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Arbeiten 227
Herausgegeben von Hans Altmann, Herbert E. Brekle, Hans Jürgen Heringer,
Christian Rohrer, Heinz Vater und Otmar Werner
Franz Schneider
Comment décrire
les actes de langage?
De la linguistique pragmatique à la lexicographie:
«La belle affaire!» et «Tu m'en diras tant!»
D 29
PREAMBULE XI
XVI11
ABREVIATIONS
1. L'OBJET D'ANALYSE 1
1.1 Première approche de l'objet d'analyse 1
1.1.1 Quelles appellations propose-t-on pour notre objet? 2
1.2 Sens littéral et idicmaticitê 3
1.3 Précision et appellation de l'objet 5
1.4 'Situation' ou 'contexte' 8
1.4.1 Facteurs du contexte pragmatique 10
2. L'INSTRUMENT D'ANALYSE 13
2.1 La 'génératrice sémantique stratifiée' (GSS) 13
2.1.1 Une pragmatique intégrée et fondatrice 16
2.1.2 La structure sémantique élémentaire de la GSS (niveau I) 20
2.1.2.1 La notion de 'fonction' 20
2.1.2.2 la conception du 'signe' 24
2.1.2.3 La productivité sémantique du langage 27
2.1.2.4 Le statut initial et fined du code 30
2.1.2.5 Les trois composantes principales du processus
de signifiance 33
2.1.2.6 La 'matière' du processus transgressif de signifiance 35
2.1.2.6.1 La délocutivité et les primitifs sémantiques 39
2.1.3 L'être parlant et son rapport avec les notions d"intention'
et de 'convention' 43
2.1.4 Le niveau II de la GSS 45
2.1.4.1 'Savoir' et 'croire' 45
2.1.4.2 La signification de la phrase - donneur d'instructions 46
2.1.4.3 Termes centraux de la théorie de l'argumentation d'Ansccnibre
et Ducrot - instruments essentiels de notre analyse 50
VI
2.1.4.4 Elargissement de la perspective pragmatique au-delà du
logico-argumentatif 58
2.1.4.4.1 La notion de 'vérité relative' 60
2.1.4.4.2 la nature modale de la notion de vérité 61
2.1.4.4.3 L'axe êpistêmique de la croyance 64
2.1.4.4.4 Implications comportementales de l'axe êpistêmique 65
2.1.4.4.5 La FORCE ARGUMENTATIVE (FA): principe unificateur des
illocutoires 'génériques' 67
2.1.4.4.5.1 L'assertif et le directif 68
2.1.4.4.5.2 L'assertif et le représentatif 70
2.1.4.4.5.3 L'expressif 73
2.1.4.4.5.4 La déclaration 75
2.1.4.4.5.5 L'interrogation 76
2.1.4.4.6 La nature du sujet du niveau II 79
2.1.5 Le niveau III de la GSS 80
2.1.5.1 L'énanciation 80
2.1.5.2 L'énoncé 80
2.1.5.3 La responsabilité illocutoire 81
2.1.5.4 En quoi notre point de vue sur l'opération d'orientation
argumentative diffère-t-il de celui de Ducrot ? 84
2.1.5.5 La notion d''univers de croyance' 84
2.1.5.5.1 La notion de 'mondes possibles' 86
2.1.5.5.2 N'est vrai que ce qui est plus ou moins vrai 87
2.1.5.5.3 La présupposition - qualité interactive à valeur
vêriconditionnelle et normative 89
2.1.5.5.4 L'affectivité n'est que l'expression d'une divergence
ou d'une convergence normative 93
2.1.6 Le niveau IV de la GSS 96
2.1.6.1 La montée de 1'illocutoire au sens de la philosophie
analytique anglo-américaine 96
2.1.6.2 Le perlocutoire - un illocutoire calculé 97
2.1.6.3 Comprendre - accepter - correspondre - réagir : critères
distinctifs des différents niveaux de la GSS 99
2.1.7 Elargissement de la perspective pragmatique dans le
domaine de la prosodie et de la mimo-gestualité 101
2.1.7.1 'La vive voix' des expressions d'illocutoire stéréotypé 101
1
2.1.7.1.1 L isomorphisms du contenu des énonciations et de leur
expression vocale 104
VII
2.1.7.1.2 La prosodie codée 106
2.1.7.1.3 L'idée de 'niveaux' dans la prosodie 108
2.2 Perspectives séquentielles 110
2.2.1 L'ironie 111
2.2.1.1 Critique de la conception classique de la
'contradiction logique' 111
2.2.1.2 Notre position: l'ironie - un conposé d'une signification
'littérale' illocutoirement non spécifiée et d'un sens
supplémentaire illocutoirement spécifié 118
2.2.2 La négation corme force oppositive 122
2.3 Perspective: l'analyse de LBA et TDT 124
BIBLIOGRAPHIE 518
χι
0. PREAMBULE
Puisqu'il est toujours facile de critiquer, nous voilà donc dans 1'obli-
gation de faire mieux. Mais l'obstacle le plus difficile â surmonter pour le
lexicographe est celui de se voir rapidement coincé entre le désir d'accéder
à la cohérence de la description et l'obligation de produire des textes lexi-
cographiques utiles, utilisables (Rey et Delesalle 1979).
Le fait que notre analyse porte sur les deux expressions LA BELLE AFFAIRE
et TU M'EN DIRAS TANT est également le résultat d'un processus sélectif. Il
s'agissait de concentrer notre intérêt sur des expressions qui promettaient
une exploitation sémantique le plus riche possible. Si les résultats des inter-
views réalisées dans ce but nous ont suggéré de choisir les deux expressions
citées, nous n'avons pas 11outrecuidance d'affirmer que toutes les autres ne
méritent pas une analyse. Il est donc inévitable de faire la part d'un certain
arbitraire dans notre choix final. Néanmoins il est certain que la présence de
'cover words' (belle, tant) et nos difficultés personnelles de saisir le sens
des deux expressions, sans parler de leur maniement correct, ont favorisé ce
choix.
- Dans la première nous donnons des contours à notre objet d'étude auquel nous
assignons l'appellation 'EXPRESSIONS D'ILLOCUTOIRE STEREOTYPE' (EIS). Nous
aboutissons au constat que ce type d'expressions ne peut être rangé dans
aucune des classifications traditionnelles des expressions idiomatiques
parce qu'en principe tout élênent linguistique peut se voir doté d'un illo-
cutoire plus ou moins stéréotypé. Nous abordons brièvement la question du
XIV
rôle que le principe de ccmpositionnalité (Frege) joue dans le cas des EIS.
Cet aspect important sera approfondi dans le deuxième chapitre avec la dé-
finition de la fonction de ce principe dans le processus de signifiance au-
quel toute EIS est soumise.
- Dans le deuxième chapitre nous jetons les fondements théoriques de notre ana-
lyse. A défaut de l'existence d'une théorie cohérente nous satines obligés de
recourir à différents concepts théoriques. Leur auteurs travaillent dans les
domaines de la sémiotique (Peirce), de la philosophie (Jacques, Parret,
Martin), de la sociologie (Goffman), de la linguistique (Berrendonner,
Ossner), de l'argumentation (Ducrot, Anscatbre) et de la prosodie (Fónagy,
Di Cristo, Rossi).
0.4 Nous tenons â témoigner notre gratitude aux natibreux partenaires d'in-
terviews de la ccmnunautê française de Ouagadougou qui ont fait preuve d'une
patience admirable devant le bombardement sans merci de questions pas parti-
culièrement intelligentes. Nos remerciements vont tout spécialement â l'adresse
des personnes qui nous ont encouragés dans notre travail: notre directeur de
thèse Franz Joseph Hausmann, qui a su allier critiques et conseils même â une
distance de plus de 5.000 kilomètres, Madame Françoise Iker dont l'intérêt et
le concours actifs au travail n'ont jamais fait défaut, le remaniste Wolfgang
Bufe qui nous a aidés à amorcer le projet, Madame Edwige Berger, qui avec une
indulgence inconparable a mis en fonte le manuscrit, Laurent Berger et
Clothilde Baumard qui ont su verser toute leur spontanéité linguistique dans
les mini-dialogues, Noëlle Tiendrebeogo qui nous a aidés pendant la période
de préparation à sélectionner des EIS en vue d'ime analyse éventuelle, et enfin
à l'INLF et son matériel, auquel nous devons les premières et timides hypo-
thèses de départ, δ combien précieuses, de cette étude.
ABREVIATIONS
1. L'OBJET D'ANALYSE
Dans cette étude, nous nous sennes proposés un objet dont il n'est certainement
pas facile de décrire les contours exacts. Au début de la théorie des actes de
langage tout paraît assez clair. L'intérêt de Austin (1970) et de Searle (1972)
porte essentiellement sur les performatifs explicites.
Leurs efforts ont pour but de décrire ce phénomène bizarre de faire quelque
chose quand on dit je te promets que ρ ou je te baptise Dominique.
Bien entendu, Austin, plus encore que Searle, était sensible au problème.
L'extension de la performativité des "perfarmatifs explicites" aux "performatifs
primaires" et enfin l'introduction des performatifs dans l'étude plus vaste de
l'activité illocutoire reviennent dans une certaine mesure â une valorisation
de 1"illocutoire en tant que tel par rapport au critère surfacial linguistique.
2
Austin et Searle se rendent aussi ccrpte que la performativité ou disons
plutôt, l'illocutoire, n'est pas la seule affaire des verbes performatifs.
Parmi les dispositifs performatifs substitutifs, Austin (1970:95) mentionne
aussi des "tournures particulières de phrase". Centre exerrple figurent sans
faute et vous feriez bien de ne jamais oublier que .. . Searle (1972:78 note 12)
reconnaît qu'il est aussi possible d'accorplir des actes illocutoires sans se
servir d'une langue naturelle et que "les expressions du visage et les gestes"
peuvent aussi être mis en action à cette fin.
elles fonctionnent avant tout canne des signaux dans des situations
pragmatiques déterminées (58).
si l'on veut faire entrer ces expressions dans la catégorie des expressions
idiomatiques, l'idicmaticité, dans leur cas, ne vise pas une anomalie séman-
tique mais la disparition partielle ou totale de la signification, associée
normalement â elles en faveur d'une nouvelle fonction qui se situe unique-
msnt au niveau pragmatique (58).
Uiun (1958) range les "pragmatische Idiote" dans la catégorie des "Fixierte
Wortgefíige". Catite exeirple figurent les formules de salutation bonjour et adieu.
Curieusement, il distingue les "clichêsrrêpliqœs" corme, par exeirple, et ta
soeur? (252) et sans blague (250). La caractéristique essentielle des "pragma-
tische Idiote" mais aussi des proverbes (242), consiste dans leur association
étroite à une situation (246). Ihun n'entre pas plus dans les détails de ces
expressions dont il dit qu'elles constituent un chairp irrítense qu'il ne peut
pas traiter â fond (242).
Apparenment, nombreuses sont les raisons qui font concevoir notre da jet d'ana-
lyse come une catégorie d'expressions idionatiques. De toute façon, selon
Coulmas (1981 a), les "Routineformeln" rerrplissent une condition généralement
reconnue comte étant fondamentale â l'idiotisre: elles demontrent l'invalidité
tendancielle du principe frégéen de la dêcorposition lexicale (14). leur sens
n'est pas la sonne des significations de leurs éléments, ce qui est d'autant
Il est probable que Ducrot (1973a in 1984:51) ait ceci en tête quand il
déclare que, pour calculer l'effet de sens dans un énoncé, "il est possible
mime que le sêmanticien doive se fonder non pas sur la succession des mots ou
des morphèmes dans l'énoncé perceptible, mais sur une structure sous-jacente."
Ducrot (1981a in 1984:131 et 132) souligne aussi 1 ' importance des mots dans la
création de sens: "C'est cette signification de la phrase que je calcule à
partir de la valeur sémantique des mots - éléments du lexique - dont elle est
ccnposée. "
Mais il ne faut surtout pas négliger l'importance d'un aspect que Lüdi
(1981:115) souligne â juste titre dans son analyse de 1'expression tu parles!.
Il dit que la question de la transparence de cette lexie ne peut pas être tran-
chée sur la base du seul savoir lexical: "Ce n'est que tout â la fin que nous
5
(vi) l'auditoire d'un tribunal qui se lève quand le juge prononce le verdict
Nous émettons l'hypothèse que dans chacun des six cas une constituante de
l'ensemble illocutoire est mise en vedette.
Dans:
(i) l'élément prosodique
(ii) l'élément linguistique
(iii) l'élément contextuel
(iv) 1'élément mimique
(v) l'élément gestuel
(vi) l'élément situationnel
Quand nous parlons d'un ensemble illocutoire nous avons toujours en vue ces
six éléments qui de façon générale sont toujours plus ou moins présents pour
concourir à la genèse de l'ensemble illocutoire.
Notre hypothèse qui part d'une importance relative et partagée par plusieurs
facteurs de l'élément linguistique, se voit corroborée par la multiplicité des
formes linguistiques qui peuvent être toutes porteuses d'un illocutoire: enfin /
toujours / décidément / justement / je m'entends / tu parles! / tu m'en diras
tant! / nous avons été servis / avec des si on mettrait Paris en bouteille! /
β'est signé! / tu ne m'as pas regardé! / allez savoir! / un sou est un sou /
quand le vin est tiré il faut le boire / etc.
La nécessité d'une analyse systématique des EIS n'est plus â démontrer. Searle
(1982:93) dans une perspective différente de la nôtre, bien sûr, croit même né-
cessaire d'ajouter aux maximes de Grice une autre maxime qui pourrait s'exprimer
carme suit: "parler idicmatiquement". Sans trop altérer la remarque de Searle,
on peut facilement mettre 'illocutoirement stéréotypé' à la place de "idicma-
tiquement". Nous voulons dire par là que l'enploi des EIS n'est pas l'exception,
nais la règle de la conversation normale et quotidienne. Souvent on a 11 impres-
sion que cette conversation ne consiste qu'en un enchaînement ininterrcnpu de
EIS.
Il est à remarquer que souvent les analyses se limitent â des EIS forte-
ment conventionnelles ccnne bonjour! et s'arrêtent devant celles du type tu
veux que je te dise!. Ooulmas (1981a) ne tient ccnpte que des "Itoutinefarmsln"
dont le cadre situationnel est nettement défini. ^ Il exclut par contre toutes
4 Nous ne nions pas, bien entendu, qu'un domaine pragmatique comme les salu-
tations connaît des décalages dans des langues différentes (cf. Gülich et
Henke 1979:523 à 526).
5 Van Dijk (1977) met également l'accent sur les "institutional speech acts"
(216) tels que le mariage, le baptême etc... Son analyse modèle de Let me
carry your suit case est significative. Nous signalons aussi qu'une analyse
'situationnelle' comporte le risque de dissocier plutôt élément linguistique
et 'cadre 1 . Nous nous demandons sérieusement ce qui changerait dans 1'ana-
lyse si l'on mettait un énoncé comme Ça me ferait un grand plaisir de porter
votre valise à la place de Let me carry your suit case ? Kühn (1983:190 et
191) critique à juste titre les concepts qui collent la fonction discursive
telle une étiquette au mot. Vue sous cet aspect nous tenons sa critique du
concept des cadres situationnels de Coulmas (1981a:73 à 75) pour absolument
justifiée (cf. aussi Kühn 1986:224 et 225).
9
celles qui, selon lui, sont indifférentes vis-à-vis d'un tel cadre et qui
peuvent être enployées dans beaucoup de situations différentes. Mais Goulmas
souligne pourtant que malgré cette indifférence situationnelle, leur occurrence
n'est pas fortuite (93). Cette précision nous semble très inportante, car elle
montre la nécessité de prendre la notion de 'contexte' dans un sens large.
Après le relevé de tous ces facteurs contextuels, insistons sur le fait que
la qualité d'une analyse de la valeur illocutoire d'un énoncé ne se détermine
pas en fonction du nctrbre des facteurs pris en ccnpte. Nous sennes absolument
d'accord avec Coulmas (1981a:84) qui est d'avis que la difficulté de l'analyse
ne réside pas dans l'identification de ces facteurs,mais dans le fait de re-
connaître 1'importance du rôle que joue tel et tel facteur dans l'emploi de tel
et tel énoncé (cf. Pinkal 1985:36 et 37).
13
2. L'INSTRUMENT D'ANALYSE
SUJET
PARLANT
ENSEMBLE CONTEXTUEL=UNI VERS I)E CR O/ANCE
INDIVIDUEL
INTERPRETANT INTERPRETANT
INTERPRETE INTERPRETE
REFERENT
(i) une langue offre aux interlocuteurs "un ensemble de modes d'actions
stéréotypés" (Ducrot 1979:111)
(ii) une langue est un moyen d'"affrontement interindividuel"
(Ducrot 1977b:179)
Qu'on s'entende bien. Le plus clair de notre analyse prend appui sur des no-
tions centrales du concept de Ducrot et Ansccnfare. Il va de soi qu'une des-
cription sémantique des EIS doit avant tout prendre en considération leur côté
argumentatif étant donné la prédeminanœ de cet aspect (Coulmas 1981a:76). Ce-
pendant il s'avérera profitable à une telle description de se réserver la possi-
bilité de 1'application d'un instrument analytique plus puissant qui tient
ccrrpte d'autres facteurs constitutifs du sens d'une EIS que celles retenues par
Ducrot et Ansccnfare. le modèle de notre GSS que nous avons présenté plus haut
(cf. p.15 ) inplique au moins théoriquement, une vue assez vaste du phénomène de
l'énonciation. Nous disons bien 'théoriquement' car la ccrrplexité de notre objet
nous reccnrnande d'être modeste. Le linguiste idéal ou, encore plus, le lexico-
graphe idéal qui se prepose d'écrire un article sur une EIS pour un dictionnaire
devrait être tout à la fois: philosophe, logicien, phonéticien, psychologue,
sociologue ... Nous n'aurons pas la prétention de nous substituer á eux tous.
Notre option est autre. Nous avons décidé de mettre l'accent sur l'aspect
logico-argumentatif - toujours 'pragmatique' - tout en gardant une certaine sen-
sibilité et une ouverture vis-à-vis des phénomènes du para- et du non-verbal.
Jacques (1985) nous vient en aide pour poser les jalons de notre parcours
sémantique qui nous mène du base en haut de la GSS:
Pour donner une idée plus précise des propos précédents nous avons mis en
regard une série de termes qui peuvent tous dans un certain sens prendre le
rôle de fonctifs dans le processus de signifianoe. Il est toutefois à propos
de remarquer que la variété terminologique reflète plutôt une certaine impuis-
sance que le fait d'une véritable appréhension de la relation fonctionnelle.
Une chose est certaine, ce qu'il faut, œ n'est pas ajouter encore d'autres
couples terminologiques à cette liste mais concentrer toute notre attention sur
ce qui se passe entre les termes.
POSE PRESUPPOSE
présupposé posé
THEME RHEME
rhême thème
SUJET PREDICAT
prédicat sujet
ARGUMENT ILLOCUTOIRE
illocutoire argument
CONTENU ARGUMENTATION
argumentation contenu
PROPOSITION ILLOCUTION
illocution proposition
DIT DIRE
dire dit
SIGNIFIE SIGNIFIANT
signifiant signifie
LANGUE PAROLE
parole langue
SENS USAGE
usage sens
PENSEE LANGAGE
langage pensée
THEORIE EMPIRIE
empirie théorie
STATIQUE DYNAMIQUE
dynamique statique
QUANTITE QUALITE
qualité quantité
Un autre aspect mérite notre intérêt. La nature des ternes faisant office
de fonctifs nous enseigne que la relation fonctionnelle n'existe pas seulement
sur un plan horizontal â l'intérieur du signe nais qu'il faut aussi l'imaginer
en action sur un axe vertical traversant la GSS de la base au niveau le plus
haut.
Notons aussi que les termes tels que 'statique', "dynamique", 'illocutoire',
'présupposé' etc. ne gardent pas la même texture à tous les niveaux de la GSS.
De façon générale ce phénomène est dû à l'accroissement de la dynamique au fur
et à mesure qu'on noite dans la GSS.
Les deux colonnes de fonctifs nous servent aussi â nous familiariser davan-
tage avec l'image de l'axe. Celui que nous logeons dans la colonne gauche se
définit en termes quantitatifs et celui que nous mettons dans la colonne droite
en termes qualitatifs. Parret (1976) parle de l'axe de l'existence et de l'axe
de croyance. L'axe de l'existence représente l'aspect du quantificateur inhérent
à tout réfèrent (cf. Polenz 1980:140 et 141). Tenons-nous en là pour l'instant.
Nous reprendrons plus loin le fil de notre raisonnement pour préciser davantage
la nature des deux axes à l'aide du sémantisme des verbes savoir et croire.
Mais n'oublions pas de faire le point. Nous avons essayé de faire la lumière
sur quelques mécanismes sémantiques fondamentaux. D'une part ils prennent leur
départ au niveau le plus bas de la GSS, d'autre part ils sont actifs â tous ses
niveaux. Pourtant si nous voulons que nos réflexions précédentes soient foca-
lisées sur le niveau le plus bas de la GSS, c'est que nous attribuons à ce
niveau la fonction d'entrepôt des signes de la langue. Bien entendu, le signe
héberge aussi bien tous les mécanismes mentionnés que les unités linguistiques
plus caiplexes des niveaux supérieurs.
24
§
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§
ζ
27
Retenons surtout ceci de cette conception sémiotiqœ du signe:
Après avoir défini notre acception du signe nous nous interrogeons sur la
manière dont il faut se représenter ce processus de production de sens que
nous appelons "signifiance" (Jacques) et dont le signe est objet et partie
intégrante.
Pour nous, c'est un acquis que le sens n'est pas quelque chose d'essentia-
liste et de préconstituê (199), mais qu'il naît entre les haïmes à la con-
fluence d'un parler et d'un écouter (393). Nous excluons également toute
conception subjectiviste du langage â la Griœ qui fait de la signifiance
une démarche intentionnelle unilatérale et partant improductive (66).
16 De nombreux auteurs ont signalé les deux significations qu'on peut donner
au verbe dire. Grice (1979:59) distingue un direi qui est apparenté à
"implicite", d'un dire2 qui signifie "prononcer des mots". Ducrot (1981
dans 1984:120) oppose le dire2 "prononcer des mots" au direi - "affirmer,
asserter".
Le direi désigne une entité intellectuelle abstraite, une 'proposition'
ou un 'contenu'. Dans Ducrot (1981 dans 1984:151), l'auteur explique que
le dire2 concerne le fait même de son énonciation et le direi le thème de
son discours. Celui-ci n'est pas justiciable d'une appréciation en termes
de vérité (ou de fausseté) . Nous apprenons aussi que le direi n e s e P á -
sente jamais directement mais a toujours besoin de la monstration directe
du dire2 (152). Recanati (1979) nous fait savoir que certains logiciens
médiévaux distinguaient un "actus exercitus" d'un "actus conceptus" (141).
Lui-même parle de la "marge" et du "texte" (142). Lang (1981) fait de
même avec le verbe ausdrücken auquel il attribue les sens du verbe anglais
express et say. Le premier est étroitement lié au verbe wissen, le deux-
ième est perceptible par les différents sens (296 et 299). Lüdi (1981),
dans son analyse de tu parles/, découvre la même distinction dans le sens
de parler dont l'un renvoie à l'acte d'énonciation et l'autre, en tant
qu'acte référentiel, au thème (p. ex. Il parlait avec difficulté à cause
de son nouveau râtelier - Tu parles (si elle est belle!).
Burkhardt (1975:139) et Berrendonner (1981:128 et 129) soulignent la
relation dialectique qui existe entre ces deux aspects du sens en général?
le premier en indiquant qu'aucun des deux aspects n'est pensable sans
l'autre et qu'ils se supposent réciproquement, le deuxième met en avant
que l'aspect conceptuel est orienté de la réalité extralinguistique vers
la langue et que l'aspect matériel est orienté de la langue vers la réa-
lité dont l'acte d'énonciation est un élément.
29
Η
M
S
β
W
ω
Β
Β
w
g
w
g
05 i
H g
á ?
30
(347). C'est là par conséquent, dans l'activité en tant que telle, que nous
17
localisons le 'début' du processus.
i) la référencialisation
ii) 1'argumentation
iii) 1'illocution
Spécification
35
Donc, ils ont déjà une "valeur d'enploi" (346)· Mais chaque fois qu'un
Nous sonnes certains que ces mécanismes qui ont pour but d'éclaircir le
processus de signifiance jouent un rôle éminenment irrportant dans la genèse
de toute EIS. Dans le tableau ci-après nous essayons de représenter ccnnent
il faut imaginer le processus. Nous le démontrons sur l'expression 'maison'
qui connaît vin errploi illocutoirement stéréotypé que Gellard et Key (1980:497)
caractérisent ainsi:
22 Pour plus de détails voir, par exemple, Anscombre 1981:88, 114; Ducrot
1981 in 1984:119-148.
Deux aspects méritent une attention particulière. Ducrot admet cctime nous
gi£ E 1 'a déjà une valeur d'enploi' (cf. p. 36 ) ou, selon la terminologie
de Ducrot, qu'il a une valeur argumentative. En outre, il met en avant, au
travers de la notion 'allusion', une certaine logique dérivationnelle de E 1
à E 2. Ce processus est donc motivé, il ne se fait pas ex nihilo.
Avant de quitter le niveau de base de la GSS pour nous rendre au niveau II nous
donnons quelques précisions sur la façon dont nous concevons l'être parlant qui
est à l'origine du processus de signifianœ. Malheureusement nous nous voyons
un peu délaissés, cette fois-ci, par le concept interlocutif de Jacques (1985).
Eh tout cas nous éprouvons certaines difficultés à appréhender la nature de
son sujet transcendental. Dumoncel en Interprétant Jacques arrive au constat:
"Donc vous parlez d'un 'nous' mais qui n'est pas social" (455). Jacques y ré-
pond: "Le mien ne va pas au collectif, mais à la relation interpersonnelle qui
engendre le 'nous'" (455-456). Nous avouons ne pas bien comprendre cette ani-
rrosité vis-â-vis du social que nous croyons découvrir de façon générale chez
26
Jacques. Nous avons décidé de débarrasser ce 'nous' de sa volatilité apri-
orique et de lui assigner les qualités d'un individu et d'une collectivité
sociale. Soit dit entre parenthèses, le 'nous' de Jacques inçlique aussi for-
cément un aspect de collectif ou de corporêité dans la mesure où la relation
interlocutive demande, du moins primitivement, l'existence de deux êtres en
chair et en os. C'est la raison pour laquelle nous qualifions la relation
entre convention et intention de dialectique et d'inextricablement réciproque
(cf. aussi p. 110 ). Cerane tous les termes disposés dans le tableau (cf. p. 22 ),
celui de convention occupe une place dans la colonne gauche, i.e. du quantita-
tif, et celui d'intention en occupe une dans la colonne droite, i.e. du quali-
tatif. L'intention représente 11 exploitation individuelle d'une convention. La
convention représente la manifestation publique d'intentions collectivisées.
Nous tenons donc à éviter un absolutisme conventionnel (Austin 1970, Searle
1972) aussi bien qu'un absolutisme intentionnel (Grice 1957). Du reste nous
nous demandons sérieusement si une notion de qualité unilatérale qui ne fait
pas entrer l'autre dans le jeu mérite encore l'appellation 'intention'. Nous
croyais que non. Ttout au plus il y a dans œ cas une sorte de volonté de faire,
mais rien de plus. Pour les besoins de la cause, nous pouvons nous réclamer de
Lewis (1975:59) pour qui les conventions représentent un savoir ccranun concer-
nant des régularités comportementales, des attentes réciproques et un système
de préférences. Cette définition vise une ccranunauté linguistique certes, mais
nous ne porterons pas atteinte â sa validité en l'appliquant à la plus petite
ccranunauté linguistique existante, à savoir â un locuteur et un auditeur, dette
carparabilitê fait ressortir la nature fondamentalement ccmnune de œ qu'on
appelle intentionnel et conventionnel.
INTENTION
45
Dans notre GSS la pointe du triangle 1 intention1 touche le niveau le plus
bas (niveau I) et celle du triangle ' convention ' la surface du niveau le plus
haut (niveau IV).
Retenons en conclusion ceci: Nous n'imaginons pas de caiportement à l'in-
térieur de l'univers symbolique du langage - nous excluons donc tout recours â
la violence physique nais aussi tout 'dialogue' de sourds - qui ne soit pas un
corrportement plus ou moins stratégique et qui n'anticipe pas l'effet des propres
paroles en les écoutant par les oreilles de l'auditeur. Et cela nous paraît
même valable pour le débat houleux ou l'insulte qui doit être bien 'calibrée'
pour qu'elle porte bien.
Nous voudrions signaler que nous nous proposerons par la suite d'intégrer le
mieux possible les notions centrales du concept d'argumentation d'Ansccmbre et
de Ducrot en particulier dans le nôtre qui, rappelons-le, essaie d'englober le
phénomène du langage de façon plus vaste, donc holistique. C'est un fait, notre
tâche ne sera pas aisée. la première raison de cette difficulté se trouve chez
Ducrot lui-même, plus exactement dans sa position finalement peu claire vis-à-
vis de l'illocutoire (cf. Ducrot 1984:204 et dans le présent travail p. 67, 83
on
96 - 97 ) , notion doit l'utilité est pour nous chose faite. La deuxième
Par phrase nous entendons "une entité abstraite qui n'est pas percep-
tible en elle-même, mais seulement à travers ses manifestations con-
crètes" (Ducrot 1977a:19 et 20). Elle "reste, par définition, invari-
ante â travers l'infinité d'actes d'énonciation dont elle peut être
l'objet. Construire la notion de phrase, c'est donc nécessairement faire
abstraction de cette infinité d'emplois ..." (Ducrot 1978 in 1984:69).
La phrase en tant qu'unité abstraite est uniquement créee "pour les
besoins de l'explication" (70).
á "organiser â l'avance quelque chose", un sens qu'on trouve par exenple dans
"la loi a prévu un régime transistoire avant l'application intégrale de la ré-
forme de l'enseignement".
Pour ne pas trop étrangler la voie d'accès au concept plus vaste de l'illo-
cutoire, nous trouvons convenable de placer la preposition, i.e. la significa-
tion de la phrase,dans une optique théorique plus large. Cet élargissement de
la perspective est lié à une certaine modification terminologique. Selon
Stalnaker (in Nef 1984:62)
"une proposition est une fonction des mondes possibles dans les valeurs
de vérité (vrai et faux). Plus grossièrement et intuitivement une pro-
position est une règle pour déterminer une valeur de vérité comme une
fonction des faits - c'est-à-dire de la manière dont le monde est. Ou
bien, une proposition est une manière - n'importe quelle manière - de
sélectionner un ensemble d'états de choses possibles - tous ceux pour
lesquels la proposition prend la valeur de vérité 'vrai'."
Plus Ç fplus
«< un objet O a la propriété Ρ A un objet 0' a la propriété P'
Moins (. V. moins
dette formile f a i t ressortir la nature graduelle d'un topos qui est à l ' o r i -
gine du caractère relatif de la force argumentative (15 et 16). Le topos relie
"deux graduations - en mettant en correspondance les variations qui s'opèrent
dans l'une avec celles qui s'opèrent dans l'autre". (14) Son caractère graduel
se manifeste en ternes de signif icativitê, œ qui a pour conséquence que toute
éventualité factuelle supérieure de l'échelle graduée est argumentativement plus
significative que celle de l'échelon inférieur. Mais la supériorité argumenta-
tive trouve sa limite à un seuil argumentatif au-delà duquel le topos n'opère
plus (Anscottore et Ducrot 1983:165). En d'autres termes, i l ne s'applique qu'à
l'intérieur d'une "zone d'intensité" (Ducrot 1983:17 et 27). Le fonctionnement
d'un topos est schématisé de la manière suivante:
GRADUATION, GRADUATION.
TOPOS ZONE
D'INTENSITE
53
Ici quelques précisions sont nécessaires. Le concept développé jusqu'ici
repose sur l'idée d'échelle. las résultats de notre analyse de LBA et TDT
feront apparaître clairement que leurs nuances de sens sont liées à l'idée de
gradation et d'échelle. Mais nous tenons â souligner que cette échelle se dis-
tingue de la conception inplicative des phénomènes scalaires à la manière de
Fauconnier. Ansccmbre et Ducrot démontrent que la relation du 'plus que' d'une
échelle n'est pas réductible à une relation d1 irrplication entre des valeurs
purement informatives ou logiques ctant la valeur supérieure contiendrait un
plus d'information par rapport â celle du niveau inférieur. 3 3 L'argumentation
ne peut être réduite à un phénomène quantitatif au sens naif, qui suppose l'ac-
cès direct à la réalité extralinguistique. Eta moins 1 'irrplication quantitative
n'est, â elle seule, ni une condition nécessaire ni une condition suffisante
pour expliquer la nature argumentative d'un énoncé, de qu'il faut, c'est la
connaissance de la conclusion, le but de l'énonciation, et ce n'est qu'après
cette connaissance qu'il est justifié de parler de totalisation et d'irrplication
(Ansccmbre et Ducrot 1978 in 1983:59 et 60). La conclusion ne peut être saisie
qu'à travers la connaissance du topos qui doit être appliqué en l'occurrence.
Ansccmbre et Ducrot maintiennent donc la notion d ' irrplication, mais ils dis-
tinguent clairement un aspect quantitatif et un aspect qualitatif ou apprécia-
tif. C'est de façon principielle que prévaut l'aspect qualitatif, basé sur un
topos, néanmoins il est possible que, selon les circonstances, ce soit l'un ou
l'autre des deux aspects qui s1 irrposent (63). il irrporte aussi de retenir
que dans l'échelle â dominante quantitative les différents termes sont inter-
changeables alors que l'échelle â deminante qualitative ne permet pas la per-
mutation (cf. 63).
33 Une telle vue simpliste de l'implication est, par exemple, justifiée dans
le cas des degrés de température: glacial — * froid • frais ;
froid — • frais ; frais (cf. Anscombre et Ducrot 1978 in 1983:55).
"le rapport de 'p' â 'r' dans une argumentation se fait toujours par
l'intermédiaire de 'R' ; c'est-à-dire à travers la qualité que l'acte
d'argumenter attribue à tel ou tel degré à l'objet de l'énoncé-argument.
Ce n'est jamais directement qu'une conclusion est atteinte, mais tou-
jours par l'intermédiaire d'une propriété abstraite 'R'" (168).
Dans notre GSS la conclusion 'r' est localisée au niveau III, la qualité
abstraite 'R' par contre au niveau II.
dépêche-toi! (=rj)
(ii)Le dîner n'est pas encore tout à fait prêt (=P2)
dépêche-toi! (=r2>
Bien que les conclusions r-j et r 2 soient identiques, les mouvements argu-
mentatifs ne le sont pas. Ils se décrivent ainsi:
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> EH
57
rj = Presse-toi !
35 Cette précision est nécessaire parce que l'attribution d'un certain degré
ne peut être la seule affaire du facteur linguistique dans un concept
holistique tel que nous le préférons. Là elle peut aussi être prise en
charge par la prosodie, la mimique etc. (cf. p. 109)
58
C'est par ces deux voies que nous corptans atteindre notre objectif du re-
pêchage plus intégral de l'énonciation dans l'énoncé, ou selon les termes de
Ducrot (p.ex. 1977:passim ; 1980:34) de l'image ou du contenta i re que l'énoncé
donne de son énonciatian. 37 NOUS avouons que notre démarcha est plutôt une ten-
tative. Nous avons très vite remarqué qu'un chanp intense de recherches s'ouvre
devant nous qui dépasse largement les capacités d'un linguiste-sêmanticien. Mais
ce chanp tellement fertile attend inpat.j entrent son défrichement cannun par des
spécialistes de la phonétique, de la kinésique, de la proprioception, de la
proxémique, de la sémantique etc.
37 Nous n'avons pas l'ambition d'entrer trop dans les détails de cette longue
discussion souvent métaphorique, autour de 1'image que 1''énoncé donne de
son énonciation'.
Berrendonner (1981) est catégorique, et après s'être posé la question "A
quoi voit-on qu'un énoncé est à lui-même son propre thème, et qu'il donne
- actuellement - de lui-même l'image d'un acte créateur de droits et de
devoirs?" (108 et 109), il constate que Ducrot n'y a pas donné de réponse
satisfaisante et que le point de l'inscription de la sui-référence reste
"obscur" (108).
C'est pourquoi Berrendonner jette par-dessus bord toute idée d'inscription
(106, 122) et admet que les valeurs illocutoires ont beaucoup de points en
commun avec les sous-entendus qui "se calculent grâce à un examen des rai-
sons présumées de 1'énonciation, et qu'elles sont variables et dépendent du
contexte d1énonciation" (122).
Nous, faisons fructifier la distinction entre "marqueurs" et "marques"
(Anscombre 1981:77) de la façon suivante:
(i) nous appelons "marqueurs" tous les indices perceptibles par les sens
qui donnent une information sur 1'illocutoire.
(ii) nous appelons "marques" toutes les "variables intentionnelles" qui
d'une façon ou d'une autre ont pour point d'appui "la connaissance
qu'a le locuteur du vécu de son interlocuteur" (Borell et Nespoulous
1975:97). Elles sont d'ordre mental et indiquent les raisons présumées
de 1'énonciation.
Il est clair que (ii) peut être "exhibé" par (i), mais la valeur informa-
tive de (i) ne peut pas se substituer à celle de (ii). Dans cet ordre
d'idées il convient de rappeler les "Einstellungskonfigurationen" de
Mötsch (1979). Il entend par lâ la structure intérieure du savoir qui se
trouve derrière le sens des moyens linguistiques destinés à exprimer les
illocutoires. Une telle configuration fait partie du plan actionnel du
locuteur. Il s'agit d'un type de savoir motivationnel, êpistêmique, in-
tentionnel et normatif.
60
Nous ccrptons y parvenir en nous engageant d'abord dans la voie des profondeurs
êpistêmiques d'un acte de langage. Nous partirons d'une notion de vérité rela-
tivisée, en passant ensuite â la notion de croyance et plus particulièrement â
celle d'univers de croyance. Oelle-ci nous conduira aux acceptions des mandes
38
L·e rôle central que la notion de vérité joue dans notre GSS est dû â sa capaci-
té de reirplir une fonction charnière entre la sémantique et la pragmatique et
par là d'aider à surmonter toute vue dichotomique inadéquate de ces deux con-
ceptions analytiques. Il est dû aussi au fait qu'il n'y a pas de sens en dehors
de la vérité (Martin 1983:20), et enfin c'est encore la notion de vérité qui
nous aidera â structurer l'univers vériconditionnel du discours.
Jacques (1985:55) nous apprend que la vérité ne peut s'établir qu'à l'in-
térieur de la situation pragmatique interlocative. La vérité telle que nous la
concevons est une vérité qui est prise en charge par quelqu'un et qui est va-
io
lable pour quelqu'un (Martin 1983:36 ; Berrendonner 1981:59). Nous avons
donc affaire à une vérité relative. Oette nature relative de la vérité nous per-
ltet de concilier l'étude des conditions de vérité de la phrase avec l'étude des
conditions de succès de l'énanoé (Jacques 1985:55). En fait, nous trouverions
plus opportun de parler de façon générale d''approprié' que de 'vrai'. ^
38 II va de soi que dans une telle optique les présuppositions du type suivant
ne nous intéressent pas:
Pierre a cessé de fumer,
présupposé: Pierre fumait avant.
Pour nous il s'agira d'aller au-delà de ce niveau présuppositionnel forte-
ment conventionnalisé.
39 II va de soi que dans cette perspective la vérité prend la qualité d'un
produit négocié sur le marché des opinions. Pour le rapport entre 'langue'
et 'marché' voir Bourdieu (1982:passim).
40 On sait qu'Austin (1970) s'est finalement décidé à abandonner la distinction
entre 'constatif' et 'performatif' à cause de considérations semblables
(voir pourtant Recanati 1981:171-173, qui donne plus de détails sur les
notions de vérité à un sens étroit et à un sens large utilisées par Austin).
En effet, il n'est pas difficile d'imaginer que l'acte de promesse, par
exemple, est aussi soumis â des conditions de vérité. Ce n'est que dans
des circonstances propices qu'une énonciation comme je te promets de te
payer 5 dollars est vraie (Cresswell in Nef 1984:53).
61
Martin conclut:
L'analyse de LBA et TOT nous démontre que c'est justement dans l'exploita-
tion discursive du système du flou que se crée leur richesse sémantique et
nous sames inclinés à dire, celle des EIS de façon générale.
Nous nous sennes proposé de mettre toutes nos réflexions en rapport avec la
GSS. Par conséquent, il est tenps de chercher à savoir quels sont les aspects
de la notion de vérité que nous localisons au niveau II, niveau oû nous nous
trouvons actuellement, et quels sont les aspects que nous situons ailleurs.
Pour mieux répondre à cette question il est très utile de se rendre â l'évi-
dence que le lieu oû se détermine la vérité de ce qui est dit réunit toutes
les propriétés d'un modalisateur (Martin 1983:16-17). Il est logique que notre
relativisation de la vérité suppose la possibilité d'une sorte de synthétisation
Cte qui est intéressant pour notre étude, c'est que les quatre quaternes
permettent de postuler un parallélisme ou un isanorphisme de leur ccnporte-
ment respectif (281, 292, 300). Oet isanorphisme nous autorise â concevoir
la notion de vérité canne un terme générique synthétisant les trois modali-
tés et les quantificateurs.
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64
C'est donc ici que nous reprenons l'aspect de la croyance que nous avions
déjà brièvement abordé sous la fanne du verbe croire (cf. p. 45 ). Ce verbe
nous sera utile à deux égards. Primo, c'est â travers lui que nous maintenons
en vie au niveau II le sujet de la relation interlocutive du niveau I de la
GSS. Ainsi nous le réinstallons là d'où Ansccnbre et Ducrot l'ont fait dispa-
raître pour mettre en avant 11argumentativ!té intrinsèque de la langue. Secundo,
c'est encore lui qui nous fera carprendre le caractère graduel de l'axe épis-
témique. Précisons notre pensée. Nous avions dit que la croyance exige une ad-
hésion volontaire parce que celui qui croit est conscient d'énoncer une propo-
sition susceptible d'être falsifiée (cf. p. 46 ). "La croyance est le terne com-
mun qui désigne toute certitude sans preuve, quels que soient son degré et son
mode d'assentiment" (Jacques 1985:253). Il y a des degrés de croyance ou de
certitude alors que ce qu'on sait ne peut être que vrai ou faux.
"Bref, on peut représenter la croyance que 'p* par une tension qui porte
'p' vers le vrai, un cinétisme qui va du faux au vrai, diverses 'saisies1
y sont possibles, une infinité, mais toutes au delà du faux et toutes en
deçà du pleinement vrai" (Martin 1987:57).
Nous empruntons aussi â Poulet l'idée des trois types de relations de rôles
s'établissant entre le locuteur et l'interlocuteur. Le locuteur peut se trouver
dans une position:
D O M I N A T I O N
- D E P E N D A N C E
45
FORCE ARGUMENTATIVE (FA)
Bien entendu, on pourrait objecter que cette carparai son 'boite'. Du sirrple
fait qu'il y ait aussi toujours une certaine quantité de blanc dans le gris on
pourrait aussi bien conclure â une 'dépendance' principielle - point de vue
certainement non moins intéressant que le nôtre - mais, sur ce point nous
avons pris une position de principe. Rolf (1986:479) fait remarquer que selon
des doctrines biologiques et psychologiques généralement acceptées, la ren-
contre des individus est liée à une quelconque forme d'agression. C'est ce que
nous pensons aussi.
Dans ce chapitre nous regarderons de plus près les propriétés de la FA. Pour
cela deux mises au point préalables sont nécessaires.
Dans œ chapitre nous nous proposons de faire un peu plus de lumière sur les
rapports entre l'assertif et le directif.
Notre hypothèse est qu'il n'y a pas de solution de continuité entre les
illocutoires 'génériques' de ces deux types d'actes sur l'axe épistémique. Elle
reçoit une justification par Alexandrescu (1976:27):
"Il me paraît qu'on peut établir une escalade rhétorique des actes
illocutionnaires, de l'opinion au savoir, à l'assertion et jusqu'à
la formulation d'une tâche et d'une commande au cours de laquelle
la valeur de l'énoncé passe de la possibilité à la vérité et même
à son obligativité".
