
si, il existe une droite D les contenant
tous les trois.
A B C D
A'
Sa version duale est : si a, b etc d' une L'équation de cette droite D est de la
part et a', b' , c' d'autre part sont des forme ax + f3 y + y= 0 où a et f3 ne sont
droites concourantes, alors la droite i pas tous les deux nuls. Le triplet (a, {3,
joignant les points d'intersection bn c' et y) est donc une sol ution non nulle du
b' n C, la droite} joignant anc' et a' n C système (S) suivant de trois équations
et la droite kjoignant anb' et a'nb sont à trois inconnues X, Y et Z :
concourantes. XAX + YA Y+ Z = 0,
Pour démontrer ce résultat, il suffit d'uti- (S1) XBX + YB y+ z = 0 ,
liser la transformation précédente : a, b et {
xcX + Yc Y + Z = O.
c sont les polaires des points A, B et C,
donc sont concourantes puisque A, B et Si le déterminant de ce système était
non nul, il aurait une solution unique
(c'est le célèbre théorème de Cramer qui
nous l'enseigne). Ici, ce n'est pas le cas
puisque (0, 0, 0) et (a, {3, y) en sont deux
solutions distinctes I Cela implique que
son déterminant est nul, ce qui s'écrit,
de manière plus formelle :
XA YA 1
XB YB 1 = O.
XC Yc 1
Réciproquement, si ce déterminant est
nul , cela implique que le système (S)
possède une solution (a , /3, y) non nulle.
Si a et f3 sont tous les deux nuls, (S 1)
implique que y = 0, ce qui est contra-
dictoire, donc a et f3 ne peuvent pas
être tous les deux nuls . L'équation pas tous les trois nuls, et l'équation
ax + f3y + y= 0 représente alors une ax + f3 y + y z + 8 = 0 représente un plan
droite D contenant les trois points A, P contenant les quatre points A, B, Cet
B et C, qui se trouvent ainsi alignés. D ... qui se trouvent ainsi coplanaires.
Place à l'espace, maintenant !
Pour ne pas laisser
les droites en plan
Ao Bo
Revenons au plan !
Trois droites A, B et
0 0
C C sont concourantes
D
s'il existe un point D
A commun aux trois.
Considérons A, B, Cet D quatre points
de l'espace, de coordonnées respectives
(xA, YA' zA), (xs, Ys, Zs), (xc, Yc, Zc) et Considérons maintenant trois droites A,
(x 0 , y 0 , z0 ) dans un repère affine. Ces B et C du plan, d'équations respectives
points sont coplanaires, si et seulement aAx + f3Ay + YA=0, asx+ f3sy+ Ys= 0
si, il existe un plan P les contenant tous et ac x + f3c y + Yc = 0 avec (aA, {3A),
les quatre. L'équation de ce plan Pest (as, /3s), (ac, f3c) différents de (0, 0).
de la forme a x + f3 y + y z + 8 = 0 où Si elles sont concourantes, il existe un
a, f3 et y ne sont pas tous les trois nuls. point D de coordonnées (x 0 , y0 ) appar-
Le quadruplet (a , {3, y, 8) est donc une tenant aux trois droites, ce qui signifie
solution non nulle du système de quatre que le système (S 3) suivant possède une
équations à quatre inconnues X, Y, Z solution non nulle (x 0 , y 0 , 1) :
et T:
ŒAX + f3A Y+ 'YA Z = 0,
XA X + YA Y+ ZA Z + T = 0, (S3) ŒB X + f3B Y+ 'YB Z = 0,
{
(S ) XB X + YB Y+ zB Z + T = 0, acX + /3cY + 'Yc Z = O.
2
{ xc X + Yc Y+ zc Z + T = 0,
xo X + YD Y+ zoZ + T = 0. Comme précédemment, cela implique
que le déterminant de (S 3) est nul :
De même que dans le cas de l' aligne- ŒA f3A "/A
ment de trois points sur une droite, cela ŒB f3B 'YB = 0.
implique que le détermin ant de (S) est ac f3c 'Yc
nul , soit :
1 Réciproquement, si ce déterminant est
XA YA ZA
1 nul, cela implique que le système (S 3)
XB YB ZB
1
= O. a une solution non nulle (X, Y, Z ). Si
XC Yc zc
xo YD zo 1 Z est différe nt de zéro, le point D de
coordonnées (X/Z, Y/Z) appartient aux
Réciproquement, si ce déterminant est trois droites, qui sont donc concourantes.
nul, cela implique que le système (SJ Les trois droites vectorielles d ' équa-
a une solution non nulle (a, /3, y, o) tions aAx + f3Ay = 0, asx + f3 sY = 0 et
Si a , f3 et y sont tous les trois nuls , acx + f3cY = 0 contiennent le même
(S 2 ) implique que o = 0, ce qui est vecteur non nul (X, Y), donc A, B et C
contradictoire, donc a, f3 et y ne sont sont parallèles. Cela introduit la notion
Ces rés ultats nous a mènent à nou s possède une solution non nulle (X, Y ,
poser une ques tion : que se passe- Z, T) . Si Test différent de zéro, le point
t- il s i le d é terminant formé par les de coordonnées (XfT, Yff, Zff) appar-
coeffic ients des équations de quatre tient aux quatre plans A , B, C et D qui
plans est nul ? Plu s préci sément, on se trouvent donc concourants. Si T est
se donne quatre plans A, B , C et D nul, les quatre plans sont parallèles à
de l'espace, d'équation s respectives une même droite, de vecteur directeur
aAX +f3Ay +yAz +OA=0, (X, Y , Z). Réciproquement, si A, B, C
a 13 x + {3 13 y + y8 z + 08 = 0, et D sont concourants ou para llè les à
une même droite, alors le déterminant
acx + f3cY + YcZ + oc =0
Li est bien nul.
et a 0 x + {3 0 y + y0 z + oD = 0, avec
Ainsi , il est important en géométri e de
(a A, f3A, YA), (a B, /3B, YB), (aC' f3C' Yc) et rechercher les dualités de type po int-
(a 0, f3D , yD) différents de (0 , 0, 0). On droi te, par exemple pour év iter de
s uppose que le déterminant Li suivant démontrer deux fois un même rés ultat
est nul : qui se présente sous deux formes d iffé-
aA fJA ÎA ÔA rentes en apparence. Les applications sur
as fJB ÏB ôB
ô. = ,c = 0. des problèmes d'alignement, de concou-
ac fJc oc rance o u de coplanarité sont souvent
ao fJo Ï D ôo spectaculaires.
H.L.
R ÉFÉ RENCES
• Doss ier « Les systèmes de coord on-
nées ».Tangente 157, 20 13.
• Doss ier « La géométri e projective » .
Tang ente 162, 20 14.
T
out espace géométrique classique toriel E (les applications linéaires de E
(espace affine .'A.) est associé à dans lui-même). À tout endomorphisme
un espace vectoriel E dont les f de E, on fait correspondre toutes les
éléments (les vecteurs) sont les « classes applications, dites affines, de .Jl dans
d'équipollence » de ses bipoints (voir .'A., qui à deux points A et B de .'A.,
page 14). Une autre façon de définir les associent respectivement A' et B' tel s
vecteurs consiste à associer à une trans- que A'B ; = f(AB).
lation T de l'espace affine un vecteur La relation étant valable pour tous points,
V, celui qui mène d' un point M à son on remarque que la connaissance de/ et
image T(M). Autrement dit, pour tout de l' image d'un point (par exemple A)
point M de .'A, V = MT(M) . entraîne la connaissance totale de l' ap-
plication affine (appelée transformation
Deux applications affines de base affine quand elle est bijective).
On remarque également que si une l 'ap-
Il est intéressant de remarquer que tout plication affine F 1 est associée à / 1 et
vecteur AB est invariant par transl a- l'application affine F 2 est associée à/2 ,
tion. En effet, si deux points A et B sont alors F 1 o F 2 est associée à.f; 2 •
0 /
Les férus d'algèbre remarqueront que Deux cas se présentent. S'il existe un
l'ensemble formé des homothéties point invariant 0, pour to~oint M,
et des translations de A, muni de la on décompose le vecteur OM en une
composition, forme un groupe (non somme V + W, où V E F et W E G
commutatif), dont l'élément neutre (la décomposition est unique). Alors,
est, naturellement, l'identité (il laisse Of(M) =V+ kW. On dit alors que
invariante la transformation à laquelle <j> est une affinité géométrique.
il est composé). Un des cas le plus connus d'affinités
B'(kb) géométriques, outre les homothéties,
sont les symétries, correspondant à
k = -1. Symétries « point » si F est
(direction G)
B (b)
1 C'(kc) réduit à {O}, symétries axiales si Fest
de dimension 1, symétries planaires si
b
cf C(c) F est de dimension 2 ... La composée
d'une symétrie avec elle-même donne,
•K
naturellement, l'identité.
H
S'il n'existe pas de point invariant,
en vertu de ce qui est décrit en début
(plan fixe// F)
d'article, c'est que <j> est la composition
d'une affinité géométrique associée à
f et d'une translation. On montre alors
Affinité géométrique dans que l'on peut choisir convenablement
l'espace quand Fest de dimension 2 l'affinité géométrique de sorte que le
et G de dimension 1. vecteur de la translation soit dans F.
Identité Translation
En dimension 2, cette rotation vecto-
Homothétie vectorielle Homothétie affine
rielle, peut être mis en bijection avec une
valeur réelle modulo 2rr, appelée angle Affinité vectorielle Affinité géométrique
de la rotation vectorielle. La combinai- laissant F invariant ou composée d'une affinité
son de deux rotations d'angles a et pest géométrique et d'une
la rotation d'angle a+ p. Les transfor- translation de vecteur
mations affines associées à une rotation appartenant à F
vectorielle d'angle a non nul sont toutes
les rotations d' angle a : elles ont un point Symétrie vectorielle Symétrie affine
invariant appelé centre de la rotation. En laissant F invariant ou composée
passant par l'endomorphisme associé, d'une symétrie affine
on en déduit que la composée de deux et d'une translation
rotations d' angles respectifs a et p est, de vecteur appartenant à F
quand a+ p n'est pas nul, une rotation
Endomorphisme orthogonal Rotation du plan affine
d'angle a+ p. Pour trouver son centre, il
direct d'angle a d'angle a
suffit de chercher son unique point inva-
dans un espace vectoriel
riant. Si a+ pest nul, l'endomorphisme
de dimension 2
associé est l'identité. La composée est
donc une translation. Endomorphisme orthogonal Rotation du plan affine
En dimension 3, une rotation vectorielle direct d'angle a d'angle a autour
laisse invariants les vecteurs d'un sous- et d'invariant F d'un axe de direction F
espace F de dimension 1 et transforme (de dimension 1) ou composée d'une telle
les vecteurs du sous-espace G orthogo- dans un espace vectoriel rotation et d'une translation
nal à F selon une rotation vectorielle de dimension 3 de vecteur parallèle à F
plane. Dans l'espace affine, la transfor-
mation associée sera appelée rotation Endomorphisme orthogonal Symétrie orthogonale
si elle possède un point fixe O. Toute la indirect laissant invariant ou composée
droite de direction F passant par Osera un sous-espace vectoriel F d'une telle symétrie
alors invariante. Mais il existe cette fois et transformant avec une translation
d'autres transformations associées à la les vecteurs de G (de de vecteur
rotation vectorielle, qui peuvent toutes dimension impaire) appartenant à F
être obtenues par composition d'une en leur opposé
rotation et d'une translation de direction
parallèle à F. l'espace vectoriel et l'espace affine per-
On peut continuer ainsi pour de nom- mettra de préciser rapidement les choses,
breuses transformations : symétries dans la mesure où l'on connaît le type
orthogonales (symétries vues plus haut de correspondance qui existe entre les
où F et G sont orthogonaux et G de endomorphismes de l'espace vectoriel
dimension impaire), similitudes (compo- et les transformations del' espace affine.
sitions d'homothéties et de rotations) ...
