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Proposition de sujet de recherche doctorale

Proposé par:
Laboratoire GEPASUD de l’Université de la Polynésie française

Sujet de thèse
Etude et simulation d’un micro-réseau électrique intelligent
en milieu insulaire et tropical

Directeurs de thèse
Pascal Ortega, PU, GEPASUD, UPF
Franck Lucas, MCF HDR, GEPASUD, UPF

Partenaires scientifiques
- Laboratoire PROMES, CNRS-INSIS, Perpignan, Driss Stitou, Sylvain Moran, Nathalie Mazet
- Laboratoire PIMENT - Université de La Réunion - Matthieu David et Philippe Lauret
- School of Engineering and Physics, USP, Suva, Fiji, Maurizio Cirrincione

Financement
- 50 % contrat doctoral du MESR
- 50% service de l’énergie du gouvernement de la Polynésie française
L’ensemble est équivalent à un contrat doctoral du MESR
RESUME
L’énergie photovoltaïque (PV) a un potentiel de développement important en PF du fait des bonnes
conditions d’ensoleillement. Cependant, le caractère intermittent et non contrôlable de cette source d’énergie
limite son exploitation lorsque celle-ci est connectée au réseau. Autre inconvénient, il existe généralement un
déphasage temporel entre production et consommation.
En nous limitant aux secteurs résidentiel et tertiaire, il existe des pistes pour palier à ces problèmes
d’instabilité et accroître la production d’énergie solaire. En effet, le couplage de systèmes de stockage aux
installations photovoltaïques est un concept qui est en plein évolution et très peu exploité en PF. La
correction repose sur le contrôle et la gestion à la fois i) de la consommation et ii)de la production.
En ce qui concerne le premier point, le laboratoire GEPASUD a lancé un programme d’étude en 2013 sur
le comportement thermique des bâtiments en PF. Ce programme est bien avancé et devrait déboucher sur une
thèse de doctorat ADEME-UPF.
Le second point fait précisément l’objet de la thèse présentement décrite. A ce jour, pour les secteurs
habitat et tertiaire, les systèmes de stockage les plus adaptés (et les plus étudiés) sont les accumulateurs
électrochimiques. L’Université de la Polynésie Française (UPF) possède un parc de panneaux
photovoltaïques (62.4kWc, 520 modules) connecté au réseau d’EDT (Electricité De Tahiti). Le potentiel
d’extension est énorme en termes de surface exploitable mais ce développement doit tenir compte de la
règlementation actuelle (propre à la PF) qui limite l’injection d’énergie fatale pour les raisons évoquées plus
haut. Il faut donc étudier la possibilité de réaliser un micro-réseau intelligent adapté à nos besoins afin de
lisser la consommation pour limiter les perturbations du réseau EDT. L’objectif, à relativement courte
échéance, sera de :
1. dimensionner correctement à la fois le parc PV et le parc de batteries
2. simuler l’état de charge en tenant compte du vieillissement des batteries
3. intégrer la prévision météorologique (programmation dynamique)
4. étudier des sources de stockage thermochimiques et, éventuellement, mécanique
5. réaliser un algorithme de gestion capable de gérer les différents éléments en temps réel
Pour les deux premiers points, des modèles de simulation des flux énergétiques dans un micro-réseau
connecté comprenant une source solaire et un système de stockage par batterie ont déjà été développé. Les
systèmes de gestion de l’énergie sont conçus afin d’optimiser la durée de vie du système de stockage et de
réduire les coûts de fonctionnement. L’étudiant s’appuiera sur les études existantes afin d’en faire un outil
adapté au secteur bâtiment de la PF. Dans cette partie, les collaborations avec les laboratoires compétents
seront capitales.
Le troisième point nécessite une étude fine de la climatologie de l’île. GEPASUD travaille sur des