48 Monika Doherty (1985:23 note 11) explique ce fait ainsi: "Unter den nahezu
unbegrenzt vielen verschiedenen Sprechakten, die unterschieden werden
können, dürfte die Assertion der Akt sein, der für jeden anderen Sprechakt
konstitutiv ist."
(i) tu es sage
Rivara (1983:73) déclare d'ailleurs qu'il n'est pas évident que le concept
de vérité doive jouer un rôle essentiel dans la définition des actes prescrip-
tifs au contraire des énoncés déclaratifs. A notre avis, cette 'disparition'
de la vérité s'explique éventuellement par l'arrogance du pouvoir qui fait
tout simplement le black-out sur elle ou se met â sa place en l'incarnant
lui-même.
Une vue synoptique nous révélé les conditions jugées nécessaires â la défini-
tion de l'assertif et du représentatif. las descriptions qui suivent peuvent
concerner l'un et/ou l'autre:
(iii) "L a des preuves (des raisons pour croire etc.) que p est vrai"
(Searle 1972:108).
(iv) "Il n'est certain, ni pour L, ni pour A, que A sache (se souvient
de, etc...) p" (108).
(v) "L croit p" (108).
(vi) "Revient à assurer que p représente une situation réelle" (108).
(vii) Des phrases comme Je sais que j'ai mal, il a cinq doigts â la main
paraissent bizarres parce qu'elles sont très évidentes (193). "De
manière générale, on n'affirme pas d'une situation particulière nor-
male et courante, qu'elle l'est, sauf si l'on a une raison de suppo-
ser qu'elle aurait pu ne pas l'être (ou de supposer que quelqu'un
d'autre aurait pu supposer que ... etc.)" (195).
(viii) On peut affirmer non pas pour informer le destinataire des faits mais
pour qu'il sache qu'on adhère à cette proposition, exprimable par
puisque je te le dis (Ducrot 1972:20 et 21).
(ix) Le locuteur qui asserte, présume chez le destinataire une certaine
connaissance identificatrice et une certaine ignorance concernant
l'objet de l'assertion (45).
(x) "Assertions are acts where the speaker claims that an SA (state of
affairs) is the case" alors que "statements are acts where he reports
that an SA is the case". Moeschler (1982:58) commente ainsi cette
citation de Aston (1977): "Pour Aston, la distinction entre assertion
et statement 53 e s t étroitement liée à celle existant entre modalité
subjective (caractérisée par l'implication subjective de 1'énonciateur
dans le jugement énoncé) et modalité objective (caractérisée par l'ab-
sence d'implication de 1'énonciateur dans l'énoncé)."
(xi) "On peut ainsi distinguer des actes à propos des faits connus de A
seulement, de Β seulement, de A et Β, mais également sus comme con-
testables ('disputable') par A et B" (Moeschler 1982:59, citant
Labov et Fanshel, 1977).
(xii) Celui qui asserte se rend responsable de la vérité de p. Il accepte
d'être mis en cause si ρ se révèle faux (Ducrot 1977a:29).
(xiii) L'affirmation a la propriété de conférer au destinataire comme un de-
voir de conclure (29).
(xiv) L'affirmation crée dans l'interlocuteur le devoir de croire ρ
(Ducrot 1980:37).
(i1) Austin prétend qu'il n'est pas possible de faire une assertion à pro-
pos de soi-même. Or, tout dépend dans ce cas de l'interlocuteur. Si
L dit je suis heureux, cet énoncé peut très bien adopter la qualité
d'une assertion quand L a des raisons pour supposer que l'interlocu-
teur ne veut pas le croire.
(ii1) Lane met en avant l'absence d'un engagement vis-à-vis de la vérité de
ρ dans l'affirmation. Cet engagement est pris en charge par une vérité
'objective'. Il est important de noter qu'il n'y a pas non plus de
résistance à la vérité par un quelconque interlocuteur.
Que conclure de tout cela? Qu'il y a peu de critères objectifs pour distin-
guer 'assertion' et 'affirmation' (information). Un critère objectif valable
pour les deux est œ l u i de l'obligation contractée par le locuteur. Grewendorf
(1982) parvient au résultat suivant: œ l u i qui a fait une assertion/affirmation,
exprime par ce fait même une prétention à la vérité et contracte l'obligation
pour l'avenir de satisfaire au droit de l'auditeur de demander au locuteur des
preuves (135). Mais 'assertion' et 'affirmation' différent sur le mcment de
l'obligation de faire honneur â l'engagement. Dans le cas de l'assertion, œ
73
notent se trouve dans le futur par rapport à l ' a c t e d'assertion, alors que
l ' a f f i r m a t i o n e s t considérée carme s ' é t a n t déjà acquittée de cet engagement
(136).
l e deuxième c r i t è r e objectif e s t , selon nous, celui de la présence/absence
d'une résistance e t , par là de la présence/absence d'une prétention de domina-
tion. Le caractère particulier de ' j ' a f f i r m e que p' s'explique par l'absence
d'une constellation oppositive. C'est l a v é r i t é considérée came acquise qui
f a i t disparaître toute idée de l u t t e discursive. Mais nous insistons sur la
nature f r a g i l e de cet équilibre interrelationnel dans l ' a c t e d'affirmation.
En f a i t , i l ne s ' a g i t que de la f i n teirporaire e t provisoire du discours entre
les membres d'une ccmnunauté linguistique sur le s u j e t en question. Cn a f i n i
d'en discuter parce que le s u j e t n ' e s t plus discutable ou contestable. L'acte
d'affirmation, c ' e s t un peu came l'image d'un film qu'on a a r r ê t é . De la même
façon que cette image f a i t oublier q u ' e l l e f a i t p a r t i e d'un film, de la même
façon l'affirmation f a i t oublier le discours i n f i n i qui a lieu sur la r é a l i t é
e t dont e l l e constitue une prise de photo (cf. aussi Berrendonner 1981:note 8,
61).
2.1.4.4.5.3 L'expressif
L'acte d'affirmation t e l q u ' i l vient d ' ê t r e esquissé o f f r e l a clé de l ' i l l o c u -
t o i r e expressif. Nous pensons que c e l u i - c i doit trouver sa place â l ' i n t é r i e u r
de l ' a c t e d'affirmation dont i l e s t la version subjective.
Les points ccmnuns entre les deux types illocutoires ne manquent pas:
(i) I l s présupposent une vérité incontestée; dans l'expressif e l l e f a i t r é -
férence à l ' é t a t psychologique du locuteur (cf. Norrick 1978:279 e t 282 ;
Conrad 1979:127), dans l ' a f f i r m a t i o n i l s ' a g i t d'une vérité objective
universelle proverbiale ou gnanique, renvoyant á 1'"ordre des choses" e t
appelée par Berrendonner (1981) "le fantáhe de l a v é r i t é " .
(ii) I l s se ressemblent par leur neutralité interrelationnelle. Nous entendons
par là l'absence d'une intention directe d'agir sur l ' i n t e r l o c u t e u r .
L'intention consiste d'abord dans la prétention d'arrenar l'interlocuteur
à enregistrer une information (cf. Moeschler 1982:57 e t 58). Kallmeyer
(1979:563), analysant l ' e x a l t a t i o n , parle d'une éclipse de la fonction
interactionnelle, de l'absence d'échanges délibératoires.
74
(v) Dans les deux cas il convient de parler plutôt d'interrelation indirecte
dans la mesure oû il y a moins/presque pas d'activité intentionnelle de
la part du locuteur et où c'est avant tout â l'interlocuteur qu'inccnfoe
1 'interprétation interrelationnelle de l'énoncé.
(vi) Enfin, c'est la fonction émineirment sociale qui unit l'acte d'affirmation
et l'acte expressif. Si l'on imagine d'un côté une vérité proverbiale ou
le consensus général qui existe sur la rotondité de la terre et de
l'autre 1'étincelle électrisante déclenchée par un cri de joie, cela
n'est plus à démontrer.
75
2.1.4.4.5.4 La déclaration
Les deux aspects cannons à (i), (ii) et (iii) et justifiant ainsi leur classi-
fication dans une même catégorie, consistent dans l'absence d'une force s'cp-
posant â la 'vérité' exprimée respectivement, et dans la présence d'instances
garantissant cette vérité. En carparant sous cet aspect une exclamation et une
déclaration, cette dernière n'est qu'une variante de la première dans la mesure
oû la proposition est généralement admise, (iii) ne serait rien d'autre qu'une
variante extrême de (i) et (ii), avec laquelle on atteint la 'vérité' univer-
selle. Notre hypothèse Implique par conséquent que (i), (ii) et (iii) n'ont
pas de positions différentes sur l'axe êpistêmique nais sur un axe vertical
perpendiculaire au premier. Cn peut facilement se rendre oonpte de la nature
cannone de (i) et de (ii). Il suffit d'imaginer, dans le cas de (ii), une per-
sonne dépourvue de toute autorité juridictionnelle pour que très vite des qua-
lités affectives réapparaissent. Ce serait le juge qui s'évertue à iirposer son
verdict. C'est l'individu essayant désespérément de se porter lui-même garant
de la 'vérité' qui ferait de nouveau surface, au risque de ne pas être reconnu,
54
bien entendu, cette fois-ci.
2.1.4.4.5.5 L'interrogation
Ajoutons encore quelques nets sur l'interrogation, qui n'est pas du tout de ca-
ractère sémantique 'hybride' ccnme Conrad (1979:125) le prétend. Dès qu'on
examine dans l'optique de la FÀ, œ phénomène ne fait plus problème à moins
qu'on ne soit aveuglé par un purisme linguistique formel. Pour ne citer que
quelques travaux traitant du problème de la question, qu'il s'agisse de la
question rhétorique, de l'interro-négative, de la question partielle ou totale
(cf. Boriilo 1979 ; Grésillon 1980 ; Ansccmbre 1980:121 ; Ansccmbre et Ducrot
1981 in 1983:115 sq. ; Jacques 1981), tous aboutissent - nous laissons de côté
les mises en relief différentes selon les ouvrages cités — au même constat:
l'interrogation est, en fait, plus ou moins proche d'une preposition, elle con-
tient toujours dans une certaine mesure les éléments d'une réponse, c'est-à-dire
d'une évidence.
Parret (1987) montre la continuité théorique qui existe entre les questions
- ON et les questions - requêtes (330), œntinuitê qui se ramène à la gradation
montante de la force assertive :
- Vous ne pensez pas qu'il y aurait été une meilleure solution? (324)
Selon les tentes d'Apostel (1981), qui intégre l'interrogation dans une
théorie d'action, nous sames d'avis que l'interrogation est fondanentalemant
une sorte de stratégie ou de recherche d'une possibilité de se remettre en état
d'action.
01
•P G
a m
ai Ό
a) -p
>m
•H M
+J M
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ν*
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Η
Q
79
2.1.5.1 L'énonciation
En quittant le niveau II pour neuter au niveau III nous entrons dans la sphère
discursive où s'effectue l'acte d'énonciation. Oelui-ci comprend les niveaux
III et IV de la GSS.
2.1.5.2 L'énoncé
Les niveaux III et IV sont ceux du sens (te l'énoncé. L'énoncé représente une
réalisation de la phrase. Cet acte de réalisation de la signification de la
phrase équivaut à l'assignation d'un sens á l'énoncé (cf. Ansccmbre 1980:64, 76).
Ducrot (1983:24) précise que "le sens est toujours pour Ansccmbre et moi
prétention à exercer une influence, idée que nous avons quelquefois formulée
en jouant sur la double valeur du mot français ' sens ', â la fois significa-
tion et direction." A travers cette valeur bivalente du mot 'sens' se mani-
feste "un rapport effectif entre la valeur sémantique d'un énoncé et la direc-
tion dans laquelle cet énoncé conduit". (Anscambre et Ducrot 1978/79 in 1983:
87).
Apres ces remarques plutôt d'ordre technique, il convient de nous interroger sur
le caractère spécifique du niveau III,car il est certain qu'il joue un rôle
capital dans tout le processus de signifiance. C'est le niveau qui occupe la
zone charnière de grande inpartance entre la langue et le discours tout en
réunissant des qualités spécifiques aux deux â la fois. La méconnaissance de
sa fonction spécifique dans le passé fut â l'origine de vues plutôt dichoto-
miques de œ qui fait partie du système de la langue et de ce qui est l'affaire
d'un acte de langage individuel. L'objectif de ce chapitre sera donc d'expliquer
en quoi consiste la fonction charnière ou intermédiaire du niveau III, c'est-â-
82
dire ccmrent il faut imaginer l'articulation des conditions ds vérité et des
conditions de succès (cf. chap. 2.1.5.5.2 et 2.1.5.5.3).
Parret (1976:56) nous donne une indication précieuse quand il affirme que
l'axe déontique est le point oû le système des modalités prépositionnelles
bascule dans le système des modalités illocutoires. Nous logeons la partie
qualitative de oet axe au niveau III puisque c'est là où il est question d'as-
57
pects juridico-normatifs. Cela est pour nous un fait inébranlable. C'est
la raison pour laquelle nous nous voyons amenés â formuler une certaine cri-
tique â l'endroit de Jacques (1985) qui n'honore pas suffisanment dans sa no-
tion d'illocutoire les conséquences qui, à notre avis, découlent logiquement
de la présence de l'axe déontique. Rappelons que pour Jacques la co-signifianœ
est le résultat de l'isotopie sémantique instaurée par les co-ênonciateurs du
dit (108-109). L'idée qu'on ne peut pas dissocier ce qui vient de l'un et de
l'autre se traduit dans ce que Jacques appelle le "principe de non-séparabilità
des actions linguistiques" (79). Nous pensons que Jacques prolonge illégitime-
ment, parce que indifférerment, ce principe au dcmaine juridique. Soyons clair.
Etant donné son utilité incontestable nous gardons ce concept. Dans notre GSS
nous trouvons l'ensemble M' au niveau II. Il est constitué par les éléments
du PIQT, (te 1'antécédent du topos, de la FORCE ARGUMENTATIVE (des illocutoires
génériques). L'ensemble M, en revanche, se situe aux niveaux III et IV et
celui de la vérité" (32). Il est intéressant aussi «te signaler qus "l'univers
actuel est un sous-ensemble de l'univers virtuel" (32).
Tout d'abord nous soulignons que nous ne sacrifions pas la notion de 'mondes
possibles' au bénéfice de celle d"univers de croyance' auxquels les premiers
sont subordonnés. L'univers de croyance est l'entité théorique plus vaste qui
ocuparte elle-mime des mondes possibles. Pour les besoins de notre analyse nous
entendons 'mondes possibles' au sens de mondes contrefactuels (m) : "ces mondes
contiennent au moins une proposition contradictoire avec celle de nu." (Martin
61
1987:16). Par exerrple dans la phrase Si Pierre avait réussi la réussite de
Pierre est évoquée dans un monde contrefactuel (16). Nous attirons également
l'attention sur le fait que le monde actuel et réel est un monde possible dans
l'ensemble de tous les mondes possibles (Guenthner et Nef 1984:35).
Dans notre analyse nous appliquerons œ modèle aux différentes nuances du
sémantisme de LBA et TOT. Nous considérerons le sens actuellement réalisé
c a m e 'monde réel' et les autres sens non réalisés came des mondes possibles
qui se trouvent dans un rapport de contre factualité avec le monde réel ou qui
constituent des variantes du cours des choses réel (cf. Jacques 1985:596
note 33).
"Chaque proposition détermine un ensemble de mondes possibles. Et,
pour chaque ensemble donné de mondes possibles, repérer le monde
actuel dans cet ensemble est équivalent à représenter le monde com-
me existant d'une certaine manière" (Stalnaker in Nef 1984:63).
A la fin du chapitre précédent nous avons fait allusion au fait que le niveau
III de la GSS assume un rôle prêsuppositionnel et évaluatif quant à la vérité
de la proposition (du niveau II). En tout état de cause nous jugeons ban d'at-
tribuer des qualités interprétatives au niveau III. L'objet de l'interprétation
est le niveau II. L'interprétation elle-même se définit en ternes vériconditi-
onnels et juridico-normatifs à la fois. Nous voulons dire par là qu'un élément
normatif se voit soumis à une évaluation vérironditionnelle.
que ρ','j'affirme que ρ' et 'je prétends que p' (52). La première présuppose
que ρ est CN - vrai, la deuxième ne présuppose rien et la cternière que ρ est
CM - faux (49). Soit dit en passant que transposée au niveau II de la GSS la
formule 'je conviens que p' représente un locuteur faisant emploi d'une faible
FORCE ARGUMENTATIVE à l'intérieur de l'illocutoire générique interrogatif. Le
locuteur de la deuxième formule se trouve dans l'illocutoire générique repré-
sentatif et celui de la trois iène dans l'illocutoire générique directif.
le rôle principal que nous assignons au niveau III est bien décrit par
Greimas et Courtés (1979:126) :
Pour être plus exact il faudrait dire que dans le cas de la présupposition
pragmatique œ ne sont pas les prepositions qui ont des pré suppositions mais
bien plutôt les locuteurs (Guenthner et Nef in Nef 1984:33).
Et Stalnaker de poursuivre:
Transposé à notre concept nous préférons dire: au niveau III de la GSS nous
avons affaire à trois modes présuppositionnels fondamentaux. Ils assument une
fonction capitale ocnme 'structures de médiation1 entre la langue et le dis-
cours. De par leur nonbre réduit ils servent aussi d'ordonneurs présuppositian-
nels traçant les frontières entre trois types distincts de mondes possibles.
C'est à eux et à leur caractère conventionnel qu'on doit que la langue ne se
disperse pas dans une infinité de paroles particulières.
Il n'est pas difficile de découvrir un lien logique entre la fonction ar-
gumentative des deux modes présuppositionnels (convenir et prétendre) et l'acte
d'argumsnter d'Ansccnibre et Ducrot au sens de 'faire pression sur l'autre',
de phénomène concerne, seIons eux, l'assertion, l'interrogation et l'ordre
(1983:168). En l'occurrence il convient de rappeler le rôle des 'instructions'
données par la signification de la phrase (niveau II). Elles cherchent à dé-
couvrir ce que le locuteur veut ccrtirtuniquer, ce qui revient au repérage de la
conclusion 'r' et par là à la constitution du sens de l'énoncé (niveau III et
IV) (cf. p. ex. Ducrot 1984:182 ; Ansccrihre 1980:64).
La fonction spécifiquement argumentative de la pré supposition consiste dans
sa capacité d'organiser la continuation du discours. Elle définit le cadre dans
lequel celui-ci se développera. Oette fonction est réglée par la loi d'enchaîne-
ment selon laquelle ce qui est présupposé ne doit pas être le thème du discours
mais seulement le cadre non explicité (cf. Ducrot 1972:5, 83 et 85 ; 1977a:29 ;
1977b:185 et 187 ; 1978:92 etc.). La fonction argumentative se concrétise dans
son pouvoir sélectif. En interdisant au dialogue ultérieur tout une catégorie
de continuations logiquement possibles, elle oriente l'argumentation dans une
direction donnée (Ducrot 1977b:188). 6 8
OBS dernières remarques nous entraînent déjà dans le chapitre suivant qui
traitera de l'action concertée de 1'illocution et de la perlocution cpêrant au
niveau IV de la GSS. Mais auparavant nous schématisons les principaux mécanismes
sémantiques du niveau III dans le tableau ci-aprês:
§H
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ν Λ Τ
«a.
ι ω ><
β χ
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ζ Φ S 8 Φ w D
W Ό ζ g Ό O
W H 5 Ζ rt
Ο
Ζ h
m
96
Si nous nous sennes décidés pour cette tripartition de l'illocutoire, c'est que
nous avons mis à profit l'expérience finalement décevante que Ducrot a faite
avec cette notion (cf. 1984:204-205). Nous rappelons que le Ducrot de Dire et
ne pas dire plaçait l'illocutoire à un niveau fondamental de la signification.
En fait, il s'agissait de ce que nous appelons 'illocutoire enpirique spécifié'.
Mais étant donné qu'une promesse ou un ordre ne se laisse placer â une telle
profondeur qu'au prix d'un coût théorique énorme, Ducrot se voit amené par la
suite à monter toujours plus ce fils ingrat. Retranché initialement dans le
"corposant linguistique", il trouve temporairement sa place dans ce dernier et
dans le "ccrrposant rhétorique" (1977a:22). dette montée est logiquement ac-
ccnpagnée par l'abandon d'un réalisme illocutoire du type Austin, Searle et Ben-
veniste (26 et 27). On constate que de la signification se dégage un pouvoir
juridique qui de par sa spécificité doit forcément être étranger â la nature
d'un élément conçu uniquement sous un angle linguistique.
Le renp lacement du pouvoir juridique par une sirtple "prétention à créer des
devoirs" (28, 37, 39) revient à une réhabilitation nécessaire du conceptuel et
de l'épistémique à l'intérieur de la langue. Chez Ducrot l'ascension de l'illo-
cutoire au sens austinien se traduit aussi par le fait qu'il n'est plus du res-
sort de 11énonciateur au terme de l'escalade. Dans Ducrot et al. (1980) 1'énon-
ciateur, être mai enpirique et placé au niveau de la signification de la phrase,
97
en fut encore le responsable. Dans Ducrot (1984:204) cette responsabilité est
l'affaire du sujet parlant gui est de nature enpirique et figure dans l'occur-
rence d'un énoncé. Ducrot, qui n'est pas au bout de ses tribulations théoriques,
selon ses propres paroles (205), opte finalement pour une intériorisation de
1 'illocutoire sous forms de la théorie polyphonique. Nous ne le suivrons pas
sur ce chemin parce que la notion d' "écho" sur laquelle cette théorie est fon-
dée nous semble trop générale et risque de se diluer.
Et ensuite:
"Il faudra ... abandonner le parti pris selon lequel les conditions illo-
cutionnaires seraient des conditions de production (ce qui est certaine-
ment la conviction de Austin et de Searle): ce sont, bien au contraire,
des conditions de 'lecture', de découverte, de compréhension, de dé-
cryptage" .
98
Selon Mötsch (1985:7), 11 auditeur est considéré came quelqu'un qui, entre-
tenant des relations sociales spécifiques avec le locuteur, participe à la dé-
cision de montrer telle ou telle réaction à un acte illocutoire du locuteur.
Mötsch nous fait remarquer que Austin et Searle, tous les deux fixés sur l'ac-
tivité illocutoire du locuteur, auraient plus ou moins fait le black-out sur
ce rôle de l'auditeur. L'auditeur n'est donc plus seulement la vietine d'un
acte illocutoire, laquelle subit l'influence du locuteur. Il est, tout au con-
traire, regardé carme un élément activement inpliqué dans cette opération anti-
cipatrice du locuteur qui calcule ^ l'effet perlocutoire. De là au concept
stratégique de Ossner (1985) que nous tenons pour parfaitement équilibré entre
l'activité intentionnelle du locuteur et l'activité interprétative de l'audi-
teur, il n'y a qu'un pas. Le locuteur pour obtenir l'effet perlocutoire n'a
qu'un seul but: faire entrer l'auditeur dans son jeu. Pour y arriver il est ob-
ligé d'anticiper dans son raisonnement stratégique toutes les contradictions
éventuelles de la part de l'auditeur pour éviter qu'elles se produisent (149 et
150). Ges contradictions sont possibles sous différentes formes. Ossner norme
les contradictions stylistique, praposìtionnelle, illocutoire et perlocutoire
(cf. 138 sq.). Il est iirportant de noter que Ossner n'abandonne pas la distinc-
tion entre 1'illocutoire et le perlocutoire, ses distinctions terminologiques
(conventionnel: en disant'p'j'effectue l'acte X = intentions analytiguement as-
sociées vs personnel et situatlonnel:par le fait de dire *pr je provoque l'effet
Y = intentions contingentes) en témoignent largement. ^
Nous voilà arrivés â un point tel que nous sonnes en état de passer à une vue
d'ensemble des trois niveaux d'illocutoires distingués prêcêdenment.
l'acte de parole (11), ce gui signifie que l'acceptation doit être attribuée à
notre illocutoire ¿ dominante argumentative.
71
2.1.7.1 'La vive voix" des expressions d'illocutoire stéréotypé
Tout d'abord un cmstat amer: il n'est pas exagéré de dire aujourd'hui que
la théorie des actes de langage a, d'une façon impardonnable, fait l'irrpasse
sur les phénomènes prosodiques et gestuels liés á tout acte de parole. Certes,
Austin et Searle ont bien remarqué qu'il existe tout un dispositif de qualité
performative tel que le ton, la voix, le rythme, l'insistance, les gestes, la
mimique, mais, en fin de carpte, ils ont sous-estimé le rôle de ces facteurs
dans la détermination de 1'illocutoire. A l'inverse, ils ont surestimé l'autar-
cie illocutoire des performatifs explicites (Grebendorf 1976:114). Searle, en
particulier, en surchargeant la signification de la phrase n'a pas tenu ccnpte
de la fonction sénantique polyvalente des marqueurs illocutoires (formules
performatives, modalité, intonation) (Viehweger 1983:214/215). Oette attitude
timide et tatillonne vis-à-vis des phénomènes prosodiques est toujours large-
ment répandue. Anscombre (1980:121), ayant recours â une précaution oratoire,
déclare: "Il ne nous paraît donc pas absurde de faire de l'intonation un hyper-
marqueur". Roulet (1980:93), surestimant toujours, en fin de ccnpte, la fonc-
tion des marqueurs syntaxiques et morphologiques dans la tâche de l'attribution
71 Titre de l'excellent livre d'Ivan Fónagy. Nous l'avons mis dans le titre
du chapitre pour exprimer notre consensus fondamental avec les idées du
phonéticien.
102
Ainsi, d'un côté les éléments prosodiques ccnportent "les traces du prélangage
ancestral", et de l'autre ils sont "soigneusement 'codés1, rigoureusement in-
tégrés au système particulier d'une langue donnée" (150).
mâchoire
avancée rétractée (31)
inférieure
Pónagy nous éclaire aussi sur d'autres phénomènes qui méritent notre in-
térêt en vue de l'analyse de LBA et TDT.
Nous apprenons que "la farte contraction musculaire caractérise aussi les
performances vocales ironiques" et que "l'ironie ne diffère guère au niveau
buccal de la haine. La langue est fortement contractée, cairtorée ..." (40).
Callamand signale qu'un procédé fréquent dans l'exercice de l'ironie repose
sur la distribution d'un ton bas, d'un ton haut et d'un ton bas sur les trois
dernières syllabes de l'énoncé ironique (56). Pónagy nous parle aussi de
l'euphonie. "L'une des conditions principales de l'euphonie selon la rhétorique
classique est la haute fréquence des sons vocaliques (voyelles, liquides, na-
sales) au détriment des consonnes ccnposées de bruit (p, t, k, ts, tch, s, oh
etc.)" (116). Sur la montée finale interrogative il nous fait savoir qu'elle
sert à provoquer une réaction de la part de l'interlocuteur (141). Il est aussi
question de la résignation et du soulagement. "L'intonation d'ime phrase résig-
née ou soulagée se rapproche par exenple de la courbe d'une sirrple expiration
sonore. Le ton monte au début et descend progressivement" (142). Enfin il nous
renseigne sur le rapport qui existe entre la voix chantonnée et mélodique et le
principe de plaisir qui tend â profiter du moindre effort (118).
SA suraigu
A aigu
IA infra-aigu
M médium
G grave
108
Sans conteste l'idée de retrouver dans les faits prosodiques une stratification
carparable â celle de la GSS est très tentante. En effet, tous les spécialistes
sont unanimes pour affirmer qu'il existe un niveau objectif et un niveau sub-
jectif de ces faits (cf. Di Cristo, Wunderli 1981). Os qui rend le problème
délicat, c'est que les deux niveaux sont intiirement liés dans l'acte de parole
(Di Cristo: 46). Néanmoins les fonctions sémantiques des différents niveaux de
la GSS suggèrent de rapprocher telle strate sémantique de telle fonction proso-
dique. La distinction d'un niveau objectif et d'un niveau subjectif de la pro-
sodie se manifeste dans l'existence d'une intonation digitale, conventionnelle
arbitraire et non graduelle et d'ime intonation analogue, directement motivée
et graduelle (Wuraterli 1986:511).
Il n'y a pas de doute que l'analyse d'une EIS ne peut se passer de la descrip-
tion du comportement séquentiel de celle-ci. Les travaux de l'Ecole de Genève,
sous la direction de Roulet et al. (1985) en témoignent largement. Nous avouons
ne pas avoir approfondi cet aspect. Son importance est incontestable, mais notre
objectif est avant tout d'obtenir ime description sémantico-pragmatique de nos
deux EIS qui se concentre sur leur sêmantisme logico-argumentatif.
111
2.2.1 L'ironie
On est assez unanime â penser que l'ironie ne peut pas être subsunée aux actes
indirects, mais qu'elle réclame d'autres procédés interprétatifs que ceux of-
ferts sous forme d'iirplicitations à la Grice (Viehweger 1983:220).
A notre point de vue, le fait de poser que "toute séquence ironique n'est
que la citation narquoise de propos virtuels (Kerbrat-Qrecchioni 1976:36 et 37)
ne suffit pas pour saisir la spécificité de l'ironie. Pour Bakhtine "le discours
114
de notre vie pratique est plein de mots appartenant à d'autres; il en est dans
lesquels nous fondons notre voix, oubliant â qui ils sont ..." (cité par
Kerbrat-Qrecchioni 1976:37 note 37). C'est cette vue qui est fondaitentalement
juste et qui est tout aussi bien appropriée à un énoncé ironique qu'à un énoncé
non ironique. Il y a seulement différence quant â la possibilité de percevoir
la qualité d'écho de ce que le locuteur énonce. Plus cette nature se fait sen-
75
tir, plus il y a 'mention', moins elle est perceptible, plus il y a 'use'.
Nous nous rangeons partiellement à l'avis de van der Auwera et Faribouts (1982:
23/24) qui déclarent contre Wilson et Sperber:
"We believe the claim that all irony is echoic mention to be injusti-
fiable: not all echoic irony involves mention to the exclusion of use,
and not all irony is echoic." (23/24)
Nous ne satines pas d'accord sur le point qu'il y a une fonte d'ironie sans
'écho'. A notre avis il y en a toujours, même s'il a quasiment 'disparu'. Par
contre, nous renchérissons en affirmant qu'il n'y a jamais ni 'use' ni 'men-
tion' sous uns fonte absolument pure dans toute forme d'énonciation. Par con-
séquent nous nous inscrivons en faux contre l'avis cte Berrendonner (1981) qui
comente ainsi l'énoncé (i) rapporté au style direct:
(i)"Le voisin m'a promis: Je viendrai vous voir demain: Il va de soi que
1'énonciateur de (i) ne se trouve nullement engagé par le contenu de
la citation comprise entre les guillemets" (200).
"Pour que naisse l'ironie, il faut que toute marque de rapport dis-
paraisse, il faut 'faire comme si' ce discours était réellement tenu,
et tenu dans l'énonciation même".
Celui qui réduit l'activité énonciative â une forme de pure 'mention' ré-
duit le locuteur à un appareil émettant des bruits et lui enlève toute res-
ponsabilité illocutoire. Nous soutenons, par centre, qu'il n'y a pas de locu-
teur sans responsabilité illocutoire. Dans l'acte ironique ccnrte dans tout
autre acte, le locuteur prend en charge son énoncé. Il semble qu'une telle
position se retrouve chez Ducrot (1981 in 1984:169), lorsqu'il affirma que le
discours second du discours polyphonique "ne consiste pas en un sijtple rapport.
116
Il crée une réalité originale: par le fait même de dire que quelque chose a été
dit on dit quelque chose de nouveau." ^ Mais nous voyons difficilement cornent
cette position peut se concilier avec la suivante.
"d'une part, la position absurde est directement exprimée (et non pas
rapportée) dans 1'énonciation ironique, et en même temps elle n'est
pas mise â la charge de L, puisque celui-ci est responsable des seules
paroles, les points de vue manifestés dans les paroles étant attribués
à un autre personnage E."
Alors, de deux choses l'une, ou bien le locuteur dit quelque chose de nou-
veau dont il ne peut être que lui-même responsable, ou bien il ne dit rien de
nouveau, s'il n'y a pas de prise en charge, une possibilité qui n'a que valeur
théorique pour nous puisque nous lui contestons toute réalité enpirique. La
position de Berrendonner nous semble de œ fait plutôt aporétique que para-
doxale.
77 Jacques (1985) aborde aussi la question du statut différent des voix poly-
phoniques: "De deux choses l'une. Ou bien la voix bakhtinienne est la ma-
térialité phonique de la parole, et il est paradoxal de dire qu'en tout
message on entend résonner deux voix, le ton, la voix de l'un et de l'autre
en leur différence individuelle. Ou bien, comme il est plus probable, la
voix représente par métaphore la parole avec sa charge sémantique et sa
valeur connotative; et dans ce cas les voix que Bakhtine suppose affron-
tées dans le mot ne sont pas des observables" (107). "Il reste que ces
deux voix ne sont pas égales puisque l'une est réelle, l'autre une re-
présentation" (110).
117
Nous craignons que cette démarche de sinple mise en scène conduise à une
impasse et qu'elle obscurcisse plus qu'elle n'éclaire le phénomène de l'ironie.
Nous pensons plutôt que l'ironie coime tout autre acte illocutoire est priori-
tairement une question d'attitude du locuteur et ne peut en aucune manière être
réduite â un sinple acte de mise en scène à valeur oppositive.
Conséqueitrrent nous opposons notre vèto à des thèses (Recanati 1981) telles
que: "dans l'ironie le locuteur n'affirme rien du tout" (221), "il n'accomplit
aucun acte illocutiannaire" (221), "le seul acte accaipli du locuteur est lo-
cutiannaire (247), "c'est asserter au sens faible" (247/248). Qu'est-ce au
juste, 'asserter au sens faible', sans accomplir un acte illocutoire? Les EIS
contre o'est du propre!, c'est du joli! sont d'ailleurs la preuve vivante de
1'accomplissement d'un processus à la fin duquel la responsabilité illocutoire,
intrinsèque à tout acte ironique s'est conventionnalisée. Cela n'a donc rien
de "remarquable" (Ducrot 1984:221), si l'on conçoit le locuteur ironique corme
locuteur â part entière.
Notons, par ailleurs, que dans cette idée de certitude saturée il n'y a
pas de 'contradiction logique', il s'agit toujours d'un phénomène de gradation
dont le point de départ se trouve dans la partie non-ironique de l'axe épis-
témique.
Ducrot, pris en charge par le locuteur. Si l'idée de 'contraire' doit être main-
tenue, c'est ici que nous verrions une telle éventualité. Mais nous ne cachons
pas l'embarras que nous éprouvons, mis devant la nécessité de donner corps à la
"contradiction argumentative" (Berrendonner 1981:185), en particulier, de con-
crétiser une quelconque variable argumentative d'un énonciateur (!) fictif.
Nous nous sennes donc aperçus que le sens ironique (= le sens supplémen-
taire) suppose l'existence d'un tepos spécifique. Gelui-ci sert, si l'on tient
à l'idée de contradiction, de contraire normatif au topos de la version 'lit-
térale' de TOT.
80 Pour ne laisser subsister aucune équivoque sur la façon dont nous conce-
vons la notion de 'sens supplémentaire', ajoutons quelques précisions:
nous attribuons une importance particulière au choix du terme 'composé'.
L'ironie ne fait que ressortir plus clairement un trait qui est essen-
tiel à toute énonciation: 1'indissociabilité de la pluralité des voix,
plus exactement, de la bivocité. A notre sens, la critique de Jacques
(1983:58) à l'endroit de Bakhtine qui "semble répartir le sujet de l'enon-
ciation sur deux pôles" est pertinente: "Selon moi, la voix de l'énoncia-
teur, pour reprendre la métaphore de Bakhtine, du moment qu'elle est
adressée effectivement, n'existe qu'à l'état de combinaison. En réalité,
tant la voix propre que la voix de l'autre sont des composantes inférées
à partir de leur combinaison qui est seule donnée." Willer et Groeben
(1980) qualifient les signaux ironiques d'éléments perturbateurs ("Stör-
faktoren") , c'est-à-dire de bruits qui empêchent la compréhension du sens
littéral. Ce concept méconnaît primo, l'autonomie illocutoire de l'acte
ironique (que les auteurs reconnaissent curieusement eux-mêmes, 293), se-
condo, le statut discursif déficitaire du sens 'littéral', tertio, la
spécificité de l'ironie de combiner toujours deux significations. Bien que
les auteurs aient conscience de cette double nature, ils n'en tirent pas
les conséquences nécessaires, à preuve qu'ils font un emploi peu critique
du terme 'substitution' (293).
121
Derrière ce ccrrportement, nous plaçons la prétention indirecte à l'obten-
tion ou au maintien d'un pouvoir social dans une situation â tendance con-
flictuelle sous forme ludique (cf. Groeben 1986:191). La forte contraction des
muscles linguaux (cf. p. 106 ) indique pourtant une prédominance de l'aggres-
sività . La 'souveraineté' du locuteur n'est pas la conséquence nécessaire d'une
distance que le locuteur établit entre lui et la parole sérieuse attribuée â
un quelconque énonciateur (cf. Ducrot 1984:213), mais découle de la constella-
tion particulière d'une certitude saturée et réflexive, d'un côté, et des con-
ditions situationnelles spécifiques résultant de la répartition du pouvoir
social entre le locuteur et l'allocutaire, de l'autre.
Dans le cadre de l'analyse de nos EIS, la négation est intéressante dans la me-
sure où elle est considérée catite une possibilité de marquer l'opposition. On
sait aussi que les EIS peuvent représenter un des moyens linguistiques pour ex-
primer la négation, c'est-à-dire, une forme de négation "implicite", pour nous
servir de la terminologie de Moeschler (1982:19), si l'on veut mettre l'accent
sur l'absence de marqueurs "graphiques" explicites conte ne ... pas ou des
préfixes ccmte im- ou mal-. Sans aucun doute LBA et l'emploi ironique de TOT
contiennent des éléments d'opposition. Ceux-ci permettent à plusieurs titres
d'être carparés au conportaient énonciatif de la conjonction mais.
Avec Bruxelles et al. (1976 in Ducrot et al. 1980), on peut distinguer plu-
sieurs aspects qui entrent tous dans le même mouvement argumentatif 'r' et aux-
quels mais peut s1opposer:
Notons aussi qu'il n'est pas toujours facile de faire la part exacte de
chaque aspect dans l'ensemble de la force oppositive d'une expression (cf. 102).
Par ailleurs, on peut aussi inaginer que même dans la négation descriptive
il existe un locuteur, si fictif soit-il, auquel s'oppose la négation. Oes trois
négations reflètent également trois nodes tendanciels d'existence du locuteur:
dans (i) on a affaire à 'L', dans (ii) â 'L'/'λ' et dans (iii) â 'λ'· On assiste
à un passage du locuteur en tant qu'être physique, via sa double existence en
tant être physico-intellectuel au locuteur en tant que pure intelligence et
être conceptualisant (cf. Ducrot 1984:199-203).
Les dialogues que nous allons regarder de plus prés seront comenté s
catite s'ils représentaient des ênonciations (cf. p. 80) au sens d'événements
historiques. Nous avons donc affaire à ce que nous appelons illocutoire spé-
cifié dont l'auteur est un être censé empirique, le sujet parlant (cf. p. 96 ).
Rappelons qu'à ce niveau nous situons un changement de perspective quant à
la définition de 1'illocutoire, d'un illocutoire calculé â un illocutoire
perçu. Il y a décryptage par l'auditeur de 1'illocutoire calculé par le sujet
parlant. Nous avons parlé d'une mise en correspondance entre une activité in-
tentionnelle et anticipatrice, et une activité interprétative qui se produit
au niveau IV (cf. p. 98 ). Nous sanies donc obligés de nous partager et de
nous glisser dans la peau du locuteur et de l'auditeur, ou, pour le dire en
ternes moins imagés, nous mettons à profit les facultés d'un auditeur non im-
pliqué (cf. Harras 1983:155).
126
3.1.1.1 Des illocutoires spécifiés dans ls detraine de la 'présupposition
de vérité1 (PPV) type 1convenir '
Pour faciliter la lecture^ des dialogues qui suivent, nous dirons dés mainte-
nant que dans tous les enplois de LBA le sujet parlant A a l'intention de
sécuriser Β en mal d'assurance.
A : τ belle
La k ,i affaire
fi · !, 83 et 84
82 II faut noter que notre démarche est basée sur un consensus tacite entre
le lecteur de cette étude et nous en tant qu'analystes. Il s'agit du con-
sensus de présupposer une espèce de normalité opérant dans les mini-dia-
logues.
83 Dans ce chapitre, LBA figurera de façon absolue dans les dialogues. Cela
a ses raisons dans la progression méthodique de l'étude. LBA sera suivie
d'ajouts possibles quand nous nous concentrerons sur l'aspect de la con-
clusion (cf. chap. 2.3.1).
85 Souvent dans les commentaires, nous citons les remarques originales des
personnes interviewées, au risque aussi de présenter des phrases enfreig-
nant la norme écrite.
127
A exprime qu'un saut de 1.60 m ne représente aucune difficulté pour lui et que
ce n'est qu'un jeu d'enfant pour lui: En inversant les rôles de A et B, on peut
aussi imaginer la situation que Β sous-estime, selon A, ses capacités. A dit
LBA pour mettre Β en confiance et pour lui dire qu'il le tient capable de
sauter 1.60 m.
Il y a tout lieu de supposer que nous avons affaire â des enplois sui gene-
ris de LBA. Une preuve convaincante pour la position centrale de cet eitploi est
apportée par 1'observation suivante: le locuteur français attribue à LBA le
plias spantanénent le sens de "'se désintéresser de ce que l'autre dit'", "'être
indifférent au problème de l'autre'", donc des valeurs sémiques comprises dans
"se moquer de" et "se ficher de". On peut éventuellement parler d'une valeur
super- ou transcontextuelle de LBA qui est présente dans tous ses enplois, mais
â des degrés (très) différents selon les variantes de sens de l'expression. Dans
l'enploi de consolation du chapitre précédent par exertple, on aura déjà de
grandes difficultés pour repérer cet élément.
A : La belle affaire !
rien â faire, quoi, tu ne fais pas peur'", ou, '"j'ai pas peur de ça, tu peux
raconter tout oe que tu veux, continue'". L'indifférence que A exprime â tra-
vers LBA se mesure proportionnellenent au caractère agressif et irenaçant des
instructions de B. Ici, cette indifférence se colore elle-même d'une certaine
nuance provocatrice, ce qui explique qu'une paraphrase came "'tu peux toujours
venir, je t'attends, je te crains pas"' est aussi justifiée.
"Sans importance" ou, pour donner une paraphrase du même niveau de langage,
"t'en as rien â foutre" expriment plus ou moins exactement l'idée ccrrprise
dans LBA.
Au regard des dialogues (5), (6) et (7), on peut retenir qu'il vaut mieux par-
ler de plusieurs possibilités d'eirploi moqueur de LBA. Les différences ne sont
pas très grandes, il est vrai, mais nous trouvons utile de bien distinguer la
nature des énoncés contre lesquels LBA est dirigée. Ainsi, on obtient encore
plus de clarté sur le sêmantisrre de LBA. Les trois dialogues démontrent que ce
n'est pas tout d'affirmer que LBA peut s'opposer à des propos moralisateurs.
Nous voyons que ces propos n'impliquent pas forcément une position de force
et d'autorité.
Nous voulons parler d'un enploi qui rentre aussi dans la catégorie de l'in-
différence moqueuse, mais qui s'en distingue pourtant par un aspect supplé-
mentaire, celui d'un engagement déjà contracté par A avant. Soit le dialogue
que voici:
Get exenple ne change rien aux données fondamentales déjà observées dans (8a).
Il y a aussi rétractation, mais, cette fois-ci, c'est Β gui doit en supporter
l'inconvénient, alors que dans (8a) il en était le bénéficiaire.
A la différence des emplois passés en revue dans les deux chapitres précédents
où il y avait sécurisation de Β par A, nous verrons maintenant un sujet parlant
qui a l'intention de diminuer l'assurance de B. Selon A, Β en a trop.
LBA peut être paraphrasée par exerrple par "'Oh, ça n'était vrairtent pas la
peine de changer pour si peu'". A exprime que la couleur est quelque chose
d'accessoire par rapport au fait que la voiture ne sera pas livrée à tenps.
