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Linguistische

Arbeiten 227
Herausgegeben von Hans Altmann, Herbert E. Brekle, Hans Jürgen Heringer,
Christian Rohrer, Heinz Vater und Otmar Werner
Franz Schneider

Comment décrire
les actes de langage?
De la linguistique pragmatique à la lexicographie:
«La belle affaire!» et «Tu m'en diras tant!»

Max Niemeyer Verlag


Tübingen 1989
CIP-Titelaufnahme der Deutschen Bibliothek

Schneider, Franz : Comment décrire les actes de langage? : De la linguistique pragma-


tique à la lexicographie: „La belle affaire!" et „Tu m'en diras tant!" / Franz Schneider. -
Tübingen : Niemeyer, 1989
(Linguistische Arbeiten ; 227)
NE: GT

D 29

ISBN 3-484-30227-5 ISSN 0344-6727

© Max Niemeyer Verlag, Tübingen 1989


Das Werk einschließlich aller seiner Teile ist urheberrechtlich geschützt. Jede Verwertung
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Mikroverfilmungen und die Einspeicherung und Verarbeitung in elektronischen Systemen.
Printed in Germany.
Druck: Weihert Druck-GmbH, Darmstadt.
V

TABLE DES MATIERES

PREAMBULE XI
XVI11
ABREVIATIONS

1. L'OBJET D'ANALYSE 1
1.1 Première approche de l'objet d'analyse 1
1.1.1 Quelles appellations propose-t-on pour notre objet? 2
1.2 Sens littéral et idicmaticitê 3
1.3 Précision et appellation de l'objet 5
1.4 'Situation' ou 'contexte' 8
1.4.1 Facteurs du contexte pragmatique 10

2. L'INSTRUMENT D'ANALYSE 13
2.1 La 'génératrice sémantique stratifiée' (GSS) 13
2.1.1 Une pragmatique intégrée et fondatrice 16
2.1.2 La structure sémantique élémentaire de la GSS (niveau I) 20
2.1.2.1 La notion de 'fonction' 20
2.1.2.2 la conception du 'signe' 24
2.1.2.3 La productivité sémantique du langage 27
2.1.2.4 Le statut initial et fined du code 30
2.1.2.5 Les trois composantes principales du processus
de signifiance 33
2.1.2.6 La 'matière' du processus transgressif de signifiance 35
2.1.2.6.1 La délocutivité et les primitifs sémantiques 39
2.1.3 L'être parlant et son rapport avec les notions d"intention'
et de 'convention' 43
2.1.4 Le niveau II de la GSS 45
2.1.4.1 'Savoir' et 'croire' 45
2.1.4.2 La signification de la phrase - donneur d'instructions 46
2.1.4.3 Termes centraux de la théorie de l'argumentation d'Ansccnibre
et Ducrot - instruments essentiels de notre analyse 50
VI
2.1.4.4 Elargissement de la perspective pragmatique au-delà du
logico-argumentatif 58
2.1.4.4.1 La notion de 'vérité relative' 60
2.1.4.4.2 la nature modale de la notion de vérité 61
2.1.4.4.3 L'axe êpistêmique de la croyance 64
2.1.4.4.4 Implications comportementales de l'axe êpistêmique 65
2.1.4.4.5 La FORCE ARGUMENTATIVE (FA): principe unificateur des
illocutoires 'génériques' 67
2.1.4.4.5.1 L'assertif et le directif 68
2.1.4.4.5.2 L'assertif et le représentatif 70
2.1.4.4.5.3 L'expressif 73
2.1.4.4.5.4 La déclaration 75
2.1.4.4.5.5 L'interrogation 76
2.1.4.4.6 La nature du sujet du niveau II 79
2.1.5 Le niveau III de la GSS 80
2.1.5.1 L'énanciation 80
2.1.5.2 L'énoncé 80
2.1.5.3 La responsabilité illocutoire 81
2.1.5.4 En quoi notre point de vue sur l'opération d'orientation
argumentative diffère-t-il de celui de Ducrot ? 84
2.1.5.5 La notion d''univers de croyance' 84
2.1.5.5.1 La notion de 'mondes possibles' 86
2.1.5.5.2 N'est vrai que ce qui est plus ou moins vrai 87
2.1.5.5.3 La présupposition - qualité interactive à valeur
vêriconditionnelle et normative 89
2.1.5.5.4 L'affectivité n'est que l'expression d'une divergence
ou d'une convergence normative 93
2.1.6 Le niveau IV de la GSS 96
2.1.6.1 La montée de 1'illocutoire au sens de la philosophie
analytique anglo-américaine 96
2.1.6.2 Le perlocutoire - un illocutoire calculé 97
2.1.6.3 Comprendre - accepter - correspondre - réagir : critères
distinctifs des différents niveaux de la GSS 99
2.1.7 Elargissement de la perspective pragmatique dans le
domaine de la prosodie et de la mimo-gestualité 101
2.1.7.1 'La vive voix' des expressions d'illocutoire stéréotypé 101
1
2.1.7.1.1 L isomorphisms du contenu des énonciations et de leur
expression vocale 104
VII
2.1.7.1.2 La prosodie codée 106
2.1.7.1.3 L'idée de 'niveaux' dans la prosodie 108
2.2 Perspectives séquentielles 110
2.2.1 L'ironie 111
2.2.1.1 Critique de la conception classique de la
'contradiction logique' 111
2.2.1.2 Notre position: l'ironie - un conposé d'une signification
'littérale' illocutoirement non spécifiée et d'un sens
supplémentaire illocutoirement spécifié 118
2.2.2 La négation corme force oppositive 122
2.3 Perspective: l'analyse de LBA et TDT 124

3. ANALYSE PRAGMA-SEMANTIQÖE DE LA BELLE AFFAIRE (LBA)


et TU M'EN DIRAS TANT (TDT) 125
3.1 LA BELLE AFFAIRE (LBA) 125
3.1.1 Niveau analytique IV de la GSS : occurrences performan-
cielles de LBA 125
3.1.1.1 Des illocutoires spécifiés dans le domaine de la
'présupposition de vérité' (PPV) type 'convenir' 126
3.1.1.2 Des illocutoires spécifiés dans le detraine de la
PPV type 'affirmer' 128
3.1.1.3 Des illocutoires spécifiés dans le domaine de la
PPV type 'prétendre' 131
3.1.1.4 Facteurs performanciels - facteurs déterminant 1'illo-
cutoire spécifié du niveau IV 134
3.1.2 Niveau analytique II de la GSS 139
3.1.2.1 La signification de LBA 139
3.1.2.1.1 Le 'paradigme d'indications quantitatives liées à
un topos' (PIOT) 140
3.1.2.1.2 Définition du 'topos' du PIQT 142
3.1.2.1.3 La fonction pragmatique de l'intensif si dont le prédicat
belle est porteur 143
3.1.3 Niveau analytique III de la GSS 144
3.1.3.1 Exemples d'orientations argumentatives Cr') de LBA 144
3.1.3.2 Vue des illocutoires spécifiés sous l'angle des trois
types de 'presuppositions de vérité' (PPV) 148
3.1.4 La fonction discursive oppositive de LBA 151
3.1.4.1 L'opposition au DIRE 151
Vili

3.1.4.2 L'opposition au 'r' dont le caiportanent dramatisant de


1'allocataire doit être porteur 152
3.1.4.3 L'enchevêtrement du DIT et du DIRE 154
3.1.4.4 Différence catégorielle de deux types de paraphrases 155
3.1.4.5 Le fonctionnement spécial de la PPV type 'affirmer' 156
3.1.5 Niveau analytique I de la GSS 157
3.1.5.1 La mise en valeur pragmatique de composants sémantiques
des unités lexicales de LBA 157
3.1.5.2 Aspects prosodiques universels 159
3.1.6 Considérations synonymiques 160
3.1.7 Les cotextes 169
3.1.7.1 Quelques types de pré-cotextes 169
3.1.7.2 Quelques types de post-cotextes 173
3.1.7.3 Charnières syntaxiques après LBA 174
3.1.8 Les sujets de conversation favorables à un emploi de LBA 179
3.1.9 Conditions d'emploi psycho-sociales 179
3.1.10 La souplesse énonciative de LBA 183
3.1.11 Emplois 'littéraux' de LBA dans les documents historiques:
carmentaires 186
3.1.12 Jeux de nots sur LBA 188
3.2 TU M'EN DIRAS TANT (TDT) 189
3.2.1 Niveau analytique IV : occurrences performancielles 189
3.2.1.1 Des illocutoires spécifiés dans le domaine de la
'presupposition de vérité' (PPV) type 'convenir' 190
3.2.1.2 Des illocutoires spécifiés dans le dona ine de la
PPV type 'affirmer' 192
3.2.1.3 Des illocutoires spécifiés dans le domaine de la
PPV type 'prétendre' 195
3.2.2 Niveau analytique II 197
3.2.2.1 La signification 197
3.2.2.1.1 Le 'paradigme d'indications quantitatives' (PIQT) 198
3.2.2.1.2 Définition du 'topos' du PIQT 199
3.2.2.2 L'illocutoire générique de TDT 199
3.2.3 Niveau analytique III 200
3.2.3.1 Le rôle des 'préstppositians de vérité' (PPV) 200
3.2.3.2 Les configurations des actes de compréhension effectués
par l'éncaiciation de TDT 202
IX
3.2.4 Le rôle de 'acceptation' dans le sémantisrre de TDT 209
3.2.4. 1 Le noyau épistêmique de 1''acceptation' 209
3.2.4.,2 Les propriétés affectives et cannunicatives 211
3.2.4.,2..1 Le rapport affectif entre le locuteur et le réfèrent 211
3.2.4.,2.,2 Le rapport affectif entre le locuteur et l'interlocuteur 212
3.2.4.,2.,3 Emploi phatique 217
3.3 TU M'EN DIRAS TANT (IRONIQUE) 218
3.3.1 Niveau analytique IV 218
3.3.2 Niveau analytique II 221
3.3.3 Niveau analytique III 223
3.3.3.,1 Coment justifier l'absence de la PPV type 'affirmer' ? 223
3.3.3..2 Les PPV types 'convenir' et 'prétendre' 223
3.3.4 Propriétés caimunes de TOT roi-ironique et de TDT
ironique 227
3.3.4..1 Affectivité positive et négative 227
3.3.4.,2 La force expressive limitée 228
3.3.4..3 Les emplois de feinte 229
3.3.5 Caractérisation par contraste des propriétés prosodiques
et mino-gestuelles de TDT non-ironique et de TDT ironique 231
3.3.6 Cotextes 234
3.3.6..1 Quelques pré-cotextes 234
3.3.6. 2 Quelques post-cotextes 235
3.3.6.3 Quelques remarques sur les cotextes 236
3.3.7 Conditions d'enploi psycho-sociales 237
3.3.8 Traces de délocutivité dans le sémantisrre 238

4. LES EIS ET LEUR TRAITEMENT LEXICOGRAPHIQUE 240


4.1 Regard critique sur les articles de LBA et de TDT
dans les divers dictionnaires 240
4.1.1 Les dictionnaires consultés 240
4.1.1. 1 LA BELLE AFFAIRE 241
4.1.1. 1.1 LA BELLE AFFAIRE dans des dictionnaires monolingues 241
4.1.1. 1.2 LA BELLE AFFAIRE dans des dictionnaires bilingues 246
4.1.1.2 TU M'EN DIRAS TANT 250
4.1.1.2. 1 TU M'EN DIRAS TANT dans des dictionnaires monolingues 251
4.1.1.2.2 TU M'EN DIRAS TANT dans des dictionnaires bilingues 255
4.2 Principes lexicographiques â la base de nos articles 258
4.2.1 Deux notions de base: 'langue' - 'discours' 258
χ

4.2.2 Esquisse d'une typologie des dictionnaires traitant


les EIS 260
4.2.2.1 Le secteur de langue envisagé 260
4.2.2.2 Principes de nos articles en fonction de leurs usagers 261
4.2.2.3 Conditions particulières des articles bilingues 264
4.2.2.3.1 Le principe de l'équivalence 265
4.2.2.3.2 Equivalents et éléments descriptifs dans le dictionnaire
bilingue passif 266
4.2.2.3.3 Le dictionnaire bilingue actif 268
4.2.2.4 Le rôle éminent de l'exemple 269
4.2.2.5 Conclusions 270
4.2.3 La disposition des articles de LBA et de TDT 270
4.2.3.1 Principes généraux 270
4.2.3.1.1 Le mltalangage 270
4.2.3.1.2 Eléments descriptifs hiérarchisés et structure ternaire
des articles 271
4.2.3.1.3 Exemple authentique ou construit ? 273
4.2.3.1.4 Grammi re et syntaxe 273
4.2.3.1.5 Informations prosodiques, mimiques et gestuelles 274
4.2.3.2 Les EIS - une nouvelle dimension lexicographique 274
4.2.4 Les articles lexicographiques de LBA et de TOT 275
4.2.4.1 Tableaux d'agencement des éléments de nos articles
lexicographiques 275
4.2.4.2 Epreuves d'articles 280
4.2.4.2.1 LA BELLE AFFAIRE 280
4.2.4.2.2 TU M'EN DIRAS TANT 296
4.2.4.2.3 TU M'EN DIRAS TANT (ironique) 311

5. ECHANTILLON D'UN CORPUS LEXICOGRAPHIQUE POUR L'ELABORATION


D'UN DICTIONNAIRE DE L'ILLOCUTOIRE STEREOTYPE 320
5.1 Documentaire de l'INLF sur LBA et TDT et autres documents
actuels 320
5.2 Mini-dialogues contenant des EIS 348

BIBLIOGRAPHIE 518
χι

0. PREAMBULE

0.1 L'objectif du présent travail est de nature absolument pragmatique


élaborer des articles lexicographiques sur un type d'expressions que nous
appelons 'EXPRESSIONS D'ILLOCOTOIRE STEREOTYPE1 (EIS), ceci pour éviter que
la consultation d'un dictionnaire ne produise plus de points d'interrogation
que d'éclaircissements sur l'emploi d'un type d'expressions dont 1 'importance
pour la conversation de tous les jours n'est plus à démontrer. Imaginons,
pour ne donner qu'un exemple de consultation, un usager étranger du PETIT
ROBERT, qui vient d'entendre dans la bouche de son interlocuteur français:
je vous attends au tournant ! Admettons qu'il ait déjà un niveau assez élevé
en français et qu'il ait aussi saisi le caractère idiomatique de cette suite
de mots. Le PETIT ROBERT lui donne les renseignements suivants sous l'entrée
attendre·. "Fam. Je l'attends au tournant : au marient difficile". Nous concé-
dons que les informations sous l'entrée tournant sont un peu plus 'éclairan-
tes', mais elles n'améliorent guère le tableau (lamentable) général. Notre
constat reste le même, et nous essayerons de le fonder dans le cadre de cette
étude. La qualité de la description lexicographique des EIS, dans pratique-
ment tous les dictionnaires monolingues ou bilingues actuels, crée des avatars
conversationnels difficilement admissibles par l'usager étranger.

Puisqu'il est toujours facile de critiquer, nous voilà donc dans 1'obli-
gation de faire mieux. Mais l'obstacle le plus difficile â surmonter pour le
lexicographe est celui de se voir rapidement coincé entre le désir d'accéder
à la cohérence de la description et l'obligation de produire des textes lexi-
cographiques utiles, utilisables (Rey et Delesalle 1979).

0.2 Avant de contenter brièvement les différents chapitres du travail nous


tenons à familiariser le lecteur avec notre démarche méthodique. Dans un pre-
mier temps nous avons compulsé les deux dictionnaires PETIT ROBERT et LEXIS
en nous penchant sur d'éventuelles EXPRESSIONS D'ILLOCUTOIRE STEREOTYPE (EIS).
XII
C'est ainsi que nous avons relevé environ 2.500 expressions; 1.200 autres
EIS (cette fois-ci uniquement des expressions figurant dans le PETIT ROBERT
sous les lettres m, r, s, t, u, v, y, s) ont été présentées à des locuteurs
natifs, une Française de 30 ans et un Français de 19 ans. Ils ont effectué
une sélection en écartant les expressions dont la fréquence leur semblait trop
faible. Quant aux 1000 expressions restantes, les deux informateurs avaient
pour tâche d'intégrer chacune d'elles dans un mini-dialogue caractéristique
précédé d'une courte description de la situation éncnciative (cf. p. 348).

Le fait que notre analyse porte sur les deux expressions LA BELLE AFFAIRE
et TU M'EN DIRAS TANT est également le résultat d'un processus sélectif. Il
s'agissait de concentrer notre intérêt sur des expressions qui promettaient
une exploitation sémantique le plus riche possible. Si les résultats des inter-
views réalisées dans ce but nous ont suggéré de choisir les deux expressions
citées, nous n'avons pas 11outrecuidance d'affirmer que toutes les autres ne
méritent pas une analyse. Il est donc inévitable de faire la part d'un certain
arbitraire dans notre choix final. Néanmoins il est certain que la présence de
'cover words' (belle, tant) et nos difficultés personnelles de saisir le sens
des deux expressions, sans parler de leur maniement correct, ont favorisé ce
choix.

Pour avoir un point de départ d'analyse il fallut disposer d'un certain


nombre d'hypothèses initiales. C'est un mini-corpus de 66 documents (51 LA
BELLE AFFAIRE, 15 TU M'EN DIRAS TANT) (cf. p. 327 et p. 320) mis gracieusement
â notre disposition par l'Institut National de la Langue Française (INLF) â
Nancy qui nous a rendu ce précieux service. En plus nous avons mis à profit
des documents (6 LA BELLE AFFAIRE, 2 TU M'EN DIRAS TANT) trouvés dans LE MONDE,
dont un dans LE MONDE DIPLOMATIQUE (cf. p. 345 et 346). C'est sur la base des
hypothèses établies à partir des documents ncrtmés que nous nous satire engagés
dans de nombreuses interviews. Elles ont été réalisées avec des locuteurs na-
tifs français, pour la plupart en séjour de quelques années à Ouagadougou
(Burkina Faso) où l'auteur du livre a travaillé pendant cinq ans dans l'en-
seignement. Les informateurs et informatrices - 13 au total - étaient âgés de
30 à 40 ans. La plupart d'entre eux travaillent dans l'enseignement secondaire
et supérieur, 2 dans le secteur privé. Toutes les interviews ont été enregis-
trées, transcrites et minutieusement analysées. Nous nous sotrmes efforcés d'in-
fluencer le moins possible les résultats par nos questions tout en sachant que
le type de questions et la façon dont on les pose se répercutent nécessairement
XIII
dans les réponses. Nous avons pourtant été aidés, dans l'approche de notre ob-
jectif, par la naïveté principielle de nos questions, légitimée par notre sta-
tut de locuteur non natif, naïveté qui nous évitait de trop nous imposer. Les
interviews n'ont jamais duré plus d'une heure et demie. Cette durée s'est
avérée le maximum de ce qu'on peut demander à un informateur au niveau de sa
capacité de concentration et de sa bonne volonté. Soit dit en passant que tout
projet lexicographique faisant usage de la méthode d'interview décrite et ayant
c a m e objectif non seulement l'analyse de deux expressions d'illocutoire sté-
réotypé mais de plusieurs centaines et même de milliers ne pourra s'empêcher
de trouver un cadre institutionnalisé pour mener à bien ce travail. L'avance-
ment du travail d'interview a été dicté par le principe de 'cercles concen-
triques' qui consiste, une fois la difficulté de compréhension d'un aspect
sémantique identifiée, â mettre l'accent dessus dans les interviews suivantes.
Tout aspect problématique a été soumis aux jugements d'au moins deux informa-
teurs. Selon que ces jugements convergeaient ou divergeaient, nos recherches
ont été arrêtées ou poursuivies. De façon générale ce travail ressemblait plu-
tôt à une tâtonnement permanent qu'à un avancement rectiligne. Dans ce pro-
cessus dialectique entre la formation d'hypothèses externes et internes
(Ducrot), nous avons pu constater que les difficultés d'interprétation de sens
du locuteur 'langue maternelle' et du locuteur 'langue étrangère' sont dia-
métralement opposées. Le premier attribue tout naturellement des sens concrets
aux êncnciations d'une EIS, alors que l'abstraction lui pose un problême. Pour
le deuxième, par contre, la situation se présente de façon inverse. L'appréhen-
sion d'une signification abstraite ne garantit nullement une compréhension ré-
elle du sens concret d'une EIS. Le nombre de séances d'interview s'élevait à
40, réparties sur un peu plus d'un an . Les 50 dialogues qui jalonnent l'ana-
lyse de LBA et de TOT (cf. Chap. 3) sont le résultat de ces séances. Ils nous
serviront, carme on le verra, à faire ressortir les nuances sémantiques des
deux expressions.

0.3 Le travail se divise en cinq parties

- Dans la première nous donnons des contours à notre objet d'étude auquel nous
assignons l'appellation 'EXPRESSIONS D'ILLOCUTOIRE STEREOTYPE' (EIS). Nous
aboutissons au constat que ce type d'expressions ne peut être rangé dans
aucune des classifications traditionnelles des expressions idiomatiques
parce qu'en principe tout élênent linguistique peut se voir doté d'un illo-
cutoire plus ou moins stéréotypé. Nous abordons brièvement la question du
XIV
rôle que le principe de ccmpositionnalité (Frege) joue dans le cas des EIS.
Cet aspect important sera approfondi dans le deuxième chapitre avec la dé-
finition de la fonction de ce principe dans le processus de signifiance au-
quel toute EIS est soumise.

En ce qui concerne les deux notions de 'situation1 de 'contexte' notre con-


stat est net. La différence entre elles n'est que de nature graduelle. Nous
les considérons toutes les deux carme des construits interprétatifs qui tran-
sitent forcément par le raisonnement des interlocuteurs et qui par là sont
sujets à des transformations permanentes.

- Dans le deuxième chapitre nous jetons les fondements théoriques de notre ana-
lyse. A défaut de l'existence d'une théorie cohérente nous satines obligés de
recourir à différents concepts théoriques. Leur auteurs travaillent dans les
domaines de la sémiotique (Peirce), de la philosophie (Jacques, Parret,
Martin), de la sociologie (Goffman), de la linguistique (Berrendonner,
Ossner), de l'argumentation (Ducrot, Anscatbre) et de la prosodie (Fónagy,
Di Cristo, Rossi).

Nos réflexions théoriques débuteront par la présentation du modèle de notre


'GENERATRICE SEMANTIQUE STRATIFIEE' (GSS) (cf. p. 15 ). Il condense et anti-
cipe les résultats du développement théorique du deuxième chapitre qui de ce
fait adopte la qualité d'une déduction. Nous tenons beaucoup à distinguer
très nettement les quatre niveaux sémantiques de la GSS car nous sonnes per-
suadés que c'est là une des conditions essentielles pour faire une analyse
exacte des EIS. Le développement de nos idées suit une ligne ascendante dans
la mesure oû nous partons du niveau I et fondamental de la GSS pour arriver
au niveau IV et surfacial.

Notre acception de langue implique l'idée d'une agressivité fondamentale


de la nature humaine. Mais cette agressivité n'atteint jamais le degré de
violence physique. Etant donné que nous la concevons conte principiellement
'apprivoisée' de par sa nature symbolique et médiate, elle implique néces-
sairement l'idée de comportement stratétique et par là de réciprocité. La
stratégie a pour objectif la domination de l'autre. Sous cet angle même une
soumission revêt le caractère d'une supposition d'éventuelle domination fu-
ture. Le comportement stratégique peut être déduit de la thèse de Goffman
selon laquelle tout individu défend le territoire de son moi, c'est-à-dire
qu'il évite de mettre en jeu une position avantageuse par rapport à un autre
individu.
XV

Notre notion de 'pragmatique' est celle d'une 'pragmatique fondatrice et


maximaliste' défendue par Jacques et s'inscrivant dans la lignée spirituelle
de Peirce. Nous empruntons à Jacques les concepts de la 'relation interlocu-
tive' ou ' co-signifiance', du 'processus transgressif de signifiance' - Parret
parle d' 'encatalyse' -, et du signe tétraédrique. Ce dernier, situé dans une
perspective de 'praxis discursive', va bien au-delà de notions en tout et
pour tout statique du signe (Saussure, Bühler, Trubetzkoy, Jakobson, Odgen
et Richards). Pour arriver à une synthétisation des trois modalités clas-
siques (ontologique, êpistémique, déantique) et des quantificateurs nous nous
référons à Parret. Celui-ci postule un iscmorphisme des quatre construits
théoriques. Il en résulte logiquement une notion de vérité relative. Martin
nous fournit les concepts des 'univers de croyance' et de la 'sémantique du
flou'. De Berrendonner nous mettons à profit le concept des 1présuppositions
de vérité' (PPV) qui sont au nanbre de trois (convenir - affirmer - prétendre).
Ce concept est fondé sur l'idée d'un rapport meta- entre la présupposition et
la proposition. La pierre angulaire de notre concept d'analyse est constituée
par des éléments pris dans la théorie d'argumentation de Ducrot et d'Ans-
ccmbre. Il s'agit essentiellement des notions de 'paradigme d'indications
quantitatives', de 'topos' et d''orientation argumentative' ou 'mouvement
argumentatif'représenté par le symbole "r'.

Tout en assignant au concept de Ducrot et d'Ansccmbre le rôle central dans


notre démarche théorique nous nous efforçons de 11appliquer à une perspective
pragmatique élargie. Nous y parvenons en ne nous contentant pas du seul repé-
rage de 'l'argumentation intrinsèque de la langue' - objectif des travaux des
deux auteurs ncintés -, mais en introduisant le locuteur en tant que porteur
d'univers de croyance et pris dans toute sa matérialité physique. Le dernier
fait prend tout son sens au niveau sémantique performanciel et surfacial.
C'est là que notre notion holistique et transgressive de la langue devient
la plus évidente en raison de la perception de l'unité fondamentale du verbal
sui generis, de la prosodie et de la miiro-gestualité, les deux derniers pre-
nant la valeur d'un signe à part entière (Fónagy, Di Cristo, Rossi).

Nos concepts de la 'relation interlocative1 et du canportement stratégique


cadrent bien avec celui du perlocutoire que nous considérons catme un illo-
cutoire calculé. Il est le produit de considérations stratégiques (Ossner)
qui pourtant ne sont jamais à l'abri du malentendu et de l'échec. Cela est
la conséquence logique d'une notion de langue â l'intérieur de laquelle le
processus de production de sens n'arrive jamais à une fin.
XVI

- Le troisième chapitre présente l'analyse pragma-sémantique des deux expres-


sions LA BELLE AFFAIRE et TU M'EN DIRAS TANT. Leurs nuances sémantiques sont
dégagées et démontrées à l'aide des 50 dialogues issus des séances d'inter-
view dont nous avons déjà parlé. L'analyse respecte strictement la stratifi-
cation de la GSS. Nous débutons l'analyse au niveau IV occurrenciel et per-
formanciel, la poursuivons en descendant au niveau II abstrait de la signi-
fication phrastique à laquelle inccmbe le rôle de fournir une description
unificatrice des EIS, ensuite nous montons au niveau III présuppositionnel
semi-conventionnel. Celui-ci est très important dans la mesure où il sert à
introduire un ordre en général ternaire - conformément aux trois types de
présuppositions de vérité de Berrendonner - dans les multiples emplois et
nuances sémantiques des deux expressions relevés auparavant au niveau IV.
L'importance du niveau III provient de la fonction d1accouplement que le
locuteur assume â ce point de jonction des conditions de vérité et celles de
succès â implications juridico-normatives.

- Dans le quatrième chapitre nous passerons d'abord en revue les articles de


LEA et TOT de plusieurs dictionnaires mono- et bilingues. Nous les soumet-
trons à un examen critique avec en toile de fond les résultats de l'analyse
du troisième chapitre. Le constat sur la qualité des articles actuels sera
désillusionnant. Ensuite nous jetterons les bases théoriques de nos articles
lexicographiques. Il s'agira surtout de veiller â ce que la revendication,
absolument justifiée de tenir ccmpte du type de consultant d'un diction-
naire, ne reste pas plus longtemps lettre morte (Hausmann). C'est ainsi que
les quatre articles lexicographiques que nous présenterons des EIS LBA, TOT
non-ironique et TOT ironique respectivement sont destinés â quatre types de
dictionnaires:
- le dictionnaire monolingue du type PETIT ROBERT,
- le dictionnaire monolingue spécial,
- le dictionnaire bilingue actif,
- le dictionnaire bilingue passif.

- Le cinquième chapitre contient les 66 documents mis â notre disposition par


l'Institut National de la Langue Française, les 8 que nous avons trouvés dans
Le Monde et environ 1000 mini-dialogues construits autour des EIS. Ce cha-
1
pitre peut être considéré ccrrne la base matérielle ou coime une lexikogra-
phische Kartothek' (Wiegand) d'un dictionnaire futur des EIS.
XVII

0.4 Nous tenons â témoigner notre gratitude aux natibreux partenaires d'in-
terviews de la ccmnunautê française de Ouagadougou qui ont fait preuve d'une
patience admirable devant le bombardement sans merci de questions pas parti-
culièrement intelligentes. Nos remerciements vont tout spécialement â l'adresse
des personnes qui nous ont encouragés dans notre travail: notre directeur de
thèse Franz Joseph Hausmann, qui a su allier critiques et conseils même â une
distance de plus de 5.000 kilomètres, Madame Françoise Iker dont l'intérêt et
le concours actifs au travail n'ont jamais fait défaut, le remaniste Wolfgang
Bufe qui nous a aidés à amorcer le projet, Madame Edwige Berger, qui avec une
indulgence inconparable a mis en fonte le manuscrit, Laurent Berger et
Clothilde Baumard qui ont su verser toute leur spontanéité linguistique dans
les mini-dialogues, Noëlle Tiendrebeogo qui nous a aidés pendant la période
de préparation à sélectionner des EIS en vue d'ime analyse éventuelle, et enfin
à l'INLF et son matériel, auquel nous devons les premières et timides hypo-
thèses de départ, δ combien précieuses, de cette étude.

Ouagadougou, août 1987


XVIII

ABREVIATIONS

EIS Expressions d'illocutoire stéréotypé


GSS Génératrice sémantique stratifiée
LBA La belle affaire
TOT Tu m'en diras tant
FA Force argumentative
PFV Présupposition de vérité
MPP Mode présuppositionnel
PIQT Paradigme d'indications quantitatives liées â un topos
1

1. L'OBJET D'ANALYSE

1.1 Première approche de l'objet d'analyse

Dans cette étude, nous nous sennes proposés un objet dont il n'est certainement
pas facile de décrire les contours exacts. Au début de la théorie des actes de
langage tout paraît assez clair. L'intérêt de Austin (1970) et de Searle (1972)
porte essentiellement sur les performatifs explicites.
Leurs efforts ont pour but de décrire ce phénomène bizarre de faire quelque
chose quand on dit je te promets que ρ ou je te baptise Dominique.

Vu d'aujourd'hui, il est certain que le regard analytique de beaucoup de


linguistes s'est trop longtenps fixé sur le caractère explicite de la performa-
tivité dans le cas des verbes ainsi normes. Cet attacheirent au critère explicite
se laisse facilement expliquer. Il n'a pas touché au principe sacro-saint de
la priorité absolue de la 'fonte' linguistique. Tout linguiste qui se respecte
a par conséquent à se soumettre à ce principe. Le caractère explicite du per-
formatif a laissé intact le dogme de la littéralité et a continué à nourrir
l'illusion que non seulement le phénomène de la signification mais aussi celui
de la performativité se laisse anccer dans ce fétiche.

Sans conteste, cette vue des choses sirrplifie à l'extrême la problématique.


Nous l'avons fait pour toucher du doigt dès le début de cette étude le probièrre
fondamental devant lequel nous nous trouvons. Nous ne pourrons pas nous dérober
au travail d'y apporter une solution avant de passer à une analyse errpirique
reposant sur des fondements solides. C'est pourquoi la première partie sera
consacrée à la tentative théorique de décrire le processus de production de
sens de manière à réduire cansidérablemsnt l'irrpact de la forms linguistique
dans le concert des multiples facteurs générateurs du sens.

Bien entendu, Austin, plus encore que Searle, était sensible au problème.
L'extension de la performativité des "perfarmatifs explicites" aux "performatifs
primaires" et enfin l'introduction des performatifs dans l'étude plus vaste de
l'activité illocutoire reviennent dans une certaine mesure â une valorisation
de 1"illocutoire en tant que tel par rapport au critère surfacial linguistique.
2
Austin et Searle se rendent aussi ccrpte que la performativité ou disons
plutôt, l'illocutoire, n'est pas la seule affaire des verbes performatifs.
Parmi les dispositifs performatifs substitutifs, Austin (1970:95) mentionne
aussi des "tournures particulières de phrase". Centre exerrple figurent sans
faute et vous feriez bien de ne jamais oublier que .. . Searle (1972:78 note 12)
reconnaît qu'il est aussi possible d'accorplir des actes illocutoires sans se
servir d'une langue naturelle et que "les expressions du visage et les gestes"
peuvent aussi être mis en action à cette fin.

Dans ces quelques remarques on retiendra un aspect essentiel: l'illocutoire


est quelque chose qui ne se laisse pas enfermer dans le carcan de la seule
forme linguistique mais a des affinités avec d'autres facteurs constitutifs
de sens.

1.1.1 Quelles appellations propose-t-on pour notre objet?

Dans la littérature les propositions de classification des éléments lexicaux


qui entrent dans la catégorie de la phraséologie au sens le plus large du terme,
ne manquent pas. Dans toutes œ s classifications figure aussi un groupe d'ex-
pressions, traité toujours en parent pauvre, pour ainsi dire, auquel on attribue
des qualités illocutoires particulières.

Burger (1973:58-60) les appelle "Pragmatische Idicne" (58). Il entend par


là des expressions telles que Guten Tag, Guten Appetit, Adieu, mais aussi
Würden_Sie_mir_bitte den Zuaker herüberreichen? et Mtt^n_S^e_die_Freundl^ahkeit
(Güte), mich ins Theater zu begleiten?. Burger en donne la caractérisation
suivante:
il n'est pas tout à fait clair si elles font partie des expressions
idiomatiques ou non (58),

elles fonctionnent avant tout canne des signaux dans des situations
pragmatiques déterminées (58).

si l'on veut faire entrer ces expressions dans la catégorie des expressions
idiomatiques, l'idicmaticité, dans leur cas, ne vise pas une anomalie séman-
tique mais la disparition partielle ou totale de la signification, associée
normalement â elles en faveur d'une nouvelle fonction qui se situe unique-
msnt au niveau pragmatique (58).

en caiptant les "pragmatische Idiote" parmi les expressions idiomatiques


on risque éventuellement de diluer totalement la notion d ' idiomaticité (60).
3

éventuellement il vaut mieux traiter les "pragmatische Idiote" dans une


théorie particulière â l'intérieur de la pragmatique que dans le cadre
d'une théorie idicmatiqus sêmantiquement orientée (60).

Uiun (1958) range les "pragmatische Idiote" dans la catégorie des "Fixierte
Wortgefíige". Catite exeirple figurent les formules de salutation bonjour et adieu.
Curieusement, il distingue les "clichêsrrêpliqœs" corme, par exeirple, et ta
soeur? (252) et sans blague (250). La caractéristique essentielle des "pragma-
tische Idiote" mais aussi des proverbes (242), consiste dans leur association
étroite à une situation (246). Ihun n'entre pas plus dans les détails de ces
expressions dont il dit qu'elles constituent un chairp irrítense qu'il ne peut
pas traiter â fond (242).

Ooulmas (1981 a) s'attaque aux "Routineformeln" qu'il distingue des "Rede-


wendungen", des "Sprichwörter" et des "Gemeinplätze". Il réunit ces quatre
types d'expressions sous la dénomination "verbales Stereotyp" (55), notion
empruntée à Giilich (1978). Voici quelques "Routineforneln" de Coulmas:
Gern geschehen!ι Schönes Wochenende!, Was kann ich für Sie tun? (86,87),
Mahlzeit! (92).1

1.2 Sens littéral et idicnaticité

Apparenment, nombreuses sont les raisons qui font concevoir notre da jet d'ana-
lyse come une catégorie d'expressions idionatiques. De toute façon, selon
Coulmas (1981 a), les "Routineformeln" rerrplissent une condition généralement
reconnue comte étant fondamentale â l'idiotisre: elles demontrent l'invalidité
tendancielle du principe frégéen de la dêcorposition lexicale (14). leur sens
n'est pas la sonne des significations de leurs éléments, ce qui est d'autant

1 Voici d'autres propositions d'appellation: Zuluaga (1977) distingue une


fixité formelle et une fixité pragmatique. Zuluaga nomme comme propriété
principale de la fixité pragmatique l'association de l'expression â une
situation typique. Définir la spécificité de cette relation, c'est là où
réside tout le problême. Reichstein (1973:219) parle d'idiomatisme global
et Fleischer (1982:131) propose le terme de 'formule communicative' pour
désigner le phénomène d'illocutoire stéréotypé. Kühn (1983) emploie
l'appellation "Routineformel". Il met l'accent sur le rattachement con-
ventionnel de la formule à un 'pattern actionnel' ("Handlungsmuster")
(176,180). La notion de "Handlungsmuster" nous semble plus opératoire que
celle de 'situation' parce qu'elle met en avant de façon adéquate l'actant
responsable, le locuteur.
4
plus logique que dans le cas des "Routineformeln", le sens se définit cerane
fonction de leur enploi. Coulmas (76) nous fait savoir que l'importance de
la dénotation des éléments lexicaux pour le sens global des "Routineformeln"
est variable et qu'elle peut mime être carplétement annulée. Burger (1984:106)
affirme que l'acte référentiel dans les 'expressions phraséologiques prag-
matiques' ("pragmatische Phraseologismen") n'est plus effectué par les morphèmes
pris seuls, mais par l'ensemble de l'expression et que cette perte de la
fonction référentielle des morphèmes se transforms en une sorte de référence
qui renvoie â une situation, un processus, un objet etc.

Thun (1978:128), par contre, accentue un autre aspect intéressant. Il nous


apprend que dans des recherches plus récentes la définition traditionnelle
de l'expression idiomatique est partiellement remise en question et que dans
le cas de certaines expressions figées, la signification des constituants
contribue plutôt â la constitution du sens global.

Thun fait cette constatation à propos des expressions idiomatiques en gé-


néral, mais nous trouvons que cette démarche qui tient ccnpte de la signifi-
cation des éléments est méthodiquement juste et aussi valable dans un certain
sens pour les expressions auxquelles nous nous intéressons. Nous voulons dire
par là que pour une meilleure coirpréhension de leur sens global il convient
de sonder les aspects sémantiques des éléments qui refont surface dans ce sens.
Nous signalons que ces aspects sémantiques ne se limitent par forcément au
potentiel référentiel et prédicatif des entrées figurant dans les articles d'un
dictionnaire. Il peut aussi s'agir de propriétés sémantiques plus fondaiten-
tales (cf. chap. 2.1.2.6).

Il est probable que Ducrot (1973a in 1984:51) ait ceci en tête quand il
déclare que, pour calculer l'effet de sens dans un énoncé, "il est possible
mime que le sêmanticien doive se fonder non pas sur la succession des mots ou
des morphèmes dans l'énoncé perceptible, mais sur une structure sous-jacente."
Ducrot (1981a in 1984:131 et 132) souligne aussi 1 ' importance des mots dans la
création de sens: "C'est cette signification de la phrase que je calcule à
partir de la valeur sémantique des mots - éléments du lexique - dont elle est
ccnposée. "

Mais il ne faut surtout pas négliger l'importance d'un aspect que Lüdi
(1981:115) souligne â juste titre dans son analyse de 1'expression tu parles!.
Il dit que la question de la transparence de cette lexie ne peut pas être tran-
chée sur la base du seul savoir lexical: "Ce n'est que tout â la fin que nous
5

pouvons nous redemander quelle est la pertinence de la signification de la


formule du discours répété tu parles. Conine nous le verrons â la fin de
notre analyse, cela est absolument exact.

1.3 Précision et appellation de l'objet

Le changement qui s'opère entre la description d'une "Routineformel" canne


bonjour et celle à laquelle nous nous intéressons et qui est du type tu veux
que je te dise se laisse décrire ainsi: ce sent les rôles des constituantes
illocutoires, opérant dans l'ensemble illocutoire qui doivent être différeraient
définis.

Nous avons introduit le terme d''ensemble illocutoire'. Une première mise


au point s'irrpose. Soit:
(i) l'interjection oh!
(ii) le performatif explicite je te baptise Dominique
(iii) la belle affaire!
(iv) un clin d'oeil
(v) le poing levé

(vi) l'auditoire d'un tribunal qui se lève quand le juge prononce le verdict

Nous émettons l'hypothèse que dans chacun des six cas une constituante de
l'ensemble illocutoire est mise en vedette.
Dans:
(i) l'élément prosodique
(ii) l'élément linguistique
(iii) l'élément contextuel
(iv) 1'élément mimique
(v) l'élément gestuel
(vi) l'élément situationnel

Quand nous parlons d'un ensemble illocutoire nous avons toujours en vue ces
six éléments qui de façon générale sont toujours plus ou moins présents pour
concourir à la genèse de l'ensemble illocutoire.

Ce qui est frappant dans ce concept, c'est la relativisation considérable


de l'influence de l'élément linguistique sur la formation de 1'illocutoire.
Nous penchons pour un traitement sur pied d'égalité de tous ces facteurs plutôt
que pour une conception qui desine la primauté incontestée à l'élément linguis-
tique. Recanati (1981:102 et 103) nous rejoint quand il objecte á Austin que la
canventiannalité d'un acte illocutoire n'a pas besoin d'être 'ncmrée' cerane
6
dans le cas des performatifs explicites, pour qu'elle existe; il suffit qu'elle
soit indiquée.

La noninaticn ne fait que 'consacrer' linguistiquemsnt. Cette fonction


d'indication justement peut être assumée par tous les élêrrents que nous venons
d'énumérer.

Notre hypothèse qui part d'une importance relative et partagée par plusieurs
facteurs de l'élément linguistique, se voit corroborée par la multiplicité des
formes linguistiques qui peuvent être toutes porteuses d'un illocutoire: enfin /
toujours / décidément / justement / je m'entends / tu parles! / tu m'en diras
tant! / nous avons été servis / avec des si on mettrait Paris en bouteille! /
β'est signé! / tu ne m'as pas regardé! / allez savoir! / un sou est un sou /
quand le vin est tiré il faut le boire / etc.

Toute tentative de faire rentrer le phénomène, qui capte notre intérêt,


dans une classification traditionnelle de la phraséologie carme un groupe parmi
d'autres expressions est vouée â l'échec.

las 'EXPRESSIONS D'ILLOCUTOIRE STEREOTYPE' (EIS), c'est ainsi qua nous


appellerons notre phénanâne, peuvent être représentées par pratiquement tout
élément linguistique. Non seulement les "Pragmatische Idiote" ou "Routine-
formeln", mais aussi un simple quand même, enfin, toujours, un lieu caimun corrine
les petits cadeaux entretiennent l'amitié, ou, pour nous servir de la classifi-
cation proposée par Gülich (1978:passim), les truismes (on ne peut pas tout
savoir), les quasi-tautologies (ce qui est dit est dit), les phrases univer-
selles ("Allsätze") (A l'impossible nul n'est tenu), les phrases indexicales
2
(C'est la vie), les expressions à fonction discursive ou metalinguistique
(je dis ça en toute amitié, j'en passe encore, c'est une autre paire de
manches, etc...), les proverbes et les locutions (bon sang ne peut mentir, rira
bien qui rira le dernier) rentrent tous dans la catégorie des EIS.

2 Burger (1982:123-130) les nomme "gesprächsspezifische Phraseologismen".


Ces exenples montrent clairement que l'illocutoire stéréotypé s'applique
3 ι•
harizantalenent à toute grille. Si nous avons cpté après de nombreux remainie-
ments pour le tente d''expressions d'illocutoire stéréotypé' (EIS), c'est que
nous le croyais justifié pour plusieurs raisons:
le terme 'expression' est assez vaste et englobe tout élément linguistique
formellement figé ou non. A la limite, il ccnprend aussi des illocutoires
non-verbaux. C'est cet aspect qui nous amène â préférer 'expression' â
'formule'. Anscanbre (1985:11) définit cette dernière cante suit: "une
formule est un mot ou une expression spécialisée dans l'accaiplissement
d'un rite social langagier". (Dette définition nous sentile trop étroite.

la notion d"illocutoire' doit absolument figurer dans l'appellation étant


donné que c'est elle, en tant que concept suffisamment vaste, dont la spé-
cificité est à préciser pour chaque EIS, qui est le facteur essentiel du
fonctionnement pragmatique d'une expression.

la notion de 'stéréotype' constitue le critère sélectif à l'intérieur de


l'illocutoire. Il met en évidence le fait que notre intérêt parte unique-
ment sur un illocutoire assez conventionnel pour être profitable à une
analyse scientifique. Il est en quelque sorte le pendant pragmatique de
l'idionaticité d'une langue. Nous le situons dans le donarne du savoir
quotidien des mentores d'une ccnntunauté linguistique. Il ittplique essen-
tiellement des patterns de pensées et de manières d'agir sur lesquels se
fondent les relations interhumaines de ses membres (cf.Pilz 1981:109).

Il faut imaginer l'illocutoire stéréotypé réparti et imperceptiblement gra-


dué sur une échelle aux extrêmes de laquelle on trouve d'une part une EIS c a m e
rompez!, du danaine militaire, et d'autre part une EIS dont les contours stéréo-
typés sont assez vagues cottine c'est la vie (cf.Kaeppel 1984:42).

3 La critique formulée par Stickel (1982) au sujet de l'essai de classifica-


tion des "Gesprächswörter" entrepris par Burkhardt (1982:156) s'avère dans
un certain sens pertinente. Au moment où l'on tente de subsumer des fonc-
tions communicatives à des critères morpho-syntaxiques on parle de deux
choses difficilement conciliables. C'est le point faible chez Burkhardt.
Mais tirer de ce constat la conclusion qu'on ne peut guère parler d'une
catégorie de mots appelés "Gesprächswörter" (cf.Henne 1978) est un rai-
sonnement trop hâtif. Stickel n'arrive pas à se défaire d'un concept formel
rigide. Rien ne s'oppose à la détermination d'une catégorie d'expressions
sur la base de critères autres que formels au sens linguistique.
8
Ies EIS les plus intéressantes pour la recherche linguistique sont celles
qui se répartissent dans le tronçon central de l'échelle. Plus intéressant parce
que leur sémantisne est en général plus subtil et plus riche que celui d'un
bonjour! ^, mais tout de même exploitable scientifiquement car le degré de ccn-
ventionnalisation devrait, selon toute vraisemblance, garantir le succès des
efforts de systématisation.

1.4 'Situation' ou 'contexte'

La nécessité d'une analyse systématique des EIS n'est plus â démontrer. Searle
(1982:93) dans une perspective différente de la nôtre, bien sûr, croit même né-
cessaire d'ajouter aux maximes de Grice une autre maxime qui pourrait s'exprimer
carme suit: "parler idicmatiquement". Sans trop altérer la remarque de Searle,
on peut facilement mettre 'illocutoirement stéréotypé' à la place de "idicma-
tiquement". Nous voulons dire par là que l'enploi des EIS n'est pas l'exception,
nais la règle de la conversation normale et quotidienne. Souvent on a 11 impres-
sion que cette conversation ne consiste qu'en un enchaînement ininterrcnpu de
EIS.

Notons que nous partons du principe que la pragmatique est l'étude de la


dépendance des propositions à l'égard du contexte (Armengaud 1985:62).

Il est à remarquer que souvent les analyses se limitent â des EIS forte-
ment conventionnelles ccnne bonjour! et s'arrêtent devant celles du type tu
veux que je te dise!. Ooulmas (1981a) ne tient ccnpte que des "Itoutinefarmsln"
dont le cadre situationnel est nettement défini. ^ Il exclut par contre toutes

4 Nous ne nions pas, bien entendu, qu'un domaine pragmatique comme les salu-
tations connaît des décalages dans des langues différentes (cf. Gülich et
Henke 1979:523 à 526).
5 Van Dijk (1977) met également l'accent sur les "institutional speech acts"
(216) tels que le mariage, le baptême etc... Son analyse modèle de Let me
carry your suit case est significative. Nous signalons aussi qu'une analyse
'situationnelle' comporte le risque de dissocier plutôt élément linguistique
et 'cadre 1 . Nous nous demandons sérieusement ce qui changerait dans 1'ana-
lyse si l'on mettait un énoncé comme Ça me ferait un grand plaisir de porter
votre valise à la place de Let me carry your suit case ? Kühn (1983:190 et
191) critique à juste titre les concepts qui collent la fonction discursive
telle une étiquette au mot. Vue sous cet aspect nous tenons sa critique du
concept des cadres situationnels de Coulmas (1981a:73 à 75) pour absolument
justifiée (cf. aussi Kühn 1986:224 et 225).
9
celles qui, selon lui, sont indifférentes vis-à-vis d'un tel cadre et qui
peuvent être enployées dans beaucoup de situations différentes. Mais Goulmas
souligne pourtant que malgré cette indifférence situationnelle, leur occurrence
n'est pas fortuite (93). Cette précision nous semble très inportante, car elle
montre la nécessité de prendre la notion de 'contexte' dans un sens large.

En l'occurrence, il est utils de rappeler une distinction, faite par


Franck (1980:88 et 89) entre "Situation" et "Kontext". Par "Situation" elle en-
tend toutes les conditions spatiales, tenporelles et sociales d'une ccttinunica-
tion dont tous les participants sont conscients et qui sont interprétées pour
la plupart de façon identique. Le "Kontext" par contre est un construit inter-
prétatif qui ccttprend toutes les associations, connaissances et perceptions dont
le locuteur peut admettre â juste titre que l'auditeur en tient ccnpte dans
l'interprétation d'un énoncé (88). Franck met en avant le fait que ces deux
notions sont souvent interchangeables parce que toutes les caractéristiques
situationnelles peuvent obtenir une fonction contextuelle et qu'inversement le
contexte consiste surtout en caractéristiques situationnelles (88). Si nous com-
prenons bien Coulmas, il vise surtout les "Koutineformeln" où la "Situation"
joue m rôle décisif.

Sans vouloir contester l'utilité de cette distinction, nous jugeons néces-


saire de souligner que les différences entre les deux notions ne sont que de
nature graduelle. Il y a toujours 'contexte' qui, d'une définition â duplica-
tions factives, passe à une définition à implications conceptuelles, autrement
dit, il y a passage du conventionnel (et généralement reconnu) au contingent et
individuel, également susceptible d'être reconnu et ds se canventionnaliser.
Sonne toute nous concevons le contexte, à la manière de Lewis, cctnte une "en-
tité plusintensionnellequ'extensionnelle: ceci revient â dire ... que le con-
texte lui aussi 'passe par' la structure interne du raisonneur et n'existe pas
en dehors de la rationalité dans le discours" (Parret 1987:222). S'il est juste
que tout le contexte se trouve dans le raisonneur, il est alors très facile
d'accepter la thèse selon laquelle la pragmatique est l'analytique de la ccrrt-
pétence discursive qui consiste dans un réseau de stratégies existant sous
forme de régularités intériorisées (cf. 168-170). Il est évident que ce dernier
aspect revêt une importance particulière pour l'analyse des EIS. En tout état
de cause il est faux de construire des oppositions là où il n'y a en fait que
des différences graduelles. Dans cette perspective, une remarque de Coulmas est
de première importance. Lui, tendant plutôt vers une vue oppositive de 'situa-
tion' et 'contexte', affirme que dans le cas d'une 'Routineformel' hautement
10

conventionnalisée, par exarrple dans le théâtre de marionnettes quand le guignol


salue les enfants par Seid ihr alle daaa? ( Est-ce que vous êtes tous là? ),
cette formule est elle-même un élément constitutif du cadre situationnel (89).
Nous tenons cette vue pour absolument juste, mais â la différence de Coulmas,
nous l'appliquons aussi â tous les cas où le cadre situationnel se définit avant
tout en termes conceptuels.

Puisque nous considérons l'élément linguistique conte une partie intégrante


de l'ensemble illocutoire, il est à notre avis inadmissible de le dissocier de
celui-ci. C'est ce que fait Coulmas, et beaucoup d'autres quand il déclare
qu'une 'Routineformel' comte Soll iah Dir mal was sagen? ( Tu veux que je te
dise? ), situatiannellement plutôt indifférente, n'est plus un élénent consti-
tutif de la 'Situation' (93).

1.4.1 Facteurs du contexte pragmatique

Si l'on considère le terne 'contexte' contre terme générique englobant 'contexte'


et 'situation' enployés dans le chapitre précédent, on se rend ccnpte que tous
ces facteurs constitutifs revêtent un double aspect: ils forment la base ma-
térielle d'un 'savoir ocrtmun' et ils sont toujours soumis â l'interprétation
des interlocuteurs.

Nous nous référons à la typologie quadripartite du contexte élaborée par


Armengaud (1985) parce que nous la tenons pour le plus efficace des modèles
6
contextuels que nous connaissons. Cette typologie a aussi le grand avantage
de s'adapter parfaitement â notre modèle sémantique utilisé dans ce travail qui
*

lui aussi ccrrprend quatre niveaux sémantiques (cf. p. 15 ) . Armengaud (60-62)


distingue
(i) "le contexte circonstanciel, factuel, existentiel, référentiel."
Elle entend par là 1'"environnement physique" des interlocuteurs.

6 Coulmas (1981:50) par exemple distingue trois cadres situationnels:


- le niveau cognitif du savoir culturel
- le niveau de l'événement communicatif actuel
- le niveau spécifiquement verbal de l'organisation discursive.

* Les indications précédées de 'p.' renvoient aux pages de ce travail.


11

(ii) "le contexte situationnel ou paradiqmatique" dans lequel "on passe de


quelque chose du purement physique à quelque chose du culturellement
médiatisé". Il s'agit de "rôles illocutionnaires plus ou moins institu-
tionnalisés" qu'on peut rencontrer dans "une célébration liturgique, un
marchandage d'affaires" etc.
(iii) "le contexte présuppositionnel" qui, au sens de Stalnaker, est consti-
tué par les croyances communes aux interlocuteurs.
(iv) "le contexte interactionnel" qui est représenté par "l'enchaînement des
actes de langage dans une séquence interdiscursive". ®

(Wunderlich (1972a:49), van Dijk (1977:214), Burger (1982, passim) - nous


nous en tiendrons là - ont donné des irodêles bien précis de facteurs constitu-
tifs d'une situation d'énonciation. Van Dijk, dans une perspective de l'auditeur,
distingue:

les propriétés de la structure linguistique de l'énoncé


les propriétés paralinguistiques (débit, insistance, intonation,
hauteur de la voix, gestes, mimique, mouvements du corps)
la perception actuelle de la situation d'énonciation
le savoir concernant le locuteur, la situation actuelle
le savoir concernant le type d'interaction actuelle et les
situations d'énonciation précédentes
le savoir provenant d'actes de paroles précédant le discours
le savoir concernant l'interaction, les règles etc.
le savoir général sur le monde

Tous ces aspects interviennent dans l'activité interprétative de l'auditeur


qui est d'associer une valeur illocutoire X â l'énoncé Y, mais ils jouent
également un rôle dans la production de l'énoncé par le locuteur. Oe modèle est
basé sur le principe "that the notion of 'context' is both a theoretical and a
cognitive abstraction, viz. frcm the actual physical-biological - etc ...
situation" (van Dijk:217). Il est clair que cette abstraction contextuelle ne
parvient jamais â une forme définitive mais qu'elle change canstanment au fil

7 Notons toutefois notre attitude sceptique vis-à-vis de cette notion de


"purement physique". La 'pureté physique' est, selon nous, inexistante
dans une conception dans laquelle l'homme n'a qu'un accès interprétatif
au monde extralinguistique (cf. p. 23, 24).
8 Nous avons inversé (iii) et (iv) de la typologie d'Armengaud parce que
nous voyons la suite de (i) à (iv) en conformité avec l'ordre des quatre
niveaux (I à IV) de notre modèle sémantique. Dans les deux cas on passe
de l'ontologique au contingent.
12
du discours (Armengaud 1985:62). Etant donné que tout acte de langage fait par-
tie d'une interaction sociale, il faut noter aussi tous les facteurs qui in-
fluent sur l'interprétation du contexte social de l'ênonciation. L'interprétant
doit se rendre caipte de sa valeur privée, publique, institutionnelle, for-
melle ou informelle. Mais la production et la réception d'un énoncé se voient
encore influencées par d'autres propriétés particulières de la structure sociale
du contexte:

la situation sociale (rôles, prestige, etc.)


le sexe, 1'âge, etc.
la nature des relations (autoritaires, etc.)
les fonctions (père, serveuse, juge, etc.) (van Dijk:219)

Il y a enfin tous les facteurs affectifs, émotionnels, les préférences, les


désirs etc. qui jouent un rôle dans l'interprétation et la perception de la si-
tuation d'ênonciation par le locuteur et l'auditeur (220).

Après le relevé de tous ces facteurs contextuels, insistons sur le fait que
la qualité d'une analyse de la valeur illocutoire d'un énoncé ne se détermine
pas en fonction du nctrbre des facteurs pris en ccnpte. Nous sennes absolument
d'accord avec Coulmas (1981a:84) qui est d'avis que la difficulté de l'analyse
ne réside pas dans l'identification de ces facteurs,mais dans le fait de re-
connaître 1'importance du rôle que joue tel et tel facteur dans l'emploi de tel
et tel énoncé (cf. Pinkal 1985:36 et 37).
13

2. L'INSTRUMENT D'ANALYSE

2.1 La 'génératrice sémantique stratifiée' (GSS)

La qualité de notre étude dépendra de la qualité de l'instrument analytique uti-


lisé. Nous appelons cet instaurent 'GENERATRICE SEMANTIQUE STRATIFIEE ( GSS ).
C'est à elle qu'incombera le rôle de la génération des EIS qui feront l'objet
de ce travail:
LA BELLE AFFAIRE ! ( LBA ) •
TU M'EN DIRAS TANT ! ( TDT )

Un critère décisif de la capacité analytique et de la puissance génératrice de


l'instrument figure dans son caractère stratifié. L'idée de niveaux sémantiques
se reflète dans la triade locataire, illocutoire et perlocutoire d'Austin (1970).
Meibauer (1985:42) souligne que le mérite de s'être errployé à une distinction
systématique des différents niveaux d'analyse revient à Wunderlich (1976a) qui
par là est allé au-delà du concept de Searle. Wunderlich distingue les niveaux
formel, sémantique et pragmatique, i.e. des niveaux syntaxique, propositionnel,
pragmatique institutionnel, pragmatique situationnel et un niveau performanciel.
L'idée de stratification est aussi inhérente â la distinction faite par Grice
(1979) des implications conventionnelles, des irrplications conversationnelles
généralisées et particulières. Wilson et Sperber (1979:80) mentionnent par ail-
leurs les parallèles entre Grice et Ducrot (1979), et Recanati (1981:242) com-
pare la triade de Grice à celle d'Austin. Recanati (1980) lui-même présente un
modèle de cinq niveaux sémantiques. Ceux-ci s'agencent entre un sens purement
1
descriptif, selon lui, et un sens contextuel.

1 Notre critique du concept de Recanati a pour cible sa définition peu pré-


cise du statut du sens descriptif par rapport aux autres sens pragmatiques.
Il soutient que le sens pragmatique conventionnel s'ajoute (!) au sens lit-
téral descriptif (12). Selon nous, il ne peut y avoir d'ajouts dans un con-
cept - tel que nous l'élaborerons - où le sens descriptif est déjà lui-
même porteur d'un illocutoire générique.
14

Le dangar de confusion des différents niveaux sémantiques est constam-


ment présent. La discussion de l'hypothèse performative (Ross, Sadock,
2
Heringer, Lakoff, Grewendorf) en est une variante. Van der Auwera, dans une
critique de Indirect speech aets de Searle, signale la difficulté de savoir
s'il s'agit d'un acte illocutoire spécifique ou d'un "mode d'orientation illo-
cutoire" (cf. Roulet 1980a:94). Nous voyons une négligence en action vis-à-vis
de la nécessité de distinguer les niveaux sémantiques dans des formulations
telles que "l'énonciateur est censé prendre une certaine position par rapport
â l'univers auquel le discours se réfère: l'énonciateur exprime un doute, un
refus, vine croyance * vis-â-vis de telle ou telle eventualità concernant
cet univers" (Ducrot 1983:11/12). 'Refus' et 'doute' d'un côté et 'croyance'
de l'autre opèrent sur des niveaux différents, un fait que de telles formu-
lations risquent de faire oublier.
Ctt assiste à la même imprécision quand Recanati (1979:44) mentionne, sans
les différencier, les verbes croire, espérer et craindre.

Pour familiariser le lecteur avec le fonctionnement de la GSS nous avons


décidé de procéder par déduction. Nous présenterons donc d'abord un modèle de
l'instrument et c'est ensuite â partir des quatre niveaux sémantiques, en
caimençant par le niveau fondamental, que nous développerons nos réflexions.

2 Pour plus de détails on se reportera à Viehweger (1983:152-166).


* Soulignés par nous.
15

GENERATRICE SEMANTIQUE STRATIFIEE (GSS)

SUJET
PARLANT
ENSEMBLE CONTEXTUEL=UNI VERS I)E CR O/ANCE
INDIVIDUEL

ENONCE iMOWtei TOtSIBLES MONDES POSSIBLES I MONDES rossibus


OCCURRENCE
JlLLOCirroiRE s p é c i f i é
E M CT c m s m f O K M A W O E t J ET OCCUHAÈHCIELS
i INTONATION EXPRESSIVË
I ι
I I
EN o l i - J
""}s£m- CJNVENTIflMMEL StlH-INPIVIflUEL Γ
CIATION J
ILLOCUTOIRE ABOMINANTE ARGUMENTATIVE]
1—,
LOCUTEUR f 3i lMi O D E S C O M P O R T E M E N T A U X J E L'HOMME me|_
? R ErsZ~r
J l / ? P O J i r i ON S DE V ER I τ e
*]t conviene ηνβ f» ¡ »J'«ffirme ^we f< ] »Je fr tit η it ρ»
ENONCE >0 <o.s · λ I >0.5 <1
TYPE V A L E U R S DE. V E R ITE. I
I INTONATION A FONCTION INTEfolFICATRICEl

[INSTRUCTIONS DONNEES A L'AHOCUTÄjgg' n e


INTONATION A FONCTION B'TNTFSRATION mASTÎCTS
S 3
c —
7» >
1ERE 61ζΑΤΙ.0Ν_β£J.A. _B6f £ Ä £ Ν C£ I
T S T O C K DE S I G N E S J E LA LANGUE:

SIGNIFIE SI6NIFIANT 5Ι6ΝΙΡΙΛΝΤ , ÍI6NIFIE


I
- - B e HÎLATÏON wrERLoci/ri τ

INTERPRETANT INTERPRETANT

INTERPRETE INTERPRETE
REFERENT

REALITE E X T R A L I N 6 U ISTI QUE


• PIOT · PAUAOlOMe D'INDICATIONS βνΑΜΤΙΓΑΠΥCS
uses A UM T0?05
16
2.1.1 Une pragmatique intégrée et fondatrice

Notre notion de langage est indissociablement liée â celle de l'activité hu-


maine en général. Plus exactement, le langage se présente ccrtme un moyen d'ac-
tion en général et d'interaction en particulier (Sbisà 1983:100). A cette idée
d'interaction s'ajoutent deux spécifications qui revêtent une importance par-
ticulière pour l'étude des EIS:

(i) une langue offre aux interlocuteurs "un ensemble de modes d'actions
stéréotypés" (Ducrot 1979:111)
(ii) une langue est un moyen d'"affrontement interindividuel"
(Ducrot 1977b:179)

C'est sur cette toile de fond que s'élabore la 'pragmatique-intégrée'. Elle


part de la thèse suivante: "la langue (carme objet théorique) doit contenir une
référence à ce qui est, pour Saussure, la parole" (Ducrot 1978:69). L'objectif
de ce type de pragmatique est clair: surmonter la séparation inadéquate entre
sémantique et pragmatique. Au lieu de parler de conditions de vérité, il faut
parler de conditions de satisfaction et relier "signification" à "force illo-
cutionnaire" (cf. Recanati 1981: 21 sq.).

Uh tel procédé méthodique qui intégre la pragmatique dans la sémantique


repose sur l'option que "l'énonciation est partout oû il y a signification"
(Parret 1983:86).

Il est incontestable que les EIS confirment de façon prototypique cette


thèse. Leur sens ne peut essentiellement être qu'un construit qui se crée sur
l'axe locuteur-auditeur et par l'intermédiaire duquel s'effectue la "mise en
rapport des participants d'un discours" (Ansocmbre et Ducrot 1978:78).

Dans cette optique, la fonction représentative de la langue ne risque plus


d'être surestimée, mais elle est jugée de facon adéquate, car "ce sont des lo-
O
cuteurs qui utilisent les phrases pour représenter des états de choses".
Par conséquent, "la relation sémantique
4 qui peut s'établir entre une ptoase et
un état de choses n'est qu'un aspect de la situation pragmatique complexe"
5
(Hecanati 1981:15).

3 Souligné par nous.


4 Souligné par nous.
5 Cf. aussi Searle (1972:66) pour le rSle du locuteur.
17
Il n'est certainement pas facile de déterminer le rapport exact entre la
fonction représentative ou informative et la fonction pragmatique d'un énoncé.
Les réflexions de Ducrot et de Anscaribre tournent constamment autour de cette
question délicate (cf. Ducrot 1972:127 , 1979:111 ; Anscctribre et Ducrot 1976
in 1983:18). Et il n'est pas toujours aisé de reconnaître leur position exacte
(cf. Recanati 1981: note 6, 29). Finalement ils font le point:

"Nous voudrions arriver à dire que 11 informativité est en fait seconde


par rapport à l'argumentativité. ® Le prétention á décrire la réalité ne
serait alors qu'un travestissement d'une prétention plus fondamentale à
faire pression sur les opinions de l'autre"(Anscombre et Ducrot 1983:169).

Sans vouloir remettre en question la justesse fondamentale de la position de


7
Anscarbre et Ducrot , nous tenons pourtant â attirer l'attention sur un certain
danger inhérent à celle-là. Viehweger (1983:188) met le doigt sur le problème.
Selon lui, les tenants de la théorie des actes de langage risquent d'omettre un
aspect important de sens, celui de représenter des états de fait de la réalité.
Q
Si l'on ne considère pas ccrnre acquis cet aspect dans chaque acte de langage,
non seulement la signification devient une notion vide, mais aussi ime fonction
essentielle de la langue, â savoir sa fonction cognitive, est réduite â néant.
Burkhardt (1979:138-139) ne laisse aucun doute. Apres avoir discuté la no-
tion de sens (Bedeutung) de Wittgenstein, il déclare: du fait que le sens d'un
not se 'montre' dans son enploi il ne s'ensuit pas que le sens est l'enploi
pour la siirple raison que ce qui est errployê n'est rien d'autre que la signifi-
cation du mot.

Nous n'entendons pas reprocher à Ducrot et Anscombre de ne pas avoir appré-


cié l'existence du contenu infarmatif du sens. Ils en parlent souvent et ils ne
cessent de le distinguer nettement de la valeur argumentative d'un énoncé. Donc
là n'est pas le problème. Nous le voyons plutôt dans 11 appréhension de la
fonction du contenu informatif et, surtout, de la nature du rapport entre ce

6 L'aspect argumentaiif sera examiné de plus près dans le chapitre 5.17.3.


7 La problématique est encore une fois traitée â la page 42 note 25.
8 Le terme d'acte de langage englobe celui d'acte de parole que nous
réserverons à la langue parlée comme le propose Leclère (1980:329).
18
contenu et la valeur argumentative (ou pragmatique). Nous en sentes arrivés à
la conclusion que les deux auteurs laissent dans l'arbre la façon dont ils con-
çoivent œ lien. Os point faible de leur concept, cette sensation étrange d'un
hiatus entre les deux corposants qu'an éprouve, n'entravent aucunement la va-
leur et la justesse de leur théorie d1 argumentation en tant que telle. Pourtant
il rend difficile son intégration dans un type de pragmatique pour lequel nous
cptons. Nous nous rangeons à l'avis de Parret (1987) qui "utilise la qualifi-
cation 'intégrée1 pour une pragmatique qui est unifiée et en mâte tenps roaxi-
maliste" (207). Il s'agit là d'une conception inspirée des vues de Peirce et
de Wittgenstein. Oeux-xi considèrent la pragmatique came "base intégrante de
la théorie linguistique" (208).

Qu'on s'entende bien. Le plus clair de notre analyse prend appui sur des no-
tions centrales du concept de Ducrot et Ansccnfare. Il va de soi qu'une des-
cription sémantique des EIS doit avant tout prendre en considération leur côté
argumentatif étant donné la prédeminanœ de cet aspect (Coulmas 1981a:76). Ce-
pendant il s'avérera profitable à une telle description de se réserver la possi-
bilité de 1'application d'un instrument analytique plus puissant qui tient
ccrrpte d'autres facteurs constitutifs du sens d'une EIS que celles retenues par
Ducrot et Ansccnfare. le modèle de notre GSS que nous avons présenté plus haut
(cf. p.15 ) inplique au moins théoriquement, une vue assez vaste du phénomène de
l'énonciation. Nous disons bien 'théoriquement' car la ccrrplexité de notre objet
nous reccnrnande d'être modeste. Le linguiste idéal ou, encore plus, le lexico-
graphe idéal qui se prepose d'écrire un article sur une EIS pour un dictionnaire
devrait être tout à la fois: philosophe, logicien, phonéticien, psychologue,
sociologue ... Nous n'aurons pas la prétention de nous substituer á eux tous.
Notre option est autre. Nous avons décidé de mettre l'accent sur l'aspect
logico-argumentatif - toujours 'pragmatique' - tout en gardant une certaine sen-
sibilité et une ouverture vis-à-vis des phénomènes du para- et du non-verbal.

9 Absolument pertinents les propos de Steuble (1986): "Die soziale, kommunika-


tive Funktion von Sprache (sprachlicher Mittel) erschliesst sich besser,
wenn nicht erst grundlegend, im Kontext ihres Zusammenwirkens mit den ande-
ren Dimensionen der Kommunikation" (354). Dès lors elle se prononce contre
toute réduction artificielle de la complexité de l'objet (cf. 362) . Certes
Steuble travaille dans le cadre de ce qu'elle appelle "Integrative Konver-
sationsanalyse" , mais nous ne voyons aucune nécessité de remettre en ques-
tion la validité de sa thèse pour les besoins d'une pragmatique intégrée
maximaliste et fondatrice.
10 Citons Jacques (1985:149): "La frontière entre la linguistique contemporaine
et la philosophie du langage est devenue perméable."
19

Jacques (1985) nous vient en aide pour poser les jalons de notre parcours
sémantique qui nous mène du base en haut de la GSS:

"Science des conditions à priori de la communicabilité, la pragmatique


n'a pas d'abord trait aux circonstances empiriques ^ mais aux condi-
tions de possibilité d'une signification communicable en général (334)."
ûisuite,
"la pragmatique traite de problèmes tout à fait généraux, tels que
l'articulation des conditions de succès et des conditions de vérité ;
le rapport entre les modalités d'énoncé (les attitudes proposition-
nelles, le possible et le nécessaire) et les modalités d'énonciation
(les forces illocutoires) ; les rapports entre actes linguistiques et
contextes où ils sont accomplis, etc." (329)

11 Armengaud évoque la question de savoir pourquoi la dimension pragmatique


de l'analyse ne serait pas prise en charge par une science empirique
(Jacques 1985:444). Nous n'avons pas l'ambition de trancher le problème
éminemment philosophique de la relation de l'empirie et de la théorie qui
se cache derrière cette question. Nous nous contentons de la remarque
suivante: nous imaginons très bien, par exemple, un phonéticien-philosophe
qui, dans son domaine, pourrait se charger d'une façon certainement très
fructueuse de cette question délicate. De toute façon, nous croyons utile
de démystifier le plus possible des termes comme 'a priori', 1transcendan-
tal', etc. La crainte du "sociologisme" de Jacques (445) nous paraît
exagérée.
20

2.1.2 La structure sémantique élémentaire ^ «jg i a GSS (niveau I)

2.1.2.1 La notion de 'fonction'

L'objectif que nous poursuivons dans la construction de la GSS est évident:


elle doit renfermer dès le niveau fondamental le principe de productivité et
de créativité sémantique. La notion capable de produire œ t effet dynamique
de l'activité du langage est celle de la fonction.^ Nous la concevons carras
une condition relationnelle et fondationnelle du processus de "signiflance"
(Jacques). Elle relie deux termes variables que nous appelons 'fonctifs'.
Chaque fonctif a une fonction par rapport â l'autre, par conséquent ils se
trouvent en interrelation réciproque. Plus exactement "une fonction (ou ap-
plication) est simplement quelque chose qui associe à chaque entité (appelée
argument de la fonction) une autre entité (appelée valeur de la fonction pour
cet argument) "(Cresswell dans Nef 1984:43).

12 'Elémentaire' s'entend de deux manières, au sens de 'situé au niveau le


plus bas de la GSS1 et au sens de 'fondamentalement valable - mutatis
mutandis - à tous les niveaux de la GSS' .
13 Notons cependant que le terme de 'fonction' n'implique pas automatiquement
11 idée de créativité sémantique. Ni dans une conception phénoménologique de
la langue (p.ex. Frege, Husserl) (cf. Parret 1987) ni dans celle qui attri-
bue aux 'jeux de langage' (Wittgenstein) la propriété d'être d'emblée
publics (Jacques cité par Armengaud 1985:30) elle ne peut assumer ce rôle.
Parret (1987) découvre une "composante générative" dans le "concept d'arti-
culation" de Saussure: "L'articulation est cette production de la forme
linguistique: elle est la mise en forme des deux chaînes amorphes et abs-
traites de la phonie et du 'conceptuel' à l'intérieur du signe" (6). Cela
est sans doute juste, néanmoins la relation entre la 'phonie' et le 'con-
ceptuel' est plus compliquée et plus complexe que le suggère l'image des
deux côtés d'une feuille employée par Saussure. Hjelmslev qui a donné à
l'acception de 'fonction' une définition logico-mathématique a, lui aussi,
fait peu de place à l'activité créative dans le langage.
21

L'argument est le "lieu de désignation" (Martin 1983:217), il est "aussi ab-


straite que possible, la référence â l'univers. Il est le signe de l'antagonis-
me du langage et du monde, la possibilité d'ancrage de ce qui est dit sur l'uni-
vers" (215). La fonction est basée sur l'idée des 'cases vides'. Celles-ci,
pour être 'saturées' (Frege), ont besoin d'être occupées par un argument.
Parce est de constater que les 'cases vides' impliquent déjà les propriétés
de leurs arguments potentiels sous une forme très générale et,de ce fait,c'est
aux arguments qu'incotte le rôle de spécification et de concrétisation.

Pour donner une idée plus précise des propos précédents nous avons mis en
regard une série de termes qui peuvent tous dans un certain sens prendre le
rôle de fonctifs dans le processus de signifianoe. Il est toutefois à propos
de remarquer que la variété terminologique reflète plutôt une certaine impuis-
sance que le fait d'une véritable appréhension de la relation fonctionnelle.
Une chose est certaine, ce qu'il faut, œ n'est pas ajouter encore d'autres
couples terminologiques à cette liste mais concentrer toute notre attention sur
ce qui se passe entre les termes.

14 Pour illustrer le mécanisme voici un exemple livré par Martin (1983:217) :


'"Le facteur vient de passer' contient un prédicat verbal ('vient de passer')
qui comporte une place saturable par un prédicat substantif dont l'argument,
saturant, est le lieu de désignation."
22

NOTIONS POUVANT SERVIR DE PONCTIFS DANS LE PROCESSUS DE SIGNIFICANCE

POSE PRESUPPOSE
présupposé posé

THEME RHEME
rhême thème

SUJET PREDICAT
prédicat sujet

ARGUMENT ILLOCUTOIRE
illocutoire argument

CONTENU ARGUMENTATION
argumentation contenu

PROPOSITION ILLOCUTION
illocution proposition

DIT DIRE
dire dit

SIGNIFIE SIGNIFIANT
signifiant signifie

LANGUE PAROLE
parole langue

SENS USAGE
usage sens

PENSEE LANGAGE
langage pensée

THEORIE EMPIRIE
empirie théorie

STATIQUE DYNAMIQUE
dynamique statique

QUANTITE QUALITE
qualité quantité

VALEUR - RELATION ARGUMENT


argument FONCTIONNELLE valeur
23

Cu aura remarqué que certains fonctifs du tableau dépassent, à première


vue, le cadre linguistique stricto sensu.Et pour cause, il n'est guère refutable
que pratiqueirent tout dans l'univers est soumis au processus de signifianœ.
Et puisqu'il n'y a pas de signif ianœ sans langage il est permis de prétendre
que l'êlênent linguistique est présent partout où il y a conceptualisation.
Gela induit que le terme de 'quantité' figurant dans la colonne gauche des
fonctifs ne doit pas être pris au sens concret. A l'intérieur de la GSS il
n'est jamais question de la réalité brute et directe, il n'y a que du quantita-
tif conceptualisé. Cet état de fait découle, bien entendu, de l'impossibilité
inposée à l'home d'accéder directement â la réalité.

Un autre aspect mérite notre intérêt. La nature des ternes faisant office
de fonctifs nous enseigne que la relation fonctionnelle n'existe pas seulement
sur un plan horizontal â l'intérieur du signe nais qu'il faut aussi l'imaginer
en action sur un axe vertical traversant la GSS de la base au niveau le plus
haut.

Notons aussi que les termes tels que 'statique', "dynamique", 'illocutoire',
'présupposé' etc. ne gardent pas la même texture à tous les niveaux de la GSS.
De façon générale ce phénomène est dû à l'accroissement de la dynamique au fur
et à mesure qu'on noite dans la GSS.

Les deux colonnes de fonctifs nous servent aussi â nous familiariser davan-
tage avec l'image de l'axe. Celui que nous logeons dans la colonne gauche se
définit en termes quantitatifs et celui que nous mettons dans la colonne droite
en termes qualitatifs. Parret (1976) parle de l'axe de l'existence et de l'axe
de croyance. L'axe de l'existence représente l'aspect du quantificateur inhérent
à tout réfèrent (cf. Polenz 1980:140 et 141). Tenons-nous en là pour l'instant.
Nous reprendrons plus loin le fil de notre raisonnement pour préciser davantage
la nature des deux axes à l'aide du sémantisme des verbes savoir et croire.
Mais n'oublions pas de faire le point. Nous avons essayé de faire la lumière
sur quelques mécanismes sémantiques fondamentaux. D'une part ils prennent leur
départ au niveau le plus bas de la GSS, d'autre part ils sont actifs â tous ses
niveaux. Pourtant si nous voulons que nos réflexions précédentes soient foca-
lisées sur le niveau le plus bas de la GSS, c'est que nous attribuons à ce
niveau la fonction d'entrepôt des signes de la langue. Bien entendu, le signe
héberge aussi bien tous les mécanismes mentionnés que les unités linguistiques
plus caiplexes des niveaux supérieurs.
24

2.1.2.2 La conception du 'signe'


Notre notion du signe est fondée sur celle de Peirœ et sur l'idée d'inter lo-
cution de Jacques. Selon Wbetzel (1984:144-151) la sêmiotique de Peirœ re-
pose sur les idées suivantes:

il n'y a pas d'accès direct à la réalité extra-linguistique,


il n'y a pensée qu'à l'aide du signe,
tout signe a besoin d'un interprétant. Celui-ci doit être distingué
de l'interprète qui fait partie de la réalité empirique (cf. aussi
Armengaud 1985:33),
- toute perception a valeur d'hypothèse,
tout signe renvoie à un autre signe dans un processus ad infinitum,
- par conséquent il n'y a pas de point de référence fixé,
l'objectif de la pensée ne consiste pas dans la 'reconnaissance
de la vérité' mais à fixer une opinion,
la vérité est l'affaire du consensus public,
le processus sêmiotique est un processus de constitution dynamique
de sens,
le passage du sujet au prédicat ne reproduit pas quelque chose de
déjà connu mais il aboutit à la création de quelque chose de nouveau.

Jacques (1985) qui travaille dans une perspective issue de Bs irce et de


Marris (14) a mis à profit ces principes dans l'élaboration de son concept de
1'interlocution. A l'idée du renvoi ad infinitum qui s'opère d'un signe à
l'autre il donne la qualité d'une relation interlocutive. Une telle démarche
personnifie en quelque sorte la relation fonctionnelle doit nous avons parlé
dans le chapitre précédent. Jacques établit la "réalité relationnelle de
1'interlocution" (14) entre un je et un tu qui deviennent ainsi eux-mêmes des
fanctifs. Cela entre parfaitement dans la logique de la pensée de Beirœ pour
lequel "l'honte lui-même est un signe" (Arrrengaud 1985:19). Selon Jacques "il
est par principe inpossible que l'henne soit seul pour parler" (74), "on ne
parle pas seul, ni même à quelqu'un, nais avec quelqu'un" (132). La portée

15 "Die PEIRCEsche Zeichentheorie... hat den Begriff der Repräsentation, der


für alle 'Bedeutungsdreiecke' von ARISTOTELES bis ODGEN / RICHARDS zen-
trale Erklärungsgrundlage darstellte, aufgegeben zugunsten des Begriffs
der Interpretation und zugunsten einer relationslogischen Begründung des
Zeichenbegriffs" (Woetzel:151) .
25

philosophique de cette approche est évidente: elle revient â "ime profonde


remise en question du privilège phénoménologique de l'êgo" (96). Dans cette
perspective "le sens et la référence de nos énoncés sont constitutivement co -
signifiance et co-réfêrenœ" (Jacques 1985:443).

Laissons, pour résumer, la parole â Jacques:

"'Relation interlocutive': c'est l'extrême d'une relation qui permet de


comprendre comment celui qui écoute, en interprêtant et pour interprêter,
parvient à se mettre à la place du locuteur, et inversement que celui-ci
soit capable de pré-interprêter ce qu'il profère" (371).

Dans le tableau suivant nous avons concrétisé les duplications théoriques


des réflexions précédentes.
26

§
ζ

Γ
ι
ι

1 Γ - L - .
I Η I
1 b
ι I 3 φ
3 3 3 4J •η
•Ρ +J 3 I 1
+J

H
1 4-1
1
g 1
Ε-· Ρ
H ι W
h 1 H FH Η
H H H Ü4 φ Μ ω
«
\
fi h h H ι s
H 1 H Ζ λ
H 2 Ζ O 1 2 «
ω
to 0 1 15 H Μ
H 1 H U1 g
W l/l I M
ι Η Η 0
1 CK
H
Eh
W
H

1
H
μι
- — I

- + -

X
H
ω
Eh
Ι H
ι
á
ι αϊ φ 3
I •η •υ s
φ
•π Φ Φ
•r-> •η
Ι
ι
g ω
Η
ω
Η
¡I
Η i i
/
I Jg I
H h
Η
I fe
Η

Η S 2
h
H Ζ ζ Ζ Οι α,
Ζ ο I Β ο M PS «
O Η Η Η ω
H ω ω ω Η
to I I g ' ζ
Η Η
L J
I T

I 1

§
ζ
27
Retenons surtout ceci de cette conception sémiotiqœ du signe:

"La relation sémantique de base n'est ni dyadique (signifiant/signifié)


comme dans la tradition issue de Saussure, ni triadique comme dans la
tradition post-frégêenne (signe/sens/référence). Elle nous est apparue
pour le moins têtradique: système de signes, instances ênonciatives en
relation, sens et référence" (Jacques 1985:153).

A noter aussi l'importance qui est accordée à la matérialité du signi fiant


(cf. 148). On ne peut guère surestimer l'apport précieux de la prise en corpte
de cet aspect pour faire au moins un peu plus la lumière sur l'interrelation
entre le DIT et le DIRE. Nous pensons surtout aux phénomènes prosodiques et
mimo-gestuels, c'est-à-dire â l'union fondamentale du mouvement, de la musique
et de la parole pour le dire en des termes proches de l'esprit de Pónagy
(1983:cf. 147-151). Il en sera encore question (cf. p. 103 ).

2.1.2.3 La productivité sémantique du langage

Après avoir défini notre acception du signe nous nous interrogeons sur la
manière dont il faut se représenter ce processus de production de sens que
nous appelons "signifiance" (Jacques) et dont le signe est objet et partie
intégrante.

Pour nous, c'est un acquis que le sens n'est pas quelque chose d'essentia-
liste et de préconstituê (199), mais qu'il naît entre les haïmes à la con-
fluence d'un parler et d'un écouter (393). Nous excluons également toute
conception subjectiviste du langage â la Griœ qui fait de la signifiance
une démarche intentionnelle unilatérale et partant improductive (66).

La signifiance équivaut â un processus de transformation:


28

le DIT se livre au DIKE pour se retrouver investi d'une nouvelle configura-


tion sémantique. Cn a affaire â un effet transgressif qui n'entraîne pas seule-
ment une sinple actualisation du DIT, mais cette actualisation est toujours
quelque peu innovante (349). Cela iirplique qu'il y a toujours vin déplacement,
si minims soit-il, du système entier vers une nouvelle configuration (214).
En d'autres termes, la transgression est un processus qui excède l'initiative
sémantique du locuteur (356). Elle est un phénomène qui, de façon élémentaire
a lieu au niveau le plus bas de la GSS, mais, elle n'y est nullement limitée.
Elle se reproduit chaque fois que l'on passe â une strate supérieure de la GSS.
Parret appelant le processus de transgression "encatalyse" (1987:115) nous en
donne une autre image évocatriœ qui est celle du "bouclage hiérarchique"
(1983:87). En passant au niveau supérieur, le bouclage inplique tous les niveaux
inférieurs, le niveau le plus haut assumant toujours le rôle de modalisation.
Le tableau ci-dessous visualise le processus de transgression.

16 De nombreux auteurs ont signalé les deux significations qu'on peut donner
au verbe dire. Grice (1979:59) distingue un direi qui est apparenté à
"implicite", d'un dire2 qui signifie "prononcer des mots". Ducrot (1981
dans 1984:120) oppose le dire2 "prononcer des mots" au direi - "affirmer,
asserter".
Le direi désigne une entité intellectuelle abstraite, une 'proposition'
ou un 'contenu'. Dans Ducrot (1981 dans 1984:151), l'auteur explique que
le dire2 concerne le fait même de son énonciation et le direi le thème de
son discours. Celui-ci n'est pas justiciable d'une appréciation en termes
de vérité (ou de fausseté) . Nous apprenons aussi que le direi n e s e P á -
sente jamais directement mais a toujours besoin de la monstration directe
du dire2 (152). Recanati (1979) nous fait savoir que certains logiciens
médiévaux distinguaient un "actus exercitus" d'un "actus conceptus" (141).
Lui-même parle de la "marge" et du "texte" (142). Lang (1981) fait de
même avec le verbe ausdrücken auquel il attribue les sens du verbe anglais
express et say. Le premier est étroitement lié au verbe wissen, le deux-
ième est perceptible par les différents sens (296 et 299). Lüdi (1981),
dans son analyse de tu parles/, découvre la même distinction dans le sens
de parler dont l'un renvoie à l'acte d'énonciation et l'autre, en tant
qu'acte référentiel, au thème (p. ex. Il parlait avec difficulté à cause
de son nouveau râtelier - Tu parles (si elle est belle!).
Burkhardt (1975:139) et Berrendonner (1981:128 et 129) soulignent la
relation dialectique qui existe entre ces deux aspects du sens en général?
le premier en indiquant qu'aucun des deux aspects n'est pensable sans
l'autre et qu'ils se supposent réciproquement, le deuxième met en avant
que l'aspect conceptuel est orienté de la réalité extralinguistique vers
la langue et que l'aspect matériel est orienté de la langue vers la réa-
lité dont l'acte d'énonciation est un élément.
29

Η
M
S
β
W
ω
Β
Β
w
g
w

g
05 i
H g
á ?
30

Le tableau fait bien ressortir que le processus de signifianoe évolue du


bas vers le haut, c'est-à-dire du niveau I au niveau IV de la GSS (cf. Grewen-
dorf 1976:111 et 113). Nous voyons en plus qu'il s'agit non seulement d'un pro-
cessus d1explicitation et de spécification (cf. Parret 1976:60 ; Recanati
1981:153) mais aussi de ccrtplexification. Le terme de 'transgression' englobe
les trois notions à la fois.

2.1.2.4 Le statut initial et final du code

Le code est à la fois la condition préalable et le résultat du processus de


signifianoe (cf. Jacques 195:348-352). "En droit, il n'y a pas de significa-
tion antérieure au processus de signifianoe. En fait, les significations
instaurées le sont sur la base de significations acquises" (351).

Pour éviter une régression ad infinitum et pour fixer la référenciatian


nous donnons une antériorité théorique à la "praxis interdiscursive", car il
n'y a rien dans le code linguistique qui n'ait été d'abord dans le discours
31

(347). C'est là par conséquent, dans l'activité en tant que telle, que nous
17
localisons le 'début' du processus.

17 II est intéressant de renvoyer le lecteur à la théorie polyphonique de


Ducrot (1984:171-233). L'auteur nous fait savoir ceci: "en se donnant la
liberté de subordonner sans fin les énonciateurs aux ênonciateurs, on se
dispense de postuler, à la base du sens des 'contenus' objets des atti-
tudes prêtées aux 'énonciateurs', et qui représenteraient directement la
réalité. Les 'contenus' pourraient toujours être considérés comme les
points de vue d'ênonciateurs de degré inférieur. Avantage important si
l'on veut arriver à dire que les 'choses' dont semble parler le discours
sont elles-mêmes la cristallisation d'un discours sur d'autres choses ré-
solubles à leur tour en d'autres discours" (224). Nous pensons que Ducrot
fait fausse route en élaborant sa théorie polyphonique. Cela tient à la
méconnaissance du rôle de plusieurs facteurs. D'abord il est illégitime
de Résoudre' tout simplement la 'matière', comme nous l'apprennent les
propos cités, pour créer les conditions nécessaires à la circulation in-
finie du message. En vérité, nous avons là affaire au schéma de communi-
cation introduit par Jakobson en linguistique (Jacques 1985:21 et 22).
C'est le message prêconstitué qui peut faire la navette à l'envi entre
l'émetteur et le récepteur sans subir la moindre transformation. Cela
nous amène à dire que la théorie polyphonique de Ducrot ne tient pas
compte de la productivité du langage. Celle-ci est basée sur l'idée de
la coproduction interlocutive du sens, idée qui est étrangère au concept
de Ducrot. Sa polyphonie reste une plurivocalité monologique. Jacques,
dont la critique vise Bakhtine, mais laquelle se laisse facilement trans-
poser au concept de Ducrot, est clair là-dessus: "Il n'est même pas
question d'un entrelacs de deux (ou plusieurs) discours, mais tout au
moins de la production à deux d'un seul discours qui donne voix à la
relation interlocutive" (79). En principe, il n'est pas étonnant que
Ducrot ne parle pas de la productivité du langage, car de la résolution
de la 'matière' â celle de la matérialité du signifiant il n'y a qu'un
pas. La reconnaissance inconditionnelle de cette matérialité est la sup-
position indispensable de la productivité. D'ailleurs, pour être investie
d'une qualité productive il ne suffit pas d'attribuer à cette matière une
valeur indexicale, au sens de Peirce. Ducrot est prêt à faire cette con-
cession au moment oû il fait un emprunt à la mimo-gestualité, notion de
qualité symptomatique, de Berrendonner (1981). Mais cela ne change pas
grande chose à notre constat: en n'appréciant pas á sa juste valeur la
matérialité du signifiant Ducrot dématérialise le signe. Il se contente
de son pouvoir conceptualisant. Cette démarche concorde bien avec une
optique strictement argumentative. Notre analyse en profitera. Néanmoins
son champ d'action est limité à l'intérieur de notre GSS. Vu sous cet
aspect le concept de Ducrot s'expose vite à l'objection d'abstractionnisme.
32
On Imagine le nouvenent démonstratif de l'index pointé vers l'objet à 'signi-
fier' canne im tel acte discursif primitif qui, bien entendu, est effectué en
présence d'un interlocuteur. Une fois le processus transgressif de signifiance
déclenché il poursuit sa marche le long d'une spirale imaginaire. Au niveau
de chaque spire nous assistons à une légère transformation du code induite
chaque fois par un nouvel événement interdiscursif.

LE ROLE CONSTITUTIF DE LA PRAXIS INTERDISCURSIVE POUR LE CODE DE LANGUE


33

2.1.2.5 Les trois conposantes principales du processus de signifianœ

les trois acitvités engagées dans le processus de slgnifiance sont

i) la référencialisation
ii) 1'argumentation
iii) 1'illocution

Elles démarrent toutes au niveau le plus bas de la GSS et elles poursuivent


18
leur parcours transgressif jusqu'au niveau le plus haut. Gela n'eitpêche pas
que chaque ccrrposante trouve son achèvement opérationnel â un niveau différent,
i) atteint ce stade au niveau II, ii) au niveau III et iii) au niveau IV.
C'est dire que, selon notre modèle de bouclage hiérarchique, l'argumentation
boucle La référencialisation et que 11 illocution boucle l'argumentation et la
référencialisation Le tableau suivant naître cette mise en fonction éche-
lonnée des trois caiposantes. Pour ne pas trop charger le schéma nous avons re-
noncé cette fois-ci à une illustration du processus transgressif.

18 Dans (1979:23), Ducrot admet aussi un processus de spécification, mais seule-


ment pour la "valeur référentielle" et pour les "variables argumentatives".
Il en excepte l'intention qui, elle, nécessite l'application des "lois de
discours", procédé dont nous ne ferons pas usage. Etant donné notre vue
holistique nous rejetons toute théorie d'indirection sous quelque forme
que ce soit.
19 Ce schéma trivalent rappelle les conceptions du signe de Bühler (1934),
Troubetzkoy (1957) et Jakobson (1963). Le premier parle de "Darstellung",
"Appell", "Ausdruck"; le deuxième de "représentation" de l'état de chose,
"appel à l'auditeur" visant à produire sur ce dernier une certaine impres-
sion, et "présentation" ou "expression du sujet parlant"; le troisième de
"fonctions référentielles", "conatives" et "émotives". Malgré ces ressem-
blances les différences entre ces concepts et le nôtre sont de nature fon-
damentale. Il s'agit de passer d'une perspective statique et dissociative
du signe à une vue unificatrice et dynamique qui conçoit le processus
ênonciatif comme élément de la constitution progressive de sens (cf. Di
Cristo 1981:44; cf. aussi pour Jakobson, Jacques 1985:200 et 354, et
Kerbrat-Orecchioni 1980:16).
34

LES TROIS ACTIVITES SEMANTIQUES DU PROCESSUS DE SIGNIFIANCE

Ouverture et non-accomplissement principiéis du


processus interprétatif de sens
Achèvement opérationnel de la composante sémantique
respective

Intégration transgressive dans la strate sémantique


t supérieure
I ι
m ψ/Α Potentialité
1II 1

Spécification
35

Concentrons pour l'instant notre attention sur la conposante référentielle


et écoutons Martin (1983:230-231):
"Les articles, les démonstratifs, les possessifs participent en situa-
tion à la fonction identificatrice. La situation est comprise ici comme
une abstraction, comme une pure virtualité, comme la prévision de l'acte
de parole, indèpendemment de toute référence effective. Au niveau de la
'phrase' (= le niveau II de la GSS, F.S.), les objets du monde n'ont
eux-mêmes aucune sorte d'importance: on dit seulement que l'argument X
est (ou non) un objet identifiable. La relation effective aux objets,
le contenu situationnel, est un fait d'énoncé."

2.1.2.6 La 'matière' du processus transgressif de signifianoe


Il est terrps de passer â un examen microscopique du processus de signifianoe.
Signalons, pour mémoire, que nous nous trouvons toujours au niveau I de la GSS.
Cette fois encore nous allons décrire des mécanismes sémantiques élémentaires
qui, d'une part, prennent naissance â ce niveau mais, d'autre part, opèrent â
tous les niveaux de la GSS.

Pour trouver une réponse à la question de la 'matière' linguistique trans-


portée par le processus transgressif nous faisons appel au principe de ccttpo-
sitionalité au sens de Frege, "c'est-à-dire à un principe stipulant que la
signification d'une expression ccnplexe est fonction de la signification de
ses parties" (Guenthner in Nef 1984:18). Pour récupérer la signification des
parties on est obligé de procéder â une décorposition lexicale de l'unité
linguistique en question. Nous appelons les produits de œtte opération
"unités premières de signification" (Cresswell in Nef 1984:note 20, 58), com-
posants ou primitifs sémantiques. Ils sont une "manière de dépôt sédimentaires
des instances de discours" (Jacques 1985:347). Pour nous, ils forment les cris-
tallisations sémantiques du discours universel d'une ccrnnunauté linguistique.
Ils sont les manifestations interprétatives de l'univers généralement reconnues
par œtte conramauté. C'est la raison pour laquelle on peut parler à leur égard
de "conventions, pour la plupart oubliées" (351) â la suite d'ime fréquence
d'eitploi élevée et d'un usage permanent continu s'étalant sur de longues péri-
odes mesurables seulement en termes de dizaines voire de centaines d'années.
Ainsi ils appartiennent á tous et à personne (346). Il est extrêmement important
pour notre propos de se rendre à l'évidence que œ s primitifs sémantiques res-
tent d'un côté, en dessous du seuil discursif occurrenciel, mais que de l'autre
ils s'offrent carme un "ensemble de conditions virtuelles pour le discours en
acte et non d'automatismes préétablis" (344).
36

Donc, ils ont déjà une "valeur d'enploi" (346)· Mais chaque fois qu'un

20 Dans le cadre de notre concept qui installe l'interprétant dans le signe


lui-même cette conséquence s'impose logiquement. Mais n'oublions pas qu'elle
ne va nullement de soi. La naissance de 1'illocutoire, car c'est au demeu-
rant le problême dont il est question ici, a longuement occupé et préocupé
des spécialistes comme Austin et Searle. La formule searléenne bien connue
F (p) ou F (RP) pose le problême du rapport entre F et (RP), autrement dit
entre 1'illocution et la locution. Austin aussi bien que Searle s'y voyaient
confrontés. Leurs positions exactes sont difficiles à préciser, elles res-
tent plutôt vagues.
D'une part Austin place 1'illocution en dehors de la locution, mais d'autre
part la locution, à côté des actes phonétique et phatique comprend l'acte
rhétique, ce qui amène Lane à la critique suivante: "Austin ne remarque-t-il
pas que produire un acte de locution, c'est eo ipso produire un acte d'illo-
cution" (Austin 1970:note 39, 176). Recanati (1981:233), par contre, pense
qu'"il est ... très peu probable que le mot 'sens' chez Austin désigne le
contenu propositionnel â l'exclusion du sens pragmatique". Austin aurait
certainement vu que la locution ne se laisse pas réduire à une significa-
tion abstraite et indépendante de facteurs contextuels et que 1'illocution
ne peut être pensée sans tenir compte des mécanismes opérant à l'intérieur
du locutoire.
Les jugements sur la position de Searle sont somme toute plus unanimes. Ils
se ressemblent dans la critique de la déchirure du lien entre 1'illocution
et la locution. La formule permet l'invariabilité de la proposition tout en
faisant changer les valeurs illocutoires (cf. Searle 1972:60). C'est cette
conception dichotomique de 1'illocutoire et de la proposition qui est la
cible des critiques (cf. Grewendorf 1976:note 51, 123) . Viehweger (1983:
215 sq.) avance que Searle a versé tout 1'illocutoire dans F et, par ce
fait même, vidé (RP) de 1'illocutoire. Parret (1983:86) objecte que cette
formule exprime une autonomie totale du contenu propositionnel et qu'elle
ajoute seulement la force énonciative au lieu de 1'intégrer dans (RP) ou p.
Berrendonner (1981), dans sa tentative de faire de 1'illocutoire un ERSATZ
d'acte (84), ne fait guère mieux. Pour se débarrasser de 1'illocutoire
austinéen (14) il crée un sens 'primitif', 'littéral' ou 'constatif' que
nous ne saurions exactement imaginer. Il en a tellement fait le nettoyage
par le vide que nous craignons que ce construit se volatilise â chaque
instant. Par là, son concept se distingue nettement de celui de Searle qui
avait tout fourré dans la signification. Mais il n'en reste pas moins vrai
que dans les deux cas le lien entre F et ρ est brisé. L'argumentation de
Berrendonner est aussi simple que fragile. Il dit: puisque 1'illocutoire
n'est généralement pas inscrit dans la langue, il ne peut pas être affaire
de la langue (106).
Le fait que 1'illocutoire n'est pas toujours inscrit dans la langue, ne
justifie pas, à notre avis, cette conclusion radicale. Pour nous ce constat
tout à fait juste n'est que la preuve de l'importance relative de l'élément
linguistique dans le processus de la genèse de 1'illocutoire, c'est-â-dire
qu'il n'est qu'un agent parmi d'autres, mais non pas que la langue n'a rien
à voir avec 1'illocutoire.
37

discours en situation a lieu, un eitploi discursif individuel s'articule sur


cette valeur d'enploi, ou, en nos ternes, sur le discours universel dont le
caiposant sémantique est le véhicule. Logiquement parlant nous avons affaire
au renplissage d'une position d'argument avec une intension (Karttunen et
Beters in ifef 1984:189). Celle-ci est définie ccmre fonction qui assigne â
21
l'expression dont elle fait partie soi extension dans tout monde possible.
En same nous obtenons le schéma dérivatiannel suivant:
signification • p r i n c i p e de compositionalitê ^
décomposition lexicale • composants sémantiques •
intension • fonction ^ m o n d e s possibles ^
argument ^ extension

Nous sonnes certains que ces mécanismes qui ont pour but d'éclaircir le
processus de signifiance jouent un rôle éminenment irrportant dans la genèse
de toute EIS. Dans le tableau ci-après nous essayons de représenter ccnnent
il faut imaginer le processus. Nous le démontrons sur l'expression 'maison'
qui connaît vin errploi illocutoirement stéréotypé que Gellard et Key (1980:497)
caractérisent ainsi:

"En parlant en particulier d'une préparation culinaire ('pâté',


'tarte maison') : fait à la maison, avec tout le temps et les
moyens nécessaires à l'élaboration la plus soignée, la plus ré-
ussie, par opposition à une confection plus collective.
S'ajoute librement à un nom pour lui donner une valeur d'emphase:
exceptionne1, remarquable.

Je n'aspire plus qu'à une chose : piquer un roupillon maison.


J'ai besoin de m'anéantir pendant un moment afin d'oublier mes
humiliations de la soirée. (San Antonio, Laissez tomber la
fille, p. 71)

21 Ce terme sera précisé davantage, cf. p. 86 - 87


38
39

Outre ces mécanismes logico-sèmantlques il faut aussi tenir ccnpte d'un


certain noribre d'autres facteurs qui interviennent dans le processus trans-
gressif tels que:

hiatus entre la première et la deuxième syllabe,


- possibilité de la suite immédiate de deux accents d'insistance,
expression de jouissance du visage,(éventuellement) léger sourire,

- main levée, index et pouce se touchent en formant un cercle,


clin d'oeil,

léger va et vient de la tête etc.

2.1.2.6.1 La dêlocutivitê et les primitifs sémantiques

Le processus qu'on vient de décrire a beaucoup de points camuns avec ce que


Anscanhre et Ducrot appellent 'dêlocutivitê' terme emprunté à Benveniste.
L'intérêt de ce concept pour nos deux EIS réside notamment dans l'observation
que ses implications diachroniques se reflètent de façon synchronique dans
les variantes sémantiques de LBA et TOT (cf. Anscaribre 1981:91). La dêlocutivitê
est un processus dérivationne1 de changement de sens spécifique d'une expres-
sion. Il implique 11 incorporation d'une nouvelle signification par une expres-
sion. Au début du processus, cette signification est encore 'extérieure' â
l'expression dans la mesure où par son emploi on fait seulement allusion à
une propriété caractéristique ou typique d'irne certaine situation. Par suite
d'un emploi réitéré de l'expression dans un même type de situation, la signi-
fication allusive devient de plus en plus un élément sémantique incorporé et
canventionnalisê de l'expression elle-même.

22 Pour plus de détails voir, par exemple, Anscombre 1981:88, 114; Ducrot
1981 in 1984:119-148.

23 En fait il importe peu que la dérivation soit synchronique ou diachronique.


Ducrot (1980a:48) n'exclut pas qu'elle soit á la fois synchronique et dia-
chronique .
40

Ducrot (1981 in 1984) représente œ processus sur les énoncés

E l : L a dit "P est intelligent" et E 2 : L a dit que Ρ


est intelligent.

E 1 et E 2 sent respectivement le début et la fin du processus. Ducrot


décrit les différentes étapes de la façon suivante:

1. L'énoncé E 1 "Ρ est intelligent" "ne constitue pas au niveau


profond, une affirmation - c'est-à-dire qu'il ne sert pas fon-
damentalement â soutenir qu'une certaine proposition ... est
conforme à la réalité. A ce niveau profond, la description d'un
tel énoncé peut être purement argumentative ... : on doit in-
diquer uniquement le type de conclusions en faveur desquelles
il peut être présenté" (123).

2. "A un stade ultérieur, une dérivation délocutive produit pour


l'adjectif une signification seconde, où il désigne une pro-
priété, celle qui est censée appartenir aux objets X á propos
desquels on argumente en disant: 'X est intelligent' ... il
s'agit de la fabrication d'une propriété à partir d'un dis-
cours" (123).

3. La dérivation décrite dans 2. "permet de relire, réinterpréter


l'énoncé déclaratif 'P est intelligent' comme une affirmation,
comme attribuant à P une qualité, celle qui précisément jus-
tifie l'argumentation dont cet énoncé est fondamentalement
porteur" (123).

le glissement de 1. â 3. correspond, par conséquent, à une valorisation


conceptuelle da prédicat primitif (équivaut au "corposant sémantique' de
notre exertple 'maison' ). C'est la raison pour laquelle E 1 et E 2 deman-
dent 1'activation de différentes capacités du locuteur. Dans E 1, c'est le
locuteur surtout, en tant que source de l'énonciaticn, qui effectue l'acte
physique de prononcer des paroles. Il doit investir au maximum la matéria-
lité de sa propre personne (voix, mimique, geste) et de la situation (les
faits' qui sont là). Dans E 2, par contre, il y a eu conceptualisation du
24
situationnel (cf. aussi Ducrot 1984:199-203). Transposé â notre exeirple
1
'maison on peut, au moins théoriquement imaginer un iraient où le conceptuel
prendrait tellement le dessus que la matérialité de cette expression, son

24 Letoublon (1983:92 et 93) montre dans quelle mesure un tel processus


d'évolution sémantique revient á un passage du quantitatif argumenta-
tivement non conceptualisé à une valeur argumentative conceptualisée.
41

DIRE, perdrait de plus en plus sa vigueur originelle et originale. A un tel


stade le marient aurait été venu de mettre en marche un nouveau processus dé-
locutif qui, cette fois-ci, prendrait appui sur un corposant sémantique, i.e.
un sédiment conceptuel, de 'maison' - E 2. Ansccmbre (1981:95 et 96) a donné
1
à ce phénomène le non de surdélocutivité'.

Nous avons rapproché le concept de délocutivité du processus transgressif


de signifianœ. Il y a notairment un aspect qui justifie absolument notre mise
en parallèle. Ducrot (1980a:48) le décrit ainsi:

"On considérera E 2 comme un dêlocutif de E 1 si l'on admet qu'il


y a, dans la signification S 2, une allusion à des actes accomplis en
énonçant E 1 (employé avec la valeur Sj), et si l'on pense en outre
que cette allusion explique la dérivation conduisant à E 2 à partir
de E 1 ..."

Deux aspects méritent une attention particulière. Ducrot admet cctime nous
gi£ E 1 'a déjà une valeur d'enploi' (cf. p. 36 ) ou, selon la terminologie
de Ducrot, qu'il a une valeur argumentative. En outre, il met en avant, au
travers de la notion 'allusion', une certaine logique dérivationnelle de E 1
à E 2. Ce processus est donc motivé, il ne se fait pas ex nihilo.

Toutefois notre adhésion â l'opinion de Ducrot n'est pas totale. Il affirme


(voir citation p. 40 ) que E 1 "ne sert pas fondamentalement (?, F.S.) à sou-
tenir qu'une certaine proposition ... est conforme á la réalité" et que "à ce
niveau profond, la description d'un tel énoncé peut être purement (?, F.S.)
argumentative ..." Les deux points d'interrogation que nous avons insérés dans
la citation signalent â quels aspects nous opposons notre vèto. Nous pensons
que ce que Ducrot appelle 'purement argumentatif ' n'existe pas, nous pensons
par contre qu'il y a toujours une référence â une réalité. Celle-ci ne se
laisse ni résoudre, canne nous l'avons déjà vu plus haut, ni escamoter. Par
conséquent nous nous rangeons entièrement à l'avis de Kühn (1983:191) qui
42

insiste sur la nécessité d'attribuer une proposition â toute 'Routineformel'. 2 5


Notons enfin que le processus d'évolution sémantique que nous avons décrit
a aussi des analogies dans celui de la formation de la métaphore:
"Dans 'Sophie est une lionne", non seulement le mot 'lionne* est pris
'intensionnellement', et il s'opère une sélection sêmique qui rejette
dans le vague toute une partie des prédications qui font qu'une lionne
est une lionne, mais, profitant du 'partiellement' qui ainsi se crée,
l'éclipsé sêmique permet de surmonter l'incompatibilité que, nécessaire-
ment la métaphore porte en elle" (Martin 1983:198).

Nous retrouvons donc cette mise à profit intensionnelle de la signification


sur laquelle repose la relation fonctionnelle. Pourtant les différences sait
manifestes. Dans le processus transgressif qui aboutit á la production d'une
EIS il y a une intervention beaucoup plus massive de facteurs, autres que
semantico-logiques, tels que le contexte, la prosodie, la mimique, le geste
et le contexte avec toutes ses propriétés présuppositionnelles. Tous ces élé-
ments prennent place dans l'ensemble illocutoire et farinent un ccrtplexe prag-
matiquement figé et stéréotypé. Dans la métaphore en revanche ces phénomènes,
ou bien ne sont que partiellement présents, ou bien ne concourent qu'à un degré
beaucoup noins faible sans atteindre cette fixité caractéristique des EIS.
Pour clore nos réflexions sur des mécanismes sémantiques élémentaires nous
tenons à préciser ceci: il est vrai que nous nous sames installés au niveau
I de la GSS, mais en a sans doute remarqué qu'une grande partie de ces phéno-
mènes se produira mutatis mutandis à tous les niveaux de la GSS. Quant â ce
procédé de sélection intensionnelle par exeirple que nous venons de décrire,
Parret (1987:186) dit en abondant dans notre sens que chaque expression est
néoessai raient un triplet < discours, phrase, lexême> et que les irtplications

25 Nous assistons de nouveau à la problématique â laquelle nous abandonne


l'oeuvre de Ducrot et Anscombre : 'Quel statut faut-il attribuer au con-
tenu informatif?' Kerbrat-Orecchioni (1980:200) soulève déjà le problême
en objectant: "argumenter, ce serait donc agir : mais informer, n'est-ce
pas déjà prétendre modifier le stock des savoirs dont dispose le récep-
teur?" Il est inadmissible de vider le contenu de toute valeur pragmatique.
Jacques (1985:397-398) met les choses au point: "dans l'énoncé : (i) 'le
candidat du président a cinquante ans' la référence de l'expression dé-
finie 'le candidat du président' ne sera correctement analysée que si
elle est replacée dans le mouvement interlocutif. Par conséquent, il faut
soumettre à l'analyse: (ii) 'je te déclare (croire) que le candidat du
président a cinquante ans'. J'ai donc construit un modèle de dialogue
référentiel pour démontrer qu'une dimension 'colloquiale' est présente
dans le discours informatif lui-même."
43

conventionnelles inhérentes aux lexâmes filtrent l'ensemble de la signification


pragmatique implicative réalisée au niveau de la phrase (= le niveau II de la
GSS). Ce processus de filtrage, nous le voyons également se poursuivre lors du
passage du niveau de la phrase au niveau du discours (= les niveaux III et IV
de la GSS).

2.1.3 L'être parlant et son rapport avec les notions d''intention' et


de 1convention'

Avant de quitter le niveau de base de la GSS pour nous rendre au niveau II nous
donnons quelques précisions sur la façon dont nous concevons l'être parlant qui
est à l'origine du processus de signifianœ. Malheureusement nous nous voyons
un peu délaissés, cette fois-ci, par le concept interlocutif de Jacques (1985).
Eh tout cas nous éprouvons certaines difficultés à appréhender la nature de
son sujet transcendental. Dumoncel en Interprétant Jacques arrive au constat:
"Donc vous parlez d'un 'nous' mais qui n'est pas social" (455). Jacques y ré-
pond: "Le mien ne va pas au collectif, mais à la relation interpersonnelle qui
engendre le 'nous'" (455-456). Nous avouons ne pas bien comprendre cette ani-
rrosité vis-â-vis du social que nous croyons découvrir de façon générale chez
26
Jacques. Nous avons décidé de débarrasser ce 'nous' de sa volatilité apri-
orique et de lui assigner les qualités d'un individu et d'une collectivité

26 Nous ne suivons pas Jacques dans sa vue dichotomique de l'individu et de la


personne (113 sq.), de la conversation et du dialogue (117-131), de l'af-
frontement et de la confrontation (124), de l'espèce et de la "socialite
humaine" (115) etc. Nous pensons plutôt que tout échange qui fait usage
de l'outil symbolique du langage n'est jamais uniquement l'un ou l'autre
de ce que nous venons d'énumêrer, mais toujours les deux à la fois. La
question de la violence physique (577) est sans intérêt dans une perspec-
tive langagière, donc il n'y a pas de nécessité d'en parler davantage.
Nous n'imaginons pas une conversation si compétitive et si rivalisante
soit-elle qui n'incluerait pas un tant soit peu de réciprocité. Nous ne
voyons pas non plus un dialogue si intellectuel ou spirituel soit-il qui
ne contiendrait pas d'aspects compétitifs. Par conséquent tout échange
symbolique entre au moins deux personnes - nous laissons le'dialogue de
sourds' de côté - suppose le respect d'un minimum de règles (Basisregeln,
cf. Cicourel, surtout 167-179). Et, par ailleurs, le social a toujours un
visage humain même là où on ne le conjecture plus guère. Aux bouches de
métro, par exemple, qui déversent des centaines de milliers de personnes
chaque jour, les gens ne marchent pas les uns sur les autres, mais essaient
avec une habileté artistique d'esquiver le mieux possible toute collision.
44

sociale. Soit dit entre parenthèses, le 'nous' de Jacques inçlique aussi for-
cément un aspect de collectif ou de corporêité dans la mesure où la relation
interlocutive demande, du moins primitivement, l'existence de deux êtres en
chair et en os. C'est la raison pour laquelle nous qualifions la relation
entre convention et intention de dialectique et d'inextricablement réciproque
(cf. aussi p. 110 ). Cerane tous les termes disposés dans le tableau (cf. p. 22 ),
celui de convention occupe une place dans la colonne gauche, i.e. du quantita-
tif, et celui d'intention en occupe une dans la colonne droite, i.e. du quali-
tatif. L'intention représente 11 exploitation individuelle d'une convention. La
convention représente la manifestation publique d'intentions collectivisées.
Nous tenons donc à éviter un absolutisme conventionnel (Austin 1970, Searle
1972) aussi bien qu'un absolutisme intentionnel (Grice 1957). Du reste nous
nous demandons sérieusement si une notion de qualité unilatérale qui ne fait
pas entrer l'autre dans le jeu mérite encore l'appellation 'intention'. Nous
croyais que non. Ttout au plus il y a dans œ cas une sorte de volonté de faire,
mais rien de plus. Pour les besoins de la cause, nous pouvons nous réclamer de
Lewis (1975:59) pour qui les conventions représentent un savoir ccranun concer-
nant des régularités comportementales, des attentes réciproques et un système
de préférences. Cette définition vise une ccranunauté linguistique certes, mais
nous ne porterons pas atteinte â sa validité en l'appliquant à la plus petite
ccranunauté linguistique existante, à savoir â un locuteur et un auditeur, dette
carparabilitê fait ressortir la nature fondamentalement ccmnune de œ qu'on
appelle intentionnel et conventionnel.

Le rapprochement des deux notions reçoit d'ailleurs sa première justifica-


tion par Strawson (1964) qui a mis en avant le caractère graduel de la conven-
tion, si bien qu'il faut imaginer un passage imperceptible de ce qui est essen-
tiellement conventionnel à œ qui l'est de moins en moins. On peut schématiser
l'action respective des deux notions par deux triangles superposés de façon
inverse:

INTENTION
45
Dans notre GSS la pointe du triangle 1 intention1 touche le niveau le plus
bas (niveau I) et celle du triangle ' convention ' la surface du niveau le plus
haut (niveau IV).
Retenons en conclusion ceci: Nous n'imaginons pas de caiportement à l'in-
térieur de l'univers symbolique du langage - nous excluons donc tout recours â
la violence physique nais aussi tout 'dialogue' de sourds - qui ne soit pas un
corrportement plus ou moins stratégique et qui n'anticipe pas l'effet des propres
paroles en les écoutant par les oreilles de l'auditeur. Et cela nous paraît
même valable pour le débat houleux ou l'insulte qui doit être bien 'calibrée'
pour qu'elle porte bien.

Dans le cadre d'une analyse des EIS, il est particulièrement intéressant de


se référer à Lüger (1980). Concernant les formes de 1'emploi rituel du langage,
il nous apprend que le phénomène du rituel langagier dérive d'un rapport spé-
cifique entre ce qui est conventionnellement déterminé et ce qui laisse libre
cours â la créativité individuelle (27 et passim). Dans le tableau ci-dessus
nous avons couvert les points d'intersection des deux triangles d'une hachure.
C'est là où, de notre point de vue, se passent les choses pragmatico-séman-
tiques les plus intéressantes. Nous aurons â en parler quand nous décrirons les
niveaux II et III de la GSS et plus spécialement le passage du niveau II au
niveau III (cf. p. 54-56, 79).

2.1.4 Le niveau II de la GSS

2.1.4.1 'Savoir' et 'croire'


Maintenant que nous nous sctrmes enfin décidés à nous rendre du niveau I au
niveau II une explication des deux termes que nous regarderons de plus prés,
'savoir' et 'croire', s'irrpose. Nous sennes bien conscients que tout ce que
nous dirons à leur sujet est aussi valable pour le niveau I. En les traitant
au niveau II nous croyons faciliter la lecture dans la mesure od nous prions
le lecteur d'appliquer nos réflexions â l'unité plus ccrplexe cte la proposi-
tion - lieu de la prédication de la référence -, car c'est bien le niveau de
celle-ci (cf. tableau p. 15 ) dont il sera question. Nous lui demandons par
conséquent de détacher son regard de l'unité linguistique du signe et de se
représenter des unités ayant une valeur propositionnelle telle que la pré-
sentent les deux EIS de notre étude.
Dans le tableau (p. 22 ) le 'savoir' est logé dans la colonne gauche du
46
quantitatif et le 'croire' dans la colonne droite du qualitatif. Transposé au
niveau propositionne1, il faut imaginer un axe quantitatif du 'savoir' et un
axe qualitatif du 'croire', tous les deux couchés, si bien que celui du 'croire'
superpose, ou mieux, 'boucla' de façon transgressive celui du 'savoir'. Nous
ocnptons le verbe savoir parmi les verbes factifs, lequel ne permet que l'al-
ternative 'savoir' ou 'non savoir', c'est-à-dire que toute modalisation est
exclue (cf. Kosengren 1979:204). Berrendonner (1981:note 7, 60) fait aussi
allusion à cette distinction en disant que l'enploi du verbe savoir pré-
suppose roi pas une vérité de discours nais une vérité de fait. Bref, 'je
sais que p' équivaut à 'p' (Martin 1987:47).

Nous définissons le 'savoir' carne une catégorie absolue cognitive "égo-


centrique" (Alexandrescu 1976:22 ; Parret 1983:87). Elle assimile et concep-
tualise la réalité extra-linguistique. Nous appelons le produit du processus
conceptualisant 'contenu propositionne 1'.

Alors que le 'savoir' suppose la vérité de 'p' (Martin 1987:44), la croy-


ance ne s1 inpose pas, mais réclame une adhésion volontaire: 'je veux croire
que ...' (56). 'Croire', c'est ne pas savoir et est par conséquent susceptible
d'être falsifié, ce dont le locuteur est conscient (Jacques 1985:253). La caté-
gorie du 'croire' est qualifiée de relative et est de nature "égo-fugal"
(Alexandrescu ; Parret). Pour l'instant nous nous contentais de cette brève
caractêrisation du 'croire' et nous porterons notre intérêt sur le pendant
logique du 'savoir': la proposition ou la signification de la phrase.

2.1.4.2 La signification de la phrase - donneur d'instructions

Nous voudrions signaler que nous nous proposerons par la suite d'intégrer le
mieux possible les notions centrales du concept d'argumentation d'Ansccmbre et
de Ducrot en particulier dans le nôtre qui, rappelons-le, essaie d'englober le
phénomène du langage de façon plus vaste, donc holistique. C'est un fait, notre
tâche ne sera pas aisée. la première raison de cette difficulté se trouve chez
Ducrot lui-même, plus exactement dans sa position finalement peu claire vis-à-
vis de l'illocutoire (cf. Ducrot 1984:204 et dans le présent travail p. 67, 83
on
96 - 97 ) , notion doit l'utilité est pour nous chose faite. La deuxième

27 II est connu que Ducrot a abandonné la plupart des thèses de la philosophie


du langage anglo-américaine (cf. 1984:avant-propos), ce qui est à notre
avis regrettable.
47
raison se trouve dans la priorité que Ducrot accorde à l'aspect argumentativo-
intellectuel au détriment des manifestations matérielles de ce phénomène.

Mais revenons à la 'proposition' dont l'endroit syntaxique se trouve dans


la 'phrase'.

Par phrase nous entendons "une entité abstraite qui n'est pas percep-
tible en elle-même, mais seulement à travers ses manifestations con-
crètes" (Ducrot 1977a:19 et 20). Elle "reste, par définition, invari-
ante â travers l'infinité d'actes d'énonciation dont elle peut être
l'objet. Construire la notion de phrase, c'est donc nécessairement faire
abstraction de cette infinité d'emplois ..." (Ducrot 1978 in 1984:69).
La phrase en tant qu'unité abstraite est uniquement créee "pour les
besoins de l'explication" (70).

Elle reçoit une signification "en vue du calcul du sens de l'énoncé"


(Ansccnbre et Ducrot 1978/79 in 1983:85). En termes plus précis, elle ocuparte
"des références â 1'énonciation" (Ducrot 1973a in 1984:64).

Au niveau de la phrase, le locuteur reçoit l'appellation "énonciateur".


Ducrot (1981 in 1984:131-132) décrit la fonction sémantique de la significa-
tion ainsi:

"Je propose plutôt d'expliquer le sens de l'énoncé à partir de la sig-


nification globale de la phrase - entité grammaticale abstraite qu'il
réalise, et c'est cette signification de la phrase que je calcule à
partir de la valeur sémantique des mots - éléments du lexique - dont
elle est composée ..."

Nous retrouvons ici l'idée du processus de filtrage pragma-sémantique


(cf. p. 43 ), mais il est certain que ce processus apparaît ici dans une per-
spective plus abstraite et partant plus restrictive que la nôtre. Quoi qu'il
en soit, il n'en reste pas moins vrai que nous considérons la signification
coime une entité cognitive, i.e. un ensemble de connaissance (cf. Ducrot
1972:106) stockées et intériorisées par le sujet. Elle reirplit une fonction
heuristique étant donné le fait qu'elle contient un pouvoir explicatif (112)
qui aide à comprendre toute la variété d'un énoncé (106/107), et qui sert â
interpréter les énoncés de la phrase (Ducrot 1984:181).

28 Dans la citation originale on trouve un "il" à la place de "elle". Dans


la terminologie actuelle "énoncé" correspond â "phrase" (cf. Ducrot 1978
in 1984:note *, 67).
48

Le passage du niveau de la signification (II) au niveau du sens de l'énoncé


(III) peut être caractérisé canine un processus d'association de sens à un énon-
cé (181). Pouvoir explicatif, potentiel interprétatif, capacité d'association
de sens et la qualité de "condition de possibilité du sens" (Ducrot 1977a:53)
s1 expliquent par le caractère particulier de la signification. Ducrot la con-
çoit corme un ensemble d'instructions données aux personnes qui ont â inter-
préter les énoncés de la phrase (181). "La signification consiste en un en-
semble d'instructions pour une interprétation éventuelle" (Ducrot 1977b:201).

Le fait que la signification doit être conçue indépendanment de tout con-


texte (Ducrot 1972:11) - nous préférons parler 'de tout contexte particulier' -
et de toute énonciatian (131) explique la nature spécifique de ces instructions.
Ducrot dit qu'elles sont "lisibles" dans la signification et que leur action
porte sur les "cases vides" (Ducrot 1979 in 1984:98) de la signification.
L'image des 'cases vides' met bien en lumière qu'il s'agit de quelque chose de
déjà déterminé et determinable à la fois (Ducrot 1972:130). Une autre image est
celle des places déjà marquées dans la signification (Ducrot 1977a:53). La fonc-
tion des instructions consiste à offrir une condition de possibilité pour rem-
plir les cases vides ou d'occuper les places marquées. Dans ce contexte, Ducrot
et al. (1980:8) enploie le verbe prévoir pour illustrer le mécanisme opérant
entre la signification et le sens de l'énoncé. "Il s'agit d'attribuer à chaque
phrase une signification, telle que l'on puisse, à partir de cette significa-
tion, prévoir le sens qu'aura son énoncé dans telle ou telle situation d'em-
ploi." On peut interpréter son sens, selon l'eirploi que Ducrot en fait, de
deux façons. Voici deux citations qui montrent cela:

(i) Nous entendons par description sémantique "un ensemble de connaissances


qui permet de prévoir le sens que reçoit effectivement chaque énoncé
de la langue dans chacune des situations où il est employé" (1972:106).
(ii) Le "composant rhétorique" a pour tâche de prévoir le sens effectif de
la signification A dans la situation X (cf. 111).

Dans (i), Ducrot enploie prévoir au niveau de la signification et dans (ii),


au niveau du sens de l'énoncé. Centre nous trouvons utile de retenir le verbe
prévoir, nous tenons â tirer au clair ses implications sémantiques différentes
29
selon qu'on le situe à l'un ou l'autre niveau. Au premier, son sens corres-
pond à "deviner à l'avance quelque chose, calculer, pronostiquer", au deuxième

29 Lexis : "prévoir", 1496.


49

á "organiser â l'avance quelque chose", un sens qu'on trouve par exenple dans
"la loi a prévu un régime transistoire avant l'application intégrale de la ré-
forme de l'enseignement".

La différence entre le prévoir (i) et le prévoir (ii) consiste dans le de-


gré différent de dominer la réalité. Celui qui prévoit (i) peut encore en être
surpris parce qu'on ne sait tout prévoir, celui qui prévoit (ii), par contre,
est â l'abri de toute surprise, en régie générale, parce qu'il la connaît déjà
suffisanirent.

Nous retenons de cette distinction sémantique, appliquée au terme d1"in-


structions", que celles-ci nous permettent de pronostiquer â partir du niveau
II, sans garantie, toutes les variétés de sens, dans lesquels une phrase peut
se manifester selon les situations où un énoncé est employé (cf. Ducrot
1984:177).

Ducrot (1977a:53) va même jusqu'à dire que la signification ne se répète


pas dans le sens, mais se transforme jusqu'à se rendre méconnaissable.

Pour ne pas trop étrangler la voie d'accès au concept plus vaste de l'illo-
cutoire, nous trouvons convenable de placer la preposition, i.e. la significa-
tion de la phrase,dans une optique théorique plus large. Cet élargissement de
la perspective est lié à une certaine modification terminologique. Selon
Stalnaker (in Nef 1984:62)

"une proposition est une fonction des mondes possibles dans les valeurs
de vérité (vrai et faux). Plus grossièrement et intuitivement une pro-
position est une règle pour déterminer une valeur de vérité comme une
fonction des faits - c'est-à-dire de la manière dont le monde est. Ou
bien, une proposition est une manière - n'importe quelle manière - de
sélectionner un ensemble d'états de choses possibles - tous ceux pour
lesquels la proposition prend la valeur de vérité 'vrai'."

En subordonnant les mondes possibles â des univers de croyance (Martin


1987:10) nous aurons crée les conditions propices â une prise en caipte plus
globale de facteurs pragmatiques intervenant dans le processus transgressif.
Quand le mettent sera venu de préparer le terrain à l'illocutoire nous prendrais
les réflexions brièvement entamées ici corme point de départ (cf. p. 60 )

La conception de la signification telle qu'elle vient d'être exposée, com-


porte un grand avantage. Elle permet une description sémantique unificatrice,
c'est-à-dire la possibilité de postuler derrière la diversité des sens une
unité sémantique. Cette idée est clairement et à plusieurs reprises exprimée
dans Ducrot et al. (1980), par exeirple dans les analyses de je trouve que (65)
50
et de mais (94), de décidément (131). Concernant mais, les auteurs précisent:
"Nous espérons pouvoir, dans une large mesure montrer que la diversité
des mais n'est qu'apparente et se réduit á la diversité de leurs con-
ditions d'emploi. On ne pourrait plus parler alors d'une classifica-
tion de 'différents mais', mais d'une classification de différentes
possibilités d'emploi d'un morphème dont la valeur sémantique reste
identique" (94).

C'est justement cette démarche méthodique que nous nous efforcerons de


suivre dans notre analyse.

Maintenant nous porterons notre attention sur quelques ternes centraux de la


théorie de l'argumentation d'Ansccmbre et de Ducrot. Ils nous permettront de
ccnprendre la façon dont les auteurs pragmatisent la signification de la phrase,
c'est-à-dire cannent ils y introduisent sa qualité argumentative.

2.1.4.3 Itermes centraux de la théorie de l'argumentation d'Anscombre


et Ducrot - instrunents essentiels de notre analyse

La théorie de l'argumentation d'Ansccnibre et Ducrot repose sur l'idée fondamen-


tale que " 1 ' informativité est en fait seconde par rapport â l'argumentativité.
La prétention â décrire la réalité ne serait alors qu'un travestissement d'une
prétention plus fondamentale â faire pression sur les opinions de l'autre"
(1983:169). D'où la nette distinction entre ce qui relève du raisonnement et du
logique et ce qui relève de 11argumentation et du discours (cf. Ducrot 1980:10).
Dans le cas du raisonnement logique, Anscorribre et Ducrot (1978/79 in 1983)
parlent d'inferences analytiques. Ces relations expriment des rapports entre
valeurs de vérité. Ce n'est pas â elles que les auteurs s'intéressent, mais
seulement à celles qu'ils appellent "extrinsèques" (90) ou "eitpiriques" (91).

Elles sont liées au contexte et â la situation de discours, mais cela n'em-


31
pêche pas que leur existence mine soit inscrite dans la langue, ce qui fait
qu'on peut considérer cette existence came étant antérieure au discours (91).
Il faut noter que 1'inference "empirique" ne tient pas ccrrpte de l'inférence
"analytique". Il n'y a rien d'anormal à ce qu'elle aille dans le sens con-
traire, canne par exeirple, dans l'énoncé Oui, presque (91 et 92).

30 Thielmann (1982:47) emploie les termes "konstante Basisfunktion" et "kon-


stante Basisbedeutung" dans 1'analyse de 'quoi'. Nos réflexions vont
dans le même sens.

31 Souligné par nous.


51
Si l'en dit que l'existence d'une inférenœ eirpirique est inscrite dans la
langue, il est bien question d'indications inhérentes â la phrase relative â
une orientation argumentative (96 et 97). Le tout est maintenant de savoir
quels sont les facteurs qui font qu'on passe de la seule existence d'un conte-
nu conclusif (niveau II â la nature de ce contenu (niveau III) (98, cf. aussi
Ducrot et al. 1980:190).

Pour répondre â notre question il est préférable de préciser quelques no-


tions centrales.

Il y a argumentation quand le locuteur présente un argument A catire des-


tiné à faire admettre une conclusion C (Ducrot 1982:143). "'Faire admettre'
peut être doté de deux sens. Dans le premier, le locuteur (L) prétend à anener
1'allocataire (Ail) â se plier â l'acte illocutoire exprimé en C. Dans le
deuxiêrre, L prétend à faire admettre C, en ce sens qu'il justifie lui-même
1'accomplissement de l'acte illocutoire exprimé en C" (143 et 144 ; cf. aussi
Ansccttbre et Ducrot 1978/79 in 1983:87-89). Le lien argumentatif entre A et C
n'a pas besoin d'être explicité (par exeirple par "donc" etc.). Si le contexte
est suffisaiment désambiguisant, ni argument ni conclusion doivent nécessaire-
ment être explicités. Ici, on peut citer cottine exemple l'enploi de l'expres-
sion voyons ! ^

Un autre terme central demande â être expliqué, celui de 'topos'. Il s'agit


d'un principe argumentatif dans lequel s'exprimant le bon sens d'une com-
munauté et la sagesse collective. Ducrot (1980:11 ; 1982:147) L, en argumentant,
sélectionne un topos qui permet d'atteindre la conclusion C â partir de l'ar-
gument A. le topos préexiste à la parole qui ne fait qu'exploiter une relation
déjà reconnue auparavant (Ducrot 1983:12). Oette relation s'établit entre les
deux éléments constitutifs d'un tepos: l'antécédent et le conséquent. Ils lui
donnent la farms suivante:

Plus Ç fplus
«< un objet O a la propriété Ρ A un objet 0' a la propriété P'
Moins (. V. moins

32 Pour l'analyse de voyons ! cf. Sirdar-Iskandar (1983).


52

dette formile f a i t ressortir la nature graduelle d'un topos qui est à l ' o r i -
gine du caractère relatif de la force argumentative (15 et 16). Le topos relie
"deux graduations - en mettant en correspondance les variations qui s'opèrent
dans l'une avec celles qui s'opèrent dans l'autre". (14) Son caractère graduel
se manifeste en ternes de signif icativitê, œ qui a pour conséquence que toute
éventualité factuelle supérieure de l'échelle graduée est argumentativement plus
significative que celle de l'échelon inférieur. Mais la supériorité argumenta-
tive trouve sa limite à un seuil argumentatif au-delà duquel le topos n'opère
plus (Anscottore et Ducrot 1983:165). En d'autres termes, i l ne s'applique qu'à
l'intérieur d'une "zone d'intensité" (Ducrot 1983:17 et 27). Le fonctionnement
d'un topos est schématisé de la manière suivante:

GRADUATION, GRADUATION.

TOPOS ZONE
D'INTENSITE
53
Ici quelques précisions sont nécessaires. Le concept développé jusqu'ici
repose sur l'idée d'échelle. las résultats de notre analyse de LBA et TDT
feront apparaître clairement que leurs nuances de sens sont liées à l'idée de
gradation et d'échelle. Mais nous tenons â souligner que cette échelle se dis-
tingue de la conception inplicative des phénomènes scalaires à la manière de
Fauconnier. Ansccmbre et Ducrot démontrent que la relation du 'plus que' d'une
échelle n'est pas réductible à une relation d1 irrplication entre des valeurs
purement informatives ou logiques ctant la valeur supérieure contiendrait un
plus d'information par rapport â celle du niveau inférieur. 3 3 L'argumentation
ne peut être réduite à un phénomène quantitatif au sens naif, qui suppose l'ac-
cès direct à la réalité extralinguistique. Eta moins 1 'irrplication quantitative
n'est, â elle seule, ni une condition nécessaire ni une condition suffisante
pour expliquer la nature argumentative d'un énoncé, de qu'il faut, c'est la
connaissance de la conclusion, le but de l'énonciation, et ce n'est qu'après
cette connaissance qu'il est justifié de parler de totalisation et d'irrplication
(Ansccmbre et Ducrot 1978 in 1983:59 et 60). La conclusion ne peut être saisie
qu'à travers la connaissance du topos qui doit être appliqué en l'occurrence.
Ansccmbre et Ducrot maintiennent donc la notion d ' irrplication, mais ils dis-
tinguent clairement un aspect quantitatif et un aspect qualitatif ou apprécia-
tif. C'est de façon principielle que prévaut l'aspect qualitatif, basé sur un
topos, néanmoins il est possible que, selon les circonstances, ce soit l'un ou
l'autre des deux aspects qui s1 irrposent (63). il irrporte aussi de retenir
que dans l'échelle â dominante quantitative les différents termes sont inter-
changeables alors que l'échelle â deminante qualitative ne permet pas la per-
mutation (cf. 63).