modèles météorologiques à maille fine qui devraient permettre une résolution inférieure au kilomètre.
L’étudiant devra exploiter les sorties de ces modèles pour dégager des journées types de climat utilisées
comme contrainte du modèle de micro-réseau électrique. L’aspect « prévisionnel » sera important.
Le quatrième point concerne la mise en évidence un ou deux systèmes (ou technique) de stockage en
intégrant les caractéristiques tropicales et insulaires de nos îles en termes de consommations et de climat.
Différentes techniques de stockage telles que le stockage thermique (chaleur sensible, chaleur latente,
chaleur de sorption) ou mécanique (gravitaire ou inertielle) doivent être envisagées. Une fois le ou les
système(s) de stockage identifié(s) l’étudiant travaillera à la modélisation électrique ou thermique en vue
d’une inclusion dans l’algorithme de gestion (point 5). Ces différentes études se feront étroite collaboration
avec des laboratoires partenaires spécialisés dans ces systèmes de stockage (laboratoire PROMES de
Perpignan - The School of Engineering and Physics, (USP), Suva, Fiji).
Enfin, le cinquième point constitue le rendu du travail de thèse et son objectif principal. Il s’agit de
concevoir un système de gestion qui tient compte en temps réel des contraintes météorologiques, de
l’utilisation (occupation) des locaux et de l’ « état de charge » des différents éléments du micro-réseau.
L’algorithme devra inclure un module « prévision » ou « anticipation » grâce aux études météorologiques.
Suivant l’avancée des travaux le modèle pourra être suivi d’une phase expérimentale totale ou partielle.
CONTEXTES SCIENTIFIQUE ET POLITIQUE
Le développement des énergies renouvelables en Polynésie française (PF), comme ailleurs dans le
monde, est aujourd’hui inévitable et doit être accéléré afin, d’une part, de réduire notre dépendance aux
importations d'hydrocarbures et, d’autre part, de participer à la réduction de production des gaz à effet de
serre. En effet, le coût de l'électricité est structurellement orienté à la hausse. Le bilan prévisionnel de
l'équilibre offre-demande en électricité publié par le Service des Mines et de l'Energie local prévoit pour
2020 une production de 300 à 375 GWh par les énergies renouvelables (soit 50 % de la consommation
totale) alors qu'elle n'est que de 140 GWh aujourd'hui (principalement sous forme d'énergie hydraulique).
Dans ce contexte, l’énergie photovoltaïque (PV) a un potentiel de développement important en PF du
fait des bonnes conditions d’ensoleillement. Cependant, le caractère intermittent et non contrôlable de cette
source d’énergie limite son exploitation lorsque celle-ci est connectée au réseau. L’injection de sources
d’énergies intermittentes sur un réseau parfaitement contrôlé, tel que celui d’EDT (Electricité De Tahiti),
entraine des problèmes de congestion (surcharge des lignes BT), de création d’harmoniques (électronique de
puissance), d’injection de puissances active et réactive et de masquage des défauts (déclenchements
intempestifs). Un autre inconvénient provient du déphasage entre production et consommation. De ce fait,
l’énergie solaire ne peut garantir une autonomie énergétique même dans le cas de sites isolés ou en
consommation directe (non réinjectée).
En nous limitant aux secteurs résidentiel et tertiaire, il existe des pistes pour palier à ces problèmes
d’instabilité et accroître la production d’énergie solaire. En effet, le couplage de systèmes de stockage aux
installations photovoltaïques est un concept qui est en plein évolution et très peu exploité en PF. La
correction repose sur deux principes :
- le contrôle et la gestion de la consommation
- le contrôle et la gestion de la production.
En ce qui concerne le premier point, le gouvernement de la PF en collaboration avec l’ADEME a