Il y a reproche, mais un reproche modéré qui est moins désagréable qu'un
autre exprimé en termes directs.
A : La belle affaire !
Situation: Β doit prendre l'avion. Il est très nerveux parce qu'il n'est
pas sûr de supporter le stress qui l'attend. A, qui est présent, s'énerve
de plus en plus et est de moins en moins disposé à se laisser casser les
oreilles par B, et cela d'autant moins que celui-ci a déjà fait d'innom-
brables vols.
Finalement, A énonce:
Votre histoire de peur, la belle affaire !
pour faire comprendre à Β '"bon, écoutez, 9a suffit, j'en ai marre de
vos états d'âme, maintenant c'est terminé'".
(13a) Refus d'une demande associé à l'offre d'une compensation: La baby sitter
Β : Est-ce que tu peux garder mon mouflet pendant les vacances, après
tu peux passer quinze jours dans mon chalet en Savoie !
88
A : La belle affaire ! (j en ai moi-meme un)
88 II est difficile de présenter LBA sans ajout parce que, dans ce cas, tant
une interprétation de refus qu'une interprétation d'acceptation est pos-
sible.
134
LBA peut être paraphrasée par cela me fait une belle jambe. A ne reconnaît pas
la valeur caipensatriœ de la proposition en échange de ce que Β lui demande.
En repoussant la carpensatian, il repousse aussi la demande.
Β : Oui, mais vous vous rendez compte, c'est un débutant, comme ça, ça
va le mettre en confiance, il va continuer à jouer !
A : La belle affaire !
Nous présentons ce dialogue seulement pour montrer qu'il n'y a pas forcément be-
soin d'exprimer la compensation en termes aussi nets et explicites que dans
(13a).
the thèse fondamentale de notre étude repose sur l'idée que l'illocutoire spé-
cifié ne reçoit sa forms définitive que sous l'action de facteurs contextuels
bien spécifiques. C'est pourquoi nous l'avons placé tout en haut de la GSS.
Nous venons de voir un bon nombre d'eirplois de LBA qui, tous, sont porteurs
d'un illocutoire spécifié. Nous les avons alignés de manière à ce qu'il suivent
une ligne ascendante de FORCE ARGUMENTATIVE (FA) (cf. tableau p. 78). Leur
agencement présuppose une idéalisation extrême de la réalité sociale. Nous
avons choisi cette démarche pour des raisons de clair té méthodique. Nous vou-
lions éviter de confronter le lecteur à brûle-pourpoint â un pêne-mêle embrouil-
lant de valeurs illocutoires spécifiées. Les différents illocutoires spécifiés
de LBA se répartissent ainsi sur les niveaux II, III et IV de la GSS:
135
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136
Aux deux extrémités de l'axe épistémique de la croyance, nous trouvons des illo-
cutoires spécifiés dans lesquels se manifeste l'action d'un minimum (l'accep-
tation: dialogues (1a) et (1b) et d'un maximum (le refus: dialogues (13a) et
(13b)) de domination exercée par A sur B. Mais il faut bien faire la part des
choses. Ostte répartition repose sur un principe qui agit au niveau II de la
GSS; Il est bien naturel que ses effets se font toujours ressentir au niveau
IV, mais il ne peut pas être celui auquel cm attribue le rôle de spécificateur
de 1'illocutoire.
Nous savons que cette fonction incaribe d'abord sous une forme présélective
aux modes présuppositionnels du niveau III (cf. p. 92) dans lesquels s'exprime
l'action de normes sociales - les tcpoi - prises en charge par le locuteur. Au
niveau IV, par contre, il faut tenir ccnpte de facteurs encore plus personnels
que ceux inhérents aux topoi.
Cn se rappellera que nous avons caractérisé le sujet parlant opérant au- niveau
IV par sa liberté quasi totale vis-à-vis de toute norme (cf. p.100 ). Jouons
donc un peu le jeu pour clarifier nos propos. Ce qu'il faut, c'est faire dévier
un facteur social, affectif, etc. de la*normalité'.
Modifions, par exemple, les coordonnées affectives du dialogue (11) 'Le pro-
fiteur' . Supposons que A soit d'une indulgence extrême qui frôle la naïveté,
ou qu'il soit tellement amoureux de Β qu'il lui pardonne tout, et nous voyons
très vite 1'illocutoire de LBA se colorer d'une autre valeur plus conciliante.
Peut-être que A dans son aveuglement se voit mêrre poussé à consoler Β dans son
'malheur' d'avoir 'oublié' de prendre de l'essence.
des deux exemples suffisent pour démontrer que la répartition des illocu-
toire s spécifiés sur un niveau sémantique de la GSS n'a rien du caractère con-
traignant d'une loi naturelle mais peut être sujette à des modifications énormes.
Parmi les"douze dimansions de variation significatives" de Searle, on cher-
che en vain des remarques destinées au rôle des facteurs prosodiques et mimo-
gestuels dans la détermination des valeurs illocutoires. Cela semble inoui,
138
étant donné que leur extrême irrportance saute aux yeux. Prosodie et mimo-ges-
tualité, en tant que "marqueurs" perceptibles par les sens de la vue et de
l'ouïe (cf. 66), constituent une source pour l'interprétation de 1'illocutoire
spécifié dont l'inportance peut difficilement être négligée.
Qifin, Jakobson nous apprend aussi ce que les mains font dans œ geste négatif:
"Les paumes ouvertes, avec les doigts tendus, levées en quelque sorte
en signe de résistance et de défense devant l'interlocuteur ... les
mains dans ce geste se déplacent, soit en avant et en arrière, comme
si elles voulaient 'parer' l'interlocuteur, soit d'un cSté à l'autre,
comme pour se protéger de lui, en faisant un geste de refus, de déné-
gation" (116).
139
4
beaucoup d'exagération
PIQT de LBA
un peu d'exagération
141
Nous plaçons donc l'élément quantitatif (cf. p. 85, note 60) dans la notion
d'exagération. Il s'ensuit qu'il faut imaginer le PIQT de LBA came le lieu
cte répartition d'une multitude de quantités d'exagération. Avant de pour-
suivre cette pensée nous démontrons le fonctionnement de notre définition sur
quelques-uns des dialogues étudiés dans le chapitre 2.1.1 .
(13a) La baby-sitter
B formule une demande â A. Selon A, B attache une importance exagérée aux sol-
licitations mises en oeuvre pour voir se réaliser la demande. A dit LBA pour
exprimer que l'attitude suppliante est disproportionnée par rapport â la di-
mension de la demande. Cela revient, en général, â une acceptation de la de-
mande.
142
beaucoup beaucoup
d'exagération d'illégitimité
d'importance
topos zone
exagération illégitimité
d'intensité
un peu un peu
d'exagération d'illégitimité
Notre analyse au niveau III est dominée par deux aspects. Le premier net à pro-
fit le concept de l'orientation argumentative d'Ansccnribre et de Ducrot (cf.
p. 55 ). Le deuxième s'appuie essentiellement sur les notions de 'présuppositions
de vérité' de Berrendonner (cf. p. 87 - 92 ).
Dans la suite, nous donnerons quelques eirplois de LBA pour démontrer quels
peuvent être les 'r', i.e. les mouvements argumentatifs qui conduisent â une
conclusion. Il est d'ailleurs possible que plusieurs énonciations de LBA con-
duisent â la mime conclusion 'ce n'est pas grave' bien que les 'r' soient
chaque fois différents.
(15) Platini
Cet exeriple est intéressant sous l'aspect que l'ajout amène une certaine al-
tération de l'effet de consolation associé primitivement à LBA dans œ dia-
logue. Os que nous voulons dire, ressort encore plus nettement, si l'on oppose
deux énoncés dont l'un contient LBA et l'autre non:
(ii) A : Tu as perdu tes dix francs, eh ben, tu vas en être quitte pour
retourner chercher un pain.
Dès lors que l'on supprime LBA, la mère ne signale que l'inconvénient que re-
présente la perte pour l'enfant, l'effet consolateur peut s'effacer carplète-
ment.
90 Pour éviter tout malentendu, nous faisons remarquer que LBA ne signifie
pas (!)Ί'exercice de calcul est facile'.
147
Là, encore une fois, nous avons apposé un énoncé avec et un énoncé sans LBA.
La différence entre (i) et (ii) consiste dans l'aspect de la minimisation con-
descendante explicite de l'argument (Je suis vraiment content, mon stage a très
bien marché) de Β par LBA.
3.1.3.2 Vue des illocutoires spécifiés sous l'angle des trois types cte
'presuppositions de vérité' (PPV)
Nous avons assigné au niveau III une fonction méta-, c'est-à-dire une fonction
prêsuppositiannelle par rapport au niveau II (cf. p. 87). Jusqu'à présent nous
avons déterminé des 'r' eventuels de LBA. On se rappelle que, dans notre con-
cept, la naissance de tout mouvement argunentatif nécessite l'intervention d'un
locuteur (cf. p. 59) porteur de conditions présuppositionnelles spécifiques.
Dans notre modèle pragmatique élargi qui confère au niveau III le rôle de
'mondes possibles' semi-conventionnels (cf. tableau p. 135), ce sont les 'pré-
suppositions de vérité' (PPV) (chap. 2.1.5.5.3) qui peuvent être considérées
ccraiE étant à l'origine des divers mouvements argunentatif s. C'est elles qui
sont responsables de l'introduction de l'élément spécifiquement discursif.
Nous entendons par là que les PPV ou modes présuppositionnels inpliquent la
mise en ccmnun de deux 'univers de croyance', celui du locuteur et celui de
l'allocutaire. (Dette mise en ccmnun d'univers de croyance consiste plus
exactement dans l'ajustement interactif de valeurs vériconditionnelles et nor-
matives différentes (cf. p. 91). Transposé â LBA cela signifie que le locuteur
exprime â travers les trois PPV dans quelle mesure il juge 'vraie' la légiti-
mité de la raison qui est â la base du caiportenent exagéré et dramatisant de
l'allocutaire. A l'aide de la PPV du type 'convenir' il concède â l'allocutaire
que la légitimité est'un peu vraie'. Dans le cas de la PPV du type 'affirmer'
la question du vrai et du faux ne se pose pas pour le locuteur. Il ne s'engage
pas du tout et reste tout sinplement indifférent devant cette question dent il
laisse la réponse à une quelconque instance 'objective*. la PPV du type 'pré-
tendre' enfin montre un locuteur qui s'engage plus vis-à-vis de la vérité d'une
norme, i.e. du tepos valable pour LBA. Ce fait peut être paraphrasé ainsi: Je
suis tout à fait sûr que ton avis de te comporter légitimement est faux.
Maintenant nous pouvons tirer un bilan général. C'est au niveau III que les
illocutoires spécifiés du niveau IV reçoivent une base à structure ternaire. les
illocutoires d'indifférence plus ou moins moqueuse (dialogues (5) à (8b)), pro-
duits résultant de l'action de la PPV type 'affirmer' représentent une espèce
de valeur nettement détachée des illocutoires de solidarité (dialogues (1a) à
(4)) et des illocutoires de désolidarité (dialogues (9) à (13b)) issus de
l'action de la PPV type 'convenir' dans le premier cas,et de l'action de la PPV
type 'prétendre' dans le dernier cas. La quasi-disparition du locuteur dans la
PPV type 'affirmer' a pour conséquence la suspension d'un effet argunentatif
direct sur l'allocutaire. A l'intérieur des dialogues (5) â (8b), on peut in-
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151
Il est temps maintenant de préciser quelles sont les raisons qui nous ont pous-
sés à analyser LBA plutôt que l'expression X ou Y. Nous avions d'énormes diffi-
cultés â saisir la nature exacte de la fonetien d'opposition discursive. Pour
être plus précis, nous n'arrivions pas à déterminer avec exactitude contre quel
élément de l'énoncé de l'interlocuteur était dirigée LBA, contre le DIT ou/et
le DIRE?
Β : (se scandalisant d'une femme qui couche tous les deux jours avec
un autre homme): Non mais, regarde-moi cette putain là, elle n'a
même pas honte de venir à cette invitation I
A : L a belle affaire !
Des exemples de oe genre nous ont souvent déroutés, parce que nous paraphrasions
LBA par 'Ce n'est pas grave que la femme mène une telle vie i'. Nous avons donc
fait référer LBA sur la 'chose' dont il est question. Dans le chapitre lexico-
graphique nous verrons au sujet de cette étude qu'on trouve des définitions dans
les dictionnaires qui favorisent cette fausse compréhension de LBA. Dans le dia-
logue (17), ce n'est donc pas le fait que cette dame se conduise de telle façon
qui est jugé être sans importance, mais A dit LBA parce qu'il ne comprend pas
la raison pour laquelle Β s'inquiète; A trouve que Β ne devrait avoir aucun in-
térêt à s'en mêler.
personne s'adresse â une autre pour lui demander de l'aider et que celle-ci
trouve que ce problàne est facile à résoudre, elle ne dira pas LBA.
Supposons que A se trouve en face d'une personne qui montre tous les signes
caractéristiques d'un comportement dramatisant, à savoir la voix élevée et
forte, le visage rougi, les yeux écarquillés, les sourcils haussés ... A ne
dira guère LBA,s1il n'arrive pas à déceler le pourquoi du comportement de B.
Dans notre terminologie, nous disons que le comportement de Β doit être pour-
vu d'une orientation argumentative, c'est-à-dire que A doit être en mesure
d'attribuer un 'r' à ce ccirportement.
(i) Il s'agit d'une scène de travail. A, le chef de bureau est très pres-
sé et il est plongé dans un travail qu'il veut encore, â tout prix,
finir le soir même. C'est à ce moment que B, son collègue, de mau-
vaise humeur et énervé lui demande Quelle heure est-il ?. Il est dif-
ficile d'imaginer que A y réponde par LBA. Il enregistre bien l'êner-
vement de con collègue, mais il n'a aucune idée de ce qui l'amène à
se comporter ainsi. Changeons maintenant un peu la situation. Cette
fois-ci, A sait très bien pourquoi son collègue lui demande l'heure.
Selon son habitude, A ne permet pas â son collègue de quitter le bu-
reau avant qu'il n'ait fini son travail. A et B savent que le moment
de la fin du travail est déjà passé. C'est pourquoi A sait que la
question de B a pour seule fin de lui rappeler 'Arrête ton travail,
c'est l'heure de partir'. Et maintenant, effectivement, A pourrait
dire LBA pour exprimer par exemple l'idée 'je m'en fiche, j'ai autre
chose à faire'.
Cii) Supposons que B dise à A sur un ton menaçant et agressif 'Viens ici !'.
Difficile aussi d'imaginer A répliquant LBA ! La situation change
nettement quand B poursuit après 'Viens ici !1 par 'sinon ça va chauf-
fer !' Maintenant, il n'y a plus de doute sur le 'r', ce qui améliore
d'un seul coup les conditions d'ênonciation de LBA.
(i) et (ii) nous autorisent donc à conclure que moins un énoncé ou un ccmporte-
ment laisse d'équivoques sur la conclusion à tirer, plus il améliore l'appro-
priété de LBA.
153
Là, il faut déjà un peu plus d'imagination pour justifier l'emploi de LBA.
Nous proposons le 'r' 'j'attache beaucoup d'importance au choix d'une cravate
et je veux que tu en fasses autant'. Dans ce cas, LBA prend le sens de 'le
choix de ma cravate m'est indifférent' ou 'n'inporte'.
A peut répondre LBA, mais à ce menant-là, l'expression change de sens par rap-
port au dialogue original. A met en question un préalable de la question ou
d'une question en général. LBA prend la valeur de 'ça n'a pas d'importance que
je l'ai trouvé ou non'.
On a déjà dit que LBA, carme réaction à une demande lancée à brûle-pourpoint,
est difficilement acceptable. Si l'on essaye de trouver une situation où LBA
serait possible après l'énoncé impératif, on peut imaginer que le mari, peut-
être en levant les bras à la fin d'une scène de ménage, capitule de façon
théâtrale parce qu'il en a assez de se chamailler. Un 'r' possible serait
'Je te supplie de comprendre que j'attribue une importance énorme au fait de
me trouver un mascara bleu'.
154
En disant LBA, on fait les deux choses â la fois. A notre avis la difficul-
té de délimiter exactement ce qui est rejeté par LBA est accrue par cet en-
chevêtrement de la parole et de la personne, ou du DIT et du DIRE dans ce rejet.
Cette double nature oppositive de LBA se manifeste aussi dans la description
suivante que nous proposais pour caractériser la fonction discursive de 1'ex-
pression: A, en énonçant LBA, exprime un désaccord avec B. Le désaccord porte
sur un mouvement argumentatif et, de ce fait, sur la façon d'appliquer le topos
T. Selon A, Β opère un mouvement argumentatif plus ou moins faux pour arriver
à partir d'un argument A (par exemple Je ne trouve pas mon fard â paupières
bleu) à une conclusion C (par exemple 'c'est grave1). La fausseté du mouvement
argumentatif se manifeste par des indices prosodiques et mimo-gestuels. Elle
consiste dans une mise en relation inadéquate ou disproportionnée de l'argument
A et de la conclusion C. Cette disproportion peut être décrite carme une attri-
bution exagérée d'importance à l'argument A par B. Elle amène Β à se croire en
droit de se comporter ainsi qu'il le fait. Selon A, ce comportement repose sur
une attribution abusive d'un droit défini par le topos T, c'est-à-dire sur une
interprétation trop subjective par B.
Il est certain que la fonction oppositive de LBA peut être comparée au com-
portement énonciatif de la conjonction mais. Nous faisons un emprunt â l'analyse
de Bruxelles et al. (cf. p. 122) qui nous rend de bons services pour détailler
un peu plus ce que nous venons de dire. Selon elle, nous attribuons à l'utilisa-
teur de LBA l'intention de s'opposer:
Mais la ressemblance entre la fonction d'un mais et de LBA n'est pas totale.
Nous ne voyons pas l'aspect du 'prolongement d'une première réaction d'étonne-
ment jusqu'à la mise en doute de la chose étonnante' dans LBA et nous n'y
trouvons pas non plus l'aspect d'un 'fatalisme factuel', deux aspects gui se
conditionnent d'ailleurs. Il faut aussi différencier l'aspect de 'la prétention
de A d'être vêridique1. Celui qui énonce LBA ne veut pas mettre en doute l'acte
de l'interlocuteur de dire vrai. Le mari devant la salle de bains ne met pas en
doute la croyance de sa ferirne d'avoir besoin d'un fard à paupières.
N'oublions pas de signaler que toutes les remarques précédentes sur le rôle
d'opposition discursive de LBA prennent tout leur sens dans le champ d'action
des PPV types 'convenir' et 'prétendre'. Dans celui de la PPV type 'affirmer',
l'opposition est toujours là mais elle est plus indirecte, plus indéterminée.
Qu'il y ait toujours opposition, s'explique par l'illocutoire générique asser-
ti f dont est pourvue LBA. Mais à cause de la PPV type 'affirmer' l'illocutoire
assertif ne reçoit plus de précision argumentative et intentionnelle au niveau
III. En revanche, l'éclipsé du locuteur déblaye le terrain au bénéfice de la
percée de la Vérité' pourvue de la valeur 1 (cf. p. 95). Dans le cas de LBA,
la cooccurrence d'un illocutoire générique assertif se prolongeant au niveau
III et d'une PPV type 'affirmer' se concrétise illocutoirement sous forme d'in-
92 >
différence. Il n'est que trop logique que la persistance d'une indétermi-
nation intentionnelle au niveau III exige, pour être compensée, une activité
interprétative accrue de la part de l'interlocuteur.
Par la suite, nous nous proposons de démontrer que certains sànes ou corposants
sémantiques des unités lexicales de LBA fournissent une explication de sa qua-
lité d'EIS.
Nous avons dit que l'effet 'ironique' repose essentiellement sur la confronta-
tion de deux topol qui sont perçus ccnme normativement opposés. Pour le premier
groupe de sèmes, vin topos peut être par exemple formulé ainsi:
Selon qu'on met en avant le fait qu'une propriété prosodique représente un phé-
nomène universel ou surfacial et performanciel (cf. p. 110 ) cm le situera au
niveau I ou au niveau IV. Nous optons pour la première possibilité. Deux as-
pects surtout méritent d'être mentionnés. Nous voyons en eux une sorte de ga-
rantie d'une longévité assez certaine de LBA. Nous parlais de l'alternance
agréable des deux duos de voyelles / « / - / £ / - / a / - / £ / . Cette euphonie '
est renforcée par la répartition régulière des accents sur les /£ / et des ab-
sences d'accents sur les /a /. Ce qui renforce la qualité euphonique de l'ex-
pression, c'est l'absence totale de consonnes composées de bruits telle que
p, t, k, te, toh, s, ah etc. (cf. p. 106 ). la quantité textuelle nous semble
bien mesurée. Elle se situe au juste milieu d'expressions très courtes (type
bof!, et alors!, écrase!) et d1expressions longues (type faut pas en faire
tout un plat !).
160
Nous nous rendons bien compte de la précarité des réflexions suivantes qui
portent sur des expressions synonymes de LBA. Ceci, pour la simple raison que
tout synonyme mériterait la mare attention que celle prêtée à LBA ce qui, bien
qu'indispensable dans une synonymie distinctive méritant ce ncm, ne serait pas
une petite affaire.
Notre raisonnement prend pour base une grille d'expressions qui, selon les
emplois de LBA, peuvent servir de synonymes.
INDIFFERENCE/MEPRIS PEUH/BOF/BAH
Maintenant nous confrontons chaque EIS â LBA. Le tableau suivant donne une vue
d'ensemble du résultat de ce travail. Les précisions nécessaires sont fournies
après, en fonction de chiffres mis en haut.
162
SYNONYMIE DISTINCTIVE
(11) Le profiteur +
7)
- - +
(2) Le tailleur
- -
+ 37) _ 38>
(13a) La baby-sitter
(acceptation/refus) +/+ -/+ 4 7 )
-A 48) -A 49)
+ = employé
- = pas employé
» = emploi peu probable
163
DE LBA
+ ' 3 )
_ 4)5) _ 6)
+ - - -
+
8)
+ - -
_ 9> - -
+ + -
_ U> _ 12) _ 13) -
_ 23> + 24)
-
. 25) -
+ 26)
-
27) 28)
+ - + + - +
_ 45> - + + 46) + - -
Catmentaire de la grille
La salle de bains:
94
1) * n'exprime pas suffisamment l'intérêt que A a à faire sortir B. * ex-
prime un désintérêt général. * veut dire que l'on ne croit pas, ce que
l'interlocuteur dit, alors qu'ici A veut dire que ce qu'avance Β n'est
pas un bon motif pour ne pas sortir de la salle de bains.
2) Bah exprime trop de mépris et d'indifférence. A poursuit un but, il n'a
pas intérêt à se montrer complètement indifférent.
3) Au sens de "'moi, ça m'est égal, tu trouves ce que tu veux, mais il faut
que tu sortes'". LBA est sémantiquement plus riche que * et est plus
aimable que *.
4) Si A dit *, cela veut dire qu'il laisse Β dans la salle de bains sans lui
demander de lui céder la place, donc * ne contient pas cette nuance impé-
rative ni appellative de LBA.
5) On pourrait mettre aussi en voilà une affaire! (iron.) qui revient à et
alors. A exprime ironiquement qu'il ne prend pas au sérieux ce que Β
avance.
6) Il n'y a pas l'aspect d'une offre, d'un avantage qu'on refuse parce qu'on
ne les considère pas comme satisfaisants.
Le profiteur:
La voiture décommandée:
Les stagiaires:
17) C'était un jeu d'enfant est un peu mieux. Cette capacité de faire directe-
ment référence à l'objet référentiel lui-même, déroulé dans le passé, n'est
pas propre à la formule. Celle-ci ne peut renvoyer qu'à l'ici et maintenant
de l'acte d'énonciation lui-même. Ceci est même valable pour le cas de ré-
tractation dans la mesure où il y a rêactualisation du passé, et c'est vers
cette réactualisation d'un comportement passé qu'est dirigée la formule.
Autre expression qui convient bien: ce n'est pas sorcier.
18) 19) Il n'y a pas de vrai drame, et ce n'est pas embarrassant.
20) A n'est pas impliqué.
La fille méchante:
Le concert de rock:
29) 30) Si A disait *, elle exprimerait qu'elle ne croit pas son enfant.
31) Parce que la mère ne veut tout de même pas encourager son fils à ne pas
faire attention â ce qu'il fait.
32) Pour exprimer une certaine désapprobation.
33) Cela a de l'importance.
34) Cela prouverait trop d'indifférence.
35) 36) Se rejoignent un peu. S'il n'y a que ça irait bien pour dédramatiser.
Le tailleur:
37) Dites sur un ton encourageant au sens de 'ce n'est pas si grave'.
38) Ne sont pas appropriées pour encourager.
39) On sollicite l'objectivité pour que ce soit encourageant.
40) N'est pas encourageante.
166
41) Mais plus frivole que 35). Il y a moins d'encouragement et plus une nuance
de jugement de l'opinion de sa femme.
La baby-sitter:
Tu parles (TP)
TP peut souvent remplacer LBA. Dans les dialogues (1a/b) 'Les 10.000 frs',
1'expression dépasse LBA encore en flexibilité d'emploi. Celle-ci s'explique
par le fait que tu parles ne tient pas canpte d'un éventuel aspect de compen-
sation qui est un préalable au refus d'une demande, à l'aide de LBA. Dans le
chanp d'action de la PPV 'convenir1 (dialogues (2) et (3)), la substitution
de TP à LBA n'est pas possible. Cela tient à deux facteurs - il y en a cer-
tainement d'autres - : Apparemment TP ne peut pas atteindre ce degré de ca-
ractère positif dans une relation intersubjective. Son potentiel d'encourage-
ment et de consolation, c'est-à-dire sa capacité de donner de l'assurance,
semble plus limité que celui de LBA. Et puis surtout TP fait entrer en jeu
l'aspect de vérité. LBA n'est pas dirigée contre la vérité des paroles de
l'interlocuteur. La question de la vérité reste en marge. C'est ce facteur
qui ne permet pas à la mère d'employer TP pour consoler son enfant qui a
perdu la pièce de monnaie.
167
A d'autres (AD)
Le degré de synonymie de EA est sans doute le plus fort parmi toutes les ex-
pressions de la grille. Cependant il n'est pas total, ce qui par ailleurs ne
se trouve jamais. La substitution devient problématique dans la sphère de la
PPV 'convenir'. Cela tient à 1'accentuation de la facticité d'un fait par EA.
C'est cette propriété qui rend difficile à rassurer et â consoler. Pour qu'il
y ait encouragement (dialogues (2) 'Le tailleur'), un effort prosodique et
mimique considérable est nécessaire. Toujours est-il que l'aspect de la recon-
naissance de la facticité d'une donnée confère â EA une affinité entre elle,
l'indifférence et un certain fatalisme.
QI fait bien ressortir les différentes notions d'importance évoquées par l'une
et l'autre expression. QI inplique une notion d'importance plus vaste et plus
168
absolue que LBA. Cela a pour conséquence que celui qui décide de 11employer est
plus radical dans sa prétention â la dénégation d'importance et se voit aussi
beaucoup plus facilement en contradiction avec ce qui est considéré catite 'ob-
jectivaient1 important (la pièce de monnaie pour un enfant, dialogue (3), les
10.000 francs pour un prêteur, dialogues (1a/b)) que celui qui utilise LBA.
Ce dernier vise toujours une notion d'importance trop subjective, localisée
dans le DIRE justement, alors que QI vise une notion qui est installée dans
le DIT.
dans les cas oû il s'agit de faire pression sur l'interlocuteur (surtout (10),
(11), (12)) ce qui nécessite la présence d'une FORCE ARGUMENTATIVE suffisaiment
développée. Le manque d'une FA offensive de FD se laisse plias facilement carpen-
ser dans les emplois interrelationnellement positifs de LBA ((1a/b), (2), (3))
sans que pour autant cette compensation puisse atteindre la qualité d'encourage-
ment.
FD nous révèle aussi des différences d'appréciation de ce que c'est qu'un drame.
Nous avons l'impression que la notion de 'drame' inhérente à LBA est plus sé-
lective , plus modérée et atténuée que celle de FD.
Y a pas de problème
BJ, tout ccnme JEU, ne correspond qu'à une petite aire sémantique de LBA. Pour
qu'il y ait un emploi adéquat de BJ, il faut que des intérêts du locuteur
soient en jeu. Cet aspect fait de BJ le synonyme idéal dans le cas du refus
d'une demande associée à une compensation (dialogue 13a). L'éventualité d'une
substitution se présente dans le dcmaine des PPV 'affirmer' et 'prétendre'.
Je n'entends pas, du moins, essuyer les affronts que vous infligent les
gens de cour. Tu as vu les manières du cardinal dans les salons, et
comment notre tante lui dut céder le pas. Moi, j'enrageais.
3. Auto-interrogation +LBA
- Je suis entouré de haine, d'une haine qui depuis trente-cinq ans n'a
pas désarmé. Au nord j'ai la haine de Venise, au ponant la haine de
Sforce, au sud la haine d'Alphonse et d'Urbin, ici la haine du pape.
Je me suis emparé pour mon compte, par violence ou par finesse ?
La belle affaire, puisqu'on m'a tout repris.
(Texte n° 46, Montherlant, 1946)
Il faudrait préciser que cette auto-interrogation n'est pas tout à fait authen-
tique parce qu'elle contient aussi des éléments d'un rapport d'affirmation.
5. EIS + LBA
Et alors ? et et après ? sont certainement les EIS qu'an rencontre le plus fré-
quemment avant LBA. En principe, toutes les expressions synonymes (cf. tableau
p. 161) de LBA peuvent aussi figurer carme pré-cotextes. Le danger que cela
puisse faire double enploi ne nous semble pas très grand. Normans dcnc quel-
ques EIS qui, selon la variante de sens de LBA, vont plus ou moins bien en-
semble avec celles-ci: Ah ! /Oh ! / Ah, vraiment ! / Voyez-vous <¡a ! /
Voyez un peu ! / Tu parles ! / Tu penses (bien) ! / Pff ! / Bof ! / Après
tout ! / S'il n'y a que ça ! / C'est tout ! / etc.
Le tableau suivant présente encore une fois les différents types de pré-
ootextes de LBA :
172
LBA
RAPPORT
2. LBA
D'AFFIRMATION
AUTO-
LBA
INTERROGATION
AUTO-
REPONSE LBA
INTERROGATION
5. FORMULE LBA
2. LBA + EIS
Β : ...et je trouve que la beige ivoire est plus jolie que la jaune
paille ...
A : La belle affaire ! ça nous fait une belle jambe...
et vos amies ?
oh ! Elles m'ont assez souvent plaquée. C'est bien mon tour.
- mais du côté que vous me proposez, il n'y a pas de train après
neuf heures !
hé bien, la belle affaire ! neuf heures c'est parfait. Et puis...
(Texte n° 30, Proust, 1922)
En général, LBA est énoncé catire élément phrastique qui garde toute seti auto-
nomie syntaxique. Il y a tout de mâne la possibilité de joindre LBA à la suite
de l'énoncé. Les éléments charnières qui effectuent ce travail se divisent en
deux groupes fondamentaux. L'un est de caractère subordonnant et l'autre de
caractère coordonnant.
95
Après l'examen des textes de l'INLF et des nôtres, nous avons dégagé les
possibilités suivantes:
1. LBA + QUE
2. LBA + POUR
(7) Le zizi
3. LBA + DE
4. LBA + SI
5. LBA + PUISQUE
6. LBA + ET enphatique
- Eh quoi ! Sitôt dit, sitôt fait ? Ton dégoût ! En vérité ! Ton dégoût !
La belle affaire ! Sache qu'il n'est qu'un dégoût, un seul...
(Texte n° 23, Milosz, 1910)
Sache que et non, ce n'est pas cela sont, dans un certain sens, révélateurs
d'un aspect du sémantisme de LBA. C'est cette affinité sémantique qui explique
la proximité syntaxique des éléments et de la formule caimunicative. Celui qui
dit LBA est sûr de son savoir, bien conforté et abrité par les expériences de
son contexte social. Ce sentiment du supériorité, élément indissociable de LBA,
se traduit encore une fois, et plus explicitement, dans sache que et non, ce
n'est pas cela.
176
Indiquons d'abord, que le non, ce n'est pas cela dont il était question aupa-
ravant peut être de nouveau pris en considération. Avec le pis qui ... a 'était
et aussi, il a en ccrnnun la mise en relief de l'aspect de la notion d'impor-
tance, élément constitutif de LBA. Le non, ae n'est pas cela nie cette impor-
tance, le pis qui ... a'êtait la relativise, et aussi fait de mâne. Le aussi,
en tant que particule généralisatrice, enlève â 1'importance ses ingrédients
individuels injustifiés et la replace dans son contexte plus objectif de l'ex-
périence générale. (Pour une vue d'ensemble des charnières, cf. tableau ci-
aprês):
CHARNIERES SYNTAXIQUES APRES LA BELLE AFFAIRE
QUE
POUR
DE
SI
PUISQUE
ET
SACHE QUE
(TU SAIS)
NON CE N'EST
PAS CELA...
LE PIS QUI/QUE
AUSSI
178
On peut dire que c'est là la réaction classique de quelqu'un qui se trouve con-
fronté à la définition ou description d'une EIS. Elle confirme une lapalissade:
ce qui est le plus banal, est le plus difficile â définir.
Une optique purement diachronique révêle que LBA eut une conjoncture favorable
96
dans des textes littéraires entre les années 1905 et 1944.
•Η O σι co r- in η (Ν Γ>4 η m ID 00 σι ο *—ι
r-i i-Η
σι
τ
σι
ο
en
•a·
co
οο
νΌ
co
••i
o
co
S
CQ
>-5
Β
•fl-
eo
τ
181
Nous voyons que les années suivant la 2àne Guerre Mondiale connaissent une fré-
quence au-dessus de la moyenne. La question essentielle est de savoir dans
quelle mesure ces résultats reflètent l'emploi de la formule dans la langue par-
lée. Nous risquons l'hypothèse selon laquelle on peut supposer une corrélation
entre les deux domaines. Il semble que la formule subit un déclin pour le moins
97
dans le français parlé quotidien, depuis la fin des années soixante.
Cette thèse se voit confirmée par une observation très nette. Il est évident que
cette formule est difficilement imaginable dans la bouche d'un enfant, ce qui
provient de son sémantisme lui-mène. Mais de plus, on s'aperçoit que des jeunes
et des adolescents ne 1 'emploient pas. Ils ont mêtne des difficultés pour l'ex-
pliquer correctement. Nous osons une hypothèse: Le terme affaire de la formule
a peu de chances de ne pas succomber â l'influence du mot affaire au sens de
'business'. L'omniprésence des affaires jusque dans les derniers retranchements
de la vie de tout un chacun ne souffre pas de voir dans affaire quelque chose
qui soit sans importance. Un fait qui ne peut pas être propice â l'existence de
la formule.
97 Ceci ne semble pas valable dans la même mesure pour le français écrit et
plus particulièrement pour le français journalistique. Nous référons aux
textes n e 52 - n° 57 dans l'annexe qui sont tous tirés DU MONDE.
182
La supériorité intellectuelle doit être vue en rapport avec la qualité argumen-
tative de LBA. Celili qui l'emploie ne met pas son interlocuteur sur le mâne
pied d'égalité, argumentativement parlant. Il lui attribue un manque de dis-
cernement.
L'état d'âme de l'utilisateur de LBA peut être caractérisé ccmme étant un mé-
lange d'insouciance et de sérieux, l'un ou l'autre plus ou moins daninant selon
les variantes de sens. L'esprit d'insouciance est la conséquence du fait que le
locuteur refuse de trop entrer dans des réflexions et des considérations appro-
fondies sur le problême de son interlocuteur. L'élément de sérieux résulte de
la conviction du locuteur d'être appuyé par un consensus plus ou moins général
sur le problème en question. De ce fait, il n'estime pas nécessaire de s'étendre
sur le problàne. Cette imbrication de motifs individuels et sociaux réapparaît
dans le terme de spontanéité conventionnalisêe qui caractérise, â notre avis, le
mieux le comportement de l'utilisateur de LBA. Cette 'spontanéité à caractère
conventionnel' est, à n'en pas douter, typique de l'emploi des EIS en général.
Spontanéité, vue sous cet angle, équivaudrait à la mise en action, dans un mini-
mum de temps, de ce qui est mémorisé dans l'ordinateur linguistico-cxxnportemen-
> 98
tal du membre d'une collectivité linguistique.
Pour clore ce chapitre, encore une observation qui n'est pas exempte d'une cer-
taine bizarrerie. Dans deux dialogues de cette étude, on rencontre LBA dans un
qq
entourage popula;re ou argotique. Dans les deux cas, l'emploi de la formule
ne choque pas. L'opinion qu'elle est mène d'actualité dans un tel contexte est
peut-être un peu extrâne. Elle peut être motivée par un enploi spécial d'un 100
langage peu ou prou argotique dans un milieu universitaire et intellectuel.
98 Nous ne cachons pas cette vue, éventuellement par trop mécaniste, aux yeux
d'un spontaneiste. De toute façon, nous voyons en elle le moyen le plus ef-
ficace en vue d'une mise en valeur didactique.
Jusqu'à présent, il a été question d'un emploi 'face-à-face' de LBA. Cela était
dû uniquement à des raisons méthodiques mais sans vouloir absolument créer l'im-
pression que c'était le seul emploi de LBA. Cn est mêfrie tenté de dire qu'il y a
prédaninanœ d'un autre emploi. Dans beaucoup de passages de textes analysés,
LBA est utilisé en soliloque, la personne se dit LBA à elle-mâne sous fanne ré-
fléchie. Elle gante en quelque sorte tous les arguments qui la gênent.
A revient très affectée, parce qu'elle s'est mise dans une situation ri-
dicule, elle arrive à la maison et se dit: pff, après tout, la belle
affaire !
Sans vouloir trop nous avancer dans des spéculations hasardeuses, nous pouvons
parler d'une certaine affinité entre l'expression et la réflexion silencieuse
de l'individu. Peut-être est-il possible que l'individu veuille se remettre en
conformité avec le substratum normatif de son contexte social?
"Je suis entouré de haine, d'une haine qui depuis trente-cinq ans n'a pas
désarmé. Au nord j'ai la haine de Venise, au ponant la haine de Sforce,
au sud la haine d'Alphonse et d 1 Urbin, ici la haine du pape. Je me suis
emparé pour mon compte, par violence ou par finesse? La belle affaire,
puisqu'on m'a tout repris. J'ai eu six villes, je n'ai plus que
Rimini ..."
Peut-être
Mais qu'importe ? La trahison pour elle n'était pas tant dans l'acte, que
dans la volonté. Elle_eût pardonné plus aisément à celui qu'elle aimait
d'avoir une maîtresse, que d'avoir en secret donné son coeur à un autre.
Et elle avait raison.
- La belle affaire ! diront certains ... - (les pauvres êtres qui ne
souffrent d'une trahison d'amour, que si elle est consommée ! ... quand
le coeur rest fidèle, les vilenies du corps sont peu de choses. Quand le
coeur a trahi, le reste n'est plus rien) ...
(Texte n° 22, Rolland, 1910)
C'est cet outil du rapport d'affirmation qui est à l'origine de l'emploi très
flexible dans des situations d'ênonciations. C'est ainsi que LBA est délivrée
des contraintes spatio-temporelles du hic et nunc de 1'ênonciation en tant
qu'événement historique unique. A reprend ce que Β vient d'affirmer ou ce qu'il
lui impute de vouloir affirmer. Il y a ainsi implication d'une tierce personne
dont A ou Β lui-même se fait le défenseur ou l'accusateur. Et c'est contre ces
rôles qu'est dirigé LBA:
Le censeur
Elle n'est pas sourde, et le ton libre de plusieurs de vos chansons peut
augmenter la corruption dont vous faites la satire.
Collé.
Quoi ! Comme l'a dit le bon La Fontaine, les mères, les maris, me prend-
ront aux cheveux pour dix ou douze contes bleus ! Voyez un peu la belle
affaire ! Ce que je n'ai pas fait mon livre irait le faire !...
(Texte n° 4, Béranger, 1829)
186
La belle affaire, c'est vraiment la bonne occasion. Les mots sont juxta-
posés et gardent leur valeur originelle. On retrouve le mot affaire au
sens de '"marché ou transaction commerciale'" (Lexis). Lexis donne comme
exemple II a fait de belles (bonnes) affaires (cf. Lexis 2. affaire
2). Il paraît que la mise entre parenthèse de bonnes comme alternative
de belles ne traduit pas forcément un degré de fréquence d'emploi dif-
férent. Apparemment, on parle plutôt de une bonne affaire que de une
belle affaire, p.ex. pour dire j'ai fait une bonne affaire. En tout cas,
on peut constater que, la belle affaire, au sens 'littéral', ne se dit
plus. On dit plutôt j'ai fait une bonne affaire.
Dans LBA, on sent encore cet aspect ironique qui est caractéristique de
cet exemple.
101 Le lecteur est prié de se reporter aux textes ainsi numérotés dans les
annexes de cette étude.
"L'essentiel est qu'il ne nous échappe pas; l'animal est futé et s'est
bien tiré de deux duels qu'il a eus â son régiment... Des duels à
l'épée ! C'est une belle affaire ! — "
Dans le dialogue suivant, il s'agit d'un exenple fourni en 1985 par une jeune
fille de 18 ans. Telle est la situation:
"Dans le bus, en revenant de classe, je rencontre une amie de roi âge,
18 ans. On fréquente le m&ne bahut":
Cet exemple est intéressant parce qu'il peut être considéré coirne ime sorte de
preuve d'un phénomène actuel. L'auteur de ce dialogue avait primitivement pour
tâche de construire un dialogue autour de l'EIS la belle affaire. Carme on peut
constater, le résultat est bien différent du but envisagé. Sans analyser plus
103
avant le fait que les jeunes Français ne semblent plus guère impressionnés
par LBA, cet exemple raté peut éventuellement'être interprété canne le signe
d'un processus de 'rêlittéralisation1 auquel se voit exposée notre EIS. Au mo-
ment où une EIS ne suscite plus son caractère pragmatico-carmunicatif, l'utili-
sateur de langue se tire d'affaire en ayant recours au sens 'littéral'.
Β : Tu as déjà dépensé ton budget de mois, alors que nous ne sommes que
le 25, tu vas nous mettre sur la paille !
En plus de son sens en tant que EIS, A fait aussi directement référence au DIT,
c'est-à-dire au fait d'être couché sur la paille qui est interprété au sens
(très) concret par A et non pas carme élément de la tournure bien connue. Sous
cet aspect LBA correspond à peu près à 'c'est une chose agréable'.
Β : Non mais, regarde-moi cette putain là, elle n'a même pas honte de
venir à cette invitation !
A : La belle affaire !
Là, on peut imaginer que A dit LBA sur un ton un peu gaillard et léger pour
faire plaisartment allusion au style de vie 'intéressante' de ladite dame.
(13a) La baby-sitter
On s'aperçoit qu'il y a bien une affaire et un came ree: 'tu fais ceci, et moi,
je te donne cela en échange'. Il est donc bien naturel que LBA évoque cette aire
sémantique du mot affaire toutes les fois qu'elle est employée dans un contexte
où il est question de choses catnerciales, pécuniaires etc.
189
A : La belle affaire !
Nous avons présenté une analyse relativement exhaustive de LBA. Ce qui nous
tenait surtout à coeur, c'était la démonstration d'une application pratique de
notre GSS. Cela nous a amenés à mettre l'accent, toutes les fois que l'occasion
s'est présentée, sur les rapports entre le concept et l'analyse concrète.
Nous ne voudrions pas négliger d'annoncer que la suite des dialogues présentés
ci-après obéit à une logique. Pour l'instant nous nous contentons de dire que
c'est la spécificité de l'acte de compréhension - composante fondamentale du
sémantisme de TDT - qui fournit le critère décisif. Il est aussi utile de
signaler une différence entre la façon dont nous avons caractérisé 1'illocutoire
calculé de LBA et les contraintes qui existent à cet égard pour la description
de TDT. Là, nous nous limitons aussi â la remarque que TDT n'est pas dans la
même mesure génératrice d'un illocutoire calculé que LBA. Nous reviendrons sur
cet aspect quand il s'agira de caractériser 1'illocutoire générique de TDT.