Dans chaque cas, l'aller-retour entre G.C.
Composer
des transformations géométriques
Certains problèmes géométriques, même compliqués en
apparence, s'éclairent vite en utilisant des transformations
géométriques et se résolvent souvent en les composant. Pour
cela, il convient de les reformuler en termes vectoriels.
Rotations (LI.)
dans le plan
/
et dans /
r
l'espace. Q
\
/
I
\
Arrivée de l'homothétie
Une autre transformation bien connue Pour une homothétie vectorielle, pas
n' est plus, sauf dans des cas très par- besoin de centre, donc, c'est tout sim-
ticuliers, une isométrie : il s'agit de plement la multiplication par un scalaire.
l'homothétie. Que ce soit dans le plan On retrouve ici la symétrie vectorielle,
ou dans l'espace, elle se définit de la lorsque k = - 1.
même façon : il faut un centre O et un Tout cela ne répond pas à la question :
rapport, le nombre réel k. L'image du pourquoi (et quand) utiliser des trans-
point A par l'homothétief de centre formations vectorielles ?
0 et de rapport k est l'unique point Une bonne transformation vectorielle
A' tel que ~ = k OA. C'est dire peut, dans bien des cas, apporter de
en particulier que 0, A et A' sont ali- réelles simplifications. En voici un
gnés. Considérant un second point B exemple, sur une figure banale (voir
et son image B ' par cette homothé- ci-contre): deux triangles équilatéraux,
tie, on a aussi OB = k OB. Ainsi, OAB et OA'B ', ayant un sommet com-
w = & - ~ = k (OB - OA) mun. Le point Pest le milieu de [AB']
=kAB. et Q celui de [BA'], P' le symétrique
de P par rapport à 0, et Q' celui de Q.
Quelle est la nature des triangles AB ' Q'
Homothétie de centre 0 et A'BP' (en vert sur le dessin)?
et de rapport k La présence des triangles équilatéraux
et transformation OAB et OA ' B' incite à mettre en œuvre
vectorielle associée. une rotation d'angle n/3; la présence de
parallélogrammes, comme OAP'B ' ou
OBQ ' A' , invite à faire intervenir une
rotation vectorielle. Cela va effective-
ment simplifier les choses. Ce qu'il y
a de bien avec les vecteurs, c'est qu ' on
B;/.
~~!:=::~~~::~:::;:tfi,: : =: : :=:- A tion d'angle double de celui
que fait (8) avec (8') si ces deux
0 dernières droites sont sécantes ;
une translation si ces deux droites
Un rôle de composition sont parallèles. Ceci permet de voir,
inversement, une rotation plane comme
Une fois définies ces quelques transfor- la composée de deux symétries axiales
mations de base, aussi bien ponctuelles d' axes sécants ! Composer deux rota-
que vectorielles, on peut les composer tions planes, qu ' elles soient ponctuelles
pour aboutir à de nouvelles transforma- ou vectorielles, produit une rotation dont
tions, faisant surgir de nouvelles proprié- l'angle est la somme des deux angles de
tés. Ainsi, dans le plan ou dans l'espace, chacune des rotations.
la composée de deux translations, l'une On peut maintenant passer à la com-
de vecteur û, l'autre de vecteur v, est- position d'une rotation plane et d'une
elle la translation de vecteur û + v : translation. C'est là qu ' interviennent
c'est la relation de Chasles. Il est évident efficacement les réflexions.
B
Composée
A
rotation-translation.
(d1)
rot
rot f B1
1
vecteur û
B'
s2 ° s 1, c'est-à-dire la rotation de
centre Q et d'angle 8. La trans-
formation vectorielle associée
à cette composée d'une trans-
lation et d'une rotation est bien
une rotation, de même angle que
la précédente.
Venons-en maintenant à une
nouvelle transformation, large-
ment utili sée en géométrie, la rapport k = OA' / OA = OB '/OB
similitude directe. Cette dernière
est la composée d'une homothé-
tie, par exemple de centre O et Similitude.
de rapport k > 0, et de la rotation
de même centre et d'angle 8. Ainsi , la Composer des similitudes, ponctuelles
similitudefassocieA' àAetB' àB. La ou vectorielles, amène bien souvent
transformation vectorielle associée, <p, des simplifications. Sur cette figure,
associe le vecteur A'F au vecteur AB. par exemple, le triangle ABC est quel-
É.B.
RÉ FÉ R ENCES
.
0
l
\
,'
\ 1
"
1 / (:)
- (j
>i~J
) J , •••
J • .., 'j
Propriétés
affines et métriques
Euclide mêlait, comme nombre de mathématiciens après lui, ce
qui touchait à la métrique, c'est-à-dire les mesures et les angles,
et ce qui en était indépendant. Les distinguer permet d'avoir un
regard plus pertinent sur la géométrie.
D .
Éléments , Euclide a posé les
bases de la géométrie en énon-
çant c inq postu lats, considérés comme
propriétés sont toutes inhérentes à notre
espace, à notre quotidi en '
Il ne fa ut pas oublier que ces structures
non démontrabl es. Le premier affirme peuvent représenter bien autre chose et
que par deux po ints di stincts passe une qu ' y mettre une métrique peut paraître,
droite et une seule ; le second dit que dans certains cas, tout à fa it arbitraire
to ut segment est prolongeable en une ou superflu . ..
d ro ite. Ces de ux as se rtion s ne font
appe l à aucune noti o n ni de distance, Affine 11ersus métrique
ni d 'ang le.
I.l n' en est pas de même des troi s sui- Lorsque l'on définit l' espace affine par
vants. Ainsi, le troisième demande que, l'algèbre linéaire, tout ce qui découl e
deux points A et B étant donnés, il existe unique ment des propriétés de l' espace
un unique cercle de centre A et contenant vectorie l est affi ne, comme le parallé-
B ; or un cercl e n'est défini que dans lisme, la noti on de droites ou de plans
un ensem ble muni d ' une di stance. Le sécants. Ce qui fait appel à une structure
qu atrième ava nce que tous les angles euclidienne (voir le doss ier précédent)
droits sont éga ux , et le cinqui ème fa it est métrique. Dans le premier cas, on
lui aussi appe l à la noti o n d ' angle. À travaille dans une base quelconque, dans
l' époq ue, on cherchait simpl e ment à le second, on privilégie celles qu i sont
décrire l' espace; le faire à l'aide d' une orthonormées.
ax iomati sati on était déjà remarquable. D es d e u x p lu s cé lèb res théorè mes
Depuis, on sépare les propriétés qffines, connus dès I' Antiquité, le théorème de
celles qui ne fo nt pas appel au x notions Pythagore se cl asse dans le camp des
de di stances et d 'ang les , des propriétés résultats métriques pui squ ' il évoque un
(P
_C PP''BC ) (QA
PB
x __
QC
Q
x'A) (RB
Q'C
_ R'B) _
x _ _
RA R'A
x _ x __ - 1.
B.H.
RÉFÉRENCES
• Algèbre et géométrie. Pascal Boyer,
Calvage et Mounet, 2015.
• Géométrie. Michèle Audin, EDP On suppose que la droite (AB') est parallèle à (A'B)
sciences, 2013. et que la droite (BC') est parallèle à (B'C). Alors la
droite (AC') est parallèle à (A'C).
Pappus en donnait une démonstration classique ; en
voici une entrant totalement dans le cadre de l'al-
gèbre linéaire. Supposons d'abord que les droites 'D
et 'D' sont concourantes au point O. Or, les homothé-
ties transforment une droite en une droite parallèle.
Considérons celle, notée f, de centre O envoyant A
sur B ; elle envoie donc B' sur A'. Soit alors g celle de
même centre envoyant B sur C ; elle envoie C' sur B'.
La composée h = g of de ces deux transformations
est elle aussi une homothétie ; elle envoie A sur C.
Or, deux homothéties de même centre commutent,
donc h(C') = fog(C') = f(B') = A'. La droite (A'C)
est donc l'image de (AC') ; h étant une homothétie,
on en déduit par la propriété citée ci-dessus que la
droite (A'C) est parallèle à (AC').
Le cas où 'D et 'D' sont parallèles se traite de même
en remplaçant les homothéties par des translations.
Ce résultat ne considère que des intersections de
droites et du parallélisme : il concerne donc des
Projet de monument à Lazare Carnot propriétés purement affines.
(Auguste Rodin, 1881).
Erhard Schmidt
(1876-1959).
Les contributions
des mathématiciens polonais
Stefan Banach l1892-1945J Banach et le Café écossais
On ne sait pas grand-chose de la petite enfance Le nombre de théorèmes ou de notions mathé-
de Stefan Banach, sinon qu'il fut abandonné à matiques portant des noms de mathématiciens
sa naissance par sa mère. Son père, du nom de polonais dans le cadre des espaces normés est
Greczek, l'aurait alors recueilli. On ignore si le surprenant : outre Stefan Banach, on peut ci-
patronyme de Banach était celui de sa mère ou ter Hugo Steinhaus, Stanislaw Ulam, Stanisfaw
d'une personne proche de la famille. Mazur, Otton Nikodym, Waclaw Sierpinski
Stefan effectue ses études à l'Institut polytech- ou Juliusz Schauder (voir Tangente 120 et
nique de Lw6w, qu'il achève en 1919. Il se lie Tangente SVP 41).
d'amitié avec son professeur Hugo Steinhaus. D'où provient cette floraison de talents ? Tout
Il y obtient aussitôt un poste d'enseignant. Ses simplement de !'habilité de Banach à créer une
recherches l'amènent à introduire, en 1920, la atmosphère propice à l'étude, à motiver des pas-
notion d'espace normé. L'idée était dans l'air: la sions mathématiques dans la convivialité. En et:
même année, on a vu apparaître plusieurs défi- fet, dès sa nomination à l' Institut polytechnique de
nitions d'une telle structure. Cependant, Banach Lw6w (ville située alors en Pologne et désormais
est celui qui a le mieux exploité cette nouvelle en Ukraine sous le nom de Lviv), il rencontrait
notion, faisant que son nom reste attaché à de ses jeunes collègues et ses meilleurs étudiants au
nombreux théorèmes. Kawiama Szkocka (en français, le « Café écos-
Le climat de confiance qu'il avait su créer avec ses sais »). Il échangeait avec eux sur des thèmes
étudiants et ses jeunes collègues au Café écossais concernant la topologie et chacun proposait des
(voir ci-contre) a permis de voir fleurir de nom-
problèmes ouverts. Lors des rencontres suivantes,
breuses idées fructueuses. Cependant l'œuvre de
des solutions étaient données, souvent par Ba-
Banach ne se limite pas à l'analyse fonctionnelle.
nach lui-même mais également par les autres par-
Il se penche aussi sur la théorie de la mesure,
ticipants. Ulam rappelle que les tables étaient en
ce qui l'amène à démontrer, en 1923, dans un
marbre, ce qui permettait à chacun d'écrire dessus
travail commun avec Alfred Tarski, le fascinant
diverses fonnules ; Lucia, l' épouse de Banach,
paradoxe qui p01te leurs deux noms (voir les En-
proposa de noter tous les problèmes évoqués dans
sembles, Bibliothèque Tangente 61).
un cahier appelé le Livre écossais.
