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Notons tout de suite la différence avec la continuité : une fonction f est continue sur D si
elle est continue en tout point de D. Soit si et seulement si
∀x ∈ D, ∀ε > 0, ∃η > 0, ∀y ∈ D, |x − y| < η ⇒ |f (x) − f (y)| < ε.
La différence réside donc uniquement dans l’ordre des quantificateurs : pour une fonction
3 Et bien entendu du ε .
continue, le η dépend du point x choisi3 , alors que pour une fonction uniformément
continue, le même η convient pour tout x.
1
2 CHAPITRE 26 : INTÉGRATION
La réciproque est fausse : une fonction peut être continue sans être uniformément continue,
c’est-à-dire que le η dépend réellement de x.
Par exemple considérons la fonction carré f : x 7→ x 2 sur R+ .
Prenons ε = 1. Pour tout x ∈ R+ et h > 0, on a
Démonstration. Soit f : [a, b] → K. Supposons par l’absurde que f n’est pas uniformément
continue sur [a, b], de sorte que
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COURS 3
Rappelons que nous avions prouvé que la fonction racine carrée, n’est pas lipschitzienne sur
7 Par le théorème de Heine.
[0, 1]. En revanche, étant continue sur le segment [0, 1], elle est7 uniformément continue.
Et nous avons donc là un exemple de fonction uniformément continue non lipschitzienne.
Autrement dit, se donner une subdivision de [a, b], c’est juste se donner un «découpage»
de [a, b] en un nombre fini de segments plus petits.
Définition 26.6 – Soit f : [a, b] → K. On dit que f est une fonction en escalier
s’il existe une subdivision (x i )06i 6n−1 de [a, b] telle que pour tout i ∈ n0, n − 1o,
f |]x i ,x i +1 [ soit constante.
Une telle subdivision σ est dite adaptée à la fonction f .
On note E([a, b], K) l’ensemble des fonctions en escalier sur [a, b].
a = x0 x1 x2 x3 b = x4
Remarques. I Notons qu’on n’impose rien sur la valeur des f (x i ). La fonction f peut être
continue à droite en x i , elle peut être continue à gauche, ou elle peut n’être ni l’un ni
l’autre. Voir par exemple la fonction ci-dessus.
I Il n’y a absolument pas unicité d’une subdivision adaptée à f : si (x i )06i 6n est adaptée à
8 C’est-à-dire contenant tous
f , alors toute subdivision plus fine8 l’est encore.
En effet, la restriction d’une fonction constante à une partie de son ensemble de définition les x i .
est encore une fonction constante.
Proposition 26.7 : L’ensemble E([a, b], K) des fonctions en escalier est à la fois un
sous-espace vectoriel et un sous-anneau de F([a, b], K).
Une fois établie l’existence d’une telle subdivision, il n’y a plus grand chose à faire. Prouvons
par exemple que λ f + д est encore une fonction en escalier.
Soit donc a = x 0 < x 1 < · · · < x n = b une subdivision de [a, b] adaptée à la fois à f et à д.
Pour tout i ∈ n0, n − 1o, notons alors µ i (resp. νi ) l’unique valeur que prend f (resp. д) sur
]x i , x i+1 [.
Alors pour tout t ∈]x i , x i+1 [, (λ f + д)(t) = λµ i + νi , et donc λ f + д est bien constante sur
]x i , x i+1 [.
Et donc λ f + д ∈ E([a, b]). Notons que nous avons prouvé au passage qu’une subdivision
adaptée à la fois à f et д est adaptée à λ f + д.
La preuve de stabilité de E([a, b]) par produit est du même acabit.
Définition 26.8 – Soit f une fonction en escalier sur [a, b], et soit x 0 < x 1 < · · · < x n
une subdivision adaptée. Alors on appelle intégrale de f entre a et b , et on note
Z Z b Z b
f, f ou f (t) dt le réel défini par
[a,b] a a
Z b n−1
X
f (t) dt = (x k +1 − x k )λi
a k =0
Remarque
On a
x + x
où pour tout k ∈ n0, n − 1o, λk est la valeur que prend f sur ]x k , x k +1 [. k k +1
λi = f .
Cette quantité ne dépend pas de la subdivision adaptée à f . 2
a = x0 x1 x2 x3 b = x4
FIGURE 26.2 – L’interprétation en termes d’aire de l’intégrale d’une fonction en escalier est
assez évidente. Notons que la valeur de f en les points qui composent la subdivision n’a
aucune importance.
Avant de prouver que cette quantité est bien indépendante de la subdivision adaptée choisie,
notons que l’interprétation en terme d’aire est assez évidente, du moins si on accepte que Plus précisément
l’aire d’un rectangle est bien donnée par longueur × largeur. Nous parlons là d’une aire
En effet, λk (x k +1 − x k ) est bien l’aire du rectangle délimité par l’axe des abscisse, la courbe algébrique, qu’on autorise à
de f et les droites d’équations x = x k +1 et x = x k . être négative si λ k < 0.
