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Chapitre I7 : INTEGRALES IMPROPRES (OU GENERALISEES)

NDONG NGUEMA E.-P.


Laboratoire de Mathématiques et Analyse des Systèmes
Ecole Polytechnique, B.P. 8390 Yaoundé (CAMEROUN)
12 octobre 2022

- 1 -
Chap. I7 : INTEGRALES IMPROPRES (OU GENERALISEES) (ND/NG, 12 octobre 2022) - B.1 -

Partie B : Propriétés des intégrales impropres

B·I – Propriétés des intégrales impropres convergentes.


Sur un plan pratique, l’objectif de base de la Théorie des intégrales impropres est d’identifier les intégrales
impropres convergentes et d’en étudier les propriétés, dans l’espoir que celles ci soient, pour l’essentiel, les
mêmes que celles nous connaissons pour les intégrales définies. De fait, c’est à peu près le cas. Cependant, il
faut faire attention : il y a, quand même, quelques spécificités propres aux intégrales impropres convergentes
qu’on ne retrouve pas pour les intégrales définies (et vice versa).
1◦ ) Intégrales impropres convergentes et propriétés classiques de l’intégrale.
Comme annoncé, les intégrales impropres convergentes conservent, à deux ou trois exceptions près, les
propriétés classiques de l’intégrale telles qu’énoncées en classe de Terminale. Les exceptions seront marquées
par 3 points d’exclamation entre parenthèses (!!! ), en guise d’avertissement à faire attention à ces situations.
a) Intégrales impropres convergentes et opérations algébriques.
 ∫ b ∫ b
 • Si f (x) dx et g(x) dx sont convergentes, alors :
 a a
  ∫ b
  [ ]
(P.1)   (i)

  f (x) + g(x) dx converge ;
 a
 ∫ b ∫ b ∫
 
 [ ] b

 (ii) valeur numérique : f (x) + g(x) dx = f (x) dx + g(x) dx.
a a a
 ∫ b
 • Si f (x) dx est convergente, alors, ∀ λ ∈ C, on a :
 a  ∫ b
 
 

(P.2)   (i) λ f (x) dx converge ;
 a
 ∫ b ∫
 
 b

 (ii) valeur numérique : λ f (x) dx = λ f (x) dx.
a a
 ∫ b ∫ b
 • Si f (x) dx et g(x) dx sont convergentes, alors, ∀ α, β ∈ C, on a :
 a a
  ∫
  b[ ]
(P.3)  

  (i) αf (x) + βg(x) dx converge ;
 a
 ∫ ∫ ∫
 
 b[ ] b b

 (ii) valeur numérique : αf (x) + βg(x) dx = α f (x) dx + β g(x) dx.
a a a
∫ b ∫ b ∫ b
• • On sait que si f (x) dx et g(x) dx sont 2 intégrales définies, alors f (x) g(x) dx est aussi une
a a a
intégrale définie. Par contre, pour les intégrales impropres, bien noter que :
[ ∫ b ∫ b ∫ b
(!!! ) • On peut avoir f (x) dx et g(x) dx convergentes, mais f (x) g(x) dx divergente.
a a a
∫ 1 ∫ 1 ∫ 1
dx dx dx
∗∗∗ Exemple 1 : Soient I1 = √ , I2 = et I3 = √ ,
0 x 0 x
3/4
0 x · x3/4
1 1 1 1
i.e. a = 0, b = 1, f (x) = √ , g(x) = 3/4 et donc f (x) g(x) = √ = 5/4 .
x x x·x 3/4 x
Alors I1 et I2 convergent, tandis que I3 diverge ( N.B. Le vérifier !!! ).

b) Intégrales impropres convergentes et domaine d’intégration.


Donnons d’abord la définition suivante 1 :
1. N.B. La notion de ≪ sous-intégrale ≫ est une terminologie personnelle (mais utile) de l’auteur.
- B.2 - B·I - Propriétés des intégrales impropres convergentes

Définition-Propriété I7 ::B·I -d1 (Sous-intégrale d’une intégrale)


∫ b ∫ d
Une sous-intégrale de I = f (x) dx est une intégrale J = f (x) dx telle que c, d ∈ [ a, b ].
a c
• On peut dire que J représente la contribution du sous-intervalle [ c, d ] de [ a, b ] à l’intégrale I.

Avec cette définition, les intégrales impropres convergentes récupèrent alors les 2 propriétés suivantes
(bien connues au niveau des intégrales définies) :

• Propriété de la sous-intégrale. ∀ a, b ∈ IR/ a 6 b, on a :
 ∫ b ∫ d
 Si f (x) dx est convergente, alors, ∀ c, d ∈ [ a, b ], l’intégrale f (x) dx est convergente.
(P.4) 

a ∫ d
c

N.B. Eventuellement, f (x) dx peut être, en fait, une intégrale définie.


c

• Propriété de Chasles. ∀ a, b, c ∈ IR (dans un ordre quelconque), on a :
 ∫ b ∫ c
 Si
 f (x) dx et f (x) dx sont convergentes, alors :

  a
∫ c
b
(P.5) 
 
   (i) f (x) dx converge ;
 a
 ∫ c ∫ b ∫ c
  
 (ii) valeur numérique : f (x) dx = f (x) dx + f (x) dx (Relation de Chasles).
a a b
c) Intégrales impropres convergentes, relations d’ordre 6 et > dans IR.
[ ∫ b ∫ b
(P.6) • Soit f (x) dx, convergente. Si a 6 b et ∀ x ∈ ] a, b [ , f (x) > 0, alors f (x) dx > 0.
[ a
∫ b
a
∫ b
(P.6’) • Soit f (x) dx, convergente. Si a 6 b et ∀ x ∈ ] a, b [ , f (x) 6 0, alors f (x) dx 6 0.
a a
 ∫ b ∫ b
 • Soient f (x) dx et g(x) dx , 2 intégrales convergentes.

(P.7)  a a ∫ b ∫ b
Si a 6 b et ∀ x ∈ ] a, b [ , f (x) 6 g(x), alors f (x) dx 6 g(x) dx.
a a

• • • Remarque B·I-1 ( a 6 b et f, g : ] a, b [ −→ IR dans (P.6), (P.6’), (P.7))


Dans les propriétés (P.6), (P.6’) et (P.7) des intégrales impropres convergentes, bien noter que :
1. l’hypothèse a 6 b est indispensable, car sinon l’inégalité sur l’intégrale est dans l’autre sens ;
2. et f , g doivent être 2 fonctions de ] a, b [ −→ IR, i.e. à valeurs réelles sur ]√
a, b [ , et non des
fonctions prenant des valeurs complexes arbitraires (du genre −2i, − 3 + 5i, etc).
En effet, pour ce dernier point, si f et g prennent des valeurs quelconques dans C, alors les inégalités
f (x) > 0, f (x) 6 0, f (x) 6 g(x) n’ont aucun sens.

• • • Remarque B·I-2 (Extension des propriétés (P.6), (P.6’), (P.7))


Les propriétés (P.6), (P.6’) et (P.7) restent vraies si on y remplace la partie ≪ ∀ x ∈ ] a, b [ ≫ par :
∀ x ∈ ] a, b [ \ {c1 , · · · , cq }, (1.1)
où c1 , · · · , cq sont un certain nombre fini de réels appartenant à ] a, b [ . Ces derniers peuvent
∫ b
être dans (P.6) et (P.6’), par exemple, les singularités internes de l’intégrale f (x) dx, si cette
∫ b a ∫ b
dernière en a, ou alors, dans (P.7), la réunion des singularités internes de f (x) dx et g(x) dx.
a a

∗∗∗ Origine de la Remarque B·I-2 .