33 Une telle vue simpliste de l'implication est, par exemple, justifiée dans
le cas des degrés de température: glacial — * froid • frais ;
froid — • frais ; frais (cf. Anscombre et Ducrot 1978 in 1983:55).

34 Exemple d'une argumentation à dominante quantitative (dans notre contexte


occidental) : "Marie connaît des tas de langues : l'anglais, l'allemand,
l'espagnol et même l'italien", et un autre à dominante qualitative (dans
notre contexte occidental) : "Marie connaît des tas de langues : l'anglais,
l'allemand, l'espagnol et même l'hébreu" (Anscombre et Ducrot 1978
in 1983:61).
54

Nous avons dit que le rapport argumsntatif entre l'argument A et la conclu-


sion C est fondé sur un topos. Mais il faut bien distinguer cteux aspects. Le
topos lui-même n'est qu'une relation qui met en rapport deux échelles et qui,
par là,est â l'origine du caractère graduel de l'argumentation. La question
qui reste posée est celle de savoir quel facteur crée la qualité argumentative
elle-même. Anscaribre et Ducrot (1983) y répondent:

"le rapport de 'p' â 'r' dans une argumentation se fait toujours par
l'intermédiaire de 'R' ; c'est-à-dire à travers la qualité que l'acte
d'argumenter attribue à tel ou tel degré à l'objet de l'énoncé-argument.
Ce n'est jamais directement qu'une conclusion est atteinte, mais tou-
jours par l'intermédiaire d'une propriété abstraite 'R'" (168).

Dans notre GSS la conclusion 'r' est localisée au niveau III, la qualité
abstraite 'R' par contre au niveau II.

Ansccntore et Ducrot (165-168) illustrent leurs prcpos sur deux énoncés:

(i)Le dîner est presque prêt (=pj)

dépêche-toi! (=rj)
(ii)Le dîner n'est pas encore tout à fait prêt (=P2)
dépêche-toi! (=r2>

Bien que les conclusions r-j et r 2 soient identiques, les mouvements argu-
mentatifs ne le sont pas. Ils se décrivent ainsi:

(i)S'il faut te dépêcher, c'est qu'il reste peu de temps ;


(ii)S'il faut te dépêcher, c'est qu'il reste du temps et que rien n'est
perdu.

Nous en déduisons que les mouvements argurrentatifs différents proviennent


de deux R différents:

(i)Rj = la proximité du dîner

(ii)R2 = la distance du dîner

Pour passer de 'R' à 'r', c'est-à-dire du niveau de la phrase (II) au ni-


veau du sens de l'énoncé (III), il faut ce que Ansconbre et EMcrot appellent
un 'acte d'argumenter':

"Nous entendons par là qu'il se présente toujours comme attribuant à un


ou plusieurs objets un certain degré dans l'ordre d'une qualité." (166)

Ce qui permet, par conséquent, de conclure â 'r', ce sera toujours le degré


atteint dans 'R' (166). La formulation 'le degré atteint dans 'R' ' nous sig-
nale sous quelle forme il faut imaginer l'existence de la propriété abstraite
55
Ή* au niveau II de la GSS. Elle représente ce que nous avons appelé plus haut
'éventualités factuelles1. Cellss-ci prennent l'aspect d'un "paradigme d'indi-
cations quantitatives liées à un topos" (PIQT), et c'est l'antécédent du topos
qui oriente le paradigme quantitativenent (Ducrot 1983:21 et 22). Selon l'an-
técédent, cette orientation peut être dirigée d'un quantitativement 'peu' vers
un quantitativement 1beaucoup1, d'un quantitativement 'peu' vers un quantita-
tivement 'très peu' etc.

L'attribution du degré, par contre, c'est-à-dire le prélèvement d'une cer-


taine 'quantité' de la propriété 'R* dans le PIQT et son attribution â un objet
se font au niveau III de la GSS. Anscaribre et Ducrot (1983:163) appellent cette
opération d'abord "acte d'argumenter", Ducrot (25) lui donne ensuite le non
d'"opération d'orientation argumentative". Il décrit ainsi sa fonction:

"Elle institue une orientation argumentative liée à un énoncé (O.A.E.)


entre les éventualités factuelles auxquelles un énoncé se réfère, et
parmi lesquelles il choisit celle à communiquer au destinataire".

Dans le tableau suivant nous schématisais le fonctionnement du concept


d'argumentation d"Anscaribre et Ducrot. Dans notre GSS il occupe les niveaux
II et III:
56

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Ο Η S
«Οι w >
Η Η
> EH
57

Il reste à préciser le mécanisme qui, dans une perspective purement lingu-


istique est responsable de cette attribution d'un certain degré. Ifoeschler
(1985:57) nous fait savoir qu'il y a trois marques argumentatives convention-
nelles responsables - linguistiquement - de l'activité argumentative:

(i)les marques axiologiques. Achille est très sympathique.


(ii)les opérateurs argumentatifs: Il n'est que huit heures.
(iii)les connecteurs argumentatifs: Ce film est excellent. En tout cas
les images sont superbes.

Nous concentrons notre intérêt sur l'opérateur argumentatif. IXicrot (1983:


20) le caractérise par sa fonction limitative du potentiel argumentatif de la
phrase et par là des visées argumentatives, et aussi des tcpoi applicables.
Son champ d'action est indubitablement le niveau de la phrase. Ducrot a tenu
ccnpte de ce fait après s'être aperçu de la dépendance contextuelle d'un opé-
rateur. En effet, un énoncé tel que:

Il n'est que 8 heures

permet, selon les situations,

rj = Presse-toi !

r2 = Inutile de te presser ! (cf. 10 et 11)

Pour l'analyse de LBA et TOT il sera utile de rapprocher la fonction ar-


gumentative de leurs prédicats (belle et dire tant) de celle de l'opérateur
ne ... que. S'il est vrai que tous les deux limitent le potentiel argumentatif
de la phrase, il ne faut toutefois pas exagérer leur rôle, car leur caractère
graduel ne serait pas suffisant par lui-même pour entraîner la force relative
de l'argumentation. C'est plutôt le caractère graduel du topos qui en est tou-
jours responsable (Ducrot 1983:16).

35 Cette précision est nécessaire parce que l'attribution d'un certain degré
ne peut être la seule affaire du facteur linguistique dans un concept
holistique tel que nous le préférons. Là elle peut aussi être prise en
charge par la prosodie, la mimique etc. (cf. p. 109)
58

2.1.4.4 Elargissement de la perspective pragmatique au-delà du


logico-argumentatif 36

Le concept d'analyse d'Anscctribre et Ducrot constitue, sans conteste, la


pierre angulaire de notre analyse. Cependant nous avons ressenti plus d'une
fois au cours de l'étude son irrpuissanoe face â la corrplexité d'un acte d'énon-
ciatian. Nous ne prétendons pas avoir remédié à ce point faible. Ce que nous
avons fait constitue l'essai d'étoffer l'appareil analytique par trop sobre
des deux auteurs. Nous avons lancé cette entreprise d1enrichissement dans
deux sens: d'une part en direction des manifestations surfaciales et matéri-
elles d'un acte de langage, à savoir la prosodie, la mimique, les gestes,
d'autre part en direction de la profondeur épistémique d'un tel acte, ce qui
nous conduira à la notion centrale d'univers de croyance.

C'est par ces deux voies que nous corptans atteindre notre objectif du re-
pêchage plus intégral de l'énonciation dans l'énoncé, ou selon les termes de
Ducrot (p.ex. 1977:passim ; 1980:34) de l'image ou du contenta i re que l'énoncé

36 L'élargissement de la perspective rendra inévitable d'empiéter çà et là


sur le niveau III de la GSS.
59

donne de son énonciatian. 37 NOUS avouons que notre démarcha est plutôt une ten-
tative. Nous avons très vite remarqué qu'un chanp intense de recherches s'ouvre
devant nous qui dépasse largement les capacités d'un linguiste-sêmanticien. Mais
ce chanp tellement fertile attend inpat.j entrent son défrichement cannun par des
spécialistes de la phonétique, de la kinésique, de la proprioception, de la
proxémique, de la sémantique etc.

Anscarfare et Ducrot font 1'irrpasse sur l'engagement discursif du locuteur


dans les deux domaines surfacial et profond déjà mentionnés. Cela n'est pas
étonnant car leur théorie d'argumentation vise l'orientation argumentative in-
trinsèque des phrases (cf. Ducrot et al. 1980:27). Os qu'il faut par conséquent,
c'est élargir la notion de ccnpêtence discursive, ce qui irrplique la prise en
considération de l'engagement des participants du discours (cf. Parret 1987:216).

37 Nous n'avons pas l'ambition d'entrer trop dans les détails de cette longue
discussion souvent métaphorique, autour de 1'image que 1''énoncé donne de
son énonciation'.
Berrendonner (1981) est catégorique, et après s'être posé la question "A
quoi voit-on qu'un énoncé est à lui-même son propre thème, et qu'il donne
- actuellement - de lui-même l'image d'un acte créateur de droits et de
devoirs?" (108 et 109), il constate que Ducrot n'y a pas donné de réponse
satisfaisante et que le point de l'inscription de la sui-référence reste
"obscur" (108).
C'est pourquoi Berrendonner jette par-dessus bord toute idée d'inscription
(106, 122) et admet que les valeurs illocutoires ont beaucoup de points en
commun avec les sous-entendus qui "se calculent grâce à un examen des rai-
sons présumées de 1'énonciation, et qu'elles sont variables et dépendent du
contexte d1énonciation" (122).
Nous, faisons fructifier la distinction entre "marqueurs" et "marques"
(Anscombre 1981:77) de la façon suivante:
(i) nous appelons "marqueurs" tous les indices perceptibles par les sens
qui donnent une information sur 1'illocutoire.
(ii) nous appelons "marques" toutes les "variables intentionnelles" qui
d'une façon ou d'une autre ont pour point d'appui "la connaissance
qu'a le locuteur du vécu de son interlocuteur" (Borell et Nespoulous
1975:97). Elles sont d'ordre mental et indiquent les raisons présumées
de 1'énonciation.
Il est clair que (ii) peut être "exhibé" par (i), mais la valeur informa-
tive de (i) ne peut pas se substituer à celle de (ii). Dans cet ordre
d'idées il convient de rappeler les "Einstellungskonfigurationen" de
Mötsch (1979). Il entend par lâ la structure intérieure du savoir qui se
trouve derrière le sens des moyens linguistiques destinés à exprimer les
illocutoires. Une telle configuration fait partie du plan actionnel du
locuteur. Il s'agit d'un type de savoir motivationnel, êpistêmique, in-
tentionnel et normatif.
60
Nous ccrptons y parvenir en nous engageant d'abord dans la voie des profondeurs
êpistêmiques d'un acte de langage. Nous partirons d'une notion de vérité rela-
tivisée, en passant ensuite â la notion de croyance et plus particulièrement â
celle d'univers de croyance. Oelle-ci nous conduira aux acceptions des mandes
38

possibles, du flou sémantique et de la présupposition.

2.1.4.4.1 La notion de 'vérité relative'

L·e rôle central que la notion de vérité joue dans notre GSS est dû â sa capaci-
té de reirplir une fonction charnière entre la sémantique et la pragmatique et
par là d'aider à surmonter toute vue dichotomique inadéquate de ces deux con-
ceptions analytiques. Il est dû aussi au fait qu'il n'y a pas de sens en dehors
de la vérité (Martin 1983:20), et enfin c'est encore la notion de vérité qui
nous aidera â structurer l'univers vériconditionnel du discours.
Jacques (1985:55) nous apprend que la vérité ne peut s'établir qu'à l'in-
térieur de la situation pragmatique interlocative. La vérité telle que nous la
concevons est une vérité qui est prise en charge par quelqu'un et qui est va-
io
lable pour quelqu'un (Martin 1983:36 ; Berrendonner 1981:59). Nous avons
donc affaire à une vérité relative. Oette nature relative de la vérité nous per-
ltet de concilier l'étude des conditions de vérité de la phrase avec l'étude des
conditions de succès de l'énanoé (Jacques 1985:55). En fait, nous trouverions
plus opportun de parler de façon générale d''approprié' que de 'vrai'. ^

38 II va de soi que dans une telle optique les présuppositions du type suivant
ne nous intéressent pas:
Pierre a cessé de fumer,
présupposé: Pierre fumait avant.
Pour nous il s'agira d'aller au-delà de ce niveau présuppositionnel forte-
ment conventionnalisé.
39 II va de soi que dans cette perspective la vérité prend la qualité d'un
produit négocié sur le marché des opinions. Pour le rapport entre 'langue'
et 'marché' voir Bourdieu (1982:passim).
40 On sait qu'Austin (1970) s'est finalement décidé à abandonner la distinction
entre 'constatif' et 'performatif' à cause de considérations semblables
(voir pourtant Recanati 1981:171-173, qui donne plus de détails sur les
notions de vérité à un sens étroit et à un sens large utilisées par Austin).
En effet, il n'est pas difficile d'imaginer que l'acte de promesse, par
exemple, est aussi soumis â des conditions de vérité. Ce n'est que dans
des circonstances propices qu'une énonciation comme je te promets de te
payer 5 dollars est vraie (Cresswell in Nef 1984:53).
61

Un fait est certain: il y a toujours évaluation, l'évaluation pragmatique d'un


acte linguistique suppose l'évaluation sémantique de la proposition véhiculée
par cet acte (Gœnthner et Nef in Nef 1984:33).

Aussi rejetons-nous toute opposition tranchée du vrai et du faux qui ne


fait que défonrer la carplexité du réel et dont seulement une sémantique du flou
est en mesure de donner ime image appropriée (Martin 1983:17). Martin nous
fait savoir que "dans la langue tout est mouvance, tout est flou" (86) et que
les sources de ce phéncmêne sont multiples:

- le continuum de la réalité elle-même,


- le flou des signifiés (qu'est-ce que c'est 'être important 1 ?),
- l'usage sélectif des mots,
- la variabilité des contenus selon les locuteurs (26),
- la quantification (150).

Martin conclut:

"La logique du langage n'est décidément pas celle du vrai et du faux,


mais du vrai et du faux à tel ou tel point de vue, c'est-à-dire du plus
ou moins vrai du plus ou moins faux" (175) .

L'analyse de LBA et TOT nous démontre que c'est justement dans l'exploita-
tion discursive du système du flou que se crée leur richesse sémantique et
nous sames inclinés à dire, celle des EIS de façon générale.

En fin de ccrrpte la relativité de la vérité vient surtout de l'inscription


inévitable dans des 'univers de croyance' (Martin 1983:52) et notons aussi, dés
maintenant, que la notion de 'mondes possibles' (cf. p. 84-87 ), elle aussi, est
subordonnée à ces univers (Martin 1987:10).

2.1.4.4.2 La nature modale de la notion de vérité

Nous nous sennes proposé de mettre toutes nos réflexions en rapport avec la
GSS. Par conséquent, il est tenps de chercher à savoir quels sont les aspects
de la notion de vérité que nous localisons au niveau II, niveau oû nous nous
trouvons actuellement, et quels sont les aspects que nous situons ailleurs.
Pour mieux répondre à cette question il est très utile de se rendre â l'évi-
dence que le lieu oû se détermine la vérité de ce qui est dit réunit toutes
les propriétés d'un modalisateur (Martin 1983:16-17). Il est logique que notre
relativisation de la vérité suppose la possibilité d'une sorte de synthétisation

41 Souligné par nous


62
des modalités telles que nous les a léguées la logique classique aristotéli-
cienne. Elle distingue les quaternes:

(i) ontologique ou aléthique du nécessaire, de l'impossible, du


possible et du contingent
(ii) épistémique du certain, de l'exclu, du plausible et du
contestable
(iii) déontique de l'obligatoire, de l'interdit, du permis et du
facultatif (Parret 1987:279-280).

A ces trois modalités peuvent encore s'ajouter les quantificateurs

(iv) y tous, certains, non tous et aucun.

Cte qui est intéressant pour notre étude, c'est que les quatre quaternes
permettent de postuler un parallélisme ou un isanorphisme de leur ccnporte-
ment respectif (281, 292, 300). Oet isanorphisme nous autorise â concevoir
la notion de vérité canne un terme générique synthétisant les trois modali-
tés et les quantificateurs.

le tableau suivant schématise cette idée de synthèse (peu irrporte que


Parret à qui nous avons emprunté le schéma l'ait élargi d'une cinquième
colonne):
63

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EH ω
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D
Ο Μ Ο Λ q te o «
E Q ε » S O O l EH
64

Le fait que nous ayons légèrement modifié et sirtplifiê le schéma de Parret


(1987:299) n'entrave pas notre objectif. Oelui-ci consiste â intégrer la notion
de vérité relative, structurée et synthétisée à l'aide «tes modalités et des
quantificateurs, dans notre GSS.

Il ressort claireirent du tableau que les quantificateurs, les modalités


ontologiques et les modalités épistémiques se situent au niveau II de la sig-
nification de la phrase. Transposés à notre concept du DIT qui est bouclé â
chaque niveau de la GSS par le DIRE, on peut préciser que les quantificateurs
et les modalités ontologiques représentent le DIT. Dans le concept d'argumen-
tation d'Anscombre et Ducrot les quantificateurs nous rappellent l'idée de
la répartition quantitative à l'intérieur du PIQT (cf. p. 56 )

Pour la suite de nos réflexions il est nécessaire de focaliser notre atten-


tion sur l'aspect du DIRE au niveau II de la GSS. C'est ainsi que nous ferons
connaissance avec l'axe épistémique.

2.1.4.4.3 L'axe épistémique de la croyance

Parret (1987:155) affirme:

"la vérité que l'on exprime est


la croyance de la vérité."

C'est donc ici que nous reprenons l'aspect de la croyance que nous avions
déjà brièvement abordé sous la fanne du verbe croire (cf. p. 45 ). Ce verbe
nous sera utile à deux égards. Primo, c'est â travers lui que nous maintenons
en vie au niveau II le sujet de la relation interlocutive du niveau I de la
GSS. Ainsi nous le réinstallons là d'où Ansccnbre et Ducrot l'ont fait dispa-
raître pour mettre en avant 11argumentativ!té intrinsèque de la langue. Secundo,
c'est encore lui qui nous fera carprendre le caractère graduel de l'axe épis-
témique. Précisons notre pensée. Nous avions dit que la croyance exige une ad-
hésion volontaire parce que celui qui croit est conscient d'énoncer une propo-
sition susceptible d'être falsifiée (cf. p. 46 ). "La croyance est le terne com-
mun qui désigne toute certitude sans preuve, quels que soient son degré et son
mode d'assentiment" (Jacques 1985:253). Il y a des degrés de croyance ou de
certitude alors que ce qu'on sait ne peut être que vrai ou faux.

42 Le quantificateur en tant qu'élément inhérent à tout réfèrent


(cf. Polenz 1980:140 et 141).
65

"Bref, on peut représenter la croyance que 'p* par une tension qui porte
'p' vers le vrai, un cinétisme qui va du faux au vrai, diverses 'saisies1
y sont possibles, une infinité, mais toutes au delà du faux et toutes en
deçà du pleinement vrai" (Martin 1987:57).

2.1.4.4.4 Implications comportementales de l'axe épistémique

Selon \ferschueren (1980:274)

"La langue est un phénomène essentiellement lié à la


réalité sociale et à la cognition humaine."

Le niveau II de la GSS représente le lieu où la rencontre de la cognition et de


la socialità humaines prend pour la première fois une fanne relativement con-
crète. Notre propos sera d'intégrer des catégories sociales encore très géné-
rales dans les notions cognitives de la croyance et de la certitude, que, par
ailleurs, nous employons carme deux synonymes.

Roulet (1980a) se référé à Goffmann, Brown et IßVinson. Il met à profit


l'idée que dans l'interaction humaine le motif de défendre le territoire de
son moi, soit pour éviter que la face négative se découvre, soit pour obtenir
une face positive, joue un rôle capital. L'application de ce principe ne se
limite pas â sa seule personne mais bénéficie aussi â l'interlocuteur (cf. 81
et 82 ; cf. aussi RouLet 1980b:217).

Nous empruntons aussi â Poulet l'idée des trois types de relations de rôles
s'établissant entre le locuteur et l'interlocuteur. Le locuteur peut se trouver
dans une position:

(i)de dépendance et d'infériorité,


(ii)de force ou d'égalité,
(iii)de force, de domination (cf. 90).

Notre démarche se distinguera de celle de Roulet sur deux points. Nous ne


donnerons pas la même inportanœ aux structures syntaxiques pour la "détermi-
nation" (!) (90) des rôles. En plus, nous mettons l'accent sur le fait que
dans les trois cas, c'est-à-dire mirre dans le cas de 'dépendance' et d' 'infé-
riorité' , l'interlocuteur est tenu de réagir, aspect qu'on trouve aussi chez
Roulet d'ailleurs (cf. 90) sans qu'il lui donne la même inportanœ que nous.
66
Nous nous sonnes décidés à traiter les deux caiportements fondamentaux, la
domination et la dépendance à la façon de deux entiers d'une soustraction. Nous
déduisons la 'dépendance' de la 'domination' et à la différence nous donnons la
43 44
désignation 'FORCE ARGUMENTATIVE'

D O M I N A T I O N

- D E P E N D A N C E

45
FORCE ARGUMENTATIVE (FA)

La FA jouera un rôle central sur l'axe épistémique et constitue une catégorie


fondamentale de la GSS.

Deux mots encore sur l'opération soustractive. Elle possède la particula-


rité de s'approcher de zéro sans jamais l'atteindre, ce qui revient à dire que
l'entier 'domination' ne prend jamais la valeur zéro. De cette façon nous te-
nons corrpte de la définition de la langue c a m e moyen de s'inposer récipro-
46
quement des rôles (Ducrot). A notre avis, il y a domination, si minime
soit-elle, dès qu'une parole sort de la bouche, et même un geste silencieux ou
une mimique sont encore investis de cette force. Pour passer â zéro il faut
sortir du domaine de la ocmnunication symbolique. A ce moment on aurait affaire
à un corps humain inerte qui n'envoie plus de signaux â son entourage.

43 Recanati (1981:248) signale que la notion de 'force* remonte à Frege.

44 Nous employons le terme "argumentative" pour mieux assurer son harmonisa-


tion avec des idées de la théorie de 1'argumentation de Ducrot et Anscombre.

45 II n'est pas exagéré de comparer ces éléments comportementaux à ce qui se


passe dans le monde des animaux: p. ex. chez les chiens, le plus faible
présente sa gorge et les parties molles de son ventre au plus fort, non
pas pour être dévoré, mais justement pour échapper â un tel sort.

46 Selon Kerbrat-Orecchioni (1986:23) nous sommes des partisans d'une con-


ception "belliciste" et compétitive de la communication par opposition
aux tenants d'une conception "pacifiste" de la communication visant
l'établissement d'un consensus. Nous tenons pourtant à répéter que cette
dichotomie est fausse teint qu'on reste dans l'univers symbolique du
langage où il n'y a que comportement plus ou moins stratégique. Nous
sommes persuadés que c'est uniquement dans ce sens qu'il faut comprendre
Ducrot quand il parle de lutte intersubjective et discursive çà et là
dans son œuvre.
67

Les trois éléments de soustraction peuvent être visualisés corme suit. La


doninatian équivaut à la couleur noire et la dépendance à la couleur blanche.
La FA est le résultat du mélange des deux couleurs et a un coloris gris qui
passe d'un gris clair â un gris foncé sans jamais devenir ni blanc ni noir.
Pour atteindre d'ailleurs le noir, on est obligé de sortir de l'univers de la
ccmnunication symbolique pour scmbrer dans la violence physique.

Bien entendu, on pourrait objecter que cette carparai son 'boite'. Du sirrple
fait qu'il y ait aussi toujours une certaine quantité de blanc dans le gris on
pourrait aussi bien conclure â une 'dépendance' principielle - point de vue
certainement non moins intéressant que le nôtre - mais, sur ce point nous
avons pris une position de principe. Rolf (1986:479) fait remarquer que selon
des doctrines biologiques et psychologiques généralement acceptées, la ren-
contre des individus est liée à une quelconque forme d'agression. C'est ce que
nous pensons aussi.

2.1.4.4.5 La FORCE ARGUMENTATIVE (FA): principe unificateur des


illocutoires 'génériques'

Dans ce chapitre nous regarderons de plus près les propriétés de la FA. Pour
cela deux mises au point préalables sont nécessaires.

Dans le titre de ce chapitre nous utilisons le terne d''illocutoire géné-


rique'. Ce n'est pas sans raison que nous parlons d'illocutoire, car notre ob-
jectif n'est pas de mettre en cause cette notion 'suspecte' ^,mais de l'in-
tégrer dans la GSS et de la concilier avec l'aspect d'argumentation. Là nous
rejoignons Jacques (1985:25) qui tient cette notion pour utile dans la mesure
où elle est redéfinie conte unité d'interaction. Sen avantage consiste dans
son caractère plus vaste qui permet de subsumer un plus grand netnbre d'élé-
ments transgressifs du processus de signifiance que ne l'admet la notion d'ar-
gumentation prise toute seule. La deuxième remarque qui s'irtpose concerne le
statut privilégié que nous accorderons â 1'illocutoire générique assertif.
Cela n'est au fond que trop logique si on le met en rapport avec le concept
de la relation interlocutive. Nous soutenons que cette relation est de nature
fondamentalement assertive. Nous voulons dire par là que le processus de co-
signifiance ne peut être autre qu'assertif. Assertif équivaut à créatif et

47 Notre critique vise Ducrot et Berrendonner (cf. p. 46, 87, 98, 99


pour le premier et p. 36 note 20 pour le second ) .
68
productif puisqu'il n'y a productivité sémantique qu'à partir du matent où il
y a une résistance cognitive à surmonter, c'est-à-dire qu'il doit y avoir une
constellation cognitive oppositive entre les deux interlocuteurs ds la rela-
tion interlocative pour que le processus de signifiance soit déclenché.

Dans la suite nous décrirons les différentes configurations sous les-


quelles se présente l'illocutoire générique au niveau II de la GSS.

2.1.4.4.5.1 L'assertif et le directif

Dans œ chapitre nous nous proposons de faire un peu plus de lumière sur les
rapports entre l'assertif et le directif.

Notre hypothèse est qu'il n'y a pas de solution de continuité entre les
illocutoires 'génériques' de ces deux types d'actes sur l'axe épistémique. Elle
reçoit une justification par Alexandrescu (1976:27):

"Il me paraît qu'on peut établir une escalade rhétorique des actes
illocutionnaires, de l'opinion au savoir, à l'assertion et jusqu'à
la formulation d'une tâche et d'une commande au cours de laquelle
la valeur de l'énoncé passe de la possibilité à la vérité et même
à son obligativité".

la vérification de notre hypothèse sera indispensable pour justifier l'in-


stallation des nuances sémantiques de LBA et de TOT sur un seul axe sénantique-
msnt unificateur.

En plaçant l'ensemble de l'illocutoire 'générique' - une espèce de première


specification de la force argumentative - sur le même axe épistémique, nous
postulons en même tenps que la différence entre l'assertif et le directif n'est
que de nature graduelle. Dans le premier cas, 1'énonciateur s'engage moins que
dans le deuxième dans le sens de la vérité et risque moins de 'perdre la face'
que dans le deuxième.

48 Monika Doherty (1985:23 note 11) explique ce fait ainsi: "Unter den nahezu
unbegrenzt vielen verschiedenen Sprechakten, die unterschieden werden
können, dürfte die Assertion der Akt sein, der für jeden anderen Sprechakt
konstitutiv ist."

49 Le fait que Alexandrescu emploie les termes de 'savoir' et de 'vérité'


dans un autre sens que nous ne diminue pas la justesse principielle de
ses propos.
69

Le problème qui se pose est celui du rapport entre la notion de vérité et


l'aspect tençorel. Il nous faut une notion qui s'applique aux trois énoncés
suivants:

(i) tu es sage

(ii) tu seras sage


(iii) sois sage

Vu sous l'aspect de vérité, (ii) et (iii) différent de (i) en ce sens qu'ils


anticipent celle-ci. Mais nous disons que les différences de la deixis tenpo-
relle peuvent être 'carpensées' par un renforcement de la certitude, i.e. un
engagement plus fort de 1'énonciateur vis-à-vis de la vérité de (ii) et de
51
(iii). Martin (1983:131) nous éclaire sur le futur:

"on observera surtout que Pierre rentrera s'accompagne d'un degré de


certitude supérieur à celui de II est certain que Pierre rentrera ;
c'est dire combien le futur se trouve de lui-même dégagé de toute
racine hypothétique. Le futur s'accomode de la certitude absolue."

On pourrait cependant avancer l'argument selon lequel le directif vise tou-


jours l'exécution d'un acte alors que l'assertif n'irtplique pas cet aspect. A
notre avis, cet argument ne tient pas non plus. Dans les deux cas, il y a 1'ob-
jectif d'un changement de la situation de 1'énonciateur. Dans l'assertion, ce
changement se produit à un niveau purement mental.

Attal (1976:9/10) croit voir "au coeur même de l'acte d'assertion la


volonté d'influer sur la façon de voir les choses des autres" et
d'"imposer à l'auditeur un élément du réel auquel on pense qu'il n'a
pas accès".

Or, dans le directif un seul changement de la disposition intellectuelle est


aussi imaginable. C'est seulement lui que l'on a en vue quand on dit "Pense
enfin à autre chose!"

Nous concluons par conséquent que l'aspect de la 'matière' subissant le


changement n'est pas suffisairment distinctif pour faire une différence caté-
gorielle entre l'assertif et le directif.

50 Selon Searle (1972:173), l'énoncé (iii) soulève la question de savoir s'il


sera vrai que la personne en question est sage.

51 Berrendonner (1981:143) dirait ici que l'accomplissement d'un acte est


suggéré par le fait d'affirmer que le résultat existe.
70

L'argument que l'assertif doit satisfaire â des conditions de vérité alors


que le directif s'acccnplit â l'aide de la satisfaction d'une condition d'ob-
éissance (cf. Recanati 1981:22) est également refutable. Il y a aussi ime con-
dìtien d'obéissance dans l'assertif. Oslui qui asserte que 'p' veut que l'in-
terlocuteur croit aussi que 'p', ce qui n'est possible qu'après un acte d'ob-
éissance - moins perceptible, bien entendu, que dans le directif - de ce der-
nier.

Rivara (1983:73) déclare d'ailleurs qu'il n'est pas évident que le concept
de vérité doive jouer un rôle essentiel dans la définition des actes prescrip-
tifs au contraire des énoncés déclaratifs. A notre avis, cette 'disparition'
de la vérité s'explique éventuellement par l'arrogance du pouvoir qui fait
tout simplement le black-out sur elle ou se met â sa place en l'incarnant
lui-même.

2.1.4.4.5.2 L'assertif et le représentatif

Une vue synoptique nous révélé les conditions jugées nécessaires â la défini-
tion de l'assertif et du représentatif. las descriptions qui suivent peuvent
concerner l'un et/ou l'autre:

(i) "Si je me contente de dire je pense qu'il l'a fait, il serait


impoli de me répondre voilà une affirmation â propos de vous-
même : il est fort possible, en effet, qu'il s'agisse de moi ;
mais pas pour autant qu'il soit question d'une affirmation" 52
(Austin 1970:141).
(ii) "Celui qui produit une simple affirmation (statement) ne s'engage
pourtant pas dans son acte, de sorte qu'on n'a pas à remarquer
que c'est une affirmation 'à propos de lui-même'. Le sujet
's'efface' pour ainsi dire, et présente à l'auditeur une affir-
mation 'objective'" (note de Lane sur (i), Austin 1970:178,
note 47).

(iii) "L a des preuves (des raisons pour croire etc.) que p est vrai"
(Searle 1972:108).

(iv) "Il n'est certain, ni pour L, ni pour A, que A sache (se souvient
de, etc...) p" (108).
(v) "L croit p" (108).
(vi) "Revient à assurer que p représente une situation réelle" (108).

52 II faut faire attention aux sens dans lesquels 'affirmation' ou 'assertion'


sont employés par les auteurs des citations qui suivent. En règle générale
l'affirmation correspond à notre représentatif. Nous employons 'représen-
tatif' et 'affirmatif' de façon synonyme.
71

(vii) Des phrases comme Je sais que j'ai mal, il a cinq doigts â la main
paraissent bizarres parce qu'elles sont très évidentes (193). "De
manière générale, on n'affirme pas d'une situation particulière nor-
male et courante, qu'elle l'est, sauf si l'on a une raison de suppo-
ser qu'elle aurait pu ne pas l'être (ou de supposer que quelqu'un
d'autre aurait pu supposer que ... etc.)" (195).
(viii) On peut affirmer non pas pour informer le destinataire des faits mais
pour qu'il sache qu'on adhère à cette proposition, exprimable par
puisque je te le dis (Ducrot 1972:20 et 21).
(ix) Le locuteur qui asserte, présume chez le destinataire une certaine
connaissance identificatrice et une certaine ignorance concernant
l'objet de l'assertion (45).
(x) "Assertions are acts where the speaker claims that an SA (state of
affairs) is the case" alors que "statements are acts where he reports
that an SA is the case". Moeschler (1982:58) commente ainsi cette
citation de Aston (1977): "Pour Aston, la distinction entre assertion
et statement 53 e s t étroitement liée à celle existant entre modalité
subjective (caractérisée par l'implication subjective de 1'énonciateur
dans le jugement énoncé) et modalité objective (caractérisée par l'ab-
sence d'implication de 1'énonciateur dans l'énoncé)."
(xi) "On peut ainsi distinguer des actes à propos des faits connus de A
seulement, de Β seulement, de A et Β, mais également sus comme con-
testables ('disputable') par A et B" (Moeschler 1982:59, citant
Labov et Fanshel, 1977).
(xii) Celui qui asserte se rend responsable de la vérité de p. Il accepte
d'être mis en cause si ρ se révèle faux (Ducrot 1977a:29).
(xiii) L'affirmation a la propriété de conférer au destinataire comme un de-
voir de conclure (29).
(xiv) L'affirmation crée dans l'interlocuteur le devoir de croire ρ
(Ducrot 1980:37).

Discutons tour à tour les différents critères, toujours sous l'angle de


la FORCE ARGOMENTATIVE (FA) :

(i1) Austin prétend qu'il n'est pas possible de faire une assertion à pro-
pos de soi-même. Or, tout dépend dans ce cas de l'interlocuteur. Si
L dit je suis heureux, cet énoncé peut très bien adopter la qualité
d'une assertion quand L a des raisons pour supposer que l'interlocu-
teur ne veut pas le croire.
(ii1) Lane met en avant l'absence d'un engagement vis-à-vis de la vérité de
ρ dans l'affirmation. Cet engagement est pris en charge par une vérité
'objective'. Il est important de noter qu'il n'y a pas non plus de
résistance à la vérité par un quelconque interlocuteur.

53 Moeschler précise qu'il traduit 'statement' par "information"


(58, note 20).
72

(ili*) Le critère de l'existence ou de l'absence de preuves pour croire que ρ


est sans importance pour asserter p. La FA peut bien se passer de cet
aspect moral. Mais il joue un rôle dans le 'prolongement juridique' de
1'acte.
(iv') L'incertitude concernant le savoir respectif des deux côtés est néces-
saire pour qu'il puisse y avoir de la domination et de la résistance.
Il va de soi que les deux se présupposent.
(v') La règle de sincérité de Searle n'est pas obligatoire pour la FA.
(vi') Il s'agit là d'une autre façon d'exprimer l'idée de l'action de la FA,
c'est-à-dire l'intention d'exercer de l'influence sur l'interlocuteur.
(vii1) Montre que le critère de l'évidence tout seul ne suffit pas pour em-
pêcher une assertion. Le point décisif réside dans les suppositions
que le locuteur fait du savoir que 11 interlocuteur pourrait avoir sur
le sujet en question. Donc, ce point repose aussi sur l'existence d'une
résistance présumée que le locuteur prétend dominer.
(viii') Met l'accent sur l'exhibition de l'engagement du locuteur vis-à-vis de
la véracité de la proposition. Ducrot fait mention de l'élément central
de la FA.
(ix1) Signale deux aspects nécessaires à la prétention de domination: l'inter-
locuteur doit être capable de faire usage d'une résistance basée sur un
certain savoir, mais il doit aussi permettre que la domination envisagée
sur lui par le locuteur s'exerce dans le domaine du possible. Ceci n'est
le cas que si le locuteur présume une certaine ignorance chez l'inter-
locuteur. Un locuteur qui se trouve en face d'un interlocuteur 'impre-
nable' s'abstiendra de toute tentative de domination directe, en bon
tacticien, bien entendu.
(x') Exprime l'idée qu'il y a 'statement' (information) au moment où l'inter-
locuteur donne l'impression de ne pas prétendre à une domination. Il
se comporte interrelationnellement neutre ou neutralisé.
(xi') Les aspects de la connaissance et de l'ignorance de A et Β à propos du
sujet de discours doivent être subordonnés à la question de savoir si
le sujet se laisse utiliser dans une intention dominatrice.
(xii1) Il est encore une fois question du 'prolongement juridique' de l'asser-
tion, un aspect dont nous devons tenir compte.
(xiii') Le devoir de conclure émane de la FA, c'est-à-dire de la prétention de
domination.
(xiv') rejoint xiii'.

Que conclure de tout cela? Qu'il y a peu de critères objectifs pour distin-
guer 'assertion' et 'affirmation' (information). Un critère objectif valable
pour les deux est œ l u i de l'obligation contractée par le locuteur. Grewendorf
(1982) parvient au résultat suivant: œ l u i qui a fait une assertion/affirmation,
exprime par ce fait même une prétention à la vérité et contracte l'obligation
pour l'avenir de satisfaire au droit de l'auditeur de demander au locuteur des
preuves (135). Mais 'assertion' et 'affirmation' différent sur le mcment de
l'obligation de faire honneur â l'engagement. Dans le cas de l'assertion, œ
73
notent se trouve dans le futur par rapport à l ' a c t e d'assertion, alors que
l ' a f f i r m a t i o n e s t considérée carme s ' é t a n t déjà acquittée de cet engagement
(136).
l e deuxième c r i t è r e objectif e s t , selon nous, celui de la présence/absence
d'une résistance e t , par là de la présence/absence d'une prétention de domina-
tion. Le caractère particulier de ' j ' a f f i r m e que p' s'explique par l'absence
d'une constellation oppositive. C'est l a v é r i t é considérée came acquise qui
f a i t disparaître toute idée de l u t t e discursive. Mais nous insistons sur la
nature f r a g i l e de cet équilibre interrelationnel dans l ' a c t e d'affirmation.
En f a i t , i l ne s ' a g i t que de la f i n teirporaire e t provisoire du discours entre
les membres d'une ccmnunauté linguistique sur le s u j e t en question. Cn a f i n i
d'en discuter parce que le s u j e t n ' e s t plus discutable ou contestable. L'acte
d'affirmation, c ' e s t un peu came l'image d'un film qu'on a a r r ê t é . De la même
façon que cette image f a i t oublier q u ' e l l e f a i t p a r t i e d'un film, de la même
façon l'affirmation f a i t oublier le discours i n f i n i qui a lieu sur la r é a l i t é
e t dont e l l e constitue une prise de photo (cf. aussi Berrendonner 1981:note 8,
61).

2.1.4.4.5.3 L'expressif
L'acte d'affirmation t e l q u ' i l vient d ' ê t r e esquissé o f f r e l a clé de l ' i l l o c u -
t o i r e expressif. Nous pensons que c e l u i - c i doit trouver sa place â l ' i n t é r i e u r
de l ' a c t e d'affirmation dont i l e s t la version subjective.
Les points ccmnuns entre les deux types illocutoires ne manquent pas:
(i) I l s présupposent une vérité incontestée; dans l'expressif e l l e f a i t r é -
férence à l ' é t a t psychologique du locuteur (cf. Norrick 1978:279 e t 282 ;
Conrad 1979:127), dans l ' a f f i r m a t i o n i l s ' a g i t d'une vérité objective
universelle proverbiale ou gnanique, renvoyant á 1'"ordre des choses" e t
appelée par Berrendonner (1981) "le fantáhe de l a v é r i t é " .
(ii) I l s se ressemblent par leur neutralité interrelationnelle. Nous entendons
par là l'absence d'une intention directe d'agir sur l ' i n t e r l o c u t e u r .
L'intention consiste d'abord dans la prétention d'arrenar l'interlocuteur
à enregistrer une information (cf. Moeschler 1982:57 e t 58). Kallmeyer
(1979:563), analysant l ' e x a l t a t i o n , parle d'une éclipse de la fonction
interactionnelle, de l'absence d'échanges délibératoires.
74

(iii) L'absence d'une fonction interactionnelle directe s'explique par l'aff-


leurement de la vérité dans les deux cas. On pourrait aussi parler d'une
percée de l'axe quantitatif. C'est ce que Ducrot (1984:186), se penchant
sur 11exclamation Ce que Pierre est intelligent /, exprime ainsi:
On donne l'information à propos de Pierre "comme déclenchée par
la représentation de cet objet: c'est l'intelligence même de
Pierre qui semble forcer à dire ce que Pierre est intelligent .'."

(iv) En émettant l'hypothèse selon laquelle l'expressif est la version sub-


jective de l'affirmation, nous voulais dire que le côté affectif corres-
pond à la tentative énergique d'un individu de reproduire et d'imiter
dans un seul acte d'énonciation le long discours de toute une ccnmunauté
linguistique qui a conduit à la vérité objective de l'affirmation,
autrement dit, il y a focalisation de l'énergie ênanciative du discours
infini et public dans un acte d'énonciation unique et privé. Martin
(1987:98) explique ce phénomène ainsi:
"La force exclamative naît de la tension contradictoire ainsi créée
entre ce qui est et ce qu'on pouvait penser qui serait."
La présence discursive du locuteur dans l'acte expressif est réduite â
la partie de sa personne représentant son côté physique qui s'exhibe -
Kallueyer (1979:558) parle d'une fonte de deixis du sujet. Le côté in-
tellectuel, par contre, est, pour ainsi dire, mis entre paranthéses.
Son rôle est assumé par la vérité affleurante. C'est l'évidence de la
réalité dans l'univers actuel du locuteur qui le farce à dire ce qu'il
dit (cf. Martin, 94, 101-102).
C'est ce fait qui est visé quand Searle (1982:55) soutient:
"En accomplissant un expressif, le locuteur n'essaie pas de faire
que le monde se conforme aux mots ni que les mots se conforment au
monde; mais, en fait, la vérité de la proposition exprimée est pré-
supposée" .

(v) Dans les deux cas il convient de parler plutôt d'interrelation indirecte
dans la mesure oû il y a moins/presque pas d'activité intentionnelle de
la part du locuteur et où c'est avant tout â l'interlocuteur qu'inccnfoe
1 'interprétation interrelationnelle de l'énoncé.

(vi) Enfin, c'est la fonction émineirment sociale qui unit l'acte d'affirmation
et l'acte expressif. Si l'on imagine d'un côté une vérité proverbiale ou
le consensus général qui existe sur la rotondité de la terre et de
l'autre 1'étincelle électrisante déclenchée par un cri de joie, cela
n'est plus à démontrer.
75
2.1.4.4.5.4 La déclaration

Regardons encore un autre type d'illocutoire. Il s'agit de la classe des dé-


clarations, selon la terminologie searléenne (cf. Searle 1982:56-60). Nous la
rangeons sur la partie de l'axe êpistâmique qui est occupée par la ΙΆ du type
représentatif. Prenons par exenple les trois énoncés suivants:

(i) Ce qu'elle est belle, cette image !


(ii) Je vous déclare coupable,
(iii) La terre est une planète.

Les deux aspects cannons à (i), (ii) et (iii) et justifiant ainsi leur classi-
fication dans une même catégorie, consistent dans l'absence d'une force s'cp-
posant â la 'vérité' exprimée respectivement, et dans la présence d'instances
garantissant cette vérité. En carparant sous cet aspect une exclamation et une
déclaration, cette dernière n'est qu'une variante de la première dans la mesure
oû la proposition est généralement admise, (iii) ne serait rien d'autre qu'une
variante extrême de (i) et (ii), avec laquelle on atteint la 'vérité' univer-
selle. Notre hypothèse Implique par conséquent que (i), (ii) et (iii) n'ont
pas de positions différentes sur l'axe êpistêmique nais sur un axe vertical
perpendiculaire au premier. Cn peut facilement se rendre oonpte de la nature
cannone de (i) et de (ii). Il suffit d'imaginer, dans le cas de (ii), une per-
sonne dépourvue de toute autorité juridictionnelle pour que très vite des qua-
lités affectives réapparaissent. Ce serait le juge qui s'évertue à iirposer son
verdict. C'est l'individu essayant désespérément de se porter lui-même garant
de la 'vérité' qui ferait de nouveau surface, au risque de ne pas être reconnu,
54
bien entendu, cette fois-ci.

Il va de soi que nous n'attribuons qu'une irrportanoe secondaire au critère


généralement normé pour caractériser la classe des déclarations et que la réa-
lité désignée par elles est créée par le fait de leur accomplissement. Searle
(1982:59) reconnaît, pour ainsi dire, la validité restreinte de ce critère en
admettant que certains membres de la classe des déclarations coïncident avec
ceux de la classe des assertifs. Ce danger de chevauchement est exclu par nos
critères.

54 Nous renvoyons aussi â Ballmer (1979:257) qui déclare: "Repräsentative


und Expressive sind immer auch Deklarative."
76
Notre position est proche de celle de Ossner (1985:101 et 102) qui réunit
sous une mime classe de déclarations les actes de dénanination, de baptiser,
mais aussi les actes que Searle appelle "expressifs" ccnme remercier, s'excuser,
féliciter, déplorer, etc... (cf. Searle 1982:54-56).

2.1.4.4.5.5 L'interrogation

Ajoutons encore quelques nets sur l'interrogation, qui n'est pas du tout de ca-
ractère sémantique 'hybride' ccnme Conrad (1979:125) le prétend. Dès qu'on
examine dans l'optique de la FÀ, œ phénomène ne fait plus problème à moins
qu'on ne soit aveuglé par un purisme linguistique formel. Pour ne citer que
quelques travaux traitant du problème de la question, qu'il s'agisse de la
question rhétorique, de l'interro-négative, de la question partielle ou totale
(cf. Boriilo 1979 ; Grésillon 1980 ; Ansccmbre 1980:121 ; Ansccmbre et Ducrot
1981 in 1983:115 sq. ; Jacques 1981), tous aboutissent - nous laissons de côté
les mises en relief différentes selon les ouvrages cités — au même constat:
l'interrogation est, en fait, plus ou moins proche d'une preposition, elle con-
tient toujours dans une certaine mesure les éléments d'une réponse, c'est-à-dire
d'une évidence.

Itaute interrogation s'inscrit nécessairement dans le contexte d'un savoir


déjà existant du côté du locuteur. D'où la caractéristique suivante de l'inter-
rogation: elle est l'expression d'une FA relativement faible et correspond à
une certitude déficitaire, localisée sur la partie gauche de l'axe épistémique
(cf. tableau p. 78 )· Si L demande à A, est-ce-qu'il y α un musée dans cette
ville ?, L est certain qu'en général dans une ville d'une certaine importance
on trouve un musée. C'est cette certitude qui permettrait á A, s'il n'y avait
pas de musée, de répondre Tu en as des drôles d'idées !. Cette réponse enchaîne
sur ce dont L est certain. C'est pourquoi nous préférons une description de la
phrase interrogative qui met plutôt en avant la présence d'un élément de certi-
tude et qui évite de parler d'incertitude (qu'accentuent Ducrot 1984:228 et
Berrendcnner 1981:167 et 168). Mime la plus grande incertitude n'est concevable
que sur la base d'une quelconque forme de certitude (cf. Burkhardt 1986:27).
77

Parret (1987) montre la continuité théorique qui existe entre les questions
- ON et les questions - requêtes (330), œntinuitê qui se ramène à la gradation
montante de la force assertive :

- Puis-je vous apporter cette chaise?


- N'était-ce pas extraordinaire que je me suis tiré de cette affaire?
- Vous devez travailler si tard?
- Etait-il vraiment nécessaire de brûler les feux rouges?

- Vous ne pensez pas qu'il y aurait été une meilleure solution? (324)

Parret en arrive â la conclusion que l'attitude interrogative a deux aspects


carpléirentaires: la ccrrbinaisan d'un engagement retenu, modéré et la reconnais-
sance d'un droit d'option d'accepter ou de rejeter (336).

Selon les tentes d'Apostel (1981), qui intégre l'interrogation dans une
théorie d'action, nous sames d'avis que l'interrogation est fondanentalemant
une sorte de stratégie ou de recherche d'une possibilité de se remettre en état
d'action.

C'est cette prétention â la domination que nous voyons ccrrme sa caracté-


ristique fondamentale. Ce n'est donc pas le caractère coercitif de l'interro-
gation d'obliger l'interlocuteur à répondre - thèse longtenps défendue par
Ducrot et enfin abandonnée (cf. 1984:228) - qui est fondamental. Cette obliga-
tion est tout au plus une norme d'une société de type éducatif et pédagogique,
et peut-être seulement "un siirple effet perlocutoire" (Berrendonner 1981:169).

Dans le tableau ci-aprês nous schématisons la répartition des illocutoires


génériquès sur l'axe épistémique qui 'boucle' le DIT au niveau II de la GSS et
qui monte parallèlement â la force argumentative (ou assertive) croissante:
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Λ

§ Η
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Η
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79

Pour atteindre une cohérence méthodique dans l'analyse de LBA et de TOT il


était indispensable de mettre de l'ordre le long de l'axe épistémique. Nous
verrons qu'il fera ses preuves dans l'analyse des deux EIS. Nous découvrirons
dans leur sémantisme une structure dans laquelle se reflétera celle de l'axe
épistémique.

2.1.4.4.6 La nature du sujet du niveau II


Maintenant le terrain est préparé pour quitter le niveau II de la GSS et pour
monter au niveau III. Il est vrai que nous avons rencontré au niveau II un sujet
se manifestant à travers la force argumentative, mais ne nous illusionnons pas
sur sa nature. Il reirplit plutôt ime fonction d'alibi pour le pouvoir établi
qu'elle n'exprime une quelconque individualité responsable. C'est le sujet privé
de toute individualité qui se trouve en iscrnorphie ccrpléte avec le discours
universel sédimenté de sa collectivité linguistique et sociale et qui pourtant
55
croit parler en son propre non. C'est le Diederich Hessling qui ne fait que
remuer les manifestations quantitatives du discours établi sous fame de dos-
siers et de paragraphes amoncelés. Il en diminue le poids, si cela lui profite
(= attitude de 1'illocutoixe générique interrogatif) et il étouffe son inter-
locuteur sous leur poids s'il n'y a pas de risque pour lui (= attitude de l'il-
locutoire générique directif). Dans le cas de l'illocutoire générique représen-
tatif enfin, il cesse ccrrplêtement d'exister en tant que personne. Il disparaît
(se retranche) derrière la facticité de la loi.
De tout cela nous déduisons que le sujet du niveau II de la GSS ne met en
application que le côté quantitatif du topos (Ducrot) (cf. p. 55 ), c'est-à-dire
son antécédent. Il incciribera au niveau III de donner naissance à un individu
qui fait usage du côté qualitatif du topos, c'est-à-dire de son conséquent.
C'est ainsi qu'il pourra se libérer de 1 'isarorphisme mentionné précêdeirment
et qu'il pourra se mettre volontà i rement en déphasage par rapport au discours
universel.

55 Personnage principal du roman de Heinrich Mann intitulé 'Le sujet'.


80

2.1.5 le niveau III de la GSS

2.1.5.1 L'énonciation

En quittant le niveau II pour neuter au niveau III nous entrons dans la sphère
discursive où s'effectue l'acte d'énonciation. Oelui-ci comprend les niveaux
III et IV de la GSS.

Selon Ducrot (1984:178 et 179), le tente d'"ênonciation" peut être pris


dans trois acceptions. Il peut désigner:

"l'activité psychologique impliquée par la production de l'énoncé",


- "le produit de l'activité du sujet parlant", c'est-à-dire un énoncé,
- "l'événement constitué par l'apparition d'un énoncé".

IXicrot ne retient que la dernière acception, c'est-à-dire l'énanciation en


tant que fait historique de l'apparition d'une occurrence d'un énoncé-type
(Ansccmbre 1980:63). delui qui effectue l'énanciation s'appelle 'locuteur'
(niveau III) et 'sujet parlant' (niveau IV). C'est à l'énanciation telle que
Ducrot l'a définie dans la troisième acception, que nous nous verrons d'abord
confrontés dans notre travail d'analyse. C'est sous cette fanne enpirique que
se présente l'objet d'étude et à travers laquelle il est possible de définir
ce que sont 1'"énoncé" et la "phrase".

2.1.5.2 L'énoncé

Les niveaux III et IV sont ceux du sens (te l'énoncé. L'énoncé représente une
réalisation de la phrase. Cet acte de réalisation de la signification de la
phrase équivaut à l'assignation d'un sens á l'énoncé (cf. Ansccmbre 1980:64, 76).

Ducrot (1983:24) précise que "le sens est toujours pour Ansccmbre et moi
prétention à exercer une influence, idée que nous avons quelquefois formulée
en jouant sur la double valeur du mot français ' sens ', â la fois significa-
tion et direction." A travers cette valeur bivalente du mot 'sens' se mani-
feste "un rapport effectif entre la valeur sémantique d'un énoncé et la direc-
tion dans laquelle cet énoncé conduit". (Anscambre et Ducrot 1978/79 in 1983:
87).

Pour les besoins de l'analyse, il est utile de distinguer un "énoncé-type"


(niveau III) et un "énoncé-occurrence" (niveau IV). L' "énoncé-type" représente
"le matériau linguistique, identique à travers ses divers enplois" alors que
1 ' "ênoncé-occurrenœ" renvoie â l'événement unique de toute occurrence parti-
81
culiêre d'un énoncé (Ansccmhre 1980:63). Pour donner un exenple, supposons
qu'un locuteur X s'adresse â un auditeur Y en ces tentes je viens, je viens.
Nous disons qu'il y a dans le discours de X l'utilisation par deux fois du mène
matériau linguistique (Ansccmhre et Ducrot 1978/79 in 1983:83). La distinction
de 11énonoé-type et de 1'énoncé-occurrence a l'avantage de pouvoir se ramener
à la description sémantique du sens de 1'énonoé-type. Ainsi l'analyste ne
risque pas de se perdre dans la réalité multiforme de l'énonciation. Il est
bien naturel que 1'énoncé-type soit un construit toujours abstrait, moins que
la phrase bien entendu, mais abstrait par rapport aux énonoés-occurrenœ dont
il est une classe (Anscanhre et Ducrot 1976 in 1983:36). C'est donc seulement
dans le cas de 1'énoncé-occurrence que l'on a affaire à la réalisation d'un
énoncé-type sous la forme d'une séquence sonore déterminée et localisée en un
point précis de l'espace et du tenps (Ducrot 1977a:20). Au niveau III notre
intérêt porte uniquement sur 1'énoncé-type.

2.1.5.3 La responsabilité illocutoire

Apres ces remarques plutôt d'ordre technique, il convient de nous interroger sur
le caractère spécifique du niveau III,car il est certain qu'il joue un rôle
capital dans tout le processus de signifiance. C'est le niveau qui occupe la
zone charnière de grande inpartance entre la langue et le discours tout en
réunissant des qualités spécifiques aux deux â la fois. La méconnaissance de
sa fonction spécifique dans le passé fut â l'origine de vues plutôt dichoto-
miques de œ qui fait partie du système de la langue et de ce qui est l'affaire
d'un acte de langage individuel. L'objectif de ce chapitre sera donc d'expliquer
en quoi consiste la fonction charnière ou intermédiaire du niveau III, c'est-â-
82
dire ccmrent il faut imaginer l'articulation des conditions ds vérité et des
conditions de succès (cf. chap. 2.1.5.5.2 et 2.1.5.5.3).

Parret (1976:56) nous donne une indication précieuse quand il affirme que
l'axe déontique est le point oû le système des modalités prépositionnelles
bascule dans le système des modalités illocutoires. Nous logeons la partie
qualitative de oet axe au niveau III puisque c'est là où il est question d'as-
57
pects juridico-normatifs. Cela est pour nous un fait inébranlable. C'est
la raison pour laquelle nous nous voyons amenés â formuler une certaine cri-
tique â l'endroit de Jacques (1985) qui n'honore pas suffisanment dans sa no-
tion d'illocutoire les conséquences qui, à notre avis, découlent logiquement
de la présence de l'axe déontique. Rappelons que pour Jacques la co-signifianœ
est le résultat de l'isotopie sémantique instaurée par les co-ênonciateurs du
dit (108-109). L'idée qu'on ne peut pas dissocier ce qui vient de l'un et de
l'autre se traduit dans ce que Jacques appelle le "principe de non-séparabilità
des actions linguistiques" (79). Nous pensons que Jacques prolonge illégitime-
ment, parce que indifférerment, ce principe au dcmaine juridique. Soyons clair.

56 Blumenthal (1980:68-69), dans une optique différente, rencontre aussi ce


problème. Il distingue quatre types d'adverbes:
(i) les adverbes de manière, de temps etc. portant sur le fait,
(ii) les évaluatifs (heureusement, curieusement etc.) portant
sur le fait,
(iii) les modalisants (effectivement, probablement, certainement
etc.) portant sur l'énoncé dont ils jugent la vérité,
(iv) les performatifs (franchement, sincèrement etc.) portant
sur 1 ' énonc iation.
La typologie quaternaire de Blumenthal reflète parfaitement la stratifi-
cation de notre GSS. Nous changerions seulement un peu l'ordre en assignant
(i) au DIT du niveau II, (iii) au DIRE (= FORCE ARGUMENTATIVE) du niveau II,
(ii) au DIRE du niveau III qui 'boucle' le niveau II, et (iv) au DIRE du
niveau IV qui 'boucle' le niveau III.
Ce faisant, nous répondons comme suit à la question de Blumenthal "les ad-
verbes du type 'heureusement/probablement' tendent-ils vers l'objectivité
ou vers la subjectivité?" : dans les deux il y a l'une et l'autre, le pre-
mier tend plutôt vers la subjectivité et le deuxième plutôt vers l'objec-
tivité, mais, ce qui est encore plus important, c'est que dans le premier
il y a l'articulation d'un système vériconditionnel objectif et d'un sys-
tème juridico-normatif individuel effectuée par le locuteur. Pour la na-
ture bi-dimensionnelle du sujet d'énonciation voir aussi Kerbrat-Orecchioni
1980:183).
57 Le côté quantitatif de l'axe déontique que nous identifions à l'antécédent
du topos (cf. p.56 ) se trouve du côté du niveau II.
83
Nous sennes d'accord avec lui sur le fait qu'il y a co-signifianœ, mais nous
soutenons qu'une strate de nature juridico-normative (niveau III) superposant
celle de nature proprement sémantique (niveau II) s'oppose au maintien de l'ac-
tion d'un principe de non-sêparabilité sous laroêubfounts » Bxen que nous soy-
ons convaincus qu'il y a aussi une sorte d'ajustement réciproque dans la con-
stitution (cf. p. 91 ) de l'élément juridico-normatif nous ne voyons pas la
possibilité de sauvegarder l'indissociabilité quand il s'agit de trancher la
question de savoir qui des interlocuteurs a â assumer telle et telle consé-
quence juridique de ses paroles. Tbut le fonctionnement de notre société re-
pose sur la sêparabilité de la responsabilité juridique de nos paroles. Et cet
aspect, nous ne l'avons pas découvert chez Jacques. Gela est un peu surprenant,
puisqu'il affirme lui-même que "le contexte se ccnplique en mime tenps qu'il
s'enpiricise dans le champ de forces du réseau social." (156) Plus une société
se conplexifie et plus elle atomisera la responsabilité juridique pour ne pas
entraver le fonctionnement de la machine sophistiquée qu'est devenue la so-
ciété du type occidental.

Ducrot, et là il n'y a aucun doute, est toujours très sensible â la qualité


juridique de l'illocutoire. Il voit la propriété centrale de l'illocutoire dans
la "transformation des rapports légaux existant entre les individus concernés"
(1972:77). Mais Ducrot a de plus en plus atténué le réalisme juridique de l'il-
locutoire. Cette atténuation se traduit dans ses propos (1984:183) :

"Lorsqu'un sujet parlant fait un acte illocutoire, ce qu'il fait


savoir 58 à l'interlocuteur, c'est que son énonciation a telle ou
telle vertu juridique, mais non pas qu'il la présente comme ayant
cette vertu."

Malgré 11 aniirosité que Ducrot développe de plus en plus contre la notion


d'illocutoire (cf. 1984:avant-propos) nous sennes presque certains que l'aspect
juridique n'est pas concerné. En tout état de cause, nous le voyons bien gardé
dans la notion du topos, et plus particulièrement dans son conséquent. Celui-ci
est doté de qualités que nous qualifions sans hésitation de 'juridiques'. La
gravité juridique de la conclusion 'r' se détermine en fonction de la formule
connue du topos (cf. p. 51 ). Nous ne revenons plus ici sur ce qui a déjà été
dit de l'opération d'orientation argumentative qui s'effectue au niveau III et
dont nous obtenons la conclusion 'r' (cf. chap. 2.1.4.3).

58 Souligné par nous.


84
2.1.5.4 En quoi notre point de vue sur l'opération d'orientation
argumentative diffère-t-il de celui de Ducrot ?

Notre ambition sera de préparer davantage le terrain pour l'élargissement de la


perspective pragmatique dont nous avons parlé plus haut (cf. p. 58 sq.). Nous
abordons ce projet en mettant en avant une différence entre le procédé de
Ducrot et le nôtre. Souvenons-nous, pour expliquer les mouvements argunentatifs
différents de la même conclusion délpêche-toi ! Ducrot a eu recours â deux R
distincts (cf. p. 54). Gela iitplique que la distinction des 'r' est déjà l'af-
faire de R différents au niveau de la signification de la phrase. Cette dé-
marche a l'avantage de pouvoir faire l'éconcmie d'un locuteur engagé. Tout est
déjà réglé dans la langue. Os que nous voulais, par contre, c'est expliquer
des mouvements argumentatifs différents à l'intérieur d' un ménti R. Pour y par-
venir nous n'avons pas le choix, mais nous sonnes obligés d'introduire un lo-
cuteur actif et engagé.

2.1.5.5 La notion d''univers de croyance'

La notion globale qui favorise l'introduction d'un locuteur est celle de


l'univers de croyance. En lançant ce terme nous devons nous hâter de lever
toute incertitude quant â la place que nous assignons au concept de la rela-
tion fonctionnelle développée au chap. 2.1.2.1. Faisons pourtant un bref ré-
capitulatif de ce qu'est une fonction:

Une instruction qui assigne des éléments déterminés d'un ensemble


M' aux éléments χ d'un ensemble M, c.-à-d. aux arguments de la
fonction. Cette affectation est exprimée par les symboles y = f(x).
C'est l'ensemble M qu'on appelle domaine définitionnel ou domaine
des valeurs argumentatives et c'est M' qu'on désigne par le terme
de 'stock de valeurs de la fonction'.

Etant donné son utilité incontestable nous gardons ce concept. Dans notre GSS
nous trouvons l'ensemble M' au niveau II. Il est constitué par les éléments
du PIQT, (te 1'antécédent du topos, de la FORCE ARGUMENTATIVE (des illocutoires
génériques). L'ensemble M, en revanche, se situe aux niveaux III et IV et

59 Klaus et Buhr 1972:385 (traduction de F.S.)


85
assume donc le rôle des arguments. Pour les besoins de notre analyse, on pourra
d'ailleurs parler d' "éléments d'un ensemble corportemental. ^

A l'intérieur du concept sémantique de notre GSS la question de savoir can-


nent concilier 'fonction' et 1 univers de croyance1 peut facilement être tran-
chée. Souvenons-nous que la 'relation interlocutive' de Jacques (cf. p. 24) im-
plique une personnalisation de la notion de 'fonction'. delà est une consé-
quence logique de l'introduction de 1"interprétant' lui-même dans le concept
du signe (cf. tableau p. 26 ). le seul problème qui subsiste par conséquent est
celui de l'attitude à adcpter vis-à-vis de la notion de 'fonction' du type
frégêen. Celle-ci suppose un dcmaine définitionnel objectif, ccnplet et in-
variable. Or, notre proposition rejoint la démarche de Mudersbach (1984). Il
considère la fonction frégéenne ccnne un cas spécial de sa "Kcmnunikations-
semantik" (84). Cela devient compréhensible quand cm sait que cette sémantique
darne la priorité absolue au principe 'L croit que p' (27). Notre tâche sera
de damer corps à ce 'cas spécial' (cf. p. 89 ) ·
Nous attribuons au niveau III la qualité d'univers de croyance réunissant des
propriétés semi-conventionnelles et semi-individuelles en raison de sa position
intermédiaire entre le conventionnel (niveau II) et l'individuel (niveau IV).
Uh univers de croyance ne peut être conçu sans locuteur et dépend conséqueiment
"des informations qu'il possède, des connaissances acquises, des faits mémo-
risés" (Martin 1983:37). Os sont ces conditions qui conduisent au stockage d'un
"ensemble indéfini des prepositions que le locuteur, au matent oû il s'exprime,
tient pour vraies ou qu'il peut accréditer corme telles" (36).
Il nous senble qu'il sera profitable â l'analyse du sémantisne très riche de
LBA et TOT de distinguer un univers de croyance virtuel et un univers de croy-
ance actuel coure Martin le propose. L'appartenance d'une proposition au pre-
mier "se détermine par le seul fait que ses conditions de vérité y sont énumé-
rables; le critère d'appartenance est alors celui de la seule decidability"
(32). Son appartenance au deuxième "se détermine par le fait que le locuteur
lui affecte consc leurrent une valeur de vérité; le critère d'appartenance est

60 Un phénomène comportemental peut aisément se traduire dans le langage des


quantificateurs, p.ex. 'il y a au moins un élément comportemental χ ( 3 *)
auquel revient la qualité y, ce qui n'exclut pas la possibilité que tous
les χ soient dotés de cette qualité'. Ou bien 'tout χ est doté de la qua-
lité y ( V x)' (cf. Klaus et Buhr, 903). Cette formalisation s'avérera utile
quand il s'agira de traduire une qualité comportementale du PIQT (cf. p. 55)
en termes quantitatifs.
86

celui de la vérité" (32). Il est intéressant aussi «te signaler qus "l'univers
actuel est un sous-ensemble de l'univers virtuel" (32).

Dans la suite nous essayons de préciser davantage la notion d1univers de


croyance à l'aide des deux ternes de 'mandes possibles' et de 'vérité'.

2.1.5.5.1 La notion de 'mondes possibles'

Tout d'abord nous soulignons que nous ne sacrifions pas la notion de 'mondes
possibles' au bénéfice de celle d"univers de croyance' auxquels les premiers
sont subordonnés. L'univers de croyance est l'entité théorique plus vaste qui
ocuparte elle-mime des mondes possibles. Pour les besoins de notre analyse nous
entendons 'mondes possibles' au sens de mondes contrefactuels (m) : "ces mondes
contiennent au moins une proposition contradictoire avec celle de nu." (Martin
61
1987:16). Par exerrple dans la phrase Si Pierre avait réussi la réussite de
Pierre est évoquée dans un monde contrefactuel (16). Nous attirons également
l'attention sur le fait que le monde actuel et réel est un monde possible dans
l'ensemble de tous les mondes possibles (Guenthner et Nef 1984:35).
Dans notre analyse nous appliquerons œ modèle aux différentes nuances du
sémantisme de LBA et TOT. Nous considérerons le sens actuellement réalisé
c a m e 'monde réel' et les autres sens non réalisés came des mondes possibles
qui se trouvent dans un rapport de contre factualité avec le monde réel ou qui
constituent des variantes du cours des choses réel (cf. Jacques 1985:596
note 33).
"Chaque proposition détermine un ensemble de mondes possibles. Et,
pour chaque ensemble donné de mondes possibles, repérer le monde
actuel dans cet ensemble est équivalent à représenter le monde com-
me existant d'une certaine manière" (Stalnaker in Nef 1984:63).

Ce repérage du monde actuel, nous le concevons centre une activité du locuteur


qui consiste â faire référer la signification du niveau II de la GSS â des
elements carportementaux dans tel ou tel monde possible au niveau III. C'est
ainsi qu'il donne une dénotation ou une extension à la signification.

61 Ainsi nous excluons l'emploi de 'mondes possibles' au sens de 'mondes po-


tentiels' (m) qui "présentent comme vrai ou comme faux ce qui, dans mo
apparaît comme possiblement vrai ou possiblement faux", p.ex. il est
possible que Pierre soit revenu (Martin 1987:16).
87
Ies mandes possibles eux-mêmes peuvent être envisagés soit ccmre une tota-
lité de faits non contradictoires (Martin 1983:31), soit ccnme un enserrble co-
hérent et consistant de propositions représentant le point de vue d'un locuteur
(Jacques 1985:597 note 33).

CU aura remarqué que nous avons débarrassé la notion de 'monde possible' de


tout irrationalisne ontologique. Il s'agit tout sinplement d'une réalité sub-
jective du locuteur. Et le langage "permet de mettre dans l'esprit de l'autre
une représentation du mène ensemble de mondes se trouvant dans l'esprit du
locuteur" (Cresswell in Nef 1984:54). Alors surgit â l'horizon la notion de
présupposition que nous aurons â examiner de plus près. Observons sinplement
pour l'instant que les mondes possibles se créent sur un arriére-plan présup-
positiannel des interlocuteurs (Jacques 1985:241).

La notion de 'monde possible' nous rapproche d'un autre terme central,


celui de la 'vérité'. Gela est bien logique quand on sait qu'un monde possible
est susceptible d'être représenté par la réalisation d'un ensemble de proposi-
tions que le locuteur tient pour vraies et qui le décrivent (597 note 33). Et
oe terme prend des contours encore plus nets quand on sait que les mondes pos-
sibles déterminent la valeur de vérité de la proposition (Stalnaker in Nef
1984:63).

2.1.5.5.2 N'est vrai que ce qui est plus ou moins vrai

A la fin du chapitre précédent nous avons fait allusion au fait que le niveau
III de la GSS assume un rôle prêsuppositionnel et évaluatif quant à la vérité
de la proposition (du niveau II). En tout état de cause nous jugeons ban d'at-
tribuer des qualités interprétatives au niveau III. L'objet de l'interprétation
est le niveau II. L'interprétation elle-même se définit en ternes vériconditi-
onnels et juridico-normatifs à la fois. Nous voulons dire par là qu'un élément
normatif se voit soumis à une évaluation vérironditionnelle.

Berrendonner (1981) objecte â juste titre à Ducrot (1972) une représenta-


tion "éclatée" du posé et du présupposé parce qu"'elle n'explicite aucun rap-
port syntagmatique entre ces deux corposants, qui se trouvent purement et
sinplement juxtaposés" (36). Pour remédier à œ point faible qui a son origine
dans une notion de vérité trop absolue (Berrendonner: 36), Berrendonner donne
à la présupposition un statut méta - par rapport au posé de l'assertion (50).
Il précise ce rapport par l'introduction de trois types de "prêsuppositions de
vérités" (49) que l'on peut expliciter par les trois formules: 'je conviens
88

que ρ','j'affirme que ρ' et 'je prétends que p' (52). La première présuppose
que ρ est CN - vrai, la deuxième ne présuppose rien et la cternière que ρ est
CM - faux (49). Soit dit en passant que transposée au niveau II de la GSS la
formule 'je conviens que p' représente un locuteur faisant emploi d'une faible
FORCE ARGUMENTATIVE à l'intérieur de l'illocutoire générique interrogatif. Le
locuteur de la deuxième formule se trouve dans l'illocutoire générique repré-
sentatif et celui de la trois iène dans l'illocutoire générique directif.

Nous verrons que les analyses de LBA et de TOT confirmeront l'existence


de la structure ternaire des présuppositions de vérité. Nous allons même jus-
qu'à dire qu'elle constitue une clé de leur sémantisme.

Le concept de Berrendanner contient logiquement l'idée du flou à laquelle


nous voulons aboutir. Il nous confronte même avec elle en affirmant que le
jugement que le verbe 'prétendre' présuppose 'p est faux' est beaucoup trop
catégorique. A sa place il prepose "d'admettre que ce qui fait l'objet d'une
présupposition dans ce verbe est un jugement plus flou, moins formel (aux deux
sens du terme), que l'on peut énoncer: 'p est généralercent considéré ccrrme
faux'" (40).

Nous traduisons l'idée du flou sémantique (62) par la formule 'plus ou


moins vrai' (* v). Le * ν prend place entre le faux et le vrai (Martin 1987:77).
Bien qu'une infinité d'effets intermédiaires peut y prendre place (78) nous
nous limiterons aux trois sus-cités. Oela â cause de notre incapacité à l'heure
actuelle de trouver des désignations exactes à une subdivision plus précise et
co
plus riche de prêsuppositions de vérité.

63 II s'agit ici du problâme plus général d'élaborer un instrument d'analyse


plus fin pour le niveau prêsuppositionnel. Nous nourrissons l'espoir que
les recherches faites par Harald Weydt et collaborateurs à Berlin, sur
les particules modales (Modalpartikeln) pourront être d'une grande utilité.
Nous pensons surtout à une classification systématique des aspects prê-
suppositionnels inhérents à toute particule. Pour y parvenir il faudrait
faire usage d'une mise en opposition conséquente de tous ces critères.
Ce sera un travail de longue haleine, mais néanmoins très précieux. Nous
considérons l'existence des particules modales dans la langue allemande
comme une chance dont la linguistique en général devrait tirer profit.
89

Au niveau III la répartition des trois valeurs de vérité se présente ainsi:

(i) celle de la formule 'je conviens que p' est > 0 et ^ 0 . 5


(ii) celle de la fonte 'je prétends que p' est> 0.5 et < 1
(iii) celle de la formule 'j'affirme que p' se voit affectée de la valeur 1.
Nous la situons dans le prolongement de l'illocutoire générique repré-
sentatif du niveau II. C'est donc à elle que nous attribuons la qualité
d'une fonction au sens classique et ontologique. La disparition du lo-
cuteur fait place à 1 'apparition d'une vérité conçue canne absolue,
générale et incontestée. Il est toutefois intéressant de signaler dès
maintenant que l'analyse de TOT (non ironique) nous apprendra que la
disparition totale du locuteur est une illusion; il est toujours là
pour peu qu'on perçoive sa présence.

2.1.5.5.3 La prêsupposition - qualité interactive â


valeur vériconditionnelle et normative

le rôle principal que nous assignons au niveau III est bien décrit par
Greimas et Courtés (1979:126) :

"C'est à E. Benveniste que l'on doit la première formulation de l'énon-


ciation comme instance de la 'mise en discours' de la langue saus-
surienne: entre la langue ... et la parole ... il était nécessaire, en
effet, de prévoir des structures de médiation , d'imaginer aussi
comment le système social qu'est la langue peut être pris en charge
par une instance individuelle, sans pour autant se disperser dans une
infinité de paroles particulières 64 (situées hors de toute saisie
scientifique)."

de rôle de médiateur et d'ordonneur, nous le voyons assumé par la présup-


position. De façon générale on en distingue deux types: la prêsupposition au
sens sémantique et la présupposition au sens pragmatique. "La proposition 'p
présuppose sêmantiqueirent' la proposition'q'si et seulement si la vérité de 'q'
est une condition nécessaire pour que'p'ait ime valeur de vérité (vrai ou
faux)" (Jacques 1985:306).

La prêsupposition pragmatique est "un rapport entre propositions, locu-


teurs et contexte. ... Les partenaires 'présupposent pragmatiquement' une
proposition q dans un cadre ou contexte C si et seulement s'ils assument ou
tiennent pour admis en C que'q'est vrai" (306).

64 Souligné par nous.


90

Nous nous intéressons â la pré supposition du type pragmatique, mais nous


tenons aussi â remarquer que la différence entre une présupposition sémantique
et une duplicature conversationnelle particularisée n'est qu'une question de
degrés. Donc nous ne faisons pas de différence catégorielle entre 11 iirplicature
et la presupposition. Tout le problâme se réduit â la présence plus ou moins
perceptible d'un locuteur sur 1'arriére-plan présuppositionnel.

Pour être plus exact il faudrait dire que dans le cas de la présupposition
pragmatique œ ne sont pas les prepositions qui ont des pré suppositions mais
bien plutôt les locuteurs (Guenthner et Nef in Nef 1984:33).

La notion de présupposition en tant que telle est d'une utilité inestimable


malgré le fait, ou peut-être même du fait qu'elle soit un "brouillon de con-
frontation théorique" (Tufcescu 1977:285). Car elle nous rappelle impitoyable-
ment qu'aucun discours ne se crée autoritairement ex nihilo, mais qu'il est
tributaire d'un autre discours s'étant déroulé antérieurement sous quelque
forme que ce soit.

Dans le chapitre précédent il était question de 'mondes possibles'. Nous


définissons la relation entre 'prêsupposition' et 'monde possible' c a m e celle
entre l'activité de production et le produit qui en résulte. La première dé-
termine le deuxième. Stalnaker (in Nef 1984) est le meilleur garant de notre
acception de pré supposition :

"Les présuppositions sont ce que le locuteur prend comme base commune


(common ground) aux participants dans la conversation, ce qui est con-
sidéré comme leur connaissance commune ou connaissance mutuelle. Les
propositions présupposées, dans le sens indiqué, ne réclament pas
d'être affectivement une connaissance d'y croire" (68).

Et Stalnaker de poursuivre:

Cependant une manière plus fondamentale de représenter les présuppo-


sitions du locuteur n'est pas un ensemble de propositions mais plutôt
un ensemble de mondes possibles, les mondes possibles compatibles avec
ce qui est présupposé. ^ Cet ensemble que j'appellerai ensemble con-
textuel est l'ensemble des mondes possibles, reconnu par le locuteur
comme étant les 'options courantes* appropriées au dialogue" (68).

65 Souligné par nous.


91

Ceci posé, un aspect nous tient particulièrement â cœur. Il s'agit de préciser


davantage en quoi cette activité de créer une base ccmnune consiste. Nous la
concevons comte une sorte de négociation entre les interlocuteurs. C'est pour-
quoi nous trouvons très pertinent que Berrendonner (1981) parle non seulement
de presupposition de vérité mais aussi de la "présupposition de diverses valeurs
interactives" (49). Notons par conséquent que la spécificité interactive de
l'énoncé qui se concrétise au niveau III de la GSS est la conséquence d'une né-
gociation. la relation interlocutive à la Jacques ne déserte jamais. La négoci-
ation se fait en termes de vérité, c'est le moyen de paiement. L'objet en jeu
est une norme (le tcpos), c'est le produit à payer. Plus le locuteur voit
l'interlocuteur dévier de la norme, plus il doit 'payer' pour le ramener à
celle-ci. Uh montant élevé correspond à un engagement élevé du locuteur quant
â la garantie de la vérité de son énoncé. Il s'engage tellement qu'il s'expo9e
dangereusement au risque de perdre la face (cf. p. 65) si l'autre refuse d'ac-
cepter le paiement. Tfelle se présente la situation dans le domaine de la pré-
supposition de vérité du type 'je prétends que p'. Dans celui du type 'je con-
viens que p' la déviation est légère, par conséquent la mise est basse et le
risque réduit. 6 6 Dans celui du type 'j'affirme que ρ', il peut y avoir dévi-
ation, mais il n'y a ni investissement de la part du locuteur ni risque. Il a
confié l'investissement au garant de la norme lui-même, à savoir â la collec-
tivité. Uh placement absolument sûr, le risque de perte est quasi nul. Iß seul
risque qu'il court à la longue, c'est que les contours de sa personne s'es-
tonptent.

Au début du chapitre nous avons parlé du souci de Benveniste de voir la


langue se disperser dans une infinité de paroles. Nous pensons qu'il a déjà
fourni lui-même une bonne proposition pour maîtriser ce problème. Il nous
reste seulement â interpréter ses propos dans une optique présippositionnelle:

66 Nous tenons à préciser que l'action des prêsuppositiops du type 'convenir'


et 'prétendre' ne peuvent être réduites au simple principe du 'pour' et
du 'contre'. Nous pensons plutôt que leur action reste subordonnée á la
qualité interrelationnelle fondamentale d'une EIS. Nous verrons par exemple
que dans le cas de TDT non-ironique, la présuppositlon type 'prétendre'
accentue encore la force confirmative de l'expression vis-à-vis de l'in-
terlocuteur.
92
"On reconnaît partout qu'il y a des propositions assertives (= au sens
de 'statement', F.S.), des propositions interrogatives, des propositions
imperatives ... Or, ces trois modalités ne font que refléter les trois
comportements fondamentaux de l'homme parlant et agissant par le
discours sur son interlocuteur: il veut lui transmettre un élément de
connaissance, ou obtenir de lui une information, ou lui intimer un
ordre" (Benveniste 1966:130).

Transposé à notre concept nous préférons dire: au niveau III de la GSS nous
avons affaire à trois modes présuppositionnels fondamentaux. Ils assument une
fonction capitale ocnme 'structures de médiation1 entre la langue et le dis-
cours. De par leur nonbre réduit ils servent aussi d'ordonneurs présuppositian-
nels traçant les frontières entre trois types distincts de mondes possibles.
C'est à eux et à leur caractère conventionnel qu'on doit que la langue ne se
disperse pas dans une infinité de paroles particulières.
Il n'est pas difficile de découvrir un lien logique entre la fonction ar-
gumentative des deux modes présuppositionnels (convenir et prétendre) et l'acte
d'argumsnter d'Ansccnibre et Ducrot au sens de 'faire pression sur l'autre',
de phénomène concerne, seIons eux, l'assertion, l'interrogation et l'ordre
(1983:168). En l'occurrence il convient de rappeler le rôle des 'instructions'
données par la signification de la phrase (niveau II). Elles cherchent à dé-
couvrir ce que le locuteur veut ccrtirtuniquer, ce qui revient au repérage de la
conclusion 'r' et par là à la constitution du sens de l'énoncé (niveau III et
IV) (cf. p. ex. Ducrot 1984:182 ; Ansccrihre 1980:64).
La fonction spécifiquement argumentative de la pré supposition consiste dans
sa capacité d'organiser la continuation du discours. Elle définit le cadre dans
lequel celui-ci se développera. Oette fonction est réglée par la loi d'enchaîne-
ment selon laquelle ce qui est présupposé ne doit pas être le thème du discours
mais seulement le cadre non explicité (cf. Ducrot 1972:5, 83 et 85 ; 1977a:29 ;
1977b:185 et 187 ; 1978:92 etc.). La fonction argumentative se concrétise dans
son pouvoir sélectif. En interdisant au dialogue ultérieur tout une catégorie
de continuations logiquement possibles, elle oriente l'argumentation dans une
direction donnée (Ducrot 1977b:188). 6 8

67 Souligné par nous.

68 Pour plus de détails sur les changements conceptuels de la prèsupposition


de Ducrot, voir Kerbrat-Orecchioni 1980:199 sq.
93
Cependant nous sames d'avis que l'image du cadre dans lequel évolue le
dialogue n'est exacte que dans la mesure où la présupposition peut exercer de
façon incontestée son rôle d'aiguilleur dialogal. Cíe rôle est de moins en moins
assumé au fur et à mesure que la prêsupposition elle-même se charge de qualité
assertive. Ducrot fait plusieurs fois mention de cette possibilité, par exeirple
lorsqu'il conclut que "dans certains errplois connotatifs un énoncé peut être
utilisé pour affirmer ce qu'il présuppose" (1973:219 ; cf. aussi 212 ; 1984:94).
En principe le phénomène du caractère assertif de la prêsupposition devient lo-
gique quand on se rend caipte, carne Blumenthal (1980:3),que l'opposition entre
le thème et le rhèmç n'est pas contradictoire mais graduelle. Cela iitplique la
possibilité d'un passage imperceptible de la prêsupposition de 1'arrière-plan
argumentativ à 11avant-scène assertive. Nous avouons que nous n'avons pas mé-
dité à fond sur ce problème qui nous paraît intéressant et difficile, mais une
chose nous semble assez certaine: la virulence interactive d'un énoncé augmente
â proportion que la qualité assertive de la prêsupposition s'accroît.

2.1.5.5.4 L'affectivité n'est que l'expression d'une divergence


ou d'une convergence normative
Le modèle des trois modes présuppositionnels fondamentaux nous a amené à donner
une explication très sobre de la nature affective d'un énoncé. Nous jugeons ab-
solument nécessaire de démystifier le plus possible les notions d'affectivité
et d'expressivité dont Martin (1987:94) dit qu'elles ont "un contenu si vague
qu'elles découragent d'avance toute tentative de définition". Notre point de
vue iirpliqœ logiquement la disparition de la "miraculeuse séparation de l'af-
fectif et du cognitif" (Culioli, cité par Martin:94). Selon nous, la propriété
affective d'un énoncé n'est que l'expression physiologique de la rencontre de
deux systèmes normatifs. Si l'écart entre les deux systèmes est grand , une
réaction négative s'ensuit (indignation, plainte, tristesse, menace etc.); si,
par contre, ils tendent â se rapprocher, la réaction est positive (admiration,
enthousiasme, joie etc.). Dans le premier cas nous assistons â une contraction
musculaire, dans le deuxième le corps se détend. Dans le cas du monde prêsuppo-
sitionnel du type 'affirmer' la décision normative du locuteur reste en sus-
pens, ce qui a pour conséquence que l'exploitation interrelationnelle du carac-
tère affectif de son énoncé reste entièrement l'affaire de l'activité inter-
prétative de l'interlocuteur. Ttel n'est pas le cas dans les deux autres modes
du siirpLe fait que l'activité interprétative de l'interlocuteur est beaucoup
plus dirigée et prédéterminée par le locuteur.
94

OBS dernières remarques nous entraînent déjà dans le chapitre suivant qui
traitera de l'action concertée de 1'illocution et de la perlocution cpêrant au
niveau IV de la GSS. Mais auparavant nous schématisons les principaux mécanismes
sémantiques du niveau III dans le tableau ci-aprês:
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ζ Φ S 8 Φ w D
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W H 5 Ζ rt
Ο
Ζ h
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96

2.1.6 le niveau IV de la GSS

2.1.6.1 La montée de l'illocutoire au sens de la philosophie


analytique anglo-américaine
Avant de nous occuper du perlocutoire, jetons un regard sur l'ensemble de l'il-
locutoire tel qu'il se présente dans la GSS. En tout et pour tout, nous en dis-
tinguons trois types:

(i) un illocutoire générique non-discursif imputable â un énonciateur. Il


s'agit d'un construit théorique qui n'est pas accessible par une ob-
servation directe. Il est situé au niveau II de la GSS.
(ii) un illocutoire à dominante argumentative et juridico-normative qui est
de nature discursive. Il n'a pas de réalité empirique dans la mesure
où il appartient à un énoncé-type qui n'a pas de surface illocutoire
directement perceptible. Il est attribuable à un locuteur et se situe
au niveau III de la GSS.

(iii) un illocutoire performanciel et empiriquement spécifié. Il est directe-


ment perceptible par l'auditeur et est attribué â un sujet parlant.
Dans le chapitre suivant nous parlerons de perlocutoire au sens d'un
illocutoire calculé. Il se situe au niveau IV de la GSS.

Si nous nous sennes décidés pour cette tripartition de l'illocutoire, c'est que
nous avons mis à profit l'expérience finalement décevante que Ducrot a faite
avec cette notion (cf. 1984:204-205). Nous rappelons que le Ducrot de Dire et
ne pas dire plaçait l'illocutoire à un niveau fondamental de la signification.
En fait, il s'agissait de ce que nous appelons 'illocutoire enpirique spécifié'.
Mais étant donné qu'une promesse ou un ordre ne se laisse placer â une telle
profondeur qu'au prix d'un coût théorique énorme, Ducrot se voit amené par la
suite à monter toujours plus ce fils ingrat. Retranché initialement dans le
"corposant linguistique", il trouve temporairement sa place dans ce dernier et
dans le "ccrrposant rhétorique" (1977a:22). dette montée est logiquement ac-
ccnpagnée par l'abandon d'un réalisme illocutoire du type Austin, Searle et Ben-
veniste (26 et 27). On constate que de la signification se dégage un pouvoir
juridique qui de par sa spécificité doit forcément être étranger â la nature
d'un élément conçu uniquement sous un angle linguistique.

Le renp lacement du pouvoir juridique par une sirtple "prétention à créer des
devoirs" (28, 37, 39) revient à une réhabilitation nécessaire du conceptuel et
de l'épistémique à l'intérieur de la langue. Chez Ducrot l'ascension de l'illo-
cutoire au sens austinien se traduit aussi par le fait qu'il n'est plus du res-
sort de 11énonciateur au terme de l'escalade. Dans Ducrot et al. (1980) 1'énon-
ciateur, être mai enpirique et placé au niveau de la signification de la phrase,
97
en fut encore le responsable. Dans Ducrot (1984:204) cette responsabilité est
l'affaire du sujet parlant gui est de nature enpirique et figure dans l'occur-
rence d'un énoncé. Ducrot, qui n'est pas au bout de ses tribulations théoriques,
selon ses propres paroles (205), opte finalement pour une intériorisation de
1 'illocutoire sous forms de la théorie polyphonique. Nous ne le suivrons pas
sur ce chemin parce que la notion d' "écho" sur laquelle cette théorie est fon-
dée nous semble trop générale et risque de se diluer.

2.1.6.2 le perlocutoire - un illocutoire calculé

Ce chapitre se place entièrement dans la logique interlocutive de Jacques


(1985). Nos réflexions seront guidées par ses propos:

"Comprendre une séquence sémiotique ne revient pas ... à reconnaître


l'intention du sens du locuteur, ainsi que le veut H.P. Grice. La
signification 'transmise' par [la phrase, F.S.] demeure inintelligible
tant qu'on méconnaît l'active participation et réciprocité du locuteur
et du récepteur" (249).

Et ensuite:

"Le locuteur a émet son message en le comprenant de l'oreille


de b" (249).

Nous n'établissons pas d'opposition entre l'illocutoire â dominante argumenta-


tive et le perlocutoire, opposition que nous constatons sur le schéma austinien
d'après lequel 1'illocutoire est de caractère conventionnel tandis que le per-
locutoire ne l'est pas. La seule différence qui existe de notre point de vue
est de nature graduelle. Et pourtant notre position inplique un certain change-
ment de perspective quand on passe du niveau III au niveau IV. Au niveau III
l'analyste est obligé d'adopter une vue plutôt locuteur-centrique. Sans sus-
pendre vraiment l'action du principe interlocutif on pourrait dire pourtant
que c'est au niveau III que le 'je' du locuteur se rapproche le plus de ce que
Jacques appelle "stase éphémère du procès de la signifianœ" (87). Au niveau IV,
en revanche, la perspective analytique est plutôt auditeur-oentrique. Nous
trouvons cet aspect pertineirment exprirté par Parret (1983:93) qui dans l'inten-
tion d'amender la théorie des actes de langage réclame:

"Il faudra ... abandonner le parti pris selon lequel les conditions illo-
cutionnaires seraient des conditions de production (ce qui est certaine-
ment la conviction de Austin et de Searle): ce sont, bien au contraire,
des conditions de 'lecture', de découverte, de compréhension, de dé-
cryptage" .
98

Nous émettons l'hypothèse selon laquelle œ processus de décryptage est calcu-


lable par le locuteur. Vu sous cet aspect, il est permis d'admettre un proces-
sus de spécification illocutoire jusqu'au niveau perlocutoire, ce qui n'est pas
l'opinion de Ducrot (1975 in 1984:98). iÊme une formulation aussi prudente
que celle de Anscanbre (1980:67) selon laquelle un énoncé peut faire allusion
à un acte perlocutoire éventuel rejoint, en fin de ccnpte, cette hypothèse
d'un continuum jusqu'au niveau perlocutoire. C'est pourquoi nous disons avec
Holly (1979) que la perlocution, le plus souvent, est régulièrement ("regel-
haft") liée à des types d'actes illocutoires bien précis.

Selon Mötsch (1985:7), 11 auditeur est considéré came quelqu'un qui, entre-
tenant des relations sociales spécifiques avec le locuteur, participe à la dé-
cision de montrer telle ou telle réaction à un acte illocutoire du locuteur.
Mötsch nous fait remarquer que Austin et Searle, tous les deux fixés sur l'ac-
tivité illocutoire du locuteur, auraient plus ou moins fait le black-out sur
ce rôle de l'auditeur. L'auditeur n'est donc plus seulement la vietine d'un
acte illocutoire, laquelle subit l'influence du locuteur. Il est, tout au con-
traire, regardé carme un élément activement inpliqué dans cette opération anti-
cipatrice du locuteur qui calcule ^ l'effet perlocutoire. De là au concept
stratégique de Ossner (1985) que nous tenons pour parfaitement équilibré entre
l'activité intentionnelle du locuteur et l'activité interprétative de l'audi-
teur, il n'y a qu'un pas. Le locuteur pour obtenir l'effet perlocutoire n'a
qu'un seul but: faire entrer l'auditeur dans son jeu. Pour y arriver il est ob-
ligé d'anticiper dans son raisonnement stratégique toutes les contradictions
éventuelles de la part de l'auditeur pour éviter qu'elles se produisent (149 et
150). Ges contradictions sont possibles sous différentes formes. Ossner norme
les contradictions stylistique, praposìtionnelle, illocutoire et perlocutoire
(cf. 138 sq.). Il est iirportant de noter que Ossner n'abandonne pas la distinc-
tion entre 1'illocutoire et le perlocutoire, ses distinctions terminologiques
(conventionnel: en disant'p'j'effectue l'acte X = intentions analytiguement as-
sociées vs personnel et situatlonnel:par le fait de dire *pr je provoque l'effet
Y = intentions contingentes) en témoignent largement. ^

69 L'idée du calcul se trouve aussi chez Berrendonner (1977:9 et 10).

70 Pour le terme de la conventionnalitê du perlocutoire voir aussi


Schlieben-Lange (1974:329).
99

La distinction de 1'illocutoire et du perlocutoire s'inpose logiquement au


moment où l'an considère l'échec du calcul de l'effet perlocutoire carme prin-
cipifillement possible. Kerbrat-Qrecchioni (1986:223) dit pertineiment:

"il apparaît que l'échange communicatif ne peut jamais être qu'imparfait,


partiel, précaire, et que le malentendu est un mal plus qu'attendu: in-
éluctable" (cf. aussi Jacques 1985:579).

Une prémisse absolument nécessaire pour nettre le concept perlocutoire à l'abri


de tout reproche de robotisation sociale des interlocuteurs. Etant donné que
l'échec ne tarde jamais â surgir, le danger d'une sclérose discursive est in-
existant (cf. aussi Zuluaga 1977:324). delà soit dit surtout á l'adresse de
ceux qui craignent que la pragmatique "dans son effort de standardisation"
néglige par trop la "marge de liberté" du sujet parlant (cf. Leclère 1982:142).

Le niveau perlocutoire est non seulement le chairp d'action de facteurs per-


foritene iels tels les rapports sociaux et affectifs, l'âge, le sexe etc. des
interlocuteurs, mais il est aussi le lieu où il faut faire la part de la ren-
contre discursive de ceux-ci. Wunderlich (1976b ; 1979) et Roulet (1985) ont
intensément analysé cet aspect séquentiel du discours. C'est seulement dans
une perspective discursive qu'il est possible de distinguer par exeirple une
contradiction d'une réfutation.

2.1.6.3 Caiprendre - accepter - correspondre - réagir : critères


distinctifs des différents niveaux de la GSS

Nous voilà arrivés â un point tel que nous sonnes en état de passer à une vue
d'ensemble des trois niveaux d'illocutoires distingués prêcêdenment.

Wunderlich (1976a: 116) ertploie les verbes comprendre, accepter et satis-


faire ('erfüllen'), Matsch (1985:6) utilise les verbes comprendre, accepter et
réagir, chacun pour distinguer trois niveaux de réactions du côté de l'auditeur.
Oes réactions sont indispensables â la réussite de l'acte illocutoire total.
Il n'est pas difficile d'imaginer que chaque verbe correspond â un des trois
illocutoires. Holly (1979) a bien discerné cet aspect. Selon lui, le 'oem-
prendre' exprime l'idée que l'auditeur reconnaît ce que signifient 1'illocu-
tion et la proposition (11). Dans notre terminologie nous disons que l'auditeur,
plus exactement, le destinataire, a ccnpris, au sens strictement cognitif du
terme, 1'illocutoire générique et la signification de la phrase.

Cette cctrprêhension est la condition nécessaire pour que l'auditeur accepte


100

l'acte de parole (11), ce gui signifie que l'acceptation doit être attribuée à
notre illocutoire ¿ dominante argumentative.

En ce qui concerne le perlocutoire la chose se ccnplique un peu. Il est sig-


nificatif que Wunderlich se sert du verbe satisfaire alors que Mötsch a recours
au verbe réagir. Holly fait une distinction perspicace qui contribue â une der-
nière clarification du perlocutoire tel que nous l'entendons. Holly partage le
perlocutoire en deux aspects: l'essai perlocutoire et l'effet perlocutoire (7).
Un auditeur peut accepter un acte de parole indêpendanment du fait de satis-
faire â l'essai perlocutoire. Il peut comprendre et accepter un énoncé carme
un ardre sans qu'il satisfasse á l'essai perlocutoire. Celui-ci est satisfait
si l'auditeur est disposé à acccnplir l'acte souhaité par le locuteur. L'effet
perlocutoire enfin est atteint si l'auditeur agit effectivement ainsi que le
locuteur le veut. C'est pourquoi Holly propose á juste titre de diviser le sens
du verbe satisfaire eirployé par Wunderlich en deux aspects: le premier équivaut
à correspondre (entsprechen) au sens de 'adopter une disposition favorable' et
le deuxième â 'montrer effectivement la réaction souhaitée', sens que Wunderlich
n'aborde que par le verbe satisfaire (12).

Le sujet parlant du niveau IV se distingue par une propriété spécifique du


locuteur du niveau III et encore plus de l'énonciateur du niveau II. Il dispose
d'une liberté quasi-totale â l'égard de toute norme. Cela lui permet de se
mettre en déphasage extrême par rapport â celle-ci. Il peut bouleverser à seti
aise les prescriptions ccrrpartementales des niveaux inférieurs au risque, bien
entendu, de s'attirer les sanctions des instances normatives.
101
2.1.7 Elargissement de la perspective pragmatique dans le
domaine de la prosodie et de la mimo-gestualitê

71
2.1.7.1 'La vive voix" des expressions d'illocutoire stéréotypé

Notre objectif est d'élaborer un instrument d'analyse qui élargisse la perspec-


tive pragmatique d'un concept carme celui d'Ansccmbre et Ducrot (cf. p. 50 sq.).
Pour y parvenir nous nous scrrrres d'abord attaqués aux parties submergées de
l'"iœberg énonciatif" (Parret 1983:84) et nous avons fait la connaissance
d'univers de croyance, de mondes possibles et de présuppositions. Maintenant
il est opportun d'affronter la partie visible de l'iceberg énonciatif. Nous
aurons â parler essentiellement des phénomènes prosodiques, mais aussi mimo-
gestuels qui acccrpagnent tout acte de parole.

Tout d'abord un cmstat amer: il n'est pas exagéré de dire aujourd'hui que
la théorie des actes de langage a, d'une façon impardonnable, fait l'irrpasse
sur les phénomènes prosodiques et gestuels liés á tout acte de parole. Certes,
Austin et Searle ont bien remarqué qu'il existe tout un dispositif de qualité
performative tel que le ton, la voix, le rythme, l'insistance, les gestes, la
mimique, mais, en fin de carpte, ils ont sous-estimé le rôle de ces facteurs
dans la détermination de 1'illocutoire. A l'inverse, ils ont surestimé l'autar-
cie illocutoire des performatifs explicites (Grebendorf 1976:114). Searle, en
particulier, en surchargeant la signification de la phrase n'a pas tenu ccnpte
de la fonction sénantique polyvalente des marqueurs illocutoires (formules
performatives, modalité, intonation) (Viehweger 1983:214/215). Oette attitude
timide et tatillonne vis-à-vis des phénomènes prosodiques est toujours large-
ment répandue. Anscombre (1980:121), ayant recours â une précaution oratoire,
déclare: "Il ne nous paraît donc pas absurde de faire de l'intonation un hyper-
marqueur". Roulet (1980:93), surestimant toujours, en fin de ccnpte, la fonc-
tion des marqueurs syntaxiques et morphologiques dans la tâche de l'attribution

71 Titre de l'excellent livre d'Ivan Fónagy. Nous l'avons mis dans le titre
du chapitre pour exprimer notre consensus fondamental avec les idées du
phonéticien.
102

d'une valeur illocutoire, reconnaît qu'il faut prendre en considération les


72
marqueurs de nature prosodique. Haut œ l a est peu satisfaisant. Liidi
(1981:121) fait mouche en disant: "Il n'est pas possible d'aller plus loin
sans faire allusion aux phénomènes intonatifs, traditionnellement négligés
par les lexicographes".
Il ne suffit donc plus de reconnaître l'irtportance des phénomènes proso-
diques (cf. aussi Searle 1982:83/84 ; Conrad 1975:126), de les frôler seule-
ment (Fleischer 1982:133 note 64) ou de constater seulement l'attitude mé-
prisante vis-à-vis des phénomènes "banals" et "marginaux" de l'oralitê
(Sbisà 1983:101, 104), mais il faut passer aux actes, dotés du matériel tech-
nique nécessaire, bien entendu. Soit dit en passant, nous avons du mal â ex-
pliquer des positions théoriques obsolètes, même si maintes explications ont
été trouvées, telle celle de Coquet (1983) qui, par peur de s'aliéner dans
la psychologie et "voire" (1) dans la physiologie, la sociologie et dans

72 La surestimation de la forme lignuistique dans la constitution de 1'illo-


cutoire a trouvé son expression adéquate dans la théorie de 1'indirection.
Nous rejetons carrément cette théorie que, somme toute, nous tenons pour
l'appendice d'une conception sémantique millénaire qui attribue à la
langue des capacités phénoménologiques dénuées de tout fondement empi-
rique. Meibauer (1985:55) juge important de trouver les réponses aux deux
questions suivantes:

(i) De quelle façon la position théorique satisfait-elle à l'exigence


d'une théorie des actes de langage d'expliquer le rapport entre
forme et fonction?
(ii) De quelle façon jugera-t-on le problême de 1'indirection?
Voici nos réponses:
(i') Nous maintenons l'objectif d'expliquer la relation entre 'forme' et
'fonction'en donnant de la notion de 'forme' une définition plus vaste
allant dans le sens de 'facteurs de l'ensemble illocutoire' (cf. p. 5 )·
(ii') Nous considérons 1'indirection comme un faux problème qui doit son
existence à un postulat (cf. Franck 1975:219 ; Sôkeland 1980:89) qui
est également faux. Selon nous il n'y a jamais de rapport direct
entre une valeur illocutoire et une forme purement linguistique.
Grewendorf (1981:235) a tout à fait raison quand il met en question
tout rapport systématique entre forme (modalités, indicateurs illo-
cutoires) et illocutoire. Il en arrive â la conclusion qu'"il n'y a
pas d'indicateurs illocutoires", au sens strictement linguistique.
103

"bien d'autres domaines" (9)/ affirms en toute sincérité que "l'énonciation et


l'oralité forment des domaines disjoints" (14).

Pour étouffer toute sorte de graphisme linguistique dans l'œuf, le fil


directeur de nos pensées consiste dans l'idée de l'affinité fondamentale du
verbal, du para-verbal et du non-verbal (Geissner 1981:121, 125). Il s'agit
de ne pas déchirer cette unité fondamentale de la musique, de la parole et de
la danse (Fônagy 1983:149). Nous savons que cet ensemble phono-mimo-gestuel
est situationnellenent fixé dans une large mesure et assimilé dés les premiers
stades du processus de socialisation de tout membre d'une caimunauté linguis-
tique (Geissner 120 ; cf. aussi pour le geste Calhris 1985 ; Searle 1972:78
note 12).

Le rôle inportant que nous attribuons â la prosodie dans le cadre d'une


analyse d'EIS s'explique facilemsnt quand on réfléchit aux propos suivants de
Bufe (1983:291-292):

"Prosodie bedeutet eben mehr cils ihre funktional linguistischen


Leistungen. Sie impliziert vor allem menschliche Nähe, Betroffen-
heit, Bnotianalität."

Oes propriétés caractérisent parfaitement la fonction sociale centrale des


EIS.

Les structures lexico-syntaxiques ocrane les faits prosodiques sont prag-


matiquement filtrés en fonction du contexte d ' ênonciation (Widdig 1986:526).
Il y a un consensus général sur le fait qu'ils réunissent les caractéris-
tiques d'un signe bidimensionnel au sens saussurien (Wunderli 1981:295) ce
qui fait apparaître clairement qu'ils doivent être abordés carre éléments
signifiants du message (Callamand 1987:69). Les phénomènes prosodiques véhi-
culent des informations parce qu'ils sont un mode de traitement du verbal
(p. ex. doute, ironie, agacement, étcmnement, lassitude etc.) (49). Il en est
de même des mouvements corporels et de 1'expression faciale qui, en raison de
leur extrême variabilité, ont une valeur informationnelle élevée (Pânagy: 52).

S'il y a donc information, il doit y avoir aussi un rapport entre inten-


tion et prosodie (Bufe: 273). L'intérêt pragmalinguistique de la prosodie
(graduelle) réside justement dans la capacité de celle-ci de matérialiser les
intentions illocutionnaires d'un locuteur carne l'expression d'un acte con-
scient et volontaire. La sémantique de l'énoncé reçoit une sorte de survalo-
104
risatian qui a pour fonction d'inposer telle et telle direction à la catinu-
nication (Widdig: 534).

La question de savoir si les phénomènes prosodiques sont de nature conven-


tionnelle ou de nature motivée ne peut être tranchée par oui ou par non. Prê-
tons l'oreille â Pónagy (149):

"Les éléments prosodiques du langage, l'intonation ou le schéma ryth-


mique [[cependant] sont conventionnels, mais motivés ; leur caractère
gestuel n'est jamais complètement aboli. L'expression prosodique de
la colère est le signe et en même temps une partie de la colère, elle
est à mi-chemin entre le signe arbitraire tel que le mot colère et
l'action que ce mot dénote. La prosodie représente donc une phase
archaïque de l'évolution du langage."

Ainsi, d'un côté les éléments prosodiques ccnportent "les traces du prélangage
ancestral", et de l'autre ils sont "soigneusement 'codés1, rigoureusement in-
tégrés au système particulier d'une langue donnée" (150).

2.1.7.1.1 L'iscmorphisme du contenu des énonciations et


de leur expression vocale

Bclaircisscns d'abord le côté universel et motivé des faits prosodiques. Il


est responsable du "parallélisme étroit qu'on observe dans l'expression des
émotions" (32) dans les langues différentes. la sélection des phénomènes
examinés se fait déjà dans l'optique du rôle plus ou moins important qu'ils
jouent dans l'eitploi de LBA et de TDT. Dans le tableau suivant nous confron-
tons les caractéristiques de l'expression sonore et des nouvements de deux
types fondamentaux d'émotions: la colère, l'agressivité d'une part et la
73
tendresse d'autre part. Ttout le tableau s'appuie sur Fônagy (1983):

73 Là où ne figurent pas de références â Fônagy nous avons fait usage de


1'extrapolation.
105

tendresse agressivité, colère

lèvres, langue, pharynx re- lèvres, langue, pharynx tendus


muscles lâchés (32), pas de contrac- (31), contraction violente des
tion des muscles expiratoires muscles expiratoires (142)

mouvements lents, graduels, ronds (124); rapides, non graduels, angu-


du corps,
des bras, caressants (35) laires
de la main

mouvements dilués (35) mouvements saccadés (31) ;


langue
rétractée (31)

lèvres arrondies (35), avancées étirées

mâchoire
avancée rétractée (31)
inférieure

s'épanouit librement (145) amélodique (145) , courbe


ondoyante (124), haute ré- mélodique angulaire (122)
mélodie
gularité de la courbe mé-
lodique (117)

vigoureux (126), souvent au


accent amorti
début de la phrase (142)

voyelles ouvertes plus ou-


voyelles allongées (18, 116) vertes (31), voyelles fermées
plus fermées (31)

occlusives alvéolaires (t,d)


souvent 'mouillées' et pa-
allongement des consonnes
consonnes lati sée s (32), consonnes
sourdes (116)
douces l,j,m) allongées
(116)
106

Pónagy nous éclaire aussi sur d'autres phénomènes qui méritent notre in-
térêt en vue de l'analyse de LBA et TDT.

Nous apprenons que "la farte contraction musculaire caractérise aussi les
performances vocales ironiques" et que "l'ironie ne diffère guère au niveau
buccal de la haine. La langue est fortement contractée, cairtorée ..." (40).
Callamand signale qu'un procédé fréquent dans l'exercice de l'ironie repose
sur la distribution d'un ton bas, d'un ton haut et d'un ton bas sur les trois
dernières syllabes de l'énoncé ironique (56). Pónagy nous parle aussi de
l'euphonie. "L'une des conditions principales de l'euphonie selon la rhétorique
classique est la haute fréquence des sons vocaliques (voyelles, liquides, na-
sales) au détriment des consonnes ccnposées de bruit (p, t, k, ts, tch, s, oh
etc.)" (116). Sur la montée finale interrogative il nous fait savoir qu'elle
sert à provoquer une réaction de la part de l'interlocuteur (141). Il est aussi
question de la résignation et du soulagement. "L'intonation d'ime phrase résig-
née ou soulagée se rapproche par exenple de la courbe d'une sirrple expiration
sonore. Le ton monte au début et descend progressivement" (142). Enfin il nous
renseigne sur le rapport qui existe entre la voix chantonnée et mélodique et le
principe de plaisir qui tend â profiter du moindre effort (118).

2.1.7.1.2 La prosodie codée

Rossi (1987:20) distingue deux niveaux de l'analyse prosodique: l'accentuation


et l'intonation. L'accent se conçoit par rapport au mot et l'intonation im-
pliqua le rôle de l'accent à l'intérieur du mot phonique (Widdig: 529). "En
français l'accent frappe régulièrement la dernière syllabe prononcée du mot
isolée (constitu'tion) ou du syntagme (le chat "blanc / est ma'lade)" (Di Cristo
1981:32). Ainsi nous observons que la fonction essentielle de l'accent ncn em-
phatique est "d'être un générateur d'intanème dans la mesure où ce sont précisé-
ment les syllabes munies de 1'accentéme /'/ qui peuvent seules constituer un
centre intanatif et recevoir ainsi l'unité mélodique signifiante" (36).

Qi ce qui concerne l'accent non ertphatique la durée joue un rôle de premier


plan (38). Le centre intonatif qui reçoit l'intonéne peut "être défini par la
conjonction d'un ensemble de traits prosodiques solidaires, corate par exenple:
[* noitant] , £ haut] , [* intense] " (41).
107

"Les syllabes accentuées entraînent généralement une prolongation de


la syllabe, une montée rapide de la mélodie qui reflète la soudaine
montée de la pression sous-glottique et la modification caractéris-
tique du timbre de la voix" (Fônagy: 108).

La propriété suivante de l'accent nous amène â la distinction de l'accent


dit d'insistance, d'enphase ou ênonciatif:

"L'accent établit ... une certaine hiérarchie sémantique dans la phrase,


en prêtant plus ou moins d'intensité aux mots conformément â leur poids
sémantique et à l'importance actuelle des mots dans le message concret"
(107) .

L'accent d'insistance laisse intact l'accent du mot phonique (Wunderli


1981:306), il s'y ajoute seulement carme une proéminence (Rossi: 44). Les va-
riations de l'intensité et de la fréquence fondamentale constituent ses para-
métres essentiels (Di Cristo: 39).

"L'accent ênonciatif qui se manifeste par une déviation rapide vers un


niveau intonatif supérieur (généralement 1'infra-aigu) ^ sans modifi-
cation significative de la durée, a en principe pour domaine la première
syllabe du mot" (Rossi 1987:26).

Selon Callamand l'accent d'insistance est la marque expressive la plus uti-


lisée (58). Bufe met en lumière le parallélisme de cet accent dans les langues
française et allemande et, de façon générale, de la prosodie au niveau de la
phrase (275; 277). dette observation nous permettra de caractériser plus fa-
cilement les propriétés prosodiques de LBA et de TOT.

"L'accent d'insistance est considéré comme un 'accent consonantique'


puisqu'il présuppose la présence d'une consonne initiale", mais "si
le mot commence par une voyelle l'accent tombe sur la deuxième syl-
labe ... ou provoque une attaque 'dure', crée une occlusive glottique"
(Fônagy: 110).

Dans le premier cas de figure l'accent d'insistance provoque en plus 1'explosion


des consonnes initiales (Di Cristo: 39). Il se trouve aussi qu'il se réalise
sur deux syllabes de suite (p. ex. 'seule'ment) (Rossi: 44).

74 Rossi utilise la grille de niveaux intonatifs que voici:

SA suraigu
A aigu
IA infra-aigu
M médium
G grave
108

L"inpartance des faits prosodiques devient encore plus évidente lorsqu'on


tient compte du rapport qui existe entre les faits intonatifs d'une part et
les gestes et la mimique d'autre part. Fónagy appelle ce phénomène énormément
irrportant pour la description adéquate des EIS '"mimique audible" (51-55).
Hausser avec dédain les épaules, baisser les ocrmissures des lèvres, froncer
les sourcils, serrer les dents etc. tels sont les mouvements expressifs du
corps auxquels la mimique audible consacre ses études.

2.1.7.1.3 L'idée de 'niveaux' dans la prosodie

Sans conteste l'idée de retrouver dans les faits prosodiques une stratification
carparable â celle de la GSS est très tentante. En effet, tous les spécialistes
sont unanimes pour affirmer qu'il existe un niveau objectif et un niveau sub-
jectif de ces faits (cf. Di Cristo, Wunderli 1981). Os qui rend le problème
délicat, c'est que les deux niveaux sont intiirement liés dans l'acte de parole
(Di Cristo: 46). Néanmoins les fonctions sémantiques des différents niveaux de
la GSS suggèrent de rapprocher telle strate sémantique de telle fonction proso-
dique. La distinction d'un niveau objectif et d'un niveau subjectif de la pro-
sodie se manifeste dans l'existence d'une intonation digitale, conventionnelle
arbitraire et non graduelle et d'ime intonation analogue, directement motivée
et graduelle (Wuraterli 1986:511).

Nous associons le niveau dit objectif de l'intonation au niveau II de la


GSS. Elle y a le statut de signes arbitraires et conventionnels et assume des
fonctions référentielle, rationnelle, morphologique, syntaxique, informative
et désanbiguisante (Di Cristo: 27, 33, 51). Sa fonction essentielle á ce ni-
veau consiste dans sa fonction d'intégration syntaxique, car c'est elle qui
donne à une suite de signes le statut de phrase bien formée (46, 47). En l'oc-
currence il faut mentionner les dix intonations de base de Delattre (1966) que
Wunderli (1981) réduit â six types (question totale, question partielle, fina-
lité, continuation, parenthèse, implication). Le niveau II est aussi le lieu
de la structuration thématique et Thématique de la phrase (Di Cristo: 50),
mais, étant donné le rapport graduel entre thème et rhème, il est certain que
cette structuration se manifeste aussi aux niveaux supérieurs. Enfin l'intona-
tion y opère aussi c a m e "modalité primaire non expressive" (47). Cette fonc-
tion modale, que nous logeons au niveau des illocutoires génériques, consiste
dans le choix d'une intonation terminale particulière pour signaler la caté-
gorie de base â laquelle appartient la phrase (47).
109

Lorsqu'on passe au niveau III de la GSS se pose la question presque atten-


due de savoir si l'on a affaire â un niveau toujours objectif ou bien subjec-
tif l'intonation. Nous nous voyons confrontés, mutatis mutandis, au problème
de 1'harnonisation des conditions de vérité et des conditions de succès, ou, en
d'autres termes, du vériconditionnel et du normatif. Di Cristo circonscrit la
question épineuse:

"Faure (1962) considère que les trois niveaux de Troubetzkoy peuvent se


réduire à une bipartition comprenant le niveau objectif (ou représenta-
tif, ou référentiel) et le niveau subjectif, qui se subdivise en deux
sous-ensembles: l'appellatif et l'expressif. Le fait d'inclure l'appel-
latif dans le domaine du subjectif nous paraît discutable, car si l'in-
terrogation et le vocatif, pour ne prendre que ces exemples, sont bien
des appels, ils ne sont pas nécessairement expressifs" (44).

Dans notre terminologie l'appellatif s'apparente â la fonction argumenta-


tive dont nous avons doté le niveau III de la GSS. Rappelons que l'acte d'ar-
gumenter se définit par l'attribution à des degrés divers d'une qualité à l'ob-
jet de 11énoncé-argument (cf. p. 55-56 ). Cet acte se manifeste par des "formes
prosodiques expressives employées de façon intentionnelle, conformément au code
linguistique d'une ccmnunauté donnée. On peut penser que ces formes prosodiques
représentent des types originellement stylistiques ou émotionnels qui ont fini,
en se dépouillant et en se généralisant, par être intégrés à la langue" (26).
L'idée des intonations schématisées rejoint le rôle semi-conventionnel et semi-
individuel que nous avons attribué au niveau III du processus de la signifiance.
Les parallèles entre la ccnposante intonative et la carposante argumentative
ressortent encore davantage lorsqu'on confère à la première la capacité d'in-
diquer "les différents degrés par lesquels peuvent être réalisées les diffé-
rentes modalités expressives (surprise plus ou moins grande, ordre plus ou
moins pêrenptoire) " et lorsqu'on se rend ccnpte que cette capacité "assure une
fonction quantificatrice (ou intensificatrice)" (52). C'est la raison pour la-
quelle nous préférons parler au niveau III d'"accent d'insistance intellectuel"
(37).

Il est "la marque caractéristique du discours argumentatif, polémique


destiné à imposer le message en faisant ressortir certains éléments du
réfèrent, les articulations du discours ... "(Callamand: 58).

Di Cristo appelle cette fonction expressive de l'intonation "fonction de mise


en relief (ou d'errphatisation), qui permet de détacher du reste de l'énoncé un
mot (ou une suite de mots)" (52). En reprenant l'idée de la structuration thé-
110

matique et rhématique, ση est en droit d'affirmer qu'il y a un écart de trois


ou quatre niveaux entre la partie thématique et la partie Thématique à condi-
tion que l'on considère, tel Widdig (529-533) les variations des hauteurs (te
ton corme l'élément essentiel de la prosodie. Selon ce concept tout ce qui est
coniminicativeitEnt ou informationnellement important se situe dans les hautes
fréquences.

Restent les faits prosodiques que nous situons au niveau IV de la GSS. Là


nous faisons rapidement une découverte bizarre. D'une part on se trouve à l'en-
droit de la prosodie spontanée, qui, selon l'opinion générale, devrait permettre
au locuteur, de se montrer sous le jour le plus individuel, mais d'autre part
on s'aperçoit que la prosodie spontanée est une donnée "naturelle et stimulée
psychologiquement, qui permet la manifestation des réactions instinctives ocnme
la douleur, la joie, la colère et qui correspond â ce que Trost (1937) appelait
la 'mimique intonative'" (Di Cristo: 26). Ce qui a l'air de faire partie du
danaine le plus individuel s'avère ainsi coure étant ancré le plus profondé-
ment dans la nature humaine, de constat a pour conséquence qu'en principe nous
avons le choix entre le niveau I et fondamental et le niveau IV et surfacial de
la GSS pour déterminer le lieu théorique de la prosodie spontanée. En senne,
cela.nous donne lieu d'être satisfaits, car c'est ainsi que le niveau fondamen-
tal et le niveau le plus haut bouclent le processus de production de sens. Notre
distinction de la convention et de l'intention (cf. p. 44 ) qui n'est que de
nature graduelle présuppose un tel bouclage. La prosodie spontanée nous renvoie
par conséquent â 11isonorphisme du contenu des énonciations et de leur expres-
sion vocale, c'est-à-dire aux résultats des travaux de Pónagy et aux intonèmes
affectifs faisant partie de la compétence intonative universelle (Bufe 304 ;
Lieb 1980:45). Notons encore que Di Cristo situe à ce niveau 1'"accent d'insis-
tance affectif" (37) qu'il distingue de l'accent d'insistance intellectuel du
niveau inférieur.

2.2 Perspectives séquentielles

Il n'y a pas de doute que l'analyse d'une EIS ne peut se passer de la descrip-
tion du comportement séquentiel de celle-ci. Les travaux de l'Ecole de Genève,
sous la direction de Roulet et al. (1985) en témoignent largement. Nous avouons
ne pas avoir approfondi cet aspect. Son importance est incontestable, mais notre
objectif est avant tout d'obtenir ime description sémantico-pragmatique de nos
deux EIS qui se concentre sur leur sêmantisme logico-argumentatif.
111

Néanmoins, nous regarderons de près deux aspects à travers lesquels nos


EIS révèlent des qualités de rejet. Il s'agit de préparer théoriqueirent le ter-
rain aux valeurs oppositives inhérentes à LBA et à la version ironique de TOT.
Nous y arriverons en éclaircissant la notion de l'ironie et celle de la néga-
tion, cette dernière vue uniquement sous un angle qui permet d'exprimer une
apposition pragmatico-coranunicative.

2.2.1 L'ironie

Sans aucun doute l'ironie est un objet de recherches extrêmement intéressant


et riche (Grœben 1986:172). Ce qui lui vaut son intérêt particulier est l'énor-
me difficulté de dégager ses propriétés spécifiques et distinctives (cf. Berren-
donner 1981:182). En effet, il n'est pas difficile de donner un certain naribre
de caractéristiques de l'ironie. Mais très vite, on constate que telle ou telle
caractéristique se retrouve aussi dans telle autre figure rhétorique ou tel
autre phénomène discursif.

2.2.1.1 Critique de la conception classique de la


'contradiction logique'

On est assez unanime â penser que l'ironie ne peut pas être subsunée aux actes
indirects, mais qu'elle réclame d'autres procédés interprétatifs que ceux of-
ferts sous forme d'iirplicitations à la Grice (Viehweger 1983:220).

L'explication gricéenne considère un énoncé ironique carne un acte illo-


cutoire indirect conversationnellement dérivé. Elle se fonde sur la définition
classique de l'ironie selon laquelle ironiser est "dire le contraire de ce que
l'on pense". L'effet ironique serait la conséquence d'une violation de la maxime
de qualité. On suppose que la preposition que le locuteur veut effectivement
transmettre est celle qui est liée de manière évidente á l'énoncé eitployé, et
c'est la proposition opposée qui est la plus probable (Grice 1979:67).

Wilson et Sperber (1979) ont objecté â Grice le fait qu'il applique le


concept d'irrplicitatian pour expliquer l'ironie, alors que cela contrevient â
la nature de ce concept. Celui-ci suppose que ce qui est indirectement transmis
s'ajoute à ce qui est directement exprimé. Or, dans l'ironie il n'y aurait pas
d'addition mais de substitution de l'un â l'autre. C'est pourquoi on ne pourrait
pas parler de conciliation de ce que le locuteur a dit avec la pré sorption du
respect des maximes. Tout au contraire l'hypothèse d'une violation d'une maxime
se confirme au lieu d'être infirmée. On aurait par conséquent affaire à une
112

extension injustifiée du calcul des iirplicitations (83). C'est á juste titre


que Wilson et Sperber se demandent aussi quels sont les critères de l'évidence
qui provoquent le passage de la preposition directe à la proposition indirecte
(83 ; voir aussi 1981:296).

Wilson et Sperber (1981:299) concluent:

"It follows that the interpretation of ironical alternances can not


be reduced to the search of conversational implicatures without grossly
distorsing the notion of implicature itself."

Berrendonner (1981) a démontré que le critère de la "contradiction logique"


est principiellenent insuffisant pour définir de façon distinctive l'ironie.
Dans la métaphore, l'énoncé perfarmatif (je vous vire ! et A reste assis) et
la litote, on trouve aussi des formes de contre-vérité (cf. 175-182). Wilson
et Sperber (1981:302) ont montré qu'il existe des énoncés où il n'est pra-
tiqueirent pas possible de déterminer le contraire: les questions ironiques
sont un exerrple parmi d'autres.

Ce qu'il faut surtout, c'est en effet se libérer d'un concept rigide, de


ce qu'on appelle 'contraire' ou 'apposé'.

Ksrbrat-Orecchiani (1976:13) constate "l'absence d'une véritable théorie


de l'antonymie", état qui n'a guère changé entre-tenps. Ceci est pour nous une
raison de plus de préférer au terme de 'contraire' celui de 'différent' qui
est plus vaste et qui contourne la difficulté â préciser au niveau sémantique
ce qu'il faut entendre par 'contraire'. Nous doutons d'ailleurs que cette no-
tion puisse être définie exactement en tant que terme sémantique. Nous le
gardons pourtant cerane un principe qui peut agir â l'intérieur du concept du
'différent' mais non sans faire quelques réserves carme on le verra plus loin.
Dans une certaine mesure, nous voyons notre point de vue corroboré par Groeben
(1986:178) qui, dans le cadre d'une étude enpirique du démenti ironique, a dé-
montré que "dire le contraire de ce qu'on veut donner â entendre (meinen) " et
"dire quelque chose d'autre que ce qu'on veut donner â entendre" constituent
des possibilités pour réaliser le phénomène ironique. Kerbrat-Qrecchioni
(1976:24) argumente dans le nême sens en attirant l'attention sur "les sys-
tèmes lexicaux â trois termes", les axiologiques, qui peuvent avoir plusieurs
contraires.

Wilson et Sperber (1981) ont introduit (cf. 1978) le concept de "echoic


mention" pour expliquer 1'ircmie:
113
"What we are claiming is that all standard cases of irony, and many
that are nonstandard from the traditional point of view, involve
(generally implicit) mention of a proposition. These cases of men-
tion are interpreted as echoing a remark or opinion that the speaker
wants to characterize as ludicrously inappropriate or irrelevant"
(1981:310).

Selon cette definition, le locuteur n'accomplit ni un acte direct ni un acte


indirect, mais il net en scène un locuteur fictif qui accomplit un acte con-
forme au potentiel de la phrase. Le locuteur tourne cet acte en dérision et se
noque du locuteur fictif (Recanati 1981:219). Le concept de Wilson et Sperber
est basé sur la distinction de "use" et "mention":

"USE of an expression involves reference to what the expression refers


to, MENTION of an expression involves reference to the expression it-
self" (303) .

Dans l'ironie, ccnme forme de "mention", le locuteur parle de l'énoncé d'un


locuteur fictif en signifiant la distance qu'il prend à son égard.

Selon Wilson et Sperber (1978), "toutes les ironies sont interprétées


comme des mentions ayant un caractère d'écho: écho plus ou moins loin-
tain, de pensées ou de propos réels ou imaginaires, attribués ou non
à des individus précis" (408).

A Berrendonner (1981) cette conception de l'ironie paraît "fondamentalement


juste". Elle explique que "lorsqu'on fait de l'ironie, on tient une énonciation
E1 à propos d'une autre énonciation EO, antérieure ou iirplicite, que l'on
cherche à déconsidérer" (197). Berrendonner développe le concept de Wilson et
Sperber dans le sens d'une théorie qui conçoit l'ironie coirne une "contra-
diction de valeurs argumentatives" (184). Un même énoncé entre donc á la fois
dans une conclusion r et une conclusion non-r (185).

Nous satires d'accord avec la conception argumentative de Berrendonner, mais


sous réserve seulement. Nous avons une objection â faire contre le concept de
'mention' qui aura des conséquences fondamentales sur notre façon de comprendre
le phénomène de l'ironie. Oamen (1983:26 note 3) met en avant le danger que
dans le concept de 'echoic mention' de Sperber et Wilson, la notion de 'insntion'
se dilue. Cela surtout à cause du fait que pratiquement tout énoncé, indépen-
damment de sa distance temporelle de la situation d'énonciation actuelle, peut
être 'mentionné'.

A notre point de vue, le fait de poser que "toute séquence ironique n'est
que la citation narquoise de propos virtuels (Kerbrat-Qrecchioni 1976:36 et 37)
ne suffit pas pour saisir la spécificité de l'ironie. Pour Bakhtine "le discours
114

de notre vie pratique est plein de mots appartenant à d'autres; il en est dans
lesquels nous fondons notre voix, oubliant â qui ils sont ..." (cité par
Kerbrat-Qrecchioni 1976:37 note 37). C'est cette vue qui est fondaitentalement
juste et qui est tout aussi bien appropriée à un énoncé ironique qu'à un énoncé
non ironique. Il y a seulement différence quant â la possibilité de percevoir
la qualité d'écho de ce que le locuteur énonce. Plus cette nature se fait sen-
75
tir, plus il y a 'mention', moins elle est perceptible, plus il y a 'use'.
Nous nous rangeons partiellement à l'avis de van der Auwera et Faribouts (1982:
23/24) qui déclarent contre Wilson et Sperber:
"We believe the claim that all irony is echoic mention to be injusti-
fiable: not all echoic irony involves mention to the exclusion of use,
and not all irony is echoic." (23/24)

75 Nous considérons que le modèle de la plurivocalité (discours rapportés


direct et indirect, indirect libre, diaphonie (Roulet et al. 1985) , né-
gation, ironie, assertion, affirmation) se laisse réduire á un dénomina-
teur commun. On a affaire â un processus de fusion de plus en plus intime
de voix qui, dans un cas (discours rapporté direct), sont nettement dis-
tinctes et qui, dans un autre cas extrême (l'affirmation au sens de
'statement'), s'enchevêtrent indissociablement. Le dénominateur commun est
en fait la relation interlocutive à la Jacques (1985), à savoir la copro-
duction de sens d'un seul discours par deux interlocuteurs. La langue est
fondamentalement polyphonique parce qu'elle est de nature interlocutive.
Pour cette raison, la polyphonie, phénomène banal, ne retiendra pas par-
ticulièrement notre attention, en revanche nous porterons notre intérêt
sur la question de savoir dans quelle mesure le sujet parlant marque lui-
même l'énoncé. Pour nous c'est un fait que cette empreinte ne peut être
supprimée dans le cas du discours rapporté (direct et indirect). Nous
soutenons entièrement l'avis de Jacob (1987): du fait même que le discours
rapporté est rapporté "il porte toujours, à des degrés certes divers,
l'empreinte de l'attitude de celui qui le rapporte, et s'inscrit donc
dans un projet de parole défini par le sujet parlant." (71). Mais nous
n'allons pas aussi loin que le suggère la question posée par Jacob:
"Peut-on dans ce cas parler de polyphonie, de pluralité de voix si
celles-ci ne renvoient, en fait, qu'à 1'ênonciation du rapporteur?" (75)
La polyphonie reste pour nous un élément fondamental et intrinsèque de
toute ênonciation. Selon le degré de fusion des voix cette propriété res-
sort plus ou moins nettement. Nous renvoyons aussi à Plank (1986) qui pré-
fère parler d'un continuum entre la qualité directe et la qualité indi-
recte du discours rapporté et qui s'interroge même sur la légitimité de
la notion de 'rapport direct'.
115

Nous ne satines pas d'accord sur le point qu'il y a une fonte d'ironie sans
'écho'. A notre avis il y en a toujours, même s'il a quasiment 'disparu'. Par
contre, nous renchérissons en affirmant qu'il n'y a jamais ni 'use' ni 'men-
tion' sous uns fonte absolument pure dans toute forme d'énonciation. Par con-
séquent nous nous inscrivons en faux contre l'avis cte Berrendonner (1981) qui
comente ainsi l'énoncé (i) rapporté au style direct:

(i)"Le voisin m'a promis: Je viendrai vous voir demain: Il va de soi que
1'énonciateur de (i) ne se trouve nullement engagé par le contenu de
la citation comprise entre les guillemets" (200).

Le fait de postuler 1'êtanchéitê des deux concepts de 'use' et de 'mention' en-


freint le théorème de 1 'indissociabilité eitpirique du 'dit' et du 'dire'. Nous
confirmons la question rhétorique de Recanati (1970:77):

"Pourquoi une expression linguistique ne pourrait-elle pas s'exhiber


en même temps qu'elle 'représente' quelque chose d'autre qu'elle-même?"

Qjcrot (1984:199) souligne que le rapporteur du discours direct ou du discours


indirect "ne vise pas nécessairement à une reproduction littérale".

Dans le cas de l'ironie, cette indissociabilité s'inpose d'autant plus que


la parole mentionnante et la parole mentionnée se confondent (Recanati 1981:219).
Ducrot (1984:210), pour souligner l'interpénétration des deux systèmes a d'ail-
leurs remplacé "mentionner un discours", employé par Wilson et Sperber, par
"faire entendre une voix". Il affirme:

"Pour que naisse l'ironie, il faut que toute marque de rapport dis-
paraisse, il faut 'faire comme si' ce discours était réellement tenu,
et tenu dans l'énonciation même".

Nous .doutons que cette disparition de la marque de rapport soit constitutif de


l'ironie. Nous ne voyons aucune difficulté à ironiser sous forme de discours
rapporté direct. Tout dépend de la façon dont se montre l'énoncé rapporté.

Celui qui réduit l'activité énonciative â une forme de pure 'mention' ré-
duit le locuteur à un appareil émettant des bruits et lui enlève toute res-
ponsabilité illocutoire. Nous soutenons, par centre, qu'il n'y a pas de locu-
teur sans responsabilité illocutoire. Dans l'acte ironique ccnrte dans tout
autre acte, le locuteur prend en charge son énoncé. Il semble qu'une telle
position se retrouve chez Ducrot (1981 in 1984:169), lorsqu'il affirma que le
discours second du discours polyphonique "ne consiste pas en un sijtple rapport.
116

Il crée une réalité originale: par le fait même de dire que quelque chose a été
dit on dit quelque chose de nouveau." ^ Mais nous voyons difficilement cornent
cette position peut se concilier avec la suivante.

EXacrot (1984:211) nous apprend que Berrendonner a mis en évidence l'aspect


paradoxal de l'ironie, c'est-à-dire

"d'une part, la position absurde est directement exprimée (et non pas
rapportée) dans 1'énonciation ironique, et en même temps elle n'est
pas mise â la charge de L, puisque celui-ci est responsable des seules
paroles, les points de vue manifestés dans les paroles étant attribués
à un autre personnage E."

Alors, de deux choses l'une, ou bien le locuteur dit quelque chose de nou-
veau dont il ne peut être que lui-même responsable, ou bien il ne dit rien de
nouveau, s'il n'y a pas de prise en charge, une possibilité qui n'a que valeur
théorique pour nous puisque nous lui contestons toute réalité enpirique. La
position de Berrendonner nous semble de œ fait plutôt aporétique que para-
doxale.

Admettons tout de mène à des fins de démonstration a contrario que l'acti-


vité du locuteur se réduise â un sirrple acte de monstration dévalorisante de
l'énoncé mentionné. La question qui se pose alors pour nous est celle de savoir
sur quelle valeur illocutoire spécifique de l'énoncé mentionné s'articule au
juste cet acte de rejet. Si la parole mentionnée n'est pas illocutoirement
spécifiée, ce qui est obligatoirement le cas, quand je la situe â un niveau
inférieur â celui du sens de l'énoncé, et que je l'attribue â un énonciateur,
77
quel illocutoire est tourné en dérision?

76 II s'agit là d'un emprunt spirituel à l'oeuvre de Bakhtine (cf. Todorov


1981:80). On peut y lire: "L'énoncé n'est jamais le simple reflet ou l'ex-
pression de quelque chose d'existant avant lui, donné et tout prêt. Il
crée toujours quelque chose qui n'a jamais été auparavant, qui est abso-
lument nouveau et qui est non réitérable..."

77 Jacques (1985) aborde aussi la question du statut différent des voix poly-
phoniques: "De deux choses l'une. Ou bien la voix bakhtinienne est la ma-
térialité phonique de la parole, et il est paradoxal de dire qu'en tout
message on entend résonner deux voix, le ton, la voix de l'un et de l'autre
en leur différence individuelle. Ou bien, comme il est plus probable, la
voix représente par métaphore la parole avec sa charge sémantique et sa
valeur connotative; et dans ce cas les voix que Bakhtine suppose affron-
tées dans le mot ne sont pas des observables" (107). "Il reste que ces
deux voix ne sont pas égales puisque l'une est réelle, l'autre une re-
présentation" (110).
117

Nous craignons que cette démarche de sinple mise en scène conduise à une
impasse et qu'elle obscurcisse plus qu'elle n'éclaire le phénomène de l'ironie.
Nous pensons plutôt que l'ironie coime tout autre acte illocutoire est priori-
tairement une question d'attitude du locuteur et ne peut en aucune manière être
réduite â un sinple acte de mise en scène à valeur oppositive.