190
Le déficit au niveau de l'illocutoire calculé doit être compensé par une ap-
proche méthodique un peu différente. Il s'agira de concentrer toute notre at-
tention sur la spécificité de l'acte de parole qui est soumis à l'interpréta-
tion par l'interlocuteur. Concrètement, nous aurons â préciser de quelle fa-
çon les actes de compréhension, constitutifs du sêmantisme de TDT, différent
selon qu'ils ont lieu dans le champ d'action de la PPV type 'affirmer' ou
'prétendre'.
(1) Le mariage
A : Quoi ?
Β : Demain, je vais me marier 1
A : T u m'en diras tant !
Nous observons que A se voit en face d'une information dont le degré de nou-
veauté le submerge pour ainsi dire. Nous disons que dans ce cas la compré-
hension, si tant est qu'il y en ait, se réduit à un acte de simple enregistre-
ment d'un fait. A, en disant TOT, ne sait plus au fond que répondre. Des EIS
ccitme Quoi ?, Non ! c'est pas vrai !, C'est pas possible ! expriment le mieux
ce que le sujet parlant de TOT veut ccmnuniquer â son interlocuteur.
Β : Maman, je ne sais plus que faire, mon ami m'a mise devant l'alter-
native: ou bien je pars avec lui en vacances, ou bien il m'aban-
donne .
A : Tu m'en diras tant !
Ici, encore une fois, la nouvelle met A dans une situation où il ne sait plus
cannent réagir et encore moins cannent agir. Si l'on ne veut pas aller jusqu'à
dire qu'il n'y a pas de compréhension, il n'en reste pas moins qu'un tel acte
ne déclenche pas d'activité de la part de la mère qui se sent dépassée et im-
puissante. Il ne lui reste plus rien d'autre que de constater ah, vraiment,
vous en êtes là ! On peut imaginer une personne indécise, prise de scrupule,
ennuyée.
Dans cet emploi TOT s'approche d'un dites-m'en plus ! inquiet. A montre un in-
térêt compatissant à la situation de B.
Là, nous verrions bien un que voulez-vous dire ? á la place de TOT. Le ton est
plutôt agressif si l'on présume une attitude revendicatrice et inquisitrice. A
essaye d'être éclairé sur une affaire oû ses intérêts sont en cause.
Celui qui est bien informé sur ce qui se passe dans son entourage dispose auto-
matiquement d'un outil de pouvoir. Nous concluons que l'acte de compréhension,
qui se produit dans le domaine de la PPV type 'convenir' comporte de forts
éléments interrogatifs. Ils se manifestent en grande partie par des signaux
prosodiques et mimo-gestuels (des yeux êcarquillês, mouvement initial de la
tête vers l'avant etc.).
(6) Le cancéreux
(10) Le divorce
(A, une amie de B, essaie d'encourager Β qui veut divorcer d'avec son
mari):
A : Viviane, tu te résignes trop vite, moi, à ta place, je parlerais
encore une fois avec mon mari pour lui expliquer en toute tran-
quillité mon point de vue, je suis sGre qu'il y a encore une
chance.
Β : C'est bien gentil, Christine, mais c'est inutile. Tu sais ce qu'il
a fait hier ! Il m'a fait une scène terrible et il a même essayé
de me gifler !
A : Tu m'en diras tant !
Dans (10), nous avons seulement un peu modifié les données de la situation pré-
cédente. A essaye de pousser Β â agir dans un sens bénéfique â Β selon l'opi-
nion de A. A se croit autorisée â une telle démarche parce qu'elle suppose des
conditions favorables â l'exécution de sa volonté. Mais Β éclaire A sur l'état
de fait réel des choses. A indique cet éclaircissement ('dans ce cas, effective-
ment !') par 11énonciation de TOT. Il est assez probable que A ne poursuivra
plus ses essais d'agir sur B.
(11) Le chctneur
(12) Le peintre
A : Qui a peint ce tableau ?
B : C'est moi qui ai fait ça !
A : Tu m'en diras tant !
Nous présentons les dialogues (11) et (12) pour éviter qu'il se crée une fausse
impression. Si dans les dialogues précédents nous avons toujours présenté un
sujet parlant A, qui d'une façon ou d'une autre s'était engagé vis-à-vis de B,
cela ne signifie pas qu'il s'agit là d'un élément obligatoire. TDT du donaine
de la PPV type 'affirmer' est avant tout une expression du discernement ex-
195
clamatif et rien de plus. Les dialogues (11) et (12) sait destinés à mettre
clairement en relief cet aspect. Le mari comprend subitement pourquoi la pro-
priétaire lui faisait grise mine: elle a pensé â son loyer et elle a peur qu'il
ne puisse plus payer le loyer. Dans (12), il y a A qui, dans une exclamation
admirative, se rend canpte de l'auteur de l'oeuvre d'art.
Faisons un deuxiàne résumé. Nous découvrais un point essentiel sur lequel dif-
fèrent tous les ertplois de TDT du champ d'action de la PFV type 'affirmer' de
ceux du champ d'action de la PPV type 'convenir'. Le besoin informationnel
connaît une saturation quasi-totale. Cela se reflète dans l'acte de canpréhen-
sion qui ne contient plus d'éléments interrogatifs carme dans les cinq premiers
dialogues mais qui reçoit un achèvement ccmplet.
Β : J'ai appris que tu n'as pas reçu le poste dans notre maison ?
A : C'est ça, pas de chance.
Β : Mais tu aurais pu me dire un mot, j'aurais pu intercéder en ta
faveur !
A : Tu m'en diras tant !
Nous présentons les dialogues (13) et (14) ensemble parce que les actes de com-
prehension exprimés respectivement se ressemblent sur un point décisif. Ils ne
se créent pas à partir d'une information de qualité absolument neuve carme
c'était le cas dans tous les autres dialogues précédents. Nous les voyons
plutôt prendre appui sur une sorte de 'canevas cognitif' déjà présent dans le
sujet parlant. Des paraphrases carme oe ne peut être que ça ! pour TDT de (13)
et ma foi, oui ! pour TDT de (14) rendent bien cet aspect. Dans le dernier cas,
l'énonciation de TDT s'apparente â un aveu tardif de la reconnaissance d'une
erreur.
196
Dans ce dialogue, nous voyons une personne A gui, elle aussi, est déjà préparée
à l'information. A a été auparavant en possession de l'information nécessaire
qui, depuis, est tentée dans l'oubli. Dans un acte de remémoration, A rentre
de nouveau en possession de cette information.
3.2.2.1 la signification
"Tu m'en diras (vous m'en direz) tant ! exprime que l'on vient de saisir,
de comprendre ce qui était obscur grâce aux paroles de l'interlocuteur ..."
Cette définition, malgré ses insuffisances, nous fournit deux termes qui
s'avéreront fructueux pour notre entreprise: 1''obscurité' et la 'compréhension':
Nous avons vu que le terme d'obscurité ne s'applique pas à tous les emplois
de TDT. Soit que les conditions précédant 1'ênonciation sont telles qu'il n'y a
pas de vraie nécessité qu'une quelconque obscurité se forme (cf. dialogue (1)
lie mariage), soit que A ne se croyait pas du tout dans l'obscurité étant donné
qu'il avait arrêté un jugement net sur le comportement d'une personne (cf. dia-
logue (6) Le cancéreux) et qu'il ne s'aperçoit qu'après coup de son erreur.
Nous ne voulons pas anticiper sur ce qui se passe au niveau III. C'est pourquoi
nous nous bornons à signaler que la notion d'argumentation inhérente â TOT
n'est pas comparable à celle de LBA.
TOT est dotée d'un illocutoire générique 'représentatif', ce qui implique (cf.
p. 70 sq.) :
(iv) que son usager est considéré carme s'étant déjà acquitté de 11obliga-
tion de prouver la vérité de l'affirmation véhiculée par le PIQ,
(viii) que son caractère exclamatif n'est que 11expression de la version sub-
jective de l'illocutoire générique 'représentatif'.
(iii) et (vii) méritent une attention particulière. Il va de soi que (iii) con-
ditionne (vii). Pour nous il s'agit par conséquent de donner corps â cet objet
d'interprétation. C'est ce que nous ferons dans le chapitre suivant.
En ce qui concerne le rôle des PPV, nous nous saines rendus canpte qu'il y
en a toujours un. ^ Il n'y a aucune difficulté â sonder des activités con-
firmatives interrogative, affirmative et impérative conformaient à l'existence
des trois modes présuppositionnels connus (cf. p. 92 ). Leur action module la
force confirmative de TOT. De façon générale, cette force est faible dans le
champ d'action de la PPV type 'convenir' et elle est élevée dans le champ d'ac-
tion de la PPV type 'prétendre'. Dans le premier, elle risque d'être mise en
question par des éléments interrogatifs, dans le dernier, elle n'est pas exempte
du danger de 's'emballer'.
105 En réalité, il n'y a pas d'énoncé sans éléments intentionnels. Même dans
l'acte expressif on peut facilement postuler que "A voudrait que Β soit
informé sur l'opinion de A" ou que "A voudrait que Β croit que A croit
que p" (cf. Ballmer 1979:250). Le simple rappel de l'évidence est une
chimère, "il n'y a pas d'énoncé réduit â l'épure d'une information du
réel, ... tout énoncé est investi, animé, orienté par un certain 'comment'
qui en fait le moment d'une intervention active"(Caussat 1985:52).
202
(i) Je conviens qu'il y a peu de PIQ et que, de ce fait, j'accepte princip-
iellement la justesse de votre nouvelle et de façon générale, votre per-
sonne, ^ mais ce ne serait pas mal d'avoir encore un peu plus d'in-
formations pour saturer roi besoin informationnel.
(ii) J'affirme qu'il n'y a pas de PIQ et que, de ce fait, j'accepte la jus-
tesse de votre nouvelle et votre personne. Mon besoin informationnel
est satisfait.
g
H
μι υ
μι »
0.
Μ
g
Β
O
«ω
Ζ α.
204
Tout d'abord,nous tenons à rectifier une idée inexacte d'un certain type de
paraphrases de TDT. Petit Robert écrit sous l'entrée tant·. "Je ne suis plus
étonné après ce que vous m'avez dit". Cette paraphrase suppose une phase d'éton-
nement précédant l'énonciation de TDT. Une telle thèse devient compréhensible
quand on donne une importance particulière à l'aspect de l'obscurité, consi-
dérée carne étant à l'origine d'un étonnement, c'est-à-dire d'une compréhension
déficitaire permanente. Or, nous avons vu que le locuteur de TDT n'est pas
forcément conscient du déficit de son savoir. Dans le dialogue (1) Le mariage,
il ne lui reste pas le temps de vivre une phase d'obscurité étant donné la sou-
daineté â laquelle il se voit confronté dans une nouvelle situation. Dans le
dialogue (6) Le cancéreux, il ne se croyait pas du tout obscurci, il avait une
opinion très nette sur la personne en question.
Nous argumentons par cette observation que le fait d'avoir conscience d'une
compréhension déficitaire n'est pas une condition obligatoire pour l'énoncia-
tion de TDT.
107 Le caractère hypothétique s'explique par le fait que les interviews n'ont
pas donné de résultats unanimes à cette question.
205
sur l'axe du quantitatif. Elle peut mète être de nature â provoquer une sorte
d'allergie informationnelle coirne nous l'avons vu dans le dialogue (2) L'ap-
pareil photo.
Dans les deux cas, (6) et (7), nous observons une diminution considérable
de la résistance â la compréhension par rapport au tronçon gauche. Les nou-
velles perspectives se dessinent clairement et la nouvelle attitude s'installe,
bien délimitée et sans problèmes. Le besoin de compréhension est saturé et
la clarification absolue.
Voici quelques expressions qui, selon les cas, peuvent servir de para-
phrases dans le domaine de la PPV type 'prétendre': ah ben oui !, bien sûr .',
évidemment !, vous avez raison !, ma foi oui !, ouf, enfin !, oe η 'est pas
trop tôt ! etc.
Le tableau suivant réunit encore une fois toutes les préattitudes, que
l'interlocuteur est tenu d'interpréter. Les différents schémas illustrent par
ailleurs très bien ce que nous entendons par 'mondes possibles' semi-convention-
nels dans le cadre des EIS (cf. p. 85 sq.). Nous voulons dire que chaque schéma
fait office d'un monde possible et se trouve dans un rapport de contrefactua-
lité avec tous les autres (cf. aussi chap. 3.2.4).
(U
m
Ό
fi
Φ
•μ
•αϊ
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<υ
S
•υ O Ti
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h
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Λ
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Η
a
ι
Ι
§§ η
Μ
φ Η
Ο
ΟΙ
δ
a> U
Μ
Λ CM
to
S
M
Λ
208
209
Nous partons de l'hypothèse que celui qui dit TOT accepte la nouvelle qu'ap-
porte son interlocuteur. °
- l'évidence
- 1''extériorité' de la nouvelle par rapport au savoir de A.
108 Leclère (1985:122) exprime la même idée en disant que dans cette ex-
pression "le locuteur présente 1'allocutaire comme le seul garant de
son énoncé". De toute façon, nous entendons cette caractérisation de
façon positive. Le fait que L e d e r e parle de la version ironique de
TDT n'y change rien. L'idée de garant se trouve, selon nous, mutatis
mutandis, dans l'emploi non ironique et dans l'emploi ironique.
210
"Je t'informe (!) que moi aussi je comprends telle chose de la même
façon que toi !" (cf. Ballmer 1979:250).
Cette valeur confirmative est certainement présente sur tous les tronçons,
mais elle est sans doute le mieux perceptible sur le tronçon droit, ce qui
s'explique par la quasi-identité des niveaux d'information de A et de Β.
(19) Variante
A : Hélène ...
Β : Oh, tu sais, il faut que ... mais dans le quartier, il y a un
marchand qui prête des tables pour de telles occasions justement.
A : Tu m'en diras tant 1
L'emploi de TOT dans (18) n'est guère approprié. A est peu convaincante pour
autant qu'elle veut se présenter ccrrme n'ayant pas pensé à sa table au grenier.
Si l'énonciation de TOT veut déployer tout son effet de saisir une évidence,
la nouvelle doit être au-dessus de tout soupçon d'une éventuelle connaissance
211
par A. Il doit s'agir d'une nouvelle dont A - selon le bon sens de son inter-
locuteur - ne peut pas avoir été conscient. Cette nouvelle doit s'entendre
carme étant indépendante de la volonté de A, c'est-à-dire, A n'avait pas de
possibilité d'assumer une quelconque responsabilité. Il est incontestable qu'il
y a une incompatibilité très nette entre l'intention de se présenter caime le
bénéficiaire d'une évidence et le fait d'en être le seul auteur possible. Une
telle stratégie ne fonctionne qu'au détriment de la crédibilité de A qui risque
em plus de friser le ridicule.
L'emploi de TDT dans ce contexte paraît peu probable si l'on avance les ob-
jections suivantes. Β donne une information tout à fait neutre. A demande, Β
renseigne, il n'y a en conséquence aucune charge affective.
(21) Le glacier
On peut donc retenir que l'emploi de TOT est plus approprié quand il y a un lien
affectif entre le réfèrent et la nouvelle de A. Du fait qu'un tel lien est plus
fréquent entre deux êtres humains qu'entre un être humain et un da jet inerte,
on peut conclure à un emploi préférentiel d'un être humain ccitme réfèrent de
TOT.
Il est bien possible que, pour des raisons d'appartenance â tel ou tel milieu
social, 1'emploi de TDT soit tenu pour inadéquat. On peut avancer le côté
choquant de l'information canne s'opposant â un emploi de TDT. De toute façon,
de telles considérations à forte implication sociale peuvent mettre A dans une
attitude affectivement opposée à une disposition de réceptivité.
109 II ne faut jamais perdre de vue les nuancements nécessaires selon les
trois subdivisions.
110 La mère ne le savait vraiment pas. Nous disons cela pour être sQr d'une
éventuelle objection du genre 'l'extériorité de la nouvelle n'est pas
respectée'.
213
Nous verrons plus loin que dans l'emploi phatique de TDT, cette qualité
affective fondamentale est devenue autonome et absolue.
Sans aller jusqu'à dire que A éprouve une gratitude pour avoir été in-
formée, il y a quand mane une nuance sémantique qui vise dans ce sens: 'avec
toi, on en apprend des choses !'. A reconnaît la supériorité affirmative de
B. Il est significatif que dans le dialogue (1) Le mariage, un éventuel syno-
nyme de TDT»pas possible /'se distingue dans un point décisif de notre ex-
pression. Pas possible ! permet tant l'interprétation Ά ne croit pas B ! que
11 interprétation Ά croit B'. Dans TDT, au contraire, il y a une tendance
nette vers la croyance.
Il est bien compréhensible que dans ce cas TDT véhicule aussi le désir de
combler le plus vite possible ce trou dans le savoir ccrtmun pour rétablir
l'équilibre informationnel entre A et B. ^
TOT peut sous-entendre ici 'le pauvre, je suis aussi de ton avis qu'il soit
112
regrettable que notre voisin n'ait pu dcminer ses pulsions'.
Il reste encore un aspect dont nous voudrions parler dans ce chapitre parce
qu'il relève du donaine du rapport affectif entre les interlocuteurs. Il s'agit
de la forme du futur du verte dire dans l'expression. Nous scrmes obligés
d'avouer un certain embarras que nous éprouvons devant ce phénomène granmatical.
Il est intéressant de mentionner que les renseignements des interviewés ne nous
ont pas éclairés là-dessus. L'impossibilité de trouver une explication valable
dominait de façon générale. C'est la raison pour laquelle nous scrmes réduits à
des hypothèses plus ou itoins fragiles.
112 II va de soi que cette variante du dialogue (17) demande aussi une modi-
fication des interventions de A et de Β dans la version originale.
216
TEMPS)
o
υ
3DNVSSI\flIN03
217
(24) Le rabibochage
Nous avons tout lieu de penser qu'il s'agit ici d'un enploi de TDT que nous
avons du mal â placer dans le detraine des trois modes présuppositionnels. Il
réunit des propriétés qui lui valent bien l'appellation 'phatique':
Il est bien normal que TOT phatique trouve le contexte le plus favorable
dans le train-train quotidien. C'est là où le nivellement de la valeur infor-
mationnelle des événements est le plus fort. S'il est vrai que TDT se rapproche
ici d'un aft oui !, vraiment ! etc ..., il faut pourtant signaler une différence
d'enploi entre ces dernières et TDT phatique. Au contraire de celles-ci, TDT
phatique ne permet guère un emploi répétitif ou même inflationniste. Cela peut
être dû au fait que le 'noyau rationnel' (l'acte de compréhension) subsiste,
si faible soit-il.
Il est certain que 1'emploi phatique de TDT pousse â l'extrâne les propri-
étés sémantiques des expressions TDT faisant partie du domaine de la PPV type
'prétendre'. Dans celui-ci s'annonce déjà la disparition du locuteur derrière
les faits qui parlent d'eux-mêmes. On assiste à un phénomène très intéressant
qui est, en principe, de nature diachronique, mais qui se reflète synchronique-
ment dans la structure sémantique de TDT. On se rappelle que nous avons affec-
té le domaine de la PPV type 'prétendre' d'une valeur de vérité entre > 0 . 5 et
<1 (cf. p. 89 ). Nous voyons un rapport entre l'annonce de la disparition du
locuteur dans ce domaine et la préfiguration du passage de ce domaine â celui
de la PPV type 'affirmer'. Sous cet aspect une sursaturation assertive est á
l'origine du 'passage' de la fraction décimale périodique indéfinie 0.5 à la
218
De façon générale, on peut dire que le sémantisme de TOT ironique est moins
complexe que celui de son pendant non-ironique. Nous verrons que cela s'ex-
plique surtout par l'existence d'une préattitude moins variable.
De notre point de vue, il n'y a que deux types d'emploi qui se distinguent
nettement dans la mesure où l'un occupe le domaine de la PPV type 'convenir'
et l'autre celui de la PPV type 'prétendre'. Par conséquent, nous scmmes d'avis
que la PPV type 'affirmer' est sans fonction. Nous en reparlerons.
Il n'y a pas de doute que A fait semblant de s'étonner des côtés nouveaux qu'il
découvre dans le comportement de sa soeur. Mais nous disons qu'il est spéci-
fique de cet emploi de TOT iron, que la feinte d'étonnement et de surprise
n'est pas totale. D'une part, il est certain que le frère n'a pas de difficultés
219
(26) Le ronfleur
(Deux copines dont Β qui vient de s'installer avec son nouvel amant
Roger)
A : T'as une petite mine ! Qu'est-ce qui se passe ?
B : Je suis crevée ! Je dors plus de la nuit, Roger me tue !
A : Tu m'en diras tant ! Allez, te plains pas, c'est une saine
fatigue, ça.
Β : C'est pas du tout ce que tu crois.
A : C'est quoi ?
Β : Il ronfle à un point ... Je n'ai jamais vu de pareil ...
(Claude Sarraute, le Monde, 30.05.86)
Nous plaçons cet emploi dans le domaine de la PPV type 'prétendre' parce que
nous posons des données bien différentes du dialogue (25):
A et Β se connaissent très bien, A a une opinion bien arrêtée sur la vie
amoureuse agitée de Β et A sait très bien que le nouvel amant s'ajoute â une
liste déjà assez longue d'amants 'largués' par B. Canséquenment, A représente
de façon idéale l'initié et le vieux singe â qui cai n'apprend pas à faire la
grimace ou bien celui à qui on ne fait pas prendre les vessies pour des lan-
ternes. A est absolument sûre de son opinion sur Β et dans chaque nouvelle de
ce genre qu'on lui apporte sur B, elle se voit confirmée dans son point de
vue. Cette fois-ci, la feinte d'étonnement est totale, en fait, la nouvelle ne
provoque aucun étonnement. Voici quelques paraphrases bien adéquates:
à d'autres !, ne me raconte pas d'histoires !, ça ne m'étonne pas !.
220
Cet emploi de TDT se situe aussi dans le domaine de la PPV type 'prétendre'.
Nous avons seulement modifié un élément performanciel. C'est un sentiment de
lassitude informationnelle qui s'installe, A n'est plus disposé à supporter
les conséquences de son trop plein de savoir sur B. Des paraphrases carre
•parle/cause toujours , c'est pas la peine de continuer .', fiche-moi la p
je sais ce que j'ai à faire ! pourraient bien prendre la place de TDT. Mais
cette lassitude ne doit pas forcément prendre une note peu aimable et mordante
came le montre le dialogue suivant:
Nous ajoutons encore ce dialogue pour montrer que B ne doit pas forcément être
la personne impliquée. Cette fois-ci, c'est une tierce personne absente qui
est le destinata i re du caimentaire de A. A ne connaît que trop le style de
vie de cette jeune feume et cette nouvelle ne fait que confirmer son opinion
négative. Ce n'est pas surprenant /, ça ne m'étonne pas !, il fallait bien s'y
attendre !, parlez-*moi-z-en de..., elle l'a bien cherché ! sont des paraphrase
possibles dont chacune exprime un aspect sémantique actual i sable par TDT.
221
(30) Le bouchon
A ne dit pas ae η 'est pas vrai !. Par conséquent des paraphrases carme ne me
raconte pas d'histoires ! ou a d'autres !, bien qu'acceptables, ne sont pas
tout à fait exactes à cause de la contestation de la vérité qui leur est in-
trinsèque. TOT, par contre, se comporte de façon neutre vis-à-vis de la
question de vérité. Elle peut (indirectement) être visée came elle peut ne
pas l'être. Puisque c'est ainsi, TOT du dialogue (30) peut être interpréter
de deux façons sous l'aspect de vérité:
(i) 'cela ne m'étonne plus que tu sois en retard à cause des raisons nom-
mées parce que je sais que ce sont toujours les mêmes raisons qui oc-
casionnent toi retard.'
(ii) 'cela ne m'étonne plus que tu essaies de me faire croire que ce sont les
raisons ncrrrnêes qui exit occasionné ton retard parce que je sais que
chaque fois que tu avances ces relisons, il y en a d'autres qui étaient
en réalité responsables de ton retard.'
223
Pour attribuer une PFV type 'affirmer' à TOT, nous nous trouvons devant des dif-
ficultés dont nous ne sennes pas certains d'avoir trouvé l'explication adéquate.
D'abord nous ne voyais pas exactement de quelle façon un emploi de TOT opérant
dans le demaine d'action de cette PPV pourrait être interprété au niveau IV.
Nous hésitons â admettre une interprétation qui assigne de l'indifférence â
TOT ccrme c'était le cas pour LBA. Pourquoi ? Eh bien, parce qu'il serait il-
logique qu'une quantité plus petite de confirmation donne lieu â une interpré-
tation d'indifférence alors qu'une quantité supérieure de confirmation provoque
un rejet catégorique de l'intention de l'interlocuteur. A notre avis, l'indif-
férence suppose un plus de quantité de confirmation qu'un rejet catégorique.
Celui qui rejette a toujours l'espoir d'obtenit un résultat en sa faveur alors
que celili qui est indifférent a déjà dépassé ce stade.
Dans le cas de LBA, il est logique que l'indifférence dérive d'une plus pe-
tite quantité d'illégitimité que l'attaque intersubjective du demaine de la PPV
type 'prétendre', laquelle n'est déclenchée qu'au moment oiî l'illégitimité at-
teint un degré intolérable.
113 II est nécessaire de substituer peu à un peu parce que le verbe convenir
demande d'adopter l'optique de l'interlocuteur (ou, mieux, l'optique que
le locuteur attribue à l'interlocuteur). Peu et un peu reflètent les ori-
entations quantitatives opposées du fait que le premier est orienté vers
'beaucoup' et le deuxième vers 'rien'.
224
importants:
(vi) l'opposition normative sous forme de deux topoi dont l'un n'est pas
individuellement pris en charge (celui de TOT non-ironique), alors
que l'autre est assumé et appliqué par un locuteur (niveaux II et III),
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226
Encore deux mots sur le tableau précédent. Nous vourdrions attirer l'atten-
tion surtout sur les cases vides de la composante non-ironique aux niveaux III
et IV. L'évocation de la 'voix' non-ironique, pous nous servir un peu de la ter-
minologie polyphonique d'Ansccmbre et Ducrot, ne peut jamais s'étendre au-delà
du niveau II,pas même si elle peut être attribuée à l'interlocuteur. Jacques
(1985:108-109) nous sert d'autorité pour étayer notre thèse. Il affirme:
Ceci dit, il faut préciser davantage l'opposition des deux topoi â laquelle
nous attachons un rôle essentiel pour la naissance de l'effet ironique. Sur
le côté non-ironique, le topos ne connaît pas d'interprétation individuelle
en raison de l'absence d'un locuteur. Sur le côté ironique, en revanche, il
y a un locuteur qui l'exploite selon sa vue personnelle. C'est donc de cette
façon que nous entendons la nature de l'opposition des deux topoi. 114
Notre thèse de l'utilisation différente des deux topoi nous incite à re-
lativiser la thèse de Berrendonner (1981) de la neutralité de la fonction de
l'ironie (225). Il affirme que l'ironiste ou le locuteur échappe â toute
sanction éventuelle parce qu'il aurait la possibilité de s'abriter derrière
l'une ou l'autre norme (237 et 238). Nous objectons à cela que l'ironiste,
c'est-à-dire le locuteur, prend en charge une des deux normes, â savoir celle
des carposantes ironiques. Nous le définissons ccrrme assumant une responsabi-
lité normative dont il ne peut pas se dérober aussi facilement que Berrendonner
le suggère.
Nous scitmes d'avis que 1' 'accord fondamental1, que nous avons dégagé de l'emploi
non-ironique, est aussi présent dans les emplois ironiques. Même dans le dia-
logue (27) Le mari plongeur fait référence â un savoir ccntnun: les dangers
d'une baignade après le repas, ce sont seulement les points de vue concernant
la valeur et l'utilité de ce savoir - les topol justement - qui différent.
Il est bien clair que la forme, qui risque d'être noyée par les instructions
de son mari, n'est guère enthousiasmée pour subir encore d'autres renseigne-
ments. Dans ce dialogue, TOT sous-entend 'laisse-moi tranquille, ça ne m'in-
téresse pas, je n'ai pas envie d'apprendre ça'.
Prenons encore un autre exemple. Le mari plongeur peut très bien ne pas
beaucoup estimer le point de vue de sa femre sur la baignade après le repas.
Rien ne l'empêche pourtant d'énoncer TOT sur un ton bienveillant, aimable et
débonnaire. Il exprime toujours l'idée 'qu'est-ce que ça peut faire !' mais
sans nuance agressive.
228
L'emploi de TOT est peu probable si l'information est - selon l'opinion géné-
rale - de nature trop grave.
Les dialogues (6) Le cancéreux, (7) La fille qui se drogue, (22) Les sor-
ties nocturnes peuvent être visés par l'argument de la gravité. Evidenment, il
faut nuancer selon que la personne impliquée est un interlocuteur ou une tierce
personne absente.
Signalons, pour finir, ime différence nette entre TDT non-ironique et TDT
ironique sur le plan expressif. la 'signification expressive1 de la première
expression est sans conteste moins significative que celle de la deuxième. En
d'autres terme, dans l'emploi ironique, l'interlocuteur sait beaucoup mieux à
quoi s'en tenir que dans l'autre cas. La cause s'explique facilement. Elle ré-
side dans la qualité différente des FORCES ARGUMENTATIVES. Dans 1'emploi non-
ironique, elle est de caractère affirmatif et dans 1'emploi ironique de carac-
tère assertif. C'est là où les différents degrés d'intentionnalité ont leur
origine.
(31) Le sphinx
Le Sphinx: et ... si le Sphinx vous tuait ?
OEDIPE : Sa mort dépend, si je ne me trompe, d'un interrogatoire
auquel je devrai répondre. Si je devine, il ne me touche
même pas, il meurt
Le Sphinx: Et si vous ne devinez pas ?
OEDIPE : J'ai fait, grâce à ma triste enfance, des études qui me
procurent bien des avantages sur les garnements de Thêbes.
Le Sphinx: Vous m'en direz tant !
230
Le double usage de TDT est évident. L'emploi ouvert et feint de TOT comunique
â ŒDIPE 'ah bon, vous êtes le meilleur'. Mais en màne temps, un TDT 'caché'
et vrai s'adresse Ironiquement au Sphinx lui-même 'ah, ah, il se prend pour le
meilleur'. Donc le Sphinx rabaisse OEDIPE dans son estime â lui (du Sphinx),
tout en donnant l'impression à OEDIPE qu'il le comprend et qu'il l'admire.
L'emploi de feinte suppose une situation triangulaire dont deux parties sont
dans le coup, mais non pas la troisième. Dans le texte n° 13, elle est obtenue
par dédoublement de la personne du Sphinx, dans le texte suivant, elle se passe
entre l'auteur et les lecteurs du journal:
(32) Les secrets d'alcôve
"Alors que le rapport Kinsey y voyait un plaisir réservé aux seuls pri-
vilégiés, les statistiques de la R.D.A. révèlent que les Allemands font
des fleurs à leurs partenaires 'sans distinction de classe sociale'
même si la réciproque n'est pas vraie.
Vous m'en direz tant ! Moi qui pensais que, justement, des classes, il
n'y en avait plus dans une société sans classes. A croire que si: la
classe laborieuse des filles soumises."
L'attitude (ii) connaît des mobiles qui ont la valorisation de A lui-même pour
but. A n'est pas prêt à avouer sen ignorance. Il se donne corme informé pour
ne pas encourir le ridicule. On peut penser à des rapports sociaux où le fait
de reconnaître son ignorance conduise â une perte d'estime aux yeux de l'inter-
locuteur. Le supérieur aussi bien que l'inférieur tiennent â préserver leur
image devant l'autre.
Qu'on nous permette, â cet endroit, quelques réflexions un peu générales,
il est vrai, mais en tout cas inspirées par l'étude.
Dans 1'emploi de TDT, on peut dégager un certain rapport - toujours altér-
able par des facteurs performanciels, bien entendu, entre l'étonnement et la
ccrnprêhensian. Sans vouloir pousser ce rapport â l'extrême, on est en droit
de dire que moins en comprend, plus on s'étonne. De là, â l'attitude inter-
rogative, c'est-à-dire â une attitude dépourvue d'une prétention directe â
la dominâtion, il n'y a qu'un petit pas. Une personne qui se présente de cette
231
façon dans des relations concurrentielles passe obligatoirement dans une po-
sition d'infériorité. Ainsi, an peut formuler:
(cf. p. 106)·
Toutes les observations faites jusqu'à présent peuvent être superposées par
des phénomènes qui dérivent des nuances sémantiques ayant leur origine soit au
niveau III, soit au niveau IV de la GSS. De façon générale nous pouvons dire
que les emplois de TOT ηαη-ircnique du danaine de la PPV type 'convenir' favo-
risent une courbe intanative ascendante. La montée finale signale une attitude
interrogative. C'est l'individu qui se présente en position de réceptivité et
qui provoque une réaction de la part de 1'interlocuteur (cf. p.106 ) pour qu'il
puisse assouvir sa carence informationnelle. Dans le danaine de la PPV type
1
prétendre', par contre, c'est la courbe descendante qui s'impose. La saturation
informationnelle est tellement forte qu'elle atteint presque le degré de la
force assertive. Nous imaginons bien le dialogue (17) L'attentat â la pudeur
dit sur un ton de soulagement auquel cas le ton monte au début et descend pro-
gressivement (cf. p. 106 ). Pour le danaine de la PPV type 'affirmer' nous ris-
quons 1'hypothèse que la courbe intonative a tendance â rester sur le même
niveau et â former donc une ligne droite. Elle nous rappelle 11 intonation de
233
3.3.6 Cotextes
(1 ) Le mariage Quoi
Ah ben
(4) La consultation Oh
médicale C'est dommage
Oh bon sang de bonsoir
Quel ennui
hhh (*)
De façon générale, cai peut dire que le fort caractère phrastique dispose la
formule à un emploi absolu, c'est-à-dire, sans pré- ni post-cotextes. Cependant,
il faut noter que, s'il y a pré-cotexte dans l'emploi non-ironique, c'est le
ah ! qui est de loin le plus fréquent, suivi probablement du tiens !.
Quant au degré du caractère absolu, il semble qu'il est encore un peu plus
fort dans l'emploi ironique. Cela fait φ ' u n tu m'en diras tant, cause tou-
jours ! donne plutôt l'impression d'un double emploi.
Selon toute apparence, la présence de la conjonction que favorise une ' libe-
ralisation' de l'expression. Tant et diras adoptent des propriétés quantita-
tives. On pourrait penser à des traductions comme 'Du kannst soviel reden wie
116
du willst I', 'Du redest so lange bis...', 'Das sagst du nur...'
L'emploi de TOT est étroitement lié à des situations typiques de la vie quoti-
dienne. La version non-ironique est en quelque sorte l'expression modèle des
cancans et des petits points du quartier ou du village. Ce sont les gens d'un
même niveau social, qui se connaissent bien, qui sont prédestinés à son emploi.
On imagine facilement deux voisins de palier qui s'accordent suffisamnent de
temps pour leur conversation, et dont l'un coule une confidence dans le creux
de l'oreille de l'autre.
Sans vouloir nous attirer les foudres du sexe féminin, nous disons qu'il y
a un emploi préférentiel par les fenmes.
Nous avons tout lieu de croire que la cote de l'emploi ironique est plus
grande que celle de l'emploi non-ironique. Celui qui fait un usage inflation-
niste de TOT non-ironique risque de se voir attribuer l'image du naif et du
116 Nous renvoyons aussi au texte n e 14 (Duhamel, 1941) dans les annexes.
238
117 II va de soi que nous entendons 'début' dans le sens relatif et non pas
absolu.
239
la PPV type 'prétendre', mieux que les deux autres, accentue et renforce l'ori-
entation argumentative inhérente aux éléments situaticnnels. C'est l'individu
en tant qu'un élément quantitatif de la situation qui doit investir toute son
énergie dans l'acte d'exhibition (voix, mimique, gestes) pour pouvoir assumer
son rôle argumentatif, de concert avec tous les autres éléments situaticnnels.
A ce stade initial du processus, la relation entre les éléments linguistiques
tu, m, en, diras, tant et les éléments situationnels est d'un arbitraire quasi
total sous l'aspect de la fonction argumentative. La suite du processus de dé-
locutivité consiste dans la réduction de plus en plus forte du caractère ar-
bitraire de ladite relation. Ceci est possible à la suite d'un déplacement du
potentiel d'argumentation des éléments situationnels â l'intérieur des éléments
linguistiques. Il est accompagné d'un rattachement de plus en plus étroit des
deux types d'éléments. Nous rappelons ce phénomène 1littéralité pragmatique'.
Il est donc permis de concevoir la délocutivité carme un processus sélectif
et limitatif des utilisations argumentatives qu'un élément linguistique ren-
ferme, en principe, de façon limitée. Cette incorporation ou assimilation du
situatiannel par l'élément linguistique n'est possible qu'à l'aide d'une con-
118
ceptualisation du situationnel.
Pour ce qui est de TDT, la conceptualisation s'est produite dans le domaine
de la PPV type 'convenir' oû les éléments qualitatifs de l'expression prennent
le dessus. Dans le locuteur et l'interlocuteur, c'est le côté intellectuel qui
est avant tout visé, le verbe dire adopte le sens de assertev et l'adverbe
tant met en avant ses propriétés d'intensif.
4.1 Regard critique sur les articles d e LBA e t d e TOT dans les
divers dictionnaires
Β = Berteaux/Lepointe (1966)
D = Denis (sans mention d'année)
DFC = Dictionnaire du Français Contemporain illustré (1980)
DFV = Dictionnaire du Français Vivant (1972)
DG = Dictionnaire Général de la Langue Française
(Hatzfeld/Darmesteter) (1932)
DHLF = Dictionnaire Hachette de la Langue Française (1980)
DQLF = Dictionnaire Quillet de la Langue Française (1963)
F = Fix (sans mention d'année)
G = Grappin
GDEL = Grand Dictionnaire Encyclopédique Larousse (1982)
GLLF = Grand Larousse de la Langue Française (1971)
GR = Grand Robert (1953/1955)
LEX = LEXIS (1979)
L-K = Lange - Kowal (1963)
LGW = Langenscheidts Grosswörterbuch (1979)
MR = Micro Robert
Pluri = Pluridictionnaire Larousse (1977)
PR = Petit Robert (1985)
Ro = Rororo Wörterbuch (1967)
S-V = SACHS VILLATTE (1956)
TLF = Trésor de la Langue Française
We = Weis (1985)
241
Nous ajoutons á cette liste quelques publications du type sélectif que nous
avons également consultées:
Mü = Mülhause (1967)
Ρ = Pradez (1951)
W-S = Werny/Snyckers (1976)
L'expression LBA n'est pas mentionnée dans D, DFV, DG, DHLF, F, MR.
Là où elle est mentionnée, elle figure en général sous l'entrée affaire et non
pas sous beau sauf dans G, GLLF, LEX et TLF qui font exception. Dans les trois
premiers, on trouve LBA sous les deux entrées; TLF, ce qui est tout de même
étonnant, présente LBA seulement sous beau.
TLF ne fait guère mieux. LBA figure sous beau - "antiphrastique", ime
glose sémantique précise: "avec une idée d'inéfficacité". LBA apparaît à côté
de: "Une belle dose de naïveté, de belles phrases creuses, ronflantes..." et:
"la belle avance !". Tout cela n'est pas éclairant, cependant il y a une lueur
d'espoir pour l'utilisateur étranger désespéré. Il y a un exemple: "Deux cents
francs ί la belle affaire ! C'est mon dû que je veux, c'est dix mille francs
(Zola, La Fortune des Rougon, 1871, p. 143)". Là, il n'y a rien à redire,
certes, mais cet exemple risque de mettre l'utilisateur sur la mauvaise voie.
Il rentre dans notre catégorie de la compensation insuffisante, c'est-à-dire
qu'il s'agit d'un emploi le plus proche du sens 'antiphrastique du premier
242
119
degré de LBA et qui peut être rendu par 'une affaire peu profitable' ou,
de façon idiomatique, a peu près par ça me fait une belle jambe !.
TLF mentionne donc une aire sémantique qui fait bien partie du spectre des
sens de LBA, mais ce que le consultant apprend est très limité, et, ce qui est
plus grave, risque de rasquer la vue de son fonction fondamentale et d'opposi-
tion dans le discours. LEX, DFC et Pluri, qui tous les trois portent le cachet
de Dubois (cf. Hausmann 1977:34), se servent tous de la mène paraphrase ce n'est
pas si difficile. Outre le fait que ces informations sont absolument insuffi-
santes pour un utilisateur non français, nous voudrions signaler deux aspects.
Cette explication est égalaient beaucoup trop restreinte par le simple fait
que,à cause de l'adjectif difficile,il n'est question que des aires sémantiques
de 'valorisation' et de 'dévalorisation'.
Un peu différent, ce que l'on trouve dans LEX sous l'entrée beau, bel,
belle:"LBA ! (= ce n'est pas si difficile ni si étonnant)". Bien que le supplé-
ment 'ni si étonnant' introduise au moins une vague notion de la fonction dis-
cursive de LBA - s'opposer à un canportemant étonné - le terme étonnant en rap-
port avec difficile dirige encore plus la compréhension dans la direction d'un
seul (!) emploi, celui de la dévolarisation. Une description si restrictive est
impardonnable.
119 Si nous avons choisi cette appellation, c'est pour marquer la différence
avec le sens pragmatique de LBA en tant que EIS, qui correspondrait à un
sens 'antiphrastique du deuxième degré'.
243
Nous concédons néanmoins que les deux synonymes mentionnés couvrent une
assez grande partie des aires sémantiques de LBA, tout particulierorient les
emplois que nous rangeons dans le champ d'action de la PPV type 'affirmer' et
qui connaissent certainement la plus grande fréquence. Il s'agit d'ertplois
oû l'accent est nettement mis sur l'indifférence. Et encore 1 Est-ce qu'il
serait encore adéquat de repousser des propos menaçants - emploi que nous
rangeons dans cette catégorie - par qu'importe ? Nous pensons que non.
Dans qu'importe, il y a avant tout le constat que 'cela n'a pas d'impor-
tance'; il n'y a pas d'élément qui puisse assumer une fonction discursive
ccnparable à celle du si intensif de LBA. On est donc en droit d'émettre
l'hypothèse que, celui qui riposte à des propos menaçants par qu'importe,
donne plutôt l'impression d'un masochiste qui se désintéresse du fait que
quelqu'un veuille lui'rentrer dedans' que de quelqu'un qui estime pouvoir y
faire face d'une façon ou d'une autre. Cela nous amène à affirmer de façon
générale que, là oû il n'y a pas vraiment d'indifférence totale, qu'importe
n'est pas toujours appliqué. La mère qui veut consoler son garçon qui a per-
du la pièce de monnaie ne dira certainement pas qu'importe, pas plus que le
jeune hontne qui doit répondre à la question anxieuse de son amie à savoir
s'il l'aime toujours,et qui veut lui dire que tout est au mieux. Il est égale-
ment guère possible de l'employer dans le cas de la valorisation de soi ou
d'un autre ou dans le cas oû les propos vaniteux du professeur aux stagiaires
merveilleux sont dévalorisés. Nous nous en tiendrons là. Satine toute, notre
jugement sur la valeur informative des indications synanymiques de GDEL reste
largement au-dessous de la moyenne.
C'est un fait que l'ironie de LBA est tellement conventionnalisée que beau-
coup de Français ne s'en rendent même plus compte. De toute façon, cet aspect
ne fait pas partie des trois ou quatre propriétés fondamentales qui définissent
essentiellement le sêmantisme de LBA. Passe encore. Ce qui est plus grave,
c'est que 11emploi du verbe indiquer fait croire que LBA s'énonce caute un élé-
ment discursif initiatif. L'exemple Cela vous prendra deux heures, la belle
affaire ! ne change rien à cette impression. Il ne fait pas ressortir sa quali-
té de réplique. Ainsi toute conprêhension adéquate devient impossible pour un
utilisateur étranger. Mais ce n'est pas tout. Non seulement la position sé-
quentielle de LBA est faussement décrite, mais la fonction éminemment discur-
sive de LBA est quasiment passée sous silence. Au lieu d'informer le lecteur
là-dessus, LBA est serrée dans le schéma propositionnel de la référence ('ime
chose') et de la prédication ('indique ironiquement: peu de prix' et 'n'offre
pas de difficulté'). Cn remarquera en plus que la première partie de la défini-
tion se situe sur le niveau II ('peu de prix'), la deuxième partie sur le ni-
veau III ('n'offre pas de difficulté'). Il y a donc signification générale et
un sens discursif, tous les autres restent dans l'crnbre lexicographique.