Cette Remarque provient d’une propriété fondamentale de la notion d’intégrale, quelque soit la théorie
dont elle est issue (intégrales définies ou intégrales impropres) : dans une intégrale, tout point du
Chap. I7 : INTEGRALES IMPROPRES (OU GENERALISEES) (ND/NG, 12 octobre 2022) - B.3 -

domaine d’intégration a un poids nul . Ceci signifie que pour toute intégrale (définie ou impropre)
∫ b
I= f (x) dx, si on change (ou même supprime) la valeur de la fonction f en un réel x0 ∈ [ a, b ],
a
1. cela ne va pas affecter le fait que l’intégrale I converge ou pas (i.e. sa nature), ni le fait que I soit une
intégrale définie ou pas ;
2. cela ne va pas, non plus, changer la valeur numérique de I, si cette intégrale en a une.
En raisonnant par récurrence, on voit alors que ces 2 dernières assertions restent vraies si on change (ou
supprime) la valeur de la fonction f en un certain nombre fini de réels c1 , · · · , cq appartenant à [ a, b ].
Une autre manière de justifier ce qui précède est de dire que la contribution d’un réel x0 ∈ [ a, b ] à
∫ b ∫ x0
l’intégrale I = f (x) dx est sa sous-intégrale Ix0 = f (x) dx = 0, tandis que la contribution totale de
a x0
∑q ∑q ∫ ck ∑q
q réels c1 , · · · , cq est la somme des sous-intégrales Ick = f (x) dx = 0 = 0.
c
∫ 1 k=1 k=1 k k=1

∗∗∗ Exemple 2 : Soit I = cos x dx .


0
Comme la fonction cos est continue sur [ 0, 1 ], alors I est une intégrale définie (au sens de Riemann).
 { 1 1 }

 ∀ x ∈ [ 0, 1 ] \ , , 1 , g(x) = cos x ;
Considérons la fonction g : [ 0, 1 ] −→ IR, définie par : 5 2
 ( 1 ) ( 1 )
g = −248, g = 106 , g(1) = −109 .
5 2
{ 1 1 } ∫ 1
Comme g = cos sur [ 0, 1 ], sauf aux 3 réels x ∈ , , 1 , alors J = g(x) dx est aussi une
5 2 0
intégrale définie au sens de Riemann ; et, de plus, on a : I = J.

◃ Exercice I7 ::B·I -1 En passant par l’interprétation géométrique habituelle de la notion d’intégrale, et


en l’illustrant par un graphique approprié, donner une interprétation géométrique du fait qu’un point de
l’intervalle d’intégration a une contribution nulle dans une intégrale.
2◦ ) Intégrales impropres convergentes et la valeur absolue (ou le module).
a) Rappel : intégrales définies et la valeur absolue (ou le module).
∫ b
On rappelle que pour toute f (x) dx, intégrale définie (au sens de Riemann), on a 2 :
 ∫ b a



 (i) | f (x) | dx est aussi une intégrale définie (au sens de Riemann) ;
a
 ∫ b ∫ b


 (ii) de plus, si a 6 b, alors f (x) dx 6 | f (x) | dx.
a a
Noter que (ii) est l’analogue, pour les intégrales, de l’inégalité triangulaire connue pour les sommes. Par
ailleurs, insistons que la contrainte a 6 b est, effectivement, indispensable dans (ii) pour que l’inégalité
énoncée entre les 2 intégrales soit valable.
La question est alors ici : (i) et (ii) admettent-elles des versions analogues pour les intégrales impropres
convergentes ? Malheureusement, la réponse est ≪ Non ≫ en général. En effet :
[ ∫ b ∫ b
(!!! ) • Il existe des I.I. f (x) dx qui sont convergentes tandis que | f (x) | dx diverge.
a a
Cependant, remarquablement, on peut montrer que l’implication suivante est toujours vraie :
∫ b ∫ b
| f (x) | dx converge =⇒ f (x) dx converge. (1.2)
a a

C’est cette implication qui amène à introduire la notion fondamentale de ≪ convergence absolue ≫ d’une
intégrale impropre que nous présentons ci-après. De fait, quand il a lieu, il s’avère que c’est le cas de figure le
plus sympathique pour démontrer la convergence d’une intégrale impropre, ceci grâce à l’implication (1.2).
2. Noter que le résultat énoncé est vrai pour f : [ a, b ] −→ IR (dans ce cas, | · | = valeur absolue) et aussi pour f : [ a, b ] −→ C
(auquel cas, | · | = module).
- B.4 - B·I - Propriétés des intégrales impropres convergentes

b) Notion de convergence absolue d’une intégrale impropre.


D’abord une remarque préliminaire importante ici :

• • • Remarque B·I-3
∫ b ∫ b
Par la définition, on voit facilement que f (x) dx est une I.I. si, et seulement si, | f (x) | dx
a a
en est aussi une, et ces deux intégrales ont toujours exactement les mêmes singularités.

On peut alors définir :

Définition I7 ::B·I -d2 (Intégrale impropre absolument convergente)


∫ b
On dit qu’une I.I. f (x) dx converge absolument (ou est absolument convergente) lorsque
∫ b a

l’I.I. | f (x) | dx est convergente.


a

• • • Remarque B·I-4 (Comment étudier la convergence absolue d’une I.I. ? )


∫ b ∫ b
Pour étudier la convergence absolue de I = f (x) dx, on va étudier la nature de J = | f (x) | dx.
a a
• Ainsi :

1 si on montre que J converge, alors on peut conclure que I converge absolument ;

2 si on montre que J diverge, alors on peut conclure que I ne converge pas absolument. a
a. Bien noter qu’on ne dit pas ≪ diverge absolument ≫, mais plutôt ≪ ne converge pas absolument ≫.

c) Critère de convergence absolue d’une intégrale impropre.


La raison principale qui a motivé l’introduction de la notion de convergence absolue d’une intégrale
impropre est le résultat fondamental suivant (qui reformule, en fait, (1.2), et que nous admettons) :

Théorème I7 ::B·I .2-1 (Critère de convergence absolue d’une intégrale impropre)


∫ b
Si une I.I. f (x) dx est absolument convergente, alors elle est convergente.
a ∫ b ∫ b
• De plus alors, si a 6 b, on a : f (x) dx 6 | f (x) | dx.
a a

• • • Remarque B·I-5 (Intérêt de la convergence absolue d’une intégrale impropre)


L’intérêt du résultat énoncé par le Théorème précédent est que pour beaucoup d’I.I. rencontrées dans
∫ b ∫ b
les applications, la nature de J = | f (x) | dx est plus facile à étudier que celle de I = f (x) dx
a a
elle même. Cela provient du fait que : ∀ x ∈ ] a, b [ , | f (x) | > 0. Ainsi, J est une intégrale impropre de
fonction > 0. Or, c’est pour ce type d’intégrales qu’on a le plus grand arsenal de critères de convergence
permettant de trouver leur nature. Et si on arrive, de la sorte, à démontrer que J converge, il viendra
que I converge absolument, et le Théorème nous dit donc qu’on peut en déduire que I converge.
Raison pour laquelle il est toujours recommandé d’examiner préalablement (au brouillon) si l’I.I.
(dont on cherche la nature) aurait de bonnes chances de converger absolument. Et si c’est le cas, essayer
de le confirmer rigoureusement par un raisonnement approprié.

d) Intégrales impropres semi-convergentes.


Il existe des I.I. qui convergent, mais sans être absolument convergentes. Elles sont dites semi-convergentes.
Chap. I7 : INTEGRALES IMPROPRES (OU GENERALISEES) (ND/NG, 12 octobre 2022) - B.5 -

B·II – Autres propriétés de base des intégrales impropres.


Certes, comme il a été dit, l’objectif de la Théorie des intégrales impropres est d’identifier les intégrales
impropres convergentes. Cependant, face à une I.I. donnée, le premier problème qui se pose est d’avoir sa
nature. Or, cette dernière n’est pas connue d’avance. Il faut donc la déterminer. Pour cela, être uniquement
au courant des propriétés des intégrales impropres convergentes (telles que listées au B·I ) ne suffit pas. On
a aussi besoin de connaı̂tre les propriétés des I.I., quelque soit leur nature. Ce B·II complète donc le B·I
en présentant d’autres propriétés de base des I.I., qu’elles soient convergentes ou divergentes.
1◦ ) Nature des intégrales impropres et opérations algébriques : Compléments.
[ ∫ b ∫ b
(P.8) • ∀ λ ∈ IR∗ (ou C∗ ), on a : λ f (x) dx est de même nature que f (x) dx.
a a
∫ ∫
+∞
−2 cos x +∞
cos x
∗∗∗ Exemple 3 : I = dx est de même nature que J = dx .
0 1 + x2 0 1 + x2
En appliquant (P.8) avec λ = −1, on déduit que :
[ ∫ b ∫ b
(P.8’) • [ − f (x) ] dx est toujours de même nature que f (x) dx.
a a

• • • Remarque B·II-1 (Propriété (P.8’) et I.I. de fonction 6 0)