déployé une action d'envergure de maîtrise de l'énergie en particulier en direction des plus importants
consommateurs de la PF (560 abonnés consomment près de 50% de l'électricité produite). L'ADEME a
également établi en PF un cahier des charges de l'audit énergétique pour inciter les maîtres d'ouvrage et les
gestionnaires de bâtiments à prendre en compte les critères de maîtrise d'énergie en vue d'une utilisation
rationnelle de l'énergie. L’Université de la Polynésie Française (UPF) a lancé un programme d’étude en 2013
sur le comportement thermique des bâtiments en PF. Une demande de cofinancement de thèse de doctorat
ADEME-UPF est en cours.
Le second point doit faire l’objet du développement d’un modèle qui doit se faire dans le cadre d’une
thèse. A ce jour, pour les secteurs habitat et tertiaire, les systèmes de stockage les plus adaptés (et les plus
étudiés) sont les accumulateurs électrochimiques. Des bâtiments de l’UPF (cours, administration, logement
étudiants) serviront de base pour le développement du modèle. L’UPF possède actuellement un parc de
panneaux photovoltaïques (62.4kWc, 520 modules) connecté au réseau d’EDT. Le potentiel de
développement est énorme en termes de surface exploitable. Sur l’île de Tahiti, la limite autorisée d’énergie
« fatale » connectée au réseau d’EDT est presque atteinte et, dans le contexte de la règlementation actuelle
(propre à la PF) il sera difficile d’augmenter le parc de panneaux PV. Il faut donc étudier la possibilité de
réaliser un micro-réseau intelligent adapté à nos besoins afin de lisser la consommation pour limiter les
perturbations du réseau EDT mais en considérant également l’autoconsommation. L’objectif, à relativement
courte échéance, sera de :
- dimensionner correctement à la fois le parc PV et le parc de batteries
- simuler l’état de charge en tenant compte du vieillissement des batteries
- intégrer la prévision météorologique (programmation dynamique)
- étudier d’autres sources de stockage et, éventuellement, de production.
Pour ce dernier point, il faut intégrer les caractéristiques tropicales et insulaires de nos îles. D’autres
systèmes de stockage tels que le stockage thermique (chaleur sensible, chaleur latente, chaleur de sorption)
ou mécanique (gravitaire ou inertielle) doivent être envisagés. L’utilisation de stockage thermique peut être
envisagée sur la forme chaleur sensible, de chaleur latente (systèmes à eau glacée par exemple) ou encore de
chaleur de sorption. Cette dernière voie est récente est semble très prometteuse : elle est multifonctionnelle
(stockage de chaud et/ou de froid), a capacité calorifique très élevée, de longue durée et quasiment sans
perte. Nous sommes en cours de rédaction d’une collaboration d’étude sur ce sujet avec le laboratoire
PROMES de Perpignan spécialisé dans le stockage thermique. Cette équipe sera impliquée dans notre projet
d’étude car cette technologie est bien adaptée au climat tropical. En parallèle, nous pouvons également
envisager l’utilisation de volants d’inertie. Le laboratoire GEPASUD vient de lancer une collaboration
d’étude à ce sujet avec l’Université du Pacifique Sud à Fiji par la voie du Pr. Maurizio Cirrincione (The
School of Engineering and Physics, (USP), Suva, Fiji).
L’idée du projet est bien de réaliser une modélisation du réseau gérant ses différents éléments de
production, de stockage et de consommation en considérant comme application les bâtiments de l’UPF. Mais
l’étude sera faite de telle manière à pouvoir reproduire cette modélisation sur d’autres bâtiments ou ensemble
de bâtiments en préconisant une procédure d’application du modèle. Le modèle pourra inclure d’autres
éléments au réseau afin d’intégrer les nouvelles technologies en matière de production d’énergie et de
stockage.