À partir de 1922, toujours à Lw6w mais désor-
L'occupation soviétique puis allemande a dis-
mais à l'université, Banach poursuit ses re-
persé ces mathématiciens, juifs pour un grand
cherches qui font de lui l'artisan principal des
nombre d' entre eux. Les plus chanceux ont
fondements de l'analyse fonctionnelle.
pu s'installer aux États-Unis, d' autres comme
Lors de l'occupation soviétique de 1939 à 1941, il
peut poursuivre son travail. En revanche, à l'ar- Steinhaus, Sierpiùski ou même Banach ont
rivée des Allemands en 1941, plusieurs membres vécu dans des conditions très difficiles. Juliusz
de l'école de Lw6w sont dép01tés, Banach lui- Schauder, arrêté par les nazis, fut exécuté par la
même est contraint de travailler à l'Institut bac- Gestapo, sans doute en 1943 .
tériologique, à la culture des poux (!). À la Libé- Le Café écossais a rouvert en 2014, au sein
ration, on lui propose un poste à l'université de d'un hôtel de luxe. Une copie du Livre écossais
Cracovie, mais hélas il décède l'année même d'un est mise à disposition, sur laquelle chacun peut
cancer du poumon. ajouter des problèmes.
Espaces normés,
espaces fonctionnels
Les solutions de nombreuses équations fonctionnelles s'obtien-
nent par des limites de fonctions. Mais comment les définir
rigoureusement? La théorie des espaces vectoriels s'est avérée
être un cadre adapté pour le faire, à condition d'introduire
une nouvelle notion : la norme.
tés importantes comme la continuité ne Ces deux normes ne sont pas équivalentes !
sont pas conservées. Ceci amène George En particulier, une suite de fonctions peut converger
Stokes et Philipp Seidel à introduire pour N1 sans le faire pour N comme on le voit avec
00
,
indépendamment, en 1847, la notion de la suite définie sur [o, 1] par f n(x) = xn.
convergence uniforme.
Sir George Gabriel Stokes (1819-1903). Philipp Ludwig von Seidel (1821- 1896).
Le produit
uectoriel
Les vecteurs se manipulent aisément. On peut même
les « multiplier ». Mieux : il n'existe qu'une seule façon
naturelle de définir cette opération, qui du coup possède
des propriétés géométriques remarquables, très appréciées
des mathématiciens comme des physiciens.
De la propriété d'antisymétrie on
déduit que, pour tout vecteur â, on a
â A â = - â A â , et donc â A â = Ô
(le vecteur nul). Plus généralement, â,
et b sont colinéaires si , et seulement si ,
a Ab== ô.
Si â et t/ sont deux vecteurs non coli-
néaires , alors â Ab est orthogonal à
â , et de même â Ab est orthogonal à
b- Le produit vectoriel â Abfabrique Encore faut-il savoir calculer un produit
donc un vecteur orthogonal à â, et à b. vectoriel... Voici la procédure de calcul :
De plu s, la norme ll â AbIl du produit
vectoriel des deux vecteurs est égale à
llâ Il llb 111 sin(â' b)I.Géométriquement,
llâ Ab Il est la mesure de la surface du
parallélogramme construit sur â et b.
Cette formule peut se mémoriser de la
sorte, en notant par exemple la ressem-
blance avec le calcul d'un déterminant:
l'orientation
des angles
L'orientation des angles du plan est nécessaire pour définir les
fonctions sinus, cosinus et tangente. Cependant, son intérêt
ne s'arrête pas à la trigonométrie. Elle permet d'éviter des cas
particuliers fastidieux à travers, en particulier, la formule de
Chasles et le théorème de l'angle inscrit.
L
a définition la plus élémentaire étant posé, cos x est égal à la mesure
des fonctions trigonométriques algébrique de OH et sin x à celle de OK,
demande la notion de cercle tri- où H et K sont les projections ortho-
gonométrique et d' arc orienté. Le cercle gonales respectives de M sur les deux
trigonométrique est un cercle de rayon 1 axes et les mesures algébriques sont
et de centre O. On considère A et B deux comptées suivant les vecteurs OA et OB.
points du cercle tels que les axes (OA) La fonction tangente peut également
et (OB) forment un repère orthonormé être définie géométriquement, mais il est
direct. Six est un nombre réel , on définit plus simple de la définir algébriquement
un point M en portant sur le cercle la comme le quotient du sinus et du cosinus.
longueur égale à la valeur absolue de x
dans le sens de A vers B si x est positif,
dans le sens contraire sinon. Ainsi le B
point A correspond à x = 0, mais auss i
K
à x = 2TI (la circonférence du cercle)
si on fait un tour complet du cercle, et S in X X
plus généralement à tout multiple positif
ou négatif de 2TI. De même, le point 1
cosx '
B correspond à x = TI/ 2 plus tous les
nombres de la forme x = TI / 2 + 2 kTI O H A
où k est un nombre enti er relatif. Cela
B en restant~ cercle. L'angle BDC ment une caractérisation des points cocy-
reste égal à BAC . cliques (c'est-à-dire se trouvant sur un
même cercle) ou alignés (c'est-à-dire
situés sur une même droite). Quatre
points distincts A, B, Cet D sont cocy-
cliques ou alignés si, et seulement si :
(CA ,CÊ) = (DA,DB)modulol80°.
A
les polynOmes...
uus comme des uecteurs
Quel rapport peut-il y avoir entre un trinôme du second degré
et un vecteur de l'espace? A priori aucun, car il s'agit d'objets
de natures différentes. Cependant, les deux ont la même forme :
ils sont décrits par un triplet de nombres. Mieux : les calculs
sur chacun se correspondent !
L
es trip le ts de nombres réels
se retrouvent dans le paysage Ceci permet d'écrire formellement
des trinômes du second degré, P =al+ bJ + c K, ce qui est analogue à
où on ne les attendait pas forcément. l'écriture V = ai + b.i + ck. Même si
Pour s'en convaincre, donnons-nous on ne peut pas donner à cette décomposi-
un polynôme P(x) = ax 2 + b x + c. Ce tion de P le même sens géométrique, elle
dernier est entièrement défini par les garde son sens algébrique et le dessin
coefficients a, b etc, qui forment donc est toujours valide. Ces remarques peu-
un triplet del' espace. L'addition de deux vent sembler une curiosité sans grand
trinômes correspond à l'addition des tri- intérêt. En fait, elles permettent de trans-
C plets. De même, la multiplication férer les propriétés de l' espace usuel à
d'un trinôme P par un scalaire celui des trinômes. Là est l' intérêt de
coïncide avec la multiplica- l' abstraction ! On peut raisonner sur
k tion du trinôme représen- les polynômes comme sur des vecteurs.
tant P par ce scalaire.
Autrement dit, l ' es- Jouer sur les bases de trinômes
pace des trinômes
du second degré L'ensemble des trinômes du second
b et l' espace usuel
J degré est donc un espace vectoriel de
sont isomorphes. Il est dimension 3 dont une base, que l' on dit
ain si_possible d'associer à canonique, est formée des trois poly-
la base {i ,j, k} = {(l , 0 , 0) , nômes I, Jet K. À quoi peut servir cette
(0, 1, 0) , (0, 0, l)} de l'espace une base ? À résoudre des problèmes sur
base {I, J, K} de l' espace des trinômes : les polynômes ! Voici par exemple un
I est le polynôme qui à x associe x2, soit problème classique :
M
a3 = 175
8 -1
!1 (x3 - 3x ) J( x )dx.
5
Le polynôme g ainsi défini réalise bien
le minimum de la distance de f à F et ce
résultat est général. En effet, considérons
un élément h de F. En écrivant!- h =
No
(f - g) + (g - h) et en utilisant la bili-
néarité du produit scalaire, on obtient :
II
llf-hll 2 =((f- g)+ (g-h) l(f- g)+ (g-h))=
Il!- g Il 2 + 2 <f- g Ig - h >+Il g -h Il 2 .
Si Il est un plan et M w1 point de Comme g - h appartient à F, f - glui est
l'espace, il existe un (et un seul) point orthogonal, donc :
N de Il minimisant la distance MN : 2
Il!- hll =Il!- 811 2 + llg- hll 2 .
il s'agit de la projection orthogonale On en déduit l'inégalité IIJ-h Il~ IIJ-h Il,
de M sur Il. avec égalité si, et seulement si, h = g .
Construction d'une
Dans l'encadré de la page ci-contre, il est fait mention d'un base de polynômes
algorithme dû à Jorgen Gram et Erhard Schmidt. Une base
quelconque d'un espace vectoriel euclidien E étant donnée,
de Legendre
cette méthode permet de construire une nouvelle base, or-
Dans le cas de la construction
thonormée cette fois, telle qu'à chaque étape le sous-espace
vectoriel engendré par les k premiers vecteurs de la première de la base orthogonale
base soit aussi celui engendré par ceux de la seconde. {L0 , L1 , L2 , L3 , ••• } des poly-
Ainsi, en dimension 3, le procédé d'orthonormalisation de nômes de Legendre, l'idée de
Gram-Schmidt transforme une base (";, -;7, -;) de vecteurs en
--->- --->- --->-) la méthode de Gram-Schmidt
une base orthonormée ( e,, e2, e,i .
est fondée sur la récurrence.
Première étape : la normali~tion du vecteur u permet de Mettons-la en œuvre à partir
définir le vecteur unité e7 = I: 1. de la base {1, X, x,, x3, ... , xn}.
On suppose les éléments Li de
)
li > la base construits, pour i égal
à 1, 2 ... n - 1, et on cherche Ln
Deuxième étape : V: =(-;71 C:)ë'; est la projection de v sur
comme somme du monôme xn
la droite vectorielle engendrée par ë';. Le vecteur I½ = ; - v7
est alo.!!' orthogonal à cette droite et permet de définir et d'une combinaison linéaire
X"
De proche en proche, on
trouve LJx) = 1, L1 (x) = x,
L2 (x) = x 2 - 1 / 3 et
\] '
L/ x) = x 3 - 3x / 5...