Nous avons déjà signalé que les intégrales impropres de fonctions > 0 sont celles pour lesquelles on
dispose du plus grand nombre de critères de convergence permettant de trouver leur nature. L’intérêt
∫ b
de la propriété (P.8’) est qu’elle permet de ramener l’étude de la nature d’une I.I. I = f (x) dx où
∫ b a

f (x) 6 0 sur ] a, b [ à celle de l’ I.I. J = g(x) dx, avec g(x) = −f (x) > 0 sur ] a, b [ .
a

[ ∫ ∫ ∫ b[
b b ]
(P.9) • Si f (x) dx converge et g(x) dx diverge, alors f (x) + g(x) dx diverge.
a a a
∫ b ∫ b ∫ b
Preuve Posons I = f (x) dx, J = g(x) dx et K = h(x) dx, où h(x) = f (x) + g(x).
a a a
Supposons que I converge et J diverge. Montrons qu’alors K diverge.
Raisonnons par l’absurde. Supposons donc que K converge.
Observons que : ∀ x ∈ ] a, b [ , g(x) = h(x) − f (x) = αh(x) + βf (x), avec α = 1 et β = −1.
∫ b ∫ b
[ ]
Or, par (P.3), (I et K convergent) =⇒ J = g(x) dx = αh(x) + βf (x) dx converge, ce qui
a a
contredit l’une des hypothèses, d’où l’absurdité. Par conséquent, K diverge. Cqfd

Par contre, bien noter le cas de figure (négatif) suivant :


 ∫ b ∫ b ∫ b
[ ]
 • Soient I = f (x) dx, J = g(x) dx et K = f (x) + f (x) dx.
 a a a
 Lorsque les intégrales I et J divergent toutes les 2, on ne peut rien en déduire, en général,

 sur la nature de l’intégrale K. En effet, selon les cas, K peut converger ou diverger a .
(!!! ) 
 =⇒ Nécessité d’une étude spécifique dans chaque cas particulier.


 a. Comme on le verra dans la Partie C, il y a néanmoins un cas de figure où on peut conclure : c’est lorsque

I et J sont 2 intégrales impropres de fonctions > 0. En effet, comme conséquence du Critère de comparaison des
intégrales impropres de fonctions > 0, alors K diverge aussi.

∗∗∗ Exemple 4 : N.B. Vérifier les assertions énoncées ci-après.


∫ 1( ∫ 1
1 1 ) 1

1 Soient I1 = √ + 2 dx et I2 = − 2 dx,
0 x x 0 x
1 1 1 1
i.e. a = 0, b = 1, f (x) = √ + 2 , g(x) = − 2 ; et donc f (x) + g(x) = √ .
x x x x
- B.6 - B·II - Autres propriétés de base des intégrales impropres
∫ 1 ∫
1
dx
On a : I1 et I2 divergent, alors que I3 = [f (x) + g(x)] dx = √ converge.
0 0 x
∫ 1( ) ∫ 1
1 1 1

2 Soient I1 = √ + 2 dx et I2 = 2
dx,
0 x x 0 x
1 1 1 1 2
i.e. a = 0, b = 1, f (x) = √ + 2 , g(x) = 2 ; et donc f (x) + g(x) = √ + 2 .
x x x x x
∫ 1 ∫ 1( )
1 2
On a : I1 , I2 divergent, et I3 = [f (x) + g(x)] dx = √ + 2 dx diverge aussi.
0 0 x x
2◦ ) Intégrales impropres et domaine d’intégration.
a) Intégrales impropres : Propriété complémentaire de la sous-intégrale.
On déduit directement, de la propriété de la sous-intégrale (P.4), la propriété complémentaire suivante :

• Propriété complémentaire de la sous-intégrale. ∀ a, b ∈ IR/ a 6 b, on a :
∫ d ∫ b
(P.10) 
S’il existe c, d ∈ [ a, b ]/ l’intégrale f (x) dx diverge, alors f (x) dx est divergente.
c a
Autrement dit : si une sous-intégrale d’une intégrale diverge, alors l’intégrale elle même diverge.
b) Nature des intégrales impropres et décomposition du domaine d’intégration.
La propriété suivante complète celle de Chasles (P.5) énoncée pour les intégrales impropres convergentes
et y apporte une précision importante :
 ∫ b ∫ c ∫ c
 • Soient I = f (x) dx, J = f (x) dx, K = f (x) dx, où a, b, c ∈ IR. Si a < b < c, alors
(P.11)  a
 on a l’équivalence :
b a

(K converge) ⇐⇒ (I et J convergent). (2.3)

Preuve Supposons que a < b < c. Pour démontrer (2.3), procédons par double implication.
• ⇐= : Supposons que I et J convergent.
Alors K converge, grâce à la propriété de Chasles (P.5).
• =⇒ : Supposons que K converge.
Du fait que a, b, c ∈ IR avec a < b < c, il s’ensuit que a, b ∈ [ a, c ], et donc I est une sous-intégrale
de K. Par conséquent, par la propriété (P.4), comme K converge, alors I converge.
Raisonnement analogue pour montrer que J converge (en remplaçant ci-dessus a, b par b, c).
Ainsi, l’équivalence (2.3) est vraie. Cqfd

• • • Remarque B·II-2 (Hypothèse a < b < c dans la propriété (P.11))


Pour la validité de la propriété (P.11), l’hypothèse a < b < c est absolument indispensable.
C’est d’ailleurs cette hypothèse qui fait la différence principale entre la propriété (P.11) et celle de
Chasles (P.5) des intégrales impropres convergentes. En effet, cette dernière n’a pas besoin de cette
hypothèse (raison pour laquelle elle n’y a pas été imposée).

• • • Remarque B·II-3 (Conséquence de l’équivalence (2.3))


Sous les hypothèses de la propriété (P.11), l’équivalence (2.3) entraı̂ne qu’on a aussi l’équivalence :
(K diverge) ⇐⇒ (au moins une des 2 intégrales I ou J diverge). (2.4)
Conséquemment, pour démontrer que l’intégrale K diverge, il suffit soit de démontrer que I diverge,
soit de démontrer que J diverge.

En raisonnant par récurrence, on déduit aisément la généralisation suivante de la propriété (P.11) :


(P.11’) • Si a, a0 , · · · , an , b ∈ IR/ a = a0 < a1 < · · · < an = b, alors :
∫ b ∫ ak+1
(I = f (x) dx converge) ⇐⇒ (∀ k = 0 (1) n − 1, Jk = f (x) dx converge). (2.5)
a ak
Chap. I7 : INTEGRALES IMPROPRES (OU GENERALISEES) (ND/NG, 12 octobre 2022) - B.7 -

• • • Remarque B·II-4 (Conséquence de l’équivalence (2.5))


Sous les hypothèses de la propriété (P.11’), l’équivalence (2.5) entraı̂ne qu’on a aussi l’équivalence :
(I diverge) ⇐⇒ (au moins une des n intégrales J0 , · · · , Jn−1 diverge). (2.6)
Ainsi, si on exhibe un intégrale Jk (k ∈ [ 0 (1) n − 1 ]) qui diverge, alors on peut conclure que I diverge.

c) Un abus pratique : Décomposition de Chasles a priori d’une intégrale impropre.


En réalité, la propriété (P.11) s’utilise souvent, en pratique, de la manière suivante :
∫ c
Lorsqu’on veut étudier la nature d’une I.I. donnée K = f (x) dx,
a
1. on écrit d’entrée que :
∫ c ∫ b ∫ c
f (x) dx = f (x) dx + f (x) dx, (2.7)
a a b
où b est un réel choisi (par nous, selon nos besoins) tel que a < b < c ;
2. après, on écrit qu’on a : (K converge) ⇐⇒ (I et J convergent),
où I et J sont les 2 intégrales apparaissant au 2nd membre de (2.7) ;
cette équivalence justifie l’écriture de (2.7) et motive ce qui sera fait, ci-après, avec I et J ;
3. ensuite, on part étudier la nature de I et/ou J ;
4. à base du (ou des) résultat(s) de cette étude, on conclura sur la nature de K.