Conséqueitrrent nous opposons notre vèto à des thèses (Recanati 1981) telles
que: "dans l'ironie le locuteur n'affirme rien du tout" (221), "il n'accomplit
aucun acte illocutiannaire" (221), "le seul acte accaipli du locuteur est lo-
cutiannaire (247), "c'est asserter au sens faible" (247/248). Qu'est-ce au
juste, 'asserter au sens faible', sans accomplir un acte illocutoire? Les EIS
contre o'est du propre!, c'est du joli! sont d'ailleurs la preuve vivante de
1'accomplissement d'un processus à la fin duquel la responsabilité illocutoire,
intrinsèque à tout acte ironique s'est conventionnalisée. Cela n'a donc rien
de "remarquable" (Ducrot 1984:221), si l'on conçoit le locuteur ironique corme
locuteur â part entière.

C'est pourquoi nous partageons l'avis de Eggs (1979:418): Dans un acte


ironique, il ne s'agit pas de renplacer des ternes ou des phrases, mais il est
question de l'attitude du locuteur vis-à-vis de ce qu'il énonce (cf. aussi
Oonen 1983:25, 27 et 28).

Jusque là nous suivons Eggs, nous ne le suivons plus, quand il réintroduit


la définition classique de la contradiction logique sous forme de concept de
"négativité abstraite". Selon lui, celle-ci ne permet pas le remplacement de
"louange" par "blâme", elle "renplace plutôt "louange" par "non-louange" et
78
il incombe à l'auditeur de reitplir cette case vide étant donné le contexte
(422 et 433, note 24).

78 Dans la perspective d'une tentative de définition positive de l'ironie,


objectif digne d'effort à notre avis, la notion de "négativité abstraite"
représente un pas en arrière par rapport au terme de contraire (cf. Ans-
combre et Ducrot 1978/79 in 1983:101 où la problématique du 'contraire' et
de la 'négation' est frôlée; cf; aussi Woetzel 1984:233-235).
118
2.2.1.2 Notre position: l'ironie - un caiposé d'une signification
'littérale' illocutoirement non spécifiée et d'un sens
supplémentaire illocutoirement spécifié

Essayons alors de préciser notre position. Tout d'abord, l'emploi ironique ne


diffère en rien de tout autre acte d'énonciation: il est constitué d'un DIT
et d'un DIKE. Si le DIT a déjà été l'objet d'un autre discours cela ne change
pas grand chose. A la limite, cet autre discours peut se réduire à la simple
évocation du sémantisme d'une unité lexicale en tant qu'élément du discours
le plus général d'une ccmnunauté linguistique: les consensus définitionnels
stockés dans le 'dictionnaire' d'une ccmnunauté linguistique (cf. aussi
Burger 1981:26 et 28).

Sur le niveau II de la signification de la phrase, le sémantisme d'une


phrase ironique se présente came suit. A l'extrême droite de l'axe épisté-
mique, il y a une continuation de la croissance du degré de certitude du lo-
cuteur au-delà du domaine normalement réservé au verbal. On pourrait aussi
parler d'une forme de certitude saturée. Si Berrendonner (1981:187) constate
que "l'hyperbole joue fréquentent le rôle d'un indice ironique", nous ren-
chérissais en posant que le caractère hyperbolique est un élément sémantique
constitutif de l'ironie qui opère déjà au niveau II.

Le fait que la certitude hyperbolique tend â empiéter sur le detraine des


'choses' c'est-à-dire l'extra-verbal, laisse présager un rapport spécifique
entre ce type illocutoire et le pouvoir juridique et contractuel opérant au
niveau III.

Notons, par ailleurs, que dans cette idée de certitude saturée il n'y a
pas de 'contradiction logique', il s'agit toujours d'un phénomène de gradation
dont le point de départ se trouve dans la partie non-ironique de l'axe épis-
témique.

En ce qui concerne le critère bimillénaire 'dire le contraire de ce qu'on


pense', nous sonnes convaincus qu'il ne s'agit pas là d'une catégorie vraiment
sémantique. En sémantique, il ne peut pas y avoir de 'contraire',selon nous,
mais seulement de 'différence'. Nous tenons la notion de 'contraire' pour un
construit normatif qui fait partie du système de valeurs d'une ooimunauté
linguistique.

Par conséquent, le 'contraire' n'apparaît qu'après intervention d'une notion


normative, c'est-à-dire d'un topos, pour nous servir de la terminologie de
119

Ducrot, pris en charge par le locuteur. Si l'idée de 'contraire' doit être main-
tenue, c'est ici que nous verrions une telle éventualité. Mais nous ne cachons
pas l'embarras que nous éprouvons, mis devant la nécessité de donner corps à la
"contradiction argumentative" (Berrendonner 1981:185), en particulier, de con-
crétiser une quelconque variable argumentative d'un énonciateur (!) fictif.

Au lieu de poser l'existence d'une contradiction de valeurs argumentatives,


nous penchons pour un concept qui considère le sens ironique c a m e un conposé
de la signification 'littérale' illocutoirement non spécifiée et d'un PLUS de
signification dans lequel se manifeste la responsabilité illocutoire du locu-
79
teur (cf. aussi Ocuten 1983:34 et 35).

Nous trouvons une position carparable â la nôtre dans Recanati (1979:80 et


81). Il présente un exemple où il y a emploi ironique du mot bonheur. Il en
définit le sens ordinaire "état de contentement: le ciel était bleu, le soleil
brillait, les oiseaux chantaient: c'était le bonheur, entre guillemets". Son
conmentaire se lit ainsi:

79 Bien que nous soyons d'accord avec le concept du 'sens supplémentaire' de


Oomen (1983), étant donné qu'il doit impliquer un locuteur 'ironique' à
responsabilité illocutoire entière, ce concept n'est pas exempt de cer-
tains préalables théoriques sujets à caution. Elle emploie le terme dou-
teux de 'vérité objective' (29) qui ne permettrait pas d'emploi ironique.
Nous constatons une tendance nette au linguisme. Nous entendons par là
une surestimation des capacités de la forme linguistique, ici spéciale-
ment, en ce qui concerne sa fonction dans la naissance de l'ironie. Malgré
l'affinité des adjectifs axiologiques, par exemple, beau, grand etc. avec
l'ironie, c'est toujours et de façon principielle 1'attitude normative du
locuteur qui est à l'origine de cet effet. Nous voulons dire par là que
principiellement tout élément linguistique permet un emploi ironique. Un
énoncé sans aucune qualité axiologique comme c'est une maison! peut être
ironique, bien entendu, si, dans une intention moqueuse, on veut faire
allusion à son état délabré, par exemple.
120
"Dans tous les cas, en même temps qu'on fait usage du mot bonheur pour
signifier ce qu'il signifie, on fait réflexion sur le mot lui-même, et
cette réflexion a pour effet non d'empêcher le mot de signifier ce qu'il
signifie, mais d'y ajouter un supplément de signification."

Le concept du sens supplémentaire s'est irrposê par l'analyse de la version


ironique de TOT. Nous verrons que l'emploi ironique se conçoit corme le pro-
longement sur l'axe épistémique de l'errploi non-ironique. Il y a un passage
inperceptible de l'un à l'autre avec accroissement de la certitude aoccnpagné
d'une inversion argumentative au point de jonction entre TOT non-ironique et
TOT ironique á la suite d'un changement de topos. L'idée de 'contradiction
logique' ou de 'négation abstraite' y trouve difficilement sa place.

Nous nous sennes donc aperçus que le sens ironique (= le sens supplémen-
taire) suppose l'existence d'un tepos spécifique. Gelui-ci sert, si l'on tient
à l'idée de contradiction, de contraire normatif au topos de la version 'lit-
térale' de TOT.

En plus, cm remarque la présence, dans le locuteur, d'un dédoublèrent rê-


flexif ('je sais que je sais') et un sentiment de supériorité de savoir (cf.
Groeben 1986:179, 182 et 183).

Nous y voyons l'expression d'un certain détachement et d'une certaine in-


différence vis-à-vis du pouvoir juridique.

80 Pour ne laisser subsister aucune équivoque sur la façon dont nous conce-
vons la notion de 'sens supplémentaire', ajoutons quelques précisions:
nous attribuons une importance particulière au choix du terme 'composé'.
L'ironie ne fait que ressortir plus clairement un trait qui est essen-
tiel à toute énonciation: 1'indissociabilité de la pluralité des voix,
plus exactement, de la bivocité. A notre sens, la critique de Jacques
(1983:58) à l'endroit de Bakhtine qui "semble répartir le sujet de l'enon-
ciation sur deux pôles" est pertinente: "Selon moi, la voix de l'énoncia-
teur, pour reprendre la métaphore de Bakhtine, du moment qu'elle est
adressée effectivement, n'existe qu'à l'état de combinaison. En réalité,
tant la voix propre que la voix de l'autre sont des composantes inférées
à partir de leur combinaison qui est seule donnée." Willer et Groeben
(1980) qualifient les signaux ironiques d'éléments perturbateurs ("Stör-
faktoren") , c'est-à-dire de bruits qui empêchent la compréhension du sens
littéral. Ce concept méconnaît primo, l'autonomie illocutoire de l'acte
ironique (que les auteurs reconnaissent curieusement eux-mêmes, 293), se-
condo, le statut discursif déficitaire du sens 'littéral', tertio, la
spécificité de l'ironie de combiner toujours deux significations. Bien que
les auteurs aient conscience de cette double nature, ils n'en tirent pas
les conséquences nécessaires, à preuve qu'ils font un emploi peu critique
du terme 'substitution' (293).
121
Derrière ce ccrrportement, nous plaçons la prétention indirecte à l'obten-
tion ou au maintien d'un pouvoir social dans une situation â tendance con-
flictuelle sous forme ludique (cf. Groeben 1986:191). La forte contraction des
muscles linguaux (cf. p. 106 ) indique pourtant une prédominance de l'aggres-
sività . La 'souveraineté' du locuteur n'est pas la conséquence nécessaire d'une
distance que le locuteur établit entre lui et la parole sérieuse attribuée â
un quelconque énonciateur (cf. Ducrot 1984:213), mais découle de la constella-
tion particulière d'une certitude saturée et réflexive, d'un côté, et des con-
ditions situationnelles spécifiques résultant de la répartition du pouvoir
social entre le locuteur et l'allocutaire, de l'autre.

Dans cette propriété de l'énoncé ironique de thématiser d'une façon ou


d'une autre - â partir d'une position inférieure ou supérieure - la question
du pouvoir en tant que tel, pourrait exister une explication du phénomène que
l'ironie est rarement inscrite dans la phrase, c'est-à-dire un fait de langue
(cf. Ducrot 1984:214). Sans aucun doute le fait de dire ou de montrer 'tu as
le pouvoir' ou 'c'est moi qui ai le pouvoir' irtplique toujours la nécessité
de le dire. Par conséquent, il est bien carpréhensible qu'un type illocutoire,
qui problématise un fait par nature allergique à toute mise en question, a plus
de mal â se conventionnaliser que d'autres qui stabilisent le pouvoir établi
et sur lesquels le consensus est très large.

Il est significatif que lorsqu'un enploi ironique s'est conventionnalisé,


c'est en général à partir d'une position de supériorité lato sensu.

Là où l'ironie ne connaît pas un fort degré de conventionnalisation, sa


reconnaissance s'effectue selon le même schéma interprétatif valable pour
toute forme illocutoire. Dans œ cas, nous la plaçons très haut (niveau IV)
de la GSS. On trouve un tel point de vue chez le Ducrot des Echelles argumen-
tatives. Là, il déclare qu'il tient les effets d'ironie pour des "sous-entendus
rhétoriques étrangers à la signification littérale" (1980:22).
122

2.2.2 La négation c a m e force oppositive

Dans le cadre de l'analyse de nos EIS, la négation est intéressante dans la me-
sure où elle est considérée catite une possibilité de marquer l'opposition. On
sait aussi que les EIS peuvent représenter un des moyens linguistiques pour ex-
primer la négation, c'est-à-dire, une forme de négation "implicite", pour nous
servir de la terminologie de Moeschler (1982:19), si l'on veut mettre l'accent
sur l'absence de marqueurs "graphiques" explicites conte ne ... pas ou des
préfixes ccmte im- ou mal-. Sans aucun doute LBA et l'emploi ironique de TOT
contiennent des éléments d'opposition. Ceux-ci permettent à plusieurs titres
d'être carparés au conportaient énonciatif de la conjonction mais.

Avec Bruxelles et al. (1976 in Ducrot et al. 1980), on peut distinguer plu-
sieurs aspects qui entrent tous dans le même mouvement argumentatif 'r' et aux-
quels mais peut s1opposer:

(i) les implications juridiques


de 1'acte de langage
(ii) la conclusion explicitée
(iii) la prétention de A d'être
véridique
(iv) la prétention de A d'agir
légitimement
(v) le fatalisme factuel
('c'est comme ça')
(vi) le prolongement d'une première
réaction d'étonnement jusqu'à
la mise en doute de la chose
étonnante
(cf. 128, 129, 99)

Surtout dans une perspective lexicographique, il importe de signaler les


différentes possibilité de verbaliser ces aspects selon qu'on se rend aux
niveaux II, III ou IV.

Notons aussi qu'il n'est pas toujours facile de faire la part exacte de
chaque aspect dans l'ensemble de la force oppositive d'une expression (cf. 102).

Bruxelles et al. soulignent aussi que l'enploi de mais inplique toujours un


accord de base qui n'est pas mis en question et qui est nécessaire pour la con-
tinuation de tout dialogue. Il s'agit de l'enregistrement et de la reconnais-
sance de l'acte de langage de l'allocutaire par le locuteur (cf. 126). C'est
cette entente fondamentale que nous trouverons aussi dans l'enploi ironique
de nos EIS.
123
Il convient aussi de préciser la nature de la négation selon qu'il s'agit
d'une négation "irétalinguistique" (i), "polémique" (ii) ou "descriptive" (iii),
distinction qui s'appuie sur Ducrot (1984)· Pour en donner une idée plus pré-
cise nous les illustrons par trois exertples (Ail = allocataire) :

(i) Ail : Pierre a cessé de fumer.


L : Pierre n'a pas cessé de fumer,en fait,
il n'a jamais fumé de sa vie.
(ii) L : Pierre n'est pas intelligent,
(iii) Ail : Quel temps fait-il?
81
L : Il n'y a pas un nuage dans le ciel.

Ducrot caractérise ces négations comte suit:


(i) - contredit les termes mêmesd1 une parole effective
à laquelle elle s'oppose
('il est faux que p'),
- s'en prend à un locuteur qui a énoncé 1'énoncé
correspondant positif ('ce n'est pas vrai!'),
- annule les présupposés de l'énoncé positif
sous-jacent (217),
- ne tient pas compte de la valeur argumentative
de l'énoncé nié (Anscombre et Ducrot 1978/79
in 1983:76).
(ii) - correspond à la plupart des énoncés négatifs,
- ne s'oppose pas à un autre locuteur, mais à un
énonciateur que L met en scène et auquel est
attribuée l'attitude positive ("effet polémique"),
- a toujours un effet abaissant, c'est-à-dire ne
permet pas de renchérir ('Pierre est génial') et
n'est donc pas neutre argumentativement,
- maintient les présupposés. (218)
(iii) - décrit seulement un état de choses,
- ne s'oppose ni à un locuteur ni à un énonciateur.
(216/217 et 218)

81 Pour plus de détails sur la négation polémique et descriptive, voir


Moeschler (1982:39 sq.) qui s'appuie surtout sur Ducrot (1973b:117-131).
On se reportera aussi à Brütsch (1986) qui distingue trois types de
négations appartenant chacune à une autre catégorie: une catégorie
pragmatico-communicative, une catégorie sémantico-lexicale et une ca-
tégorie syntaxique (204). Quant à l'analyse de TDT ironique et de LBA,
notre intérêt portera sur le premier type de négation où il y a oppo-
sition absolue ou partielle entre deux grandeurs communicatives (ênon-
ciations, comportements, actes), c'est-à-dire entre des intentions (196).
124
Oes trois types de négation reflètent une fois de plus la propriété fonda-
mentale de l'activité langagière qui oscille entre le DIT et le DIRE sans ja-
mais atteindre totalement l'un ou l'autre. C'est pour cette raison que nous
disons que dans la négation 'mêtalinguistique ' il y a toujours la possibilité
de la négation d'un DIT, s'il y en a un. Itoeschler (1982:27-36) exprime cette
idée lorsqu'il affirme que la négation polémique (qui englobe nos négations
'nétalinguistique' et 'polémique') ou "réfutatrice" peut être aussi bien refus
du présupposé que refus du posé ou de nature "externe" et illocutoire et de
nature "interne" et propositiannelle. Il précise de plus que cette négation est
toujours une négation de phrase, ce qui signifie que ni les négations de cons-
tituant ni celles de prédicat ne relèvent de sa fonction.

Par ailleurs, on peut aussi inaginer que même dans la négation descriptive
il existe un locuteur, si fictif soit-il, auquel s'oppose la négation. Oes trois
négations reflètent également trois nodes tendanciels d'existence du locuteur:
dans (i) on a affaire à 'L', dans (ii) â 'L'/'λ' et dans (iii) â 'λ'· On assiste
à un passage du locuteur en tant qu'être physique, via sa double existence en
tant être physico-intellectuel au locuteur en tant que pure intelligence et
être conceptualisant (cf. Ducrot 1984:199-203).

Nous trouvons oes idées dans la description de mais que voici:

"Mais concerne donc toujours le dire sous-jacent au dit et il en révèle


la présence, même lorsqu'elle est camouflée sous la valeur informative"
Bruxelles et al. 1976:126).

2.3 Perspective : l'analyse de LBA et TDT

L'élaboration d'une base théorique solide et cohérente nous a paru un objectif


â atteindre. Nous soulignons que la GSS telle qu'elle se présente n'a pas été
greffée tel un corps étranger sur nos deux EIS â analyser. Tout au contraire,
elle nous a été inposée dans un processus dialectique évoluant entre une ana-
lyse naive se fiant â un nez fin analytique des auteurs et au bon sens linguis-
tique du locuteur natif, d'une part, et des concepts théoriques suggérant telle
ou telle approche de notre objet, d'autre part. Les analyses de LA BELLE AFFAIRE
et de TU M'EN DIRAS TANT auront â démontrer si la GSS fera ses preuves dans son
baptême du feu.
125

3. ANALYSE PRAGMA-SEMANTIQÖE DE LA BELLE AFFAIRE (LBA)


et TU M'EN DIRAS TANT (TOT)

3.1 LA BELLE AFFAIRE (LBA)

3.1.1 Niveau analytique IV de la GSS : occurrences performancialles


äs LBA

Cn remarquera que nous cotmnençans l'analyse au niveau le plus haut placé de la


GSS. Nous tenons un tel procédé pour légitime, voire mène évident, parce que
c'est à la réalité empirique et performancia lie de LBA que nous nous voyons
tout d'abord confrontés. Tout le reste de l'analyse consiste dans une 'des-
cente' dans la GSS, c'est-à-dire de l'observable vers ce qui n'est pas ac-
cessible â l'observation directe.

Les dialogues que nous allons regarder de plus prés seront comenté s
catite s'ils représentaient des ênonciations (cf. p. 80) au sens d'événements
historiques. Nous avons donc affaire à ce que nous appelons illocutoire spé-
cifié dont l'auteur est un être censé empirique, le sujet parlant (cf. p. 96 ).
Rappelons qu'à ce niveau nous situons un changement de perspective quant à
la définition de 1'illocutoire, d'un illocutoire calculé â un illocutoire
perçu. Il y a décryptage par l'auditeur de 1'illocutoire calculé par le sujet
parlant. Nous avons parlé d'une mise en correspondance entre une activité in-
tentionnelle et anticipatrice, et une activité interprétative qui se produit
au niveau IV (cf. p. 98 ). Nous sanies donc obligés de nous partager et de
nous glisser dans la peau du locuteur et de l'auditeur, ou, pour le dire en
ternes moins imagés, nous mettons à profit les facultés d'un auditeur non im-
pliqué (cf. Harras 1983:155).
126
3.1.1.1 Des illocutoires spécifiés dans ls detraine de la 'présupposition
de vérité1 (PPV) type 1convenir '

Pour faciliter la lecture^ des dialogues qui suivent, nous dirons dés mainte-
nant que dans tous les enplois de LBA le sujet parlant A a l'intention de
sécuriser Β en mal d'assurance.

(1a) Acceptation spontanée d'une demande: La baby-sitter

Β : Est-ce que tu peux garder mon mouflet pendant les vacances ?

A : τ belle
La k ,i affaire
fi · !, 83 et 84

Nous supposons que Β présente sa demande de façon instante et avec insistance.


LBA peut être paraphrasée par "le fait de garder ton gosse ne pose pour moi
absolument aucun problème".

(1b) Acceptation à retardement d'une demande insistante : Les 10.000 francs

Β : (après de longues prériphrases) : ... est-ce que vraiment ça


t'ennuierait pas de me donner les 10.000 francs ?
A : La belle affaire !

A remarque que Β tourne autour du pot et qu'il se décide finalement à deman-


der. Si A et Β sont des amis, LBA peut sous-entendre "'bon, vous n'avez pas
besoin de prendre autant de gants pour ms demander ça'", ou bien, "'bon, ben,
si vraiment vous me suppliez, si ça peut vous faire plaisir, je vais le faire'",
ou encore, "'vous voulez â tout prix que je le fasse, eh ben, allons-y,
oc
faisons-le, ça vaut pas la peine qu'on se chamaille pour ça'"

82 II faut noter que notre démarche est basée sur un consensus tacite entre
le lecteur de cette étude et nous en tant qu'analystes. Il s'agit du con-
sensus de présupposer une espèce de normalité opérant dans les mini-dia-
logues.

83 Dans ce chapitre, LBA figurera de façon absolue dans les dialogues. Cela
a ses raisons dans la progression méthodique de l'étude. LBA sera suivie
d'ajouts possibles quand nous nous concentrerons sur l'aspect de la con-
clusion (cf. chap. 2.3.1).

84 Pour faciliter la lecture, nous présenterons toujours d'abord le dialogue-


modèle et ensuite le commentaire.

85 Souvent dans les commentaires, nous citons les remarques originales des
personnes interviewées, au risque aussi de présenter des phrases enfreig-
nant la norme écrite.
127

(2) Encouragement: Le tailleur

Β : Je ne sais pas si je vais t'accompagner au théâtre, ce soir,


je n'ai rien à ma mettre.

A : Mais pourquoi? Dupont vient avec sa femme, tu auras l'air de


ne jamais sortir de chez toi.
Β : Justement, elle est toujours très élégante, et moi, j'ai le
même tailleur que l'année dernière, je vais te faire honte !
A : La belle affaire !

Β est la personne craintive et hésitante qui se dévalorise elle-même. Par LBA,


A prétend â rassurer B, en l'aidant à assumer le fait de porter la même robe.
A trouve que la robe est toujours portable. Il veut que Β se sente en confi-
ance pour pouvoir aller au théâtre. Le ccnportement de A revient à une pres-
sion, certes, mais à une pression par quelque chose de gentil, par un moyen
affectueux.

(3) Consolation: la pièce de monnaie perdue

Β : Maman, en allant tout â l'heure chercher le pain, j'ai perdu


la pièce que tu m'avais donnée ...
A : La belle affaire !

A se trouve en face du ccnportement attristé, intimidé de B. En paraphrasant


LBA, A pourrait dire "'tu as perdu dix francs, bon ben, tu n'as pas fait
attention, tant pis, la prochaine fois tu feras plus d'attention'". Nous sig-
nalons quand même un point faible de cette paraphrase. Tant pis met en évi-
dence la reconnaissance d'un préjudice et minimise celui-ci: Il n'y pas cette
nuance de consolation dans tant pis, bien que la crainte d'une punition éven-
tuelle soit écartée. D'autres paraphrases seraient: "ae n'est pas grave",
"ne t'en fais pas", cette dernière ayant un caractère beaucoup plus familier
que LBA. Senne toute, A adresse de façon douce et gentille une consolation
â B.

(4) Valorisation de capacités: Le saut d'obstacle

B : Alors vraiment, ça c'est la meilleure, toi sauter 1.60 m !


A : La belle affaire !

Ici, l'intention sécurisante ne s'adresse pas à l'interlocuteur, mais le lo-


cuteur se fait lui-même l'objet de cette intention. (Nous éclipsons par con-
séquent l'autre valeur illocutoire de LBA qui vise (indirectement) l'inter-
locuteur et qui doit être rangée dans le demaine de la PPV type 'affirmer'.)
128

A exprime qu'un saut de 1.60 m ne représente aucune difficulté pour lui et que
ce n'est qu'un jeu d'enfant pour lui: En inversant les rôles de A et B, on peut
aussi imaginer la situation que Β sous-estime, selon A, ses capacités. A dit
LBA pour mettre Β en confiance et pour lui dire qu'il le tient capable de
sauter 1.60 m.

3.1.1.2 Des illocutoires spécifiés dans le danaine de la PPV


type 'affirmer'

Dans œ chapitre, il sera question d'emplois de LBA faisant nettement ressortir


l'élément de l'indifférence moqueuse. Nous préférons partir d'une caractérisa-
tion générale et préalable de cet emploi. On arrivera après, á l'aide de diffé-
rents dialogues-modèles, â un nuancement qui tient compte des diverses carac-
térisations de la moquerie selon la valeur illocutoire de l'énoncé auquel LBA
s'oppose.

Le but de Β est, de façon générale, d'imposer des instructions normatives


à A. Ces instructions peuvent être prononcées sur un ton de réprimande, morali-
sateur, suffisant, hautain, méprisant mais aussi, de façon plus défensive, â
travers des paroles suppliantes, inplorantes, etc.

Il y a tout lieu de supposer que nous avons affaire â des enplois sui gene-
ris de LBA. Une preuve convaincante pour la position centrale de cet eitploi est
apportée par 1'observation suivante: le locuteur français attribue à LBA le
plias spantanénent le sens de "'se désintéresser de ce que l'autre dit'", "'être
indifférent au problème de l'autre'", donc des valeurs sémiques comprises dans
"se moquer de" et "se ficher de". On peut éventuellement parler d'une valeur
super- ou transcontextuelle de LBA qui est présente dans tous ses enplois, mais
â des degrés (très) différents selon les variantes de sens de l'expression. Dans
l'enploi de consolation du chapitre précédent par exertple, on aura déjà de
grandes difficultés pour repérer cet élément.

(5) Le fier â bras

Β : Pauvre con, fourre-toi ça bien dans la tête, si tu recommences,


ça va être ta fête !

A : La belle affaire !

Les instructions de caipartement que Β essaie d'irtposer â A sont de nature ab-


solument inpérative. Le non-respect de ces directives entraînera des sanctions
sévères pour A. A, en disant LBA, fait savoir â Β "'tes menaces, moi, j'en ai
129

rien â faire, quoi, tu ne fais pas peur'", ou, '"j'ai pas peur de ça, tu peux
raconter tout oe que tu veux, continue'". L'indifférence que A exprime â tra-
vers LBA se mesure proportionnellenent au caractère agressif et irenaçant des
instructions de B. Ici, cette indifférence se colore elle-même d'une certaine
nuance provocatrice, ce qui explique qu'une paraphrase came "'tu peux toujours
venir, je t'attends, je te crains pas"' est aussi justifiée.

(6) L'étudiante oisive

A : Ah, quel ennui, ces études de droit !


Β : Mais, tu sais bien, Martine, si tu ne peux pas présenter un
diplôme universitaire, par les temps qui courent, tu ne
trouveras jamais un bon emploi bien payé, plus tard, quand
tu devras gagner ta vie !
A : La belle affaire !

La contrainte exercée par Β sur A n'a, â la différence de celle du dialogue (5),


pas d'implications d'agressivité physique, mais d'ardre éducatif. A exprime
par LBA qu'elle ne se soucie pas du tout de ce que dit B. LBA peut être rendue
86
par exemple par "'si tu crois que je vais m'échiner â travailler...'", "'ce
que tu dis m'est égal puisque, moi, j'ai une autre solution'" etc...
(7) Le zizi

B : (dans la cellule d'une prison, par le vasistas de la porte, à A,


devant la cellule): Qui que tu sois, aide-moi, je t'en conjure !
Ces sauvages vont m'couper le zizi !
A : La belle affaire (pour c'que tu t'en sers ! T'as même pas été
capable de sauter la duchesse) !

("Faut pas en faire un dream" dans la série: Les cornards n. 37/1985,


Ed. Elvifrance, Paris, 56)

"Sans importance" ou, pour donner une paraphrase du même niveau de langage,
"t'en as rien â foutre" expriment plus ou moins exactement l'idée ccrrprise
dans LBA.

Au regard des dialogues (5), (6) et (7), on peut retenir qu'il vaut mieux par-
ler de plusieurs possibilités d'eirploi moqueur de LBA. Les différences ne sont
pas très grandes, il est vrai, mais nous trouvons utile de bien distinguer la
nature des énoncés contre lesquels LBA est dirigée. Ainsi, on obtient encore
plus de clarté sur le sêmantisrre de LBA. Les trois dialogues démontrent que ce

86 La détermination sémantique précise est seulement atteinte, quand il y a


un ajout désambigulsant après LBA.
130

n'est pas tout d'affirmer que LBA peut s'opposer à des propos moralisateurs.
Nous voyons que ces propos n'impliquent pas forcément une position de force
et d'autorité.

Nous proposons la généralisation suivante: Plus la personne qui énonce les


propos prescriptifs se trouve dans une position d'infériorité par rapport au
sujet parlant disant LBA, plus l'indifférence moqueuse contenue dans l'expres-
sion devient méchante et cruelle. Dans ce dernier cas, l'indifférence ratifie
l'inpuissanœ de par son inaction totale. A ne ferait rien pour éviter que
telle ou telle chose se produise. Dans (5), par contre, il y a derrière l'in-
différence la ferme volonté de mettre tout en oeuvre pour éviter que X se
produise. Les engagements contractés par les sujets parlants de (5), (6) et
(7) se distinguent donc également. Dans (5), il est absolument sérieux, A ne
pourra se soustraire à cet engagement sans perdre sa face positive (cf. p.65 ),
dans (6), il y a aussi engagement, mais il repose sur des bases juridiques
plus fragiles et moins contraignantes que dans (6); dans (7) enfin, il est
difficile de découvrir â première vue un caractère juridique, si œ n'est que
1'engagement de ne rien faire. Avec ces trois enplois de LBA, nous n'avons
certainement pas montré toutes les possibilités, mais nous croyons qu'ils
couvrent tout de même la garrme des enplois d'indifférence moqueuse. (5) et
(7) en seraient des cas plutôt limites se situant respectivement â une ex-
trémité de la gamie, (6) constituerait un enploi intermédiaire.

Nous voulons parler d'un enploi qui rentre aussi dans la catégorie de l'in-
différence moqueuse, mais qui s'en distingue pourtant par un aspect supplé-
mentaire, celui d'un engagement déjà contracté par A avant. Soit le dialogue
que voici:

(8a) Le concert de rock : (entre mire et fille)

A : Au fait, tu peux y aller â ton concert de rock !


Β : Mais, dis donc, hier tu ne voulais pas, tu avais peur
que j'y aille !
A : La belle affaire !

A, par son changement d'opinion, provoque l'étonnement de B. Celui-ci se fait


en quelque sorte le défenseur moral hypothétique de la position initiale que
A avait adoptée et dont A se dégage en disant LBA. Il exprime par lâ qu'il n'y
a pas de raison â ce que Β s'étonne tellement du changement d'opinion de A.
131

(8b) Le concert de rock

A : A propos, tu ne peux pas aller au concert de rock.

Β : Mais, c'est pas vrai, maman, hier encore, tu m'as permis


d'y aller !
A : La belle affaire !

Get exenple ne change rien aux données fondamentales déjà observées dans (8a).
Il y a aussi rétractation, mais, cette fois-ci, c'est Β gui doit en supporter
l'inconvénient, alors que dans (8a) il en était le bénéficiaire.

3.1.1.3 Des illocutoires spécifiés dans le dcmaine de la PPV


type 'prétendre'

A la différence des emplois passés en revue dans les deux chapitres précédents
où il y avait sécurisation de Β par A, nous verrons maintenant un sujet parlant
qui a l'intention de diminuer l'assurance de B. Selon A, Β en a trop.

(9) Dévalorisation de capacités: Les stagiaires

Β : (professeur de lycée à un colique): Oh, mes stagiaires, ça a


bien marché, ce stage, je suis vraiment content.
A : La belle affaire !

A remet â sa place la survalorisation que Β donne à son expérience. la déva-


lorisation exprimée par LBA ne va pas jusqu'au mépris absolu, c'est plutôt
une sorte de condescendance en ce sens que A accorde à Β le droit d'une ap-
préciation positive, mais qu'il réduit â sa juste mesure. Par conséquent,
LBA traduit une attitude qui se corpose d'éléments de bienveillance et de
léger mépris. Néanmoins, Β peut se sentir un peu blessé, et pour cause, il
est indéniable que A l'a descendu de son piédestal.

Il est bien clair que A peut se faire lui-même 1'objet de la dévalorisation au


matent où il a 1' impression que Β fait trop son éloge pour un acte qui ne
mérite pas cette attention. Dans œ cas, on peut parler d'une auto-dévalori-
sation accorpile par l'énonciation cte LBA.

(10) Reproche: La voiture décarmandée

Β : J'ai décommandé la voiture !


A : C'est idiot !
Β : Mais non, ils viennent de sortir une nouvelle gamme de couleurs,
et je trouve que la beige-ivoire est plus jolie que la jaune
paille !
A : La belle affaire !
132

LBA peut être paraphrasée par exerrple par "'Oh, ça n'était vrairtent pas la
peine de changer pour si peu'". A exprime que la couleur est quelque chose
d'accessoire par rapport au fait que la voiture ne sera pas livrée à tenps.
Il y a reproche, mais un reproche modéré qui est moins désagréable qu'un
autre exprimé en termes directs.

Cn peut objecter un point faible du dialogue (10). L'annulation de la caimande


d'une voiture est quand mette quelque chose d'important. Ce facteur crée un
contexte qui amènerait plutôt quelque chose de plus violent. Vu sous cet angle,
LBA reste légèrement en dessous de ce qu'on dirait probablement dans la réa-
lité.

(11) Indignation: Le profiteur

A : Tu as encore emprunté la voiture et tu n'as pas remis


d'essence !

Β : Tu sais bien que j'ai été pris dans un encombrement, que


j'attendais un coup de fil à sept heures et que je ne suis
rentré qu'à sept heures moins cinq !

A : La belle affaire !

A se trouve dans un état de fort mécontentement. Par LBA, il exprime "'vrai-


ment, j'ai plus besoin d'essence dans ma voiture que toi tu η'avais besoin
de recevoir un coup de téléphone1". D'autres paraphrases possibles: "oh ben,
vraiment, tu exagères", "tu as toujours une bonne excuse", "je m'en fiche de
ton coup de téléphone",etc.

Oe que nous avons déjà remarqué â propos de la force de reproche du dialogue


(10), est encore plus valable pour le dialogue (11). Il ne peut s'agir que
87
d'une forme d'indignation modérée.

87 Des observations de ce genre devraient avoir une valeur assez générale


dans la mesure où une fonction essentielle des EIS consiste dans leur
capacité de nuancer la contexture comportementale d'une société telle
qu'elle se reflète dans le système assez grossier des verbes performa-
tifs. Nous sommes parfaitement conscients de la faiblesse terminologique
des mots du type modère, atténué, renforcé etc.. Il va de soi qu'il faut,
sinon y renoncer au moins les compléter par un maximum d'autres préci-
sions sêmantico-pragmatiques.
133

(12a) Biploi directif: le baptême de l'air

Situation: Β doit prendre l'avion. Il est très nerveux parce qu'il n'est
pas sûr de supporter le stress qui l'attend. A, qui est présent, s'énerve
de plus en plus et est de moins en moins disposé à se laisser casser les
oreilles par B, et cela d'autant moins que celui-ci a déjà fait d'innom-
brables vols.
Finalement, A énonce:
Votre histoire de peur, la belle affaire !
pour faire comprendre à Β '"bon, écoutez, 9a suffit, j'en ai marre de
vos états d'âme, maintenant c'est terminé'".

(12b) Qrploi directif: La salle de bains

(B, l'épouse, occupe la salle de bains trop longtemps selon A, le mari,


qui en a besoin)
A (énervé) : Alors tu sors ?
B : mais non, mon mascara vert ne va pas avec ma robe rouge, il faut
que je trouve le bleu !
A : La belle affaire !

A se voit confronté â un carportement usurpatoire de B. A prétend agir sur B


de sorte que celui-ci abandonne ce conportement énervant pour qu'il puisse
entrer dans la salle de bains. Il exprime par LBA que ce n'est vraiment pas la
peine de garder la salle de bains aussi longterrps pour une chose si futile
qu'est un fard à paupières bleu et que, vraiment, il faut que sa ferme sorte.
De plus, A estime que son besoin de la salle de bains est plus iriportant que
le désir de sa feirme de changer de fard â paupières. Le caractère impératif
que nous assignons â LBA ne se manifeste que de façon adoucie. C'est encore
une fois cette nuance de modération qui explique 1'impropriété de LBA, dans
une situation où l'énervement et la colère jouent un rôle plus inportant que
dans le dialogue (12b).

(13a) Refus d'une demande associé à l'offre d'une compensation: La baby sitter

Β : Est-ce que tu peux garder mon mouflet pendant les vacances, après
tu peux passer quinze jours dans mon chalet en Savoie !
88
A : La belle affaire ! (j en ai moi-meme un)

88 II est difficile de présenter LBA sans ajout parce que, dans ce cas, tant
une interprétation de refus qu'une interprétation d'acceptation est pos-
sible.
134

LBA peut être paraphrasée par cela me fait une belle jambe. A ne reconnaît pas
la valeur caipensatriœ de la proposition en échange de ce que Β lui demande.
En repoussant la carpensatian, il repousse aussi la demande.

(13b) Refus d'une demande associée à l'offre d'une compensation:


le tournoi de bridge

Situation: Β demande à A de jouer avec un partenaire très faible dans


un tournoi de bridge. A n'est pas très chaud pour jouer parce que, lui,
il veut gagner. Β avance comme compensation:

Β : Oui, mais vous vous rendez compte, c'est un débutant, comme ça, ça
va le mettre en confiance, il va continuer à jouer !

A : La belle affaire !

Nous présentons ce dialogue seulement pour montrer qu'il n'y a pas forcément be-
soin d'exprimer la compensation en termes aussi nets et explicites que dans
(13a).

Cil a de nouveau la situation dans laquelle A se moque éperdument de la ccnpen-


sation offerte par B. Ce qui l'intéresse, c'est de gagner. Le fait que le débu-
tant reste ou non dans le club n'est pas une ccnpensation pour lui.

3.1.1.4 Facteurs performanciels - facteurs déterminant l'illocutoire


spécifié du niveau IV

the thèse fondamentale de notre étude repose sur l'idée que l'illocutoire spé-
cifié ne reçoit sa forms définitive que sous l'action de facteurs contextuels
bien spécifiques. C'est pourquoi nous l'avons placé tout en haut de la GSS.

Nous venons de voir un bon nombre d'eirplois de LBA qui, tous, sont porteurs
d'un illocutoire spécifié. Nous les avons alignés de manière à ce qu'il suivent
une ligne ascendante de FORCE ARGUMENTATIVE (FA) (cf. tableau p. 78). Leur
agencement présuppose une idéalisation extrême de la réalité sociale. Nous
avons choisi cette démarche pour des raisons de clair té méthodique. Nous vou-
lions éviter de confronter le lecteur à brûle-pourpoint â un pêne-mêle embrouil-
lant de valeurs illocutoires spécifiées. Les différents illocutoires spécifiés
de LBA se répartissent ainsi sur les niveaux II, III et IV de la GSS:
135

I αϊ
Α Λ n
τι
m m Ή o ι e
M CM ι Ο)
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Η M Η ι ω
EH Ο EH α.
I >1
•μ
o. a o
M O W . >
υ υ ζ ι Οι
υ ζ ο α<
< μ υ

t>l
136
Aux deux extrémités de l'axe épistémique de la croyance, nous trouvons des illo-
cutoires spécifiés dans lesquels se manifeste l'action d'un minimum (l'accep-
tation: dialogues (1a) et (1b) et d'un maximum (le refus: dialogues (13a) et
(13b)) de domination exercée par A sur B. Mais il faut bien faire la part des
choses. Ostte répartition repose sur un principe qui agit au niveau II de la
GSS; Il est bien naturel que ses effets se font toujours ressentir au niveau
IV, mais il ne peut pas être celui auquel cm attribue le rôle de spécificateur
de 1'illocutoire.

Nous savons que cette fonction incaribe d'abord sous une forme présélective
aux modes présuppositionnels du niveau III (cf. p. 92) dans lesquels s'exprime
l'action de normes sociales - les tcpoi - prises en charge par le locuteur. Au
niveau IV, par contre, il faut tenir ccnpte de facteurs encore plus personnels
que ceux inhérents aux topoi.

Dans cet ordre d'idées, il convient d'indiquer une faiblesse décisive de


la "taxinomie des actes illocutoires" de Searle (1982) qui néglige de dégager
clairement l'intervention échelonnée des douze "dimensions de variation signi-
ficatives" qu'il énumâre. Les quatre premières dimensions, i.e. différences de
but, de direction d'ajustement, d'état psychologique et d'intensité dans la
présentation du but illocutoire (cf. 40 à 44) doivent être placées â des ni-
veaux inférieurs â IV; soit au niveau III, soit au niveau II. Pour notre propos,
il est plus intéressant de regarder de plus prés les huit dimensions restantes
de Searle,car c'est à l'action de l'une ou de l'autre qu'est due la spécifica-
tion des valeurs illocutoires de LBA dans nos dialogues. A titre d'exemple nous
signalons les dimensions qui y jouent un rôle décisif (cf. 44 â 46):

(i) "Différence de statut ou de condition du locuteur et de l'auditeur en


tant qu'ils déterminent la force illocutoire de l'énonciation" :
- dans le dialogue (4) 'La pièce de monnaie perdue", c'est A en tant
que mère de Β qui est doté d'un pouvoir consolateur.
- dans le dialogue (8) 'Le zizi', c'est le statut social du gardien
de prison, d'un côté, et celui du prisonnier impuissant, de l'autre,
qui attribue á LBA son indifférence cruelle.

(ii) "Différence dans la manière dont l'énonciation se rattache aux intérêts


propres du locuteur et de l'auditeur":
- dans le dialogue (11) 'La voiture décommandée', A a certainement
grand intérêt â prendre livraison de sa nouvelle voiture le plus
tôt possible.
- dans le dialogue (13b) 'La salle de bains', il est évident que A a
besoin de la salle de bains pour être satisfait.
137

(iii) "Différence de contenu propositionnel déterminée par un marqueur de


force illocutoire" (Nous pensons surtout à l'aspect du temps, mis en
avant par Searle sous ce point):
- (la/b) 'Acceptation d'une demande', (2) 'Encouragement' et (3) 'Conso-
lation' se distinguent par la relation temporelle qui existe entre
le moment de l'énonciation de LBA et les événements ou les faits
qui sont à l'origine de cette énonciation. Dans (la/b), cette re-
lation s'établit dans le présent, dans (2), entre le présent et le
futur, et dans (3), entre le présent et le passé.

La septième "différence tenant au rapport avec le reste du discours" (44) ap-


pelle une autre remarque. On peut également discerner cet aspect dans les dif-
férents emplois de LBA au niveau IV. Il n'y a pas de doute que la qualité de
l'enchaînement discursif entre LBA et l'intervention précédente de l'interlocu-
teur, est différente dans (1a/b) et dans (13a/b). Dans le premier cas, l'asser-
tion accorpile par l'énonciation de LBA contient des éléments confirmatifs,
alors que dans le deuxième cas, les ingrédients infirmatifs ne laissent plus
aucune place à un élémsnt conf irmatif.

Cn se rappellera que nous avons caractérisé le sujet parlant opérant au- niveau
IV par sa liberté quasi totale vis-à-vis de toute norme (cf. p.100 ). Jouons
donc un peu le jeu pour clarifier nos propos. Ce qu'il faut, c'est faire dévier
un facteur social, affectif, etc. de la*normalité'.

Modifions, par exemple, les coordonnées affectives du dialogue (11) 'Le pro-
fiteur' . Supposons que A soit d'une indulgence extrême qui frôle la naïveté,
ou qu'il soit tellement amoureux de Β qu'il lui pardonne tout, et nous voyons
très vite 1'illocutoire de LBA se colorer d'une autre valeur plus conciliante.
Peut-être que A dans son aveuglement se voit mêrre poussé à consoler Β dans son
'malheur' d'avoir 'oublié' de prendre de l'essence.

Ou dans les dialogues (1a/b) remplaçons le donateur bienveillant qu'est A


par une personne qui voit enfin le mettent de vengeance arrivé. Il se délectera
à énoncer LBA d'une façon qui le rapproche de l'indifférence méchante et cruelle
de (7) 'Le zizi'.

des deux exemples suffisent pour démontrer que la répartition des illocu-
toire s spécifiés sur un niveau sémantique de la GSS n'a rien du caractère con-
traignant d'une loi naturelle mais peut être sujette à des modifications énormes.
Parmi les"douze dimansions de variation significatives" de Searle, on cher-
che en vain des remarques destinées au rôle des facteurs prosodiques et mimo-
gestuels dans la détermination des valeurs illocutoires. Cela semble inoui,
138

étant donné que leur extrême irrportance saute aux yeux. Prosodie et mimo-ges-
tualité, en tant que "marqueurs" perceptibles par les sens de la vue et de
l'ouïe (cf. 66), constituent une source pour l'interprétation de 1'illocutoire
spécifié dont l'inportance peut difficilement être négligée.

De façon générale, on remarque une intensification des éléments prosodiques


et mimo-gestuels 'agressifs' dans 1'énonciation de LBA quand on progresse des
dialogues (1a/b) en direction des dialogues (13a/b). D'une prononciation plutôt
lente, calme, tendre, rassurante et bienveillante ((1a/b) - (4)), on passe par
un ton bref, moqueur qui, selon la nature de la moquerie, est dédaigneux (5),
mutin et fripon (6), sardónique et amer (7), et on arrive à une intonation pê-
reirptoire et déterminée (9 - 13a/b) (cf. tableau p. 135). Ctelle-ci peut être
soulignée par deux accents d'insistance mis sur belle et la deuxième syllabe
de affaire (cf. p. 107). Dans les deux premiers cas, par contre, on se contente
en général d'un accent d'insistance dont affaire est porteur. L'accent d'insis-
tance portant sur la deuxième syllabe de affaire est plus marqué par une pro-
longation que par une montée de la mélodie (cf. p. 107). La croissance du carac-
tère agressif de l'intonation de (1a/b) â (13aAi) est acccnpagnée d'un renforce-
ment de la nature explosive de la bilabiale b de belle et du bruit de frotte-
ment de la fricative f dans affaire. L'accent secondaire porte dans tous les
cas sur la alors que la première syllabe de affaire est toujours atone.

Mimique et geste s'expriment en conséquence. Mais une précision est néces-


saire. Sans conteste, il y a toujours opposition dans LBA. Ecoutons cannent
Jakobson (1973) décrit le "'non' mimique":

"il devrait y avoir la tête, rejetée en arrière en signe de désaccord,


de divergence, de refus, tout simplement de position négative" (115) .
Et il poursuit: "L'êcartement du visage du côté opposé â l'interlocu-
teur (dans la première phase, il semble que ce soit habituellement vers
la gauche) personnifie, en quelque sorte, l'isolement, le refus, la
cessation du contact direct du visage au visage" (115 et 116).

Qifin, Jakobson nous apprend aussi ce que les mains font dans œ geste négatif:

"Les paumes ouvertes, avec les doigts tendus, levées en quelque sorte
en signe de résistance et de défense devant l'interlocuteur ... les
mains dans ce geste se déplacent, soit en avant et en arrière, comme
si elles voulaient 'parer' l'interlocuteur, soit d'un cSté à l'autre,
comme pour se protéger de lui, en faisant un geste de refus, de déné-
gation" (116).
139

Concernant le mouvement des mains pendant l'énonciation de LBA il est certain


qu'on ne trouve que le premier geste négatif décrit par Jakobson et non pas le
deuxième. Le premier renplit beaucoup mieux un rôle d'amortisseur, avec le
mouvement en avant et en arriére qui permet de graduer son opposition tandis
que le mouvement d'un côté à l'autre correspond plutôt â un refus net. Néan-
moins an observe un passage de mouvements ronds et caressants (1a/b) â des
mouvements proches du saccadé (13a/b) (cf. p. 105 ). Nous verrons plus loin
(cf. chap. 2.2.1.2.1) que le mouvement de la main acccnpagnant en général
l'énonciation de LBA trouve aussi vine explication dans le sémantisme de l'ex-
pression, à savoir dans la présence du 'si intensif'.

Sur la base de ces réflexions d'ordre général de Jakobson, on imagine fa-


cilement de quelle façon le mouvement de la tête, l'ouverture des yeux et le
haussement des sourcils, et, enfin, le mouvement des mains ou, encore plus,
d'une main, sont nuancés selon la valeur illocutoire de LBA. Cette 'mimique
audible' (cf. p. 108 ) gagne en force et en expressivité, c'est-â-dire en
violence de la contraction musculaire faciale, linguale et buccale, au fur et
à mesure qu'on approche des dialogues (13a/b) (cf. p. 106 ).

3.1.2 Niveau analytique II de la GSS

La descente accélérée du niveau IV au niveau II est voulue parce que nous


sonnes convaincus que les événements sémantico-pragmatiques décisifs de la
GSS ont lieu entre le niveau II et le niveau III. le déroulement de ces pro-
cessus s'explique et se saisit mieux de bas en haut, delà s'entend aussi en
raison de la direction du processus d'exploitation transgressif du niveau I
au niveau IV (cf. chap. 2.1.2.5). Nous partirons donc au niveau II, passerons
au niveau III pour rejoindre le niveau IV que nous venons de quitter.

3.1.2.1 La signification de LBA

L1importance du niveau II réside dans le rôle qu'il joue pour la fixation de


l'expression, de processus doit être vu en rapport étroit avec l'intervention
du facteur contextuel encore assez abstrait qui est à l'origine de la dite
fixation. C'est donc à ce niveau que nous situons 1'apparition de la signi-
fication 'attribuer trop d'inportanœ â un argument' et de la destination de
LBA à un usage argumentatif anti-orienté. La gradation de cette anti-orienta-
tion devient possible â cause du caractère graduel de la FORCE ARGUMENTATIVE.
140

la définition exacte et adéquate de la signification de LBA est une condi-


tion indispensable à l'objectif que nous nous scitmes fixé: présenter une sig-
nification qui satisfasse aux exigences d'une sémantique unificatrice (cf. p.
49). Gela veut dire en clair que la définition de la signification de LBA doit
être telle, qu'elle permette de 'prévoir' (cf. p. 48) la diversité des sens du
niveau III. îfous rappelais aussi que nous concevons cette signification cxxme
indépendante de tout contexte concret (cf. p. 48) et comte n'ayant pas de réa-
lité discursive. Il s'agit d'un construit abstrait et invariant. Notons enfin
que, dans les réflexions suivantes, nous attribuons au niveau II la qualité
d'une strate sémantique 'bouclée' (cf. p. 28). Ainsi nous sames en droit de
donner à cette strate la fonction d'un DIT par rapport auquel le niveau III
assiste le rôle d'un DIKE.

3.1.2.1.1 Le 'paradigme d'indications quantitatives liées à


un topos' (PIQT)

Tout le problème de la description de la signification de LBA, et certainement


de celle d'un bon noibce de EIS, se trouve dans la détermination exacte et ad-
équate de leur PIQT. Quelle est la nature des 'éventualités factuelles' inhé-
rentes au sémantisme de LBA?

Nous décrivons le PIQT de LBA c a m e suit:

L'exagération de l'importance que l'interlocuteur


donne à des arguments/causes expliquant son can-
portement.
le PIQT peut être quantifié entre un peu d'exagéra-
tion et beaucoup d'exagération:

4
beaucoup d'exagération

PIQT de LBA

un peu d'exagération
141

Nous plaçons donc l'élément quantitatif (cf. p. 85, note 60) dans la notion
d'exagération. Il s'ensuit qu'il faut imaginer le PIQT de LBA came le lieu
cte répartition d'une multitude de quantités d'exagération. Avant de pour-
suivre cette pensée nous démontrons le fonctionnement de notre définition sur
quelques-uns des dialogues étudiés dans le chapitre 2.1.1 .

(13a) La baby-sitter

Β adresse une demande â A en associant une carpensation â la demande. Selon A,


Β attribue une importance exagérée à la valeur caipensatriœ de son offre. En
disant LBA, A fait part à Β qu'il ne partage pas le point de vue de Β sur cette
valeur caipensatriœ, et par là, A rejette la demande de B.

(9a) Les stagiaires

A est le témoin d'une assertion (des gestes significatifs suffisent aussi) de


B, laquelle a les capacités, au sens le plus large, de Β pour sujet. Selon A,
le jugement que B porte sur les capacités de B ne correspond pas à la vision
de A des capacités de B. le jugement inadéquat de B est, selon A, le résultat
de l'exagération de la valeur de l'argument X (ici: Je suis vraiment content
de mon stage) par B. Pour ajuster la vue trop optimiste des capacités de B
par B au niveau que A tient pour adéquat, A dit LBA.

(10) La voiture décartnandée

B a manifesté un ccrrpor terrent qui ne trouve pas l'assentiment de A et dont A


tient B pour responsable. B avance un argument pour se justifier. Selon A, B
surestime la valeur justificatrice de son argument. Pour exprimer ce point de
vue A dit LBA.

(1b) Les 10.000 francs

B formule une demande â A. Selon A, B attache une importance exagérée aux sol-
licitations mises en oeuvre pour voir se réaliser la demande. A dit LBA pour
exprimer que l'attitude suppliante est disproportionnée par rapport â la di-
mension de la demande. Cela revient, en général, â une acceptation de la de-
mande.
142

3.1.2.1.2 Définition du 'tcpos1 du PIQT

Selon la formule caractéristique d'un topos, nous formulons ainsi celui


âe LBA ι
Plus le fait de donner de l'inportanœ á im
argument/une cause avancés/suggérés pour ex-
pliquer un ccnportement X est exagéré, plus
il est illégitime.

Selon cette formule l'antécédent du topos détermine les quantités d'exagération


d'inportance et le conséquent les degrés d'illégitimité de cette exagération.

L'analyse de LBA nous recommande de fixer la 'zone d'intensité' (cf. p. 52)


1
entre 'un peu d'illégitimité' et beaucoup d'illégitimité'. De toute façon,
il est nécessaire d'exclure des quantités extrêmas.

Appliqué aux dialogues du chapitre 2.1.1, le topos manifeste son caractère


graduel qui, corme nous le savons, s'exprime en ternes de significativité. Cela
veut dire que l'éventualité factuelle, i.e. l'exagération d'importance à l'ori-
gine de l'énonciation de LBA dans par exenple le dialogue (12) est plus signi-
ficative que celle du dialogue (6), et que celles des dialogues (12) et (6) sont
plus significatives que celle du dialogue (2). Notons que la sélection des trois
dialogues n'est pas complètement arbitraire. Cn remarque qu'ils se conforment
aux trois degrés de significativité dont nous dotons l'échelle de LBA:

beaucoup beaucoup
d'exagération d'illégitimité
d'importance
topos zone
exagération illégitimité
d'intensité
un peu un peu
d'exagération d'illégitimité

Appliqué au prédicat belle (iron.) nous obtenons le tcpos suivant:

très 'belle* beaucoup d'illégitimité


topos
•belle' illégitimité

assez 'belle' un peu d'illégitimité

Nous attribuons au prédicat belle la fonction d'un opérateur argumentatif qui


se caractérise par 'sa fonction limitative du potentiel argumentatif de la
phrase et par là des visées argumentatives, et aussi, des topoi applicables'
(cf. p. 57 ). Concrétisons au maximum ce que cela signifie pour LBA.
143

(i) En opposant l'énoncé sans prédicat quelle affaire ! â l'énoncé quelle


belle affaire ! qui en comporte un, nous constatons que nous limitons
le potentiel argumentatif du dernier. De façon principielle, un énoncé
contenant un prédicat ne permet pas autant de conclusions qu'un autre
qui en est dépourvu, parce qu'il opère de façon sélective sur les atti-
tudes que l'énonciateur de LBA peut prendre vis-à-vis du phénomène
'affaire1 et parce qu'il opère de façon pré-sélective sur les possibi-
lités pour le locuteur d'ajuster son attitude à tel ou tel interlocu-
teur.

(ii) Il est peut-être un peu difficile de dégager l'action sélective du pré-


dicat sur les topoi. Nous risquons pourtant deux hypothèses: primo, le
sémantiane plutôt agréablement connoté de belle exclut des références
à des faits trop 'graves' (mort, accident, maladies, graves, etc ...),
secundo, œ sémantisme est aussi â l'origine de 11 impossibilité d'ex-
primer des ccnparteirents extrêmes (forte agressivité, grande méchan-
ceté, et.) par LBA.

3.1.2.1.3 La fonction pragmatique de l'intensif si dont le prédicat


belle est porteur

Le dictionnaire bilingue de Grappin (G) présente entre autres la traduction


'ist das so wichtig !'. Nous mettons à profit cette traduction, car elle permet
de bien distinguer les éléments sémantiques ou prépositionnels ist das wichtig
et l'élément pragmatique si. L'unité prépositionnelle contient l'élément ré-
férentiel das qui rend l'article á valeur démonstrative ou déictiqœ la,et le
prédicat ist wichtig qui traduit l'épithéte belle. Nous attribuons une qualité
pragmatique à l'intensif si dans la mesure où il signale la présence de deux
énonciateurs qui se trouvent dans une relation oppositive. C'est l'un des deux
qui oppose à l'énoncé c'est important ou c'est belle (iron.) de l'autre le
sien propre ce n'est pas si belle /important (cf. Plantin 1985:42). Etant donné
que nous nous trouvons sur le niveau II de la GSS le degré d'intensité de l'in-
tensif si ne connaît pas encore de détermination précise. Son caractère général
se conforme â la fonction qui inccnte â la notion de certitude véhiculée par la
FORCE ARGUMENTATIVE. Toute précision du degré d'intensité sera l'affaire du
niveau sémantique supérieur.
144

3.1.3 Niveau analytique III de la GSS

Notre analyse au niveau III est dominée par deux aspects. Le premier net à pro-
fit le concept de l'orientation argumentative d'Ansccnribre et de Ducrot (cf.
p. 55 ). Le deuxième s'appuie essentiellement sur les notions de 'présuppositions
de vérité' de Berrendonner (cf. p. 87 - 92 ).

3.1.3.1 Exeirples d'orientations argumentatives Cr') de LBA

Il s'agit maintenant de concrétiser les directions argumentatives dans les-


quelles le locuteur envoie son allocataire à l'aide de l'énoncé La belle
affaire/. Oelui-ci opère carme un argument A, 'destiné á faire admettre une
conclusion C , en ce sens qu'il 'prétend à amener 11allocataire à se plier à
l'acte illocutoire exprimé en C1 (cf. p. 51 ). Nous avons affaire au passage de
'R' (= le PIQT) au(x) 'r' (cf. tableau p. 56). Rappelons que cela inpliqœ la
transformation d'une conclusion abstraite indéterminée à une conclusion dé-
terminée. Nous savons que 'R' c'est l'application d'un prédicat illocutoirement
non spécifié â une classe de conclusions, alors que 'r' 'inplique l'attribution
d'un certain degré dans l'ordre d'une qualité â une éventualité factuelle'
(cf. p. 55 ) · En termes concrets, l'orientation argumentative est le résultat de
l'attribution d'un certain degré d'illégitimité â une éventualité factuelle
d'exagération d'iiipartanae.

Dans la suite, nous donnerons quelques eirplois de LBA pour démontrer quels
peuvent être les 'r', i.e. les mouvements argumentatifs qui conduisent â une
conclusion. Il est d'ailleurs possible que plusieurs énonciations de LBA con-
duisent â la mime conclusion 'ce n'est pas grave' bien que les 'r' soient
chaque fois différents.

Le dialogue suivant montre à quel point un eitploi de LBA peut laisser le


'r' dans l'arbre:

(14) La petite amie anxieuse

Β : (peu sûre, anxieuse à son jeune ami): tu m'aimes toujours n'est-ce


pas ? oh,dis-moi que tu m'aimes, je t'en supplie !
A : La belle affaire !
145

A, en disant LBA, peut intentionnellement laisser planer le doute. Dans œ


cas, il utilise LBA parce qu'il ne veut pas dire formellement â Β qu'il ne
l'aime plus. A ne veut pas trop s'engager. C'est pourquoi il laisse l'ambiguïté
dans le sens "'Je te le dis pas, et puis on va attendre et voir cannent que ça
se passe'", sous-entendu vaguemsnt "'en fait, je ne t'aime plus, mais, je n'ose
pas le dire'". Finalement A laisse à Β le choix d'entendre ce que Β a envie
d'entendre, ce qui fait qu'il n'est pas non plus exclu que B, peut-être aveuglée
sur les motifs de son partenaire, interprète LBA ccmre un aveu d'amour "'c'est
évident que je t'aine'".

L'explication du 'r' dans l'énonciation de LBA rençlit, par conséquent,


souvent une fonction désambiguisante. Gela explique certainement, en grande
partie au moins, que LBA, malgré son caractère phrastique très net, est de pré-
férence acccrrpagnée dans son ênonciation d'un ajout. On rencontre träne des cas
oiî le locuteur (dans le texte suivant il s'agit d'un journaliste) se croit ob-
ligé de présenter instantanément toute une paraphrase éclairante:

(15) Platini

"Parions que le déchaînement médiatique qui a précédé et suivi 1 ' annonce


de la fin de la carrière sportive de Michel Platini a fait grincer quel-
ques dents. Après tout ce Platini n'est qu'un sportif. Pourquoi faire
du tapage parce qu'il a décidé de ne plus taper dans un ballon? LA BELLE
AFFAIRE. N'y a-t-il donc rien de plus grave, de plus urgent, de plus
important que d'ériger une statue à ce monsieur, qui, fortune faite,
s'en va cultiver son jardin?

(Le Monde 19-05-1987, page 14)

Nous ne croyons pas exagéré de parler d'un déclenchement automatique d'une


suite, une fois prononcée LBA, dans les cas tels: LBA ne t'en fais pas une
montagne, LBA te tracasse pas, LBA tu vas pas en faire une maladie etc. Il con-
vient cependant de relativiser cette thèse. Il semble que la nécessité de
mettre un ajout soit plus grande dans les enplois solidaires que dans les em-
plois peu solidaires de LBA. delà tient â notre avis, â la dcmination de l'élé-
ment sémantique d'indifférence dont le degré de canventionnalisation est assez
fort et dont l'affinité avec les comportements peu ou pas solidaires est évi-
dente.

89 II va de soi que pour cette interprétation nous faisons abstraction - cer-


tainement trop abstraction - de signaux prosodiques, mimiques et gestuels.
146

Regardons maintenant, tel que nous l'avons annoncé, différentes possibili-


tés d'exploitation du 'r ' dans nos dialogues-modèles :

(16) L'exercice de calcul

Β : (enfant au bord des larmes, á sa mëre): Maman, je n'arrive


pas à trouver la solution de mon exercice de calcul !

A : La belle affaire ! Voyons voir.


Il n'y a pas de doute que l'effet de consolation ressort mieux, au marient où


voyons voir s'ajoute à LBA. LBA prise toute seule reste plutôt vague. Quand la
mère dit LBA, on peut lui attribuer l'intention de vouloir faire ccnprendre à
son enfant que l'exercice de calcul ne présente aucun intérêt et que ce n'est
pas inportant s'il trouve la solution ou pas. Donc, pour atteindre l'effet
consolateur â l'aide de LBA, prise toute seule, il est nécessaire que tous
les éléments contextuels désanbuguisants (surtout voix, mimique, gestes)
soient clairs et nets.

(3) la pièce de monnaie perdue

A : La belle affaire ! quand on n'as pas de tête, il faut avoir


des jambes !

Cet exeriple est intéressant sous l'aspect que l'ajout amène une certaine al-
tération de l'effet de consolation associé primitivement à LBA dans œ dia-
logue. Os que nous voulons dire, ressort encore plus nettement, si l'on oppose
deux énoncés dont l'un contient LBA et l'autre non:

(i) A : Tu as perdu tes dix francs, eh ben, la belle affaire !


tu vas en être quitte pour retourner chercher un pain !

(ii) A : Tu as perdu tes dix francs, eh ben, tu vas en être quitte pour
retourner chercher un pain.

Dès lors que l'on supprime LBA, la mère ne signale que l'inconvénient que re-
présente la perte pour l'enfant, l'effet consolateur peut s'effacer carplète-
ment.

90 Pour éviter tout malentendu, nous faisons remarquer que LBA ne signifie
pas (!)Ί'exercice de calcul est facile'.
147

(8a) Le concert de rock

A : Bon, la belle affaire 1 on passe là-dessus, tu y vas,point final.

A : La belle affaire ! j'ai réfléchi depuis, effectivement, je suis


SUtte.
A : La belle affaire ! tu n'as qu'à y aller.

(9) Les stagiaires

(i) A : La belle affaire ! on est tous passés par là.


(ii) A : On est tous passés par là.

Là, encore une fois, nous avons apposé un énoncé avec et un énoncé sans LBA.
La différence entre (i) et (ii) consiste dans l'aspect de la minimisation con-
descendante explicite de l'argument (Je suis vraiment content, mon stage a très
bien marché) de Β par LBA.

(12b) La salle de bains

A : La belle affaire ! ça n'as pas d'importance !

Ici, l'ajout n'explicite rien,si ce n'est que la répétition redondante de la


signification de LBA. Pour que le 'r' soit précisé, il faut un ajout univoque:

A : La belle affaire ! Moi,j'ai besoin de la salle de bains !

Une dernière remarque conclura la présentation d'explicitations possibles de


'r' de LBA. Dans tous ces exenples, nous avons, un peu artificiellement, fait
abstraction des contextes de LBA. Nous l'avons fait à des fins de démonstration.
Ce procédé méthodique ne parte aucune atteinte â notre conviction que LBA, tout
en n'étant pas exenpte d'une certaine fluidité sémantique, peut assumer toute
seule, c'est-à-dire sans ajout explicitant 'r', toutes les fonctions nécessaires
â la formation d'un 'r', s'il y a suffisairment d'autres carposante s contextuel-
les qui toutes et de façon convergente, contribuent â la formation de l'illocu-
toire de LBA.
148

3.1.3.2 Vue des illocutoires spécifiés sous l'angle des trois types cte
'presuppositions de vérité' (PPV)

Nous avons assigné au niveau III une fonction méta-, c'est-à-dire une fonction
prêsuppositiannelle par rapport au niveau II (cf. p. 87). Jusqu'à présent nous
avons déterminé des 'r' eventuels de LBA. On se rappelle que, dans notre con-
cept, la naissance de tout mouvement argunentatif nécessite l'intervention d'un
locuteur (cf. p. 59) porteur de conditions présuppositionnelles spécifiques.
Dans notre modèle pragmatique élargi qui confère au niveau III le rôle de
'mondes possibles' semi-conventionnels (cf. tableau p. 135), ce sont les 'pré-
suppositions de vérité' (PPV) (chap. 2.1.5.5.3) qui peuvent être considérées
ccraiE étant à l'origine des divers mouvements argunentatif s. C'est elles qui
sont responsables de l'introduction de l'élément spécifiquement discursif.
Nous entendons par là que les PPV ou modes présuppositionnels inpliquent la
mise en ccmnun de deux 'univers de croyance', celui du locuteur et celui de
l'allocutaire. (Dette mise en ccmnun d'univers de croyance consiste plus
exactement dans l'ajustement interactif de valeurs vériconditionnelles et nor-
matives différentes (cf. p. 91). Transposé â LBA cela signifie que le locuteur
exprime â travers les trois PPV dans quelle mesure il juge 'vraie' la légiti-
mité de la raison qui est â la base du caiportenent exagéré et dramatisant de
l'allocutaire. A l'aide de la PPV du type 'convenir' il concède â l'allocutaire
que la légitimité est'un peu vraie'. Dans le cas de la PPV du type 'affirmer'
la question du vrai et du faux ne se pose pas pour le locuteur. Il ne s'engage
pas du tout et reste tout sinplement indifférent devant cette question dent il
laisse la réponse à une quelconque instance 'objective*. la PPV du type 'pré-
tendre' enfin montre un locuteur qui s'engage plus vis-à-vis de la vérité d'une
norme, i.e. du tepos valable pour LBA. Ce fait peut être paraphrasé ainsi: Je
suis tout à fait sûr que ton avis de te comporter légitimement est faux.

Maintenant nous pouvons tirer un bilan général. C'est au niveau III que les
illocutoires spécifiés du niveau IV reçoivent une base à structure ternaire. les
illocutoires d'indifférence plus ou moins moqueuse (dialogues (5) à (8b)), pro-
duits résultant de l'action de la PPV type 'affirmer' représentent une espèce
de valeur nettement détachée des illocutoires de solidarité (dialogues (1a) à
(4)) et des illocutoires de désolidarité (dialogues (9) à (13b)) issus de
l'action de la PPV type 'convenir' dans le premier cas,et de l'action de la PPV
type 'prétendre' dans le dernier cas. La quasi-disparition du locuteur dans la
PPV type 'affirmer' a pour conséquence la suspension d'un effet argunentatif
direct sur l'allocutaire. A l'intérieur des dialogues (5) â (8b), on peut in-
149

traduire un agençaient des illocutoires sur un axe vertical. Nous considérons


1 'illocutoire du dialogue (7)'Le zizi' c a m e une variante 'objective* de la PPV
type 'affirmer' de LBA en raison de son étalement institutionnel (régime d'une
prison). Le geôlier en tire largement profit et c'est ainsi que s'explique la
méchanceté de cet illocutoire.

L'illocutoire du dialogue (5) 'Le fier â bras', en revanche trouve sa place


à l'opposé de l'axe vertical, étant donné l'absence d'une garantie institution-
nelle de 1'illocutoire. Il s'agit là d'une variante 'subjective' de la PPV type
'elffirmer' de LBA dans la mesure où le locuteur en tant qu'individu accapare
tout le pouvoir sanctionnant d'une institution, ce qui confère à LBA sa note
d'agressivité. Dans les dialogues (6) et (8a/b), on a affaire à des variantes
de la PPV type 'affirmer'. Il n'y a ni l'élément institutionnel objectivement
existant (à moins qu'on n'attribue cette fonction au rôle de parent, ce que nous
ne faisons pas) carme dans le cas de la prison ni la tentative de s'attribuer de
tels pouvoirs carme dans l'emploi du dialogue (5), mais il y a un simple face
â face de deux opinions exprimées par deux personnes en tant qu'individus. A y
figure sans 'arme' institutionnelle ni attribuée ni accaparée. Malgré ces dif-
férences, il faut dire que dans tous les dialogues (5) à (8b) c'est l'efface-
ment de l'individu derrière 'la voix de l'univers' qui donne chaque fois à LBA
son cachet d'indifférence.

Le tableau suivant représente les mécanismes qui génèrent le sens de LBA


aux niveaux II et III.
150

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151

3.1.4 La fonction discursive oppositive de LBA

3.1.4.1 L'opposition au DIRE

Il est temps maintenant de préciser quelles sont les raisons qui nous ont pous-
sés à analyser LBA plutôt que l'expression X ou Y. Nous avions d'énormes diffi-
cultés â saisir la nature exacte de la fonetien d'opposition discursive. Pour
être plus précis, nous n'arrivions pas à déterminer avec exactitude contre quel
élément de l'énoncé de l'interlocuteur était dirigée LBA, contre le DIT ou/et
le DIRE?

Nous avions toujours tendance à lui attribuer le point d'impact de sa fonc-


tion oppositive dans le DIT de l'énoncé de l'interlocuteur. Pour donner un
exemple de nos tribulations, regardons le dialogue suivant:

(17) La fenme légère

Β : (se scandalisant d'une femme qui couche tous les deux jours avec
un autre homme): Non mais, regarde-moi cette putain là, elle n'a
même pas honte de venir à cette invitation I
A : L a belle affaire !

Des exemples de oe genre nous ont souvent déroutés, parce que nous paraphrasions
LBA par 'Ce n'est pas grave que la femme mène une telle vie i'. Nous avons donc
fait référer LBA sur la 'chose' dont il est question. Dans le chapitre lexico-
graphique nous verrons au sujet de cette étude qu'on trouve des définitions dans
les dictionnaires qui favorisent cette fausse compréhension de LBA. Dans le dia-
logue (17), ce n'est donc pas le fait que cette dame se conduise de telle façon
qui est jugé être sans importance, mais A dit LBA parce qu'il ne comprend pas
la raison pour laquelle Β s'inquiète; A trouve que Β ne devrait avoir aucun in-
térêt à s'en mêler.

Imaginons encore une autre situation expérimentale. Admettons que Β dise


Il est très important que les Français érigent un monument en l'honneur de
Platini. Est-ce que A qui est d'avis que cela n'a pas d'importance ou, mieux,
que cela n'est pas si important, peut dire LBA ? Certainement que non. Il ne
suffit pas que Β dise (au sens du DIT) seulement que cela est important mais
il faut qu'il le dise (au sens du DIRE), c'est-à-dire qu'il l'indique et l'ex-
hibe.

Il en est de mâte pour la paraphrase oe n'est pas si difficile. Imaginons


une personne qui peine sur un prablàne intellectuellement difficile. Si cette
152

personne s'adresse â une autre pour lui demander de l'aider et que celle-ci
trouve que ce problàne est facile à résoudre, elle ne dira pas LBA.

Nous retenais de tout cela que 1'ênonciation de LBA nécessite un comporte-


ment dramatisant extérieurement perceptible, c'est-à-dire des indices proso-
diques, mimiques, gestuels qui sont les signes visibles d'une attribution exa-
gérée d1 importance à une chose, un fait, un événement, etc.

3.1.4.2 L'opposition au 'r' dont le comportement dramatisant de


1'allocataire doit être porteur

Supposons que A se trouve en face d'une personne qui montre tous les signes
caractéristiques d'un comportement dramatisant, à savoir la voix élevée et
forte, le visage rougi, les yeux écarquillés, les sourcils haussés ... A ne
dira guère LBA,s1il n'arrive pas à déceler le pourquoi du comportement de B.
Dans notre terminologie, nous disons que le comportement de Β doit être pour-
vu d'une orientation argumentative, c'est-à-dire que A doit être en mesure
d'attribuer un 'r' à ce ccirportement.

Illustrons cela par deux exemples:

(i) Il s'agit d'une scène de travail. A, le chef de bureau est très pres-
sé et il est plongé dans un travail qu'il veut encore, â tout prix,
finir le soir même. C'est à ce moment que B, son collègue, de mau-
vaise humeur et énervé lui demande Quelle heure est-il ?. Il est dif-
ficile d'imaginer que A y réponde par LBA. Il enregistre bien l'êner-
vement de con collègue, mais il n'a aucune idée de ce qui l'amène à
se comporter ainsi. Changeons maintenant un peu la situation. Cette
fois-ci, A sait très bien pourquoi son collègue lui demande l'heure.
Selon son habitude, A ne permet pas â son collègue de quitter le bu-
reau avant qu'il n'ait fini son travail. A et B savent que le moment
de la fin du travail est déjà passé. C'est pourquoi A sait que la
question de B a pour seule fin de lui rappeler 'Arrête ton travail,
c'est l'heure de partir'. Et maintenant, effectivement, A pourrait
dire LBA pour exprimer par exemple l'idée 'je m'en fiche, j'ai autre
chose à faire'.

Cii) Supposons que B dise à A sur un ton menaçant et agressif 'Viens ici !'.
Difficile aussi d'imaginer A répliquant LBA ! La situation change
nettement quand B poursuit après 'Viens ici !1 par 'sinon ça va chauf-
fer !' Maintenant, il n'y a plus de doute sur le 'r', ce qui améliore
d'un seul coup les conditions d'ênonciation de LBA.

(i) et (ii) nous autorisent donc à conclure que moins un énoncé ou un ccmporte-
ment laisse d'équivoques sur la conclusion à tirer, plus il améliore l'appro-
priété de LBA.
153

Vu l'importance de cet aspect pour la benne compréhension de LBA, nous te-


nais à l'illustrer par d'autres exemples:

(i) Β ; N'étais-je pas super ?


Ά : La belle affaire !

L'interro-nêgative est suffisanment équipée d'orientation argumentative pour


qu'un 'r' se laisse facilement dégager, par exemple: 'je me vante de mon ex-
ploit et il faut que tu m'admires'.

(ii) Β : Quelle cravate mets-tu ?


A : La belle affaire !

Là, il faut déjà un peu plus d'imagination pour justifier l'emploi de LBA.
Nous proposons le 'r' 'j'attache beaucoup d'importance au choix d'une cravate
et je veux que tu en fasses autant'. Dans ce cas, LBA prend le sens de 'le
choix de ma cravate m'est indifférent' ou 'n'inporte'.

(iii) (12b) La salle de bains (légèrement modifié)


Β : ... mon mascara vert ne va pas avec ma robe rouge, as-tu
trouvé le bleu ?
A : La belle affaire !

A peut répondre LBA, mais à ce menant-là, l'expression change de sens par rap-
port au dialogue original. A met en question un préalable de la question ou
d'une question en général. LBA prend la valeur de 'ça n'a pas d'importance que
je l'ai trouvé ou non'.

(iv) (12b) La salle de bains (légèrement modifié)

Β : ... mon mascara vert ne va pas avec ma robe rouge, trouve-moi


le bleu, chéri !
A : La belle affaire !

On a déjà dit que LBA, carme réaction à une demande lancée à brûle-pourpoint,
est difficilement acceptable. Si l'on essaye de trouver une situation où LBA
serait possible après l'énoncé impératif, on peut imaginer que le mari, peut-
être en levant les bras à la fin d'une scène de ménage, capitule de façon
théâtrale parce qu'il en a assez de se chamailler. Un 'r' possible serait
'Je te supplie de comprendre que j'attribue une importance énorme au fait de
me trouver un mascara bleu'.
154

3.1.4.3 L'enchevêtrement du DIT et du DIRE

Le caractère spécifique de la fonction oppositive de LBA s'exprime parfaitement


dans le verbe contester. Nous le plaçons sêmantiquement â mi-chemin entre les
verbes réfuter et récuser dont il contient des éléments, sans atteindre le ca-
ractère absolu de l'un ou de l'autre. Réfuter exprime l'idée de repousser un
raisonnement en prouvant sa fausseté, sans que la personne qui est responsable
du raisonnement soit impliquée. Récuser, par contre, vise la personne dont on
ne reconnaît ni l'autorité ni la compétence.

En disant LBA, on fait les deux choses â la fois. A notre avis la difficul-
té de délimiter exactement ce qui est rejeté par LBA est accrue par cet en-
chevêtrement de la parole et de la personne, ou du DIT et du DIRE dans ce rejet.
Cette double nature oppositive de LBA se manifeste aussi dans la description
suivante que nous proposais pour caractériser la fonction discursive de 1'ex-
pression: A, en énonçant LBA, exprime un désaccord avec B. Le désaccord porte
sur un mouvement argumentatif et, de ce fait, sur la façon d'appliquer le topos
T. Selon A, Β opère un mouvement argumentatif plus ou moins faux pour arriver
à partir d'un argument A (par exemple Je ne trouve pas mon fard â paupières
bleu) à une conclusion C (par exemple 'c'est grave1). La fausseté du mouvement
argumentatif se manifeste par des indices prosodiques et mimo-gestuels. Elle
consiste dans une mise en relation inadéquate ou disproportionnée de l'argument
A et de la conclusion C. Cette disproportion peut être décrite carme une attri-
bution exagérée d'importance à l'argument A par B. Elle amène Β à se croire en
droit de se comporter ainsi qu'il le fait. Selon A, ce comportement repose sur
une attribution abusive d'un droit défini par le topos T, c'est-à-dire sur une
interprétation trop subjective par B.

Il est certain que la fonction oppositive de LBA peut être comparée au com-
portement énonciatif de la conjonction mais. Nous faisons un emprunt â l'analyse
de Bruxelles et al. (cf. p. 122) qui nous rend de bons services pour détailler
un peu plus ce que nous venons de dire. Selon elle, nous attribuons à l'utilisa-
teur de LBA l'intention de s'opposer:

(i) aux implications juridiques de l'énoncé, i.e. du comportement de l'inter-


locuteur, par exemple à l'intention de la fanne de convaincre son mari de
la nécessité d'avoir un fard à paupières bleu,
155

(ii) à la conclusion explicitée, i.e. au refus de la feume de sortir de la


salle de bains,

(iii) à la prétention d'agir légitimement, i.e. à la prétention de la feume de


pouvoir rester légitimement dans la salle de bains.

Mais la ressemblance entre la fonction d'un mais et de LBA n'est pas totale.
Nous ne voyons pas l'aspect du 'prolongement d'une première réaction d'étonne-
ment jusqu'à la mise en doute de la chose étonnante' dans LBA et nous n'y
trouvons pas non plus l'aspect d'un 'fatalisme factuel', deux aspects gui se
conditionnent d'ailleurs. Il faut aussi différencier l'aspect de 'la prétention
de A d'être vêridique1. Celui qui énonce LBA ne veut pas mettre en doute l'acte
de l'interlocuteur de dire vrai. Le mari devant la salle de bains ne met pas en
doute la croyance de sa ferirne d'avoir besoin d'un fard à paupières.

L'idée du 'vrai' ou du 'faux' se retrouve cependant dans LBA. On peut par-


ler d'une interprétation plus ou moins fausse d'un topos que le locuteur de
LBA impute à son interlocuteur. Mais la mise en doute de cette vérité reste im-
plicite, elle n'est pas l'objet explicite du discours.

3.1.4.4 Différence catégorielle de deux types de paraphrases

Le fonctionnement de l'opposition discursive de LBA met aussi en lumière l'exis-


tence d'une différence catégorielle entre le genre de paraphrases contenant le
prédicat important comte 'ae η 'est pas si important', et celui où apparaissent
des prédicats catme difficile ou grave. Le premier type de paraphrases nous ap-
prend, à. l'aide d'une formulation maladroite, certes, quelque chose sur une
utilisation de LBA à des fins argumentatives, c'est-à-dire qu'il y a un locu-
teur qui conteste à l'interlocuteur la prétention d'attribuer de l'importance
à un argument. Vu son caractère général nous tenons ce type de paraphrases pour
adéquat au sêmantisme de LBA au niveau II de la GSS. Les autres paraphrases
utilisées, par contre, sont d'une part sémantiquement plus spécifiques,mais
d'autre part, cette plus grande précision n'entraîne pas une détermination
plus exacte de leur orientation argumentative. La plus grande précision séman-
tique exclut leur emploi au niveau II de la GSS. Aux niveaux supérieurs III et
IV,c'est encore la précision sémantique, mais aussi le fait de la nature argu-
mentative 'vierge' des paraphrases plus précises qui favorisent un emploi infla-
tiannaire.
156

Par conséquent, il n'y a aucune nécessité à ne choisir que les prédicats


difficile et grave, canne le font beaucoup de dictionnaires. Rien ne nous em-
pêche d'y mettre (presque) n'importe lequel: sérieux, scandaleux, honteux, roué,
corrompu, brutal, urgent, embarrassant, laborieux, pénible etc. Nous concédo
cependant une certaine affinité argumentative de ces prédicats dans la mesure
où ils favorisent au moins un comportement dramatisant. Mais répétons-le,
'attribuer de l'importance' est une chose, 'être difficile' etc. en est une
autre. 91

3.1.4.5 Le fonctionnement spécial de la PPV type 'affirmer'

N'oublions pas de signaler que toutes les remarques précédentes sur le rôle
d'opposition discursive de LBA prennent tout leur sens dans le champ d'action
des PPV types 'convenir' et 'prétendre'. Dans celui de la PPV type 'affirmer',
l'opposition est toujours là mais elle est plus indirecte, plus indéterminée.
Qu'il y ait toujours opposition, s'explique par l'illocutoire générique asser-
ti f dont est pourvue LBA. Mais à cause de la PPV type 'affirmer' l'illocutoire
assertif ne reçoit plus de précision argumentative et intentionnelle au niveau
III. En revanche, l'éclipsé du locuteur déblaye le terrain au bénéfice de la
percée de la Vérité' pourvue de la valeur 1 (cf. p. 95). Dans le cas de LBA,
la cooccurrence d'un illocutoire générique assertif se prolongeant au niveau
III et d'une PPV type 'affirmer' se concrétise illocutoirement sous forme d'in-
92 >
différence. Il n'est que trop logique que la persistance d'une indétermi-

91 Boons (1987:212), dans une perspective psycho-linguistique, a bien dégagé


les propriétés sémantiques particulières de la notion d'importance: "on
peut résumer l'analyse en disant qu''importance' est le lexeme neutre, le
'passe-partout' de la quantification. Ce que les autres notions dérivées
d'adjectifs signifient grâce à la grammaire du français, 'importance' le
signifie en outre sémantiquement, de lui même. C'est cette position pri-
vilégiée qui comme on l'a vu, lui permet de se référer simultanément â
plusieurs échelles de mesures, et qui plus est, de natures différentes."

92 Pour éviter un éventuel malentendu. L'action de la PPV type 'affirmer' ne


mène pas automatiquement à un comportement d'indifférence. Nous verrons
dans les analyses de TDT non ironique et TDT ironique que sa concréti-
sation (ou non) illocutoire se détermine toujours en fonction de la spé-
cificité sémantique d'une EIS. Mais il n'en demeure pas moins vrai que
dans tous les cas la PPV type 'affirmer' implique la 'disparition' du
locuteur derrière une quelconque 'vérité objective'.
157

nation intentionnelle au niveau III exige, pour être compensée, une activité
interprétative accrue de la part de l'interlocuteur.

3.1.5 Niveau analytique I de la GSS

Le niveau I se distingue par l'indétermination co- et contextuelle des éléments


linguistiques constituant 1'expression LBA. Là il est permis de faire abstrac-
tion du fait que les éléments fassent partie d'un ensemble figé. C'est ainsi
que la,belle et affaire se présentent à notre oeil d'observateur carme des
unités lexicales du trésor de la langue française.

3.1.5.1 La mise en valeur pragmatique de corposants sémantiques des


unités lexicales de LBA (cf. p. 35 sq.)

Par la suite, nous nous proposons de démontrer que certains sànes ou corposants
sémantiques des unités lexicales de LBA fournissent une explication de sa qua-
lité d'EIS.

La capacité de l'article défini de circonscrire et d'identifier une entité,


est mise â profit au niveau II où nous situons le début de l'existence de LBA
93
en tant qu'expression. C'est en effet au niveau II que l'article la sert â
félire référence au ccrportement dramatisant de l'interlocuteur.
Pour expliquer de quelle façon sont exploités des séries de 'belle' pour
l'utilisation énonciative, nous sautes obligés de rappeler notre définition de
l'ironie (cf. p. 119 sq.). Etant donné la coexistence d'un illocutoire non
spécifié, et d'un illocutoire spécifié, il s'agit pour nous de dégager des sànes
qui sont utilisés soit dans un but, soit dans l'autre.
Au niveau II l'énonciateur peut puiser dans un stock de sàres dans le but de
leur mise en valeur illocutoire non spécifiée: 'esthétiquement beau', 'intel-
lectuellement - moralement beau', 'beau de réalisation - d'exécution', 'quan-
titativement beau' (cf. Petit Robert sous l'entrée beau).

93 Dans Mauger (1968:97 § 216), la valeur particulière de l'article défini


est décrite comme suit: "De là, comme exclamatif (exprimant 1'étonnement,
l'admiration, l'indignation, etc.). Avec adjectif: La jolie voiture ! -
Peuh ! la belle affaire ! Sans adjectif: Oh 1 le toupet ! (ici le démon-
stratif peut aussi être employé : ce toupet !)."
158

Pour l'emploi illocutoire à dominante argumentative (niveau III), le locu-


teur peut exploiter les sènes que les dictionnaires énumêrent généralement sous
beau 'antiphrastique1. Dans Lexis qui n'emploie pas ce terme mais qui vise la
mène chose, nous lisons:

"Iron. Considéré comme mauvais, hypocrite, non conforme à ce qui est


convenable (dans les expr.): Tout ceci ce sont de belles paroles
(syn. fallacieux, trompeur). Vous êtes beau parleur ... Nous sommes
dans de beaux draps ... La belle affaire I En voilà une belle demande !
(= stupide, ridicule). Le plus beau de l'histoire, c'est que je ne me
suis aperçu de rien (syn. extraordinaire)."

Nous avons dit que l'effet 'ironique' repose essentiellement sur la confronta-
tion de deux topol qui sont perçus ccnme normativement opposés. Pour le premier
groupe de sèmes, vin topos peut être par exemple formulé ainsi:

Plus quelque chose est esthétiquement, in-


tellectuellement etc. beau, plus il mérite
l'attention, l'admiration, l'acceptation etc.

Pour le deuxiàne groupe de sáres nous proposons:

Plus quelque chose est trompeur, hypocrite,


fallacieux, ridicule etc., plus il mérite
le mépris, le rejet.

C'est ce deuxiàne topos que le locuteur applique pour prédiquer le comporte-


ment non conforme de son interlocuteur, en nuançant l'acte de prédication se-
lon l'écart qu'il constate entre le caiportement concret et la norme du topos.
Ces nuances font forcément défaut dans l'application du premier topos parce
qu'il ne prend pas effet au-dessus du seuil discursif de la GSS.

Dans le sananti sire du mot affaire, an distingue une bipartition semblable


de sèmes qui peuvent être différeraient exploités pour l'argumentation sur la
base de topos normativement opposés. Le premier groupe réunit les sànes 'ce
que quelqu'un a à faire, ce qui l'occupe ou le concerne', 'ce qui intéresse
particulièrement quelqu'un, lui convient', 'oû quelque chose est en jeu'. Le
deuxiàne renferme les sèmes 'ce qui occupe de façon embarrassante', 'ensemble
de faits créant une situation compliquée, où diverses personnes, divers in-
térêts sont aux prises' (Petit Robert). Nous préposons carme topos du premier
groupe:

Plus quelque chose occupe, concerne, intéresse


une personne ou lui convient, plus cette per-
sonne est disposée à lui prêter attention.
159

Celui du deuxième peut se décrire ainsi:

Plus quelque chose est embarrassant, com-


pliqué ou revendiqué par des intérêts autres
que les siens propres, moins on est dis-
posé à lui prêter une attention particulière.

On se rend canpte de l'isotopie des topoi de belle et de affaire, ce qui


n'est pas surprenant parce que belle et affaire précliquent ensemble le com-
portement dramatisant de l'interlocuteur.

L'objectif de ce chapitre était avant tout de démontrer de quelle façon


des aspects sémantiques du niveau de la langue, contenus par les constituants
d'une EIS carme LBA, peuvent être mis en valeur pour une fonction illocutoire
et argumentative. C'est la raison pour laquelle nous nous croyons en droit de
nous inscrire en faux, du moins en ce qui concerne LBA, contre l'avis des
adeptes de la théorie d'indirection qui parlent du sens 1littéral' et du sens
ccmnunicatif en termes de rupture, d'effacement, etc. Il nous semble beaucoup
plus adéquat de mettre tout en oeuvre pour sonder les éléments dans le séman-
tisme 'littéral', qui sous une forme ou une autre, sent exploités au profit
de 1'illocutoire.

3.1.5.2 Aspects prosodiques universels

Selon qu'on met en avant le fait qu'une propriété prosodique représente un phé-
nomène universel ou surfacial et performanciel (cf. p. 110 ) cm le situera au
niveau I ou au niveau IV. Nous optons pour la première possibilité. Deux as-
pects surtout méritent d'être mentionnés. Nous voyons en eux une sorte de ga-
rantie d'une longévité assez certaine de LBA. Nous parlais de l'alternance
agréable des deux duos de voyelles / « / - / £ / - / a / - / £ / . Cette euphonie '
est renforcée par la répartition régulière des accents sur les /£ / et des ab-
sences d'accents sur les /a /. Ce qui renforce la qualité euphonique de l'ex-
pression, c'est l'absence totale de consonnes composées de bruits telle que
p, t, k, te, toh, s, ah etc. (cf. p. 106 ). la quantité textuelle nous semble
bien mesurée. Elle se situe au juste milieu d'expressions très courtes (type
bof!, et alors!, écrase!) et d1expressions longues (type faut pas en faire
tout un plat !).
160

Toutes ces propriétés nous semblent bien propices à satisfaire â la fonction


discursive assignée à LBA, à savoir exprimer une opposition d'opinion d'une
façon agréable et gentille. Il n'y a ni le danger d'une attaque brusque et
agressive favorisée par l'énoncé court, ni celui d'un déphasage énonciatif,
c'est-à-dire le risque de rater le notent opportun d'un énonciation. Cela est
tout à fait possible quand l'expression est trop longue.

3.1.6 Considérations synonymiques

Nous nous rendons bien compte de la précarité des réflexions suivantes qui
portent sur des expressions synonymes de LBA. Ceci, pour la simple raison que
tout synonyme mériterait la mare attention que celle prêtée à LBA ce qui, bien
qu'indispensable dans une synonymie distinctive méritant ce ncm, ne serait pas
une petite affaire.

Notre raisonnement prend pour base une grille d'expressions qui, selon les
emplois de LBA, peuvent servir de synonymes.

L'utilité de notre procédé ne peut guère résider dans 11éclaircissement très


ponctuel et restreint d'un emploi de LBA à travers un éventuel synonyme. Elle
se situe plutôt au niveau d'une vue d'ensemble de tous les synonymes. Ceux-ci,
dans leur totalité, représentent une sorte de mosaïque du potentiel sémantico-
pragmatique global de la formule. Et selon 1'emploi concret de LBA, ce sont
tantôt les uns et tantôt les autres qui réclament leur droit.
161

GRILLE DU POTENTIEL DE VALEURS PRAGMA-SEMÄNTIQUES DE LA BELLE AFFAIRE

PARAPHRASES/ASPECTS SEMANTIQUES EIS

A NE PREND PAS Β AU SERIEUX TU PARLES/A D 'AUTRES

CE N'EST PAS SI GRAVE, CELA NE ET ALORS/ET (PUIS) APRES


TIRE PAS TELLEMENT A CONSEQUENCE

INDIFFERENCE/MEPRIS PEUH/BOF/BAH

CE N'EST PAS SI IMPORTANT QUELLE IMPORTANCE

CE N'EST PAS SI IMPORTANT QU'EST-CE QUE ÇA PEUT ME FAIRE


POUR MOI QU'EST-CE QUE TU VEUX QUE ÇA ME FASSE

CE N'EST PAS SI DIFFICILE C'EST UN JEU D'ENFANT

CE N'EST PAS SI DRAMATIQUE Y A PAS DE QUOI EN FAIRE UN DRAME

CE N'EST PAS SI EMBARRASSANT Y A PAS DE PROBLEME/S'IL N'Y A QUE ÇA

CELA N'A PAS TANT DE VALEUR ÇA ME FAIT UNE BELLE JAMBE


POUR MOI, CELA N'EST PAS
UN SI GRAND AVANTAGE POUR MOI

JE N'AI PLUS LA MEME OPINION IL N'Y A QUE LES IMBECILES QUI NE


CHANGENT PAS D'AVIS

Maintenant nous confrontons chaque EIS â LBA. Le tableau suivant donne une vue
d'ensemble du résultat de ce travail. Les précisions nécessaires sont fournies
après, en fonction de chiffres mis en haut.
162

SYNONYMIE DISTINCTIVE

TU A D'AUTRES ET ALORS/ BAH/PEUH


PARLES ET APRES

(12b) La salle de bains _ 1) _2>


+ +

(11) Le profiteur +
7)
- - +

(10) La voiture décommandée + _ 10) + -

( 9) Les stagiaires + 14) 15)


+ + +

( 6) L'étudiante oisive + 21) 22)


+ +

(8a/b) Le concert de rock + +


- -

(3) La pièce de monnaie perdue 29) _ 30> _ 31> O 32)

(2) Le tailleur
- -
+ 37) _ 38>

(la/b) Les 10.000 frs + 43) + 44) - -

(13a) La baby-sitter
(acceptation/refus) +/+ -/+ 4 7 )
-A 48) -A 49)

+ = employé
- = pas employé
» = emploi peu probable
163

DE LBA

QUELLE QU'EST-CE C'EST UN Y A PAS DE Y A PAS DE ÇA ME FAIT IL N'Y A


IMPORTANCE QUE ÇA JEU QUOI EN PROBLEME UNE BELLE QUE LES IM-
PEUT ME D'ENFANT FAIRE UN JAMBE BECILES QUI
FAIRE DRAME NE CHANGENT
PAS D'AVIS

+ ' 3 )
_ 4)5) _ 6)
+ - - -

+
8)
+ - -
_ 9> - -

+ + -
_ U> _ 12) _ 13) -

o 16) + 17) _ 18) _ 19) 20)


+ -

_ 23> + 24)
-
. 25) -
+ 26)
-

27) 28)
+ - + + - +

_ 33> _ 34) + 35) + 36)


- - -

+ 39) _ 40) + 41) + 42)


- - -

_ 45> - + + 46) + - -

β 50) -/+ 51) _ 521 . 53>/_ +/- -/+ -


164

Catmentaire de la grille

La salle de bains:
94
1) * n'exprime pas suffisamment l'intérêt que A a à faire sortir B. * ex-
prime un désintérêt général. * veut dire que l'on ne croit pas, ce que
l'interlocuteur dit, alors qu'ici A veut dire que ce qu'avance Β n'est
pas un bon motif pour ne pas sortir de la salle de bains.
2) Bah exprime trop de mépris et d'indifférence. A poursuit un but, il n'a
pas intérêt à se montrer complètement indifférent.
3) Au sens de "'moi, ça m'est égal, tu trouves ce que tu veux, mais il faut
que tu sortes'". LBA est sémantiquement plus riche que * et est plus
aimable que *.
4) Si A dit *, cela veut dire qu'il laisse Β dans la salle de bains sans lui
demander de lui céder la place, donc * ne contient pas cette nuance impé-
rative ni appellative de LBA.
5) On pourrait mettre aussi en voilà une affaire! (iron.) qui revient à et
alors. A exprime ironiquement qu'il ne prend pas au sérieux ce que Β
avance.
6) Il n'y a pas l'aspect d'une offre, d'un avantage qu'on refuse parce qu'on
ne les considère pas comme satisfaisants.

Le profiteur:

7) Au sens de 'je m'en fiche pas mal'.


8) * rejoint un peu bah/peuh.
9) Cela peut être gênant pour A, donc * est exclu.

La voiture décommandée:

10) Il faudrait un mari mieux informé, il faudrait davantage d'arguments qui


compenseraient le manque d'évidence pour que l'emploi de * soit justifié.
11) Le mari justement en fait un drame.
12) cf. 11
13) Parce que cela va retarder la livraison de la voiture simplement à cause
de la couleur.

Les stagiaires:

14) Il y a une comparaison implicite entre ce qu'a fait Β et les expériences


de A '"on sait ce que c'est que d'avoir les stagiaires'".
15) Rejoint 14) dans l'expression d'un mépris.
16) Ce n'est pas tout à fait approprié. A porte un jugement de valeur au moyen
de *, mais cela porte sur quelque chose qui lui est extérieur. A ne se
sent pas concerné.

94 Les différentes expressions sont désignées par le symbole '*'.


165

17) C'était un jeu d'enfant est un peu mieux. Cette capacité de faire directe-
ment référence à l'objet référentiel lui-même, déroulé dans le passé, n'est
pas propre à la formule. Celle-ci ne peut renvoyer qu'à l'ici et maintenant
de l'acte d'énonciation lui-même. Ceci est même valable pour le cas de ré-
tractation dans la mesure où il y a rêactualisation du passé, et c'est vers
cette réactualisation d'un comportement passé qu'est dirigée la formule.
Autre expression qui convient bien: ce n'est pas sorcier.
18) 19) Il n'y a pas de vrai drame, et ce n'est pas embarrassant.
20) A n'est pas impliqué.

La fille méchante:

21) Au sens de 'je m'en fiche'.


22) Si la fille dit *. cela signifie qu'elle pense que ce que sa mère lui dit
n'est pas vrai. Mais la fille le reconnaît sans pour autant l'accepter.
23) Le fait de gagner sa vie est objectivement important.
24) Exprime nettement que la fille ne réfléchit pas à son avenir. Elle ne se
sent pas concernée au moment où elle parle.
25) Quant au degré du respect de l'objectivité de l'importance inhérent au ca-
ractère particulier d'une expression, * doit être situé entre qu'est-ce
que ça peut me faire et quelle importance.
26) * rejoint 24) en ce sens que * renvoie ici seulement à la réflexion de la
fille au moment actuel.

Le concert de rock:

27) A et Β sont impliqués.

28) La seule tournure entre toutes qui exprime la rétractation.

La pièce de monnaie perdue:

29) 30) Si A disait *, elle exprimerait qu'elle ne croit pas son enfant.
31) Parce que la mère ne veut tout de même pas encourager son fils à ne pas
faire attention â ce qu'il fait.
32) Pour exprimer une certaine désapprobation.
33) Cela a de l'importance.
34) Cela prouverait trop d'indifférence.
35) 36) Se rejoignent un peu. S'il n'y a que ça irait bien pour dédramatiser.

Le tailleur:

37) Dites sur un ton encourageant au sens de 'ce n'est pas si grave'.
38) Ne sont pas appropriées pour encourager.
39) On sollicite l'objectivité pour que ce soit encourageant.
40) N'est pas encourageante.
166

41) Mais plus frivole que 35). Il y a moins d'encouragement et plus une nuance
de jugement de l'opinion de sa femme.

42) Rejoint 41).

Les 10.000 francs:


43 Pour accepter et pour refuser. On dirait plutôt oh, tu penses, bien sûr ou
bien sûr, tu penses, pour refuser ironiquement.
44) Eventuellement pour refuser. Conteste surtout la vérité des paroles de B.
45) Le fait d'emprunter 10.000 francs est quand même important.
46) Pour porter un jugement de valeur sur le fait que Β ait employé beaucoup
de circonvolutions avant d'arriver au fait. Pour que l'acceptation soit
nette, il faudrait préciser oh ben, y a pas de quoi.

La baby-sitter:

47) Seulement pour refuser. Conteste aussi la vérité des paroles de B.


48) 49) Se rejoignent dans l'expression de l'absence d'intérêt de la proposi-
tion de B.
50) Ne convient pas tellement, parce que A est impliqué, cela est important
pour A.
51) Au sens de "'c'est un avantage, mais ça ne compense pas l'inconvénient de
garder le gosse'".
52) On pourrait dire c'est tout simple pour accepter.
53) On dirait plutôt ce n'est pas une affaire pour accepter.

Evaluation générale de la grille

Tu parles (TP)

TP peut souvent remplacer LBA. Dans les dialogues (1a/b) 'Les 10.000 frs',
1'expression dépasse LBA encore en flexibilité d'emploi. Celle-ci s'explique
par le fait que tu parles ne tient pas canpte d'un éventuel aspect de compen-
sation qui est un préalable au refus d'une demande, à l'aide de LBA. Dans le
chanp d'action de la PPV 'convenir1 (dialogues (2) et (3)), la substitution
de TP à LBA n'est pas possible. Cela tient à deux facteurs - il y en a cer-
tainement d'autres - : Apparemment TP ne peut pas atteindre ce degré de ca-
ractère positif dans une relation intersubjective. Son potentiel d'encourage-
ment et de consolation, c'est-à-dire sa capacité de donner de l'assurance,
semble plus limité que celui de LBA. Et puis surtout TP fait entrer en jeu
l'aspect de vérité. LBA n'est pas dirigée contre la vérité des paroles de
l'interlocuteur. La question de la vérité reste en marge. C'est ce facteur
qui ne permet pas à la mère d'employer TP pour consoler son enfant qui a
perdu la pièce de monnaie.
167

A d'autres (AD)

De façon générale, AD est beaucoup moins approprié pour se mettre à la place


de LBA que TP. Cela est certainement dû à l'intervention massive de l'aspect
de vérité inhérent à AD. De plus, AD accentue fortement la nature argumenta-
tive de l'entretien, un aspect qui n'a pas de fonction constitutive du sens
de LBA. L'aspect de la mise en question de la vérité se rattache à celui du
désintérêt général et très prononcé exprimable par AD. Il est certain que
LBA n'atteint pas ce degré de négativité intersubjective.

L'interchangeabilité de LBA et AD dans le dialogue (9) 'Les stagiaires' se


fonde sur un aspect sémantique cctmtun aux deux expressions et très déminant
dans cet emploi: l'expérience dont on dispose et qui nous garantit des ten-
tatives des autres de nous en faire accroire.

Et alors/et après (EA)

Le degré de synonymie de EA est sans doute le plus fort parmi toutes les ex-
pressions de la grille. Cependant il n'est pas total, ce qui par ailleurs ne
se trouve jamais. La substitution devient problématique dans la sphère de la
PPV 'convenir'. Cela tient à 1'accentuation de la facticité d'un fait par EA.
C'est cette propriété qui rend difficile à rassurer et â consoler. Pour qu'il
y ait encouragement (dialogues (2) 'Le tailleur'), un effort prosodique et
mimique considérable est nécessaire. Toujours est-il que l'aspect de la recon-
naissance de la facticité d'une donnée confère â EA une affinité entre elle,
l'indifférence et un certain fatalisme.

Bah / peuh (BP)

BP s'appliquent de façon idéale au tronçon de la PPV 'affirmer' à cause de leur


mise d'accent très nette sur le mépris, le désintérêt. Cette caractéristique
les rend impropres à un emploi sur le tronçon de la PPV 'convenir'. En ce qui
concerne leur capacité synonymique dans la sphère de la PPV 'prétendre' il est
certain que 1'intentionnalité de BP est plus vague et plus floue que celle de
LBA. Le mépris est tellement dominant qu'il dépasse mâne la quantité nécessaire
au tronçon de la PPV 'prétendre' car là, il arrive assez fréquemment que l'in-
térêt de A est en jeu, ce qui est difficilement compatible avec un mépris total.

Quelle importance (QI)

QI fait bien ressortir les différentes notions d'importance évoquées par l'une
et l'autre expression. QI inplique une notion d'importance plus vaste et plus
168

absolue que LBA. Cela a pour conséquence que celui qui décide de 11employer est
plus radical dans sa prétention â la dénégation d'importance et se voit aussi
beaucoup plus facilement en contradiction avec ce qui est considéré catite 'ob-
jectivaient1 important (la pièce de monnaie pour un enfant, dialogue (3), les
10.000 francs pour un prêteur, dialogues (1a/b)) que celui qui utilise LBA.
Ce dernier vise toujours une notion d'importance trop subjective, localisée
dans le DIRE justement, alors que QI vise une notion qui est installée dans
le DIT.

Qu'est-ce que ça peut me faire (QF)

QF se distingue de LBA par l'absence principielle d'intérêt de la part de A, ce


qui explique que le potentiel d'indifférence et de mépris est plus fort que
celui de LBA. la confrontation des deux expressions met aussi en évidence la
nature de LBA en tant qu'élérrent d'argumentation. L'usager de LBA fait preuve
de la faculté de reproduire une certaine argumentation, si inplicite soit-elle,
de l'interlocuteur pour la rejeter ensuite. C'est cet aspect qui peut ccmplête-
ment faire défaut dans QF où l'irréflexion peut complètement prendre le dessus.

C'est un jeu d'enfant (JEU)

Cette expression ne couvre qu'une petite aire sémantique de LBA, á savoir,


celle de la valorisation / dévalorisation. Le fait que ce soit la référence au
DIT qui donine est aussi à l'origine de la possibilité de mettre JEU au présent,
au passé ou au futur. LBA par contre est indissociable de l'ici et maintenant
du DIRE de l'interlocuteur, donc, une propriété fondamentale qui se révèle â
l'aide de la confrontation avec JEU.

On constate aussi une certaine interchangeabilité dans le cas de l'acceptation


d'une demande ((1a/b) et (13a)) selon qu'on met l'accent sur le caractère 'dif-
ficile' de la satisfaction de cette demande.

I a pas de quoi en faire un drame (FD)

Le critère distinctif essentiel de FD est son appartenance â une PFV du type


'affirmer' ce qui explique son caractère interrelationnel indirect. En termes
plus nets, il y a d'abord la simple constatation d'un 'drame', l'effet inter-
subjectif qui en découle ensuite est surtout une affaire d'interprétation de
FD par l'interlocuteur. La nature 'objective' d'une constatation exclue une
dramatisation de la part du locuteur qui dans le cas contraire contredirait
ses propres paroles. C'est cet aspect et la neutralité intersubjective, qui
n'en est qu'une conséquence, qui empêchent une substitution de LBA par FD
169

dans les cas oû il s'agit de faire pression sur l'interlocuteur (surtout (10),
(11), (12)) ce qui nécessite la présence d'une FORCE ARGUMENTATIVE suffisaiment
développée. Le manque d'une FA offensive de FD se laisse plias facilement carpen-
ser dans les emplois interrelationnellement positifs de LBA ((1a/b), (2), (3))
sans que pour autant cette compensation puisse atteindre la qualité d'encourage-
ment.

FD nous révèle aussi des différences d'appréciation de ce que c'est qu'un drame.
Nous avons l'impression que la notion de 'drame' inhérente à LBA est plus sé-
lective , plus modérée et atténuée que celle de FD.

Y a pas de problème

Le comportement synonymique de cette expression est comparable â celui de FD.

Ça me fait une belle jambe (BJ)

BJ, tout ccnme JEU, ne correspond qu'à une petite aire sémantique de LBA. Pour
qu'il y ait un emploi adéquat de BJ, il faut que des intérêts du locuteur
soient en jeu. Cet aspect fait de BJ le synonyme idéal dans le cas du refus
d'une demande associée à une compensation (dialogue 13a). L'éventualité d'une
substitution se présente dans le dcmaine des PPV 'affirmer' et 'prétendre'.

Il n'y a que les imbéciles qui ne ...

Il s'agit de l'aire sémantique la plus petite de LBA. Ce synonyme n'entre en


action que sur le tronçon de la PPV 'affirmer' dans le cas spécial de la ré-
tractation (dialogues 8a/b).

3.1.7 Les cotextes

3.1.7.1 Quelques types de pré-cotextes

Les exemples suivants contiennent chacun un pré-cotexte que nous qualifions de


typique parce qu'on les rencontre fréquemment â cet endroit.

1. LBA sans pré-cotexte

Je n'entends pas, du moins, essuyer les affronts que vous infligent les
gens de cour. Tu as vu les manières du cardinal dans les salons, et
comment notre tante lui dut céder le pas. Moi, j'enrageais.

il te fut aimable, cependant.


170

la belle affaire ! Il n'est pas porteur d'eau qui ne crie devant ma


voiture: 'mafi' le beau brin de fille!...
(Texte n e 20, Adam, 1902) *

2. Rapport d'affirmation + LBA

Fine intervenait encore maladroitement, rappelant à son mari qu'il


avait eu deux cents francs, plus un vêtement complet et une année
de loyer. Antoine lui criait de se taire, il continuait avec une
furie croissante:
deux cents francs ! La belle affaire ! C'est mon dG que je veux,
c'est dix mille francs...
(Texte n° 15, Zola, 1871)

3. Auto-interrogation +LBA

- Je suis entouré de haine, d'une haine qui depuis trente-cinq ans n'a
pas désarmé. Au nord j'ai la haine de Venise, au ponant la haine de
Sforce, au sud la haine d'Alphonse et d'Urbin, ici la haine du pape.
Je me suis emparé pour mon compte, par violence ou par finesse ?
La belle affaire, puisqu'on m'a tout repris.
(Texte n° 46, Montherlant, 1946)

Il faudrait préciser que cette auto-interrogation n'est pas tout à fait authen-
tique parce qu'elle contient aussi des éléments d'un rapport d'affirmation.

4. Auto-interrogation + réponse + LBA

Le Docteur Lamberdesc soupira, sa jeunesse foutait littéralement le camp


dans ce trou de Sérianne... Qu'est-ce qu'il avait comme amusement ? Se
promener un peu dans sa Peugeot ? La belle affaire !
(Texte n° 36, Aragon, 1936)

Cette illustration s'entend, bien entendu, sous réserve du discours indirect


libre. C'est légitime parce que ce moyen stylistique n'entrave pas la validité
principielle de notre observation. En fin de ccmpte, on n'a qu'à transformer
en discours direct pour s'en convaincre.

* Pour plus de détails, voir dans les annexes, p. 320


171

5. EIS + LBA

(22) Dans la taverne

Β : Mon Dieu Cécile ! Tu as vu l'heure ?


A : Vingt-trois heures..
Β : Tu te rends compte ! Il faut absolument rentrer.
A : Pourquoi es-tu si pressée tout à coup ?
Β : J'ai mes valises à faire...
A : Et alors ? La belle affaire !
Β : Ce n'est pas tout, j'ai promis à Madame Schulz de...

Et alors ? et et après ? sont certainement les EIS qu'an rencontre le plus fré-
quemment avant LBA. En principe, toutes les expressions synonymes (cf. tableau
p. 161) de LBA peuvent aussi figurer carme pré-cotextes. Le danger que cela
puisse faire double enploi ne nous semble pas très grand. Normans dcnc quel-
ques EIS qui, selon la variante de sens de LBA, vont plus ou moins bien en-
semble avec celles-ci: Ah ! /Oh ! / Ah, vraiment ! / Voyez-vous <¡a ! /
Voyez un peu ! / Tu parles ! / Tu penses (bien) ! / Pff ! / Bof ! / Après
tout ! / S'il n'y a que ça ! / C'est tout ! / etc.

6. Combinaison de pré-ootextes + LBA

(3) La pièce de monnaie perdue

Β : Maman, en allant tout à l'heure chercher le pain, j'ai perdu la


pièce que tu m'avais donnée...
A. : Tu as perdu tes dix francs ? et après ? La belle affaire !

Le tableau suivant présente encore une fois les différents types de pré-
ootextes de LBA :
172

TYPES DE PKE-COTEXTES DE LA BELLE AFFAIRE

LBA

RAPPORT
2. LBA
D'AFFIRMATION

AUTO-
LBA
INTERROGATION

AUTO-
REPONSE LBA
INTERROGATION

5. FORMULE LBA

COMBINAISON DE PRE-COTEXTES LBA


173
3.1.7.2 Quelques types de post-cotextes

Nous cherchons â savoir maintenant ce qui vient frêquenment après LBA.

1. LBA sans suite

... Je vous l'ai dit.


Non, vous ne me l'avez pas dit. Cette fois-ci, Mme Ligneul marquait le
coup. L'abbé se débattit, un peu confus.
- Je croyais vous l'avoir fait entendre: ils n'ont qu'un très petit bien.
- Cette maison oû ils habitent... la belle affaire !
- Quelques rentes ...
(Texte n° 38, Drieu La Rochelle, 1937)

2. LBA + EIS

(10) La voiture déccmriandée

Β : ...et je trouve que la beige ivoire est plus jolie que la jaune
paille ...
A : La belle affaire ! ça nous fait une belle jambe...

(23) La voisine vexée

Β : Tu sais, ta voisine a dit qu'elle ne te laisserait plus emmener


ses enfants à l'école à cause de ce qui est arrivé hier ...
A : La belle affaire ! Qu'est-ce que ça peut me faire ...

3. LBA + rapport d'affirmation

et vos amies ?
oh ! Elles m'ont assez souvent plaquée. C'est bien mon tour.
- mais du côté que vous me proposez, il n'y a pas de train après
neuf heures !
hé bien, la belle affaire ! neuf heures c'est parfait. Et puis...
(Texte n° 30, Proust, 1922)

4. LBA + suite explicative

Jos-Mari 'tête de mule' allait-il faire la bêtise de lâcher à présent


cette Mme Berger, qui leur assurait à tous la tranquillité ? Comment,
elle marchait mal ? Elle n'avait même pas pu faire la Schönbühl ? La
belle affaire ! Est-ce que Rudi n'avait pas tiré et décroché du Matter-
horn le paquet de Mistress Key, autrement pesant et dangereux ?
(Texte n° 40, Peyre, 1939)
174

3.1.7.3 Charnières syntaxiques après LBA

En général, LBA est énoncé catire élément phrastique qui garde toute seti auto-
nomie syntaxique. Il y a tout de mâne la possibilité de joindre LBA à la suite
de l'énoncé. Les éléments charnières qui effectuent ce travail se divisent en
deux groupes fondamentaux. L'un est de caractère subordonnant et l'autre de
caractère coordonnant.
95
Après l'examen des textes de l'INLF et des nôtres, nous avons dégagé les
possibilités suivantes:
1. LBA + QUE

La belle affaire ^u'un teint fleuri


(Texte n° 41, Sartre, 1943)

(24) Un beau parti

A : Oh, moi, je vais épouser Monsieur Dupont, il a de l'argent, je


vais être heureuse ...
Β : Mais, il a 65 ans !...
A : La belle affaire <ju'il soit vieux, s'il a de l'argent !

2. LBA + POUR

(1a/b) Les 10.000 francs

La belle affaire pour 10.000 francs !

(7) Le zizi

La belle affaire pour ce que tu t'en sers !

3. LBA + DE

La belle affaire (songe-t-elle) ¿'avoir su attiser le désir de ce


quinquagénaire timide !
(Texte n° 31, Mauriac, 1923)

95 II s'agit des textes de 1'INSTITUT NATIONAL DE LA LANGUE FRANÇAISE


que nous avons réunis dans les annexes de ce travail.
175

4. LBA + SI

La belle affaire j3i c'est loin...


(Texte n° 47, Aragon, 1956)

5. LBA + PUISQUE

La belle affaire puisqu'on m'a tout repris.


(Texte η" 46, Montherlant, 1946)

6. LBA + ET enphatique

(10) La voiture déccrrnandée

La belle affaire et nous n'avons pas de voiture pour les vacances, ça


nous fera une belle jambe.

Eléments contextuels révélateurs du sémantisme de LBA:

- Eh quoi ! Sitôt dit, sitôt fait ? Ton dégoût ! En vérité ! Ton dégoût !
La belle affaire ! Sache qu'il n'est qu'un dégoût, un seul...
(Texte n° 23, Milosz, 1910)

- Tu sais, Gilbert, je ne te gênerai pas.


- Me gêner, la belle affaire ! Non, ce n'est pas cela qui m'inquiète.
C'est ... ta santé ...
(Texte n° 34, Arland, 1929)

Sache que et non, ce n'est pas cela sont, dans un certain sens, révélateurs
d'un aspect du sémantisme de LBA. C'est cette affinité sémantique qui explique
la proximité syntaxique des éléments et de la formule caimunicative. Celui qui
dit LBA est sûr de son savoir, bien conforté et abrité par les expériences de
son contexte social. Ce sentiment du supériorité, élément indissociable de LBA,
se traduit encore une fois, et plus explicitement, dans sache que et non, ce
n'est pas cela.
176

Touraille était un homme réfléchi. La première inquiétude passée, il


avait pris des événements une conscience plus exacte et plus froide:
une amende non payée, un extrait de jugement ? La belle affaire ! Le
pis qui pouvait arriver, c'était que Raboliot se fit cueillir par les
gendarmes.
(Texte n° 33, Genevoix, 1925)

Suivre la colère ou suivre le désir, c'est toujours folie d'un moment.


Mais ils paient de leur vie ? La belle affaire. L'ivrogne paie aussi
bien de sa vie, et le fou de même.

(Texte n° 37, Alain, 1936, 1914)

Indiquons d'abord, que le non, ce n'est pas cela dont il était question aupa-
ravant peut être de nouveau pris en considération. Avec le pis qui ... a 'était
et aussi, il a en ccrnnun la mise en relief de l'aspect de la notion d'impor-
tance, élément constitutif de LBA. Le non, ae n'est pas cela nie cette impor-
tance, le pis qui ... a'êtait la relativise, et aussi fait de mâne. Le aussi,
en tant que particule généralisatrice, enlève â 1'importance ses ingrédients
individuels injustifiés et la replace dans son contexte plus objectif de l'ex-
périence générale. (Pour une vue d'ensemble des charnières, cf. tableau ci-
aprês):
CHARNIERES SYNTAXIQUES APRES LA BELLE AFFAIRE

LA BELLE AFFAIRE CHARNIERE ENONCE RATTACHE


SYNTAXIQUE A LBA PAR LA
CHARNIERE

QUE

POUR

DE

SI

PUISQUE

ET

SACHE QUE
(TU SAIS)

NON CE N'EST
PAS CELA...

LE PIS QUI/QUE

AUSSI
178

SUJETS DE CONVERSATION FAVORABLES A L'EMPLOI DE LBA


179

3.1.8 Les sujets de conversation favorables â un emploi de LBA

L'analyse de plus de 50 passages de textes (cf. annexe) contenant LBA a montré


que malgré certaines difficultés de délimitation précise, on peut dégager des
sujets de conversation favoris de LBA. Le tableau ci-devant tient aussi canpte
de l'aspect de fréquence des sujets qui décroît vers le bas.

3.1.9 Conditions d'emploi psycho-sociales

Un dialogue avec un Français à qui on demande de définir le sens de LBA pour-


rait très bien se passer ainsi:

- la belle affaire qu'est-ce que ça évoque pour toi ?


- eh ben, la belle affaire, c'est simple
- précise, précise ...
... effectivement quand on veut y réfléchir, je vois pas d'exemple
précis sur le moment.

On peut dire que c'est là la réaction classique de quelqu'un qui se trouve con-
fronté à la définition ou description d'une EIS. Elle confirme une lapalissade:
ce qui est le plus banal, est le plus difficile â définir.

En principe, tout le monde connaît l'EIS et a aussi, au moins â priori, l'im-


pression d'en avoir saisi le sens. La difficulté qu'éprouve un locuteur natif
à préciser le sens de LBA peut encore trouver une autre raison que celles de la
banalité et de la dépendance sémantique totale du co- et du contexte. Il s'agit
de la fréquence de la formule. Le terme de fréquence ne peut pas prendre de
contours dans un espace social abstrait. Il ne peut être précisé qu'en fonc-
tion d'autres paramètres tels que le milieu social, l'âge, les rapports so-
ciaux, etc. C'est pourquoi une affirmation comte LBA n'est pas usitée aouramment
est sans valeur.

Essayons, par conséquent, une approche par l'intermédiaire de différents cri-


tères.

Une optique purement diachronique révêle que LBA eut une conjoncture favorable
96
dans des textes littéraires entre les années 1905 et 1944.

96 Indiquons pour information que le documentaire de l'INLF a été constitué


sur la base d'un échantillon de 2500 ouvrages consultés.
180

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181

Nous voyons que les années suivant la 2àne Guerre Mondiale connaissent une fré-
quence au-dessus de la moyenne. La question essentielle est de savoir dans
quelle mesure ces résultats reflètent l'emploi de la formule dans la langue par-
lée. Nous risquons l'hypothèse selon laquelle on peut supposer une corrélation
entre les deux domaines. Il semble que la formule subit un déclin pour le moins
97
dans le français parlé quotidien, depuis la fin des années soixante.

Cette thèse se voit confirmée par une observation très nette. Il est évident que
cette formule est difficilement imaginable dans la bouche d'un enfant, ce qui
provient de son sémantisme lui-mène. Mais de plus, on s'aperçoit que des jeunes
et des adolescents ne 1 'emploient pas. Ils ont mêtne des difficultés pour l'ex-
pliquer correctement. Nous osons une hypothèse: Le terme affaire de la formule
a peu de chances de ne pas succomber â l'influence du mot affaire au sens de
'business'. L'omniprésence des affaires jusque dans les derniers retranchements
de la vie de tout un chacun ne souffre pas de voir dans affaire quelque chose
qui soit sans importance. Un fait qui ne peut pas être propice â l'existence de
la formule.

Malgré ces conditions défavorables, le Français au-delà de 35 ou 40 ans est en-


core assez familiarisé avec LBA. De quelle façon juge-t-il l'emploi actuel de
l'expression? Il apprécie sa sonorité agréable et la situe dans la langue par-
lée. Il la voit mal dans un milieu prolétaire, plutôt dans des milieux où l'on
se bat de façon 'courtoise' et où des comportements trop agressifs sont mal vus.
Cela fait qu'il la taxe de "un peu recherchée", "un petit peu soutenue", "un
petit peu littéraire et ancienne", "un peu affectée". Les pré-cotextes en vérité
et voyez un peu (cf. Textes n° 1, 4 et 25 dans les annexes) sont qualifiés de
bien assortis à la formule quant au niveau de langue, bien que en vérité se
place encore un peu au-dessus.

On met la formule plutôt dans la bouche d'une personne en position de supério-


rité. Cette supériorité a des implications sociales et intellectuelles, mais
aussi, et peut-être en premier lieu, celles qui sont basées sur des expériences.

97 Ceci ne semble pas valable dans la même mesure pour le français écrit et
plus particulièrement pour le français journalistique. Nous référons aux
textes n e 52 - n° 57 dans l'annexe qui sont tous tirés DU MONDE.
182
La supériorité intellectuelle doit être vue en rapport avec la qualité argumen-
tative de LBA. Celili qui l'emploie ne met pas son interlocuteur sur le mâne
pied d'égalité, argumentativement parlant. Il lui attribue un manque de dis-
cernement.

Dans la partie de la PPV 'convenir' ce sentiment de supériorité se transforme


en attitude protectrice.

Il n'est d'ailleurs pas exclu qu'un inférieur se serve de l'expression face â


une personne en position supérieure. Mais dans ce cas, la formule aurait sur-
tout une fonction défensive d'amortisseur pour éviter une escalade conflictu-
elle.

L'état d'âme de l'utilisateur de LBA peut être caractérisé ccmme étant un mé-
lange d'insouciance et de sérieux, l'un ou l'autre plus ou moins daninant selon
les variantes de sens. L'esprit d'insouciance est la conséquence du fait que le
locuteur refuse de trop entrer dans des réflexions et des considérations appro-
fondies sur le problême de son interlocuteur. L'élément de sérieux résulte de
la conviction du locuteur d'être appuyé par un consensus plus ou moins général
sur le problème en question. De ce fait, il n'estime pas nécessaire de s'étendre
sur le problàne. Cette imbrication de motifs individuels et sociaux réapparaît
dans le terme de spontanéité conventionnalisêe qui caractérise, â notre avis, le
mieux le comportement de l'utilisateur de LBA. Cette 'spontanéité à caractère
conventionnel' est, à n'en pas douter, typique de l'emploi des EIS en général.
Spontanéité, vue sous cet angle, équivaudrait à la mise en action, dans un mini-
mum de temps, de ce qui est mémorisé dans l'ordinateur linguistico-cxxnportemen-
> 98
tal du membre d'une collectivité linguistique.

Pour clore ce chapitre, encore une observation qui n'est pas exempte d'une cer-
taine bizarrerie. Dans deux dialogues de cette étude, on rencontre LBA dans un
qq
entourage popula;re ou argotique. Dans les deux cas, l'emploi de la formule
ne choque pas. L'opinion qu'elle est mène d'actualité dans un tel contexte est
peut-être un peu extrâne. Elle peut être motivée par un enploi spécial d'un 100
langage peu ou prou argotique dans un milieu universitaire et intellectuel.

98 Nous ne cachons pas cette vue, éventuellement par trop mécaniste, aux yeux
d'un spontaneiste. De toute façon, nous voyons en elle le moyen le plus ef-
ficace en vue d'une mise en valeur didactique.

99 cf. dialogues (5) 'le zizi' et (7) 'le fier â bras".

100 On paurrait penser â l'"argot familier" de Cohen (1970).


183

Une autre explication, complétant la première, avance l'existence d'une attitude


qui jouit d'une admiration particulière, du moins dans certains milieux. Il
s'agit d'être 'cool', et LBA a l'air de traduire bien cette attitude dans un
contexte où on veut rester impassible devant la parole agressive ou, plus gé-
néral, trop émotionnelle.

3.1.10 La souplesse éncnciative de LBA

Jusqu'à présent, il a été question d'un emploi 'face-à-face' de LBA. Cela était
dû uniquement à des raisons méthodiques mais sans vouloir absolument créer l'im-
pression que c'était le seul emploi de LBA. Cn est mêfrie tenté de dire qu'il y a
prédaninanœ d'un autre emploi. Dans beaucoup de passages de textes analysés,
LBA est utilisé en soliloque, la personne se dit LBA à elle-mâne sous fanne ré-
fléchie. Elle gante en quelque sorte tous les arguments qui la gênent.

(21) La feirtne ridiculisée

A revient très affectée, parce qu'elle s'est mise dans une situation ri-
dicule, elle arrive à la maison et se dit: pff, après tout, la belle
affaire !

Sans vouloir trop nous avancer dans des spéculations hasardeuses, nous pouvons
parler d'une certaine affinité entre l'expression et la réflexion silencieuse
de l'individu. Peut-être est-il possible que l'individu veuille se remettre en
conformité avec le substratum normatif de son contexte social?

La constellation intérieure de A dans cet emploi est toujours la mâne. A reprend


ou anticipe des paroles, une opinion d'une tierce personne, ou il avance sa
propre opinion canne contre-argument. A, en disant LBA, s'oppose, par la pensée,
à lui-mâne. On peut parler d'une sorte de dédoublement de la personne de A:

"Ecrire, ce serait un long travail ingrat, je le savais, j'aurais toutes


les patiences. Mais la lecture, c'était une fête: je voulais toutes les
gloires tout de suite. Et quel avenir m'offrait-on? Soldat? La belle
affaire ! Isolé, le poilu ne comptait pas plus qu'un enfant ..."
(Texte n° 47, Sarte, 1964)

"Je suis entouré de haine, d'une haine qui depuis trente-cinq ans n'a pas
désarmé. Au nord j'ai la haine de Venise, au ponant la haine de Sforce,
au sud la haine d'Alphonse et d 1 Urbin, ici la haine du pape. Je me suis
emparé pour mon compte, par violence ou par finesse? La belle affaire,
puisqu'on m'a tout repris. J'ai eu six villes, je n'ai plus que
Rimini ..."

(Texte n° 46, Montherlant, 1946


184

Cette affinité entre l'expression et la méditation fait de celle-là un excel-


lent moyen du discours indirect libre:

"Le Docteur Lamberdesc soupira. Sa jeunesse foutait littéralement le camp


dans ce trou de Sérianne. A quoi lui servait ici son physique de casseur
de coeur? ... Qu'est-ce qu'il avait comme amusements? Se promener un peu
dans sa Peugeot, la belle affaire !"
(Texte n° 36, Aragon 136)

Le personnage présent, sous forme de discours indirect libre, peut lui-mâne


être le rapporteur, par la pensée, d'une tierce personne qui a employé l'ex-
pression. Celle-ci est alors dépourvue de son caractère cannunicatif et revêt
une qualité narrative:

Peut-être
Mais qu'importe ? La trahison pour elle n'était pas tant dans l'acte, que
dans la volonté. Elle_eût pardonné plus aisément à celui qu'elle aimait
d'avoir une maîtresse, que d'avoir en secret donné son coeur à un autre.
Et elle avait raison.
- La belle affaire ! diront certains ... - (les pauvres êtres qui ne
souffrent d'une trahison d'amour, que si elle est consommée ! ... quand
le coeur rest fidèle, les vilenies du corps sont peu de choses. Quand le
coeur a trahi, le reste n'est plus rien) ...
(Texte n° 22, Rolland, 1910)

C'est cet outil du rapport d'affirmation qui est à l'origine de l'emploi très
flexible dans des situations d'ênonciations. C'est ainsi que LBA est délivrée
des contraintes spatio-temporelles du hic et nunc de 1'ênonciation en tant
qu'événement historique unique. A reprend ce que Β vient d'affirmer ou ce qu'il
lui impute de vouloir affirmer. Il y a ainsi implication d'une tierce personne
dont A ou Β lui-même se fait le défenseur ou l'accusateur. Et c'est contre ces
rôles qu'est dirigé LBA:

Sa mère 11 interrompit, reprise de fureur.


- Poussé contre un meuble, ah 1 la malheureuse, poussé contre un meuble !
- Mais, maman, il me tenait ...
- Apres ?... Il vous tenait la belle affaire ! Mettez donc ces cruches-là
en pension ! Qu'est-ce qu'on vous apprend, dites ?
(Texte n° 17, Zola, 1882)
185

(21) La voisine vexée

Β : Tu sais, ta voisine a dit qu'elle ne te laisserait plus emmener


ses enfants à l'école à cause de ce qui est arrivé hier !
A : La belle affaire ! Qu'est que ça peut me faire? Tu sais d'abord ce
n'était pas de ma faute, et puis ça m'évitera bien des soucis à
1'avenir.

Et enfin, il y a aussi l'emploi à la cantonnade. A se trouve en face de Β, mais


au lieu de s'adresser directement à Β qui est le destinataire réel de la for-
mule, A fait carme s'il prenait à témoin une personne fictive ou un auditoire.
Cette dernière variation se prête particulièrement bien à la scéne de théâtre:

"encore un imprudent délire t'égarait, t'éloignait des routes du devoir


si d'un pareil aveu tu t'osais prévaloir, je te mépriserais sans retour;
mais je pense qu'après cinq ans entiers d'erreurs et d'imprudence, le
fils infortuné d'un ami généreux, puisqu'il s'adresse â moi, veut être
vertueux: et pour me mettre en droit d'adoucir ta misère... (ici Belton
frémit.) ta misère... oui. Voyez un peu la belle affaire... regardez
comme il est confus, humilié, pour ce mot de misère !... δ ciel ! Quelle
pitié ! De ton père envers moi l'amitié peu commune dernièrement encore
a sauvé ma fortune. Je perdis deux vaisseaux, presqu'au port, sous mes
yeux ..."

(Texte n° 1, Chamfort, 1764)

Le censeur

Elle n'est pas sourde, et le ton libre de plusieurs de vos chansons peut
augmenter la corruption dont vous faites la satire.
Collé.
Quoi ! Comme l'a dit le bon La Fontaine, les mères, les maris, me prend-
ront aux cheveux pour dix ou douze contes bleus ! Voyez un peu la belle
affaire ! Ce que je n'ai pas fait mon livre irait le faire !...
(Texte n° 4, Béranger, 1829)
186

3.1.11 Bnplois 'littéraux' de LBA dans les documents historiques: carmentaires


101
TEXTE N° 6 (Balzac, 1843)

La belle affaire, c'est vraiment la bonne occasion. Les mots sont juxta-
posés et gardent leur valeur originelle. On retrouve le mot affaire au
sens de '"marché ou transaction commerciale'" (Lexis). Lexis donne comme
exemple II a fait de belles (bonnes) affaires (cf. Lexis 2. affaire
2). Il paraît que la mise entre parenthèse de bonnes comme alternative
de belles ne traduit pas forcément un degré de fréquence d'emploi dif-
férent. Apparemment, on parle plutôt de une bonne affaire que de une
belle affaire, p.ex. pour dire j'ai fait une bonne affaire. En tout cas,
on peut constater que, la belle affaire, au sens 'littéral', ne se dit
plus. On dit plutôt j'ai fait une bonne affaire.

En spéculant sur les raisons de la priorité de bonne par rapport á belle,


on peut risquer l'hypothèse d'une influence de l'EIS qui monopolise
belle.

TEXTE N° 45 (Vailland, 1945)

L'emploi de la belle affaire est très proche de celui du n* 6. En re-


prenant une idée, avancée ci-dessus, on peut dire que, considéré sous
la perspective actuelle, le bon terme serait la bonne affaire. LBA a
bien le sens 'littéral', belle qui veut dire 'bonne' et affaire qui est
vraiment une affaire, qui va apporter quelque chose, soit de l'argent,
soit un avancement dans la situation de 1'indie.

TEXTE N° 2 (Coutier, 1810)

Dans les n° 6 et 45, il était question d'affaires qui étaient vraiment


belles et lucratives. Ici, au contraire, il s'agit d'une mauvaise af-
faire, d'une vilaine affaire, bref, d'une affaire grave. De nos jours,
on n'emploie pas tellement LBA dans ce sens. Affaire est employé au
sens "'procès, objet d'un débat judiciaire'" (PR: Affaire 1.5°) ou, de
façon plus générale, au sens de "'terme vague désignant ... ce qui lui
cause des difficultés...'" (Lexis 1. Affaire 1.)

Dans LBA, on sent encore cet aspect ironique qui est caractéristique de
cet exemple.