En divisant ces polynômes
e2 par leur norme, on obtient
une base orthonormée.
le plan projectif et
l'espace uniuersel
Simplifier la géométrie en ajoutant, au plan, une droite à l'infini où
se couperaient les parallèles ? Concevoir un « espace universel »
contenant à la fois les points et les vecteurs ? Rêve de matheux
utopiste? Non, c'est bien un outil utile au raisonnement ...
Calcul approché
d'une intégrale et orthogonalité
Les formes linéaires sur les polynômes peuvent être vues
comme des vecteurs. On en déduit des méthodes de calcul
approché d'une intégrale en fonction des valeurs de la fonction
considérée en un certain nombre de points. Le choix optimal
de ces points utilise la notion d'orthogonalité.
Dans le précédent article, les Polynômes a 0 P(x0 ) + a 1P(x 1) + a 2 P(x) pour tout
vus comme des vecteurs (voir en page 96), trinôme P. Les trois constantes peuvent
1
se déterminer en utilisant cette égalité
l' intégrale défin ie ef>(P) = .[ P(x) dx
1 dans le cas de trois polynômes conve-
est exprimée , de façon arbitraire, en nablement choisis, comme Q0 , Q 1 et Q2
fonctio n des valeurs du polynôme Pen définis dans l' encadré. On obtient, tous
les extrémités et le milieu du segment calcu Is faits :
[- 1, l]. Le choix de ces trois points
était-i l judicieux ? Pourrait-on faire un ao = Qo(xo)
1 j l Qo(x) dx
- 1
meilleur cho ix ?
Pour répondre à la question, cons idé-
rons troi s points x 0 < x 1 < x 2 du segment
[- 1, 1] et les trois formes linéaires
q; 0, q; 1 et q; 2 défi nies par q;/P) = P(x 0 ),
q;l(P) = P(x 1) et q;z(P) = P(x 2). Elles for-
ment une base de l' espace vectoriel des
fo rmes linéaires sur les trinômes (voir
l'encadré) . On conclut à l'ex istence de
trois constantes réelles a 0, a 1et a 2 telles
que cp = ao % + a 1 q;1 + a 2 ({J2•
En revenant aux définitions de ces
formes lin éa ires, cela signifie que
l'intégrale ;•l
- 1
P(x) dx est éga le à
I 1
1
R(x) dx
qu'elles sont bien au nombre de trois et que l' égalité
a0 cp 0 + a 1 cp 1 + a 2 % = 0 implique a 0 = a 1 = a 2 = O.
= ao R(xo) + a1 R(xi) + a2 R(x2). Cette dernière condition est évidente en appliquant
cette égalité aux trois polynômes Q0 , Q 1 et Q 2 défini s
En introduisant le quotient Q, on obtient
par QoCx) = (x - x 1)(x - x 2), Q/x) = (x - x 0 )(x - x2 ) et
P = QT + R. Comme T s' annule en x 0 ,
x 1 et x 2, Pet R sont égaux en ces points, Q/x ) = (x -x0 )(x -xJ
d'où l' égal ité suivante :
I 1
P(x ) dx =
1
I
Q(x )T(x )d.r +
1 1
+ ao P( xo) + a 1 P(x i) + a2 P(x2)-
De plus, (PIP) = I 1
1
[P (x)]2dx > 0
I 1
1
Q(x )T(x )dx = O.
Notre expression formelle définit donc
bien un produit scalaire sur l'espace
vectoriel des polynômes. Il s'agit
Cette expression réfè re à un produit
d 'ailleurs également d'un produit sca-
scalaire sur l'espace vectoriel des poly-
laire sur l'espace vectoriel des fonctions
nômes et à une famille de polynômes
continues sur le segment [- 1, l].
étudiées par le mathématicien français
Adrien-Marie Legendre (1752- 1833)
Les polynômes de Legendre L0 , L 1, L 2
et orthogonaux deux à deux pour ce
et L 3 ont été définis en page 103 :
produit scalaire.
L 0 (x) = 1,
L 1(x) = x,
Les polvnômes de Legendre
L/x) = x 2 - 1/3,
Si P et Q sont deux polynômes, l'expres- L/x) = x 3 - 3x/5 .
1
P(x )Q(x )dx Le polynôme L3 est orthogonal à L0 , L 1
a un sens, est symétrique en P et Q, et et L2 , donc à toutes les combinaisons
linéaire aussi bien en P qu'en Q. linéaires de ces trois vecteurs , c'est-
à-dire à tou s les trinômes du second trou vées plu s haut, on trouve a0 = 5/9,
deg ré. Ain si, si T = L 3 , la formul e a 1 = 8/9 et a 2 = 5/9 .
I 1
1
P(x) dx = I 1
1
Q(x)T (x) dx + On en déduit enfin la fo rmule suivante :
1
+ ao P(xo) + a1 P(x 1) + a2 P(x2)
!- 1
P (x ) dx =
se simplifie en :
i [p(- v;)+ v;)] + P (- ~P(O).
j- 1
•I P(x) dx
H.L.
Cinématique ■
■
l'atout « uecteurs »
En cinématique, c'est-à-dire dans l'étude du mouvement, la
géométrie vectorielle a su se rendre indispensable. Les physiciens
n'ont pas eu peur de jouer la carte « vecteurs » pour parler de la
position d'un mobile, de sa vitesse ou de son accélération.
Phvsique et vecteurs :
S
i en mathématiques
le vecteur est un une histoire coniointe
concept à la croisée
des chemins entre géométrie Si, pour les mathématiciens, un vecteur
et algèbre, en physique il est est un é lément d'un espace vectorie l,
un outil puissant. En é lec- la notion revêt pour les phys iciens un
tricité ou en électromagné- tout autre aspect, lié à une réa li té de
tisme, il permet de modéli- terrain qui inclut l' usage de vecteurs et
ser des champs, électriques de repères adaptés aux circonstances.
,; _:;·/ - ou magnétiques , ou offre L ' usage du vecteur en physique est le
r.•
1\, .
•::./!;;~.: la construction de Fresne l frui t d' une longue histoire qui commence
en courant alternatif (voir au début du XVII° siècle avec Gal il eo
les Nombres complexes, Galilei ( 1564- 1642). On trouve déjà,
. . .,.;
_,î:-}f.1 Bibliothèque Tangente 63, dans des man uscrits non publiés du
-:.~ 20 18). C'est cependant en savant italien retrouvés à la bibliothèque
mécanique qu ' il exprime de Florence en 1972, une décomposition
le mieux ses divers talents. de la vitesse en composante horizontal e
Représenter de s g ran- et composante verti cale, a insi que le
Dans les manuscrits de Galilée
deurs comme les forces, la tracé de la trajectoire parabolique d' un
déjà on trouve la notion de repère.
vitesse ou l'accélération va objet lancé, dessiné dans un repère.
permettre d'étudier, géométriquement
d 'abord , a lgébriquement ensui te, les Peu ap rès, René Descartes (1596- 1650),
mouvements, aussi bien dans l'espace auss i bien dans sa correspondance avec
que dans le plan. Voyons ici l' incidence Pi erre de Fermat (vers 1601- 1665) que
du vectoriel sur la c inématique du point. dans son traité les Dioptriques, admet
Pour le vecteur vitesse, si M I et M 2 sont Un exemple simple est celui d'un mou-
deux positions du point M aux instants vement circulaire uniforme : le point
t 1 et t 2 , le vecteur déplacement ~ M se déplace à la vitesse angulaire w
1 -----, sur une trajectoire circulaire de centre
conduit au vecteur - - - M 1 M2, qui 0 et de rayon 1. On choisit le repère
t2 - t1
permet de définir le vecteur vitesse ins- (0 ,i, J).Le mouvement étant circulaire
--+ dOM , tangent à chaque uniforme, v = wt.
tantané v =~
Ainsi, 0M = cos(wt)i + sin(wt)J,
instant à la trajectoire du point M.
v = -w sin(wt)i + w cos(wt).J
Quant au vecteur accélération, qui décrit et â = -w 2 cos(wt) i - w2 sin(wt)J,
les variations de la vitesse en fonction qui est égal à - w2 0M, d'où le schéma
d u temps, 1·1 est donne, par ->
a = -dv . ci-dessous.
dt
Les vecteurs ont donc plus d' un tour dans
leur sac, puisque c'est bien grâce à eux
quel' étude du mouvement est possible !
É.B.
Le traitement d'images
La notation matricielle joue un rôle primordial non seulement dans le stockage des images
numériques, mais également dans la modification de ces images.
Pour une image en noir et blanc, la pondération de chaque pixel va de o (noir) à 255 (blanc),
les valeurs intermédiaires correspondant aux 256 niveaux de gris. Pour une image en couleur
selon le code RVB (rouge, vert, bleu), on a 256 intensités de rouge, autant de vert et autant de
bleu.
En traitement d'image, l'une des modifications les plus
courantes pour améliorer la qualité d'un fichier est la
création de filtres de traitement. Les opérations sur
les matrices vont prendre place lors de la « convolu-
tion». L'opération consiste à transformer les éléments
de la matrice d'image A, généralement de très grand
format , par une matrice de convolution F plus petite.
Par exemple, si l'on souhaite modifier chaque pixel de
A grâce à ses huit voisins, F sera de taille 3 x 3. Ce for-
malisme permet une grande économie opératoire lors
du traitement d'image.
RÉFÉRENCE : Les matrices,
Bibliothèque Tangente 44, 2012.
Le trièdre de Serret-Frenet
Les vecteurs permettent l'étude du compor-
tement local de certaines courbes parfois vecteur unitaire normal à la trajectoire en
difficiles à étudier autrement. Deux mathé- M, et B le vecteur unitaire complétant le
maticiens et astronomes français ont ainsi repère orthonormal (f, N, B) d'origine M
défini, indépendamment, un repère local, Oe trièdre de Serret-Frenet). On a alors,
c'est-à-dire d'origine M, le point courant étant donné les propriétés de la vitesse et
sur la courbe. Joseph-Alfred Serret (1819- de l'accélération, et en supposant que les
1885) et Jean Frédéric Frenet (1816-1900) fonctions qui les définissent possèdent les
ont aussi inventé les formules qui vont avec propriétés de dérivation nécessaires :
ce repère de Serret-Frenet pour calculer f = dOM N= R dT et Ê = f AN.
aisément certains paramètres de la courbe : ds ' ds
les fameuses formules de Serret-Frenet. R ainsi défini est le rayon de courbure de
On suppose l'espace muni d'un repère or- la courbe en M. On arrive alors, après déri-
thonormal ( 0, I,J,ïé). Soit M le point en vation, aux formules de Serret-Frenet, qui
question, d'abscisse curvilignes Oa mesure permettent, grâce aux vecteurs, de décou-
algébrique de l'arc AM, une origine A étant vrir certaines caractéristiques des courbes
choisie sur la courbe) . Il a ainsi pour coor- du plan ou des surfaces de l'espace:
données (x(s), y (s), z (s)). Le repère mobile
est alors ( M, f, N, B) où f est le vecteur
unitaire tangent à la trajectoire en M, N le
Le mouuement uectoriel
de la comète Encke
La physique utilise abondamment les vecteurs pour ses
représentations ou ses modèles. Il est ainsi très commode de
visualiser et d'étudier la position, la vitesse et l'accélération
de corps célestes qui gravitent autour du soleil.