• Signalons qu’il y a un certain manque de rigueur dans cette démarche, car, rigoureusement parlant, l’addi-
tion écrite au 2nd membre de (2.7) n’est valable que si, et seulement si, les intégrales I et J convergent,
et donc ont des valeurs numériques qu’on peut alors sommer. Or, on n’a aucune idée de leurs natures
respectives au moment où on écrit (2.7), puisque l’objectif est de trouver la nature de K et c’est pour
cela qu’on introduit I et J, précisément pour aller étudier leurs 2 natures afin de déduire celle de K.
• Mais, la démarche encadrée ci-dessus étant commode, elle est assez routinièrement suivie dans la manière
d’utiliser (P.11) en pratique. C’est ce que nous ferons nous même, et dès la sous-section qui suivra.
• Dans cette démarche, en écrivant (2.7) pour étudier la nature de K, on dira qu’on a effectué une décomposition
du domaine d’intégration ou une décomposition de Chasles (a priori) de cette intégrale.
Il faut noter que tout ce qui vient d’être dit s’adapte évidemment aussi dans la manière d’utiliser la
propriété (P.11’) en pratique.
d) Conséquence : Règle du changement de cran dans une I.I.S.
Considérons l’exemple ci-après.
∫ 1
dx
∗∗∗ Exemple 5 : Soit I = √ , une I.I.S. en 0+ .
0 x
∫ 1 ∫ 2/3 ∫ 1
dx dx dx
On a, par décomposition de Chasles : √ = √ + √ .
x x x
0
| 0 {z } | 2/3{z }
I1 I2
Observons que I1 est aussi une I.I.S. en 0 . +

Par contre, I2 est une intégrale définie au sens de Riemann, donc assimilée à une I.I. comvergente. De
ce fait, d’après la propriété (P.11), puisque 0 < 2/3 < 1, on a 2 cas de figure pour la nature de I :
1. si I1 converge, alors les 2 intégrales I1 et I2 convergent, et donc I converge aussi ;
2. si I1 diverge, alors au moins une des 2 intégrales I1 ou I2 diverge, et donc I diverge aussi.
=⇒ dans tous les cas, les intégrales I1 et I sont de même nature ;
=⇒ I1 est une I.I.S. en 0+ (comme I) et de même nature que I.
Il faut remarquer que le point intermédiaire particulier 2/3 considéré dans l’Exemple ci-dessus n’est pas
important en lui même. Le raisonnement effectué resterait valable en prenant n’importe quel réel x0 ∈ ] 0, 1 [ .
En généralisant, on obtient :
- B.8 - B·II - Autres propriétés de base des intégrales impropres

Proposition I7 ::B·II .2-1 (Règle du changement de cran dans une I.I.S. en a+ )


∫ b ∫ x0
Soient I = +
f (x) dx, une I.I.S. en a , et J = f (x) dx, avec x0 ∈ ] a, b [ , arbitraire.
a a
• Alors J est aussi une I.I.S. en a+ , et elle est de même nature que I.

◃ Exercice I7 ::B·II -1 : Démontrer cette Proposition.


Evidemment, on a l’énoncé symétrique :

Proposition I7 ::B·II .2-2 (Règle du changement de cran dans une I.I.S. en b− )


∫ b ∫ b
Soient I = −
f (x) dx, une I.I.S. en b , et J = f (x) dx, avec x0 ∈ ] a, b [ , arbitraire.
a x0
• Alors J est aussi une I.I.S. en b− , et elle est de même nature que I.

◃ Exercice I7 ::B·II -2 : Démontrer cette Proposition.

• • • Remarque B·II-5 (Règle du changement de cran dans une I.I.S. : Interprétation)


La règle du changement de cran dans une I.I.S. signifie que :
1. pour une I.I.S. en a+ : si on descend sa borne supérieure, du moment que la nouvelle borne
supérieure reste au-dessus de la borne inférieure a, on aura toujours une I.I.S. en a+ , et de même
nature que celle de départ ;
2. pour une I.I.S. en b− : si on monte sa borne inférieure, du moment que la nouvelle borne
inférieure reste en dessous de la borne supérieure b, on aura toujours une I.I.S. en b− , et de
même nature que celle de départ.

• • • Remarque B·II-6 (Règle du changement de cran dans une I.I.S. : Utilité)


∫ b
L’utilité de la règle du changement de cran dans une I.I.S. I = f (x) dx est que :
a
1. pour une I.I.S. en a+ : on peut descendre sa borne supérieure jusqu’à un point x0 ∈ ] a, b [
choisi tel que dans l’intervalle ] a, x0 [ , la fonction f a une propriété d’intérêt (notamment pour
pouvoir appliquer un critère de convergence particulier) qu’elle ne vérifie pas sur tout ] a, b [ , par
exemple f > 0 ;
2. pour une I.I.S. en b− : on peut monter sa borne inférieure jusqu’à un point x0 ∈ ] a, b [ choisi
tel que dans l’intervalle ] x0 , b [ , la fonction f a une propriété d’intérêt (notamment pour pouvoir
appliquer un critère de convergence particulier) qu’elle ne vérifie pas sur tout ] a, b [ .

e) Règle du changement de cran dans une I.I.S. : Conséquence sur la nature des I.I.
∫ b
Soit I = f (x) dx, une intégrale impropre. De la Remarque B·II-5 , on déduit que :
a
1. si I est une I.I.S. en a+ , alors en descendant sa borne supérieure b aussi près qu’on le voudrait de
sa borne inférieure a, du moment que b reste au-dessus de a, on aura toujours une I.I.S. en a+ , et
de même nature que l’intégrale I de départ ;
2. si I est une I.I.S. en b− , alors en montant sa borne inférieure a aussi près qu’on le voudrait de sa
borne supérieure b, du moment que a reste en dessous de b, on aura toujours une I.I.S. en b− , et de
même nature que l’intégrale I de départ.
Il s’ensuit que :
1. si I est une I.I.S., alors sa nature dépend essentiellement du comportement de la fonction f au
voisinage de la singularité de I ;
2. si I est une I.I.C., alors sa nature dépend essentiellement du comportement de la fonction f au
voisinage des singularités de I.
Chap. I7 : INTEGRALES IMPROPRES (OU GENERALISEES) (ND/NG, 12 octobre 2022) - B.9 -

B·III – Autres propriétés générales des intégrales impropres.


Le changement de variable et l’intégration par parties sont 2 des manœuvres les plus utiles dans
le calcul des intégrales définies. Question : que deviennent-elles dans le cas des intégrales impropres ? C’est
ce que nous examinons ci-après. En plus, nous étudierons s’il existe une relation entre la nature d’une I.I.S.
et la limite (s’il y en a une) de la fonction en la borne qui est la singularité de cette intégrale.

1◦ ) Préliminaire : la manœuvre du changement de variable dans une intégrale.


∫ b
Etant donnée une intégrale I = f (x) dx, effectuer un changement de variable dans I consiste à :
a

∗∗∗ Manœuvre du changement de variable (C.V.) dans une intégrale.


1. Introduire φ, une fonction choisie de IR −→ IR, de classe C 1 sur un intervalle approprié H de IR ;
2. Poser x = φ(t) dans I. Ceci revient à remplacer x par φ(t) partout où x apparaı̂t dans cette intégrale :
2.1. que ce soit explicitement, i.e. dans l’expression de f (x) et dans l’élement différentiel dx ;
2.2. ou implicitement, comme au niveau des bornes a et b, car elles signifient, en fait, x = a et x = b.
3. Ainsi, opérationnellement, on fait :
3.1. f (x) = f [ φ(t) ] ;
3.2. dx = d[ φ(t) ] = φ ′ (t) dt ;
3.3. transformer les 2 bornes a et b de l’intégrale I à travers :
x = a =⇒ t = c, avec c ∈ H/ φ(c) = a,
x = b =⇒ t = d, avec d ∈ H/ φ(d) = b.
∫ b ∫ d
4. Ainsi, on aura transformé l’intégrale I = f (x) dx en l’intégrale J = f [ φ(t) ]φ ′ (t) dt.
a c
5. De la sorte, on dit qu’on a effectué le C.V. x = φ(t) dans l’intégrale I.
6. Dans cette manœuvre, φ est appelée ≪ fonction de changement de variable ≫.
La démarche décrite ci-dessus est purement opérationnelle : on peut l’appliquer mécaniquement à
n’importe quelle intégrale, quelque soit son type ou sa nature. La grande question est simplement alors :
Après avoir effectué le C.V., quelle relation y a-t-il entre l’intégrale initiale I et la nouvelle intégrale J ?
Dans le cas des intégrales définies, la réponse à cette question est routinièrement connue. On a : I = J.
Cependant, il faut rappeler que cette égalité n’a lieu que sous certaines hypothèses. En effet, l’énoncé précis
est : si I est une intégrale définie, la fonction φ est de de classe C 1 sur [ c, d ] et la fonction f est continue
sur l’intervalle image φ([ c, d ]), alors J aussi est une intégrale définie et de même valeur que I, i.e. I = J.
Qu’en est-il alors pour les intégrales impropres ? C’est ce sur quoi nous allons nous étendre dans les
2 prochaines sections, car il s’avère qu’il faut distinguer 2 cas : celui où la fonction de changement de variable
φ est une fonction affine et celui où cette fonction peut être quelconque 3 . Toutefois, avant d’y aller, signalons
une particularité de la manœuvre du changement de variable dans le cas d’une intégrale impropre au niveau
de la gestion des bornes. En effet :
1. Si sa borne inférieure c est une singularité dans l’intégrale J, la fonction φ ne sera pas définie en c.
Il faut alors remplacer l’égalité φ(c) = a par l’égalité lim φ(t) = a ;
t −→ c
>
2. Si sa borne supérieure d est une singularité dans l’intégrale J, la fonction φ ne sera pas définie en d.
Il faut alors remplacer l’égalité φ(d) = b par l’égalité lim φ(t) = b.
t −→ d
<