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x + c c + x x + x
p p+1 p p+1
Mais f est constante sur ]xp , xp+1 [ et donc f =f =f .
2 2 2
Par conséquent,
c + x x x + x
k k+1 + c k k +1
(c − x k )f + (x k +1 − c)f = (x k +1 − c + c − x k )f
2 2 2
et donc I σ (f ) = I σ 0 (f ).
Une récurrence triviale prouve que l’ajout d’un nombre fini de points à une subdivision ne
change pas la valeur de l’intégrale de f .
Cette définition de l’intégrale des fonctions en escalier jouit déjà de bonnes propriétés
12 Et que nous avons prouvé
qu’on attendrait pour une intégrale12 :
pour les fonctions continues...
Proposition 26.9 : Soient (f , д) ∈ E([a, b], K) et soit λ ∈ K. Alors : en admettant le théorème
Z b Z b Z b fondamental de l’analyse !
1. (λ f (t) + д(t)) dt = λ f (t) dt + д(t) dt (linéarité de l’intégrale) Remarque
a a a
Z b Il n’y a pas équivalence :
2. Si f > 0 (ce qui n’a de sens que pour f à valeurs réelles), alors f (t) dt > 0. l’intégrale d’une fonction qui
a n’est pas de signe constant
Z b Z b peut être positive.
3. Si f 6 д (avec là aussi f et д à valeurs réelles), alors f (t) dt 6 д(t) dt.
a a
Z b Z c Z b
4. Pour tout c ∈ [a, b], f (t) dt = f (t) dt + f (t) dt (relation de Chasles).
a a c
Z b Z b
5. f (t) dt 6 |f (t)| dt (inégalité triangulaire).
a a
Z b Z b Z b
6. f (t) dt = Re(f (t)) dt + i Im(f (t)) dt.
a a a
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6 CHAPITRE 26 : INTÉGRATION
6. Notons que les fonctions Re(f ) et Im(f ) sont encore toutes les deux des fonctions
en escalier.
On a alors
Z b n−1
X n−1
X n−1
X
f (t) dt = (x k+1 − x k ) (Re(λk ) + i Im(λk )) = (x k +1 − x k ) Re(λk ) + i (x k +1 − x k ) Im(λk )
a k =0 k =0 k =0
Z b Z b
= Re(f (t)) dt + i Im(f (t)) dt .
a a
Définition 26.10 – Une fonction f : [a, b] → K est dite continue par morceaux
s’il existe une subdivision (x i )06i 6n de [a, b] telle que pour tout i ∈ n0, n− 1o, f |]x i ,x i +1 [
est continue sur ]x i , x i+1 [ et prolongeable par continuité en x i et en x i+1 .
Une telle subdivision est dite adaptée à f .
On note Cm ([a, b], K) l’ensemble des fonctions continues par morceaux sur [a, b].
Remarques. I Comme pour les fonctions en escalier, il n’y a pas de contrainte sur la valeur
de f aux points de la subdivision.
I En revanche, le fait que f |]x i ,x i +1 [ soit prolongeable par continuité en x i et en x i+1 se
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a = x0 x1 x2 x3 b = x4
reformule de la manière suivante : f possède des limites finies à droite et à gauche en tous
les x i .
I Et comme pour les fonctions en escalier, il n’y a pas unicité d’une subdivision adaptée.
I Une fonction en escalier est continue par morceaux : E([a, b], K) ⊂ Cm ([a, b], K).
Exemples 26.11
14 Et il suffit de prendre la
I Toute fonction continue sur le segment [a, b] y est continue par morceaux14 .
I La restriction de la fonction partie entière à un segment est continue par morceaux subdivision à deux points
a < b.
sur ce segment.
BUne fonction continue par morceaux n’est pas seulement une fonction avec un
nombre fini de points de discontinuité, il y a vraiment la condition sur les limites latérales
en les x i .
x1 si x , 0
Par exemple, la fonction définie sur [−1, 1] par x → 0 si x = 0 n’est pas continue par
morceaux.
Démonstration. La preuve est à peu près la même que pour les fonctions en escalier.
Si f et д sont deux fonctions continues par morceaux, et si a = x 0 < x 1 < x n = b est une
subdivision adaptée à la fois à f et à д, alors pour tout λ ∈ K, (λ f +д)|]x k ,x k +1 [ et (f д)|]x k ,x k +1 [
sont continues sur ]x k , x k +1 [.
De plus, f |]x k ,x k +1 [ et д|]x k ,x k +1 [ possèdent des limites à droite en x k et à gauche en x k +1 ,
donc il en est de même de (λ f + д)|]x k ,x k +1 [ et (f д)|]x k ,x k +1 [ .
Proposition 26.13 : Une fonction continue par morceaux sur un segment est bornée.
Démonstration. Soit f une fonction continue par morceaux sur [a, b], et soit (x k )06k 6n une
subdivision adaptée à f .