METHODOLOGIE

A - MODELISATION STATIQUE: afin de pouvoir contrôler et gérer un micro-réseau électrique il est tout
d’abord indispensable de pouvoir modéliser les composants du réseau à savoir :
- la source (les panneaux PV en l’occurrence)
- l’électronique de puissance (conversion d’énergie)
- le stockage (les batteries dans un premier temps, puis d’autres systèmes adaptés au contexte et aux
besoins)
Des modèles simulant ces trois éléments existent mais doivent être améliorés et adaptés. En particulier, la
modélisation des panneaux solaires en générateurs de courant résulte de relations linéaires qui ne sont
correctes que dans une gamme d’éclairement limitée à 800W/m². Or l’éclairement moyen en PF est plus
élevé, et dans cette gamme d’énergie, la relation éclairement-production devient non-linéaire. Des modèles
mieux adaptés doivent pris en compte.
Des modèles de simulation des flux énergétiques dans un micro-réseau connecté comprenant une source
solaire et un système de stockage par batterie ont déjà été développé (Riffonneau, 2009 ; Wurtz et al, 2010 ;
Fares et al 2014 ; Xue et al 2014). Les systèmes de gestion de l’énergie sont conçus afin d’optimiser la durée
de vie du système de stockage et de réduire les coûts de fonctionnement. L’étudiant s’appuiera sur ces
travaux afin d’en faire un outil adapté au secteur bâtiment de la PF. Dans cette partie, les collaborations avec
les laboratoires compétents seront capitales. Le transfert de compétence que l’on pourra en tirer sera
bénéfique pour la PF.
Comme évoqué précédemment, nous envisageons d’inclure dans la modélisation du stockage thermique et
mécanique. En ce qui concerne le premier type, le stockage par eau glacé est aujourd’hui performant et
opérationnel. La modélisation d’un tel système ne pose pas de problème particulier. En revanche, la
modélisation du stockage sur la base de la chaleur de sorption, encore au stade expérimental, s’appuiera sur
les études menées au laboratoire PROMES avec qui nous allons collaborer étroitement tout au long du travail
de thèse (convention en cours de rédaction). Enfin, le stockage par volant d’inertie sera lié aux avancées de
l’étude menée avec l’USP.
B - MODELISATION DYNAMIQUE : Le modèle doit décrire l’état du système en temps réel et doit
s’adapter, d’une part, à la consommation des bâtiments et, d’autre part, aux conditions climatiques. Deux
points sont à étudier finement :
 la source solaire et ses évolutions dynamiques (statistique de la météorologie locale)
 le profil de consommation (quantité, séquence…)
La connaissance de la source solaire n’est pas triviale si elle est résolue à échelle très fine. Actuellement, le
laboratoire GEPASUD travaille sur l’application de modèles météorologiques à très fine échelle et une
réflexion est à mener sur l’acquisition de données spatiales de validation de ces modèles (WRF et Meso-
NH). L’étudiant sera impliqué dans l’étude statistique de la couverture nuageuse au-dessus de l’île de Tahiti
et dans la mise en évidence de séquences climatiques caractéristiques du climat tahitien. Il s’agit là d’une
étape clé qui permettra de calibrer l’aspect dynamique de la modélisation.
Bien évidemment, le profil de consommation est également un paramètre fondamental de la modélisation.
L’UPF a réalisé un audit énergétique qui décrit l’état de fonctionnement et les composantes de son réseau
interne. L’étudiant devra analyser finement ce rapport, éventuellement le compléter et identifier les bâtiments
pour lesquels sera appliqué le modèle.
C - VALIDATION et APLLICATION: Afin de vérifier la validité du modèle et d’appliquer le modèle, il
faut construire une boucle réactive qui renvoie des informations au serveur. Il faut donc prévoir des
indicateurs qui permettent :
 de contrôler le bon fonctionnement du bâtiment (appareils, sécurité, confort des utilisateurs…)
 éventuellement, d’inclure des mesures liées la maîtrise d’énergie
Le micro-réseau électrique doit être équipé de capteurs pertinents, électriques, thermiques et autres à
définir. Il sera peut-être intéressant de guider les usagers ou de leur suggérer des modifications de
comportements afin de maîtriser la consommation d’énergie.

DESCRIPTION DU TRAVAIL

 Première année
Il s’agira avant tout de faire un état de l’art aussi exhaustif que possible :
- des différentes études de modélisations des composants d’un micro-réseau utilisant des ENR
(panneaux PV, électronique de puissance, batteries, volants d’inertie, stockage thermique…)
- des modèles de gestion de micro-réseaux électriques

En parallèle, il faudra mener une analyse fine de l’audit énergétique afin de parfaitement maîtriser les flux
électriques des bâtiments types de la PF.

De ces deux premières tâches, découleront


- le choix des composants et du type de micro-réseau électrique le mieux adapté à notre cas (connexion
partielle, totale, réalisation d’un réseau continu parallèle, définition des modes de stockage le mieux
adaptés...).
- le choix du modèle qui sera être appliqué, développés et adaptés au cas de bâtiments de la PF.
- des propositions d’évolution du réseau électrique de l’UPF et de méthodes d’écrêtage.

 Deuxième année
La deuxième année sera consacrée au développement du modèle. Tout d’abord, le développement de la
modélisation non-linéaire des panneaux PV comme source de courant et de plusieurs systèmes de stockage
(choisis en conclusion de la phase 1), et de la phase dynamique du modèle (prévision de la ressource,
rétroaction, sécurité…). Ensuite, la conception du réseau intelligent proprement dit, parties capteurs et retro-
information et pilotage.

 Troisième année
La troisième année est bien sûr liée à l’état d’avancée des deux premières années. Il s’agira dans la mesure
du possible d’envisager une validation du modèle et de programmer des périodes d’essais.
L’idée globale du projet est bien de réaliser une modélisation du réseau gérant ses différents éléments de
production, de stockage et de consommation en considérant comme application les bâtiments de l’UPF. Mais
l’étude sera faite de telle manière à pouvoir reproduire cette modélisation sur d’autres bâtiments ou ensemble
de bâtiments en préconisant une procédure qui décrit les mesures électriques, météorologiques et thermique
indispensables à l’application du modèle. La partie expérimentale restant à ce jour conditionnelle aux
avancées de la thèse.

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