2◦ ) Changement de variable affine dans une intégrale impropre - Conséquences.


a) Changement de variable affine dans une intégrale impropre.
A toutes fins utiles, on rappelle la définition :
3. En réalité, ces 2 mêmes cas de figure existent pour le changement de variable dans une intégrale définie. Mais le fait est
qu’on ne parle pratiquement jamais (mais à tort) du 1er cas lorsqu’on aborde ce sujet pour ce type d’intégrales.
- B.10 - B·III - Autres propriétés générales des intégrales impropres

∗∗∗ Rappel n◦ 1 (Fonction affine dans IR)


Une fonction affine dans IR est toute fonction φ : IR −→ IR, vérifiant :
∃ α, β ∈ IR / ∀ t ∈ IR, φ(t) = αt + β.
Noter que cela revient au même que de dire que la courbe de la fonction φ dans le plan est une droite.
• Il faut remarquer que si α = 0, alors φ est une fonction constante sur IR, donc peu pertinente comme
fonction de changement de variable. On supposera donc toujours, ci-après, que α ̸= 0.

On admet alors le résultat suivant :

Théorème I7 ::B·III .2-1 (C.V. affine dans une intégrale impropre)


∫ b
Soit I = f (x) dx, une I.I.. Un C.V. affine, i.e. du type : x = αt + β, (avec α ∈ IR∗ , β ∈ IR),
a
transforme I en une intégrale impropre J vérifiant :
1. I et J ont le même nombre de singularités, et, plus précisément, toute singularité de J résulte de
l’un des 3 cas suivants :
– toute singularité infinie de I (s’il y en a) a été transformée en une singularité infinie de J ;
– toute singularité interne de I (s’il y en a) a été transformée en une singularité interne de J ;
– toute singularité en une borne de I (s’il y en a) a été transformée en une singularité en une
borne de J ;
2. J est une I.I. de même type (i.e. I.I.S. ou I.I.C.) que I ;
3. J est de même nature que I ;
4. En cas de convergence, I et J ont la même valeur numérique.
∫ −1/3
sin(3x + 5)
∗∗∗ Exemple 6 : Soit à étudier la nature de I = dx.
−∞ −x − 1
I est une I.I.C. en −∞, (−1)− et (−1)+ .
t−5 t 5
Considérons, dans I, le C.V. affine : t = 3x + 5, i.e. x = = − = φ(t). On a alors :
3 3 3
sin(3x + 5) sin t sin t
f (x) = = = 3 ;
−x − 1 t−5 2−t
− −1
3
(t 5) (t 5 )′ 1
dx = d − = − dt = dt ;
3 3 3 3 3
1
x = −∞ =⇒ t = −∞ et x = − =⇒ t = 4.
∫ 4 ∫ 4 3
sin t dt sin t
Ainsi, I est transformée en 3 × = dt = J ;
−∞ 2 − t 3 −∞ 2 − t
Par conséquent, d’après le Théorème I7 ::B·III .2-1 , J est une I.I. de même nature que I et, en cas
de convergence, de même valeur que I. Et on voit que, comme annoncé par le Théorème, J est aussi une
I.I.C., mais en −∞, 2− et 2+ . De même, les singularités −∞ et 2 de J ont bien les singularités −∞ et
−1 de I comme images respectives par φ.
• Etude de la nature de J : Cf. Suite de ce Cours.

b) Conséquence 1 : Etude de la nature d’une I.I.S. en −∞.

• • • Remarque B·III-1 (C.V. affine x = −t dans une I.I.S. en −∞)


Grâce au Théorème I7 ::B·III .2-1 , par le C.V. affine x = −t, on peut toujours ramener l’étude
d’une I.I.S. en −∞ à celle d’une I.I.S. en +∞.
Et cette manœuvre préalable est toujours recommandée lorsqu’on doit étudier la nature
d’une I.I.S. en −∞. C’est pour cette raison que, dans ce document, aucun résultat (par exemple, un
critère de convergence) n’est énoncé pour ce type d’intégrales. Il est, en effet, toujours supposé que face
à une I.I.S. en −∞, cette manœuvre préalable sera effectuée.
Chap. I7 : INTEGRALES IMPROPRES (OU GENERALISEES) (ND/NG, 12 octobre 2022) - B.11 -
∫ 0
∗∗∗ Exemple 7 : I = e−t dt est une I.I.S. en −∞.
−∞
Par le C.V. affine x = −t, I est transformée comme suit :
∫ 0 ∫ 0 ∫ 0 ∫ +∞
I= et dt = e−x (− dx) = − e−x dx = e−x dx = J,
−∞ x = −t +∞ +∞ 0
=⇒ I et J sont de même nature, et, en cas de convergence, de même valeur.
• Etude de la nature de J, puis valeur de J : Exo.

c) Conséquence 2 : intégrales impropres et parité de fonctions.


On connaı̂t les 2 propriétés des intégrales définies qui stipulent que :

∗∗∗ Rappel n◦ 2 (Intégrales définies et parité de fonctions)


∫ a
Pour une intégrale définie f (x) dx (donc avec a ∈ IR) :
−a
∫ a ∫ a
1. si f est une fonction paire, alors f (x) dx = 2 f (x) dx ;
−a 0
∫ a
2. si f est une fonction impaire, alors f (x) dx = 0.
−a

Voyons ce que ces 2 propriétés


∫ a deviennent dans le cas des intégrales impropres, i.e. impact de la parité sur la
nature d’une I.I. du type f (x) dx, et, en cas de convergence, sur sa valeur. Ceci découlera du :
−a

Lemme I7 ::B·III -ℓ1 (Parité de f et intégrales de f sur ] 0, a [ , ] − a, 0 [ )


Soit f : ] − a, a [ −→ IR (ou C), avec a ∈ ] 0, +∞ ] = ] 0, +∞ [ ∪ {+∞}.
∫ a ∫ 0
Posons I1 = f (x) dx et I2 = f (x) dx. Si la fonction f est paire ou impaire, alors on a :
0 −a
1. I1 et I2 sont de même nature ;
2. En cas de convergence, leurs valeurs numériques sont liées par :
2.1. si f est paire, alors I2 = I1 ;
2.2. si f est impaire, alors I2 = −I1 .
∫ 0
Preuve Effectuons d’abord le C.V. affine x = −t dans l’intégrale I2 = f (x) dx. Cela donne :
−a
∫ 0 ∫ 0 ∫ 0 ∫ a
I2 = f (x) dx = f (−t) (− dt) = − f (−t) dt = f (−t) dt = J2 .
−a x = −t a a 0
Par conséquent, par le Théorème I7 ::B·III .2-1, il s’ensuit que :
J2 est une I.I. de même nature que I2 et, en cas de convergence, de même valeur que I2 . (3.8a)
Distinguons alors les 2 cas possibles :
• Cas 1 : f est une fonction paire, i.e. ∀ t, f (−t) = f (t).
Alors J2 = I1 . D’où, par (3.8a) :
I2 est une I.I. de même nature que I1 et, en cas de convergence, de même valeur que I1 .
• Cas 2 : f est une fonction impaire, i.e. ∀ t, f (−t) = −f (t).
∫ a
Alors J2 = [ − f (t) ] dt. D’où, par la propriété (P.8’) :
0
J2 est de même nature que I1 . (3.8b)
Or, (3.8a) et (3.8b) =⇒ I2 est de même nature que I1 . D’autre part, en cas de convergence,
propriété (P.2) =⇒ J2 = −I1 =⇒ avec (3.8a), I2 = −I1 . Cqfd
- B.12 - B·III - Autres propriétés générales des intégrales impropres