Alors pour tout k ∈ n0, n − 1o, le prolongement par continuité de f |]x k ,x k +1 [ à [x k , x k +1 ]
est une fonction continue sur le segment [x k , x k +1 ] et donc est bornée. Notons Mk un
15 Son module dans le cas
majorant de sa valeur absolue15 , de sorte que pour tout x ∈]x k , x k +1 [, |f (x)| 6 Mk .
Si on pose M = max(M 0 , M 1 , . . . , Mn−1 , |f (x 0 )|, . . . , |f (x n )|), alors pour tout x ∈ [a, b], d’une fonction à valeurs
complexes.
|f (x)| 6 M.
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8 CHAPITRE 26 : INTÉGRATION
Exemple 26.15
Définition 26.16 – Si f : [a, b] → K est une fonction bornée sur [a, b], on pose Terminologie
kf k∞ = sup |f |. On parle de la «norme infi-
[a,b] nie» de f .
Notons qu’en particulier, kf k∞ est bien définie si f est continue sur [a, b], ou si f est
continue par morceaux sur [a, b].
Graphiquement, kf k∞ est le plus petit réel M tel que le graphe de f soit compris entre les
deux droites horizontales d’équations y = M et y = −M.
M = kf k∞
a b
−M
Les propriétés qui suivent justifient que l’on appelle k · k∞ une norme, mais vous n’étudierez
ces objets qu’en seconde année.
Pour vous faire une intuition, remplacez dans l’énoncé suivant les fonctions par des vecteurs
17 C’est-à-dire les lon-
de R2 ou R3 et les k · k∞ par les normes usuelles17 des vecteurs.
gueurs !
Proposition 26.17 : Soient f , д deux fonctions bornées sur [a, b] et soit λ ∈ K. Alors
1. kλ f k∞ = |λ| · kf k∞
2. kf + дk∞ 6 kf k∞ + kдk∞ (inégalité triangulaire)
3. kf k∞ = 0 ⇔ f = 0
Définition 26.18 – Si f et д sont deux fonctions bornées sur [a, b], on appelle
distance uniforme entre f et д le réel positif kf − дk∞ .
Théorème 26.19 (Approximation uniforme par des fonctions en escalier) : Autrement dit
Soit f ∈ Cm ([a, b], K), et soit ε > 0. Alors il existe une fonction en escalier φ telle que Il existe toujours une fonc-
kf − φk∞ 6 ε. tion en escaliers qui ne
s’éloigne jamais de plus de
ε de f .
Démonstration. I Commençons par le cas où f est continue sur [a, b], et à valeurs réelles.
Par le théorème de Heine, il existe η > 0 tel que pour |x − y| 6 η, |f (x) − f (y)| 6 ε.
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f
д
kf − дk∞
a b
FIGURE 26.5 – Graphiquement, kf − дk∞ est la plus grande distance verticale entre les
graphes de f et de д.
6ε
6ε f
φ
a b
b −a
Soit alors n ∈ N∗ tel que < η , et posons alors (x k )06k 6n la subdivision régulière de
n
b −a
[a, b] définie par x k = a + k .
n
Mk si t ∈ [x k , x k +1 [
Pour tout k ∈ n0, n−1o, notons Mk = max f (t). Posons alors φ : t 7→ f (b) si t = b
t ∈[x k ,x k +1 ]
Il est alors évident que φ est une fonction en escalier, vérifiant de plus f 6 φ.
Notons que par le théorème des bornes atteintes, pour tout k ∈ n0, n − 1o, il existe
Tk ∈ [x k , x k +1 [ tel que f (Tk ) = Mk .
Et donc pour t ∈ [x k , x k +1 [, on a alors |f (t) − φ(t)| = |f (Tk ) − f (t)| 6 ε puisque
|Tk − t| 6 |x k +1 − x k | < η.
Cette inégalité étant vraie pour tout t ∈ [a, b], on en déduit que kf − φk 6 ε.
I Dans le cas d’une fonction continue sur [a, b], mais à valeurs complexes, il n’y a pas grand
chose à changer, si ce n’est qu’il faut poser Mk = max |f (t)|, et noter Tk un point où
t ∈[x k ,x k +1 ]
ce maximum est atteint.
f (Tk ) si t ∈ [x k , x k+1 [ 19 Pour les mêmes raisons
et vérifier qu’elle convient19 .
On peut alors poser φ : t 7→ f (b) si t = b que dans le cas réel, il suffit
de remplacer les valeurs
I Passons à présent au cas général d’une fonction continue par morceaux.
absolues par des modules,
Soit donc (x i )06i 6n une subdivision adaptée à f . ce qui est complètement
Pour tout i ∈ n0, n − 1o, notons H fi le prolongement par continuité de f |]x i ,x i +1 [ à [x i , x i+1 ]. indolore.
Par ce qui précède, il existe donc une fonction φ i , en escalier sur [x i , x i+1 ] telle que
∀t ∈]x i , x i+1 [,
|φ i (t) − Hfi (t) | 6 ε.
|{z}
=f (t )
Si on pose alors
φ i (t) si t ∈]x i , x i+1 [
φ : t 7→
f (x i ) si t = x i
alors on vérifie sans grande difficulté qu’on a bien les propriétés attendues.
