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Chap. I7 : INTEGRALES IMPROPRES (OU GENERALISEES) (ND/NG, 12 octobre 2022) - B.1 -
Avec cette définition, les intégrales impropres convergentes récupèrent alors les 2 propriétés suivantes
(bien connues au niveau des intégrales définies) :
• Propriété de la sous-intégrale. ∀ a, b ∈ IR/ a 6 b, on a :
∫ b ∫ d
Si f (x) dx est convergente, alors, ∀ c, d ∈ [ a, b ], l’intégrale f (x) dx est convergente.
(P.4)
a ∫ d
c
domaine d’intégration a un poids nul . Ceci signifie que pour toute intégrale (définie ou impropre)
∫ b
I= f (x) dx, si on change (ou même supprime) la valeur de la fonction f en un réel x0 ∈ [ a, b ],
a
1. cela ne va pas affecter le fait que l’intégrale I converge ou pas (i.e. sa nature), ni le fait que I soit une
intégrale définie ou pas ;
2. cela ne va pas, non plus, changer la valeur numérique de I, si cette intégrale en a une.
En raisonnant par récurrence, on voit alors que ces 2 dernières assertions restent vraies si on change (ou
supprime) la valeur de la fonction f en un certain nombre fini de réels c1 , · · · , cq appartenant à [ a, b ].
Une autre manière de justifier ce qui précède est de dire que la contribution d’un réel x0 ∈ [ a, b ] à
∫ b ∫ x0
l’intégrale I = f (x) dx est sa sous-intégrale Ix0 = f (x) dx = 0, tandis que la contribution totale de
a x0
∑q ∑q ∫ ck ∑q
q réels c1 , · · · , cq est la somme des sous-intégrales Ick = f (x) dx = 0 = 0.
c
∫ 1 k=1 k=1 k k=1
C’est cette implication qui amène à introduire la notion fondamentale de ≪ convergence absolue ≫ d’une
intégrale impropre que nous présentons ci-après. De fait, quand il a lieu, il s’avère que c’est le cas de figure le
plus sympathique pour démontrer la convergence d’une intégrale impropre, ceci grâce à l’implication (1.2).
2. Noter que le résultat énoncé est vrai pour f : [ a, b ] −→ IR (dans ce cas, | · | = valeur absolue) et aussi pour f : [ a, b ] −→ C
(auquel cas, | · | = module).
- B.4 - B·I - Propriétés des intégrales impropres convergentes
• • • Remarque B·I-3
∫ b ∫ b
Par la définition, on voit facilement que f (x) dx est une I.I. si, et seulement si, | f (x) | dx
a a
en est aussi une, et ces deux intégrales ont toujours exactement les mêmes singularités.
f (x) 6 0 sur ] a, b [ à celle de l’ I.I. J = g(x) dx, avec g(x) = −f (x) > 0 sur ] a, b [ .
a
[ ∫ ∫ ∫ b[
b b ]
(P.9) • Si f (x) dx converge et g(x) dx diverge, alors f (x) + g(x) dx diverge.
a a a
∫ b ∫ b ∫ b
Preuve Posons I = f (x) dx, J = g(x) dx et K = h(x) dx, où h(x) = f (x) + g(x).
a a a
Supposons que I converge et J diverge. Montrons qu’alors K diverge.
Raisonnons par l’absurde. Supposons donc que K converge.
Observons que : ∀ x ∈ ] a, b [ , g(x) = h(x) − f (x) = αh(x) + βf (x), avec α = 1 et β = −1.
∫ b ∫ b
[ ]
Or, par (P.3), (I et K convergent) =⇒ J = g(x) dx = αh(x) + βf (x) dx converge, ce qui
a a
contredit l’une des hypothèses, d’où l’absurdité. Par conséquent, K diverge. Cqfd
Preuve Supposons que a < b < c. Pour démontrer (2.3), procédons par double implication.
• ⇐= : Supposons que I et J convergent.
Alors K converge, grâce à la propriété de Chasles (P.5).
• =⇒ : Supposons que K converge.
Du fait que a, b, c ∈ IR avec a < b < c, il s’ensuit que a, b ∈ [ a, c ], et donc I est une sous-intégrale
de K. Par conséquent, par la propriété (P.4), comme K converge, alors I converge.