L
es physiciens utilisent le représenter un vecteur correspondant
formalisme et les objets à une grandeur physique réelle, il fau-
mathématiques comme dra préciser une échelle et choisir un
un langage pour exprimer des unique représentant dont l'origine sera
relations entre des grandeurs. ce point d' application. Prenons le cas
Certaines sont des sca- de l' observation du mouvement de la
laires (une masse, un Terre et d'une comète en orbite autour
volume . .. ), d' autres du Soleil. Ils' agit donc de cinématique.
sont des vecteurs Les constructions vectorielles sont faites
(une vitesse, une ici pour le mouvement de la Terre. Le
force), d 'a utres lecteur construira les vecteurs pour le
sont des champs mouvement de Encke !
scalaires (un champ
électrique) o u des Espace vectoriel
champs vectoriels (un des positions et déplacements
champ magnétique). Ces
grandeurs physiques ont une Les positions successives de la Terre et
Représentation de dimension. Ainsi, au-delà des règles de la comète Encke le long de leur orbite
la comète Encke. opératoires des mathématiques, il faut sont représentées sur le schéma.
ajouter des règles propres aux dimen- Les vecteurs (déplacements et accélé-
sions; on ne peut ainsi pas add itionner rations) sont tracés à partir de quatre
une masse et une vitesse. positions successives. Un représentant
En physique, le vecteur va souvent être particulier de l'accélération, dont le
associé à un point d' appli cation, et la prolongement passe par le Solei l S, est
norme du vecteur à une dimension . Pour tracé à partir du point G.
Trajectoires
\
\ de la Terre (bleu)
et de la comète
Encke (vert)
'
, ,,,__, I
, a
\ ':).€
D
autour du Soleil (S) .
Chaque point
représente la
position des deux
~ B'\ corps le long
-
' G
-, de leur orbite
\
\
\
à in tervalles de
échelle de longueur : HF ~ 1 UA temps constants.
H F \
\
La durée qui s'écoule entre deux posi- est de 2dt. Par application de la relation
tions, notée dt, est de seize jours pour de Chasles, le vecteur AB est égal à
la Terre et de quarante-huit jours pour f (t8 ) - f (tA). Les vecteurs déplacements
Encke. Chaque point peut être interprété en A et C sont tracés sur la figure.
comme un vecteur dans l' espace vecto-
riel lR 2 en supposant des orbites copla- L'espace vectoriel des vitesses
naires. Le repère cartésien est défini par S
pour origine, un axe horizontal et un axe À partir du déplacement de A vers B,
vertical. Le point A est associé au vecteur il est possible de calculer une vitesse
SA de coordonnées (0, - 1). Ainsi , la moyenne (ou taux d 'accroissement).
fonction f représentée associe à chaque Cette vitesse vectorielle est égale au
instant t la position du point mobile M rapport du déplacement vectoriel divisé
sur la trajectoire, SM=(x(t)) , y(t)) . par la durée du déplacement :
Le point A correspond donc à l'image
_, (A, B ) = AB
2dt
par/ de l'instanttA. L'espace des images V
B
Solidarisation de deux
roues par une bielle.
Détermination du
C vecteur de translation
de la composée de deux
rotations dont la somme des
Rails à crémaillère vecteurs est nulle modulo 360°.
(au centre).
ne font qu'un !
Un des arts du mathématicien est de reconnaître des structures
sous des formes différentes. Une analogie calculatoire entre des
domaines considérés comme distincts en est souvent un signe
prémonitoire ... Intéressons-nous au cas de certaines équations
différentielles et suites.
es mathématiques ne se résument
L
nalistes) et ceux amenés à la traiter
évidemment pas à 1' art calcu - (essentiellement les politiques). Cette
latoire mais sa maîtrise permet notion, si naturelle à comprendre et
d'augmenter son horizon quand on préalable à tout développement scien-
s'engage dans une voie de recherche. tifique, est pourtant riche de consé-
Avant de jouer avec la stratégie, il faut quences. Le concept de linéarité est
s' affranchir de la technique. Et puisque au cœur de la définition des espaces
le taux d' erreurs dans un calcul est fonc- vectoriels, qui sont des ensembles,
tion de sa durée, il semble sage d'en constitués d'éléments appelés vecteurs,
faire le moins possible. li est possible stables par combinaisons linéaires. On
d'illustrer cette démarche calculatoire retrouve cette stabi Iité par corn binaison
minimaliste avec les suites récurrentes linéaire dans la définition d'une fonc-
linéaires et les équations différentielles tion, ou d'un opérateur, linéaire : la
linéaires à coefficients constants. transformée d'une combinaison d'élé-
ments est égale à la même combin ai-
linéarité et espaces vectoriels son des transformées. Plus clairement,
T(ax + f3y) = aT(x)+ f3T(y), où a et
L ' essentiel de l' apprentissage mathé- f3 sont des nombres qui appartiennent
matique des jeunes classes concerne, à un e nsemble (un corps) sur lequel
sous une forme ou une autre, la notion on peut effectuer les quatre opérations
de linéarité. Pour autant, des exemp les habituelles. Simplifions-nous la vie en
réguliers confirment que la notion de nous plaçant dans le corps des nombres
proportionnalité n 'est toujours pas réels.
maîtrisée par ceux qui comm uniquent La con séquence fondamentale de la
l' information (typ iqu ement les jour- définition est que si l'on a deux so lu-
à toute combinaison linéaire entre De même, pour les suites récurrentes, puisque
les dérivées y(n) correspond la même
la solution générale de la
combinaison entre les termes u et 11
,
1
y Il -y-y= On constate, si besoin était, la cohérence de la corres-
pondance entre les solutions y (x) = x e r x et u,, =n r" - 1,
assoc iée, et réciproquement, pour peu ou les suites, et maîtri ser le passage
que l' on maîtrise les calcul s de passage de l' une à l'autre, et vous ferez des
entre les deux mondes. Et il peut s' avé- mathématiques, c'est-à-dire l'art d' être
rer qu ' un probl ème transposé soit plus intell ectuell ement efficace !
simple à résoudre ... F.L.
Par ce li e n e ntre le discret (l 'arith -
métique) et le continu (l 'analyse), on R ÉFÉRENCES
restreint le champ des apprentissages. • Tangente SUP 72,
Potassez les équ ations différenti ell es, « Les équas diffs », 201 3.
La fonction de Fibonacci
Il s'agit de résoudre l'équ ation fo nctionnelle! (x +l ) = f (x) + f (x -1 ) . Pour les valeurs
entières de x , la suite u,, = f (n) est la suite de Fibonacci et alors f (n) = )g (q>n - (- 1t 4>-n) .
. 1 .
En écrivant e'" = -1 , on a f (n) = vlf;(q>n - ernn q>- n) , ce qui no us permet d' établ ir une
ex press ion complexe de la solutio n J(x) = )g(<t>x - ei1rx4>-x ).
La relation de Fibonacci étant linéaire, les parties réelle et imaginaire de cette fonction sont des
un vrai scandale !
La notion de produit scalaire On sait les recherches de Wil-
n ·est mise en exergue qu'au liam Hamilton qui le condui-
milieu du x1x" siècle. Appelé sirent à introduire en 1843 un
produit linéaire par Grass- ensemble de nombre de dimen-
mann, il semble que ce soit sion 4. Son objectif était d'ex-
Hamilton qui le qualifie de pliquer les transformations de
scalaire dans le cadre de sa l'espace par simple manie-
théorie des quaternions ; elle ments de nombres, fussent-
est par la suite clairement ils monstrueux, comme les
exposée par les membres de complexes le font pour celles
l'école britannique de phy- du plan. Dans son esprit, ces
sique mathématiques, comme nombres étaient un couple
James Clerk Ma:-,..-well et Oliver (À, Ï7) composé d'un sca-
Heaviside. Plus récemment, le laire réel et d'un vecteur de
mot se substantive pour dési- l'espace. En multipliant deux
gner les éléments du corps de quaternions purs (0, Ï7) et
base d\m espace vectoriel. (0, ; ), on obtient en notations
La racine indo-européenne actuelles (- ;_;, ï7 A;J
skand signifiait « lever le Hamilton pensait avoir dé-
pied ». Naturellement, elle se couvert un outil très utile
trouve en latin sous la forme pour décrire l'espace. Vers
scandere, « monter » et scala. 1850, James Clerk Maxwell
«échelle». On la retrouve (1831-1879) avait popularisé
dans les mots français « des- l'idée d'utiliser les vecteurs
en physique. Deux mathémati- Oliver Heaviside.
cendre », « ascension » ou
ciens, l' Américain Josiah Wil-
« transcendant ».
lard Gibbs (1839-1903) et le Britannique Oliver Heaviside
L'adjectif scalaris qualifie
(1850-1925), eurent l'idée d'extraire le produit scalaire et le
en latin ce qui est relatif à
produit vectoriel du produit de deux quaternions purs, créant
l'échelle et son utilisation en
ainsi les bases d'un nouveau champ des mathématiques :
mathématique vient de l'ana-
1'analyse vectorielle.
logie entre les nombres et les
Une querelle s'ensuivit entre les partisans de Hamilton, qui
barreaux d'une échelle (mais
préconisaient l'usage des quaternions, et ceux de Heaviside,
clans ce cas on est passé du
qui trouvaient plus aisé de manier directement les produits
discret au continu).
scalaire et vectoriel et d'éviter ainsi la dimension 4 pour
En grec, la même racine s·uti-
étudier l'espace. Le plus virulent des « quaternionistes », le
lise pour désigner un dispositif
mathématicien Peter Guthrie Tait (1831-1901), traita même
faisant trébucher, un piège.
« l'algèbre de Heaviside de monstre hermaphrodite, mélange
Les Pères de l'Église s'en sont
indigeste des notations de Grassmann et de Hamilton ». Pour
servi, au sens figuré, pour s'in-
sa part, Heaviside déclara que l'utilisation des quaternions
digner de l'incitation au péché,
« entrave la diffusion de l'analyse vectorielle de manière aus-
d'où les mots« scandale » et
si vexatoire et angoissante qu 'inutile».
« esclandre » qui subsistent
L'histoire a donné raison aux partisans de Heaviside.
dans notre langue.
Hu-delà
des uecteurs
Un vecteur, c'est en première approximation un segment avec
une orientation. N'est-ce pas la représentation graphique
traditionnelle ? Cette vision permet de généraliser la notion
de vecteur et de créer un outil général et incroyablement
puissant : l'algèbre de Clifford.
N « vecteur de dimension 2 »,
c'est-à-dire une surface (au lieu
d'un segment) avec une orientation ?
des éléments de dimension O avec une
orientation, on tombe sur. .. nos nombres
réels usuel s !