101 Le lecteur est prié de se reporter aux textes ainsi numérotés dans les
annexes de cette étude.

102 On parle aussi d'une grosse/ jolie/ coquette/ monstrueuse/ affaire.


187

TEXTES Ν" 10 (Fromentin, 1857) et N° 3 (Las Cases, de, 1823)

Dans les n° 10 et 3 c'est le sens 'littéral' qui ressort nettement, on


a l'impression de lire trois mots. Affaire signifie '"combat, conflit
militaire ou diplomatique"' (PR: Affaire 1.6e). La belle affaire telle
qu'elle est employée ici n'est plus applicable aujourd'hui.

ΤΕΧΊΕ (N 228, Stendhal/Lucien Leuwen Τ 2 1836, chap. 35 p. 196, fiche 681,


lignes 1 à 8, INLF)

"L'essentiel est qu'il ne nous échappe pas; l'animal est futé et s'est
bien tiré de deux duels qu'il a eus â son régiment... Des duels à
l'épée ! C'est une belle affaire ! — "

Encore une fois, on a affaire au sens 'littéral', il n'y a rien d'iro-


nique. Le seul fait déjà de remplacer la par une suffit pour qu'il y
ait sens 'littéral'. Affaire, c'est une "'querelle entraînant un duel'"
(PR: Affaire 1.5°), un emploi qu'on trouve dans des textes anciens.

Dans le dialogue suivant, il s'agit d'un exenple fourni en 1985 par une jeune
fille de 18 ans. Telle est la situation:
"Dans le bus, en revenant de classe, je rencontre une amie de roi âge,
18 ans. On fréquente le m&ne bahut":

(19) Une belle affaire de police

- Alors, comment va Christian, tu le fréquentes toujours?


- Oh, je t'en prie, change de discussion.
- Pourquoi, tu ne le fréquentes plus?
- Mais tu n'as pas lu dans le journal?
- Ah non, qu'est-ce qu'il y avait dans le journal?
- Eh bien, Christian s'est fait surprendre par la police, alors qu'il
achetait de la drogue. Et maintenant, le voilà en prison.
- C'est pas vrai ! j'aurais jamais cru ça de lui.
- Eh bien, moi non plus, j'aurais jamais cru ça !
- En tout cas, chapeau pour la police, ils ont fait une belle affaire
- D'accord, ils ont peut-être fait une belle affaire, mais ça me fait
quand même mal au coeur pour Christian.

Cet exemple est intéressant parce qu'il peut être considéré coirne ime sorte de
preuve d'un phénomène actuel. L'auteur de ce dialogue avait primitivement pour
tâche de construire un dialogue autour de l'EIS la belle affaire. Carme on peut
constater, le résultat est bien différent du but envisagé. Sans analyser plus
103
avant le fait que les jeunes Français ne semblent plus guère impressionnés

103 cf. chap. 3.1.9


188

par LBA, cet exemple raté peut éventuellement'être interprété canne le signe
d'un processus de 'rêlittéralisation1 auquel se voit exposée notre EIS. Au mo-
ment où une EIS ne suscite plus son caractère pragmatico-carmunicatif, l'utili-
sateur de langue se tire d'affaire en ayant recours au sens 'littéral'.

3.1.12 Jeux de mots sur LBA

(20) Sur la paille

Β : Tu as déjà dépensé ton budget de mois, alors que nous ne sommes que
le 25, tu vas nous mettre sur la paille !

A : La belle affaire, on dort très bien sur de la paille !

En plus de son sens en tant que EIS, A fait aussi directement référence au DIT,
c'est-à-dire au fait d'être couché sur la paille qui est interprété au sens
(très) concret par A et non pas carme élément de la tournure bien connue. Sous
cet aspect LBA correspond à peu près à 'c'est une chose agréable'.

(17) La ferme légère

Β : Non mais, regarde-moi cette putain là, elle n'a même pas honte de
venir à cette invitation !
A : La belle affaire !

Là, on peut imaginer que A dit LBA sur un ton un peu gaillard et léger pour
faire plaisartment allusion au style de vie 'intéressante' de ladite dame.

(13a) La baby-sitter

Β : Est-ce que tu peux garder mon mouflet pendant les vacances ?


Après, tu peux passer quinze jours dans mon chalet en Savoie !
A : La belle affaire ! j'en ai moi-même un.

On s'aperçoit qu'il y a bien une affaire et un came ree: 'tu fais ceci, et moi,
je te donne cela en échange'. Il est donc bien naturel que LBA évoque cette aire
sémantique du mot affaire toutes les fois qu'elle est employée dans un contexte
où il est question de choses catnerciales, pécuniaires etc.
189

(1b) Les 10.000 francs

Β : ... est-ce que tu peux vraiment pas me donner 10.000 F. ?

A : La belle affaire !

La question à trancher est de savoir si l'hypothèse suivante est valable: A se


dirait '"bon, l'autre me demande une grosse sarme, je veux le prendre d'une
façon ironique en ne lui répondant pas non, mais en lui disant la belle affaire,
effectivement, pour moi c'est rien, sous-entendu, d'une façon ironique, 'j'ar-
riverai jamais à les trouver"". Donc, en disant aent mille francs, effective-
ment, la belle affaire, A sous-entend "'si je les avais, bien sûr, je te les
donnerais, mais tu sais que je ne les ai pas'". On aurait affaire à une sorte
de refus par l'ironie, par la plaisanterie, par la moquerie. Cette hypothèse
paraît assez fragile. Selon toute vraisemblance, LBA ne peut pas prendre le
sens de 'rien que ça' que l'hypothèse lui attribue. De toute façon, les avis
des interviewés restaient très partagés sur cette question. Les hésitations
parlent plutôt contre une acceptabilité entière de cet emploi.

3.2 TU M'EN DIRAS TANT (TDT)

Nous avons présenté une analyse relativement exhaustive de LBA. Ce qui nous
tenait surtout à coeur, c'était la démonstration d'une application pratique de
notre GSS. Cela nous a amenés à mettre l'accent, toutes les fois que l'occasion
s'est présentée, sur les rapports entre le concept et l'analyse concrète.

Dans l'analyse de TDT nous rationalisons le procédé en renonçant à des ré-


férences, à la partie théorique du travail. Nous maintenons le principe de nous
approcher des emplois d'une EIS came TDT à travers leurs qualités performan-
cielles, c'est-à-dire en tant qu'événement énonciatif historique et unique.

3.2.1 Niveau analytique IV : occurrences performancielles

Nous ne voudrions pas négliger d'annoncer que la suite des dialogues présentés
ci-après obéit à une logique. Pour l'instant nous nous contentons de dire que
c'est la spécificité de l'acte de compréhension - composante fondamentale du
sémantisme de TDT - qui fournit le critère décisif. Il est aussi utile de
signaler une différence entre la façon dont nous avons caractérisé 1'illocutoire
calculé de LBA et les contraintes qui existent à cet égard pour la description
de TDT. Là, nous nous limitons aussi â la remarque que TDT n'est pas dans la
même mesure génératrice d'un illocutoire calculé que LBA. Nous reviendrons sur
cet aspect quand il s'agira de caractériser 1'illocutoire générique de TDT.
190

Le déficit au niveau de l'illocutoire calculé doit être compensé par une ap-
proche méthodique un peu différente. Il s'agira de concentrer toute notre at-
tention sur la spécificité de l'acte de parole qui est soumis à l'interpréta-
tion par l'interlocuteur. Concrètement, nous aurons â préciser de quelle fa-
çon les actes de compréhension, constitutifs du sêmantisme de TDT, différent
selon qu'ils ont lieu dans le champ d'action de la PPV type 'affirmer' ou
'prétendre'.

3.2.1.1 Des illocutoires spécifiés dans le domaine de la 'présupposition


de vérité' (PPV) type 'convenir'

(1) Le mariage

Β : A u fait, tu sais la nouvelle ?

A : Quoi ?
Β : Demain, je vais me marier 1
A : T u m'en diras tant !

Nous observons que A se voit en face d'une information dont le degré de nou-
veauté le submerge pour ainsi dire. Nous disons que dans ce cas la compré-
hension, si tant est qu'il y en ait, se réduit à un acte de simple enregistre-
ment d'un fait. A, en disant TOT, ne sait plus au fond que répondre. Des EIS
ccitme Quoi ?, Non ! c'est pas vrai !, C'est pas possible ! expriment le mieux
ce que le sujet parlant de TOT veut ccmnuniquer â son interlocuteur.

(2) L'appareil photo

Β : (le mari sur un ton pédant, doctoral S. sa femme) : Hais gomment


est-ce que tu t'y prends avec l'appareil, tu n'as qu'à tourner
cette bague-ci, et puis tu tournes celle-là, ensuite tu vérifies
la luminosité pour que tu puisses régler le diaphragme, après tu
actionnes le transport du film...
A : T u m'en diras tant 1

Nous avons une situation ού Β essaye d'iirposer des informations â A. Dans ce


dernier, le sentiment d'être envahi par des nouveautés s'accentue de plus en
plus. Cela fait que TOT, au lieu d'exprimer qu'il y a une véritable compré-
hension, signale plutôt une résistance à vin tel acte. La ferme n'a plus envie
d'apprendre, ce qu'expriment des paraphrases corme je ne vais jamais comprendre
ça ! ou même laisse-moi tranquille !.
191

(3) La fille désespérée

Β : Maman, je ne sais plus que faire, mon ami m'a mise devant l'alter-
native: ou bien je pars avec lui en vacances, ou bien il m'aban-
donne .
A : Tu m'en diras tant !

Ici, encore une fois, la nouvelle met A dans une situation où il ne sait plus
cannent réagir et encore moins cannent agir. Si l'on ne veut pas aller jusqu'à
dire qu'il n'y a pas de compréhension, il n'en reste pas moins qu'un tel acte
ne déclenche pas d'activité de la part de la mère qui se sent dépassée et im-
puissante. Il ne lui reste plus rien d'autre que de constater ah, vraiment,
vous en êtes là ! On peut imaginer une personne indécise, prise de scrupule,
ennuyée.

(4) La consultation médicale

(un coup de téléphone)


Β : Christine, je suis désolée, mais je suis obligée de me décommander,
je ne peux pas venir pour le café cet après-midi, j'ai dû prendre
de toute urgence un rendez-vous chez mon médecin.
A : Tu m'en diras tant !

Dans cet emploi TOT s'approche d'un dites-m'en plus ! inquiet. A montre un in-
térêt compatissant à la situation de B.

(5) L'employé critiqué

Β : Tu sais bien, dans la réunion hebdomadaire, ton chef de service


a ouvertement critiqué ton travail.
A : Tu m'en diras tant !

Là, nous verrions bien un que voulez-vous dire ? á la place de TOT. Le ton est
plutôt agressif si l'on présume une attitude revendicatrice et inquisitrice. A
essaye d'être éclairé sur une affaire oû ses intérêts sont en cause.

Cette nuance interrogative inhérente à TOT s'installe aussi, très facilement,


dans un contexte de colportage de nouvelles oû donine la curiosité. En général,
une telle conversation tourne autour d'une tierce personne absente.

Arrêtons un instant le passage en revue de dialogues et demandons-nous de quelle


façon l'acte de compréhension accompli par le biais de 1'énonciation de TOT se
caractérise. Nous constatons que la satisfaction du besoin de savoir - condi-
tion indispensable à toute sorte de compréhension effective - n'est atteint
dans aucun des cinq dialogues. TOT est énoncée dans vine atmosphère marquée par
la persistance d'une frustration informationnelle. D'une part, A signale à B,
192

au travers d'une ênonciation plus ou moins exclamative qu'il y a une certaine


satisfaction informative, mais celle-ci n'est que momentanée. Elle s'explique
par le caractère inédit de l'information. D'autre part, Β interprétera, en
régie générale, le comportement de A de telle sorte qu'il se sent incité â
continuer de donner des informations. Dans les dialogues (4) et (5), on ren-
contre un sujet parlant A qui, malgré un certain choc informationnel, reste
actif. Cette activité revient â une tentative d'augmenter son savoir et, par
là, son pouvoir en vue de dominer une situation au fur et â mesure du pro-
cessus interrogatif (cf. Apostel:1981). On peut d'ailleurs supposer que ce
motif joue également un rôle important dans le contexte du colportage.

Celui qui est bien informé sur ce qui se passe dans son entourage dispose auto-
matiquement d'un outil de pouvoir. Nous concluons que l'acte de compréhension,
qui se produit dans le domaine de la PPV type 'convenir' comporte de forts
éléments interrogatifs. Ils se manifestent en grande partie par des signaux
prosodiques et mimo-gestuels (des yeux êcarquillês, mouvement initial de la
tête vers l'avant etc.).

3.2.1.2 Des illocutoires spécifiés dans le dcmaine de la PPV type 'affirmer'

(6) Le cancéreux

A : Il m'énerve ce type-là, il dit toujours: 'Ah, je suis fatigué !


Ah, je veux pas sortir ! Ah non, c'est trop tard, je vais me
coucher !' Il est mou ...
Β : Mais tu te rends compte, il est très malade, il a un cancer !
A : Tu m'en diras tant !

A se voit confronter à un comportement d'une tierce personne C sur laquelle


A porte un jugement négatif. Le comportement de C a conduit A â une opinion
claire et nette. Pour A, il n'y a qu'une explication valable de ce comporte-
ment. Mais à un certain moment, A apprend les tenants et les aboutissants
réels du ccrportement de C. A réagit â cette information par 1'ênonciation
de TDT.

(7) la fille qui se drogue

(situation): Une jeune fille scolarisée en France demande à sa mère,


qui travaille dans un pays du Sahel, de la laisser retourner à l'école
en Afrique oû elle était avant. Sur l'insistance de la mère d'obtenir
des explications, la fille reste êvasive. De ce fait, la mère se voit
obligée de mettre son vèto au souhait de sa fille. Quelque temps plus
tard, nous assistons à une communication téléphonique entre la fille
et la mère:
193

Β : Maman, je t'en supplie, laisse-moi rentrer et terminer l'année,


ici, j'ai un tas de copains qui so droguent avec moi.
A : Tu m'en diras tant !
La mère n'avait pas trouvé d'explication valable pour la demande de sa fille.
C'est pourquoi elle ne voyait aucune raison de céder. Mais après son énoncia-
tion de TOT, il est probable 104
que la fille prendra le prochain avion pour
rejoindre sa mère. La vraie compréhension de la situation indiquée par l'énon-
ciation de TOT favorise sans doute la rétractation nécessaire.

(8) La pièce de rechange

(conversation entre un Africain et un coopérant européen):


Β : François, est-ce que tu peux me ramener une pièce de rechange pour
ma Volkswagen cette année quand tu partiras en vacances en Alle-
magne ?
A : Bien sûr, Souleymane, aucun problême.
Quelques jours plus tard:
A : A propos, Souleymane, j'ai encore une fois réfléchi à ce que tu
m'as demandé, n'est-il pas possible que tu te fasses envoyer le
truc directement d'Allemagne ?
Β : Ah non, c'est pas si facile que ça, ça va me coûter les yeux de la
tête, je risque de payer le double du prix, rien que pour la douane,
ils me demandent 70% du prix !
A : Tu m'en diras tant ! et de quoi, moi, j'aurai l'air, si l'on me
met sens dessus dessous ma valise à l'aéroport ?

Dans ce cas, A a pris un engagement qui - à la différence de celui du dialogue


(7) - favorise d'abord B. A s'est engagé â rendre un service â B, nais ce n'est
qu'après un certain temps qu'il apprend une information l'éclairant sur les
conditions exactes du service demandé. Il est probable que A se dédise par la
suite pour ne pas risquer d'être dupe de B.

(9) La réconciliation ratée

(A veut convaincre son amie de se réconcilier après une nouvelle


brouille):
A : Allons, Germaine, faisons un nouvel effort, cette fois, ça va
marcher.
B : Mais, Bernard, c'est plus possible, j'ai fait la connaissance
d'un jeune homme très sympathique.
A : Tu m'en diras tant !

104 La formulation prudente d'éventuelles conséquences découlant de l'énoncia-


tion de TDT est voulue. Elle s'explique par le sêmantisme propre à l'ex-
pression
194

Nous voyons A qui essaye de pousser Β â agir dans un sens bénéfique à A. En


disant TOT, il signale qu'il reconnaît que les conditions favorables à la réa-
lisation de son objectif n'existent plus. Il est par conséquent assez probable
que A se considère battu, coime le perdant. Il doit reconnaître que, 'si c'est
ainsi11, tout autre effort est inutile.

(10) Le divorce

(A, une amie de B, essaie d'encourager Β qui veut divorcer d'avec son
mari):
A : Viviane, tu te résignes trop vite, moi, à ta place, je parlerais
encore une fois avec mon mari pour lui expliquer en toute tran-
quillité mon point de vue, je suis sGre qu'il y a encore une
chance.
Β : C'est bien gentil, Christine, mais c'est inutile. Tu sais ce qu'il
a fait hier ! Il m'a fait une scène terrible et il a même essayé
de me gifler !
A : Tu m'en diras tant !

Dans (10), nous avons seulement un peu modifié les données de la situation pré-
cédente. A essaye de pousser Β â agir dans un sens bénéfique â Β selon l'opi-
nion de A. A se croit autorisée â une telle démarche parce qu'elle suppose des
conditions favorables â l'exécution de sa volonté. Mais Β éclaire A sur l'état
de fait réel des choses. A indique cet éclaircissement ('dans ce cas, effective-
ment !') par 11énonciation de TOT. Il est assez probable que A ne poursuivra
plus ses essais d'agir sur B.

(11) Le chctneur

A : (le mari): J'ai rencontré la propriétaire. Elle n'avait pas l'air


de bonne humeur. C'est â peine si elle a répondu à mon bonjour !
B : Je l'ai rencontrée moi aussi ce matin et je lui ai annoncé que tu
as perdu ton emploi !
A : Tu m'en diras tant !

(12) Le peintre
A : Qui a peint ce tableau ?
B : C'est moi qui ai fait ça !
A : Tu m'en diras tant !

Nous présentons les dialogues (11) et (12) pour éviter qu'il se crée une fausse
impression. Si dans les dialogues précédents nous avons toujours présenté un
sujet parlant A, qui d'une façon ou d'une autre s'était engagé vis-à-vis de B,
cela ne signifie pas qu'il s'agit là d'un élément obligatoire. TDT du donaine
de la PPV type 'affirmer' est avant tout une expression du discernement ex-
195

clamatif et rien de plus. Les dialogues (11) et (12) sait destinés à mettre
clairement en relief cet aspect. Le mari comprend subitement pourquoi la pro-
priétaire lui faisait grise mine: elle a pensé â son loyer et elle a peur qu'il
ne puisse plus payer le loyer. Dans (12), il y a A qui, dans une exclamation
admirative, se rend canpte de l'auteur de l'oeuvre d'art.

Faisons un deuxiàne résumé. Nous découvrais un point essentiel sur lequel dif-
fèrent tous les ertplois de TDT du champ d'action de la PFV type 'affirmer' de
ceux du champ d'action de la PPV type 'convenir'. Le besoin informationnel
connaît une saturation quasi-totale. Cela se reflète dans l'acte de canpréhen-
sion qui ne contient plus d'éléments interrogatifs carme dans les cinq premiers
dialogues mais qui reçoit un achèvement ccmplet.

3.2.1.3 Des illocutoires spécifiés dans le danaine de la PPV type 'prétendre'

(13) Le mari infidèle

A : Je me demande pourquoi mon mari n'est toujours pas rentré du bureau,


je trouve ça impossible !
Β : Ah les hommes ! faut pas se faire d'illusions, si ça se trouve, il
a un rendez-vous avec sa petite secrétaire !
A : Tu m'en diras tant !

(14) La demande d'emploi échouée

Β : J'ai appris que tu n'as pas reçu le poste dans notre maison ?
A : C'est ça, pas de chance.
Β : Mais tu aurais pu me dire un mot, j'aurais pu intercéder en ta
faveur !
A : Tu m'en diras tant !

Nous présentons les dialogues (13) et (14) ensemble parce que les actes de com-
prehension exprimés respectivement se ressemblent sur un point décisif. Ils ne
se créent pas à partir d'une information de qualité absolument neuve carme
c'était le cas dans tous les autres dialogues précédents. Nous les voyons
plutôt prendre appui sur une sorte de 'canevas cognitif' déjà présent dans le
sujet parlant. Des paraphrases carme oe ne peut être que ça ! pour TDT de (13)
et ma foi, oui ! pour TDT de (14) rendent bien cet aspect. Dans le dernier cas,
l'énonciation de TDT s'apparente â un aveu tardif de la reconnaissance d'une
erreur.
196

(15) Les gants égarés

(le mari errant à travers la maison et cherchant partout ses gants, à


sa femme):

A : Monique, est-ce que tu sais où j'ai mis mes gants ? Je ne les


trouve plus !
Β : C'est bien de toi, toujours dans la lune, ils sont là, où tu les
mets toujours, dans le deuxième tiroir d'en haut de la commode.
A : Tu m'en diras tant !

Dans ce dialogue, nous voyons une personne A gui, elle aussi, est déjà préparée
à l'information. A a été auparavant en possession de l'information nécessaire
qui, depuis, est tentée dans l'oubli. Dans un acte de remémoration, A rentre
de nouveau en possession de cette information.

(16) La machine â laver

(Même après plusieurs essais. Madame Petit n'arrive pas à mettre en


marche sa machine à laver toute neuve. Une amie arrive ...):
A : Ah, Eliane, c'est heureux que tu viennes, j'y perds mon latin
avec cette sacrée machine, j'ai suivi minutieusement la notice
technique, mais pourtant il y a toujours quelque chose qui
cloche ...
Β : Fais-voir un peu... mais c'est tout â fait clair que ça ne marche
pas, tu as oublié d'ouvrir le robinet !
A : Tu m'en diras tant !

Cette fois-ci, A dispose déjà pratiquaient de tous les détails de l'information.


Il ne manque qu'une seule mosaïque pour ccmplêter le 'tableau cognitif' déjà
existant. Cet élément manquant porte plutôt les caractéristiques d'une confir-
mation de quelque chose que l'on connaît déjà. La fesime connaissait tout du
fonctionnement de la machine, sauf un seul petit détail qui lui avait échappé,
ouvrir le robinet. On s'aperçoit donc que dans cet emploi de TDT, de mâne que
dans ceux de (13), (14) et (15), l'acte de compréhension lui-mène est dépourvu
de sa qualité innée.

(17) L'attentat à la pudeur

(Depuis quelque temps déjà, A est au courant de la vie immorale de son


voisin):
A : Il est grand temps que la police mette fin aux pratiques scanda-
leuses de notre voisin !
Β : Mais tu n'es pas au courant ! hier les flics l'ont mis sous les
verrous pour attentat à la pudeur !
A : Tu m'en diras tant !
197
L'arrestation du voisin constituait pour A une nécessité impérieuse. Dans son
imagination, A avait déjà anticipé sur une réalité tant souhaitée: 1'arresta-
tion. C'est pourquoi 1'ênonciation de TDT ne fait que sanctionner ce qui, spi-
rituellement, était déjà là. Cela se passe probablement dans une atmosphère de
soulagement (cf. p. 106) pour la courbe intanative. C'est pourquoi un ouf,
enfin ! exprime bien l'idée contenue dans TDT.

3.2.2 Niveau analytique II

3.2.2.1 la signification

Pour parvenir à une définitiai acceptable de la signification de TDT, prenons


catite point de départ celle proposée par Rey et Chantreau (1979:330) :

"Tu m'en diras (vous m'en direz) tant ! exprime que l'on vient de saisir,
de comprendre ce qui était obscur grâce aux paroles de l'interlocuteur ..."

Cette définition, malgré ses insuffisances, nous fournit deux termes qui
s'avéreront fructueux pour notre entreprise: 1''obscurité' et la 'compréhension':

Nous avons vu que le terme d'obscurité ne s'applique pas à tous les emplois
de TDT. Soit que les conditions précédant 1'ênonciation sont telles qu'il n'y a
pas de vraie nécessité qu'une quelconque obscurité se forme (cf. dialogue (1)
lie mariage), soit que A ne se croyait pas du tout dans l'obscurité étant donné
qu'il avait arrêté un jugement net sur le comportement d'une personne (cf. dia-
logue (6) Le cancéreux) et qu'il ne s'aperçoit qu'après coup de son erreur.

Cela nous amène à nous débarrasser du terme d''obscurité' pour le moins en


ce qui concerne le niveau II. Une définition de la signification de TDT ne
peut pas contenir des éléments qui s'avèrent aléatoires et soumis â des con-
textes spécifiques. Ne reste donc que la notion de 1compréhension' qui demande
des précisions définitionnelles pour devenir plus efficace. Il s'agit de pré-
ciser la paraphrase du type Ah, maintenant, je comprends ! (cf. Petit Robert,
entrée dire où l'on trouve Je comprends maintenant !) Pour ce faire, il nous
faut déterminer le 'paradigme d'indications quantitatives' de TDT.
198

3.2.2.1.1 Le 'paradigme d'indications quantitatives' (PIQ)

Tout d'abord, nous remplaçons le terme d"obscurité' par ceux de 'perspectives'


ou d''horizons'. Ces derniers ont un avantage très net par rapport au premier.
Ils s'appliquent à tous les emplois de TDT. Il y a toujours ouverture d'un
nouvel horizon. L'essentiel sera - au niveau III - de préciser les diffé-
rences qualitatives respectives de cette ouverture.

En fait, nous ne jetons pas complètement par-dessus bord la notion d''obs-


curité '. Nous la mettons plutôt à profit à deux égards. Nous lui avons substi-
tué des termes ('horizons', 'perspectives') qui opèrent coime ses pendants. Et
en plus, elle fournit un critère fondamental pour l'appréhension de TDT. De
façon générale, le fait que quelque chose 'était obscur' (cf. définition de
Rey et Chantreau) implique l'existence de ce que nous appelons 'préattitude'.
Celui qui utilise TDT effectue cet emploi sur la base ou en fonction d'une
préattitude.

Pour éviter toute confusion â l'intérieur du sêmantisme de TDT, il est né-


cessaire de faire le départ entre la nouvelle en tant que telle et le change-
ment qualitatif que cette nouvelle provoque dans l'organisation ou la structure
de la préattitude. Le premier aspect reste toujours pareil pour la simple rai-
son que A n'avait pas/plias connaissance de la nouvelle. C'est le deuxième as-
pect qui est plus important. C'est lui qui est â l'origine des variantes de
sens de TDT.

Précisons son fonctionnement. Il y a d'abord l'information de B. A met


celle-ci en contact avec la préattitude de A. Selon la structure de la pré-
attitude, la nouvelle provoque telle ou telle ouverture quantitative et quali-
tative de nouveaux horizons sur la base d'une attitude modifiée. A est en me-
sure de voir ce sujet dans une optique différente de celle découlant de l'an-
cienne préattitude.

La nature de l'acte de compréhension, indiqué par TDT, se détermine en


fonction de la spécificité dudit passage d'une préattitude X â une nouvelle
attitude Y. Pour disposer d'un outil opératoire â l'intérieur du paradigme
d'indications quantitatives (PIQ), nous proposons de spécifier la nature dudit
passage en termes de résistance à la compréhension d'une chose. Nous tenons le
caractère général de ce terme pour approprié au degré d'abstraction du niveau
analytique II. Le PIQ est, par conséquent, canposê d'une multitude de quantités
de résistance â la compréhension. Nous le décrivons ainsi:
199

Résistance à la compréhension d'une chose /


d'un état de fait, etc... se modulant en
fonction de l'ouverture quantitative / qua-
litative de nouveaux horizons sur le sujet
de la conversation.

3.2.2.1.2 Définition du 'topos' du PIQ

Nous ne voulons pas anticiper sur ce qui se passe au niveau III. C'est pourquoi
nous nous bornons à signaler que la notion d'argumentation inhérente â TOT
n'est pas comparable à celle de LBA.

D'abord, nous devons répondre â la question de savoir contient peut se dé-


crire le topos de TOT. Voici notre proposition:

Moins il y a résistance à la compréhension


d'une chose / d'un état de fait ··· CO
modulant ... plus il y a acceptation de la
justesse de la nouvelle apprise et éclairant
la chose et par là, de la personne apportant
la nouvelle.

Le rôle d'opérateur argumentatif, qui incombait - rappelons-le - â l'ad-


jectif belle dans le cas de LBA, est assumé par l'adverbe tant.

3.2.2.2 L'illocutoire générique de TOT

TOT est dotée d'un illocutoire générique 'représentatif', ce qui implique (cf.
p. 70 sq.) :

(i) qu'il présuppose la vérité incontestée de l'état psychologique de son


usager,

(ii) que le locuteur informe l'interlocuteur sur l'état de fait de (i),

(iii) qu'il y a un affleurement de la vérité, c'est-à-dire une percée de


l'axe du quantitatif représenté par la signification 'bouclée' du
niveau II,

(iv) que son usager est considéré carme s'étant déjà acquitté de 11obliga-
tion de prouver la vérité de l'affirmation véhiculée par le PIQ,

(v) que l'énonciataire est considéré comme étant dépourvu de résistance


argumentative,
200

(vi) que son usager ne prétend pas â la domination (directe) de l'énon-


ciataire,

(vii) que la neutralité interrelationnelle de l'illocutoire générique 'repré-


sentatif' peut être compensée par une activité interprétative accrue de
1'interlocuteur,

(viii) que son caractère exclamatif n'est que 11expression de la version sub-
jective de l'illocutoire générique 'représentatif'.

(iii) et (vii) méritent une attention particulière. Il va de soi que (iii) con-
ditionne (vii). Pour nous il s'agit par conséquent de donner corps â cet objet
d'interprétation. C'est ce que nous ferons dans le chapitre suivant.

3.2.3 Niveau analytique III

3.2.3.1 Le rôle des 'presuppositions de vérité' (PPV)

Avant de préciser l'objet d'interprétation du niveau III nous devons encore


trouver une réponse à un problème méthodique. Nous savons que l'illocutoire
générique 'représentatif' implique la disparition du locuteur derrière la
'vérité affleurante'. Or, s'il n'y a pas de locuteur, quelle est la fonction
des PPV? Une chose est certaine, c'est 11objet à interpréter par l'interlo-
cuteur, c'est-à-dire la configuration de l'acte de compréhension du locuteur,
qui donine au niveau II. Mais est-ce â dire que l'activité du locuteur se ré-
duit à zéro. Nous pensons que non. L'activité du locuteur consiste dans le
fait qu'il obtempère aux exigences de l'acte illocutoire précédent de l'inter-
locuteur. Ansccmbre et Ducrot (1978/79 in 1983:88) déclarent: "admettre un
énoncé signifie ici reconnaître la légitimité des actes illocutoires accomplis
grâce â lui" (cf. aussi p. 51 ). Ainsi l'activité du locuteur de TOT est com-
parable à celle d'une personne qui énonce done ou en effet. Nous voyons dans
cette reconnaissance de la légitimité de l'acte illocutoire de l'interlocuteur
une propriété fondamentale de TOT. C'est pourquoi nous la rangeons parmi les
expressions qui remplissent une fonction éminemment sociale dans le cadre des
"échanges canfintiatifs", pour employer le terme de Goffman (1973:73-100).
201

En ce qui concerne le rôle des PPV, nous nous saines rendus canpte qu'il y
en a toujours un. ^ Il n'y a aucune difficulté â sonder des activités con-
firmatives interrogative, affirmative et impérative conformaient à l'existence
des trois modes présuppositionnels connus (cf. p. 92 ). Leur action module la
force confirmative de TOT. De façon générale, cette force est faible dans le
champ d'action de la PPV type 'convenir' et elle est élevée dans le champ d'ac-
tion de la PPV type 'prétendre'. Dans le premier, elle risque d'être mise en
question par des éléments interrogatifs, dans le dernier, elle n'est pas exempte
du danger de 's'emballer'.

Nous localisons 1'illocutoire 'représentatif' le plus 'pur', c'est-à-dire


celui qui est le plus épuré de la présence d'un locuteur, dans le danaine de la
PPV type 'affirmer'. Ce n'est possible que parce que c'est là que la 'vérité
affleurante' s'impose le plus de par son évidence mène. La conséquence en est
que la marge interprétative de l'interlocuteur, en face de l'énanciatian de
TOT, est ici la plus grande sur la partie centrale, c'est-à-dire là où l'inter-
prétation n'est pas dirigée par l'intervention du locuteur. Nous avons vu que
cette marge est réduite dans les deux autres cas. D'un côté, les éléments in-
terrogatifs peuvent suggérer à l'interlocuteur de poursuivre par des ajouts
explicatifs. De l'autre, l'interlocuteur peut se croire incité à interpréter
TOT came une sorte d'assentiment. Ainsi, l'accroissement de la force confirma-
tive s'effectue parallèlement à la décroissance de la résistance â la compré-
hension.

Les 'quantités' de résistance se répartissent ainsi: dans le danaine de la


PPV type 'convenir' il y en a peu (i), dans celui de la PPV type 'affirmer' il
n'y en a pas (ii) et dans celui de la PPV type 'prétendre' il n'y en a pas du
tout (iii). Par conséquent on peut décrire l'activité discursive du locuteur
ainsi:

105 En réalité, il n'y a pas d'énoncé sans éléments intentionnels. Même dans
l'acte expressif on peut facilement postuler que "A voudrait que Β soit
informé sur l'opinion de A" ou que "A voudrait que Β croit que A croit
que p" (cf. Ballmer 1979:250). Le simple rappel de l'évidence est une
chimère, "il n'y a pas d'énoncé réduit â l'épure d'une information du
réel, ... tout énoncé est investi, animé, orienté par un certain 'comment'
qui en fait le moment d'une intervention active"(Caussat 1985:52).
202
(i) Je conviens qu'il y a peu de PIQ et que, de ce fait, j'accepte princip-
iellement la justesse de votre nouvelle et de façon générale, votre per-
sonne, ^ mais ce ne serait pas mal d'avoir encore un peu plus d'in-
formations pour saturer roi besoin informationnel.

(ii) J'affirme qu'il n'y a pas de PIQ et que, de ce fait, j'accepte la jus-
tesse de votre nouvelle et votre personne. Mon besoin informationnel
est satisfait.

(iii) Je prétends qu'il n'y a pas du tout de PIQ et que, de ce fait, il va de


soi que j'accepte la justesse de votre nouvelle et votre personne. Ma
satisfaction informationnelle est tellement grande qu'elle contient
même des éléments confirmatifs.

3.2.3.2 Les configurations des actes de compréhension effectués par


renonciation de TOT

Nous rappelons que la nouvelle apportée, la préattitude, l'ouverture de nou-


veaux horizons et la nouvelle attitude sont les éléments constitutifs des
actes de compréhension réalisés par l'énonciation de TOT. Le tableau suivant
réunit tous ces facteurs:

106 Cet aspect affectif sera approfondi dans le chap. 3.2.4


203

g
H
μι υ
μι »
0.
Μ
g
Β
O
«ω
Ζ α.
204

Tout d'abord,nous tenons à rectifier une idée inexacte d'un certain type de
paraphrases de TDT. Petit Robert écrit sous l'entrée tant·. "Je ne suis plus
étonné après ce que vous m'avez dit". Cette paraphrase suppose une phase d'éton-
nement précédant l'énonciation de TDT. Une telle thèse devient compréhensible
quand on donne une importance particulière à l'aspect de l'obscurité, consi-
dérée carne étant à l'origine d'un étonnement, c'est-à-dire d'une compréhension
déficitaire permanente. Or, nous avons vu que le locuteur de TDT n'est pas
forcément conscient du déficit de son savoir. Dans le dialogue (1) Le mariage,
il ne lui reste pas le temps de vivre une phase d'obscurité étant donné la sou-
daineté â laquelle il se voit confronté dans une nouvelle situation. Dans le
dialogue (6) Le cancéreux, il ne se croyait pas du tout obscurci, il avait une
opinion très nette sur la personne en question.

Nous argumentons par cette observation que le fait d'avoir conscience d'une
compréhension déficitaire n'est pas une condition obligatoire pour l'énoncia-
tion de TDT.

Regardons maintenant le champ d'action de la PPV type 'convenir', spéciale-


ment le dialogue (1) Le mariage. Quelle y est la préattitude? Au premier abord,
il est difficile d'en cerner une. De toute façon, elle reste peu spécifique.
Pour ne pas abandonner l'idée de préattitude, nous avons recours â un hypo-
thèse . Cli peut supposer l'existence de connaissances et d'expériences se
trouvant dans un rapport assez général avec le sujet en question. Il est pro-
bable que A sache ce que 'se marier' représente. Mais il est aussi probable que
A connaisse Β sous un certain angle qui tranche nettement avec ce que 1 ' infor-
mation apprend à A sur B.

Il est incontestable que l'ouverture de nouveaux horizons est la plus grande


dans le domaine de la PPV type 'convenir'. C'est ce facteur qui crée 1'impres-
sion d'une assimilation difficile de la nouvelle par une préattitude vaguement
délimitée. L'ouverture extrâne et l'assimilation difficile signalent un acte de
compréhension qui, vu sous un aspect qualitatif, doit être rangé au-dessus des
actes de compréhension effectués dans le domaine des deux autres PPV. Nous en-
tendons par là que la restructuration de la préattitude du locuteur dans le do-
maine de la PPV type 'convenir' est la plus fondamentale de toutes ayant lieu

107 Le caractère hypothétique s'explique par le fait que les interviews n'ont
pas donné de résultats unanimes à cette question.
205

sur l'axe du quantitatif. Elle peut mète être de nature â provoquer une sorte
d'allergie informationnelle coirne nous l'avons vu dans le dialogue (2) L'ap-
pareil photo.

Puisque l'ouverture et la re structuration sont tellement extrânes, l'acte


de compréhension, en fait, n'atteint pas de stade d'achèvement canplet. Il y a
plutôt persistance d'un besoin informationnel. Nous proposons de qualifier la
pré-attitude de peu spécifique et non-impliquée et de parler d'une qualité
'desintégrative' de l'information.
La situation change complètement quand an passe dans le domaine de la PPV
'affirmer'.

Prenons d'abord le dialogue (7) La fille qui se drogue.

Il peut y avoir déjà eu plusieurs entretiens entre la mère et la fille.


Catite la fille n'osait pas dire toute la vérité, la mère était réduite â
émettre des conjectures. Elle n'arrive pas à se forger un jugement clair et net
sur les motifs de sa fille. Au moment où la mère est infornile de la véritable
raison, le cohérent se substitue à l'hétéroclite. L'information a des effets
'intégratifs'. C'était dona ça ! ou tout s'explique ! paraphrasent pertinem-
ment ce que TOT exprime dans cet emploi.

La situation se présente diffêrenment dans le dialogue (6) Le cancéreux. La


préattitude de A est bien définie. A s'est formée une opinion très ferme sur
le comportement de la personne qu'il croit en bonne santé. Dans ce cas. il n'y
a pas ime parcelle d'obscurité. L'apport de l'information que la personne est
malade provoque l'annulation complète de la préattitude pour faire place â
celle qui correspond à la réalité. Ainsi il y a passage d'un concept X â un
autre concept Y. L'information revêt des qualités 'extinctives'; si c'est ainsi,
dans oe aas ! rendent le mieux le sens de TOT.

Dans les deux cas, (6) et (7), nous observons une diminution considérable
de la résistance â la compréhension par rapport au tronçon gauche. Les nou-
velles perspectives se dessinent clairement et la nouvelle attitude s'installe,
bien délimitée et sans problèmes. Le besoin de compréhension est saturé et
la clarification absolue.

Dans le domaine de la PPV type 'prétendre' enfin, trois subdivisions sont


nécessaires. Cependant il y a un point ccmnun qui justifie leur placement dans
le même domaine. Dans tous les dialogues (13) â (17), 1'information trouve
déjà un terrain préparé d'une façon ou d'une autre. Les éléments qualitatifs
206

de l'acte de compréhension sont largement dcminés par les éléments quantitatifs.


L'ouverture de nouveaux horizons est tellement minime qu'il n'y a pas de re-
structuration à valeur qualitative de la préattitude.

L'apport informationnel se mesure plutôt en termes additifs. Dans le dia-


logue (15) Les gants égarés, nous observons une éclipse de la préattitude, état
de manque auquel remédie une information â qualité rememorativa. Dans le dia-
logue (16) La machine à laver, la préattitude est quasi complète, il ne manque
qu'un tout petit détail pour compléter la mosaïque. C'est pourquoi nous par-
lons d'une qualité complémentaire de l'information.

Les dialogues (13) Le mari infidèle, (14) La demande d'emploi échouée et


(17) L'attentat à la pudeur se ressemblent sur un point essentiel. Il y a tou-
jours une préfiguration de la réaction effective. L'information ne fait que
sanctionner ce qui est déjà là en puissance.

Voici quelques expressions qui, selon les cas, peuvent servir de para-
phrases dans le domaine de la PPV type 'prétendre': ah ben oui !, bien sûr .',
évidemment !, vous avez raison !, ma foi oui !, ouf, enfin !, oe η 'est pas
trop tôt ! etc.

Le tableau suivant réunit encore une fois toutes les préattitudes, que
l'interlocuteur est tenu d'interpréter. Les différents schémas illustrent par
ailleurs très bien ce que nous entendons par 'mondes possibles' semi-convention-
nels dans le cadre des EIS (cf. p. 85 sq.). Nous voulons dire que chaque schéma
fait office d'un monde possible et se trouve dans un rapport de contrefactua-
lité avec tous les autres (cf. aussi chap. 3.2.4).

Dans un deuxième tableau nous avons déplacé l'accent. Ce n'est plus la


préattitude qui est au centre, mais les trois autres facteurs caractéristiques
et constitutifs de l'acte de compréhension, â savoir les degrés de résistance
à la compréhension, de saturation de la compréhension et d'ouverture de per-
spectives.
207

(U
m
Ό
fi
Φ
•μ
•αϊ
H
Qt


S
•υ O Ti
υ
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Λ
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Ι
§§ η
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ΟΙ
δ

a> U
Μ
Λ CM
to
S
M
Λ
208
209

3.2.4 Le rôle de 'acceptation' dans le sémantisme de TOT

Il n'y a aucun doute que le potentiel sémantique de TOT dépasse largement la


paraphrase dénudée maintenant, je comprends. Il y a beaucoup plus de choses
sous-entendues, il y a toute une charge affective. Nous allons essayer par la
suite d'éclairer ce phénomène assez complexe. Il est sûr que la notion d'ac-
ceptation joue un rôle central. Nous nous approchons d'elle sous deux angles.
D'abord, nous allons mettre en évidence son rapport avec le noyau épistêmique
de l'acte de comprehension. Ensuite nous ouvrirons plus grande le diaphragme
et plaçons la notion d'acceptation dans un concept ccmportemental plus vaste.

3.2.4.1 Le noyau épistêmique de Inacceptation'

Nous partons de l'hypothèse que celui qui dit TOT accepte la nouvelle qu'ap-
porte son interlocuteur. °

Si l'on met par exemple vis-à-vis les expressions tu en as de bonnes et


tu m'en diras tant, on constate dans la première, la présence d'un étonnement
et d'un refus (de croire), et dans la deuxième celle d'un étonnement et d'ime
acceptation.

Dans ce chapitre, nous entendons par 1 acceptation' uniquement le peu de


résistance ou l'absence de toute résistance du locuteur (A) â la compréhension
déclenchée par la nouvelle de l'interlocuteur (B).
Il est, par conséquent, légitime de demander quelles sont les propriétés
de cette nouvelle pour qu'elle soit si favorablement reçue. Notas considérons
deux caractéristiques ccnme essentielles:

- l'évidence
- 1''extériorité' de la nouvelle par rapport au savoir de A.

Donc, pour A, la nouvelle de Β "s'impose â l'esprit avec une telle force


qu'il n'est besoin d'aucune autre preuve pour en connaître la vérité, la ré-
alité" (Petit Robert:718). La nouvelle est dotée de cette évidence à cause de
sa capacité d'explicabilité d'un fait.

108 Leclère (1985:122) exprime la même idée en disant que dans cette ex-
pression "le locuteur présente 1'allocutaire comme le seul garant de
son énoncé". De toute façon, nous entendons cette caractérisation de
façon positive. Le fait que L e d e r e parle de la version ironique de
TDT n'y change rien. L'idée de garant se trouve, selon nous, mutatis
mutandis, dans l'emploi non ironique et dans l'emploi ironique.
210

C'est ici qu'on s'aperçoit de la nécessité de différencier non propos au


regard des trois tronçons des tableaux p. 207 et p. 208. Le processus d'impo-
sition de l'évidence s'y produit carme suit: sur le tronçon gauche, A enregistre
et note avant tout la nouvelle, au centre de l'axe, il discerne et distingue à
l'aide de la nouvelle et sur le tronçon droit, il y a une sorte de consentement
confirmatif occasionné par la nouvelle.

Nous tenons â souligner que ce consentement n'atteint jamais une force


assertive. Il ne s'agit pas de convaincre l'interlocuteur de la justesse de
quelque chose. Celui-ci n'en a pas/plus besoin parce que lui aussi a bien
conscience de son rôle de transmetteur d'une évidence. L'acte de consentement
de A se décrit ainsi:

"Je t'informe (!) que moi aussi je comprends telle chose de la même
façon que toi !" (cf. Ballmer 1979:250).

Cette valeur confirmative est certainement présente sur tous les tronçons,
mais elle est sans doute le mieux perceptible sur le tronçon droit, ce qui
s'explique par la quasi-identité des niveaux d'information de A et de Β.

Regardons maintenant de plus près la notion d'extériorité de la nouvelle.


Pour ce faire, nous mettons en contraste deux dialogues qui différent légère-
ment dans un point minime, mais décisif:

(18) La table branlante: (deux voisines)


A : Hélène, ça ne te ferait rien de me prêter ta grande table,
mercredi, je donnerai une invitation, la mienne est vraiment
trop petite.
Β : Oh, tu sais, il faut que mon mari la retape, les pieds branlent
trop, mais si je me rappelle bien, tu as encore une grande table
au grenier, elle ferait très bien l'affaire.

A : Tu m'en diras tant !

(19) Variante

A : Hélène ...
Β : Oh, tu sais, il faut que ... mais dans le quartier, il y a un
marchand qui prête des tables pour de telles occasions justement.
A : Tu m'en diras tant 1

L'emploi de TOT dans (18) n'est guère approprié. A est peu convaincante pour
autant qu'elle veut se présenter ccrrme n'ayant pas pensé à sa table au grenier.
Si l'énonciation de TOT veut déployer tout son effet de saisir une évidence,
la nouvelle doit être au-dessus de tout soupçon d'une éventuelle connaissance
211

par A. Il doit s'agir d'une nouvelle dont A - selon le bon sens de son inter-
locuteur - ne peut pas avoir été conscient. Cette nouvelle doit s'entendre
carme étant indépendante de la volonté de A, c'est-à-dire, A n'avait pas de
possibilité d'assumer une quelconque responsabilité. Il est incontestable qu'il
y a une incompatibilité très nette entre l'intention de se présenter caime le
bénéficiaire d'une évidence et le fait d'en être le seul auteur possible. Une
telle stratégie ne fonctionne qu'au détriment de la crédibilité de A qui risque
em plus de friser le ridicule.

3.2.4.2 Les propriétés affectives et carrnunicatives

Prenons d'abord le locuteur A dans notre collimateur.

3.2.4.2.1 Le rapport affectif entre le locuteur et le réfèrent


+
(20) Le glacier

(Mettons que A passe ses vacances à la montagne. Pendant une randonnée


A demande à B):
A : Qu'est-ce que c'est que ça, là-haut, cette masse blanche
verdâtre ?
Β : C'est un glacier.
A : Tu m'en diras tant !

L'emploi de TDT dans ce contexte paraît peu probable si l'on avance les ob-
jections suivantes. Β donne une information tout à fait neutre. A demande, Β
renseigne, il n'y a en conséquence aucune charge affective.

Chargeons pour cela le réfèrent d'une certaine affectivité.

(21) Le glacier

(A passe avec Β les premières vacances de sa vie à la montagne. Pen-


dant les longues semaines avant le départ, Β n'a laissé passer aucune
occasion pour éveiller la curiosité de A. Pendant leur randonnée Β
s'évertue à montrer à A tout ce qui est digne d'intérêt, et enfin,
les deux vacanciers arrivent au glacier).

Β : Oh, regarde là-haut, ce prodige de la nature, c'est un glacier.


A : (émerveillée): Tu m'en diras tant ! c'est la première fois de
ma vie que je vois ça !
212

On peut donc retenir que l'emploi de TOT est plus approprié quand il y a un lien
affectif entre le réfèrent et la nouvelle de A. Du fait qu'un tel lien est plus
fréquent entre deux êtres humains qu'entre un être humain et un da jet inerte,
on peut conclure à un emploi préférentiel d'un être humain ccitme réfèrent de
TOT.

3.2.4.2.2 Le rapport affectif entre le locuteur et l'interlocuteur


109
On peut dire que, en général , A se trouve dans une disposition favorable
à la réception de nouvelles.
Il est plausible qu'un sentiment de plaisir accompagne la réception de la
nouvelle. Ce sentiment peut mène persister dans l'annonce d'une nouvelle cho-
quante.
Le reproche de perversité manquerait son but. Il est question d'un sentiment
de satisfaction très général. C'est la satisfaction que l'henne éprouve quand
on l'informe. Nous ne nions pas cependant une dépendance de cette disposition
de certains facteurs:

(22) Les sorties nocturnes: (deux voisines)

A : De toute manière, ma fille, elle a échoué au bac, vraiment, je


suis désolée.
Β : Mais, tu sais pas, ta fille, elle sortait tous les soirs, elle
faisait le mur, elle allait danser toute la nuit.
110
A : Tu m'en diras tant !

Il est bien possible que, pour des raisons d'appartenance â tel ou tel milieu
social, 1'emploi de TDT soit tenu pour inadéquat. On peut avancer le côté
choquant de l'information canne s'opposant â un emploi de TDT. De toute façon,
de telles considérations à forte implication sociale peuvent mettre A dans une
attitude affectivement opposée à une disposition de réceptivité.

109 II ne faut jamais perdre de vue les nuancements nécessaires selon les
trois subdivisions.

110 La mère ne le savait vraiment pas. Nous disons cela pour être sQr d'une
éventuelle objection du genre 'l'extériorité de la nouvelle n'est pas
respectée'.
213

D'autres facteurs constitutifs du contexte psycho-affectif de TDT concernent


l'atmosphère de partage et de connivence existant entre A et B. Le cas idéal
est celui où il y a un accord fondamental entre les deux locuteurs. Vu sous
cet aspect, TDT est mieux paraphrasé par 'je me vois en pleine conformité avec
toi à travers la compréhension de ta nouvelle' que par 'maintenant, je com-
prends !'. Chaque emploi de TDT opère ccmne moyen de consolidation de ce qu'il
y a effectivement de conmun entre A et B, mais aussi conine moyen d'installa-
tion d'un lien affectif s'il s'agit de deux personnes qui ne se connaissent
pas.

Nous verrons plus loin que dans l'emploi phatique de TDT, cette qualité
affective fondamentale est devenue autonome et absolue.

Dans le dialogue (19), variante La table branlante, A peut se rendre compte


â un marient donné de leur conversation qu'elle risque de gâter les relations
avec sa voisine si elle continue à persister dans sa demande. Ici, TDT peut
aussi servir â rattraper la relation, A peut signaler â B d'être reconnais-
sante de la solution d'aller voir un marchand dans le quartier.

Sans aller jusqu'à dire que A éprouve une gratitude pour avoir été in-
formée, il y a quand mane une nuance sémantique qui vise dans ce sens: 'avec
toi, on en apprend des choses !'. A reconnaît la supériorité affirmative de
B. Il est significatif que dans le dialogue (1) Le mariage, un éventuel syno-
nyme de TDT»pas possible /'se distingue dans un point décisif de notre ex-
pression. Pas possible ! permet tant l'interprétation Ά ne croit pas B ! que
11 interprétation Ά croit B'. Dans TDT, au contraire, il y a une tendance
nette vers la croyance.

Dans cette reconnaissance de l'interlocuteur ccnme instance information-


nelle supérieure réside également un danger pour A. Il risque d'être pris pour
un être crédule et naïf, à la limite il se ccrnporte corme quelqu'un qui est
d'accord quelque soit la réponse. Ce danger existe surtout sur le tronçon
gauche où l'acte de compréhension n'arrive pas â pleine saturation.

Là où il n'y a pas de savoir préalable précis sur le sujet de conversation


ccnme dans les dialogues du tronçon gauche, TDT enchaîne sur un savoir cannun
plus général et des expériences auxquelles A et B participent et qui se
trouvent dans un rapport plus ou moins étroit avec le sujet de la conversation.
214

Il est bien compréhensible que dans ce cas TDT véhicule aussi le désir de
combler le plus vite possible ce trou dans le savoir ccrtmun pour rétablir
l'équilibre informationnel entre A et B. ^

Sur les tronçons central et droit, il y a, en général, un savoir commun sur


le sujet de conversation et antérieur à la situation d'énonciation. A et Β ont
déjà une 'histoire de ccninunication' cannune, éventuellement ils ont déjà parlé
du sujet avant. Mais ce dernier facteur n'est pas une condition sine qua non.
Si d'un côté un écart de temps entre une ou plusieurs conversations antérieures
et la situation d'énonciation de TOT peut améliorer l'appropriété de la formule,
il est, de l'autre côté, bien possible que le savoir sur le sujet se forme en-
core dans la conversation mime. Β donne d'abord à A les détails nécessaires et
ensuite A dit TOT.
Pour terminer ce chapitre, jetons encore un regard sur le dialogue suivant:

(23) La petite secrétaire +

A : Je me demande pourquoi mon mari n'est toujours pas rentré du


bureau ...si ça se trouve, il fait encore des heures supplé-
mentaires !
Β : Tu parles, il aura certainement un rendez-vous avec sa petite
secrétaire.
A : Tu m'en diras tant! pour toi une belle occasion de rire sous
cape.

Ici, il y a des conditions qui s'opposent nettement à un emploi adéquat de TDT.


Toute la conversation montre que les points de vue de A et de Β ne convergent
pas. Ce n'est pas un tel contexte qui est propice à l'ênonciatian de TDT, mais
celui oû, A et Β abondent dans le même sens. Il doit y avoir carme une confir-
mation réciproque, ce que dit Β s'emboîte dans le concept de A et vice versa.
Un exemple extrême permet de démontrer cela. Pour le dialogue (17) L'attentat
à la pudeur, on peut construire le contexte suivant:

A et Β trouvent leur voisin sympathique. Elles savent que C avait toujours


fait de grands efforts pour ne pas récidiver, mais, malgré cela, il est encore
une fois devenu la victime de ses pulsions difficilement contrôlables.

111 La fonction fondamentale de 'lubrifiant social', caractéristique de


nombreuses EIS, ressort ici.
215

TOT peut sous-entendre ici 'le pauvre, je suis aussi de ton avis qu'il soit
112
regrettable que notre voisin n'ait pu dcminer ses pulsions'.

Il reste encore un aspect dont nous voudrions parler dans ce chapitre parce
qu'il relève du donaine du rapport affectif entre les interlocuteurs. Il s'agit
de la forme du futur du verte dire dans l'expression. Nous scrmes obligés
d'avouer un certain embarras que nous éprouvons devant ce phénomène granmatical.
Il est intéressant de mentionner que les renseignements des interviewés ne nous
ont pas éclairés là-dessus. L'impossibilité de trouver une explication valable
dominait de façon générale. C'est la raison pour laquelle nous scrmes réduits à
des hypothèses plus ou itoins fragiles.

Martin (1983) distingue un futur dit 'temporel', un futur d'atténuation ou


d'indignation et un futur volitif ou de premesse. Le premier représente une
"hypothèse sur l'avenir mais dont on considère que la probabilité avoisine la
certitude" (130). Le deuxième consiste en "une exploitation positive du contenu
modal, l'avenir apparaissant coime le lieu de ce qui est encore évitable; il
n'en demeure pas moins qu'il s'appuie sur des événements réels: c'est par jeu
qu'en les transpose dans l'avenir"(131-132). Le dernier évoque "assertivement
le fait ordonné ou prends c a m e s'effectuant dans l'avenir" et il crée "plus
encore l'illusion de ce qui est" (132). Mauger (1968:236) mentionne encore un
futur qui exprime l'idée d'une "'hypothèse' ou d'un 'peut-être"' et d'une "ob-
jection possible". En fait les quatres interprétations du futur peuvent être
réduites à deux aspects opposés sous lesquels la réalité est envisagée. Le pre-
mier la fait apparaître carme hypothétique et le deuxième cerane certain. En
principe, les deux interprétations peuvent être appliquées. Dans le premier cas
le locuteur hésite â accorder une certitude absolue à la nouvelle vu son carac-
tère inédit et surprenant. Dans le deuxiàne cette hésitation est absente. Sous
l'angle de la relation affective entre les deux interlocuteurs nous scrmes pour-
tant enclins à préférer la deuxiàne. Celle-ci permet mieux de ne pas porter at-
teinte à l'image de garant de vérité de l'interlocuteur. Nous avons vu que cet
élément confirmatif joue un rôle central dans le sémantisme de TOT non ironique.

Le tableau ci-après réunit tous les éléments de la structure sémantique af-


fectivo-cognitive de TOT.

112 II va de soi que cette variante du dialogue (17) demande aussi une modi-
fication des interventions de A et de Β dans la version originale.
216

TEMPS)

AVEC LE SUJET DE LA CONVERSATION


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217

3.2.4.2.3 Eìiploi phatique

(24) Le rabibochage

Β : Ce matin, j'ai rencontré Janine, elle m'a raconté qu'elle s'était


rabibochée avec Pierre ...
A : Tu m'en diras tant !

Nous avons tout lieu de penser qu'il s'agit ici d'un enploi de TDT que nous
avons du mal â placer dans le detraine des trois modes présuppositionnels. Il
réunit des propriétés qui lui valent bien l'appellation 'phatique':

La force de confirmation de la justesse de ce que l'interlocuteur a dit


atteint son point culminant. Cela crée un climat d'harmonie sociale complète
entre A et B. Par contre, le degré de la valeur informative des paroles de Β
et la résistance de A à la compréhension de celles-là atteignent leur point
le plus bas.

"On est ici à la limite du 'dialogue'. Une relation personnelle créée,


entretenue par une forme conventionnelle d'énonciation revenant sur
elle-même, se satisfaisant de son accomplissement, ne comportant ni
objet, ni but, ni message, pure énonciation de paroles convenues,
répétée par chaque énonciateur" (Benveniste 1974 11:88).

Il est bien normal que TOT phatique trouve le contexte le plus favorable
dans le train-train quotidien. C'est là où le nivellement de la valeur infor-
mationnelle des événements est le plus fort. S'il est vrai que TDT se rapproche
ici d'un aft oui !, vraiment ! etc ..., il faut pourtant signaler une différence
d'enploi entre ces dernières et TDT phatique. Au contraire de celles-ci, TDT
phatique ne permet guère un emploi répétitif ou même inflationniste. Cela peut
être dû au fait que le 'noyau rationnel' (l'acte de compréhension) subsiste,
si faible soit-il.

Il est certain que 1'emploi phatique de TDT pousse â l'extrâne les propri-
étés sémantiques des expressions TDT faisant partie du domaine de la PPV type
'prétendre'. Dans celui-ci s'annonce déjà la disparition du locuteur derrière
les faits qui parlent d'eux-mêmes. On assiste à un phénomène très intéressant
qui est, en principe, de nature diachronique, mais qui se reflète synchronique-
ment dans la structure sémantique de TDT. On se rappelle que nous avons affec-
té le domaine de la PPV type 'prétendre' d'une valeur de vérité entre > 0 . 5 et
<1 (cf. p. 89 ). Nous voyons un rapport entre l'annonce de la disparition du
locuteur dans ce domaine et la préfiguration du passage de ce domaine â celui
de la PPV type 'affirmer'. Sous cet aspect une sursaturation assertive est á
l'origine du 'passage' de la fraction décimale périodique indéfinie 0.5 à la
218

valeur de vérité 1. La qualité infinitésimale de ce passage s'accorde bien avec


la nature de la valeur Ί ' que nous considérons canne un chiffre limite, donc
jamais atteint. Dans ce fait s'exprime 1'impossibilité de la disparition com-
plète du locuteur et par là du principe générateur du processus transgressif
de signifiance. Etant donné que le 'passage' à la valeur Ί ' rend une unité
linguistique de nouveau disponible à une exploitation pragmatique différente
de l'ancienne usée et disparue, il est certain que tôt ou tard il y aura une
transmutation qualitative sous forme de l'application d'un autre topos. C'est
à ce mcment précis que notas localisons la naissance de la version ironique de
TOT. Vu sous cet angle le phatique et l'ironique sont plus proches l'un de
l'autre qu'on ne le pense au premier abord. Le phatique représente alors une
configuration sémantique quantitativement saturée qui se distingue de l'ironie
par le seul fait qu'il ne connaît pas (encore) de transformation qualitative,
dont une forme d'expression est justement l'ironie.

3.3 TU M'EN DIRAS TANT (IRONIQUE)

De façon générale, on peut dire que le sémantisme de TOT ironique est moins
complexe que celui de son pendant non-ironique. Nous verrons que cela s'ex-
plique surtout par l'existence d'une préattitude moins variable.

3.3.1 Niveau analytique IV

De notre point de vue, il n'y a que deux types d'emploi qui se distinguent
nettement dans la mesure où l'un occupe le domaine de la PPV type 'convenir'
et l'autre celui de la PPV type 'prétendre'. Par conséquent, nous scmmes d'avis
que la PPV type 'affirmer' est sans fonction. Nous en reparlerons.

(25) La petite soeur

(la petite soeur, 13 ans, demande à son grand frère 20 ans)


Β : Charles, est-ce que tu peux me donner 50 francs ?
A : Mais pourquoi ça ?

Β : Oh, tu sais, ce soir, je veux aller en disco et ils demandent


une entrée ...
A : Tu m'en diras tant, ma petite soeur quitte les jupons de notre
mère !

Il n'y a pas de doute que A fait semblant de s'étonner des côtés nouveaux qu'il
découvre dans le comportement de sa soeur. Mais nous disons qu'il est spéci-
fique de cet emploi de TOT iron, que la feinte d'étonnement et de surprise
n'est pas totale. D'une part, il est certain que le frère n'a pas de difficultés
219

à faire rentrer le caiçortement de sa soeur dans un schéma caiportemental géné-


ral qui lui est connu et familier. Il sait que d'ordinaire les jeunes â cet
âge ccrmencent à sortir. Derne, sous cet aspect il se voit confirmé dans une
opinion et dans un savoir acquis. D'autre part, cependant, cette confirmation
contient des éléments d'originalité. Cette originalité censiste dans une sorte
de première dans laquelle un œnporterrent 'individuel' s'avère la reproduction
exacte d'un schéma général. Tiens ! tiens ! avec son intonation caractéristique
- ton élévé sur le premier tiens, ton bas sur le deuxième - est certainement
une paraphrase qui traduit très bien ce double aspect de déjà su et d'origina-
lité confirmative.

(26) Le ronfleur

(Deux copines dont Β qui vient de s'installer avec son nouvel amant
Roger)
A : T'as une petite mine ! Qu'est-ce qui se passe ?
B : Je suis crevée ! Je dors plus de la nuit, Roger me tue !
A : Tu m'en diras tant ! Allez, te plains pas, c'est une saine
fatigue, ça.
Β : C'est pas du tout ce que tu crois.
A : C'est quoi ?
Β : Il ronfle à un point ... Je n'ai jamais vu de pareil ...
(Claude Sarraute, le Monde, 30.05.86)

Nous plaçons cet emploi dans le domaine de la PPV type 'prétendre' parce que
nous posons des données bien différentes du dialogue (25):
A et Β se connaissent très bien, A a une opinion bien arrêtée sur la vie
amoureuse agitée de Β et A sait très bien que le nouvel amant s'ajoute â une
liste déjà assez longue d'amants 'largués' par B. Canséquenment, A représente
de façon idéale l'initié et le vieux singe â qui cai n'apprend pas à faire la
grimace ou bien celui à qui on ne fait pas prendre les vessies pour des lan-
ternes. A est absolument sûre de son opinion sur Β et dans chaque nouvelle de
ce genre qu'on lui apporte sur B, elle se voit confirmée dans son point de
vue. Cette fois-ci, la feinte d'étonnement est totale, en fait, la nouvelle ne
provoque aucun étonnement. Voici quelques paraphrases bien adéquates:
à d'autres !, ne me raconte pas d'histoires !, ça ne m'étonne pas !.
220

(27) Le mari plongeur

(La femme pour la éniême fois á son mari)

Β : Mais chéri, je t'en prie, ne saute pas dans la piscine, tu


viens tout juste de manger !
A : Tu m'en diras tant !

Cet emploi de TDT se situe aussi dans le domaine de la PPV type 'prétendre'.
Nous avons seulement modifié un élément performanciel. C'est un sentiment de
lassitude informationnelle qui s'installe, A n'est plus disposé à supporter
les conséquences de son trop plein de savoir sur B. Des paraphrases carre
•parle/cause toujours , c'est pas la peine de continuer .', fiche-moi la p
je sais ce que j'ai à faire ! pourraient bien prendre la place de TDT. Mais
cette lassitude ne doit pas forcément prendre une note peu aimable et mordante
came le montre le dialogue suivant:

(28) Le jeu de loto

Β : Vous ne vous imaginez pas ce qu'il m'est arrivé, j'ai gagné 30


millions au loto !
A : Au moins, on peut pas dire que vous portez la poisse, vous !
Β : Ben, faites comme moi, jouez toutes les semaines ...
A : Oh, vous m'en direz tant ! j'ai joué pendant 15 ans et je n'ai
jamais gagné !

A, complètement désillusionné, fait comprendre à Β que cela ne vaut vraiment


plus la peine de vouloir le convaincre de l'utilité de jouer au loto et c'est
ainsi qu'il rejette de façon plutôt aimable le conseil amical de B.

(29) La fille enceinte

B : Vous vous rendez compte ! la fille de notre voisin, elle doit se


marier ! elle n'a que 17 ans et elle est déjà enceinte de six
mois ...
A : Vous m'en direz tant !

Nous ajoutons encore ce dialogue pour montrer que B ne doit pas forcément être
la personne impliquée. Cette fois-ci, c'est une tierce personne absente qui
est le destinata i re du caimentaire de A. A ne connaît que trop le style de
vie de cette jeune feume et cette nouvelle ne fait que confirmer son opinion
négative. Ce n'est pas surprenant /, ça ne m'étonne pas !, il fallait bien s'y
attendre !, parlez-*moi-z-en de..., elle l'a bien cherché ! sont des paraphrase
possibles dont chacune exprime un aspect sémantique actual i sable par TDT.
221

3.3.2 Niveau analytique II

Dans la définition du PIQ de TDT iron., la notion de confirmation joue le rôle


central:
Force confirmative d'une nouvelle ayant
trait à une préattitude de tendance lé-
gèrement négative.
Les indications quantitatives se répartissent entre 'un peu' de force confirma-
tive et 'beaucoup' de force confirmative. Tel que nous l'avons déjà indiqué,
nous sertîtes d'avis que l'indication quantitative du domaine de la PPV type
'affirmer' n'est pas discursivement exploitée (exploitable ?). Cela tient
probablement à la nature du topos qui s'applique au PIQ:

Plus une nouvelle confirme une opinion de


tendance légèrement négative, mains on est
disposé à accepter / tolérer la prétention
de l'interlocuteur d'apporter du nouveau.

Il paraît que la propriété de la tendance légèrement négative ne permet pas la


mise en valeur discursive de quantités de force confirmative se trouvant en
équilibre entre 'un peu' et 1beaucoup'. Nous éclairerons davantage ce phénemêne
dans le chapitre 3.3.3.1 .

Pour mieux catprendre pourquoi le topos contient l'élément 'tendance légère-


ment négative', voici encore quelques précisions sur cet aspect. Coirne dans le
cas de TOT non-ironique nous avons affaire à une préattitude. Elle s'est formée
sur la base des informations que A pouvait obtenir sur Β dans le passé. Le juge-
ment impliqué par cette préattitude est de tendance négative. Chaque information
que A reçoit sur B, soit directement de celui-ci, soit d'une tierce personne et
qui confirme le jugement négatif, peut déclencher TOT. Une telle information
vient apporter de l'eau au moulin de A.

En principe, il n'y a aucune raison logique que l'accumulation d'un savoir


conduise automatiquement â la formation d'un jugement négatif. Dans le cas de
TDT, il faut pourtant admettre une conventionnalisation en faveur d'un jugement
légèrement dépréciateur. Par conséquent, il n'est pas possible d'employer TDT
quand le jugement impliqué par préattitude est de nature positive. Il est facile
d'imaginer que A dit ironiquement quelle surprise ! à l'annonce de la nouvelle
que le fils du voisin a brillament passé son concours. A avait déjà une haute
opinion des qualités intellectuelles du jeune hcxime. Mais il η1 emploiera pas
TDT pour exprimer qu'il se voit confirmé.
222

Quant à l'illocutoire générique il est de qualité directive et est argumen-


tativement anti-orienté. En général cette anti-orientation a pour cible des
énoncés du type informatif, explicatif ou justificatif. Pour qu'on canprenne
vraiment la fonction d'anti-orientation, aucun doute ne doit subsister sur
l'objectif de celle-ci. Pour le dire clairement, ce n'est pas la vérité des
propos de l'interlocuteur qui est directement visée. Supposons le dialogue
suivant:

(30) Le bouchon

(La femme et son mari qui arrive tard du travail)


A : Mais, dis donc, tu es très en retard ce soir ? Ça arrive
d'ailleurs de plus en plus souvent !
Β : Oh, si tu savais ! J'ai dû faire une heure supplémentaire,
ensuite j'arrive â la voiture, une panne ! et par-dessus
le marché il y avait ancore un bouchon sur l'autoroute !
A : Tu m'en diras tant !

A ne dit pas ae η 'est pas vrai !. Par conséquent des paraphrases carme ne me
raconte pas d'histoires ! ou a d'autres !, bien qu'acceptables, ne sont pas
tout à fait exactes à cause de la contestation de la vérité qui leur est in-
trinsèque. TOT, par contre, se comporte de façon neutre vis-à-vis de la
question de vérité. Elle peut (indirectement) être visée came elle peut ne
pas l'être. Puisque c'est ainsi, TOT du dialogue (30) peut être interpréter
de deux façons sous l'aspect de vérité:

(i) 'cela ne m'étonne plus que tu sois en retard à cause des raisons nom-
mées parce que je sais que ce sont toujours les mêmes raisons qui oc-
casionnent toi retard.'

(ii) 'cela ne m'étonne plus que tu essaies de me faire croire que ce sont les
raisons ncrrrnêes qui exit occasionné ton retard parce que je sais que
chaque fois que tu avances ces relisons, il y en a d'autres qui étaient
en réalité responsables de ton retard.'
223

3.3.3 Niveau analytique III

3.3.3.1 Cannent justifier l'absence de la PFV type 'affirmer' ?

Pour attribuer une PFV type 'affirmer' à TOT, nous nous trouvons devant des dif-
ficultés dont nous ne sennes pas certains d'avoir trouvé l'explication adéquate.
D'abord nous ne voyais pas exactement de quelle façon un emploi de TOT opérant
dans le demaine d'action de cette PPV pourrait être interprété au niveau IV.
Nous hésitons â admettre une interprétation qui assigne de l'indifférence â
TOT ccrme c'était le cas pour LBA. Pourquoi ? Eh bien, parce qu'il serait il-
logique qu'une quantité plus petite de confirmation donne lieu â une interpré-
tation d'indifférence alors qu'une quantité supérieure de confirmation provoque
un rejet catégorique de l'intention de l'interlocuteur. A notre avis, l'indif-
férence suppose un plus de quantité de confirmation qu'un rejet catégorique.
Celui qui rejette a toujours l'espoir d'obtenit un résultat en sa faveur alors
que celili qui est indifférent a déjà dépassé ce stade.

Dans le cas de LBA, il est logique que l'indifférence dérive d'une plus pe-
tite quantité d'illégitimité que l'attaque intersubjective du demaine de la PPV
type 'prétendre', laquelle n'est déclenchée qu'au moment oiî l'illégitimité at-
teint un degré intolérable.

3.3.3.2 Les PPV types 'convenir' et 'prétendre'

Le fonctionnement des deux PPV peut être décrit ainsi:

PPV type 'convenir's

'Je conviens que la nouvelle a peu de force confirmative, c'est pourquoi


je suis dans une certaine mesure disposé â accepter/tolérer la prétention de
la nouvelle d'apporter du nouveau'.

PPV type 'prétendre':

'¡Je prétends que la nouvelle a beaucoup de force confirmative, c'est pourquoi


je ne suis pas disposé â accepter/tolérer la prétention de la nouvelle d'ap-
porter du nouveau'.

113 II est nécessaire de substituer peu à un peu parce que le verbe convenir
demande d'adopter l'optique de l'interlocuteur (ou, mieux, l'optique que
le locuteur attribue à l'interlocuteur). Peu et un peu reflètent les ori-
entations quantitatives opposées du fait que le premier est orienté vers
'beaucoup' et le deuxième vers 'rien'.
224

L'explication de l'effet Ironique':

Le passage du non-ironique â l'ironique est accompagné de deux facteurs

importants:

(i) le changement du topos (cf. p. 120)

(ii) le passage d'un niveau non-discursif à un niveau discursif (cf. p. 119)

Ainsi,nous considérons l'emploi ironique de TOT coime un composé des éléments


suivants:

(i) la 'signification' de la version non-ironique pourvue d'un illocutoire


générique 'représentatif' (niveau II),

(ii) un topos différent de celui de la version non-ironique. Il est l'ex-


pression d'une transmutation s'effectuant à la suite d'un processus
diachranique d'accumulation quantitative sémantique (niveau II),

(iii) la 'signification' de la version ironique pourvue d'un illocutoire


générique assertif, i.e. directif (niveau II),

(iv) 1'illocutoire â dominante argumentative et par là de qualité discur-


sive de l'emploi ironique (niveau III),

(ν) 1'illocutoire spécifié de l'emploi ironique (niveau IV),

(vi) l'opposition normative sous forme de deux topoi dont l'un n'est pas
individuellement pris en charge (celui de TOT non-ironique), alors
que l'autre est assumé et appliqué par un locuteur (niveaux II et III),

(vii) la concrétisation situationnelle d'une FA renforcée sous forme d'un


sentiment de supériorité de savoir et d'un dédoublement réflexif du
sujet parlant (niveau IV),

(viii) la thêmatisation (ludique) du pouvoir social entre le sujet parlant


et 1'auditeur (niveau IV).

Sur le tableau ci-aprês, notre conception de l'ironie trouve son applica-


tion concrète. Corme modèle, nous avons choisi le dialogue (25) la petite soeur:
225

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226

Encore deux mots sur le tableau précédent. Nous vourdrions attirer l'atten-
tion surtout sur les cases vides de la composante non-ironique aux niveaux III
et IV. L'évocation de la 'voix' non-ironique, pous nous servir un peu de la ter-
minologie polyphonique d'Ansccmbre et Ducrot, ne peut jamais s'étendre au-delà
du niveau II,pas même si elle peut être attribuée à l'interlocuteur. Jacques
(1985:108-109) nous sert d'autorité pour étayer notre thèse. Il affirme:

"le locuteur est bien le porteur de la voix, le proférateur répondant â


la question qui parle ?, celui qui 's'entend parler'. Mais il faut en
dissocier l'auteur du dit. L'autre participe â quelque degré avec moi
à l'instauration de l'isotopie sémantique. Si bien que les auteurs du
dit sont les co-énonciateurs."

Ceci dit, il faut préciser davantage l'opposition des deux topoi â laquelle
nous attachons un rôle essentiel pour la naissance de l'effet ironique. Sur
le côté non-ironique, le topos ne connaît pas d'interprétation individuelle
en raison de l'absence d'un locuteur. Sur le côté ironique, en revanche, il
y a un locuteur qui l'exploite selon sa vue personnelle. C'est donc de cette
façon que nous entendons la nature de l'opposition des deux topoi. 114

Notre thèse de l'utilisation différente des deux topoi nous incite à re-
lativiser la thèse de Berrendonner (1981) de la neutralité de la fonction de
l'ironie (225). Il affirme que l'ironiste ou le locuteur échappe â toute
sanction éventuelle parce qu'il aurait la possibilité de s'abriter derrière
l'une ou l'autre norme (237 et 238). Nous objectons à cela que l'ironiste,
c'est-à-dire le locuteur, prend en charge une des deux normes, â savoir celle
des carposantes ironiques. Nous le définissons ccrrme assumant une responsabi-
lité normative dont il ne peut pas se dérober aussi facilement que Berrendonner
le suggère.

114 Kaufer (1981:504) décrit ce phénomène dans un langage plus psychologique:


"I define ironie oppositions in terms of tension between the ironist's
subjective attitude and the attitude implied by the expectational set
identified with assurance to the literal utterance". De toute façon, nous
croyons découvrir une différence de degrés de généralité entre les termes
"expectational set" et "subjective attitude". C'est ici aussi qu'on peut
situer le souci de Leclère (1982:142) de sauver le sujet parlant d'un
déterminisme robotisant. Selon lui, on peut interpréter la relation de
l'ironie à l'assertion en termes de liberté du sujet parlant.
227

3.3.4 Propriétés comunes de TOT non-ironique et de TOT ironique

3.3.4.1 Affectivité positive et négative

Nous scitmes d'avis que 1' 'accord fondamental1, que nous avons dégagé de l'emploi
non-ironique, est aussi présent dans les emplois ironiques. Même dans le dia-
logue (27) Le mari plongeur fait référence â un savoir ccntnun: les dangers
d'une baignade après le repas, ce sont seulement les points de vue concernant
la valeur et l'utilité de ce savoir - les topol justement - qui différent.

Nous avons pu constater qu'au-dessus de cet accord fondamental les deux


versions de TOT permettent dans une certaine mesure 11expression d'une affec-
tivité tant positive que négative. Bien entendu, ces nuancements affectifs se
situent au niveau IV de la GSS, car c'est là qu'opèrent des facteurs tels que
état affectif, humeur, degré d'intimité, rapport social, etc. (cf. p. 12).

(2) L'appareil photo

Β : Mais comment est-ce que tu t'y prends...


A : Tu m'en diras tant !

Il est bien clair que la forme, qui risque d'être noyée par les instructions
de son mari, n'est guère enthousiasmée pour subir encore d'autres renseigne-
ments. Dans ce dialogue, TOT sous-entend 'laisse-moi tranquille, ça ne m'in-
téresse pas, je n'ai pas envie d'apprendre ça'.

(25) La petite soeur

Β : Charles, est-ce que tu peux me donner cinquante francs ?


A : Tu m'en diras tant !

Mettons que le frère soit de bonne humeur et ccmprêhensif. Il dira la formule


sur un ton affectueux et amusé, et, la petite soeur aura toute chance d'avoir
les cinquante francs. Mais si ce même frère est maussade et grognon, il peut
exprimer à travers TOT qu'il n'est pas tellement d'accord et qu'il n'a pas
tellement envie de lui prêter de l'argent.

Prenons encore un autre exemple. Le mari plongeur peut très bien ne pas
beaucoup estimer le point de vue de sa femre sur la baignade après le repas.
Rien ne l'empêche pourtant d'énoncer TOT sur un ton bienveillant, aimable et
débonnaire. Il exprime toujours l'idée 'qu'est-ce que ça peut faire !' mais
sans nuance agressive.
228

Dans le dialogue Le ronfleur, il est peu probable que la préattitude de la


copine soit hostile à 11occupation la plus agréable du monde. C'est plutôt
l'attitude de celui qui s'y connaît aux choses de la vie. Il est donc évident
que la copine dise TOT sans aucune méchanceté. C'est plutôt la cctnpréhension
totale pour une bonne amie, une compréhension dotée d'une belle portion de
connivence amicale.

3.3.4.2 La force expressive limitée

L'emploi de TOT est peu probable si l'information est - selon l'opinion géné-
rale - de nature trop grave.

Les dialogues (6) Le cancéreux, (7) La fille qui se drogue, (22) Les sor-
ties nocturnes peuvent être visés par l'argument de la gravité. Evidenment, il
faut nuancer selon que la personne impliquée est un interlocuteur ou une tierce
personne absente.

L'argument de la gravité trouve son pendant dans le fait que le potentiel


expressif de TOT est assez restreint. Dans le cas de la fille qui sort la nuit,
la formule ne peut pas suffisanment rendre le choc et l'abattement de la mère.
Eventuellement, un ah ben, bon sang de bonsoir, a 'est donc ça la cause ! serait
une possibilité mieux appropriée.

De façon générale, TOT ne peut exprimer de sentiments ni trop positifs


(grande joie, surprise, etc.) ni trop négatifs (fort reproche, forte désappro-
bation ou réprobation, etc.). Il y a des raisons objectives' dans le sémantisme
de TDT qui expliquent ce phénomène. Si l'on suppose un partage fondamental sur
le plan affectif, il y a certainement un point où ce fond ccmnun et le désac-
cord ne sont plus conciliables. Ceci est surtout valable pour l'emploi ironique
et 'face à face', mais aussi dans un cas carne celui du dialogue L'appareil
photo, où il n'y a pas d'ironie. Et puis, il y a cette qualité rationnelle de
la formule. Elle comprend plusieurs aspects. D'abord, il y a l'acte de compré-
hension qui constitue un événement réflexif. Ensuite, il y a le caractère de
déclaration. Il ne peut pas y avoir expression directe d'un sentiment ccrme par
exemple, dans les interjections oh, ah ou dans un ça alors ou un ah ça, par
exemple ! etc. Il y a un détour à travers la parole qui décrit l'événement émo-
tionnel et 'infonte' l'interlocuteur de l'étannement. Dans un oh, il n'y a que
l'indication d'une émotion, dans TOT il y a indication et information (cf.
Volek 1977:130, 133, 136).
229

Et enfin, c'est la quantité textuelle de la formule qui ne favorise pas


une spontanéité trop directe.

Signalons, pour finir, ime différence nette entre TDT non-ironique et TDT
ironique sur le plan expressif. la 'signification expressive1 de la première
expression est sans conteste moins significative que celle de la deuxième. En
d'autres terme, dans l'emploi ironique, l'interlocuteur sait beaucoup mieux à
quoi s'en tenir que dans l'autre cas. La cause s'explique facilement. Elle ré-
side dans la qualité différente des FORCES ARGUMENTATIVES. Dans 1'emploi non-
ironique, elle est de caractère affirmatif et dans 1'emploi ironique de carac-
tère assertif. C'est là où les différents degrés d'intentionnalité ont leur
origine.

3.3.4.3 Les emplois de feinte


TDT se prête facilement à un emploi manipulé. Cela est imputable au rôle cen-
tral de l'acte de comprehension dans le sémantisme de la formule. Si un tel
acte a effectivement eu lieu ou non, il ne peut être vérifié que par A lui-
même. Ce qui revient au fait que pour Β il n'y a pas de différence entre un
emploi sincère et non-sincère. Le principal c'est bien entendu, que A réus-
sisse à convaincre Β de la véridicité de l'état psychologique feint (cf. p. 70 ;
Grewendorf 1984:525).

La manipulation de l'acte de cctnprêhension peut se faire dans deux sens:

(i) A sait, mais il feint de ne pas savoir.

(ii) A ne sait pas, mais il feint de savoir.

L'attitude (i) peut trouver son motif dans l'intention de A de donner â Β le


sentiment d'une supériorité de savoir. A veut que Β se sente admiré, il veut
qu'il plaise à B. De toute façon, A agit de façon intéressée:

(31) Le sphinx
Le Sphinx: et ... si le Sphinx vous tuait ?
OEDIPE : Sa mort dépend, si je ne me trompe, d'un interrogatoire
auquel je devrai répondre. Si je devine, il ne me touche
même pas, il meurt
Le Sphinx: Et si vous ne devinez pas ?
OEDIPE : J'ai fait, grâce à ma triste enfance, des études qui me
procurent bien des avantages sur les garnements de Thêbes.
Le Sphinx: Vous m'en direz tant !
230

OEDIPE : Et je ne pense pas que le monstre naif s'attende à se


trouver face à face avec 1'élève des meilleurs lettrés
de Corinthe.

Le Sphinx: Vous avez réponse à tout ...


(Texte n° 13, Cocteau, 1934)

Le double usage de TDT est évident. L'emploi ouvert et feint de TOT comunique
â ŒDIPE 'ah bon, vous êtes le meilleur'. Mais en màne temps, un TDT 'caché'
et vrai s'adresse Ironiquement au Sphinx lui-même 'ah, ah, il se prend pour le
meilleur'. Donc le Sphinx rabaisse OEDIPE dans son estime â lui (du Sphinx),
tout en donnant l'impression à OEDIPE qu'il le comprend et qu'il l'admire.
L'emploi de feinte suppose une situation triangulaire dont deux parties sont
dans le coup, mais non pas la troisième. Dans le texte n° 13, elle est obtenue
par dédoublement de la personne du Sphinx, dans le texte suivant, elle se passe
entre l'auteur et les lecteurs du journal:
(32) Les secrets d'alcôve
"Alors que le rapport Kinsey y voyait un plaisir réservé aux seuls pri-
vilégiés, les statistiques de la R.D.A. révèlent que les Allemands font
des fleurs à leurs partenaires 'sans distinction de classe sociale'
même si la réciproque n'est pas vraie.

Vous m'en direz tant ! Moi qui pensais que, justement, des classes, il
n'y en avait plus dans une société sans classes. A croire que si: la
classe laborieuse des filles soumises."

(Texte n° 16, Le Monde 11.10.84)

L'attitude (ii) connaît des mobiles qui ont la valorisation de A lui-même pour
but. A n'est pas prêt à avouer sen ignorance. Il se donne corme informé pour
ne pas encourir le ridicule. On peut penser à des rapports sociaux où le fait
de reconnaître son ignorance conduise â une perte d'estime aux yeux de l'inter-
locuteur. Le supérieur aussi bien que l'inférieur tiennent â préserver leur
image devant l'autre.
Qu'on nous permette, â cet endroit, quelques réflexions un peu générales,
il est vrai, mais en tout cas inspirées par l'étude.
Dans 1'emploi de TDT, on peut dégager un certain rapport - toujours altér-
able par des facteurs performanciels, bien entendu, entre l'étonnement et la
ccrnprêhensian. Sans vouloir pousser ce rapport â l'extrême, on est en droit
de dire que moins en comprend, plus on s'étonne. De là, â l'attitude inter-
rogative, c'est-à-dire â une attitude dépourvue d'une prétention directe â
la dominâtion, il n'y a qu'un petit pas. Une personne qui se présente de cette
231

façon dans des relations concurrentielles passe obligatoirement dans une po-
sition d'infériorité. Ainsi, an peut formuler:

Plus une personne tient à ne pas porter


atteinte à son image de marque épisté-
mique, plus elle fera usage d'un TOT
ironique.

3.3.5 Caractêrisation par coltraste des propriétés prosodiques et


mimo-gestuelles de TOT non-ironique et de TOT ironique

De façon tendancielle les formes expressives de la tendresse et de l'agressi-


vité telle que Fônagy les décrit (cf. schéma p. 105) s'appliquent à TOT non-
ironique et à TOT ironique. Nous disons 1tendanciellement' parce qu'aucune des
deux expressions ne représente ni une forme de tendresse marquée et poussée ni
une forme d'agressivité prononcée. Néanmoins il reste vrai que TOT non-ironique
- pour l'instant nous faisons abstraction des nuances sémantiques de ses dif-
férents emplois - favorise non seulement un avancement de la mâchoire infé-
rieure et des lèvres nais de toute la partie supérieure du corps en direction
de l'interlocuteur. Ce mouvement s'accentue au niveau du cou et de la tête, mais
il ne prend jamais l'aspect d'une attaque et d'une menace. Son caractère in-
offensif et graduel cadre avec l'idée de l'acceptation de l'interlocuteur. Le
léger mouvaient en avant de la tête surtout est accompagné d'une ouverture plus
grande des yeux. Les prunelles s'inrnobilisent et fixent le visage de l'autre,
expression visible de l'attention et de l'intérêt que lui accorde le locuteur.

Dans le cas de TOT ironique la situation se présente d'ime autre façon. Le


léger sourire ironique ne permet pas l'arrondissement des lèvres au mâne point.
Lèvres et mâchoire inférieure restent plus rétractées. Au lieu d'un avancement
de la tête, le mouvement initial, au moins, de celle-ci a tendance à ciller vers
l'arrière. Le mouvement lui-mane est plus rapide, mais sans atteindre vraiment
une expression saccadée ou mêine angulaire. La nature peu agressive de l'expres-
sion en général s'oppose à une telle accentuation. L'ouverture des yeux est
loin d'atteindre le degré de TOT non-ironique. Il est possible que le début du
mouvement en arrière de la tête soit accompagné d'un abaissement momentané des
paupières. Cette fermeture est 11expression du désintérêt que le locuteur porte
â 1'apporteur de la nouvelle qui n'est pas une et à laquelle on n'a plus envie
de s'ouvrir. En outre le degré de fixation des pupilles n'atteint pas celui ob-
servable pendant 11ênonciatian non-ironique. Il y a mâne une tendance du regard
â s'évader, â se détourner de l'interlocuteur. Uh haussement des sourcils
232

s'associe au mouvement en arrière de la tête. La contraction musculaire fron-


tale se détend au moment où le mouvement s'inverse. C'est à ce ircment égale-
ment que 11abaissement des paupières succède â leur haussement.

Parallèlement à la quasi absence de contraction des muscles lingaux, buc-


caux et faciaux pendant l'énonciation non-ironique, les occlusives alvéolaires
t de tu et de tant et d de diras tendent à la palatalisation, tandis que les
voyelles, en particulier la nasale /a/ de tant s'allongent. L'énonciation
ironique par contre renforce l'effet explosif de la consonne initiale t de tu
et de tant. La forte explosion du t de tu prend la qualité d'une attaque. Elle
entraîne facilement un accent d'insistance (cf. p. 107) sur la voyelle y, ce
qui implique en général une déviation rapide vers un niveau intonatif supéri-
eur (cf. p. 107). Mais ne nous trempons pas sur la nature agressive de TDT
ironique. Elle est très faible. Nous avons pu observer un phénomène proso-
dique qui est révélateur dans ce sens. Il n'est pas rare que 1'expression
ironique s'énonce sur un ton chantonné, sautillant en quelque sorte. S'il y a
donc agressivité, celle-ci fait plutôt plaisir (cf. p. 106). On paurrait pen-
ser à une forme de taquinerie, les voyelles rapidement égrenées tenant lieu de
petites pointes lancées en direction de l'interlocuteur. Une autre caractéris-
tique ironique plus typique consiste dans la distribution d'un ton bas, d'un
ton haut et d'un ton bas sur les trois dernières syllabes ^ t ra[ ^

(cf. p. 106)·

Toutes les observations faites jusqu'à présent peuvent être superposées par
des phénomènes qui dérivent des nuances sémantiques ayant leur origine soit au
niveau III, soit au niveau IV de la GSS. De façon générale nous pouvons dire
que les emplois de TOT ηαη-ircnique du danaine de la PPV type 'convenir' favo-
risent une courbe intanative ascendante. La montée finale signale une attitude
interrogative. C'est l'individu qui se présente en position de réceptivité et
qui provoque une réaction de la part de 1'interlocuteur (cf. p.106 ) pour qu'il
puisse assouvir sa carence informationnelle. Dans le danaine de la PPV type
1
prétendre', par contre, c'est la courbe descendante qui s'impose. La saturation
informationnelle est tellement forte qu'elle atteint presque le degré de la
force assertive. Nous imaginons bien le dialogue (17) L'attentat â la pudeur
dit sur un ton de soulagement auquel cas le ton monte au début et descend pro-
gressivement (cf. p. 106 ). Pour le danaine de la PPV type 'affirmer' nous ris-
quons 1'hypothèse que la courbe intonative a tendance â rester sur le même
niveau et â former donc une ligne droite. Elle nous rappelle 11 intonation de
233

base de la 'parenthèse' distinguée par Delattre et dont elle constituerait une


exploitation discursive dans la mesure où elle sert le mieux â faire 'dispa-
raître' toute individualité d'un locuteur derrière la factualité de la réalité
et l'évidence de la vérité.

En ce qui concerne l'ênonciatian de TDT ironique, il est possible que dans


le domaine de la PPV type 'prétendre' des éléments intonatifs manotones expri-
mant la lassitude et le désenchantement prennent le dessus. Ceci dit, nous
rappelons que nous avons affaire ici à ce que Bufe appelle "compétence into-
native universelle" (cf. p. 110).
234

3.3.6 Cotextes

3.3.6.1 Quelques prê-cotextes

DIALOGUES PRE-COTEXTES TU M'EN DIRAS TANT

(1 ) Le mariage Quoi
Ah ben

(3) La fille désespérée Eh ben


Ou là là, quel problême
Ah vraiment
ooohf ( *)

(4) La consultation Oh
médicale C'est dommage
Oh bon sang de bonsoir
Quel ennui
hhh (*)

(9) La réconciliation Ah ben dis donc


ratée Tiens
Mais TDT et moi qui essaye
de

(7) La fille qui se Ah ben dans ce cas là


drogue Ah vraiment
0 là là mon Dieu

(13) Le mari infidèle Ah, bien sûr


Ah ben, voilà
Ben oui, effectivement

(17) L'attentat â la Ah enfin


pudeur

(30) Le bouchon Tu parles


Aha
Hè Hè
Mmm

(29) La fille enceinte Et alors


Eh oui, bien sûr
Hwwh (*)

(27) Le mari plongeur ohh (*)


oh la barbe

(*) Quelquefois il est difficile de trouver une graphie adéquate.


235

3.3.6.2 Quelques post-cotextes

DIALOGUES TDT POST-COTEXTES

(1) Le mariage C'est pas possible ?


mais c 'est pas possible ?
vraiment, je ne m'y attendais pas.

(2) L'appareil photo Je η 'ai pas envie d'apprendre ça.


Je ne vais jamais comprendre ça.
Laisse moi tranquille !

(3) La fille désespérée Qu 'est-ce que tu veux qu 'on fasse ?


et puis que veux-tu que je fasse ?
vous en êtes à ce point là.
tu dois te décider,
il est nécessaire que tu te décides.

(5) L'employé critiqué mais en savez-vous plus ?


mais d'où tenez-vous la nouvelle ?
et alors, comment est-ce que vous avez
eu cette information ?
et alors ?

(4) La consultation qu 'est-ce qui va t'arriver ?


médicale c'est vraiment dommage

(7) La fille qui se drogue c 'est pas ça que tu tenais


tellement à revenir
que j 'accepte que tu reviennes
alors dans ces conditions j 'accepte
que....

(9) La réconciliation ratée voilà ce que c 'est les bonnes femmes


ben, me voilà informé, je sais quoi
décider
et moi qui essaye de faire un effort
évidemment dans ce cas là....
et puis ben,tant pis pour toi
tant pis pour toi

(13) Le mari infidèle c'est certainement là la raison


je η 'y avais pas pensé

(17) L'attentat à la pudeur enfin


il η 'était pas trop tôt
236

DIALOGUES TDT POST-COTEXTES

(30) Le bouchon certainement (iron.)tu as dû


faire des heures supplémentaires
avec ta panne et ton bouchon.

(29) La fille enceinte pouvait pas venir autre chose


ça ne m'étonne pas

(27) Le mari plongeur que tu veux


je sais ce que je fais, fiche-moi
la paix
qu 'est-ce que ça peut faire

3.3.6.3 Quelques remarques sur les cotextes

De façon générale, cai peut dire que le fort caractère phrastique dispose la
formule à un emploi absolu, c'est-à-dire, sans pré- ni post-cotextes. Cependant,
il faut noter que, s'il y a pré-cotexte dans l'emploi non-ironique, c'est le
ah ! qui est de loin le plus fréquent, suivi probablement du tiens !.

Quant au degré du caractère absolu, il semble qu'il est encore un peu plus
fort dans l'emploi ironique. Cela fait φ ' u n tu m'en diras tant, cause tou-
jours ! donne plutôt l'impression d'un double emploi.

Les possibilités d'enchaînement syntaxiques après TOT sont très limitées.


En général, on repart sur une nouvelle unité phrastique. Elle peut être intro-
duite (mais, et alors, c'est pourquoi), accompagnée (évidemment, certainement)
ou marquée (que veux-tu que ... = question, vous en êtes à ce point là = con-
statation) par des éléments dont la fonction est carparable à celle d'"indices
distrIbutionnels" (cf. Cadiot et al. 1985:205). Ceci dans la mesure où ces
derniers précisent de quelle façon le processus cognitif de la découverte de
nouvelles perspectives se déroule.

La seule charnière subordonnante qui figure dans le tableau des post-co-


textes est la conjonction que. Son utilisation est selon toute apparence plus
automatisée dans TOT ironique (tu m'en diras tant / que tu veux (je ne te
croirai quand même pas) / que cela m'importe peu / que cela m'est égal) que
dans TOT non-ironique (tu m'en diras tant que j'accepte que tu reviennes). ^^

115 Les opinions sur cet emploi étaient partagées.


237

Selon toute apparence, la présence de la conjonction que favorise une ' libe-
ralisation' de l'expression. Tant et diras adoptent des propriétés quantita-
tives. On pourrait penser à des traductions comme 'Du kannst soviel reden wie
116
du willst I', 'Du redest so lange bis...', 'Das sagst du nur...'

3.3.7 Conditions d'emploi psycho-sociales

L'emploi de TOT est étroitement lié à des situations typiques de la vie quoti-
dienne. La version non-ironique est en quelque sorte l'expression modèle des
cancans et des petits points du quartier ou du village. Ce sont les gens d'un
même niveau social, qui se connaissent bien, qui sont prédestinés à son emploi.
On imagine facilement deux voisins de palier qui s'accordent suffisamnent de
temps pour leur conversation, et dont l'un coule une confidence dans le creux
de l'oreille de l'autre.

Sans vouloir nous attirer les foudres du sexe féminin, nous disons qu'il y
a un emploi préférentiel par les fenmes.

La conversation porte sur le voisin, sur le collègue de bureau, de toute


façon il y a souvent la situation triangulaire où la tierce personne absente
est le sujet. La connivence entre les deux interlocuteurs peut être dirigée
contre cette personne.

Les jeunes et adolescentes n'emploient pratiquement pas la formule. Il y a


éventuellement une incompatibilité entre l'aspect sémantique de 'l'autorité in-
formative' et un jeune â qui 1'adulte refuse d'attribuer cette autorité. Il ne
lui accorde ni le droit d'être lui-même porteur de cette autorité canne c'est
le cas dans l'emploi ironique, ni le droit de la reconnaître, ce qui est carac-
téristique de l'emploi non-ironique.

Tout dépend finalement du type d'éducation. Le jeune qui se rebiffe quand


l'adulte veut trop lui imposer un savoir ou telle et telle instruction, aurait
du moins la possibilité d'employer TOT ironique pour signaler â son vis-à-vis
'ce que tu racontes là, je le sais'.

Nous avons tout lieu de croire que la cote de l'emploi ironique est plus
grande que celle de l'emploi non-ironique. Celui qui fait un usage inflation-
niste de TOT non-ironique risque de se voir attribuer l'image du naif et du

116 Nous renvoyons aussi au texte n e 14 (Duhamel, 1941) dans les annexes.
238

crédule. C'est ce danger justement que l'utilisateur de TDT ironique veut


éviter à tout prix.

3.3.8 Traces de délocutivité dans le sémantisme

Le concept de délocutivité (cf. p. 39 ) pose un point de départ et un point


d'arrivée dans l'évolution sémantique d'une expression. Ce processus se laisse
le mieux illustrer sur la version non-ironique de TDT, ce qui s'explique cer-
tainement par la présence d'unités lexicales qui permettent tant une interpré-
tation nettement quantitative qu'une interprétation nettement qualitative. Et,
sans aucun doute, il s'agit là d'un aspect qui joue un rôle fondamental dans
le processus délocutif (cf. note 24 p. 40 ).

Au point de départ du processus, 1'élément linguistique est porteur d'un


illocutoire générique représentatif qui attend sa mise en valeur argumentative
et pragmatique plus spécifique. Par conséquent, ce sont les éléments contex-
tuels eux-nênes qui prennent en charge la tâche argumentative ou discursive.
C'est de par leur évidence situationnelle qu'ils peuvent imprimer telle ou
telle direction au discours. Cette évidence se manifeste à travers le quanti-
tatif ou la 'matérialité' de la situation d'énonciation. Dans l'expression TDT,
ce quantitatif est repérable dans les prenons tu et me dans le verbe dire et
l'adverbe tant. C'est le côté physique du locuteur et de l'interlocuteur qui
s'exhibe dans l'acte d'énonciaticn initial du processus de délocutivité de
TOT. L'aspect physique ou quantitatif du verbe dire surgit nettement quand on
lui attribue le sens de 'prononcer des mots', c'est-à-dire de 'produire des
sens audibles'. Dans l'adverbe tant on repère également un 'quantitativement
beaucoup'. Dans notre analyse, nous nous serres aperçus que c'est sur le tron-
çon droit, c'est-à-dire dans le domaine de la PPV type 'prétendre', où la
nouvelle apprise par le locuteur est la plus vidée de sa qualité d'information.
117
Ce constat nous incite à localiser le début du processus délocutif dans ce
domaine. Il y a encore un argunent qu'on peut présenter à l'appui. A notre
point de vue, le point de départ de ce processus se trouve, de façon générale,
dans le domaine de la PPV type 'prétendre'. Notre hypothèse pour expliquer ce
phénomène est la suivante:

117 II va de soi que nous entendons 'début' dans le sens relatif et non pas
absolu.
239

la PPV type 'prétendre', mieux que les deux autres, accentue et renforce l'ori-
entation argumentative inhérente aux éléments situaticnnels. C'est l'individu
en tant qu'un élément quantitatif de la situation qui doit investir toute son
énergie dans l'acte d'exhibition (voix, mimique, gestes) pour pouvoir assumer
son rôle argumentatif, de concert avec tous les autres éléments situaticnnels.
A ce stade initial du processus, la relation entre les éléments linguistiques
tu, m, en, diras, tant et les éléments situationnels est d'un arbitraire quasi
total sous l'aspect de la fonction argumentative. La suite du processus de dé-
locutivité consiste dans la réduction de plus en plus forte du caractère ar-
bitraire de ladite relation. Ceci est possible à la suite d'un déplacement du
potentiel d'argumentation des éléments situationnels â l'intérieur des éléments
linguistiques. Il est accompagné d'un rattachement de plus en plus étroit des
deux types d'éléments. Nous rappelons ce phénomène 1littéralité pragmatique'.
Il est donc permis de concevoir la délocutivité carme un processus sélectif
et limitatif des utilisations argumentatives qu'un élément linguistique ren-
ferme, en principe, de façon limitée. Cette incorporation ou assimilation du
situatiannel par l'élément linguistique n'est possible qu'à l'aide d'une con-
118
ceptualisation du situationnel.
Pour ce qui est de TDT, la conceptualisation s'est produite dans le domaine
de la PPV type 'convenir' oû les éléments qualitatifs de l'expression prennent
le dessus. Dans le locuteur et l'interlocuteur, c'est le côté intellectuel qui
est avant tout visé, le verbe dire adopte le sens de assertev et l'adverbe
tant met en avant ses propriétés d'intensif.

118 Grzybek (1984) démontre, dans une perspective psycho-linguistique, qu'il y


a association directe et conventionnalisêe entre l'élément linguistique et
d'autres facteurs contextuels. Dans cette optique, qui, à notre avis est
juste, la surface linguistique n'est autre chose qu'un signal qui déclen-
che le processus de compréhension. Bien que Grzybek ne vise que les pro-
verbes, nous nous croyons autorisés à étendre la validité de ses propos
bien au-delà de ce qui a seulement caractère proverbial. Il ne fait pas
de doute que l'argumentation de l'auteur va dans ce sens. Coulmas (1979:
172 et 173), définit ainsi la littéralisation pragmatique: c'est essen-
tiellement un processus qui réduit progessivement la marge de décision
des participants de situations communicatives récurrentes (traduit par
F.S.). Notre 'littéralité pragmatique' s'apparente aussi au "processus
diachronique de littéralisation du sens contextuel" de Recanati (1980:11).
Il donne comme exemple l'expression s'il vous plaît dans laquelle le sens
pragmatique conventionnel se serait littéralisê (12). Nous tenons pour-
tant à préciser que la littéralisation pragmatique n'atteint jamais un
degré absolu, ce qui devient compréhensible lorsqu'on se rend compte
que le processus de signifiance ne peut être arrêté.
240

4. LES E I S E T L E U R TRAITEMENT LEXICOGRAPHIQUE

4.1 Regard critique sur les articles d e LBA e t d e TOT dans les
divers dictionnaires

4.1.1 L e s dictionnaires consultés

Nous avons, u n p e u a u hasard, exploré les dictionnaires q u e nous trouverons


sous forme d'abréviations p a r la suite pour e n faciliter les références:

Β = Berteaux/Lepointe (1966)
D = Denis (sans mention d'année)
DFC = Dictionnaire du Français Contemporain illustré (1980)
DFV = Dictionnaire du Français Vivant (1972)
DG = Dictionnaire Général de la Langue Française
(Hatzfeld/Darmesteter) (1932)
DHLF = Dictionnaire Hachette de la Langue Française (1980)
DQLF = Dictionnaire Quillet de la Langue Française (1963)
F = Fix (sans mention d'année)
G = Grappin
GDEL = Grand Dictionnaire Encyclopédique Larousse (1982)
GLLF = Grand Larousse de la Langue Française (1971)
GR = Grand Robert (1953/1955)
LEX = LEXIS (1979)
L-K = Lange - Kowal (1963)
LGW = Langenscheidts Grosswörterbuch (1979)
MR = Micro Robert
Pluri = Pluridictionnaire Larousse (1977)
PR = Petit Robert (1985)
Ro = Rororo Wörterbuch (1967)
S-V = SACHS VILLATTE (1956)
TLF = Trésor de la Langue Française
We = Weis (1985)
241

Nous ajoutons á cette liste quelques publications du type sélectif que nous
avons également consultées:

R-CH = Rey/Chantreau (1979)

Mü = Mülhause (1967)
Ρ = Pradez (1951)
W-S = Werny/Snyckers (1976)

4.1.1.1 LA BELLE AFFAIRE

L'expression LBA n'est pas mentionnée dans D, DFV, DG, DHLF, F, MR.
Là où elle est mentionnée, elle figure en général sous l'entrée affaire et non
pas sous beau sauf dans G, GLLF, LEX et TLF qui font exception. Dans les trois
premiers, on trouve LBA sous les deux entrées; TLF, ce qui est tout de même
étonnant, présente LBA seulement sous beau.

4.1.1.1.1 LA BELLE AFFAIRE dans des dictionnaires monolingues

Regardons d'abord de quelle façon les dictionnaires unilingues essaient de


satisfaire les besoins d'information des consultants. Sans aucun doute, c'est
PR qui a le pompon: on n'apprend l'expression qu'en tant que telle. Deux in-
formations supplémentaires, transmises par l'indication 'iron.' et le point
d'exclamation après LBA, ne peuvent pas éviter au consultant étranger de ne
rien y comprendre.

TLF ne fait guère mieux. LBA figure sous beau - "antiphrastique", ime
glose sémantique précise: "avec une idée d'inéfficacité". LBA apparaît à côté
de: "Une belle dose de naïveté, de belles phrases creuses, ronflantes..." et:
"la belle avance !". Tout cela n'est pas éclairant, cependant il y a une lueur
d'espoir pour l'utilisateur étranger désespéré. Il y a un exemple: "Deux cents
francs ί la belle affaire ! C'est mon dû que je veux, c'est dix mille francs
(Zola, La Fortune des Rougon, 1871, p. 143)". Là, il n'y a rien à redire,
certes, mais cet exemple risque de mettre l'utilisateur sur la mauvaise voie.
Il rentre dans notre catégorie de la compensation insuffisante, c'est-à-dire
qu'il s'agit d'un emploi le plus proche du sens 'antiphrastique du premier
242

119
degré de LBA et qui peut être rendu par 'une affaire peu profitable' ou,
de façon idiomatique, a peu près par ça me fait une belle jambe !.

TLF mentionne donc une aire sémantique qui fait bien partie du spectre des
sens de LBA, mais ce que le consultant apprend est très limité, et, ce qui est
plus grave, risque de rasquer la vue de son fonction fondamentale et d'opposi-
tion dans le discours. LEX, DFC et Pluri, qui tous les trois portent le cachet
de Dubois (cf. Hausmann 1977:34), se servent tous de la mène paraphrase ce n'est
pas si difficile. Outre le fait que ces informations sont absolument insuffi-
santes pour un utilisateur non français, nous voudrions signaler deux aspects.
Cette explication est égalaient beaucoup trop restreinte par le simple fait
que,à cause de l'adjectif difficile,il n'est question que des aires sémantiques
de 'valorisation' et de 'dévalorisation'.

D'une façon un peu plus positive, nous enregistrons la présence du SI in-


tensif. Etant donné qu'il "marque la pluralité des voix dans le discours; la
description de son fonctionnaient linguistique doit faire intervenir des con-
cepts d'ordre pragmatique" (Plantin 1985:42). Le lecteur avisé, éventuellement,
pressentira que LBA a une fonction discursive particulière. Toute tentative de
précision de cette fonction est évideument vouée â l'échec.

Un peu différent, ce que l'on trouve dans LEX sous l'entrée beau, bel,
belle:"LBA ! (= ce n'est pas si difficile ni si étonnant)". Bien que le supplé-
ment 'ni si étonnant' introduise au moins une vague notion de la fonction dis-
cursive de LBA - s'opposer à un canportemant étonné - le terme étonnant en rap-
port avec difficile dirige encore plus la compréhension dans la direction d'un
seul (!) emploi, celui de la dévolarisation. Une description si restrictive est
impardonnable.

GDEL ne donne que deux synonymes sans autres précisions distinctives:


"qu'importe, qu'est-ce que cela fait !". Il n'y a pas de doute que des expres-
sions conine qu'importe ou quelle importance rendent bien la signification de
LBA, mais nous disons bien 'la signification'. Nous voulons dire, par là, que
qu'importe carme LBA doit tout d'abord être placée au niveau II de la phrase,
c'est-à-dire elle a, carme LBA, besoin de spécifications discursives pour qu'on
puisse se faire une idée de son fonctionnement au niveau II. Carme tel n'est

119 Si nous avons choisi cette appellation, c'est pour marquer la différence
avec le sens pragmatique de LBA en tant que EIS, qui correspondrait à un
sens 'antiphrastique du deuxième degré'.
243

pas le cas, il est difficilement imaginable que le consultant étranger de GDEL


soit beaucoup plus éclairé sur l'emploi de LBA.

Nous concédons néanmoins que les deux synonymes mentionnés couvrent une
assez grande partie des aires sémantiques de LBA, tout particulierorient les
emplois que nous rangeons dans le champ d'action de la PPV type 'affirmer' et
qui connaissent certainement la plus grande fréquence. Il s'agit d'ertplois
oû l'accent est nettement mis sur l'indifférence. Et encore 1 Est-ce qu'il
serait encore adéquat de repousser des propos menaçants - emploi que nous
rangeons dans cette catégorie - par qu'importe ? Nous pensons que non.

Dans qu'importe, il y a avant tout le constat que 'cela n'a pas d'impor-
tance'; il n'y a pas d'élément qui puisse assumer une fonction discursive
ccnparable à celle du si intensif de LBA. On est donc en droit d'émettre
l'hypothèse que, celui qui riposte à des propos menaçants par qu'importe,
donne plutôt l'impression d'un masochiste qui se désintéresse du fait que
quelqu'un veuille lui'rentrer dedans' que de quelqu'un qui estime pouvoir y
faire face d'une façon ou d'une autre. Cela nous amène à affirmer de façon
générale que, là oû il n'y a pas vraiment d'indifférence totale, qu'importe
n'est pas toujours appliqué. La mère qui veut consoler son garçon qui a per-
du la pièce de monnaie ne dira certainement pas qu'importe, pas plus que le
jeune hontne qui doit répondre à la question anxieuse de son amie à savoir
s'il l'aime toujours,et qui veut lui dire que tout est au mieux. Il est égale-
ment guère possible de l'employer dans le cas de la valorisation de soi ou
d'un autre ou dans le cas oû les propos vaniteux du professeur aux stagiaires
merveilleux sont dévalorisés. Nous nous en tiendrons là. Satine toute, notre
jugement sur la valeur informative des indications synanymiques de GDEL reste
largement au-dessous de la moyenne.

DQLF donne deux sortes d'informations: une espèce de définition et un ex-


emple. La première précise: "LBA ! Indique ironiquement une chose de peu de
prix, ou qui n'offre pas de difficulté." D'abord, nous craignons que le choix
de l'expression de peu de prix prête â confusion pour un consultant étranger
et que celui-ci ne saisisse pas tout de suite le sens de la construction peu
de prix. Il est d'autant plus probable qu'il prenne prix au sens concret et
non pas au sens d''importance', qu'il associe facilement prix à 'affaire'. Si
l'on admet qu'il s'agit d'un utilisateur qui contourne cette difficulté, les
points faibles de la définition restent nombreux.
244

C'est un fait que l'ironie de LBA est tellement conventionnalisée que beau-
coup de Français ne s'en rendent même plus compte. De toute façon, cet aspect
ne fait pas partie des trois ou quatre propriétés fondamentales qui définissent
essentiellement le sêmantisme de LBA. Passe encore. Ce qui est plus grave,
c'est que 11emploi du verbe indiquer fait croire que LBA s'énonce caute un élé-
ment discursif initiatif. L'exemple Cela vous prendra deux heures, la belle
affaire ! ne change rien à cette impression. Il ne fait pas ressortir sa quali-
té de réplique. Ainsi toute conprêhension adéquate devient impossible pour un
utilisateur étranger. Mais ce n'est pas tout. Non seulement la position sé-
quentielle de LBA est faussement décrite, mais la fonction éminemment discur-
sive de LBA est quasiment passée sous silence. Au lieu d'informer le lecteur
là-dessus, LBA est serrée dans le schéma propositionnel de la référence ('ime
chose') et de la prédication ('indique ironiquement: peu de prix' et 'n'offre
pas de difficulté'). Cn remarquera en plus que la première partie de la défini-
tion se situe sur le niveau II ('peu de prix'), la deuxième partie sur le ni-
veau III ('n'offre pas de difficulté'). Il y a donc signification générale et
un sens discursif, tous les autres restent dans l'crnbre lexicographique.

R-CH présentent une définition qui se situe à mi-chemin entre une définition
prépositionnelle et une définition â implication illocutoire et ccrportementale:
"La belle affaire ! Exclamation ironique par laquelle on dénie de 1' importance
à ce qui vient d'être dit". Nous sondons l'aspect illocutoire dans l'emploi du
verbe performatif dénier et l'aspect propositionnel dans ce que nous paraphra-
sons ainsi: ae que tu viens de dire n'est pas important. Nous disons, par con-
tre, que ce n'est pas 11 importance du dit qui est contestée directement, mais
l'acte dramatisant du dire auquel s'oppose directement LBA, la dénégation in-
directe de l'importance du dit n'étant pas impossible pour autant.

Il reste encore deux articles dont l'un se trouve dans GLLF et l'autre dans
GR, respectivement sous l'entrée affaire.

GLLF : "LBA !, quelle importance !, peu importe : Jerome vient me voir


quelquefois ! Après ? On ne s'en cache pas ! Entre cousins ! La
belle affaire ! (Martin du Gard)".

GR : "La belle affaire que cela se dit d'une chose sans conséquence,
qui importe peu: Eh bien, oui, il y a des indigents, la belle
affaire ! Ils étoffent le bonheur des opulents (Hugo, L'homme
qui vit. II.2.11.)".
245

GLLF présente deux synonymes qui sont â peu près identiques â qu'importe
dont il a déjà été question plus haut. Il n'est plus nécessaire d'y revenir.
L'exemple a l'avantage de laisser au moins deviner que l'énoncé cité est diri-
gé contre un autre, ce qui correspond â une qualité discursive essentielle de
LBA. L'exemple rentre dans la catégorie de la PPV type 'affirmer'. Il fait aussi
ressortir que LBA est énoncée dans un contexte de dramatisation, autre élément
constitutif de l'expression. Nous voyons une éventuelle source d'incertitude
dans la perception de la portée anaphorique exacte de LBA. Elle s'étend par-
delà les deux éléments qui la précédent directement, i.e. On ne s'en oaahe
pas ! et Entre cousins !. Elle s'oppose, par conséquent, à Jérôme vient me voir
quelquefois ! qui représente une sorte de rapport d'affirmation. LBA pourrait
très bien se substituer â Après? ou bien pourrait suivre inrnédiatement Après?.
Il est clair qu'un exeitple sans cette propriété disloquée remplirait mieux
son rôle de démonstration d'emploi de LBA. En l'occurrence, il convient de ren-
voyer â la description dont GLLF pourvoit LBA sous l'entrée beau: formule mar-
quant le peu d'intérêt que l'on accorde à une objection.

Nous sonnes presque tentés de dire que cette courte phrase l'emporte sur
tous les articles présentés jusqu'ici. A juste titre elle met l'accent sur le
DIRE. la formulation accorder peu d'intérêt tranche agréablement avec celle du
genre propositionnel telle que une chose sans importance. Deuxiàne atout, la
nature séquentielle réactive de LBA ressort clairement. Evidemment l'affirma-
tion que ce peu d'intérêt porte sur une objection uniquement est contestable.
Ce n'est pas faux, certes, mais beaucoup trop limitatif. En tout cas, ce type
de description trace, de façon encore timide, il est vrai, la voie dans la-
quelle nous allons nous engager.

Deux mots encore sur l'article de GR qui reste qualitativement au-dessous


du GLLF. GR présente LBA sous forme de La belle affaire que cela, ce qui crée
l'impression qu'on aurait le choix entre une version avec que cela et une
autre, celle employée dans l'exemple, sans cet ajout. Dans tous les documents
que nous avons compulsés, c'est la seule fois que nous avons trouvé LBA avec
que cela. Sans vouloir contester la possibilité d'un tel ajout, il faut consta-
ter que cette version longue est beaucoup moins usitée que la version courte.
A la définition 'se dit d'une chose sans conséquence, qui inporte peu', nous
246

attribuons sans hésiter le caractère 'insuffisant'. Une défintion qui, corate


presque toutes les autres que nous avons vues, pêche par son attachement au
concept représentationaliste et propositionnel.

L'exençle, par contre, nous semble mieux choisi que celui du GLLF. La qua-
lité de réplique, surtout en raison de eh bien, oui se laisse assez bien dis-
cerner, de même qu'une atmosphère dramatisante contenue dans le contraste
entre l'indigence et l'opulence.

4.1.1.1.2 LA BELLE AFFAIRE dans des dictionnaires bilingues

Regardons, après ce périple peu fertile à travers les dictionnaires unilingues,


dans quelques bilingues. Une approche de ces dictionnaires qui tiendrait compte
d'une éventuelle distinction entre utilisateur allemand ou utilisateur fran-
çais serait complètement inadéquate. Ce critère était tout simplement inexis-
tant lors de leur conception. Il en est de même des critères 'dictionnaire
121
actif' ou 'dictionnaire passif'. Ne soyons donc pas trop hardis et jugeons
la qualité des équivalents â travers les yeux d'un utilisateur de langue ma-
ternelle allemande; toute autre approche serait ridicule.

Tout d'abord quelques échantillons qui, malgré la plus grande indulgence


étant donné la compétence linguistique qu'a l'utilisateur á corriger, ne
peuvent passer le contrôle:

Β : und was ?
S-V : das ist was Rechtes !
Ρ : was will das sagen ?

Il n'est pas tellement sûr que celiai qui apprend et qui est d'un niveau
moyen reconnaisse dans und was ? une traduction erronée de et alors !. Cet
équivalent abuse trop de sa capacité de correction, sans parler de la diffi-
culté d'imaginer une situation où il pourrait être employé.

120 Fradin et Marandin (1979:64) font remarquer que la définition classique


cherche à rendre compte d'un emploi où le substantif réfère et qu'il y
a gêne du lexicographe devant des emplois opaques.

121 Nous reviendrons à cette distinction au chapitre 4.2.2.2 .


247

Du fait que und was ? évoque plutôt rien que quelque chase, on a tendance
à ne lui attribuer aucune signification, ce qui embarrasse même l'utilisateur
de langue allemande. Nous éprouvons la même gêne vis-à-vis de was will das
sagen qui, lui aussi, est plutôt vide de sens. De toute façon, on peut diffi-
cilement attendre d'un consultant toute une gymnastique intellectuelle pour
éventuellement deviner juste. Nous conjecturons que Ρ voulait mettre was hat
das schon zu sagen, zu bedeuten, un équivalent qu'on trouve, entre autres,
dans LGW. Nous en reparlerons.

L'équivalent du S-V das ist was Rechtes ! ne nous inspire guère plus. Bien
qu'il soit acceptable en tant que tournure démodée, nous n'imaginons aucune
situation d'ênonciation de DBA où il pourrait s'appliquer. Notons aussi que
cet équivalent n'est pas exempt d'une certaine qualité hybride. Il se situe â
cheval entre une interprétation 'littérale' et une interprétation idiomatique
de DBA.

Après ce premier groupe d'équivalent dont l'utilité est quasi nulle, nous
essayons de classer les équivalents qui sont acceptables du point de vue de
la qualité de traduction.

Une première catégorie rentre dans l'aire sémantique 'ce n'est pas
difficile':

G : ist das alles ? (sous l'entrée beau) (d'autres aires sont


possibles)
LGW : was ist da schon dabei ! (d'autres aires sont possibles)
L-K : vas ist das schon ! Kleinigkeit ! (d'autres aires sont possibles)
W-S : Es ist kein Kunststück ! (Das ist doch einfach !)
WE : das ist eine Kleinigkeit !

Ces équivalents couvrent, par conséquent, l'emploi de dévalorisation ou de


valorisation selon l'effet visé par le locuteur. Nous indiquons seulement que
l'extension sémantique de ist das alles ?, was ist da schon dabei ! et de was
ist das schon ! est plus grande que celle des trois autres équivalents. Le
point critique de ces derniers, sans être faux, réside dans le fait qu'ils
représentent plutôt des traductions de la paraphrase ce n'est pas difficile
que de ce n'est pas si difficile. Néanmoins, l'utilisateur allemand devrait
être en masure d'attribuer une qualité discursive oppositive â ces équivalents.
Le mention doch dans le deuxième équivalent, mis entre parenthèses par W-S,
souligne le mieux cet aspect.
248

Une deuxième catégorie d'équivalents rentre dans l'aire sémantique 'Quelle


importance':

G : ist das so wichtig !


LGW : ist das so wichtig !
Ro : das ist nicht so wichtig !

On constate avec satisfaction que dans les trois équivalents, il y a tra-


duction du si intensif. Sous l'aspect d'une traduction qui aspire à l'équiva-
lence itBximale, nous préférons ist das so wichtig ! à das ist nicht so wichtig.
La structure syntaxique inversive de la première traduit mieux que la deuxième,
qui favorise un ton plus catégorique, la nature d'opposition discursive amor-
tie de LBA.

Il va de soi que les trois équivalents restent discursivement peu spéci-


fiques. En mettant en parallèle les équivalents Kleinigkeit ! et ist das so
wichtig !, on constate que le premier crée beaucoup moins de difficultés à
l'utilisateur en mal d'une traduction que le deuxième. Dans le premier cas, il
lui est facile de décider si l'équivalent s'applique ou non. Le deuxiàne en
revanche, vu sa place sémantique au niveau II de la GSS et, par là, son carac-
tère beaucoup plus général, donne souvent l'impression (trompeuse) d'être
juste. Mais dans de nanbreux cas, la traduction restera assez floue et ne sa-
tisfera pas le besoin du consultant qui veut atteindre une plus grande préci-
sion sémantique. Et dans certains cas, (p. ex. la valorisation, la compensa-
tion, le rejet de propos menaçants, le jeune borane assurant l'amie de son
amour), cet équivalent quoique très général échoue totalement.

Dans Β et Ro, on présente un troisième prédicat, après les deux ('schwie-


rig', wichtig) qu'on a vus: schlimm. Β traduit par das ist ja halb so schlimm
et Ito par das ist nicht so schlimm. Ces équivalents, corme ceux contenant l'as-
pect de 'schwierig' sont discursivement plus spécifiques que ceux exprimant
l'idée de 'wichtig'. En conséquence, leur qualité plus sélective entraîne une
possibilité d'application plus restreinte.

Une troisième catégorie d'équivalents, enfin, évite la spécification qui


dans tous les cas, si l'on excepte la mention de so dans quelques-uns, était
de nature propositionnelle. Au lieu de spécifier une proposition, et, de ce
fait, rester dans le domaine du DIT, les équivalents suivants mettent en avant,
avec un succès plus ou moins grand, l'appartenance primordiale de LBA au do-
maine du DIRE:
249

LGW : vas hat das schon zu sagen, zu bedeuten !

Mü : na wenn schon !

We : Unsinn !

Les trois équivalents mettent prioritairement en question le 'faire' ou le


'dire' de l'interlocuteur. C'est l'acte illocutoire de dramatisation lui-même
auquel ils s'opposent. Dans les deux premiers, cette fonction est notanment as-
sumée par la 'particule modale' (Modalpartikel) sohon (cf. p. 88 note 63). Le
troisième se suffit tout seul.

Le fait d'embrayer sur le dire attribue aux trois équivalents une flexibi-
lité d'errploi assez grande. Il faut dire à leur appui qu'on a beau chercher un
équivalent qui puisse couvrir toute la garrire sémantico-pragmatique de LBA, on
n'en trouve pas. La limite d'extension est atteinte par des expressions telles
que aoh was !, na und !, na wenn schon ! ou un sirrple ρ ff !. Notre ambition ne
consistera d'ailleurs pas â rechercher uniquement de tels équivalents passe-
partout. Nous jugeons plus utile de concentrer nos efforts au niveau III où il
s'agit de faire ressortir les variantes de sens de LBA par le biais du choix
des équivalents.

Nous ne voudrions pas négliger d'émettre de grandes réserves sur Unsinn !,


préposé par We cante équivalent. C'est son caractère trop rude et trop direct
qui jure avec ce ton de modération voulue de LBA et qui contrecarre trop l'ob-
jectif de trouver une équivalence, non seulement au niveau dénotatif mais, si
possible, à tous les niveaux pragmatico-sémantiques.

Passons encore une fois en revue tous les équivalents valables, proposés
par les différents dictionnaires et regardons-les sous l'aspect du membre des
aires sémantiques qu'ils couvrent:

Β : das ist ja halb so schlimm = le grave

G : ist das so wichtig ! = l'important; ist das alles ? = (peu


spécifique): l'important, le grave, le difficile, le lucratif

LGW : was ist da schon dabei ! = le grave, le difficile; was hat das
schon zu sagen, zu bedeuten ! = au niveau du dire (exprime le
désaccord sur le fait que 1'interlocuteur attribue trop d ' im-
portance â ce qu'il dit): ist das so wichtig ! = l'important

L-K : was ist das schon 1 = (peu spécifique): le difficile, le lu-


cratif; Kleinigkeit ! = le difficile, le lucratif

Ro : das ist nicht so wichtig = l'important; das ist nicht so


schlimm = le grave
250

We : Unsinn ! - du niveau du 'dire' (exprime avant tout le désaccord


entre deux opinions sans spécifier l'aspect d'une attribution
exagérée d'importance); das ist eine Kleinigkeit - le difficile,
le lucratif
W-S : Bs ist kein Kunststück ! (Das ist doch einfach !) = le difficile

La conclusion qu'on peut tirer des articles des dictionnaires bilingues, ne


prête guère à l'enthousiasme. Tous mettent, au hasard, 1'accent sur l'un ou
l'autre aspect sémantique de LBA. Au royaume des borgnes, nous mettons jLOf à
la première place. L'étendue sémantique, couverte par les équivalents proposés,
est la plus large de tous les dictionnaires. Nous jugeons aussi positivement
l'effort de donner des équivalents qui accentuent l'activité illocutoire es-
sentielle à LBA.

Pour mieux faire, la première nécessité résiderait dans:

- la présentation d'un plus grand nombre d'équivalents qui couvrent toute


l'étendue sémantique de LBA.
- le groupement systématique des équivalents selon les délimitations des aires
sémantiques de LBA.
- une hiérarchisation des équivalents: un petit nombre (discursivement peu
spécifique) localisable plutôt au niveau II (p. ex. ach was !, na und !, na
wenn schon !, pff .'), les autres, plus ncnibreux, au niveau III.
- la présentation préférentielle d'équivalents dont l'emploi repose sur la
priorité du dire par rapport au dit.

Il va sans dire qu'à tout cela il faut ajouter une critique fondamentale:
l'absence de toute considération vis-à-vis de l'utilisateur dans tous les ar-
ticles examinés. Nous avirons à parler de cet aspect éminennent important quand
il s'agira de jeter les bases théoriques de nos articles de LBA et TOT.

4 . 1 . 1 . 2 TU M'EN DIRAS TANT

TOT ne figure pas dans DEV, DG, DQLF, G, LEX, L-K, Micro, Ro et TLF (Terne
septième).
Dans DEC, GDEI., R-CH et We, l'expression TOT est mentionnée sous l'entrée
tant et dans B, GR, PR et LGW, sous dive et tant avec un simple renvoi sous
l'entrée tant à l'entrée dive dans le dernier.
251

4.1.1.2.1 TU M'EN DIRAS TANT dans des dictionnaires monolingues

Signalons tout d'abord qu'aucun des dictionnaires contenant TOT ne prête une
attention particulière à la distinction d'une version non-ironique d'une ver-
sion ironique. DPC, DHLF, GDEL, GR, PR traitent TOT came une expression non-
ironique uniquement. GLLF mentionne TOT seulement carme expression ironique.
R-CH laissent plus ou moins ouverte la possibilité de l'une et/ou l'autre
version.

Nous nous passerons de contenter des articles sans aucune valeur pour une
éventuelle compréhension dans les trois cas suivants:

DFC : "vous m'en direz tant, marque 1'êtonnement"

GDEL : "tu m'en diras tant, vous m'en direz tant ! marque 1'êtonne-
ment ( f am. ) "
GR : (entrée tant)·, "absolt. (sans de ...)...Loc. fam. Vous m'en
direz tant ! Votre Majesté m'en dira tant ! (Fournier, in
Guerlac)".

Sous l'entrée dire, ση lit dans PR: "Tu m'en diras tant ! (cf. Je com-
prends maintenant ! Ah, voilà !)". Nous regardons à comprendre où 11 expres-
sion exacte je comprends maintenant ! n'apparaît plus. Au numéro 3, on lit:
"se rendre conpte de (quelque chose). V. Apercevoir (s'), sentir, voir.
Comprendre la portée d'un acte; je comprends quelles difficultés il a pu ren-
contrer, Ah ! Je comprends ! (cf. J'y suis, je vois !)." On remarque qu'il
n'y a pas de renvoi à TDT, Ah, voilà ! n'y figure plus non plus. Peut-être
que la disparition de maintenant doit être ccrrpensée par Ah ! ? Quoiqu'il en
soit, cette disparition se justifie difficilement, si l'on se rend conpte de
l'importance de l'aspect présuppositionnel inhérent â TDT et signalé par
maintenant. A "être III, 1." en découvre: "Y ETRE, fig.V. Ccnprendre. Ah !
J'y suis !", sous "voir II, 6. Se présenter par la pensée": "Ah ! je vois !
je comprends fort bien (souvent iron.)", sous l'entrée voilà·. "2e Désignant
les choses dont il vient d'être question dans le discours ... Avec une va-
leur exclamative ... Absolt. Ah ! voilà ! c'était donc ça (cf. Vous m'en
direz tant !)." Nous voilà donc revenus â notre point de départ.

Ce que nous avons appris en cours de route est insuffisant pour que l'uti-
lisateur étranger ccnprenne d'une manière satisfaisante l'expression TDT. Il
serait vain de prendre en considération l'aspect de production, c'est pourquoi
nous n'en parlerons pas. Ce qui entrave avant tout une compréhension adéquate,
c'est que l'aspect irrportant d'un avant et d'un après de l'acte de ccmpréhen-
252

sian, accompli dans l'énonciation de TOT, et la qualité de ce changement ne sent


pas suffisanment précisés.

Parmi les dictionnaires monolingues que nous avons examinés il ne reste plus
que le DHLF et ce qu'écrit PR sous l'entrée tant·.
DHLF : "fam. tu m'en diras tant ! : tout devient clair après ce que tu
viens de me dire."
«
!>R : "fam. tu m'en diras tant ! : je ne suis plus étonné après ce que
vous m'avez dit."

PR ne fournit donc aucune précision sur l'acte de compréhension qui a lieu


au iraient de l'énonciation de TOT. Il passe sous silence l'aspect central de
l'expression, omission regrettable pour un dictionnaire de cette rencrrmée. Si
l'on se donne la peine de tirer quelque profit de la phrase du PR, il faut
avouer qu'elle donne du fil à retordre. DPC et GLLF nous ont fait savoir que
TOT marque l'étannement. Or, la phrase du PR prise au pied de la lettre dit
justement le contraire. Selon elle, TOT n'exprima pas l'étonnement, mais le
fait qu'il n'y ait plus d'êtannement. Il y avait, par conséquent, une phrase
d'étonnement qui se termine au moment de l'énonciation de TOT.

Les descriptions du PR et du DHLF ont ceci en ccrrmun qu'elles supposent


toutes les deux une phrase en amont de l'énonciation qui, dans la première,
est marquée par un étonnement et dans la deuxième, par quelque chose (un fait?,
une action?, un comportement?) qui n'est pas clair.

Dans R-CH, on trouve le même schéma d'explication:

"Tu m'en diras (vous m'en direz) tant ! (1780). Exprime que l'on vient
de saisir, de comprendre ce qui était obscur, grâce aux paroles de
l'interlocuteur, et implique en général l'ironie ou une légère dés-
approbation" .

Il y avait donc une phase de nature différente qui est relayée au iraient
où l'on dit TOT. D'autres difficultés demeurent. De quel emploi ou de quels
emplois de TOT est-il question au juste dans R-CH ? D'un emploi non-ironique,
d'un emploi ironique, d'un emploi mi-non-ironique et mi-ironique à la fois ?
Nous émettons l'hypothèse selon laquelle cette description range TOT dans le
champ d'action de la PPV type 'convenir' de la version ironique de l'expres-
sion. La source de l'embarras réside dans le mot obscur. S'il y a ironie, il
doit forcément déjà y avoir un savoir, si minime soit-il. Obscur, dans ce cas,
prend le sens de ce "'que l'on sent, perçoit ou conçoit confusément, sans pou-
voir l'analyser'" (PR), c'est-à-dire de 'déjà comprendre vaguement'. Mais il
semble que R-CH ne veulent pas exclure une autre interprétation de leur des-
253

cription. Toujours est-il qu'ils parlent d'un emploi qui "en général implique
l'ironie", ce qui ne relègue pas dans le dcmaine de l'impossible un éventuel
emploi non-ironique. Dans ce cas, on serait obligé d'assigner à obscur le sens
de 'qui est difficile à comprendre, â expliquer', d'éventuels synonymes serai-
ent énigmatique, incompréhensible, inexplicable, mystérieux (PR). Si l'on se
met d'accord sur cette interprétation du commentaire de R-CH, il ne faut pas
pour autant oublier de signaler qu'elle ne couvre qu'une partie des emplois
possibles de TDT. Cela tient au fait que le terne obscur, nous le rappelons,
est trop restrictif. Dans la version ironique, il exclut des formes d'un sa-
voir préalable, beaucoup plus solide. Du côté ncn-ironique, il ne tient pas
compte des nombreux cas où l'aspect d'obscurité (consciente !) - il n'y a pas
d'obscurité inconsciente - ne joue aucun rôle. Cela nous avait amenés â aban-
donner le terme d'obscurité et â lui en substituer un qui est sémantiquement
plus performant, celui de perspectives nouvelles. Ce terme a l'avantage de
permettre la définition d'un plus grand nombre de types de phases préalables
que le terme abandonné.