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10 CHAPITRE 26 : INTÉGRATION
Remarque. Remarquons que dans le cas d’une fonction f à valeurs réelles, nous avons
prouvé qu’il était toujours possible de prendre φ de sorte que f 6 φ.
Vous interpréterez l’an prochain ce résultat en parlant de la densité de l’ensemble des
fonctions en escalier dans l’ensemble des fonctions continues par morceaux : on peut
20 Au sens de la norme infi-
approcher une fonction continue par morceaux d’aussi près20 qu’on le souhaite par des
fonctions en escalier. nie.
Corollaire 26.20 – Soit f ∈ Cm ([a, b], K). Alors il existe une suite (φ n )n ∈N de fonctions
en escalier telle que lim kf − φ n k∞ = 0.
n→+∞
On dit qu’une telle suite converge uniformément vers f .
1
Démonstration. Pour tout n ∈ N, il existe φ n ∈ E([a, b], K) telle que kf − φ n k∞ 6 .
n+1
Et alors la suite (φ n )n ∈N a bien la propriété annoncée.
Proposition 26.21 : Soit f ∈ Cm ([a, b], K). Alors pour toute suite (φ)n ∈N de fonctions
Z b !
en escaliers telle que lim kf − φ n k∞ , la suite φ n (t) dt converge.
n→∞ a n ∈N
−→ 0.
n→+∞
Z b
Et donc lim φ n (t) dt = `.
n→+∞ a
Proposition 26.22 : Soit f ∈ Cm ([a, b], K). Si (φ n )n et (ψn )n sont deux suites de
fonctions en escalier telles que lim kf − φ n k∞ = lim kf − ψn k∞ = 0, alors
n→+∞ n→+∞
Z b Z b
lim φ n (t) dt = lim ψn (t) dt .
n→+∞ a n→+∞ a
Cette limite indépendante du choix d’une suite (φ n ) de fonctions en escalier qui converge
Z b
uniformément vers f est appelée intégrale de f sur [a, b], et on la note f (t) dt.
a
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Puisque ces deux suites sont convergentes, elles ont donc la même limite.
Remarques. I La définition de l’intégrale n’est donc pas facile à manipuler, puisqu’elle cache
un passage à la limite.
I Soyez rassurés : nous ne calculerons jamais une intégrale en cherchant une suite de
fonctions en escalier convergeant uniformément vers la fonction que l’on cherche à intégrer.
I La définition est somme toute assez géométrique : on définit l’aire sous la courbe à l’aide Déjà fait ?
de petits rectangles approchant de mieux en mieux la partie du plan située sous la courbe. Avons-nous déjà prouvé ces
I Si f elle-même est une fonction en escalier, alors on peut prendre (φ n ) suite constante propriétés pour les fonctions
Z b continues ? Oui et non !
égale à f , dont la limite est déjà ce que nous avions appelé f (t) dt. Les preuves données dans
a le chapitre 8 sont correctes,
Autrement dit, l’intégrale que nous venons de définir (pour des fonctions continues par mais reposent toujours sur
le théorème fondamental de
morceaux) coïncide bien, pour une fonction en escalier avec celle définie précédemment.
l’analyse, qui n’a toujours pas
Reste donc à prouver que l’intégrale ainsi définie possède bien les propriétés qu’on lui été prouvé (patience, plus que
connaît dans le cas des fonctions continues. quelques pages à attendre...).
Démonstration. Notons (φ n ) (resp. (ψn )) une suite de fonctions en escalier telle que
kf − φ n k∞ −→ 0 (resp. kд − ψn k∞ −→ 0).
n→+∞ n→+∞
1) Alors pour λ ∈ K, on a
k(λ f + д) − (λφ n + ψn )k∞ 6 |λ|kf − φ n k∞ + kд − ψn k∞ −→ 0
n→+∞
si bien que
Z b Z b
(λ f (t) + д(t)) dt = lim (λφ n (t) + ψn (t)) dt C’est la définition de l’inté-
a n→+∞ a grale.
Z b Z b !
= lim λ φ n (t) dt + ψn (t) dt Linéarité de l’intégrale des
n→+∞ a a fonctions en escalier.
Z b Z b
= λ lim φ n (t) dt + lim ψn (t) dt Ces deux suites sont conver-
n→+∞ a n→+∞ a gentes.
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12 CHAPITRE 26 : INTÉGRATION
Z b Z b
=λ f (t) dt + д(t) dt .
a a
2) Pour la positivité de l’intégrale, notons qu’il a été prouvé qu’on peut toujours trou-
ver une suite (φ n )n de fonctions en escalier telles que pour tout n ∈ N, 0 6 f 6 φ n et
kf − φ n k∞ −→ 0.
n→+∞
On a alors, pour tout n ∈ N, par positivité de l’intégrale des fonctions en escalier,
Z b
φ n (t) dt > 0, si bien que par passage à la limite
a
Z b Z b
f (t) dt = lim φ n (t) dt > 0.
a n→+∞ a
4) Les fonctions Re(φ n ) et Im(φ n ) sont encore en escalier, et pour tout t ∈ [a, b], on a
7°) Soit donc c ∈]a, b[. Afin de les distinguer, notons kf − φ n k∞,[a,c] = max |f (t) − φ n (t)|, et
t ∈[a,c]
de même kf − φ n k∞,[c,b] .