Idéalement ce hi-vecteur serait construit
à partir des deux vecteurs sur lesquels
s'appuie l'élément de surface. Un peu
comme le produit vectoriel : celui-ci
est bien proportionnel à une surface et
y
Un vecteur,
possède une orientation. Hélas, le pro-
v
duit vectoriel Ü /\ fournit un nouveau
vecteur, élément homogène à la dimen-
sion 1, et non pas un bi-vecteur. C'est
d'ailleurs un souci pour les physiciens:
avec le produit vectoriel, on « mélange »
des vecteurs qui représentent des champs
V ➔
V
un bi-vecteur,
avec des vecteurs qui représentent des
surfaces. En physique, on distingue les
vecteurs axiaux et les vecteurs polaires.
Comme le produit vectoriel est quand
même bien pratique, on souhaiterait aussi
créer des tri-vecteurs pour représen- - ➔
ter des volumes avec une orientation, U/\V
voire des k-vecteurs ; dans ce cas, le
produit vectoriel ne nous est d'aucun et le produit vectoriel habituel.
mer e;e;, qui est donc Je scalaire 1 : ee; Ici, ei' e,,l est un hi-vecteur unitaire du
est un élément de dimension n - 1. plan engendré par û et v, et :
= 1 ( uv+vu
-► ---+ --+--+ )
En fait, G n est un espace vectoriel de --+ --+
u/\v
dimension 2 ". Par exemple, une base de 2
G 3 est (1, e 1, e2 , e3, e 1e2 , e 1e3, e2e3, e 1e2e3 ) . = lûllvl sin(0) ei'e-I .
Attention : dans cet article, le terme
« vecteur » est réservé aux éléments de En combinant ces relations, on obtient
lR n; les éléments de G n sont certes eux l'équation fondamentale du produit
aussi des vecteurs (au sens d' éléments géométrique de deux vecteurs :
d'un espace vectoriel), mais ils peuvent üv=ü-v+ü/\v.
être des scalaires, des vecteurs, des
hi-vecteurs ... Le produit géométrique est la combi-
naison de deux produits possédant une
Le pseudoscalaire interprétation géométrique simple, et
ceci quelle que soit la dimension. Et
Dans l'algèbre géométrique Gn, on note ce, sans jamais parler de coordonnées !
I = e 1e2 ••• e,,. Ainsi, tous les n-vecteurs C'est une grande force de cette algèbre,
sont des multiples de I. Pourquoi cette qui permet de manipuler des entités
notation I ? Regardez : I 2 = -1 ! Si l'on sans se préoccuper de repères ou de
travaillait en dimension 2, dans G 2, alors coordonnées.
I vaudrait i.
On sait définir le « produit scalaire » de L'utilisation de l ' algèbre de Clifford
deux éléments de G n : offre de nombreux avantages. Déjà, les
--+ --+
U ·V =
1 (--+--+ ➔ ---+ )
UV+ VU .
rotations et les réflexions s' expriment
2 simplement et uniformément. Ensuite,
Dans G 2, cela correspond au produit ce cadre offre une unification des outils.
scalaire habituel, et û . V = lû IlvIcos 0 Dans Je plan, l' utilisation des nombres
où 0 est l'angle entre û et v. complexes permet de résoudre élé-
On peut aussi définir un autre « produit» gamment de nombreux problèmes. En
qui « ressemble beaucoup » au produit dimension 3, 1' utilisation des quater-
vectoriel (on utilisera la même notation /\, nions est la méthode la plus élégante
en prenant garde aux confusions, notam- pour manipuler les rotations. Les
ment dans les deux identités qui suivent). matrices de Pauli permettent, elles, de
Ce produit donne la même valeur algé- travailler sur l ' électron . Les spineurs
brique que le produit vectoriel, c' est-à- permettent de traiter d' autres cas, les
dire la surface du parallélogramme qui tenseurs permettent l'étude de la rela-
s' appuie sur les deux vecteurs. Mai s au tivité générale ... Toutes ces techniques
lieu de produire un vecteur, il donne, en sont des cas particuli ers de l'algèbre
général , un hi-vecteur. géométrique !
J.-J. D.
RÉFÉRENCES
• A Survey of Geometric Algebra and Geometric Calculus. Alan Macdonald,
Advances in Applied Clifford Algebras 27 , 2017.
Le produit mixte
Les bases orthonormées jouent un rôle primordial dans l'espace euclidien de dimension 3. Le
déterminant d ' une telle base dans une autre base vaut toujours 1 ou - 1 puisque ces deux bases
engendrent le même volume. On peut donc les ranger en deux classes (deux éléments sont
d ' une même classe si le déterminant de l'une dans l 'autre vaut 1). On choisit l ' une des deux
classes dont les éléments sont des bases (orthonormées) directes : c'est ce qui s'appelle orienter
l 'espace.
La structure euclidienne induit une notion de volume : l ' unité de volume est celle du parallélé-
pipède engendré par une base orthonormée (c'est le même pour toutes). Le déterminant d ' un
v,
triplet de vecteurs (û, w) est alors identique dans toute base orthonormée directe. Il correspond
au volume orienté du parallélépipède engendré par ces trois vecteurs. C'est que l 'on appelle le
v, v,
produit mixte du triplet (û, w), noté en général [û, w]. Étant en fait un déterminant, il jouit
de toutes ses propriétés.
Enfin, le double produit vectoriel û /\ (v /\ w) est égal à (û /\ w) v - (ü /\ v) w. Le produit mixte
v,
doit son nom à l'égalité [ü, w] = (ü /\ v l w); on a donc: 11 û /\ v ll2 + (ül v) 2 = Il û ll 2 li v ll 2 .
Le produit vedoriel
Le produit vectoriel a été introduit par Gibbs en 1881 en s'inspirant des
Josiah Willard Gibbs
tra vaux d'Hamilton et de Grassmann. Prenons deux vecteurs üet vde l'es-
(1839-1903).
pace euclidien orienté de dimension 3. Le produit vectoriel de û et de v,
,.,....,...., noté u' /\ v, est le vecte ur nul si i7 et vsont colinéaires ; sinon, c'est un vec-
teur orthogonal à ü et à v, tel que la base (u', v, u' /\ v) soit directe, et dont
la norme correspond à l'aire (non orientée) du parallélogramme engendré
par Et et i/
On peut, dans un tel espace, définir le cosinus d'un angle par la formule
cos (û, v') = (dl v) / Il üll.11 v ll. Définir son sinus reviendrait à orienter le
plan engendré par î] et ïï'; certes c'est possible mais aucune orientation
naturelle ne découle de celle de l'espace (pour cette raison, un observa-
teur posté au pôle Nord voit tourner la Terre en sens inverse que celui qui
se trouve au pôle Sud). Ce endant, sa valeur absolue a un sens : en po-
sant I sin ( "ï7.;) 1 = 1 - cos" (Ï7,; ), on a alors Il ü /\ vil = Il üll Il vll sin (ü, ïï) 1.
Ce produit est linéaire par rapport chacune des variables, mais n'est pas
commutatif (17 /\ v= - v /\ ü) .
les spineurs
Les mathématiques évoluent par généralisation. Celles de
Hamilton pour les nombres complexes et de Grassmann
pour les produits scalaires et vectoriels furent elles-mêmes
synthétisées par Clifford en une algèbre vectorielle. De cette
structure surgissent les spineurs.
L
es mathématic ie ns cherchent fondamentale, en montrant son appli-
naturellement la plus grande cation à la représentation des rotations
généralité pout tout nouveau dans l'espace usuel.
concept, au prix d'une abstraction
croissante, ce qui en rend la pédago- Spineurs PVthauoriciens
gie difficile. Ainsi, les spineurs sont
formellement présentés comme un idéal Le principe de relativité générale
de la structure d'anneau de l'algèbre précise que les lois de la physique
de Clifford. Cette définition « bourba- sont covariantes, c'est-à-dire qu 'elles
kiste » nous éloigne cependant de toute ne dépendent pas du repère choisi.
représentation géométrique. Sir Michael Tous les repères orthonormés sont
Atiyah lui-même, médaille Fields et alors équivalents et on cherche à en
prix Abel, affirmait ainsi : « Personne construire un de façon générale.
ne comprend pleinement les spineurs. Le terme spinor apparaît pour la
Leur algèbre est form ellement com- première fois dans un ouvrage sur
prise mais leur signification générale la physique quantique du physicien
est mystérieuse. Dans un certain sens, théoricien autrichien Paul Ehrenfest
ils décrivent la "racine carrée" de la (1880-1933). Les spineurs sont uti-
géométrie et, de même que la compré- lisés par Wolfgang Ernst Pauli et
hension de la racine carrée de - 1 a pris Paul Adrien Maurice Dirac à partir
des siècles, la même chose pourrait être de 1927 pour représenter les fonc-
vraie des spineurs. » Heureusement, il tions d'onde (voir Mathématiques et
est possible d' illustrer la notion de spi- Chimie, Bibliothèque Tangente 43) ,
neur, entité incontournable en physique sans cependant exploiter la profonde
X = X1 - X2 + 2iX1 · X2 = 0, {
z = - 2a/3 .
so it x 2 + y 2 + z 2 = 0, qui n' es t autre
qu ' une relation de Pyt hagore co m- Le coupl e (a, /3) de deux nombres com-
plexe. Les coordonnées (x, y, z) de X, plexes a et /3 soluti ons de ce système
qu alifié de vecteur isotrope , possèdent constitue un spineur, qui est donc une
deux de grés de libe rté, et peuv e nt représentation des deux vecteurs et de
don c être ex primées au moye n de leur ordre, puisque les parties réelle et
deux nombres (com pl exes). imaginaire des expressions ci-dessus
Vérifion s-le ! Pui sque le triplet fournissent respectivement les compo-
(a, b , c) = (p 2 - q 2 , 2pq, p 2 + q 2 ) est santes des vecteurs x;:' et x;'.
Hnalyse uectorielle ■
■
L
a phys ique traite de notre réalité, trois principaux opérateurs linéaires
dans laquelle les phénomènes du premier ordre (dépendants de déri-
usuels sont considérés comme vées partielles du premier ordre, notée
différentiables, c'est-à-dire « réguliers
dans leur mouvement ». Un champ, sca-
Ôu = :u pour une variable u) .
l'opérateur nabla
La lettre grecque ~
(delta) était déjà utilisée pour
éP J 8 2 J 8 2 f
symboliser le laplacien 6.f = x 2 + Y2 + z 2 en
8 8 8
électrostatique. En l'inversant, Sir Hamilton, le père Tl admet lui aussi une notation formelle
des quaternions, crée en 1847 le symbole v' rotA =V/\ A. Il traduit la prope n-
. 1 ( -8 , -8 , -8 ) . sion d' un champ de vecteur à tourner
d e l,operateur
, d.",
111erent1e
8x 8y 8z autour d ' un point ; il apparaît ainsi
Le symbole fut popularisé par Peter Guthrie Tait naturelleme nt en physique des fluides
(1831-1901) qui lui donna, pour sa forme , le nom et électro magnétisme.
de nabla, nom grec d'une harpe assyrienne(!).
Des maths à tort potentiel
Il en fit un usage intensif dans le domaine de la
physique, au point que Maxwell le surnomma le
Nos trois opérateurs fo ndame ntaux
« musicien en chef de nabla » . Ce dernier proposa
sont liés par les formules suivantes :
pour sa part la version palindromique atled, alors div(rot) = 0, rot (graci) = Ô
que Gibbs opte, pour sa simplicité de prononcia- et rot(rot) = graci(div) - 6. .
tion, pour l'apocope del.