R-CH présentent une définition qui se situe à mi-chemin entre une définition
prépositionnelle et une définition â implication illocutoire et ccrportementale:
"La belle affaire ! Exclamation ironique par laquelle on dénie de 1' importance
à ce qui vient d'être dit". Nous sondons l'aspect illocutoire dans l'emploi du
verbe performatif dénier et l'aspect propositionnel dans ce que nous paraphra-
sons ainsi: ae que tu viens de dire n'est pas important. Nous disons, par con-
tre, que ce n'est pas 11 importance du dit qui est contestée directement, mais
l'acte dramatisant du dire auquel s'oppose directement LBA, la dénégation in-
directe de l'importance du dit n'étant pas impossible pour autant.
Il reste encore deux articles dont l'un se trouve dans GLLF et l'autre dans
GR, respectivement sous l'entrée affaire.
GR : "La belle affaire que cela se dit d'une chose sans conséquence,
qui importe peu: Eh bien, oui, il y a des indigents, la belle
affaire ! Ils étoffent le bonheur des opulents (Hugo, L'homme
qui vit. II.2.11.)".
245
GLLF présente deux synonymes qui sont â peu près identiques â qu'importe
dont il a déjà été question plus haut. Il n'est plus nécessaire d'y revenir.
L'exemple a l'avantage de laisser au moins deviner que l'énoncé cité est diri-
gé contre un autre, ce qui correspond â une qualité discursive essentielle de
LBA. L'exemple rentre dans la catégorie de la PPV type 'affirmer'. Il fait aussi
ressortir que LBA est énoncée dans un contexte de dramatisation, autre élément
constitutif de l'expression. Nous voyons une éventuelle source d'incertitude
dans la perception de la portée anaphorique exacte de LBA. Elle s'étend par-
delà les deux éléments qui la précédent directement, i.e. On ne s'en oaahe
pas ! et Entre cousins !. Elle s'oppose, par conséquent, à Jérôme vient me voir
quelquefois ! qui représente une sorte de rapport d'affirmation. LBA pourrait
très bien se substituer â Après? ou bien pourrait suivre inrnédiatement Après?.
Il est clair qu'un exeitple sans cette propriété disloquée remplirait mieux
son rôle de démonstration d'emploi de LBA. En l'occurrence, il convient de ren-
voyer â la description dont GLLF pourvoit LBA sous l'entrée beau: formule mar-
quant le peu d'intérêt que l'on accorde à une objection.
Nous sonnes presque tentés de dire que cette courte phrase l'emporte sur
tous les articles présentés jusqu'ici. A juste titre elle met l'accent sur le
DIRE. la formulation accorder peu d'intérêt tranche agréablement avec celle du
genre propositionnel telle que une chose sans importance. Deuxiàne atout, la
nature séquentielle réactive de LBA ressort clairement. Evidemment l'affirma-
tion que ce peu d'intérêt porte sur une objection uniquement est contestable.
Ce n'est pas faux, certes, mais beaucoup trop limitatif. En tout cas, ce type
de description trace, de façon encore timide, il est vrai, la voie dans la-
quelle nous allons nous engager.
L'exençle, par contre, nous semble mieux choisi que celui du GLLF. La qua-
lité de réplique, surtout en raison de eh bien, oui se laisse assez bien dis-
cerner, de même qu'une atmosphère dramatisante contenue dans le contraste
entre l'indigence et l'opulence.
Β : und was ?
S-V : das ist was Rechtes !
Ρ : was will das sagen ?
Il n'est pas tellement sûr que celiai qui apprend et qui est d'un niveau
moyen reconnaisse dans und was ? une traduction erronée de et alors !. Cet
équivalent abuse trop de sa capacité de correction, sans parler de la diffi-
culté d'imaginer une situation où il pourrait être employé.
Du fait que und was ? évoque plutôt rien que quelque chase, on a tendance
à ne lui attribuer aucune signification, ce qui embarrasse même l'utilisateur
de langue allemande. Nous éprouvons la même gêne vis-à-vis de was will das
sagen qui, lui aussi, est plutôt vide de sens. De toute façon, on peut diffi-
cilement attendre d'un consultant toute une gymnastique intellectuelle pour
éventuellement deviner juste. Nous conjecturons que Ρ voulait mettre was hat
das schon zu sagen, zu bedeuten, un équivalent qu'on trouve, entre autres,
dans LGW. Nous en reparlerons.
L'équivalent du S-V das ist was Rechtes ! ne nous inspire guère plus. Bien
qu'il soit acceptable en tant que tournure démodée, nous n'imaginons aucune
situation d'ênonciation de DBA où il pourrait s'appliquer. Notons aussi que
cet équivalent n'est pas exempt d'une certaine qualité hybride. Il se situe â
cheval entre une interprétation 'littérale' et une interprétation idiomatique
de DBA.
Après ce premier groupe d'équivalent dont l'utilité est quasi nulle, nous
essayons de classer les équivalents qui sont acceptables du point de vue de
la qualité de traduction.
Une première catégorie rentre dans l'aire sémantique 'ce n'est pas
difficile':
Mü : na wenn schon !
We : Unsinn !
Le fait d'embrayer sur le dire attribue aux trois équivalents une flexibi-
lité d'errploi assez grande. Il faut dire à leur appui qu'on a beau chercher un
équivalent qui puisse couvrir toute la garrire sémantico-pragmatique de LBA, on
n'en trouve pas. La limite d'extension est atteinte par des expressions telles
que aoh was !, na und !, na wenn schon ! ou un sirrple ρ ff !. Notre ambition ne
consistera d'ailleurs pas â rechercher uniquement de tels équivalents passe-
partout. Nous jugeons plus utile de concentrer nos efforts au niveau III où il
s'agit de faire ressortir les variantes de sens de LBA par le biais du choix
des équivalents.
Passons encore une fois en revue tous les équivalents valables, proposés
par les différents dictionnaires et regardons-les sous l'aspect du membre des
aires sémantiques qu'ils couvrent:
LGW : was ist da schon dabei ! = le grave, le difficile; was hat das
schon zu sagen, zu bedeuten ! = au niveau du dire (exprime le
désaccord sur le fait que 1'interlocuteur attribue trop d ' im-
portance â ce qu'il dit): ist das so wichtig ! = l'important
Il va sans dire qu'à tout cela il faut ajouter une critique fondamentale:
l'absence de toute considération vis-à-vis de l'utilisateur dans tous les ar-
ticles examinés. Nous avirons à parler de cet aspect éminennent important quand
il s'agira de jeter les bases théoriques de nos articles de LBA et TOT.
TOT ne figure pas dans DEV, DG, DQLF, G, LEX, L-K, Micro, Ro et TLF (Terne
septième).
Dans DEC, GDEI., R-CH et We, l'expression TOT est mentionnée sous l'entrée
tant et dans B, GR, PR et LGW, sous dive et tant avec un simple renvoi sous
l'entrée tant à l'entrée dive dans le dernier.
251
Signalons tout d'abord qu'aucun des dictionnaires contenant TOT ne prête une
attention particulière à la distinction d'une version non-ironique d'une ver-
sion ironique. DPC, DHLF, GDEL, GR, PR traitent TOT came une expression non-
ironique uniquement. GLLF mentionne TOT seulement carme expression ironique.
R-CH laissent plus ou moins ouverte la possibilité de l'une et/ou l'autre
version.
Nous nous passerons de contenter des articles sans aucune valeur pour une
éventuelle compréhension dans les trois cas suivants:
GDEL : "tu m'en diras tant, vous m'en direz tant ! marque 1'êtonne-
ment ( f am. ) "
GR : (entrée tant)·, "absolt. (sans de ...)...Loc. fam. Vous m'en
direz tant ! Votre Majesté m'en dira tant ! (Fournier, in
Guerlac)".
Sous l'entrée dire, ση lit dans PR: "Tu m'en diras tant ! (cf. Je com-
prends maintenant ! Ah, voilà !)". Nous regardons à comprendre où 11 expres-
sion exacte je comprends maintenant ! n'apparaît plus. Au numéro 3, on lit:
"se rendre conpte de (quelque chose). V. Apercevoir (s'), sentir, voir.
Comprendre la portée d'un acte; je comprends quelles difficultés il a pu ren-
contrer, Ah ! Je comprends ! (cf. J'y suis, je vois !)." On remarque qu'il
n'y a pas de renvoi à TDT, Ah, voilà ! n'y figure plus non plus. Peut-être
que la disparition de maintenant doit être ccrrpensée par Ah ! ? Quoiqu'il en
soit, cette disparition se justifie difficilement, si l'on se rend conpte de
l'importance de l'aspect présuppositionnel inhérent â TDT et signalé par
maintenant. A "être III, 1." en découvre: "Y ETRE, fig.V. Ccnprendre. Ah !
J'y suis !", sous "voir II, 6. Se présenter par la pensée": "Ah ! je vois !
je comprends fort bien (souvent iron.)", sous l'entrée voilà·. "2e Désignant
les choses dont il vient d'être question dans le discours ... Avec une va-
leur exclamative ... Absolt. Ah ! voilà ! c'était donc ça (cf. Vous m'en
direz tant !)." Nous voilà donc revenus â notre point de départ.
Ce que nous avons appris en cours de route est insuffisant pour que l'uti-
lisateur étranger ccnprenne d'une manière satisfaisante l'expression TDT. Il
serait vain de prendre en considération l'aspect de production, c'est pourquoi
nous n'en parlerons pas. Ce qui entrave avant tout une compréhension adéquate,
c'est que l'aspect irrportant d'un avant et d'un après de l'acte de ccmpréhen-
252
Parmi les dictionnaires monolingues que nous avons examinés il ne reste plus
que le DHLF et ce qu'écrit PR sous l'entrée tant·.
DHLF : "fam. tu m'en diras tant ! : tout devient clair après ce que tu
viens de me dire."
«
!>R : "fam. tu m'en diras tant ! : je ne suis plus étonné après ce que
vous m'avez dit."
"Tu m'en diras (vous m'en direz) tant ! (1780). Exprime que l'on vient
de saisir, de comprendre ce qui était obscur, grâce aux paroles de
l'interlocuteur, et implique en général l'ironie ou une légère dés-
approbation" .
Il y avait donc une phase de nature différente qui est relayée au iraient
où l'on dit TOT. D'autres difficultés demeurent. De quel emploi ou de quels
emplois de TOT est-il question au juste dans R-CH ? D'un emploi non-ironique,
d'un emploi ironique, d'un emploi mi-non-ironique et mi-ironique à la fois ?
Nous émettons l'hypothèse selon laquelle cette description range TOT dans le
champ d'action de la PPV type 'convenir' de la version ironique de l'expres-
sion. La source de l'embarras réside dans le mot obscur. S'il y a ironie, il
doit forcément déjà y avoir un savoir, si minime soit-il. Obscur, dans ce cas,
prend le sens de ce "'que l'on sent, perçoit ou conçoit confusément, sans pou-
voir l'analyser'" (PR), c'est-à-dire de 'déjà comprendre vaguement'. Mais il
semble que R-CH ne veulent pas exclure une autre interprétation de leur des-
253
cription. Toujours est-il qu'ils parlent d'un emploi qui "en général implique
l'ironie", ce qui ne relègue pas dans le dcmaine de l'impossible un éventuel
emploi non-ironique. Dans ce cas, on serait obligé d'assigner à obscur le sens
de 'qui est difficile à comprendre, â expliquer', d'éventuels synonymes serai-
ent énigmatique, incompréhensible, inexplicable, mystérieux (PR). Si l'on se
met d'accord sur cette interprétation du commentaire de R-CH, il ne faut pas
pour autant oublier de signaler qu'elle ne couvre qu'une partie des emplois
possibles de TDT. Cela tient au fait que le terne obscur, nous le rappelons,
est trop restrictif. Dans la version ironique, il exclut des formes d'un sa-
voir préalable, beaucoup plus solide. Du côté ncn-ironique, il ne tient pas
compte des nombreux cas où l'aspect d'obscurité (consciente !) - il n'y a pas
d'obscurité inconsciente - ne joue aucun rôle. Cela nous avait amenés â aban-
donner le terme d'obscurité et â lui en substituer un qui est sémantiquement
plus performant, celui de perspectives nouvelles. Ce terme a l'avantage de
permettre la définition d'un plus grand nombre de types de phases préalables
que le terme abandonné.
Vous m'en direz tant 1 Exclamation que l'on prononce lorsqu'un fait
surprenant, inattendu, vient expliquer ce qui était obscur. C'était
donc ça ! Vous m'en direz tant ! (cf. Je comprends maintenant !
Ah, voilà !.
Ironique. Vous m'en direz tant, se dit â quelqu'un qui expose un nombre
d'arguments ou de justifications trop élevé pour Stre tout â fait dénué
d'arrière-pensées.
celle-ci soit adressée à une personne qui a des arrière-pensées n'apporte guère
de précision. En fin de canpte, la description du GLLF se laisse sémantiquement
réduire à 'Je sais que tu as des arrière-pensées'. En aucun cas, personne n'af-
firmera sérieusement qu'on a ainsi capté le sens de TOT ironique, s'il est ques-
tion d'un usager étranger.
Tous les autres équivalents que nous avons trouvés doivent être installés
au niveau III de la GSS.
256
Nous rangeons ceux mentionnés par DGW et par S-V dans le dcmaine de la PPV
type 'convenir'. LGW donne nein od na so was ! ; ja, gibt's denn so was ! ;
.·'· da biste platt !
Ces traductions sont absolument correctes mais ne rendent qu'une aire sé-
mantique de TOT non-ironique. Si l'on enlève à dann allerdings de W-S l'élément
dann, on reste toujours dans le sémantisme de TDT, on se déplace seulement dans
le dcmaine de la PPV type ' prétendre '. Mais on arrive presque aux confins de
l'univers sémantique de l'expression, non-ironique, bien entendu. Dans W-S les
auteurs paraphrasent dann allerdings ainsi entre parenthèse: "'Wenn es wirk-
lich so ist, dann ist es zwecklos'". Nous ne nions pas que TDT puisse sous-
entendre un tel sens, mais ce qui nous semble d'un plus grand intérêt, c'est
que W-S fournissent un exemple 'démonstratif' d'une description qui ne tient
compte d'aucune distinction méthodique de niveaux pragmatico-sémantiques. Sans
étape intermédiaire ils passent du niveau III (dann allerdings = 'wenn es wirk-
lich so ist') au niveau IV ('dann ist es zwecklos'). Un tel rétrécissement sé-
mantique est à peine tolerable, d'autant plus que W-S ne donnent qu'un seul
équivalent. Entendons-nous bien, nous ne plaidons pas contre le type d'équiva-
lents dans lequel se reflète davantage la réalité discursive, loin de là. Il en
faut beaucoup plus dans les dictionnaires. Plus il y en a, mieux c'est. Mais là
oû l'on n'a pas la place nécessaire et où il faut se limiter â un équivalent ou
deux, il ne faut pas créer l'illusion dangereuse que la vitalité discursive
d'une expression came TDT se laisse parquer à l'intérieur de deux équivalents.
Dans ce cas, il est préférable de se contenter d'un équivalent plus général du
niveau II avec le peu de spécificité que cela implique.
257
Pour terminer, nous citons Herail, R.J. et Lovatt, E.A. qui caractérisent
ainsi TOT dans leur 'Dictionary of modem colloquial French' (1984) sous l'en-
trée dire (109):
Cette étude a pour objectif la condensation de ses résultats sous forme de dif-
férents types d'articles lexicographiques. Selon la division de la théorie gé-
nérale de la lexicographie proposée par Wiegand (1983:44), les fondements théo-
riques de ce travail rédactionnel sont élaborés dans la partie de la théorie qui
traite de la description lexicographique de la langue. Elle se subdivise en deux
composantes: une typologie de dictionnaires et une théorie sur les textes con-
cernant les articles lexicographiques. La première composante est déterminée par
deux critères (48):
Un tel point de vue nous amène à juger très prudemment des thèses telles
qu'elles sont émises par exemple, par Burkhardt:
Nous répondons ainsi â ces thèses qui nous semblent trop catégoriques:
(i) Une description lexicographique des EIS ne peut pas se limiter au niveau
de la langue. Elle doit, au moins, inclure le niveau de discours, i.e.
le niveau III de notre GSS (cf. aussi Buzan 1979:34). C'est dans ce sens
que nous interprétons le souhait d'une amélioration de la pragmatique
à l'intérieur de la lexicographie française exprimée par Rey (1983:24).
(iii) Une telle formulation est trop statique. Elle méconnaît les processus
extrêmement importants qui sont responsables du passage du niveau de la
langue au niveau du discours. Selon notre concept, il ne peut jamais y
avoir fixation (définitive) de quoi que ce soit à n'importe quel niveau
inférieur. Somme toute, nous plaidons, corme Piischel (1982), en faveur
d'un abandon de la séparation artificielle des informations grammati-
cales, sémantiques et pragmatiques (363). Le facteur unificateur, qu'il
s'agisse de règles predicatives, référentielles, discursives ou perfor-
mancielles, a pour origine dans tous les cas des attitudes qu'exprime
le locuteur et qui font toutes partie du sens d'un not (370/371).
Ccrrmençons par l'aspect du domaine de langue qui est visé par notre descrip-
tion. Pour ce qui concerne cette étude, la réponse est facile. Si l'on ouvre
le diaphragme, ce n'est plus si aisé. Il est clair qu'il faut d'abord entre-
prendre un relevé systématique de toutes les EIS. Nous en donnerons un échan-
tillon dans la 5éme partie du livre. Nous serons loin d'être exhaustifs.
Contentons-nous de dire que les limites du donaine de langue, auquel nous
nous intéressons, doivent être tracées là où il est question de ce que Rey et
Delesalle (21 et 22) expriment ainsi:
les "jugements impliqué par des emplois d'unités polymorphes (un beau
garçon, un pauvre type )",
123 Rey et Delesalle (1976) opposent les 'usages oraux non contrôlés', ce
qui est tout à fait juste, à "1'écrit-parlé" des conférences de presse,
des babils radiophoniques etc. (8). Nous situons les EIS â l'intérieur
des usages oraux non contrôlés, bien entendu, sans nier qu'on les trouve
aussi ailleurs (par exemple comme moyen d'animer un article journalis-
tique ou un commentaire à la télévision). Les EIS forment en quelque
sorte la texture conventionnelle des usages oraux. Coulmas (1979:173)
parle pertinemment de 'discours préfiguré' ("präfigurierte Rede").
261
Nous nous sonríes décidés à élaborer des articles pour trois types de
dictionnaires:
124 Nous sommes parfaitement conscients que le problême des marques pragma-
tiques est plus complexe qu'il n'apparaît ici. Nous nous référons â
Wiegand (1981) qui démontre dans quelle mesure ce système de commen-
taires pragmatiques est dépendant de facteurs contextuels, ne laissant
ainsi place à aucune standardisation rigide.
article 1 = (i)
126
article 2 = (ii)
article 3 = du type (iii) et du type (v)
Et, aux dires de Dubois (1981:237), il est grand temps de passer aux actes,
si nous ne voulons pas risquer de rater le train:
Si nous avons dit que l'article 1 serait du type Petit Robert ou LEXIS, il
faut dire que nous ne nous voyons pas en conformité totale avec ce que leurs
rédacteurs annoncent dans les préfaces respectives.
126 Si nous classons l'article 2 dans la catégorie (ii), c'est pour la simple
raison que nous le voyons le plus s'apparenter aux objectifs poursuivis
par ce type de dictionnaire.
127 Rey (1983:20) situe bien les dimensions de ce projet: "Ici, un immense tra-
vail reste à faire, pour analyser les conditions socio-économiques qui
président â l'élaboration des dictionnaires".
263
nous faisons quelques réserves. Pour l'usager français, il s'agit avant tout
de combler un déficit de compétence dans sa langue maternelle. Souvent mâne,
le consultant ne cherche que la confirmation de ce dent il est déjà plus ou
moins certain. Le savoir qu'il est désireux d'obtenir lui est présenté, en
général, sous forme d'une définition du sens de l'entrée. Dans la plupart des
cas des EIS, par contre, le consultant étranger, sans parler de l'impossibi-
lité de savoir employer une EIS sur la base des infornatians données d'un ar-
ticle, éprouvera aussi d'énormes difficultés à comprendre leur sens. Plus
exactement, il se voit souvent entretenu dans l'illusion d'avoir compris, il-
lusion qui sera vite dissipée â la première tentative courageuse de lancer son
ballen d'essai. En ce qui concerne les EIS, nous maintenons également nos ré-
serves vis-à-vis de l'opinion de Sciarane (1983:136): "Cn ne peut utiliser les
dictionnaires monolingues d'une langue étrangère que si l'on est à un stade
avancé de connaissance". Etant donné la qualité médiocre de la description des
EIS dans pratiquement tous les dictionnaires, mâne des connaissances avancées
ne suffisent plus pour s'en sortir.
Nous présenterons, dans une version passive pour un Allemand et une version
active pour un Français, l'article 3 bilingue gui mérite une attention parti-
culière. D'abord une remarque concernant la méthode de travail. Nous nous
rangeons à l'avis de Kromann (1986:178) qu'un seul lexicographe ne peut pas
servir les utilisateurs des deux langues. A notre avis, nous réunissons, en
tant que lexicographe allemand, les meilleures conditions pour répendre aux
besoins de production d'un Français, apprenant l'allemand, et aux besoins de
ccnpréhension d'un Allemand, apprenant le français.
Demandons-nous maintenant quels sont les critères qui doivent guider l'éla-
boration de nos deux articles. Une nécessité qui s'inpose d'autant plus impéra-
tivement, si, coime le constate Hausmann (1985:378), on ne tient pas caipte en
pratique des différentes fonctions des dictionnaires bilingues.
= rapport d'équivalence
266
Ce concept d'équivalence se conçoit ccnne existant seulement entre des aires
sémantiques du mot-départ et du (des) mot(s)-cible. Il élève en quelque sorte
le sème au rang d'une entrée (cf. Hausmann 1982b:227, note 18). Il suppose lo-
giquement une analyse complète des mots de part et d'autre (cf. Hausmann
1977:54). Nous pensons nous être acquittés de cette tâche par l'analyse des
deux EIS présentée dans le chapitre précédent.
"Le problême que tout dictionnaire doit résoudre n'est pas, comme on
le sait, un problême de définition, mais d'équivalence entre les mots
et les tours des deux langues considérées".
Une caractéristique des traductions des EIS est qu'en général, elles exit
aussi un caractère de EIS et que, par là, elles réunissent toutes leurs pro-
priétés, notairment celles de la polysémie. Cela explique que, assez souvent,
des efforts considérables en gloses distinctives seraient nécessaires pour
dissiper toute incertitude chez l'usager allemand.
D'abord nous signalons que l'article, prévu pour le dictionnaire type pas-
sif, doit remplir une fonction réceptive et non productive. Hausmann (1985:377)
fait cette distinction entre les deux rôles qui peuvent être assumés par ce
type de dictionnaire, d'une part, la compréhension de la langue étrangère, et,
d'autre part, la traduction dans la langue maternelle. Mettre l'accent sur la
compréhension irrplique que les conditions optimales soient créées pour iden-
tifier ce que l'usager veut comprendre. Cette identification n'est possible
que du côté de l'entrée. Elle a lieu sur un niveau morphologique, syntaxique,
phonétique (cf. Krcmann, Riiber, Rosbach 1984:212 et 217), mais aussi sur un
268
Pour notre part, nous avons choisi les principes impliqués par la deuxiètae
voie au risque de nous voir exposés à des critiques avançant l'argument 'tout
puissant' de 1'espace disponible dans le dictionnaire.
Dès lors qu'il y a compétence déficitaire de l'utilisateur français du
côté des équivalents, tout doit être mis en oeuvre pour y remédier.
Pour que l'utilisateur soit mis en état d'employer les équivalents, il faut
qu'il trouve toutes les informations qui lui sont indispensables. Dans notre
article, il trouvera d'abord des indications prosodiques, notanment l'endroit
précis de l'accent principal. Nous nous sautes rendus canpte que l'accent est
sémantiquement si important que la simple présentation de l'équivalent serait
sans valeur pour un emploi adéquat. Là où il faut, nous ne nous gênerons pas
pour donner aussi d'autres informations prosodiques ('très bref', 'très long',
'moqueur', etc...) sans avoir 1'ambition d'utiliser une terminologie 'scienti-
fique' .
Un autre accent sera mis sur la composante syntaxique. Nous proposerons des
enchaînements typiques après l'équivalent. On pourrait parler dans ce cas d'une
forme de collocation prise dans un sens large. En argumentant de la sorte, nous
n'avons pas l'intention de diluer cette notion beaucoup trop 'négligée' dans
l'élaboration de dictionnaires, et très chère à Hausmann (1977:74, 78, 1984) qui
emploie ce terme dans un sens plus restreint (cf. Kramann, Riiber et Rosbach
1984:207).
Nous considérons l'exemple, non pas came un supplément plus ou moins superflu
de la définition, mais au contraire, corme un moyen de fournir une quantité
d'informations implicites qui conduisent à une juste appréciation du mot. Au
lieu de recourir â de longs cormentaires, nous chargeons l'exemple de trans-
128
mettre les informations nécessaires (cf. Hausmann 1982a:194).
L'exemple, c'est-à-dire le dialogue dans le cas de nos EIS, aura donc la
priorité absolue. Même dans un dictionnaire, la nécessité d'économiser de l'es-
pace doit se plier à cet impératif, si 1'oti vise son amélioration qualitative,
ce dont nous sonnes convaincus. Quant à TOT et LBA qui réalisent toutes les
deux des actes illocutoires réactifs, il va de soi qu'on peut illustrer
leurs emplois uniquement par des exemples sous forme de dialogues (cf. Wiegand
1981:259, note 158).
128 Nous renvoyons au résultat d'une enquête que Bastert (1985:114) a menée
auprès d'étudiants en langues. Elle démontre l'énorme importance de
l'exemple pour la compréhension du sens, importance qui va largement
au delà d'une simple illustration.
270
4.2.2.5 Conclusions
Cn aura remarqué que nous nous sames beaucoup plus étendus sur les artic-
les bilingues que sur ceux destinés au dictionnaire monolingue. Dans la rétro-
spective, nous ne voulons pas négliger de tirer au clair un aspect que nous
trouvons exprimé chez-Kranann (1986:181). Selon lui, la typologie des quatre
types de dictionnaires bilingues et ses conséquences pour la présentation des
gloses, des informations graimnaticales, du rrétalangage etc... a aussi des ré-
percussions sur le dictionnaire monolingue dans la mesure oû celui-ci vise des
étrangers canne utilisateurs.
Avant de présenter les plans de disposition des éléments de chacun des quatre
types d'articles lexicographiques, nous soulignerons encore quelques aspects
dont il n'a pas été question jusque-là. Ils fonctionneront carme principes or-
ganisateurs plus ou moins explicites des articles.
4.2.3.1.1 Le nétalangage
Nous partons de la vérité banale que chaque type d'entrée réclame son propre
type de présentation lexicographique. Que cette banalité soit encore loin
d'être traduite dans les faits, se laisse facilement démontrer. Ouvrais au
hasard le Petit Robert. Sous l'entrée taper, il nous fait savoir sur l'expres-
sion: "fam. C'est â se taper la tête contre les murs, c'est une situation ré-
voltante et sans issue".
271
Nous avons affaire ici à une "définition classique cherchant à rendre compte
d'un emploi où le substantif réfère" (Fradin 1979:64). La description s'inscrit,
par conséquent, dans une voie nettement représentationaliste qui suppose la
transparence du signe. Or, 11expression narrée, pour être décrite de façon plus
adéquate, devrait plutôt être considérée carme un signe opaque. Conséquennent,
on mettrait l'accent sur le fait qu'elle soit employée dans un manent de grosse
colère. Les informations référentielles et predicatives ne deviendraient pas
superflues pour autant. PR mentionne d'ailleurs l'expression se cogner, se taper
la tête contre les murs aussi sous l'entrée mur où il n'y a qu'un renvoi à
désespérer (se). A part la présentation insuffisante sous forme infinitive, ce
renvoi va au moins dans le sens de l'opacité. Mais une vérification sous dés-
espérer (se) ne nous avance pas. On n'y trouve que l'information 's'abandonner
au désespoir'.
Nous avons donné cet exemple pour montrer ce que veut dire 'ne pas tenir
carpte de la spécificité d'une entrée'.
Notre souci de respecter la nature spécifique des EIS se fera sentir jusque
dans le langage que nous utiliserons dans les articles, en particulier dans
ceux où l'accent est mis sur l'activité linguistique productive du consultant
(diçtionnaire spécial monolingue et dictionnaire bilingue actif). A travers la
formaulation du type vous faites X en employant l'expression Y, il se rendra
carpte qu'il agit. Dans l'article du dictionnaire bilingue passif, par contre,
cette activité est uniquement exercée par l'acteur de l'exemple illustrant
l'errploi de l'expression. Le consultant n'est que le récepteur qui essaie de
comprendre cette activité â travers sa description et son illustration exemp-
laire.
formèrent â la GSS, elles se situent aux niveaux II, III et IV. Elles se trou-
vent toutes en amont de l'exemple. Chaque article se distingue par une structure
ternaire selon les trois modes de PPV du niveau III. La description ccmporte-
mentale du niveau II est la plus générale et est placée avant la tripartition.
Celle-ci est annoncée par l'insertion du topos dans la description générale du
carportement. En tête de chaque partie de la tripartition se trouve une des-
cription qui explicite 11illocutoire á dominante argumentative et dans laquelle
se concrétise l'action d'un topos.
Le classement des trois sens du niveau III obéit toujours au mène schéma.
Le premier correspond au mode présuppositionnel (mpp) interrogatif, le deux-
ième au mpp affirmatif et le troisième au mpp impératif (à condition que le
mpp soit présent dans le sémantisme). La multiplication des sens se passe au
niveau IV sous forme d'illocutoires spécifiés. En général, leurs descriptions
respectives du carportement précèdent directement 11exemple.
Après une analyse de deux EIS, nous n'osons pas bien entendu trop généra-
liser. Cependant, nous ne voulons pas cacher notre pressentiment: il y a une
cohérence sémantique logique entre les variantes d'une EIS polysémique dans
beaucoup plus de cas que leurs descriptions lexicographiques 'éclatées', exis-
tantes dans tel et tel dictionnaire, ne le laissent présumer.
273
Bien que nous ne négligions pas l'importance des éléments descriptifs, explica-
129 «.
tifs et dêfinitionnels dans un article lexicographique, nous tenons a ne
laisser subsister aucune équivoque sur l'élément auquel nous donnons la priori-
té absolue: 11exemple. Ce rôle dominant s'explique par sa propriété de facili-
ter le plus possible la compréhension d'un élément linguistique inconnu, tant
au niveau sémantico-pragmatique que syntaxique (cf. Collignon et Glatigny
1978:148). En ce qui concerne la question controversée 'exemple authentique'
ou 'exemple construit', nous nous satires décidés en faveur de l'exemple con-
struit en raison de la plus grande valeur didactique de ce dernier (cf. Dubois
et Dubois 1971:91/92 ; Hausmann 1985:376).
129 Nous employons indifféremment ces qualificatifs parce que nous jugeons peu
utile, et, plus encore, peu convaincant de vouloir les distinguer. Mais,
peut-être y a-t-il quand même une allergie partielle entre le concept
classique de la définition ('genre prochain', 'différence spécifique') et
les nécessités d'une description des EIS. Sous cet aspect, il serait peut-
être préférable de donner la priorité au terme plus neutre de description
(cf. aussi Sciarone 1983:142).
130 Danjou-Flaux (1975) donne une bonne démonstration de la façon dont nous
imaginons une telle grammaire. Pour les rapports importants entre une telle
grammaire et le relevé de cotextes usuels, voir Henne (1975:96, 108 à 110).
Weinrich (1975:358) réclame également que l'article du dictionnaire relève
les règles d'emploi grammaticales des mots.
274
Encore une remarque finale et de nature générale. On verra que nos articles
occuperont beaucoup de place, ce qui amènera les uns ou les autres à les re-
léguer dans le domaine de l'utopie lexicographique. Nous ne partageons pas
cette opinion. Nous savons bien que dans un monde dominé par l'électronique,
l'informatique et la robotique, la SIGNIFICATION est en train d'être réduite
à une relation de 1 à 1. Nous nous trouvons à l'autre extrémité. Les EIS re-
présentent une chance de pénétrer profondément dans 1' univers pragmatico-
sémantique d'une autre cannunauté linguistique. Leur connaissance favorise un
275
Nous nous permettons d'interpréter les propos d'Alain Rey (1983:24) dans
ce sens. Celui-ci rappelle cette phrase ccmbien vraie de Georges Bataille:
Allons-y alors, et réservons davantage de place aux EIS dans nos dic-
tionnaires !
PRESENTATION DE L'ENTREE:
information, phonétique
variantes morphologiques
prosodie, mimo-gestualité (générales)
DEMONSTRATION:
situation
dialogue
synonymes
COTEXTES: - pré -
- post -
ENTREE:
- information phonétique
DESCRIPTION:
- signification
variantes de sens (sur la base du topos) + synonymes
DEMONSTRATION:
- dialogue (de la variante la plus fréquente)
278
ENTREE
DESCRIPTION/DEFINITION:
1.1. DEMONSTRATION:
- dialogue
- équivalents
• morpho-syntaxe
« synonymes/traductions/sous-entendus
.· équivalents
279
PRESENTATION DE L'ENTREE:
- information phonétique
- variantes morphologiques
- diachronie
- milieu social-registre
DESCRIPTION/DEFINITION:
DEMONSTRATION:
- dialogue
- équivalents
280
4.2.4.2 Epreuves d'articles
En principe, vous avez le choix entre une intonation exagérante et plus fine
pour faire ressortir l'ironie, et vine intonation plutôt 'non-ironique' et plus
sèche pour exprimer plus directement votre désaccord.
Vous pouvez aussi réagir par LBA à un geste, â une mimique significatifs
(pleurs, regard sévère, etc..).
Vous répliquez sur un ton d'indifférence, plus ou moins grande, que vous
ne lui accordez pas le droit de donner tellement d'importance à une cause/
raison expliquant son comportement dramatisant.
Vous jugez son comportement seulement un peu injustifié. Vous vous montrez
solidaire, conpréhensif, bienveillant. Vous faites remarquer à votre inter-
locuteur de façon rassurante, calmante:
1.2. ne sois plus si peu sûr de toi, de ce que tu fais/veux faire etc..:
1.2.1.
Β : Je ne sais pas si je vais t'accompagner chez les Dupont, ce soir. Tu sais,
madame Dupont, elle est toujours très élégante, et moi, j'ai le même tail-
leur que l'année dernière, je vais te faire honte.
A : La belle affaire ! il est encore très bien, ce tailleur ! Syn. ce n'est
pas grave !
1.2.2.
Β : Dis-moi, est-ce que tu m'aimes vraiment ?
A : La belle affaire ! c'est évident ! Syn. en v'iâ une de questions ! bien
sûr !
1.2.3.
Β : Est-ce que tu m'en veux toujours ?
A : La belle affaire ! n'en parlons plus ! Syn. que vas-tu chercher !
2. {it 'iti aVier, bref, mutin) (variante la plus fréquente des trois).
3.1.1.
A : (enervé, devant la porte fermée de la salle de bains): Alors, tu sors !
Β : Mais non, mon fard à paupières vert ne va pas avec ma robe rouge, il
faut que je trouve le bleu !
A : Ah vraiment ! la belle affaire ! moi, j'ai absolument besoin de la salle
de bains ! Syn. c'est vraiment une affaire (iron).
3.1.2. Β doit prendre l'avion, il est très énervé. Vous vous énervez de plus
en plus et vous êtes de moins en moins disposé à vous laisser casser les
oreilles, d'autant moins que Β a déjà fait d'innombrables vols. Vous voulez
mettre fin à ce comportement et vous dites:
A : Ecoutez, votre histoire de peur, la belle affaire ! ça suffit, maintenant
c'est terminé. Syn. faut pas en faire tout un drame.
3.1.3.
Β : J'ai décommandé la voiture.
A : C'est idiot !
Β : Mais non, ils viennent de sortir une nouvelle gamme de couleurs, et je
trouve que la beige-ivoire est plus jolie que la jaune paille.
A : Tu parles, la belle affaire ! et si nous n'avons pas de voiture pour les
vacances, ça nous fera une belle jambe. Syn. et tout ce théâtre pour...
3.2.2. Vou voulez réduire â une juste mesure les éloges, les canpliments dont
votre interlocuteur vous ccmble:
Β : Alors vraiment, tu es super, être reçu au permis du premier coup, c'est
fantastique !
A : La belle affaire, tout le monde le réussit, le permis ! Syn. n'exagérons
rien !
284
Souvent, vous reprenez devant LBA ce que votre interlocuteur vient de dire ou
ce que vous présumez être l'assertion sous-jacente à ses paroles, par exenple
1.1. A: Tu as perdu tes dix francs ? LBA.
Devant LBA, vous pouvez aussi mettre: et alors, et après (exclus dans 1.4.) ;
c'est tout, s'il n'y a que ça (dans 1.) ; bof, peuh, pff (dans 2.) ; ah vrai-
ment, voyez-vous ça, tu parles (dans 3.).
Vos possibilités d'enchaînement après LBA: LBA que/ pour/ de/ si/ puisque/
et (p. ex. 2.1.1. LBA qu'il soit vieux ; 1.4.2. LBA pour 1.000 Frs ; 3.1.1.
LBA puisque tu ne l'as pas Petrouvé depuis des mois).
En jouant sur les mots de LBA vous pouvez aussi évoquer d'autres sens plus
littéraux:
b) Β : Regarde-moi cette femme galante, elle n'a même pas honte de venir
ici !
A : Ah, la belle affaire, tu peux m'en dire plus ?
ATTENTION:
a) Vous ne pouvez pas vous opposer â un comportement uniquement dramatisant.
Il faut qu'en vous présente aussi une thèse ou que vous puissiez dégager en
plus une thèse sur le ccnçortement. C'est pourquoi vous vous opposez de pré-
férence â un énoncé de qualité assertive:
285
+
faux : Β (menaçant): Viens ici ! A : LBA
La belle affaire! (iron.) /¿a.'Lei iYsf / Pour s'opposer de façon plutôt gen-
tille au comportement dramatisant de l'interlocuteur (qui se plaint, se la-
mente, réprimande, s'indigne, se justifie etc.). On réplique sur un ton d'in-
différence, qui est plus ou moins importante, qu'an ne lui accorde pas le
droit de donner tant d'importance à une cause justifiant, selon l'interlocu-
teur, ce ccrnportement (syn. et alors!). Selon le degré d'illégitimité du
comportement l'opposition peut prendre une qualité: (i) bienveillante et
comprehensive, syn. ne t'en fais pas! ; (ii) nettement indifférente et mo-
queuse, syn. je m'en moque! ; (iii) volontairement inconpréhensive, syn.
faut pas en faire tout un drame!
La belle affaire!
1.1.
B : (en larmes) Maman, tout â l'heure en allant chercher le pain, j'ai
perdu la pièce que tu m'avais donnée...
A : la belle affaire !
286
das ist ja fürchtbar ! (iron.) c'est terrible ! , dás ist aber schlirrm ! (iron.)
c'est grave ! , nein só was ! (iron.) ah, ça alors ! , das ist doch kein Drámal,
nun nirrm's mal nicht so trägisch ! ne le prends pas au tragique !
1.2.
Β : Je ne sais pas si je vais t'accompagner chez les Dupont, ce soir. Tu sais,
madame Dupont, elle est toujours très élégante, et moi, j'ai le même tail-
leur que l'année dernière, je vais te faire honte.
A : La belle affaire !
ach wás 1 mais non ! , das ist doch gût so l ça te va toujours bien ! , das
ist doch nicht so schliirm !, das mächt doch nichts ! ça ne fait rien, da ist
doch nichts dabei ! toujours s.-ent. ce n'est pas grave, si tu portes le même
tailleur.
1.3.
Β : Dis-moi, est-ce que tu m'aimes toujours ?
A : La belle affaire !
na klâr ! c'est évident ! natürlich bien sûr ! , aber jâ doch ! mais oui ! ,
ja was meinst denn dû ? s.-ent. mais tu ne vas pas imaginer qu'il en soit
autrement , das ist doch gar keine Fráge ! (dass ich dich ininer noch liebe )
ça ne fait pas de doute !
1.4.
Β : Est-ce que tu m'en veux toujours ?
A : La belle affaire !
ach wâs ! mais non ! , ich bitte dich ! (iron.) s.-ent. que vas-tu chercher
là ! je t'en prie ! (iron.), vergessen Schwánm drüber ! (1. parlée fam.)
c'est oublié, passons l'éponge !
1.5.
Β : Regarde-moi cette pute là, elle n'a même pas honte de venir ici t
A : La belle affaire !
nun rêg dich doch dêshalb nicht so áuf ! ne t'énerve pas pour si peu ! , nun
krieg dich (mal wieder êin) ! (1. parlée fam.) ne t'emballe pas !
287
1.6.
Β : Est-ce que tu pourrais garder mon mouflet pendant les vacances ?
A : La belle affaire !
Kein Problem l (machen wir/mach' ich) il n'y a pas de problème ! , das ist
doch klär !, na klár ! (mäch1 ich/wird gemacht) ben oui ! , ja wenn's nicht
méhr ist I (als dàs) s'il ne s'agit que de ça !
1.7.
Β : ... est-ce que vraiment, ça t'ennuierait pas de me donner les 1.000 Frs ?
A : (lassé, cède enfin plutôt contre son gré): la belle affaire !
1.8.
Β : Alors vraiment, ça c'est la meilleure, toi, sauter 1.70 m !
A : La belle affaire ! (sur un ton de mépris, sûr de soi)
dàs kannst du aber glauben ! (dass ich die springen werde), dás gláubst du
aber ! (dass ich die springen werde) ah ça, tu peux bien le croire ! , dâs
glaubst/meinst aber nur dû ! s.-ent. dass ich die 1.70 m nicht springen
werde ce n'est que ta propre opinion ! ; dû musst es ja wissen ! (iron.)
puisque tu sais tout ! (iron.), wenn du mêinst ! (muss es ja wohl stirimen)
(ircn.) puisque c'est ton opinion ça doit être juste ! , wenn du das ságst !
(muss es ja wähl stimmen) puisque c'est toi qui le dis ! (ça doit être juste)
(iron.) ; da ist doch nichts dabei ! ce n'est pas bien sorcier ! , das ist
doch geschenkt ! (1. parlée fam.), das ist doch ein Klacks ! (1. parlée fam.)
c'est de la tarte !
2.1.1. (pour mettre 11accent sur le fait qu'on reconnaît la réalité qu'est la
vieillesse, mais qu'an ne lui attribue pas d'importance, ton nettement moqueur)
phh ! (très bref, voix aiguë) pff !, peu ! , na und ? (und wenn er 65 Jahre alt
ist, Häuptsache ist...) et alors ! , na wenn schon ! et puis alors, (das ist
doch egal ! ça m'est tout ά fait égal, (das) ist doch völlig schnuppe 1 (1.
parlée fam.) je m'en fiche pas mal, (das) mächt doch nichts J, da ist doch
nichts dabei ! qu'est-ce que ça peut faire ! , das hat doch nichts zu sägen 1,
das spielt doch keine Rôlle/Géige (1. parlée fam.) cela n'a pas d'importance !,
peu importe !, (enchaînement possible dans tous les cas: Hauptsache ist/er hat
Géld/dass er Geld hat).
phh Í (très bref, voix aiguë) pff !, peuh ! , ach néin ! (irai.) (ton moqueur
ou de dramatisation feinte) c'est pas vrai ! (iron.), was du nicht sagst 1 (ton
moqueur ou de dramatisation feinte) tu m'apprends des choses ! (iron.), dáss
ich nicht lache ! tu veux rire !
3.1. Β doit prendre l'avion, il est très énervé, il fait tout un drame du vol,
A s'énerve et, pour mettre fin à ce ccmportement, il dit enfin La belle af-
faire !