Alors pour tout t ∈ [a, c], |f (t) − φ n (t)| 6 kf − φ n (t)k∞ , si bien que
Remarque
kf − φ n k∞,[a,c] 6 kf − φ n k∞ −→ 0.
n→+∞ Il faudrait plutôt parler des
Et donc (φ n )n converge uniformément vers f sur [a, c] , si bien que restrictions à [a, c] de f et de
Z c Z c φn .
f (t) dt = lim φ n (t) dt .
a n→+∞ a
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COURS 13
Corollaire 26.25 – Soient a < b et soit f ∈ Cm ([a, b], R) une fonction strictement
positive sur [a, b], sauf éventuellement en un nombre fini de points.
Z b −2 −1 1 2
Alors f (t) dt > 0.
a
Et pour une fonction continue par morceaux, si on note (x k )06k 6n une subdivision adaptée
à f , alors il existe au moins un point c de l’un des ]x k , x k +1 [ où f est strictement positive .
Soit alorsZη > 0 tel que ]c − η, c + η[⊂]x k , x k +1 [, de sorte que f est continue sur ]c − η, c + η[.
c+η
Et donc f (t) dt > 0. Si bien que
c−η
Z b Z c−η Z c+η Z b
f (t) dt = f (t) dt + f (t) dt + f (t) dt > 0.
a
|a {z } c−η
|
c+η
{z }
>0 >0
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14 CHAPITRE 26 : INTÉGRATION
La linéarité est alors conservée, mais ce n’est pas le cas de toutes les propriétés qui ont trait
à la relation d’ordre (donc la positivité, la croissance et l’inégalité triangulaire).
Si on a besoin d’utiliser des inégalités dans des intégrales, on commencera par «remettre»
les bornes dans le bon sens.
Proposition 26.26 : Soit f une fonction continue par morceaux sur un intervalle I . Alors
Z c Z b Z c
3
∀(a, b, c) ∈ I , f (t) dt = f (t) dt + f (t) dt.
a a b
Et si y < x, alors
Z y Z x Z x
f (t) dt + f (t) dt = f (t) dt .
m y m
= f (t) dt − f (t) dt
Zmc m
= f (t) dt .
a
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COURS 15
F (x) − F (x 0 ) 1
− f (x 0 ) 6 |x 0 − x|ε 6 ε.
x − x0 |x 0 − x|
F (x) − F (x 0 )
Et donc c’est bien la définition de lim = f (x 0 ).
x − x0
x →x 0
Donc F est dérivable en x 0 , avec F 0(x 0 )
= f (x 0 ).
Ceci étant vrai pour tout x 0 ∈ I , F est bien une primitive de f sur I .
f (x)
f (x 0 )
f (x)
f (x 0 )
x0 x x0 x
Z x
FIGURE 26.7 – Plus x est proche de x 0 , et plus f (t) dt est proche de l’aire d’un rectangle
x0
de largeur |x − x 0 | et de hauteur f (x 0 ).
B Ce théorème n’est plus valable pour des fonctions qui ne sont pas continues mais
uniquement continues par morceaux.
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16 CHAPITRE 26 : INTÉGRATION
bxc 4 F
2
3
−2 2 2
1
−2
−2 −1 1 2 3
Z x
Par exemple, F : x 7→ btc dt n’est pas une primitive de la fonction partie entière. En effet,
0
27 Faire le calcul !
il est assez facile de se convaincre27 que F est dérivable à gauche et à droite en k ∈ Z, mais
avec Fд0 (k) = k − 1 et Fd0 (k) = k , donc F n’est pas dérivable en k . Une autre raison, un peu
28 Qui figurait dans le TD
plus subtile est un résultat28 connu sous le nom de théorème de Darboux : la dérivée d’une
fonction dérivable sur un intervalle doit satisfaire la propriété des valeurs intermédiaires, sur la dérivabilité.
au sens où l’image d’un intervalle doit être un intervalle. Or ce n’est clairement pas une
propriété vérifiée par la fonction partie entière.
Soyons bien clair : ce théorème n’est pas une autorisation à dériver sans la moindre
précaution toutes les fonctions qui seraient définies par une intégrale.
Z x2 Z 2p
−t
Tel quel, il ne dit pas que x 7→ e dt ou x 7→ t + cos(x) dt sont dérivables, et
x 1
donne encore moins leurs dérivées.
L’énoncé
Z du théorème fondamental de l’analyse ne vaut que pour des fonctions de la forme
x
x 7→ f (t) dt, c’est-à-dire que :
a
1. la borne «du bas» de l’intégrale ne dépend pas de x
2. celle «du haut» est égale à x
29 Nom (masculin) désignant
3. l’intégrande29 ne dépend pas de x.
la fonction intégrée.