Cette derni ère relation constitue une
Dans son cours de l'École polytechnique, Jacques défi nition intrinsèque du laplacien vec-
Hadamard introduit cet opérateur « nabla » et en toriel. Pour un cham p scalaire f, on a
montre l'intérêt évident, selon lui, par la formule 6.f = div(graci f) = V· Vf pour le
v' x (v' x â) = v' (V â) - v' 2 â, équivalente, disait- ----, 2
laplacien scalaire, soit 6. = v' .
il, à rot · rota = grad · div · â - 6.â (sic.). Depuis
De la première relation, on déduit qu ' une
lors, le terme « nabla » qualifie, dans l'argot de l'X,
condition nécessaire et suffisa nte pour
un « truc » , un « machin » , « quelque chose dont la
qu ' un cha mp soit à flux conservatif
définition et l'intérêt sont obscurs ».
(c'est-à-dire div(A) =0) est qu ' il soit un
champ de rotationnel. Ainsi, il existe un
y champ vectoriel A dont le champ magné-
Ax(x,y + dy, .:) tique Best le rotationnel : B = V /\ A .
Le théorème
de Stokes. D' après la deux ième re lation, le champ
dx A, appelé potentiel vecteur, est déter-
miné à un grad ient près. De même, pour
A 1 (x,y, .:) dy ( dSzJ dy A .v (x +dx,y, .:)
un champ A à circul ation conservative,
so it rotA = Ô, il ex iste un champ sca-
dx lai re U, appe lé potentiel scalaire, tel que
X
A= gradU.
La nature lle apparition de ces poten-
tiel s, au cœ ur des théori es électrom a-
D' un e façon gé nérale, la circ ul ation gnétiques et relativi stes, n'est qu ' une des
du champ vectoriel A le lo ng d ' un nombreuses i!lustrations de la richesse
contour C est égale au fl ux d' un vecteur, applicative de l' analyse vectorielle en
le rotationnel, à travers to ute surface physique mathématiq ue.
S s' app uyant sur ce contour. C'est le
fame ux théorème de Stokes ! F.L.
Que nous apportent les vecteurs et les espaces vectoriels au-delà d'une présence,
comme toutes les structures mathématiques, un peu partout autour de nous ?
Une ouverture et un enrichissement de notre approche de nombreux domaines,
illustrés par quelques exemples saisissants, où leur présence a opéré une
~ véritable révolution, accentuée par l'avènement de puissants outils de calcul!
~ L'art en a bénéficié de manière étonnante : le graphisme avec le « dessin
1 vectoriel», la littérature avec les sommes faramineuses de textes ou de corpus
disponibles ... Et même la composition musicale où Iannis Xenakis en personne
ouvert la voie à d'intéressantes techniques « vectorielles » !
' f'/
• '
[
ACTIONS par Cyril Labbé
les mots
sont des uecteurs !
Comparer deux vecteurs revient un peu à comparer deux textes.
En fait, cette analogie se révèle très pertinente pour étudier
un corpus littéraire : les outils de l'algèbre linéaire, alliés à la
puissance informatique, permettent de confronter deux textes,
ou de mesurer leurs similitudes.
C
Cyril Labbé (LIG, omment mesurer la similitude On peut par exemple marquer la pré-
université Grenoble- entre des textes ? Il faudrait sence ou l'absence d ' un mot (d'un
Alpes) tie nt à remercier
son homonyme par exemple pouvoir définir vocable). Un texte est alors représenté
Cyril Labbé des distances entre ces objets. Une par un vecteur dont les composantes
(Ceremade, université
manière de procéder est de représenter ont pour valeur O ou 1. Le nombre
Paris-Dauphine) pour
sa relecture attentive. un texte par un vecteur, puis de définir n de composantes du vecteur (la
une « fonction de similarité », ou une dimension de l'espace vectoriel) est
distance, permettant de comparer ces le nombre de vocables considérés, soit
vecteurs. la taille du vocabulaire. En numérotant
chaque vocable de I à n, un texte X
est alors représe nté par un vecteur
(x) ;= i ,, où x; = 1 si le vocable i apparaît
A PLUS OE po, dans le texte, et x; = 0 sinon.
rv1Mv1"S q \JE Cette représe ntation vectoriel le est
que -ru c1toés ! en générale utilisée pour calculer la
proportion de vocabulaire comm un
<(
,, Oeo
~
entre les textes. C'est l ' indice de
Jaccard , que l'on peut définir par :
Sim(X, Y) = L
n
X i Yi
n
~ i= l
"" ~
,, •••
••• avec X= (x);=i .. .,,
••
Orîoo-'E
deux textes de n mots .
apparaît da ns le texte et T la taill e du le suit (du verbe« suivre »). Dans cer-
texte (en nombre de mots). Avec ce type taines applications, il est indi spensabl e
de re présentati on, on peut utili ser une d 'év iter de mélanger « sui s » (être) de
distance (dite intertextuelle) de ty pe L 1 : « sui s » (s ui vre) , « été » (être) de la
1 n saison, o u encore « est » (être) de la
J (X, Y) =
2L [xi -
i= l
Yi [ direction orientale. Il est donc souvent
nécessaire de travailler sur des textes où
chaque mot est étiquetés par sa fo rme
d it. je la le lune soleil suis
canonique (entrée du dicti onnair e) et sa
s 1/ 7 1/ 7 0/ 7 2/ 7 0/ 7 2/ 7 1/ 7
L 1/ 7 1/ 7 1/ 7 1/ 7 1/ 7 catégorie grammati cale .
1/ 1 1/ 7
E n pratique, ce type de représentatio n
Les textes S et L représentés par un vectorie lle est très utili sé en rec herche
vecteur de fréquences. d ' info rmation, par exemple pour retrou-
ver les textes similaires à un texte ini -
La distance intertextuelle peut s' in- ti a l qu i sert d e requê te. Une fo rme
terpréter de manière assez naturelle tri viale de texte requête pe ut être une
comme un nombre moyen de mots série de quelque mots cl és. Un moteur
diffé rents pour cent mots, ou en- de recherche documentaire, grâce à la
core comme la proportion de vo- représentation vectoriell e et à un calcul
cables qu ' il fa ut « changer » pour de simi larité, peut cl asser les documents
passer d' un texte à l'autre. Ainsi, réponses du plus pertinent (le plus simi-
(S, L) = ( l /2)x(4/7) = 2/7 , et en chan- laire à la série de mots clés) au mo ins
geant deux mots sur sept on peut « pas- pertine nt. L es mo te urs de recherc he
ser » d' un tex te à l'autre (abstraction (Google, Y ahoo, Bing ... ) peuvent auss i
fa ite de l' ord re des mots). utili ser ce type de représentations pour
comparer les pages Web répondant à une
Un peu d'ordre ... req uête et suppri mer les doublons de la
li ste des réponses fo urnie à l'utili sateur.
Les approches précédentes ne ti ennent
pas compte de l' ordre des mots. De plus, En littérature, la distance intertextuell e
dans S et L, si le Soleil est le soleil , on est aussi uti lisée pour étudier ce qui rap-
peut raisonnabl ement penser que la lune proc he ou é loigne les diffé rents genres
(roman, théâtre, français parlé vs écrit,
poés ie, genre épi stolaire .. . ) ou encore
oK I ootJv o~ r-J'= pour di scuter de la paternité d' une œuvre
~6lf PLùS -(~e,t-!E-rt. (Romai n Gary vs Émile Aj ar, Molière vs
r-1 i EN MA 11-l '? 1 Corneill e). Avec to utes les polémiques
L ·,T,É:12-A"fù Rf que ces trava ux peuve nt susciter. . .
C.L.
Images matricielles,
images vectorielles
Dans de nombreux formats d'image se cachent des
concepts de calcul matriciel : matrices de grande di-
O)ô)
mension, opérations algébriques sur les matrices,
transformations géométriques, expression matri-
cielle ou vectorielle d'une forme algébrique... De
même, la représentation des données informatique
emprunte au vocabulaire des matrices et des vec-
teurs : matrices pour figurer un volume, vecteur-ligne Image matricielle Image vectorielle
011 bitmap
ou vecteur-colonne pour représenter une suite de
données, matrice pour coder les pixels d'un écran ...
Les formats d'images matricielles les plus répandus ont pour nom JPEG (Joint Photographie
Experts Group), qui est le format de photo « classique », GIF (Graphical Interchange), et son
remplaçant PNG (Portable Network Graphie). Les formats TIFF (Tagged Image File) ou PSD
(Photoshop Document) pour la retouche d'image sont également très répandus.
Les formats d'image vectorielle les plus populaires se nomment PICT (Apple Picture), qui est
un peu ancien, PDF (Portable Document Format), pour un affichage efficace des documents,
PS (Postscript), intéressant pour l'impression, SWF (Flash), pour des animations sur le Web,
ou encore SVG (Scalable Vector Graphie), qui permet animation et transparence.
T
raditio nne ll eme nt, un carré magique la somme de celles des deux
magique d 'ordre n est consti - carrés. Mais si les de ux carrés addition-
tué de n2 entiers écrits dans les nés étaient normaux , les nombres qui
cases d' un tableau n x n. Ces nombres constituent le carré résultant ne sont en
son t disposés de telle sorte que le urs général pas tous distincts.
sommes sur chaque ligne, sur chaque
co lonne et sur chacune des deux diago- On peut également multiplier tous les
nales principales soient toutes égales. nombres d ' un carré magique par un
Un carré magique est normal s' il est même nombre, entier naturel, entier
composé des entiers positifs de J à n2 • relatif, rationnel ou réel. L 'ensemble
des carrés magiques d 'ordre n est un
sous-ensemble de l'ensemble des ma-
Le Lo Shu, 4 9 2 ➔ l5 trices carrées n x n. Si les coefficients du
carré magique carré magique sont des entiers relatifs,
3 5 7 ➔ l5
connu en Chine l'ensemble des carrés magiques d 'ordre
bien avant notre ère. n muni de l'addition case à case et de
8 1 6 ➔ 15
la multiplication par les entiers relatifs
a une structure de module sur l' anneau
des entiers relatifs.
15 15 15 15 15
Un espace de carrés
Si l'on additi onne case à case les
nombres de deux carrés mag iques du L 'ensembl e des matrices carrées
même ordre, le carré résultant est tou- mag iques n x n à coeffi cients réels,
jours magique , avec pour constante muni de l' addition case à case et de la
68
✓ tttt'\..68 est conservée par l'addition.