Raisonnement analogue pour montrer que J converge (en remplaçant ci-dessus a, b par b, c).
Ainsi, l’équivalence (2.3) est vraie. Cqfd
• Signalons qu’il y a un certain manque de rigueur dans cette démarche, car, rigoureusement parlant, l’addi-
tion écrite au 2nd membre de (2.7) n’est valable que si, et seulement si, les intégrales I et J convergent,
et donc ont des valeurs numériques qu’on peut alors sommer. Or, on n’a aucune idée de leurs natures
respectives au moment où on écrit (2.7), puisque l’objectif est de trouver la nature de K et c’est pour
cela qu’on introduit I et J, précisément pour aller étudier leurs 2 natures afin de déduire celle de K.
• Mais, la démarche encadrée ci-dessus étant commode, elle est assez routinièrement suivie dans la manière
d’utiliser (P.11) en pratique. C’est ce que nous ferons nous même, et dès la sous-section qui suivra.
• Dans cette démarche, en écrivant (2.7) pour étudier la nature de K, on dira qu’on a effectué une décomposition
du domaine d’intégration ou une décomposition de Chasles (a priori) de cette intégrale.
Il faut noter que tout ce qui vient d’être dit s’adapte évidemment aussi dans la manière d’utiliser la
propriété (P.11’) en pratique.
d) Conséquence : Règle du changement de cran dans une I.I.S.
Considérons l’exemple ci-après.
∫ 1
dx
∗∗∗ Exemple 5 : Soit I = √ , une I.I.S. en 0+ .
0 x
∫ 1 ∫ 2/3 ∫ 1
dx dx dx
On a, par décomposition de Chasles : √ = √ + √ .
x x x
0
| 0 {z } | 2/3{z }
I1 I2
Observons que I1 est aussi une I.I.S. en 0 . +
Par contre, I2 est une intégrale définie au sens de Riemann, donc assimilée à une I.I. comvergente. De
ce fait, d’après la propriété (P.11), puisque 0 < 2/3 < 1, on a 2 cas de figure pour la nature de I :
1. si I1 converge, alors les 2 intégrales I1 et I2 convergent, et donc I converge aussi ;
2. si I1 diverge, alors au moins une des 2 intégrales I1 ou I2 diverge, et donc I diverge aussi.
=⇒ dans tous les cas, les intégrales I1 et I sont de même nature ;
=⇒ I1 est une I.I.S. en 0+ (comme I) et de même nature que I.
Il faut remarquer que le point intermédiaire particulier 2/3 considéré dans l’Exemple ci-dessus n’est pas
important en lui même. Le raisonnement effectué resterait valable en prenant n’importe quel réel x0 ∈ ] 0, 1 [ .
En généralisant, on obtient :
- B.8 - B·II - Autres propriétés de base des intégrales impropres
e) Règle du changement de cran dans une I.I.S. : Conséquence sur la nature des I.I.
∫ b
Soit I = f (x) dx, une intégrale impropre. De la Remarque B·II-5 , on déduit que :
a
1. si I est une I.I.S. en a+ , alors en descendant sa borne supérieure b aussi près qu’on le voudrait de
sa borne inférieure a, du moment que b reste au-dessus de a, on aura toujours une I.I.S. en a+ , et
de même nature que l’intégrale I de départ ;
2. si I est une I.I.S. en b− , alors en montant sa borne inférieure a aussi près qu’on le voudrait de sa
borne supérieure b, du moment que a reste en dessous de b, on aura toujours une I.I.S. en b− , et de
même nature que l’intégrale I de départ.
Il s’ensuit que :
1. si I est une I.I.S., alors sa nature dépend essentiellement du comportement de la fonction f au
voisinage de la singularité de I ;
2. si I est une I.I.C., alors sa nature dépend essentiellement du comportement de la fonction f au
voisinage des singularités de I.