Exemples 26.28
Z x
2 2
I x 7→ e −t dt est l’unique primitive de x 7→ e −x qui s’annule en 0.
0
I En revanche, moyennant quelques arguments supplémentaires, le théorème
fondamental de l’analyse peut aider à dériver d’autres fonctions définies par des
intégrales.
Z 1p
Par exemple, considérons la fonction f définie sur R+∗ par f (x) = 1 + x 2e 2t dt .
0
Alors, grâce au changement de variable u = xe t , pour lequel t = ln(u) − ln(x) et
Z ex √
du 1 + u2
donc dt = , il vient, pour tout x > 0, f (x) = du.
u x u
Notons que cette fois, l’intégrande ne dépend plus de x , mais en revanche les
bornes de l’intégrale ne permettent pas encore directement d’appliquer le théorème
fondamental de l’analyse.
Z x √
1 + u2
Posons alors F : x 7→ du . Par le théorème fondamental de l’analyse, F
1 √u
1 + x2
est C1 sur R+∗ , avec F 0(x) = .
x
On a alors f (x) = F (ex) − F (x). Donc déjà f est C1 par opérations sur les fonctions
C1 , et de plus
√ √ √ √
0 01 + e 2x 2 0 1 + x2 1 + e 2x 2 − 1 + x 2
f (x) = eF (ex) − F (x) = e − = .
ex x x
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COURS 17
Z b
BLes fonctions x 7→ a
. . . où la variable x apparaît sous le signe intégral, et pas
seulement dans les bornes de l’intégrale ne relèvent généralement pas du théorème fonda-
mental de l’analyse, sauf si on trouve une astuce comme celle de l’intégrale précédente.
En particulier, aucun théorème n’affirme sans hypothèses supplémentaires que la «dérivée
de l’intégrale» soit «l’intégrale de la dérivée».
Vous donnerez en spé des théorèmes permettant d’étudier la dérivabilité de telles intégrales,
disons que pour l’instant, le seul moyen d’y parvenir est de revenir au taux d’accroissement.
Corollaire 26.29 – Soit f une fonction continue sur un intervalle I . Alors f admet des
primitives sur I .
De plus, pour tout (a, b) ∈ I 2 , et pour toute primitive F de f sur I ,
Z b Remarque
f (t) dt = F (b) − F (a). Rétrospectivement, cela justi-
a fie les preuves des propriétés
de l’intégrale données en
Z début d’année.
x
Mais nous avons eu besoin
Démonstration. Pour l’existence d’une primitive, il suffit de considérer x 7→ f (t) dt. de ces propriétés pour établir
a
Pour le second point, nous avons déjà prouvé que deux primitives diffèrent d’une constante, le théorème fondamental de
l’analyse, et donc il fallait
et donc que la quantité F (b) − F (a) ne dépend pas de la primitive F de f choisie. réussir à prouver ces pro-
Z x Z b
priétés sans faire usage d’une
En particulier, si on prend F : x 7→ f (t) dt , il vient F (b)−F (a) = F (b) = f (t) dt . primitive.
a a
Attention toutefois aux hypothèses : l’intégration par parties nécessite toujours des fonc-
tions de classe C1 , et le changement de variable un intégrande continu.
Si on souhaite utiliser l’une ou l’autre de ces méthodes pour calculer des intégrales de
fonctions continues par morceaux, il faudra commencer par utiliser la relation de Chasles
afin de se ramener à des segments où l’utilisation de ces théorèmes est légitime.
Démonstration. Prouvons-le pour une fonction continue, le cas général s’en déduira à l’aide
de la relation de Chasles.
Pour les deux premières assertions, procédons au changement de variable x = −t . On a
alors, dans le cas d’une fonction paire,
Z 0 Z 0 Z a
f (t) dt = − f (−x) dx = f (x) dx .
−a a 0
2021–2022
18 CHAPITRE 26 : INTÉGRATION
Z 0 Z 0 Z a
Et dans le cas d’une fonction impaire, f (t) dt = − f (−x) dx = − f (x) dx.
Z a −a
Z 0 Za a 0
−a a
−a a
Pour le cas d’une fonction périodique, une preuve concise est la suivante : si
Z x +T Z x +T Z x
30 C’est le théorème fonda-
F : x 7→ f (t) dt = f (t) dt − f (t) dt, alors F est dérivable30 , de dérivée
x 0 0 mental de l’analyse.
x 7→ f (x + T ) − f (x) = 0.
Donc F est constante. Et en particulier
Z a+T Z T
f (t) dt = F (a) = f (t) dt .
a 0
Pour autant, j’aimerais bien en donner une autre preuve, plus laborieuse, mais bien plus
claire si l’on réfléchit graphiquement.
a
Soit donc a ∈ R, et soit n = , de sorte que nT 6 a < (n + 1)T .
T
Alors par le changement de variable x = t − T , on a
Z a+T Z a Z a
f (t) dt = f (x + T ) dx = f (x) dx .