68 68 68 68
1. Écrivez le Lo Shu comme une corn- 2. Écrivez le carré d' Albrecht Dürer
binaison linéaire de ces trois carrés. (dont deux cases en bas indiquent sa
date de création, 1514) comme une
Pour les carrés d' ordre 4, la dimension combinaison linéaire de ces huit car-
est égale à 8. Vous en trouverez une rés.
base ci-dessous. Solutions en page 156
1 0 0 - 1 0 1 0 - 1 0 0 l - 1 0 0 0 0
Les carrés A à
0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 - 1
A B C D G permettent de
0 2 -2 0 0 1 - 1 0 0 1 - 1 0 0 2 - 1 0 construire tous les
-] -2 2 l 0 - 2 l l 0 - l 0 1 -1 - l 1 1 carrés de constante
magique nulle, le
carré H permettant
0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 l 1 1 d'ajuster la
0 1 0 - 1 0 0 1 - 1 0 0 0 0 l 1 1 1 constante magique
E F G H à une valeur
0 0 - 1 1 0 - 1 0 1 1 1 - 1 - l 1 1 1 l
donnée.
0 - 1 1 0 0 1 -1 0 - J - 1 1 1 1 1 1 1
le dessin de la
toile d'araignée
Vous êtes-vous déjà laissé aller à dessiner quelques toiles
d'araignée en marge d'un calcul infructueux? Non pas à la
façon d'un entomologiste ( car les araignées ne sont pas des
insectes), mais au gré de votre fantaisie, encadrée par quelques
règles géométriques simples ...
'
L
ave nture m at h éma ti q ue
se ni che parfo is là o ù o n
ne l' attend pa., co mm e au
détour ... d ' une to il e d ' ara ig née . Tout
commence avec un carré servant de
cadre à la toile. L ' arachnide se trouve
initialement sur le côté gauche en A0 ,
pui s va rejoind re les mili e ux des côtés
adj acents en tournant dans le sens des
aiguill es d ' une montre. D ' accord, une
vraie ara ignée ne s'y pre ndrait pas
comme ce la (vo ir Mathématiques et
Biologie, Bibliothèque Tangente 42) ,
mais ic i nous avons affa ire à un e arai-
gnée mathématique ! Cette construction
en va ut d 'a ill e urs bien une autre et sa
récurrence géo métrique simpl e permet
de se changer les idées .
E n avança nt dans le tracé, force est de
constater que l'araignée se dirige vers un
point bi en préc is sur sa toil e. En d' autres
termes, on dirait qu 'ell e converge' C'est
la po11e d' entrée d' une in vestigation qui
va nou s promener agréab lement dans le
paysage ... de l'algèbre lin éaire.
I J
. z·.
•. : 0
-: ..·
sommets du cadre de la toile 0(0), U(l ), [IU] et [OV], V étant aux trois quarts de
l(i) et J(l+i), Q s'exprime comme le la haute ur du segment [UJ] .
barycentre de (U, 4) et (I, 3), relation que Mettons tout cela en pratique. Dess inons
l'on peut encore écrire 7 Q = 4 U + 31. un nouveau cadre carré pour une nou-
Le placement de Q n'étant pas encore velle araignée, plaçons le point V et
immédiat géométriquement sans effec- traçons le point Q comme l'intersection
tuer de ca lcul, on peut rechercher la des segments [IU] et [OV]. Choisissez
position du point intermédiaire V inter- la hauteur du point AO, qui servira de
section des droites (OQ) et (UJ). Les point de départ pour la construction de
relations barycentriques 4 U + 3 I = 7 Q la toile. Vous n' aurez pas trop de mal
et I = 0 + J - U permettent d'obtenir à construire le point Z, image de AO
4U + 30 + 3J - 3U = U + 30 + 3J = 7 Q, par l'homothétie de centre Q et de rap-
puis, en séparant les points 0, Q d'une port 2/9 (divisez le segment [AO Q) en
part et U , J d ' autre part, on obtient trois, puis chaque tiers encore en trois,
U + 31 = 7 Q - 30 = 4V , avec V bary- et prenez deux divisions à partir de Q).
centre de (U , 1) et (J, 3). Il ne reste plus maintenant qu'à vous
Le point Q, centre de l' homothétie, transformer en petite araignée et finir
est donc fac il ement constructible sans le travail de tissage .. .
nécess iter le moindre calcul ! On l'ob-
tient comme l' intersection des segments G.M.
SÏP\OIIIE,
--
STOP 11..
___.-:
;-------; J
" ~ (50 -
'"""~ 20 = 5o d. B)
Uectoriels ou pas,
des espaces magiques
HS6501 - magique ce carré ! v
NiVeau de difficulté
Un carré magique est tel que la somme
sur chaque ligne, chaque colonne et sur 0 très facile
chacune des deux diagonales soit la V facile
même. Vv' pas facile
Vt/V difficile
16 N Vt/VV très difficile
Complétez ce
11 15 carré magique
et trouvez la va-
12
leur de N. Quant aux lunettes à montures translu-
cides (T) , elles ne changent pas les
couleurs.
HS6502 - les lunettes magiques v Il est possible de superposer deux
paires de lunettes. Dans ce cas, leurs
Un magicien vend des lunettes. Celles effets se « composent».
à montures dorées (D) ont la particu- Complétez la table de composition des
larité suivante : quand on les chausse, lunettes magiques.
le rouge apparaît bleu, le bleu apparaît
jaune et le jaune apparaît rouge. HS6503 - Une drôle d'opération ? (1)
À travers les lunettes à montures ar- v't/
gentées (A), le rouge semble jaune,
le jaune semble bleu et le bleu semble Soient deux nombres réels x et y. Une
rouge. loi de composition o vérifie :
(l) (x + y)(x o y) = x 2 o y2, quels que
Les matrices.
Bibliothèque
Tangente 44,
POLE, 160 pages,
2012,
19,80 euros.
HS6501 - N = 9.
La« somme magique» est égale à 16 + 11 + 12, a • 0= ~~;c~y O
x~y)
soit 39. On en déduit une à une la valeur des = x+y(x - y
x-y x - y
O o)
cases vides.
= a(l 0)
0
16 9 14 = a.
D' après l'énoncé, quels que soient les réels x
11 13 15 ety:
(x + y)(x O y)
12 17 10 = x2o y2
= (x2 _ y2) o (y2 _ y2)
= (x2- y2) o 0
HS6502- T D A = (x2- y2),
* d'où l'on tire x O
y= x - y.
T T D A
D D A T
HS6504 - Sept sommes sont réalisables : -3,
A A T D -2, -1, 0, 1, 2, 3.
On vérifie que si les sommes -3 et 3 appa-
HS6503 - On rappelle les trois règles de l 'énon- raissent sur deux lignes ou sur deux colonnes,
cé : il n'est pas possible de compléter le carré pour
(1) (x + y)(x O y) = x2 0 y2, quels que soient les avoir six sommes différentes. Il en est de même
réels x ety; si les sommes -3 et 2 apparaissent sur deux
(2) (x O y) = (x + z) 0 (y + z), quels que soient lignes ou sur deux colonnes.
les réels x, y et z ; Par ailleurs, si la somme -3 apparaît sur une
(3) 1 ° 0 = l. ligne et que les sommes 2 et 3 n'apparaissent
Montrons que pour tout réel a, on a déjà pas sur une autre ligne, elles ne peuvent
a O O = a. apparaître en colonne et il ne reste que quatre
Tout nombre réel a peut s'écrire sous la forme valeurs possibles : -2, -1 , 0 et 1 pour cinq ran-
(a+l)+(a - 1) . gées (deux lignes et trois colonnes).
(a+ 1 )-(a_ 1), s01t, en posant x =a+ 1 et
La somme - 3 ne peut donc être utilisée, et il
y=a-1: en est de même pour la somme 3. Il reste cinq
sommes possibles : - 2, - 1, 0, 1 et 2 pour six
x +y (x + y)(x - y)
a= x- Y = (x - y )2 rangées, d'où une impossibilité.
x2- y2 x2
- (x - y )2 - (x - y )2 (x- y)2•
HS6505 - Considérons les éléments a 1, a 2 • • • a11 •
On peut alors écrire : Posons ai * b = ai+I pour tout b (on suppose que
a 11 + 1 = aJ Alors la propriété de simplification
à droite est vérifiée ; en effet, si a; * c =ai* c,
a • O= ((x :_2y)2 (x ~2y y ) • o
alors ai+i = ai+I' d'où i =j.
x2 y2 L'anti-associativité est également vérifiée, car
= (x - y)2 • (x-y)2
ai * (b * c) = ai+I' mais (ai * b) * c = ai+i * c
soit encore = a . + 2.
1
z
7
T
3
13-Y-T
4
8-Z
7
8-Z 13-Y-T T z
---
9 y 3-Y 8
= (0 o (0 o a)) o (b oc) 9 6 8
= (a o (0 o 0)) o (b o c)
= (a o (- 0)) o (b o c) Nous avons obligatoirement X = 9 et nous
= (a o 0) o (b oc) sommes dans le troisième cas pour le cin-
= c o (b o (a o 0)) quième nombre : 4 - Y= Y, d'où Y= 2. Le
= c o (0 o (a o b)) cinquième nombre est donc 9218. Si nous
= (a o b) o (0 oc) étions dans le troisième cas pour le quatrième
= (a o b) o (- c). nombre, alors Z = 4, qui entraînerait T = 11.
Une telle opération existe, par exemple celle Nous sommes donc dans le premier cas et
pour laquelle a o b = a - b (voir le problème Z = 1. Le quatrième nombre est 1 837 et le
HS6503). troisième nombre 968 (troisième cas).
W = 8. Si nous sommes dans le premier cas
HS6508 - Trois cas sont possibles. pour le deuxième nombre, alors V = 1 et le
1. Lorsque la somme des deux derniers chiffres premier nombre est 89. Si nous sommes dans
est (10 + N) avec O :;; N :;; 8, l' opération le troisième cas, alors V = 4 et le premier
donne 10 .. 0, 11..1, etc., 18 .. 8 ou, si une rete- nombre est 143.
nue intervient sur le rang le plus à gauche,
11..0, 12 .. 1, etc., 19 ..8.
2. Lorsque cette somme est 9, l'opération HS6509-
donne 9 ..9 ou 10 .. 9. on vérifie que 6 est l' élément neutre de l'opé-
3. Lorsqu'elle est N avec 2 :;; N:;; 8 (pas de 0 ration * dans E, que chaque élément possède
aux extrémités), l'opération donne 2 .. 2 , 3 .. 3, un symétrique pour cette opération (6- 1 = 6,
etc., 8 ..8 ou 3 .. 2, 4 ..3, etc., 9 ..8. 3- 1 = 2, 4- 1 = 4, 2- 1 = 8). Enfin, l'associativité
Le sixième nombre étant 17 347, nous sommes de la loi * découle direc-
dans le premier cas, représenté par le tableau tement de celle de la
suivant. multiplication dans l'en-
semble des entiers natu- 4 2 6
rels. Le groupe (E, *) est
2 6 8
isomorphe au groupe
cyclique d'ordre 4. 6 8 4
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Commi ss ion paritaire : 1021 T 8088 3
Dépôt légal ÎI parution
Directeur de la publication
Gilles COHEn
Directrice de la rédaction
martine BRILLEHUD
Coordination du numéro
Bertrand HHUCHECORUE
Secrétaire de rédaction
Édouard rnomns
maquette
natacha LflUGIER, noémie SOUILLHRD
ftbonnements
abo@poleditions.com
0232221393-Fax:0232221397
Prix: 22 €
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