Chap. I7 : INTEGRALES IMPROPRES (OU GENERALISEES) (ND/NG, 12 octobre 2022) - B.9 -
Il est question de voir ici ce que cette manœuvre devient dans le cas d’une intégrale impropre. Il faut
∫ b
s’attendre à plus d’hypothèses et quelques changements dans l’égalité (3.10). En effet, si I = u(x) v ′ (x) dx
a
est une I.I. ayant la borne a comme singularité, alors il est probable que u(a) et/ou v(a) n’aie(nt) pas de
valeur, de même pour u(b) et/ou v(b) si la borne b est une singularité de I. De plus, on aimerait savoir si on
peut effectuer l’intégration par parties dans I même si on ne connaı̂t pas encore la nature de I, précisément,
en fait, pour pouvoir déduire cette nature plus facilement. Le résultat suivant (que nous admettons) donne
les éléments de réponse à ces préoccupations :
Théorème I7 ::B·III .4-1 (Intégration par parties dans une intégrale impropre)
Soient u, v : [ a, b ] −→ IR (ou C), avec a, b ∈ IR/ −∞ 6 a < b 6 +∞.
u(x) v(x) = ℓ1 ∈ IR (ou C),
x lim
−→ a
>
• Si u et v sont de classe C 1 sur ] a, b [ et
lim u(x) v(x) = ℓ2 ∈ IR (ou C),
x −→ b
<
alors : ∫ b ∫ b
1. Les 2 intégrales I = u(x) v ′ (x) dx et J = u ′ (x) v(x) dx sont de même nature.
a a
2. En cas de convergence, les valeurs numériques respectives de I et J sont liées par :
∫ b ∫ b
u(x) v ′ (x) dx = ℓ2 − ℓ1 − u ′ (x) v(x) dx. (3.11)
a a
• Etudions la nature de J. ∫ X
Il s’agit d’une I.I.S. en +∞. Pour trouver sa nature, posons : F (X) = (−e−t ) dt, ∀ X ∈ [ 4, +∞ [ .
4
[ ]t = X
On a : F (X) = e−t = e−X − e−4 =⇒ lim F (X) = lim (e−X − e−4 ) = −e−4 ∈ IR,
t=4 X −→ +∞ X −→ +∞
−4
=⇒ J converge et J = −e .
• Conclusion : J converge et J = −e−4 =⇒ I converge et I = 4 e−4 + e−4 , i.e. I = 5 e−4 .
b) Elimination d’une singularité finie qui n’en est pas une : notion de pseudo-singularité ≫.
≪
∫ b
Rappelons que la définition d’une singularité finie d’une intégrale impropre I = f (x) dx est qu’il
a
s’agit de tout réel x0 ∈ [ a, b ] au voisinage duquel la fonction f n’est pas bornée dans ] a, b [ . Cependant,
en pratique, on rencontre souvent la situation suivante :
∗∗∗ Problème :
Il faut avouer qu’en réalité, le réflexe de la plupart des gens est de dire qu’un réel x0 ∈ [ a, b ] est
une singularité de I dès que f (x0 ) n’existe pas, i.e. f n’est pas définie en x = x0 . Or, ce n’est pas
tout à fait la même chose pour f d’être non bornée au voisinage d’un réel x0 et être non définie
en x0 . Il ne s’agit pas de 2 assertions équivalentes. Ainsi, il est possible que f (x0 ) n’existe
pas, mais que le réel x0 ne soit pas, pour autant, une singularité de l’intégrale I.
En particulier, une apparente I.I.S. peut s’avérer être, après un examen plus attentif, une
intégrale parfaitement définie au sens de Riemann. Pour s’en rendre compte, il suffit souvent de
calculer la limite de la fonction f en la singularité finie potentielle x0 qu’on pensait avoir détectée
dans I. Si cette limite est finie, alors f est bornée au voisinage du nombre réel x0 dans ] a, b [ ,
et donc x0 n’est pas vraiment une singularité dans I. Et si c’était la seule possible, il faut alors
conclure que I n’est pas une I.I.S., mais plutôt une intégrale définie. Dans ce cas, on peut dire
que x0 était, en fait, une pseudo-singularité a dans I.
Par un raisonnement analogue, on peut éliminer, de la même manière une singularité finie qu’on
croyait avoir détectée dans une I.I.C.
a. Terminologie personnelle de l’auteur.
Or, (3.12) et (3.13) =⇒ le réel x = 0 n’est pas vraiment une singularité dans I, =⇒ I est, en fait, une
intégrale définie, et donc assimilée à une intégrale impropre convergente.