Il y a encore un autre aspect chez R-CH qui crée un certain embarras. De


quelle façon faut-il comprendre l'élément disjonctif ou dans: 'implique en
général l'ironie ou une légère désapprobation ? Une chose est certaine, la
désapprobation ne peut s'appliquer qu'à l'emploi ironique, l'emploi non-iro-
nique en tant que geste social confirmatif excluant un tel acte négatif. Notre
analyse a montré que dans TDT ironique, il y a une pré-attitude â tendance né-
gative. C'est pourquoi nous verrions mieux un et â la place du ou. L'exemple
que donnent R-CH semble confirmer notre opinion:

Comment s'appelle ce monsieur, me demanda le baron, qui venait de


m'être présenté par Mme de Villeparises.
- M. Pierre, répondis-je à mi-voix.
- Pierre de quoi ?
Pierre, c'est son nom, c'est un historien de grande valeur.
- Ah !... vous m'en direz tant !
(M. Proust, ft la recherche du temps perdu, t.II p. 213)
254

Malgré ces différentes remarques critiques, nous considérons l'article de


R-CH carme le meilleur de tous les dictionnaires monolingues, spéciaux ou non,
que nous avons consultés. C'est ainsi qu'il dépasse aussi légèrement celui du
GR en qualité:

Vous m'en direz tant 1 Exclamation que l'on prononce lorsqu'un fait
surprenant, inattendu, vient expliquer ce qui était obscur. C'était
donc ça ! Vous m'en direz tant ! (cf. Je comprends maintenant !
Ah, voilà !.

Le léger 'plus' de qualité de R-CH résulte du meilleur choix de 1'exemple.


Mais avançons de façon chronologique. Tout d'abord, on remarque que GR ne parle
que de l'emploi non-ironique de TOT. Un autre aspect mérite encore plus d'atten-
tion. La description de GR fait un peu plus de lumière sur la nature de l'éton-
nement dont nous avons parlé plus haut. D'une part, il faut admettre, dans tous
les emplois de TOT non-ironiques et ironiques, un êtonnement qui provient de la
nouvelle en tant que telle. D'autre part, il y a une deuxième origine de 1'êton-
nement qui est la conséquence du rapport entre ce que le locuteur sait déjà et
ce qu'il ne sait pas encore. En ce qui concerne l'inconvénient de l'emploi du .
tente obscur par GR, nous renvoyons â ce que nous disons â ce propos sur l'ar-
ticle de R-CH. L'exenple de GR est un peu bizarre. Il n'y a pratiquement qu'une
reprise de TOT, précédée seulement de C'était dono ça ! On a plutôt l'impression
qu'il s'agit d'un synonyme qu'on a placé devant TOT. Cela explique cet effet un
peu étrange, qu'en fait, on n'a pas affaire à un exemple nais â une présentation
de TOT qui fait double emploi. Nous hésitons mime â appeler 'exemple' cette
simple juxtaposition de deux expressions qui, selon ce que l'article véhicule
came informations, ne peuvent être ressenties que came plus ou moins synony-
mes.

GLLF sort du schéma des descriptions examinées jusqu'ici:

Ironique. Vous m'en direz tant, se dit â quelqu'un qui expose un nombre
d'arguments ou de justifications trop élevé pour Stre tout â fait dénué
d'arrière-pensées.

Le caractère trop restrictif de cette description saute aux yeux. On n'ap-


prend pas en quoi consiste l'effet ironique. On n'apprend pas qu'il s'agit d'ime
forme de compréhension 'saturée' qui se voit confirmée par ce que le locuteur
apprend de l'interlocuteur. La nature argumentative ou justificative des paroles
de celui-ci est une caractéristique possible mais non pas exclusive. La valeur
discursive et illocutoire de l'expression ne ressort pas: 'se dit à quelqu'un'
s'étend surtout au sens de l'acte physique d'énoncer une chaîne seriore. Que
255

celle-ci soit adressée à une personne qui a des arrière-pensées n'apporte guère
de précision. En fin de canpte, la description du GLLF se laisse sémantiquement
réduire à 'Je sais que tu as des arrière-pensées'. En aucun cas, personne n'af-
firmera sérieusement qu'on a ainsi capté le sens de TOT ironique, s'il est ques-
tion d'un usager étranger.

Résumons. Le bilan, fait après l'examen de quelques articles de TOT, présen-


tés par divers dictionnaires monolingues, est encore plus décevant que pour
LBA.

Il n'y a pas de distinction entre la version non-ironique et la version


ironique de TOT.
Plusieurs articles n'ont pas la moindre valeur informative. L'emploi du
terme étonnement n'est guère plus que le recours à un vague concept psycho-
affectif passe-partout.
Là où il y a des définitions ou des descriptions, leur qualité laisse fort
à désirer - nous faisons exception pour R-CH dans une certaine mesure. Il
n'y a aucune distinction systématique entre les niveaux de la signification
(II), du discours, i.e. l'illocutoire à dominante argumentative (III), et de
l'illocutoire spécifié (IV).
Il n'y a pas la moindre tentative de distinguer plusieurs sens de TOT.
Là où il y a des exenples, ils ne méritent pas ce non (GR), ou bien leur
choix obéit à des soucis littéraires plutôt qu'aux besoins didactiques de
l'utilisateur (surtout GR sous l'entrée tant).

4.1.1.2.2 TU M'EN DIRAS TANT dans des dictionnaires bilingues

Un premier groupe d'équivalents se situe au niveau II de la phrase. Dans B, on


lit sous l'entrée dire: "allmählich verstehe ich"; Vfe traduit par: "jetzt ver-
stehe ich !". Ces équivalents ne sont entièrement admis que dans le rayon
d'action de la PPV type 'affirmer'. Dans les domaines des deux autres PPV ces
équivalents risquent de devenir inadéquats.

Ocî comprend difficilement pourquoi Β met allmählich â la place de jetzt. Le


mot allmählich est diamétralement opposé â cet aspect d'ouverture subite sur de
nouvelles perspectives, donc â cet élément si typique de l'expression.

Tous les autres équivalents que nous avons trouvés doivent être installés
au niveau III de la GSS.
256

Nous rangeons ceux mentionnés par DGW et par S-V dans le dcmaine de la PPV
type 'convenir'. LGW donne nein od na so was ! ; ja, gibt's denn so was ! ;
.·'· da biste platt !

Concernant ces équivalents, une précision s'impose. En les classant dans le


dcmaine de la PPV type 'convenir' nous n'excluons pas leur emploi dans les do-
maines des deux autres PPV. Mais, dans ce cas, il est bien clair que le locu-
teur doit faire preuve de qualités de ccmédien, dans le dcmaine de la PPV type
'affirmer' (pour la possibilité principielle de désynchroniser le conventionnel
et l'individuel cf. p. 100). L'équivalent was soll ich dazu sagen ? du S-V ne
pennet pas cette désynchronisation. Il trouve nettement sa place dans le do-
maine de la PPV type 'convenir'. On trouve d'ailleurs le même équivalent pré-
cédé d'un ja dans B. Celui-ci en aligne encore un autre qui fait partie du
groupe occupant le domaine de la PPV type 'affinier': ja, wenn dem so ist. Ii
s'agit là d'une traduction classique de TDT qu'on retrouve aussi dans F et
dans D et à laquelle s'ajoute dann allerdings ! de W-S.

Ces traductions sont absolument correctes mais ne rendent qu'une aire sé-
mantique de TOT non-ironique. Si l'on enlève à dann allerdings de W-S l'élément
dann, on reste toujours dans le sémantisme de TDT, on se déplace seulement dans
le dcmaine de la PPV type ' prétendre '. Mais on arrive presque aux confins de
l'univers sémantique de l'expression, non-ironique, bien entendu. Dans W-S les
auteurs paraphrasent dann allerdings ainsi entre parenthèse: "'Wenn es wirk-
lich so ist, dann ist es zwecklos'". Nous ne nions pas que TDT puisse sous-
entendre un tel sens, mais ce qui nous semble d'un plus grand intérêt, c'est
que W-S fournissent un exemple 'démonstratif' d'une description qui ne tient
compte d'aucune distinction méthodique de niveaux pragmatico-sémantiques. Sans
étape intermédiaire ils passent du niveau III (dann allerdings = 'wenn es wirk-
lich so ist') au niveau IV ('dann ist es zwecklos'). Un tel rétrécissement sé-
mantique est à peine tolerable, d'autant plus que W-S ne donnent qu'un seul
équivalent. Entendons-nous bien, nous ne plaidons pas contre le type d'équiva-
lents dans lequel se reflète davantage la réalité discursive, loin de là. Il en
faut beaucoup plus dans les dictionnaires. Plus il y en a, mieux c'est. Mais là
oû l'on n'a pas la place nécessaire et où il faut se limiter â un équivalent ou
deux, il ne faut pas créer l'illusion dangereuse que la vitalité discursive
d'une expression came TDT se laisse parquer à l'intérieur de deux équivalents.
Dans ce cas, il est préférable de se contenter d'un équivalent plus général du
niveau II avec le peu de spécificité que cela implique.
257

Dans F, nous retenons encore l'équivalent da ist weiter nichts zu sagen.


Nous ne pensons pas que ce soit le bon choix parce qu'il a plutôt l'air d'un
sous-entendu (pariti beaucoup d'autres qui seraient aussi bien possibles) que
d'un équivalent sur pied d'égalité tout ccnime le premier mentionné ja, wenn
dem so ist. Si notre hypothèse se révélait juste, nous assisterions de nou-
veau â une confusion de niveaux sémantiques, observée déjà dans W-S.

Pour terminer, nous citons Herail, R.J. et Lovatt, E.A. qui caractérisent
ainsi TOT dans leur 'Dictionary of modem colloquial French' (1984) sous l'en-
trée dire (109):

Vous m'en direz tant ! This colloquial expression combining gentle


irony and mild astonishment can best be translated by the single
word: Really ! with its various shades of meaning, e.g. You don't
say ! - Now you're talking !

Nous n'avons pas la prétention de juger l'exactitude des équivalents anglais,


cela relève du dora ine des anglicistes, mais cette description est intéressante,
sous deux aspects au moins. Nous exprimons le premier sous forme d'une question:
Est-ce que la seule prise en considération de l'emploi ironique de TOT repose
sur une simple négligence ou traduit-elle la tendance que cet emploi aurait â
prendre le dessus sur 1'emploi non-ironique ? Le deuxième, plus important parce
que très prometteur, se cache derrière les mots with, its various shades of
meaning. Nous disons'prometteur' parce que nous voyons s'exprimer dans cette
formulation une prise de conscience et une sensibilité lexicographique absolu-
ment nécessaires qui pourraient préparer le terrain à un traitement lexicogra-
phique plus adéquat des expressions du type TOT, donc des EIS justement.

Nous satires arrivés au terne de notre deuxième parcours lexicographique. Il


appelle encore itoins â l'enthousiasme que le premier. Ce qu'an trouve dans les
dictionnaires monolingues et bilingues est:
faux,
méthodiquement peu réfléchi et de ce fait embrouillant et fourvoyant,
inadmissiblement incomplet,
juste, mais trop sélectif.

Avant de nous w i r collés l'étiquette de 'critiqueurs destructeurs', nous


nous pressons d'annoncer notre ambition de faire mieux. C'est ce â quoi nous
nous enploierons dans le prochain chapitre. Nous choisirons une entrée théo-
rique pour aboutir à la présentation de nos articles de LBA, TOT non-ironique
et TOT ironique.
258

4.2 Principes lexicographiques à la base de nos articles

Cette étude a pour objectif la condensation de ses résultats sous forme de dif-
férents types d'articles lexicographiques. Selon la division de la théorie gé-
nérale de la lexicographie proposée par Wiegand (1983:44), les fondements théo-
riques de ce travail rédactionnel sont élaborés dans la partie de la théorie qui
traite de la description lexicographique de la langue. Elle se subdivise en deux
composantes: une typologie de dictionnaires et une théorie sur les textes con-
cernant les articles lexicographiques. La première composante est déterminée par
deux critères (48):

(i) la fin à laquelle le dictionnaire doit servir,


(ii) la partie de la langue qui est visée par le dictionnaire.

La deuxième concerne la structure de l'article en fonction du type de dic-


tionnaire (48).

Nous aurons à approfondir ces aspects par la suite.

4.2.1 Deux notions de base: 'langue' - 'discours'


Précisons d'abord quelques principes qui sous-tendront l'élaboration de nos ar-
ticles. Hey et Delesalle (1976:6) mettent en avant une option fondamentale de
la lexicographie unilingue:
"Le dictionnaire de langue peut en effet viser, non accomplir, la des-
cription d'un système langagier dans sa composante lexicale, ou bien
une étude plus large, englobant la mise en oeuvre de ce système par
les usages, aboutissant à la diversité imprévisible des discours. Dans
la pratique concrète, tout dictionnaire tente d'appréhender ces deux
objets, mais il met diversement l'accent sur l'un ou sur l'autre, et
en réussit inégalement l'analyse".

Il va de soi qu'une description lexicographique, qui a pour objet des EIS


se doit de mettre l'accent sur la composante discursive. Et cela est certaine-
ment aussi valable pour des types de dictionnaires autres que le monolingue.
Nous aurons même l'ambition de dompter la 'diversité imprévisible des discours'.
Mais, ce qui est peut-être moins évident, c'est que nous tenons aussi â la prise
en considération de la 'composante lexicale'.

En fait, il ne s'agit là que d'une conséquence logique de notre concept sé-


mantique. Celui-ci a défini le rapport entre ces deux composantes de manière â
ce que l'une ne soit pas pensable sans l'autre. Toute vue dichotomique contre-
dirait, par conséquent, un principe fondamental de notre analyse.
259

Un tel point de vue nous amène à juger très prudemment des thèses telles
qu'elles sont émises par exemple, par Burkhardt:

(i)L'intérêt de la lexicologie et de la lexicographie ne peut porter que


sur le niveau de la langue.
122
(ii)Si le sens des "Kommunikative Funktionswörter" est leur fonction,
il n'est pas possible de paraphraser leur contenu, mais seulement
leur fonction.
(iii)Avant qu'un mot puisse être employé au niveau de la parole, ses règles
et conditions d'emploi doivent, bien entendu (sic), être fixées aupa-
ravant sur le niveau de la langue, c'est-à-dire être conventionnalisées
(Burkhardt:note 4).

Nous répondons ainsi â ces thèses qui nous semblent trop catégoriques:

(i) Une description lexicographique des EIS ne peut pas se limiter au niveau
de la langue. Elle doit, au moins, inclure le niveau de discours, i.e.
le niveau III de notre GSS (cf. aussi Buzan 1979:34). C'est dans ce sens
que nous interprétons le souhait d'une amélioration de la pragmatique
à l'intérieur de la lexicographie française exprimée par Rey (1983:24).

(ii) Nous jugeons inadéquate une vue dichotomique du contenu et de la fonc-


tion. Avec Kühn (1986:224/225) - celui-ci contre Coulmas (1981:75) -
nous pensons qu'au lieu de dénier un contenu propositionnel aux EIS, il
vaut mieux essayer â tout prix de leur en attribuer un, sauf lorsqu'il
n'y en a vraiment pas. Nous soutenons m&ne qu'il est nécessaire de le
repérer et qu'il s'agit d'une difficulté spécifique des EIS que de vou-
loir définir ce contenu.

(iii) Une telle formulation est trop statique. Elle méconnaît les processus
extrêmement importants qui sont responsables du passage du niveau de la
langue au niveau du discours. Selon notre concept, il ne peut jamais y
avoir fixation (définitive) de quoi que ce soit à n'importe quel niveau
inférieur. Somme toute, nous plaidons, corme Piischel (1982), en faveur
d'un abandon de la séparation artificielle des informations grammati-
cales, sémantiques et pragmatiques (363). Le facteur unificateur, qu'il
s'agisse de règles predicatives, référentielles, discursives ou perfor-
mancielles, a pour origine dans tous les cas des attitudes qu'exprime
le locuteur et qui font toutes partie du sens d'un not (370/371).

122 Dans la classification de Burkhardt les EIS figureraient sous ce qu'il


appelle "illokutionsvollziehende Partikeln" (cf. 156).
260

De là, il n'y a qu'un pas â la revendication suivante: la rédaction d'un


article lexicographigue doit refléter clairement ce principe.

Pour les dictionnaires unilingues, Hey et Delesalle constatent qu'ils ne


reflètent prioritairement que des usages littéraires et que "tous les usages
oraux non contrôlés" (8) sont exclus.

Nous le disons seulement pour la forme, puisqu'il est tellement évident


qu'un traitement lexicographique sérieux des EIS ne peut se passer d'une en-
trée massive des 'usages oraux non contrôlés' dans les dictionnaires. Une
conséquence qui découle logiquement de notre revendication: davantage de dis-
cours dans les dictionnaires décrivant des EIS.

4.2.2 Esquisse d'une typologie des dictionnaires traitant les EIS

Retournons maintenant aux trois aspects de la description lexicographique re-


tenus par Wiegand (1983).

4.2.2.1 Le secteur de langue envisagé

Ccrrmençons par l'aspect du domaine de langue qui est visé par notre descrip-
tion. Pour ce qui concerne cette étude, la réponse est facile. Si l'on ouvre
le diaphragme, ce n'est plus si aisé. Il est clair qu'il faut d'abord entre-
prendre un relevé systématique de toutes les EIS. Nous en donnerons un échan-
tillon dans la 5éme partie du livre. Nous serons loin d'être exhaustifs.
Contentons-nous de dire que les limites du donaine de langue, auquel nous
nous intéressons, doivent être tracées là où il est question de ce que Rey et
Delesalle (21 et 22) expriment ainsi:

les "jugements éthiques-sociaux qui 'colorent' l'emploi de nombreux ncms


et adjectifs (tels dévergondé, discret, discrétion )",

les "jugements impliqué par des emplois d'unités polymorphes (un beau
garçon, un pauvre type )",

123 Rey et Delesalle (1976) opposent les 'usages oraux non contrôlés', ce
qui est tout à fait juste, à "1'écrit-parlé" des conférences de presse,
des babils radiophoniques etc. (8). Nous situons les EIS â l'intérieur
des usages oraux non contrôlés, bien entendu, sans nier qu'on les trouve
aussi ailleurs (par exemple comme moyen d'animer un article journalis-
tique ou un commentaire à la télévision). Les EIS forment en quelque
sorte la texture conventionnelle des usages oraux. Coulmas (1979:173)
parle pertinemment de 'discours préfiguré' ("präfigurierte Rede").
261

les "marques du genre 'péjor.'",

la norme sociale qui régit par exemple le fonctionnement de méchant dans


le discours spécifique entre adultes et enfants, ou entre enfants, surtout
dans la classe bourgeoise.

Notre secteur de langue se distingue, par conséquent, par la présence plus


ou moins concrète de l'attitude d'un locuteur. A la limite, cette attitude est
identique à celle d'une collectivité linguistique, l'essentiel étant que l'at-
124
titude soit perceptible en tant que telle.

4.2.2.2 Principes de nos articles en fonction de leurs usagers

Le deuxième aspect de la typologie de dictionnaires concerne, selon Wiegelnd


(1983), la fin à laquelle le dictionnaire doit servir.

Nous nous sonríes décidés à élaborer des articles pour trois types de
dictionnaires:

1. le dictionnaire unilingue du type Petit Robert ou LEXIS,


2. le dictionnaire unilingue spécial et sélectif,
3. le dictionnaire bilingue.

Précisons davantage cette tri-partition. Kromann (1986:178) dans la lignée


spirituelle de Hausmann (1977:58), distingue:

(i) le dictionnaire unilingue pour la réception langue maternelle,

(ii) le dictionnaire unilingue pour la production langue maternelle,


125
(iii) le dictionnaire passif bilingue français - allemand pour Allemands,

(iv) le dictionnaire passif bilingue allemand-français pour Français,

(v) le dictionnaire actif bilingue français-allemand pour Français,

(vi) le dictionnaire actif bilingue allemand-français pour Allemands.

124 Nous sommes parfaitement conscients que le problême des marques pragma-
tiques est plus complexe qu'il n'apparaît ici. Nous nous référons â
Wiegand (1981) qui démontre dans quelle mesure ce système de commen-
taires pragmatiques est dépendant de facteurs contextuels, ne laissant
ainsi place à aucune standardisation rigide.

125 Nous nous permettons de remplacer 'anglais' du texte original par


'français'.
262

Appliqués â ce schéma, nos articles se répartissent ainsi:

article 1 = (i)
126
article 2 = (ii)
article 3 = du type (iii) et du type (v)

En distinguant ces différents types d'articles, nous essayons de satis-


faire à une nécessité que Holly (1984:84) exprime de la façon suivante:

La revendication, de tenir compte des besoins de l'utilisateur, ne doit


pas toujours rester lettre morte. Il nous faut des explications de sens
qui soient faites pour un utilisateur précis. (traduit par F.S.)

Et, aux dires de Dubois (1981:237), il est grand temps de passer aux actes,
si nous ne voulons pas risquer de rater le train:

"The all - purpose dictionary, capable of meeting all kinds of needs,


has disappeared, or is now disappearing, in favour of dictionaries
whose purpose is simply to provide answers to a limited range of
questions."

Si nous avons dit que l'article 1 serait du type Petit Robert ou LEXIS, il
faut dire que nous ne nous voyons pas en conformité totale avec ce que leurs
rédacteurs annoncent dans les préfaces respectives.

Selon Rey, le PR "s'adresse à tous ceux à qui la langue française importe:


à ceux qui désirent la connaître mieux, qu'elle soit ou non leur langue mater-
nelle; à ceux qui doivent s'exprimer en l'utilisant" (Préface IX). Le LEXIS,
en plus de l'utilisateur langue maternelle, s'adresse aussi "aux étrangers, â
tous ceux qui veulent comprendre le fonctionnement de la langue et ont à se
perfectionner dans la pratique" (Préface VI).

PR et LEXIS ont donc cante objectif de satisfaire les besoins linguistiques


aussi bien au niveau de la réception qu'au niveau de la production du consul-
tant de langue maternelle et étranger. Or, nous nous voyons amenés à modérer
ces programes â visées très hautes. Pour le moins en ce qui concerne les EIS,

126 Si nous classons l'article 2 dans la catégorie (ii), c'est pour la simple
raison que nous le voyons le plus s'apparenter aux objectifs poursuivis
par ce type de dictionnaire.
127 Rey (1983:20) situe bien les dimensions de ce projet: "Ici, un immense tra-
vail reste à faire, pour analyser les conditions socio-économiques qui
président â l'élaboration des dictionnaires".
263

nous faisons quelques réserves. Pour l'usager français, il s'agit avant tout
de combler un déficit de compétence dans sa langue maternelle. Souvent mâne,
le consultant ne cherche que la confirmation de ce dent il est déjà plus ou
moins certain. Le savoir qu'il est désireux d'obtenir lui est présenté, en
général, sous forme d'une définition du sens de l'entrée. Dans la plupart des
cas des EIS, par contre, le consultant étranger, sans parler de l'impossibi-
lité de savoir employer une EIS sur la base des infornatians données d'un ar-
ticle, éprouvera aussi d'énormes difficultés à comprendre leur sens. Plus
exactement, il se voit souvent entretenu dans l'illusion d'avoir compris, il-
lusion qui sera vite dissipée â la première tentative courageuse de lancer son
ballen d'essai. En ce qui concerne les EIS, nous maintenons également nos ré-
serves vis-à-vis de l'opinion de Sciarane (1983:136): "Cn ne peut utiliser les
dictionnaires monolingues d'une langue étrangère que si l'on est à un stade
avancé de connaissance". Etant donné la qualité médiocre de la description des
EIS dans pratiquement tous les dictionnaires, mâne des connaissances avancées
ne suffisent plus pour s'en sortir.

En conclusion de ce constat, nous assignons à notre deuxième article, celui


du dictionnaire spécial, la tâche de combler cette lacune. Son utilisateur, visé
en priorité, réunit les qualités suivantes:

il est étranger, de n'importe quelle nationalité, (nous n'excluons pas pour


autant l'usager de la langue maternelle),

il dispose déjà de connaissance assez avancée du français,

il a l'ambition de faire vin pas décisif en avant dans la compréhension et


le maniaient de la langue parlée. Nous disons 'décisif' parce que nous
sonnes convaincus que la maîtrise des EIS d o m e une sensation linguistique
sécurisante qui tranche nettement avec le sentiment de 'stagner', bien
connu de celui qui a déjà des connaissances avancées,

il a l'ambition de se mettre sur la longueur d'onde psycho-sociale du lo-


cuteur natif français. Ce but peut être atteint notamment à travers la
connaissance des EIS, du fait que celles-ci représentent une espèce
d'entrepôt psycho-affeetivo-social d'une communauté linguistique.
264
4.2.2.3 Conditions particulières des articles bilingues

Nous présenterons, dans une version passive pour un Allemand et une version
active pour un Français, l'article 3 bilingue gui mérite une attention parti-
culière. D'abord une remarque concernant la méthode de travail. Nous nous
rangeons à l'avis de Kromann (1986:178) qu'un seul lexicographe ne peut pas
servir les utilisateurs des deux langues. A notre avis, nous réunissons, en
tant que lexicographe allemand, les meilleures conditions pour répendre aux
besoins de production d'un Français, apprenant l'allemand, et aux besoins de
ccnpréhension d'un Allemand, apprenant le français.

Ce point de vue est particulièrement valable pour le traitement lexico-


graphique des EIS. Leur analyse demande en premier lieu la capacité de se dis-
tancier de l'objet et de savoir poser la question naïve face au banal, car les
EIS véhiculent ce à quoi on ne réfléchit plus du tout. Il s'agit donc de mettre
en question ce qui est devenu complètement automatique; et cette faculté, jus-
tement, nous la voyons nécessairement mieux développée chez le lexicographe de
langue étrangère que chez celui de langue maternelle.

Cela a pour conséquence qu'un dictionnaire bilingue, destiné au marché d'un


pays, nécessite toujours la participation de lexicographes des deux langues.
Nous parlais, bien entendu, d'un dictionnaire qui servirait, â la fois et dans
la même mesure, â la ccnpréhension et â la production des usagers des deux
langues. Au notent où il n'y a que la participation de l'usager d'une des deux
langues, la seule conséquence logique est de réduire une partie du dictionnaire
â un index. En l'occurrence, il est intéressant de se référer à Hausmann et
Honig (1982:112, note 3)qui qualifient de méthodiquement remarquable le diction-
naire bilingue anglais-français / français-anglais de Girard D. et al. (Paris
1982). Sa partie français-anglais n'a que la fonction de simple index alors que
la partie anglais-français dépasse la partie français-anglais de deux fois son
volume. Le dictionnaire est strictement destiné â l'utilisateur français.

Demandons-nous maintenant quels sont les critères qui doivent guider l'éla-
boration de nos deux articles. Une nécessité qui s'inpose d'autant plus impéra-
tivement, si, coime le constate Hausmann (1985:378), on ne tient pas caipte en
pratique des différentes fonctions des dictionnaires bilingues.

Debyser (1981:20) entend par 'meilleurs', des dictionnaires bilingues "plus


cccnplets, plus exacts, plus clairs et plus camodes pour l'usager qui n'attend
pas nécessairement plus savants". Une gageure.
265

4.2.2.3.1 Le principe de l'équivalence

Le motif majeur qui pousse à consulter le dictionnaire bilingue est celui de


vouloir trouver l'équivalent d'un mot. Hausmann (1977:55) déclare:

"Il n'y a jamais traduction de mots, mais toujours traduction de mots


en contexte".

La notion d'équivalence se définit en fonction de ce principe. Krcmann,


Riiber et Rosbach (1984:188) disent clairement qu'il n'y a pas d'équivalence
entre la satine des sens d'une adresse et la saime des sens d'un équivalent,
mais qu'elle existe entre les dénotatians et connotations respectives d'une
adresse et les sens respectifs des équivalents possibles (cf. aussi Landheer
1983:149, qui parle d'équivalence partielle).

Pour nos deux EIS, ce principe se présente ainsi:

PRINCIPE DES RAPPORTS D'EQUIVALENCE

TDT / LBA EQUIVALENTS POSSIBLES

= rapport d'équivalence
266
Ce concept d'équivalence se conçoit ccnne existant seulement entre des aires
sémantiques du mot-départ et du (des) mot(s)-cible. Il élève en quelque sorte
le sème au rang d'une entrée (cf. Hausmann 1982b:227, note 18). Il suppose lo-
giquement une analyse complète des mots de part et d'autre (cf. Hausmann
1977:54). Nous pensons nous être acquittés de cette tâche par l'analyse des
deux EIS présentée dans le chapitre précédent.

4.2.2.3.2 Equivalents et éléments descriptifs dans le dictionnaire


bilingue passif

Il est important pour la présentation lexicographique de nos EIS de savoir la


position adoptée vis-à-vis des propos suivants de Darbelnet (1970:92):

"Le problême que tout dictionnaire doit résoudre n'est pas, comme on
le sait, un problême de définition, mais d'équivalence entre les mots
et les tours des deux langues considérées".

Nous ne voulons pas revenir sur 1'importance incontestable de 1'équivalence,


mais nous jugeons nécessaire de regarder de plus prés ce qui, pour Darbelnet,
ne pose pas problème: le rôle de la définition. Nous voulons savoir s'il est
suffisant pour un article de TOT et de LBA de ne présenter que les équivalents
remplaçants les définitions. Donnons un petit exemple, TDT, nous parlons de la
version non-ironique, permet, entr1 autres, l'équivalent aeh ja !. Tout de suite,
on se rend compte que la question se pose de façon différente selon qu'on
l'aborde du côté d'un utilisateur allemand ou du côté d'un utilisateur fran-
çais.

L'utilisateur allemand se sentira bien embarrassé parce qu'il ne sait que


faire de l'équivalent aah ja /. Plusieurs possibilités d'emploi surgissent de-
vant lui selon qu'on varie l'intonation. Etant donné que les courbes intona-
tives modifient considérablement les sens respectifs de ach ja !, il aimerait
savoir de quel sens il est précisément question.

Kranann, Riiber et Rosbach (1984:201) sont conscients de la problématique.


Pour le cas où l'équivalent est polysémique, ils demandent des gloses distinc-
tives même pour le dictionnaire passif, la compétence de la langue maternelle
qui, en général dêsambiguise suffisamment, faisant défaut dans ce cas.

Pour remédier à ce manque, deux démarches méthodiques se présentent pour


l'article d'une EIS. Ou bien, on précise au naxiinum l'aire sémantique de l'en-
trée ou bien on délimite exactement celle de l'équivalent.
267

Dans le dernier cas, l'usager allemand apprendrait sous fonte d'indications


supplémentaires que TOT peut prendre les valeurs d'unes

(i) ach ja - d'étonnement absolu, et une courbe intonative interrogative,


i.e. montante,
(ii) ach ja - de compréhension étonnée, avec une courbe légèrement ascen-
dante ,
(iii) ach ja de compréhension d'une évidence, avec une montée très bursque
et très forte de la courbe.

Ces informations serclient toujours insuffisants, car, pour prendre le cas


(iii), il représente des situations où TOT est employée pour exprimer la ccm-
préhensian d'une évidence, mais où la traduction par 'ach ja - (iii)1 serait
inadéquate. On pourrait donner un autre équivalent, par exemple, stimmt eigent-
lich, qui d'ailleurs, se laisse aussi exprimer par un ach ja, mais dont l'in-
tonation diffère encore une fois des trois autres parce que plus lente et ex-
primant un iraient bien accentué de réflexion.

Une caractéristique des traductions des EIS est qu'en général, elles exit
aussi un caractère de EIS et que, par là, elles réunissent toutes leurs pro-
priétés, notairment celles de la polysémie. Cela explique que, assez souvent,
des efforts considérables en gloses distinctives seraient nécessaires pour
dissiper toute incertitude chez l'usager allemand.

Une autre possibilité, du côté de l'entrée, consisterait dans la précision


optimale de la définition des conditions d'emploi respectives de TOT. A ce mo-
ment, les différents emplois de ach ja devraient autorratiquement se laisser
déduire par l'usager allemand. Nous penchons pour cette deuxième voie, en
apportant toutefois encore quelques précisions.

Deux questions s'imposent. Pourquoi la précision du côté de l'entrée? Sous


quelle forme présenter la précision de l'emploi?

D'abord nous signalons que l'article, prévu pour le dictionnaire type pas-
sif, doit remplir une fonction réceptive et non productive. Hausmann (1985:377)
fait cette distinction entre les deux rôles qui peuvent être assumés par ce
type de dictionnaire, d'une part, la compréhension de la langue étrangère, et,
d'autre part, la traduction dans la langue maternelle. Mettre l'accent sur la
compréhension irrplique que les conditions optimales soient créées pour iden-
tifier ce que l'usager veut comprendre. Cette identification n'est possible
que du côté de l'entrée. Elle a lieu sur un niveau morphologique, syntaxique,
phonétique (cf. Krcmann, Riiber, Rosbach 1984:212 et 217), mais aussi sur un
268

niveau sémantique discursif et performanciel. Cette activité d'identification


des EIS prend une importance extraordinaire, du moment qu'il s'agit, en règle
générale, d'un repérage â l'intérieur d'une chaîne sonore, donc d'une activité
autrement plus difficile pour un usager étranger que celle s'appuyant sur un
support iimiuable écrit. Partant de là, il est facile de nous approcher de notre
deuxième question, i.e. quelle forme choisir pour présenter toutes ces infor-
mations facilitant la compréhension? Notre réponse est claire et nette: c'est
l'exemple qui remplit le mieux cette tâche.

4.2.2.3.3 Le dictionnaire bilingue actif

Quant au dictionnaire qui traduit dans la langue étrangère, on se trouve, coime


11explique Hausmann (1985:378), devant deux solutions radicales:

(i) on déclare le projet d'un tel dictionnaire irréalisable et on le ré-


duit à un sinple index traduisant dans la langue maternelle,

(ii) on amplifie la micro-structure au maximum avec le plus de collocations


possibles.

Pour notre part, nous avons choisi les principes impliqués par la deuxiètae
voie au risque de nous voir exposés à des critiques avançant l'argument 'tout
puissant' de 1'espace disponible dans le dictionnaire.
Dès lors qu'il y a compétence déficitaire de l'utilisateur français du
côté des équivalents, tout doit être mis en oeuvre pour y remédier.

La règle fondamentale de l'article du dictionnaire actif: toute faute


serait impardonnable parce qu'il n'y a pas moyen de se tirer d'affaire. L'uti-
lisateur est à la merci totale de ce que le dictionnaire lui propose du côté
des équivalents.

Le dictionnaire actif est condamné à 1'exhaustivité sous tous les aspects


car c'est elle qui garantit sa valeur. L'utilisateur veut connaître les équi-
valents possibles. Etant donné 1'imnensité de cette tâche, il faut au moins
essayer de s'approcher de l'idéal. Mais il ne servirait â rien de le confron-
ter â un tas d'équivalents cumulés pêle-mêle. Il veut tout d'abord savoir
ccmment se distinguent les équivalents sémantiquement. Nous introduisons le
principe de la synonymie distinctive â l'intérieur d'équivalents cumulés, à
l'aide d'explications précisant les différences sémantiques des équivalents,
ou mieux, des groupes d'équivalents (cf. Hausmann 1974:109).
269

Pour que l'utilisateur soit mis en état d'employer les équivalents, il faut
qu'il trouve toutes les informations qui lui sont indispensables. Dans notre
article, il trouvera d'abord des indications prosodiques, notanment l'endroit
précis de l'accent principal. Nous nous sautes rendus canpte que l'accent est
sémantiquement si important que la simple présentation de l'équivalent serait
sans valeur pour un emploi adéquat. Là où il faut, nous ne nous gênerons pas
pour donner aussi d'autres informations prosodiques ('très bref', 'très long',
'moqueur', etc...) sans avoir 1'ambition d'utiliser une terminologie 'scienti-
fique' .

Un autre accent sera mis sur la composante syntaxique. Nous proposerons des
enchaînements typiques après l'équivalent. On pourrait parler dans ce cas d'une
forme de collocation prise dans un sens large. En argumentant de la sorte, nous
n'avons pas l'intention de diluer cette notion beaucoup trop 'négligée' dans
l'élaboration de dictionnaires, et très chère à Hausmann (1977:74, 78, 1984) qui
emploie ce terme dans un sens plus restreint (cf. Kramann, Riiber et Rosbach
1984:207).

4.2.2.4 Le rôle éminent de l'exemple

Nous considérons l'exemple, non pas came un supplément plus ou moins superflu
de la définition, mais au contraire, corme un moyen de fournir une quantité
d'informations implicites qui conduisent à une juste appréciation du mot. Au
lieu de recourir â de longs cormentaires, nous chargeons l'exemple de trans-
128
mettre les informations nécessaires (cf. Hausmann 1982a:194).
L'exemple, c'est-à-dire le dialogue dans le cas de nos EIS, aura donc la
priorité absolue. Même dans un dictionnaire, la nécessité d'économiser de l'es-
pace doit se plier à cet impératif, si 1'oti vise son amélioration qualitative,
ce dont nous sonnes convaincus. Quant à TOT et LBA qui réalisent toutes les
deux des actes illocutoires réactifs, il va de soi qu'on peut illustrer
leurs emplois uniquement par des exemples sous forme de dialogues (cf. Wiegand
1981:259, note 158).

128 Nous renvoyons au résultat d'une enquête que Bastert (1985:114) a menée
auprès d'étudiants en langues. Elle démontre l'énorme importance de
l'exemple pour la compréhension du sens, importance qui va largement
au delà d'une simple illustration.
270
4.2.2.5 Conclusions

Arrivés à la fin de notre entreprise qui se voulait de mettre en évidence les


caractéristiques d'un article destiné au dictionnaire passif et celles d'un ar-
ticle destiné au dictionnaire actif, nous pouvons tirer une conclusion générale.
Toutes supposent une analyse exacte des délimitations des aires sémantiques du
not vedette. Les informations, apportant des précisions, s'accumulent du côté
de l'entrée pour le premier, et du côté de l'équivalent pour le deuxième. Ce
fait n'est que la conséquence logique des compétences linguistiques différentes
des utilisateurs. L'accumulation se trouve là oû la compétence est lacunaire et
où elle a, par conséquent, besoin d'assistance.

Cn aura remarqué que nous nous sames beaucoup plus étendus sur les artic-
les bilingues que sur ceux destinés au dictionnaire monolingue. Dans la rétro-
spective, nous ne voulons pas négliger de tirer au clair un aspect que nous
trouvons exprimé chez-Kranann (1986:181). Selon lui, la typologie des quatre
types de dictionnaires bilingues et ses conséquences pour la présentation des
gloses, des informations graimnaticales, du rrétalangage etc... a aussi des ré-
percussions sur le dictionnaire monolingue dans la mesure oû celui-ci vise des
étrangers canne utilisateurs.

Nous avons pris à coeur ces propos-prograitmes et nous essayerons de les


traduire en faits lexicographiques dans l'article destiné au dictionnaire mono-
lingue spécial.

4.2.3 La disposition des articles de LBA et de TOT

4.2.3.1 Principes généraux

Avant de présenter les plans de disposition des éléments de chacun des quatre
types d'articles lexicographiques, nous soulignerons encore quelques aspects
dont il n'a pas été question jusque-là. Ils fonctionneront carme principes or-
ganisateurs plus ou moins explicites des articles.

4.2.3.1.1 Le nétalangage

Nous partons de la vérité banale que chaque type d'entrée réclame son propre
type de présentation lexicographique. Que cette banalité soit encore loin
d'être traduite dans les faits, se laisse facilement démontrer. Ouvrais au
hasard le Petit Robert. Sous l'entrée taper, il nous fait savoir sur l'expres-
sion: "fam. C'est â se taper la tête contre les murs, c'est une situation ré-
voltante et sans issue".
271

Nous avons affaire ici à une "définition classique cherchant à rendre compte
d'un emploi où le substantif réfère" (Fradin 1979:64). La description s'inscrit,
par conséquent, dans une voie nettement représentationaliste qui suppose la
transparence du signe. Or, 11expression narrée, pour être décrite de façon plus
adéquate, devrait plutôt être considérée carme un signe opaque. Conséquennent,
on mettrait l'accent sur le fait qu'elle soit employée dans un manent de grosse
colère. Les informations référentielles et predicatives ne deviendraient pas
superflues pour autant. PR mentionne d'ailleurs l'expression se cogner, se taper
la tête contre les murs aussi sous l'entrée mur où il n'y a qu'un renvoi à
désespérer (se). A part la présentation insuffisante sous forme infinitive, ce
renvoi va au moins dans le sens de l'opacité. Mais une vérification sous dés-
espérer (se) ne nous avance pas. On n'y trouve que l'information 's'abandonner
au désespoir'.

Nous avons donné cet exemple pour montrer ce que veut dire 'ne pas tenir
carpte de la spécificité d'une entrée'.

Notre souci de respecter la nature spécifique des EIS se fera sentir jusque
dans le langage que nous utiliserons dans les articles, en particulier dans
ceux où l'accent est mis sur l'activité linguistique productive du consultant
(diçtionnaire spécial monolingue et dictionnaire bilingue actif). A travers la
formaulation du type vous faites X en employant l'expression Y, il se rendra
carpte qu'il agit. Dans l'article du dictionnaire bilingue passif, par contre,
cette activité est uniquement exercée par l'acteur de l'exemple illustrant
l'errploi de l'expression. Le consultant n'est que le récepteur qui essaie de
comprendre cette activité â travers sa description et son illustration exemp-
laire.

1é deuxième aspect de métalangage concerne la langue utilisée. Selon l'uti-


lisateur visé en premier lieu par le dictionnaire, toutes les mêta-informations
sont données en français ou en allemand. Seul l'article du dictionnaire spécial
y fait exception, ce qui se justifie par le niveau des connaissances en fran-
çais dont dispose déjà l'utilisateur envisagé.

4.2.3.1.2 Eléments descriptifs hiérarchisés et structure ternaire des


articles

Λι trouvera des descriptions d'ordre canportenental surtout, réparties sur


trois types de définition se distinguant par le degré d'abstraction et dont la
distinction est plus ou moins développée selon le type de dictionnaire. Con-
272

formèrent â la GSS, elles se situent aux niveaux II, III et IV. Elles se trou-
vent toutes en amont de l'exemple. Chaque article se distingue par une structure
ternaire selon les trois modes de PPV du niveau III. La description ccmporte-
mentale du niveau II est la plus générale et est placée avant la tripartition.
Celle-ci est annoncée par l'insertion du topos dans la description générale du
carportement. En tête de chaque partie de la tripartition se trouve une des-
cription qui explicite 11illocutoire á dominante argumentative et dans laquelle
se concrétise l'action d'un topos.

Le classement des trois sens du niveau III obéit toujours au mène schéma.
Le premier correspond au mode présuppositionnel (mpp) interrogatif, le deux-
ième au mpp affirmatif et le troisième au mpp impératif (à condition que le
mpp soit présent dans le sémantisme). La multiplication des sens se passe au
niveau IV sous forme d'illocutoires spécifiés. En général, leurs descriptions
respectives du carportement précèdent directement 11exemple.

Nous signalons un grand avantage de notre concept hiérarchique des éléments


descriptifs des articles. Il s'agit de ce que nous appelons principe unifica-
teur. Bastert (1985:112) a fait l'expérience selon laquelle les difficultés â
comprendre les variantes de sens d'une particule nodale (Modalpartikel) s'ac-
croissent énormément lorsque le consultant ne voit pas de rapport entre les
définitions des variantes, d'une part, et la définition générale et celles des
variantes, d'autre part. Le désir du consultant de découvrir une cohérence
opérant dans le sens vertical et horizontal n'est que trop caipréhensible.

Nous pensons que tout linguiste, travaillant au service d'une clientèle


achetant des dictionnaires, se doit de dépenser toute son énergie pour arriver,
après une analyse scrupuleuse, à une description qui reflète l'action d'un prin-
cipe unificateur.

Après une analyse de deux EIS, nous n'osons pas bien entendu trop généra-
liser. Cependant, nous ne voulons pas cacher notre pressentiment: il y a une
cohérence sémantique logique entre les variantes d'une EIS polysémique dans
beaucoup plus de cas que leurs descriptions lexicographiques 'éclatées', exis-
tantes dans tel et tel dictionnaire, ne le laissent présumer.
273

4.2.3.1.3 Exemple authentique ou construit ?

Bien que nous ne négligions pas l'importance des éléments descriptifs, explica-
129 «.
tifs et dêfinitionnels dans un article lexicographique, nous tenons a ne
laisser subsister aucune équivoque sur l'élément auquel nous donnons la priori-
té absolue: 11exemple. Ce rôle dominant s'explique par sa propriété de facili-
ter le plus possible la compréhension d'un élément linguistique inconnu, tant
au niveau sémantico-pragmatique que syntaxique (cf. Collignon et Glatigny
1978:148). En ce qui concerne la question controversée 'exemple authentique'
ou 'exemple construit', nous nous satires décidés en faveur de l'exemple con-
struit en raison de la plus grande valeur didactique de ce dernier (cf. Dubois
et Dubois 1971:91/92 ; Hausmann 1985:376).

Très pertinent ce que Nikula (1986:189) affirme quant à la difficulté de


déterminer exactement l'acte de langage, primitivement accanpli dans le texte
authentique. Avant donc d'être les victimes de fausses interprétations, nous
avons jugé préférable d'être nous mêmes les auteurs pleinement responsables
des valeurs illocutoires intentionnées.

4.2.3.1.4 Grammaire et syntaxe

La valeur de l'exemple pour l'appréhension optimale, notamment d'une EIS, se


révêle aussi sous un aspect grammatical. A notre avis, - cela soit dit entre
parenthèses - une grammaire au sujet des EIS reste encore à écrire. Nous pen-
sons notanment à la description systématique de leur comportement syntaxique,
i.e. phrastique et transphrastique. Nos exemples ne tiennent certainement
pas suffisamment ccmpte de cet aspect qui mériterait une étude particulière.
En tout état de cause, nous ne voudrions pas omettre de signaler la nécessité
d'y prêter une attention beaucoup plus grande dans l'avenir. Il ne nous reste

129 Nous employons indifféremment ces qualificatifs parce que nous jugeons peu
utile, et, plus encore, peu convaincant de vouloir les distinguer. Mais,
peut-être y a-t-il quand même une allergie partielle entre le concept
classique de la définition ('genre prochain', 'différence spécifique') et
les nécessités d'une description des EIS. Sous cet aspect, il serait peut-
être préférable de donner la priorité au terme plus neutre de description
(cf. aussi Sciarone 1983:142).

130 Danjou-Flaux (1975) donne une bonne démonstration de la façon dont nous
imaginons une telle grammaire. Pour les rapports importants entre une telle
grammaire et le relevé de cotextes usuels, voir Henne (1975:96, 108 à 110).
Weinrich (1975:358) réclame également que l'article du dictionnaire relève
les règles d'emploi grammaticales des mots.
274

qu'à soutenir entièrement Henne (1976:108 et 109). Selon lui, le lexicographe


respectant le principe de l'explication syntagmatique du sens essaye de décrire
les propriétés sélectives cotextuelles d'une unité lexicale.

4.2.3.1.5 Informations prosodiques, mimiques et gestuelles

Oi remarquera que les articles, à l'exception de celui du PR, contiennent de


nombreuses informations prosodiques, et même gestuelles et mimiques. Un article
traitant une EIS ne peut pas se passer de ce type d'informations. Nous assig-
nons aux trois sens du niveau III des qualités prosodiques (courbe intonative
et accents surtout) typiques. Nous croyons que cela est admissible dans la me-
sure oû les phénomènes prosodiques, mimiques et gestuels sont plus ou moins
standardisés.

Néanmoins, ces indications n'ont aucun caractère obligatoire et ne s "op-


posent nullement à des variations individuelles. Quoi qu'il en soit, une chose
est certaine: vu l'énorme importance des informations prosodiques pour les ar-
ticles lexicographiques des EIS, tout dictionnaire spécial futur qui se res-
pecte devrait être pourvu d'un disque ou d'une cassette (cf. Hausmann 1985:375)
et même d'une vidéocassette.

Les mentions de registre dont seront affectés certains équivalents se


règlent strictement sur la norme de la langue parlée. L'absence d'une mention
correspond au langage parlé de tous les jours et par lâ, à ce qui est appelé
ccitinunêment ' familier ', si 1 ' on fixe la langue écrite carme norme de repère
(cf. Hausmann 1975:21, 31 ; 1977:119-128). S'il est exact qu'il n'y a pas de
système de dénomination inattaquable, il n'en reste pas iroins vrai que l'étran-
ger qui apprend en a besoin (cf. Hausmann 1982a:210 ; 1985:377 ; Wiegand 1981:
156 ; Martinet 1983:141).

4.2.3.2 Les EIS - une nouvelle dimension lexicographique

Encore une remarque finale et de nature générale. On verra que nos articles
occuperont beaucoup de place, ce qui amènera les uns ou les autres à les re-
léguer dans le domaine de l'utopie lexicographique. Nous ne partageons pas
cette opinion. Nous savons bien que dans un monde dominé par l'électronique,
l'informatique et la robotique, la SIGNIFICATION est en train d'être réduite
à une relation de 1 à 1. Nous nous trouvons à l'autre extrémité. Les EIS re-
présentent une chance de pénétrer profondément dans 1' univers pragmatico-
sémantique d'une autre cannunauté linguistique. Leur connaissance favorise un
275

contact humain entre les membres de deux ccmnunautés linguistiques différentes


qui va tris au-delà de rencontres basées sur une notion de signification uni-
dimensionnelle du type 'genre prochain' - 'différence spécifique' ou bien de
type robotique.

Nous nous permettons d'interpréter les propos d'Alain Rey (1983:24) dans
ce sens. Celui-ci rappelle cette phrase ccmbien vraie de Georges Bataille:

"Un dictionnaire commencerait à partir du moment oû il ne donnerait


plus les sens, mais les besognes des mots" et, Rey, de poursuivre,
plein d'optimisme: "Malgré les imperfections et les contraintes, il
me semble que nous sommes arrivés à l'époque oû le dictionnaire
commence."

Allons-y alors, et réservons davantage de place aux EIS dans nos dic-
tionnaires !

4.2.4 Les articles lexicographiques de LBA et de TOT

4.2.4.1 Tableaux d'agencement des éléments de nos articles


lexicographiques
276

TABLEAU D'AGENCEMENT DES ELEMENTS DE L'ARTICLE DU DICTIONNAIRE TÏPE "SPECIAL"

PRESENTATION DE L'ENTREE:
information, phonétique
variantes morphologiques
prosodie, mimo-gestualité (générales)

INFORMATIONS PRAGMATIQUES GENERALES:


fréquence
diachronie
utilisateurs - milieu social - registre
type de texte
effets stylistiques
sujets de conversation

DESCRIPTION/DEFINITION (sous forme d'instructions):

signification générale (niveau II)


( topos (base des variantes de sens)

1. informations prosodiques, mimiques spécifiques


sens (illocutoire à dominante argumentative, niveau III)

1.1. sens (illocutoire spécifié du niveau IV)

DEMONSTRATION:
situation
dialogue
synonymes

COTEXTES: - pré -
- post -

SENS 'LITTERAL': - possibilités d'actualisation

INFORMATIONS NEGATIVES/SPECIALES: "Attention!":


277

TABLEAU D'AGENCEMENT DES ELEMENTS DE L'ARTICLE DU DICTIONNAIRE TYPE


'PETIT ROBERT'

ENTREE:
- information phonétique

DESCRIPTION:
- signification
variantes de sens (sur la base du topos) + synonymes

DEMONSTRATION:
- dialogue (de la variante la plus fréquente)
278

TABLEAU D'AGENCEMENT DES ELEMENTS DE L'ARTICLE DU DICTIONNAIRE TÏPE 'ACTIF'

ENTREE

DESCRIPTION/DEFINITION:

1. sens: indications sommaires sous forme d'instructions

1.1. DEMONSTRATION:

- dialogue

- équivalents

• informations phonétiques, prosodiques (accent


principal etc.)

» connotation, fréquence, registre, milieu socio-


culturel , région

• morpho-syntaxe

« synonymes/traductions/sous-entendus

- principe de groupement des équivalents

• description du critère destinctif

.· équivalents
279

TABLEAU D'AGENCEMENT DES ELEMENTS DE L'ARTICLE DU DICTIONNAIRE TYPE 'PASSIF'

PRESENTATION DE L'ENTREE:

- information phonétique

- variantes morphologiques

- cotextes, possibilités d'enchaînement syntaxique

INFORMATIONS PRAGMATIQUES GENERALES:

- diachronie

- milieu social-registre

- effets stylistiques - caractère expressif etc.

DESCRIPTION/DEFINITION:

signification générale (niveau II)

. topos (base des variantes de sens)

1. informations prosodiques, mimiques spécifiques

sens (illocutoire â dominante argumentative, niveau III)

1.1. sens (illocutoire spécifié du niveau IV)

DEMONSTRATION:

- dialogue

- équivalents
280
4.2.4.2 Epreuves d'articles

4.2.4.2.1 LA BELLE AFFAIRE !

A) Article du dictionnaire spécial monolingue

La belle affaire ! Cette , quelle/¿ι ¿el Λ fit/

En principe, vous avez le choix entre une intonation exagérante et plus fine
pour faire ressortir l'ironie, et vine intonation plutôt 'non-ironique' et plus
sèche pour exprimer plus directement votre désaccord.

Vous pouvez aussi réagir par LBA à un geste, â une mimique significatifs
(pleurs, regard sévère, etc..).

Pas tellement fréquente ; légèrement surannée ; du langage des adultes,


aussi du langage journalistique, littéraire ; milieux cadre moyen, cadre
supérieur ; effet stylistique: 'marquer la différence', 'le goût de la langue';
de gentillesse modérée, pour exprimer des états affectifs ni trop négatifs
(causticité, colère, mépris etc.) ni trop positif (solidarité enthousiaste) ;
sujets de conversation: problèmes quotidiens, morale, standing, performances.
Exclus: des sujets graves: accident, maladie, mort.

Vous vous opposez directement au ocxnportement dramatisant de votre inter-


locuteur et seulement indirectement â ce qu'il vient de dire.

Vous répliquez sur un ton d'indifférence, plus ou moins grande, que vous
ne lui accordez pas le droit de donner tellement d'importance à une cause/
raison expliquant son comportement dramatisant.

Plus vous êtes convaincu du caractère injustifié/non fondé de son canpo-


tement, moins vous êtes disposé â l'accepter.

Les variantes de sens de LBA résultent, par conséquent, du degré de soli-


darité que vous portez à son comportement. Moins vous vous sentez solidaire,
plus vous vous opposez à celui-ci:

1. /¿A 'UL a Tí;*/ (lent, calme).

Vous jugez son comportement seulement un peu injustifié. Vous vous montrez
solidaire, conpréhensif, bienveillant. Vous faites remarquer à votre inter-
locuteur de façon rassurante, calmante:

1.1. ne te culpabilise plus, ne te fais plus de reproches:


281
Β : Maman, tout â l'heure en allant eh.eroh.er le pain, j'ai perdu la pièce que
tu m'avais donnée...
A : S'il n'y a que ça, la belle affaire ! Syn. ne le prends pas au tragique.

1.2. ne sois plus si peu sûr de toi, de ce que tu fais/veux faire etc..:
1.2.1.
Β : Je ne sais pas si je vais t'accompagner chez les Dupont, ce soir. Tu sais,
madame Dupont, elle est toujours très élégante, et moi, j'ai le même tail-
leur que l'année dernière, je vais te faire honte.
A : La belle affaire ! il est encore très bien, ce tailleur ! Syn. ce n'est
pas grave !

1.2.2.
Β : Dis-moi, est-ce que tu m'aimes vraiment ?
A : La belle affaire ! c'est évident ! Syn. en v'iâ une de questions ! bien
sûr !

1.2.3.
Β : Est-ce que tu m'en veux toujours ?
A : La belle affaire ! n'en parlons plus ! Syn. que vas-tu chercher !

1.3. Ne t'énerve plus, calme-toi:


Β : Regarde-moi cette respectueuse là, elle n'a même pas honte de venir ici.
A : La belle affaire ! ne t'inquiète pas ! Syn. ça ne vaut pas la peine !
(de t'inquiéter)

1.4. Vous cédez â une demande insistante:


1.4.1.
Β : Est-ce que tu peux garder mon mouflet pendant les vacances ?
A : La belle affaire ! aucun problème ! Syn. s'il n'y a que ça ! ben oui !

1.4.2. Vous cédez un peu contre votre gré:


Β : (après de longues périphrases): est-ce que, vraiment, ça t 'ennuyerait
pas de me donner les 1.000 Frs.
A : bon, la belle affaire ! tu veux ά tout prix que je le fasse, eh bien,
allons-y, faisons-le. Syn. soit; ça va, ça va.

1.5. Vous vous valorisez vous-même (solidarité vis-à-vis de vous-même):


Β : Alors vraiment, ça c'est la meilleure, toi sauter 1.70 m
A : La belle affaire ! rien de plus facile pour moi ! Syn. c'est un jeu
d'enfant.
282

2. {it 'iti aVier, bref, mutin) (variante la plus fréquente des trois).

Vous vous montrez indifférent vis-à-vis de 1'importance que votre interlocu-


teur donne aux arguments, raisons etc.. qui sont de qualité prescriptive et à
l'origine de son comportement dramatisant.

Ainsi vous vous moquez:

2.1. De toute forme de propos moralisateurs, par exemple:


2.1.1. de scrupules:
A : Oh, moi, je vais épouser monsieur Dupont, il a de l'argent, je vais être
heureuse...
Β : mais il a 65 ans !
A : peuh ! la belle affaire qu'il soit vieux, s'il a de l'argent ! Syn.
Qu'est-ae que ça peut bien faire !

2.1.2. De propos qui blâment, réprimandent, sermonnent:


A : Ah, quel ennui, ees études de droit !
Β : Mais, tu sais bien, Martine, si tu ne peux pas présenter un diplôme
universitaire, par les temps qui courent, tu ne trouveras jamais un
bon emploi bien payé, plus tard, quand tu devras gagner ta vie.
A :
Pff> T-a belle affaire ! si tu crois que je vais m'échiner à travailler,
tu te trompes. Syn. Je m'en fiche pas mal ! je n'en ai rien à faire !

2.1.3. De propos qui vous rappellent un engagement que vous ne respectez


plus:
A : A propos, je ne te laisserai pas aller au concert de rock !
Β : Mais, c'est pas vrai, maman, hier encore, tu m'as permis d'y aller !
A : la belle affaire ! hier, c'est loin. Syn. et puis après !

2.2. De propos menaçants


Β : Pauvre con, fourre-toi ça bien dans la tronche, si tu recommences, ça va
être ta fête !
A : La belle affaire ! tes menaces, moi, j'en ai rien à faire, quoi Syn.
pff, tu veux rire ! pff, tu crois que tu m'impressionnes !

3. /¿t 'bel. a Vrr / (pêremptoire, déterminé).

Vous n'acceptez pas la raison, le motif,etc. étant à l'origine du comporte-


ment dramatisant. Vous jugez celui-ci injustifié parce qu'il

3.1 Vous gêne, vous importune, entrave vos intérêts.


283

3.1.1.
A : (enervé, devant la porte fermée de la salle de bains): Alors, tu sors !
Β : Mais non, mon fard à paupières vert ne va pas avec ma robe rouge, il
faut que je trouve le bleu !
A : Ah vraiment ! la belle affaire ! moi, j'ai absolument besoin de la salle
de bains ! Syn. c'est vraiment une affaire (iron).

3.1.2. Β doit prendre l'avion, il est très énervé. Vous vous énervez de plus
en plus et vous êtes de moins en moins disposé à vous laisser casser les
oreilles, d'autant moins que Β a déjà fait d'innombrables vols. Vous voulez
mettre fin à ce comportement et vous dites:
A : Ecoutez, votre histoire de peur, la belle affaire ! ça suffit, maintenant
c'est terminé. Syn. faut pas en faire tout un drame.

3.1.3.
Β : J'ai décommandé la voiture.
A : C'est idiot !
Β : Mais non, ils viennent de sortir une nouvelle gamme de couleurs, et je
trouve que la beige-ivoire est plus jolie que la jaune paille.
A : Tu parles, la belle affaire ! et si nous n'avons pas de voiture pour les
vacances, ça nous fera une belle jambe. Syn. et tout ce théâtre pour...

3.2. Représente une survalorisation inadéquate de capacités, d'efforts etc...

3.2.1. Vous voulez faire descendre votre interlocuteur de son piédestal:


Β : (professeur): Oh, avec mes stagiaires, ça a bien marché, ce stage, je
suis vraiment content !
A : Voyez-vous ça, la belle affaire, on est tous passés par là. Syn c'est
â la portée de tout le monde !

3.2.2. Vou voulez réduire â une juste mesure les éloges, les canpliments dont
votre interlocuteur vous ccmble:
Β : Alors vraiment, tu es super, être reçu au permis du premier coup, c'est
fantastique !
A : La belle affaire, tout le monde le réussit, le permis ! Syn. n'exagérons
rien !
284

3.3. La compensation que votre interlocuteur vous propose, en échange d'un


service qu'il vous a demandé, vous est insuffisante:
Β : Est-ce que tu peux garder mon mouflet•pendantles vacances, après, tu
peux passer 8 jours dans mon chalet en Savoie.
A : La belle affaire, j'en ai un moi-même. Syn. c'est ridicule ! d'où tu
sors, toi !

Souvent, vous reprenez devant LBA ce que votre interlocuteur vient de dire ou
ce que vous présumez être l'assertion sous-jacente à ses paroles, par exenple
1.1. A: Tu as perdu tes dix francs ? LBA.

Devant LBA, vous pouvez aussi mettre: et alors, et après (exclus dans 1.4.) ;
c'est tout, s'il n'y a que ça (dans 1.) ; bof, peuh, pff (dans 2.) ; ah vrai-
ment, voyez-vous ça, tu parles (dans 3.).

Pour ne laisser subsister aucune équivoque sur le sens intentionné de LBA,


vous pouvez poursuivre par un ajout explicitant votre intention (p. ex. LBA
ne t'en fais pas/je m'en fiche/tu ne vas pas en faire une maladie) .

Vos possibilités d'enchaînement après LBA: LBA que/ pour/ de/ si/ puisque/
et (p. ex. 2.1.1. LBA qu'il soit vieux ; 1.4.2. LBA pour 1.000 Frs ; 3.1.1.
LBA puisque tu ne l'as pas Petrouvé depuis des mois).

En jouant sur les mots de LBA vous pouvez aussi évoquer d'autres sens plus
littéraux:

a) Β : Est-ce que tu pourrais me passer cette pièce de rechange par la


douane, tu ne le ferais pas pour rien.
A : La belle affaire que tu me proposes là !

b) Β : Regarde-moi cette femme galante, elle n'a même pas honte de venir
ici !
A : Ah, la belle affaire, tu peux m'en dire plus ?

c) Β : Est-ce que tu peux me donner 100.000 Frs ?


A : La belle affaire, d'où veux-tu que je les sorte ? Syn. rien que qa,
une paille, excusez du peu.

ATTENTION:
a) Vous ne pouvez pas vous opposer â un comportement uniquement dramatisant.
Il faut qu'en vous présente aussi une thèse ou que vous puissiez dégager en
plus une thèse sur le ccnçortement. C'est pourquoi vous vous opposez de pré-
férence â un énoncé de qualité assertive:
285
+
faux : Β (menaçant): Viens ici ! A : LBA

correct : Β : viens iai, sinon ça va chauffer ! A : LBA

b) Si votre interlocuteur a dit X, vous ne pouvez pas exprimer directement (!)


non - X par LBA. Vous lui indiquez seulement qu'il ne faut pas donner trop
d'importance au fait que X.
Cela explique aussi que vous ne pouvez pas exprimer directement (!) les
idées 'ce problème n'est pas difficile'/'ce fait n'est pas grave' etc...

B) Article du dictionnaire type Petit Robert

La belle affaire! (iron.) /¿a.'Lei iYsf / Pour s'opposer de façon plutôt gen-
tille au comportement dramatisant de l'interlocuteur (qui se plaint, se la-
mente, réprimande, s'indigne, se justifie etc.). On réplique sur un ton d'in-
différence, qui est plus ou moins importante, qu'an ne lui accorde pas le
droit de donner tant d'importance à une cause justifiant, selon l'interlocu-
teur, ce ccrnportement (syn. et alors!). Selon le degré d'illégitimité du
comportement l'opposition peut prendre une qualité: (i) bienveillante et
comprehensive, syn. ne t'en fais pas! ; (ii) nettement indifférente et mo-
queuse, syn. je m'en moque! ; (iii) volontairement inconpréhensive, syn.
faut pas en faire tout un drame!

Ex. (ii) employé le plus fréquemnent:

A : Oh, moi je vais épouser monsieur Dupont.


B : mais il a 65 ans!
A : la belle affaire ! le tout est qu'il ait de l'argent.

C) Article du dictionnaire bilingue type 'actif' - utilisateur: Français

La belle affaire!

1. Vous exprimez plutôt la solidarité, sur un ton ccmprêhensif, bienveillant,


sauf 1.8. :

1.1.
B : (en larmes) Maman, tout â l'heure en allant chercher le pain, j'ai
perdu la pièce que tu m'avais donnée...
A : la belle affaire !
286

das ist ja fürchtbar ! (iron.) c'est terrible ! , dás ist aber schlirrm ! (iron.)
c'est grave ! , nein só was ! (iron.) ah, ça alors ! , das ist doch kein Drámal,
nun nirrm's mal nicht so trägisch ! ne le prends pas au tragique !

1.2.
Β : Je ne sais pas si je vais t'accompagner chez les Dupont, ce soir. Tu sais,
madame Dupont, elle est toujours très élégante, et moi, j'ai le même tail-
leur que l'année dernière, je vais te faire honte.
A : La belle affaire !

ach wás 1 mais non ! , das ist doch gût so l ça te va toujours bien ! , das
ist doch nicht so schliirm !, das mächt doch nichts ! ça ne fait rien, da ist
doch nichts dabei ! toujours s.-ent. ce n'est pas grave, si tu portes le même
tailleur.

1.3.
Β : Dis-moi, est-ce que tu m'aimes toujours ?
A : La belle affaire !

na klâr ! c'est évident ! natürlich bien sûr ! , aber jâ doch ! mais oui ! ,
ja was meinst denn dû ? s.-ent. mais tu ne vas pas imaginer qu'il en soit
autrement , das ist doch gar keine Fráge ! (dass ich dich ininer noch liebe )
ça ne fait pas de doute !

1.4.
Β : Est-ce que tu m'en veux toujours ?
A : La belle affaire !

ach wâs ! mais non ! , ich bitte dich ! (iron.) s.-ent. que vas-tu chercher
là ! je t'en prie ! (iron.), vergessen Schwánm drüber ! (1. parlée fam.)
c'est oublié, passons l'éponge !

1.5.
Β : Regarde-moi cette pute là, elle n'a même pas honte de venir ici t
A : La belle affaire !

nun rêg dich doch dêshalb nicht so áuf ! ne t'énerve pas pour si peu ! , nun
krieg dich (mal wieder êin) ! (1. parlée fam.) ne t'emballe pas !
287

1.6.
Β : Est-ce que tu pourrais garder mon mouflet pendant les vacances ?
A : La belle affaire !

Kein Problem l (machen wir/mach' ich) il n'y a pas de problème ! , das ist
doch klär !, na klár ! (mäch1 ich/wird gemacht) ben oui ! , ja wenn's nicht
méhr ist I (als dàs) s'il ne s'agit que de ça !

1.7.
Β : ... est-ce que vraiment, ça t'ennuierait pas de me donner les 1.000 Frs ?
A : (lassé, cède enfin plutôt contre son gré): la belle affaire !

meinetwegen ! (hier hast du.../dann kriégst du eben..) soit ! , wenn du imbe-


dingt meinst ! (dann gêb ich dir eben...), wenn du únbedingt darauf bestehst 1
(dann bekömmst du eben...) puisque tu insistes tant , ja ja ist ja schon gût 1
du sollst deine 1.000 Frs ja haben) bon, bon, ça va, ça va.

1.8.
Β : Alors vraiment, ça c'est la meilleure, toi, sauter 1.70 m !
A : La belle affaire ! (sur un ton de mépris, sûr de soi)
dàs kannst du aber glauben ! (dass ich die springen werde), dás gláubst du
aber ! (dass ich die springen werde) ah ça, tu peux bien le croire ! , dâs
glaubst/meinst aber nur dû ! s.-ent. dass ich die 1.70 m nicht springen
werde ce n'est que ta propre opinion ! ; dû musst es ja wissen ! (iron.)
puisque tu sais tout ! (iron.), wenn du mêinst ! (muss es ja wohl stirimen)
(ircn.) puisque c'est ton opinion ça doit être juste ! , wenn du das ságst !
(muss es ja wähl stimmen) puisque c'est toi qui le dis ! (ça doit être juste)
(iron.) ; da ist doch nichts dabei ! ce n'est pas bien sorcier ! , das ist
doch geschenkt ! (1. parlée fam.), das ist doch ein Klacks ! (1. parlée fam.)
c'est de la tarte !

2. Vous exprimez l'indifférence moqueuse

2.1. (paroles moralisatrices etc.)


A s Oh moi, je vais épouser monsieur Dupont, il a de l'argent, je vais être
heureuse...
Β : Mais il a 65 ans !
A : La belle affaire !
288

2.1.1. (pour mettre 11accent sur le fait qu'on reconnaît la réalité qu'est la
vieillesse, mais qu'an ne lui attribue pas d'importance, ton nettement moqueur)
phh ! (très bref, voix aiguë) pff !, peu ! , na und ? (und wenn er 65 Jahre alt
ist, Häuptsache ist...) et alors ! , na wenn schon ! et puis alors, (das ist
doch egal ! ça m'est tout ά fait égal, (das) ist doch völlig schnuppe 1 (1.
parlée fam.) je m'en fiche pas mal, (das) mächt doch nichts J, da ist doch
nichts dabei ! qu'est-ce que ça peut faire ! , das hat doch nichts zu sägen 1,
das spielt doch keine Rôlle/Géige (1. parlée fam.) cela n'a pas d'importance !,
peu importe !, (enchaînement possible dans tous les cas: Hauptsache ist/er hat
Géld/dass er Geld hat).

2.2. (paroles intimidatrices, menaçantes)


Β : Pauvre con, fourre-toi ça bien dans ta tronche, si tu recommences, ça va
être ta fête !
A : La belle affaire !

phh Í (très bref, voix aiguë) pff !, peuh ! , ach néin ! (irai.) (ton moqueur
ou de dramatisation feinte) c'est pas vrai ! (iron.), was du nicht sagst 1 (ton
moqueur ou de dramatisation feinte) tu m'apprends des choses ! (iron.), dáss
ich nicht lache ! tu veux rire !

3. Vous exprimez la désolidarité, le désaccord, sur un ton résolu, catégorique,


sauf dans le cas des tournures ironiques où vous imitez la dramatisation de
l'interlocuteur et l'exagération de l'importance qu'il attribue à sa justifi-
cation, son motif etc

3.1. Β doit prendre l'avion, il est très énervé, il fait tout un drame du vol,
A s'énerve et, pour mettre fin à ce ccmportement, il dit enfin La belle af-
faire !

(Vous mettez l'accent sur le fait que vous n'acceptez pas/plus le ccrporte-
ment dramatisant, affolé):
du machst vielleicht/machst du/nun mach mal nicht so/(ei) 'n Theater ! (um +
acc./wegen + gên./dat.fam. Allem, du Sud), und das gánze Theater nûr wegen...,
und all das nur wegen und dafür das gánze Theater 1 faut pas en faire tout
un plat/drame, du stellst dich vielleicht/stellst dû dich/nun stèli dich mal
nicht so án ! (wegen + gén./dat. fam. Allem, du Sud) n'en fais pas une affaire !
289

3.2.
A : Tu as encore emprunté la voiture, et tu n'as pas remis d'essence.
Β : Tu sais bien que j 'étais dans un encombrement, que j'attendais un coup
de fil à sept heures et que je ne suis rentré qu'à sept heures moins
cinq.
A : La belle affaire !

(vous rejetez les justifications carme n'étant ni convaincantes ni suffi-


santes) :

na und ! et alors ! , (na und) das ist doch kein Grúnd ! (nicht zu tanken) et
alors, ce n'est pas une raison ! , ist das vielleich ein Grúnd ! (nicht zu
tanken), das ist doch (alles) keine Entschûldigung ! ce η 'est pas une excuse ! ,
das entschuldigt ddch gár nichts ! cela n'excuse rien ! , eine Entschuldigung/
Ausrede hast du inner !, um eine Entschûldigung/Aûsrede bist du nie verlegen !
tu as toujours une bonne excuse/un faux-fuyant !.

3.3.
A : Alors, tu sors enfin de la salle de bains !
Β : Mais non, mon fard à paupières vert ne va pas avec ma robe rouge, il
faut que je trouve le bleu !
A : La belle affaire ! (sors enfin).

(Vous contestez 1'importance du fait):

3.3.1. (ironiquement, vous feignez que ce soit important et vous faites semb-
lant de reconnaître 1' importance du fait):

nein sô was 1 s.-ent. c'est vraiment une affaire, ja naturlich/selbstverständ-


lich 1 s.-ent. il faut absolument que je le trouve, bien sûr/évidemment,
(oh/ach Gott) das ist ja auch úngeheuer/ungemein (1. parlée soignée) wichtig i
(so ein Wimpernstift) Grand Dieu, c'est vraiment énormément/extrêmement im-
portant ! das ist ja (wirklich) schrecklich ! s.-ent. c'est vraiment une cata-
strophe de ne pas le trouver, (natürlich) das ist ja auch wichtiger ! (als..),
(natürlich) das geht ja auch vór ! s.-ent. ton mascara est plus -important que
moi/mon besoin d'aller dans la salle de bains.

3.3.2. (vous rejetez directement l'attribution d'importance)

ách was ! tu parles ! (óch/ách) das ist doch nicht wichtig 1, so (ei)'n Kiki-
kram (1. parlée tr. fam. ) pour une broutille pareille !
290

3.4.
Β : (se vantant)s Oh, avec mes stagiaires, ça a bien marché, ce stage, je
suis vraiment content.
A : La belle affaire !

(Vous dévalorisez):

3.4.1. (ironiquement, vous faites semblant d'admirer l'interlocuteur)

(wirklich) tôll !, das hast du tôll gemacht ! Klásse 1, du bist Klásse ! tu


es super ! (iron.).

3.4.2. (directement, vous soulignez que l'action n'a rien de remarquable)

Kleinigkeit ! c'est un jeu d'enfant ! , das ist doch ein Klácks ! (1. parlée
fam.) c'est de la tarte ! , das ist doch geschênkt ! (1. parlée fam.) c'est
du gâteau ! , das ist doch nichts Besónderes ! ce n'est rien d'extraordi-
naire ! , da ist doch nichts dabei ! il n'y a rien de difficile là-dedans ! ,
das kann doch jêder ! tout le monde sait faire cela ! , só toll ist das nun
aûch wieder nicht ! ce n'est pas aussi super ! (comme tu as l'air de le dire).

(enchaînement possible/ so ein Seminár/ ein Seminár ab(zu-)halten/ durch(zu-)-


führen, sans zu 1. parlée fam.).

3.4.3. (vous exprimez directement que l'interlocuteur doit cesser d'en imposer)

nun gib mal nicht so án ! t'as bientôt fini de vouloir épater tout le monde ! ,
nunraâchmal nicht so viel Wind ! (1. parlée fam.) faut pas la lui faire à
l'esbroufe ! , nun trág mal nicht so dick auf 1 faut pas charrier dans les
bégonias ! ; (enchaînement possible: mit deinem lappischen Seminar).

3.5.
Β : Est-ce que tu pourras garder mon mouflet pendant les vacances, après,
tu peux passer huit jours dans mon chalet en Savoie ?
A : La belle affaire ! (j'en ai un moi-même)

(Vous soulignez que votre interlocuteur surestime la valeur de la compensa-


tion proposée):

3.5.1. ironiquement
3.5.1.1. (vous pouvez choisir entre un ton exagéré avec intention et un ton
plus bref et méprisant)
291

âch wie interessant !, das ist ja wáhnsinnig interessant !, das ist ja enórm !,
das ist ja umwerfend ! je suis bouleversé (iron.), néin ! (très allongée, très
accentuée), s.-ent. tu me proposes tant, dá(nn) hab ich's aber ! c'est ae qu'il
me faut ! (iron.)

3.5.1.2. (vous exagerez le fait que votre interlocuteur ait dit que la corpen-
satìon a ime grande valeur)

wâs du nicht sagst ! ben, tu m'en dis des choses ! (intéressantes) (iron.)

3.5.1.3. (vous soulignez que vous vous moquez de la compensation proposée)

du gestâttest, dass ich lächle ? sauf ton respect, tu me fais rire !

3.5.2. directement
(vous soulignez la valeur insignifiante de la ccmpensation proposée)

ist das álles ? c'est tout ? , das ist ja lächerlich ! c'est d'un ridicule ! ,
und was háb ich davon ? et oela me servira à quoi ? , dafür kann ich mir nichts
kaufen ! (1. parlée fam.) ça ou rien, c'est pareil !

D1) Article du dictionnaire bilingue type 'passif' (variante longue) -


utilisateur: Allemand

La belle affaire ! /ln'hfl ».'fer/(cette~, quelle"·) ; ... que/ pour/ de/ si/
puisque/ et;

stilistische Effekte: ironisch (aber stark konventionalisierte Ironie), leicht


altertümelnd, Vorliebe für den 'besonderen' Ausdruck; zum Ausdruck beherrschter
Enotianalität: 'nett' sein

Der Sprecher entgegnet in mehr oder weniger indifferenter Form in erster Linie
jeder Art dramatisierenden Verhaltens als solchem. Er bestreitet dem Gesprächs-
partner das Recht, der Ursache X seines Verhaltens eine solch grosse Bedeutung
zu geben. Er bestreitet also nicht direkt die Tatsache, dass X so und so ist,
sondern nur die Uberbetonung, dass X so ist.

Die Bedeutungsdifferenzierungen ergeben sich aus dem Mass der Bereitschaft des
Sprechers, die Überbetonung als mehr oder weniger ungerechtfertigt zu beurteilen.
292

1. ΙΙ^'ίεΙ hfai (verständnisvoll, wohlwollend)

Der Sprecher bringt zum Ausdruck, dass er das übertreibende Verhalten nur für
ein wenig ungerechtfertigt hält. Er zeigt sich solidarisch und wirkt beruhigend
auf den Gesprächspartner ein. Er will ihm Sicherheit geben.

1.1. Β soll sich nicht mehr beschuldigen, sich keine Vorwürfe mehr machen.

Β : (weinend): Maman, tout â l'heure en allant chercher le pain, j'ai perdu


la pièce que tu m'avais donnée...
A : S'il n'y a que ça, la belle affaire !

das ist ja furchtbar 1 (iron.), das ist doch kein Drama !

1.2. Β soll nicht mehr so unsicher sein und so wenig überzeugt von dem, was er
macht, machen will, oder von dem, was er ist.

1.2.1.
Β : Je ne sais pas si je vais t'accompagner chez les Dupont, ce soir. Tu sais,
madame Dupont, elle est toujours très élégante, et moi, j'ai le même tail-
leur que l'année dernière, je vais te faire honte.
A : la belle affaire ! il est encore très bien, ce tailleur ! ach was ! da ist
doch nichts dabei !

1.2.2.
Β : Dis-moi, est-ce que tu m'aimes vraiment ?
A : La belle affaire ! c'est évident ! na klar !, (das) ist doch gar keine
Frage !

1.2.3.
Β : Est-ce que tu m'en veux toujours ?
A : La belle affaire ! n'en parlons plus ! - ach was !, ich bitte dich !

1.3. Β soll sich nicht mehr empören, aufregen

Β : Regarde-moi cette pute là, elle n'a même pas honte de venir ici !
A : La belle affaire ! ne t'inquiète pas ! nun reg dich mal nicht so auf !,
das lohnt sich doch nicht ! (sich aufzuregen)
293

1.4. A gibt einer insistierenden Bitte Bs nach

1.4.1. Die Zusage erfolgt spontan:

Β : Est-ce que tu peux me garder mon mouflet pendant les vacances ?


A : La belle affaire ! aucun problème ! na klar !, wenn's nicht mehr ist als
das !

1.4.2. Die Zusage erfolgt etwas gegen den eigenen Willen:


Β : (nach langem Bitten): ...est-ce que, vraiment, ça t'ennuierait pas de me
donner les 1.000 Frs ?
A : La belle affaire, puisque tu insistes tellement, voilà la somme, na dann
meinetwegen ί, ja ja ist ja schon gut !

1.5. A wartet sich selbst auf, nachdem Β ihm eine bestirrmte Leistung nicht
zutraut
Β : Alors, vraiment, ça c'est la meilleure, toi sauter 1.70 m !
A : La belle affaire ! rien de plus facile pour moi ! was du schon meinst !,
und wie ich die springen werde !

2. /¿&'iei &*f*r/ (kurz, schnippisch, spöttisch)

A bringt zum Ausdruck, dass ihm das übertreibende Verhalten Bs gleichgültig ist.
Diese Gleichgültigkeit richtet sich gegen jede Form von Worten, die Β eine be-
stimmte Verhaltensform vorschreiben wollen.

2.1. Gegen Skrupel, moralische Bedenken, Belehrungen, Tadel etc.:


A : Oh moi, je vais épouser monsieur Dupont, il a de l'argent, je vais être
heureuse...
Β : Mais il a 65 ans !
A : La belle affaire qu'il soit vieux, s'il a de l'argent ! das ist doch
egal !, na wenn schon !, ach nein wie schrecklich ! (iron.)

2.2. Gegen Drohungen, Einschüchterungen:


Β : Pauvre con, fourre-toi ça bien dans la tronche, si tu recommences, qa va
être ta fête !
A : La belle affaire ! tes menaces, moi, j'en ai rien à faire ! ach nein !,
was du nicht sagst ί
294

3. /¿A'tul a"fer I (bestimmt, nachdrücklich)

A bringt zum Ausdruck, dass er das übertreibende Verhalten für ungerechtfertigt


hält und es nicht akzeptiert. Er zeigt sich nicht solidarisch.

3.1. Weil Bs Verhalten


3.1.1. das Agieren As behindert:
A : (verärgert vor verschlossener Badezirmertür) : Alors, tu sors !
Β : mais non, mon fard à paupières vert ne va pas avec ma robe rouge, il faut
que je trouve le bleu !
A : la belle affaire ! sors enfin ! - machst du ein Theater !, das geht ja
auch vor !, das ist doch kein Grund Í

3.1.2. A lästig, unangenehm, störend ist:


Β : lamentiert schon seit geraumer Zeit darüber, dass er mit dem Flugzeug
fliegen muss. A geht das Gejairmer inner mehr auf die Nerven und sagt
schliesslich La belle affaire ! ça suffit maintenant... du stellst dich
vielleicht an !

3.1.3. die Interessen As in irgendeiner Weise beeinträchtigt:


Β : J'ai décommandé la voiture.
A : C'est idiot !
Β : Mais non, ils viennent de sortir une nouvelle gamme de couleurs, et je
trouve que la beige-ivoire est plus jolie que la jaune paille.
A : La belle affaire ! et si nous n'avons pas de voiture pour les vacances,
ça nous fera une belle jambe ! und dafür das ganze Theater !, und das
alles nur wegen !

3.2. weil Bs Verhalten eine unangemessene Aufwertung, Uberschätzung


3.2.1. der eigenen Fähigkeiten darstellt, Angeberei, Prahlerei ist:
Β (Lehrer): Oh, avec mes stagiaires, ça a bien marché, ce stage, je suis
vraiment content !
A : La belle affaire ! on est tous passés par là ! nun mach mal nicht so viel
Wind !, ist das alles ?

3.2.2. der Fähigkeiten As darstellt. A will deshalb die Komplimente, die Lob-
hudelei Bs auf ein richtiges Mass schrauben:
Β : Alors, vraiment tu es super, être reçu au permis du premier coup, c'est
fantastique !
A : La belle affaire ! tout le monde est reçu au permis ! nun übertreib mal
nicht !, so toll ist das nun auch wieder nicht !
295

3.3. weil A die Kanpensation, die Β als Gegenleistung für eine Bitte anbietet,
für unzureichend hält:
Β : Est-ce que tu peux garder mon mouflet pendant les vaaanaes, après, tu peux
passer 8 jours dans mon ahalet en Savoie ?
A : La belle affaire ! j'en ai un moi-même ! das ist ja urtsœrfend ! (iron.),
und was hab ich davon ?

D2) Article du dictionnaire bilingue type 'passif' (variante courte) -


utilisateur: Allemand

La belle affaire ! /L» bel if&ri ach was ! (die Sache verdient nicht die Be-
deutung, die du ihr gibst).

1. (solidarisch, wohlwollend)
Β : Maman, tout â l'heure en allant oheraher le pain, j'ai perdu la pièce que
tu m'avais donnée...
A : La belle affaire ! das ist doch kein Drama !, nun rüjtm's mal nicht so
tragisch Í

2. (gleichgültig, spöttisch)
A : Oh moi, je vais épouser monsieur Dupont, il a de l'argent, je vais être
heureuse...
Β : Mais il a 65 ans !
A : La belle affaire ! phh 1, na und !, na wenn schon !, das ist aber schLuim !
(iron.)

3. (unsolidarisch, kategorisch)
A : Tu as encore emprunté la voittwe, et tu n'as pas remis d'essence.
Β : Tu sais bien que j'étais dans un encombrement, que j'attendais un coup
de fil à sept heures et que je ne suis rentré qu'à sept heures moins cinq.
A : La belle affaire ! na und !, das ist doch kein Grund l, ach nein !
(iron.), nein sowas 1 (iron.)
296

4.2.4.2.2 TU M'EN DIRAS TANT !

A) Article du dictionnaire spécial monolingue

Tu m'en diras tant ! /iy ma dir» io /, (vous m'en direz tant), expression moins
fréquente que son pendant ironique, langue parlée non marquée.

En général, la courbe intonative reste au mène niveau et ne monte que légère-


ment sur la dernière syllabe.

L'accent principal porte préférentiellement sur U S / mais sous forme d'accen-


tuation d'insistance affective, il peut se mettre aussi sur /iy/ ou sur /di/.

Normalement, l'ênonciation de TOT est accompagnée d'un mouvement de tête ap-


probateur répétitif, c'est-à-dire que le mouvement initial va en avant et vers
le bas. Les yeux sont plus ou moins écarquillés.

Expression typique des cancans et des petits potins du quartier et du village.

Employée de préférence par les faunes.

Sujets de conversation (pas trop graves): les nouvelles du quartier, du lieu


de travail.

Vous employez TOT quand vous sentez un lien affectif positif entre vous et
votre interlocuteur.

En disant TOT vous lui signalez que:

- ce lien existe et que vous le consolidez encore,


- vous acceptez fondamentalement sa supériorité en apport d'information,
- vous vous mettez sur la même longueur d'onde que lui,
- vous êtes favorablement disposé à la réception de sa nouvelle,
- vous évoquez éventuellement une histoire de ccmnunication carrnune ou de façon
plus générale, un stock d'expériences similaires.

Fort effet de complicité dans l'emploi portant sur une tierce personne. Un
emploi trop fréquent peut vous valoir une image de crédulité.
En disant TDT, vous indiquez à votre interlocuteur, sous forme d'une constata-
tion exclamative, dans quelle mesure la nouvelle qu'il vient de vous apporter
vous ouvre des horizons nouveaux sur le sujet auquel se rapporte la nouvelle.

Cette ouverture correspond à un acte de compréhension.


Sa qualité se détermine en fonction de votre savoir préalable.

Plus cette ouverture est grande, plus vous résistez à la compréhension. Cette
297

résistance est accompagnée d'une attitude interrogative croissante de votre


part.

Moins cette ouverture est grande, ce qui est le cas,si la nouvelle s'inscrit
dans une logique de votre savoir préalable, moins vous résistez à la compré-
hension. Cette résistance décroissante est accompagnée d'une acceptation con-
firmative croissante de la justesse de la nouvelle et de votre interlocuteur
en tant que personne.

Les variantes de sens de TOT résultent du degré de cette résistance.

1. La nouvelle vous ouvre des horizons tellement nouveaux que vous n'arrivez
pas à l'assimiler à ce que vous saviez déjà. Vous indiquez â votre interlocu-
teur que vous avez des difficultés à bien comprendre ce qu'il vous a appris.
En principe, vous auriez encore besoin d'autres précisions pour y voir réel-
lement clair. C'est pourquoi il ne vous reste qu'à constater l'enregistre-
ment de la nouvelle.

1.1. Vous indiquez en premier lieu votre surprise:


Β : Au fait, tu sais la nouvelle ?
A : Quoi ?
Β : Demain, je vais me marier.
A : Non ! c'est pas vrai ! tu m'en diras tant ! Syn. c'est pas possible !,
vraiment je ne m'y attendais pas !

1.2. Vous indiquez que la nouvelle vous met dans un état d'embarras et vous
laisse désemparé:
Β : Maman, je ne sais plus quoi faire, mon ami m'a mise devant l'alternative:
ou bien je pars avec lui en vacances, ou bien il m'abandonne !
A : ou là lâ/eh ben/tu m'en diras tant ! Syn. qu'est-ce que tu veux que je te
dise !, ah ! vous en êtes à ce point là !

1.3. Vous indiquez que vous n'êtes plus disposé à comprendre; vous êtes légère-
ment irrité et vous 'protestez' contre l'envahissement que provoque l'informa-
tion:
Β : (mari, sur un ton pédant, doctoral, â sa ferrnve) : Mais comment est-ce que
tu t'y prends avec l'appareil, tu n'as qu'à tourner cette bague-ci, et
puis tu tournes celle-là, ensuite tu vérifies la luminosité pour que tu
puisses régler le diaphragme, après tu actionnes le transport du film...
A : Ah vraiment/hhf/tu m'en diras tant ! Syn. je ne vais jamais comprendre
ça !, je n'ai pas envie d'apprendre ça !
298
1.4. Vous signalez que vous êtes encore désireux d'autres informations pour
mieux comprendre:
Β : Christine, je suis désolée, mais je suis obligée de me décommander, je
ne peux pas venir pour le café cet après-midi, j'ai dû prendre de toute
urgence un rendez-vous chez mon médecin.
A : Oh/quel ennui/tu m'en diras tant ! Syn. mais comment cela, dis m'en plus !

2. (emploi le plus fréquent des trois variantes de sens)


La nouvelle satisfait votre besoin de ccnpréhension. Vous indiquez à votre
interlocuteur que sa nouvelle vous aide â discerner la cause qui jusqu'à pré-
sent a empêché une compréhension adéquate. La nouvelle vous apporte toute
clarté.

2.1. Sur ce que vous aviez compris, interprété diffêrenment (ici: A croit qu'il
existe encore une chance de réconciliation alors qu'en fait, il n'en est rien):
A : Allons, Germaine, faisons un nouvel effort, cette fois ça va marcher !
Β : Mais, Bernard, c'est plus possible, j'ai fait la connaissance d'un jeune
homme très sympathique.
A : Ah ben, dis donc/tiens/tu m'en diras tant ! Syn. si c'est ainsi !, dans
ce cas !, cela change tout !

2.2. Sur ce que vous ne compreniez pas (ici: la mère ne trouvait pas d'expli-
cation au désir de sa fille qui voulait rentrer de France pour la rejoindre
au pays du Sahel oû elle travaille):
Β : (au téléphone): Maman, je t'en supplie, laisse-moi rentrer et terminer
l'année scolaire, ici j'ai un tas de copains qui se droguent avec moi !
A : Oh là là mon Dieu/ah vraiment/tu m'en diras tant /Syn. c'est là la raison !

2.3. L'éclaircissement est toujours accnmpagnê d'un ton exclamatif, p. ex.


d'étonnement admiratif:
A : Mais, dis donc, qui a peint ce tableau ?
Β : C'est moi qui ai fait ça.
A : whh (sifflement d'admiration), tu m'en diras tant !

3. Vous indiquez que la nouvelle vous éclaire sur un fait mais qu'elle s'in-
scrit en mène temps dans une logique déjà existante en vous. Cela fait que
vous confirmez ce que dit votre interlocuteur et vous confirmez aussi celui-ci
en tant que personne.
299

3.1. Vous considérez la nouvelle canne la seule qui puisse entrer en ligne de
compte:
A : Je me demande pourquoi mon mari n'est toujours pas rentré du bureau.
Β : Ah, les hommes ! faut pas se faire d'illusions, si ça se trouve, il a
un rendez-vous avec sa petite secrétaire...
A : Ah, ben voilà/ah, bien sûr/tu m'en diras tant ! Syn. c'est certainement
là la raison !, ce ne peut être que ça !

3.2. Vous remémorisez ce que vous avez oublié:


A : Monique, est-ce que tu sais où j'ai mis mes gants ? Je ne les trouve plus.
Β : C'est bien toi... ils sont là où tu les a mis hier, dans le deuxième
tiroir d'en haut de la commode !
A : Aaah, tu m'en diras tant ! Syn. bien sûr !

3.3. Vous indiquez que la nouvelle s'impose de façon évidente à votre esprit
carne la clé de maîtriser, de comprendre un état de fait en m l de conclusion.

3.3.1. Cela peut revenir p.ex. au fait de reconnaître tardivement une erreur:
Β : J'ai appris que tu n'avais pas reçu le poste dans notre maison.
A : Eh oui, pas de chance
Β : Mais tu aurais pu m'en dire un mot, j'aurais pu intervenir en ta faveur !
A : Ben oui, effectivement, tu m'en diras tant ! Syn. c'est vrai !, ma foi
oui !

3.3.2. L'évidence s'impose:


A : Ah,' Eliane, c'est heureux que tu viennes, j'y perds mon latin avec cette
sacrée machine(à laver), j'ai suivi minutieusement la notice technique,
pourtant, il y a toujours quelque chose qui cloche...
Β : Fais voir un peu... mais c'est tout à fait clair que ça ne marche pas,
tu as oublié d'ouvrir le robinet...
A : Ah oui/bien sûr/tu m'en diras tant ! Syn. ah voilà !

3.4. Vous indiquez que la nouvelle ne fait que sanctionner une première fois
œ que vous aviez déjà anticipé dans l'esprit. S'il s'agissait d'un pressen-
timent anxieux, la nouvelle peut p. ex. provoquer votre soulagement:
A: Il est grand temps que la police mette fin aux pratiques scandaleuses
de notre voisin !
300

Β s Mais tu η'es pas au courant ? hier, les flics l'ont mis sous tes verrous
pour attentat à la pudeur.
A : Ah, enfin, tu m'en diras tant ! Syn. il n'était pas trop tôt !

3.5. Vous indiquez que vous interprétez la nouvelle de la mâne façon que
votre interlocuteur. Par là, vous le confirmez p. ex. dans sa façon d'argu-
menter:
Β : Alors, vraiment, c'en est trop maintenant. Cette année, je vais partir en
vacances toute seule, et rien au monde ne m'en empêchera, surtout pas mon
seigneur de mari ni mes pachas de fils, ils se font servir par moi comme
si j'étais leur domestique !
A : Ah ben oui, tu m'en diras tant !

De façon générale, le fort caractère phrastique dispose 11expression TDT à un


emploi absolu. Pourtant, il peut y avoir des éléments typiques avant et après.
Ah et tiens qui soulignent aussi l'étonnement se retrouvent, de loin, le plus
fréquemment devant TDT.

Selon qu'il s'agit de la variante de sens 1., 2. ou 3., vous pouvez mettre des
mots après TDT qui s'y retrouvent de façon typique:

1.1. mais, c'est possible


1.4. mais, dis m'en plus
2.1. alors dans ce cas là...
évicLemment dans ce cas...
2.2. c'est pour ça que...
voilà pourquoi...
3.1. c'est certainement là, la raison
3.3. effectivement...
3.5. enfin...

B) Article du dictionnaire type PETIT ROBERT

Tu m'en diras tant ! MyrnSe/iniS/ (Vous m'en direz tant !), pour indiquer sur
un ton étonné dans quelle mesure une nouvelle de l'interlocuteur ouvre des ho-
rizons nouveaux sur ce qu'on sait déjà. Selon le degré et la qualité de l'ouver-
ture décroissante, la nouvelle provoque (i) une compréhension interrogative
(syn. c'est pas vrai /), (ii) effective (syn. maintenant je comprends ! voilà
pourquoi...!), (iii) confirmative (syn. ah ben oui .').
301

(ii) (emploi le plus fréquent)


A : Allons, Germaine, faisons un nouvel effort, cette fois, ça va marcher
avec nous deux.
Β : Mais, Bernard, c'est plus possible...
A : Comment ça ?
Β : Eh ben, ¿'ai fait la connaissance d'un jeune homme très sympathique...
A : Tu m'en diras tant !

C) Article du dictionnaire bilingue type 'actif' - utilisateur; Français

Tu m'en diras tant !

1. Vous exprimez que la nouvelle vous ouvre des horizons tellement nouveaux
que vous n'arrivez pas à la comprendre et à l'assimiler vraiment.

1.1.
Β : Au fait, tu sais la nouvelle ?
A s quoi ?
Β : Demain, je vais me marier !
A : non ! c'est pas vrai ! tu m'en diras tant !...

(Votre intonation fait ressortir le fait que vous croyez la nouvelle et que
celle-ci vous étonne beaucoup. Faites attention aux voyelles très allongées
qui portent l'accent):

wás ?! quoi ?,
néin ?! non ?,
já ?! c'est vrai ?,
ach já ?! ah oui ?,
na/ja sô was ! ah ça, par exemple !,
das gibt's doch nicht ! c'est pas possible !.

1.2.
Β : (mari, sur un ton pédant, doctoral à sa ferirne) s Mais comment est-ce que
tu t'y prends avec l'appareil, tu n'as qu'à tourner cette bague-ci, et
puis tu tournes celle-là, ensuite tu vérifies la luminosité pour que tu
puisses régler le diaphragme, après tu actionnes le transport du film
A : (énervée): tu m'en diras tant !

(Votre intonation fait ressortir le fait que vous n'êtes plus disposé á com-
prendre, donc,ton légèrement irrité et contestataire, plus bref et plus sec
que dans 1.1.) :
302

wás du nicht sagst ! t âch ja ! 9 ach nein ! / säg nur-/bloss 1 toujours s · .


r
je reconnais que tu me dis tant de choses nouvelles, mais je n ai plus envie
de rien comprendre, ich kapier das nicht ! (1. parlée fam.) je ne pige pas !

1.3.
Β : Maman, je ne sais plus quoi faire, mon ami m'a mise devant l'alternative:
ou bien je pars avec lui en vacances, ou bien il m'abandonne !
A : Tu m'en diras tant !

(Votre intonation reflète votre embarras, votre désemparaient, donc ton hési-
tant, pensif, amorti. Les points de suspension après toutes les expressions
sont quasiment un élément constitutif de celles-ci):

ttja 1 (bref) s.-ent. qu'est-ce que tu veux que je te dise ? , (ttja/ja) was
soll ich dazu sagen ? (wenn er dich vor diese Alternative stellt), aháa 1
s.-ent. c'est donc de cette façon que se présente la situation ? , na jaa !
s.-ent. s'il en est ainsi, il est difficile de te donner un conseil., ja, wenn
das natürlich s-o ist ! (kann ich dir auch nicht helfen) s'il en est ainsi !...,
ach sô steht's also mit euch ! ah, vous en êtes à ce point là !

1.4. Vous signalez que vous voulez encore plus d'informations que celle rap-
portée. Celle-ci vous laisse sur votre faim.

1.4.1.
Β : Tu sais bien, dans la réunion hebdomadaire, ton chef de service a ouverte-
ment critiqué ton travail !
A : Tu m'en diras tant !

(tan interrogatif, êtcnné, pressant, revendicatif):

(aber/ja) wieso denn dàs ? mais comment cela ? , was hat denn dàs (schon wie-
der) zu bedeuten ? qu'est-ce que cela signifie Ί , was hat denn das (schon
wieder) zu sagen ? was soll denn das (schon wieder) heissen ? qu'est-ce que
tu veux dire par là ? , nun réd' schon ! dis-m'en plus ! explique-toi !

1.4.2.
Β : (au téléphone)s Christine, je suis désolée, mais je suis obligée de me
décommander, je ne peux pas venir pour le café cet après-midi, j'ai dû
prendre de toute urgence un rendez-vous chez mon médecin.
A : Tu m'en diras tant !
303

(ton interrogateur, moins agressif que dans 1.4.1.)

(ja/aber) wieso denn dás ? comment cela ? , ság nur/bloss ? s.-ent. tu me dis
là une nouvelle à laquelle je ne m'attendais pas et je suis curieux d'en sa-
voir plus.

2. Vous exprimez que la nouvelle vous apporte toute clarté sur ce que vous
n'avez pas compris, ou nal interprété jusque-là.

2.1. (ccmnunicatian téléphonique entre mère et fille. Jusqu'à présent, la


fille ne s'était pas expliquée sur le pourquoi elle voulait â tout prix
quitter la France pour le pays du Sahel, où travaille sa mère, pour retourner
à l'école où elle était avant. C'est pourquoi la mère se voyait obligée d'op-
poser son vèto).
Β : Maman, je t'en supplie, laisse-moi rentrer et terminer l'année scolaire
ioi j'ai un tas de copains qui se droguent avec moi !
A : Tu m'en diras tant !

(votre intonation reflète que 'ça fait tilt')

2.1.1. Vous mettez l'accent sur le fait que vous constatez que 'c'est ainsi's

ach sô ! (ellipt. de ach sô ist das !) (o de so très long), ach s6 ist das !
àh (a très long), ahâ ! (deuxième a très long), (ach) dás ist (also) der
Grund ! c'est là la raison !

2.1.2. Vous mettez l'accent sur le fait que vous cctrprenez maintenant â cause
de la nouvelle apprise:

(ha) jétzt versteh' ich !, (ha) jétzt ist mir deis klar Í maintenant j'y vois
clair ! , (ha) jétzt wird mir einiges/manches klar ! maintenant pas mal de
choses s'éclaireis sent ! , (ja) dás erklärt natürlich einiges/manches/alles 1,
jétzt wo du das sägst ! (ist mir natürlich klar, warum du gerne hierher kom-
men möchtest) maintenant que tu me dis ça..., jétzt därmert's mir (natürlich) i
(1. parlée fam.) maintenant je commence â y voir clair... , dánn wundert mich
das natürlich nicht (mehr) ! (dass du hierher zurück möchtest) dans ce cas ta
demande ne m'étonne pas/plus !

2.1.3. Vous avancez le fait que d'apprendre la nouvelle vous amène à voir les
choses sous un aspect différent. Le changement n'est pas explicité, vous y
felites seulement allusion: si c'est ainsi... s.-ent. cela change tout·.
304

(ja/ach) wann cías só ist !, (ja) wenn dan só ist ! (légèrement démodé), wenn
das natürlich sô ist ! si a'est ainsi ! , ja dânn ! dans ae aas... , dann aller-
dings Í dans ae aas en effet/effectivement... , dânn natürlich ! dans ae aas,
naturellement...

2.1.3.1. Vous exprimez que 'cela change tout's

dânn natürlich sieht die Sache ganz ánders aus ! dans ae aas bien entendu, la
ahose se présente d'une façon tout â fait différente , dés ändert natürlich
einiges/nónches/alles ! cela change tout !

2.2.
A : Mais, dis donc, qui a peint ae tableau ?
Β : Eh bien, a'est moi qui ai fait ça.
A : Tu m'en diras tant !

Vous accentuez votre étonnement admiratif:

sâg nur ! allez ! , whhh ! (l'émission de l'air peut s'intensifier â tel point
qu'il y a un sifflement d'admiration, en général accompagné d'un mouvement de
tête approbateur, les yeux grand ouverts), ahâ 1 (deuxième a très long, pas
très ouvert, tendant plutôt vers un/9/; mimique cf. whhh), irihfhh ! (prononcé
avec un hiatus entre le premier mh et le deuxiètae mh, voix ascendante sur le
deuxième mh ; mimique cf. Whhh!), sieh mal einer an ! (exprime en plus que
vous ne vous attendiez pas à ce que Β ait peint le tableau ; c'est pourquoi
une nuance moqueuse, sarcastique est possible).

2.3
B, un collègue africain, avait demandé à A, un Allemand, travaillant dans un
pays d'Afrique, de lui amener une pièce de rechange d'Allemagne aux prochaines
vacances:
A: A propos, Souleymane, j'ai encore une fois réfléchi à ae que tu m'as de-
mandé, n'est-il pas possible que tu fasses envoyer le truc directement
d'Allemagne ?
Β : Ah non, c'est pas si facile que ça, ça va me coûter les yeux de la tête,
je risque de payer le double du prix, rien que pour la douane ils me de-
mandent 70% du prix !
A : Tu m'en diras tant ! et de quoi, moi, j'aurai l'air, si Hon me met sens
dessus dessous ma valise â l'aéroport ?
305

Vous mettez 1'accent sur le fait que vous avez démasqué les intentions de
l'autre et que vous ne vous laissez plus prendre pour dupe. Vous n'êtes pas
ironique, votre étonnement est authentique. Dans toutes les expressions, il y
a un léger reproche sous-jacent à Β qui a été malhonnête:

ách nein ! (und dann bildest du dir ein, dass ich...), ách nee ! (variante de
ach nein /, nord de l'Allemagne, Berlin), já ja ! s.-ent. c'est donc camme ça ?
et ce η 'est pas fameux ! , (da) siêh/gûck mal einer an ! (/kuk/) regardez-moi
ça ! , dás glaub' ich ! s.-ent. puisque c'est ainsi je ne comprends que trop
pourquoi tu m'as demandé ce service ! , wâs du nicht sagst ! s.-ent. c'est un
peu fort ce que j'apprends là ! , Jâ ! dû hältst dich vornehm aus allem heraus
und ich sitz' in der Patsche i toi tu ne manges pas de ce pain-là et moi je
suis dans la mêlasse ! , Nachtigall ick hör dir trabsen ! (dialecte berlinois)
je te vois venir avec tes gros sabots !

3. Vous exprimez que la nouvelle vous éclaire sur un fait m i s qu'elle s'ins-
crit en même temps dans une logique déjà existante en vous. Cela fait que votre
intonation traduit toujours l'aspect de confirmation dans ce que dit l'inter-
locuteur.

3.1.
A : Je me demande pourquoi mon mari n'est toujours pas rentré du bureau, je
trouve ça bizarre.
Β : Ah les homes ! faut pas se faire d'illusions, si ça se trouve, il a un
rendez-vous avec sa petite secrétaire ...
A : Tu m'en diras tant !

Vous accentuez le fait que vous tenez l'éclaircissement pour le seul valable.

3.1.1. Confirmation spontanée, sans réserves:

(ja) natürlich ! naturellement ! , genáu ! exactement ! , gânz genau ! très


exactement ! , na klar ! évidemment ! , dâs ist es ! c'est ça ! , du ságst es !
c'est bien vrai ce que tu dis !

3.1.2. Confirmation moins spontanée, plus réfléchie, légèrement hésitante et


sceptique:

dâs kann gut sein !, dás ist sehr gut möglich ! c 'est bien possible ! , dás
wird's wohl sein ! ce sera bien cela ! , es kann nur dás sein ! ce ne peut être
que ça ! , das ist die einzige Erklärung ! c'est la seule explication ! , dás
würde mich nicht wundern ! cela ne m'étonnerait pas !
306

3.2.
A : Monique, est-ce que tu sais où j'ai mis mes gants ? Je ne les trouve
plue !
Β : C'est bien de toi... ils sont là, où. tu les mets toujours, dans le
deuxième tiroir d'en haut de la commode.
A : Tu m'en diras tant !
* *

stinmt ja ! ah oui, c'est juste ! , (ja) natürlich !, ja klár ! (α de klar


très long, voix ascendante), ach já ! (le α de ja très lang, voix ascendante)
ah oui !

3.3.
Β : J'ai appris que tu n'as pas reçu le poste dans notre maison.
A : Eh oui, pas de chance.
Β : Mais tu aurais pu me dire un mot, j'aurais pu faire quelque chose pour toi!
A s Tu m'en diras tant !

Pour accentuer l'aspect de la reconnaissance tardive d'une erreur et, par là,
pour confirmer la justesse de ce que dit l'interlocuteur. Ton plutôt pensif,
amorti:

stimnt eigentlich ! (à la réflexion) c'est vrai , das stinmt (allerdings) !


(effectivement) c'est vrai , állerdings ! ma foi , oui , ja ja ! s.-ent. tu
as raison , ach ja ! ben oui.

3.4. Depuis quelque tenps déjà, A est au courant de la vie iirnorale de son
voisin:

A : Il est grand temps que la police mette fin aux pratiques scandaleuses
cíe notre voisin.
Β : Mais tu n'es pas au courant ! hier, les flics l'ont mis sous les verrous
pour attentat à la pudeur.
A : Tu m'en diras tant !

Pour accentuer le soulagement: (na) endlich 1 (ouf) enfin ! , (das) war/


wurde aber auch (höchste) Zéit (dass sie diesem Ferkel das Handwerk legten)
il n'était pas trop tôt ! (d'avoir mis fin aux menées de ce cochon).
307

3.5.
Β : Alors, vraiment, c'en est trop maintenant, cette année, je vais partir en
vacances toute seule et rien au monde ne m'en empêchera, surtout pas mon
seigneur de mari ni mes pachas de fils, ils se font servir par moi coime
si j'étais leur domestique !
A : Tu m'en diras tant !

Pour accentuer le fait que vous confirmez l'avis de l'interlocuteur:

dás mein'ich aber auch Í je suis aussi de cet avis , állerdings 1 s.-ent. je te
confirme que tu as bien raison de le faire.

D1) Article du dictionnaire bilingue type 'passif' (variante longue)


utilisateur: Allemand
Tu m'en diras tant ! /iy ma olirà -¿3/ (vous m'en direz tant !)

Der Hauptakzent liegt auf H a I, jedoch kann dieser auch, affektisch insistie-
rend, auf /iy / oder auf /dì/ erscheinen.

TOT ist ein bevorzugter Ausdruck des alltäglichen Klatsches, in dan die Neuig-
keiten des Wohnviertels, des Arbeitsplatzes ausgetauscht werden. Frauen ge-
brauchen ihn offenbar häufiger.

Im Gebrauch von TUT manifestieren und konsolidieren sich sozial affektiver


Gleichklang der Gesprächspartner. Er weist auf eine harmonische von gleichen
Anschauungen geprägte soziale Beziehung hin. Der Benutzer von TOT akzeptiert
anerkennend die Informationsautorität seines Gegenübers. Starker Kcnplizenef-
fekt beim Gebrauch über eine dritte Person. Ein häufiger Gebrauch von TOT birgt
das Risiko, sich das Image des Gutgläubigen und Naiven einzuhandeln.

TOT ist ein exklamatorlscher Ausdruck. Der Sprecher reagiert damit auf eine
Neuigkeit, die ihm sein Gesprächspartner mitgeteilt hat. Sie bewirkt, dass der
Sprecher einen Sachverhalt unter einem neuen mehr oder weniger unerwarteten
Blickwinkel begreift.

Die Bedeutungsdifferenzierungen ergeben sich aus dem mehr oder weniger grossen
Widerstand, den der Sprecher dem Verstehen des sich neu darbietenden Sachver-
haltes entgegensetzt. Sie bewegen sich zwischen einem Begreifen, das von einer
Fragehaltung gekennzeichnet ist und einem Begreifen, das völlig gesättigt, den
Gesprächspartner in seiner Informantenfunktion bestätigt.
308
1. Die Nachricht eröffnet derart neue Perspektiven, dass der Sprecher sie nicht
wirklich in sein vorhandenes Wissen integrieren kann. Mit der Art der Äusserung
von TOT kann er signalisieren, dass er Verstehensschwierigkeiten hat und dass
er noch weiterer Informationen bedarf, um tatsächlich zu verstehen. Mit der Äus-
serung von TOT zeigt deshalb der Sprecher an, dass sich sein Verstehen auf ein
exklamatives, konstatierendes Registrieren der Nachricht beschränkt.

1.1.
A ist überrascht und erstaunt:
Β : Au fait, tu sais la nouvelle ?
A : Quoi ?
Β : Demain, je vais me marier.
A : Tu m'en diras tant ! nein ?!, ja so was !

1.2.
A ist verlegen und hilflos angesichts der neuen Sachlage:
Β : Maman, je ne sais plus quoi faire, mon ami m'a mise devant l'alternative:
ou bien je pars avec lui en vaoanoes, ou bien il m'abandonne !
A : ou là là/ eh ben/ tu m'en diras tant ! ja was soll ich dazu sagen ?

1.3.
A ist nicht (mehr) geneigt zu verstehen:
Β : (mari, sur un ton pédant, doctoral, à sa femme): Mais comment est-oe que
tu t'y prends avec l'appareil, tu n'as qu'à tourner cette bague-ci, et
puis tu tournes celle-là, ensuite tu vérifies la luminosité pour que tu
puisses régler le diaphragme, après tu actionnes le transport du film...
A : Tu m'en diras tant !! sag nur 1, was du nicht sagst !

1.4.
A ist weiteren Informationen zum besseren Verstehen nicht abgeneigt:
Β : Christine, je suis désolée, mais je suis obligée de me décommander, je ne
peux pas venir pour le café cet après-midi, j'ai dû prendre de toute ur-
gence un rendez-vous chez mon médecin.
A : Tu m'en diras tant ! wieso denn das ?, wie ist denn das zu verstehen ?
309

2. Die Nachricht bewirkt ein völliges Verstehen des Gesprächsgegenstandes un-


ter einem neuen Gesichtspunkt. Der Sprecher erkennt, deutlich erstaunt, vroran
es lag, dass er den Sachverhalt bisher nicht angemessen begriff.

2.1. Der Sprecher hatte den Sachverhalt bisher in einer ganz bestürmten Weise
begriffen (hier: der Sprecher glaubt, dass eine Versöhnung noch möglich ist):
A : Allons, Germaine, faisons un nouvel effort, cette fois, ça va marcher !
Β s Mais Bernard, c'est plus possible, j'ai fait la connaissance d'un jeune
homme très sympathique !
A : Tu m'en diras tant ! wenn das natürlich so ist..., dann allerdings...

2.2. Dem Sprecher gelang es bisher nicht, den Sachverhalt zu begreifen (hier:
die Matter fand keine einleuchtende Erklärung, warum ihre Tochter nicht mehr
in Frankreich zur Schule gehen will, sondern in Afrika, wo ihre Mutter ar-
beitet) :
Β : (am Telefon): Maman, je t'en supplie, laisse-moi rentrer et terminer
l'année scolaire, ici, j'ai un tas de copains qui se droguent avec moi !
A : Tu m'en diras tant ! ach so ist das !, das ist also der Grund 1

2.3. Der Vorgang des richtigen Erfassens eines Sachverhaltes äussert sich
irritier in exklamativer Form, z.B. in Form bewundernden Erstaunens:
A : Mais, dis donc, qui a peint ce tableau ?
Β : C'est moi qui ai fait ça.
A : Tu m'en diras tant ! sieh mal einer an !, aha !

3. Die Nachricht bringt dem Sprecher zwar Aufklärung über den Sachverhalt,
sie fügt sich jedoch in eine schon beim Sprecher vorhandene Denklogik ein.
Damit ergibt sich eine besonders günstige Voraussetzung, nicht nur die Rich-
tigkeit der Nachricht im Hinblick auf das Begreifen des Sachverhaltes, sondern
auch die Person des Gesprächspartners als solche akzeptierend zu bestätigen.

3.1. Die Nachricht erscheint dem Sprecher als die einzige, die für das Ver-
stehen des Sachverhaltes in Betracht können kann:
A : Je me demande pourquoi mon mari η 'est toujours pas rentré du bureau ?
Β : Ah, les hommes ! faut pas se faire d'illusions, si ça se trouve, il a
un rendez-vous avec sa petite secrétaire.
A : Tu m'en diras tant ! du sagst es !
310

3.2. Die Nachricht bewirkt, dass sich der Sprecher an etwas Vergessenes wieder
erinnert:
A : Monique, est-ce que tu sais où j'ai mis mes gants ? Je ne les trouve plus!
Β : Mais ils sont là où tu les a mis hier, dans le deuxième tiroir d'en haut
de la commode !
A : Tu m'en diras tant ! ach ja !, stimmt ja !

3.3. Die Nachricht drängt sich dem Sprecher in evidenter Weise auf als Schlüs-
sel, einen nicht gemeisterten oder nicht begriffenen Sachverhalt zu bewältigen
(hier: das Erkennen eines Fehlers in einem vergangenen Handeln):
Β : J'ai appris que tu η'as pas reçu le poste dans notre maison ?
A : Eh oui, pas de chance.
Β : Mais tu aurais pu me dire un mot, j'aurais pu intervenir en ta faveur !
A : Tu m'en diras tant ! allerdings 1

3.4. Die Nachricht sanktioniert, was der Sprecher im Geiste schon antizipiert
hatte. Im Fall einer unheilvollen Vorahnung z.B. kann das Mitteilen der Nach-
richt mit einem Gefühl der Erleichterung verbunden sein:
A : Il est grand temps que la police mette fin aux pratiques scandaleuses
de notre voisin !
Β : Mais tu η 'es pas au courant ! hier, les flics l'ont mis sous les verrous
pour attentat â la pudeur !
A : Tu m'en diras tant ! na endlich !

3.5. Der Sprecher gibt zu verstehen, dass er die Nachricht in der gleichen
Weise begreift wie der Gesprächspartner. Dadurch kann er diesen, z.B. in der
Art zu argumentieren, bestätigen:
Β : Alors, vraiment, c'en est trop maintenant, cette année je vais partir en
vacances toute seule, et rien au monde ne m'en empêchera, surtout pas mon
seigneur de mari ni mes pachas de fils, ils se font servir par moi comme
si j'étais leur domestique !
A : Tu m'en diras tant ! das mein' ich aber auch !
311

D2) Artide da dictionnaire bilingue type 'passif' (variante courte) -


utilisateur: Allemand

Tu m'en diras tant ! Hy ma c/ir&iS/ jetzt versteh' ich !

1. (fragend-staunendes Verstehen):
Β s Au fait, tu sais la nouvelle ?
A : Quoi ?
Β : Demain, je vais me marier !
A s Tu m'en diras tant ! was ?!, nein ί, ach ja ?, na so was !, das glbts
doch nicht !

2. (echtes Verstehen)s
A : Allons, Germaine, faisons un nouvel effort, cette fois, ça va marcher
avec nous deux.
Β : Mais, Bernard, c'est plus possible ...
A : Comment ça ?
Β : Eh bien, j'ai fait la connaissance d'un jeune homme très sympathique !
A : Tu m'en diras tant ! ach so !, ja dann (allerdings)!, wenn das (natür-
lich) so ist !, das ist natürlich etwas anderes !

3. (bestätigendes Verstehen):
A : Je me demande pourquoi mon mari n'est toujours pas rentré du bureau, je
trouve ça bizarre !
Β s Ah, les flammes ! faut pas se faire d'illusions, si ça se trouve, il a
un rendez-vous avec sa petite secrétaire !
A : Tu m'en diras tant ! natürlich !, ja klar ί, du sagst es !, das kann
gut sein ί, das ist sehr gut möglich !

4.2.4.2.3. TU M'EN DIRAS TANT (ironique)

Tu m'en diras tant (iron. ) Hy ni* diritti ! (Vous m'en direz tant), emploi assez
fréquent, plus fréquent que son pendant non-ironique, langue parlée non mar-
quée. Courbe intcnative très variable (cf. 1., 2. et 2.3.).

Eii général, l'énonGiation est accompagnée d'un rejet de la tête en arriére en


signe de divergence, léger sourire, les yeux grand ouverts, plus que d'habitude,
les sourcils levés.
312

Employée par quelqu'un qui s'y connaît aux choses de la vie, à qui on ne fait
pas prendre des vessies pour des lanternes, donc par quelqu'un qui se croit en
position de supériorité en ce qui concerne l'information.

Vous employez TDT quand vous sentez un lien affectif positif avec votre inter-
locuteur, c'est pourquoi vous profitez plutôt d'une façon aimable de votre
supériorité. L'aspect de connivence plus ou moins amicale est toujours présent.

Vous feignez un étonnement de surprise provoqué par la nouvelle de votre inter-


locuteur. En réalité, vous assertez de façon esclamative et moqueuse que sa
nouvelle ne fait que confirmer ce que vous savez déjà du sujet auquel se rap-
porte la nouvelle.

Vous vous voyez confirmé dans un savoir, une opinion à tendance neutre ou lé-
gèrement négative, mais non pas positive.

Plus la nouvelle confirme votre opinion, plus vous vous croyez en droit de ne
pas la prendre au sérieux ou de ne pas en tenir ccmpte.

Les variantes de sens de TOT résultent du degré de confirmation.

1.
1011 d
'-by 'attaque ^ 16

' llyl assez haut. Vous


|Jj w^g feignez, de façon très
^ marquée, 1'étonnement.

D'une part, la nouvelle vous ouvre, dans une certaine mesure des perspectives
nouvelles sur le sujet de conversation. D'autre part, pourtant, vous niez
l'originalité relative de la nouvelle perspective parce que vous êtes en ne-
sure de la faire rentrer dans un pressentiment, des expériences, un savoir
ou un concept déjà acquis. Il s'agit donc d'une forme de confirmation à in-
grédients originaux.

La petite soeur, 13 ans, demande à son grand frère, 20 ans:


Β : Charles, est-ce que tu peux me donner 50 francs ?
A : Mais pourquoi ça ?
Β : Oh, tu sais, ce soir je veux aller en discothèque et ils demandent une
entrée...
A : Tiens, tiens/hê hê/aha/mmm/tu m'en diras tant ! ma petite soeur quitte
les jupons de notre mère ? Syn. voyez-moi cela !, à la bonne heure !
313

2.

Vous vous étonnez de façon

u Irnfl ' di "·ίο


condescendante pour souligner
que vous n'êtes pas étonné
fà en fait.

La nouvelle confirme ce que vous savez déjà. Cela vous amène ê rejeter carré-
ment sa prétention présumée à vous ouvrir de nouvelles perspectives sur le su-
jet de la conversation.

2.1. (face à face) deux copines dont Β qui vient de s'installer avec son nouvel
amant Roger:
A : T'as une petite mine ? Qu'est-ee qui se passe ?
Β : Je suis crevée!! Je dors plus de la nuit. Roger me tue !
A : Tu m'en diras tant ! Allez, te plains pas, c'est une saine fatigue ça !
Syn. à d'autres !
(Le Monde, 30.05.86)

2.2. (par rapport â une tierce personne):


Β : Vous vous rendez compte ! la fille de notre voisin, elle doit se marier !
elle n'a que 17 ans et elle est déjà enceinte de six mois !
A : Et alors/eh oui bien sûr (iron.) tu m'en diras tant ! pouvait pas venir
autre chose ! Syn. ça ne m'étonne pas !

2.3.

Intonation monotone de quelqu'un


e s t lassé blasê
'iy m a 'di r a "·1·α : ^ ' ' très long.

La nouvelle confirms ce que vous savez déjà, à tel point que vous êtes las de
lui prêter encore une quelconque attention.

La ferme pour la éniême fois à son mari:


Β : Mais chéri, je t'en prie, ne saute pas dans la piscine, tu viens tout
juste de manger !
A : oh/ ah bof/ oh la barbe/ tu m'en diras tant ! je suis assez grand pour
savoir ce que je fais ! Syn. je sais, je sais.

ATTENTION !: Le caractère phrastique de TOT est presque absolu. Dans 2.3.


éventuellement TOT que/tu veux/cela m'importe peu/ça m'est égal.
TOT est aussi possible conte réaction â un geste significatif, p. ex. dans 2.3.
La femme qui lève l'index menaçant.
314
Β) Article du dictionnaire - type PETIT ROBERT

Tu m'en diras tant ! /ty mû a6>a te/ Pour feindre ironiquement un étannement dé-
clenché par une nouvelle gui, en fait, ne fait que confirmer ce que l'on sait
déjà. Selon la nature de la nouvelle, cette confirrraticn peut (i) quand mÊme
avoir un certain caractère original (syn. tiens ! tiens .'); (ii) provoquer le
rejet net de toute prétention à une originalité (syn. <¡a ne m'étonne pas !, à
d'autres !) (iii) provoquer la lassitude et le refus blasé de prêter une quel-
conque attention â la nouvelle (syn. je sais, je sais).

(ii) (deux copines):


A : T'as une petite mine. Qu'est-ae qui se passe ?
Β : Je suis crevée!! Je dors plus de la nuit. Roger me tue !
A : Tu m'en diras tant ! Allez, te plains pas, c'est une saine fatigue ça...
(Le Mende, 30.05.86)

C) Artlclé du dictionnaire type 'actif' - utilisateur: Français

Tu m'en diras tant ! (iron.)

1. Une nouvelle confirme un savoir, nais n'est pourtant pas exenpte d'une
certaine originalité:

La petite soeur, 13 ans, demande â son grand frère, 20 ans:


Β : Charles, est-ce que tu peux me donner 50 francs ?
A : Mais pourquoi ça ?
Β : Oh, tu sais, ce soir, je veux aller en discothèque et ils demandent
une entrée
A : Tu m'en diras tant ! Ma petite soeur quitte les jupons de notre mère ?

(Votre intonation fait ressortir une sorte de connivence moqueuse, mais aimable.
Dans toutes les expressions, la courbe intonative comience relativement haut et
descend après. Dans celles à deux éléments, la voix est élevée sur le premier et
plus basse star le deuxième) :

dà sieh mal einer an ! sieh mal einer an ! voyez-moi cela / , sieh dà sieh dà !
tiens, tiens ! ách nein ! (iron.) ah oui ? , (iron.) já ja ! só so ! tiens,
tiens !

(enchaînaient toujours: ^ ! meine kleine Schwester wird flügge).


315

2. Une nouvelle confirme ce que vous savez déjà, ce gui fait que vous rejetez
carrément sa prétention à vous ouvrir de nouvelles perspectives.

2.1. (face â face) Deux copines dont Β vient de s'installer avec son nouvel
amant Roger:
A s T'as une petite mine. Qu'est-ce qui se passe ?
Β : Je suis crevée!! Je dors plus de la nuit. Roger me tue !
A : Tu m'en diras tant ! Allez, te plains pas, c'est une saine fatigue ça.
(Le Monde, 30.05.86)

2.1.1. (Vous vous opposez ironiquement par une intonation dramatisante,


exagérée):

sâg nur/bloss 1 mais dis dona ! (iron.), wás du nicht sagst ! ce qu'il ne faut
pas entendre ! , (moins d'exagération dans la voix, ton nettement moqueur):
wer's glâubt wird sélig ! (1. parlée fam.) un saint celui qui le croit ! ,
(ach nein) du glaubst doch nicht etwa, dass ich dir das ábnehme ? tu ne vas
pas penser que tu puisses me faire croire cela ! , das glaubst doch nur dû !
s.-ent. tu es le seul qui croit cela ! , und dás soll ich dir glauben ? et tu
veux que je croie cela ? haste (hast du) nicht scnst noch was auf Lager ?
(1. parlée fam.) tu en as d'autres encore comme ça ? , dás glaub ich 1 je le
crois bien ! (iron.) , dás kann ich mir (gut) vorstellen - j'imagine... ! (ircn.)

2.1.2. (Vous vous opposez directement, toi plus sec, moqueur selon le principe
'en n'apprend pas â un vieux singe...'):

das kannst du jemand ander(e)m erzählen 1 (aber doch nicht mir mir) raconte ça
â d'autres!(maie pas à moi) , das kannst du deiner Gróssmutter erzählen ! (aber
doch nicht mir) (1. parlée fam.) j'en parlerai à mon cheval !, t'as raison !
(iron.) , (komm karm) erzähl mir doch nichts ! (allons!) ne me raconte pas
d'histoires !, allez! à d'autres ! , ach réd doch nicht ! tu parles ! , karm
hör doch âuf 1 cesse de me raconter des histoires !

2.2. (par rapport â une tierce personne):


Β : Vous vous rendez compte ! la fille de notre voisin, elle doit se marier !
elle n'a que 1? ans et elle est déjà enceinte de six mois !
A : Vous m'en direz tant !
316

2.2.1. (Vous vous opposez directement):

dâs wundert mich (gar) nicht ! ça ne m'étonne pas (du tout) ! , das ist doch
kein Wûnder ! kein Wunder ! rien d'étonnant à cela ! , das war doch klár í
c'était obligé ! , das nússte doch (so) kantien ! ça devait arriver !, ça n'a
pas manqué ! , dâs war doch zu erwarten ! il fallait s'y attendre ! , dâs ist
doch nichts Neues ! (seulement dans des cas répétés, p.ex. s'il s'agissait de
la troisième grossesse) ce n'est pas une nouveauté !, ça change ! (iron.)

2.2.2. (Vous vous opposez ironiquement, ton moqueur):

wundert dich das (etwa/vielleich) ? (voix interrogative très prononcée) ça


t'étonne ? (= ce n'est pas possible que ça t'étonne !), méinste (=meinst du)
das wûndert mich ? tu ne vas pas penser sérieusement que ça m'étonne !

2.3. Une nouvelle confirme ce que vous savez déjà, à tel point que vous êtes
las de lui prêter encore une quelconque attention.

2.3.1. (La femre pour la éniême fois â son mari):


Β : Mais chéri, je t'en prie, ne saute pas dans la piscine, tu viens tout
juste de manger !
A : Tu m'en diras tant !

(ton ennuyé): ich weiss ich wéiss ! je sais (ce que tu veux me dire) , já ja
(ist schon gut) oui oui (je sais bien ce que tu veux me dire) , ist schon gut !
la belle affaire ! , kannste nicht mal 'ne and(e)re Platte auflegen ? (1. parlée
fam. ) change de disque !

2.3.2.
Β : Vous ne vous imaginez pas ce qui m'arrive, j'ai gagné 30 millions au loto !
A : Oh, vous en avez de la chance !
Β : Ben, faites comme moi, jouez toutes les semaines !
A : Vous m'en direz tant (j'ai joué pendant quinze ans et je n'ai jamais
gagné).

(ton désappointé, désillusionné):

ách »renn Sie wíissten ! s.-ent. si vous saviez combien de fois j'ai déjà joué ! ,
ách was meinen/glauben Sie denn ! (welche Unsurtmen ich schon verspielt habe/wie
oft ich mein Glück schon versucht habe) vous n'imaginez pas/les sommes que j'ai
déjà perdue s/combien de fois j'ai jéjâ tenté ma chance ! , phh ! (bref, voix
aiguë" et élevée) pff !, peuh ! ách géhn Se 1 (= gehen Sie) taratata !
317

D1 ) Article du dictionnaire bilingue type 'passif' - utilisateur: Allemand

Tu m'en diras tant ! (iron.) /Çyma'c/ir&'ia/(Vous m'en direz tant !). Sehr star-
ker phrastischer Charakter, eventuell Fortsetzung mit que... . (vor allem in
2.3.)

Variable Betonungskurven je nach Bedeutungsnuancen (s. 1., 2.1., 2.3.). Haupt-


akzent i.a. auf liai, jedoch auch affektisch insistierende Hauptakzente auf
/iy / oder /t/r"/ möglich.

Gebraucht von jm, der sich als Informierter, als Wissender darstellen möchte,
dem man kein X für ein ü vormachen kann.

Weist auf eine i.a. positive affektive Beziehung zwischen Gesprächspartnern hin.
Mehr oder weniger freundschaftlicher Kcmplizeneffekt vorhanden.

Der Sprecher täuscht überraschtes Erstaunen vor, verursacht durch eine von Ge-
sprächspartner mitgeteilte Neuigkeit. In Wirklichkeit mokiert er sich jedoch
darüber, dass die Neuigkeit lediglich bestätigt, was er schal weiss. Bestätigt
wird ein entweder neutrales oder in der Tendenz negatives Vorwissen, nicht aber
ein positives.

Je stärker sich der Sprecher in seinem Vorwissen bestätigt sieht, um so weniger


ninmt er die Neuigkeit ernst bzw. von ihr Notiz.

1. (Sehr bewegte Tonkurve, von hoch H y / nach tief Ir»/ und wieder leicht an-
steigend Ita I, stark mokierend).

Die Neuigkeit besitzt zwar eine gewisse Originalität, dennoch ist es nur eine
relative Originalität, die dadurch bedingt ist, dass der Sprecher die Nachricht
in ein vorhandenes Wissen oder Erfahrungskonzept, in eine Ahnung usw. einord-
nen kann.

(Die kleine Schwester, 13 Jahre, zum 'grossen" Bruder) :


Β : Charles, est-ae que tu peux me donner 50 francs ?
A : Mais, pourquoi ça ?
Β : Oh, tu sais, ce soir, je veux aller en discothèque et ils demandent une
entrée...
A : Tiens, tiens, tu m'en diras tant ! ma petite soeur quitte les jupons de
notre mère ? da sieh mal einer an 1
318

2.
2.1. (Ziemlich gleichbleibende Tonkurve, unterkühltes Erstaunen in verächt-
lichem Ton).

Die Neuigkeit bestätigt, was der Sprecher schon weiss. Deshalb weist er klar
deren (beabsichtigten oder unbeabsichtigten) Anspruch zurück, etwas Neues Uber
den Gesprächsgegenstand mitzuteilen.

2.1.1. (A zu B) (Zwsi Freundinnen, von denen die eine seit kurzem mit ihrem
neuen Freund zusaitmenlébt) :
A : T'as une petite mine. Qu'est-ce qui se passe?
Β : Je suis crevée!! Je dors plus de la nuit. Roger me tue !
A : Tu m'en diras tant ! Allez, te plains pas, a'est une saine fatigue ça.
was du nicht sagst ! (ircn.), das kannst du jemand anderem erzählen !
(Le Mende, 30.05.86)

2.1.2. (A zu Β über C):


Β : Vous vous rendez compte ! la fille de notre voisin, elle doit se marier !
elle n'a que 1? ans et elle est déjà enceinte de six mois !
A : Et alors, tu m'en diras tant ! pouvait pas venir autre chose ! das wundert
mich nicht !, das war doch klar !

2.2. (Monotone Tonkurve, H a i lang gezogen)

Die Neuigkeit bestätigt das,was der Sprecher schon weiss in derartigem Masse,
dass er ihr keine Aufmerksamkeit schenkt, d.h. sich indifferent verhält.

(Die Frau zum x-ten Mal zum Gatten) :


Β : Mais chéri, je t'en prie, ne saute pas dans la piscine, tu viens tout
juste de manger !
A : Oh, tu m'en diras tant ! je suis assez grand pour savoir ce que je fais.
ich weiss ich weiss, ja ja !
319

D2) Artide du dictionnaire bilingue type 'passif' (variante courte) -


utilisateur: Allemand

Tu m'en diras tant ! fiyma dir&iS/ (iranisch) das wundert mich nicht ! (weil
deine 'Neuigkeit' bestätigt, was ich schon weiss)

1. (originell-bestätigend):
Β : (die kleine Schwester, 13 Jahre, zum grossen Bruder): Charles, est-ce que
tu peux me donner SO francs ?
A : Mais pourquoi ça ?
Β : Oh, tu sais, ce soir, je veux aller en discothèque et ils demandent une
entrée...
A : Tu m'en diras tant ! sieh mal einer an !, sieh da sieh da !, so so 1

2. (wissend, zurückweisend):
(zwei Freundinnen):
A : T'as une petite mine. Qu'est-ce qui se passe ?
Β : Je suis crevée!! Je dors plus de la nuit. Roger me tue !
A : Tu m'en diras tant ! was du nicht sagst 1, erzähl mir doch nichts 1

3. (überdrüssig, desillusioniert):
(die Ehefrau zum x-ten Mal zu ihrem Gatten):
Β : Mais chéri, je t'en prie, ne saute pas dans la piscine, tu viens tout
juste de manger !
A : Tu m'en diras tant ! ja ja !, ich weiss ich weiss !
320

5. ECHANTILLON D'UN CORPUS LEXICOGRAPHIQUE POUR L'ELABORATION D'UN


DICTIONNAIRE DE L'ILLOCUTOIRE STEREOTYPE

5.1 Documentaire de l'INLF sur LBA et TDT et autres docurrents actuels

TEXTE N° 1

Peste ! le drap mortuaire en velours, à croix d'argent.


- Le cousin.
Intendant de Poitou.

- L'Entrepreneur.
VOUS M'EN DIREZ TANT, marquis, conseiller-d'Etat
intendant de Poitou ! chapelle ardente, exposition
sous le porche. Des fiefs, sans doute ?

- Moi.
Je ne crois pas.

- Le Cousin

page 110/M682/JOUY.V DE/L1 HERMITE DE LA CH. D ' ANTIN/1814


N U I 21 FEVRIER Τ 5

TEXTE N° 2

A - possible ; mais j'ai bien peur que l'animal n'ait huit


pouces de trop.

Β - chameau-géant, comme le peintre. Quand on est coloriste,


mon cher, on n'est pas tenu à voir les choses comme
nature. Ce chameau est le tambour-major du régiment des
dromadaires créé en Egypte par le grand Bonaparte.

A - TU M'EN DIRAS TANT.