On peut alors énoncer :

Théorème I7 ::B·III .2-2 (Nature des I.I. et parité des fonctions)


Soit f : ] − a, a [ −→ IR (ou C), avec a ∈ ] 0, +∞ ] = ] 0, +∞ [ ∪ {+∞}.
∫ a ∫ a
Posons I = f (x) dx et I1 = f (x) dx. Si la fonction f est paire ou impaire, alors on a :
−a 0
1. I et I1 sont de même nature ;
2. En cas de convergence, la valeur numérique de I est donnée par :
2.1. si f est paire, alors I = 2I1 ;
2.2. si f est impaire, alors I = 0.
∫ 0
Preuve En plus des 2 intégrales I et I1 , introduisons aussi l’intégrale I2 = f (x) dx.
−a
1. Alors a > 0 =⇒ −a < 0 < a =⇒ par la propriété (P.11), on a l’équivalence :
(I converge) ⇐⇒ (I1 et I2 convergent). (3.9a)
Maintenant, supposons que f est paire ou impaire. Alors, par le Lemme I7 ::B·III -ℓ1,
I1 et I2 sont de même nature. (3.9b)
Mais (3.9a) et (3.9b) entraı̂nent que l’équivalence suivante est vraie :
(I converge) ⇐⇒ (I1 converge). (3.9c)
D’où on déduit qu’on a aussi :
(I diverge) ⇐⇒ (I1 diverge). (3.9d)
Or, (3.9c) et (3.9d) =⇒ I et I1 sont de même nature.
2. En cas de convergence, i.e. lorsque I et I1 convergent, en fait, d’après (3.9b), I2 converge aussi. D’après
la propriété de Chasles (P.5), les valeurs numériques respectives de I, I1 et I2 sont alors liées par :
I = I1 + I2 . (3.9e)
On a alors 2 cas pour la valeur numérique de I :
• Cas 2.1 : f est une fonction paire.
Dans ce cas, d’après le Lemme I7 ::B·III -ℓ1, I2 = I1 . D’où, par (3.9e) : I = 2I1 .
• Cas 2.2 : f est une fonction impaire.
Alors, d’après le Lemme I7 ::B·III -ℓ1, I2 = −I1 . D’où, par (3.9e) : I = 0. Cqfd

• • • Remarque B·III-2 (Utilité pratique du Théorème I7 ::B·III .2-2 )


On déduit, du Théorème I7 ::B·III .2-2 , que lorsque la fonction f est paire ou impaire, pour
∫ a ∫ a
étudier la nature d’une I.I. du type I = f (x) dx, il suffit d’aller étudier celle de I1 = f (x) dx.
−a 0
Une fois trouvée la nature de I1 , on pourra alors conclure que c’est aussi celle de I.
L’avantage de cette démarche vient de ce que du fait que f est paire ou impaire, l’étude de I1 sera 2
fois plus rapide qu’une étude directe de I, car I1 a, à ±1 près, la moitié des singularités de I, à savoir
celles qui sont > 0.

• • • Remarque B·III-3 (Un piège à éviter !!! )


Il faut bien noter que, dans le Théorème I7 ::B·III .2-2, lorsque la fonction f est impaire, on s’est
∫ a
d’abord placé dans le cas de convergence pour affirmer que I = f (x) dx = 0.
−a
∫ a
Ainsi, on n’a pas écrit ≪ comme f est impaire, alors I = f (x) dx = 0 et donc I converge ≫, ce
−a
qui est un raisonnement faux (mais couramment lu dans les copies). Il faut d’abord démontrer que I
converge, pour en déduire, ensuite, que sa valeur est nulle du fait que f est impaire, et non l’inverse.
Chap. I7 : INTEGRALES IMPROPRES (OU GENERALISEES) (ND/NG, 12 octobre 2022) - B.13 -

• • • Remarque B·III-4 (Pourquoi I1 , et non I2 , dans le Théorème I7 ::B·III .2-2 ??? )


En lisant sa démonstration, et compte tenu du Lemme I7 ::B·III -ℓ1 , on voit aisément que le
Théorème I7 ::B·III .2-2 reste vrai si on y remplace I1 par I2 de ce Lemme là.
La raison pour laquelle on privilégie I1 est que cette intégrale utilise la fonction f sur les valeurs
positives de la variable x alors que I2 le fait sur les valeurs négatives. L’expérience en Mathématiques
prouve qu’il est plus facile de se tromper dans les calculs et les analyses (notamment la manipulation
des inégalités) lorsqu’on utilise les réels 6 0 qu’avec les réels > 0.

3◦ ) Changement de variable quelconque dans une intégrale impropre.


Comme vu ci-dessus, le C.V. affine dans une I.I. permet de gérer les I.I.S. en −∞, et est à la base
de l’effet de la parité des fonctions sur la nature et la valeur numérique de certaines intégrales impropres.
Cependant, ce type de C.V. simplifie rarement l’étude de la nature de la plupart des I.I., encore moins le
calcul de la valeur de celles d’entre elles qui convergent. Pour cela, comme dans le cas des intégrales définies,
on a plutôt besoin, si possible, de faire des C.V. avec des fonctions de changement de variable moins triviales,
en tout cas plus adaptées à l’I.I. qu’on aurait en face de soi. Pour cela, on s’appuie sur le théorème qui va
suivre, et en même temps montre que, comme pour les intégrales définies, un C.V. de type quelconque n’est
envisageable que pour une certaine catégorie d’intégrales impropres vérifiant des hypothèses très précises.
Hypothèses dont il faudra donc s’assurer qu’elles sont satisfaites chaque fois qu’on voudra appliquer ce
théorème à une I.I. donnée. Nous admettons donc que :

Théorème I7 ::B·III .3-1 (C.V. quelconque dans une intégrale impropre)


∫ b
Soit I = f (x) dx, avec −∞ 6 a < b 6 +∞. Si la fonction f est continue sur ] a, b [ , alors :
a

∀ c, d ∈ IR/ c < d et ∀ φ : ] c, d [ −→ ] a, b [ , bijection strictement monotone et de classe C 1 ,


le C.V. x = φ(t) dans I, avec t ∈ ] c, d [ et x ∈ ] a, b [ , transforme I en une intégrale J vérifiant :
1. J est de même nature que I ;
2. En cas de convergence, I et J ont la même valeur numérique.
• Réciproquement, le C.V. x = φ(t) dans l’intégrale J la transforme en I.

• • • Remarque B·III-5 (Expression de J dans le Théorème I7 ::B·III .3-1 )


On n’a pas écrit l’intégrale J dans le Théorème I7 ::B·III .3-1 parce que son expression dépend
du sens de monotonie de la fonction de changement de variable φ. En effet, on a :
∫ d
↗ f [ φ(t) ]φ ′ (t) dt si φ est strictement croissante, donc φ(c) = a et φ(d) = b ;
J = c
↘∫ c
f [ φ(t) ]φ ′ (t) dt si φ est strictement décroissante, donc φ(c) = b et φ(d) = a.
d

• • • Remarque B·III-6 (Singularités de I et J dans le Théorème I7 ::B·III .3-1 ??? )


Dans le Théorème I7 ::B·III .3-1, les hypothèses
≪ f continue sur ] a, b [ ≫ et ≪ φ de classe C
1
sur ] c, d [ ≫,
impliquent que les intégrales I et J n’ont, chacune, aucune singularité intérieure. Par conséquent,
elles ne peuvent avoir de singularités qu’en leurs bornes, soit en a et/ou b pour I, c et/ou d pour J.
Ceci peut donc être vu comme une hypothèse implicite cachée dans le Théorème I7 ::B·III .3-1.
De ce fait, il ne faut jamais prétendre appliquer le Théorème I7 ::B·III .3-1 pour effectuer un
changement de variable dans une intégrale impropre ayant (au moins) une singularité intérieure.
∫ +∞
dt
∗∗∗ Exemple 8 : Soit J = √ , une I.I.C. en 0+ et +∞.
0 t (t2 + 5)
√ 1 1 √
Remarquons que : ( t ) ′ = √ =⇒ √ = 2( t ) ′ ;
2 t t
- B.14 - B·III - Autres propriétés générales des intégrales impropres
∫ √ ′ ∫ +∞ √ ′
+∞
2 2 √ 2
=⇒ J = ·( t ) dt = √ · ( t ) dt, avec φ (t) = t et f (x) = 4 .
0 t2 + 5 0
4
( t ) +5 | {z } x +5
| {z } φ (t)

f [ φ(t) ]