(n+1)T nT nT
Et donc
Z a+T Z (n+1)T Z a+T Z (n+1)T Z a Z (n+1)T
f (t) dt = f (t) dt+ f (t) dt = f (t) dt+ f (x) dx = f (t) dt .
a a (n+1)T a nT nT
T nT a a +T
Théorème 26.31 (Formule de Taylor avec reste intégral) : Soit f une fonction
de classe Cn+1 sur un intervalle I et soit a ∈ I . Alors pour tout x ∈ I ,
Xn Z x
f (k ) (a) (x − t)n
f (x) = (x − a)k + f (n+1) (t) dt
k! a n!
k =0
Z x
f (n) (a) (x − t)n
= f (a) + f 0(a)(x − a) + · · · + (x − a)n + f (n+1) (t) dt .
n! a n!
Procédons alors à une intégration par parties sur cette dernière intégrale, en posant
(x − t)n+1
u(t) = f (n+1) (t) et v(t) = − , qui sont deux fonctions de classe C1 sur I , avec
(n + 1)!
(x − t)n
u 0(t) = f (n+2) (t) et v 0(t) = . Alors
n!
Z x #x Z x
(x − t)n (x − t)n+1 (x − t)n+1
"
(n+1) (n+1)
f (t) dt = −f (t) + f (n+2) (t) dt
a n! (n + 1)! a a (n + 1)!
Z x
(x − a)n+1 (x − t)n+1
= f (n+1) (a) + f (n+2) (t) dt .
(n + 1)! a (n + 1)!
Et donc
n+1 (k )
X Z x
f (a) k (x − t)n+1
f (x) = (x − a) + f (n+2) (t) dt .
k! a (n + 1)!
k =0
Donc la propriété est vraie au rang n + 1, et donc par le principe de récurrence, est vraie
pour tout n ∈ N.
Remarques. I Vous aurez sûrement reconnu que la somme est exactement la partie régulière
du DLn (a) de f .
32 Outre le fait que l’une
I La grosse différence32 entre cette formule et la formule de Taylor-Young est que la
formule avec reste intégral est une formule exacte. nécessite f de classe Cn
quand l’autre nécessite f de
En effet, elle nous donne une formule pour la différence entre f et son développement
classe Cn+1 .
limité, valable sur I tout entier, là où Taylor-Young nous donne juste une information sur
le comportement de cette différence au voisinage de a.
33 Nom généralement donné
I La formule de Taylor-Young peut se retrouver (dans le cas d’une fonction de classe
Cn+1 ) en prouvant que le reste intégral est négligeable devant (x − a)n . à l’intégrale dans la formule
ci-dessus.
Le reste intégral33 représente l’erreur que l’on commet en approchant f par son DLn (a).
Notations
Corollaire 26.32 (Inégalité de Taylor-Lagrange) : Soit f une fonction de classe Il serait tentant de dire que
Cn+1 sur un intervalle I , et soient (a, b) ∈ I 2 . Notons J le segment d’extrémités a et b . et J = [a, b], mais dans le cas où
soit M un majorant de |f (n+1) | sur J . Alors b < a, J = [b, a].
n
X f (k ) (a) |b − a|n+1
f (b) − (b − a)k 6 M .
k! (n + 1)!
k =0
Remarque. Pour n = 0, on retrouve l’inégalité des accroissements finis (avec des hypothèses
un peu plus contraignantes que celles de l’énoncé donné dans le cours de dérivation).
2021–2022
20 CHAPITRE 26 : INTÉGRATION
Z x
(x − t)n
f (n+1) (t) dt
a n!
f
DLn (a)
Dans le cas où b < a , le principe est le même, mais il y a quelques précautions à prendre
car l’inégalité triangulaire et la croissance de l’intégrale nécessitent des bornes dans le bon
sens.
Z b Z a
(b − t)n (b − t)n
f (n+1) (t) dt = f (n+1) (t) dt
a n! b n!
Z a
(b − t)n
6
b
f (n+1) (t)
n!
dt A Danger !
Z a Cette fois pour t ∈ [b, a],
(t − b)n b − t 6 0, et donc il y a des
6M dt
b n! précautions à prendre pour
a enlever la valeur absolue.
(t − b)n+1
" #
6M
(n + 1)! b
(a − b)n+1 |b − a|n+1
6M 6M .
(n + 1)! (n + 1)!
Remarque. Bien entendu, si f (n+1) est bornée sur I tout entier, alors on peut prendre pour
M un majorant de |f (n+1) |, mais la formule reste valable y compris si un tel majorant sur I
n’existe pas.
Exemple 26.33
2021–2022
COURS 21
|x|n
Mais par croissances comparées, on a −→ 0.
n! n→+∞
On en déduit que
n
X n
X
xk xk
lim e x − = 0 ⇔ lim = ex .
n→+∞ k! n→+∞ k!
k =0 k =0
Proposition 26.36 : Soit f une fonction continue sur [a, b], à valeurs réelles. Pour tout
ε > 0, il existe η > 0 tel que pour toute subdivision pointée s de [a, b], si δ (s) 6 η, alors
Z b
f (t) dt − R(f , s) 6 ε.
a
Démonstration. Puisque f est continue sur [a, b], par le théorème de Heine, elle y est uni-
formément continue.