Nous parcourûmes ainsi le salon en examinant çà et là quelques toiles, entre


autres vin cheval lilas et une esclave mordue par un aspic et se roulant à terre.
Je voulus critiquer la couleur du cheval et la pose de l'esclave, mais Oscar me
releva d'importance: je touchais à deux artistes chevelus qu'il considérait com-
me ses maîtres, et il fallut apporter un terme à des observations peu respectu-
euses. Quand j'insistai en parlant du dessin

page 248/M338/REYBAUD.L/JEROME PATUROT/1842


PARTIE 2
321

TEXTE N° 3

Β - Quel insatiable ! il n'y a pas un an que je t'ai


fait capitaine !

A - Mais comprends donc, cher parrain, que tu as


intérêt â te laisser vaincre. Lorsqu'on saura
que ta bande est dispersée, la confiance
renaîtra, les voyageurs viendront et tu feras
des affaires d'or.

Β - Oui, mais si je suis vaincu, la bourse montera, et


je suis à la baisse.

A - TU M'EN DIRAS TANT ! Au moins, laisse-moi te


massacrer une douzaine d'hommes !

Β - Soit. Cela ne fera de mal à personne. De mon


côté, il faut que je t'en tue dix.

A - Comment ?

page 150/L846/ABOUT.E/LE ROI DES MONTAGNES/1857


DEDICACE A MME CHARLES BRAINNE

TEXTE N° 4

Β - Le jour où je saurai ce que don José va faire


chaque soir rue du rocher, tu toucheras dix
mille francs.

A - Bon ! Après ?

Β - et cent mille, le jour où le mariage de don José


avec Mademoiselle de Sallandrera sera devenu
impossible.

A - ah ! fit Zampa, VOUS M'EN DIREZ TANT ...

Β - dans l'intervalle, acheva l'inconnu, tes


appointements seront de deux mille francs par
mois.

L'homme à la polonaise tira un portefeuille, y prit un billet de mille francs,

le tendit à Zampa et lui dit:

Β - voici pour la première quinzaine.

Alors Zampa s'assit sans façon à côté de celui qui l'achetait aussi cher.
A - don José se rend chaque soir rue du rocher dit-il
pour

page 226/L533/PONSON DU TERRAIL/ROCAMBOLE T.4/1859


EXPLOITS DE ROCAMBOLE 1859 SUITE
322

TEXTE N ô 5

δ rebelle,
que souvent, trop vainqueur,
le regard d'une belle
ricoche sur son coeur.
Vous pouvez être sûre
qu'un jour vous vous ferez
vous-même une blessure
que vous adorerez.
Vous comprendrez l'extase
voisine du péché,
et que l'âme est un vase
toujours un peu penché
Vous saurez, attendrie,
le charme de 1'instant
terrible, où l'on s'écrie:
ah ! VOUS M'EN DIREZ TANT !
Vous saurez, vous qu'on gâte,
le destin tel qu'il est,
les pleurs, l'ombre, et la hâte
de cacher un billet.
Oui, -pourquoi tant remettre ?-
vous sentirez, qui sait ?
La douceur d'une lettre
qui tiédit le corset.
Vous riez !
page 169/M592/HUGO.V/LES CHANSONS DES RUES/1865
LI ETERN. ROMAN 8 SOMMATION

TEXTE N° 6

Donnez 1'exemple, oiseaux ! Les vierges aux yeux doux


vous regardent, ayant des ailes comme vous.
J'erre ; un vent tiède émeut les bois, je vois les scènes
que font les pauvres fleurs aux papillons obscènes ;
le lys vers le bourdon se penche, et, l'écoutant,
a l'air de s'écrier: ah ! VOUS M'EN DIREZ TANT !
L'ombre a le tremblement sonore d'une tente
et cache les amours ; la nature est contente ;
et la fécondité fermente ; et les appas,
les soupirs, les baisers, ne s'inquiètent pas
si quelque orage couve, et si cette gargone,
la foudre, au loin, là-bas, à l'horizon bougonne.
Le vallon fleuri semble un encensoir fumant.
page 228/M589/HUGO.V/LA LEGENDE DES SIECLES.3/1883
13 L'AMOUR III
323

TEXTE N° 7

- non, car il n'était pas en scapulaire ; il avait la coule. Et comme il n'en-


dosse cette robe que pour se rendre à l'église ou à confesse, j'étais bien cer-
tain, étant donnée cette heure-ci qui ne comporte aucun office, qu'il venait de
l'auditoire. J'avançai encore que les trappistes n'étant pas confessés dans
cette pièce, deux personnes seulement pouvaient s'y entretenir avec lui, vous
ou moi.

- VOUS M'EN DIREZ TANT, répliqua Durtal, en riant.

Le père Etienne les accosta sur ces entrefaites et Durtal lui réclama un
chapelet.

- mais je n'en ai pas, s'écria le moine.

- j'en possède plusieurs, fit M. Bruno, et je serai très heureux de vous en


offrir un. Vous permettez, mon père ...

le moine acquiesça d'un signe.


page 98/K485/HUYSMANS.J.K/EN ROUTE/1895
DEUXIEME PARTIE, CHAP. III

TEXTE N° 8

- quel est ce monsieur ? Demanda Forcheville à Mme Verdurin, il a l'air d'être


de première force.

- comment, vous ne connaissez pas le fameux Brichot ? Il est célèbre dans toute
1'Europe.

- ah ! C'est Bréchot, s'écria Forcheville qui n'avait pas bien entendu. VOUS
M'EN DIREZ TANT, ajouta-t-il en attachant sur l'homme célèbre des yeux écar-
quillés. C'est toujours intéressant de dîner avec un homme en vue. Mais,
dites-moi, vous nous invitez là avec des convives de choix. On ne s'ennuie pas
chez vous.

- oh ! Vous savez, ce qu'il y a surtout, dit modestement Mme Verdurin, c'est


qu'ils se sentent en confiance.
page 252/K429/PROUST.M/ALRTP 1 DU COTE DE CHEZ SWANN/1913
2E PART. UN AMOUR DE SWANN
324

TEXTE N° 9

on rira bien.
- quoi ! Vous boitez, dit Julius, surpris de le vois
de nouveau clopiner.
- oui, depuis quelques jours, mes douleurs m'ont
repris.
- ah ! VOUS M'EN DIREZ TANT ! Fit Julius qui, sans
le regarder s'éloigner, se rencogna dans la voiture.

Protos était-il dans l'intention de livrer Lafcadio à la police, ainsi qu'il


1'en avait menacé ?

Je ne sais: l'événement prouva du reste qu'il ne comptait point, parmi ces


messieurs de la police, rien que des amis. Ceux-ci, prévenus la veille par
Carola, avaient dressé, vicolo dei vecchierelli,
page 864/K496/GIDE.A/LES CAVES DU VATICAN/1914
LIVRE V, LAFCADIO

TEXTE N° 10

Voyez-vous ça !
Mais c'est cette dame que nous avons vue, vous vous rappelez, bâtonnier, nous
avons bien trouvé qu'elle marquait très mal, mais nous ne savions pas qu'elle
était venue pour la marquise.
A - une femme avec un nègre, n'est-ce pas ?
Β - c'est cela même.
A - ah ! VOUS M'EN DIREZ TANT. Vous ne savez pas son nom ?
- si, j'ai fait semblant de me tromper, j'ai pris la carte, elle a comme nom
de guerre la princesse de Luxembourg ! Avais-je raison de me méfier ! C'est
agréable d'avoir ici une promiscuité avec cette espèce de baronne d'ange.
Le bâtonnier cita Mathurin Régnier et Macette au premier président.
page 703/K434/PROUST.M/ALRTP 5 A OMBRE JEUNES FILL./1918
2E PART. NOMS DE PAYS, LE PAYS

TEXTE N° 11

- M. Pierre, répondis-je à mi-voix.


A - Pierre de quoi ?
Β - Pierre, c'est son nom, c'est un historien de grande valeur.
A - ah ! ... VOUS M'EN DIREZ TANT.
- non, c'est une nouvelle habitude qu'ont ces messieurs de poser leurs cha-
peaux à terre, expliqua Mme De Villeparisis, je suis comme vous, je ne m'y ha-
bitue pas. Mais j'aime mieux cela que mon neveu Robert qui laisse toujours le
sien dans l'antichambre. Je lui dis, quand je le vois entrer ainsi, qu'il a
l'air de l'horloger et je lui demande s'il vient remonter les pendules
page 213/K439/PROUST.P/ALRTP 8 COTE DE GUERMANTES 2/1921 (1)
325

TEXTE N° 12

il demanda à Mme Guillaume:


D - avez-vous entendu dire, madame, que Paris est sur
le point d'avoir un nouveau gouverneur ?
A - un nouveau gouverneur ! Voyez-vous cela !
Β - ce n'est pas encore fait, dit Renée.
A - ah ! VOUS M'EN DIREZ TANT ! Ah ! Ce n'est pas
encore fait, Renée ! Il y a d'autres bruits qui courent ?
- c'est-à-dire que le ministre ...
elle s'interrompit et rougit de nouveau.
- le ministre ?
page 185/L673/ARLAND.M/L'ORDRE/1929
2 P. LA BATAILLE

TEXTE N° 13

Le Sphinx
et si le Sphinx vous tuait ?
Oedipe
sa mort dépend, si je ne me trompe, d'un interrogatoire auquel je devrai
répondre. Si je devine, il ne me touche même pas, il meurt.
Le Sphinx
A - et si vous ne devinez pas ?
Oedipe
Β - j'ai fait, grâce à ma triste enfance, des études
qui me procurent bien des avantages sur les
garnements de Thèbes.
Le Sphinx
A - VOUS M'EN DIREZ TANT !
Oedipe
et je ne pense pas que le monstre naif s'attende à se trouver face à face avec
l'élève des meilleurs lettres de Corinthe.
Le Sphinx
vous avez réponse à tout. Hélas ! Car, vous l'avouerai-je, Oedipe, j'ai une
faiblesse: les faibles me plaisent et j'eusse aimé vous prendre en défaut.
Oedipe
adieu
page 78/K389/COCTEAU. J/LA MACHINE INFERNALE/1934
ACTE 2 RENCONTRE OEDIPE SPHINX
326

TEXTE N° 14

- attention, attention ! Dit Hubert en levant au ciel un doigt justicier.


Attention ! Elle est en train de manquer les narcisses.
- ah ! S'écria Suzanne en baissant la tête avec une feinte confusion, VOUS
M'EN DIREZ TANT que je me sentirai coupable.
- chère Suzanne, repris Philippe, nous nous désolons â la pensée que vous
manquez tant de douces et charmantes choses qui tiennent une grande place
dans notre vie de campagnards. Ne manquez pas nos orchidées, par exemple !
- vous cultivez les orchidées ?
- mais non, je parle des orchidées des bois, de toutes ces petites orchidées
merveilleuses qui fleurissent dans les bois de Nesles et de la tour du Lay
pag 56/K932/DUHAMEL.G/SUZANNE ET LES JEUNES HOMMES/1941
SUZANNE ET LES JEUNES HOMMES

TEXTE N° 15

une bite, les femmes ne vont pas s'envoler ! ... criait derrière nous le rouquin
du pathless qui, tout en remuant diablement ses quilles pour nous rattraper,
enfilait un maillot sans manches par-dessus sa tête.
- attendez, fit-il quand il nous eut rejoint,
attendez que je vous guide. C'est au gambrinus et vous ne savez même pas où
c'est ! Vous n'êtes rien pressés, vous deux. VOUS M'EN DIREZ TANT ! Je m'en
souviendrai. Ah 1 Les femmes pour les marins ... et, s'insinuant entre nous,
il nous prit chacun par un bras et il se mit à chanter:
dandle, dandle, dandle ...
- tu en as une belle épine, me fit-il. Bats donc la mesure avec ! On va
rigoler ...
et il reprit sa chanson natale et esquissa un pas de gigue:
dandle, dandle, dandle ...
page 233/L274/CENDRARS.B/BOURLINGUER/1948
GENES

TEXTE N° 16

Alors que le rapport Kinsey y voyait un plaisir réservé aux seuls privilégiés,
les statistiques de la RDA révêlent que les Allemands font des fleurs á leurs
partenaires 'sans distinction de classe sociale', même si la réciproque n'est
pas vraie. VOUS M'EN DIREZ TANT ! Moi qui pensais que, justement des classes,
il n'y en avait plus dans une société sans classes. A croire que si: la classe
laborieuse des filles soumises.
LE MONDE du 11.10.1984 - Sur le vif - SECRETS D'ALCOVE
de Claude SARRAUTE.
327

TEXTE N° 17

J'ai une copine, une belle fille un peu forte, la quarantaine, elle s'est dé-
gottê un mec, un type vraiment super, plus vieux, plus riche, plus prospère.
Mais, bon, marié. Ils se voyaient de 5 à 7 vite fait, mal fait. Ils se brouil-
laient, ils se réconciliaient. Et puis, là, ô bonheur, ô joie, il a plaqué sa
femme et il est venu s'installer chez Cora. Hier, je la rencontre au café du
coin. Elle a un job dans le quartier, fa n'avait pas l'air d'aller.
-T'as une petite mine. Qu'est-ce qui se passe ?
- je suis crevée. Je dors plus de la nuit. Il me tue, Roger.
- TU M'EN DIRAS TANT ! Allez, te plains pas, c'est une saine fatigue ça.
- C'est pas du tout ce que tu crois.
- C'est quoi ?
- Il ronfle. A un point ! J'ai jamais rien vu de pareil.
LE MONDE du 30.05.1986 - Sur le vif - MARTEAU PIQUEUR
de Claude SARRAUTE (p. 32).

TEXTE N° 1

encor un imprudent de lire t'égarait, t'éloignait des routes du devoir, si d'un


pareil aveu tu t'osais prévaloir, je te mépriserais sans retour ; mais je pense
qu'après cinq ans entiers d'erreurs et d'imprudence, le fils infortuné d'un ami
généreux, puisqu'il s'adresse à moi, veut être vertueux: et pour me mettre en
droit d'adoucir ta misère ...
ici Belton frémit.
ta misère ... oui. Voyez un peu LA BELLE AFFAIRE... regardez comme il est con-
fus, humilié, pour ce mot de misère ! ... δ ciel ! Quelle pitié ! De ton père
envers moi 1'amitié peu commune dernièrement encor a sauvé ma fortune. Je perdis
deux vaisseaux, presqu'au port, sous mes yeux ; on me crut sans ressource ; un
créancier fougueux, afin de rassurer sa timide avarice, veut que je fixe un
terme, et que j'aille en justice par
page 324/N659/CHAMFORT.N-S/LA JEUNE INDIENNE/1764
SCENE 3

TEXTE N° 2

nos communs ennemis, je ne sais en vérité ce que je vais devenir. On me demande


de Florence que cette pauvre traduction dont vous avez appris l'existence au
public vient d'être saisie chez le libraire, qu'on cherche le traducteur, et
qu'en attendant qu'il se trouve, on lui fait toujours son procès. On parle de
poursuite, d'information, de témoins, et l'on se tait du reste.

voyez, monsieur, LA BELLE AFFAIRE oû vous m'avez engagé ; car ce fut vous, s'il
vous en souvient, qui eûtes la première pensée de donner au public ce malheureux
fragment. Moi, qui le connaissais depuis deux ans, quand je vous en parlais â
Bologne, je n'avais pas songé seulement à le lire. Sans ce fragment fatal au
repos de ma vie, mes jours dans le loisir couleraient sans envie ; je n'aurais
eu rien à démêler avec les savants florentins.
page 249/M394/COURIER. P.-L/LETTRE A M. RENOUARD/1810
328

TEME N° 3

on lui apporte un poulet, qu'il a trouvé excellent : cela l'a remis ; il est
devenu causant, et a passé en revue divers romans français. La lecture de Gil
Blas avait rempli la plus grande partie de sa journée. Il était plein d'esprit,
disait-il, mais il aurait mérité les galères lui et tous les siens. De là il
s'est mis à parcourir un recueil chronologique, et s'est arrêté sur LA BELLE
AFFAIRE de Berg-Op-Zoom par le général Bizanet.
que de belles actions pourtant, disait l'empereur, ont été se perdre dans la
confusion de nos désastres, ou même dans la multiplicité de celles que nous
avons produites. Celle de Berg-Op-Zoom est du nombre: la garnison naturelle de
cette place était de huit à dix mille hommes peut-être, et pourtant elle ne
comptait en cet instant pas plus de deux
page 741/M398/LAS CASE.E DE/LE MEMORIAL DE STE HELENE/1823
CHAPITRE 6 Τ 1

TEXTE N° 4

Le Censeur.
Elle n'est pas sourde, et le ton libre de plusieurs de vos chansons peut aug-
menter la corruption dont vous faites la satire.
Collé.
Quoi ! Comme l'a dit le bon La Fontaine, les mères, les maris, me prendront aux
cheveux pour dix ou douze contes bleus !
Voyez un peu LA BELLE AFFAIRE
Ce que je n'ai pas fait mon livre irait le faire !
Le Censeur.
L'autorité d'un grand homme est déplacée ici. Il ne s'agit que de bagatelles
que vous pouvez sacrifier sans regret.
Collé.
page XXXI/N256/BERANGER.Ρ./CHANSONS/1829
CONVERSATION CENSEUR ET MOI

TEXTE N° 5

Ces récits me font plaisir. Etre sans une véritable bataille, une bataille de
Napoléon, oû l'on tuait dix mille soldats, cela prouve du courage. S'exposer
au danger élève l'âme et la sauve de l'ennui oû mes pauvres adorateurs semblent
plongés ; et il est contagieux, cet ennui. Lequel d'entre eux a l'idée de faire
quelque chose d'extraordinaire ? Ils cherchent à obtenir ma main, LA BELLE
AFFAIRE ! Je suis riche, et mon père avancera son gendre. Ah ! Pût-il en trouver
un qui fût un peu amusant ! La manière de voir vive, nette, pittoresque de Ma-
thilde, gâtait son langage comme on voit. Souvent un mot d'elle faisait tache
aux yeux de ses amis si polis.
page 308/M687/STENDHAL/LE ROUGE ET LE NOIR/1830
EOP
CHAPITRE 11
329

TEXTE N° 6

Petit-Claud salua le prêtre et prit le grand Cointet par le bras en disant à


haute voix : Nous dînons chez madame de Sénonches, il est temps de nous ha-
biller ! ... Et à deux pas il lui dit à l'oreille : Quand on a le petit, on
a bientôt la mère.
Nous tenons David...
- Je vous ai marié, mariez-moi, dit le grand Cointet en laissant échapper un
sourire faux.
- Lucien est mon camarade de collège, nous étions copins !... En huit jours je
saurai bien quelque chose de lui. Faites en sorte que les bans se publient, et
je vous réponds de mettre David en prison. Ma mission finit avec son écrou.
- Ah ! s'écria tout doucement la grand Cointet, LA BELLE AFFAIRE serait de
prendre le brevet à notre nom !
En entendant cette dernière phrase, le petit avoué maigrelet frissonna.
1843: BALZAC - page 3 / SOUFFRANCES DE L'INVENTEUR.

TEXTE N° 7

- Je ne serai jamais quitte avec vous, mademoiselle, répondit le pauvre exilé.


- Et pourquoi donc ? — demanda la paysanne des Vosges en prenant le parti du
Livonien contre elle-même.
- Parce que vous ne m'avez pas seulement nourri, logé, soigné dans la misère ;
mais encore vous m'avez donné de la force ! Vous m'avez créé ce que je suis,
vous avez été souvent dure, vous m' avez fait souffrir ...
- Moi ? dit la vieille fille. Allez-vous recommencer vos bêtises sur la poésie,
sur les arts, et faire craquer vos doigts, vous dêtirer les bras en parlant du
beau idéal, de vos folies du Nord. Le beau ne vaut pas le solide, et le solide,
c'est moi ! Vous avez des idées dans la cervelle ? LA BELLE AFFAIRE ! et moi
aussi, j'ai des idées... A quoi sert ce qu'on a dans l'âme, si l'on n'en tire
aucun parti ? Ceux qui ont des idées ne sont pas alors si avancés que ceux qui
n'en ont pas, si ceux-là savent se remuer... Au lieu de penser â vos rêveries,
il faut travailler. Qu'avez-vous fait depuis que je suis partie ?
1846/BALZAC/LA COUSINE BETTE/ chapitre 16

TEXTE N° 8

ne savait que dire :


- ah ! Mon Alexandre, mon Alexandre !
- il n'y a point de danger qu'elle refuse les présents d'Artaxercês, murmurait
le philosophe Colline.
Après le premier élan de joie passé, quand les choix furent faits et les fac-
tures acquittées, Rodolphe annonça aux trois femmes qu'elles eussent à s'arran-
ger pour essayer leur toilette nouvelle le lendemain matin.
- on ira à la campagne, dit-il.
330
- LA BELLE AFFAIRE ! S'écria Musette, ce n'est point la première fois que
j'aurais acheté, taillé, cousu et porté une robe le même jour. Et d'ailleurs
nous avons la nuit. Nous serons prêtes, n'est-ce pas, mesdames ?
- nous serons prêtes ! S'écrièrent à la fois Mimi et Phémie.
page 201/L862/MURGER.H/SCENES VIE DE BOHEME/1851

TEXTE N° 9

d'un avoué. La dette de Deschartres fut rayée au registre, on s'occupa d'autre


chose et on se sépara. Je réussis à me trouver seule un instant sur l'escalier
avec mon pauvre précepteur. Aurore, me dit-il avec les larmes dans les yeux,
je vous payerai, vous n'en doutez pas ?
- certes, je n'en doute pas, répondis-je voyant qu'il éprouvait quelque humili-
ation. LA BELLE AFFAIRE ! Dans deux ou trois ans votre domaine sera en plein
rapport.
- sans doute ! Bien certainement ! S'écria-t-il, rendu à la joie de ses illu-
sions. Dans trois ans, ou il me rapportera trois mille livres de rente, ou je
le vendrai cinquante mille francs.
page 387/M958/SAND.G/HISTOIRE DE MA VIE/1855
EOP

QUATRIEME PARTIE

TEXTE N° 10
de bûches à moitié brûlées ; de longues lignes piétinées, portant des trous de
piquets, des souillures et des débris de litières indiquaient le bivouac de la
cavalerie ; M C m'apprit que c'était le camp du général Pêlissier, et me montra,
sur la rive gauche de L'Oued-Lekier, en face du premier, le camp de la division
Yussuf. Devant nous s'ouvrait une vaste étendue sablonneuse ; c'était là
qu'avait eu lieu LA BELLE AFFAIRE de cavalerie du 21 novembre. Puis il me parla
du combat meurtrier du 3 décembre, de l'assaut du 4 et de la lutte sanglante qui
suivit la prise. Il me parla de nos pertes et de celles de l'ennemi ; il me pré-
vint que je sentirais peut-être une odeur fétide dans la ville et que je lui
trouverais un air d'abandon. Il fit le calcul des morts ; lui-même avait pré-
sidé á leur enfouissement dans
page 108/M289/FROMENTIN.E/UN ETE DANS LE SAHARA/1857
DEDICACE A ARMAND DU MESNIL

TEXTE N° 11

vous emporte à bord de la fancy, et je vous


garde en otage jusqu'au retour d'Hermann.
- j'allais vous le proposer, dit-elle. A ce prix,
papa vous rendra votre ami.
j ' interrompis à ce mot le récit de John Harris.
hé bien, lui dis-je, vous n'admirez pas la pauvre fille qui vous aime assez
pour se livrer entre vos mains ?
331

- LA BELLE AFFAIRE ! Répondit-il ; elle voulait sauver son honnête homme de


père, et elle savait bien qu'une fois la guerre déclarée, nous ne le man-
querons pas. Je lui promis de la traiter avec tous les égards qu'un galant
homme doit à une femme. Elle pleura jusqu'au Pirée, je la consolai comme je
pus. Elle murmurait entre ses dents: je suis une fille perdue !
page 281/L846/ABOUT.E/LE ROI DES MONTAGNES/1857
DEDICACE A MME CHARLES BRAINNE

TEXTE N° 12

Mais sa colère ne baissa pas d'un demi-ton:


pourquoi ? Reprit-elle. Pourquoi ne méritez-vous pas ma fille ? Répondez-moi
donc !
- mais, madame, je n'ai ni fortune ni position.
- LA BELLE AFFAIRE ! Pas de position ! Vous en auriez une, monsieur, si vous
épousiez ma fille. Entre mon gendre, n'est-ce donc pas une position ? Vous
n'avez pas de fortune ! Est-ce que nous vous avons jamais demandé de l'argent ?
page 176/L846/ABOUT.E/LE ROI DES MONTAGNES/1857
DEDICACE A MME CHARLES BRAINNE

TEXTE N° 13

GARDEFEU
Que la trahison de Métella nous réunisse !
BOBINET
Eh bien, voyons, comment ça va-t-il ?
GARDEFEU
Je te remercie.
BOBINET
Mais ça n'est pas tout ça, revenons á Métella... c'est une rouée !
GARDEFEU
Une vraie rouée !
BOBINET
On dit d'une femme: "C'est une rouée 1 ..."
GARDEFEU
Pourquoi ?
BOBINET
Parce qu'elle a fait ceci et cela.
GARDEFEU
LA BELLE AFFAIRE
332

BOBINET
Mais Mêtella, ça n'est pas ça —
GARDEFEU
C'est autre chose !...
BOBINET
A la bonne heure ! quand vous voudrez me parler d'une rouée, parlez-moi de
Métella... Elle nous trompait ! ...

1867: MEILHAC-HALERY / acte 1 SCENE V

TEXTE N° 14
... et ils vont mourir, là, tiens... sur ce bûcher ! ... et leur dernier cri
sera pour me maudire ! ...
Dolorès.
Eh ! qu'ils te maudissent ! ... LA BELLE AFFAIRE ! ...
laisse-les crier, et viens 1 ...
Karloo, regardant toujours la place, malgré elle.
ne pas pouvoir leur prouver, là, ... à cette croisée, que je suis innocent !
ne pas connaître 1'infâme qui nous a vendus, pour tenir mon serment ! ...
Dolorês.
page 176/M254/SARDOU.V/PATRIE/1869
ACTE 5 TABLEAU 8 SCENE II

TEXTE N° 15

Hurlait Macquart exaspéré.


Ta grand-mère est folle... ce sont ces brigands qui ont fait courir ces bruits-
là, afin de me fermer la bouche. Je n'ai rien reçu.
Fine intervenait encore maladroitement, rappelant à son mari qu'il avait eu
deux cents francs, plus un vêtement complet et une année de loyer.
Antoine lui criait de se taire, il continuait avec une furie croissante:
- deux cents francs ! LA BELLE AFFAIRE ! C'est mon dû que je veux, c'est dix
mille francs. Ah ! Oui, parlons du bouge où ils m'ont jeté comme un chien, et
de la vieille redingote que Pierre m'a donnée, parce qu'il n'osait plus la
mettre, tant elle était sale et trouée !
Il mentait ; mais personne, devant sa colère, ne protestait plus.
page 143/L542/ZOLA.E/LA FORTUNE DES ROUGON/1871
PREFACE 1er JUILLET 1871

TEXTE N° 16

Laissons mon fils de côté, voulez-vous ? Il est trop jeune encore, je l'apprends
tous les jours, pour savoir ce qu'il fait et ce qu'il dit.
Blanche
Georges a vingt-trois ans.
Madame De Saint-Genis.
333

Vingt-trois ans, LA BELLE AFFAIRE !


Blanche.
A cet âge-là, madame, un homme a ses passions, une volonté et des droits.
Madame De Saint-Genis.
Vous voulez parler de mon fils, soit, parlons-en.
Etes-vous bien sûre de ses dispositions, je les juge autrement que vous.
page 201/L433/BECQUE.H/LES CORBEAUX/1882
ACTE 3, SCENE 11

TEXTE N° 17

Berthe se troubla.
- Oui, maman.. Et même, comme nous étions seuls, il a voulu de vilaines choses,
il m'a embrassée, en m'empoignant comme ça. Alors, j'ai eu peur, je l'ai
poussé contre un meuble...
Sa mère l'interrompit, reprise de fureur.
- Poussé contre un meuble, ah ! la malheureuse, poussé contre un meuble !
- Mais, maman, il me tenait ...
- Après ? ... Il vous tenait, LA BELLE AFFAIRE ! Mettez-donc ces cruches-là en
pension ! Qu'est-ce qu'on vous apprend, dites !

page 36/L457/ZOLA.E/POT BOUILLE/1882

TEXTE N° 18
Pour ma part je suis peu touché s'il y a des femmes ou des hommes mécontens de
leurs liens ; les pièces de Dumas et toute la série des dramaturges et des
romanciers qui ont repris son thème ne m'intéressent que par le talent des
auteurs. Quant à ces froissements individuels, LA BELLE AFFAIRE !
Je serais plus sensible au point de vue que je dirai lacédémonien ou des haras:
la reproduction de notre espèce est vraiment livrée au hasard.
page 24/K223/BARRES.M/MES CAHIERS T.2 1898-1902/1902
LE CAHIER, 26.2 AU 1.9.1898
334

TEXTE N° 19

LE VICOMTE, suffoqué.
Ces grands airs arrogants !
Un hobereau qui... qui... n'a même pas de gants !
Et qui sort sans rubans, sans bouffettes, sans ganses !
CYRANO.
Moi, c'est moralement que j'ai mes élégances.
Je ne m'attife pas ainsi qu'un freluquet,
Mais je suis plus soigné si je suis moins coquet ;
Je ne sortirais pas avec, par négligence,
Un affront pas très bien lavé, la conscience
Jaune encor de sommeil dans le coin de son oeil.
Un honneur chiffonné, des scrupules en deuil.
Mais je marche sans rien sur moi qui ne reluise,
Empanaché d'indépendance et de franchise ;
Ce n'est pas une taille avantageuse, c'est
Mon âme que je cambre ainsi qu'en un corset.
Et tout couvert d'exploits qu'en rubans je m'attache,
Retroussant mon esprit ainsi qu'une moustache,
Je fais, en traversant les groupes et les ronds.
Sonner les vérités comme des éperons.
LE VICOMTE.
Mais, monsieur ...
CYRANO.
Je n'ai pas de gants ? LA BELLE AFFAIRE !
Il m'en restait un seul... d'une très vieille paire !
- Lequel m'était d'ailleurs encor fort importun :
Je l'ai laissé dans la figure de quelqu'un.
page 44/K934/ROSTAND.E/CYRANO DE BERGERAC/1898
ACTE I, SCENE 4

TEXTE N° 20

- holà, ma soeur, deviendrais-tu jacobine, ou jacoquine, comme disait notre


pauvre tante Malvina ?
- je n'entends pas, du moins, essuyer les affronts que vous infligent les gens
de cour. Tu as vu les manières du cardinal dans les salons, et comment notre
tante lui dut céder le pas. Moi, j'enrageais.
- il te fut aimable, cependant.
- LA BELLE AFFAIRE ! Il n'est pas de porteur d'eau qui ne crie devant ma
voiture : mafi ! Le beau brin de fille ! ... cela n'est pas pour m'amadouer...
j'ai trop d'honneur pour me contenter de compliments que n'importe quel passant
adresse à n'importe quelle grisette... il n'y a qu'une existence que j'envie,
dans toute la famille : celle de la tante Malvina.
- oh !
- certes !
page 454/L372/ADAM.P/L'ENFANT D'AUSTERLITZ/1902
335

TEXTE N° 21

- et légèrement ridé vers les tempes, vers les coins de la bouche pâle, de
charmants yeux tendres guettaient Omer. Elle demeurait fluette, gracieuse, en
agitant de ses gestes le canezou de satin vert à noeuds cerise, et les manches
de malines. Parfois, elle ordonnait les rouleaux de ses cheveux pailletés
d'argent, avec une main de fillette.
- s i , si, tu demeuras, reprit-elle. -
l'examen ? ...LA BELLE AFFAIRE ! ... j'en toucherai deux mots au père Ronsin.
Il doit recommander Edouard à la Sorbonne. Pour un élève en théologie, pour
mon neveu, il ne fera pas moins. Vous serez admis ensemble. Travaille bien,
seulement, ces deux mois ;
page 411/L372/ADAM.P/L'ENFANT D'AUSTERLITZ/1902

TEXTE N° 22

Peut-être.
Mais qu'importe ? La trahison pour elle n'était pas tant dans l'acte, que dans
la volonté. Elle eût pardonné plus aisément à celui qu'elle aimait d'avoir une
maîtresse, que d'avoir en secret donné son coeur à une autre. Et elle avait
raison.
- LA BELLE AFFAIRE ! Diront certains ... -(les pauvres êtres qui ne souffrent
d'une trahison d'amour, que si elle est consommée ! ...quand le coeur reste
fidèle, les vilenies du corps sont peu de chose. Quand le coeur a trahi, le
reste n'est plus rien)...
Jacqueline ne pensa pas une minute à reconquérir Olivier. Trop tard ! Elle ne
l'aimait plus assez !

page 1213/K462/ROLLAND.R/J-CH LES AMIES/1910

TEXTE N° 23
Eh là, Pinamonte, innocente colombe ! Quelle
folie est la tienne de m'éviter, que dis-je ? de me
fuir comme
tu fais ? Tu es aimé, traître ? Tu es heureux,
bourreau ? LA BELLE AFFAIRE, en vérité ! Ce sont là
plaisirs et triomphes de ton âge. (le cruel me
flattait), j'aime, sache-le bien, j'aime, j'adore
en toi le favori de la fortune et de l'amour. Tel
fut mon propre destin ; car, entre nous soit dit,
η'était le caprice de mon auguste maîtresse ...
suffit.
page 67/L346/MILOSZ.O/L*AMOUREUSE INITIATION/1910
336

TEXTE N° 24

Il a près de soixante-dix ans.


- allez ! Dit-il. Si j'étais tant seulement bien nourri, j'irais encore loin.
Il s'arrêta de faucher, prit par terre, sous sa blouse, une bouteille d'eau,
but â même et dit:
- avec un litre de vin de temps en temps, je vous garantis que je ne crèverais
pas facilement.
LA BELLE AFFAIRE, Papon !
Et moi, parce que j'ai un peu d'argent, que je lis beaucoup de livres et que,
même j'écris, parce que je me lave et que le soir, je regarde les étoiles du
ciel, j'ai pitié de cet homme qui me croit supérieur. Ah ! Je ne vaux ni mieux
ni moins que lui. C'est surtout le dimanche que Léon et sa femme s'aiment. En
semaine, ils n'
page 155/K654/RENARD.J/JOURNAL/1910
1893

TEXTE N° 25

Eh quoi ! Sitôt dit, sitôt fait ? Ton dégoût ! En vérité ! Ton dégoût ! LA
BELLE AFFAIRE ! Sache qu'il n'est qu'un dégoût, un seul : celui que nous donne
notre impuissance à attaquer, à vaincre, à dévorer, à digérer le grand ennemi
en embuscade au fond de nous-mêmes. Mais les temps sont changés ; tu as at-
taqué, tu as vaincu, tu danses sur le cadavre dégonflé de ton orgueilleuse et
sotte faiblesse ; tu t'aimes, tu penses et tu parles vrai, tu es l'amant de
1'homme
page 71/L346/MILOSZ.O/L'AMOUREUSE INITIATION/1910

TEXTE N° 26

Bellino
je ne vous aimerai jamais !
Casanova
ah ! Ah ! Ah ! Ah ! LA BELLE AFFAIRE !
Ah ! Ah ! Ah ! C'est un garçon, mais ...
un beau garçon qui fuit les femmes !
Le Veilleur De Nuit
allons, rentrez, mesdames !
page 986/K746/APOLLINAIRE.G/CASANOVA/1918
ACTE I, SCENE 12
337

TEXTE Ν " 27

Breveté. Capitaine hors cadres (service géographique de l'armée)".


- voilà l'explication, dit l'un. C'est un pistonné que l'on t'envoie pour
tirer les marrons du feu, dans une chose où tu auras eu tout le mal. Breveté !
LA BELLE AFFAIRE. Les théories d'Ardant Du Picq ou rien, par ici, c'est kif-kif.
- je ne suis pas tout à fait de votre avis, opina notre commandant. Ils ont
su, au parlement il y a, hélas ! toujours des indiscrétions , le but véritable
de la mission de Saint-Avit : leur forcer la main pour l'occupation du Touat.
Et ce Morhange doit être un homme à la dévotion de la commission.

page 54/L345/BENOIT.P/L'ATLANTIDE/1919

TEXTE N° 28
Parbleu ! Je n'en fais point mystère.
Mais j'en veux manger tout mon soûl.
Quatre fois ! Peuh ! LA BELLE AFFAIRE !
J'en reprendrais bien pour un sou.
Dussé-je crever à la peine,
je n'aurai garde d'en laisser.
Et ne croyez pas me blesser,
en m'appelant vieux phénomène ...
allons, bon ! ... il n'en reste plus !
Et bien, alors, il n'en faut plus.
page 157/L597/PONCHON.R/LA MUSE AU CABARET/1920
LA SOUPE A L'OIGNON

TEXTE N° 29

et puis, est-ce bientôt fini, toutes ces clabauderies ? Jérôme vient me voir
quelquefois ! Après ? On ne s'en cache pas ! Entre cousins !
LA BELLE AFFAIRE !
son instinct lui souffla les mots qui blessent :
il sera content quand je lui raconterai que tu es venue faire ici tout ce
charivari
Mme De Fontanin s'était reculée.
- tu parles comme une fille !
- ah ! Eh bien, veux-tu que je te dise ?
page 606/K363/MARTIN DU GARD.R/LES THIBAULT. LE CAHIER GRIS/1922
LE CAHIER GRIS
338
TEXTE N° 30

- et vos amies ?
- oh : Elles m'ont assez souvent plaquée. C'est bien mon tour.
- mais du côté que vous me proposez, il n'y a pas de train après neuf heures.
- hé bien, LA BELLE AFFAIRE ! Neuf heures c'est parfait. Et puis il ne faut
jamais se laisser arrêter par les questions de retour. On trouvera toujours
une charrette, un vélo, à défaut on a ses jambes.
- on trouve toujours Albertine, comme vous y allez ! Du côté d'Infreville,
oû les petites stations de bois sont collées les unes à côté des autres, oui.
page 800/K445/PROUST.M/ALRTP 13 SODOME ET GOMORRHE/1922
(II) CHAPITRE II

TEXTE N° 31

Sa faiblesse était immense mais douce. Son coeur seul battait un peu follement
sans qu'elle en souffrit. Non, non, elle ne mourrait pas et, vivante, ne lais-
serait plus l'adversaire l'accabler. Pourvu qu'une autre grossesse fût pos-
sible ! Alors l'ennemie serait forcée de rendre les armes. Il suffisait de
mater sa belle-mère: Fernand, ce ne serait qu'un jeu de lui passer la bride.
Mais, épousée, elle avait eu la sottise de juger qu'il ne lui restait plus
qu'à se laisser vivre sans se contraindre en rien. Ainsi se livra-t-elle á
cette humeur moqueuse, retenue â grand-peine tout le temps des fiançailles.
C'était croire au gain d'une partie pas même engagée. A travers les troènes
qui séparent la propriété Cazenave du jardin des Lachassaigne où Mathilde
faisait son métier d'institutrice, LA BELLE AFFAIRE, songe-t-elle, d'avoir
su attiser le désir de ce quinquagénaire timide ! D'autant que le gros poisson
avait donné, de son plein gré, dans la nasse tendue. Mathilde, qui épiait
entre les branches les débats de la mère et du fils, aurait dû comprendre que
cet homme la ramassait comme une balle, qu'elle n'était rien entre ses mains
qu'une arme dans le combat quotidien où jusqu'alors le fils avait toujours
été jugulé par la mère.
page 332/K42 2/MAURIAC.F/GENITRIX/1923
CHAPITRE III

TEXTE N° 32

. (ici ma mère, positivement terrifiée par l'humide exubérance de Schifmacker,


reculait sensiblement son fauteuil ; l'autre approchait le sien d'autant.)
- qu'on ait la langue bien ou mal pendue, ce qu'on dit, c'est ce qu'on a à
dire, et au piano on a toujours assez de doigts pour exprimer ce qu'on sent.
Ah ! Si l'on ne sent rien, quand on aurait dix doigts â chaque main, LA BELLE
AFFAIRE !
- alors il partait d'un gros rire, puis s'étranglait et toussait, puis suf-
foquait durant quelques instants, roulait des yeux tout blancs, puis s'épon-
geait, puis s'éventait avec son mouchoir. Ma mère proposait d'aller lui chercher
un verre d'eau ; mais il faisait signe que ce n'était rien, agitait un dernier
coup ses petits bras, ses courtes jambes, expliquait qu'il avait voulu rire et
tousser à la fois, faisait un :
page 458/K386/GIDE.A/SI LE GRAIN NE MEURT/1924
PREMIERE PARTIE (VI)
339

TEXTE N° 3 3

Mais s'il arrivait quelque chose, il s'en lavait les mains d'avance. C'était
bien entendu qu'il s'en lavait les mains : il n'y aurait ni surprise, ni re-
proches. "
Touraille était un homme réfléchi. La première inquiétude passée, il avait pris
des événements une conscience plus exacte et plus froide : une amende non
payée ? On extrait de jugement ? LA BELLE AFFAIRE ! Le pis qui pouvait arriver,
c'était que Raboliot se fit cueillir par les gendarmes. Alors, il tirerait un
mois à Sancerre, chauffé, nourri pour rien, fabriquerait des chaussons de li-
sière, et reviendrait la mine florissante, avec un pécule dans sa poche. San-
drine et les enfants se débrouilleraient en l'attendant : un mois à la maison
centrale, ça n'a jamais été la mort d'un homme, ni d'une famille.
page 118/K944/GENEVOIX.M/RABOLIOT/1925
DEUXIEME PARTIE, CHAPITRE III

TEXTE N° 34

tandis qu'il lui caressait légèrement la nuque, il commença de réfléchir à


cet événement.
- évidemment, notre vie sera changée.
Il la sentit inquiète de ces paroles, et se hâta d'ajouter:
- tant mieux d'ailleurs ! Car elle avait besoin de l'être.
- tu sais, Gilbert, je ne te gênerai pas.
- me gêner, LA BELLE AFFAIRE ! Non, ce n'est pas cela qui m'inquiète. C'est ...
ta santé, les soins qu'il faudra que tu prennes. D'abord il faut quitter cette
chambre. Dès aujourd'hui, je me mettrai en quête d'un nouveau logement. Si
nous ne trouvons rien à Paris, nous irons habiter en banlieu ;
page 416/L674/ARLAND.M/LORDRE/1929
3 P. ET VOUS, HEURES PROPICES

TEXTE N° 35

Debout, immobile, sur un de ces courts paliers que comporte toute souffrance, il
se rappelait un beau raisonnement datant de ses premiers doutes, montés d'il ne
savait quel chapitre de Renan : "si j'avais le malheur de ne plus croire, cette
pensée me rassérénerait encore, que Dieu ne me demande qu'une volonté de sin-
cérité." Il anticipait à faux, comme toujours. L'arrachement personnel n'est
rien. Sa sincérité ? Peuh ! ... LA BELLE AFFAIRE ! sa sincérité ! ... il s'en
fichait bien, de sa sincérité ! Il se sentait tout à fait capable d'une simu-
lation pathétique pour les siens bien-aimés, si seulement ils s'y fussent
laissé prendre !
Quelque chose luisait sur la table, un stylographe oublié par Brühl, encore
une propriété de Brühl ; décidément on ne voyait que Brühl.
page 351/L335/MALEGUE.J/AUGUST. OU MAIT. EST LA T.1/1933
V. PARADISE LOST
340

TEXTE N° 36

Le Dr Lamberdesc soupira. Sa jeunesse foutait littéralement le camp dans ce


trou de Sérianne. A quoi lui servait ici son physique de casseur de coeurs ?
Il commençait à se lasser de Mme Butterfly, comme il appelait pour sa propre
jubilation Thérèse Respillière. Elle lui avait déjà raconté toutes ses his-
toires d'Indochine une demi-douzaine de fois et le percepteur abusait légère-
ment de son amabilité forcée en faisant déranger le docteur même de nuit pour
ses accès de paludisme. Même de nuit. Pour la peau, bien entendu. Avec ça, que
l'ancien colonial était râleur dans ces moments-là. Il avait jeté un pot de
fleurs à la tête de son épouse et, quand Lamberdesc avait fait mine de s'inter-
poser, le mari avait pris un air plus mari que nature pour gronder un : Ah, je
vous conseille ! qui en disait long sur les ignorances prétendues du bonhomme.
Qu'est-ce qu'il avait comme amusements ? Se promener un peu dans sa Peugeot,
LA BELLE AFFAIRE !
page 104/K892/ARAGON.L/LES BEAUX QUARTIERS/1936
1E PART. SERIANNE, CHAP. XVIII

TEXTE N° 37

Tous deux méprisent bien leur propre conversation ; tous deux suivent follement
le plaisir ou la douleur. Ce sont toujours des mouvements convulsifs, de folles
gourmandises, une extrême indulgence à soi. Suivre la colère ou suivre le désir,
c'est toujours folie d'un moment. Mais ils paient de leur vie ? LA BELLE AFFAIRE.
L'ivrogne paie aussi bien de sa vie, et le fou de même. Un avare aussi se fera
tuer plutôt que de livrer son or. Le vrai est que tout ce qu'on écrit de l'amour
de soi et du sacrifice de soi est absolument à refaire ; toutes ces notions sont
dans un embrouillement effrayant. Et les passions galopent.
page 187/K947/ALAIN/PROPOS/1936
1914

TEXTE N° 38

Je vous l'ai dit.


- non, vous ne me l'avez pas dit.
Cette fois-ci, Mme Ligneul marquait le coup.
L'abbé se débattit, un peu confus.
- je croyais vous l'avoir fait entendre ; ils n'ont qu'un très petit bien.
- cette maison où ils habitent... LA BELLE AFFAIRE.
- quelques rentes. M Le Pesnel avait une jolie fortune, mais il a été très
éprouvé par le krach de l'union générale.
- enfin, ce n'est pas cela qui est important, si ce garçon est travailleur. Et
nous avons de quoi lui donner du temps. Mais...
- vous savez, ces jeunes gens qui viennent de nos provinces : les premiers
temps à Paris ...
- je comprends, je comprends.
page 37/L398/DRIEU LA ROCHELLE.P/REVEUSE BOURGEOISIE/1937
PREMIERE PARTIE
341

TEXTE N° 39

HARRY, â mi-voix
Je m'attache terriblement, vous savez ?
MARCELLE
Eh bien, mais ce n'est pas mal de s'attacher !
HARRY
Oui, mais après ?
MARCELLE
Il ne faut jamais penser à après ...
HARRY
Si je reste, quelle humiliation ce sera pour M. Coûture ! comme il va souffrir !
MARCELLE
Voilà qui m'est égal, par exemple !
HARRY
Que vous êtes dure, Madame !
MARCELLE
Il souffrira ? LA BELLE AFFAIRE ! Tout le monde souffre.
HARRY, l'observant.
C'est tout de même vrai que vous êtes cruelle ...
page 131/L487/MAURIAC.F/ASMODEE/1938
ACTE III SCENE 10

TEXTE N° 40

Kate, un autre accrochage.


Au premier mot concernant le nouvel embarras où se trouvait Jos-Mari, soit au
regard de sa cliente, soit à celui des autres guides, le forgeron avait encore
pris peur. Jos-Mari 'tête de mule' allait-il faire la bêtise de lâcher à pré-
sent cette Mme Bergen, qui leur assurait à tous la tranquillité ? Comment,
elle marchait mal ? Elle n'avait même pas pu faire la Schonbühl ? LA BELLE
AFFAIRE ! Est-ce que Rudi n'avait pas tiré, et décroché du Matterhorn le
paquet de Mistress Key, autrement pesant et dangereux ?
- tu n'as peut-être pas tes bras de Tannenwalder, les bras de la famille, pour
la monter ?
Alors ?
Pour le forgeron, le problême n'offrait pas de complications, une fois pour
toutes. Il ne s'agissait que de toucher un mois de gras salaire, de faire
page 109/L736/PEYRE.J/MATTERHORN/1939
AVERTISSEMENT
342

TEXTE N° 41

ORESTE. - Les voilà donc, les citoyens d'Argos, les très fidèles sujets du roi
Agamemnon ?
LE PEDAGOGUE. - Qu'ils sont laids ! Voyez, mon maître, leur teint de cire,
leurs yeux caves. Ces gens-là sont en train de mourir de peur. Voilà pourtant
l'effet de la superstition. Regardez-les, regardez-les. Et s'il vous faut en-
core une preuve de l'excellence de ma philosophie, considérez ensuite mon
teint fleuri.
JUPITER. - LA BELLE AFFAIRE qu'un teint fleuri. Quelques coquelicots sur tes
joues, mon bonhomme, ça ne t'empêchera pas d'être du fumier, comme tous ceux-ci,
aux yeux de Jupiter.
page 43/K582/SARTRE.J-P/LES MOUCHES/1943
ACTE II, TABLEAU I, SCENE 1

TEXTE N° 42

cracha sur le poignet, sur la main, sur la plaie, partout oû il l'avait touchée,
et elle hurla qu'elle se confesserait quand même. Elle se sauvait à toutes
jambes. Il lui lança le caillou.
Il réfléchit qu'il manquait de sang-froid et il se promit de récrire à l'évêque.
Monseigneur, au reçu de sa lettre, avait sans doute haussé les épaules : qu'un
sacristain s'installe dans un presbytère abandonné, LA BELLE AFFAIRE ! Cela ne
gêne personne ! Il en irait autrement si François dénonçait l'enterrement du
grand-pêre et comme quoi les îliens se confessaient à Thomas et comme quoi
Thomas disait secrètement la messe avec les enfants de choeur !...
Le lendemain, un fils Le Berre apportait deux homards à la cure et, après avoir
bien hésité, bien mouillé sa langue et bien regardé le plancher, il exposa son
histoire : la mère battait la campagne.
Malgré tout

page 183/L257/QUEFFELEC.H/UN RECTEUR DE L'ILE DE SEIN/1944

TEXTE N° 43
essayait pourtant avec gaucherie de rassurer Geneviève : il protestait qu'il
n'était pas méchant, lui ; et, s'il l'avait guettée, s'il l'avait amenée là,
un peu de force (il s'en excusait), c'était pour lui ouvrir les yeux ; il le
fallait bien ...
- vous partirez, grommelait-il ; je ne compte pas vous garder toute la nuit à
La Jassine. Ils vous attendront un peu, voilà tout ... LA BELLE AFFAIRE ! ...
après tout, moi aussi, je suis votre cousin ... le cousin Clodius, quoi ! ...
- ça n'est pas le cousin Pascal, je le sais bien ...
il respira violemment et se tut.
Je m'avançai vers la porte.
Il me tournait le dos.
page 76/L694/BOSCO.H/LE MAS THEOTIME/1945
343

TEXTE N° 44

à Miotte, il sentait s'éveiller au fond de son être ce lyrisme étrange qui,


naguère encore, animait, soulevait, exaltait le défunt chef de la tribu, l'il-
lustre docteur Pasquier. Dans cette vie de combats, d'entreprises et d'aven-
tures qu'était la vie de Joseph, Miotte représentait la récompense fleurie,
le port confortable et cossu, la couronne du vainqueur. Joseph avait vingt
ans de plus que Miotte. Et puis après ? LA BELLE AFFAIRE ! Joseph était de
taille à défendre son bien. Il attendait, de pied ferme.
Comme le long crépuscule expirait enfin sous des nuées orageuses, tous les
lampadaires de la rue s'allumèrent d'un seul coup. Joseph dut changer de
trottoir pour trouver une zone d'ombre. La soirée était chaude.
page 211/K933/DUHAMEL.G/LA PASSION DE JOSEPH PASQUIER/1945
LA PASSION DE JOSEPH PASQUIER

TEXTE N° 45

se serait estimé tellement honoré de l'avoir à sa table. Alors elle s'adresse


à un personnage louche, un trafiquant d'armes que la gestapo a arrêté, puis
relâché sur parole, c'est-à-dire, sous condition qu'il serve d'indicateur ;
la veille, elle est sortie avec lui, il a bu et dans l'ivresse il lui a à
moitié raconté son histoire ; elle lui confie son secret. L'indie flaire
LA BELLE AFFAIRE et s'offre comme intermédiaire. Des négociations s'engagent.
La gestapo consent, fait-elle dire, à libérer Dani, si on lui fournit en
échange un gibier de qualité.
Mathilde m'offre d'abord: c'est ce qui lui paraît le plus facile ; la gestapo
ne marche pas, elle veut du solide et Mathilde ne sait pas ce que je fais,
elle me considère comme un chef, mais elle ne sait pas de quoi,
page 217/L953/VAILLAND.R/DROLE DE JEU/1945
AVERTISSEMENT

TEXTE N° 46

l'opinion publique, quand on a crée soi-même cette opinion à coups de mensonges,


c'est trop facile. Je suis entouré de haine, d'une haine qui depuis trente-cinq
ans n'as pas désarmé. Au nord j'ai la haine de Venise, au ponant la haine de
Sforce, au sud la haine d'Alphonse et d'Urbin, ici la haine du pape. Je me suis
emparé pour mon compte, par violence ou par finesse ? LA BELLE AFFAIRE, puisqu'
on m'a tout repris. J'ai eu six villes, je n'ai plus que Rimini ; je suis au
point où j'étais quand j'avais douze ans. Tout m'a été comme ces sabres rouil-
lés qu'on trouve quelque fois sur mes plages, et qui, lorsqu'on les saisit, se
réduisent en un peu de poudre au fond de la main. Et j'ai eu des crimes ? Pour-
quoi ne pas les oublier, puisqu'on oublie
page 476/K522/MONTHERLANT.H DE/MALATESTA/1946
ACTE II, SCENE 5
344

TEXTE N° 47

Voulez-vous, ne voulez-vous pas


voulez-vous entrer dans la danse
imaginez-vous seulement le plaisir
que cela sera
dans la mer avec les homards lorsque
tous on nous poussera
mais l'escargot dit c'est trop loin
avec un air de défiance
et mille mercis au merlan mais quant à
entrer dans la danse
il ne voulait ne pouvait ne voulait
entrer dans la danse
LA BELLE AFFAIRE si c'est loin disait
son écailleux ami...
page 45/L432/ARAGON.L/LE ROMAN INACHEVE/1956, R.
1 CLASSE 17

TEXTE N° 48

Je me retirais d'eux, je fermais la brochure. Ecrire, ce serait un long tra-


vail ingrat, je le savais, j'aurais toutes les patiences. Mais la lecture,
c'était une fête : je voulais toutes les gloires tout de suite. Et quel avenir
m'offrait-on ? Soldat ? LA BELLE AFFAIRE ! Isolé, le poilu ne comptait pas
plus qu'un enfant. Il montait à l'assaut avec les autres et c'était le ré-
giment qui gagnait la bataille. Je ne me souciais pas de participer à des
victoires communautaires. Quand Arnould Galopin voulait distinguer un mili-
taire il ne trouvait rien de mieux que de l'envoyer au secours d'un capitaine
blessé. Ce dévouement abscur m'agaçait : l'esclave sauvait le maître.

page 176/L373/SARTRE.J-P/LES MOTS/1964

TEXTE N° 49
je continuais ma lecture, les yeux rivés aux mots sous le regard fixe de feu
Chateaubriand. Ces inquiétudes ne duraient pas ; le reste du temps, j'adorais
mes compagnons de jeu. Je les mis au-dessus de tout et l'on me raconta sans
m'étonner que Charles Quint avait ramassé le pinceau du Titien : LA BELLE
AFFAIRE ! un prince est fait pour cela. Pourtant, je ne les respectais pas :
pourquoi les eussé-je loués d'être grands ? Ils ne faisaient que leur devoir.
Je blâmais les autres d'être petits. Bref j'avais tout compris de travers et
je faisais de l'exception la règle : l'espèce humaine devint un comité res-
treint qu'entouraient des animaux affectueux.
page 50/L373/SARTRE.J-P/LES MOTS/1964
345

TEXTE N° 50

C'est alors que le boy qui m'accompagne juge bon de sauter du camion. Il
tranche la queue du pachyderme et, cette preuve irréfutable à la main, court
annoncer la nouvelle à la ronde. Ah oui... j'allais gagner en considération,
mais LA BELLE AFFAIRE !

page 247/DEDET.Chr/LA VIE DE JEAN MICHONNET

TEXTE N° 51
Avant de laisser partir un membre de la famille pour la léproserie, certains
essayaient de truquer, de maquiller les lésions. Ils commençaient de faire des
scarifications au rasoir et ils frottaient du charbon de bois dessus. LA BELLE
AFFAIRE. Même en se noircissant ou en se faisant noircir la chair tous les
matins, comment donner longtemps le change ? La peau d'un Noir n'est pas
noire... elle est grain de café - ou 'tête de nègre', comme on dit maintenant.

page 227/DEDET.Chr/LA VIE DE JEAN MICHONNET

TEXTE N° 52
Cette fois, le vent s'est levé... pour accueillir Bernard Hinault, le porteur
du maillot jaune. Malgré son vélo spécial, sa roue arrière lenticulaire, son
casque aérodynamique, sa forme optimale et sa bonne volonté, le Breton n'a
pas réalisé de miracles. Sa défaite, ou plutôt son insuccès, ne troublera pas
son sommeil. En réalité, il 'a rien perdu, bien au contraire. L'étape ratée
de Villard-de-Lans lui permet de distancer un peu plus Roche, Kelly, Anderson,
Pascal Simon et... son équipier, L'Américain Greg Lemond. Il a concédé 1 mn
7 sec. à Vanderaerden. LA BELLE AFFAIRE. Le Belge n'occupe-t-il pas la 78ê
place du classement général, à près d'une heure ?

LE MONDE du 13.07.1985 LA FAUTE DU VENT de Jacques AUGENDRE.

TEXTE N° 53
Deux heures d'avion, ou dix, l'important c'est de partir. Oû qu'atterisse
l'appareil, son trajet rend tout événement français minuscule. M. Jospin
estime que M. Chirac n'est pas un homme d'Etat ? LA BELLE AFFAIRE ! Le
passionnant point de vue ! Que le propos est propre â faire progresser la
réflexion ! Oublions cela. Avec d'autant plus de facilité que, loin de chez
soi, le cerveau s'allège de ces scories nationales comme un évier de ses eaux
grasses.
LE MONDE du 03.05.1986 JOURNAL D'UN AMATEUR par Philippe BOUCHER.
346

TEXTE N° 54

Trois jours déjà, trois jours à peine pour simplement espérer s'y retrouver
vaguement dans ce labyrinthe baroque, somptueux et misérable, dans cette mé-
gapole insensée. Dix-neuf, qui sait, vingt millions d'habitants. Y compris
ceux qui n'ont point d'habitat. Le Mundial ? LA BELLE AFFAIRE ! Vingt-deux
hommes et un ballon, quand la plus grande ville au monde joue parallèlement
son football à elle avec un soleil noir pour tout instrument.
LE MONDE du 28.05.1986 FOOTBALL AU-DESSUS DU VOLCAN de Pierre GEORGES.

TEXTE N° 55

Impossible d'écrire sur Barbara. Ceux qui s'y sont risqués le savent, affirme
Marie Chaix à la première ligne d'un livre qu'elle consacre à Barbara. Contra-
dictoire, non ? Suit le texte qui démarque les chansons et livre quelques
prétendues précisions. Elle a habité rue Rémusat (une chanson s'appelle
Rémusat). Elle habite Précy (elle a consacré une chanson à sa maison de Précy).
Le village de mon enfance se nomme Saint Marcellin (LA BELLE AFFAIRE). Barbara
se chante ; alors pourquoi vouloir la dire ?
LE MONDE du 04.06.1986 Variétés - BARBARA : le mystère reste entier,
de Josyane SAVIGNEAU.

TEXTE N° 56

Etrange époque que celle où la retraite d'un footballeur fait la une de l'ac-
tualité ! Parions que le déchaînement médiatique qui a précédé et suivi l'an-
nonce de la fin de la carrière sportive de Michel Platini a fait grincer
quelques dents. Après tout ce Platini n'est qu'un sportif. Pourquoi faire du
tapage parce qu'il a décidé de ne plus taper dans un ballon ? LA BELLE AFFAIRE.
N'y a-t-il donc rien de plus grave,de plus urgent, de plus important que
d'ériger une statue à ce monsieur qui, fortune faite, s'en va cultiver son
jardin ?
LE MONDE du 19 mai 1987 Sport - FOOTBALL : La retraite d'un grand capitaine.
PLATINI, c'est fini !

TEXTE N° 57

1985 restera pourtant dans les médias une bonne année pour l'Afrique en général,
et le Sénégal en particulier. Les pluies ont été bonnes. LA BELLE AFFAIRE...
Outre qu'elles n'ont peut-être pas été bonnes pour tous les sols, comment
oublier que la sécurité alimentaire de ces régions dépend de bien d'autres
facteurs ?
LE MONDE DIPLOMATIQUE, 18 avril 1987.
TEXTE N° 58

21.06.1987
Télévision à OUAGADOUGOU,
Informations de 20 heures.
Le commentateur au sujet du changement du gouvernement au Vietnam (en
substance):
C'est la première fois que le public a accès à la salle du Conseil de
Révolution... BELLE AFFAIRE ! direz-vous ...
348

5.2 Mini-dialogues contenant des EIS *

MACACHE!
populaire, vulgaire.
Vient de l'arabe, expression qui signifie 'il n'y a pas'.
Par extension: Il n'en est pas question = Rien du tout !
A : Peux-tu me prêter ta voiture ?
Β : Macache ! il n'est pas question.

C'EST MAIGRE!
familier.
Situation: Un paysan a planté des légumes dans son jardin, mais la
récolte s'avère peu abondante. Déception.
A : Voilà ce que les plants ont donné !
Β : En effet, c'est maigre !
ou bien:
A : Sur la série de 50 questions, je n'ai eu que 3 réponses.
Β : C'est maigre !
A : C'est le moins qu'on puisse dire.

ILS N'Y VONT PAS DE MAIN MORTE!


populaire.
A : La direction de 1'usine a mis à pied 200 employés à la
suite d'une grève !
Β : Eh bien, ils n'y vont pas de main morte !

PASSER LA MAIN
familier.
passer le relai, renoncer, laisser tomber.
Situation:
A : Je ne m'en sors pas avec toutes ces responsabilités.
Β : Ça ne fait rien, passe la main ! Il y en a qui
η'attendent que ça pour se mettre en avant !
ou bien:
Un chef d'entreprise qui n'est plus compétitif, dans le coup.
- Il va être temps qu 'il passe la main.

Nous tenons à préciser que nous nous sommes abstenus de toute interven-
tion corrective dans les textes qui suivent. Nous présentons les dia-
logues et les commentaires tels qu'ils nous ont été fournis par les
locuteurs natifs.
MAINTENANT
Langage courant, familier.
Pas de sens temporel.
Situation:
A : Voilà ce que je vous conseille pour gagner du temps.
Β : Oui, ça se discute.
A : Remarquez, maintenant (ceci considéré, ceci dit) vous faites ce
que vous voulez.

ÇA SE MAINTIENT
populaire.
cf. argot: ça boume ?, ça gaze ?
Expression neutre, sans relief particulier, associée aux salutations
d'usage, comme Comment ça va ? qui sous-entend qu'on s'enquiert de la
situation de l'interlocuteur, mais sans vraiment attendre de réponse.
Mais plutôt employé dans la réponse:
Situation: au bistro du coin:
Le patron : Salut les gars, comment ça va ?
A et Β : Oh, ça se maintient !

MAIS ENCORE ?
familier.
Invitation à continuer une explication qui a été insuffisante ou mal
comprise. Demande de précisions.
Situation: Au restaurant du coin:
Le client : Que peut-on manger ?
Le garçon : Pas de problème, il y a tout !
Le client : Mais encore ?

IL N'Y A PAS DE MAIS QUI TIENNE !


familier.
Expression qui balaie toute objection. Dite sur un ton péremptoire.
Situation: Une mère à ses deux enfants qui ont fait une bêtise.
Mère : Vous serez punis tous les deux !
1er enfant : Mais, c'est lui qui ...
Mère : Il n'y a pas de mais qui tienne !

EH MAIS !
familier.
Eveille le doute à propos de quelque chose qu'on croyait avoir
compris = Si je comprends bien, cela veut dire que ...
Situation: Deux amis se rencontrent, et parlent d'un troisième.
A : J'ai vu X hier en ville. Il conduisait une voiture superbe !
Β : Eh mais ! Je croyais qu'on lui avait retiré son permis !
350

AH ÇA MAIS
familier. Surprise.
A : Bonjour, vous ne me reconnaissez pas ?
Β : Ah ça mais ! C'est vous que j 'ai rencontré 1 'an dernier ici même !

AH, MAIS ! / NON, MAIS ! / NON MAIS, DES FOIS !


Dit sur un ton fâché, parfois un peu méprisant.
Situation: Dans un magasin, il y a une file d'attente à la caisse.
Quelqu'un arrive et passe devant les autres.
Un client : Non mais, des fois ! Vous ne pouvez pas attendre votre
tour ! / Il ne peut pas attendre son tour / comme tout le
monde celui-là !

J'EN AI ASSEZ DE CETTE MAISON !


populaire. Maison = boîte, entreprise.
Situation: Un adolescent, en conflit avec ses parents, vient de se
disputer avec sa mère.
A : J'en ai assez de cette maison, on n'a jamais le droit de rien faire !

QUELQUE CHOSE DE MAISON !


populaire. De soigné, aux petits oignons.
Situation: A reçoit des amis intimes à dîner.
A : Je vous ai préparé un petit cocktail, quelque chose de maison !
Vous m'en direz des nouvelles !
Certains ne connaissent pas ou n'emploient jamais cette expression.

IL EST MAJEUR !
Il est majeur et vacciné (expression populaire) = 'Il sait mesurer la
conséquence de ses actes.'
A : Surtout, fais gaffe le soir. Ça peut-être dangereux !
Β : Oh ça va ! Je suis majeur et vacciné.

ÇA COMMENCE MAL !
familier.
Par antiphrase, on emploie plutôt ça commence bien ! avec un ton
ironique.
Situation: Au départ des vacances:
A : Je ne sais plus ou j 'ai mis la clé !
Β : Ah / ça commence bien !

ÇA LA FOUT MAL !
argotique familier.
Situation: Dans un restaurant qui se veut chic/sélect:
A : Dis donc, tu as vu la propreté des vestes des serveurs ?
Ça la fout mal !
VOUS NE FERIEZ PAS MAL...
familier.
Situation:

A : La route va être longue et fatigante.


Β : Oui, c'est vrai. On ne ferait pas mal de s'arrêter dans
un bon hôtel au milieu du voyage !

L E MAL EST FAIT


familier.
Situation:

A : Tout ce qu'on a dit sur lui était entièrement inventé.


Maintenant, va faire changer 1 'opinion des gens à son sujet !
Β : Oui, le mal est fait !

DE DEUX MAUX, IL FAUT CHOISIR LE MOINDRE ! (proverbe)


Situation: Une entreprise,en conseil d'administration.
Le P.D.G. : Si on ne licencie pas 100 personnes, c'est la
boîte entière qui va faire faillite ! A vous de
décider. Mais de deux maux, il faut choisir le
moindre.

CELA ME FAIT MAL !


populaire.
exprime la pitié, le regret, le dégoût.
Situation: en Afrique:
A : Cela me fait mal de voir tous ces enfants estropiés.
Quand je pense que s'ils avaient été vaccinés à temps...

CELA ME FERAIT MAL !


argotique. Exprime la réprobation totale.
Situation 1: Dans un restaurant, o û le service a été très mauvais:
A : Tu ne vas quand même pas laisser un pourboire !
Β : Cela me fait bien mal !

Situation 2 (désapprobation) :
A : Est-ce que tu crois que le gouvernement va prendre cette mesure
Β : Cela me ferait mal !

IL N'Y A PAS DE MAL J


familier.
Situation: Une personne en bouscule une autre:
A : Oh, excusez-moi, je ne vous avais pas vue !
Β : Il n'y a pas de mal !
352

ON N'A RIEN SANS MAL 1


familier.
A : Je vais devoir retourner là-bas pour la 5ème fois.
Enfin, j 'espère que cette fois-ci le problème sera
réglé et que je pourrai enfin toucher mes indemnités !
Β : Eh, on η'a rien sans mal !

JE N'Y VOIS AUCUN MAL !


familier.
Situation: Un adolescent demande à ses parents s'il peut aller au
cinéma avec des amis.
A : Est-ce que je peux aller au cinéma ce soir ? Tous mes copains y vont !
Père : Je n'y vois aucun mal, si tu as fini ton travail.

QUEL MAL Y A-T-IL A CELA ?


= Il n'y a pas de mal à cela ! Familier.
h : Tu te rends compte, X est sorti au cinéma avec la copine d'Y !
Β : Ah bien, quel mal y a-t-il à cela ?
A : Non mais, tu es naif ou quoi ?

T'ES PAS UN PEU MALADE ?


populaire.
A : S'il le faut, j'irai le voir et je lui demanderai
carrément s'il veut bien nous prêter sa voiture.
Β : T'es pas un peu malade ? Après ce qu'il nous a dit,
qu 'il y tenait comme à la prunelle de ses yeux !

J'EN SUIS MALADE !


populaire.
A : Quand je pense que demain matin il va falloir se lever â 5 heures .'
Tout ça pour aller assister à cette réunion à la gomme !
Β : Ne m'en parle pas, j'en suis malade !

IL N'Y A PAS DE QUOI EN FAIRE UNE MALADIE !


populaire.
Le mari : Tu as vu 1 'égratignure sur la carrosserie de la voiture !
La femme : Oui, et alors ? Il n'y a pas de quoi en faire une maladie !

Y'A MALDONNE !
populaire.
= je crois qu'on s'est mal compris.
A : Bon alors, tu passes me chercher ce soir â 20 h, comme convenu !
Β : Ah ! (je crois qu'iil y a maldonne ! Je t'ai dit hier que je ne
pouvais pas venir !
353

MALEDICTION !
littéraire. Bandes dessinées.
Situation: des policiers, ayant tendu une embuscade à des
malfaiteurs qu'ils croyaient attraper:
- Malédiction ! Ils nous ont échappé !

MALGRE TOUT
familier.
1) Sens littéral:
A : Quoi ? X était là aussi ?
Β : Eh oui, il est venu malgré tout !
2) Sens élargi = 'quoi qu'on en pense.'
A : On ne peut pas dire que son action ait été déterminante !
Β : Oui, mais, ce qu 'il a fait a été une bonne chose malgré tout 1

UN MALHEUR EST SI VITE ARRIVE !


familier.
Situation: Un adolescent veut prendre sa mobylette pour partir en
vacances. Ses parents ne sont pas d'accord.
Adol. : Mais enfin, je connais le code de la route et je conduis
prudemment !
Parents : Oh, tu sais, un malheur est si vite arrivé !

JE FAIS UN MALHEURf
argotique.
Situation: Un copain en rencontre un autre:
A : Dis donc, tu m'as l'air en pleine forme !
Β : Je ne te le fais pas dire ! Sur les plages, je fais
un malheur ! (forme de fanfaronnade)

RETENEZ-MOI OU JE FAIS UN MALHEUR !


Situation: Une dispute éclate dans un café:
A : Non mais, dis donc, tu m'as insulté ! Repète un
peu voir si tu l'oses !
Β : Parfaitement, t'es qu 'uri minable !
A : Retenez-moi ou je fais un malheur !

MALHEUR !
littéraire.
Situation: Deux adolescents rentrent chez eux beaucoup plus tard que prévu.
A : On va rentrer par la porte de derrière pour être sûr de ne pas être
vus. Malheur ! mon père est dans le jardin !
354

C'EST MALHEUREUX !
familier. = c'est un monde !
A : C'est malheureux ! A chaque fois, tu recommences le même cinéma
pour une histoire de rien du tout ! (ton agacé)
(contestation, fatalité):
A : Non seulement, ils vont devoir déménager avec leurs 5 enfants, mais
il va falloir qu'ils retrouvent du travail.
Β : Eh oui, c'est bien malheureux pour eux !

SI C'EST PAS MALHEUREUX !


populaire.
Situation: A et Β parlent d'un homme qui est alcoolique.
A : Il bat sa femme quand il est soûl. Mais il parait
qu 'il commence à taper sur ses enfants !
Β : Si c'est pas malheureux ! Qui aurait cru ça de lui
il y a quelques années ?

BIEN MALIN QUI TROUVERA !


= on ne saura sans doute jamais ce qui s 'est passé !
familier.
Situation: A et Β ont monté un mauvais coup.
A : J'ai fait en sorte que personne ne sache d'où vient l'information.
Β : Oui. Bien malin qui trouvera !
ou bien:
A : Saura-t-on jamais le fin mot de cette histoire ?
Β : Oui, c'est sur, bien malin qui trouvera !

VOUS VOUS CROYEZ MALIN ?


à rapprocher de c'est malin !
familier, populaire.
Situation: Deux adolescents ont caché les affaires de classe d'un
troisième.
A : Où est-ce que vous avez mis mes affaires ?
Β et C : On n'y a pas touché !
A : Vous vous croyez malins ?/C'est malin !/je vais
être en retard aux cours.

C'EST MALIN !
populaire, par antiphrase.
A : J'ai renversé la boîte de peinture sur la table du salon.
Β : Ah, c'est malin !
CE N'EST PAS PLUS MALIN QUE ÇA !
populaire.
A : Je n'arrive pas à ouvrir la porte avec cette clé !
Β : Attends, laisse-moi faire ! (il réussit)
Et voilà, ce η 'est pas plus malin que ça !

ÇA DEVIENT MALSAIN !
familier.
Situation: Dans un pays étranger, la situation politique risque de se
dégrader.
Des coopérants : Je crois gu 'il ne va pas falloir moisir trop longtemps
ici. Oui, ça devient malsain !

C'EST UNE AUTRE PAIRE DE MANCHES !


= c'est tout à fait différent et plus difficile.
familier, populaire.
A : On y a mis le temps, mais on a fini par trouver la
panne. Maintenant, il suffit de réparer.
Β : Ah ça, c'est une autre paire de manches !

IL Y A A BOIRE ET A MANGER !
au sens figuré = il faut en prendre et en laisser /
il y a des choses bonnes et mauvaises.
populaire.
A : Tu as entendu le discours du PDG. Il n'y a pas été
par quatre chemins !
Β : Oh, moi je trouve qu 'il y a à boire et a' manger dans
ce qu'il a dit.

NE PAS MANGER DE CE PAIN-LA


ne pas être d'accord, refuser de cautionner quelque chose / avec
quoi on est en désaccord,
populaire.
A : Allez, viens à la manifestation avec nous.
Β : Ça ne va pas, tu ne m'as pas regardé ! Je ne mange pas de ce pain-là

ON EN MANGERAIT ! (d'objets, de personnes)


= c'est appétissant/attrayant.
familier.
A : Tu as vu ces bougies en forme de fruits ?
Β : Oui, et en plus, elles sont parfumées. On en mangerait !
356

A QUELLE SAUCE SERONS-NOUS MANGES ?


populaire.
Situation: (entendu à la radio)
La réforme de l'internat pour les étudiants en médecine:
A : On ne sait pas du tout à quoi cela va nous mener.
Β : Oui, á quelle sauce serons-nous mangés ?
ou Situation: Réforme des impôts: nous sommes dans un café
Le patron : c'est bien beau tout ça, mais qui est-ce qui
va encore trinquer ?
Le client : Oui, à quelle sauce vont-ils nous manger ?

ÇA NE MANGE PAS DE PAIN !


sens figuré: ça ne coûte rien, mais ça n'a pas beaucoup d'utilité/
ça n'engage à rien.
populaire.
A : Tu veux signer la pétition ?
Β : Tu crois que ça va servir à quelque chose ? Enfin,
ça ne mange pas de pain !

MAGNE-TOI LE POPOTIN !
= dépêche-toi.
argotique.
Situation: Un garçon attend sa petite amie pour partir au cinéma:
Magne-toi le popotin, sinon on va arriver en retard !

IL Y A LA MANIERE !
avoir l'art et la manière/savoir s'y prendre pour...
familier.
A : Il lui a annoncé sans ménagement qu'il serait mis à la porte.
Β : Mais il s'en doutait bien quand même.
A : Oui, mais il y a la manière de le dire.

DE QUELLE MANIERE ?
familier. Pas idiomatique.
Situation: X doit une somme d'argent à Y, mais ne lui rembourse pas.
Y : Il va bien falloir que je récupère mon argent.
A : Oui, mais de quelle manière ? /mais je suis curieux de voir de
quelle manière tu vas t'y prendre.

EN VOILA DES MANIERES !


populaire.
Situation: Une mère à un enfant qui met ses doigts dans son nez:
Mère : En voilà des manières ! (je t'ai déjà dit de ne pas mettre les
doigts dans ton nez !)
357
MANQUE DE POT !
= manque de chance !
populaire, argotique.
Situation: Un adolescent ne veut pas que ses parents apprennent qu'il
était absent la veille à l'école.
Ado. : Ce serait passé inaperçu. Manque de pot, mon père a
rencontré le prof de maths par hasard, qui, bien sûr
lui a demandé pourquoi je η 'étais pas là.

IL NE MANQUAIT PLUS QUE ÇA !


= c'est le comble / la coupe est pleine.
familier.
Situation: M. et Mme. X ont des ennuis financiers. Or M. X a la
passion du jeu.
M. X : Tu sais chérie, il faut que je te dise quelque chose. Hier
soir, j 'ai perdu une assez grosse somme d'argent au casino.
Mme. X : Allez, il ne manquait plus que ça !

JE N'Y MANQUERAI PAS !


= je le ferai certainement.
familier.
Situation: le départ en vacances :
A : Surtout, dis bien des choses à Mamie de notre part.
Β : Je n'y manquerai pas !

ÇA NE PEUT MANQUER D ' ARRIVER !


= cela arrivera inévitablement.
familier.
Situation: Un employé a beaucoup manqué sans raison valable.
A : Il va avoir un blâme !
Β : Ça ne peut manquer d'arriver!

ÇA N'A PAS MANQUE !


= c'était à prévoir
familier.
A : J'étais sûr qu'il réagirait comme ça. Quand on le chatouille
un peu trop ..
Β : Oui, ça n'a pas manqué! Il lui a cassé la figure.

JE NE TE MANQUERAI PAS !
= je me vengerai, je t'aurai.
populaire.
Situation: Deux hommes commencent à s'énerver. Ils en viennent aux
mains. On réussit à les séparer.
A : ru ne perds rien pour attendre. Si je te retrouve sur
mon chemin, dis-toi bien que je ne te manquerai pas !
358

IL N'EN MANQUE PAS UNE !


= il ne mangue pas une occasion de faire une gaffe.
populaire.
Situation: Après une soirée qui s'est mal terminée.
A : Bien sûr, X a encore mis les pieds dans le plat. Il
ferait mieux de se taire parfois.
Β : Celui-là, il η 'en mangue pas une !

VOUS N'AVEZ RIEN MANQUE !


familier.
A : Alors, cette soirée au théâtre ?
Β : Bof, vous n'avez rien mangue, ce n'était pas
extraordinaire / ça ne cassait rien !

TU AS MANQUE TA VOCATION !
utilisé parfois dans un sens ironique.
familier.
A : J'aime bien rendre service aux autres , de toute
façon, je n'attends rien en échange.
Β : Eh oui, tu as mangué ta vocation !

JE NE MARCHE PAS !
= je ne suis pas d'accord !
populaire.
A : Il m'a dit gue tu devais passer le chercher demain soir.
Β : Ah non, je ne marche pas ! On avait convenu de prendre
chacun son tour sa voiture. Et moi, ça va faire la 3ème fois

IL NE MARCHE PAS, IL COURT !


= être naif, se faire avoir,
populaire.
Situation: Deux amis ont raconté un bobard à un troisième.
Ils se moquent.
A : Et guand je lui ai dit gue Christine était amoureuse de lui,
gu'elle voulait le voir en tête-à-tête demain...
Β : Et tu penses gu 'il te croit ?
A ·. Il ne marche pas, il court 1

CE N'EST PAS MARDI-GRAS AUJOURD'HUI !


familier.
Situation: Une secrétaire arrive au bureau habillée de façon
excentrique. Réflexion de son chef:
Ah ! je ne savais pas gue c'était mardi-gras aujourd 'hui !
(plus ironique que ce η 'est pas ... mais moins 'sec1 ).
359

ENCORE UNE NOUVELLE MAROTTE !


= tic, manie, engouement passager,
familier.
A : M. X recherche en ce moment tous les ouvrages concernant
l'élevage des escargots.
Β : Ah, encore une nouvelle marotte !

Y"EN A MARRE !
= c 'en est assez !
populaire.
Situation: Une mère à son fils Bernard:
M : Est-ce que tu peux aller me faire quelques courses ?
Β : Y'en a marre ! C'est toujours moi qui m'y colle.
Demande à Jean !

C'EST MARRE !
= ça suffit / c'est tout.
populaire, argotique, peu fréquent.
Situation: X demande à Y comment s'y prendre pour remettre en place
le siège arrière de la voiture.
A : Il va falloir repercer des trous dans la carrosserie
pour remettre des boulons !
Β : Non, tu sais souder et c 'est marre !

C'EST LE COUP DE MASSE !


(= choc émotif violent, massue)
= c 'est excessivement cher ! / c 'est le coup de barre / bambou I
populaire.
Situation 1 :
A : Sa femme lui a annoncé tout de go qu 'elle allait
demander le divorce.
Β : Eh bien, pour lui, ça doit être le coup de masse !
Situation 2:
A : Alors, c 'est vrai que tu as dîné au Lion d'Or ?
Β : Oui, mais je ne te le conseille pas. Ce n'était pas
extraordinaire et en plus, c'est le coup de masse.

POUR L'ATTRAPER, IL FAUT SE LEVER MATIN!


= il faut se lever de bonne heure / tu peux toujours courir !
familier.
A : Est-ce que tu as déjà fait un tennis avec X ?
Β : Avec X ? Alors là, pour lui faire bouger ses 100 kgs, il
faut se lever matin !
360

ÇA DEVIENT MAUVAIS POUR SON MATRICULE !


= ça se/it le roussi pour lui !
populaire.
Situation: M. X fait un peu trop parler de lui au bureau avec ses
conquêtes feminines. Son travail s'en ressent. Son chef lui a déjà
adressé un avertissement, mais rien n'y fait.
Commentaire des collègues:
A : Je sens que le chef ne va pas tarder à lui dire son fait.
Β : Oui, ça devient mauvais pour son matricule 1

C'EST BIEN MAUVAIS !


à rapprocher de c'est bien mal fait/dit !
familier.
Situation: Un professeur a corrigé un devoir. Il rend les copies
aux élèves.
Prof. : Je ne vous félicite pas. C'est bien mauvais !

PAS MAUVAIS !
par antiphrase = c 'est bon !
familier.
A : Goûte-moi ça. Tu m'en diras des nouvelles !
Β : Hum ! c 'est pas mauvais du tout !

LA TROUVER MAUVAISE, L'AVOIR MAUVAISE


= la trouver saumâtre, trouver la situation très déplaisante,
populaire.
A : La maison X lui avait promis le chantier. Il comptait
là-dessus pour se renflouer et il se l'est fait souffler.
Β : Il a dû l'avoir mauvaise !

ÇA SENT MAUVAIS !
à rapprocher de ça devient mauvais pour son matricule ! mais avec un sens
plus général; = les choses prennent une mauvaise tournure, ça sent le roussi !
A : La situation politique de ce pays se dégrade, les sociétés étrangères
vont retirer leurs billes (argotique = ce qu'ils ont investi)
Β : Oui, ça commence à sentir mauvais !

MAZETTE !
interjection, régional.
Exprime l'admiration, 1'étonnement, un peu d'envie.
A : Tu as vu ma nouvelle voiture ?
Β : Mazette, tu ne te refuses rien !
361
LES BRAS M'EN TOMBENT !
= je suis très surpris
familier.
A : Tu sais que Georges va se marier ?
Β : Quoi ? Ah ça, les bras m'en tombent ! lui,
le célibataire endurci !

VA ME FERMER CETTE PORTE !


pour renforcer un ordre,
familier.
Situation: Un enfant veut boire un coca - la mère ne veut pas.
M : Va remettre cette bouteille au réfrigérateur l
Enf. : Je veux boire un coca !
M : Va me remettre cette bouteille où tu l'as prise !

CE N'EST PAS BIEN MECHANT !


= ce η 'est pas grave
familier.
Situation: Un enfant est tombé et s'est éraflé le genou.
M : Allez, ce n'est pas bien méchant ! C'est fini là !

IL N'Y A PAS MECHE !


argotique.
A : Alors, tu as réussi à le décider à venir avec nous à
1'entraînement !
Β : Tu parles ! Pour le faire bouger, celui-là, y'a pas
mèche !

J'EN PASSE ET DES MEILLEURES !


pas neutre, sens plutôt dépréciatif.
= il y aurait encore beaucoup d'autres choses intéressantes
à apprendre - Formule elliptique.
familier
A : Mais c 'est très intéressant ce que tu me racontes là 1
Maintenant je le vois sous un autre jour !
Β : Et encore, j 'en passe et des meilleures !

QUAND IL S'EN MELE !


un peu ironique. Pas toujours suivi d'un résultat heureux,
familier.
Situation: Le magnéto ne marche plus. X essaie de le réparer. Arrive
Y qui se pique de savoir tout faire.
Y : Laisse-moi regarder. Si ça se trouve, ce n'est pas grand chose.
X : Attention, quand il s'en mêle ! (celui-là).
362

DE QUOI SE MELE-T-IL CELUI-LA ?


(la personne n'a pas à s'immiscer dans une affaire qui ne la concerne
pas)
Plus méprisant: de quoi je we mêle ?
populaire.
Situation: Dans un café, un consommateur prend à partie un client au
comptoir.
A : Attention à ce que tu dis, hein !
3ème personne: Mais enfin, Monsieur, calmez-vous !
A : Non mais, de quoi je me mêle !

MELE-TOI DE TES OIGNONS !


populaire, argotique.
à rapprocher de l'expression précédente.
Situation: X s'est mis dans une situation difficile. Il en parle avec
Y. Intervient une 3ême personne C.
C : Moi, je pense que tu n'aurais pas dû dire ça !
A : Oh toi, ça va ! Mêle-toi de tes oignons !

TOUT DE MEME !
= quand même, un peu plus familier,
familier.
a) dans le sens:'malgré tout'.
A : J'ai vu Georges au concert hier soir.
Β : Ah, il est tout de même venu. Hier après-midi quand je 1 'ai
rencontré, il ne savait pas encore ce qu 'il allait faire.
b) dans le sens: c'est un peu fort !
(dans ce cas, tout de même ! termine la phrase)
ton agacé.
Situation: Un homme vient à la piscine avec son chapeau de paille.
Il le pose sur le bord. Des enfants le prennent et le mettent à l'eau.
Le Monsieur (indigné): mais enfin, on ne touche pas à mon chapeau,
tout de même !
c) dans le sens: Ah enfin ! ce n'est pas trop tôt !
Situation: Le professeur attend depuis 1/4 h que ses élèves lui donnent
la conclusion de ce qu'il vient de démontrer. Un élève finit par trouver
la réponse.

Le prof.: Ah, tout de même !

MEME QUE
= bien plus, d'ailleurs...
populaire.
A : J'ai rencontré Michel hier en ville.
Β : Michel ? Ça alors ! Je croyais qu 'il était parti
rejoindre sa femme !
A : Eh bien non ! même qu 'il était avec une super nana !
363

MENAGEZ VOS EXPRESSIONS !


familier, parfois langage un peu relevé.
= faites attention â ce que vous dites !
Situation: 2 personnes se disputent lors d'une réunion.
A : Quant à vous, espèce de salopard.
Β : Je vous prie de ménager vos expressions !

CELA PEUT VOUS MENER LOIN


= cela peut avoir des conséquences fâcheuses que vous ne
soupçonnez pas.
familier.
Situation: Un homme a reçu un avertissement de la part d'autorités
supérieures. Or, il s'estime dans son droit.
A : Ah ça, je ne vais pas me laisser faire !
Β : Attention où vous mettez les pieds ! Cela peut vous
mener loin !
A : Je suis prêt à aller jusqu'au bout.

JOLIE MENTALITE !
plus courant: belle mentalité 1 ou quelle mentalité !
Ton de reproche : la personne qui parle s'implique dans ce
qu'elle dit.
familier.
A : Je suis sûr qu'il côtoie ces gens uniquement parce qu 'il espère
pouvoir obtenir le poste qu'il convoite grâce à eux.
Β : Eh bien, belle mentalité !

SANS MENTIR !
aussi: je ne te mens pas !
familier.
A : J'ai vu Philippe hier par hasard. Je ne l'ai pas reconnu.
Β : Philippe ? tu exagères !

A : Sans mentir, il a dû prendre au moins 20 kg !

CE N'EST PAS LA MER A BOIRE !


= ce n'est pas si difficile que ça. Il ne faut pas exagérer.
populaire.
A : Est-ce que tu peux m'aider à faire ce boulot ?
Β : Oh non, c'est trop compliqué !
A : Allez, Mon Dieu, ce n'est pas la mer â boire !
C'EST UNE GOUTTE D'EAU DANS LA MER !
se dit d'une chose infime, qui n'a pas beaucoup de répercussion sur les
événements. Ironique et désabusé.
familier.
Situation: un enfant à ses parents:
364

A mon école, on fait une collecte qu 'on va envoyer au Mali


pour aider à lutter contre la désertification.
le père: C'est une goutte d'eau dans la mer !

MERCI !
par antiphrase: indique le mécontentement,
familier, populaire.
A : Maurice m'a présenté un soit-disant copain. Il m'avait
dit qu'il était boute-en-train. Eh ben, merci ! Quelle
soupe au lait !

IL NE SE PREND PAS POUR UNE MERDE !


= il a une très haute opinion de lui-même.
argotique.
A : J'ai lu le dernier livre de L.H.B. C'est pas mal.
Β : Oui, mais je l'ai vu lors d'une émission à la télévision.
Pardon ! il ne se prend pas pour une merde !

DE MERDE
= nul; sur un ton méprisant, coléreux,
argotique.
Situation: Quelqu'un a constamment des ennuis avec sa voiture. Il
tombe en panne en pleine nuit.
A : Mais qu 'est-ce que c 'est que cette bagnole de merde !

MERDE ALORS !
argotique.
Situation: Peut exprimer 1'êtonnement, l'admiration.
a) M. X vient de visiter la nouvelle maison de son ami:
M.X : Ah ben, merde alors ! T'es sacrément bien logé ! merde alors !

b) Peut exprimer la surprise désagréable, 1 ' incrédulité :


M.X : Yves vient d'avoir un accident grave. Il paraît
qu'il est dans le coma.
M.Y : Merde, alors ! C'est pas possible .'...

c) Peut exprimer la colère:


A la maison:
M.X : Mais, merde alors ! Qui est-ce qui m'a encore pris
l'ouvre-bouteille ? C'est toujours pareil quand on
en a besoin, il η 'est jamais à sa place !
365

LAISSER PISSER LE MERINOS


employé parfois avec il en a 1'habitude.
on dit plutôt dans le langage courant: laisser pisser.
= laisser tomber, abandonner, ne pas insister.
A : Tu m'as rapporté mon dictionnaire ?
Β : Ah zut, je 1 'ai oublié. Attends, je retourne le
chercher, j'en ai pour 5 minutes.
A : Bah ! laisse pisser ! Je repasserai demain le chercher.

IL L'A BIEN MERITE !


familier.
= c'est bien fait pour lui, il ne l'a pas volé.
Situation: Un adolescent rentre de l'école.
Ado. : J'en ai marre, j'ai attrapé une colle de 2 heures
pour demain après-midi !
Mère : Ou'est-ce que tu as fait ?
Ado. : Bof ! On a un peu écrit des bêtises sur les tables,
mais je η 'étais pas le seul !
Mère : Tu 1'as bien mérité, alors !

IL MERITERAIT QU'ON LUI FASSE AUTANT !


= il faudrait qu'on lui fasse la même chose pour qu'il se
rende compte de ce qu'il a fait.
familier.
Ado. : Tu sais ce qu 'on a fait à Ludovic ?
Mère : Non !
Ado. : On lui a mis ses affaires dans la piscine. Il a dû rentrer chez
lui en maillot de bain ! En plus, il a attrapé un rhume !
Mère : Ah c'est malin ! Tu mériterais qu'on te fasse autant !

CE N'EST PAS MERVEILLE !


= ce n'est pas étonnant,
très peu usité, un peu vieilli,
familier.
A : Il est resté sous la pluie pendant plus de 2 heures.
Ce η 'est pas merveille qu'il soit malade !

OTE-TOI DE LA QUE JE M'Y METTE !


maxime du sans-gêne,
populaire.
A : M. X vient d'arriver dans le service et il s'est tout de suite arrogé
certains droits sans savoir si cela faisait du tort à quelqu 'un.
Β : Lui, de toute façon , j'ai 1 'impression qu 'il est dustyle
'ôte-toi de là que je m'y mette ! '
366

METTEZ-VOUS BIEN ÇA DANS LA TETE !


= enfoncez-vous bien ça dans le crâne (argotique), dis-toi bien.
En général employé par quelqu'un en colère.
Situation: Un étudiant demande une "rallonge1 d'argent de poche à
son père. Le père n'est pas tout à fait d'accord, car les résultats
scolaires ne sont pas très bons.
Père: Mais qu'est-ce que tu fais de ton argent ? Mets-toi bien dans la
tête que je ne vais pas te payer des études pendant des années et
des années, surtout si tu η 'as pas de meilleurs résultats !

CHERCHER MIDI A QUATORZE HEURES


= compliquer les choses inutilement, chercher des difficultés là où
il n'y en a pas.
A : Je n'arrive pas à résoudre ce problème de maths. J'ai
essayé avec cette méthode, mais c'est un peu compliqué.
Β : Oh là là, tu cherches midi à quatorze heures, il y a
bien plus simple pour y arriver.

IL NE SE REFUSE RIEN 1
ou bien: on ne se refuse rien !
tu ne te refuses rien ! (ironique) quand on parle directement
à la personne concernée,
familier.
Situation: a) André est un peu près de ses sous. Or, son collègue a
remarqué qu'il a une paire de chaussures neuves:
A à Β : Tu as vu les nouvelles chaussures d'André ?
Il ne se refuse rien ! très ironique dans ce cas.
Situation: b) Une femme à son mari.
A : J'ai trouvé un petit ensemble ! J'ai hésité entre 2 modèles.
Finalement, j 'ai pris le modèle de chez Cardin !
Β : Eh bien, je vois qu 'on ne se refuse rien 1

QU'EST-CE QU'ILS SE METTENT !


sous-entendu: comme coups !
comme répliques salées (joute oratoire)
comme repas et boissons,
populaire, argotique.
Situation: Dans la rue:
A : Regarde, là-bas on dirait une bagarre !
Β : Oui, en effet. Eh bien dis donc, qu'est-ce qu'ils
se mettent !

SE METTRE LE DOIGT DANS L'OEIL


= se mettre/se fourrer ... jusqu'au coude = se tromper de bout en bout
A : Maurice pense qu'il sera engagé après sa période d'essai.
Β : Alors là, il se met le doigt dans 1 'oeil (jusqu 'au coude) !
J'ai eu des échos et je sais que le patron n'est pas satisfait
de lui.
367

ON A BONNE MINE !
familier.
Situation: Deux amies sont arrivées la veille avec un cadeau pensant que
c'était l'anniversaire de la maîtresse de maison:
A : Tu as vu ? hier soir on avait bonne mine avec notre cadeau ?
Β : J'étais persuadée que c'était son anniversaire, mais un cadeau
pour une invitation est bien agréable également 1

ÇA NE VA PAS MIEUX !
= ça ne s 'améliore pas
populaire.
a) Sens littéral: par rapport à la santé physique:
Situation: Je viens de voir Bernard. Dis donc, ça ne va pas
mieux, tu verrais sa téte !
b) Sens figuré :
Situation: J'ai parlé avec Jean. Tu verrais les réflexions qu'il
m'a faites. Ça ne va pas mieux ! il devient de plus en plus stupide.

DE MIEUX EN MIEUX !
par antiphrase: c'est de pire en pire.
Situation: Une loi vient d'être votée interdisant aux gens de fumer
dans un lieu public.
Un fumeur invétéré, agacé : De mieux en mieux l Bientôt on η 'aura même
plus le droit de fumer chez soi.

TOUT CE QU'IL Y A DE MIEUX !


familier.
Situation: Projets de vacances:
Ça y est, je crois que j 'ai trouvé ce qu'il nous faut pour les
vacances, l/ne villa, tout ce qu'il y a de mieux, tout confort,
à 200 m de la plage, dans une pinède, à 10 mn du centre-ville.

FAIS POUR LE MIEUX !


= agis comme tu penses que ce sera au mieux.
Situation: M. X veut s'acheter une voiture neuve et ne sait pas quelle
couleur il va commander. Sa femme préférerait une bleue.
M. X : Je vais passer chez le concessionnaire pour commander
la voiture.
Mme. X : Moi, je préféré le modèle en bleu.
M. X : Ça, ce sera suivant ce qu'ils ont en stock.
Mme. X : Enfin, fais pour le mieux l

J'AI FAIT DE MON MIEUX !


familier.
Situation: M. X n'est pas satisfait des résultats obtenus par son
fils â l'école au dernier devoir.
M. X : Tu aurais pu faire un effort.
Fils : Ecoute, j'ai fait de mon mieux. C'était dur.
368

TANT MIEUX !
exprime le soulagement.
familier.
Situation: M. X a failli être mis à la porte pour une faute qu'il
n'a pas commise.
M. X : Finalement, le syndicat s 'en est mêlé et j 'ai
obtenu ma réintégration.
M. Y : Ah, tant mieux !

JE VOUS LE DONNE EN MILLE ?


familier, populaire.
= c'est tellement incroyable qu'il y a peu de chance pour que vous...

DANS LE MILLE 1
= vous avez vu juste !
populaire.
Situation: M. X avait demandé sa mutation pour Singapour seins
trop y croire.
M. X Incroyable, j 'ai enfin eu ma mutation
M. Y Ah bon ! Pour où ?
M. X Je te le donne en mille !...
M. Y Alors ? Singapour ?
M. X Dans le mille, vieux !

MINCE DE ... !
exprime la surprise admirative.
populaire.
Situation: Les élèves après un cours particulièrement bruyant
et mouvementé.
Elève : Mince de bordel qu 'on te lui a mis au prof !

AVOIR BONNE MINE


sens littéral: avoir une mine florissante, paraître en bonne santé,
sens figuré : par antiphrase : avoir l'air ridicule, se rendre ridicule.
Situation: L'équipe de volley, persuadée qu'elle était de battre l'équipe
adverse, a fait des fautes énormes pendant le match et a perdu.
Commentaire: Ah, ils avaient bien besoin de crier sur tous les toits
qu'ils n'en feraient qu'une bouchée. Ils ont bonne mine
maintenant !

TU EN AS UNE (SALE) MINE !


sens littéral: avoir mauvaise mine, sembler être en mauvaise santé,
sens figuré : avoir un air catastrophé.
Situation: M. X rencontre M. Y le matin:
M. X : Eh bien, tu en as une mine !
M. Y : Ne m'en parle pas ! Il va y avoir des compressions
de personnel, et je vais être licencié !
MINE DE RIEN
= l'air de rien
populaire.
A : Georges est venu me voir, évidemment à l'heure de l'apéritif !
Β : Quel pique-assiette, celui-là !
A : Et mine de rien, il s'est invité à manger.

S1 IL AVAIT UN MINIMUM DE SAVOIR-VIVRE !


familier/ pas idiomatique.
A : Gérard m'a invitée à sa soirée. J'étais avec Béatrice.
Il ne l'a même pas invitée !
Β : Pourtant il sait bien qu'elle est seule.
A : De toute façon, s'il avait un minimum de savoir-vivre,
il aurait attendu (que je sois seule) pour me le dire.

MINUTE, PAPILLON !
attends un peu !
populaire.
Situation: Le père à son fils:
Ρ : Bon, d'accord, Olivier, je veux bien te prêter ma voiture.
F : OK, papa. Super ! Alors je pars tout de suite.
Ρ : Eh, minute, papillon ! Prends les papiers au moins
et ne rentre pas trop tard !

MODEREZ VOS ARDEURS !


familier, style un peu relevé.
Situation: Une jeune femme veut repousser les avances d'un
monsieur trop empressé.
La jeune femme : Je vous en prie. Monsieur, modérez vos ardeurs I

VOUS ETES TROP MODESTE !


familier, pas idiomatique.
M. X : Ce travail n'est pas pour moi. C'est d'un niveau
trop élevé. Je n'y arriverai pas !
M. Y : Vous êtes trop modeste !

EN VOILA DES MOEURS !


parfois ton moqueur, de plaisanterie.
familier.
Situation: Un groupe de jeunes en sortie. Deux jeunes s'embrassent
amoureusement devant les autres.
Eh ! oh ! En voilà des moeurs !
370

PAUVRE DE MOI !
= je suis à plaindre. De a ici un rôle explétif.
pauvre de toi...
pauvre de lui...
familier.
M. X : Pauvre de moi ! Si tu savais ce qui m'arrive !
M. Y : Non ! Ou 'est-ce gui se passe ?
M. X : Je sortais du garage où je venais de prendre livraison de ma
voiture neuve. Un type m'est rentré dedans ! La voiture: in-
utilisable 1 Et je suis en tort, car je sortais en marche
arrière d'un lieu de stationnement.

C'EST BIEN LE MOINS !


familier.
Situation: Georges a rendu un grand service á Jean.
Georges á sa femme : Il nous a invité à dîner !
Sa femme : C'est bien le moins qu'il ait pu faire;
quand on pense à la situation d'où tu l'as tiré !

ON LE SERAIT A MOINS !
familier.
A : Françoise est complètement déprimée depuis que son mari
l'a quittée !
Β : ru parles ! elle qui 1 'adorait. On le serait à moins !

LE MOINS QUE L'ON PUISSE DIRE !


familier.
Situation: M. X a été l'objet de vives critiques. Commentaires:
A : Il ne s'est même pas défendu. Il s'est laissé humilier sans réagir I
Β : Le moins qu'on puisse dire, c 'est qu 'il η'a pas été â la hauteur !

AU MOINS ?
familier.
A : Je devais aller dîner chez Georges ce soir. Hais j'ai changé d'avis.
On passe un très bon film au cinéma et je ne veux pas le louper.
Β : Tu 1 'as prévenu au moins ?

(SI) DU MOINS... /à tout le moins/tout au moins/pour le moins


Sens restrictif. Le locuteur émet une opinion sous toute réserve
(= néanmoins/en tous cas).
A : S'il n'est pas venu au rendez-vous, du moins il a prévenu à temps.
371

IL N'EN DEMEURE PAS MOINS QUE ...


= néanmoins.
familier.
Mari : Tu mets cette robe pour sortir ?
Femme : Oui, pourquoi ? Elle ne te plaît pas ?
Mari : Si fait 1 Mais il η'en demeure pas moins que je
te préfère dans l'autre que je t'ai offerte.

EN MOINS DE DEUX
= rapidement,
populaire.
Laisse-moi t'aider. Tu vas voir. Ce sera fait en moins de deux 1

IL ETAIT MOINS 5/moins 1...


populaire.
Situation: A va voir Β chez lui. Il sonne. Personne ne répond; il attend
encore quelques instants et au moment où il va partir Β vient lui ouvrir.
A : Ah enfin ! Il me semblait bien avoir vu ta voiture en bas de
1'immeuble. Il était moins 5 que je parte I

PAS LE MOINS DU MONDE !


= pas du tout.
familier, style relevé
Situation: A vient chez son voisin M. X:
A : Je ne vous dérange pas trop ?
Β : Pas le moins du monde ! Je vous en prie, entrez donc !

C'EST UN MOINS QUE RIEN !


= c'est un vaurien.
populaire.
Situation: Mesdames X et Y bavardent:
Mme. X : Vous savez que le fils Dubois a été arrêté pour
vol à 1 'étalage l
Mme. Y : Oh, ça ne m'étonne guère. C'est un petit voyou,
un moins que rien.

C'EST UN MAUVAIS MOMENT A PASSER !


(se dit d'un moment pas très agréable à passer, mais d'une situation
pas très grave)
A : J'ai autant envie d'aller à cet examen que de me jeter
dans le lac.
Β : On est bien obligés d'y aller. T'en fais pas, ce n'est
qu'un mauvais moment à passer.
372

CE N'EST PAS LE MOMENT !


familier.
Situation: Une adolescente vient demander un service à sa mère,
très occupée à la cuisine:
Fille : Maman, tu peux m'aider à faire mon tricot ? Je suis
bloquée, je ne comprends pas.
Mère : Tu vois bien que ce n'est pas le moment. Je ne peux
pas lâcher ce que j 'ai sur le feu.

C'EST LE MOMENT OU JAMAIS !


familier.
A : J'en ai marre de ce service. J'ai bien envie de demander
mon changement.
Β : C'est le moment ou jamais. Le bruit court qu'un nouveau
service informatique va s'ouvrir sous peu.

C'EST UN MONDE !
= c'est exagéré. Marque la réprobation, presque l'indignation,
familier, populaire.
Père : Je dois aller en ville. Veux-tu venir avec moi ?
Mère : Hais je crois bien avoir entendu la voiture partir
tout à 1 'heure !
Père : Et qui serait parti avec ?
Mère : Olivier ! Je pensais qu 'il t'avait demandé et que tu
étais d'accord !
Père : C'est un monde ! A qui est-elle à la fin cette voiture ?

IL FAUT DE TOUT POUR FAIRE UN MONDE !


(indique que toutes sortes de gens et de situations se trouvent
dans la société)
Situation: A et Β parlent de quelqu'un qu'ils connaissent, qui vit
complètement isolé à la campagne:
A : Je ne comprends pas comment il peut arriver à supporter
cette vie qu'il mène ?
Β : Mais, si cela lui plaît ?
A : Oui, c'est vrai, il faut de tout pour faire un monde !

C'EST LE MONDE A L'ENVERS !


(se dit plutôt que le monde renversé .')
caractérise une situation contraire à l'ordre habituel.
Situation: Le fils à ses parents qui veulent aller au cinéma:
Le fils : Oh non, vous ne pouvez pas sortir ce soir, je dois
passer prendre Olivier, Pierre et Marie. Je leur ai promis.
Le père : Ah ça, c'est trop fort ! Ce sont les enfants qui décident
maintenant ? C'est le monde à l'envers !
373

IL Y A DU MONDE ?
= il y a quelqu 'un ?
populaire, familier.
Situation: Un client entre dans un petit magasin. Il entend
du bruit, mais personne ne vient:
Client : II y a du monde ?

PASSEZ LA MONNAIE !
= envoyez l'argent !
populaire.
Situation: Un groupe d'amis a organisé une fête où chacun doit donner
une petite participation financière. L'un passe dans le groupe pour
récolter l'argent.
A : Passez la monnaie!

PETIT MONSTRE 1
terme affectueux, par antiphrase,
familier.
Situation: Un enfant n'arrête pas de faire des bêtises; il vient de
casser quelque chose en jouant au ballon:
La mère (excédée) : Mais enfin, Julien, quand vas-tu te calmer ?
Le père (plus indulgent): Petit monstre !

JE VAIS LUI MONTRER DE QUEL BOIS JE ME CHAUFFE !


= je vais lui montrer qui je suis/Il va trouver à qui parler.
populaire.
Situation: Le voisin des Durand n'arrête pas de leur faire des
tracasseries. La tension monte chaque jour davantage:
L'enfant : Papa, mon ballon est tombé chez le voisin. Il m'a dit qu'il
me le confisquait, que je n'avais qu'à faire attention.
Le père χ Ah ça ! Ça commence à bien faire l Je vais lui montrer
de quel bois je me chauffe !

JE M'EN MOQUE !
= ça m'est égal.
familier.
A : Attention à ce que tu vas lui dire. Tu sais qu 'il peut
se vexer facilement.
Β : Je m'en moque ! Je ne vois pas pourquoi je me gênerais,
sous prétexte qu'il s'agit de 'Monsieur X'. Si j'ai
quelque chose à lui dire, je le lui dirai et tant pis
s'il le prend mal.
374

VOUS VOUS MOQUEZ DU MONDE !


un peu littéraire,
familier.
Situation: Un professeur donne un sujet de dissertation. Un élève
rend sa copie avec en tout et pour tout, 4 lignes:
Le professeur : Vous vous moquez du monde mon jeune ami !

JE SUIS MORT(E) I
populaire.
Situation: Mme Β rentre tard de son travail. Elle se laisse tomber
sur le canapè:
Mme Β : Ouf, je suis morte ! On a eu une journée harassante.

MOTUS 1
familier, populaire.
Situation: M. X rencontre son ami, M. Y en galante compagnie, son
épouse étant partie en vacances:
M. X : (en aparté) Ben dis donc, tu ne t'ennuies pas !
M. Y : Pas mal, hein ! Hais surtout motus !

VAS-Y MOU 1
" vas-y mollo/fais doucement !
populaire, argotique.
Situation: Hubert a une mauvaise nouvelle à annoncer â Christine:
Hubert : Je ne sais pas comment lui présenter la chose.
C'est délicat !
Serge : Vas-y mollo 1 On ne sait jamais avec les femmes !

QUELLE MOUCHE LE PIQUE ?


= pourquoi se met-il en colère/réagit-il de façon inattendue et
brusque ?
populaire, argotique.
Situation: Deux amis sont en train de discuter dans la rue. L'un des
deux s'arrête soudain de parler et part en courant:
A : Attends-moi une minute, je reviens !
Β : Quelle mouche le pique ?
A revient.
A : J'avais aperçu Jacques et je voulais justement passer le
voir ce soir.

NE PAS SE MOUCHER DU COUDE


a) = se prendre pour quelqu'un d'important.
b) = exagérer, ne pas y aller avec le dos de la cuillère,
populaire, argotique.
a)
M. X : Depuis qu'il est passé chef, Georges exige qu'on
• l'appelle 'Monsieur Dubois' I
M. Y : Il ne se mouche pas du coude. Quand on sait à quoi
il doit sa promotion !
375

b) Situation: Lors d'un festival, les organisateurs demandent à un


artiste connu de venir se produire:
A : Tu sais combien il demande pour la soirée ?
Β : Oui, on peut dire qu'il ne se mouche pas du coude !

ON NE PREND PAS LES MOUCHES AVEC DU VINAIGRE !


= il ne faut pas essayer d'amadouer les gens, alors qu'on agit mal à
leur égard.
familier, populaire.
Situation: Après une brouille (dispute):
Mme A : Il faudrait retourner voir les Martin, quand même i
M. A : Ah non 1 Certainement pas !
Mme A : J'ai l'impression qu'ils ont envie de renouer des
relations amicales I
M. A : On ne prend pas les mouches avec du vinaigre.

JE LE MOUDRAIS !
= accabler quelqu'un de coups,
populaire.
Situation: Une dispute a éclaté entre 2 hommes. Ils en viennent aux
mains, mais on réussit â les séparer:
Il ne perd rien pour attendre I Si je le rencontre, je
le mouds !

ON N'EN MEURT PAS !


= ce n'est pas grave.
familier.
Situation: Un adolescent doit aller chez ses grands-parents. Il avait
prévu de sortir avec ses amis:
Adoles. : Je ne veux pas y aller. Je m'ennuie là-bas. Il n'y
a rien à faire l
Parents : Viens avec nous, cela leur fera plaisir. Allez,
va, on η 'en meurt pas !

IL MOURRA DANS LA PEAU D'UN IVROGNE !


= il ne se corrigera pas.
populaire, argotique.
Situation: M. Duval, alcoolique notoire, a déjà fait plusieurs cures
de désintoxication:
M. Ρ : Il paraît qu 'il a recommencé à boire et qu 'il
a fait une crise de dêlirium trêmens I
M. Β : Oh, il mourra dans la peau d'un ivrogne t
376

QUE JE MEURE SI JE MENS !


quand on jure quelque chose,
familier.
M. Β : Les Durand viennent de partir au Club Méditerannée.
Mme Β : Non ! Eux ? Pas possible ! Ils juraient leurs grands dieux, que
jamais, au grand jamais, ils ne mettraient les pieds dans un de
ces clubs !
M. Β : C'est pourtant la vérité. Que je meure si je mens !

NE TE FAIS PAS DE MOURON !


= ne te fais pas de souci !
populaire, argotique.
Situation: Un couple doit organiser une fête dans son jardin. Le
temps est incertain:
Mme D : Pourvu qu 'il ne pleuve pas !
M. D : Ce n'est pas la peine de te faire du mouron. On
pourra toujours se replier au salon.

REVENONS A NOS MOUTONS !


après une digression: revenons à notre sujet !
populaire.
Situation: André doit passer chercher Jean pour aller au cinéma. Ils
parlent de sa nouvelle voiture:
Jean : Bon, revenons à nos moutons ! A quelle heure
exactement passes-tu me prendre ce soir ?

PAS MOYEN !
= Rien à faire Dit parfois sur un ton agacé.
Bernard : André tu me revends la petite statuette
que tu as achetée la semaine dernière ?
André : Pas question ! Elle me plaît beaucoup.
Bernard : A moi aussi ! Je t'en offre le double !
André : Même dix fois son prix, c'est non !
Bernard : Y'a pas moyen !

CELA FAIT UNE MOYENNE !


familier.
Un commerçant : Aujourd'hui, ça n'a pas très bien marché.
Sa femme : Heureusement qu 'hier, nous avons fait une
bonne recette, ça fait une moyenne.

LES MURS ONT DES OREILLES !


il y a parfois des gens indésirables qui peuvent entendre certaines choses,
familier, populaire.
Situation: Des parents discutent de la surprise qu'ils veulent faire à
leur fils pour son anniversaire. Arrive l'enfant en question:
Chut, attention, les murs ont des oreilles !
377

PASSEZ MUSCADE !
cf. le tour est joué. Faire disparaître ou escamoter quelque chose sans
qu'on s'en rende compte.
Situation: Quelqu'un veut dissimuler quelque chose qu'il a endommagé.
Oh, si je η'arrive pas à le réparer, je vais acheter le même et
passez muscade, il n'y verra que du feu.

UNE PAILLE »
familier.
Situation: Quelqu'un est vendeur d'une maison, des gens se renseignent:
A : Combien demandez-vous pour votre maison ?
Β : Dix millions !
A : Oh ! une paille ! ! 1
peut également s'employer en parlant du temps:
Situation: Deux personnes se rencontrent fortuitement alors que voici
très longtemps qu'elles ne se sont pas vues:
A : Voilà combien de temps que nous nous sommes vus ?
Β : Ça fait une paille !

JE NE MANGE PAS DE CE PAIN-LA !


expression populaire.
Situation: A quelqu'un à qui l'on veut 'arranger' une facture pour
bénéficier d'achats non effectués:
A : Pouvez-vous me mettre ces articles en lieu et place de ceux-ci sur
la facture afin de bénéficier du remboursement ?
Β : Moi, monsieur, je ne mange pas de ce pain-là, pour la magouille
allez ailleurs !

LA PAIX !
populaire.
Situation: Une personne qui vient d'être dérangée pour la Xëme fois
demande d'être quelques minutes tranquille:
A : Voilà cent fois qu'on me dérange, je veux la paix !/fichez-moi la
paix deux minutes !
Β : Ne criez pas comme ça, on va vous foutre la paix, on s'en va !

MINUTE PAPILLON !
populaire.
Situation: A un petit gamin qui a 'bien vite' fait de se sauver après un
accord de sortie, cela semble louche...
A : Hep, petit, minute papillon, pourquoi cette précipitation à te
sauver ? qu'est-ce que cela cache ?
Β : Rien M'sieur, j 'vais annoncer la bonne nouvelle aux copains !
378

TU PEUX EN FAIRE DES PAPILLOTTES !


plutôt Tu peux en faire des confettis l
jamais entendu parlé de papillottes. Sans doute régional.
Situation: Une personne qui croit avoir trouvé une carte géographique très
intéressante... :
A : Regarde, cette carte représente un document ! Elle est si ancienne
qu 'elle a sûrement de la valeur 1
Β : ru peux en faire des confettis de ta carte, elle η'a aucune valeur
étant donné que la région η'a jamais eu ces frontières !

A FORCE D'EN PARLER ça va finir par arriver !


familier.
Situation: Une personne obsédée par la maladie se croit atteinte d'un mal
incurable, ses amis la mettent en garde:
A : Tu parles toujours de ce mal, tu es persuadée de l'avoir, un jour,
à force d'en parler, ça va finir par arriver !
Β : Ce mal m'obsède et d'en parler η 'est pas contagieux I

PARAIT QU'ON VA AVOIR LA GUERRE !


populaire.
Situation: Deux voisins de palier en disgrâce depuis fort longtemps sont â
bout de nerfs 1'un envers 11 autre. La femme de 1'un annonce à son mari :
A : Paraît qu'on va avoir la guerre avec les voisins, ils veulent nous obliger
à nous séparer de notre chien car il est trop bruyant.
Β : S'ils veulent la guerre, ils l'auront, mais nous ne céderons pas, nous
supportons bien leur chaîne Hi-Fi.

PARCE QUE !
populaire.
Situation: Souvent la réponse 'muette' à Pourquoi ?
Pourquoi ... tu ne veux pas sortir ?
Pourquoi tu ne veux pas te lever ?
Pourquoi tu ne veux pas ? etc parce que !

parce que ! est donc une réponse sans suite ....

PARDI !
populaire. Synonyme de Tu parles !
expression régionale employée par les gens du Midi.
Situation: Quelqu'un qui joue aux boules:
A : Regarde un peu si ma boule est bien placée près du cochonnet ?
Β : Pardi que tu le tiens le point, allez joue !

JE VOUS DEMANDE PARDON !


familier.
Si c'est sous forme de formule de politesse, langage courant.
Si c'est sous forme interrogative, c'est que l'interrogé croit avoir mal
entendu:
379

Situation: Dans un bureau, une charmante personne vient de donner sa


démission alors que personne ne s'y attendait:
A : Monsieur, je vous remets ma démission !
Β : Je vous demande pardon ?
A : Vous avez fort bien entendu, je vous remets ma démission i
gui sert à introduire une rectification.
Situation: Une personne conteste sur le jour d'un rendez-vous:
A : C'est aujourd'hui que nous avions rendez-vous !
Β : Je vous demande pardon, c'est demain, c'est bien noté sur mon
carnet, je suis formel !

PARDON !
sorte d'exclamation superlative,
populaire.
Situation: Deux femmes parlent d'une troisième très forte (de corpulence):
A : Je croyais Mme X forte, mais à côté de Mme Ζ ce η 'est rien 1
Β : Madame Ζ I pardon Ì qu 'est-ce qu 'elle tient comme tour de hanches !

JE NE ME PARDONNERAI JAMAIS !
familier.
Situation: Une personne qui n'a pas surveillé un enfant qui lui était
confié et qui est tombé dans les escaliers:
A ·. Je ne me pardonnerai jamais de ne pas avoir sufissamment surveillé
cet enfant qu'on m'avait confié l
Β : Allons, ce n'est pas si grave, il y a eu plus de peur que de mal, mais
je sais, 'on s'en veut' de ne jamais faire assez !

RENDRE LA PAREILLE
voir je ne le raterai pas !
populaire.
Situation: Un automobiliste vient de faire une 'queue de poisson' à
un autre:
A : Il est pas cinglé de conduire comme ça ! me couper la route en plein
devant, attends un peu, je vais lui rendre la pareille l
Β : Quel intérêt â rendre à l'autre ce qu 'il t'a fait ? ça ne t'apporte rien l
'face à face': Situation: Sur un court de tennis, un joueur se croyant plus
malin fait courir son adversaire à droite et á gauche durant la période
d'entraînement:
A : Tu te crois malin de me faire courir ainsi ? Tu n'es pas le plus fort !
Β : Je te rends la pareille, qui est-ce qui tout à 1 'heure, durant l'echauf-
fement, me promenait de droite à gauche ? i mon tour maintenant de
m'amuser !
380
C'EST DU PAREIL AU MEME !
populaire.
Situation: Deux touristes cherchent un hôtel confortable, après plusieurs
essais ils concluent:
A : A ton avis tu penses que celui-ci est mieux au point de vue
restaurant que 1 'autre ?
Β : Oh, je crois que c'est du pareil au même, l'un et l'autre
ils se valent !

PARFAITEMENT !
populaire.
Situation: Un patron parle à son employé:
A : Vous me rédigerez ce rapport pour demain, 17 heures, au plus tard 1
Β : Mais Monsieur, ça ne fait que 24 heures pour 80 pages de rapport !
A : Parfaitement ! mais vous avez le temps si vous êtes bien organisé !
/aucune contestation possible !/c'est ainsi, un point c'est tout !

LES PARIS SONT OUVERTS !


populaire.
Situation: Deux enfants discutent sur leur prochaine rentrée en France après
les examens:
A : Je me demande si tu auras une moto en France ?
Β : Les paris sont ouverts, moi je parie que j 'en aurai une !

IL Y A GROS A PARIER QUE


populaire.
Situation: Deux personnes parlent à propos des prochaines élections:
A : Quels sont vos pronostics pour les prochaines présidentielles ?
Β : Il y a gros à parier que le parti actuellement au pouvoir soit réélu !

JE L'AURAIS PARIE!
populaire.
Situation: Deux amis parlent ensemble:
A : ru sais grue X a gagné le match de tennis ?
Β : Je 1'aurais parié, il est le meilleur I

JE PARIE ?
familier.
Situation: Au sujet du prochain tournoi de ping-pong:
A : Tu t'es inscrit le premier je parie ?
Β : Tu as gagné.
effectivement cette expression signifie: 'je suis sûr que'
381
C'EST UNE FAÇON, UNE MANIERE DE PARLER,
familier.
Situation: Une personne vient de se vexer par une expression qui lui a
été adressée:
A : Vous venez de me dire: il faut vraiment être 'con' pour faire une chose
pareille ! je vous remercie, mais je n'apprécie pas ce langage !
Β : Ne le prenez pas mal, c'est une façon de parler / une manière de parler,
η'y voyez rien de préjoratif !

PARLONS-EN !
populaire.
Situation: Deux amateurs de voitures de sport discutent des performances de
chacune d'elle, bien sûr, chacun mise sur la meilleure ... la sienne:
A : Je t'assure que la voiture X est la meilleure quant au rendement qualité
prix, de plus elle est très économe...
Β : Ah oui, parlons-en de l'économie ! c'est peut-être une bonne routière,
mais en ville... quel gouffre !

IL TROUVERA A QUI PARLER !


populaire.
Situation: Une personne apprend qu'on veut la voir pour lui soumettre des
revendications, très en colère cette personne attend, de pied ferme:
A : Le personnel désire vous voir pour revendiquer des heures
supplémentaires I
Β : Que le délégué entre, il trouvera à qui parler. S'il faisait travailler
ses ouvriers au lieu de les laisser bavarder il η'y aurait ni revendi-
cation, ni heures supplémentaires !

PARLEZ-MOI... |
familier.
Situation: Un homme rêve d'avoir une petite femme, bien mignonne, bien
soumise, etc.... :
A : Ah ! parlez-moi d'une petite femme comme Madame X, elle a l'air si douce 1
Β : Parlez-moi plutôt de Mme Y, elle est beaucoup plus jolie !

QU'ON NE M'EN PARLE PLUS !


populaire.
Situation: D'une personne qu'on a assez vue et dont on ne veut plus entendre
parler :
A : Veuillez raccompagner ce client à la porte et qu'on ne m'en parle plus 1
Β : Je comprends votre irritation, mais il s 'impose et j'ai beau lui expliquer
qu 'il est indésirable, on le chasse par la porte, il rentre par la
fenêtre !
382

TU PARLES 1
populaire.
Situation: Une personne promet, à l'avenir, d'être 'beau joueur1 au scrabble,
mais l'interlocuteur n'y croit pas et émet tous ses doutes dans l'expression
tu parles 1
A : Je te promets de ne plus me fâcher et de ne plus tricher au scrabble
avec toi !
Β : Tu parles I tu promets toujours et tu ne tiens rien ! (en vulgaire:
cause toujours I)

PAROLE !
familier.
Situation: Une personne s'engage â tenir sa promesse de ne plus fumer:
A : Parole ! je ne touche plus une cigarette â partir de maintenant !
Β : Parole ! (il entérine la promesse) (promis/pari tenu 1 etc...)

PART A DEUX !
familier mais plutôt dans: Moitié, Moitié I
Situation: A un anniversaire un énorme gâteau est partagé, mais les parts
sont trop grosses, quelques estomacs délicats proposent:
A : C'est délicieux, mais vraiment trop gros pour moi, on fait moitié,
moitié ?
Β : Volontiers l

TOUTE PLAISANTERIE MISE A PART


familier.
Situation: On plaisante une personne sur son mal aux dents,selon une
expression qui dit que c'est le mal d'amour:
A : Alors, on a le mal d'amour ?
Β : Toute plaisanterie mise â part, je souffre et je vous assure que je
ne pense qu'à ma dent qui fait abcès.

ET A PART ÇA ?
familier,
et autrement ?
Situation: Deux personnes conversent au téléphone et se donnent les
dernières nouvelles:
A : Comment allez-vous ? et ces douleurs ? et les enfants
Β : Tout va pour le mieux, et â part ça, comment ça va chez vous ?

JE SUIS PARTANT I
familier. Je suis preneur/je suis d'accord.
Situation: Lors de projets de vacances en canoë on cherche des volontaires:
A : Des volontaires pour le canoë cet été ?
Β : OK, je suis partant 1
383

C'EST UN PEU PARTICULIER


familier.
Situation: (dans le sens préjoratif) A l'armée on se moque d'un gars qui
a des allures de demoiselle:
A : Que pensez-vous de cette nouvelle recrue ?
Β : Euh ... C'est un peu particulier ...

C'EST PARTI (mon Kiki) !


populaire.
Situation: Devant un très gros travail, on retrousse ses manches et en
pleine forme on va attaquer, attention...
A : Allez on va se mettre au boulot, on va commencer !
Β : OK, on attaque, c'est parti mon Kiki I

PAS D'HISTOIRES !
familier.
Situation: Pour séparer deux enfants qui se battent commes des chiffonniers:
A : Allez les gosses, pas d'histoires, on range et on va coucher l
Β : On fait pas d'histoires, mais on voudrait des bonbons !

N'EST-CE PAS ?
Formule de politesse.
Situation: Une personne demande un service dans un magasin:
A : Pouvez-vous me soulever ce baril ?
Β : Bien sûr, c'est trop lourd pour vous, n'est-ce pas ?

SOIT DIT EN PASSANT


familier.
Situation: Un patron parlant de l'un de ses employés:
A : J'ai remarqué que ce garçon n'était pas très intelligent !
Β : Exact, son quotient intellectuel n'est pas très élevé soit dit en
passant, mais c'est un très gros travailleur !

PASSEZ DONC !
familier, formule de politesse.
Situation: Dans un magasin un homme s'efface fort poliment devant une dame:
A : Je vous en prie, Madame, passez-donc !

Β : Que c'est aimable a vous, la courtoisie est si rare de nos jours I

ON NE PASSE PAS !
formule militaire souvent employée à la douane aux frontières.
384

LA SENTIR PASSER
populaire.
Situation: Deux amis parlent d'une connaissance commune qui vient de faire
réparer sa voiture et a dû payer une somme fort élevée pour la remise en
état de celle-ci:
A : Tu as vu X comme sa voiture est bien réparée ?
Β : Elle peut, étant donné le prix qu'il a payé chez le garagiste,
il a dû sentir passer la douloureuse ! (la facture a dû être lourde)

PASSE ENCORE !
familier.
Situation: A l'annonce de la visite d'une famille africaine en France
c'est l'affolement:
A : Tu sais que nos amis africains vont nous rendre visite ?
Β : Oui, ça m'affole ! lea amis d'accord, passe encore, mais ils
sont toujours accompagnés d'autres amis ! on ne s 'en sortira
pas à moins de 10.

J'EN PASSE !
familier.
Situation: Deux commères parlent de jeunes filles du quartier:
A : Ah vous savez, je pourrai vous en dire des choses sur
cette demoiselle !
Β : Oh, mais vous ne savez pas tout, j'en passe (et des meilleures).

PASSEZ-MOI LE MOT !
familier.
Situation: Une personne veut répéter la conversation qu'elle a
entendue mot pour mot:
A : J'ai entendu dire qu'il fallait être complètement, passez-moi
le mot, con, pour accepter la cohabitation !
Β : D'accord, mais je ne pouvais faire autrement.

PASSEZ LA MONNAIE !
plus populaire que familier.
Situation: Dans une réunion de famille chacun fait son tiercé, au
moment de récolter les fonds:
A : Ça y est ? tout le monde a fait son tiercé ?
Β : D'accord ! alors passez la monnaie !

ÇA NE SE PASSERA PAS COMME ÇA !


populaire.
Situation: Une personne apprend que, contrevenant ä ses ordres il y a
un chat dans la maison:
A : Parait-il qu 'il y a un chat dans la maison ? je ne le tolérerai pas,
vous allez voir ce que vous allez voir, ça ne se passera pas comme ça !
Β : D'accord, vous y mettrez bon ordre, mais vous ferez beaucoup de
peine aux enfants !
385

TOOT SE PASSE COMME SI


familier.
Situation: Une personne a la désagréable impression que dans sa propre
maison on ne tient pas compte de son avis:
A : rout se passe comme si je n'existais pas ici, chacun prend des
décisions et on ne me demande même pas mon avis !
Β : C'est une impression que vous avez, tout se passe ici normalement,
mais il est des questions trop terre à terre qui ne vous concernent pas !

JE ME PASSERAIS BIEN VOLONTIERS DE CETTE CORVEE !


familier.
Situation: Une personne flatte une autre en apprenant qu'elle est invitée
à une grande manifestation:
A : Alors ma chère ! on est invitée au dernier vernissage à PARIS !
Β : Croyez bien que je me passerais bien volontiers de cette corvée !

VOILA QUI SE PASSE DE COMMENTAIRES !


familier.
Situation: Une personnalité a eu un accueil assez froid de la part de
la population:
A : X a eu un accueil assez froid de la part de la population, voilà
qui est un signe !
Β : Effectivement cela se passe de commentaires, il η 'était pas désiré I

ET PATATI ! ET PATATA !
familier.
Situation: Deux concierges bavardent sur le pas de leur porte, elles ne
tarissent pas de dire du mal de leurs locataires:
A : Vous savez que la veuve du 6ème a un amant, et puis le vieux du
rez-de-chaussée a attrapé la grippe !
Β : Dans mon immeuble il y a eu un vol au 3ème 1 'autre soir, la pin
up du 5ême a reçu une bande de jeunes voyous et patati et patata.

PATIENCE !
familier.
Situation: Une personne qui se trouve dans une mauvaise passe se demande
si cela va bientôt s'arrêter; elle confie á son amie:
A : Je me demande si mes malheurs vont bientôt s'arrêter ! je η 'en sors
pas, d'un ennui, je tombe dans l'autre 1
Β : Allez patience 1 ça va s'arranger, tu vas voir, tu passes un mauvais
moment, mais ça ne peut durer .'
386
PATIENCE !
interjection exprimant la menace.
familier.
Situation: X vient d'apprendre que son meilleur ami l'a trahi, il est
furieux et confie autour de lui à ceux qui 1'écoutent:
A : Je viens d'apprendre la trahison de mon meilleur ami, je suis
dans une rage folle, il va me le payer cher ! Patience ! je
vais me venger quand viendra mon heure !
Β : Ne te mets pas dans des états pareils, ça va s'arranger !

IL N'y A PAS DE QUOI PAVOISER !


familier.
Situation: Le fils X est très fier de son exploit en maths alors que
tout le monde est au courant que c'est un tricheur fini:
A : Hé les gars, j'ai 18 en maths, c'est bien moi le plus fort !
Β : Nous qui savons comment tu travailles, nous pensons qu 'il η 'y
a pas de quoi pavoiser, quand on triche comme tu triches, on
a intérêt à rester discret !

JE SUIS PAYE POUR SAVOIR QUE


familier.
Situation: Dans une histoire d'héritage une personne donne conseil à une
autre car elle a vécu un cas semblable, elle parle donc d'expérience:
A : Croyez-moi ma chère, dans ces histoires de successions il faut de
suite alerter le notaire, sinon vous allez vous trouver devant un
blocage, je sais de quoi je parle, j 'ai payé pour le savoir !
Β : C'est vrai, je me souviens, 1 'an passé vous étiez dans le même cas,
vous allez donc pouvoir me faire profiter de votre expérience !

JE NE SUIS PAS PAYE POUR ÇA !


familier.
Situation: Dans un club sportif où l'on sollicite de la bonne volonté de
tout le monde il y a toujours des grincheux qui rechignent á l'ouvrage:
A : Vous seriez gentil de bien vouloir ramasser les bouteilles de coca
qui traînent, ça fait négligé !
Β : Il en est hors de question, je ne suis pas payé pour ça, mon râle
est le bar et pas de faire le tour du parc pour ramassage !

CE N'EST PAS PAYE !


familier.
Situation: Une personne fort dévouée s'occupe d'un petit musée local:
A : Madame X fait 1'admiration de toute la ville par son dévouement et
par les connaissances qu'elle met à disposition du public !
Β : Vous pouvez également ajouter 'par son abnégation ' car tout ce
travail η 'est pas cher payé !
387

TOUT SE PAIE !
familier.
Situation: Par sa mauvaise langue une femme a fait bien du mal à une
collègue, celle-ci en pleurs se confie:
A : Ce n'est pas possible d'inventer tant d'absurdités pour faire tant de mal !
Β : Ne t'en fais pas, tout se paie, un jour elle subira le retour de bâton !

C'ETAIT BIEN LA PEINE DE TANT TRAVAILLER 1


familier.
Situation: Une personne se désole d'avoir peiné jour et nuit en crochetant
une magnifique couverture de laine:
A : Voici deux ans que je travaillais sur cette couverture, elle était du plus
bel effet, c'était bien la peine d'avoir tant travaillé pour la retrouver
dans cet état !
Β : Mais que vous est-il arrivé ?
A : C'est en la donnant au teinturier, ils sont tout feutré, c'est
irréparable !

PENDANT QUE VOUS Y ETES


familier.
Situation: Une personne demande une permission pour sortir de son bureau
afin d'effectuer une course, sa collègue l'interpelle:
A : Pendant que vous y êtes, prenez-moi également un kg de pommes !
Β : D'accord, pas de problème I J'y penserai.
ironique.
Situation: Une personne très jalouse s'accapare tout ce que se procure
son amie, mais il y a tout de même des limites:
A : Pendant que vous y êtes, prenez-moi également ma chemise !
Β : Ne vous fâchez pas, je ne veux pas vous manger la laine sur le dos,
je voulais seulement partager vos goûts !
A : Moi, je vous trouve envahissante !

CELA LUI PEND SUR LA TETE OU CELA LUI PEND AU NEZ


familier.
Situation: Devant la façon imprudente de conduire on est amené á faire
les réflexions suivantes:
A : Sa vitesse est vraiment excessive ! il va lui arriver un malheur,
ça lui pend au nez !
Β : Il l'aura bien cherché ! un accident est si vite arrivé 1

IL NE VAUT PAS LA CORDE POUR LE PENDRE !


familier.
Situation: Une personne éprouve beaucoup de peine suite á une réflexion
d'un chef toujours d'une humeur massacrante:
A : Tu ne vas tout de même pas éprouver un pareil chagrin pour un chef
qui ne vaut même pas la corde pour le pendre !
Β : Même s 'il η'en vaut pas la peine, il a des réflexions bien blessantes !
388
QU'IL AILLE SE FAIRE PENDRE AILLEURS !
familier.
Situation: En parlant d'une personne très exigeante, jamais satisfaite:
A : Ce vieux bonhomme, qu'il aille se faire pendre ailleurs l il η 'est
jamais content, on ne sait pas quoi faire pour lui faire plaisir !
Β : En effet, il râle toujours !

JE VEUX ETRE PENDU SI


familier.
Situation: Dans une explication très embrouillée, une personne cherche à
comprendre, mais plus elle cherche, plus ça s'embrouille:
A : Ce système de circuits imprimés me paraît très complexe, plus je vous
demande d'explications pour connaître les raisons de la panne, plus je
m'embrouille, je veux bien être pendu si j'arrive à comprendre !
Β : Mais si, vous allez voir, un peu de patience et ça va venir, bien sûr
au début c'est difficile.