(Vous mettez l'accent sur le fait que vous n'acceptez pas/plus le ccrporte-
ment dramatisant, affolé):
du machst vielleicht/machst du/nun mach mal nicht so/(ei) 'n Theater ! (um +
acc./wegen + gên./dat.fam. Allem, du Sud), und das gánze Theater nûr wegen...,
und all das nur wegen und dafür das gánze Theater 1 faut pas en faire tout
un plat/drame, du stellst dich vielleicht/stellst dû dich/nun stèli dich mal
nicht so án ! (wegen + gén./dat. fam. Allem, du Sud) n'en fais pas une affaire !
289
3.2.
A : Tu as encore emprunté la voiture, et tu n'as pas remis d'essence.
Β : Tu sais bien que j 'étais dans un encombrement, que j'attendais un coup
de fil à sept heures et que je ne suis rentré qu'à sept heures moins
cinq.
A : La belle affaire !
na und ! et alors ! , (na und) das ist doch kein Grúnd ! (nicht zu tanken) et
alors, ce n'est pas une raison ! , ist das vielleich ein Grúnd ! (nicht zu
tanken), das ist doch (alles) keine Entschûldigung ! ce η 'est pas une excuse ! ,
das entschuldigt ddch gár nichts ! cela n'excuse rien ! , eine Entschuldigung/
Ausrede hast du inner !, um eine Entschûldigung/Aûsrede bist du nie verlegen !
tu as toujours une bonne excuse/un faux-fuyant !.
3.3.
A : Alors, tu sors enfin de la salle de bains !
Β : Mais non, mon fard à paupières vert ne va pas avec ma robe rouge, il
faut que je trouve le bleu !
A : La belle affaire ! (sors enfin).
3.3.1. (ironiquement, vous feignez que ce soit important et vous faites semb-
lant de reconnaître 1' importance du fait):
ách was ! tu parles ! (óch/ách) das ist doch nicht wichtig 1, so (ei)'n Kiki-
kram (1. parlée tr. fam. ) pour une broutille pareille !
290
3.4.
Β : (se vantant)s Oh, avec mes stagiaires, ça a bien marché, ce stage, je
suis vraiment content.
A : La belle affaire !
(Vous dévalorisez):
Kleinigkeit ! c'est un jeu d'enfant ! , das ist doch ein Klácks ! (1. parlée
fam.) c'est de la tarte ! , das ist doch geschênkt ! (1. parlée fam.) c'est
du gâteau ! , das ist doch nichts Besónderes ! ce n'est rien d'extraordi-
naire ! , da ist doch nichts dabei ! il n'y a rien de difficile là-dedans ! ,
das kann doch jêder ! tout le monde sait faire cela ! , só toll ist das nun
aûch wieder nicht ! ce n'est pas aussi super ! (comme tu as l'air de le dire).
3.4.3. (vous exprimez directement que l'interlocuteur doit cesser d'en imposer)
nun gib mal nicht so án ! t'as bientôt fini de vouloir épater tout le monde ! ,
nunraâchmal nicht so viel Wind ! (1. parlée fam.) faut pas la lui faire à
l'esbroufe ! , nun trág mal nicht so dick auf 1 faut pas charrier dans les
bégonias ! ; (enchaînement possible: mit deinem lappischen Seminar).
3.5.
Β : Est-ce que tu pourras garder mon mouflet pendant les vacances, après,
tu peux passer huit jours dans mon chalet en Savoie ?
A : La belle affaire ! (j'en ai un moi-même)
3.5.1. ironiquement
3.5.1.1. (vous pouvez choisir entre un ton exagéré avec intention et un ton
plus bref et méprisant)
291
âch wie interessant !, das ist ja wáhnsinnig interessant !, das ist ja enórm !,
das ist ja umwerfend ! je suis bouleversé (iron.), néin ! (très allongée, très
accentuée), s.-ent. tu me proposes tant, dá(nn) hab ich's aber ! c'est ae qu'il
me faut ! (iron.)
3.5.1.2. (vous exagerez le fait que votre interlocuteur ait dit que la corpen-
satìon a ime grande valeur)
wâs du nicht sagst ! ben, tu m'en dis des choses ! (intéressantes) (iron.)
3.5.2. directement
(vous soulignez la valeur insignifiante de la ccmpensation proposée)
ist das álles ? c'est tout ? , das ist ja lächerlich ! c'est d'un ridicule ! ,
und was háb ich davon ? et oela me servira à quoi ? , dafür kann ich mir nichts
kaufen ! (1. parlée fam.) ça ou rien, c'est pareil !
La belle affaire ! /ln'hfl ».'fer/(cette~, quelle"·) ; ... que/ pour/ de/ si/
puisque/ et;
Der Sprecher entgegnet in mehr oder weniger indifferenter Form in erster Linie
jeder Art dramatisierenden Verhaltens als solchem. Er bestreitet dem Gesprächs-
partner das Recht, der Ursache X seines Verhaltens eine solch grosse Bedeutung
zu geben. Er bestreitet also nicht direkt die Tatsache, dass X so und so ist,
sondern nur die Uberbetonung, dass X so ist.
Die Bedeutungsdifferenzierungen ergeben sich aus dem Mass der Bereitschaft des
Sprechers, die Überbetonung als mehr oder weniger ungerechtfertigt zu beurteilen.
292
Der Sprecher bringt zum Ausdruck, dass er das übertreibende Verhalten nur für
ein wenig ungerechtfertigt hält. Er zeigt sich solidarisch und wirkt beruhigend
auf den Gesprächspartner ein. Er will ihm Sicherheit geben.
1.1. Β soll sich nicht mehr beschuldigen, sich keine Vorwürfe mehr machen.
1.2. Β soll nicht mehr so unsicher sein und so wenig überzeugt von dem, was er
macht, machen will, oder von dem, was er ist.
1.2.1.
Β : Je ne sais pas si je vais t'accompagner chez les Dupont, ce soir. Tu sais,
madame Dupont, elle est toujours très élégante, et moi, j'ai le même tail-
leur que l'année dernière, je vais te faire honte.
A : la belle affaire ! il est encore très bien, ce tailleur ! ach was ! da ist
doch nichts dabei !
1.2.2.
Β : Dis-moi, est-ce que tu m'aimes vraiment ?
A : La belle affaire ! c'est évident ! na klar !, (das) ist doch gar keine
Frage !
1.2.3.
Β : Est-ce que tu m'en veux toujours ?
A : La belle affaire ! n'en parlons plus ! - ach was !, ich bitte dich !
Β : Regarde-moi cette pute là, elle n'a même pas honte de venir ici !
A : La belle affaire ! ne t'inquiète pas ! nun reg dich mal nicht so auf !,
das lohnt sich doch nicht ! (sich aufzuregen)
293
1.5. A wartet sich selbst auf, nachdem Β ihm eine bestirrmte Leistung nicht
zutraut
Β : Alors, vraiment, ça c'est la meilleure, toi sauter 1.70 m !
A : La belle affaire ! rien de plus facile pour moi ! was du schon meinst !,
und wie ich die springen werde !
A bringt zum Ausdruck, dass ihm das übertreibende Verhalten Bs gleichgültig ist.
Diese Gleichgültigkeit richtet sich gegen jede Form von Worten, die Β eine be-
stimmte Verhaltensform vorschreiben wollen.
3.2.2. der Fähigkeiten As darstellt. A will deshalb die Komplimente, die Lob-
hudelei Bs auf ein richtiges Mass schrauben:
Β : Alors, vraiment tu es super, être reçu au permis du premier coup, c'est
fantastique !
A : La belle affaire ! tout le monde est reçu au permis ! nun übertreib mal
nicht !, so toll ist das nun auch wieder nicht !
295
3.3. weil A die Kanpensation, die Β als Gegenleistung für eine Bitte anbietet,
für unzureichend hält:
Β : Est-ce que tu peux garder mon mouflet pendant les vaaanaes, après, tu peux
passer 8 jours dans mon ahalet en Savoie ?
A : La belle affaire ! j'en ai un moi-même ! das ist ja urtsœrfend ! (iron.),
und was hab ich davon ?
La belle affaire ! /L» bel if&ri ach was ! (die Sache verdient nicht die Be-
deutung, die du ihr gibst).
1. (solidarisch, wohlwollend)
Β : Maman, tout â l'heure en allant oheraher le pain, j'ai perdu la pièce que
tu m'avais donnée...
A : La belle affaire ! das ist doch kein Drama !, nun rüjtm's mal nicht so
tragisch Í
2. (gleichgültig, spöttisch)
A : Oh moi, je vais épouser monsieur Dupont, il a de l'argent, je vais être
heureuse...
Β : Mais il a 65 ans !
A : La belle affaire ! phh 1, na und !, na wenn schon !, das ist aber schLuim !
(iron.)
3. (unsolidarisch, kategorisch)
A : Tu as encore emprunté la voittwe, et tu n'as pas remis d'essence.
Β : Tu sais bien que j'étais dans un encombrement, que j'attendais un coup
de fil à sept heures et que je ne suis rentré qu'à sept heures moins cinq.
A : La belle affaire ! na und !, das ist doch kein Grund l, ach nein !
(iron.), nein sowas 1 (iron.)
296
Tu m'en diras tant ! /iy ma dir» io /, (vous m'en direz tant), expression moins
fréquente que son pendant ironique, langue parlée non marquée.
Vous employez TOT quand vous sentez un lien affectif positif entre vous et
votre interlocuteur.
Fort effet de complicité dans l'emploi portant sur une tierce personne. Un
emploi trop fréquent peut vous valoir une image de crédulité.
En disant TDT, vous indiquez à votre interlocuteur, sous forme d'une constata-
tion exclamative, dans quelle mesure la nouvelle qu'il vient de vous apporter
vous ouvre des horizons nouveaux sur le sujet auquel se rapporte la nouvelle.
Plus cette ouverture est grande, plus vous résistez à la compréhension. Cette
297
Moins cette ouverture est grande, ce qui est le cas,si la nouvelle s'inscrit
dans une logique de votre savoir préalable, moins vous résistez à la compré-
hension. Cette résistance décroissante est accompagnée d'une acceptation con-
firmative croissante de la justesse de la nouvelle et de votre interlocuteur
en tant que personne.
1. La nouvelle vous ouvre des horizons tellement nouveaux que vous n'arrivez
pas à l'assimiler à ce que vous saviez déjà. Vous indiquez â votre interlocu-
teur que vous avez des difficultés à bien comprendre ce qu'il vous a appris.
En principe, vous auriez encore besoin d'autres précisions pour y voir réel-
lement clair. C'est pourquoi il ne vous reste qu'à constater l'enregistre-
ment de la nouvelle.
1.2. Vous indiquez que la nouvelle vous met dans un état d'embarras et vous
laisse désemparé:
Β : Maman, je ne sais plus quoi faire, mon ami m'a mise devant l'alternative:
ou bien je pars avec lui en vacances, ou bien il m'abandonne !
A : ou là lâ/eh ben/tu m'en diras tant ! Syn. qu'est-ce que tu veux que je te
dise !, ah ! vous en êtes à ce point là !
1.3. Vous indiquez que vous n'êtes plus disposé à comprendre; vous êtes légère-
ment irrité et vous 'protestez' contre l'envahissement que provoque l'informa-
tion:
Β : (mari, sur un ton pédant, doctoral, â sa ferrnve) : Mais comment est-ce que
tu t'y prends avec l'appareil, tu n'as qu'à tourner cette bague-ci, et
puis tu tournes celle-là, ensuite tu vérifies la luminosité pour que tu
puisses régler le diaphragme, après tu actionnes le transport du film...
A : Ah vraiment/hhf/tu m'en diras tant ! Syn. je ne vais jamais comprendre
ça !, je n'ai pas envie d'apprendre ça !
298
1.4. Vous signalez que vous êtes encore désireux d'autres informations pour
mieux comprendre:
Β : Christine, je suis désolée, mais je suis obligée de me décommander, je
ne peux pas venir pour le café cet après-midi, j'ai dû prendre de toute
urgence un rendez-vous chez mon médecin.
A : Oh/quel ennui/tu m'en diras tant ! Syn. mais comment cela, dis m'en plus !
2.1. Sur ce que vous aviez compris, interprété diffêrenment (ici: A croit qu'il
existe encore une chance de réconciliation alors qu'en fait, il n'en est rien):
A : Allons, Germaine, faisons un nouvel effort, cette fois ça va marcher !
Β : Mais, Bernard, c'est plus possible, j'ai fait la connaissance d'un jeune
homme très sympathique.
A : Ah ben, dis donc/tiens/tu m'en diras tant ! Syn. si c'est ainsi !, dans
ce cas !, cela change tout !
2.2. Sur ce que vous ne compreniez pas (ici: la mère ne trouvait pas d'expli-
cation au désir de sa fille qui voulait rentrer de France pour la rejoindre
au pays du Sahel oû elle travaille):
Β : (au téléphone): Maman, je t'en supplie, laisse-moi rentrer et terminer
l'année scolaire, ici j'ai un tas de copains qui se droguent avec moi !
A : Oh là là mon Dieu/ah vraiment/tu m'en diras tant /Syn. c'est là la raison !
3. Vous indiquez que la nouvelle vous éclaire sur un fait mais qu'elle s'in-
scrit en mène temps dans une logique déjà existante en vous. Cela fait que
vous confirmez ce que dit votre interlocuteur et vous confirmez aussi celui-ci
en tant que personne.
299
3.1. Vous considérez la nouvelle canne la seule qui puisse entrer en ligne de
compte:
A : Je me demande pourquoi mon mari n'est toujours pas rentré du bureau.
Β : Ah, les hommes ! faut pas se faire d'illusions, si ça se trouve, il a
un rendez-vous avec sa petite secrétaire...
A : Ah, ben voilà/ah, bien sûr/tu m'en diras tant ! Syn. c'est certainement
là la raison !, ce ne peut être que ça !
3.3. Vous indiquez que la nouvelle s'impose de façon évidente à votre esprit
carne la clé de maîtriser, de comprendre un état de fait en m l de conclusion.
3.3.1. Cela peut revenir p.ex. au fait de reconnaître tardivement une erreur:
Β : J'ai appris que tu n'avais pas reçu le poste dans notre maison.
A : Eh oui, pas de chance
Β : Mais tu aurais pu m'en dire un mot, j'aurais pu intervenir en ta faveur !
A : Ben oui, effectivement, tu m'en diras tant ! Syn. c'est vrai !, ma foi
oui !
3.4. Vous indiquez que la nouvelle ne fait que sanctionner une première fois
œ que vous aviez déjà anticipé dans l'esprit. S'il s'agissait d'un pressen-
timent anxieux, la nouvelle peut p. ex. provoquer votre soulagement:
A: Il est grand temps que la police mette fin aux pratiques scandaleuses
de notre voisin !
300
Β s Mais tu η'es pas au courant ? hier, les flics l'ont mis sous tes verrous
pour attentat à la pudeur.
A : Ah, enfin, tu m'en diras tant ! Syn. il n'était pas trop tôt !
3.5. Vous indiquez que vous interprétez la nouvelle de la mâne façon que
votre interlocuteur. Par là, vous le confirmez p. ex. dans sa façon d'argu-
menter:
Β : Alors, vraiment, c'en est trop maintenant. Cette année, je vais partir en
vacances toute seule, et rien au monde ne m'en empêchera, surtout pas mon
seigneur de mari ni mes pachas de fils, ils se font servir par moi comme
si j'étais leur domestique !
A : Ah ben oui, tu m'en diras tant !
Selon qu'il s'agit de la variante de sens 1., 2. ou 3., vous pouvez mettre des
mots après TDT qui s'y retrouvent de façon typique:
Tu m'en diras tant ! MyrnSe/iniS/ (Vous m'en direz tant !), pour indiquer sur
un ton étonné dans quelle mesure une nouvelle de l'interlocuteur ouvre des ho-
rizons nouveaux sur ce qu'on sait déjà. Selon le degré et la qualité de l'ouver-
ture décroissante, la nouvelle provoque (i) une compréhension interrogative
(syn. c'est pas vrai /), (ii) effective (syn. maintenant je comprends ! voilà
pourquoi...!), (iii) confirmative (syn. ah ben oui .').
301
1. Vous exprimez que la nouvelle vous ouvre des horizons tellement nouveaux
que vous n'arrivez pas à la comprendre et à l'assimiler vraiment.
1.1.
Β : Au fait, tu sais la nouvelle ?
A s quoi ?
Β : Demain, je vais me marier !
A : non ! c'est pas vrai ! tu m'en diras tant !...
(Votre intonation fait ressortir le fait que vous croyez la nouvelle et que
celle-ci vous étonne beaucoup. Faites attention aux voyelles très allongées
qui portent l'accent):
wás ?! quoi ?,
néin ?! non ?,
já ?! c'est vrai ?,
ach já ?! ah oui ?,
na/ja sô was ! ah ça, par exemple !,
das gibt's doch nicht ! c'est pas possible !.
1.2.
Β : (mari, sur un ton pédant, doctoral à sa ferirne) s Mais comment est-ce que
tu t'y prends avec l'appareil, tu n'as qu'à tourner cette bague-ci, et
puis tu tournes celle-là, ensuite tu vérifies la luminosité pour que tu
puisses régler le diaphragme, après tu actionnes le transport du film
A : (énervée): tu m'en diras tant !
(Votre intonation fait ressortir le fait que vous n'êtes plus disposé á com-
prendre, donc,ton légèrement irrité et contestataire, plus bref et plus sec
que dans 1.1.) :
302
1.3.
Β : Maman, je ne sais plus quoi faire, mon ami m'a mise devant l'alternative:
ou bien je pars avec lui en vacances, ou bien il m'abandonne !
A : Tu m'en diras tant !
(Votre intonation reflète votre embarras, votre désemparaient, donc ton hési-
tant, pensif, amorti. Les points de suspension après toutes les expressions
sont quasiment un élément constitutif de celles-ci):
ttja 1 (bref) s.-ent. qu'est-ce que tu veux que je te dise ? , (ttja/ja) was
soll ich dazu sagen ? (wenn er dich vor diese Alternative stellt), aháa 1
s.-ent. c'est donc de cette façon que se présente la situation ? , na jaa !
s.-ent. s'il en est ainsi, il est difficile de te donner un conseil., ja, wenn
das natürlich s-o ist ! (kann ich dir auch nicht helfen) s'il en est ainsi !...,
ach sô steht's also mit euch ! ah, vous en êtes à ce point là !
1.4. Vous signalez que vous voulez encore plus d'informations que celle rap-
portée. Celle-ci vous laisse sur votre faim.
1.4.1.
Β : Tu sais bien, dans la réunion hebdomadaire, ton chef de service a ouverte-
ment critiqué ton travail !
A : Tu m'en diras tant !
(aber/ja) wieso denn dàs ? mais comment cela ? , was hat denn dàs (schon wie-
der) zu bedeuten ? qu'est-ce que cela signifie Ί , was hat denn das (schon
wieder) zu sagen ? was soll denn das (schon wieder) heissen ? qu'est-ce que
tu veux dire par là ? , nun réd' schon ! dis-m'en plus ! explique-toi !
1.4.2.
Β : (au téléphone)s Christine, je suis désolée, mais je suis obligée de me
décommander, je ne peux pas venir pour le café cet après-midi, j'ai dû
prendre de toute urgence un rendez-vous chez mon médecin.
A : Tu m'en diras tant !
303
(ja/aber) wieso denn dás ? comment cela ? , ság nur/bloss ? s.-ent. tu me dis
là une nouvelle à laquelle je ne m'attendais pas et je suis curieux d'en sa-
voir plus.
2. Vous exprimez que la nouvelle vous apporte toute clarté sur ce que vous
n'avez pas compris, ou nal interprété jusque-là.
2.1.1. Vous mettez l'accent sur le fait que vous constatez que 'c'est ainsi's
ach sô ! (ellipt. de ach sô ist das !) (o de so très long), ach s6 ist das !
àh (a très long), ahâ ! (deuxième a très long), (ach) dás ist (also) der
Grund ! c'est là la raison !
2.1.2. Vous mettez l'accent sur le fait que vous cctrprenez maintenant â cause
de la nouvelle apprise:
(ha) jétzt versteh' ich !, (ha) jétzt ist mir deis klar Í maintenant j'y vois
clair ! , (ha) jétzt wird mir einiges/manches klar ! maintenant pas mal de
choses s'éclaireis sent ! , (ja) dás erklärt natürlich einiges/manches/alles 1,
jétzt wo du das sägst ! (ist mir natürlich klar, warum du gerne hierher kom-
men möchtest) maintenant que tu me dis ça..., jétzt därmert's mir (natürlich) i
(1. parlée fam.) maintenant je commence â y voir clair... , dánn wundert mich
das natürlich nicht (mehr) ! (dass du hierher zurück möchtest) dans ce cas ta
demande ne m'étonne pas/plus !
2.1.3. Vous avancez le fait que d'apprendre la nouvelle vous amène à voir les
choses sous un aspect différent. Le changement n'est pas explicité, vous y
felites seulement allusion: si c'est ainsi... s.-ent. cela change tout·.
304
(ja/ach) wann cías só ist !, (ja) wenn dan só ist ! (légèrement démodé), wenn
das natürlich sô ist ! si a'est ainsi ! , ja dânn ! dans ae aas... , dann aller-
dings Í dans ae aas en effet/effectivement... , dânn natürlich ! dans ae aas,
naturellement...
dânn natürlich sieht die Sache ganz ánders aus ! dans ae aas bien entendu, la
ahose se présente d'une façon tout â fait différente , dés ändert natürlich
einiges/nónches/alles ! cela change tout !
2.2.
A : Mais, dis donc, qui a peint ae tableau ?
Β : Eh bien, a'est moi qui ai fait ça.
A : Tu m'en diras tant !
sâg nur ! allez ! , whhh ! (l'émission de l'air peut s'intensifier â tel point
qu'il y a un sifflement d'admiration, en général accompagné d'un mouvement de
tête approbateur, les yeux grand ouverts), ahâ 1 (deuxième a très long, pas
très ouvert, tendant plutôt vers un/9/; mimique cf. whhh), irihfhh ! (prononcé
avec un hiatus entre le premier mh et le deuxiètae mh, voix ascendante sur le
deuxième mh ; mimique cf. Whhh!), sieh mal einer an ! (exprime en plus que
vous ne vous attendiez pas à ce que Β ait peint le tableau ; c'est pourquoi
une nuance moqueuse, sarcastique est possible).
2.3
B, un collègue africain, avait demandé à A, un Allemand, travaillant dans un
pays d'Afrique, de lui amener une pièce de rechange d'Allemagne aux prochaines
vacances:
A: A propos, Souleymane, j'ai encore une fois réfléchi à ae que tu m'as de-
mandé, n'est-il pas possible que tu fasses envoyer le truc directement
d'Allemagne ?
Β : Ah non, c'est pas si facile que ça, ça va me coûter les yeux de la tête,
je risque de payer le double du prix, rien que pour la douane ils me de-
mandent 70% du prix !
A : Tu m'en diras tant ! et de quoi, moi, j'aurai l'air, si Hon me met sens
dessus dessous ma valise â l'aéroport ?
305
Vous mettez 1'accent sur le fait que vous avez démasqué les intentions de
l'autre et que vous ne vous laissez plus prendre pour dupe. Vous n'êtes pas
ironique, votre étonnement est authentique. Dans toutes les expressions, il y
a un léger reproche sous-jacent à Β qui a été malhonnête:
ách nein ! (und dann bildest du dir ein, dass ich...), ách nee ! (variante de
ach nein /, nord de l'Allemagne, Berlin), já ja ! s.-ent. c'est donc camme ça ?
et ce η 'est pas fameux ! , (da) siêh/gûck mal einer an ! (/kuk/) regardez-moi
ça ! , dás glaub' ich ! s.-ent. puisque c'est ainsi je ne comprends que trop
pourquoi tu m'as demandé ce service ! , wâs du nicht sagst ! s.-ent. c'est un
peu fort ce que j'apprends là ! , Jâ ! dû hältst dich vornehm aus allem heraus
und ich sitz' in der Patsche i toi tu ne manges pas de ce pain-là et moi je
suis dans la mêlasse ! , Nachtigall ick hör dir trabsen ! (dialecte berlinois)
je te vois venir avec tes gros sabots !
3. Vous exprimez que la nouvelle vous éclaire sur un fait m i s qu'elle s'ins-
crit en même temps dans une logique déjà existante en vous. Cela fait que votre
intonation traduit toujours l'aspect de confirmation dans ce que dit l'inter-
locuteur.
3.1.
A : Je me demande pourquoi mon mari n'est toujours pas rentré du bureau, je
trouve ça bizarre.
Β : Ah les homes ! faut pas se faire d'illusions, si ça se trouve, il a un
rendez-vous avec sa petite secrétaire ...
A : Tu m'en diras tant !
Vous accentuez le fait que vous tenez l'éclaircissement pour le seul valable.
dâs kann gut sein !, dás ist sehr gut möglich ! c 'est bien possible ! , dás
wird's wohl sein ! ce sera bien cela ! , es kann nur dás sein ! ce ne peut être
que ça ! , das ist die einzige Erklärung ! c'est la seule explication ! , dás
würde mich nicht wundern ! cela ne m'étonnerait pas !
306
3.2.
A : Monique, est-ce que tu sais où j'ai mis mes gants ? Je ne les trouve
plue !
Β : C'est bien de toi... ils sont là, où. tu les mets toujours, dans le
deuxième tiroir d'en haut de la commode.
A : Tu m'en diras tant !
* *
3.3.
Β : J'ai appris que tu n'as pas reçu le poste dans notre maison.
A : Eh oui, pas de chance.
Β : Mais tu aurais pu me dire un mot, j'aurais pu faire quelque chose pour toi!
A s Tu m'en diras tant !
Pour accentuer l'aspect de la reconnaissance tardive d'une erreur et, par là,
pour confirmer la justesse de ce que dit l'interlocuteur. Ton plutôt pensif,
amorti:
3.4. Depuis quelque tenps déjà, A est au courant de la vie iirnorale de son
voisin:
A : Il est grand temps que la police mette fin aux pratiques scandaleuses
cíe notre voisin.
Β : Mais tu n'es pas au courant ! hier, les flics l'ont mis sous les verrous
pour attentat à la pudeur.
A : Tu m'en diras tant !
3.5.
Β : Alors, vraiment, c'en est trop maintenant, cette année, je vais partir en
vacances toute seule et rien au monde ne m'en empêchera, surtout pas mon
seigneur de mari ni mes pachas de fils, ils se font servir par moi coime
si j'étais leur domestique !
A : Tu m'en diras tant !
dás mein'ich aber auch Í je suis aussi de cet avis , állerdings 1 s.-ent. je te
confirme que tu as bien raison de le faire.
Der Hauptakzent liegt auf H a I, jedoch kann dieser auch, affektisch insistie-
rend, auf /iy / oder auf /dì/ erscheinen.
TOT ist ein bevorzugter Ausdruck des alltäglichen Klatsches, in dan die Neuig-
keiten des Wohnviertels, des Arbeitsplatzes ausgetauscht werden. Frauen ge-
brauchen ihn offenbar häufiger.
TOT ist ein exklamatorlscher Ausdruck. Der Sprecher reagiert damit auf eine
Neuigkeit, die ihm sein Gesprächspartner mitgeteilt hat. Sie bewirkt, dass der
Sprecher einen Sachverhalt unter einem neuen mehr oder weniger unerwarteten
Blickwinkel begreift.
Die Bedeutungsdifferenzierungen ergeben sich aus dem mehr oder weniger grossen
Widerstand, den der Sprecher dem Verstehen des sich neu darbietenden Sachver-
haltes entgegensetzt. Sie bewegen sich zwischen einem Begreifen, das von einer
Fragehaltung gekennzeichnet ist und einem Begreifen, das völlig gesättigt, den
Gesprächspartner in seiner Informantenfunktion bestätigt.
308
1. Die Nachricht eröffnet derart neue Perspektiven, dass der Sprecher sie nicht
wirklich in sein vorhandenes Wissen integrieren kann. Mit der Art der Äusserung
von TOT kann er signalisieren, dass er Verstehensschwierigkeiten hat und dass
er noch weiterer Informationen bedarf, um tatsächlich zu verstehen. Mit der Äus-
serung von TOT zeigt deshalb der Sprecher an, dass sich sein Verstehen auf ein
exklamatives, konstatierendes Registrieren der Nachricht beschränkt.
1.1.
A ist überrascht und erstaunt:
Β : Au fait, tu sais la nouvelle ?
A : Quoi ?
Β : Demain, je vais me marier.
A : Tu m'en diras tant ! nein ?!, ja so was !
1.2.
A ist verlegen und hilflos angesichts der neuen Sachlage:
Β : Maman, je ne sais plus quoi faire, mon ami m'a mise devant l'alternative:
ou bien je pars avec lui en vaoanoes, ou bien il m'abandonne !
A : ou là là/ eh ben/ tu m'en diras tant ! ja was soll ich dazu sagen ?
1.3.
A ist nicht (mehr) geneigt zu verstehen:
Β : (mari, sur un ton pédant, doctoral, à sa femme): Mais comment est-oe que
tu t'y prends avec l'appareil, tu n'as qu'à tourner cette bague-ci, et
puis tu tournes celle-là, ensuite tu vérifies la luminosité pour que tu
puisses régler le diaphragme, après tu actionnes le transport du film...
A : Tu m'en diras tant !! sag nur 1, was du nicht sagst !
1.4.
A ist weiteren Informationen zum besseren Verstehen nicht abgeneigt:
Β : Christine, je suis désolée, mais je suis obligée de me décommander, je ne
peux pas venir pour le café cet après-midi, j'ai dû prendre de toute ur-
gence un rendez-vous chez mon médecin.
A : Tu m'en diras tant ! wieso denn das ?, wie ist denn das zu verstehen ?
309
2.1. Der Sprecher hatte den Sachverhalt bisher in einer ganz bestürmten Weise
begriffen (hier: der Sprecher glaubt, dass eine Versöhnung noch möglich ist):
A : Allons, Germaine, faisons un nouvel effort, cette fois, ça va marcher !
Β s Mais Bernard, c'est plus possible, j'ai fait la connaissance d'un jeune
homme très sympathique !
A : Tu m'en diras tant ! wenn das natürlich so ist..., dann allerdings...
2.2. Dem Sprecher gelang es bisher nicht, den Sachverhalt zu begreifen (hier:
die Matter fand keine einleuchtende Erklärung, warum ihre Tochter nicht mehr
in Frankreich zur Schule gehen will, sondern in Afrika, wo ihre Mutter ar-
beitet) :
Β : (am Telefon): Maman, je t'en supplie, laisse-moi rentrer et terminer
l'année scolaire, ici, j'ai un tas de copains qui se droguent avec moi !
A : Tu m'en diras tant ! ach so ist das !, das ist also der Grund 1
2.3. Der Vorgang des richtigen Erfassens eines Sachverhaltes äussert sich
irritier in exklamativer Form, z.B. in Form bewundernden Erstaunens:
A : Mais, dis donc, qui a peint ce tableau ?
Β : C'est moi qui ai fait ça.
A : Tu m'en diras tant ! sieh mal einer an !, aha !
3. Die Nachricht bringt dem Sprecher zwar Aufklärung über den Sachverhalt,
sie fügt sich jedoch in eine schon beim Sprecher vorhandene Denklogik ein.
Damit ergibt sich eine besonders günstige Voraussetzung, nicht nur die Rich-
tigkeit der Nachricht im Hinblick auf das Begreifen des Sachverhaltes, sondern
auch die Person des Gesprächspartners als solche akzeptierend zu bestätigen.
3.1. Die Nachricht erscheint dem Sprecher als die einzige, die für das Ver-
stehen des Sachverhaltes in Betracht können kann:
A : Je me demande pourquoi mon mari η 'est toujours pas rentré du bureau ?
Β : Ah, les hommes ! faut pas se faire d'illusions, si ça se trouve, il a
un rendez-vous avec sa petite secrétaire.
A : Tu m'en diras tant ! du sagst es !
310
3.2. Die Nachricht bewirkt, dass sich der Sprecher an etwas Vergessenes wieder
erinnert:
A : Monique, est-ce que tu sais où j'ai mis mes gants ? Je ne les trouve plus!
Β : Mais ils sont là où tu les a mis hier, dans le deuxième tiroir d'en haut
de la commode !
A : Tu m'en diras tant ! ach ja !, stimmt ja !
3.3. Die Nachricht drängt sich dem Sprecher in evidenter Weise auf als Schlüs-
sel, einen nicht gemeisterten oder nicht begriffenen Sachverhalt zu bewältigen
(hier: das Erkennen eines Fehlers in einem vergangenen Handeln):
Β : J'ai appris que tu η'as pas reçu le poste dans notre maison ?
A : Eh oui, pas de chance.
Β : Mais tu aurais pu me dire un mot, j'aurais pu intervenir en ta faveur !
A : Tu m'en diras tant ! allerdings 1
3.4. Die Nachricht sanktioniert, was der Sprecher im Geiste schon antizipiert
hatte. Im Fall einer unheilvollen Vorahnung z.B. kann das Mitteilen der Nach-
richt mit einem Gefühl der Erleichterung verbunden sein:
A : Il est grand temps que la police mette fin aux pratiques scandaleuses
de notre voisin !
Β : Mais tu η 'es pas au courant ! hier, les flics l'ont mis sous les verrous
pour attentat â la pudeur !
A : Tu m'en diras tant ! na endlich !
3.5. Der Sprecher gibt zu verstehen, dass er die Nachricht in der gleichen
Weise begreift wie der Gesprächspartner. Dadurch kann er diesen, z.B. in der
Art zu argumentieren, bestätigen:
Β : Alors, vraiment, c'en est trop maintenant, cette année je vais partir en
vacances toute seule, et rien au monde ne m'en empêchera, surtout pas mon
seigneur de mari ni mes pachas de fils, ils se font servir par moi comme
si j'étais leur domestique !
A : Tu m'en diras tant ! das mein' ich aber auch !
311
1. (fragend-staunendes Verstehen):
Β s Au fait, tu sais la nouvelle ?
A : Quoi ?
Β : Demain, je vais me marier !
A s Tu m'en diras tant ! was ?!, nein ί, ach ja ?, na so was !, das glbts
doch nicht !
2. (echtes Verstehen)s
A : Allons, Germaine, faisons un nouvel effort, cette fois, ça va marcher
avec nous deux.
Β : Mais, Bernard, c'est plus possible ...
A : Comment ça ?
Β : Eh bien, j'ai fait la connaissance d'un jeune homme très sympathique !
A : Tu m'en diras tant ! ach so !, ja dann (allerdings)!, wenn das (natür-
lich) so ist !, das ist natürlich etwas anderes !
3. (bestätigendes Verstehen):
A : Je me demande pourquoi mon mari n'est toujours pas rentré du bureau, je
trouve ça bizarre !
Β s Ah, les flammes ! faut pas se faire d'illusions, si ça se trouve, il a
un rendez-vous avec sa petite secrétaire !
A : Tu m'en diras tant ! natürlich !, ja klar ί, du sagst es !, das kann
gut sein ί, das ist sehr gut möglich !
Tu m'en diras tant (iron. ) Hy ni* diritti ! (Vous m'en direz tant), emploi assez
fréquent, plus fréquent que son pendant non-ironique, langue parlée non mar-
quée. Courbe intcnative très variable (cf. 1., 2. et 2.3.).
Employée par quelqu'un qui s'y connaît aux choses de la vie, à qui on ne fait
pas prendre des vessies pour des lanternes, donc par quelqu'un qui se croit en
position de supériorité en ce qui concerne l'information.
Vous employez TDT quand vous sentez un lien affectif positif avec votre inter-
locuteur, c'est pourquoi vous profitez plutôt d'une façon aimable de votre
supériorité. L'aspect de connivence plus ou moins amicale est toujours présent.
Vous vous voyez confirmé dans un savoir, une opinion à tendance neutre ou lé-
gèrement négative, mais non pas positive.
Plus la nouvelle confirme votre opinion, plus vous vous croyez en droit de ne
pas la prendre au sérieux ou de ne pas en tenir ccmpte.
1.
1011 d
'-by 'attaque ^ 16
D'une part, la nouvelle vous ouvre, dans une certaine mesure des perspectives
nouvelles sur le sujet de conversation. D'autre part, pourtant, vous niez
l'originalité relative de la nouvelle perspective parce que vous êtes en ne-
sure de la faire rentrer dans un pressentiment, des expériences, un savoir
ou un concept déjà acquis. Il s'agit donc d'une forme de confirmation à in-
grédients originaux.
2.
La nouvelle confirme ce que vous savez déjà. Cela vous amène ê rejeter carré-
ment sa prétention présumée à vous ouvrir de nouvelles perspectives sur le su-
jet de la conversation.
2.1. (face à face) deux copines dont Β qui vient de s'installer avec son nouvel
amant Roger:
A : T'as une petite mine ? Qu'est-ee qui se passe ?
Β : Je suis crevée!! Je dors plus de la nuit. Roger me tue !
A : Tu m'en diras tant ! Allez, te plains pas, c'est une saine fatigue ça !
Syn. à d'autres !
(Le Monde, 30.05.86)
2.3.
La nouvelle confirms ce que vous savez déjà, à tel point que vous êtes las de
lui prêter encore une quelconque attention.
Tu m'en diras tant ! /ty mû a6>a te/ Pour feindre ironiquement un étannement dé-
clenché par une nouvelle gui, en fait, ne fait que confirmer ce que l'on sait
déjà. Selon la nature de la nouvelle, cette confirrraticn peut (i) quand mÊme
avoir un certain caractère original (syn. tiens ! tiens .'); (ii) provoquer le
rejet net de toute prétention à une originalité (syn. <¡a ne m'étonne pas !, à
d'autres !) (iii) provoquer la lassitude et le refus blasé de prêter une quel-
conque attention â la nouvelle (syn. je sais, je sais).
1. Une nouvelle confirme un savoir, nais n'est pourtant pas exenpte d'une
certaine originalité:
(Votre intonation fait ressortir une sorte de connivence moqueuse, mais aimable.
Dans toutes les expressions, la courbe intonative comience relativement haut et
descend après. Dans celles à deux éléments, la voix est élevée sur le premier et
plus basse star le deuxième) :
dà sieh mal einer an ! sieh mal einer an ! voyez-moi cela / , sieh dà sieh dà !
tiens, tiens ! ách nein ! (iron.) ah oui ? , (iron.) já ja ! só so ! tiens,
tiens !
2. Une nouvelle confirme ce que vous savez déjà, ce gui fait que vous rejetez
carrément sa prétention à vous ouvrir de nouvelles perspectives.
2.1. (face â face) Deux copines dont Β vient de s'installer avec son nouvel
amant Roger:
A s T'as une petite mine. Qu'est-ce qui se passe ?
Β : Je suis crevée!! Je dors plus de la nuit. Roger me tue !
A : Tu m'en diras tant ! Allez, te plains pas, c'est une saine fatigue ça.
(Le Monde, 30.05.86)
sâg nur/bloss 1 mais dis dona ! (iron.), wás du nicht sagst ! ce qu'il ne faut
pas entendre ! , (moins d'exagération dans la voix, ton nettement moqueur):
wer's glâubt wird sélig ! (1. parlée fam.) un saint celui qui le croit ! ,
(ach nein) du glaubst doch nicht etwa, dass ich dir das ábnehme ? tu ne vas
pas penser que tu puisses me faire croire cela ! , das glaubst doch nur dû !
s.-ent. tu es le seul qui croit cela ! , und dás soll ich dir glauben ? et tu
veux que je croie cela ? haste (hast du) nicht scnst noch was auf Lager ?
(1. parlée fam.) tu en as d'autres encore comme ça ? , dás glaub ich 1 je le
crois bien ! (iron.) , dás kann ich mir (gut) vorstellen - j'imagine... ! (ircn.)
2.1.2. (Vous vous opposez directement, toi plus sec, moqueur selon le principe
'en n'apprend pas â un vieux singe...'):
das kannst du jemand ander(e)m erzählen 1 (aber doch nicht mir mir) raconte ça
â d'autres!(maie pas à moi) , das kannst du deiner Gróssmutter erzählen ! (aber
doch nicht mir) (1. parlée fam.) j'en parlerai à mon cheval !, t'as raison !
(iron.) , (komm karm) erzähl mir doch nichts ! (allons!) ne me raconte pas
d'histoires !, allez! à d'autres ! , ach réd doch nicht ! tu parles ! , karm
hör doch âuf 1 cesse de me raconter des histoires !
dâs wundert mich (gar) nicht ! ça ne m'étonne pas (du tout) ! , das ist doch
kein Wûnder ! kein Wunder ! rien d'étonnant à cela ! , das war doch klár í
c'était obligé ! , das nússte doch (so) kantien ! ça devait arriver !, ça n'a
pas manqué ! , dâs war doch zu erwarten ! il fallait s'y attendre ! , dâs ist
doch nichts Neues ! (seulement dans des cas répétés, p.ex. s'il s'agissait de
la troisième grossesse) ce n'est pas une nouveauté !, ça change ! (iron.)
2.3. Une nouvelle confirme ce que vous savez déjà, à tel point que vous êtes
las de lui prêter encore une quelconque attention.
(ton ennuyé): ich weiss ich wéiss ! je sais (ce que tu veux me dire) , já ja
(ist schon gut) oui oui (je sais bien ce que tu veux me dire) , ist schon gut !
la belle affaire ! , kannste nicht mal 'ne and(e)re Platte auflegen ? (1. parlée
fam. ) change de disque !
2.3.2.
Β : Vous ne vous imaginez pas ce qui m'arrive, j'ai gagné 30 millions au loto !
A : Oh, vous en avez de la chance !
Β : Ben, faites comme moi, jouez toutes les semaines !
A : Vous m'en direz tant (j'ai joué pendant quinze ans et je n'ai jamais
gagné).
ách »renn Sie wíissten ! s.-ent. si vous saviez combien de fois j'ai déjà joué ! ,
ách was meinen/glauben Sie denn ! (welche Unsurtmen ich schon verspielt habe/wie
oft ich mein Glück schon versucht habe) vous n'imaginez pas/les sommes que j'ai
déjà perdue s/combien de fois j'ai jéjâ tenté ma chance ! , phh ! (bref, voix
aiguë" et élevée) pff !, peuh ! ách géhn Se 1 (= gehen Sie) taratata !
317
Tu m'en diras tant ! (iron.) /Çyma'c/ir&'ia/(Vous m'en direz tant !). Sehr star-
ker phrastischer Charakter, eventuell Fortsetzung mit que... . (vor allem in
2.3.)
Gebraucht von jm, der sich als Informierter, als Wissender darstellen möchte,
dem man kein X für ein ü vormachen kann.
Weist auf eine i.a. positive affektive Beziehung zwischen Gesprächspartnern hin.
Mehr oder weniger freundschaftlicher Kcmplizeneffekt vorhanden.
Der Sprecher täuscht überraschtes Erstaunen vor, verursacht durch eine von Ge-
sprächspartner mitgeteilte Neuigkeit. In Wirklichkeit mokiert er sich jedoch
darüber, dass die Neuigkeit lediglich bestätigt, was er schal weiss. Bestätigt
wird ein entweder neutrales oder in der Tendenz negatives Vorwissen, nicht aber
ein positives.
1. (Sehr bewegte Tonkurve, von hoch H y / nach tief Ir»/ und wieder leicht an-
steigend Ita I, stark mokierend).
Die Neuigkeit besitzt zwar eine gewisse Originalität, dennoch ist es nur eine
relative Originalität, die dadurch bedingt ist, dass der Sprecher die Nachricht
in ein vorhandenes Wissen oder Erfahrungskonzept, in eine Ahnung usw. einord-
nen kann.
2.
2.1. (Ziemlich gleichbleibende Tonkurve, unterkühltes Erstaunen in verächt-
lichem Ton).
Die Neuigkeit bestätigt, was der Sprecher schon weiss. Deshalb weist er klar
deren (beabsichtigten oder unbeabsichtigten) Anspruch zurück, etwas Neues Uber
den Gesprächsgegenstand mitzuteilen.
2.1.1. (A zu B) (Zwsi Freundinnen, von denen die eine seit kurzem mit ihrem
neuen Freund zusaitmenlébt) :
A : T'as une petite mine. Qu'est-ce qui se passe?
Β : Je suis crevée!! Je dors plus de la nuit. Roger me tue !