Ceci suggère d’effectuer, dans J, le C.V. : x = φ(t) = t , avec t ∈ ] 0, +∞ [ . On a alors :
1. φ est une bijection strictement croissante et de classe C 1 de ] 0, +∞ [ −→ ] 0, +∞ [ ;
2. f est continue sur ] 0, +∞ [ . ∫ +∞ ∫ +∞
2
Ainsi, d’après le Théorème I7 ::B·III .3-1, J est de même nature que I = f (x) dx = dx,
0 0 x4 + 5
et, en cas de convergence, on a : I = J ∈ IR+ .
• Etude de la nature de I (N.B. A lire après la Partie C de ce document) :
I est une I.I.S. en +∞. Notons d’abord que : ∀ x ∈ ] 0, +∞ [ , f (x) > 0.
( 5 ) ( 5 )
D’autre part, x4 + 5 = x4 1 + 4 et lim
x −→ +∞
1 + 4 = 1 =⇒ x4 + 5 ∼ x4 ,
x −→ +∞
x x {
2 A A = 2 ∈ IR∗+
=⇒ f (x) ∼ = , avec
x −→ +∞ x4 xα α = 4 ∈ IR.
Comme α > 1, alors I converge d’après la Règle de Riemann en +∞.
• • • Conclusion pour J : I converge =⇒ J converge.
∗∗∗ Remarques :
Dans l’Exemple ci-dessus,

1 I et J convergent =⇒ I = J ∈ IR+ . Ainsi, pour calculer la valeur de J, il suffit de calculer celle de I.
◃ Exercice I7 ::B·III -1 Calculer I.

2 Comme on a pu le constater, la Règle de Riemann permet de trouver rapidement la nature de I. De fait,
elle est, de très loin, le critère de convergence le plus efficace pour trouver cette nature.

3 Cependant, arrivé(e)s à f (x) ∼ 2/x4 , certain(e)s auraient écrit que : ≪ donc I est de même nature
x −→ +∞
∫ +∞
2
que l’intégrale K = dx, d’après le critère des équivalents des I.I.S. de fonctions > 0 ≫.
0 x4
Cette déduction est fausse car, contrairement à I, K n’est pas une I.I.S. en +∞ puisque c’est une
I.I.C. en 0+ et +∞. Il s’agit donc d’une mauvaise utilisation du critère des équivalents. De
plus, contrairement à I, K est, en fait, divergente !!! (N.B. Le vérifier ).

4 Si on tenait à utiliser le critère des équivalents ici, mais de manière correcte, il fallait d’abord utiliser
la Règle du changement de cran dans I. Mais cette démarche est clairement incomparablement
inefficace par rapport au passage par la Règle de Riemann effectué ci-dessus.

• • • Remarque B·III-7 (Types de I et J dans le Théorème I7 ::B·III .3-1 ??? )


Dans l’Exemple ci-dessus, on aura remarqué que le changement de variable effectué a transformé J,
une I.I.C. en 0+ et +∞ en I, une I.I.S. en +∞.
Ceci met en évidence une autre différence importante entre les Théorèmes I7 ::B·III .2-1 et
I7 ::B·III .3-1, à savoir qu’une fonction non affine de changement de variable peut transformer une
I.I. en une autre, mais n’ayant pas le même nombre de singularités, voire de type différent.
Comme situation extrême, il peut même arriver que la nouvelle intégrale soit, en fait, une intégrale
définie, et donc sans aucune singularité. Mais une intégrale définie étant assimilée à une intégrale
impropre convergente, l’avantage de ce cas de figure très particulier est qu’on peut alors en déduire
directement que l’I.I. initiale est convergente, puisque le Théorèmes I7 ::B·III .3-1 garantit que,
sous ses hypothèses, les 2 intégrales sont de même nature.

∗∗∗ Rappel n◦ 3 (Intérêt d’un C.V. dans une intégrale)


Une infinité de changements de variable sont possibles dans une intégrale donnée, selon la fonction φ
choisie pour cela. Mais cela a peu d’intérêt, en général, de transformer une intégrale en une autre plus
compliquée. Pour une intégrale définie, l’intérêt d’un C.V. est de la transformer en une autre plus facile
à calculer. Similairement, effectuer un C.V. dans une I.I. I doit viser à la transformer en une intégrale
J plus facile à manipuler , que ce soit pour étudier la nature de J et/ou pour calculer sa valeur.
Chap. I7 : INTEGRALES IMPROPRES (OU GENERALISEES) (ND/NG, 12 octobre 2022) - B.15 -

4◦ ) Intégration par parties dans une intégrale impropre.


Rappelons d’abord ce qu’est la manœuvre d’intégration par parties (I.P.P.) dans le cas d’une
intégrale définie, avec ses hypothèses de validité.

∗∗∗ Rappel n◦ 4 (Intégration par parties dans une intégrale définie)


Soient u, v : [ a, b ] −→ IR (ou C), avec a, b ∈ IR. Si u et v sont de classe C 1 sur [ a, b ], alors :
∫ b ∫ b
′ x=b
u(x) v (x) dx = [ u(x) v(x) ] − u ′ (x) v(x) dx
a x=a a
∫ b
= u(b) v(b) − u(a) v(a) − u ′ (x) v(x) dx. (3.10)
a

Il est question de voir ici ce que cette manœuvre devient dans le cas d’une intégrale impropre. Il faut
∫ b
s’attendre à plus d’hypothèses et quelques changements dans l’égalité (3.10). En effet, si I = u(x) v ′ (x) dx
a
est une I.I. ayant la borne a comme singularité, alors il est probable que u(a) et/ou v(a) n’aie(nt) pas de
valeur, de même pour u(b) et/ou v(b) si la borne b est une singularité de I. De plus, on aimerait savoir si on
peut effectuer l’intégration par parties dans I même si on ne connaı̂t pas encore la nature de I, précisément,
en fait, pour pouvoir déduire cette nature plus facilement. Le résultat suivant (que nous admettons) donne
les éléments de réponse à ces préoccupations :

Théorème I7 ::B·III .4-1 (Intégration par parties dans une intégrale impropre)
Soient u, v : [ a, b ] −→ IR (ou C), avec a, b ∈ IR/ −∞ 6 a < b 6 +∞.


 u(x) v(x) = ℓ1 ∈ IR (ou C),

 x lim
−→ a
>
• Si u et v sont de classe C 1 sur ] a, b [ et

 lim u(x) v(x) = ℓ2 ∈ IR (ou C),

 x −→ b
<
alors : ∫ b ∫ b
1. Les 2 intégrales I = u(x) v ′ (x) dx et J = u ′ (x) v(x) dx sont de même nature.
a a
2. En cas de convergence, les valeurs numériques respectives de I et J sont liées par :
∫ b ∫ b
u(x) v ′ (x) dx = ℓ2 − ℓ1 − u ′ (x) v(x) dx. (3.11)
a a

• • • Remarque B·III-8 (Singularités de I et J dans le Théorème I7 ::B·III .3-1 ??? )


Dans le Théorème I7 ::B·III .4-1, l’hypothèse ≪ u et v de classe C 1 sur ] a, b [ ≫
implique que les produits uv ′ et u ′ v sont 2 fonctions continues sur ] a, b [ , et donc bornées au voisinage
de tout réel x0 ∈ ] a, b [ . De ce fait, les 2 intégrales I et J n’ont, chacune, aucune singularité
intérieure. Ainsi, elles ne peuvent avoir de singularités qu’en leurs bornes a et/ou b. Ceci peut donc
être vu comme une hypothèse implicite cachée dans le Théorème I7 ::B·III .4-1.
De ce fait, il ne faut jamais prétendre appliquer le Théorème I7 ::B·III .4-1 pour effectuer une
intégration par parties dans une intégrale ayant (au moins) une singularité intérieure.
∫ +∞
∗∗∗ Exemple 9 : Soit I = te−t dt, une I.I.S. en +∞.
4
Pour étudier sa nature, effectuons une intégration par parties dans I, avec u et v, fonctions de classe C 1
sur ] 4, +∞ [ / u(t) = t et v ′ (t) = e−t . Alors u ′ (t) = 1, et on peut prendre v(t) = −e−t . Il vient ainsi :
( )
lim u(t) v(t) = lim t × −e−t = −4 e−4 ;
t −→ 4 t −→ 4
> >
( ) ( ) ( )
lim u(t) v(t) = lim t × −e−t = − lim te−t = − lim e−t = 0.
t −→ +∞ t −→ +∞ t −→ +∞ t −→ +∞
−4
=⇒ lim u(t) v(t) = −4 e = ℓ1 ∈ IR et lim u(t) v(t) = 0 = ℓ2 ∈ IR.
t −→ 4 t −→ +∞
>
- B.16 - B·III - Autres propriétés générales des intégrales impropres