A LA PENSEE QUE/DE
familier.
Situation: S'emploie très souvent avec des sentiments de nostalgie pour un
être qui n'est plus, un objet rare, cher, précieux ou simplement auquel on
tient.
A la pensée que 1'an passé â pareille époque notre père vivait 1
A la pensée que nous avons passé toute notre jeunesse dans cette
maison aujourd 'hui abandonnée I
A la pensée que nous avons joué dans cette rue aujourd 'hui si
passante !
A la pensée de tous les livres
de tous les jouets
de toutes les robes que j'avais étant jeune .'...
A la pensée que ce jeune homme qui présente si bien soit un voyou !
je η 'en reviens pas !

TU PENSES CE QUE TU VEUX !


familier.
Situation: Dans un couple le mari n'a pas du tout le même point de vue que
Madame sur la voisine d'en face, il s'ensuit une scène:
A : Puisque je te dis que cette femme a bien du mérite â élever ses
enfants et à travailler, je pense qu'il ne faut pas lui jeter la pierre...
Β : Tu penses ce que tu veux, mais moi je te dis qu 'elle court après
tous les hommes...
389

JE LEUR MONTRERAI MA FAÇON DE PENSER !


familier.
Situation: Dans un village le ton monte entre deux voisins car un troisième
en prend fort à son aise pour la construction d'un mur, sans aucune autori-
sation il dresse celui-ci entre eux en empiétant sur leur terrain:
A : Ce n'est pas que je vais me laisser faire coirne ça par ces malappris,
sans aucune gêne il dressent ce mur !
Β : Ne vous en faites pas, je vais me procurer le texte de loi et fort de
mon droit je leur montrerai ma façon de penser !

MAIS J'Y PENSE !


familier.
Situation: Lors d'une promenade dans la forêt, tout à coup revient â l'idée
de la petite fille que c'est la fête de sa maman:
A : Mais j'y pense ! c'est aujourd'hui ta fête et j'allais oublier, viens
vite que je t'embrasse !
Β : C'est vrai, il était temps que tu y penses !

PENDANT QUE J'Y PENSE !


familier.
Situation: Vite avant d'oublier, il faut agir:
A : Pendant que j'y pense,je vous rends les 500 F. que je vois dois, sinon
je vais oublier !
Β : Pendant que j 'y pense également,je cours à mon rendez-vous chez le
coiffeur !

JE NE PEUX LUI DIRE TOUT CE QU'ON PENSE SUR LUI !


familier.
Situation: Un pauvre gars se berce d'illusions sur son travail, il pense
être estimé de tout le monde alors que par derrière se trame son licen-
ciement. ..
A : Pauvre garçon/ H ne sait pas ce qui 1 'attend 1 je voudrais bien le
prévenir mais je ne peux lui dire tout ce qu 'on pense de lui !
Β : Effectivement, il est des vérités que l'on ne doit pas dire, il
vaut mieux trouver une formule courtoise, il sera moins affecté.

JAMAIS JE N'AURAIS PU PENSER CELA !


familier.
Situation: En parlant d'un jeune couple qui avait l'air de s'entendre â
merveille:
A : Quand je pense qu'il la trompe ! je tombe de haut ! jamais je n'aurais
pu penser cela !
Β : C'est vrai, il donne tellement l'impression d'être amoureux ! il ne
faut pas se fier aux apparences !
390
TU PENSES !
familier.
Situation: Devant un ciel menaçant:
A : II va pleuvoir â ton avis ?
Β : ru penses ! avec le vent qu 'il y a,dans deux heures tous ces nuages
seront poussés vers 1'intérieur !

PENSES-TU !
familier.
Situation: Une personne a mauvaise conscience pensant avoir blessé son
amie par des paroles:
A : Si tu savais comme je me torture en pensant t'avoir fait du mal
l'autre jour !
Β : Penses-tu I je n'ai même pas fait attention, tes paroles n'ont
pas eu l'impact que tu craignais I

PENSEZ QUE...
familier.
Situation: Une personne encourage à un sport violent une femme qui doute
de ses capacités:
A : Vous devriez faire du tennis avec Mme X, elle est très forte 1
Β : Pensez que j 'approche la cinquantaine et que je ne suis plus
toute jeune, il faut que je me ménage l

VOUS NE PERDEZ RIEN POUR ATTENDRE !


familier.
Situation: Deux frères viennent d'éviter une bonne correction (car ils
sont chez des amis) pour une grosse bêtise, mais leur mëre les prévient:
A : Vous deux vous ne perdez rien pour attendre, attendez qu'on soit à
la maison et la correction sera en conséquence !
Β : (tout bas entre eux pour que la mère n'entende pas) elle oubliera
peut-être d'ici la maison !

TU N'Y PERDS RIEN !


familier.
Situation: Lors d'une réunion entre amis, l'un regrette de n'avoir pu
assister â la conférence de la veille:
A : Je regrette de η 'avoir pu me rendre à la conférence sur la Chine !
Β : Tu n'as rien perdu ! ce n'était vraiment pas bien, la qualité de
l'image était très moyenne I

VOUS N'AVEZ PAS UN INSTANT A PERDRE !


familier.
Situation: A la veille des examens le professeur prévient:
A : Hes enfants, le bac dans un mois, vous η'avez pas un instant â perdre
si vous voulez le décrocher I
Β : Oui on le veut, et chaque instant on révise, on s'interroge !
391

IL Y A DES COUPS DE PIED AU DERRIERE QUI SE PERDENT !


familier.
Situation: Devant la mauvaise organisation et la mauvaise gestion d'un
magasin qui devrait marcher du tonnerre:
A : Ce η 'est pas possible de s'y prendre aussi mal pour gérer une affaire
aussi bonne, vraiment il y a des coups de pied au derrière qui se
perdent 1
Β : C'est bien vrai, ils ont tout pour bien faire et ils gâchent tout par
une mauvaise organisation, il g a de quoi s'arracher les cheveux 1

TOUT EST PERDU!


familier.
Situation: se dit très souvent d'une personne qui est malade et qui va
mourir:
A : Docteur que pensez-vous de la santé de mon père ?
Β : Hélas 1 tout est perdu.
se dit au moment des catastrophes:
A : Dans la mine de charbon il reste encore deux mineurs d'ensevelis,
espérez-vous pouvoir les sauver ?
Β : Hélas, non, tout est perdu, le grisou a effondré les voûtes des
couloirs, il ne reste plus de moyen d'accès I

IL N'Y A RIEN DE PERDU !


familier.
Situation: Lors d'un tournoi de tennis, un jeune se désespère d'être mené
très fortement, son père le stimule:
A : Tout est perdu ! je suis mené 5 à 0 I
Β : Il n'y a riend de perdu, au tennis, tant qu'une balle est en l'air, elle
n'est pas perdue... accroche-toi,bon sang 1
ou
Deux mamans échangent des points de vue sur leurs enfants:
A : Mon fils a bien du mal, il travaille mais ce n'est pas concluant Ì je me
demande s 'il s'en sortira dans la vie !
Β : Il n'y a rien de perdu ! certains enfants se sont révélés plus dans
l'âge adulte 1

CE N'EST PAS PERDU POUR TOUT LE MONDE !


familier.
Situation: Une dame cherche désespérément dans la cour un bijou qu'elle a
perdu:
A : Wauriez-vous pas trouvé par hasard ma broche que je viens de perdre ?
Β : Non, je suis désolée, mais elle η 'est pas perdue pour tout le monde,
si celui ou celle qui l'a trouvée η 'est pas honnête !
392
JE SUIS PERDU !
familier.
Situation: Découvrant tout le travail qui lui reste à faire une personne
s'exclame:
A : MOn Dieu ! quand je constate tout ce gui me reste à faire, je suis
découragé, jamais je η 'y arriverai ! je suis perdu !
Β : Mais non, il ne faut pas se décourager, tout η 'est jamais perdu, il
faut s 'accrocher 1

MA TETE EST PERDUE !


familier.
Situation: Devant la diversité des tâches qui lui sont confiées une employée
se désole:
A : Ce η 'est pas possible ! comment vais-je faire pour assimiler tout
cela, je n'en peux plus, ma tête est perdue 1
Β : Mais non, c'est seulement la fatigue qui donne cette impression, mais
la tête est bonne !

MON PETIT PERE !


très familier.
Situation: Se dit plus facilement à un enfant:
A : Alors, mon petit père, comment ça va aujourd 'hui ?
Β : Bien m'sieur, je suis en pleine forme !

PUIS-JE ME PERMETTRE ...


formule de politesse.
à partir de là on peut tout demander:
puis-je me permettre de vous offrir une cigarette l
de vous ouvrir la porte !
de vous raccompagner !
de vous demander 1
de vous déranger l
etc

A la personne interpellée de répondre: mais je vous en prie ! volontiers !

AVEC VOTRE PERMISSION


formule de politesse - disons d'un certain monde - aujourd'hui avec la vie
moderne - nous ne prenons plus cette peine de demander une 'permission'.
Situation: Un domestique, un cadre, un collaborateur ayant terminé son
service, son travail demande au patron:
A : Monsieur, j'ai terminé l'ouvrage que vous m'avez demandé, avec votre
permission, je vous demande de me retirer !
Β : Merci, je vous en prie !
393

PESTE !
interjection marquant 1'étonnement:
Situation: Une personne qui vient d'apprendre sa mutation en fait part â
son collaborateur:
A : Tu sais que je viens d'être nommé chef des ventes à notre siège de
la Réunion !
Β : Peste ! ça va être dur pour te remplacer, mais je suis content pour toi.

ÇA NE VAUT PAS UN PET !


populaire.
Situation: En faisant des comparaisons sur des chaînes Hi-Fi deux personnes
échangent leurs idées:
A : Que penses-tu de cette chaîne, elle présente bien ?
Β : Effectivement, mais en qualité technique elle ne vaut pas un pet
de lapin l

IL VA Y AVOIR DU PETARD !
populaire.
Situation: Deux garçons veulent avoir une explication au sujet d'un différend
qui les oppose, comme ce sont deux tempéraments assez fougueux:
A : ru as intérêt à me fournir des explications sur ton comportement de
l'autre soir, je trouve cela inadmissible, si tu te défiles je saurai
te rattraper !
Β : Tu commences à me casser les pieds avec tes explications, il va y
avoir du pétard si tu continues 1

COMMENT VA CETTE PETITE SANTE ?


familier - petite formule de politesse envers une personne à qui l'on doit
parfois certains égards, comme une personne âgée:
A : Alors, Mme Martin, comment va cette petite santé ce matin ?
Β : Ça va doucement, merci !

CE N'EST PAS UNE PETITE AFFAIRE OU UNE MINCE AFFAIRE !


familier.
Situation: Une femme parle à son amie pour organiser une soirée:
A : Il me faudrait 92 assiettes pour ma soirée 1 peux—tu me dépanner ?
Β : 92 ? ce η 'est pas une mince affaire I

C'EST UNE BIEN PETITE CHOSE !


familier.
Situation: Une personne vient d'acquérir un fonds de commerce et l'expose
à son amie:
A : Je viens d'acquérir un fonds de commerce d'alimentation, oh c'est une
bien petite chose, mais pour débuter c'est suffisant I
Β : Tu as raison, quand tu auras la chose bien en main tu pourras lui
donner toute 1 'expansion voulue !
394
ENCORE UN EFFORT !
familier.
Situation: Des parents, à la veille d'un examen, encouragent encore leur fils:
A : Allez, encore un effort et tu y arriveras !
Β : J'espère que cet effort sera 'payant' 1

CE N'EST PAS PEU DIRE !


familier.
Situation: En parlant d'un patron très exigeant sur certains détails:
A : Quand je dis que mon patron est un tatillon ce η 'est pas peu dire !
Β : C'est vrai qu'il a mauvaise réputation !

IL S'EN FAUT DE PEU !


familier.
Situation: Des parents comparant l'âge et la taille de leurs enfants
remarquent:
A : Il s'en faut de peu que votre fils plus jeune soit aussi grand que
notre aîné 1
Β : Effectivement 1 ou 2 cm et il l'aura rattrapé !

TRES PEU POUR MOI !


familier.
Situation: Une personne qui sollicite pour aller ä un spectacle une autre
personne:
A : Allez, laissez-vous tenter, venez avec nous au prochain spectacle !
Β : Non, je vous remercie, très peu pour moi, ce genre de spectacle, je
η 'apprécie pas du tout !

PARLONS PEU, MAIS PARLONS BIEN !


familier.
Situation: Deux personnes qui ne veulent pas perdre leur temps, tiennent
des propos précis et concis seins détails superflus:
A : Venons-en directement aux faits, parlons peu, mais parlons bien, pour
cette question de marché concernant la vente de céréales, que pro-
posez-vous ?
Β : J'en viens directement aux faits, voici les contacts que j 'ai eus et
les engagements que j 'ai obtenus.

JE VOUS DEMANDE UN PEU !


familier.
Situation: Une personne se trouve surprise qu'X intervienne dans ce genre
de débat qui ne le concerne nullement:
A : Je vous demande un peu de quoi il se mêle ! ceci ne concerne nullement
ses fonctions, veuillez le lui rappeler I
Β : Entendu, je vais faire le nécessaire.
395

SORS DONC UN PEU !


familier.
Situation: A quelqu'un qui se planque après une bagarre:
A : Sors donc un peu pour voir si tu es un homme, montre-toi si tu es
courageux 1
Β : Si je reste chez moi, ce η 'est pas parce que j 'ai peur, c 'est pour
que tu me laisses tranquille !

C'EST UN PEU FORT !


familier.
Situation: Montrant sa surprise de la réaction d'un camarade:
A : C'est un peu fort, tu es en colère parce que j'ai sanctionné une faute
que tu avais commise t le règlement est le même pour tout le monde !
Β : Et si ça me plait de ne pas respecter le règlement ?

UN PEU !
familier.
Situation: A la veille d'une fête au club de sport un garçon demande á son
copain:
A : Tu viens demain à la fête ?
Β : Un peu ! je tiens à rencontrer la petite blonde de l'autre jour et
à danser 1

UN PEU, MON NEVEU !


populaire.
Situation: A table:
A : Veux-tu encore un peu de tripes ?
Β : Un peu mon neveu, elles sont tellement bonnes !

N'AYEZ PAS PEUR !


familier.
Situation: En arrivant dans un bureau pour classer des dossiers:
A : N'ayez pas peur du volume des dossiers, il ne s'agit que de les
classer par ordre alphabétique !
Β : Vous m'avez fait peur ! devant une telle masse je ne me voyais
pas m'en sortir !

PEUT-ETRE
en fin de phrase
familier.
Situation: En invitant quelqu'un â se joindre au groupe de dimanche pour
la chasse:
A : Dimanche il y a une grande battue, vous vous joindrez à nous peut-être ?
Β : Certainement, si vous m'y autorisez J
396

NE TIREZ PAS SUR LE PIANISTE !


familier.
Situation: En parlant d'un gardien bien brave qui se dévoue pour la maison
qui l'emploie:
A : Allez, ne tirez pas sur le pianiste, que ferions-nous sans lui, il est
tellement dévoué, jamais vous ne trouverez un remplaçant de sa qualité !
Β : D'accord, mais il faut qu'il se ressaisisse, il a un peu trop confiance !

ON N'EST PAS AUX PIECES !


courant.
Situation: Une personne qui ne supporte pas le bavardage au bureau passe
dans un service et fait une remarque:
A : Allons, dépêchons-nous, pas le temps de bavarder, j 'attends mon
rapport !
Β : Ce η 'est pas pour ces quelques mots que nous échangeons que le
travail ne sera pas fait, on n'est pas aux pièces !

ÇA VOUS FERA LES PIEDS !


populaire.
Situation: A des amis qui ont fait faux bond à d'autres lors d'une excursion:
A : Alors, vous vous êtes perdus dans la nature ? vous η 'aviez qu 'à nous
attendre, ça vous fera les pieds !
Β : On ne l'a pas fait exprès, mais ceci nous a valu 10 km supplémentaires !

C'EST LE PIED !
populaire.
Situation: Un gars qui admire la dernière acquisition en matière de moto de
son copain:
A : Dis donc, ta moto elle est vraiment chouette !
Β : C'est vrai, c'est le pied pour un climat comme celui-ci !

QUELLE PILULE !
populaire.
Situation: En commentant un match de foot:
A : Tu as vu la dérouillée que les bleus ont mis(e) aux verts 1
Β : 6 à 0, quelle pilule !

IL N'EST PAS A PRENDRE/A TOUCHER AVEC DES PINCETTES !


populaire.
Situation: En parlant d'un monsieur de fort mauvaise humeur:
A : M. Machin est de bien mauvaise humeur ce matin, il a crevé et grillé
un feu rouge ...
Β : Si je comprends bien, il η 'est pas à prendre avec des pincettes !
397

QUI S'Y FROTTE, S'Y PIQUE !


dicton populaire.
Situation: En parlant d'un directeur de société fort peu commode en affaires:
A : Tu η 'as pas intérêt à l'aborder de front, ce monsieur est très
chatouilleux, qui s'y frotte, s'y pique I
Β : Merci du renseignement, je vais tâcher d'user de diplomatie !

CE N'ETAIT PAS DE LA PIQUETTE !


populaire.
Situation: Après un bon repas:
A : Dis donc, ton petit vin nouveau ce η 'était pas de la piquette, il
était gouleyant !
Β : Chez nous on ne boit pas de piquette, plutôt s 'en passer.
ou
A : Vos histoires de famille ce η 'est pas de la piquette !
Β : Non, ce η 'est pas une bagatelle, ça se corse toujours et ça se
termine en drame !

C'EST COMME SI ON PISSAIT DANS UN VIOLON !


vulgaire.
Situation: Sur un chantier un chef s'adresse à un manoeuvre:
A : Alors les conseils que je vous ai donnés ce matin ! ça ne sert â
rien ! c 'est comme si je pissais dans un violon !
Β : Je pensais que ça irait mieux autrement l

QUELLE PITIE !
familier.
Situation: Deux personnes s'apitoyant sur des mendiants:
A : Quelle pitié, ce mendiant de droite 1 regardez ses jambes, il n'y a
que la peau et les os l
Β : Quelle misère, vraiment cette maladie fait des ravages irréparables !

METTEZ VOUS A MA PLACE !


familier.
Situation: Une personne vient de se mettre en colère, on essaye de la calmer:
A : Calmez-vous, ne vous mettez pas dans des états pareils pour si peu
de choses 1
Β : Mettez-vous à ma place, je ne pouvais pas laisser passer qu 'on salisse
ainsi mon travail !

JE VOUDRAIS BIEN VOUS VOIR A MA PLACE !


familier.
Situation: Une personne constate que la bonne humeur de son amie diminue de
jour en jour:
A : Vous η 'avez pas 1 'air de bonne humeur ces jours-ci ?
Β : Je voudrais bien vous voir à ma place ! vous qui refusez toujours du
travail, voyez ce que j 'ai à faire pour demain !
398
JE SUIS BIEN PLACE POUR LE SAVOIR !
familier.
Situation: En parlant de deux personnes qui doivent partir en voyage:
A : M. et Une X partent demain matin en avion en vacances !
Β : Après-demain, je suis bien placé pour le savoir puisqu 'ils
couchent chez moi I

C'EST UNE VRAIE PLAIE !


familier.
Situation: Dans un bureau on essaye d'éviter la compagnie de Melle X car
elle n'est pas drSle:
A : Essayez d'éviter de me placer à côté de Melle X, je ne peux supporter
sa compagnie, c'est une vraie plaie !
Β : C'est vrai, une véritable gâte-sauce ! jamais un sourire ou un mot
gentil !

S'IL VOUS PLAIT !


pour souligner un avertissement.
familier.
Situation: En s'adressant á quelqu'un qui quitte le magasin un peu trop
rapidement:
A : S'il vous plait I où courez-vous ainsi ? il faut d'abord payer
l'addition 1
Β : Je croyais que la caisse était plus loin !

S'IL VOUS PLAIT !


familier/ mais un peu snob.
Situation: En parlant d'une jeune fille bon chic, bon genre:
A : Savez-vous que cette jeune fille est la fille de M. X 1
Β : Le procureur ? oh, s'il vous plait !

PLAIT-IL ?
familier.
Situation: En parlant dans une entreprise d'indemnités qui ne seront pas
versées:
A : Vous savez que les indemnités ne seront pas versées ce mois-ci
comme prévu ?
Β : Plaît-il ? ai-je bien entendu ?

A DIEU NE PLAISE QUE ...


un peu snob.
Situation: En se quittant après une réunion:
A : Au revoir Madame, à 1'an prochain à pareille date !
Β : Λ Dieu ne plaise que nous soyons tous réunis dans de pareilles
circonstances !
399

JE VOUS SOUHAITE BIEN DU PLAISIR !


formule de politesse ironique.
Situation: Une personne parle de sa future réception parmi les invités,
des personnes pas très marrantes sont invitées:
A : Savez-vous que demain a mon dîner je reçois M. X, grand directeur
de la Société Ζ !
Β : Eh bien, je vous souhaite bien du plaisir ! car il η 'est vraiment
pas marrant !

JE NE DEMANDE PAS MIEUX QUE DE VOUS FAIRE PLAISIR !


se dit en principe par une personne gentille qui peut, ou ne peut pas
réaliser le souhait ou le désir de son interlocuteur.
A : Vous seriez gentil d'introduire ou d'appuyer la candidature de mon
fils dans votre Société pour son prochain emploi 1
Β : Je ne demande pas mieux que de vous faire plaisir ! mais hélas, ceci
relève du Conseil d'Administration et je η'ai aucun pouvoir en la
matière !
ou
A : Vous seriez gentille de me dépanner et me taper ce rapport ce week-end,
ceci me rendrait bien service !
Β : Je ne demande pas mieux que de vous faire plaisir, je vais le faire
dés que possible !

FAIS-MOI PLAISIR DE TE TAIRE !


populaire.
Situation: Une maman à son enfant qui la baratine depuis deux heures dans
le but d'obtenir la permission d'aller jouer chez un copain:
A : Je t'en prie ! fais-moi le plaisir de te taire, voici plus de deux
heures que tu me casses les oreilles avec de bonnes excuses l
Β : S'il te plait maman, donne-moi la permission et je ne t'embête plus,
je te promets !
A : Bon d'accord, mais n'y reviens pas 1

DEBARRASSEZ-MOI LE PLANCHER !
populaire.
Situation: Une maman excédée par les cris et les jeux des enfants qui
jouent là, tout près d'elle depuis des heures:
A : Allez ouste ! débarrassez-moi le plancher, voilà des heures que je
vous supporte, je η 'en peux plus, allez dehors ou dans votre chambre,
mais je ne veux plus vous voir 1
Β : D'accord, on va dehors faire du vélo !
A : Bon débarras 1
400

ΚΑIRE TOUT UN PLAT DE QUELQUE CHOSE


populaire.
Situation: Dans un bureau une grande discussion est engagée pour une toute
petite affaire de porte mal fermée entre une secrétaire et un de ses
collègues:
A : Pour la centième fois, je vous prie de bien vouloir fermer la porte,
sinon, j e la condamne et tout le monde sera obligé de faire le grand
tour !
Β : N'en faites pas tout un plat, en voilà une affaire pour une porte mal
fermée !

IL VOUDRAIT QU'ON LUI APPORTE TOUT SUR UN PLATEAU !


populaire.
Situation: Un nouvel employé glane auprès de tout le monde des renseignements
concernant son travail par paresse de se renseigner dans les documents qu'il
possède. Ses collègues sans cesse dérangés commencent à s'impatienter:
A : Le petit nouveau commence à me fatiguer, cent fois par jour il vient me
trouver, il η 'a ni jugeotte, ni esprit pratique !
Β : Tu n'as qu'à l'envoyer ballader, il voudrait qu'on lui apporte tout sur
un plateau, c'est trop facile !
On peut dire également: il attend que ça lui tombe tout rôti ou tout cuit !

N'EN JETEZ PLUS, LA COUR EST PLEINE !


populaire.
Situation: Une personne, très jalouse, dit grand mal de son voisin, celui-ci,
excédé, l'arrête:
A : Cessez de dire ainsi du mal de votre voisin, en voilà assez, η 'en jetez
plus la cour est pleine, après tout c'est un brave homme et il ne mérite
pas vos sarcasmes !
Β : On voit bien que vous ne le connaissez pas, attendez un peu et un jour
vous me donnerez raison !
A : Taisez-vous, mauvaise langue !

C'EST JEAN QUI PLEURE ET JEAN QUI RIT !


expression courante.
Situation: Une mère parle de son fils qui a un caractère émotionnel assez
prononcé, voire instable:
A : Hon fils, c'est Jean qui pleure, Jean qui rit, il peut passer sans
transition d'une situation à l'autre ce qui est assez déroutant pour moi !
Β : Effectivement, un rien lui fait plaisir, un rien lui fait de la peine,
c 'est un caractère trop sensible, il faudra qu 'il s'endurcisse !

CELA NE FAIT PAS UN PLI !


populaire.
Situation: Dans une auto-école un moniteur parle à un client d'un de ses
élèves:
A : C'est à peu près certain qu'il n'aura pas son permis, il n'étudie pas
son code !
Β : Effectivement, s 'il se présente devant 1 'examinateur en ne sachant pas
répondre aux questions, ça ne fait pas un pli, il va être recalé !
401

AUX PLUCHES !
expression surtout employée à l'armée, dans la vie courante c'est par
amusement pour parodier.
Situation: En revenant du marché devant le panier de légumes, la ménagère
invite toute sa petite famille:
A : Allez, tout le monde aux pluches ! et que ça saute !
Β : La barbe ! quelle corvée !

APRES LA PLUIE, LE BEAU TEMPS !


expression romantique, littéraire.
Situation: A une petite fille qui a un gros chagrin pour avoir cassé sa
poupée :
A : Allez, ne pleure pas comme ça, ça va s'arranger, essuie tes larmes,
tu verras ! après la pluie le beau temps !
Β : Il faut faire réparer ma poupée, alors je ne pleurerai plus.

C'EST TOUT CE QU'IL Y A DE PLUS COMIQUE !


familier.
Situation: Quelqu'un raconte une situation embarrassante, mais tout compte
fait marrante:
A : Imaginez-vous, que j'ai dit 'd'entrer' parce que je croyais que c'était
Paul, j'étais en caleçon, et c'était ma voisine du dessus.
Β : Tu as dû te trouver bête sur le coup, mais c 'est tout ce qu'il y a de
plus comique !

QU'IL N'Y AIT PLUS DE ...


souhait.
Situation: Après une difficile réconciliation entre deux pays, deux villes,
deux amis :
A : Nous formulons le voeu qu'entre nous il n'y ait plus jamais de guerre,
de sang, de mauvaises paroles, etc....
Β : Que la paix règne 1

PLUTOT MOURIR !
familier.
Situation: Deux amis se font des promesses avant de se quitter pour une
séparation:
A : Promets-moi de ne pas m'oublier, de penser à moi souvent et de veiller
sur ceux que j 'aime !
Β : c'est promis, plutôt mourir que de ne pas tenir ma promesse !

PLUTOT !
familier.
Situation: En parlant d'un collègue de travail qui n'est pas très malin:
A : Que penses-tu de X ? Il a l'air plutôt lourd d'esprit, il n'est pas
très futé !
Β : Oui plutôt !
402
C'EST DANS LA POCHE !
populaire.
Situation: Un vendeur après de longues négociations sent enfin l'issue
heureuse de ses démarches:
A : Je pense enfin avoir tout à fait persuadé M. X pour acheter le nouveau
modèle de la gamme, mais ça η'a pas été facile !
Β : Je connais bien M. X et je crois que pour toi c'est dans la poche, il
a l'air parfaitement convaincu !

C'EST TOUT UN POEME !


familier.
Situation: Une jeune femme qui parle du caractère de son grand-père:
A : Dans le village il est connu comme le loup blanc, c 'est tout un poème
le grand-père, son caractère est si difficile !
Β : C'est vrai, tout le monde le connaît, sa réputation le précède !

PAS UN POIL !
populaire.
Situation: Dans un bureau une bagarre éclate, il faut que l'un des deux
cède, mais.... :
A : Allez, cède pour arrêter cette bagarre, tu as raison, mais c'est le
plus intelligent qui cède !
Β : Céder 1 ! ! il η 'en η 'est pas question ! pas un poil que je céderai !
qu 'il aille se faire voir!

AU POIL !
populaire.
Situation: Dans un magasin de sport:
A : J'ai le béguin de ce survêtement !
Β : Tu as raison,il te va au poil !

UN POINT C'EST TOUT !


familier.
Situation: Lors d'une discussion, il faut y mettre un point final et clore
le débat :
A : Puisque je vous dis que c 'est en mai qu 'ont eu lieu les manifestations
syndicales !
Β : Reportez-vous à vos journaux de 1 'époque et vous verrez que c 'est en
avril, un point c 'est tout !

C'EST LE POINT D'INTERROGATION !


familier.
Situation: Des joueurs parient sur les futures courses de chevaux:
A : Je pense que Jument Bleue va gagner étant donné ses dernières
performances !
Β : Etant donné son jeune âge, c 'est le point d'interrogation de la
course, elle est capable du meilleur comme du pire !
403
QUEL POISON D'Y ALLER 1/QUELLE POISSE D'Y ALLER !
populaire.
Situation: Deux personnes ayant reçu le même carton d'invitation se
rencontrent :
A : Vous avez reçu votre carton pour le cocktail Machin samedi prochain ?
Β : Hélas oui, quelle poisse d'y aller, je n'en n'ai vraiment pas envie 1
c 'est plus une corvée qu'autre chose !

SOYEZ POLI !
familier.
Situation: Lors d'une discussion oû le ton monte un peu trop, l'un des
interlocuteurs perd son sang-froid, l'autre lui rappelle:
A : S'il vous plaît, soyez poli, ce n'est pas parce que vous avez tort
que vous devez devenir vulgaire !
Β : Avec votre air si satisfait de vous, vous me poussez hors de mes
gonds 1

AUX POMMES 1
populaire.
Situation: Lors d'un anniversaire:
A : Dis-moi, il te plaît ton cadeau ?
Β : Aux pommes ! c'est juste ce que je désirais l

TU ME POMPES L'AIR !
vulgaire.
Situation: Lors d'une scène de ménage X fois répétée:
A : Tu me pompes l'air avec tes scènes, j 'en ai marre 1
Β : Tu η 'as qu 'à faire ce que je te demande !

AVOIR LE POMPON
populaire.
Situation: Deux personnes qui ne s'estiment guère:
A : De la bêtise, tu tiens vraiment le pompon !
Β : Tu ne t'es pas regardé ?
Situation: Deux personnes qui viennent de tirer au sort: les dates de
vacances, les rencontres de tennis, les jours de garde etc
A : Le tirage au sort t'a vraiment favorisé ! tu tiens le pompon !
Β : Oui je reconnais avoir eu de la chance.

CELA ME PORTE SUR LES NERFS !


familier.
Situation: Une secrétaire parlant à sa collègue de son patron:
A : Il a une façon de nous surveiller qui me porte sur les nerfs 1
Β : Oui, je comprends, à moi aussi, son air d'espion m'agace !
404

ÇA SE BOUSCULE AU PORTILLON !
familier.
Situations Dans un village, on se moque un peu d'un pauvre garçon qui a
quelques difficultés d'êlocution:
A : Tiens, je viens de rencontrer X, il a voulu m'expliquer quelque chose,
mais il était tellement énervé que je η 'ai rien compris !
Β : Ah oui, le pauvre ! souvent ça se bouscule au portillon pour lui ! il
faudrait qu'il s'applique à parler plus lentement !

ÇA POSE !
familier.
Situation: En parlant de la demeure des X:
A : Vous avez vu comme ils ont meublé leur appartement les X ? C'est fait
avec beaucoup de goût !
Β : Effectivement, ça pose, le bon goût et la qualité des matériaux
donnent le ton !

CE N'EST PAS POSSIBLE AUTREMENT !


familier.
Situation: A la suite d'un hold-up les gens amassés devant l'établissement se
posent des questions:
A : Il y a eu de la complicité, ce η 'est pas possible autrement ?
Β : Bien sûr, sinon comment expliqueriez-vous qu'il n'y ait pas eu
effraction ?

C'EST-IL (C'EST-Y) DIEU POSSIBLE ?


populaire paysan.
Situation: A la campagne deux paysans parlent de leurs vaches:
A : C'est-y Dieu possible que la vache elle a déjà vélé c'te nuit ?
Β : Ben dame, moi non plus j'y croyais pas, mais quand j 'ai entendu
meugler, j'me suis dit qu'c'était l'heure !

POSSIBLE QUE
familier
Situation: En parlant des prochaines élections:
A : Avec la chance qu'il a, il est bien possible qu'aux prochaines élections
le candidat X passe au premier tour !
Β : Bien sûr, tout est possible avec le facteur chance !

C'EST LE POT DE TERRE CONTRE LE POT DE FER !


familier, allusion à une fable de LA FONTAINE.
Situation: Une secrétaire fort en colère après son patron affirme à son
ami qu'une lutte est engagée pour montrer sa détermination:
A : Tu vas voir la vie que je vais lui faire ! il ne sera plus servi comme par
le passé, je suis vraiment trop fâchée de ses réflexions !
Β : Mais il η'a rien à faire de tes humeurs, il en trouvera d'autres des
secrétaires ! il faut te faire une raison, c'est la lutte du pot de
terre contre le pot de fer, tu auras toujours tort !
405

PAYER LES POTS CASSES


familier.
Situation: Deux associés ne sont pas d'accord quant à l'exécution de
certaines tâches:
A : ru fais comme tu veux, mais en raison de ta mauvaise organisation je
ne veux pas payer les pots cassés, si tu t'y prends mal, tant pis pour toi !
Β : Puisque je te dis que ça va marcher, qu 'il η 'y aura pas de casse ainsi
organisé !

MANQUE DE POT !
populaire.
Situation: Un enfant arrive en retard au sport et explique:
A : Quand j'ai voulu prendre mon vélo ce matin, manque de pot il était
crevé, le temps de réparer ... bien silr j 'étais en retard !
Β : La prochaine fois prévoyez un moyen de locomotion de rechange !

POUAH !
interjection.
Situation: Devant un magnifique gâteau à la crème deux enfants goûtent:
A : Tiens, je viens d'acheter ce gâteau ! goûte !
Β : Pouah ! que c'est mauvais ! le pâtissier t'a vendu un gâteau de la
semaine dernière, c'est pas possible !

ET LE POUCE !
populaire.
Situation: Un couple fait des pronostics pour meubler un appartement:
A : Je pense qu 'avec X francs on y arrivera !
Β : Et le pouce ! t'es loin du compte, rien que pour la cuisine cette
somme est déjà engloutie !

MON PETIT POULOT !


familier.
Situation: Une maman à son enfant qui va se coucher:
A : Allez, bonne nuit, mon petit poulot, fait de beaux rêves !
Β : Bonne nuit, maman !

IL EN A ETE POUR SON ARGENT !


populaire.
Situation: Après un accident, pensant avois raison, après avoir intenté
un procès:
A : J'étais sûr d'avoir raison, aussi ai-je intenté un procès, eh bien, aprvr;
délibération j'en ai été pour mon argent, car la clause n'était pas prévue
au contrat !
Β : C'est vraiment injuste que tu ne sois pas rentré dans tes frais, surtout
en pensant avoir tous les droits pour toi !
406
POUR un orateur, C'EST un orateur/POUR me soigner, ELLE m'a soigné
Situation: Deux personnes se remémorent la conférence qui a eu lieu la veille:
A : Avez-vous remarqué 1 'aisance du conférencier lors du déroulement de
son film, quelle classe l
Β : Pour un conférencier, c'est un bon conférencier, il fait partie des
meilleurs de sa sélection 1

POUR TOUT DIRE


familier.
Situation: En lisant les exploits sportifs de certains athlètes:
A : Bien sûr ils font des performances remarquables, mais pour tout dire,
1 'encadrement est tel que rien ne leur échappe sur les possibilités
maximum de leur forme 1
Β : Bien sûr, tout est calculé, organisé, orchestré etc.... rien η 'est
laissé au hasard pour leur permettre d'être des champions !

CE N'EST PAS POUR DIRE, MAIS


populaire.
Situation: En parlant d'une personne qui s'impose partout et á tous:
A : Avez-vous remarqué cette personne ? ce η 'est pas pour dire, mais elle
a un culot monstre 1
Β : Effectivement, elle n'a peur de rien ni de personne, elle essaye par
tous les moyens de forcer la sympathie !

JE L'AI DIT POUR RIRE/C'EST POUR RIRE


familier.
Situation: Une personne qui voulait faire peur à sa voisine en lui annonçant
une prochaine augmentation des denrées alimentaires:
A : Est-ce vrai que les denrées alimentaires vont augmenter d ce point ?
Β : Mais non, je voulais vous faire peur, je 1 'ai dit pour rire !
A : Eh bien, croyez-moi, ça ne m'a pas fait rire !

POUR QU'on te le vole !


familier.
Situation: Voulant donner des conseils contre les agressions de vol dans les
rues un copain recommande:
A : La poche arrière de pantalon est la place idéale pour qu 'on te vole ton
portefeuille ! mets-le plutôt dans la poche de ta chemisette !
Β : Tu as raison je vais faire attention pour ne pas trop faciliter le jeu
des voleurs.

ET POUR CAUSE !
familier.
Situation: Une personne s'étonne du refus d'un invité lors d'une réception
importante:
A : Je suis surpris que vous n'ayez pas accepté mon invitation à dîner ?
Β : Et pour cause i j'étais à l'hôpital, je pense que c'est une raison
suffisante !
407

POUR CE QU'ON EN PROFITE !


populaire.
Situation: Une dame s'émerveille devant la magnifique piscine de sa voisine:
A : Votre piscine est magnifique !
Β : Pour ce qu 'on en profite I sous ces climats il fait si froid !

VOUS FEREZ CELA OU VOUS DIREZ POURQUOI !


familier.
Situation: Au régiment devant une montagne de chaussures à cirer un comman-
dant donne ordre:
A : Vous ferez cela ou vous direz pourquoi I
Β : Oui mon Commandant !

IL FAUT QUE ÇA MARCHE, QUE ÇA PETE OU QUE ÇA DISE POURQUOI !


populaire.
Situation: Voilà bientôt 3 heures que deux jeunes sont sur un moteur, après
avoir passé tout en revue, fatigués ils espèrent que ça va démarrer:
A : Voilà 3 heures qu 'on s'échine sur cet engin, â présent ça doit marcher,
on a tout révisé l
Β : Oui, g en a marre ! il faut que ça marche, que ça pète ou que ça dise
pourquoi, sinon, moi je renonce 1

moi, POURVU QUE


Situation: Un grand égoïste qui regarde la télévision et la misère du monde:
A : Moi, pourvu que je mange à ma faim, le reste ne me regarde pas !
Β : C'est tout de même insensé de parler ainsi quand on a le ventre plein
alors qu 'il y a tant de misère !

FAUT PAS POUSSER !


populaire.
Situation: On s'aperçoit de 1'absentéisme d'une employée que dépasse les
normes du raisonnable:
A : X est encore absente, ça fait la Sème fois cette semaine, il faut pas
pousser !
Β : C'est vrai, il y en a qui exagèrent 1

ÇA SE PEUT !
familier.
Situation: Quelqu'un qui doute des renseignements qu'on lui apporte:
A : Vous avez peut-être raison ! ça se peut 1 mais je pense que les ren-
seignements ne sont pas de bonne source I
Β : Il se peut également que la source soit tarie !
408

QUI PEUT SAVOIR ?


familier.
Situation: Quelqu'un qui ne s'étonne de rien:
A : X veut passer son permis, il a raison, il 1 'aura peut-être, un coup
de chance, qui peut savoir ?
Β : Oui, parfois la chance fait bien les choses, il ne faut jamais douter !

DIRE QU'IL A PU FAIRE UNE CHOSE PAREILLE i


familier.
Situation: A la surprise générale, les gens de l'immeuble sont surpris de la
réaction d'un locataire:
A : Dire qu 'il a pu faire une chose pareille ! quelle idée de se suicider
quand on a tout pour être heureux !
Β : Le pauvre, il n'avait personne pour le soutenir moralement !

QU'Y PUIS-JE ?
familier.
Situation: Une personne demande de l'aide, mais c'est impossible:
A : Mon fils η 'est pas rentré, je suis inquiète, je ne sais pas où il est !
Β : Qu'y puis-je ?

QUE PUIS-JE FAIRE POUR VOUS ?


familier.
Situation: Au téléphone une personne demande M. X avec qui il doit traiter,
il tombe sur la secrétaire qui lui apprend:
A : Je suis désolée,M. X vient tout juste de sortir, que puis-je faire
pour vous ?
Β : Lui laisser le message suivant: le R.D.V. de lundi est reporté de
10 à 11 heures. MERCI!

FAITES COMME VOUS PREFEREZ/COMME VOUS L'ENTENDEZ !


familier.
Situation: Une personne veut donner un conseil, mais émet la restriction:
A : Faites comme vous l'entendez, mais je vous aurai prévenu, il y a danger
à agir ainsi !
Β : Je ne pense pas que le danger soit gros, et j 'entends bien agir ainsi !

PREMIERE NOUVELLE !
familier.
Situation: Moment de surprise à l'annonce d'une nouvelle:
A : Première nouvelle que Mme X ait une bébé, je ne savais même pas qu 'elle
était enceinte !
Première nouvelle que cet avion ait atterri ce matin !
" " que la France ait gagné ce match !
" " que cette explosion ait eu lieu !
etc
409
IL NE SE PREND PAS POUR UNE MERDE !
vulgaire.
Situation: En parlant d'un garçon qui ne se lie pas facilement avec le reste
du groupe:
A : X est vraiment drôle, pas moyen de 1'intégrer au groupe, il est vraiment
snob, il ne se prend pas pour une merde !
Β : C'est vrai, il est vraiment fier, pourtant il n'est rien de plus que nous !

ON NE M'Y PRENDRA PLUS !


familier.
Situation: Une personne regrette amèrement d'avoir rendu service,car elle est
aujourd'hui l'objet de critiques:
A : On ne m'y prendra plus â rendre service lors d'un accident, cela n'apporte
que des complications avec les autorités !
Β : Je crois qu'il y a eu un mauvais concours de circonstances, mais un ser-
vice est toujours apprécié, surtout lors d'un accident !

QU'EST-CE QUI VOUS PREND ?


familier.
Situation: Une personne marque sa surprise devant l'attitude d'une autre qui
se montre hostile alors que jusqu'à aujourd'hui elle était des plus aimables:
A : Mais qu'est-ce qui vous prend ? pourquoi cette attitude vis-â-vis de
moi ? que vous ai-je fait pour justifier ce revirement ?
Β : Il me prend que vous avez tréihi ma confiance et que je ne vous pardonne
pas !

BIEN NOUS PRIT


familier.
Situation: Des personnes se félicitent d'avoir choisi fort longtemps â
l'avance l'endroit de leurs vacances:
A : Bien nous prit de choisir dès le mois de janvier le lieu de nos vacances,
à ce jour il n'y a plus de places !
Β : Vous pouvez vous féliciter d'avoir fait ce choix, car nous n'avons rien
trouvé dans la région à pareille date !

MAL LUI A PRIS


familier.
Situation: En parlant d'une personne âgée qui voulait traverser la rue à un
mauvais moment de la circulation:
A : Pauvre dame, mal lui a pris de vouloir traverser au moment ou arrivait
un gros camion !
Β : Son initiative était malheureuse, car la voici renversée, espérons
qu 'elle se remettra !
410
ÇA NA PREND PAS !
familier.
Situation: On veut essayer de faire 'gober' des choses incroyables à une
personne qui n'est pas dupe:
A : Allez raconter vos histoires ailleurs I avec moi ça ne prend pas, ça ne
tient pas debout vos salades !
Β : Pourtant on vous assure que c 'est vrai !

IL NE POURRA S'EN PRENDRE QU'A LUI-MEME !


familier.
Situation: En parlant de quelqu'un qui a été prévenu de ce qui risquait de
lui arriver s'il gardait cette attitude :
A : S'il échoue, il ne pourra s'en prendre qu'à lui-même, on l'aura assez
prévenu des dangers qu 'il encourait !

IL FAUT PRENDRE SUR SOI !


familier.
Situation: En donnant un conseil à quelqu'un de démoralisé:
A : Allez, ne vous laissez pas aller ainsi, il faut prendre sur soi pour
remonter la pente !
Β : C'est facile à dire de prendre sur soi, mais je ne m'en sens pas la
force !

SI VOUS LE PRENEZ AINSI


familier.
Situation: A quelqu'un qui vient de se fâcher parce qu'on lui donnait un
conseil:
A : Si vous le prenez ainsi, je ne vous dirai plus rien, c'était un conseil
amical, il n'y avait pas de quoi se fâcher !
Β : Je l'ai mal pris venant de vous, car vous êtes mal placé pour me donner
des conseils !

POUR QUI ME PRENEZ VOUS 1


familier.
Situation: Une personne se vexe d'être traitée en enfant:
A : Mais pour qui me prenez-vous pour me donner pareils conseils ! je η 'ai
plus 15 ans, je sais prendre mes responsabilités I
Β : Je vous prends pour ce que vous êtes, c'est-à-dire pour une personne
sans expérience dans le poste, ce η 'était qu 'un conseil amical I â vous
d'en faire ce que vous voulez I

QU'EST-CE QU'IL A PRIS l


familier.
Situation: En parlant d'un employé qui sort du bureau du patron:
A : Qu'est-ce qu'il a pris le pauvre garçon, le patron ne l'a pas ménagé,
il lui a passé un de ces savons I
Β : Il n'a pas de chance, c 'est la deuxième fois ce mois-ci !
411
C'EST TOUJOURS ÇA DE PRIS !
familier.
Situation: Quelqu'un qui se montre satisfait de la dernière vente:
A : Nous η 'avons pas tout vendu de notre production, mais c 'est toujours
ça de pris !
Β : Bien sûr, c 'est mieux que rien mais le cours η 'est pas formidable I

LE CIEL M'EN PRESERVE !


familier.
Situation: En prédisant à une personne une mutation dans un pays non souhaité:
A : Vous serez peut-être muté dans un pays sous-dêveloppé !
Β : Que le ciel m'en préserve ! je ne le souhaite plus !

ALLONS PRESSONS !
familier.
Situation: Pour activer la réaction des gens afin d'organiser une projection
par exemple:
A : Allons pressons ! veuillez entrer, nous allons bientôt commencer la
projection !
Β : Ne vous pressez pas trop, on fait ce que l'on peut, ce η 'est pas
évident de rentrer dans cette salle sans panique l

C'EST DE LA PRESTIDIGITATION !
familier.
Situation: Expression admirative devant une action que l'on croyait impossible:
A : Hais comment avez-vous fait pour rénover ce tableau qui paraissait con-
damné ? C'est de la prestidigitation !
Β : Effectivement, je suis assez fier de moi pour ce beau travail, cette
belle réussite 1

C'EST ON PRETE POUR UN RENDU !


familier.
Situation: Une personne explique son refus et son absence à la dernière
invitation:
A : M. X a refusé deux de mes invitations, il n'y a pas de raison que je me
rende aux siennes, mon refus est donc un prêté pour un rendu 1
Β : si vous voyez les choses ainsi, on ne peut rien vous reprocher, mais il
faut parfois être au-dessus de ces mesquineries I

c'est fait,... (ETRE) PREVU


Situation: En parlant de l'organisation d'un bureau durant les congés:
A : Avez-vous pensé au remplacement de X pendant les congés ?
Β : C'est fait, tout est prévu, une rotation est en place !
412

ELLE NE SE FAIT PAS PRIER !


familier.
Situation: En parlant d'une personne fort serviable:
A : Vous pouvez demander ce service à Mme X, elle est fort serviable et
ne se fera pas prier pour vous le rendre !
Β : C'est très agréable des personnes gui ne se font pas prier pour rendre
un service ! c'est si rare de nos jours.

JE VOUS EN PRIE !
formule de politesse.
Situation: Une personne ouvre une porte et invite une autre à passer devant
elle:
A : Je vous en prie, veuillez passer ...
Β : Mais je n'en ferai rien, après vous etc....

JE T'EN PRIE !
familier.
Situation: A une personne qu'on pousse à bout:
A : Veuillez encore me faire ceci ou cela ...
Β : Je vous en prie ! ça suffit pour aujourd 'hui !

VOUS ETES BIEN PRINTANIERE AVEC ... !


familier.
Situation: Devant une personne qui endosse une robe aux couleurs du printemps:
A : Vous êtes bien printanière ce matin avec cette robe malgré la
fraîcheur !
Β : Oui, je sens que le printemps n'est pas loin, alors j'avais envie
de le devancer un peu !

C'EST MON DERNIER PRIX !


familier.
Situation: Dans un magasin d'antiquités, une personne désire fortement un
objet mais son prix est un peu élevé, elle essaye de le faire baisser,
mais la vendeuse ne veut rien savoir:
A : Je suis bien tentée par cet objet, mais â ce prix ce η 'est pas dans
mes moyens !
Β : Je suis désolée, mais c'est mon dernier prix, en dessous je perds de
l'argent !

IL N'Y A PAS DE PROBLEME !


familier.
Situation: Un ami demande un dépannage:
A : Peux-tu me prendre en allant travailler, je suis en panne de voiture ?
Β : Par de problème, je passe te prendre !
413

IL Y A DU PROGRES !
familier.
Situation: A quelqu'un qui a des cours de rééducation suite à un membre
brisé:
A : Suite aux bons soins, il g a du progrès dans l'utilisation de votre bras
Β : C'est vrai, chaque jour ça s'améliore !

ÇA PROMET !
familier.
Situation: En parlant du temps qu'il fait et en pensant â l'avenir:
A : Etant donné 1'hiver précoce, ça promet pour le mois de décembre !
Β : S'il fait déjà si froid aujourd'hui, ce sera pire en décembre.
Situation: En parlant d'une jeune fille et en pensant à l'avenir:
A : Etant donné la beauté de cette jeune fille aujourd 'hui, ça promet
pour 1'avenir !
Β : Oui, si elle progresse ainsi, ce sera une bien belle femme !

VOILA QUI ARRIVE/QUI TOMBE A PROPOS


familier.
Situation: Au bureau il a été voté une prime de vacances, tout le monde
se réjouit:
A : Une prime de vacances vient d'être votée, quelle chance !
Β : Voilà qui tombe à point !/à propos !

NOUS VOILA PROPRES !


familier.
Situation: Un enfant a provoqué un accident, il l'explique á ses parents
qui se désolent tout de suite au lieu de réagir:
A : En voilà une imprudence ! nous voilà propres, que va dire ton père ?
Β : Bien sûr, j'ai tort, mais ce n'est pas dramatique, nous allons
expliquer cela aux assurances !

RIEN DE PROPRE
familier.
Situation: En parlant d'un enfant du village que la paresse guide:
A : Je ne sais pas ce que vont pouvoir faire les parents du jeune X, il
est tellement paresseux !
Β : A mon avis, il ne fera rien de propre, il η 'a jamais voulu travailler
en classe !

C'EST DU PROPRE !
familier.
Situation: Dans un commissariat à un jeune pris en flagrant délit de vente
de drogue:
A : Eh bien, c'est du propre 1 vous savez ce que vous risquez à ce petit jeu
Β : Je sais, mais c'est la première fois, je ne veux pas m'engager plus loin
414

VOUS ETES MA PROVIDENCE !


familier.
Situation: Une personne gui se trouve dans une situation difficile apprécie
l'intervention d'une amie:
A : Sans vous je ne sais pas ce que j'aurais fait, vous êtes ma providence,
merci d'être intervenue dans ce débat !
Β : Il fallait à tout prix vous disculper pour que 1 'on ne vous ennuie plus.

DES PRUNES !
familier.
Situation: Une personne demande à son amie de lui taper, pour la dépanner,
100 pages pour demain, devant l'imposant travail celle-ci répond:
A : Veux-tu me taper ces 100 pages pour me dépanner ?
Β : Des prunes 1 tu ne te rends pas compte du travail ! je η 'ai pas
le temps !

VOUS N'ETES PAS PSYCHOLOGUE !


familier.
Situation: Une personne n'a pas remarqué l'état de nervosité d'un collègue
gui a de graves ennuis, son ami lui fait remarquer:
A : Vous η 'avez pas remarqué 1 'état fébrile dans lequel se trouve X ?
vous η 'êtes pas psychologue ! son comportement était tout autre et
il y avait une raison à cela l
Β : Effectivement, â présent que vous le dites, j 'en conviens, mais
je n'y avais pas fait attention.

ET PUIS ?
familier.
Situation: Une maman expligue à une amie:
A : Mon fils va avoir 20 ans I
Β : Et puis ?
A : Ce qui signifie qu 'il va nous quitter ou pour la PAC ou pour le
service militaire l

PUISQUE JE VOUS LE DIS !


familier.
Situation: En apprenant une nouvelle qui surprend une personne s'exclame:
A : Vous savez que les X sont mutés, qu 'ils vont nous quitter 1
Β : Non, sûrement pas, ils ne partent que l'an prochain !
A : Hais non, puisque je vous dis qu 'ils partent cette année, vous
pouvez me croire 1

C'EST PUISSAMMENT RAISONNE !


familier.
Situation: Dans un commissariat de police, un commissaire découvre enfin
l'assassin, il fait l'admiration de ceux qui l'entourent:
415
Ä : Bravo commissaire, c 'est puissamment raisonné ! grâce à votre logique
vous avez découvert l'assassin 1
Β : Je reconnais que c 'est autour du raisonnement que toute 1'affaire s 'est
construite !

QU'EST-CE QUE TU ME RACONTES !


familier.
Situation: Un petit garçon qui veut faire 'avaler des couleuvres' (dès
histoires) à sa maman pour lui expliquer comment il a déchiré son pantalon:
A : Tu sais, je suis tombé du trottoir parce qu 'on m'avait poussé et puis
il y avait un morceau de fil de fer et
Β : Qu'est-ce que tu me racontes là, ce n'est pas plus simple de me dire
la vérité en me disant que tu t'es raccroché dans ton vélo ?

JE VAIS VOUS RAFRAICHIR LA MEMOIRE Í


populaire.
Situation: Dans une entreprise, quelqu'un qui veut pour la 2ême année de
suite ses congés au moment des vacances scolaires, une personne qui pré-
tend y avoir droit cette année se fâche et interpelle:
A : Dites-moi, vous voulez que je vous rafraîchisse la mémoire ? qui a pris
ses congés à la bonne période 1 'an passé sous prétexte de vacances
scolaires, alors cette année ce sera moi, pas toujours les mêmes !
Β : Pas besoin, je me souviens très bien.

C'EST RAGOUTANT !
populaire. Plutôt usité en c'est pas ragoûtant !
Situation: En entrant dans un taudis oû l'hygiène fait défaut:
A : Ces gens vivent dans un taudis, quelle crasse ! ce η 'est pas ragoûtant !
Β : Il ne faut pas avoir de fierté pour accepter la saleté !

ELLE EST UN PEU RAIDE !


populaire.
Situation: En parlant de personnes qui ont déjà reçu beaucoup d'aides de la
commune et qui en sollicitent encore. M. le Maire se fâche auprès de son
adjoint:
A : Elle est un peu raide celle-là, la famille Machin réclame encore de
1 'aide !
Β : Effectivement, ils sont gonflés, ils tentent, si ça marche, tant mieux !

SE FAIRE UNE RAISON


familier.
Situation: Devant un cas désespéré de maladie incurable, la famille éplorêe,
les uns tentent de consoler les autres:
A : Allez, il faut se faire une raison, elle ne guérira jamais, 1'essentiel
est de soulager les souffrances !
Β : Pour nous c 'est facile, mais pour elle ! tu crois qu 'elle va se faire
une raison ? qu'elle ne peut plus espérer ?
416
CE N'EST PAS UNE RAISON !
familier.
Situation: A un chauffeur qui ne manipule le véhicule de service avec tous les
'égards' voulus, le patron réclame:
A : Ce η 'est pas une raison parce que c 'est un véhicule de service qu 'il
faut ainsi le maltraiter !
Β : Ce véhicule est mal réglé et c 'est pour cette raison qu 'il faut un
peu forcer sur les vitesses 1

IL N'Y A PAS DE RAISON !


familier.
Situation: A quelqu'un qui sollicite un droit compris dans la législation
du travail:
A : Vous avez parfaitement droit à ces avantages, ils sont notifiés page
6 alinéa 3, vous les recevrez prochainement, il n'y a pas de raison !
Β : Effectivement, je ne voyais pas la raison de me refuser cette grati-
fication.

RAYER CELA DE VOS PAPIERS/DE VOS TABLETTES !


populaire.
Situation: Deux personnes viennent de se fâcher, en se quittant l'une ne
manque pas de préciser, au cas oû cela serait encore utile:
h : A la suite de ce qui vient de se passer, vous pouvez me rayer de vos
tablettes !
Β : C'est certain que je vais de ce pas rayer votre nom de mes papiers !

VOUS EN RAJOUTEZ !
populaire.
Situation: Deux personnes viennent de se fâcher en faisant toute une histoire,
il y avait des mots plus brefs pour les dire, mais l'une d'elle n'en finit
pas de revenir et de rajouter encore, encore... ce qu'elle avait pu oublier:
A : Ça suffit ! il n'y avait pas besoin de faire tant d'histoires, à présent
vous en rajoutez !
Β : Non je n'en rajoute pas, tout ce que je dis est vrai, que ça vous agace,
d'accord, mais j 'ai trop de choses á vous reprocher 1

SANS RANCUNE !
populaire.
Situation: Un monsieur, assez maladroit en paroles, vient de vexer une dame
sur sa corpulence, celle-ci l'a bien pris, mais le monsieur se sent gSné et
en se séparant le monsieur demande de se faire pardonner:
A : Dites, sans rancune, pour ce que je vous ai dit tout à l'heure !
Β : C'est trop facile, vous vexez les gens et après vous leur demandez de
ne pas leur en vouloir i
417

C'EST RAPE !
popualaire.
Situation: Une famille se réjouissait d'aller au cinéma, hélas le pére
rentre trop tard du travail, l'heure est passée:
A : Tu nous avais promis d'aller au cinéma ce soir, étant donné l'heure....
c'est rapè !
Β : Effectivement, c'est loupé pour aujourd'hui, demain peut-être !

VOUS ETES BIEN RAPIDE EN BESOGNE !


populaire.
Situation: Une représentant de commerce qui de dépêche de faire signer
un contrat avant que son client ne revienne sur sa décision, mais le client
est intrigué par la promptitude du représentant:
A : Dites-moi mon ami, vous êtes bien rapide en besogne l cette précipita-
tion à me faire signer cacherait-elle quelque chose ?
Β : Nooon bien sûr, je me dépêchais seulement pour démarcher un autre
client 1

ÇA N'AURAIT RIEN DE RARE/DE DROLE !


familier.
Situation: Deux commères parlent de jeunes que l'on pourrait bien voir
mariés un de ces jours:
A : Vous avez remarqué, on voit souvent les jeunes du 6ême ensembles ces
temps-ci ! aurait-il un mariage en vue ?
Β : Vous savez, ça n'aurait rien de drôle (de rare), voilà bientôt deux
ans qu 'ils sont ensemble !

RATE !
populaire.
Situation: Lors d'une bataille de boules de neige:
A : Tu vas voir, je vais te viser et tu vas avoir de la poudreuse plein
les yeux !
Β : Raté ! (se baisse et la boule passe au-dessus)

ÇA N'A PAS RATE !


populaire.
Situation: A force de faire de la vitesse et des dérapages, le fils du
voisin a eu un accident, tout le monde l'avait prédit et les langues
vont bon train:
A : Vous savez, le fils X a eu un accident, ça devait arriver, de la
façon dont il conduit !
Β : Je iui avais dit et ça η'a pas raté, mais il ne veut rien entendre,
il se croit plus fort.
418
QUAND IL N'Y A PLUS DE FOIN DANS LE RATELIER
dicton.
Situation: Le ménage des Durand n'est guère brillant, ils se battent souvent.
Les voisins:
A : Vous avez entendu, les Durand se sont encore battus hier soir !
Β : Bien sûr, lui boit toute sa paye, alors: quand il n'y a plus de foin
dans le râtelier les chevaux se battent.

JE NE LE RATERAI PAS !
populaire.
Situation: De quelqu'un qui veut s'octroyer des congés illégalement et qui
se trouve récidiviste:
A : Celui-là, c'est un récidiviste, déjà l'an passé il n'a pas pris de
congés, mais cette année je ne le raterai pas !
Β : Je crois que c'est trop tard, le patron a donné son accord.

JE LUI FERAI RAVALER SES PAROLES !


populaire.
Situation: En apprenant que son meilleur ami a dit du mal de lui en son
absence, il promet de se venger:
A : Le salaud, il a profité de mon absence pour me casser du sucre sur
le dos, je lui ferai ravaler ses paroles 1
Β : Tu as raison, on ne fait pas ça à son meilleur ami, il faut marquer
le coup et sévèrement !

VOUS M'EN VOYEZ RAVI !


populaire. Dit sur un air affirmatif = bon débarras.
Situation: Une personne apprend à une autre qu'elle va demander pour un
plus bel appartement, l'autre s'en fiche complètement et le traduit par
le vous m'en voyez ravi !
A : Savez-vous que je vais déménager prochainement ?
Β : Ah ! vous m'en voyez ravi !

DONNEZ-MOI LA RECETTE !
familier.
Situation: A quelqu'un qui paraît extraordinairement jeune pour son âge,
une personne convoite sa bonne forme:
A : Donnez-moi la recette de votre dynamisme à votre âge ! c 'est
formidable !
Β : Il n'y en a qu 'une: de l'exercice et vous resterez jeune.

ÇA NE LUI FAIT PAS DE RECLAME !


populaire.
Situation: D'une esthéticienne, déjà âgée:
A : Mme X devrait prendre une gérante, avec ses rides, ça ne lui fait pas
de réclame pour son magasin !
Β : Oui, on a 1 'impression que ses produits ne sont pas bons, surtout les
anti-rides .'/.'
419

CE N'EST PAS TRES RECOMMANDE !


familier.
Situation: Sur un court de tennis:
A : Avec votre lumbago ce n'est pas très recommandé de jouer dans ce
tournoi !
Β : Effectivement, mais j'avais un partenaire et j'étais engagé, de toute
façon, lumbago ou pas, le tennis n'est pas recommandé pour le dos !

SI C'ETAIT A RECOMMENCER
familier.
Situation: A un anniversaire de mariage:
A : Si c 'était â recommencer ? vous recommenceriez ?
Β : Bien sûr, et nous ferions la même chose ! nous η'avons pas trop mal
réussis, non !

OTER A Q Q Ν L'ENVIE DE RECOMMENCER


menaçant, populaire.
Situation: A un voyou qui raye systématiquement les voitures en stationne-
ment, une personne menace:
A : Si tu continues â te comporter ainsi, je vais t'ôter l'envie de re-
commencer ! ça commence à bien faire !
Β : Et comment vous y prendrez-vous ?
A : Tout d'abord avertir tes parents et simultanément la police. Le jour
où tu seras piqué, tu seras bon pour faire un séjour, alors si tu ne
veux pas que ça t'arrive, tiens toi à carreau/tiens toi bien !

VOILA QUE £A RECOMMENCE DE PLUS BELLE !


populaire.
Situation: Sur un bateau, lors d'une tempête:
A : Je croyais que la mer allait se calmer, mais le vent souffle â nouveau
et le roulis revient !
Β : Avec le vent qui souffle à 100 km/h voilà que mon 'mal au cœur' re-
commence de plus belle !

LA RECONNAISSANCE DU VENTRE
populaire.
Situation: On dit des animaux surtout (mais pas toujours) qu'ils ont la
reconnaissance du ventre:
A : Voyez mon vieux matou, il me fait des caresses surtout au moment
des repas !
Β : Les chats avec leur caractère indépendant ont la reconnaissance du
ventre, ils ne sont gentils que lorsque ça les arrange.
420

C'EST SANS RECOURS !


familier. Employé plus particulièrement en justice mais également dans la
vie courante.
Situation: One dame vient de se fâcher avec ses enfants:
A : Je ne veux plus voir mes enfants, ils m'ont fait trop de mal, c'est fini 1
Β : Allez ne soyez pas si dure 1 c 'est vraiment sans recours ?
A : Je suis bien déterminée, c 'est sans recours !

PLUS MOYEN DE RECULER !


familier.
Situation: Une jeune fille trop timide qui doit demander une faveur pour
des congés â son patron, elle est derrière la porte et n'ose frapper,
passe une amie...:
A : Allez du courage, plus moyen de reculer, tu es lâ devant la porte et
ta faveur est pour dans 8 jours, tu es obligée d'y aller...
Β : Je suis morte de peur, je voudrais me sauver, mais trop tard...

JE SUIS REFAIT !
populaire.
Situation: Quelqu'un qui vient de marchander au marché pense avoir fait une
affaire, mais en parlant avec un ami il s'aperçoit que... :
A : Je pense avoir fait une bonne affaire avec ce bronze, je 1'ai eu pour
moitié prix I
Β : Tu parles, il t'a vu venir, il avait largement majoré avant, tu le
trouves moins cher en ville, tel est pris qui croyait prendre 1
A : Alors je suis refait !

JE NE PEUX PAS ME REFAIRE !


familier.
Situation: A une personne dont on attend quelque chose de précis dans son
comportement, comme être accueillant, souriant etc... elle a beau se forcer,
ce n'est pas sa nature, elle se défend:
A : Enfin, forcez-vous, soyez plus souriant pour un bureau d'accueil !
Β : J'ai beau me forcer, je ne me domine que quelques instants, que
voulez-vous, je suis ainsi, je ne peux pas me refaire !

TU NE TE REFUSES RIEN !
populaire.
Situation: A quelqu'un qui revient de vacances:
A : Te voilà de retour, eh bien dis donc, tu ne te refuses rien, une
croisière sur le Rhin !
Β : Pourquoi me la refuserai-je ? Si je ne me gâte pas moi-même, personne
ne le fera à ma place l
421

CE N'EST PAS DE REFUS !


formule de politesse.
Situation: Ά une personne âgée â qui l'on propose de s'asseoir lors d'une
promenade un peu longue pour elle:
A : voulez-vous vous asseoir un petit moment ?
Β : Oh, ce n'est pas de refus, à mon âge on est bien vite fatigué !

VOUS NE M'AVEZ PAS REGARDE !


populaire, vulgaire.
Situation: A quelqu'un à qui l'on demande une chose peu agréable ou
dérangeante:
A : Je compte sur vous pour balayer le hangar/ranger les paquets/repeindre
les grilles/etc...
en bref des corvées pour lesquelles ces personnes ne sont pas employées et
qui sont vulgaires:

Β : Non mais, sans blague ! vous ne m'avez pas regardé 1

REGARDEZ-MOI FAIRE I
peu usité, ou peu accepté de nos jours (on ne se donne plus en éxemple), mais
pourquoi pas.
Situation: Un professeur de gymnastique entraîne une équipe et afin de per-
fectionner un mouvement il demande â ses élèves:
A : Pour harmoniser parfaitement cet exercice il faut procéder ainsi, re-
gardez-moi faire pour bien comprendre !
Β : Effectivement, avec la démonstration l'exercice semble moins rébarbatif 1
IL NE S'EST PAS REGARDE !
populaire, vulgaire.
Situation: Une personne demande â une autre de corriger ses fautes avant
d'envoyer le rapport:
A : Veuillez reprendre vos fautes avant envoi aux clients de ce rapport t
Β : (plus bas pour que A ne l'entende pas) Il ne s'est pas regardé, lui-
même il n'est pas capable d'écrire une ligne sans faute l

C'EST LA REGLE !
populaire.
Situation: Un garçon qui arrive au service militaire, les 'anciens' l'ac-
cueillent en lui jouant tout un tas de tours:
A : Demain tu es de corvée de chambre, c 'est la règle I
Β : Oui je sais, les 'nouveaux ' ont droit à toutes les sales besognes,
c'est la règle !
422
C'EST REGLE !
populaire.
Situationi. Un nouveau patron arrive et les méthodes changent, les secré-
taires attendent le coup:
A : A partir de demain, je ne veux plus voir cette présentation de lettre !
compris !
Β : C'est réglé (comme du papier à musique) dès qu'un patron change, les
méthodes changent, comme si la boîte ne marchait pas avant !

C'EST REGLO !
populaire.
Situation: Veut dire tout â fait normal.
Un copain rappelle à son associé que dans 15 jours il doit lui rembourser
la somme qu'il lui a empruntée:
A : Je te préviens, dans 15 jours tu me dois 10.000 francs !
Β : C'est règio, c'était convenu comme ça, OK !

IL EST REGONFLE A BLOC !


populaire.
Situation: Après une dépression, un gars ayant des qualités de meneur
revient en pleine forme de vacances:
A : Salut, tu as 1 'air en pleine forme !
Β : Oui, je suis gonflé à bloc, on va pouvoir à nouveau se battre, j 'ai
de 1'énergie pour 10 !

SANS REGRET |
familier.
Situation: Une personne donne sa démission, on lui fait comprendre qu'elle
pourrait encore rester étant un élément sérieux et stable, mais rien â
faire:
A : Vraiment ? vous avez bien réfléchi ? vous voulez partir ? pourtant
nous vous offrons une augmentation et d'autres avantages ...
Β : Non merci, ma décision est prise, je pars !
A : Sans regret ?
Β : Sans regret !

TOUS MES REGRETS !


familier. Formule de politesse.
Situation: Pour annoncer à quelqu'un qu'on ne peut accéder â sa demande:
A : Je suis désolé, mais je ne peux vraiment pas vous embaucher pour le
moment, ce n'est pas possible, je vous exprime tous mes regrets car
votre curriculum vitae est engageant, mais dans la conjoncture actuelle...
Β : Je sais que ma candidature n'est pas en cause, mais le manque de place,
je comprends vos regrets !
423

VOUS NE LE REGRETTEREZ PAS !


familier. Formule de politesse.
Situation: Un marchand de fruits qui vante sa marchandise et essaye de
persuader une cliente:
A : Allez, prenez un kg de prunes, vous ne le regretterez pas ! elles
sont délicieuses !
Β : J'espère ne pas le regretter, sinon vous perdez une cliente.

C'EST REJOUISSANT !
populaire.
Situation: A une personne à qui l'on annonce une mauvaise nouvelle dans
le genre 'corvées supplémentaires':
A : Dorénavant, il faudra balayer la cour /pointer au travail/fermer les
portes/arroser tous les jours/manger à la cantine/partir plus tôt/
etc
Β : C'est réjouissant !

IL PEUT REMBALLER SES COMPLIMENTS !


populaire.
Situation: Une personne demande à une jeune fille de bien vouloir dégager
le passage:
A : Hep ! belle demoiselle, vous voulez bien vous pousser un peu pour nous
permettre de sortir !
Β : Vous pouvez remballer vos compliments, je η 'ai pas envie de bouger !

AUX GRANDS MAUX, LES GRANDS REMEDES !


familier.
Situation: Une jeune fille qui a bien du mal à apprendre une langue
étrangère, les parents décident:
A : Aline est vraiment trop nulle en langue à 1 'école, il faut trouver un
remède !
Β : Je η 'en vois qu 'un, immersion complète de trois mois dans le pays, que
veux-tu: aux grands maux, les grands remèdes !

JE VOUS REMETS !
populaire.
Situation: Un ancien expatrié se retrouve en France face á un de ses anciens
clients:
A : Je me souviens avoir eu affaire à vous, il y a quelques années en
Afrique lors d'un de mes voyages, vous vous souvenez ?
Β : Ah oui, â présent, je vous remets ! ça y est.
424
ON REMET ÇA !
populaire.
Situation: A un bar, un groupe d'amis fête gaiement la victoire de leur
équipe favorite:
A : Victoire ! notre équipe a gagné, on va arroser ça ! Je paye une tournée
générale !
Β : Moi aussi, la patronne, allez on remet ça 1

REMETTEZ-VOUS !
populaire.
Situation: Un patron annonce â un de ses subordonnés une augmentation
considérable, â ces mots l'employé se sent défaillir:
A : Remettez-vous, mon vieux !
Β : Vous pensez l une telle nouvelle est renversante ! c 'est 1 'émotion 1

TON NEZ REMUE !


enfantin.
Situation: A une petite fille qui dit un gros mensonge pour obtenir ce
qu'elle veut:
A : Attention a ce grue tu dis, si tu dis un gros mensonge, je le saurai,
tu sais, ton nez remue dans ce cas-là 1
Β : Tu crois que ça se voit vraiment ?

LES GRANDS ESPRITS SE RENCONTRENT !


familier.
Situation: Au cours d'un colloque deux hauts responsables d'entreprise se
trouvent avoir la même trame ou la même idée pour leur discours:
A : Quelle coïncidence cher confrère ! nous avons eu la même idée pour
ce projet de discours I
Β : Eh oui ! que voulez-vous ? les grands esprits se rencontrent !

ÇA N'A PAS RENDU !


très peu utilisé. On emploie plus volontiers ça n'a pas marché.
Situation: Une personne vient de passer un test pour obtenir un emploi:
A : Alors ? comment s'est passé ce test, était-il difficile ?
Β : Difficile 1 je ne sais pas, mais ça η 'a pas marché, je η 'ai pas su,
il y a peu de chance pour que je sois sélectionné !

JE RENDS LES ARMES !


synonyme de j 'abandonne, on emploie plus volontiers je baisse les bras.
Situation: Une personne devant un travail beaucoup trop considérable pour
elle, songe à renoncer:
A : Ce travail a pris trop d'ampleur pour moi, je baisse les bras/je rends
les armes.
Β : Effectivement, c 'est devenu un travail considérable, je comprends que
vous y renonciez, ce n'est plus possible.
425
C'EST UN PRETE POUR ON RENDU !
familier.
Situation: Litige entre deux voisins. L'un des deux vient de bloquer la
sortie de son garage avec sa voiture sous prétexte que :
A : Vous êtes prié de retirer votre voiture dans les plus brefs délais,
sinon je vais me fâcher ....
Β : La semaine passée, la mobylette de votre fils a stationné midi et soir
devant mon garage, il n'y a pas de raison que je me gêne: c'est un
prêté pour un rendu ! A 1 'avenir, veillez-y !

J'Y RENONCE !
familier.
Situation: Deux mères de famille comparent leurs filles:
A : Malgré ma patience, ma douceur, ma colère, rien n'y fait, ma fille
η 'est pas soigneuse !
Β : De mon côté, j 'ai également tout essayé, j 'y renonce !

QUE ÇA NE SE RENOUVELLE PAS/QUE ÇA NE SE REPRODUISE PAS i


familier.
Situation: Une personne s'excuse d'arriver en retard au bureau:
A : Je vous prie de m'excuser d'être en retard, les embouteillages ....
Β : Excusée pour aujourd'hui, mais que ça ne se reproduise pas i

IL Y A DE QUOI TOMBER A LA RENVERSE 1


familier.
Situation: Une personne se mêle de donner des conseils de conduite á une
autre, alors que cette personne est un véritable 'danger public':
A : Je vous conseille, pour passer votre permis, d'agir de telle sorte,
de bien rétrograder â cet endroit, de ne pas manquer de jeter un
regard dans le rétroviseur ....
Β : Mais, écoutez-moi ça ! on se mêle donner des conseils, alors que soi-
même on est un véritable danger public 1 il y a de quoi tomber à la
renverse ! donner des conseils alors qu 'on est incapable de les suivre !

C'EST LE MONDE RENVERSE i


familier.
Situation: L'exemple précédent pourrait s'appliquer à cette expression.
Un jeune veut montrer à une personne d'un 'certain âge' une façon très
simple pour façonner une pièce. Mais cette personne, accepte très mal
le conseil, comptant sur son expérience,mais niant l'évidence du progrès:
A : Je vous assure, Monsieur, si vous vous y prenez ainsi,c 'est beaucoup
plus rapide et plus sûr !
Β : Mais c'est le monde à l'envers 1 ce sont les jeunes qui montrent aux
vieux ! on aura tout vu sur cette terre !
426

JE SUIS RENVERSE !
populaire.
Situation: A l'annonce d'un nouvel arrivant dans 1'établissement, personne
ne s'y attendait, surtout pas le chef en place:
A : Je vous annonce l'arrivée d'un nouveau chef de service venant de la
région parisienne !
Β : Quelle surprise 1 j'en suis renversé, ce n'était pas prévu, pour quel
motif cette arrivée ?

IL PEUT TOUJOURS REPASSER !


populaire.
Situation: Une personne très en colère d'avoir prêté ses outils alors qu'on
les lui rends avec retard et abîmés :
A : X demande si tu veux bien lui prêter tes outils ?
Β : Celui-là, il peut toujours attendre, 1 'autre jour, je les lui ai prêtés,
non seulement il me les a rendus avec retard, mais, de plus, certains
étaient abîmés, alors, tu comprends ! il peut toujours repasser pour
que je les prête à nouveau !

IL S'EN REPENTIRA !
populaire.
Situation: Un monsieur très en colère qu'on lui ait posé un 'lapin' (c'est-
à-dire qu'on ne soit pas venu au rendez-vous fixé):
A : J'avais donné rendez-vous á X pour aller â la chasse, eh bien, il ne
s'est pas réveillé, j'ai attendu pour rien ! il s'en repentira de
m'avoir fait un coup pareil !
Β : C'est certain qu'il s'en mordra les doigts de t'avoir posé un lapin !

IL NE SE L'EST PAS FAIT REPETER !


familier.
Situation: Valable pour chaque personne à qui l'on annonce une bonne
nouvelle: des vacances/une prime/une augmentation etc
Un patron qui raconte à son adjoint: quand j'ai annoncé au personnel:
A : Aujourd'hui, veille de fête, vous pouvez partir plus tôt !
Β : Je suis sûr que personne ne s'est fait prier !
A : Ils ne se le sont pas fait répéter deux fois !

AU REVOIR !
ironique, populaire.
Situation: Une femme réclame auprès de son épicier qui lui a vendu de vilains
fruits la fois dernière:
A : La semaine dernière, quand j'ai déballé mes fruits, ils étaient avariés,
si c'est tout ce que vous avez à m'offrir, 'au revoir'/'salut'/'merci ' !
(le plus usité)
Β : Ne vous fâchez pas, je vais vous dédommager, pour que vous veniez me
revoir.
427

IL N'Y A PAS DE QUOI RIGOLER !


populaire.
Situation: Se dit souvent d'une situation que certaines personnes croient
'comique', 'marrante' alors qu'en analysant et en connaissant certaines
données, il n'y a pas de quoi rire.
Par exemple en parlant de gens trompés ou, plus populairement, 'cocus' de-
vant d'autres qui le sont, alors que la personne qui se moque ignore tout
des circonstances:
A : Vous avez vu, la femme X est trompée, c'est trop drôle, elle qui critique
tant les autres !
Β : Il n'y a pas de quoi rigoler puisque son mari la trompe avec ma femme....
Situation: Une personne vient de tomber sur le verglas d'une façon vraiment
acrobatique, on aurait cru qu'elle le faisait exprès, son amie rit de bon
coeur de voir une telle galipette:
A : Ta façon de tomber est vraiment remarquable, que c'est amusant....
Β : Il n'y a pas de quoi rigoler, j'ai dû me casser une cheville !

J'AI DIT PA POUR RIGOLER !


populaire.
Situation: Une personne se moque gentiment de quelqu'un qui mange des
gâteaux alors que son tour de taille lui conseillerait plutôt la restriction:
A : Ces gâteaux sont prévus dans ton nouveau régime ?
Β : De quoi je me mêle, tu ne t'es pas regardée !
A : Allez, ne te fâche pas, je disais cela pour rigoler !

IL NE FAUT PAS RIGOLER AVEC ÇA !


populaire.
Situation: Quelqu'un est en train de faire la caisse du bar, un plaisantin
approche et fait mine de lui prendre de l'argent:
A : Haut les mains, hold-up !
Β : Allez, il ne faut pas rigoler avec l'argent, s'il en manque tu seras
accusé !

TU RIGOLES !
populaire. Se traduit également par c'est une plaisanterie ou quoi ?
Situation: Deux collègues attendent la visite d'un 'grand' patron, l'une
demande à l'autre:
A : Es-tu disponible ce week-end pour le patron ?
Β : Tu rigoles ou quoi ? tu sais très bien que j 'ai une compétition de golf 1

CELA NE RIME A RIEN !


familier.
Situation: Une personne tient un raisonnement insensé pour faire accepter
son projet:
A : Je persiste dans mon idée d'architecture pour 1'intégrer au paysage !
Β : Votre raisonnement ne rime a rien, il ne s'agit pas d'architecture
mais de sens pratique, de rentabilité quant â l'espace employé, vous
êtes à côté du problème !
428
VOUS VOULEZ RIRE ! ou VOUS PLAISANTEZ !
familier, côté populaire Tu rigoles !
Situation: On apprend à quelqu'un la nomination d'une personne non
compétente:
A : Vous savez que X est nommé chef de service !
Β : Vous voulez rire ! il η 'est pas capable de diriger un service !

JE NE RIS PAS !
familier.
Situation: A la suite d'un ordre donné pour effectuer un travail, cet ordre
paraît 'anormal' aux yeux de celui qui le reçoit et qui ne le prend pas au
sérieux:
A : Vous me ferez 500 photocopies pour demain !
Β : D'accord, ce sera fait dans 5 minutes !
A : Je ne ris pas, je n'ai pas dit 50 mais 500 pour demain, ce n'est
pas une plaisanterie mais un ordre du patron.

C'EST POUR RIRE !


familier, dans le populaire j'ai dit ça pour rigoler !
Situation: A un enfant qui attend le père Noël avec impatience:
A : Si tu n'es pas sage, le père Noël ne viendra pas ! (et â l'enfant
de pleurer ....)
A : Allez ne pleure pas, j 'ai dit ça pour rire !

C'EST POUR DE RIRE !


voir l'expression précédente.

HISTOIRE DE RIRE
populaire.
Situation: Se dit en début de phrase pour annoncer qu'on va faire »me
bonne farce:
A : Histoire de rire un peu on va annoncer à X que son pneu est crevé I
Β : Tu crois que ça va le faire rire ? j 'ai plutôt l'impression qu 'il
va se fâcher !
A : Peu importe, nous, ça nous amusera de le voir en colère J

SANS RIRE ? ou SANS BLAGUE ?


populaire.
Situation: On vient annoncer â X qu'il est admis à passer un test:
A : X, vous êtes admis â vous présenter pour passer un test !
Β : Sans blague/sans rire ? (=est-ce bien vrai ?)
429

IL VAUT MIEUX EN RIRE QU'EN PLEURER !


expression populaire.
Situation: Expression utilisée dans un cas plus ou moins grave: de deux
maux il faut choisir le moindre.
A une personne, on lui annonce que son 'cuni' l'a quittée, elle fond en
larmes, on essaye de la consoler:
A : Oui, d'accord, D vient de te quitter, ce n'est pas un drame, tu en re-
trouveras d'autres, ne te mets pas dans ces états~là !
Β : J'ai un chagrin fou, je n'arrive pas à me consoler 1
A : Allez, allez, c'est fini ce gros chagrin, de cette histoire il vaut
mieux en rire gu'en pleurer !

LAISSEZ-MOI RIRE !
populaire.
Situation: On veut faire croire à un Monsieur que X est sérieux alors qu'il
connaît ses antécédents, il ne veut pas le croire et demande,si l'on ne se
moque pas de lui:
A : Je vous assure, X est très sérieux dans son travail !
Β : Laissez-moi rire ! je 1'ai déjà pratiqué dans une autre affectation,
je sais ce qu'il vaut.

CE N'EST PAS DE LA ROUPIE DE SANSONNET !


populaire, vulgaire.
Situation: A une personne â qui on fait 'l'article' pour acheter du petit
outillage sur un marché:
A : Allez monsieur, laissez-vous tenter, regardez le bel outillage, ce
n'est pas de la roupie de sansonnet, c'est du bon, du solide, du dur....
Β : Je crois bien que contrairement à ce que vous voulez me démontrer,
c'est de la camelote 1

EN ROUTE !
populaire.
Situation: Un chef à une bande de scouts qui s'apprête à lever l'ancre
pour partir en camp de vacances:
A : Allez, en route (mauvaise troupe) 1
Β : En avant, marchons, nous y allons !

C'EST ROYAL !
familier.
Situation: A une personne à qui l'on vient d'offrir un 'très joli' cadeau:
A : oh, cher Monsieur, je suis confuse, voici un bien joli cadeau, c'est
royal 1
Β : Rien η 'est trop beau pour vous, ma chère !
430
CE N'EST PAS ÇA QUI NOUS RUINERA !
familier.
Situation: Quelqu'un qui a bien envie de s'offrir une bricole en parle
avec son mari ou sa femme pour engager la dépense:
A : Sur le marché j 'ai vu un vase magnifique qui ne coûte que 10 francs,
j 'aimerais tant me l'offrir !
Β : Tu aurais tort de t'en priver, ce η 'est pas ça qui nous ruinera !

JE LE VOIS VENIR AVEC SES GROS SABOTS !


populaire.
Situation: A la veille d'un anniversaire, un petit garçon fait des travaux
d'approche vis-à-vis de sa maman pour obtenir un vélo, mais celle-ci n'est
pas dupe:
A : Dis, Maman, c'est bientôt mon anniversaire !
Β : Oui, et alors ?
A : Alors, j 'aimerai bien un beau vélo !
Β : Oui, oui, je te voyais venir avec tes gros sabots l si tu es bien sage.

L'AFFAIRE EST DANS LE SAC !


populaire.
Situation: Un garçon sort tout content de chez lui, il vient de réussir à
convaincre ses parents pour partir aux sports d'hiver avec ses copains:
A : Ça y est les gars, 1'affaire est dans le sac, j'y suis arrivé, les
parents sont d'accord, je pars avec vous !
Β : Bravo, tu as bien manoeuvré, tu as réussi ton coup !

NE PAS SAVOIR A QUEL SAINT SE VOUER


populaire.
Situation: En parlant d'une vieille dame que l'on ne veut pas froisser et
qui a un caractère lunatique, une jeune femme se plaint auprès de son amie:
A : Ah, elle η 'est pas facile à satisfaire Mme X, elle η 'est jamais con-
tente, vraiment je ne sais plus â quel saint me vouer !
Β : C'est vrai, avec elle il suffit que l'on dise blanc pour qu'elle dise
noir, que faire pour la satisfaire ?

ET TOUT LE SAINT FRUSQUIN !


populaire. Jugement valeur négative.
Situation: Une grand-mère qui ne comprend pas le désordre de ses petits-
enfants et qui les mets à la porte:
A : Je vous ai assez vu, allez partez avec tout votre saint frusquin ! tout
votre bazar !
Β : Mais tout ce bazar ou ce saint frusquin ce sont nos affaires et nous
y tenons !
431

CE N'EST PAS SALE/C'ETAIT PAS SALE!


si l'on pousse plus loin dans le populaire argotique et qui est assez
employé, on peut dire ce n'est pas dégueu (lasse).
Situation: En parlant du repas le midi au restaurant:
A : A midi, tu as goûté son couscous, pas dégueu
Β : Oui c 'était très bon !
Situation: Dans une galerie devant un tableau de débutant:
A : Tu as vu, ce gars a du talent, ce sera sans doute un artiste 1
Β : Oui, en effet, ce n'est pas sale/ce n'est pas vilain ! (plus usité)

C'EST UNE SALE BETE !


s'emploie en parlant d'un animal, mais peut s'employer vulgairement en
parlant d'une personne.
Situation: Deux personnes parlent du chien de la maison d'en face:
A : Si tu vas chez ces gens là, fais bien attention au chien, il mord !
Β : En effet, on m'a dit que c'était une sale bête.
Situation: En parlant d'une personne foncièrement méchante, qui ne ménage
pas ses amis et n'est pas regardante à leur faire du tort:
A : Je ne te conseille pas de fréquenter X, il est vraiment méchant et
η 'hésitera pas à te tirer dans le dos !
Β : Oui, je crois que c'est une sale bête d'après sa réputation.

CES PETITES SALETES LA


ironique, populaire.
Situation: A l'apéritif devant des petits toasts, la maîtresse de maison
insiste:
A : Servez-vous, c'est de ma fabrication !
Β : Mmmmmmh ! c 'est bon, ces petites saletés là !

ah ! SALUT
formule de refus, populaire.
Situation: Deux copains essayent de s'attribuer la tâche de dire à un
troisième qu'il ne serait pas de la virée prévue pour dimanche:
A : Je compte sur toi pour dire à X qu 'il ne sera pas des nôtres dimanche,
on η 'a pas besoin de lui !
Β : Ah salut ! c'est trop facile de me refiler le sale boulot, va le dire
toi-même !

BON SANG ¡/BON SANG DE BONSOIR !


populaire, campagnard.
Situation: Un fermier à sa femme en parlant de son cheval qui est encore
malade :
A : C'est-y pas de chance, v'ia l'chval encor' malade !
Β : Mais, bon sang de bonsoir, vas-tu t'dépêcher d'appeler le vèto avant
qu 'il ne soit trop tard vingt dieux !
432
MON SANG N'A FAIT QU'UN TOUR !
populaire.
Situation: En apprenant qu'il y a eu un accident au coin de la rue, une
personne panique et se renseigne:
A : Que savez-vous de l'accident ? en apprenant que c'était une R 5, mon
sang η 'a fait qu'un tour, j 'ai eu très peur que ce soit un des miens !
Β : Mais non, rassurez-vous ma brave dame, il ne faut pas vous retourner
les sangs de la sorte, d'abord il n'y a pas grand chose et ce η 'est
pas un du village.
Situation: En apprenant un gros mensonge raconté par les commères du pays,
une personne se révolte devant tant de culot:
A : Qu'est-ce qu'on dit au village 1 ce ne sont que des mensonges pour faire
du tort à de braves gens 1 quand j'ai appris ça, mon sang n'a fait qu'un
tour et je suis revenue sur mes pas pour mettre les choses au point.
Β : Vous avez bien fait, il y a de quoi se révolter et se faire du mauvais
sang pour 1'avenir si nous manipulons ainsi le scandale !

CROIRE SANS Y CROIRE - COMPTER SANS COMPTER


moyennement usité pour le 1er, moins pour le second.
Situation: Devant le tableau des prix littéraires, le lauréat n'en croyait
pas ses yeux et dit à son voisin:
A : Une telle chance, ce η 'est pas possible, j 'y crois sans y croire, telle-
ment c'est formidable !
Β : Vous pouvez y croire tout â fait, c'est bien vous qui êtes désigné comme
lauréat cette année.

VOUS VOILA SATISFAIT I


populaire.
Situation: Dans un tribunal, une personne avait porté plainte contre une
autre qui n'a pas le moindre sous devant lui, l'huissier lui demande:
A : Vous voilà satisfait ! on a porté plainte ! et maintenant ? cette
personne η'a pas un sou pour vous dédommager !
Β : J'y tenais, c'était une question d'honneur ! mais je sais bien qu'on
n'est pas plus avancé.

A QUELLE SAUCE SERA-T-IL MANGE ?


moyennement usité.
Situation: Un homme vient d'être licencié pour chômage économique, on parle
de le replacer, ses amis s'interrogent:
A : X est un bon ouvrier, on espère qu 'il va retrouver une place similaire,
il doit se faire bien du souci quant á son futur poste !
Β : Oui, il doit se demander à quelle sauce il va être mangé ! il n'a pas
le choix, c 'est ça ou rien !
A : Mais il a une bonne cote et ça devrait marcher pour lui.
433
SAUF VOTRE RESPECT
très snob. Peu usité dans le langage courant sauf dans les corps diplo-
matiques .

LA TROUVER SAUMATRE
populaire.
Situation: En parlant de son enfance dorée, puis de son mariage difficile
financièrement, une amie raconte à B:
A : Jeune, j'avais tout ce que je voulais, mes parents me pourrissaient,
quand je me suis mariée, ça a changé de note, on η 'avait pas de quoi
finir les fins de mois, je te jure ça a été dur !
Β : Je comprends bien, tu as dû la trouver saumâtre !

IL N'y A QUE LA FOI QUI SAUVE !


moyennement courant.
Situation: Dans un hôpital, une femme croit ferme que son mari va être
sauvé, alors qu'il est condamné par la médecine, deux personnes qui sont
avec elle s'inquiètent:
A : La pauvre Madame X, elle y croit encore, ça fait de la peine à voir !
Β : Hé oui ! que voulez-vous, il n'y a que la foi qui sauve l
A : Ça a au moins le mérite de la soutenir dans son calvaire.

SAUVE QUI PEUT !


cri de fuite lancé lors d'un danger.
Situation: Pour prévenir tous les gens réunis dans cette salle alors que le
danger d'un incendie menace, le responsable crie sauve qui peut I
Cette expression est quelques rares fois usitée dans des cas moins drama-
tiques voulant dire débrouille-toi par toi-même.
Situation: Devant un gros travail de magasinage, de frappe, de n'importe
quoi, une personne demande de l'aide à un collègue qui n'a nullement
envie d'aider:
A : Je suis submergé de travail, tu ne veux pas m'aider ?
Β : C'est le week-end, sauve qui peut, je me tire, débrouille-toi,
chacun pour soi !

SAUVEZ-VOUS !
familier.
Situation: A des enfants qui viennent d'avoir des bonbons et n'ont plus
rien à attendre:
A : Λ présent que vous avez eu vos bonbons, sauvez-vous vite, je ne veux
plus vous voir, allez, allez ...
Β : Oui maintenant nous pouvons partir.
434
DIEU SAIT/DIEU LE SAIT !
plutôt usité Dieu seul le sait.
moyennement employé.
Situation: Deux personnes s'interrogent sur: le temps de demain ? ou
11 avenir ?
A : Croyez-vous qu'il va pleuvoir cette nuit ?
Β : Ça, ma brave dame. Dieu seul le sait !

C'EST TROP SAVANT POUR MOI !


familier.
Situation: Une entreprise demande à une dame de taper un rapport, pour
dépannage, la dactylo de service étant malade:
A : Voudriez-vous bien taper ce rapport des travaux publics pour nous
dépanner ?
Β : Oh, c'est trop savant pour moi, il y a trop de mots techniques que je
ne maîtrise pas, il faut voir quelqu'un de plus qualifié.

TOUT SE SAIT/TOUT FINIT PAR SE SAVOIR !


familier.
Situation: A une personne qui a reçu une mutation mais qui ne veut en parler
â personne:
A : Alors, paraît-il que vous êtes muté à Tahiti !
Β : Mais .... comment le savez-vous, personne η 'est au courant !
A : Et bien, voyez-vous, ici, tout se sait et tout finit par se savoir,
la ville est si petite que le tour est vite franchi.
On peut dire également les murs ont des oreilles, c'est-à-dire que l'on
pensait avoir dit un secret â une personne en qui on a toute confiance
et celui-ci se trouve divulgué on ne sait par quel canal.

ÇA SE SAURAIT !
populaire.
Situation: A l'aéroport on entend dire qu'une nouvelle compagnie aérienne
devrait faire escale dans notre pays. Les gens sont surpris, étonnés:
A : Paraît-il qu 'une autre compagnie aérienne va se poser â Ouaga !
Β : Ce η 'est pas possible, une pareille nouvelle ne s'annonce pas
du jour au lendemain, ça se saurait !

JE SAIS CE QUE JE SAIS !


moyennement usité.
Situation: Dans un tribunal, une personne est témoin d'un accident et té-
moigne, on lui demande de préciser certains détails, que, manifestement
elle n'a pas remarqués:
A : Dites tout ce que vous savez et ce que vous avez vu lors de 1 'accident
de X, à votre avis, est-il passé au feu orange, ou au feu rouge ?
Β : Je sais ce que je sais, mais ne m'en demandez pas plus, je suis
incapable de vous fournir ces détails si précis.
435

JE NE VEUX RIEN SAVOIR !


populaire.
Situation: Dans une histoire de famille chacun veut se justifier auprès de
1'aïeule, mais étant donné son grand âge toutes ces histoires ne l'intéres-
sent pas, elle veut finir ses jours en paix:
A : De toutes vos histoires, pour 1 'héritage et autre, je ne veux rien savoir,
arrangez-vous entre vous, tout cela ne m 'intéresse pas.
Β : Pour la bonne conscience de chacun, tu devrais savoir quelques petits
détails,
A : Rien, je ne veux rien savoir !

QUI VOUS SAVEZ/QUE VOUS SAVEZ !


familier.
Situation: Deux hommes d'affaires se rencontrent, un troisième se joint à
eux,mais n'est pas censé être au courant des affaires des deux premiers.
Afin de préserver leur indépendance, ces messieurs échangent la conversa-
tion suivante:
A : Bonjour Messieurs, â propos cher ami, je vous rappelle que nous avons
rendez-vous lundi avec qui vous savez !
Β : Vous faites bien de me le remettre en mémoire, j 'avais oublié.
(donc uniquement la personne au courant de la rencontre peut comprendre
avec qui est le rendez-vous).

JE SAIS BIEN QUE...


populaire.
Situation: A une personne que l'on veut féliciter pour son travail régulier:
A : Je sais bien que je peux compter sur votre travail, je sais bien que
c'est un travail régulier, mais je suis obligé, pour des raison per-
sonnelles, de me séparer un peu de vous.
Β : Je sais bien que vous η'y êtes rien et j 'espère vous retrouver au
retour.

JE NE SAURAIS VOUS DIRE !


pas très usité.
Situation: A une personne qui demande le kilométrage entre deux villes:
A : A combien estimez-vous la distance qui nous sépare de notre prochaine
étape ?
Β : Je ne saurais vous dire, 200 ? 300 km ? vraiment je n'en n'ai aucune
idée !

JE SAIS LE CHEMIN/JE CONNAIS LE CHEMIN!


populaire.
Situation: Dans un bureau un directeur dit à son client:
A : Au revoir Monsieur, je ne vous raccompagne pas, vous connaissez le
chemin !
Β : Oui, oui bien sûr, ne vous dérangez pas.
436
SACHEZ QUE
populaire.
Situation: Un commerçant à ses clients:
A : Sachez que nous sommes fermés le dimanche !
Β : Sachez que nous attendons de vous des produits de qualité !

PEUT-ON SAVOIR !
populaire.
Situation: A un Monsieur qui demande â son collègue des nouvelles de Madame,
son épouse:
A : Bonjour X, avez vous reçu de bonnes nouvelles de Madame ?
Β : Excusez-moi, mais je ne suis pas marié !
A : Peut-on savoir ?

VA SAVOIR ! ALLEZ SAVOIR !


moyennement usagé.
Situation: Deux personnes font des projets pour l'année á venir, quant au
chiffre d'affaires:
A : Si l'année est bonne, si on arrive à redresser le chiffre d'affaires
on pourra envisager de nouveaux investissements pour le confort de tous.
Β : Allez donc savoir à 1'avance si les affaires vont reprendre avec la
politique actuelle !

QUI SAIT ?
moyennement utilisé.
Situation: En se quittant après de bonnes vacances, deux amis souhaitent
se retrouver l'an prochain dans le même lieu, à pareille époque:
A : Au revoir, à l'année prochaine, même lieu, même époque !
Β : Qui sait ? le monde est si petit et le hasard si grand !

IL SAIT Y FAIRE !
populaire.
Situation: En parlant de son petit dernier une maman sait bien qu'elle
'fond' devant tout ce que lui demande cet enfant:
A : C'est mon dernier, vous savez, il sait y faire pour avoir ce qu'il veut,
à chaque fois je me fais avoir, je suis gâteuse avec lui !
Β : Que voulez-vous, déjà à cet âge il sait s'y prendre.

ON NE SAURAIT PENSER A TOUT !


populaire.
Situation: Deux ménagères parlent de leur future réception, elles essayent
de faire le bilan des choses dont elles vont avoir besoin:
A : Avons-nous pensé à tout: l'épicerie, la boisson, le pain, les fleurs....
Β : Avec la meilleure volonté, on ne saurait penser à tout !
437
DU SCHNOCK !
populaire argotique.
Situation: Deux automobilistes s'accrochent, les 'compliments' pleuvent:
A : Alors du schnock, on voit pas clair !
Β : Ça va, eh patate I

JE L'AI SEC !
on emploie plus souvent JE L'AI EN TRAVERS/ÇA M'EST RESTE EN TRAVERS
(de la gorge).
Situation: Un homme un peu aigri par la vie explique á un copain les raisons
de son attitude:
A : Tu vois, si j'en suis là aujourd'hui, c'est â cause de mon chef qui ne
pouvait pas me souffrir, il a fait le maximum pour me faire renvoyer,
je lui en veux et, encore aujourd'hui je l'ai sec !
Β : Je comprends à présent ton attitude,et que tu l'aies en travers de la
gorge est tout â fait normal.

ÇA PETE SEC !
populaire argotique.
Situation: Deux personnes parlent de la guerre au XXX et relatent les faits:
A : Vous avez entendu les nouvelles, ça n'a pas l'air d'aller dans la
région !
Β : Oui, j 'ai entendu dire que ça pète sec dans le coin l

SECOUEZ-VOUS !
populaire.
Situation: Un général de l'armée entraîne des soldats :
A : A mon commandement, en avant ....
et secouez-vous bande de .... !
Β : Mon Général, on en a plein les bottes ....
A : On est pas au club Med. !

C'EST MON SECRET 1


Situation: Deux cuisinières parlent entre elles:
A : Comment faites-vous pour avoir des crêpes aussi légères ?
Β : C'est mon secret, et je ne le livre pas 1

VOUS ET VOS SEMBLABLES !


relation affective négative.

ÇA TOMBE SOUS LE SENS !


familier.
Situation: Deux techniciens automobiles discutent entre eux:
A : Plus on roule vite, plus on consomme.
Β : Ça tombe sous le sens, cher confrère !
438

TU NE TE SENS PLUS ?
populaire, vulgaire.
Situation: A un homme qui se mettait à commander tout le monde en l'absence
du chef:
A : Eh, ça ne va pas, t'es pas le chef, tu ne te sens plus, nous, ce n'est
pas à toi que 1 'on doit obéir !
Β : Si, tant qu'il ne sera pas de retour !

ÇA SENT LE ROUSSI !
populaire.
Situation: Deux personnes se trouvent prises à partie au sein d'une émeute:
A : Viens, barrons-nous, ça sent le roussi !
Β : En effet, tout ceci ne me dit rien qui vaille !

ÇA N'EMPECHE PAS LES SENTIMENTS !


populaire.
Situation: Une personne reproche à une maman d'être bien sévère avec ses
enfants:
A : Tu η 'as pas honte de gronder tes enfants de la sorte !
Β : Ça η 'empêche pas les sentiments !

SERIEUSEMENT ?
elliptique, populaire.
Situation: Deux personnes discutent de choses plus ou moins sérieuses:
A : Je suis invité chez le président dimanche !
Β : Sérieusement ?
A : Oui, chez le président du club de tennis !

SERVICE, SERVICE !
pas très usité.
Situation: Dans une entreprise un sous directeur qui ne partage pas l'avis
de son patron explique à son collègue:
A : Je ne suis pas du tout d'accord avec le boss sur ce point de vue, mais
il faut se plier â sa discipline !
Β : Que veux-tu, service, service, étant donné ton rang tu η'as qu'à te
soumettre sans mot dire !

JE SUIS A VOTRE SERVICE !


pas très utilisé dans le langage courant, mais sans doute encore beaucoup
dans une certaine bourgeoisie.
Situation: Un grand patron arrive pour un congrès dans une de ses filiales,
tout le personnel est dans ses petits souliers, le directeur l'accueille:
A : Soyez le bienvenu, je suis à votre service, si vous avez besoin de
quoi que ce soitt il vous suffit de faire appel â 1'hôtesse qui
transmettra.
439

QU'Y A-T-IL POUR VOTRE SERVICE !


familier. Encore très utilisé il y a une dizaine d'années par les commerçants,
mais se perd, s'oublie avec le développement des self-service, néanmoins,
s'entend encore dans certains milieux.
Situation: A l'épicerie:
A : Qu'y a-t-il pour votre service ?
Β : Deux kg de pommes.
Situation: Quelqu'un frappe à la porte d'un bureau et promène dans la pièce
un regard interrogateur:
A : Qu'y a-t-il pour votre service ?
Β : Je cherche le bureau de M. Dupond !

IL NE FAUT PAS MELANGER LES TORCHONS ET LES SERVIETTES !


diction.
Situation: Un monsieur expliquait à un athlète de haut niveau, devenu pré-
tentieux et pédant, les performances des sportifs de sa ville:
A : Nos sportifs arrivent à des niveaux performants, bien sûr c'est encore
éloigné de votre record, mais tout de même, â leur niveau, c'est pas mal.—
Β : Allons, Monsieur, il ne faut tout de même pas confondre les torchons
et les serviettes, comparons ce qui est comparable, nos performances
de haut niveau sont inaccessibles à la basse classe !

ON N'EST JAMAIS SI BIEN SERVI QUE PAR SOI-MEME !


diction.
Situation: Une dame se fait acheter une robe par une amie, à la réception
elle confie sa déception à une autre amie:
A : Je suis déçue de la qualité de la robe, je la voyais plus ceci, plus
cela ....
Β : Ça ma chère, si tu η 'es pas contente tu η 'as â t'en prendre qu 'à toi-
même, on n'est jamais si bien servi que par soi-même, tu n'avais qu'à
te déplacer !

NOUS AVONS ETE SERVIS !


populaire.
Situation: Une dame qui ênumère toutes ses misères explique à une amie:
A : Vous ne pouvez pas comprendre, vous ne savez pas ce que c 'est !
Β : Ah merci, nous avons été servis, nous avons eu notre part de
malheurs 1

VOTRE SERVITEUR !
de temps en temps employé à la télévision ou à la radio quand la personne qui
a la parole ne veut pas se nommer, soit par discrétion, soit par modestie;
Situation: Un speaker ouvre le journal parlé et présente les personnes qui
participeront au débat:
A : Bonjour M, MM, sans tarder je vous présente M. X, Mine. Z, Prof. Machin,
Maître Chose et votre serviteur qui animeront le débat que nous avons
le plaisir de vous présenter, et je passe la parole à notre animatrice...
Β : Merci Léon, nous vous laissons le soin d'ouvrir les hostilités...
440

CELA VA TOUT SEUL !


familier.
Situation: Une machine d'un usage un peu complexe vient d'arriver dans une
entreprise, le démonstrateur en explique le mode d'emploi à l'employé sus-
ceptible de s'en servir:
A : Voyez, pour amener le chariot à cet endroit, vous n'avez qu'à appuyer
sur ce bouton i
Β : En effet, c'est enfantin, cela va tout seul !

VOUS N'ETES PAS LE SEUL !


populaire.
Situation: Une personne arrive le matin au bureau:
A : Qu'il fait froid, j'ai les mains gelées !
Β : Rassurez-vous, vous η 'êtes pas le seul !

essaie SEULEMENT !
populaire. On dit également essaie pour voir 1
Situation: Un gars fort en colère sur un parking a bien envie de se défouler :
A : J'ai bien envie de donner un coup de pied à ta voiture car elle gêne
le passage !
Β : Essaie seulement l et tu verras l

AVEC DES SX ON METTRAIT PARIS DANS UNE BOUTEILLE !


dicton.
Situation: Un enfant rêve tout éveillé:
A : Si j'étais beau, si j'étais intelligent, si j'avais une belle voix, si—.
Β : ru rêves, avant tant de si, on pourrait mettre Paris dans une bouteille !

SI ON VEUT !
populaire.
Situation: Une personne pleine d'imagination explique â son ami un projet sans
grande importance, l'ami écoute d'une oreille distraite et répond avec une
certaine mollesse pour éviter la discussion:
A : On pourrait faire ceci et faire cela afin d'augmenter considérablement
le rendement, qu 'en penses-tu ?
Β : Si on veut, on verra bien, de toute façon ça ne fera du mal à personne 1

SI JE SUIS MALADE !
peu usité. On dit plus souvent Ça va pas ?
Situation: A quelqu'un qui a accepté une chose dont il n'est pas capable
d'assumer l'exécution:
A : Non mais, t'es pas malade d'avoir accepté ce travail, ça va pas, tu sais
bien que tu ne t'en sortiras pas !
Β : Au contraire, ça va très bien et je vais te prouver que ce η 'est pas
une mission 'impossible'.
441

Situation: Un automobiliste à qui l'on vient de faire une queue de poisson,


pointe son doigt sur sa tempe et interpelle l'affreux chauffeur qui a osé:

A : Non mais, ça va pas ? et la priorité alors ?

SI je lui donnerai ma fille !


très peu usité. Peut-être pris sous forme interrogative.
Situation: Un digne père entend dire qu'un monsieur très volage cherche à
convoler en justes noces avec sa fille et qu'il allait lui demander sa main.
Ce M. se fâche et explique à son ami qui lui rapporte les faits:
A : Si je lui donnais ma fille ? il η 'en η 'est pas question, il peut venir me
voir, il sera reçu comme il le mérite 1
Β : Peut-être ne ferait-il pas un mauvais mari 1
A : Hors de question !
Même situation:
A : Avec le caractère qu'il a, le passé qu 'il possède, la réputation qui
l'accompagne, lui donner ma fille ! mais c'est une hérésie !

IL A ENCORE FAIT DES SIENNES !


familier.
Situation: Un homme porte sa voiture chez le mécanicien et veut expliquer,
sans s'y connaître en mécanique, que le moteur a fait les mêmes caprices
que la fois précédente:
A : Je vous rapporte la voiture, elle a encore fait des siennes....
Β : Laissez-la là, je vais voir ce que c'est !
Situation: Un enfant rentre avec un carnet de mauvaises notes à la maison,
sa mëre se plaint à une voisine:
A : Michel a encore fait des siennes à l'école, non seulement il est puni
pour ses bêtises, mais il rapporte un mauvais carnet !
Β : Vous savez bien qu 'il vous fera toujours des tours tant gu 'il η'aura
pas trouvé son équilibre !

JE VOUS FERAI SIGNE !


familier.
Situation: Une dame a promis des fleurs de son jardin à une amie:
A : Ne vous inquiétez pas, c'est promis, dès que les roses seront écloses
je vous ferai signe pour que vous veniez en chercher !
Β : D'accord, je compte sur vous, un coup de fil et j'arrive.
(faire signe n'oblige pas à un geste visuel, c'est prendre contact de
n'importe quelle façon).

C'EST SIGNE !
populaire.
Situation: Une personne assez maladroite renverse du café sur la robe de
son invitée, elle est désolée et s'excuse elle-même:
A : Oh, que je suis maladroite, c'est bien de moi ça, c'est signé !
Β : Ce n'est pas grave, nous allons réparer cela en lavant de suite.
442

Se dit très souvent aux enfants pour toutes les bêtises qu'ils font:
. quand ils renversent un récipient,
. quand ils tombent de vélo,
. quand ils se tachent en mangeant,
. quand ils cassent quelque chose etc
la phrase type qui accompagne dans le langage populaire : c 'est signé !

QU'EST-CE QUE CELA SIGNIFIE ?


langage courant.
Situation: Un patron qui annonce à son employé qu'il va toucher une indemnité,
celui-ci interroge avec étonnement:
A : Une indemnité ? qu 'est-ce que cela signifie ?
Β : Cela signifie que vous êtes licencié, pour compression économique.

C'EST BIEN SIMPLE !


langage courant.
Situation: Une personne demande son chemin dans la rue â une autre personne:
A : Pouvez-vous m'indiquer où se trouve le magasin de souvenirs ?
Β : C'est bien simple, au bout de la rue vous tournez à droite et c'est la
première boutique â gauche !

JE VOUS LE DIS BIEN SINCEREMENT !


pas très usité.
Situation: Un gars qui veut faire croire que sa moto d'une cylindrée tout à
fait moyenne fait des prouesses de vitesse:
A : Je t'assure qu'elle monte à 150 !
Β : Tu veux rire ? je te le dis bien sincèrement, je ne te crois pas !

CE N'EST PAS UNE SINECURE !


populaire.
Situation: Un gamin explique à son copain que le dimanche il faut faire
sortir la grand-mère et comme elle se déplace difficilement, cela provoque
souvent quelques problêmes:
A : Dimanche il y a la grand-mêre qui vient, ce n'est pas une sinécure,
tout le monde est sur les dents, quel branle-bas de combat !
Β : Oh oui, je me souviens la dernière fois, quelle affaire la venue de
cette mère !

ON N'APPREND PAS A UN VIEUX SINGE A FAIRE LA GRIMACE !


dicton.
Situation: Un enfant qui découvre le jeu de cartes veut montrer quelques
tours à son père, mais il a été jeune avant lui et lui fait comprendre:
A : Alors mon garçon, ce η 'est pas aux vieux singe qu 'on apprend à faire
la grimace ! tous ces tours je les ai faits avant toi, je connais les
combines !
Β : Je te croyais pas si vieux, je pensais que tu savais pas tout, que je
pouvais t'en montrer des nouveaux !
443
ET TA SOEUR !
populaire et vulgaire, assez répandu parmi les jeunes.
Situation: Un enfant de 13 ans tente de se mêler à la conversation d'un
groupe d'adolescents, plus âgés que lui:
A : Qu 'est-ce que vous dites ? ... Ou 'est-ce que vous dîtes ?
Β : Et ta soeur ! Est-ce qu 'on te demande ton âge à toi !

SOIGNEZ-LE BIEN !
populaire.
Situation: Des gendarmes viennent d'arrêter un voyou qu'ils recherchent
depuis longtemps, enfin ils ont un motif d'inculpation, à la relève de
la garde les anciens recommandent aux nouveaux:
A : Nous vous le confions, soignez-le bien/soignez-le comme il le mérite !
Β : Ne vous inquiétez pas les gars, ça va être sa fête, depuis le temps
qu 'il nous nargue, on va pas le louper !

IL FAUT TE FAIRE SOIGNER !


populaire.
Situation: A quelqu'un de très énervé qui fait des scènes pour des riens:
A : Eh bien mon gars ! il faut te faire soigner, on η 'a pas idée de faire
une telle colère pour si peu de choses !
Β : Mêle-toi de ce qui te regarde et ce que j 'ai envie de dire, je le dis !

IL FAUT SOIGNER ÇA !

populaire, voir l'expression précédente.

ÇA SE SOIGNE !
populaire, voir l'expression précédente.

RIEN DE NOUVEAU SOUS LE SOLEIL ?


populaire.
Situation : Une personne qui revient de vacances et qui s'intéresse aux
changements qui auraient pu avoir lieu durant son absence:
A : Salut les gars ! rien de nouveau sous le soleil ?
Β : Eh non ! rien que du vieux !

C'EST DU SOLIDE !
populaire.
Situation: A quelqu'un qui a un bon argument pour défendre quelqu'un qui
est accusé:
A : Je vous dis d'avancer cet argument, je vous assure que c'est du solide !
Β : J'espère qu'avec cela l'avocat de la défense pourra défendre son client.
444

VOUS N'Y SONGEZ PAS/A QUOI SONGEZ-VOUS ?


familier.
Situation: Un vacancier qui veut faire une longue ballade en montagne, un
habitant de la région lui recommande:
A : Grimper par cette chaleur en montagne alors que vous η 'avez aucun
entraînement, vous n'y songez pas ? Vous risquez l'insolation !
Β : Je vais aller à mon rythme et je m'arrêterai s'il le faut.

Situation: Une personne qui rêve de performances intellectuelles se confie


à un amit qui cherche à lui prouver qu'il ne peut envisager le 'terme'
choisi n'en n'ayant pas les capacités:
A : Vous rendez-vous compte de ce que vous envisagez ? il vous faut pré-
parer trop de matières, c 'est impossible, mais â quoi songez-vous ?
vous η 'y arriverez jamais !
Β : C'est vrai, je n'y avais pas pensé, c'est impossible !

SONGEZ Y BIEN !
populaire.
Situation: A quelqu'un qui ne veut pas faire les formalités pour le permis
de conduire dés à présent:
A : A votre place je m'y prendrais dés à présent,si vous voulez que tout
soit en règle pour le jour que vous avez fixé, pensez aux imprévus et
aux conséquences que ça entraînerait pour votre travail, songez-y bien I
Β : J'y pense, j'y pense, mais le détail me paraît si long !

IL NE FAUT PAS Y SONGER !


familier.
Situation: A une personne qui pense décrocher son permis du premier coup:
A : Il ne faut pas compter 'décrocher ' votre permis du premier coup, il ne
faut même pas y songer, il est de tradition de repasser au moins une fois 1
Β : Je comptais pourtant bien 1'avoir étant suffisamment préparé !

ON NE VOUS A PAS SONNE 1


populaire, vulgaire.
Situation: A quelqu'un qui se mêle d'une conversation et qui n'a pas été
invité à participer à la conversation:
A : Vous, on ne vous a pas sonné, mêlez-vous de ce qui vous regarde I
Β : J'ai quand même le droit de donner mon avis ?

CE N'EST PAS SORCIER 1


familier.
Situation: A un enfant qui sëche sur un problème depuis une heure, son
frère aîné lui fait la remarque:
A : Regarde, en faisant cette figure de géométrie la solution paraît d'elle-
même, ce η 'est vraiment pas sorcier comme problême !
Β : Pour toi peut-être, mais moi je le trouve difficile.
445

LE SORT EN EST JETE !


populaire.
Situation: Après réunion du conseil de famille, tout le monde a voté pour
passer des vacances à la montagne:
A : Et voilà, le sort en est jeté, nous passerons nos vacances â la montagne
puisque tout le monde est d'accord !
Β : Puisque le sort en a décidé ainsi, je vais aller m'acheter les chaus-
sures de suite.

D'OU SORTEZ VOUS ?


populaire.
Situation: A quelqu'un qui entre sans frapper ni dire bonjour, se dirige
vers le bureau pour prendre un crayon:
A : Mais enfin d'où sortez-vous ? un tel comportement dénote un manque
d'éducation 1
Β : Pardon, je ne vous avais pas vu ! excusez cette impolitesse I

JE SORS D'EN PRENDRE !


populaire.
Situation: Une personne souffrante qui refuse d'entrer à l'hôpital où elle
vient de faire un long séjour:
A : Je veux être soigné à la maison, non merci pour l'hôpital, je sors d'en
prendre, j'y ai passé six semaines, ça me suffit !
Β : En effet, je comprends que vous en ayez assez, vous serez mieux à la
maison.

ÇA SORT DU COEUR 1
familier.
Situation: A l'hôpital autour d'un malade qui vient d'être opéré pour de
multiples fractures:
A : Nous formulons des voeux de prompt rétablissement, ça paraît banal
mais ça sort du coeur !
Β : Je sais bien que vous êtes de tout coeur avec moi, merci.
Situation: Une petite fille qui vient de tomber et qui s'est fait mal appelle
instinctivement sa maman, celle-ci constate:
A : Dès que tu as besoin d'un secours, tu appelles ta maman, c'est que tu
as encore besoin d'elle, cet appel sort du coeur I
Β : Oh oui, je t'appelle sans même y penser.

JE VOUS EN SOUHAITE 1
populaire.
Situation: Une dame vient d'acheter un magnifique tissu de soie, mais il est
très délicat à manipuler et ä coudre, son amie la met en garde:
A : Tu as acheté ce magnifique tissu ! eh bien je t'en souhaite, tu vas
avoir beaucoup de mal à le coudre l
Β : Je savais bien que ce serait difficile, mais je η'ai pu résister à la
beauté.
446

PAR ICI LA BONNE SOUPE !


populaire. Se dit couramment pour 1'argent mais peut s' appliquer à tout ce qui
est agréable à recevoir.
Situation: Un homme vient de gagner à la loterie nationale, il va chercher
son argent au guichet:
A : Je viens de toucher le gros lot, que je suis content, allez, ma petite
madame, par ici la bonne soupe !
Β : Voilà, voilà, mon bon monsieur, régalez-vous !
Situation: Au cours d'un goûter, d'une distribution de bonbons, de cadeaux pour
inciter la personne donatrice on lui exprime ces mots par ici la bonne soupe !

ÇA FAIT DES SOUS !


populaire.
Situation: Des personnes envisagent quelques réparations dans leur logement,
malheureusement ils n'ont que des petits moyens et tout leur paraît très
lourd financièrement:
A : Regarde, rien que de réparer la porte, ça fait des sous !
Β : Tout 1 'argent que nous avons économisé, ça fait des sous aussi !

JE M'EN SOUVIENDRAI !
populaire.
Situation: Un homme qui vient d'être rayé au sein d'un club par la méchanceté
d'un membre:
A : Si je suis viré, c'est de la faute à X, je m'en souviendrai ! il me le
paiera ! je ne suis pas prêt à lui pardonner !
Β : Allez, calme-toi, ça ne sert à rien de t'énerver ainsi !

CE N'EST PLUS QU'UN MAUVAIS SOUVENIR !


familier.
Situation: Des personnes se rappellent le départ en vacances de l'an passé
oû le plus jeune s'est cassé la jambe en tombant du vélo:
A : Tu te rappelles l'an passé la chute du petit,la veille du départ ?
Β : Bien sûr, mais aujourd'hui ce n'est plus qu'un mauvais souvenir, puisque
tout s'est bien passé et que le petit n'en a pas de séquelles.

VEUILLEZ ME RAPPELER AU BON SOUVENIR DE ... !


formule de politesse.
Situation: Une personne, sans sa femme, rend visite á son ancienne ville et y
retrouve de nombreuses connaissances, chacun se plaît à rappeler à Monsieur:
A : Nous avons beaucoup de plaisir à vous revoir et veuillez transmettre
notre bon souvenir â Madame !
Β : Merci, je n'y manquerai pas !
C : Après toutes ces années, veuillez me rappeler au bon souvenir de Madame !
447

PLUS SOUVENT QU'A MON TOUR !


populaire.
Situation: A la distribution des tours de garde:
A : X, vous serez de permanence de nuit la semaine prochaine /
Β : Ça m'arrive plus souvent qu'à mon tour 1
Situation: Deux enfants se disputent pour ne pas faire la vaisselle (ou
toute autre corvée):
A : Ce η 'est pas à moi de faire la vaisselle !
Β : Moi non plus, ça m'arrive plus souvent qu'a mon tour, un peu à toi !

C'EST DU SPORT !
populaire.
Situation: D'un devoir très confus, avec beaucoup de rectifications un élève
observe:
A : Ça va être du sport de présenter quelque chose d'homogène !
Β : Allez, il faut s'accrocher, on y arrivera !

Pour se sortir de toute situation difficile: c'est du sport !

IL VA Y AVOIR DU SPORT !
similaire au précédent, projeté dans l'avenir.

CELA ME DONNE DES SUEURS FROIDES !


populaire.
Situation: Au cinéma certains films font peur, une jeune fille explique á
son amie le dernier film dans la série 'fantastique' du festival d'Avoriaz:
A : Ce film fait vraiment peur, il me donne des sueurs froides !
Β : C'est vrai, moi aussi j'en ai froid dans le dos.

IL SUFFIT D'UNE FOIS !


populaire.
Situation: Une voiture: pneus lisses, fuite de freins, etc... Son conducteur
se fait réprimander par son ami:
A : Avec un pareil tas de ferraille, tu vas droit à 1 'accident !
Β : Mais non, je sais conduire, pas à moi...
A : Il suffit d'une fois...

AVOIR DE LA SUITE DANS LES IDEES


familier.
Situation: Un enfant qui désire un train électrique harcèle ses parents:
A : Pour Noël je veux un train électrique !
Β : Tu as de la suite dans les idées, c'était pour Pâques, pour les grandes
vacances etc... tu y tiens vraiment !
448
LA SUITE A DEMAIN !
langage courant.
Situation: Un feuilleton télévisé dont un épisode se termine, la speakerine
annonce :
A : Bonsoir ! la suite demain !

EXEMPLE A SUIVRE !
langage courant.
Situation: Deux hommes parlent affaire:
A : J'admire le Japon qui est un pays sans matières premières et qui réussit
économiquement !
Β : En effet, c'est un exemple à suivre !

UNE SUPPOSITION
langage courant. Supposons.
Situation: Une personne demande à une autre d'imaginer quelle serait sa
réaction en cas d'incendie:
A : Une supposition, un incendie éclate ! que faites-vous ?
Β : Je suppose que j 'essaierai de sortir par tous les moyens.

VOUS ME SURPRENEZ !
populaire. Là vous m'ètonnez.
Situation: Deux personnes parlent du temps qu'il a fait l'an passé à la
même époque :
A : L'an passé il faisait 40 degrés déjà à cette époque ...
Β : Là vous me surprenez alors que nous ne sommes pas encore dans la
période chaude !

CELA ME SURPRENDRAIT !
populaire.
Situation: Dans un aéroport les passagers attendent pour prendre l'avion,
il y a encore beaucoup de fret à charger:
A : Cela me surprendrait que 1 'on parte à 1 'heure étant donné le fret qui
reste à charger !
Β : Ce serait surprenant qu'il décolle dans une heure !

VOUS M'EN VOYEZ SURPRIS !


langage courant.
Situation: A des résultats d'analyses, la lecture des ordonnances ne précise
rien de particulier. Le patient s'adresse au docteur:
A : Qu'interprétez-vous à la lecture des résultats ?
Β : Vous m'en voyez surpris, mais il n'y a rien qui explique votre fièvre !
449

JE N'Y SURVIVRAI PAS !


populaire.
Situation: Une dame confie à son amie:
A : Si mon mari me quitte, je η 'y survivrai pas !
Β : Mais si ! la vie continue

C'EST TOUJOURS LE MEME TABAC !


pas tellement usité avec tabac,
plutôt c 'est toujours la même chose !

VOUS VOYEZ D'ICI LE TABLEAU !


familier dans le langage populaire.
Situation: Une maîtresse de maison cherche à faire des invitations, il s'agit
de s'appliquer pour ne pas faire d'impairs et ne pas se faire rencontrer des
gens qui ne s'apprécient pas. Cette dame rencontre une voisine à qui elle
confie son souci:
A : Je crois que X ne s'entend pas avec Y, leurs enfants ont eu des maux,
je crois que j 'allais faire une gaffe.
Β : Effectivement, je vois le tableau d'ici, M. X parlant à M. Y de leurs
fils qui sont fâchés à mort pour une sordide histoire d'amour ! Ça
aurait provoqué une belle scène !

JE LE MARQUE SUR MES TABLETTES !


très usité, très familier.
Situation: Un M. désire que je lui rende le travail pour la semaine prochaine
à une date et une heure bien précises, il m'explique donc:
A : Voilà, je compte sur vous mardi prochain à 20 H, travail en mains !
Β : Vous pouvez, ce sera fait et pour ne pas oublier notre rendez-vous,
je le marque sur mes tablettes !
Se dit également d'une consigne reçue comme: tenez-vous le pour dit, je ne
veux plus voir de papiers qui traînent ! OK je le marque....

CE N'EST PAS ECRIT SUR MES TABLETTES !


contraire du précédent.
Néanmoins beaucoup moins usité. S'emploie par une personne assez têtue,
butée, faisant preuve de mauvaise volonté:
puisque ce n'est pas noté.... il n'y a pas de raison....
On peut aller loin ainsi.

CE N'EST PAS ECRIT SUR MES TABLETTES !


toute petite nuance avec le précédent.
Je ne m'en souviens pas. Pas forcément de la mauvaise volonté, mais il peut
exister une petite pointe de mauvaise volonté. La situation n'est pas aussi
nette que 'oui' ou 'non'.
450

JE NE SUIS PAS A LA TACHE !


familier dans le langage populaire.
Situation: Un patron qui s'impatiente après un travail non encore exécuté
alors qu'il pensait qu'il y avait pour deux minutes, il n'avait pas calculé
avec le dérangement extérieur comme la porte, le téléphone etc... qui re-
tarde l'exécution du travail, il s'impatiente:
A : Alors, ça vient ?
Β : Oui, oui, voilà, mais je ne suis pas à la tâche, je fais ce que je peux l
On peut dire je ne suis pas aux pièces !
Expression régionale. En Champagne, dans les usines de bonneterie, chaque
ouvrier travaillait à la pièce, son salaire était en conséquence. Cette
expression est donc venue tout naturellement dans la rue.

TAÏAUT !/TAYAUT !
Ne sert exclusivement que dans la chasse à courre.
Peut parfois être pris pour un cri de victoire comme Youpi !

TAILLONS-NOUS !
populaire.
Situation: Des flics font une descente dans un bar. Un consommateur donne
l'alerte:
A : Taillons-nous, voilà les flics .'.'.'.'
Peut-être mis en parallèle avec 22 voilà les flics !

IL A MANQUE UNE BELLE OCCASION DE SE TAIRE !


populaire, familier.
Situation: Un employé qui avait des revendications à faire á son patron, va
le trouver, lui expose son cas et le patron profite de cette occasion pour
lui faire grief sur son attitude lors d'un engagement important de la société
envers un client. En sortant, la secrétaire, qui avait tout entendu, dit à
son amie:
A : Celui-là, il a manqué une belle occasion de se taire ! s'il ne s'était
pas plaint, le patron l'aurait bouclé pour l'autre jour.
Β : Tu as raison, le voilà neutralisé, sa revendication ne tient plus
puisqu'en face il y en avait une également.

MONTREZ-NOUS VOS TALENTS !


populaire, familier.
Situation: Un chasseur rapporte du gibier et l'offre à sa voisine:
A : Tenez Mme X, voilà des perdrix, montrez-nous vos talents de cuisinière 1

TANNANTE
peu usité, par contre très employé: usante.
Situation: D'une femme qui n'arrête pas de donner des recommandations à son
fils dès qu'il prend la moto:
A : elle est usante avec tous ses discours !
451

TU NOUS TANNES !
peu usité, par contre très employé: tu nous fatigues.
Situation: Un gamin qui a toujours le moral à zéro avec ses mauvaises notes,
ses copains en ont plein le dos:
A : Tu nous fatigues avec ton moral, tu crois que ce n'est pas dur pour nous ?

VOUS M'EN DIREZ TANT !


familier.
Situation: Deux personnes se rencontrent après s'être perdues de vue depuis
des années, elles ont beaucoup de choses à se dire:
A : Vous savez que .... j'ai deux enfants, .... j'habite à Paris, .... je
suis marié etc
Β : Ah, vous m'en direz tant ! (je découvre I)

ÇA FAIT TANT !
familier. Au lieu de donner une somme précise comme:
Trente et un freuics - on dit: ça fait tant.
Situation: A l'épicerie, le client réclame son 'ardoise', son addition:
A : Vous me direz combien ça fait Mme X ?
Β : Ça fait tant.
(maison lui montre le papier sans annoncer clairement le montant, c'est plus
simple et plus pratique de montrer du doigt un chiffre).

TANT QUE/TANT ET PLUS


familier.
Situation: Au marché deux bonnes-femmes se crêpaient le chignon. Une femme
raconte à l'autre:
A : T'as vu l'autre jour au marché ? c'était dingue, ça se battait là-dedans
tant que ça pouvait, ça criait tant et plus.

TANT BIEN QUE MAL


familier.
Situation: Une femme demande des nouvelles de la santé d'une personne alitée:
A : Alors ? comment ça va ce matin Mme X ?
Β : Oh, ça va pas très fort, elle marche tant bien que mal.

A : A l'école comment travaille votre petite dernière ?


Β : Elle travaille tant bien que mal, c'est une élève médiocre.

TANT QU'A FAIRE


populaire.
Situation: Une ménagère va au marché pour acheter des carottes, elle en fait
part à sa voisine:
A : Tiens, je vais au marché, vous faut-il quelque chose ? tant qu'à faire
je peux vous rapporter vos courses.
Β : Merci, c'est bien gentil, puisque vous y êtes, rapportez-moi donc des
poireaux !
452
TANT QU'IL Y A DE LA VIE ...!
pas vraiment une expression.
Situation: A l'hôpital, Mme X rencontre Mme Y dont le mari est très gravement
malade :
A : Comment va-t-il ?
Β : Pas bien du tout, mais tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir.
On le dit aussi dans le cas de déprime à propos de rien.
Situation: Une élève vient de se récolter une mauvaise note. A son amie elle
confie :
A : Quel bouillon j 'ai pris ce matin ! tu te rends compte un zéro, la
moyenne va chuter, c'est catastrophique !
Β : Bah, t'en fais pas, tu vas te rattraper la prochaine fois, tant qu 'il y
a de la vie il y a de 1 'espoir !

TANT QUE TU Y ES
familier.
Situation: A table S se lève pour chercher â boire, sa mère l'interpelle et
lui dit:
A : Tant que tu y es, apporte-nous donc du pain !
On utilise également: Tant qu'à faire...
Β : Bien sûr, tant qu'à faire je peux faire (autre chose).

A TANTOT !
abréviation de à tout à 1 'heure !
à cet après-midi ! (plus précisément)

IL Y A DE QUOI SE TAPER LE DERRIERE PAR TERRE !


vulgaire. Se dit dans un moment de grosse colère.

C'EST A SE TAPER LA TETE CONTRE LES MURS !


populaire.
Situation: Devant la bêtise incommensurable d'un employé qui ne veut rien
entendre des conseils qu'on veut lui prodiguer: un patron:
A : Mais ce n'est pas possible d'être bête à ce point là, après tout le mal
qu'on se donne pour vous sortir de ce mauvais pas, y mettre tant de mau-
vaise volonté, il y a de quoi se taper la tête contre les murs.
Β : En tout cas ! (emploi typiquement africain de en tout cas)

TAPER DANS LE TAS/TAPER DEDANS


populaire.
Situation: Des parents â des gosses qui ne restent pas tranquilles:
A : Si vous continuez à faire tant de boucan je vais finir par taper dans
le tas, tout le monde prendra !
Β : C'est pas moi, je suis sage !
453

IL PEUT TOUJOURS SE TAPER/IL PEUT TOUJOURS ATTENDRE !


La 2ême expression est plus usitée que la première.
Situation: Un copain qui devait aller en chercher un autre pour une ballade
mais qui n'en n'a pas du tout envie:
A : II peut toujours attendre que j'aille le chercher après ce qu'il m'a fait !
Β : Allez, ne soit pas rancunier, c'est pour qu'on soit ensemble.

IL A UNE DE CES TAPETTES !


populaire.
Situation: Deux maltresses du petit dernier au fond de la classe:
A : Je ne vous dis que cela, ce petit X, il a une de ces tapettes, quel bavard !
Β : Il est difficile à neutraliser et entraîne tout le monde.

L'ENVERS DE LA TAPXSSERIE/L'ENVERS DU DECOR


familier.
Situation: D'une personne qui est tirée à quatre épingles dans la rue, mais
qui a un intérieur plus que douteux:
A : Vous connaissez Mme X ? qu 'est-ce qu 'elle est élégante !
Β : Vous ne seriez pas ainsi en admiration si vous connaissiez 1'envers du
décor, chez elle c 'est plutôt erado !

fA N'A PAS TARDE/ÇA N'A PAS TRAINE


familier.
Situation: Un gamin qui vient de recevoir pour Noël un magnifique vélo, sa
mère se désole auprès de la voisine:
A : Ah ça n'a pas tardé, il s'est déjà pris trois gadins, le voilà avec une
jambe dans le plâtre !
Β : Effectivement, ça η'a pas traîne, vous redoutiez tellement qu 'il chute !

C'EST LE TARIF !
populaire.
Situation: Pour entrer dans un club, les copains exigent deux tournées
générales et l'expliquent au nouveau venu:
A : Alors, c'est bien compris ? Deux tournées générales ?
Β : (un autre ancien) mon vieux c'est le tarif !
C : OK les gars, je suis des vôtres !

C'EST DE LA TARTE !
populaire. Mais on emploie plutôt c'est pas de la tarte !
Situation: Autour de la confection d'un puzzle:
A : Ben mon vieux, c 'est pas de la tarte à monter ce truc là !
Β : Allez, patience ! accroche-toi !
454

ÇA SE TASSERA !
populaire.
Situation: Deux copains qui sont fâchés:
A : Je sais, il y a de l'eau dans le gaz entre nous.
Β : En effet, en ce moment tu es particulièrement désagréable, mais t'en
fais pas, ça se tassera !
On peut également utiliser: ça se passera !

TA TA TA...!/TARATATA !
populaire, peu employé.
Coupe la conversation, marque la méfiance.
Situation: Une personne qui raconte ses exploits du week-end au golf:
A : Tu as vu, j'étais en super forme, j'ai fait un drive terrible, puis j 'ai
remonté tout le parcours, puis je suis arrivé premier, puis ....
Β : Taratata, à d'autres, je n'étais pas là pour le voir, donc je ne peux
le croire.
Situation: Une prof., au lycée, écrit au tableau les formules de maths à
appliquer:
A : Pour appliquer tel exercice, voici la formule A + Β χ X et taratata
dans ce cas veut dire etc

BON TEINT
langaga courant.
Situation: Lors d'une campagne politique deux personnes échangent leur point
de vue sur les opinions du candidat:
A : Il fait de belles promesses, mais comme c'est un communiste 'bon teint'
on peut s'attendre à un retournement de situation une fois au pouvoir.
Β : Naturellement, puisque ce qu 'il prêche est contraire à sa doctrine.