A : Tu m'en diras tant ! Allez, te plains pas, a'est une saine fatigue ça.
was du nicht sagst ! (ircn.), das kannst du jemand anderem erzählen !
(Le Mende, 30.05.86)
Die Neuigkeit bestätigt das,was der Sprecher schon weiss in derartigem Masse,
dass er ihr keine Aufmerksamkeit schenkt, d.h. sich indifferent verhält.
Tu m'en diras tant ! fiyma dir&iS/ (iranisch) das wundert mich nicht ! (weil
deine 'Neuigkeit' bestätigt, was ich schon weiss)
1. (originell-bestätigend):
Β : (die kleine Schwester, 13 Jahre, zum grossen Bruder): Charles, est-ce que
tu peux me donner SO francs ?
A : Mais pourquoi ça ?
Β : Oh, tu sais, ce soir, je veux aller en discothèque et ils demandent une
entrée...
A : Tu m'en diras tant ! sieh mal einer an !, sieh da sieh da !, so so 1
2. (wissend, zurückweisend):
(zwei Freundinnen):
A : T'as une petite mine. Qu'est-ce qui se passe ?
Β : Je suis crevée!! Je dors plus de la nuit. Roger me tue !
A : Tu m'en diras tant ! was du nicht sagst 1, erzähl mir doch nichts 1
3. (überdrüssig, desillusioniert):
(die Ehefrau zum x-ten Mal zu ihrem Gatten):
Β : Mais chéri, je t'en prie, ne saute pas dans la piscine, tu viens tout
juste de manger !
A : Tu m'en diras tant ! ja ja !, ich weiss ich weiss !
320
TEXTE N° 1
- L'Entrepreneur.
VOUS M'EN DIREZ TANT, marquis, conseiller-d'Etat
intendant de Poitou ! chapelle ardente, exposition
sous le porche. Des fiefs, sans doute ?
- Moi.
Je ne crois pas.
- Le Cousin
TEXTE N° 2
TEXTE N° 3
A - Comment ?
TEXTE N° 4
A - Bon ! Après ?
Alors Zampa s'assit sans façon à côté de celui qui l'achetait aussi cher.
A - don José se rend chaque soir rue du rocher dit-il
pour
TEXTE N ô 5
δ rebelle,
que souvent, trop vainqueur,
le regard d'une belle
ricoche sur son coeur.
Vous pouvez être sûre
qu'un jour vous vous ferez
vous-même une blessure
que vous adorerez.
Vous comprendrez l'extase
voisine du péché,
et que l'âme est un vase
toujours un peu penché
Vous saurez, attendrie,
le charme de 1'instant
terrible, où l'on s'écrie:
ah ! VOUS M'EN DIREZ TANT !
Vous saurez, vous qu'on gâte,
le destin tel qu'il est,
les pleurs, l'ombre, et la hâte
de cacher un billet.
Oui, -pourquoi tant remettre ?-
vous sentirez, qui sait ?
La douceur d'une lettre
qui tiédit le corset.
Vous riez !
page 169/M592/HUGO.V/LES CHANSONS DES RUES/1865
LI ETERN. ROMAN 8 SOMMATION
TEXTE N° 6
TEXTE N° 7
Le père Etienne les accosta sur ces entrefaites et Durtal lui réclama un
chapelet.
TEXTE N° 8
- comment, vous ne connaissez pas le fameux Brichot ? Il est célèbre dans toute
1'Europe.
- ah ! C'est Bréchot, s'écria Forcheville qui n'avait pas bien entendu. VOUS
M'EN DIREZ TANT, ajouta-t-il en attachant sur l'homme célèbre des yeux écar-
quillés. C'est toujours intéressant de dîner avec un homme en vue. Mais,
dites-moi, vous nous invitez là avec des convives de choix. On ne s'ennuie pas
chez vous.
TEXTE N° 9
on rira bien.
- quoi ! Vous boitez, dit Julius, surpris de le vois
de nouveau clopiner.
- oui, depuis quelques jours, mes douleurs m'ont
repris.
- ah ! VOUS M'EN DIREZ TANT ! Fit Julius qui, sans
le regarder s'éloigner, se rencogna dans la voiture.
TEXTE N° 10
Voyez-vous ça !
Mais c'est cette dame que nous avons vue, vous vous rappelez, bâtonnier, nous
avons bien trouvé qu'elle marquait très mal, mais nous ne savions pas qu'elle
était venue pour la marquise.
A - une femme avec un nègre, n'est-ce pas ?
Β - c'est cela même.
A - ah ! VOUS M'EN DIREZ TANT. Vous ne savez pas son nom ?
- si, j'ai fait semblant de me tromper, j'ai pris la carte, elle a comme nom
de guerre la princesse de Luxembourg ! Avais-je raison de me méfier ! C'est
agréable d'avoir ici une promiscuité avec cette espèce de baronne d'ange.
Le bâtonnier cita Mathurin Régnier et Macette au premier président.
page 703/K434/PROUST.M/ALRTP 5 A OMBRE JEUNES FILL./1918
2E PART. NOMS DE PAYS, LE PAYS
TEXTE N° 11
TEXTE N° 12
TEXTE N° 13
Le Sphinx
et si le Sphinx vous tuait ?
Oedipe
sa mort dépend, si je ne me trompe, d'un interrogatoire auquel je devrai
répondre. Si je devine, il ne me touche même pas, il meurt.
Le Sphinx
A - et si vous ne devinez pas ?
Oedipe
Β - j'ai fait, grâce à ma triste enfance, des études
qui me procurent bien des avantages sur les
garnements de Thèbes.
Le Sphinx
A - VOUS M'EN DIREZ TANT !
Oedipe
et je ne pense pas que le monstre naif s'attende à se trouver face à face avec
l'élève des meilleurs lettres de Corinthe.
Le Sphinx
vous avez réponse à tout. Hélas ! Car, vous l'avouerai-je, Oedipe, j'ai une
faiblesse: les faibles me plaisent et j'eusse aimé vous prendre en défaut.
Oedipe
adieu
page 78/K389/COCTEAU. J/LA MACHINE INFERNALE/1934
ACTE 2 RENCONTRE OEDIPE SPHINX
326
TEXTE N° 14
TEXTE N° 15
une bite, les femmes ne vont pas s'envoler ! ... criait derrière nous le rouquin
du pathless qui, tout en remuant diablement ses quilles pour nous rattraper,
enfilait un maillot sans manches par-dessus sa tête.
- attendez, fit-il quand il nous eut rejoint,
attendez que je vous guide. C'est au gambrinus et vous ne savez même pas où
c'est ! Vous n'êtes rien pressés, vous deux. VOUS M'EN DIREZ TANT ! Je m'en
souviendrai. Ah 1 Les femmes pour les marins ... et, s'insinuant entre nous,
il nous prit chacun par un bras et il se mit à chanter:
dandle, dandle, dandle ...
- tu en as une belle épine, me fit-il. Bats donc la mesure avec ! On va
rigoler ...
et il reprit sa chanson natale et esquissa un pas de gigue:
dandle, dandle, dandle ...
page 233/L274/CENDRARS.B/BOURLINGUER/1948
GENES
TEXTE N° 16
Alors que le rapport Kinsey y voyait un plaisir réservé aux seuls privilégiés,
les statistiques de la RDA révêlent que les Allemands font des fleurs á leurs
partenaires 'sans distinction de classe sociale', même si la réciproque n'est
pas vraie. VOUS M'EN DIREZ TANT ! Moi qui pensais que, justement des classes,
il n'y en avait plus dans une société sans classes. A croire que si: la classe
laborieuse des filles soumises.
LE MONDE du 11.10.1984 - Sur le vif - SECRETS D'ALCOVE
de Claude SARRAUTE.
327
TEXTE N° 17
J'ai une copine, une belle fille un peu forte, la quarantaine, elle s'est dé-
gottê un mec, un type vraiment super, plus vieux, plus riche, plus prospère.
Mais, bon, marié. Ils se voyaient de 5 à 7 vite fait, mal fait. Ils se brouil-
laient, ils se réconciliaient. Et puis, là, ô bonheur, ô joie, il a plaqué sa
femme et il est venu s'installer chez Cora. Hier, je la rencontre au café du
coin. Elle a un job dans le quartier, fa n'avait pas l'air d'aller.
-T'as une petite mine. Qu'est-ce qui se passe ?
- je suis crevée. Je dors plus de la nuit. Il me tue, Roger.
- TU M'EN DIRAS TANT ! Allez, te plains pas, c'est une saine fatigue ça.
- C'est pas du tout ce que tu crois.
- C'est quoi ?
- Il ronfle. A un point ! J'ai jamais rien vu de pareil.
LE MONDE du 30.05.1986 - Sur le vif - MARTEAU PIQUEUR
de Claude SARRAUTE (p. 32).
TEXTE N° 1
TEXTE N° 2
voyez, monsieur, LA BELLE AFFAIRE oû vous m'avez engagé ; car ce fut vous, s'il
vous en souvient, qui eûtes la première pensée de donner au public ce malheureux
fragment. Moi, qui le connaissais depuis deux ans, quand je vous en parlais â
Bologne, je n'avais pas songé seulement à le lire. Sans ce fragment fatal au
repos de ma vie, mes jours dans le loisir couleraient sans envie ; je n'aurais
eu rien à démêler avec les savants florentins.
page 249/M394/COURIER. P.-L/LETTRE A M. RENOUARD/1810
328
TEME N° 3
on lui apporte un poulet, qu'il a trouvé excellent : cela l'a remis ; il est
devenu causant, et a passé en revue divers romans français. La lecture de Gil
Blas avait rempli la plus grande partie de sa journée. Il était plein d'esprit,
disait-il, mais il aurait mérité les galères lui et tous les siens. De là il
s'est mis à parcourir un recueil chronologique, et s'est arrêté sur LA BELLE
AFFAIRE de Berg-Op-Zoom par le général Bizanet.
que de belles actions pourtant, disait l'empereur, ont été se perdre dans la
confusion de nos désastres, ou même dans la multiplicité de celles que nous
avons produites. Celle de Berg-Op-Zoom est du nombre: la garnison naturelle de
cette place était de huit à dix mille hommes peut-être, et pourtant elle ne
comptait en cet instant pas plus de deux
page 741/M398/LAS CASE.E DE/LE MEMORIAL DE STE HELENE/1823
CHAPITRE 6 Τ 1
TEXTE N° 4
Le Censeur.
Elle n'est pas sourde, et le ton libre de plusieurs de vos chansons peut aug-
menter la corruption dont vous faites la satire.
Collé.
Quoi ! Comme l'a dit le bon La Fontaine, les mères, les maris, me prendront aux
cheveux pour dix ou douze contes bleus !
Voyez un peu LA BELLE AFFAIRE
Ce que je n'ai pas fait mon livre irait le faire !
Le Censeur.
L'autorité d'un grand homme est déplacée ici. Il ne s'agit que de bagatelles
que vous pouvez sacrifier sans regret.
Collé.
page XXXI/N256/BERANGER.Ρ./CHANSONS/1829
CONVERSATION CENSEUR ET MOI
TEXTE N° 5
Ces récits me font plaisir. Etre sans une véritable bataille, une bataille de
Napoléon, oû l'on tuait dix mille soldats, cela prouve du courage. S'exposer
au danger élève l'âme et la sauve de l'ennui oû mes pauvres adorateurs semblent
plongés ; et il est contagieux, cet ennui. Lequel d'entre eux a l'idée de faire
quelque chose d'extraordinaire ? Ils cherchent à obtenir ma main, LA BELLE
AFFAIRE ! Je suis riche, et mon père avancera son gendre. Ah ! Pût-il en trouver
un qui fût un peu amusant ! La manière de voir vive, nette, pittoresque de Ma-
thilde, gâtait son langage comme on voit. Souvent un mot d'elle faisait tache
aux yeux de ses amis si polis.
page 308/M687/STENDHAL/LE ROUGE ET LE NOIR/1830
EOP
CHAPITRE 11
329
TEXTE N° 6
TEXTE N° 7
TEXTE N° 8
TEXTE N° 9
QUATRIEME PARTIE
TEXTE N° 10
de bûches à moitié brûlées ; de longues lignes piétinées, portant des trous de
piquets, des souillures et des débris de litières indiquaient le bivouac de la
cavalerie ; M C m'apprit que c'était le camp du général Pêlissier, et me montra,
sur la rive gauche de L'Oued-Lekier, en face du premier, le camp de la division
Yussuf. Devant nous s'ouvrait une vaste étendue sablonneuse ; c'était là
qu'avait eu lieu LA BELLE AFFAIRE de cavalerie du 21 novembre. Puis il me parla
du combat meurtrier du 3 décembre, de l'assaut du 4 et de la lutte sanglante qui
suivit la prise. Il me parla de nos pertes et de celles de l'ennemi ; il me pré-
vint que je sentirais peut-être une odeur fétide dans la ville et que je lui
trouverais un air d'abandon. Il fit le calcul des morts ; lui-même avait pré-
sidé á leur enfouissement dans
page 108/M289/FROMENTIN.E/UN ETE DANS LE SAHARA/1857
DEDICACE A ARMAND DU MESNIL
TEXTE N° 11
TEXTE N° 12
TEXTE N° 13
GARDEFEU
Que la trahison de Métella nous réunisse !
BOBINET
Eh bien, voyons, comment ça va-t-il ?
GARDEFEU
Je te remercie.
BOBINET
Mais ça n'est pas tout ça, revenons á Métella... c'est une rouée !
GARDEFEU
Une vraie rouée !
BOBINET
On dit d'une femme: "C'est une rouée 1 ..."
GARDEFEU
Pourquoi ?
BOBINET
Parce qu'elle a fait ceci et cela.
GARDEFEU
LA BELLE AFFAIRE
332
BOBINET
Mais Mêtella, ça n'est pas ça —
GARDEFEU
C'est autre chose !...
BOBINET
A la bonne heure ! quand vous voudrez me parler d'une rouée, parlez-moi de
Métella... Elle nous trompait ! ...
TEXTE N° 14
... et ils vont mourir, là, tiens... sur ce bûcher ! ... et leur dernier cri
sera pour me maudire ! ...
Dolorès.
Eh ! qu'ils te maudissent ! ... LA BELLE AFFAIRE ! ...
laisse-les crier, et viens 1 ...
Karloo, regardant toujours la place, malgré elle.
ne pas pouvoir leur prouver, là, ... à cette croisée, que je suis innocent !
ne pas connaître 1'infâme qui nous a vendus, pour tenir mon serment ! ...
Dolorês.
page 176/M254/SARDOU.V/PATRIE/1869
ACTE 5 TABLEAU 8 SCENE II
TEXTE N° 15
TEXTE N° 16
Laissons mon fils de côté, voulez-vous ? Il est trop jeune encore, je l'apprends
tous les jours, pour savoir ce qu'il fait et ce qu'il dit.
Blanche
Georges a vingt-trois ans.
Madame De Saint-Genis.
333
TEXTE N° 17
Berthe se troubla.
- Oui, maman.. Et même, comme nous étions seuls, il a voulu de vilaines choses,
il m'a embrassée, en m'empoignant comme ça. Alors, j'ai eu peur, je l'ai
poussé contre un meuble...
Sa mère l'interrompit, reprise de fureur.
- Poussé contre un meuble, ah ! la malheureuse, poussé contre un meuble !
- Mais, maman, il me tenait ...
- Après ? ... Il vous tenait, LA BELLE AFFAIRE ! Mettez-donc ces cruches-là en
pension ! Qu'est-ce qu'on vous apprend, dites !
TEXTE N° 18
Pour ma part je suis peu touché s'il y a des femmes ou des hommes mécontens de
leurs liens ; les pièces de Dumas et toute la série des dramaturges et des
romanciers qui ont repris son thème ne m'intéressent que par le talent des
auteurs. Quant à ces froissements individuels, LA BELLE AFFAIRE !
Je serais plus sensible au point de vue que je dirai lacédémonien ou des haras:
la reproduction de notre espèce est vraiment livrée au hasard.
page 24/K223/BARRES.M/MES CAHIERS T.2 1898-1902/1902
LE CAHIER, 26.2 AU 1.9.1898
334
TEXTE N° 19
LE VICOMTE, suffoqué.
Ces grands airs arrogants !
Un hobereau qui... qui... n'a même pas de gants !
Et qui sort sans rubans, sans bouffettes, sans ganses !
CYRANO.
Moi, c'est moralement que j'ai mes élégances.
Je ne m'attife pas ainsi qu'un freluquet,
Mais je suis plus soigné si je suis moins coquet ;
Je ne sortirais pas avec, par négligence,
Un affront pas très bien lavé, la conscience
Jaune encor de sommeil dans le coin de son oeil.
Un honneur chiffonné, des scrupules en deuil.
Mais je marche sans rien sur moi qui ne reluise,
Empanaché d'indépendance et de franchise ;
Ce n'est pas une taille avantageuse, c'est
Mon âme que je cambre ainsi qu'en un corset.
Et tout couvert d'exploits qu'en rubans je m'attache,
Retroussant mon esprit ainsi qu'une moustache,
Je fais, en traversant les groupes et les ronds.
Sonner les vérités comme des éperons.
LE VICOMTE.
Mais, monsieur ...
CYRANO.
Je n'ai pas de gants ? LA BELLE AFFAIRE !
Il m'en restait un seul... d'une très vieille paire !
- Lequel m'était d'ailleurs encor fort importun :
Je l'ai laissé dans la figure de quelqu'un.
page 44/K934/ROSTAND.E/CYRANO DE BERGERAC/1898
ACTE I, SCENE 4
TEXTE N° 20
TEXTE N° 21
- et légèrement ridé vers les tempes, vers les coins de la bouche pâle, de
charmants yeux tendres guettaient Omer. Elle demeurait fluette, gracieuse, en
agitant de ses gestes le canezou de satin vert à noeuds cerise, et les manches
de malines. Parfois, elle ordonnait les rouleaux de ses cheveux pailletés
d'argent, avec une main de fillette.
- s i , si, tu demeuras, reprit-elle. -
l'examen ? ...LA BELLE AFFAIRE ! ... j'en toucherai deux mots au père Ronsin.
Il doit recommander Edouard à la Sorbonne. Pour un élève en théologie, pour
mon neveu, il ne fera pas moins. Vous serez admis ensemble. Travaille bien,
seulement, ces deux mois ;
page 411/L372/ADAM.P/L'ENFANT D'AUSTERLITZ/1902
TEXTE N° 22
Peut-être.
Mais qu'importe ? La trahison pour elle n'était pas tant dans l'acte, que dans
la volonté. Elle eût pardonné plus aisément à celui qu'elle aimait d'avoir une
maîtresse, que d'avoir en secret donné son coeur à une autre. Et elle avait
raison.
- LA BELLE AFFAIRE ! Diront certains ... -(les pauvres êtres qui ne souffrent
d'une trahison d'amour, que si elle est consommée ! ...quand le coeur reste
fidèle, les vilenies du corps sont peu de chose. Quand le coeur a trahi, le
reste n'est plus rien)...
Jacqueline ne pensa pas une minute à reconquérir Olivier. Trop tard ! Elle ne
l'aimait plus assez !
TEXTE N° 23
Eh là, Pinamonte, innocente colombe ! Quelle
folie est la tienne de m'éviter, que dis-je ? de me
fuir comme
tu fais ? Tu es aimé, traître ? Tu es heureux,
bourreau ? LA BELLE AFFAIRE, en vérité ! Ce sont là
plaisirs et triomphes de ton âge. (le cruel me
flattait), j'aime, sache-le bien, j'aime, j'adore
en toi le favori de la fortune et de l'amour. Tel
fut mon propre destin ; car, entre nous soit dit,
η'était le caprice de mon auguste maîtresse ...
suffit.
page 67/L346/MILOSZ.O/L*AMOUREUSE INITIATION/1910
336
TEXTE N° 24
TEXTE N° 25
Eh quoi ! Sitôt dit, sitôt fait ? Ton dégoût ! En vérité ! Ton dégoût ! LA
BELLE AFFAIRE ! Sache qu'il n'est qu'un dégoût, un seul : celui que nous donne
notre impuissance à attaquer, à vaincre, à dévorer, à digérer le grand ennemi
en embuscade au fond de nous-mêmes. Mais les temps sont changés ; tu as at-
taqué, tu as vaincu, tu danses sur le cadavre dégonflé de ton orgueilleuse et
sotte faiblesse ; tu t'aimes, tu penses et tu parles vrai, tu es l'amant de
1'homme
page 71/L346/MILOSZ.O/L'AMOUREUSE INITIATION/1910
TEXTE N° 26
Bellino
je ne vous aimerai jamais !
Casanova
ah ! Ah ! Ah ! Ah ! LA BELLE AFFAIRE !
Ah ! Ah ! Ah ! C'est un garçon, mais ...
un beau garçon qui fuit les femmes !
Le Veilleur De Nuit
allons, rentrez, mesdames !
page 986/K746/APOLLINAIRE.G/CASANOVA/1918
ACTE I, SCENE 12
337
TEXTE Ν " 27
page 54/L345/BENOIT.P/L'ATLANTIDE/1919
TEXTE N° 28
Parbleu ! Je n'en fais point mystère.
Mais j'en veux manger tout mon soûl.
Quatre fois ! Peuh ! LA BELLE AFFAIRE !
J'en reprendrais bien pour un sou.
Dussé-je crever à la peine,
je n'aurai garde d'en laisser.
Et ne croyez pas me blesser,
en m'appelant vieux phénomène ...
allons, bon ! ... il n'en reste plus !
Et bien, alors, il n'en faut plus.
page 157/L597/PONCHON.R/LA MUSE AU CABARET/1920
LA SOUPE A L'OIGNON
TEXTE N° 29
et puis, est-ce bientôt fini, toutes ces clabauderies ? Jérôme vient me voir
quelquefois ! Après ? On ne s'en cache pas ! Entre cousins !
LA BELLE AFFAIRE !
son instinct lui souffla les mots qui blessent :
il sera content quand je lui raconterai que tu es venue faire ici tout ce
charivari
Mme De Fontanin s'était reculée.
- tu parles comme une fille !
- ah ! Eh bien, veux-tu que je te dise ?
page 606/K363/MARTIN DU GARD.R/LES THIBAULT. LE CAHIER GRIS/1922
LE CAHIER GRIS
338
TEXTE N° 30
- et vos amies ?
- oh : Elles m'ont assez souvent plaquée. C'est bien mon tour.
- mais du côté que vous me proposez, il n'y a pas de train après neuf heures.
- hé bien, LA BELLE AFFAIRE ! Neuf heures c'est parfait. Et puis il ne faut
jamais se laisser arrêter par les questions de retour. On trouvera toujours
une charrette, un vélo, à défaut on a ses jambes.
- on trouve toujours Albertine, comme vous y allez ! Du côté d'Infreville,
oû les petites stations de bois sont collées les unes à côté des autres, oui.
page 800/K445/PROUST.M/ALRTP 13 SODOME ET GOMORRHE/1922
(II) CHAPITRE II
TEXTE N° 31
Sa faiblesse était immense mais douce. Son coeur seul battait un peu follement
sans qu'elle en souffrit. Non, non, elle ne mourrait pas et, vivante, ne lais-
serait plus l'adversaire l'accabler. Pourvu qu'une autre grossesse fût pos-
sible ! Alors l'ennemie serait forcée de rendre les armes. Il suffisait de
mater sa belle-mère: Fernand, ce ne serait qu'un jeu de lui passer la bride.
Mais, épousée, elle avait eu la sottise de juger qu'il ne lui restait plus
qu'à se laisser vivre sans se contraindre en rien. Ainsi se livra-t-elle á
cette humeur moqueuse, retenue â grand-peine tout le temps des fiançailles.
C'était croire au gain d'une partie pas même engagée. A travers les troènes
qui séparent la propriété Cazenave du jardin des Lachassaigne où Mathilde
faisait son métier d'institutrice, LA BELLE AFFAIRE, songe-t-elle, d'avoir
su attiser le désir de ce quinquagénaire timide ! D'autant que le gros poisson
avait donné, de son plein gré, dans la nasse tendue. Mathilde, qui épiait
entre les branches les débats de la mère et du fils, aurait dû comprendre que
cet homme la ramassait comme une balle, qu'elle n'était rien entre ses mains
qu'une arme dans le combat quotidien où jusqu'alors le fils avait toujours
été jugulé par la mère.
page 332/K42 2/MAURIAC.F/GENITRIX/1923
CHAPITRE III
TEXTE N° 32
TEXTE N° 3 3
Mais s'il arrivait quelque chose, il s'en lavait les mains d'avance. C'était
bien entendu qu'il s'en lavait les mains : il n'y aurait ni surprise, ni re-
proches. "
Touraille était un homme réfléchi. La première inquiétude passée, il avait pris
des événements une conscience plus exacte et plus froide : une amende non
payée ? On extrait de jugement ? LA BELLE AFFAIRE ! Le pis qui pouvait arriver,
c'était que Raboliot se fit cueillir par les gendarmes. Alors, il tirerait un
mois à Sancerre, chauffé, nourri pour rien, fabriquerait des chaussons de li-
sière, et reviendrait la mine florissante, avec un pécule dans sa poche. San-
drine et les enfants se débrouilleraient en l'attendant : un mois à la maison
centrale, ça n'a jamais été la mort d'un homme, ni d'une famille.
page 118/K944/GENEVOIX.M/RABOLIOT/1925
DEUXIEME PARTIE, CHAPITRE III
TEXTE N° 34
TEXTE N° 35
Debout, immobile, sur un de ces courts paliers que comporte toute souffrance, il
se rappelait un beau raisonnement datant de ses premiers doutes, montés d'il ne
savait quel chapitre de Renan : "si j'avais le malheur de ne plus croire, cette
pensée me rassérénerait encore, que Dieu ne me demande qu'une volonté de sin-
cérité." Il anticipait à faux, comme toujours. L'arrachement personnel n'est
rien. Sa sincérité ? Peuh ! ... LA BELLE AFFAIRE ! sa sincérité ! ... il s'en
fichait bien, de sa sincérité ! Il se sentait tout à fait capable d'une simu-
lation pathétique pour les siens bien-aimés, si seulement ils s'y fussent
laissé prendre !
Quelque chose luisait sur la table, un stylographe oublié par Brühl, encore
une propriété de Brühl ; décidément on ne voyait que Brühl.
page 351/L335/MALEGUE.J/AUGUST. OU MAIT. EST LA T.1/1933
V. PARADISE LOST
340
TEXTE N° 36
TEXTE N° 37
Tous deux méprisent bien leur propre conversation ; tous deux suivent follement
le plaisir ou la douleur. Ce sont toujours des mouvements convulsifs, de folles
gourmandises, une extrême indulgence à soi. Suivre la colère ou suivre le désir,
c'est toujours folie d'un moment. Mais ils paient de leur vie ? LA BELLE AFFAIRE.
L'ivrogne paie aussi bien de sa vie, et le fou de même. Un avare aussi se fera
tuer plutôt que de livrer son or. Le vrai est que tout ce qu'on écrit de l'amour
de soi et du sacrifice de soi est absolument à refaire ; toutes ces notions sont
dans un embrouillement effrayant. Et les passions galopent.
page 187/K947/ALAIN/PROPOS/1936
1914
TEXTE N° 38
TEXTE N° 39
HARRY, â mi-voix
Je m'attache terriblement, vous savez ?
MARCELLE
Eh bien, mais ce n'est pas mal de s'attacher !
HARRY
Oui, mais après ?
MARCELLE
Il ne faut jamais penser à après ...
HARRY
Si je reste, quelle humiliation ce sera pour M. Coûture ! comme il va souffrir !
MARCELLE
Voilà qui m'est égal, par exemple !
HARRY
Que vous êtes dure, Madame !
MARCELLE
Il souffrira ? LA BELLE AFFAIRE ! Tout le monde souffre.
HARRY, l'observant.
C'est tout de même vrai que vous êtes cruelle ...
page 131/L487/MAURIAC.F/ASMODEE/1938
ACTE III SCENE 10
TEXTE N° 40
TEXTE N° 41
ORESTE. - Les voilà donc, les citoyens d'Argos, les très fidèles sujets du roi
Agamemnon ?
LE PEDAGOGUE. - Qu'ils sont laids ! Voyez, mon maître, leur teint de cire,
leurs yeux caves. Ces gens-là sont en train de mourir de peur. Voilà pourtant
l'effet de la superstition. Regardez-les, regardez-les. Et s'il vous faut en-
core une preuve de l'excellence de ma philosophie, considérez ensuite mon
teint fleuri.
JUPITER. - LA BELLE AFFAIRE qu'un teint fleuri. Quelques coquelicots sur tes
joues, mon bonhomme, ça ne t'empêchera pas d'être du fumier, comme tous ceux-ci,
aux yeux de Jupiter.
page 43/K582/SARTRE.J-P/LES MOUCHES/1943
ACTE II, TABLEAU I, SCENE 1
TEXTE N° 42
cracha sur le poignet, sur la main, sur la plaie, partout oû il l'avait touchée,
et elle hurla qu'elle se confesserait quand même. Elle se sauvait à toutes
jambes. Il lui lança le caillou.
Il réfléchit qu'il manquait de sang-froid et il se promit de récrire à l'évêque.
Monseigneur, au reçu de sa lettre, avait sans doute haussé les épaules : qu'un
sacristain s'installe dans un presbytère abandonné, LA BELLE AFFAIRE ! Cela ne
gêne personne ! Il en irait autrement si François dénonçait l'enterrement du
grand-pêre et comme quoi les îliens se confessaient à Thomas et comme quoi
Thomas disait secrètement la messe avec les enfants de choeur !...
Le lendemain, un fils Le Berre apportait deux homards à la cure et, après avoir
bien hésité, bien mouillé sa langue et bien regardé le plancher, il exposa son
histoire : la mère battait la campagne.
Malgré tout
TEXTE N° 43
essayait pourtant avec gaucherie de rassurer Geneviève : il protestait qu'il
n'était pas méchant, lui ; et, s'il l'avait guettée, s'il l'avait amenée là,
un peu de force (il s'en excusait), c'était pour lui ouvrir les yeux ; il le
fallait bien ...
- vous partirez, grommelait-il ; je ne compte pas vous garder toute la nuit à
La Jassine. Ils vous attendront un peu, voilà tout ... LA BELLE AFFAIRE ! ...
après tout, moi aussi, je suis votre cousin ... le cousin Clodius, quoi ! ...
- ça n'est pas le cousin Pascal, je le sais bien ...
il respira violemment et se tut.
Je m'avançai vers la porte.
Il me tournait le dos.
page 76/L694/BOSCO.H/LE MAS THEOTIME/1945
343
TEXTE N° 44
TEXTE N° 45
TEXTE N° 46
TEXTE N° 47
TEXTE N° 48
TEXTE N° 49
je continuais ma lecture, les yeux rivés aux mots sous le regard fixe de feu
Chateaubriand. Ces inquiétudes ne duraient pas ; le reste du temps, j'adorais
mes compagnons de jeu. Je les mis au-dessus de tout et l'on me raconta sans
m'étonner que Charles Quint avait ramassé le pinceau du Titien : LA BELLE
AFFAIRE ! un prince est fait pour cela. Pourtant, je ne les respectais pas :
pourquoi les eussé-je loués d'être grands ? Ils ne faisaient que leur devoir.
Je blâmais les autres d'être petits. Bref j'avais tout compris de travers et
je faisais de l'exception la règle : l'espèce humaine devint un comité res-
treint qu'entouraient des animaux affectueux.
page 50/L373/SARTRE.J-P/LES MOTS/1964
345
TEXTE N° 50
C'est alors que le boy qui m'accompagne juge bon de sauter du camion. Il
tranche la queue du pachyderme et, cette preuve irréfutable à la main, court
annoncer la nouvelle à la ronde. Ah oui... j'allais gagner en considération,
mais LA BELLE AFFAIRE !
TEXTE N° 51
Avant de laisser partir un membre de la famille pour la léproserie, certains
essayaient de truquer, de maquiller les lésions. Ils commençaient de faire des
scarifications au rasoir et ils frottaient du charbon de bois dessus. LA BELLE
AFFAIRE. Même en se noircissant ou en se faisant noircir la chair tous les
matins, comment donner longtemps le change ? La peau d'un Noir n'est pas
noire... elle est grain de café - ou 'tête de nègre', comme on dit maintenant.
TEXTE N° 52
Cette fois, le vent s'est levé... pour accueillir Bernard Hinault, le porteur
du maillot jaune. Malgré son vélo spécial, sa roue arrière lenticulaire, son
casque aérodynamique, sa forme optimale et sa bonne volonté, le Breton n'a
pas réalisé de miracles. Sa défaite, ou plutôt son insuccès, ne troublera pas
son sommeil. En réalité, il 'a rien perdu, bien au contraire. L'étape ratée
de Villard-de-Lans lui permet de distancer un peu plus Roche, Kelly, Anderson,
Pascal Simon et... son équipier, L'Américain Greg Lemond. Il a concédé 1 mn
7 sec. à Vanderaerden. LA BELLE AFFAIRE. Le Belge n'occupe-t-il pas la 78ê
place du classement général, à près d'une heure ?
TEXTE N° 53
Deux heures d'avion, ou dix, l'important c'est de partir. Oû qu'atterisse
l'appareil, son trajet rend tout événement français minuscule. M. Jospin
estime que M. Chirac n'est pas un homme d'Etat ? LA BELLE AFFAIRE ! Le
passionnant point de vue ! Que le propos est propre â faire progresser la
réflexion ! Oublions cela. Avec d'autant plus de facilité que, loin de chez
soi, le cerveau s'allège de ces scories nationales comme un évier de ses eaux
grasses.
LE MONDE du 03.05.1986 JOURNAL D'UN AMATEUR par Philippe BOUCHER.
346
TEXTE N° 54
Trois jours déjà, trois jours à peine pour simplement espérer s'y retrouver
vaguement dans ce labyrinthe baroque, somptueux et misérable, dans cette mé-
gapole insensée. Dix-neuf, qui sait, vingt millions d'habitants. Y compris
ceux qui n'ont point d'habitat. Le Mundial ? LA BELLE AFFAIRE ! Vingt-deux
hommes et un ballon, quand la plus grande ville au monde joue parallèlement
son football à elle avec un soleil noir pour tout instrument.
LE MONDE du 28.05.1986 FOOTBALL AU-DESSUS DU VOLCAN de Pierre GEORGES.
TEXTE N° 55
Impossible d'écrire sur Barbara. Ceux qui s'y sont risqués le savent, affirme
Marie Chaix à la première ligne d'un livre qu'elle consacre à Barbara. Contra-
dictoire, non ? Suit le texte qui démarque les chansons et livre quelques
prétendues précisions. Elle a habité rue Rémusat (une chanson s'appelle
Rémusat). Elle habite Précy (elle a consacré une chanson à sa maison de Précy).
Le village de mon enfance se nomme Saint Marcellin (LA BELLE AFFAIRE). Barbara
se chante ; alors pourquoi vouloir la dire ?
LE MONDE du 04.06.1986 Variétés - BARBARA : le mystère reste entier,
de Josyane SAVIGNEAU.
TEXTE N° 56
Etrange époque que celle où la retraite d'un footballeur fait la une de l'ac-
tualité ! Parions que le déchaînement médiatique qui a précédé et suivi l'an-
nonce de la fin de la carrière sportive de Michel Platini a fait grincer
quelques dents. Après tout ce Platini n'est qu'un sportif. Pourquoi faire du
tapage parce qu'il a décidé de ne plus taper dans un ballon ? LA BELLE AFFAIRE.
N'y a-t-il donc rien de plus grave,de plus urgent, de plus important que
d'ériger une statue à ce monsieur qui, fortune faite, s'en va cultiver son
jardin ?
LE MONDE du 19 mai 1987 Sport - FOOTBALL : La retraite d'un grand capitaine.
PLATINI, c'est fini !
TEXTE N° 57
1985 restera pourtant dans les médias une bonne année pour l'Afrique en général,
et le Sénégal en particulier. Les pluies ont été bonnes. LA BELLE AFFAIRE...
Outre qu'elles n'ont peut-être pas été bonnes pour tous les sols, comment
oublier que la sécurité alimentaire de ces régions dépend de bien d'autres
facteurs ?
LE MONDE DIPLOMATIQUE, 18 avril 1987.
TEXTE N° 58
21.06.1987
Télévision à OUAGADOUGOU,
Informations de 20 heures.
Le commentateur au sujet du changement du gouvernement au Vietnam (en
substance):
C'est la première fois que le public a accès à la salle du Conseil de
Révolution... BELLE AFFAIRE ! direz-vous ...
348
MACACHE!
populaire, vulgaire.
Vient de l'arabe, expression qui signifie 'il n'y a pas'.
Par extension: Il n'en est pas question = Rien du tout !
A : Peux-tu me prêter ta voiture ?
Β : Macache ! il n'est pas question.
C'EST MAIGRE!
familier.
Situation: Un paysan a planté des légumes dans son jardin, mais la
récolte s'avère peu abondante. Déception.
A : Voilà ce que les plants ont donné !
Β : En effet, c'est maigre !
ou bien:
A : Sur la série de 50 questions, je n'ai eu que 3 réponses.
Β : C'est maigre !
A : C'est le moins qu'on puisse dire.
PASSER LA MAIN
familier.
passer le relai, renoncer, laisser tomber.
Situation:
A : Je ne m'en sors pas avec toutes ces responsabilités.
Β : Ça ne fait rien, passe la main ! Il y en a qui
η'attendent que ça pour se mettre en avant !
ou bien:
Un chef d'entreprise qui n'est plus compétitif, dans le coup.
- Il va être temps qu 'il passe la main.
Nous tenons à préciser que nous nous sommes abstenus de toute interven-
tion corrective dans les textes qui suivent. Nous présentons les dia-
logues et les commentaires tels qu'ils nous ont été fournis par les
locuteurs natifs.
MAINTENANT
Langage courant, familier.
Pas de sens temporel.
Situation:
A : Voilà ce que je vous conseille pour gagner du temps.
Β : Oui, ça se discute.
A : Remarquez, maintenant (ceci considéré, ceci dit) vous faites ce
que vous voulez.
ÇA SE MAINTIENT
populaire.
cf. argot: ça boume ?, ça gaze ?
Expression neutre, sans relief particulier, associée aux salutations
d'usage, comme Comment ça va ? qui sous-entend qu'on s'enquiert de la
situation de l'interlocuteur, mais sans vraiment attendre de réponse.
Mais plutôt employé dans la réponse:
Situation: au bistro du coin:
Le patron : Salut les gars, comment ça va ?
A et Β : Oh, ça se maintient !
MAIS ENCORE ?
familier.
Invitation à continuer une explication qui a été insuffisante ou mal
comprise. Demande de précisions.
Situation: Au restaurant du coin:
Le client : Que peut-on manger ?
Le garçon : Pas de problème, il y a tout !
Le client : Mais encore ?
EH MAIS !
familier.
Eveille le doute à propos de quelque chose qu'on croyait avoir
compris = Si je comprends bien, cela veut dire que ...
Situation: Deux amis se rencontrent, et parlent d'un troisième.
A : J'ai vu X hier en ville. Il conduisait une voiture superbe !
Β : Eh mais ! Je croyais qu'on lui avait retiré son permis !
350
AH ÇA MAIS
familier. Surprise.
A : Bonjour, vous ne me reconnaissez pas ?
Β : Ah ça mais ! C'est vous que j 'ai rencontré 1 'an dernier ici même !
IL EST MAJEUR !
Il est majeur et vacciné (expression populaire) = 'Il sait mesurer la
conséquence de ses actes.'
A : Surtout, fais gaffe le soir. Ça peut-être dangereux !
Β : Oh ça va ! Je suis majeur et vacciné.
ÇA COMMENCE MAL !
familier.
Par antiphrase, on emploie plutôt ça commence bien ! avec un ton
ironique.
Situation: Au départ des vacances:
A : Je ne sais plus ou j 'ai mis la clé !
Β : Ah / ça commence bien !
ÇA LA FOUT MAL !
argotique familier.
Situation: Dans un restaurant qui se veut chic/sélect:
A : Dis donc, tu as vu la propreté des vestes des serveurs ?
Ça la fout mal !
VOUS NE FERIEZ PAS MAL...
familier.
Situation:
Situation 2 (désapprobation) :
A : Est-ce que tu crois que le gouvernement va prendre cette mesure
Β : Cela me ferait mal !
Y'A MALDONNE !
populaire.
= je crois qu'on s'est mal compris.
A : Bon alors, tu passes me chercher ce soir â 20 h, comme convenu !
Β : Ah ! (je crois qu'iil y a maldonne ! Je t'ai dit hier que je ne
pouvais pas venir !
353
MALEDICTION !
littéraire. Bandes dessinées.
Situation: des policiers, ayant tendu une embuscade à des
malfaiteurs qu'ils croyaient attraper:
- Malédiction ! Ils nous ont échappé !
MALGRE TOUT
familier.
1) Sens littéral:
A : Quoi ? X était là aussi ?
Β : Eh oui, il est venu malgré tout !
2) Sens élargi = 'quoi qu'on en pense.'
A : On ne peut pas dire que son action ait été déterminante !
Β : Oui, mais, ce qu 'il a fait a été une bonne chose malgré tout 1
JE FAIS UN MALHEURf
argotique.
Situation: Un copain en rencontre un autre:
A : Dis donc, tu m'as l'air en pleine forme !
Β : Je ne te le fais pas dire ! Sur les plages, je fais
un malheur ! (forme de fanfaronnade)
MALHEUR !
littéraire.
Situation: Deux adolescents rentrent chez eux beaucoup plus tard que prévu.
A : On va rentrer par la porte de derrière pour être sûr de ne pas être
vus. Malheur ! mon père est dans le jardin !
354
C'EST MALHEUREUX !
familier. = c'est un monde !
A : C'est malheureux ! A chaque fois, tu recommences le même cinéma
pour une histoire de rien du tout ! (ton agacé)
(contestation, fatalité):
A : Non seulement, ils vont devoir déménager avec leurs 5 enfants, mais
il va falloir qu'ils retrouvent du travail.
Β : Eh oui, c'est bien malheureux pour eux !
C'EST MALIN !
populaire, par antiphrase.
A : J'ai renversé la boîte de peinture sur la table du salon.
Β : Ah, c'est malin !
CE N'EST PAS PLUS MALIN QUE ÇA !
populaire.
A : Je n'arrive pas à ouvrir la porte avec cette clé !
Β : Attends, laisse-moi faire ! (il réussit)
Et voilà, ce η 'est pas plus malin que ça !
ÇA DEVIENT MALSAIN !
familier.
Situation: Dans un pays étranger, la situation politique risque de se
dégrader.
Des coopérants : Je crois gu 'il ne va pas falloir moisir trop longtemps
ici. Oui, ça devient malsain !
IL Y A A BOIRE ET A MANGER !
au sens figuré = il faut en prendre et en laisser /
il y a des choses bonnes et mauvaises.
populaire.
A : Tu as entendu le discours du PDG. Il n'y a pas été
par quatre chemins !
Β : Oh, moi je trouve qu 'il y a à boire et a' manger dans
ce qu'il a dit.
MAGNE-TOI LE POPOTIN !
= dépêche-toi.
argotique.
Situation: Un garçon attend sa petite amie pour partir au cinéma:
Magne-toi le popotin, sinon on va arriver en retard !
IL Y A LA MANIERE !
avoir l'art et la manière/savoir s'y prendre pour...
familier.
A : Il lui a annoncé sans ménagement qu'il serait mis à la porte.
Β : Mais il s'en doutait bien quand même.
A : Oui, mais il y a la manière de le dire.
DE QUELLE MANIERE ?
familier. Pas idiomatique.
Situation: X doit une somme d'argent à Y, mais ne lui rembourse pas.
Y : Il va bien falloir que je récupère mon argent.
A : Oui, mais de quelle manière ? /mais je suis curieux de voir de
quelle manière tu vas t'y prendre.
JE NE TE MANQUERAI PAS !
= je me vengerai, je t'aurai.
populaire.
Situation: Deux hommes commencent à s'énerver. Ils en viennent aux
mains. On réussit à les séparer.
A : ru ne perds rien pour attendre. Si je te retrouve sur
mon chemin, dis-toi bien que je ne te manquerai pas !
358
TU AS MANQUE TA VOCATION !
utilisé parfois dans un sens ironique.
familier.
A : J'aime bien rendre service aux autres , de toute
façon, je n'attends rien en échange.