De ce qui précède, il vient, d’après le Théorème I7 ::B·III .4-1 :


∫ +∞ ∫ +∞
1. Les 2 intégrales I = te−t dt et J = (−e−t ) dt sont de même nature ;
4 4
2. et, en cas de convergence, leurs valeurs numériques seront liées par :
∫ +∞ ∫ +∞
−4 −t −4
I = ℓ2 − ℓ1 − J = 0 − (−4 e ) − (−e ) dt = 4 e − (−e−t ) dt.
4 4

• Etudions la nature de J. ∫ X
Il s’agit d’une I.I.S. en +∞. Pour trouver sa nature, posons : F (X) = (−e−t ) dt, ∀ X ∈ [ 4, +∞ [ .
4
[ ]t = X
On a : F (X) = e−t = e−X − e−4 =⇒ lim F (X) = lim (e−X − e−4 ) = −e−4 ∈ IR,
t=4 X −→ +∞ X −→ +∞
−4
=⇒ J converge et J = −e .
• Conclusion : J converge et J = −e−4 =⇒ I converge et I = 4 e−4 + e−4 , i.e. I = 5 e−4 .

5◦ ) Nature d’une I.I.S. et limite de la fonction en la singularité.


Il a été vu précédemment qu’une conséquence de la Règle du changement de cran est que la nature
d’une I.I.S. dépend essentiellement du comportement de la fonction au voisinage de la singularité de cette
intégrale. Or, une des manifestations les plus importantes du comportement d’une fonction f au voisinage
d’un point x0 ∈ IR est la valeur de la limite de f en x0 , s’il en existe une. Compte tenu de ces 2 observations,
il semble naturel de s’intéresser au problème suivant dans le cadre de l’étude de la nature d’une I.I.S. donnée,
problème que nous formulons, pour illustration, dans le cas d’une I.I.S. en b− :
∫ b
∗∗∗ Problème : Soit I = f (x) dx, une I.I.S. en b− .
a

Supposons qu’après calcul, on trouve que : lim f (x) = ℓ ∈ IR (ou C).


x −→ b
<

• Question naturelle alors (au vu des 2 observations ci-dessus) :


La connaissance de la valeur de la limite ℓ peut-elle permettre de déduire la nature de I ?
• Réponse : pas toujours, mais, dans certains cas, OUI !!!

Pour préciser la réponse ci-dessus, nous distinguerons 2 cas :


– singularité infinie, i.e. b = +∞ ;
– singularité finie, i.e. b ∈ IR.
a) Cas d’une I.I.S. en +∞.
Nous admettons le résultat suivant (qu’on peut démontrer avec les critères de convergence des intégrales
impropres de fonctions > 0 présentés dans la Partie C à suivre) :

Proposition I7 ::B·III .5-1 (I.I.S. en +∞ et limite de la fonction en +∞)


∫ +∞
Soit I = f (x) dx, une I.I.S. en +∞ vérifiant : lim f (x) = ℓ ∈ IR (ou C).
a x −→ +∞

• Si la limite ℓ ̸= 0, alors I diverge.


∫ +∞
∗∗∗ Exemple 10 : Nature de I =
2
ex dx, I.I.S. en +∞.
0
2 2
Posons, ∀ x ∈ ] 0, +∞ [ : f (x) = ex . On a : lim f (x) = lim ex = +∞ ̸= 0, =⇒ I diverge.
x −→ +∞ x −→ +∞

• • • Remarque B·III-9 (Cas ℓ = 0 dans la Proposition I7 ::B·III .5-1 !!! )


Dans les conditions de la Proposition I7 ::B·III .5-1, si la limite ℓ = 0, on ne peut rien en déduire,
en général, sur la nature de l’I.I.S. I : selon les cas, elle peut converger comme elle peut diverger.
Chap. I7 : INTEGRALES IMPROPRES (OU GENERALISEES) (ND/NG, 12 octobre 2022) - B.17 -
∫ +∞ ∫ +∞
dx dx
∗∗∗ Exemple 11 : Les intégrales I1 = et I2 = sont 2 I.I.S. en +∞.
1 x 1 x2
1 1
D’autre part, on a, à la fois, lim = 0 et lim = 0.
x −→ +∞ x x −→ +∞ x2

Cependant, I1 diverge, tandis que I2 converge ( N.B. Le vérifier !!! ).

b) Elimination d’une singularité finie qui n’en est pas une : notion de pseudo-singularité ≫.

∫ b
Rappelons que la définition d’une singularité finie d’une intégrale impropre I = f (x) dx est qu’il
a
s’agit de tout réel x0 ∈ [ a, b ] au voisinage duquel la fonction f n’est pas bornée dans ] a, b [ . Cependant,
en pratique, on rencontre souvent la situation suivante :
∗∗∗ Problème :
Il faut avouer qu’en réalité, le réflexe de la plupart des gens est de dire qu’un réel x0 ∈ [ a, b ] est
une singularité de I dès que f (x0 ) n’existe pas, i.e. f n’est pas définie en x = x0 . Or, ce n’est pas
tout à fait la même chose pour f d’être non bornée au voisinage d’un réel x0 et être non définie
en x0 . Il ne s’agit pas de 2 assertions équivalentes. Ainsi, il est possible que f (x0 ) n’existe
pas, mais que le réel x0 ne soit pas, pour autant, une singularité de l’intégrale I.
En particulier, une apparente I.I.S. peut s’avérer être, après un examen plus attentif, une
intégrale parfaitement définie au sens de Riemann. Pour s’en rendre compte, il suffit souvent de
calculer la limite de la fonction f en la singularité finie potentielle x0 qu’on pensait avoir détectée
dans I. Si cette limite est finie, alors f est bornée au voisinage du nombre réel x0 dans ] a, b [ ,
et donc x0 n’est pas vraiment une singularité dans I. Et si c’était la seule possible, il faut alors
conclure que I n’est pas une I.I.S., mais plutôt une intégrale définie. Dans ce cas, on peut dire
que x0 était, en fait, une pseudo-singularité a dans I.
Par un raisonnement analogue, on peut éliminer, de la même manière une singularité finie qu’on
croyait avoir détectée dans une I.I.C.
a. Terminologie personnelle de l’auteur.

L’exemple suivant illustre comment gérer ce type de situation.


∫ 1 x
e −1
∗∗∗ Exemple 12 : Nature de I = dx. A priori , I est une I.I.S. en 0+ . 4
0 x
Cependant, on constate que la singularité potentielle 0 de I vérifie :
0 ∈ IR. (3.12)
e −1
x
g(x) − 1
De plus, posons : f (x) = =, avec g(x) = ex . Alors on a :
x x
ex − 1 g(x) − g(0)
lim f (x) = lim = lim = g ′ (0) = e0 = 1, =⇒ lim f (x) = 1 ∈ IR. (3.13)
x −→ 0 x −→ 0 x x −→ 0 x−0 x −→ 0
> > > >

Or, (3.12) et (3.13) =⇒ le réel x = 0 n’est pas vraiment une singularité dans I, =⇒ I est, en fait, une
intégrale définie, et donc assimilée à une intégrale impropre convergente.

• • • Remarque B·III-10 (Eliminer une singularité infinie : Pas possible !!! )


Tout ce qui précède est basé sur la définition d’une singularité finie dans une I.I., et donc ne s’ap-
plique pas au cas d’une singularité infinie. Ainsi, bien noter qu’il n’est pas possible d’éliminer une
singularité infinie d’une I.I. : quand une borne est infinie, elle est et restera une singularité,
et cela n’a rien à voir avec la limite de la fonction en ce point de IR.

4. Ici, a priori signifie à première vue.

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