TEL PERE, TEL FILS !


langage courant.
Situation: Dans un commissariat de police, un voyou fait l'objet de remarques
de la part des flics qui médisent sur son compte:
A : On en tirera rien de cette racaille !
Β : Tu parles, surtout de celui-ci, son pére est fiche chez nous depuis
longtemps, que veux-tu ? tel pére, tel fils !
On peut dire également Des chats ne font pas des chiens !

TEL MAITRE, TEL VALET !


voir Tel père, tel fils !

DEPUIS LE TEMPS QUE... !


S'emploie couramment dans une phrase, pas vraiment une expression.
Situation: Deux amis se rencontrent et se jurent l'un à l'autre fidélité:
A : Depuis le temps qu 'on se connaît, on sait que 1'on peut se faire con-
fiance et se promettre fidélité.
Β : Oui, en effet, voilà belle lurette qu'on se connaît, c'est juré, promis !
455

IL Y A BEAU TEMPS QUE...!


Situation équivalente á la précédente, de surcroît peu usité.

VOUS AVEZ TOUT LE TEMPS !


familier.
Situation: Dans un magasin, une vendeuse n'arrive pas à servir tout le monde,
afin de faire patienter une des nombreuses clientes elle lui adresse quelques
mots gentils:
A : Je suis à vous tout de suite, Mme X.
Β : Ne vous inquiétez pas, vous avez tout le temps, moi je suis à la
retraite et je peux me permettre d'attendre un peu.

NOUS AVONS TOUT NOTRE TEMPS !


Même situation que Vous avez tout le temps !

EN DEUX TEMPS, TROIS MOUVEMENTS !


familier, assez usité.
Situation: Face à une personne très pressée pour qu'on lui tape son rapport:
A : Ne vous inquiétez pas M. X, votre rapport sera tapé en deux temps, trois
mouvements, vous pouvez compter sur moi !
Β : C'est urgent et je vous connais bien, vous allez me faire ça en moins de
temps qu 'il ne faut pour le dire, η 'est-ce pas ?
A : OK, ce sera fait en moins de deux !

CHAQUE CHOSE EN SON TEMPS !


familier.
Situation: A un enfant qui voudrait profiter de tous les loisirs qui lui sont
offerts, mais qui a beaucoup de devoirs à faire, ses parents lui font la
leçon:
A : Ecoute, il faut considérer chaque chose en son temps, c'est-à-dire le
travail d'abord, les loisirs ensuite !
Β : Oui, mais je voudrais aussi voir la télé.
A : Alors dépêche-toi ! pour respecter l'ordre établi.

PAR LES TEMPS QUI COURENT


familier.
Situation: Deux jeunes épluchent les petites annonces pour chercher un emploi,
l'un hésite, se täte, son copain lui conseille:
A : Ecoute, par les temps qui courent, à ta place j'irais me renseigner,
qu 'est-ce que tu risques, tu verras bien.
Β : En effet, c'est si difficile en ce moment qu'il ne faut pas se montrer
trop exigeant.
456

IL ETAIT TEMPS !
familier.
Situation: En haute montagne, deux skieurs viennent de dévaler le flanc de
la montagne à toute allure sentant derrière eux le mauvais temps qui gagnait
du terrain. En se mettant à l'abri dans un refuge:
A : Ouf, il était temps, deux minutes de plus et nous étions pris dans
l'orage.
Β : En effet, on 1'a échappé belle, à peu plus on y avait droit !

SI JE LE TENAIS !
populaire.
Situation: Un gars vient de faire une vacherie à son copain, celui-ci n'est
pas content du tout, dans sa barbe il ronchonne:
A : Ah, si je le tenais celui-là, il ne serait pas très fier de ce qu'il a fait!
Β : Allons, calme-toi, il ne 1'a peut-être pas fait exprès.

QUELLE COUCHE IL TIENT !


populaire.
Situation: A un gosse complètement rêfractaire â une explication de texte:
A : Mais ce η 'est pas possible d'être aussi bouché que ça ! Quelle couche il
tient ce gosse, jamais il ne s'en sortira !
Β : (méchant) je dirai même que ce n'est pas une couche, mais une épaisseur !

TIENS !
familier.
Situation: Au sortir de la messe, étonnement de M. le Curé de voir M. le
Maire :
A : Tiens ! quelle surprise ? on vous voit assez rarement.
Β : Oui, je voulais vous faire la surprise, mais, tiens ! vous n'êtes plus
en soutane ? vous êtes en 'civil ', je ne connaissais pas ce changement
chez vous !

JE TIENS !/PARI TENU !


courant.
Situation: Deux copains font des pronostics sur l'issue d'un match de foot:
A : Je te parie cent francs que 1 'équipe d'Espagne va gagner !
Β : Pari tenu !

IL N'Y A PAS DE RAISON QUI TIENNE ...


pas très usité.
Situation: Une jeune fille qui cherche vainement une excuse pour son retour
tardif l'autre nuit et qui essaye d'expliquer à ses parents:
A : On a crevé, puis on a trouvé personne pour nous dépanner puis...
Β : Il n'y a pas de crevaison (raison) qui tienne, tu n'es pas rentrée à
l'heure, tu n'as pas d'excuses !
457

JE N'Y PUIS TENIR !


peu usité.
Situation: Dans une ambiance surchauffée par la mauvaise humeur des uns et
des autres, un ami explique:
A : Si ça dure encore un peu, je vais exploser, je ne peux plus tenir !
Β : Moi aussi, je suis hors de moi de voir une telle situation, je n'en
peux plus.

S'IL NE TENAIT QU'A MOI !


populaire.
Situation: Une employée qui explique â son patron toutes les bonnes raisons
pour qu'i1 1'augmente:
A : Vous comprenez avec tout ce que j'abats comme travail il faudrait voir
une petite augmentation !
Β : S'il ne tenait qu'à moi ce serait tout de suite, mais il faut voir avec
mon associé !

QU'A CELA NE TIENNE !


courant.
Situation: Deux copains qui ont envie d'échanger leur moto pour une ballade:
A : Tiens, je changerai bien de moto pour essayer la tienne !
Β : Qu'a cela ne tienne, sitôt dit, sitôt fait, voilà, je te la prête, il
n'y a vraiment pas d'obstacle à cela.

IL A DE QUI TENIR !
familier.
Situation: Dans un ménage, quand il s'agit des défauts, c'est toujours: TON
fils, TA fille, quand il s'agit des qualités, c'est toujours: MON fils, MA
fille, donc, un jour de mauvaise humeur, où tout va mal:
A : Ce gosse, il est vraiment têtu, on n'en fera rien !
Β : Bien sûr, il a de qui tenir !

TIENS-TOI DROIT !
N'est sans doute plus usité, mais l'a beaucoup été dans la génération précé-
dente comme un leitmotif pour éviter les scolioses. A la longue on s'est
aperçu que c'était un coup d'épée dans l'eau c'est-à-dire que ça ne servait
à rien.

TENEZ-VOUS EN LA !
ordre sec et bref, n'amène pas de réponse.
Situation: Un commandant à un soldat:
A : Faites-mois ce que je vous ai dit et tenez-vous en là ! inutile d'en
faire plus !
Β : Bien, mon commandant !
458
VOUS TENTEZ DIEU !
très peu usité.
Je dirai plutôt Vous tentez le diable !
Situation: Devant une vitrine de pâtissier deux dames qui essayent de faire
un régime amaigrissant:
A : Bon sang que c'est beau et que ça sent bon ! vous venez, on rentre !
Β : Vous savez bien que je ne pourrai pas résister devant tant de bonnes
choses, vous tentez le diable !

ÇA NE ME TENTE GUERE !
familier.
Situation: Le matin, au réveil, dans des draps encore bien chauds, alors
qu'il fait bien froid dehors:
A : Il est l'heure de se lever, regarde la neige 1
Β : Ça ne me tente guère d'affronter ces intempéries, on est si bien ici !

UN PEU DE TENUE !
peu usité de nos jours, il y a tant de laisser aller.
Situation: A deux jeunes filles qui rient trop fort et sont un peu trop
maquillées:
A : Allons, mesdemoiselles, un peu de tenue que diable !
Β : Mais madame, qu 'est-ce qu 'on fait de mal ?
A : Rien, c'est la présentation de votre personne qui est choquante.

QUELLE TENUE !
assez familier.
Situation: Un homme arrive au tennis pour jouer, il est en complet veston,
son ami surpris l'interroge:
A : Quelle tenue pour jouer !
Β : Rassure-toi, j 'ai de quoi me changer dans mon sac.
On peut dire également: En voilà une tenue 1

TERMINUS !
populaire.
Situation: En rentrant d'une boum, on dépose les uns après les autres les
copains chez eux, en leur ouvrant la portière et pour les inviter à des-
cendre, chacun s'écrie:
A : Terminus, tout le monde descend !
Β : Ah bon ! on est déjà arrivé !

JE NE VOUS SUIVRAI PAS SUR CE TERRAIN !


assez répandu.
Situation: Deux personnes d'opinion politique diamétralement opposée se con-
certent pour le vote de dimanche prochain:
A : Voilà mon cher, ce candidat a bien du mérite et du savoir-faire, il a ré-
alisé de grandes choses et son étiquette politique 1 'aide à surmonter
bien des obstacles !
Vous savez bien que moi, je trouve qu'il ne vaut rien, ce n'est que du
bluff tout ce qu'il raconte, aussi je ne vous suivrai pas sur ce terrain.
459

ça chauffe TERRIBLE !
usité par une certaine jeunesse qui emploie toujours et souvent les mêmes
mots. S'utilise très souvent derrière le verbe trouver.
. Comment me trouvez-vous ? terrible !
. Comment trouvez-vous la musique de la boîte ? terrible !
. Comment trouvez-vous mon copain ? terrible ! et 1 'appartement ? terrible !
S'utilise selon la mode. En ce moment il y a Super ! tout est Super !

IL PEUT FAIRE SON TESTAMENT !


peu usité.
S'emploie au sérieux, au moment de mourir, mais peut également s'employer sur
le ton de la 'mauvaise plaisanterie' en cas de menace.
Situation: Deux individus s'en veulent à mort pour une querelle familiale.
L'un d'eux prévient son copain en lui faisant comprendre que sa colère est
grande et nullement passée:
A : Tu peu* lui dire qu 'il prépare son testament si je le trouve sur la
route, je lui casserai la g.... C'est sûr !
Β : Mais il s'en gardera bien, il n'a aucune envie de t'affronter.

PETITE TETE !
expression familière.
Situation: Une enfant qui a oublié ses devoirs â la maison s'excuse auprès
de la maîtresse:
A : Madame ! j'ai oublié mes devoirs !
Β : Quelle étourdie tu fais, petite tête va !

IL A LA GROSSE TETE !
familier.
Situation: Au sport un enfant vient de réussir quelques petits exploits
locaux, mais il est grisé et se croit devenu important et supérieur à ses
camarades. L'un d'eux veut le 'doucher' en lui faisant comprendre que ce
n'est pas son avantage:
A : Tu sais, ce η 'est pas parce que tu es le premier en sport qu 'il faut te
croire un crac ! ton exploit relativement modeste de 1 'autre jour t'a
monté à la tête, depuis tu ne te crois pas 'rien', t'as la grosse tête !
Β : Tu me fous la paix, si tu ne veux pas que je t'en fasse une grosse tête!
(c'est-à-dire lui faire enfler sous les coups et non sous l'orgueil)

TU AS PERDU LA TETE !
familier.
Situation: Une amie raconte qu'elle voudrait rejoindre d'autres amis le
week-end dans un endroit impossible:
A : Je voudrais bien aller en brousse dimanche chercher les copains !
Β : Mais t'as perdu la tête, tu ne te rends pas compte de la distance et du
danger de traverser certaines zones ! Exploit impossible â moins d'être
folle !
460

C'EST TEXTUEL !
peu usité.
on emploie plutôt C 'est dans le texte !
Situation: Discussion sur les salaires par les grévistes:
A : Puisque je te dis qu 'on a droit à .... c 'est écrit dans le texte de la
convention collective.
Β : X nous a dit qu 'on η'avait droit à rien du tout parce qu 'on η 'était pas
majeurs: textuel (voilà ce qu'il a dit)!

C'EST TRES BEAU EN THEORIE, MAIS EN PRATIQUE ...!


familier.
Situation: Deux jeunes intellectuels veulent expliquer à des personnes qui
travaillent sur une machine depuis des lustres comment elle fonctionne.
Mais les anciens ne s'en laissent pas conter:
A : Vous savez, d'après les livres, vous devriez pour arriver à un meilleur
rendement de la machine ....
Β : Oui, oui, d'accord, tout ça c'est très beau en théorie, mais en pratique
on ne fait pas toujours ce qu'on veut et croyez-moi,jeunes gens,tout ça
ne vaut pas l'expérience !

J'Y VA-ΤΙ, J'Y VA-ΤΙ PAS ?


très milieu paysan.
Situation: Dans un tout petit village un paysan se 'täte' pour savoir s'il
va aller aux champs aujourd'hui:
A : Ah, je sais pas bien, j 'y va-ti, j 'y va-ti pas ? mes bêtes elles vont
bien m'attendre jusqu'à ce soir !
Β : T'as ρ'têt raison, il faut faucher avant la pluie, j'srais toi j'irais
ben quelques heures.

A LA TIENNE !/A TA SANTE !


A la tienne Etienne (pour la rime)
familier.
Situation: A un pot chacun lève son verre pour fêter l'événement:
A : A la tienne,mon vieux !
Β : Merci, à la bonne nôtre !
C : A ta santé !

IL FAUT Y METTRE DU TIEN !


familier.
Situation: Dans une scène de ménage, ça ne peut plus durer, l'un cherche la
réconciliation et recommande à son partenaire:
A : Si tu veux que ça remarche entre nous, il faudra y mettre du tien !
Β : Moi j'en mets toujours, mais c'est toi, tu n'y mets que de la mauvaise
volonté.
461

LES OREILLES ONT DU VOUS TINTER !


familier.
Situation: Le lendemain d'une soirée oU beaucoup d'amis s'étaient retrouvés
en parlant â l'un d'eux qui manquait justement ce soir-là:
A : Vous nous avez beaucoup manqué hier soir, vos oreilles ont dû vous
tinter car nous avons beaucoup parlé de vous.
Β : J'espère que c'était en bien.

TINTIN !
amusant.
Situation: Deux gosses qui se disputent un morceau de chocolat, l'un plus
filou est arrivé à tout attraper:
A : Tu vas me donner un bout de chocolat 1
Β : Tintin, tu n'auras rien du tout, t'avais qu'à te dépêcher !

QUEL TINTOUIN !
populaire.
Situation: Dans une cour de récréation, on ne s'entend plus, tant les
enfants sont excités:
A : Quel tintouin aujourd'hui, pas moyen de calmer ces enfants !
Β : Vraiment jamais je η 'ai entendu pareil chahut, pareil tintamarre !

IL Y A DU TIRAGE !
moyennement usité.
Situation: D'un ménage qui ne 'marche' pas très bien une voisine, mauvaise
langue, raconte :
A : vous savez, il y a du tirage chez les X, je les ai entendus se cha-
mailler hier soir, depuis ils se font la tête.
Β : Oh, vous savez, on dit qu'il y a du tirage dans les meilleurs ménages,
ça ne durera pas.

DEMAIN LE TIRAGE !
. demain le tirage de la loterie !
. demain le tirage au sort des 1/4 de finales !

APRES CELUI LA, IL FAUT TIRER L'ECHELLE !


peu usité.
Situation: Après le passage du Xême ouvrier pour la même réparation sur la
même machine, un chef de service s1 impatiente :
A : Après le passage de cet ouvrier il faudra tirer 1 'échelle 1
Β :' Vous avez raison, si lui n'y arrive pas, personne d'autre y arrivera,
il ne faut plus espérer quoi que ce soit, on va s'arrêter là.
462
NE TIREZ PAS SUR LE PIANISTE !
populaire.
Situation: En parlant de l'exploit d'un copain pas très doué, mais bien gentil:
A : Allez les gars, ne tirez pas sur le pianiste, il fait ce qu 'il peut,
soyez chics I
Β : D'accord l'ami, mais c'est vraiment parce qu'on ne veut pas être vache
avec toi.

ON NE PEUT RIEN EN TIRER !


familier.
Situation: D'une vieille machine à laver le linge un réparateur qui vient
pour la Xëme fois:
A : Vous savez ma bonne dame, il n'y a plus rien à en tirer, il va falloir
vous décider á en racheter une autre !
Β : Vous êtes sûr qu 'on ne peut vraiment rien en tirer, c 'est qu'elle me
dépannait bien.

ON NE PEUT RIEN EN TIRER !


Se dit également d'une personne qui reste imperturbablement muette.
Situation: Devant quelqu'un qui a la tête baissée obstinément et qui ne
veut rien dire sur l'accident qui vient de se produire sous ses yeux.

ÇA SE TIRE Í /ÇA TIRE A SA FIN ! /ÇA SE BARRE !


populaire.
Situation: Après de longues épreuves sportives, les athlètes exténués font
le bilan et sont bien contents de voir que la fin arrive. Au vestiaire:
A : Il n'y a plus que le saut en hauteur, ouf, je commence à être fatigué,
heureusement ça se tire....
Β : Heureusement que ça tire à sa fin, car je suis exténué et je n'aurai
pas pu faire d'autres épreuves.
A : Ben oui, la forme elle se barre

LAISSE ¡/LAISSE TOMBER !


populaire.
Situation: Deux jeunes recrues au régiment. L'un est très fâché après l'ad-
judant qui vient de lui coller deux jours de tôle, il estime que c'est une
sanction injuste et manifeste à son copain sa colère:
A : Tu te rends compte ! deux jours alors que je η 'étais même pas dans le
coup, tu vas voir dès que je pourrai me venger, je ne le louperai pas....
Β : Allez, ne te fâche pas comme ça, ça ne sert à rien, laisse tomber, tu
n'auras jamais raison, c'est la lutte du pot de terre contre le pot de fer.
Situation: Deux femmes se bagarrent dans la rue, c'est un spectacle que les
gens aiment à regarder. Deux amies passent par hasard:
A : Eh regarde les deux bonnes femmes qui se crêpent le chignon !
Β : Laisse, ça ne nous regarde pas, ne soyons pas mêlées à ces jeux !
463

TOMBER A POINT
familier.
Situation: A un voisin qui passe par hasard devant l'école,un enfant en panne
l'interpelle:
A : Vous tombez à point/à pic, je viens de crever/je suis en panne, pouvez-
vous me ramener ?
Β : Pour tomber à point, je tombe à point, je te cherchais pour t'inviter
dimanche à la piscine.

TA POMME !
argot.
Situation: La classe est terminée, reste un méchant chantier, la surveillante
en colère somme un élève, le dernier, à ramasser tous les papiers:
A : Allez, on a pas idée de laisser une classe dans un état pareil, ramassez
les papiers I
Β : Je n'ai vraiment pas de bol, c'est toujours pour ma pomme les corvées !
(a été une chanson de Maurice Chevalier)

NE LE PRENEZ PAS SUR CE TON !


familier.
Situation: Une brave dame demande gentiment dans un magasin s'ils n'ont pas
de la monnaie. La vendeuse excédée s'énerve,car elle est sollicitée toute
la journée pour ce genre d'échange, mais la pauvre dame n'y est pas pour
rien:
A : Pardon, Melle, n'auriez-vous pas de la monnaie de 100 F ?
Β : J'en ai assez à la fin, allez voir ailleurs, je ne suis pas une banque,
c 'est cent fois par jour gu'on me le demande !
A : Ça va, ne le prenez pas sur ce ton, je vous demandais gentiitient un
service, il est inutile de monter sur vos grands chevaux !

IL TONDRAIT UN OEUF !
populaire.
Situation: Pour décrocher une situation un homme est prêt à faire n'importe
quoi, pourvu qu'il arrive à ses fins.
Deux employés observent son manège et commentent:
A : Pour avoir les faveurs du patron/
X tondrait un oeuf/
X ferait n'importe quoi/
X tuerait père et mère/
X mangerait de la soupe sur la tête d'un pouilleux/
X écorcherait un pou pour en avoir la peau.
Β : Faut-y tomber bien bas pour en arriver là, c'est un lèche-botte.

DU TONNERRE ¡
familier, très usité.
Situation: En sortant d'un magasin de mode, deux jeunes femmes admirent
leur nouvelle acquisition:
A : Comment trouves-tu ma nouvelle robe 7
Β : Du tonnerre, là-dedans tu es sensas !
464

Deux garçons autour d'une moto disparaissant sous de nouveaux autocollants:


A : Terrible tes nouveaux stickers, tu vas avoir un succès fou !
Β : C'est du tonnerre, toutes les filles se retournent en me voyant passer,
formidable non !

TOPE !
populaire. Pour les jeunes.
Situation: A la sortie du lycée deux gamins font la course pour rentrer:
A : Je te parie que je serai à la maison avant toi !
Β : D'accord, tope-là, on verra, rendez-vous à la maison !
(le marché est conclu en se tapant dans la main - tope-là ! est la
déformation de tape-là ! )

JE M'EN TORCHE !
surtout pas, trop vulgaire.
Je m'en fiche !
populaire.
Situation: Deux jeunes ont envie d'aller au cinéma, mais les parents ne
sont pas d'accord:
A : Je m'en fiche, j'irai quand même, tant pis pour l'avis des vieux, j'en
ai trop envie !
Β : Moi aussi, je me fiche pas mal de ce que peuvent penser les voisins si
je rentre tard.

IL NE FAUT PAS MELANGER LES TORCHONS ET LES SERVIETTES !


familier.
Situation: Dans un bureau un patron fait la différence entre sa secrétaire
et les autres, celles-ci se moquent et disent d'un air pincé:
A : Attention, avec lui il ne faut pas mélanger les torchons et les
serviettes, il s 'agit de ne pas confondre !
Β : Oui, oui, faisons attention Mme X n'est pas n'importe qui, alors que
nous, nous sommes le tout-venant.

LE TORCHON BRULE !
familier.
Situation: Deux commères en parlant du ménage qui habite au 4ême:

A : Vous savez Mme X, le ménage Ζ s'est disputé hier soir, j'ai tout entendu,
le torchon brûle entre les deux époux !
Β : Il m'avait bien semblé, remarque que ça n'allait pas très bien, ils se
font la tête.

IL Y A DE QUOI SE TORDRE !
populaire. Moyennement usité.
Situation: Devant les invraisemblances que racontent la bonne femme du
bistro une voisine s'écrie:
A : Il y a de quoi se tordre de tout ce que vous racontez, ce ne sont que
des âneries !
Β : Moi je trouve que ce η 'est pas si marrant que ça, il n'y a pas de quoi
rire !
465

IL N'Y A PAS A TORTILLER !


popualaire.
Situation: Un gamin bien embêté, voudrait cacher à ses parents qu'il a fait
une chute de mob, mais il dissimule très mal son trouble et essaye par des
explications embarassées de se justifier, mais les parents ne sont pas dupes:
A : Allez dis-nous ce gui ne va pas, il n'y a pas à tortiller, la vérité
est beaucoup plus simple à trouver que tes explications scabreuses !
Β : Bien, je ne voulais pas vous dire cela de but en blanc, mais noyer
le poisson, ça η 'a pas marché !

LE PLUS TOT SERA LE MIEUX !


familier.
Situation: Un patron qui attend un rapport:
A : Quand pensez-vous me remettre ce rapport pour que je 1 'étudie, le
plus tôt sera le mieux ?
Β : Dès demain, ce sera fait au plus vite !

TOTAL
peu usité, plutôt: Résultat !
Situation: Une femme qui voulait cacher un accrochage avec la voiture à son
mari s'est trouvée prise en faute, elle raconte à son amie:
A : Je voulais camoufler la beigne de la voiture à mon mari et juste il
est tombé dessus, résultat, â vouloir atténuer ma faute il est entré
dans une colère noire, j 'aurais mieux fait de lui avouer.
Β : Faute avouée est à moitié pardonnée !

IL N'A PAS TOUCHE UNE BALLE !


populaire.
Situation: Au tennisclub un soir de tournoi, le favori a perdu, les com-
mentaires de deux membres assis paisiblement sur un banc:
A : Quel mauvais jeu a fait X ce soir, il ne pouvait pas gagner en jouant
de la sorte !

Β : En effet, il n'a pas touché une balle ! (se dit également du foot)

PAS TOUCHE !
populaire. Pour
Situation: A uneles tout-petits.
enfant qui approche sa main du feu:
A : Pas touche bébé, (sans âge défini) ça brûle !
Β : Je voulais voir si c 'était chaud !

IL PEUT TOUJOURS COURIR !


familier.
Situation: Deux jeunes viennent de tomber sur les annales du bac ayant un
sujet très rapprochant du devoir demandé.
Dans la classe, il y a de mauvais copains. Les deux jeunes se font donc
la réflexion suivante:
466
A : Hep, j'ai trouvé les annales de français, c'est vachement chouette car
le sujet traité est proche du nôtre. Tu penses qu'on peut en faire pro-
fiter les copains ? Normal, non ?
Β : D'accord, tous sauf un, c'est un faux frère, jamais il ne nous fait pro-
fiter de ses idées, il peut toujours courir pour qu 'on 1 'aide l

TOUJOURS
peu usité, lourd comme style, même dans le langage parlé.
En fin de phrase arrive parfois comme un cheveu sur la soupe, c'est-à-dire
qui n'a rien à voir avec ce qui précède.
Situation: Une jeune fille demande à ses parents la permission de sortir
le soir:
A : Il y a une boum chez Y ce soir, j 'aimerais bien y aller !
Β : Il en est hors de question, d'ailleurs je n'aime pas ces fréquentations,
toujours !

VOUS AVEZ UN CERTAIN TOUPET !


Assez usité.
Situation: Pendant l'heure de la sieste, une personne s'amuse follement à
téléphoner à ses amis pour les entretenir de futilités:
A : Allô, je vous téléphone pour vous demander si vous venez dimanche ?
Β : Vous avez un certain toupet de ine réveiller pour ça ! Ça pouvait bien
attendre une heure !

Synonyme de Oser.
Situation: Un élève pas d'accord avec un prof de géo défend son point de vue,
situation assez délicate vue de la génération précédente qui n'aurait jamais
oser contester, les élèves avaient toujours tort.
Un parent à son enfant:
A : Tu as un certain toupet de discuter ainsi !
Β : Hais les choses dites étaient tellement énormes, le prof prenant
position je ne pouvais laisser passer cela sans défendre mon point
de vue !

CELA VOUS JOUERA DES TOURS !


familier.
Situation: Un automobiliste qui persiste à rouler avec des pneus en mauvais
état, son ami le conseille:
A : Attention, ne roulez pas avec des pneus dans pareil état, aux premières
pluies cela vous jouera des tours !
Β : Pensez-vous, je suis malin et avant que ma voiture ne me joue des
tours, il passera de l'eau sous les ponts....

LE TOUR EST JOUE !


familier.
Situation: Une ménagère très experte en pâtisserie fait une démonstration à
une amie et lui explique:
A : Regarde, tu plies la pâte comme ça, puis comme ça, et hop tu retournes,
et voilà, le tour est joué !
Β : Je me cassais bien la tête à faire quelque chose de beaucoup plus
compiiquèe !
467

TOUT LE RESTE
peu usité. Terme assez vague, il vaut mieux être plus précis.
Situation: Avec l'harmattan il y a beaucoup de poussière, une femme commande
à son boy de faire la poussière:
A : Il faut faire la poussière, du buffet, de 1'argentier et de tout le
reste....
Β : J'ai déjà fait le buffet et 1'argentier, le reste sera pour demain !

C'EST TOUTE LA QUESTION !


pas très usité.
Situation: Dans un tribunal, les jurés s'interrogent sur le cas d'un coupable
et se demandent:
A : Faut-il attribuer la faute à X comme criminel, ou, comme victime ?
Β : C'est là toute la question pour ne pas prononcer un mauvais verdict, il
faut bien étudier cette question, elle est très importante.

TOUT CE QU'IL Y A DE PLUS


peu usité.
Situation: En voyant la liste des livres à lire, un élève s'exclame:
A : Dis, ce n'est pas vrai, il ne faut pas lire tout cela pour lundi ?
Β : Puisque je te dis que c'est tout ce qu'il y a de plus sérieux, le
prof ne blaguait pas en nous disant cela.

AVOIR TOUT INTERET


familier.
Situation: Deux jeunes parlant de leurs futures études:
A : Je voudrais bien rentrer à une école de prépa, alors j 'ai tout intérêt
à avoir mon bac !
Β : Je crois qu'on a tous tout intérêt à l'avoir, ce maudit bac, si on
veut s'en sortir au point de vue situation.

C'EST TOUT (et nom)


moyennement usité.
Situation: Une amie raconte ses projets de vacances, les escales, les visites,
les restaurants etc....:
A : Nous sommes en train d'organiser nos vacances et nous prévoyons beaucoup
de visites de châteaux, de monuments, de musées etc....
Β : Mais dis-moi, c'est tout un programme que tu m'énonces là, il faudra
t'y tenir, il en vaut la peine !

POUR TOUT (et subst. sans article)


moyennement usité.
Situation: Des amies se racontent la visite d'un château avec des oubliettes,
ils avaient très peur, ils racontent leur aventure à un autre copain:
A : Imagines-toi qu'on s'est embarqués dans cette visite, puis on s'est
perdus, la trouille nous a pris,car nous avions pour tout renseignement
qu'un vague plan datant de 1900 et pour tout éclairage une simple lampe
de poche.
468

Β : Vous en faites pas, les gars, on aurait été vous chercher avec pour tout
bagage: notre courage !

TOUTES AFFAIRES CESSANTES


ordre très bref, le savoir-vivre demande d'être un peu plus nuancé.
Situation: Dans un bureau, il est urgent de taper un rapport, mais le travail
ne manque pas et il y a bien d'autres choses à faire. Le patron exige donc
une disponibilité immédiate, il entre dans le bureau et demande à sa secré-
taire :
A : Toutes affaires cessantes vous allez me taper cela !
Β : Ce qui veut dire que j 'abandonne tout le travail pour m'occuper
uniquement de ce rapport ?
A : Exactement !

TOUTES PROPORTIONS GARDEES


familier.
Situation: Passionné de planche á voile une jeune garçon décrit ses exploits
à ses copains:
A : Dimanche j'ai fait des exploits formidables, j 'avais 1 'impression de
devenir champion, tout allait bien !
Β : Toutes proportions gardées, bien sûr, tu peux te comparer aux plus grands,
sachant que tu n'as ni les moyens ni la possibilité de t'entraîner comme eux.
Situation: Un tout petit enfant qui fait du modelage avec de la pâte à
modeler, sa maman s'émerveille:
A : Regardez comme il est adroit !
Β : Toutes proportions gardées, vous pouvez le comparer à Michel Ange !

TOUT EST LA !
moyennement usité.
Situation: Des parents cherchent à savoir entre deux enfants qui dit la
vérité:
A : il faudrait savoir qui a attaqué le premier ?
Β : Tout est là, une fois qu'on connaîtra la vérité, tout se trouvera clair
et 1 'on pourra résoudre le problème.

POUR TOUT DIRE


moyennement usité.
Situation: Deux personnes s'extasient sur le bronzage de l'une d'elle:
A : Que votre bronzage est joli !
Β : Pour tout dire, j 'ai une peau qui bronze très facilement, je η 'ai pas
beaucoup de mérite.
Situation: Une prof, s'extasie sur la facilité avec laquelle son élève rédige
sa philo. Les parents de l'élève la rassurent:
A : Pour tout vous dire, elle a des antécédents, sa grand-mère faisait du
théâtre et écrivait des livres.
Β : A présent je comprends sa facilité et sa faculté d'assimiler les cours !
469

IL FAUT DE TOUT POUR FAIRE UN MONDE !


familier.
Situation: Des parents s'interrogent sur l'avenir de leurs enfants face aux
résultats scolaires:
A : Je me demande bien ce que pourra faire ma fille, aucune matière ne 1 'in-
téresse, il n'y a que le dessin, mais ça ne mène nulle part !
Β : Détrompez-cous, il faut de tout pour faire un monde, il n'y a pas de
sots métiers, il n'y a que de sottes gens. Le dessin peut mener à un
métier très intéressant !

ON S'HABITUE A TOUT !
populaire.
Situation: Deux personnes comparent leur mutation:
A : Au Burkina, je m'y sens bien, malgré le manque de magasins, de distrac-
tions disons intellectuelles, etc.... on se rattrape en vacances !
Β : Bien sûr, on s'habitue à tout et c'est d'autant plus facile que tout
le monde ici est dans le même cas.

CAPABLE DE TOUT
familier.
Situation: Une jeune qui a du mordant et qui veut arriver dans la vie, même
en faisant des choses, à la limite de l'honnêtetê, annonce à ses copains
son programme après les examens:
A : Dès que j'ai mes examens, je file et je vais essayer d'entrer dans une
grande école.
Β : C'est sûr, toi tu auras tes examens, pour y arriver, tu es capable de
tout, c 'est-à-dire: flatter, mentir, bluffer etc....

C'EST TOUT !
Situation: En faisant l'inventaire pour faire un rallye, deux personnes font
un check-up:
A : Numéro 32, la manivelle, numéro 33, la roue de secours, numéro 34 deux
bidons de secours pour 1 'essence, numéro 35 quatre bidons de secours pour
l'eau potable, et voilà c'est tout pour ma liste, elle est complète !
Β : Ma liste est complète également, je pense que nous η 'avons rien oublié.
Bon, c'est tout ! en voiture !

UN POINT, C'EST TOUT !


familier.
Situation: Deux personnes discutent entre elles d'une troisième avec qui
elles sont fâchées:
A : Je la déteste, quand je la vois, j'ai envie de me sauver !
Β : Moi, je ne la regarde même pas, elle ne m ' intéresse pas, un point c'est
tout, je n'ai pas d'autre souci avec elle, j'ai tiré un trait sur nos
relations !
470
CE N'EST PAS TOUT !
familier.
Situation: Au moment de faire le paquetage pour repartir en pension, X oublie
quelque chose, sa mère lui rappelle:
A : Tu as encore oublié ce pull, tu n'as pas fini, ce n'est pas tout!
Β : Décidémment, il faut toujours que j 'oublie quelque chose, â présent
c'est bon ? c'est tout ?
A : Non,ce n'est pas tout, tu as oublié de me dire 'au revoir' !

CE N'EST PAS TOUT !


peu usité.
Situation: Dans une cuisine, après un bon repas:
A : A présent que nous avons bien mangé, ce n'est pas tout, il faut faire
la vaisselle !
Β : Et ce η 'est pas tout, après il faudra ranger la salle qui est en
désordre !

C'EST PAS TOUT DE


peu usité.
même signification que l'expression précédente:
Situation: Après le week-end, le lundi, il faut reprendre le travail, pourtant
les distractions étaient bien agréables.
Le matin avant d'attaquer le travail:
A : C'est pas tout ça de s'amuser comme des fous le week-end, il faut
reprendre le collier !
Β : Dommage, c 'était bien cette détente !

ET TOUT
moyennement usité.
Situation: Deux personnes comparent leur situation, bien sûr on ne voit que
le bon côté chez l'adversaire. L'une d'elles rétablit donc l'ordre:
A : Bien sûr, j 'ai une bonne situation, mais il faut voir les inconvénients :
la distance du lieu de travail, la chaleur près des machines â repasser et
tout (le reste) !

ET TOUT ET TOUT !
moyennement usité.
Situation: (on pourrait prendre l'exemple précédent)
Deux personnes parlant des avantages d'une station de sports d'hiver, l'une
cherchant à convaincre 1'autre :
A : Tu devrais venir avec nous, cette station est formidable, elle a le
soleil, l'enneigement, l'altitude, les distractions, les forêts, les
remonte-pentes et tout et tout....
Β : Tout ce que je demande, c'est le calme et le repos.
471

C'EST PAS LE TOUT !


populaire.
Situation: Après une semaine de stage ordinateur les personnes concernées se
sentent gonflées à bloc, mais l'instructeur les modère en leur expliquant:
A : D'accord, vous avez un acquis après ce stage, mais c'est pas le tout, il
va valoir mettre en pratique tout ce que vous venez d'apprendre 1
Β : Effectivement, après la théorie, la pratique.

DU TOUT !
elliptique, peu usité.
Situation: Devant une vitrine de pâtissier:
A : Vous aimez les choux á la crème ?
Β : Du tout !

TOUT L'UN OU TOUT L'AUTRE !


moyennement usité.
Situation: Devant une personne qui change de caractère d'une minute à l'autre
selon les situations devant lesquelles il se trouve:
A : Quel caractère épouvantable ! ou il est en colère, ou il est doux
comme un agneau !
Β : En effet avec lui, il n'y a pas de demi-mesure, il est toujours l'un
ou tout l'autre !

C'EST TOUT LE CONTRAIRE !


moyennement usité.
Situation: Parlant du caractère de ses enfants une maman explique:
A : Mon fils, c'est tout le contraire de ma fille, autant l'un est sérieux,
autant 1 'autre est amusette.
Β : Pour les miens c 'est tout le contraire des êtres, c 'est ma fille qui est
sérieuse et mon fils amuseur.

NE VOUS TRACASSEZ PAS !


courant.
Situation: Suite à une fausse manoeuvre, il faut expliquer à son mari que
la voiture est un peu abîmée:
Ά : Je η 'ai pas vu le poteau qui était derrière et j 'ai un peu cabossé le
pare-choc.
Β : Ne te tracasse pas, ce n'est rien, ce n'est pas grave, â l'occasion
nous le ferons redresser.

CE N'EST PAS TRAGIQUE !


courant.
Situation: (l'exemple précédent correspond)
Un élève vient de louper complètement son contrôle de maths, il arrive chez
lui en pleurs: Mais ses parents le rassurent, le ciel ne va pas s'effondrer
pour autant:
472

A : J'ai complètement loupé mon exercice, ma moyenne va tellement chuter que


je ne vais plus pouvoir me rattraper, c'est la catastrophe !
Β : Allons, η 'exagérons pas, il n'y a pas de quoi se mettre dans des états
pareils, ce η 'est pas tragique, tu te rattraperas au prochain trimestre !

C'EST LE DIABLE ET SON TRAIN !


peu usité.
Situation: Deux personnes travaillent sur une chose très complexe dans un
laboratoire. Depuis plusieurs jours ils essayent de monter l'engin et à bout
de patience,1'un s'écrie:
A : C'est le diable et son train à monter ce hazard !
Β : C'est vrai qu'on en bave depuis deux jours, mais bon sang, il doit bien
y avoir un moyen !

COMME UNE VACHE REGARDE PASSER UN TRAIN


populaire.
Situation: Devant une personne qui n'a pas de réflexe devant une situation,
une autre s'énerve:
A : Mais bon sang, réagissez-donc, vous ne voyez pas qu 'on a besoin de vous,
vous êtes là comme une tache d'huile, on croirait une vache qui regarde
passer un train !
Β : Si vous avez besoin de moi, vous n'avez qu'à le dire, je suis là....

JE NE SUIS PAS EN TRAIN !


courant, pourtant familier.
Situation: Pour faire un travail, une personne se désole de n'être pas au
mieux de sa forme, de ne pas avoir l'allant habituel:
A : J'ai bien du mal à faire mon boulot aujourd'hui, ce n'est pas la grande
forme, je ne suis pas en train !
Β : Ce η 'est rien, demain ça ira mieux, tu auras retrouvé ton dynamisme, on
ne peut pas toujours être en pleine forme !

JE VAIS TE BOTTER LE TRAIN !


populaire.
Situation: Sur la voie publique à une personne qui refuse de bouger un peu
pour dégager la circulation, un monsieur s'énerve et s'écrie:
A : Si tu ne bouges pas immédiatement, je vais te botter le train, tu vas
voir si je me dérange !
Β : Viens un peu pour voir ! botter ou pas botter, je ne bougerai pas d'ici !

ÇA N'A PAS TRAINE !


populaire.
Situation: Une maman avait prédit que d'ici peu le 'petit dernier' prendrait
un gadin avec le vélo tout neuf. Elle n'a pas eu le temps de le dire que:
A : Je vous 1 'avais bien dit que ce vélo était dangereux à son âge, ça η 'a
pas traîné, il est déjà tombé deux fois !
Β : Ce n'est rien, c'est le métier qui rentre, et si sa première chute a été
si rapide, cela dénote un caractère de fonceur, ce qui η 'est pas si mal
de nos jours.
473

Situation: Madame sort d'un magasin avec une nouvelle robe et des nouvelles
chaussures, son mari la taquine:
A : Ah, ça η 'a pas traîné pour que tu êtrennes tes nouvelles affaires, il
fallait que ce soit tout de suite !
Β : J'ai profité de l'occasion que nous sortions pour les mettre !

S'EN PAYER UNE TRANCHE


populaire.
Situation: Au retour d'une soirée dans une boîte de nuit oû il y avait une
ambiance folle deux copains se souviennent:
A : Ah dis donc, on s'en est payé une tranche hier soir, quelle ambiance !
Β : Oui, c 'est vrai, on s 'est vraiment bien amusés !

SOYEZ TRANQUILLE !
courant.
Situation: Une femme doit s'absenter et recommande à la voisine de veiller
sur son fils au retour de l'école:
A : Ça ne vous ennuie pas de jeter un coup d'oeil sur X à son retour de
1 'école pour qu 'il ne fasse pas trop de bêtises ?
Β : Soyez tranquille, j'y veillerai comme si c'était le mien, vous pouvez
partir en paix !

SOYEZ TRANQUILLE, NOUS NOUS RETROUVERONS !


familier.
Sous forme de menace peut aussi se dire Tu ne perds rien pour attendre!
Situation: Dans le travail, un gars vient de faire une vacherie (a sub-
tilisé son travail au sien par exemple), quand l'intéressé s'en aperçoit
il ne peut plus rien faire, mais il est en colère et le fait savoir à
son collègue:
A : Soyez tranquille, nous nous retrouverons, vous ne perdez rien pour at-
tendre, la vengeance est un plat qui se mange froid, et dès que je pourrai
me venger, je le ferai, il η 'y aura pas de cadeau, comptez sur moi !
Β : vous ne me faites pas peur, je vous attends, mais vous ne pouvez rien
prouver contre moi !

LAISSEZ-MOI TRANQUILLE !
familier.
Situation: Au club de tennis, un bon joueur est sans cesse sollicité par des
joueurs nettement moins bons, qui veulent le défier en match, un peu ça va,
mais au bout d'un moment il perd patience et explique:
A : Je ne refuse pas de jouer, mais laissez-moi tranquille un moment, nous
verrons plus tard !
Β : On veut bien te foutre la paix, mais promets-nous que tu rejoueras !
474

LAISSE ÇA TRANQUILLE !
populaire.
Situation: A un enfant qui touche à tout et particulièrement à un fer à
repasser auquel il risque de se brfiler:
A : Je t'ai déjà dit de laisser ça tranquille !
Β : Je η 'ai pas touché, j 'ai juste regardé !

JE SUIS TRANQUILLE !
familier.
Situation: Au club de tennis, je joue si mal que je suis sûr qu'on ne
viendra pas me chercher, à un copain:
A : Je suis tranquille (syn: en paix) qu 'on ne viendra pas me chercher, je
joue trop mal !
Β : Et moi, je suis tranquille ("syn: sûr de moi) que tu n'es pas si mauvais
que ça, allez, viens !

VOUS POUVEZ ETRE TRANQUILLE !


semblable â Je suis tranquille.
Situation: Deux personnes font des prévisions météorologiques:
A : Vous pouvez être tranquille qu 'avec ce froid, les gelées ne vont pas
tarder 1
Β : Soyez tranquille également que le prix des légumes va monter en con-
séquence !

TRANQUILLISEZ-VOUS !/RASSUREZ-VOUS !
peut s'appliquer au précédent.
Situation: Deux personnes expliquent leurs maux de santé:
A : Dès que je vais au soleil, j'ai des maux de tête épouvantables !
Β : Tranquillisez-vous, ce η 'est pas grave, beaucoup de personnes sont
dans ce cas, il faut seulement prendre quelques précautions, comme
mettre un chapeau 1
A : Rassurez-vous, je n'étais pas plus inquiète que ça !

C'EST DU BEAU TRAVAIL !


ironique, pas très usité.
Situation: Devant un plateau d'oeufs qui gît â terre après avoir échappé
à son propriétaire:
A : C'est du beau travail que vous avez fait là !
Β : Ne soyez pas ironique, je me suis heurté et il m'a échappé !

REGARDEZ-MOI CE TRAVAIL !
populaire.
Situation: Devant une prise de courant qui tient vaille que vaille dans le
mur et crée de faux contracts une personne méticuleuse est offensée:
A : Non mais, regardez-moi ce travail ! comment voulez-vous qu'il n'arrive
pas d'accident avec pareil bricolage !
Β : Ça marchait tant bien que mal jusqu'à aujourd 'hui !
475
QUEL TRAVAIL, CE TRAVAIL !
peu usité.
Situation: Devant un travail qui n'est ni fait ni à faire une personne
s'insurge :
A : Mais quel travail ce travail, on a jamais vu quelque chose d'aussi mal
fait !
Β : Rassurez-vous patron, l'auteur de ce travail a été renvoyé !

ET TOUT LE TREMBLEMENT !
populaire.
Situation: Des personnes qui invitent leurs petits-enfants à passer des
vacances recommandent aux parents:
A : Apportez de quoi coucher les enfants et tout le tremblement !
Β : Nous allons essayer de ne rien oublier, il faut tant de choses pour
les petits .'.'.'

TRES !
peu usité dans ce sens.
Situation: Deux personnes regardent leur score au dernier tournoi de bridge:
A : Etes-vous satisfait de votre score ?
Β : Très !
ou (contraire)
Β : Pas très !

TREVE DE
peu usité. Arrêtons ! cessons ces sous-entendus !
Situation: A la suite d'une invitation une personne ne veut pas dire vraiment
ce qui lui a pas plu dans le menu, la maîtresse de maison qui sent une re-
tenue s'inquiète:
A : Trêve de sous-entendus, dites-moi ce qui η 'allait pas dans mon menu ?
Β : Je ne voulais pas vous le dire, mais le poisson avait un goût !

AU BOUT DE SES TRIBULATIONS


peu usité, plus employé: Il n'est pas au bout de ses peines.
Situation: Une personne veut monter une société, elle se lance dans de nom-
breuses démarches, une autre l'encourage à continuer, ne pas se décourager:
A : Je viens de contacter au moins vingt personnes aujourd'hui, tout cela
pour aboutir à rien !
Β : Ne vous découragez pas, vous n'êtes pas au bout de vos tribulations,
Paris ne s'est pas construit en un jour, soyez patient, ça finira par
s'arranger !
476
NE VIENS PAS TRIFOUILLER DANS MES AFFAIRES !
populaire.
Situation: Un mari qui n'aime pas que l'on vienne fouiller dans ses papiers,
car ils sont soit-disant bien rangés:
A : Que veux-tu ? 73e viens pas trifouiller dans mes papiers, j 'ai horreur
de ça, c'est rangé et je ne veux pas qu'on y touche !
Β : Mais je ne fouillais rien, je prenais juste ce papier dessus !

QU'EST-CE QU'IL TRIMBALLE !


très populaire.
Situation: D'un élève qui ne comprend rien aux maths, le prof s'énerve et
dit à son collègue:
A : Qu'est-ce qu 'il trimballe comme bêtise celui-là, ce η 'est pas possible !
Β : il n'est peut-être pas si bête que ça, mais tu l'impressionnes !

NE TRIPOTEZ PAS CES


populaire.
Situation: Dans une salle d'étude une surveillante demande à une élève par-
ticulièrement agaçante :
A : Arrêtez de tripoter vos cheveux, ce η 'est pas sain !
Β : Je tripote mes cheveux parce que j 'ai perdu ma barrette.
Situation: A un étal de fruits, la marchande de mauvaise humeur:
A : Ne tripotez donc pas ces fruits, vous allez les taler !
Β : Comment savoir s'ils sont à point ?
A : Laissez-moi vous servir, sinon demain tout sera abimé.

PAS TRISTE !
populaire.
Situation: A la sortie d'une pièce de théâtre particulièrement bien jouée:
A : Le gars qui interprétait 1 'amant ! il η 'était pas triste celui-là !
Β : En effet, son côté comique naturel l'a beaucoup servi.

Peut également s'employer dans le sens de Pas gai!


Situation: Avec les grèves les gares étaient encombrées de toute sorte de
choses et de toute sorte de personnes :
A : Tu aurais vu l'état des gens au petit matin après une nuit d'attente !
ce η 'était pas triste !
Β : Moifj'ai vu l'état de la gare après le départ des trains, il y avait
des papiers partout, une véritable porcherie, ce η 'était pas triste
non plus !

TROGNON
affectueux.
Situation: Une maman à son petit garçon qui est vraiment adorable:
A : Tu es tout trognon,habillé comme ça, on dirait un nounours !
Β : (sa voisine) c'est vrai que ce petit est vraiment mignon !
477

ET DE TROIS !
populaire.
Situation: Une maman qui compte les bêtises de son fils de quatre ans lors
de la soirée et qui se fâche,car cela commence à compter:
A : Et de trois, ça commence à bien faire, vas-tu te tenir tranquille !
Β : C'est pas ma faute, je suis tombé !

C'EST LA TROIS OU QUATRIEME FOIS QUE


populaire.
Situation: Deux personnes cherchent désespérément le panneau indicateur pour
s'orienter dans une grande ville:
A : Ecoute, regarde mieux, ça fait déjà la trois ou quatrième fois qu 'on
passe ici !
Β : J'ai beau regarder, je ne vois rien !

UN, DEUX, TROIS, PARTEZ !


se dit surtout sur les stades au départ des courses.
Situation: Au départ d'une course de 100 m sur un stade:
A : Un, deux, trois, partez !

C'EST CE QUI VOUS TROMPE !


familier.
Situation: A la gymnastique, en s'appliquant à faire des mouvements
d'élongation:
A : Cet exercice doit être très facile pour vous qui êtes souple !
Β : C'est ce qui vous trompe, suite à une fracture à la jambe, j'ai
beaucoup de mal à faire cet exercice.

CELA NE TROMPE PERSONNE !


familier.
Situation: Le matin en arrivant au travail, deux jeunes femmes discutent
de leur soirée:
A : Hier soir, j'ai fait une soirée formidable, mais je me suis couchée tard,
ce matin ça se voit sur mon visage, je vais me maquiller un peu !
Β : Le fond de teint ne trompe personne, mais ça arrange quand même un
peu !

TOUT LE MONDE PEUT SE TROMPER !


familier.
Situation: Deux jeunes discutent sur une bataille historique dont l'un
soutient à mort certains détails, alors que son ami lui prouve qu'il
confond:
A : Vois, comme tu as tort, 1 'encyclopédie prouve que tu te trompes de
bataille !
Β : (Vexé, un peu en colère) ça va, tout le monde peut se tromper !
478

NE T'Y TROMPE PAS !


familier.
Situation: Deux garçons regardent une fille à la sortie du cinéma:
A : Je suis sûr qu 'elle est très facile à aborder, elle a l'air vachement
sympa !
Β : Je la connais bien, ne t'y trompe pas, sous des dehors sympas elle sait
garder les gens à distance.

SI JE NE ME TROMPE
familier.
Situation: Sur un stade, des athlètes évoquent leurs performances de l'an
passé:
A : Si je ne me trompe, c'est vous gui avez gagné le 100 m haies l'an
passé !
Β : Effectivement, il n'y a pas d'erreur, c'est bien moi, je souhaite
rééditer !

A MOINS QUE JE NE ME TROMPE


(Situation identique à la précédente).
familier.
Situation: Au cinéma, après la projection de quelques images, A se souvient:
A : Λ moins que je ne me trompe, d'après ces quelques images, j 'ai déjà
vu ce film l'an passé pour le festival !
Β : Très juste, il a même été primé, dommage de le voir deux fois.

JE ME TROMPE FORT, OU
Situation également semblable aux deux précédentes.
Situation: Un homme vient d'acheter un fort joli cadeau pour Madame, il le
fait admirer à son meilleur ami:
A : Regarde ma dernière acquisition !
Β : Bile est formidable, ta femme sera séduite ou je me trompe fort !

C'EST TROP FORT !


populaire.
Situation: En sortant d'un super-marché, un automobiliste découvre une
contravention sur son pare-brise:
A : Alors ça, c'est trop fort par exemple ! je n'étais nullement en
stationnement illicite !
Β : Mais si, mon ami, vous n'avez pas vu le panneau d'interdiction puisque
vous êtes juste dessous !

C'EST TROP BEAU POUR ETRE VRAI !


familier.
Situation: Une personne qui découvre dans sa boîte à lettres une convocation
tant désirée pour un emploi, elle prend á témoin sa concierge qui la regarde:
A : Oh Mme X ! comme je suis heureuse, c'est trop beau pour être vrai, enfin
cette convocation tant attendue !
Β : Depuis le temps que vous l'attendiez je comprends que vous η 'osiez y
croire ! je suis contente pour vous !
479

JE NE SAIS PAS TROP !


familier.
Situation: Deux copains se rencontrent la veille du week-end:
A : Tu viens à la chasse demain ?
Β : Je ne sais pas trop, je suis fatigué en ce moment !

PAS TROP !
familier.
Situation: Sur le palier d'un immeuble une femme demande des nouvelles de
l'enfant qu'elle a entendu pleurer la nuit:
A : Comment va votre fille que j'ai entendu se plaindre cette nuit ?
Β : Pas trop....

C'EST TROP !
familier.
Situation: A une réception la maltresse de maison voit arriver une dame
avec une magnifique gerbe de fleurs:
A : (En prenant le bouquet) Oh, je suis confuse, il ne fallait pas, c'est
trop....
Β : Mais non, mais non, ça me fait plaisir !

RIEN DE TROP !
familier.
Situation: Deux personnes se croisent le matin au départ de la maison et
échangent quelques mots au sujet du temps:
A : Il ne fait pas très chaud ce matin I
Β : C'est vrai, il n'y a rien de trop ! (= s'il pouvait faire quelques
degrés de plus !)

VOUS NE SEREZ PAS DE TROP !


familier.
Situation: Un homme demande s'il peut venir, sans être invité, à une réunion
théâtrale qui l'intéresse beaucoup:
A : Puis-je me joindre à vous demain soir pour votre réunion de travail sur
le théâtre ?
Β : Bien sûr, vous ne serez pas de trop, on demande beaucoup d'amateurs,
soyez le bienvenu !

C'EN EST TROP !


populaire.
Situation: Après deux nuits sans sommeil une femme se fâche après ses
voisins du dessus qui n'arrêtent pas de faire du chahut:
A : Allez-vous cesser à la fin, voilà deux nuits que vous faites un de ces
tapages, c'en est trop !
Β : Oui je comprends que vous en ayez assez, nous allons faire un effort
pour nettement réduire les décibels.
480
ALLEZ-Y, ET AU TROT !
populaire.
Situation: Dans un magasin de chaussures, une vendeuse demande à une petite
aide d'aller lui chercher des boîtes de chaussures en réserve:
A : Voulez-vous aller me chercher deux boîtes de 41 dans ce modèle !
(la petite ne bougeant pas, ayant l'air de dormir debout, pour la
stimuler un peu, la vendeuse relance:)
A : Allez ! ! et au trot !
Β : Voilà, voilà, j 'y cours !

JE NE VOUDRAIS PAS JOUER LES TROUBLE-FETE !


populaire.
Situation: Un moniteur à des jeunes, bien difficile à maîtriser, qui sont
sur le point de partir aux sports d'hiver:
A : Allons, allons, les jeunes, du calme, vous vous voyez déjà sur vos skis !
je ne voudrais pas jouer les trouble-fête, mais la neige η 'est pas encore
tombée à cette altitude !
Β : Mais qu'est-ce qu'on va faire ? je suis sûr que ça ne va pas tarder pour
notre plus grande satisfaction à tous !

QUELLE EST ENCORE SA DERNIERE TROUVAILLE ?


populaire.
Situation: Une maman qui redoute les bêtises de son 'petit dernier', enfant
terrible, à son amie:
A : Voilà Hervé avec quelque chose dans la main ! quelle est encore sa
dernière trouvaille !
Β : C'est un enfant difficile, il trouve toujours quelque chose pour faire
une bêtise ! je η 'ai jamais vu cela !
A : Oui, hélas ! et je ne peux rien faire pour limiter les dégâts.

VOILA QUI EST BIEN TROUVE !/VOILA UNE BONNE TROUVAILLE !


populaire.
Situation: Un architecte séchait depuis plusieurs jours sur un plan qui ne
lui donnait pas satisfaction, puis en parlant avec un collègue, enfin l'idée
jaillit:
A : Depuis le temps que je cherchais, voilà qui est bien trouvé, juste l'idée
qui me fallait !
Β : Pour une trouvaille, c'est une trouvaille, je vais également l'appliquer
sur mon plan i

IL Y A TROUVE SON COMPTE !


populaire.
Situation: Deux ouvriers parlent d'un troisième qui a été licencié et qui
vient de retrouver du travail:
A : Tu sais que X a retrouvé du travail à la brasserie ! paraît-il que
financièrement il n'y perd pas.
Β : Oui,on m'en a parlé, c'est vrai, il y a trouvé son compte, tant mieux
pour lui !
481

00 PEUT-ON VOUS TROUVER ?


familier et formule de travail.
Situation: Au bureau, un client de passage se renseigne sur les contacts qu'il
peut avoir dans la ville: ?
A : A 1'heure actuelle, où peut-on trouver M. le Directeur
Β : Il est très facile à contacter sur le chantier.

TROUVER SON MAITRE


familier.
Situation: D'une personne ayant un caractère difficile au travail, le nouveau
chef lui en impose de par sa fermeté, deux collègues discutent:
A : Tu as vu X que personne η'arrive à mater, le nouveau chef η 'en a fait
qu 'une bouchée !
Β : Effectivement, là,je crois qu'il a trouvé son maître !

TROUVER A QUI PARLER


populaire.
Situation: Un commerçant n'est pas d'accord pour reprendre de la marchandise
non conforme, l'acheteur fort en colère déclare au livreur:
A : Si ton patron ne veut pas reprendre cette commande non conforme, il va
avoir affaire à moi, il va trouver a' qui parler ! tu peux lui dire qu'il
se tienne prêt, j 'ai la loi pour moi !
Β : Je vais lui faire la commission, mais il ne va pas se laisser faire.

J'AI TROUVE !
populaire.
Situation: En regardant la télévision, une personne vient de trouver l'énigme
soumise aux téléspectateurs:
A : Ayez, j'ai trouvé !
Β : Eurêka, moi aussi !

00 AVEZ-VOUS TROUVE CELA ?


populaire.
Situation: En émerveillement devant l'acquisition par un copain d'un nouvel
outil:
A : Ou as-tu trouvé cela ?
Β : A la foire aux puces !/à la brocante !

CELA NE SE TROUVE PAS SOUS LE SABOT D'UN CHEVAL !


pas très usité.
Situation: Pour trouver une pièce rare qui compléterait sa collection, un
amateur interroge une personne susceptible de lui fournir le renseignement:
A : Pourriez-vous me dire où je pourrai trouver cette dernière pièce pour
ma collection ?
Β : Vous me demandez là quelque chose de bien difficile à dénicher, cela
ne se trouve pas sous les pieds d'un cheval !
482

J'AI TROUVE LE TRUC !


populaire, argotique.
Situation: Une personne fort satisfaite d'elle-même qui fait part à son amie
de sa satisfaction:
A : Regarde, j'ai trouvé le truc pour ouvrir ce machin 1/j'ai trouvé le
système pour ouvrir ce fermoir l
Β : Bravo, à présent tu vas pouvoir t'en servir 1

C'EST UN BON TRUC !


populaire, argotique.
Situation: Un ami veut donner un conseil pour faire n'importe quoi rapidement:
A : Ecoute, j 'ai un bon truc pour faire ton lit en vitesse !
Β : Ah bon, il faut me le donner, car j 'ai horreur de faire ça !

TSS TSS !
populaire.
Situation: Deux hommes parlent de sport, l'un d'eux s'avance, peut-être un
peu à la légère, sur le temps d'un record de 110 m haies:
A : En 78, X avait gagné l'épreuve du 100 m haies en 15 secondes 1
Β : Tss, tss, là vous m'étonnez, je crois qu'il faut vérifier vos dires,
c'est pratiquement impossible.

NON MAIS, CROIS-TU QUE J'AI ETE BETE !


familier.
Situation: Quelqu'un qui s'en veut d'avoir cru en la parole d'un ami, alors
qu'il a été trahi:
A : Non mais, crois-tu, que j'ai été bète de croire qu'il reviendrait me
chercher ? Non ! au lieu de cela il m'a trahi !
Β : Hais non, ta confiance n'est pas mal placée, tu verras, il reviendra
plus tard, et tout s'arrangera I

ILS SONT A TUER !


populaire. Exaspération très poussée.
Situation: Deux secrétaires parlant de leur patron, un perfectionniste, qui
leur fait refaire 15 fois les lettres, jusqu'à satisfaction. L'une d'elle,
complètement à bout de nerfs:
A : Hais ce n'est pas possible, un tel perfectionniste, il est a* tuer....
Β : C'est vrai, je n'ai jamais vu un tel tatillon, mais de lâ â le tuer....

ET D'UN !
populaire. On peut dire également: Un de chute !
Situation: Dans une cour de récréation, un gamin tombe, la surveillante qui
en rcimasse une dizaine,à chaque fois á sa collègue:
A : Et c'est parti, et d'un I
Β : Un de chute, au suivant 1
483

ET D'UNE 1
vulgaire.
Situation: Dans une explication orageuse entre copains à quelqu'un qui se
mêle de ce qui ne le regarde pas:
A : Toi, d'ailleurs, tu n'as qu'à la boucler, et d'une ! et toi, je ne t'ai
rien demandé I
Β : Pour qui tu te prends, je la fermerai si je veux l
Situation: Un inculpé se fait interroger par la police:
A : Pourquoi étais-tu sur les lieux du crime à 16 H 30 ?
Β : J'étais à la séance de cinéma qui commençait à 16 H 15, et d'une, et de
plus j 'étais avec mes parents, et de deux !

C'EST TOUT UN
populaire.
Situation: Au moment des préparatifs pour un départ en vacances, un homme
qui charge la voiture à son voisin:
A : Λ chaque fois que nous partons, c'est tout un cirque avec les gosses,
il n'y a jamais assez de bazar !
Β : Chez nous c'est pareil, c'est tout un tralala pour rassembler les
affaires à tout le monde 1

C'EST USE !
pas très usité.
Se dit d'une formule, d'une 'bonne' excuse vieilles comme le monde.
Situation: Une personne qui n'a nullement envie d'accepter une invitation à
tin dîner répond au téléphone qu'elle est souffrante, mais son interlocutrice
au bout du fil n'est pas dupe:
A : Accepterez-vous de venir dîner ce soir ?
Β : Oh, excusez-moi, je suis souffrante et je ne peux sortir.
A : D'accord, ce sera pour une autre fois. Et en raccrochant le combiné:
c 'est usé comme formule 1

ÇA USINE ICI !
populaire.
Situation: Un homme qui rentre dans une usine et qui voit tout le monde â
l'oeuvre interroge l'assemblée:
A : Alors ? ça usine ici ?
Β : Ouais, ouais, tout le monde travaille pour livrer la commande dès ce
soir.

VA I
familier, fréquent.
Peut se rapprocher de Tope !
Acceptation, approbation.
S'adresse â l'interlocuteur qui lui fait une offre, une proposition.
A : Oue direz-vous de vacances sur la Côte d'Azur ?
Β : Eh bien va !l!l!
484
VA POUR
pas très usité, mais s'emploie néanmoins dans les mêmes conditions que dans
l'expression précédente à la différence que le pour entraîne une idée de
nombre derrière lui.
Situation: Dans un café, deux joueurs de tiercé:
A : Combien tu mets dans la première ?
Β : Va pour 100 francs.

VA !
populaire.
Sert à accentuer la principale.
Situation: Une femme confie à son amie qu'elle organise une réception le
lendemain et qu'elle se fait du souci:
A : Quand même je me demande si le repas leur conviendra !
Β : We te fais pas de soucis, ça ira, va .'...

VA DONC !
s'emploie rarement seul et est souvent suivi d'une injure.
Situation: Deux voyous s'insultent dans la rue:
A : De toute façon, tu n'es qu'un connard !
Β : Va donc, eh patate !

LA VACHE !
populaire.
En parlant d'une personne, d'une action qui implique un sentiment d'im-
puissance, de désappointement.
Situation: A la fin d'un défi de tennis un joueur à son cimi venu l'encourager:
A : La vache, c'est un dur à battre !
Β : Effectivement, votre match a duré trois heures.
Situation: Une jeune fille apprenant que sa meilleure amie a dit du mal d'elle:
A : Tu savais que X m'avait cassé du sucre sur le dos en mon absence ?
Β : Tu me surprends, oh, la vache ! ! !

NE FAIS PAS LA VACHE !


En fait s'emploie plutôt sous la forme sois pas vache 1, c'est une expression
familière. S'emploie entre personnes qui se connaissent bien et qui sont face
à face.
Situation: Deux étudiants lors d'une recherche pour un devoir s'interpellent:
A : J'ai absolument besoin de ce renseignement !
Β : Normalement je ne devrais pas te le communiquer.
A : Allez, ne fais pas la vache ! Passe-le-moi !
485

PEAU DE VACHE !
S'emploie en parlant d'une personne qui vient de vous faire une 'crasse',
c'est-à-dire qui vient de vous jouer un mauvais tour. Peut s'employer dans
la conversation courante,quand deux personnes discutent en face à face ou
qu'elles parlent d'une troisième.
Situation: Deux amies sont dans une voiture et cherchent à se garer sur un
parking. En apercevant la voiture qui manoeuvre devant elles:
. Elle vient de prendre la place que je désirais, quelle peau de vache !

LES VACHES !
expression argotique.
employée lorsqu'on parle d'un groupe de personnes dont on admire ou on
désapprouve le comportement:
. Ils ont réussi à faire ce qui était impossible. Ahrles vaches !
. Ils m'ont bien eu, ah,les vaches !

UN/UNE VACHE DE - VACHE ALORS !


expression argotique, s'emploie dans un sens souvent admiratif mais qui
traduit toujours une forte impression faite sur la personne la prononçant.
On peut aussi trouver la formule vache alors !
. Quelle allure ! Vache alors !
. Tu as un vache de bel appartement !

C'EST VACHE !
argotique.
Exprime le contretemps, la malchance ou la méchanceté.
S'emploie en parlant d'un fait ou d'une action.
. Il avait fait toutes ses plantations, il ne pleut pas, c'est vache !
. Il ne l'a pas aidé dans son travail, c 'est vache de sa part !

QUELLE VACHERIE DE
argotique.
Exprime toujours le mécontentement, le désappointement....
Vacherie a ici le sens de 'cochonnerie', c'est-à-dire d'une chose qui n'a
pas de bonne qualité.
. Quelle vacherie de machine, elle ne marche jamais !

VADE RETRO (SATANA) !


très peu usité.
L'est surtout par les amateurs du genre.
On trouve des formes elliptiques, telles que vade!, vade retro!, retro
satana!
On parle directement à son interlocuteur. Emphatique, n'exprime pas le
sens latin de la phrase.
. Tu η'es qu 'un sale gamin, vade retro !
486

VAILLE QUE VAILLE


familier.
On peut l'utiliser pour parler d'une chose ou d'une personne.
Idée d'action, de mouvement.
Fréquent.
Cahin, cahan ¡/Tant bien que mal !
Situation: Une maman qui demande des nouvelles de la santé du fils de son
amie:
A : Comment va X aujourd'hui à la suite de son accident de sport ?
Β : Malgré sa cheville foulée, il va à 1 'école vaille que vaille !
Situation: Deux vieux qui se rencontrent:
A : Comment va la santé aujourd 'hui ?
Β : Oh, avec ce mauvais temps, vaille que vaille, un jour bon, un jour mauvais.
A : Et les douleurs ? tant bien que mal !

CELA VAUT SON PESANT D'OR !


N'implique pas la notion d'argent, mais sert de référence à une unité pour
marquer l'importance du fait.
Dans certains cas est synonyme de c 'est fort de café i pour traduire un
étonnement quant à l'importance d'un fait ou d'une chose.
Situation: Un chef de service s'adresse à son patron:
A : Cela fait trois semaines que ma secrétaire est revenue de congés, elle
η 'a pas encore touché â ce rapport urgent !
Β : C'est un peu fort de café, elle qui se disait la plus rapide 1
On peut dire également cela vaut son pesant de cacahuètes ! en expression
populaire.
Dans d'autres cas c'est synonyme de c'est â marquer d'une pierre blanche !
Par là on veut dire que le fait est tellement exceptionnel qu'il faut absolu-
ment le souligner.
S'emploie souvent dans le sens du ridicule.
Situation: Deux chefs de service se racontent des anecdotes de travail:
A : Tu te souviens de 1 'employée aux cheveux roux, les gaffes qu 'elle
pouvait faire ?
Β : oh oui, ça valait son pesant d'or !/son pesant de bêtises !
Situation: Un chercheur qui vient de faire une découverte importante expose
à son collègue tous les éléments positifs qui vont en découler:
A : Cette antidote permettra de neutraliser les microbes de la grippe.
Β : Félicitations, c'est formidable, votre découverte vaut son pesant d'or !

RIEN QUI VAILLE


Sens négatif; on trouve aussi cette expression sous la forme de rien qui vaille
la peine. La peine est souvent sous-entendu. En parlant d'une action ou d'un
fait. Parfois rien qui vaille peut signifier rien de bon.
Situation: Deux paysans dans un champ juste avant la moisson:
A : Le ciel s'assombrit tout à coup, il faudrait rentrer le blé avant l'orage.
Β : C'est bien vrai ça, ces nuages ne me disent rien qui vaille....
487

Situation: Deux hommes discutent du problème du terrorisme qui les préoccupe:


A : Certains hommes ne pensent qu 'à la vengeance dans le sang et tuent au
nom d'une cause quelconque.
Β : Ceci est contraire à toute morale, il n'y a rien qui vaille la peine de
tuer.

ÇA SE VAUT !
Synonyme de c'est du pareil au même ! c'est du kif-kif ! Cette dernière
tournure est argotique, ça se vaut ! est familier.
. Du point de vue du kilométrage, que tu ailles à Paris ou à Londres, ça se
vaut !

VALOIR QQN
Implique une comparaison d'une personne ou d'un groupe de personnes â une
autre personne ou â un autre groupe de personnes.
. Tu η 'as rien â envier à McEnroe, tu le vaudras un jour !

VALOIR PAS UN CLOU


S'emploie pour parler d'une chose ou d'un objet.
Pour une personne on peut dire aussi: elle ne vaut pas la corde pour la pendre!
. C'est une croûte qui ne vaut pas un clou ! (croûte: mauvais tableau, peinture)

ÇA VAUT MIEUX !
Situation: Une femme parle â sa voisine de son jardinier:
A : Au fait ! je ne vois pas ton jardinier, il ne vient plus ?
Β : Ça vaut mieux pour lui, il passerait un sale quart d'heure après le
coup qu 'il m'a fait !

IL NE S'EN EST PAS VANTE !


Idée de dissimulation, cette expression traduit le reproche d'avoir caché un
fait.
Situation: Une maman explique à une amie la cachoterie de son fils concernant
son dernier bulletin scolaire:
A : Tu ne connais pas la dernière de mon fils ?
Β : Non, raconte un peu l
A : Il a fait l'école buissonnière, ceci est mentionné sur le bulletin sco-
laire, il ne s'en est pas vanté !
Β : Il mérite une sévère punition !

SANS VANITE !
familier, mais d'un certain niveau. Moyennement fréquent.
Utilisé lorsque l'on parle à un interlocuteur et que l'on souligne l'infériorité
de ce dernier sur ladite question. Fausse modestie.
Situation: Deux comédiens qui prétendent avoir le rôle principal:
A : Je pense que ce rôle est écrit pour moi, il me va comme un gant 1
Β : Sans vanité, il me convient beaucoup mieux étant donné mon physique !
488

On peut dire également sans me vanter !


Situation: A la sortie d'un théâtre une dame pleine d'orgueil dit à sa voisine:
A : Sans me vanter, j'avais la plus belle robe de la soirée.
Β : La modestie ne vous étouffe pas !

ET JE M'EN VANTE !
Exprime la satisfaction d'avoir accompli quelque chose.
Situation: Devant les décombres de la maison après le passage du cyclone:
A : J'ai pris cette assurance avant le cyclone et je m'en vante !
Β : Tu as eu le nez creux !/tu as eu du flair !
Exprime la fanfaronnade, lorsque la personne sait qu'elle n'aurait pas du agir
tout à fait comme elle l'a fait.
. J'ai pris le plus facile et je m'en vante !

SOIT DIT SANS ME VANTER


fréquent, familier.
S'utilise surtout dans le soit dit.
Fausse modestie.

. Il est bon, mais soit dit sans me vanter, je le bats aisément.

IL N'Y A PAS DE QUOI SE VANTER !


familier. Peu usité dans son sens, mais souvent employé pour il n'y a pas de
quoi s'en vanter !
. Bien qu'il se dise le meilleur, il n'y a pas de quoi se vanter, étant donné
le niveau !
Situation: Un élève a brillamment réussi ses examens, mais ses amis savent
qu'il a triché:
A : Vous avez vu les potes, j 'ai mon bac avec mention !
Β : Tu ferais mieux de te taire et d'être plus modeste, quand on sait dans
quelles conditions, il n'y a pas de quoi se vanter !
Il n'y a pas de quoi se vanter d'être .... un ivrogne/un tricheur/un bon
à rien etc
s'emploie généralement en début de phrase suivi de la qualité de l'individu;
Il n'y a pas de quoi s'en vanter serait plutôt employé comme conclusion, en
fin de phrase: X est un ivrogne, il n'y a pas de quoi s'en vanter !

IL N'Y A PAS DE QUOI S'EN VANTER !


familier, fréquent.
Une personne qui parle d'elle-même, de son interlocuteur, d'une autre personne.
Expression qui abaisse la personne.
. Il était celui qui réussissait à boire le plus de bière en une soirée
il n'y a vraiment pas de quoi s'en vanter !
489

UNE ASTUCE VASEUSE


S'adresse à une personne en parlant d'une action quelconque.
Vaseux, vaseuse, suffit à définir une situation peu claire, confuse (par
analogie à la matière), tirée par les cheveux, compliquée pour peu de ré-
sultats, embrouillée.
. Faire venir des vivres par plusieurs transporteurs, est une astuce vaseuse !

C'EST UNE VASTE BLAGUE !


synonyme de c 'est un bel attrape - nigaud !
Situation: Un architecte parlant à un client d'un confrère qui essaye de
lancer un projet peu fiable:
A : Son projet immobilier, c'est une vaste blague, il n'est valable que sur
le papier, il η 'est pas réalisable !
Β : Dommage, le plan des appartements me plaisait plus que ce vous me
proposez.

VE
régional, se dit dans le Midi. On peut aussi trouver té ! bé !
Situation: Dans le midi, un monsieur d'âge respectable attire l'attention
de son voisin en lui désignant une jolie fille qui passe:
A : Té, elle est pas jolie cette petite ?
Β : Je pense bien ! tu as bon goût !
(expression qui, en fait, demande l'approbation de l'interlocuteur).

CE N'EST PAS DEMAIN LA VEILLE !


très souvent utilisé, familier.
Quand on s'adresse à une personne, sentiment absolu de négativité.
. Tous les pays désarmés ? Ce n'est pas demain la veille!
Situation: Une mère qui se désole que son fils n'est pas soigneux:
A : J'ai beau employer tous les moyens, pas moyen qu'il range ses jouets le soir!
Β : Ne t'impatiente pas, ce η 'est pas demain la veille que les enfants seront
soigneux !
Situation: Un célibataire qui attend un plombier pour réparer une fuite
s'adresse à son propriétaire:
A : J'attends le plombier depuis huit jours, quand pensez-vous qu'il va
passer ?
Β : Je connais bien cette entreprise de dépannage, ce n'est pas demain
la veille, il ne faut jamais être pressé avec eux.
EXPRESSIONS très usitées:
A : Quand les poules auront-elles des dents ?
Β : Ce n'est pas demain la veille ! (c'est-à-dire jamais)
490

ÇA C'EST UNE VEINE !


familier.
synonyme de ça c'est un coup de bol 1
se dit lorsque la personne estime avoir eu un coup de chance extraordinaire.
Situation: Un homme qui vient de dépanner son ami, tout â fait par hasard en
passant, il a vu une voiture arrêtée sur le bas-côté de la route:
A : J'ai crevé, c'est une veine que tu sois passé par là !
Β : C'est la chance qui m'a mis sur ton chemin, je passais tout à fait par
hasard.

PAS DE VEINE !
peut aussi être remplacé par pas de bol ! ou pas de chance !
Situation: Sur le quai d'une gare complètement désert:
A : Tu as manqué ton train d'une minute, pas de veine !
Β : C'est vrai, je n'ai pas de bol aujourd'hui !

C'EST DU VELOURS !/UN VRAI VELOURS 1


se dit surtout à propos de nourriture ou de vins. On peut trouver
l'expression c'est le petit Jesus qui descend en culotte de velours
qui est beaucoup plus familier.

VENDREDI 13
Jour et nombre qui dit quelque chose aux personnes superstitieuses seins plus.
. Il faut acheter un billet de la loterie nationale un vendredi 13, ça
porte bonheur I

ADJUGE VENDU !
formule utilisée lors de ventes aux enchères par le commissaire-priseur.
Plus familièrement cette expression peut se traduire par tope-lâ ! qui
marque un accord entre deux personnes.
A : Que penses-tu de vacances en Espagne ?
Β : Adjugé, vendu !

JE ME VENGERAI !
familier.
Situation: Un élève vient d'avoir une altercation avec son professeur, il
en parle à son ami:
A : Le professeur m'a humilié devant tous mes amis !
Β : Et alors ?
A : Je ne pouvais rien faire contre lui, car c'est un de mes professeurs,
mais tu me connais: je me vengerai !
491

VENGEANCE !
tournure surtout employée lors de combats et criée par une foule. Aujourd'hui
très peu usitée ou seulement lors de luttes amicales pour demander une re-
vanche .
Situation: Les 3 Mousquetaires essuient l'affront de quelques rôdeurs dans
la forêt qui leur barrent le passage, dans la bagarre, un de ces derniers
est blessé, il crie â ses acolytes:
A : A moi, à l'aide, vengeance I
Β : Ne t'inquiète pas, nous attaquons et tu seras vengé sous peu, nous
les aurons l

ÇA VIENT ?
populaire.
synonyme de Magne toi i/Grouille-toi !/Dépêche-toi !
Peut aussi être pris dans le sens est-ce que ça arrive ?
Situation: Une maman qui attend son enfant pour le conduire à l'école:
A : On est en retard, ça vient I
Β : Oui, oui, j'arrive, voilà, voilà !
Situation: Au buffet de la gare, un client attablé qui a commandé au garçon
un sandwich et qui commence à s'impatienter étant donné la lenteur du service:
A : Alors, ce sandwich, ça vient ?
Β : Oui, voilà, tout de suite 1

VOIR VENIR
A deux sens:
. Tu es un petit malin, mais je te vois venir ! On dit parfois avec tes gros
sabots. Sens aimable.
Sens méfiant, n'accordant aucune confiance à l'interlocuteur.
Situation: Deux hommes politiques manoeuvrent par des paroles habiles la
foule qui les écoute. L'un s'adresse à l'autre (en particulier) pour lui
faire part qu'il comprend très bien que ses paroles, sous des aspects d'une
grande banalité, sont une habile manoeuvre pour amener les gens à penser
comme il le désire:
A : Le discours que tu viens de prononcer face à tes administrés est en fait
une habile manoeuvre politique, je te vois venir....
Β : (niant l'évidence) Mais non,tu te trompes, je ne veux faire de tort à
personne !
Dans ce cas on annonce à la personne qui est en face que l'on n'est pas dupe
de sa manoeuvre.
. J'ai mis un peu d'argent de côté, cela me permettra de voir venir.
Dans ce cas,la personne veut dire qu'elle a eu la prudence d'économiser et
qu'elle peut envisager le futur sous un angle plus favorable.
492

VIENS Y POUR VOIR ¡/QU'IL Y VIENNE !


populaire.
Est une sorte de défi ou de menace.
On sous-entend: je 1 'attends de pied ferme !
Situation: Une jeune qui cherche bagarre à un autre pour une sordide
histoire d'orgueil:
A : Si tu cherches la bagarre à m'attaquer ainsi dans mon amour-propre,
tu vas 1 'avoir !
Β : Eh minable, tu ne fais pas le poids, viens un peu pour voir !
C : Si tu veux un coup de main (à A), je te propose mon aide et je l'attends
de pied ferme, fais-moi confiance, j'en ai maté et des plus costauds !

IL FAUDRA BIEN QU'IL Y VIENNE !


familier. S'utilise en parlant d'une tierce personne.
S'il n'y a pas d'autre solution, aboutissement d'une situation.
. Il ne veut pas passer par la hiérarchie, mais il faudra bien qu 'il y vienne !
Peut s'employer en parlant à toutes les personnes de la conjugaison:
Situation: Deux employés d'une société parlent d'un projet d'informatisation de
leurs services:
A : Alors, que penses-tu du nouveau système ?
Β : Il faudra bien qu j 'y vienne pour être compétitif !

OU VEUT-IL EN VENIR ?
familier.
Interrogation sur une idée émise, on ne voit pas la finalité d'une démarche,
1'aboutissement.
. Cela fait une heure que tu m'expliques, mais oû veux-tu en venirà la fin ???
(a la fin marque ici l'impatience).

JE NE FAIS QU'ALLER ET VENIR !


familier, pour exprimer une notion de rapidité.
. J'ai oublié d'emporter les journaux, ne m'attendez pasrje ne fais qu'aller
et venir !

AUTANT EN EMPORTE LE VENT !


très peu usité. Clôt en général la conversation sur le sujet donné.
On peut dire également: Tous les 36 du mois .'/La semaine des quatre jeudis !
Situation: Deux amies comparent leur régularité dans l'exécution du courrier:
A : Quand écris-tu à ta belle-mère ?
Β : Oh, tous les 36 du mois ! (c'est-à-dire jamais, puisque cela n'existe pas).
Situation: Deux jeunes dans une salle de sport:
A : Tu as fait de gros progrès au saut en hauteur, quand vas-tu t 'inscrire
pour une compétition ?
Β : La semaine des quatre jeudis, car la compétition ne m'intéresse pas 1
493

Situation: Un couple faisant des projets de vacances à la montagne, ils feront


ceci, ils feront cela etc.... mais chaque année un incident les empêche de
réaliser ledit projet: difficulté financière, arrivée d'un nouveau bébé, ma-
ladie de la grand-mère etc....
A : Où en sont les projets de vacances cette année ?
Β : Autant en emporte le vent ! jamais ils ne peuvent se réaliser pour
diverses raisons, tu promets toujours et jamais ça ne vient !

DU VENT !
populaire.
synonyme de du balai ¡/ouste !/au large !
se dit à une personne que l'on connaît bien. C'est une expression assez
vulgaire. Effectivement se dit de quelqu'un qui gêne, se trouve sur le
passage, m'agace au point que je veux la voir disparaître, me saoule de
paroles et je ne souhaite plus que son départ.
Situation: Dans un bureau d'études, une personne essaye de se concentrer sur
de fastidieux calculs, et s'adresse à un représentant en bimbeloterie qui
tient à placer à tout prix sa marchandise:
A : Mais vous ne vous rendez donc pas compte que vous gênez, que je ne peux
travailler en votre présence, alors que je η'ai absolument rien à acheter,
du vent, dégagez, je η 'ai pas besoin de vous !
Β : Vous faites votre métier, moi le mien qui consiste à vendre, quitte à
déranger !
Situation: Une vieille mémê, qui balaye devant sa porte, au chat qui ne
daigne pas se déranger:

. Allez ouste, dégage !

BON VENT !
exprime la satisfaction de voir la personne s'en aller. Synonyme de Bon
débarras ! Peut se dire au sujet d'une personne. On peut aussi dire Ouf !
qui marque le soulagement. Cette dernière expression semble néanmoins avoir
moins de force.

. Ma belle-mère vivait avec nous depuis six mois, elle est partie, bon vent!!!!

C'EST DU VENT !/CE N'EST QUE DU VENT !


se dit de projets, dossiers etc.... non sérieux, qui ne comportent pas
d'informations essentielles malgré l'apparence qu'ils voudraient revêtir.
Synonyme de c 'est du bla bla !
Situation: Un patron parlant â un collègue commente le travail que lui a
remis un de ses employés:
A : Et ce rapport qui devait montrer 1 'utilité de 1'informatique pour la
gestion ?
Β : χ m'avait présenté un rapport de 200 pages, mais ce n'était que du vent !
Alors je l'ai demandé à quelqu'un d'autre.
494
QUEL BON VENT VOUS AMENE ?
formule gentille pous accueillir les gens que l'on aime bien et dont on
n'attendait pas la visite.
Situation: On sonne à la porte, la propriétaire des lieux ouvre et manifeste
sa surprise en découvrant la visiteuse:
. Vous ici, quel bon vent vous amène ? quelle bonne surprise, je suis très
heureuse d'avoir votre visite, quelle bonne surprise !

ÇA ME FERAIT MAL AU VENTRE !


familier, populaire.
On peut trouver aussi Ça me ferait mal aux tripes l/Ça me ferait vraiment
suer de...
Marque la forte contrariété de penser qu'une pareille chose puisse se réaliser,
contre son gré.
. Ça me ferait mal au ventre qu 'il puisse entrer dans cette société avec si
peu de bagage (diplômes).

JUREZ DE DIRE TOUTE LA VERITE !


cette formule est généralement suivie de rien que la vérité.
Cette expression est uniquement utilisée dans les tribunaux lorsqu'on demande
le témoignage d'une personne.

DIRE DES VERITES PREMIERES


emploi ironique.
Situation: Une personne vexée par le comportement de son collègue, se fâche
et dit à son voisin:
. Celui-là, je vais lui dire ses vérités premières ! (pense être vengé en le
vexant à son tour). On peut également dire: retour de manivelle !

DIRE A QUELQU'UN SES QUATRE VERITES


familier.
Cette expression ne traduit jeûnais le contentement, c'est toujours un sentiment
de colère qui motive cette formule.

. Cette fois il est allé trop loin, je vais lui dire ses quatre vérités !

A LA VERITE
permet un temps de pause, donne un délai de réflexion avant de répondre. Peut
aussi
. Λ latraduire
vérité, un
je embarras passager.
ne sais que dire !

EN RACONTER DES VERTES ET DES PAS MURES


familier.
On trouve aussi l'expression en entendre des vertes et des pas mûres.
On utilise cette formule surtout pour des petites histoires et à propos des
facéties de personne.
Situation: Un enfant insupportable fait une colère devant sa mère et une
voisine:
495

A : Ce gamin m'en fait voir de toutes les couleurs !


Β : Vous ne devriez pas supporter de tels caprices !
Situation: Deux commères discutent sur le dos d'une voisine qui a une mauvaise
réputation:
A : En effet, à son sujet j 'en avais entendu des vertes et des pas mûres !
Β : Effectivement, de mon côté, j 'en ai entendu de toutes les couleurs,
voyez que tout cela concorde !

FAIRE DE NECESSITE VERTU


cette expression est très peu usitée, mais son équivalent l'est beaucoup plus:
faire contre mauvaise fortune bon coeur.
Dicton populaire:

. Cette date ne m'arrange pas du tout,mais je ferai de nécessité vertu.

AU VESTIAIRE !
cette invective s'accompagne souvent de projection de différents objets en
direction de la personne concernée.
AMENE TA VIANDE !
argotique.
Dans le même genre on trouve ramène-toi !
Se dit surtout entre personnes qui se connaissent bien.
Situation: Dans une ferme c'est la période de la récolte. Un homme travaille
d'arrache-pied tandis que l'autre regarde la télévision:
A : Tu ne crois pas que tu pourrais m 'aider au lieu de rester planté devant
la télé ?
Β : Aujourd'hui je n'ai pas le coeur au travail.
A : Allez, amène ta viande et ne discute pas !

VICTOIRE !
cette expression peut se rapprocher de vengeance ! quant aux situations
d'emploi.
Situation: Un sportif vient de battre officiellement un record du monde alors
que tout le monde le croyait mauvais, un journaliste l'interroge:
A : Vous venez de battre le record du monde, qu 'elles ont été vos premières
paroles ?
Β : Victoire ! victoire ! sur le mauvais sort qui me poursuivait.
On aurait pu dire: Vengeance ! vengeance face au destin jusqu'alors si fatal.

CE Ν'EST PAS UNE VIE !


se rapproche du sens de avoir une vie de chien.
. Se lever tous les matins à 6 H, ce η 'est pas une vie !
496

JAMAIS DE LA VIE !
Exprime un refus catégorique.
Synonyme de plutôt mourir !
A : Vas-tu au dernier spectacle de X dimanche ?
Β : Jamais de la vie !
Exprime la négation totale.
Situation: Deux chercheurs discutent à propos d'une expérience qui aurait
eu lieu:
A ·. Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais l'on dit grue 1 'on a trouvé
le vaccin contre tous les cancers dans vos laboratoires.
Β : Jamais de la vie, nous ne travaillons même pas sur le cancer !

DE LA VIE!/DE MA VIE !
S'emploie toujours dans une phrase négative. Donne une référence de durée.
. De ma vie je n'ai jamais rien vu d'aussi beau !

IL NOUS FAIT/IL NOUS MENE LA VIE DURE !


familier.
Se dit à propos d'une personne qui en tourmente une ou plusieurs autres, ou
â propos d'une personne qui malmène une machine.
Situation: Deux mères de famille discutent de leurs enfants:
A : Comment vont vos charmants enfants ?
Β : Ne m'en parlez pas, mon fils est un petit démon, il me mène la
vie dure !
Situation: A la sortie du lycée deux adolescents discutent mécanique:
A : Tu as vu comme tu mènes la vie dure à ton moteur ?
Β : Non, pourquoi ?
A : Tu roules tout le temps à fond !

IL NOUS FAIT LA VIE !


Se dit d'une personne qui veut absolument obtenir quelque chose et qui fera
tout pour l'obtenir de la personne qui parle.
Situation: A l'approche de Noël deux parents discutent ensemble:
A : Mon fils voudrait beaucoup de choses pour Noël.
Β : Le mien nous fait une vie pour avoir un vélo.

CE N'EST PAS UNE VIE !


familier.
Expression souvent employée pour exprimer la lassitude.
Situation: Deux frères, au réveil le matin dans leur lit:
A : Le réveil a sonné, il faut se lever !
Β : Tu parles, ce n'est pas une vie de se lever de si bonne heure chaque jour !
Situation: Dans un hôpital, un handicapé à son visiteur:
A : Vous savez, ce n'est pas une vie pour ma ferme d'avoir un infirme à
soigner ainsi !
Β : Mais je suis sûr que vous allez guérir, gardez le moral !
497

On peut dire également: Quelle vie de chien !


Quand on y réfléchit, les chiens ont une belle vie, mais l'expression signifie
un peu c'est le bagne ici !
. Pour les Parisiens, Métro, Boulot, Dodo .... c'est une vie de chien !

Que voulez-vous, C'EST LA VIE !


familier.
banalité, fatalité.
Situation: Sur le quai d'une gare, deux employés qui devaient prendre leur
train:
A : Voyez, je suis encore là, le métro avait du retard, j 'ai raté mon train !
Β : Moi aussi, le patron ne va pas être content, mais que voulez-vous que
j'y fasse, c'est la vie !
On peut même pousser la plaisanterie un peu loin en parlant de quelqu'un
qui vient de mourir.
Situation: Au cimetière, deux personnes regardent une tombe:
A : Ah, le pauvre X, il est mort bien jeune d'un cancer, ce η 'est pas
de chance !
Β : Bah, que voulez-vous, c'est la vie !

MON VIEUX !/MA VIEILLE !


familier, marque l'amitié lorsqu'il est suivi d'un nom.
Peut aussi exprimer 1'étonnement, la stupéfaction dans l'expression:
Ben mon vieux !
. Alors ma vieille branche, comment ça va ?
. Il a réussi à sauter six mètres, ben mon vieux .'/.'.' il est drôlement
fort/balèze !

C'EST LA VIEILLERIE !
familier, mais on dit plus souvent c'est de la vieillerie !
Situation: Une vieille grand-mère qui se plaint à sa voisine de ses
rhumatismes:
A : Je me demande ce que j 'ai à mon genou gauche, il ne veut plus plier.
Β : Bah, ne cherchez pas ma brave dame, c'est de la vieillerie !
Se dit en se moquant de soi-même quand on perd la mémoire, qu'on ne voit plus
très clair, ou simplement qu'on a pas vu un objet qui crevait les yeux, quand
on entend pas certains bruits ou qu'on ne comprend pas les jeunes qui avancent
trop vite dans la vie:
. Bah, tout ça, c'est de la vieillerie !

LE VILAIN ! /LA PETITE VILAINE !


familier.
Situation: Dans une classe deux élèves parlent à tort et à travers et disent
du mal de leurs camarades:
A : Taisez-vous, vous ne savez pas ce que vous dites, vilains !
Β : La barbe, on a bien le droit de dire ce que l'on pense !
A : Oui, mais pas sur le dos des copains !
498
VILAINE
Peut s'entendre dans le sens de laid ou de méchant.
Situation: Deux employées de bureau discutent de la secrétaire nouvellement
arrivée:
A : Et alors, cette nouvelle secrétaire ?
Β : D'après la description qu'on m'en avait faite, je ne la trouve pas si
vilaine.
Situation: Une maman rentre à la maison et constate que sa fille a mis de la
peinture plein les murs de sa chambre, elle gronde sa fille:
A : Tu es vraiment vilaine de faire autant de bêtises ! (ici vilaine peut
être adjectif ou nom)
Β : Mais maman, je voulais faire un dessin pour toi !

ELLE N'EST PAS VILAINE !


familier.
Compliment.
Situation: Deux gars â moto voient passer une fille sur le trottoir:
A : Oh, que penses-tu de la pépée qui vient de traverser ?
Β : Oh, elle n'est pas vilaine du tout, je lui ferai bien un brin de cour !

IL VA Y AVOIR DU VILAIN !
familier. Terme négatif.
C'est l'annonce de quelque chose qui va tourner au vinaigre.
Situation: Un couple parlant des voisins du dessus:
A : Tu as vu, Dupont est encore rentré complètement saoul !
Β : Effectivement, sa fernie va sans doute lui passer un savon, il va y
avoir du vilain dans le ménage ce soir, ça va chauffer 1

FAITES VINAIGRE !
familier.
Situation: Deux voleurs, lors d'un hold-up, entendent la voiture des flics
arriver:
A : Hep les gars, voilà les flics !
Β : D'accord, bien compris, on fait vinaigre !
Situation: Un orage se prépare, une maman demande de l'aide à son fils
pour fermér les volets avant que le vent ne les claque:
A : Viens vite, un orage se prépare, il faut faire vinaigre pour fermer
les issues !
Β : D'accord, je fais du plus vite que je peux!

VINGT-DEUX !
populaire.
Est surtout assimilé à la présence de policiers:22 ν'la les flics ! pour
mettre en garde les gens qui fraudent à ce moment-là, à cet endroit. Peut
aussi exprimer la surprise de voir arriver les gendarmes.
Peut être aussi employé pour exprimer la réponse affirmative à un défi par
rapport à la personne qui lance ce défi.
499
Vingt-deux peut être aussi synonyme de chiche !
Situation: Deux prisonniers font un plan pour s'évader:
A : Pour s'évader il faudrait assommer les trois gardes !
Β : Et alors, où est le problème ?
A : Trois ! t'es pas cap ?
Β : Vingt- deux !
A : OK, on marche comme ça !

VINGT DIEUX !
populaire, s'emploie uniquement en milieu paysan.
Peut être un juron, mais peut-être également admiratif.
Situation: Un paysan à son cheval qui refuse d'avancer par peur de l'orage:
. Mais vingt dieux, vas-tu avancer !
Situation: Un paysan à qui l'on apprend que le fou du village lui a volé
un poulet:
. Vingt dieux, il va me le payer, ce malotru !
Situation: Un paysan qui voit passer une belle génisse pour la foire:
. Vingt dieux qu'elle est-y belle c'te bête !

SE FAIRE UNE DOUCE VIOLENCE


utilisé plus souvent avec se faire violence.
familier.
Se forcer un tout petit peu pour se faire plaisir.
Se dit entre grandes personnes, adultes, les enfants ne font pas tant de
manières, quand ils ont envie de quelque chose qu'ils convoitent.
Situation: Le soir de Noël devant une boite de chocolats:
A : Je vous en prie, chère madame, vous prendrez bien un de ces délicieux
chocolats !
Β : Vous savez, ce n'est pas bon pour ma ligne, mais je vais me faire une
douce violence pour un soir comme celui-ci !
Situation: A Ouagadougou, au mois de mai, devant la piscine après une partie
de golf, deux amies:
A : Par cette chaleur je vais me plonger dans la piscine l
Β : Je crois que je vais me faire une douce violence et en faire tout autant !

C'EST UN PEU VIOLENT !


très peu usité.
C'est un peu fort !
Ou se dit â propos d'un film dont les images agressent l'esprit. Mais à ce
moment lâ c'est plus une constatation qu'une expression.
Situation: Devant un cinéma, une maman recommande â son amie:
A : Ne laissez pas votre jeune fils aller voir ce film, je viens de le
visionner et ce η 'est vraiment pas de son âge !
Β : Que lui reprochez-vous ?
A : C'est un peu violent !
500
ACCORDEZ VOS VIOLONS !
familier.
Il faut bien se mettre d'accord !
Situation: Au commissariat lors d'une reconstitution d'accident, le commissaire
au premier témoin:
A : II faudrait accorder vos violons si vous tenez à ce que nous fassions
des déclarations exactes !
Β : Je vous ai dit ce que j 'ai vu, ce η 'est pas ma faute si cela ne correspond
pas avec mon adversaire !

JE VOUS TROUVE MEILLEUR VISAGE !


Ne se dit surtout pas à une femme qui se vexerait en pensant que la veille
elle devait avoir une triste figure, ce n'est pas un compliment s'il est pris
dans le langage courant.
Par contre, à quelqu'un qui relève de maladie, c'est un encouragement.
Mais, là également, relève plus d'une constatation que d'une expression.
On peut dire également Je vous trouve meilleure mine !
Situation: Une cliente qui arrive à l'épicerie dont la patronne vient d'être
malade :
A : Tiens, bonjour madame X, ça va mieux ? on le dirait bien, je vous
trouve meilleur visage !
Β : Oh oui, merci, vous savez j 'ai été bien sécouée avec cette grippe !

ÇA SE VOIT COMME LE NEZ AU MILIEU DU VISAGE !


familier.
Souligne le fait que c'est évident, flagrant.
. Par le manque de concentration, tu vas perdre ce match, ça se voit comme
le nez au milieu de la figure.

TU AS DES VISIONS !
familier.
On peut dire également Tu as la berlue !
Situation: Au village, une paysanne à sa voisine:
A : Il m'a semblé voir le fils de X l'autre jour, il est-y déjà de retour
du service militaire ?
Β : Tu as la berlue, jamais de la vie, il est à 5.000 Km d'ici, sa mëre me
l'a encore confirmé hier 1

Situation: Deux amies racontent leurs emplettes dans les grands magasins:
A : Tu sais, il m'a semblé voir un manteau de fourrure pour moins de trois
mille francs !
Β : Tu as des visions ! tu oublies un zéro tout simplement, retourne et
constate. Je ne voudrais pas t'enlever tes illusions, mais au moment
de faire le chèque tu t'en serais aperçu !
501

ET PLUS VITE QUE ÇA !


familier.
Ne s'emploie plus tellement.
Se disait très souvent aux enfants après un ordre dont on attendait l'exécution
immédiate.
Situation: Le matin avant d'aller à l'école une maman rappelle son garçon
pour lui faire ranger ses chaussures:
A : P. pour la Xème fois veux-tu me ranger tes chaussures, allez et plus
vite que ça....
Β : Oui, oui tu rouspètes toujours !
Situation: A un gars qui ne veut pas quitter le comptoir après quelques demis:
A : Vous allez déguerpir, et plus vite que ça !
Β : Oui, oui, ne vous fâchez pas !

VITE FAIT, BIEN FAIT !


familier.
Peut être un ordre.
Situation: Dans la bibliothèque,un lundi, un bazar indescriptible, la sur-
veillante arrive:
. Non mais, ce η 'est pas possible un tel désordre, vous allez me ranger
ça, vite fait, bien fait !
Peut-être une appréciation personnelle de son travail.
Situation: Un patron demande un travail un peu méticuleux à sa secrétaire:
A : Mademoiselle X, pouvez-vous me taper ce rapport un peu embrouillé, je
ne m'y retrouve plus !
Β : Bien sûr, je vais vous faire ça, vite fait, bien fait, ce ne sera pas long.
Plus vulgairement on peut dire: vite enveloppé ¡/enveloppé, c'est pesé !
(c'est-à-dire qu'une fois pesée la marchandise n'a plus rien à faire ici,
à dégager).

ÇA NE CASSE PAS LES VITRES \/Çh NE CASSE RIEN !


Première expression très peu usitée, par contre la deuxième est courante.
On peut dire également: Ça ne casse pas trois pattes à un canard ! {plus
populaire).
Situation: A la sortie du cinéma, critique de deux jeunes qui viennent de
voir le dernier Delon:
A : Alors ? qu'en penses-tu, c'était sensas !
Β : Bof ! ça ne casse rien !
Situation: Dans un musée devant une sculpture dite sublime,mais dont
l'admiratrice n'en saisit pas toute la finesse:
A : Comment trouvez-vous cette oeuvre ? sublime, non !
Β : Ce η 'est pas mon avis, ça ne casse pas trois pattes â un canard !

VIVAT !
On trouve plus souvent: fiourra 1/Youpie ! etc....
502
QUI VIVE ?
familier.
Ce sont surtout les sentinelles qui utilisent cette expression losqu'elles
sentent une présence non identifiée.
Néanmoins on trouve plus souvent: Qui va là ? (plus usité que gui vive ?
qui, lui, a disparu du langage).

VIVE...!
familier.
Cri de joie, peut être populaire comme Vive la révolution !
Peut s'employer pour tout ce qui fait plaisir:
Vive les vacances !, Vive le soleil !, Vive les belles filles !, Vive Noël
et Nouvel An !, Vive le bébé qui vient de naître !
A un anniversaire: Vive X dont c'est la fête ! etc
Situation: Dans une salle de classe après l'annonce d'un jour de congé:
A : Hep les gars, le Prof X vient de nous donner congé vendredi !
Β : Hourrah ! vive le Prof X !
En France, le président de la république termine ses discours par:
Vive la Republique ! Vive la France !

VIVEMENT !
familier.
Situation: Deux profs se rencontrent, ils ont chacun une classe parti-
culièrement chargée et pénible:
A : Je suis épuisé, ces élèves me crèvent â être si bruyants !
Β : Moi aussi, vivement les vacances !
Situation: Deux amis se quittent au club le dimanche soir en évoquant le
bon week-end qu'ils viennent de passer, aspirent au prochain:
A : Allez, au revoir, c'était super !
Β : Oui, vivement dimanche prochain !

VIVEMENT QUE !
familier.
Vivement ce soir qu 'on se couche ! veut dire j 'en ai marre, ça suffit pour
aujourd 'hui!
Situation: Depuis le matin un balayeur ramasse des feuilles mortes, c'est
1'automne :
A : Depuis ce matin que je m'échine à ramasser ces maudites feuilles, y en
a marre, vivement ce soir qu 'on se couche !
Β : Vivement que cette chute des feuilles s'atténue, en hiver on s'esquinte
bien moins !

APPRENDRE A VIVRE A QUELQU'UN


familier.
Se dit sur le ton de la colère, de la sanction, ou marque la constatation
d'une expérience bénéfique, même si désagréable.
. Si tu continues à désobéir ainsi, je vais t 'apprendre à vivre !
503

TOUS MES VOEUX!


familier, populaire.
Peut être dit de façon gentille, sincère, le plus couramment usité.
Mais peut être également dit à quelqu'un qu'on envoie au diable en lui
criant: Tous mes voeux Í
C'est-à-dire que s'il n'est pas content de ce qui lui arrive, il n'a qu'à
aller voir ailleurs, on lui souhaite que ce soit mieux là-bas, qu'ici.
Situation: Au seuil de la nouvelle année, un commerçant souhaite à ses
clients une bonne et heureuse année, ce qui se résume à tous mes voeux !
A : Bonjour Mme X, tous mes voeux !
Β : Merci, pour vous également !
Situation: Un employé qui avait fait des pieds et des mains pour entrer dans
cette société et qui aujourd'hui n'est pas satisfait, veut faire jouer la
concurrence, en espérant que le patron le retiendra, il fait miroiter que
dans la société d'en face c'est mieux que chez lui. Le patron s'adressant
à son chef de service:
A : Si, X n'est pas content, qu'il s'en aille, qu'il aille chez le con-
current s'il veut,et tous mes voeux !
Β : Bien, je vais lui faire savoir qu 'on ne le retient pas et qu 'en plus
on lui souhaite BON VENT !

VOGUE LA GALERE !
familier.
On peut dire: Advienne que pourra !
on laisse aller....
Situation: Un comptable qui essaye depuis des mois â maintenir le navire
hors d'eau, n'arrive plus à assumer les échéances, il se décourage car
peu aidé par son entourage:
A : M. le Directeur, si un compromis n'est pas signé d'ici la fin du mois,
c'est la faillite, si vous ne m'aidez pas, je ne peux rien faire, je suis
obligé de laisser filer et vogue la galère !
Β : Que voulez-vous que j 'y fasse, les ouvriers ne veulent pas reprendre
le travail, si la maison ferme ils verront bien, advienne que pourra !

(COUCOU) LE VOILA !
familier.
Se dit en accueillant une personne ou en jouant avec un enfant au jeu de
cache-cache.
Situation: A une soirée, tout le monde est réuni pour l'anniversaire de X,
jusqu'à présent il est le seul à manquer, tout le monde l'attend, et enfin
le carillon de la porte retentit:
A : Ça a sonné ! je suis sûr que c 'est lui !
Β : Enfin le voilà 1
ou
Β : Coucou, le voilà 1 (beaucoup moins usité pour un adulte que la forme
ci-dessus).
Situation: Un enfant se cache et appelle sa mère pour qu'elle joue à le
chercher :
A :Ayez 1 je suis caché, cherche-moi !
Β : Coucou, le voilà mon bambin !
504

EN VEUX-TU EN VOILA !
familier.
Situation: A la foire, un copain demande à son pote s'il a vu beaucoup de
manèges à sensation:
A : Hep, quand tu as été à la foire, as-tu remarqué s'il y avait beaucoup
de grands manèges ?
Β : Tu parles, il y en avait partout en veux-tu en voilà !
Situation: De retour de la pêche, une marchande demande si la pêche a été
bonne pour les soles,car elle a une grosse commande :
A : Vous voilà de retour, la pêche a-t-y été bonne pour les soles, 1 'hôtel
X en veut 10 kg ?
Β : Tu parles ! aujourd'hui il n'y avait que ça qui remontait dans les filets,
il y en a en veux-tu en voilà !
Situation: A l'école un maître se désole devant une copie:
A : Mon Dieu ! des fautes d'orthographe, en veux-tu en voilà, c'est une
catastrophe !

EN VOILA (un imbécile!)


familier.
Situation: Deux gosses qui font une histoire pour une queue de cerise (peu
de chose):
A : Ou 'est-ce qui se passe ?
Β : C'est ma gomme et je la veux !
A : En voilà une histoire !
Situation: Un automobiliste á sa femme à côté de lui (qui n'y est pour rien)
en parlant d'un chauffard qui vient de lui faire une queue de poisson (une
vacherie):
A : Non mais, t'as vu ce chauffard comme il conduit ! En voilà un con,
attends, je vais le rattraper !
Β : Inutile de te montrer plus obtus que lui, montre ta supériorité en
laissant glisser I

Toi que VOILA !


pas tellement usité.
S'adresse à une personne qui justement passe par là/tombe à pic/arrive etc....
Situation: Depuis une heure on essaye d'inculquer â un élève des bases
d'informatique, rien à faire, rien ne rentre. Justement .... passe par là
une personne très calme et très apte à expliquer à l'élève récalcitrant les
bases avec des données beaucoup plus simples.
A : Toi que voilà, tu tombes bien, viens donx expliquer à X les données
élémentaires !
Β : Pas de problème, j'arrive !
505

QUE VOILA !
régional peut-être, pas très usité.
Situation: Une personne devant sa terrasse qui vient d'être recarrelêe:
A : Que voilà du beau travail, félicitations !
Β : Merci, je ne fais que mon travail, mais j'essaye de le faire bien.
Précède un compliment: Que voilà une belle écriture !/une bel enfant !/une
jolie robe ! etc....

VOILA !
familier, populaire.
Se dit surtout après un appel 'à la criée'.
Situation: Dans un café ou un restaurant:
A : Garçon !
Β : Voilà, voilà, j'arrive !

VOILA CE QUE C'EST QUE


familier.
Situation: A quelqu'un qui vient d'attraper un bon rhume:
A : Voilà ce que c'est que de coucher pieds-nus, on attrape un rhume de
cerveau !
Β : Ne plaisante pas, je dirai plutôt, voilà ce que c'est que d'attendre
son mari dans une gare truffée de courants d'air.

EN VOILA ASSEZ !
familier.
Situation: Un homme dans la rue qui se fait insulter depuis un moment par
une bonne femme qui prétend qu'il est mal garé :
A : En voilà assez, je ne peux vous supporter davantage, allez-vous dégager
pour que je puisse partir ?
Β : En voilà assez ! En voilà assez!! vous en avez de bien bonnes, vous
η 'aviez qu 'à pas gêner !

VOILA, ET VOILA !
peu usité.
Situation: De retour à la maison après avoir cassé la voiture, un père â
son fils:
A : Tu n'es qu'un maladroit, un bon à rien, tu as encore abîmé la voiture
après avoir esquinté le vélo, cassé un carreau et voilà et voilà
Β : Oui, je η 'ai pas la baraka !
Situation: Dans un bureau un patron constate qu'un employé ne vaut vraiment
pas grand chose, il en parle au chef de service:
A : Voilà, et voilà c 'est toujours le même qu 'on épingle en train de faire
des bêtises !
Β : Je vous l'avais bien dit qu'il finirait mal.
506

AH VOILA, C'ETAIT DONC ÇA !


familier.
Situation: Un garçon annonce à ses parents qu'il a envie de se marier:
A : Je connais L depuis très longtemps et nous avons envie de nous marier.
Β : Ah voilà, c'était donc ça que tu nous cachais depuis un petit moment !

NOUS VOILA BIEN !


campagnard.
On peut dire également: nous voilà dans de beaux draps ! (dans une situation
pas très claire).
Situation: Un ménage faisant le compte pour arriver à la fin du mois:
A : Ben 1 nous voilà bien ! avec tout ce que nous avons à payer, jamais nous
y arriverons !
Β : Qui c'est-y qui nous a mis dans cette situation pour avoir payé un trac-
teur ? nous voilà dans de beaux draps !

VOILA-t-IL PAS/VOILA-ti-PAS
populaire. Se dit dans le milieu paysan.
Situation: Deux paysans discutent dans un bistro de leurs animaux:
A : Ma jument elle était bien malade l'aut' nuit, et aujourd'hui voilà-ti-pas
qu 'elle se met à boiter !
Β : Sacré nom, t'a pas d'chance, après ton ch'val, ν'la la jument qui déconne !

QUE VOIS-JE ?
familier, mais pas très usité.
Situation: Une maman à son enfant qui rentre de l'école tout taché:
A : Pue vois-je sur ton tee-shirt tout neuf ?
Β : Oh, ce η 'est rien, il fait si chaud que mon chocolat du goûter a fondu
et j'ai essuyé mes doigts après mon maillot.

JE L'AI VU COMME JE VOUS VOIS !


familier.
Situation: Deux commères cancanent sur le dos d'une voisine qu'elles ont
aperçu en galante compagnie:
A : Je te dis que X est sortie avec Y 1 'autre soir 1
Β : T'en es sûre ?
A : Ben oui, elle était là tout près, je 1'ai vue comme je te vois !

QU'IL AILLE SE FAIRE VOIR !


familier.
Situation: Un gars qui revient pour la Xême fois à la charge,car il n'est pas
content de la réparation de son mécanicien. Ce dernier penché sur un autre
moteur et son commis 1'avertit :
A : Votre client si grincheux est encore là !
Β : Il commence sérieusement à m'énerver, je η'ai pas que ça à foute, il
n'est jamais content, qu'il aille se faire voir ailleurs, il verra bien !
507

TU VOIS fA D'ICI ?
familier.
Situation: Deux filles qui parlent de l'ami de l'une d'elle:
A : Tu vois ça d'ici, la tête qu'il ferait, si je lui annonçais que je le
quitte ?
Β : Oh oui, j'imagine très bien, lui qui est si sûr de sa personne, il
tomberait de haut.

IL FAUT VOIR VENIR !


familier.
Situation: Un couple qui parle de chômage, l'un a très peur d'être licencié:
A : Tu te rends compte, ils en ont déjà licencié plus de la moitié, qu'est-ce
qu'on va devenir sans boulot ?
Β : Ne t'affole pas, il faut voir venir (ou laisser venir), ça va peut-être
s'arranger.

JE VOUDRAIS VOUS Y VOIR !


familier.
Situation: Un jeune qui ne comprend pas pourquoi son copain n'arrive pas
à réparer sa moto:
A : Vraiment, je ne comprends pas comment tu t'y prends pour être toujours
en panne, t'es vraiment pas dégourdi !
Β : C'est facile à dire, je voudrais bien t'y voir, critiquer c'est facile !

VOIR NAPLES ET MOURIR !


familier.
On dit également: Voir Venise et mourir !
Situation: Un futur jeune marié explique à son père qu'il envisage de faire
son voyage de noces à Naples. Au père de répondre avec quelque regret dans
la voix:
A : Oh, voir Naples et mourir ! mon rêve I
Β : T'en fais pas papa, ça reste toujours valable !

ON N'A JAMAIS RIEN VU DE PAREIL !


pas très usité.
Situation: Deux alpinistes découvrent les sommets enneigés et restent muets
d'admiration, l'un revient à lui et déclare:
A : Quelle beauté, on η 'a jamais rien vu de pareil !
Β : Effectivement, c'est magnifique, â vous couper le souffle !

VOUS N'AVEZ ENCORE RIEN VU !


Situation: Deux personnes visitent un hôpital de brousse, où, effectivement
l'hygiène est absente. L'une d'elle pousse un cri en entrant devant tant de
crasse et de laisser-aller:
A : Mon Dieu ! est-ce possible une pareille saleté ?
Β : Attendez, vous n'avez encore rien vu !
(c'est-à-dire que la suite de la découverte accentuera le désastre).
508

ON AURA TOUT VU !
familier.
Situation: Devant une affiche de cinéma porno deux petites vieilles
s'exclament:
A : Décidément on aura tout vu en ce bas monde ! Ces affiches sont ignobles !
Β : Hé oui, ma chère, quand je pense que nos grands-mères ne montraient même
pas leurs chevilles ! ! !

J'EN AI VU BIEN D'AUTRES !


familier.
Situation: Au sport à l'école, une fille demande aux garçons de se retourner
pour qu'elle puisse se changer. L'un d'eux éclate de rire devant tant de pu-
deur et s'écrie:
A : Arrête ton char ! on en voit bien d'autres, ne serait-ce que sur la plage !
Β : (Un autre garçon narquois) tu verras quand tu iras au régiment, tu ne
feras plus tant d'histoires !
(il voulait dire par là qu'un peu de service militaire lui ferait du bien
pour apprendre à vivre en société).

IL EN A VU !
En tant qu'expression on dirait plutôt: Il s'en est vu !
Situation: Un garçon qui sort d'une maison de rééducation suite à un grave
accident de moto. Ses copains en parlant de lui:
A : Le pauvre ! il s'en est vu (de la souffrance) pour remarcher en claudi-
quant si peu, il était si amoché !
Β : Le résultat est là, bravo, grâce à sa volonté et â son courage il a
passé le cap.

EN FAIRE VOIR A QUELQU'UN


familier.
Situation: Une maman parlant de son 'petit dernier', un véritable petit démon
qui n'écoute rien, â sa voisine:
A : Il me tue, il m'en fait voir de toutes les couleurs !/il m'en fait voir
des vertes et des pas mûres l/qu'est-ce qu'il m'en fait voir !/il m'en
fait baver !

JE L'AI ASSEZ VU !
Situation: A la fin de la journée deux secrétaires quittent le bureau:
A : Ouf ! la journée est finie, le boss était particulièrement pénible, ça
va pour aujourd 'hui, je l'ai assez vu !
Β : Tu as raison, à chaque jour suffit sa peine !

JE NE PEUX PLUS LE VOIR !


familier.
Situation: Deux minettes parlent de leur chanteur préféré:
A : J'adorais J. Halliday !
Β : Moi aussi, mais j'en ai ras le bol, je ne peux plus le voir !/je ne
peux plus le voir en peinture !
509

ALLEZ VOIR LA BAS SI J'Y SUIS !


familier.
Situation: Une maman â son gamin qui n'arrête pas de venir l'embêter avec ses
jouets à l'heure sacro-sainte de thé qu'elle essaye de savourer avec une amie:
A : Ecoute, maintenant ça suffit, tu commences sérieusement â me casser les
pieds, allez ouste, va un peu voir là bas si j 'y suis 1
Β : (le gamin) j'ai pas envie de rester seul !

IL FAUT VOIR !
familier.
Situation: Devant un magnifique catalogue d'appartements à acheter une femme
s'enthousiasme auprès de son mari pour un qui réunit toutes les qualités et
tous les avantages. Celui-ci la calme et lui dit:
A : Attends, attends, ne t'emballe pas comme ça, il faut voir .... après nous
jugerons !
Β : Tu parles d'un rabat-joie que tu fais ! jamais rien ne t'emballe, il te
faut toujours réfléchir !

ON VERRA !
familier.
Situation: En ouvrant le frigo, je crie à ma mère:
A : Tu sais qu 'il y a plein de restes ?
Β : Oui, oui, on verra 1 (ce qu'on fera à manger)

C'EST TOUT VU !
familier. Ne supporte pas la discussion: terminé !
Situation: Un couple essaye de faire des projets de vacances, le mari souhaite
la mer, la femme la montagne et les enfants 1'étranger. Qui va 1'emporter ?
Le mari : Je crois qu'avec toutes vos idées de grandeur on va tout de suite
être d'accord, nous n'avons pas les moyens d'aller à l'étranger !
La femme: Allons, étudions, on va voir 1
Le mari : C'est tout vu ! nous η 'avons pas les moyens, un point c 'est tout !
Situation: Entre un prof et un élève qui se plaint d'avoir trop de devoirs
pour les vacances:
A : Mon petit, il faudra faire un choix entre le tennis et les maths !
Β : C'est tout vu .... la seule chose intéressante est le tennis !

ON VERRA BIEN !
familier.
Situation: A la veille de rendre mon devoir, je me demande bien s'il va
convenir:
A : Tu penses que mon devoir est bon ? je me fais du soucis.
Β : Ça ne sert à rien, on verra bien !
510
Essaie un peu, POUR VOIR !
Situation: Un gamin qui n'a pas envie de faire ses devoirs fait part à sa
mère d'être malade le lendemain au lieu d'aller à l'école:
A : Je crois que je vais être malade pour 1'interro de demain !
Β : Essaie un peu pour voir ! (si tu oses I)

VOYEZ-VOUS
familier.
Situation: En raison de la grève des trains, deux personnes s'inquiètent sur
le moyen de rentrer le soir du travail:
A : Ce qui m'inquiète, voyez-vous, c'est la correspondance à Choisy-le-Roi !
Β : Ben moi, voyez-vous, ce n'est pas ça, mais la durée de la grève qui
perturbe tant mon commerce !

VOYONS VOIR !
familier.
Situation: Chez le docteur:
A : J'ai très mal là, sur le côté quand j'appuie, aie !!
Β : Voyons-voir ! déshabillez-vous 1

VOYONS !
familier.
Situation: A un gamin qui pleure parce qu'il a perdu ses billes:
A : Enfin, voyons, tu ne vas pas pleurer pour ça ?
Β : Sen si, j'y tenais, c'était mes plus beaux 'canons' !

VOUS VOYEZ CE QUE JE VEUX DIRE


pour assurer que 1'interlocuteur a bien compris.
Situation: Deux jeunes femmes dont l'une attend depuis peu un 'heureux
événement':
A : Bonjour, ça va la santé ?
Β : Pas très bien en ce moment, le matin j 'ai des nausées, vous voyez ce
que je veux dire ?

AH, JE VOIS !
familier.
Situation: Suite de la précédente:
Ά : Ah je vois, j 'espére que ça va s'arranger d'ici quelques jours pour les
malaises.
Β : Oui, rien de plus naturel !
511

J'AI VU LE MOMENT OU
Situation: Deux gars en rêcrê au sujet d'une fille:
A : X était tellement en colère 1 'autre jour qu 'on lui ait soufflé sa petite
amie que je voyais le moment où il allait la gifler !
Β : Tu penses, il a bien trop peur de la perdre en agissant ainsi !
On peut dire également: je voyais le coup où il allait....

SI VOUS N'Y VOYEZ PAS D'INCONVENIENT !


familier.
Situation: A bout de fatigue devant la machine, il implore d'arrêter de
travailler pour ce soir:
A : Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je vais arrêter là pour ce soir !
Β : Mais, je vous en prie !
Situation: A quelqu'un qui devait faire équipe pour le jogging du matin et
qui met beaucoup de mauvaise volonté à suivre:
A : Vous allez trop lentement pour moi, si vous n'y voyez pas d'inconvénient,
je vais continuer tout seul.
Β : Je ne vous retiens pas, allez-y !

CELA N'A RIEN A VOIR !


familier.
Situation: Un employé qui vient d'être congédie à son chef de service:
A : Vous me congédiez pour mon retard de 1 'autre jour ?
Β : Non, non, ça n'a rien à voir, c'est uniquement pour une raison de
compression de personnel.

IL FAUDRAIT VOIR !
familier.
Situation: Lors d'un procès un témoin explique au président:
A : Puisque je vous dis, M. le Président, que ce soir lâ j 'étais en virée
au village d'à côté !
Β : Faudrait voir à ne pas nous raconter d'histoires, hier vous disiez le
contraire !

FAUDRAIT VOIR A VOIR !


populaire.
Situation: En vue d'un pique-nique pour dimanche prochain:
A : Faudrait voir à voir, tu viens ou tu viens pas, mais décide-toi, on ne
sait jamais rien de précis avec toi !
Β : Bon, ben,c 'est décidé, je viens !

CELA NE S'EST JAMAIS VU !


Une chanson de Bourvil dit: Un oranger, sous un ciel irlandais, on ne le
verra jamais !
. De la neige au Burkina ça ne s'est jamais vu !
512

C'EST BIEN VU !
moyennement usité.
Situation: Un professeur explique une leçon à ses élèves. A la fin de ladite
leçon il demande si tout le monde a bien compris:
A : Avez-vous bien compris les démonstrations aujourd'hui ?
Β : OK, c 'est bien vu ! (bien compris)
Situation: Autour d'une table de billard:
A : Attention, je vais marquer le point en me servant de la bande....
Β : (Effectivement le point est bien joué, avec un sens du jeu le joueur a
contourné la difficulté, et son partenaire de répondre): c'est joli,
bien vu !

EN VOITURE !
Se dit sur le quai d'une gare.
En voiture Simone ! expression employée pour inviter tout le monde à partir,
le plus souvent en voiture.
Situation: Après une bonne après-midi passée à la plage, il faut rassembler
les enfants pour rentrer à la maison:
A : Allez les gosses, en voiture, on rentre !
Β : Déjà !

Situation: Un homme à sa femme qui a envie de rentrer à la maison. Expression,


disons, pas très élégante, mais pas pour autant préjorative.
. Allez, en voiture, Simone, c'est moi qui pilote !

ON ENTENDRAIT VOLER UNE MOUCHE !


familier.
Situation: Dans une salle de classe un jour d'examen, la surveillante:
A : Silence, je veux entendre voler une mouche !

IL NE L'A PAS VOLE !


familier.
Situation: Deux copains discutent de celui qui vient de prendre une dérouillée
par le plus fort de la bande:
A : T'as vu la volée qu'il vient d'avoir, X ne l'a pas ménagé !
Β : Ça c'est vrai, mais il l'a bien cherché !/mais il ne l'a pas volé !

ON N'EST PAS VOLE !


familier.
Situation: Après l'ouverture d'un paquet vendu en solde:
A : Moi qui croyais faire une affaire étant donné le prix avantageux proposé
pour cette couverture !
Β : Avec ça on n'est pas volé, que veux-tu qu'on fasse de ça, elle est si
légère qu 'elle ne nous tiendra même pas chaud !
On peut dire également: avec ça on n'est pas fauché l/ah, tu parles d'une
affaire !/tout compte fait, on s'est fait avoir !
513

A LA BONNE VOTRE !
A votre santé !
On dit aussi Λ la vôtre ! qui veut dire: je vous en souhaite:
Situation: Deux femmes qui gardent des enfants insupportables:
A : Demain, c'est à votre tour de garder les gamins de Mme X, à la vôtre !
Β : Ça, avec des garnements pareils je n'ai pas fini d'en voir !

JE NE POURRAI ETRE DES VOTRES !


Situation: Un directeur invite son président à un cocktail qu'il organise
le lendemain soir:
A : M. le Président, vous êtes cordialement invité au cocktail que je
donne demain soir !
Β : Merci, mais je suis désolé, je ne pourrai être des vôtres, je prends
1'avion dès ce soir !

QUE VOULEZ-VOUS QUE J'Y FASSE ?


Peut s'employer dans le sens 'je suis impuissant, je n'ai aucun pouvoir sur
la chose, les événements en question !'
Situation: Deux ménagères se rencontrent au marché et se plaignent du coût
de la vie:
A : Ah, ma bonne Susette, que les fruits sont chers cette année !
Β : Que voulez-vous que j'y fasse, ce n'est pas ma fauters'il y a eu une
telle sécheresse cet été !
On trouve également une dérivée de cette formule avec que voulez-vous que
ça me fasse ? Cette fois la personne qui dit cela se moque des conséquences
de ce que lui a annoncé son interlocuteur,puisqu'elle n'est pas touchée.
Situation: Deux personnes se rencontrent, l'une d'elles énonce un problème
par lequel elle est très concernée:
A : Dis voir, t'as vu qu'avec son accident il a été obligé de fermer son
magasin ?
Β : Qu'est-ce que tu veux que ça me fasse, de toute façon ce η 'est pas mon
problème !

IL EN VEUT !
très usité en parlant de quelqu'un qui a de la volonté.
Situation: Au T.C.O. lors d'un défi, deux spectateurs avancent un pronostic:
A : C'est sur, X va gagner, bien que moins fort techniquement au tennis, il
a tellement de hargne/il en veut tellement/il est tellement accrocheur
qu'il finira par dominer Y par sa détermination !
Β : C'est possible, il fait tout pour y arriver.

JE M'EN VOUDRAIS !
familier.
Se défendre de faire certaines choses tout à fait contre sa façon de penser.
. aller à la messe le dimanche ! je m'en voudrais !
. aller à la chasse à 5h du matin ! je m'en voudrais !
. aller à la piscine en ce moment ! je m'en voudrais !
. rencontrer telle personne que je ne peux pas voir ! je m'en voudrais !
514

JE VEUX !
Pas très usité sous cette forme, se traduit par ben oui alors ! Assez
populaire.

VEUX-TU TE TAIRE !
Assez employé pour arrêter là un dialogue qui η'a que trop duré, la personne
à qui on intime l'ordre de se taire est en position d'infériorité, mais n'a
pas forcément tort.
Situation: Un gosse qui casse les pieds à ses parents pour avoir encore du
dessert, il parle sans arrêt jusqu'à obtention de ce qu'il désire, à la
longue ça devient usant.
La mère: Mais, veux-tu bien te taire, en voilà assez !

SI VOUS VOULEZ BIEN !


moyennement usité.
Suite à une émission de radio qui dure depuis .... 15 ou 20 ans, un speaker
terminait toujours l'émission par: á demain,si vous le voulez bien ! ce qui
donne que dans la vie courante, certaines personnes prononcent cette phrase
en référence à cet animateur.

MOI JE VEUX BIEN !


A quelqu'un qu'on ne veut pas contrarier.
Situation: Pour se décider quant à la couleur du papier peint:
A : Celui-là ira mieux dans la chambre !
Β : Moi, je veux bien !
En terme populaire: j'en ai rien à foutre ! qu'il soit blanc vert ou jaune !

JE VEUX BIEN QU'IL SE SOIT TROMPE !


Concession intellectuelle ok !
Sous-entendu: 'mais ça n'y changera rien !'

C'EST POUR DE VRAI OU POUR DE RIRE ?


Utilisé chez les jeunes enfants, encore naifs:
. Le père Noël, c'est pour de vrai ou pour de rire ?
. Allez, on joue au papa et à la maman pour de rire !

VRAI !
Interrogation - surprise - étonnement.
Moyennement usité.
Situation: Devant un tableau où sont affichés les résultats d'examen un élève,
surpris, interpelle son copain:
A : Eh, tu te rends compte, X est reçu, il va être content !
Β : Vrai ! quelle surprise !
515

JE N'Y SUIS POUR PERSONNE !


Employé très souvent par des personnes qui ont la possibilité d'utiliser un
intermédiaire, par exemple un patron, qui donne des ordres à sa secrétaire
lorsqu'il ne veut pas être dérangé, surtout par le téléphone ou par des
visites impromptues.
Il est amusant de constater que lorsque la personne demandée est présente
près du téléphone et qu'elle fait répondre qu'elle n'y est pour personne,elle
accompagne généralement le début de la conversation par des grands signes
pour bien faire comprendre qu'elle ne veut pas répondre.

AH ! J'y SUIS !
Exprime le soulagement, la joie d'être parvenu à un résultat qui a demandé
beaucoup d'efforts pour l'atteindre.
Se dit souvent lors d'une conversation où de nombreuses explications sont
nécessaires à un des interlocuteurs. Soudain c'est l'illumination, tous les
éléments se mettent en place dans sa tête, la personne s'écrie j 'y suis !
Dans le langage des bandes dessinées cette expression pourrait être maté-
rialisée par tilt ou une ampoule éclairée.

JE N'Y SUIS POUR RIEN !


familier.
S'emploie surtout lorsqu'une personne semble être accusée par les propos de
son interlocuteur ou que ce dernier déverse toute sa rancoeur contre elle.
On peut aussi dire: Ce n'est pas ma faute !
Situation: Deux amis discutent et l'un se plaint que sa voiture est immobi-
lisée chez le garagiste depuis une semaine à la suite d'un accident dû au
fait qu'il avait brûlé un feu rouge:
A : Voilà une semaine que j 'attends ma voiture !
Β : Je n'y suis pour rien,si tu es passé au rouge !

JE N'Y MANQUERAI PAS !


Formule de politesse. Se dit surtout lors des adieux.
A : Bien le bonjour à Madame !
Β : Je n'y manquerai pas !
A présente par l'intermédiaire de Β ses salutations à la femme de Β absente.
Par cette formule, Β assure qu'il n'oubliera pas de transmettre le message.

ÇA Y EST !
Synonyme de ouf ! si le ça y est 1 exprime le soulagement.
Synonyme de hourra ! s'il exprime la joie d'arriver â son but.
A : As-tu terminé cet exercice fastidieux ?
Β : Oui, ça y est !
A : As-tu ton examen ?
Β : Oui, ça y est !
516

J'Y SUIS, J'Y RESTE !


Dicton.
Expression qui me touche personellement, et qui peut s'adresser à toute per-
sonne du groupe auquel je m'adresse.
Familier.
Situation: Devant ion journal qui fait d'alléchantes offres d'emploi, deux
amies:
A : Tu devrais poser ta candidature, je suis sûre que tu aurais tes chances
pour ce poste !
Β : Oh non, il ne faut pas lâcher la proie pour 1 'ombre, je suis trop bien
et j'ai eu beaucoup de mal à l'obtenir, j 'y suis, j 'y reste !
Situation: A un stationnement un peu gênant un propriétaire à un automobiliste
qui n'entend pas quitter les lieux:
A : Vous allez dégager, ou j 'appelle la police !
Β : Faites donc ce que vous voulez, j 'y suis, j 'y reste !

VAS Y METTRE TON GRAIN DE SEL !


En parlant personellement, d'une autre personne ou d'un interlocuteur,mais qui
concerne juste une action dans laquelle on intervient.
Populaire, souvent utilisé en forme négative.
Situation: Lors d'un accident, deux personnes témoins de la scène discutent:
A : J'ai bien envie de témoigner, j'ai tout vu.
Β : Un conseil d'ami, ne vas pas y mettre ton grain de sel, tu n'aurais que
des ennuis.
Situation: Une dame qui cherche à aider une amie qui a des difficultés dans
son ménage:
A : J'aimerais beaucoup aider C auprès de son mari pour que son ménage reparte
du bon pied.
Β : Ne te mêle pas de ça et n'y mets surtout pas ton grain de sel, ça ne te
regarde pas !
Situation: Un gamin écoutant discuter sa mère avec une amie n'arrête pas de
l'interrompre pour donner son avis:
A : Ce gosse s'intéresse à tout ! il est très intelligent !
Β χ Je le trouve plutôt casse-pied, il met son grain de sel partout, on η 'a
pas besoin de son avis, c'est plutôt impoli.

C'EST-Y-PAS
Expression populaire plutôt employée dans les milieux paysans. Exprime tou-
jours une constatation d'un fait ou d'une situation.
Situation: Deux paysans constatent qu'un mouton est entré dans la maison et
a tout renversé:
A : Ah,ma brave dame, c 'est-y pas un malheur de voir ça !
Β : Bah, c'est pas bien grave, le mouton n'a rien cassé !
(possibilité de l'employer avec d'autres noms)
. C'est-y pas un problème/c'est-y pas la bonne solution de ....
517

YOUPIE !
Exprime la joie.
S'adresse en premier à soi-même et â toute personne qui peut l'entendre.
Peu souvent utilisé sous cette forme, plus souvent utilisé sous la forme
d'onomatopée. Chouette !/génial !/super !/extra !
Situation: Devant la liste des résultats au bac:
A : Youpie, je suis reçue, et toi ?
Β : Chouette, moi aussi, quelle chance !
Youpie ! je vais en vacances !/ Youpie ! j'ai trouvé du travail .'/
Youpie ! j 'ai trouvé une fille formidable !/ Youpie ! on a congé demain !

ZERO POUR MOI !


très rarement employé dans ces termes. En général d'une action ponctuelle
on dira autant pour moi !
Situation: Deux amis se rencontrent et parlent de leur dernière discussion
où l'un d'eux affirmait connaître le score, or il s'avère qu'il avait tort:
A : Tu sais, 1 'autre jour j'avais raison à propos du score du dernier match !
Β : C'est vrai ? Alors, autant pour moi !
Si cette expression est prise dans le sens où la personne porte un jugement
général sur elle même, elle dira dans ce cas je suis vraiment nul(le) !

ZUT !
très souvent utilisé.
Implique un sentiment personnel dû â une action personnelle ou à quelque
chose qui touche personnellement.
Exprime la déception, voire la colère.
Familier.
Situation: Devant la têlê, lors du mundial, au sifflet de l'arbitre pour
annoncer la fin du match:
A : Hourrah 1 'argentine a gagné, je 1 'avais bien dit qu 'ils étaient les
plus forts !
Β : Zut ! et moi qui ai parié 10.000 francs que ce serait la France, j'ai
perdu !
Situation: Lors d'une scène de ménage:
A : Puisque je te dis de faire des économies, tu dépenses de trop pour ta
beauté !
Β : Ça par exemple ! et toi avec tes cigarettes, zut ! (pour ne pas dire
un gros mot) tu m'énerves à la fin avec tes reproches !
518

BIBLIOGRAPHIE

A. Les dictionnaires consultés


Berteaux, Félix , Lepointe, Emile. 1966. Dictionnaire Français-Allemand.
Paris/Wiesbaden, Hachette/Brandstetter. (abrégé = B).
Cellard, Jacques , Rey, Alain. 1980. Dictionnaire du français non conventionnel.
Paris, Hachette.
Denis, J. Sans mention d'année. Dictionnaire Allemand-Français et Français-
Allemand. Wiesbaden, Brandstetter.
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