ε
Et donc il existe η > 0 tel que ∀(x, y) ∈ [a, b]2 , |x − y| 6 η ⇒ |f (x) − f (y)| 6 .
b −a
Soit alors s = (σ , (ti )16i 6n ) une subdivision pointée de [a, b], avec δ (s) 6 η et où la subdivi-
sion σ est donnée par a = x 0 < x 1 < · · · < x n = b. Alors
Z b n
X Z b n Z
X xi
f (t) dt − (x i − x i−1 )f (ti ) = f (t) dt − f (ti ) dt
a i=1 a i=1 x i −1
n Z
X xi n Z
X xi
= f (t) dt − f (ti ) dt Relation de Chasles.
i=1 x i −1 i=1 x i −1
n Z
X xi
= (f (t) − f (ti )) dt
i=1 x i −1
Xn Z xi
6 |f (t) − f (ti )| dt Inégalité(s) triangulaire(s).
i=1 x i −1
n Z
X xi
ε
6 dt
i=1 x i −1 b −a
2021–2022
22 CHAPITRE 26 : INTÉGRATION
Z b
ε
6 dt 6 ε.
b −a a
Remarques. Le résultat reste valable pour des fonctions qui ne sont que continues par
morceaux, mais la preuve en est plus désagréable, car les points de discontinuité de f ne
sont pas forcément des points de la subdivision σ .
Z b
I Ce que dit ce résultat, c’est que quand le pas tend vers 0, alors R(f , s) tend vers f (t) dt .
a
f a + b−a
n f a + b−a
n
f a + 2 b−a
n
f (a)
a x1 2(b−a) b a x1 2(b−a) b
a+ n a+ n
f (t 2 )
f (t 1 )
a x1 2(b−a) b
a+ n a x1 2(b−a) b
a+ n
2021–2022
COURS 23
Il est vraiment important de réussir à bien comprendre en quoi les deux sommes ci-dessus
correspondent aux deux premiers dessins de la figure 26.9.
En particulier, il est hors de question de les apprendre par cœur, alors qu’il suffit de les
comprendre et de savoir les retrouver avec un dessin.
La première limite correspond aux rectangles à gauche, la seconde aux rectangles à droite.
Dans les deux cas, le b−a
n est la longueur de chacun des intervalles de la subdivision, c’est-
à-dire la longueur de nos petits rectangles.
Graphiquement, cela signifie que plus on considère de points dans notre subdivision
régulière, mieux on approche l’intégrale de f avec les sommes de Riemann.
n=3 n = 10 n = 30
a b a b a b
FIGURE 26.10 – Illustration de la convergence des sommes de Riemann (ici avec des
rectangle à gauche) vers l’intégrale.
Démonstration. Soit ε > 0. Alors, il existe η > 0 tel que pour toute subdivision pointée s de
Z b
pas inférieur à η, f (t) dt − R(f , s) 6 ε.
a
b −a
Soit donc N ∈ N∗ tel que pour n > N , 6 η.
n
Alors en particulier, pour n > N les subdivisions pointées correspondant aux rectangles à
gauche et à droite ont un pas inférieur à η , et donc les sommes de Riemann associées sont
Z b
à distance moins de ε de f (t) dt.
a
n−1 !
b −a X b −a
Or, f a +k est la somme de Riemann pour les rectangles à gauche. Donc
n n
k =0
pour n > N ,
Z b n−1 !
b −a X b −a
f (t) dt − f a +k 6 ε.
a n n
k =0
n−1 ! Z b
b −a X b −a 35 Pour tout ε > 0 il existe N
C’est exactement la définition35 de lim f a +k = f (t) dt .
n→+∞ n n a tel que...
k =0
On raisonne de même pour les rectangles à droite.
Remarque. Bien entendu, le même résultat vaut pour la méthode du point milieu, et je
vous laisse trouver la formule correspondante, mais je ne la mentionne pas car elle sert bien
moins souvent que les deux précédentes.
2021–2022
24 CHAPITRE 26 : INTÉGRATION
Méthode
Le plus difficile dans les
sommes de Riemann sera
Exemple 26.38 de les reconnaître. Et même
une fois qu’on a pensé à une
n
X somme de Riemann, il faut
n encore trouver le a , le b et la
Soit (un )n>1 la suite définie par un = . Alors
k =1
n2 + k2 fonction f .
Généralement, le plus simple
n n est de prendre [a, b] = [0, 1],
1X 1 1−0X 1 de faire apparaître un n1
un =
n k 2
=
n 2 . devant la somme, et alors il
1+ 2
k =1 n 1+ k k =1 n n’y a plus de choix pour f .
1
Posons alors a = 0, b = 1 et f : x 7→ , de sorte que
1 + x2
n ! Z b Z 1
b −a X b −a 1 π
un = f a +k −→ f (t) dt = dt = .
n n n→+∞ a 0 1+t
2 4
k =1
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