Β : Eh oui, tu as mangué ta vocation !
JE NE MARCHE PAS !
= je ne suis pas d'accord !
populaire.
A : Il m'a dit gue tu devais passer le chercher demain soir.
Β : Ah non, je ne marche pas ! On avait convenu de prendre
chacun son tour sa voiture. Et moi, ça va faire la 3ème fois
Y"EN A MARRE !
= c 'en est assez !
populaire.
Situation: Une mère à son fils Bernard:
M : Est-ce que tu peux aller me faire quelques courses ?
Β : Y'en a marre ! C'est toujours moi qui m'y colle.
Demande à Jean !
C'EST MARRE !
= ça suffit / c'est tout.
populaire, argotique, peu fréquent.
Situation: X demande à Y comment s'y prendre pour remettre en place
le siège arrière de la voiture.
A : Il va falloir repercer des trous dans la carrosserie
pour remettre des boulons !
Β : Non, tu sais souder et c 'est marre !
PAS MAUVAIS !
par antiphrase = c 'est bon !
familier.
A : Goûte-moi ça. Tu m'en diras des nouvelles !
Β : Hum ! c 'est pas mauvais du tout !
ÇA SENT MAUVAIS !
à rapprocher de ça devient mauvais pour son matricule ! mais avec un sens
plus général; = les choses prennent une mauvaise tournure, ça sent le roussi !
A : La situation politique de ce pays se dégrade, les sociétés étrangères
vont retirer leurs billes (argotique = ce qu'ils ont investi)
Β : Oui, ça commence à sentir mauvais !
MAZETTE !
interjection, régional.
Exprime l'admiration, 1'étonnement, un peu d'envie.
A : Tu as vu ma nouvelle voiture ?
Β : Mazette, tu ne te refuses rien !
361
LES BRAS M'EN TOMBENT !
= je suis très surpris
familier.
A : Tu sais que Georges va se marier ?
Β : Quoi ? Ah ça, les bras m'en tombent ! lui,
le célibataire endurci !
TOUT DE MEME !
= quand même, un peu plus familier,
familier.
a) dans le sens:'malgré tout'.
A : J'ai vu Georges au concert hier soir.
Β : Ah, il est tout de même venu. Hier après-midi quand je 1 'ai
rencontré, il ne savait pas encore ce qu 'il allait faire.
b) dans le sens: c'est un peu fort !
(dans ce cas, tout de même ! termine la phrase)
ton agacé.
Situation: Un homme vient à la piscine avec son chapeau de paille.
Il le pose sur le bord. Des enfants le prennent et le mettent à l'eau.
Le Monsieur (indigné): mais enfin, on ne touche pas à mon chapeau,
tout de même !
c) dans le sens: Ah enfin ! ce n'est pas trop tôt !
Situation: Le professeur attend depuis 1/4 h que ses élèves lui donnent
la conclusion de ce qu'il vient de démontrer. Un élève finit par trouver
la réponse.
MEME QUE
= bien plus, d'ailleurs...
populaire.
A : J'ai rencontré Michel hier en ville.
Β : Michel ? Ça alors ! Je croyais qu 'il était parti
rejoindre sa femme !
A : Eh bien non ! même qu 'il était avec une super nana !
363
JOLIE MENTALITE !
plus courant: belle mentalité 1 ou quelle mentalité !
Ton de reproche : la personne qui parle s'implique dans ce
qu'elle dit.
familier.
A : Je suis sûr qu'il côtoie ces gens uniquement parce qu 'il espère
pouvoir obtenir le poste qu'il convoite grâce à eux.
Β : Eh bien, belle mentalité !
SANS MENTIR !
aussi: je ne te mens pas !
familier.
A : J'ai vu Philippe hier par hasard. Je ne l'ai pas reconnu.
Β : Philippe ? tu exagères !
MERCI !
par antiphrase: indique le mécontentement,
familier, populaire.
A : Maurice m'a présenté un soit-disant copain. Il m'avait
dit qu'il était boute-en-train. Eh ben, merci ! Quelle
soupe au lait !
DE MERDE
= nul; sur un ton méprisant, coléreux,
argotique.
Situation: Quelqu'un a constamment des ennuis avec sa voiture. Il
tombe en panne en pleine nuit.
A : Mais qu 'est-ce que c 'est que cette bagnole de merde !
MERDE ALORS !
argotique.
Situation: Peut exprimer 1'êtonnement, l'admiration.
a) M. X vient de visiter la nouvelle maison de son ami:
M.X : Ah ben, merde alors ! T'es sacrément bien logé ! merde alors !
IL NE SE REFUSE RIEN 1
ou bien: on ne se refuse rien !
tu ne te refuses rien ! (ironique) quand on parle directement
à la personne concernée,
familier.
Situation: a) André est un peu près de ses sous. Or, son collègue a
remarqué qu'il a une paire de chaussures neuves:
A à Β : Tu as vu les nouvelles chaussures d'André ?
Il ne se refuse rien ! très ironique dans ce cas.
Situation: b) Une femme à son mari.
A : J'ai trouvé un petit ensemble ! J'ai hésité entre 2 modèles.
Finalement, j 'ai pris le modèle de chez Cardin !
Β : Eh bien, je vois qu 'on ne se refuse rien 1
ON A BONNE MINE !
familier.
Situation: Deux amies sont arrivées la veille avec un cadeau pensant que
c'était l'anniversaire de la maîtresse de maison:
A : Tu as vu ? hier soir on avait bonne mine avec notre cadeau ?
Β : J'étais persuadée que c'était son anniversaire, mais un cadeau
pour une invitation est bien agréable également 1
ÇA NE VA PAS MIEUX !
= ça ne s 'améliore pas
populaire.
a) Sens littéral: par rapport à la santé physique:
Situation: Je viens de voir Bernard. Dis donc, ça ne va pas
mieux, tu verrais sa téte !
b) Sens figuré :
Situation: J'ai parlé avec Jean. Tu verrais les réflexions qu'il
m'a faites. Ça ne va pas mieux ! il devient de plus en plus stupide.
DE MIEUX EN MIEUX !
par antiphrase: c'est de pire en pire.
Situation: Une loi vient d'être votée interdisant aux gens de fumer
dans un lieu public.
Un fumeur invétéré, agacé : De mieux en mieux l Bientôt on η 'aura même
plus le droit de fumer chez soi.
TANT MIEUX !
exprime le soulagement.
familier.
Situation: M. X a failli être mis à la porte pour une faute qu'il
n'a pas commise.
M. X : Finalement, le syndicat s 'en est mêlé et j 'ai
obtenu ma réintégration.
M. Y : Ah, tant mieux !
DANS LE MILLE 1
= vous avez vu juste !
populaire.
Situation: M. X avait demandé sa mutation pour Singapour seins
trop y croire.
M. X Incroyable, j 'ai enfin eu ma mutation
M. Y Ah bon ! Pour où ?
M. X Je te le donne en mille !...
M. Y Alors ? Singapour ?
M. X Dans le mille, vieux !
MINCE DE ... !
exprime la surprise admirative.
populaire.
Situation: Les élèves après un cours particulièrement bruyant
et mouvementé.
Elève : Mince de bordel qu 'on te lui a mis au prof !
MINUTE, PAPILLON !
attends un peu !
populaire.
Situation: Le père à son fils:
Ρ : Bon, d'accord, Olivier, je veux bien te prêter ma voiture.
F : OK, papa. Super ! Alors je pars tout de suite.
Ρ : Eh, minute, papillon ! Prends les papiers au moins
et ne rentre pas trop tard !
PAUVRE DE MOI !
= je suis à plaindre. De a ici un rôle explétif.
pauvre de toi...
pauvre de lui...
familier.
M. X : Pauvre de moi ! Si tu savais ce qui m'arrive !
M. Y : Non ! Ou 'est-ce gui se passe ?
M. X : Je sortais du garage où je venais de prendre livraison de ma
voiture neuve. Un type m'est rentré dedans ! La voiture: in-
utilisable 1 Et je suis en tort, car je sortais en marche
arrière d'un lieu de stationnement.
ON LE SERAIT A MOINS !
familier.
A : Françoise est complètement déprimée depuis que son mari
l'a quittée !
Β : ru parles ! elle qui 1 'adorait. On le serait à moins !
AU MOINS ?
familier.
A : Je devais aller dîner chez Georges ce soir. Hais j'ai changé d'avis.
On passe un très bon film au cinéma et je ne veux pas le louper.
Β : Tu 1 'as prévenu au moins ?
EN MOINS DE DEUX
= rapidement,
populaire.
Laisse-moi t'aider. Tu vas voir. Ce sera fait en moins de deux 1
C'EST UN MONDE !
= c'est exagéré. Marque la réprobation, presque l'indignation,
familier, populaire.
Père : Je dois aller en ville. Veux-tu venir avec moi ?
Mère : Hais je crois bien avoir entendu la voiture partir
tout à 1 'heure !
Père : Et qui serait parti avec ?
Mère : Olivier ! Je pensais qu 'il t'avait demandé et que tu
étais d'accord !
Père : C'est un monde ! A qui est-elle à la fin cette voiture ?
IL Y A DU MONDE ?
= il y a quelqu 'un ?
populaire, familier.
Situation: Un client entre dans un petit magasin. Il entend
du bruit, mais personne ne vient:
Client : II y a du monde ?
PASSEZ LA MONNAIE !
= envoyez l'argent !
populaire.
Situation: Un groupe d'amis a organisé une fête où chacun doit donner
une petite participation financière. L'un passe dans le groupe pour
récolter l'argent.
A : Passez la monnaie!
PETIT MONSTRE 1
terme affectueux, par antiphrase,
familier.
Situation: Un enfant n'arrête pas de faire des bêtises; il vient de
casser quelque chose en jouant au ballon:
La mère (excédée) : Mais enfin, Julien, quand vas-tu te calmer ?
Le père (plus indulgent): Petit monstre !
JE M'EN MOQUE !
= ça m'est égal.
familier.
A : Attention à ce que tu vas lui dire. Tu sais qu 'il peut
se vexer facilement.
Β : Je m'en moque ! Je ne vois pas pourquoi je me gênerais,
sous prétexte qu'il s'agit de 'Monsieur X'. Si j'ai
quelque chose à lui dire, je le lui dirai et tant pis
s'il le prend mal.
374
JE SUIS MORT(E) I
populaire.
Situation: Mme Β rentre tard de son travail. Elle se laisse tomber
sur le canapè:
Mme Β : Ouf, je suis morte ! On a eu une journée harassante.
MOTUS 1
familier, populaire.
Situation: M. X rencontre son ami, M. Y en galante compagnie, son
épouse étant partie en vacances:
M. X : (en aparté) Ben dis donc, tu ne t'ennuies pas !
M. Y : Pas mal, hein ! Hais surtout motus !
VAS-Y MOU 1
" vas-y mollo/fais doucement !
populaire, argotique.
Situation: Hubert a une mauvaise nouvelle à annoncer â Christine:
Hubert : Je ne sais pas comment lui présenter la chose.
C'est délicat !
Serge : Vas-y mollo 1 On ne sait jamais avec les femmes !
JE LE MOUDRAIS !
= accabler quelqu'un de coups,
populaire.
Situation: Une dispute a éclaté entre 2 hommes. Ils en viennent aux
mains, mais on réussit â les séparer:
Il ne perd rien pour attendre I Si je le rencontre, je
le mouds !
PAS MOYEN !
= Rien à faire Dit parfois sur un ton agacé.
Bernard : André tu me revends la petite statuette
que tu as achetée la semaine dernière ?
André : Pas question ! Elle me plaît beaucoup.
Bernard : A moi aussi ! Je t'en offre le double !
André : Même dix fois son prix, c'est non !
Bernard : Y'a pas moyen !
PASSEZ MUSCADE !
cf. le tour est joué. Faire disparaître ou escamoter quelque chose sans
qu'on s'en rende compte.
Situation: Quelqu'un veut dissimuler quelque chose qu'il a endommagé.
Oh, si je η'arrive pas à le réparer, je vais acheter le même et
passez muscade, il n'y verra que du feu.
UNE PAILLE »
familier.
Situation: Quelqu'un est vendeur d'une maison, des gens se renseignent:
A : Combien demandez-vous pour votre maison ?
Β : Dix millions !
A : Oh ! une paille ! ! 1
peut également s'employer en parlant du temps:
Situation: Deux personnes se rencontrent fortuitement alors que voici
très longtemps qu'elles ne se sont pas vues:
A : Voilà combien de temps que nous nous sommes vus ?
Β : Ça fait une paille !
LA PAIX !
populaire.
Situation: Une personne qui vient d'être dérangée pour la Xëme fois
demande d'être quelques minutes tranquille:
A : Voilà cent fois qu'on me dérange, je veux la paix !/fichez-moi la
paix deux minutes !
Β : Ne criez pas comme ça, on va vous foutre la paix, on s'en va !
MINUTE PAPILLON !
populaire.
Situation: A un petit gamin qui a 'bien vite' fait de se sauver après un
accord de sortie, cela semble louche...
A : Hep, petit, minute papillon, pourquoi cette précipitation à te
sauver ? qu'est-ce que cela cache ?
Β : Rien M'sieur, j 'vais annoncer la bonne nouvelle aux copains !
378
PARCE QUE !
populaire.
Situation: Souvent la réponse 'muette' à Pourquoi ?
Pourquoi ... tu ne veux pas sortir ?
Pourquoi tu ne veux pas te lever ?
Pourquoi tu ne veux pas ? etc parce que !
PARDI !
populaire. Synonyme de Tu parles !
expression régionale employée par les gens du Midi.
Situation: Quelqu'un qui joue aux boules:
A : Regarde un peu si ma boule est bien placée près du cochonnet ?
Β : Pardi que tu le tiens le point, allez joue !
PARDON !
sorte d'exclamation superlative,
populaire.
Situation: Deux femmes parlent d'une troisième très forte (de corpulence):
A : Je croyais Mme X forte, mais à côté de Mme Ζ ce η 'est rien 1
Β : Madame Ζ I pardon Ì qu 'est-ce qu 'elle tient comme tour de hanches !
JE NE ME PARDONNERAI JAMAIS !
familier.
Situation: Une personne qui n'a pas surveillé un enfant qui lui était
confié et qui est tombé dans les escaliers:
A ·. Je ne me pardonnerai jamais de ne pas avoir sufissamment surveillé
cet enfant qu'on m'avait confié l
Β : Allons, ce n'est pas si grave, il y a eu plus de peur que de mal, mais
je sais, 'on s'en veut' de ne jamais faire assez !
RENDRE LA PAREILLE
voir je ne le raterai pas !
populaire.
Situation: Un automobiliste vient de faire une 'queue de poisson' à
un autre:
A : Il est pas cinglé de conduire comme ça ! me couper la route en plein
devant, attends un peu, je vais lui rendre la pareille l
Β : Quel intérêt â rendre à l'autre ce qu 'il t'a fait ? ça ne t'apporte rien l
'face à face': Situation: Sur un court de tennis, un joueur se croyant plus
malin fait courir son adversaire à droite et á gauche durant la période
d'entraînement:
A : Tu te crois malin de me faire courir ainsi ? Tu n'es pas le plus fort !
Β : Je te rends la pareille, qui est-ce qui tout à 1 'heure, durant l'echauf-
fement, me promenait de droite à gauche ? i mon tour maintenant de
m'amuser !
380
C'EST DU PAREIL AU MEME !
populaire.
Situation: Deux touristes cherchent un hôtel confortable, après plusieurs
essais ils concluent:
A : A ton avis tu penses que celui-ci est mieux au point de vue
restaurant que 1 'autre ?
Β : Oh, je crois que c'est du pareil au même, l'un et l'autre
ils se valent !
PARFAITEMENT !
populaire.
Situation: Un patron parle à son employé:
A : Vous me rédigerez ce rapport pour demain, 17 heures, au plus tard 1
Β : Mais Monsieur, ça ne fait que 24 heures pour 80 pages de rapport !
A : Parfaitement ! mais vous avez le temps si vous êtes bien organisé !
/aucune contestation possible !/c'est ainsi, un point c'est tout !
JE L'AURAIS PARIE!
populaire.
Situation: Deux amis parlent ensemble:
A : ru sais grue X a gagné le match de tennis ?
Β : Je 1'aurais parié, il est le meilleur I
JE PARIE ?
familier.
Situation: Au sujet du prochain tournoi de ping-pong:
A : Tu t'es inscrit le premier je parie ?
Β : Tu as gagné.
effectivement cette expression signifie: 'je suis sûr que'
381
C'EST UNE FAÇON, UNE MANIERE DE PARLER,
familier.
Situation: Une personne vient de se vexer par une expression qui lui a
été adressée:
A : Vous venez de me dire: il faut vraiment être 'con' pour faire une chose
pareille ! je vous remercie, mais je n'apprécie pas ce langage !
Β : Ne le prenez pas mal, c'est une façon de parler / une manière de parler,
η'y voyez rien de préjoratif !
PARLONS-EN !
populaire.
Situation: Deux amateurs de voitures de sport discutent des performances de
chacune d'elle, bien sûr, chacun mise sur la meilleure ... la sienne:
A : Je t'assure que la voiture X est la meilleure quant au rendement qualité
prix, de plus elle est très économe...
Β : Ah oui, parlons-en de l'économie ! c'est peut-être une bonne routière,
mais en ville... quel gouffre !
PARLEZ-MOI... |
familier.
Situation: Un homme rêve d'avoir une petite femme, bien mignonne, bien
soumise, etc.... :
A : Ah ! parlez-moi d'une petite femme comme Madame X, elle a l'air si douce 1
Β : Parlez-moi plutôt de Mme Y, elle est beaucoup plus jolie !
TU PARLES 1
populaire.
Situation: Une personne promet, à l'avenir, d'être 'beau joueur1 au scrabble,
mais l'interlocuteur n'y croit pas et émet tous ses doutes dans l'expression
tu parles 1
A : Je te promets de ne plus me fâcher et de ne plus tricher au scrabble
avec toi !
Β : Tu parles I tu promets toujours et tu ne tiens rien ! (en vulgaire:
cause toujours I)
PAROLE !
familier.
Situation: Une personne s'engage â tenir sa promesse de ne plus fumer:
A : Parole ! je ne touche plus une cigarette â partir de maintenant !
Β : Parole ! (il entérine la promesse) (promis/pari tenu 1 etc...)
PART A DEUX !
familier mais plutôt dans: Moitié, Moitié I
Situation: A un anniversaire un énorme gâteau est partagé, mais les parts
sont trop grosses, quelques estomacs délicats proposent:
A : C'est délicieux, mais vraiment trop gros pour moi, on fait moitié,
moitié ?
Β : Volontiers l
ET A PART ÇA ?
familier,
et autrement ?
Situation: Deux personnes conversent au téléphone et se donnent les
dernières nouvelles:
A : Comment allez-vous ? et ces douleurs ? et les enfants
Β : Tout va pour le mieux, et â part ça, comment ça va chez vous ?
JE SUIS PARTANT I
familier. Je suis preneur/je suis d'accord.
Situation: Lors de projets de vacances en canoë on cherche des volontaires:
A : Des volontaires pour le canoë cet été ?
Β : OK, je suis partant 1
383
PAS D'HISTOIRES !
familier.
Situation: Pour séparer deux enfants qui se battent commes des chiffonniers:
A : Allez les gosses, pas d'histoires, on range et on va coucher l
Β : On fait pas d'histoires, mais on voudrait des bonbons !
N'EST-CE PAS ?
Formule de politesse.
Situation: Une personne demande un service dans un magasin:
A : Pouvez-vous me soulever ce baril ?
Β : Bien sûr, c'est trop lourd pour vous, n'est-ce pas ?
PASSEZ DONC !
familier, formule de politesse.
Situation: Dans un magasin un homme s'efface fort poliment devant une dame:
A : Je vous en prie, Madame, passez-donc !
ON NE PASSE PAS !
formule militaire souvent employée à la douane aux frontières.
384
LA SENTIR PASSER
populaire.
Situation: Deux amis parlent d'une connaissance commune qui vient de faire
réparer sa voiture et a dû payer une somme fort élevée pour la remise en
état de celle-ci:
A : Tu as vu X comme sa voiture est bien réparée ?
Β : Elle peut, étant donné le prix qu'il a payé chez le garagiste,
il a dû sentir passer la douloureuse ! (la facture a dû être lourde)
PASSE ENCORE !
familier.
Situation: A l'annonce de la visite d'une famille africaine en France
c'est l'affolement:
A : Tu sais que nos amis africains vont nous rendre visite ?
Β : Oui, ça m'affole ! lea amis d'accord, passe encore, mais ils
sont toujours accompagnés d'autres amis ! on ne s 'en sortira
pas à moins de 10.
J'EN PASSE !
familier.
Situation: Deux commères parlent de jeunes filles du quartier:
A : Ah vous savez, je pourrai vous en dire des choses sur
cette demoiselle !
Β : Oh, mais vous ne savez pas tout, j'en passe (et des meilleures).
PASSEZ-MOI LE MOT !
familier.
Situation: Une personne veut répéter la conversation qu'elle a
entendue mot pour mot:
A : J'ai entendu dire qu'il fallait être complètement, passez-moi
le mot, con, pour accepter la cohabitation !
Β : D'accord, mais je ne pouvais faire autrement.
PASSEZ LA MONNAIE !
plus populaire que familier.
Situation: Dans une réunion de famille chacun fait son tiercé, au
moment de récolter les fonds:
A : Ça y est ? tout le monde a fait son tiercé ?
Β : D'accord ! alors passez la monnaie !
ET PATATI ! ET PATATA !
familier.
Situation: Deux concierges bavardent sur le pas de leur porte, elles ne
tarissent pas de dire du mal de leurs locataires:
A : Vous savez que la veuve du 6ème a un amant, et puis le vieux du
rez-de-chaussée a attrapé la grippe !
Β : Dans mon immeuble il y a eu un vol au 3ème 1 'autre soir, la pin
up du 5ême a reçu une bande de jeunes voyous et patati et patata.
PATIENCE !
familier.
Situation: Une personne qui se trouve dans une mauvaise passe se demande
si cela va bientôt s'arrêter; elle confie á son amie:
A : Je me demande si mes malheurs vont bientôt s'arrêter ! je η 'en sors
pas, d'un ennui, je tombe dans l'autre 1
Β : Allez patience 1 ça va s'arranger, tu vas voir, tu passes un mauvais
moment, mais ça ne peut durer .'
386
PATIENCE !
interjection exprimant la menace.
familier.
Situation: X vient d'apprendre que son meilleur ami l'a trahi, il est
furieux et confie autour de lui à ceux qui 1'écoutent:
A : Je viens d'apprendre la trahison de mon meilleur ami, je suis
dans une rage folle, il va me le payer cher ! Patience ! je
vais me venger quand viendra mon heure !
Β : Ne te mets pas dans des états pareils, ça va s'arranger !
TOUT SE PAIE !
familier.
Situation: Par sa mauvaise langue une femme a fait bien du mal à une
collègue, celle-ci en pleurs se confie:
A : Ce n'est pas possible d'inventer tant d'absurdités pour faire tant de mal !
Β : Ne t'en fais pas, tout se paie, un jour elle subira le retour de bâton !
A LA PENSEE QUE/DE
familier.
Situation: S'emploie très souvent avec des sentiments de nostalgie pour un
être qui n'est plus, un objet rare, cher, précieux ou simplement auquel on
tient.
A la pensée que 1'an passé â pareille époque notre père vivait 1
A la pensée que nous avons passé toute notre jeunesse dans cette
maison aujourd 'hui abandonnée I
A la pensée que nous avons joué dans cette rue aujourd 'hui si
passante !
A la pensée de tous les livres
de tous les jouets
de toutes les robes que j'avais étant jeune .'...
A la pensée que ce jeune homme qui présente si bien soit un voyou !
je η 'en reviens pas !
PENSES-TU !
familier.
Situation: Une personne a mauvaise conscience pensant avoir blessé son
amie par des paroles:
A : Si tu savais comme je me torture en pensant t'avoir fait du mal
l'autre jour !
Β : Penses-tu I je n'ai même pas fait attention, tes paroles n'ont
pas eu l'impact que tu craignais I
PENSEZ QUE...
familier.
Situation: Une personne encourage à un sport violent une femme qui doute
de ses capacités:
A : Vous devriez faire du tennis avec Mme X, elle est très forte 1
Β : Pensez que j 'approche la cinquantaine et que je ne suis plus
toute jeune, il faut que je me ménage l
PESTE !
interjection marquant 1'étonnement:
Situation: Une personne qui vient d'apprendre sa mutation en fait part â
son collaborateur:
A : Tu sais que je viens d'être nommé chef des ventes à notre siège de
la Réunion !
Β : Peste ! ça va être dur pour te remplacer, mais je suis content pour toi.
IL VA Y AVOIR DU PETARD !
populaire.
Situation: Deux garçons veulent avoir une explication au sujet d'un différend
qui les oppose, comme ce sont deux tempéraments assez fougueux:
A : ru as intérêt à me fournir des explications sur ton comportement de
l'autre soir, je trouve cela inadmissible, si tu te défiles je saurai
te rattraper !
Β : Tu commences à me casser les pieds avec tes explications, il va y
avoir du pétard si tu continues 1
UN PEU !
familier.
Situation: A la veille d'une fête au club de sport un garçon demande á son
copain:
A : Tu viens demain à la fête ?
Β : Un peu ! je tiens à rencontrer la petite blonde de l'autre jour et
à danser 1
PEUT-ETRE
en fin de phrase
familier.
Situation: En invitant quelqu'un â se joindre au groupe de dimanche pour
la chasse:
A : Dimanche il y a une grande battue, vous vous joindrez à nous peut-être ?
Β : Certainement, si vous m'y autorisez J
396
C'EST LE PIED !
populaire.
Situation: Un gars qui admire la dernière acquisition en matière de moto de
son copain:
A : Dis donc, ta moto elle est vraiment chouette !
Β : C'est vrai, c'est le pied pour un climat comme celui-ci !
QUELLE PILULE !
populaire.
Situation: En commentant un match de foot:
A : Tu as vu la dérouillée que les bleus ont mis(e) aux verts 1
Β : 6 à 0, quelle pilule !
QUELLE PITIE !
familier.
Situation: Deux personnes s'apitoyant sur des mendiants:
A : Quelle pitié, ce mendiant de droite 1 regardez ses jambes, il n'y a
que la peau et les os l
Β : Quelle misère, vraiment cette maladie fait des ravages irréparables !
PLAIT-IL ?
familier.
Situation: En parlant dans une entreprise d'indemnités qui ne seront pas
versées:
A : Vous savez que les indemnités ne seront pas versées ce mois-ci
comme prévu ?
Β : Plaît-il ? ai-je bien entendu ?
DEBARRASSEZ-MOI LE PLANCHER !
populaire.
Situation: Une maman excédée par les cris et les jeux des enfants qui
jouent là, tout près d'elle depuis des heures:
A : Allez ouste ! débarrassez-moi le plancher, voilà des heures que je
vous supporte, je η 'en peux plus, allez dehors ou dans votre chambre,
mais je ne veux plus vous voir 1
Β : D'accord, on va dehors faire du vélo !
A : Bon débarras 1
400
AUX PLUCHES !
expression surtout employée à l'armée, dans la vie courante c'est par
amusement pour parodier.
Situation: En revenant du marché devant le panier de légumes, la ménagère
invite toute sa petite famille:
A : Allez, tout le monde aux pluches ! et que ça saute !
Β : La barbe ! quelle corvée !
PLUTOT MOURIR !
familier.
Situation: Deux amis se font des promesses avant de se quitter pour une
séparation:
A : Promets-moi de ne pas m'oublier, de penser à moi souvent et de veiller
sur ceux que j 'aime !
Β : c'est promis, plutôt mourir que de ne pas tenir ma promesse !
PLUTOT !
familier.
Situation: En parlant d'un collègue de travail qui n'est pas très malin:
A : Que penses-tu de X ? Il a l'air plutôt lourd d'esprit, il n'est pas
très futé !
Β : Oui plutôt !
402
C'EST DANS LA POCHE !
populaire.
Situation: Un vendeur après de longues négociations sent enfin l'issue
heureuse de ses démarches:
A : Je pense enfin avoir tout à fait persuadé M. X pour acheter le nouveau
modèle de la gamme, mais ça η'a pas été facile !
Β : Je connais bien M. X et je crois que pour toi c'est dans la poche, il
a l'air parfaitement convaincu !
PAS UN POIL !
populaire.
Situation: Dans un bureau une bagarre éclate, il faut que l'un des deux
cède, mais.... :
A : Allez, cède pour arrêter cette bagarre, tu as raison, mais c'est le
plus intelligent qui cède !
Β : Céder 1 ! ! il η 'en η 'est pas question ! pas un poil que je céderai !
qu 'il aille se faire voir!
AU POIL !
populaire.
Situation: Dans un magasin de sport:
A : J'ai le béguin de ce survêtement !
Β : Tu as raison,il te va au poil !
SOYEZ POLI !
familier.
Situation: Lors d'une discussion oû le ton monte un peu trop, l'un des
interlocuteurs perd son sang-froid, l'autre lui rappelle:
A : S'il vous plaît, soyez poli, ce n'est pas parce que vous avez tort
que vous devez devenir vulgaire !
Β : Avec votre air si satisfait de vous, vous me poussez hors de mes
gonds 1
AUX POMMES 1
populaire.
Situation: Lors d'un anniversaire:
A : Dis-moi, il te plaît ton cadeau ?
Β : Aux pommes ! c'est juste ce que je désirais l
TU ME POMPES L'AIR !
vulgaire.
Situation: Lors d'une scène de ménage X fois répétée:
A : Tu me pompes l'air avec tes scènes, j 'en ai marre 1
Β : Tu η 'as qu 'à faire ce que je te demande !
AVOIR LE POMPON
populaire.
Situation: Deux personnes qui ne s'estiment guère:
A : De la bêtise, tu tiens vraiment le pompon !
Β : Tu ne t'es pas regardé ?
Situation: Deux personnes qui viennent de tirer au sort: les dates de
vacances, les rencontres de tennis, les jours de garde etc
A : Le tirage au sort t'a vraiment favorisé ! tu tiens le pompon !
Β : Oui je reconnais avoir eu de la chance.
ÇA SE BOUSCULE AU PORTILLON !
familier.
Situations Dans un village, on se moque un peu d'un pauvre garçon qui a
quelques difficultés d'êlocution:
A : Tiens, je viens de rencontrer X, il a voulu m'expliquer quelque chose,
mais il était tellement énervé que je η 'ai rien compris !
Β : Ah oui, le pauvre ! souvent ça se bouscule au portillon pour lui ! il
faudrait qu'il s'applique à parler plus lentement !
ÇA POSE !
familier.
Situation: En parlant de la demeure des X:
A : Vous avez vu comme ils ont meublé leur appartement les X ? C'est fait
avec beaucoup de goût !
Β : Effectivement, ça pose, le bon goût et la qualité des matériaux
donnent le ton !
POSSIBLE QUE
familier
Situation: En parlant des prochaines élections:
A : Avec la chance qu'il a, il est bien possible qu'aux prochaines élections
le candidat X passe au premier tour !
Β : Bien sûr, tout est possible avec le facteur chance !
MANQUE DE POT !
populaire.
Situation: Un enfant arrive en retard au sport et explique:
A : Quand j'ai voulu prendre mon vélo ce matin, manque de pot il était
crevé, le temps de réparer ... bien silr j 'étais en retard !
Β : La prochaine fois prévoyez un moyen de locomotion de rechange !
POUAH !
interjection.
Situation: Devant un magnifique gâteau à la crème deux enfants goûtent:
A : Tiens, je viens d'acheter ce gâteau ! goûte !
Β : Pouah ! que c'est mauvais ! le pâtissier t'a vendu un gâteau de la
semaine dernière, c'est pas possible !
ET LE POUCE !
populaire.
Situation: Un couple fait des pronostics pour meubler un appartement:
A : Je pense qu 'avec X francs on y arrivera !
Β : Et le pouce ! t'es loin du compte, rien que pour la cuisine cette
somme est déjà engloutie !
ET POUR CAUSE !
familier.
Situation: Une personne s'étonne du refus d'un invité lors d'une réception
importante:
A : Je suis surpris que vous n'ayez pas accepté mon invitation à dîner ?
Β : Et pour cause i j'étais à l'hôpital, je pense que c'est une raison
suffisante !
407
ÇA SE PEUT !
familier.
Situation: Quelqu'un qui doute des renseignements qu'on lui apporte:
A : Vous avez peut-être raison ! ça se peut 1 mais je pense que les ren-
seignements ne sont pas de bonne source I
Β : Il se peut également que la source soit tarie !
408
QU'Y PUIS-JE ?
familier.
Situation: Une personne demande de l'aide, mais c'est impossible:
A : Mon fils η 'est pas rentré, je suis inquiète, je ne sais pas où il est !
Β : Qu'y puis-je ?
PREMIERE NOUVELLE !
familier.
Situation: Moment de surprise à l'annonce d'une nouvelle:
A : Première nouvelle que Mme X ait une bébé, je ne savais même pas qu 'elle
était enceinte !
Première nouvelle que cet avion ait atterri ce matin !
" " que la France ait gagné ce match !
" " que cette explosion ait eu lieu !
etc
409
IL NE SE PREND PAS POUR UNE MERDE !
vulgaire.
Situation: En parlant d'un garçon qui ne se lie pas facilement avec le reste
du groupe:
A : X est vraiment drôle, pas moyen de 1'intégrer au groupe, il est vraiment
snob, il ne se prend pas pour une merde !
Β : C'est vrai, il est vraiment fier, pourtant il n'est rien de plus que nous !
ALLONS PRESSONS !
familier.
Situation: Pour activer la réaction des gens afin d'organiser une projection
par exemple:
A : Allons pressons ! veuillez entrer, nous allons bientôt commencer la
projection !
Β : Ne vous pressez pas trop, on fait ce que l'on peut, ce η 'est pas
évident de rentrer dans cette salle sans panique l
C'EST DE LA PRESTIDIGITATION !
familier.
Situation: Expression admirative devant une action que l'on croyait impossible:
A : Hais comment avez-vous fait pour rénover ce tableau qui paraissait con-
damné ? C'est de la prestidigitation !
Β : Effectivement, je suis assez fier de moi pour ce beau travail, cette
belle réussite 1
JE VOUS EN PRIE !
formule de politesse.
Situation: Une personne ouvre une porte et invite une autre à passer devant
elle:
A : Je vous en prie, veuillez passer ...
Β : Mais je n'en ferai rien, après vous etc....
JE T'EN PRIE !
familier.
Situation: A une personne qu'on pousse à bout:
A : Veuillez encore me faire ceci ou cela ...
Β : Je vous en prie ! ça suffit pour aujourd 'hui !
IL Y A DU PROGRES !
familier.
Situation: A quelqu'un qui a des cours de rééducation suite à un membre
brisé:
A : Suite aux bons soins, il g a du progrès dans l'utilisation de votre bras
Β : C'est vrai, chaque jour ça s'améliore !
ÇA PROMET !
familier.
Situation: En parlant du temps qu'il fait et en pensant â l'avenir:
A : Etant donné 1'hiver précoce, ça promet pour le mois de décembre !
Β : S'il fait déjà si froid aujourd'hui, ce sera pire en décembre.
Situation: En parlant d'une jeune fille et en pensant à l'avenir:
A : Etant donné la beauté de cette jeune fille aujourd 'hui, ça promet
pour 1'avenir !
Β : Oui, si elle progresse ainsi, ce sera une bien belle femme !
RIEN DE PROPRE
familier.
Situation: En parlant d'un enfant du village que la paresse guide:
A : Je ne sais pas ce que vont pouvoir faire les parents du jeune X, il
est tellement paresseux !
Β : A mon avis, il ne fera rien de propre, il η 'a jamais voulu travailler
en classe !
C'EST DU PROPRE !
familier.
Situation: Dans un commissariat à un jeune pris en flagrant délit de vente
de drogue:
A : Eh bien, c'est du propre 1 vous savez ce que vous risquez à ce petit jeu
Β : Je sais, mais c'est la première fois, je ne veux pas m'engager plus loin
414
DES PRUNES !
familier.
Situation: Une personne demande à son amie de lui taper, pour la dépanner,
100 pages pour demain, devant l'imposant travail celle-ci répond:
A : Veux-tu me taper ces 100 pages pour me dépanner ?
Β : Des prunes 1 tu ne te rends pas compte du travail ! je η 'ai pas
le temps !
ET PUIS ?
familier.
Situation: Une maman expligue à une amie:
A : Mon fils va avoir 20 ans I
Β : Et puis ?
A : Ce qui signifie qu 'il va nous quitter ou pour la PAC ou pour le
service militaire l
C'EST RAGOUTANT !
populaire. Plutôt usité en c'est pas ragoûtant !
Situation: En entrant dans un taudis oû l'hygiène fait défaut:
A : Ces gens vivent dans un taudis, quelle crasse ! ce η 'est pas ragoûtant !
Β : Il ne faut pas avoir de fierté pour accepter la saleté !
VOUS EN RAJOUTEZ !
populaire.
Situation: Deux personnes viennent de se fâcher en faisant toute une histoire,
il y avait des mots plus brefs pour les dire, mais l'une d'elle n'en finit
pas de revenir et de rajouter encore, encore... ce qu'elle avait pu oublier:
A : Ça suffit ! il n'y avait pas besoin de faire tant d'histoires, à présent
vous en rajoutez !
Β : Non je n'en rajoute pas, tout ce que je dis est vrai, que ça vous agace,
d'accord, mais j 'ai trop de choses á vous reprocher 1
SANS RANCUNE !
populaire.
Situation: Un monsieur, assez maladroit en paroles, vient de vexer une dame
sur sa corpulence, celle-ci l'a bien pris, mais le monsieur se sent gSné et
en se séparant le monsieur demande de se faire pardonner:
A : Dites, sans rancune, pour ce que je vous ai dit tout à l'heure !
Β : C'est trop facile, vous vexez les gens et après vous leur demandez de
ne pas leur en vouloir i
417
C'EST RAPE !
popualaire.
Situation: Une famille se réjouissait d'aller au cinéma, hélas le pére
rentre trop tard du travail, l'heure est passée:
A : Tu nous avais promis d'aller au cinéma ce soir, étant donné l'heure....
c'est rapè !
Β : Effectivement, c'est loupé pour aujourd'hui, demain peut-être !
RATE !
populaire.
Situation: Lors d'une bataille de boules de neige:
A : Tu vas voir, je vais te viser et tu vas avoir de la poudreuse plein
les yeux !
Β : Raté ! (se baisse et la boule passe au-dessus)
JE NE LE RATERAI PAS !
populaire.
Situation: De quelqu'un qui veut s'octroyer des congés illégalement et qui
se trouve récidiviste:
A : Celui-là, c'est un récidiviste, déjà l'an passé il n'a pas pris de
congés, mais cette année je ne le raterai pas !
Β : Je crois que c'est trop tard, le patron a donné son accord.
DONNEZ-MOI LA RECETTE !
familier.
Situation: A quelqu'un qui paraît extraordinairement jeune pour son âge,
une personne convoite sa bonne forme:
A : Donnez-moi la recette de votre dynamisme à votre âge ! c 'est
formidable !
Β : Il n'y en a qu 'une: de l'exercice et vous resterez jeune.
SI C'ETAIT A RECOMMENCER
familier.
Situation: A un anniversaire de mariage:
A : Si c 'était â recommencer ? vous recommenceriez ?
Β : Bien sûr, et nous ferions la même chose ! nous η'avons pas trop mal
réussis, non !
LA RECONNAISSANCE DU VENTRE
populaire.
Situation: On dit des animaux surtout (mais pas toujours) qu'ils ont la
reconnaissance du ventre:
A : Voyez mon vieux matou, il me fait des caresses surtout au moment
des repas !
Β : Les chats avec leur caractère indépendant ont la reconnaissance du
ventre, ils ne sont gentils que lorsque ça les arrange.
420
JE SUIS REFAIT !
populaire.
Situation: Quelqu'un qui vient de marchander au marché pense avoir fait une
affaire, mais en parlant avec un ami il s'aperçoit que... :
A : Je pense avoir fait une bonne affaire avec ce bronze, je 1'ai eu pour
moitié prix I
Β : Tu parles, il t'a vu venir, il avait largement majoré avant, tu le
trouves moins cher en ville, tel est pris qui croyait prendre 1
A : Alors je suis refait !
TU NE TE REFUSES RIEN !
populaire.
Situation: A quelqu'un qui revient de vacances:
A : Te voilà de retour, eh bien dis donc, tu ne te refuses rien, une
croisière sur le Rhin !
Β : Pourquoi me la refuserai-je ? Si je ne me gâte pas moi-même, personne
ne le fera à ma place l
421
REGARDEZ-MOI FAIRE I
peu usité, ou peu accepté de nos jours (on ne se donne plus en éxemple), mais
pourquoi pas.
Situation: Un professeur de gymnastique entraîne une équipe et afin de per-
fectionner un mouvement il demande â ses élèves:
A : Pour harmoniser parfaitement cet exercice il faut procéder ainsi, re-
gardez-moi faire pour bien comprendre !
Β : Effectivement, avec la démonstration l'exercice semble moins rébarbatif 1
IL NE S'EST PAS REGARDE !
populaire, vulgaire.
Situation: Une personne demande â une autre de corriger ses fautes avant
d'envoyer le rapport:
A : Veuillez reprendre vos fautes avant envoi aux clients de ce rapport t
Β : (plus bas pour que A ne l'entende pas) Il ne s'est pas regardé, lui-
même il n'est pas capable d'écrire une ligne sans faute l
C'EST LA REGLE !
populaire.
Situation: Un garçon qui arrive au service militaire, les 'anciens' l'ac-
cueillent en lui jouant tout un tas de tours:
A : Demain tu es de corvée de chambre, c 'est la règle I
Β : Oui je sais, les 'nouveaux ' ont droit à toutes les sales besognes,
c'est la règle !
422
C'EST REGLE !
populaire.
Situationi. Un nouveau patron arrive et les méthodes changent, les secré-
taires attendent le coup:
A : A partir de demain, je ne veux plus voir cette présentation de lettre !
compris !
Β : C'est réglé (comme du papier à musique) dès qu'un patron change, les
méthodes changent, comme si la boîte ne marchait pas avant !
C'EST REGLO !
populaire.
Situation: Veut dire tout â fait normal.
Un copain rappelle à son associé que dans 15 jours il doit lui rembourser
la somme qu'il lui a empruntée:
A : Je te préviens, dans 15 jours tu me dois 10.000 francs !
Β : C'est règio, c'était convenu comme ça, OK !
SANS REGRET |
familier.
Situation: Une personne donne sa démission, on lui fait comprendre qu'elle
pourrait encore rester étant un élément sérieux et stable, mais rien â
faire:
A : Vraiment ? vous avez bien réfléchi ? vous voulez partir ? pourtant
nous vous offrons une augmentation et d'autres avantages ...
Β : Non merci, ma décision est prise, je pars !
A : Sans regret ?
Β : Sans regret !
C'EST REJOUISSANT !
populaire.
Situation: A une personne à qui l'on annonce une mauvaise nouvelle dans
le genre 'corvées supplémentaires':
A : Dorénavant, il faudra balayer la cour /pointer au travail/fermer les
portes/arroser tous les jours/manger à la cantine/partir plus tôt/
etc
Β : C'est réjouissant !
JE VOUS REMETS !
populaire.
Situation: Un ancien expatrié se retrouve en France face á un de ses anciens
clients:
A : Je me souviens avoir eu affaire à vous, il y a quelques années en
Afrique lors d'un de mes voyages, vous vous souvenez ?
Β : Ah oui, â présent, je vous remets ! ça y est.
424
ON REMET ÇA !
populaire.
Situation: A un bar, un groupe d'amis fête gaiement la victoire de leur
équipe favorite:
A : Victoire ! notre équipe a gagné, on va arroser ça ! Je paye une tournée
générale !
Β : Moi aussi, la patronne, allez on remet ça 1
REMETTEZ-VOUS !
populaire.
Situation: Un patron annonce â un de ses subordonnés une augmentation
considérable, â ces mots l'employé se sent défaillir:
A : Remettez-vous, mon vieux !
Β : Vous pensez l une telle nouvelle est renversante ! c 'est 1 'émotion 1
J'Y RENONCE !
familier.
Situation: Deux mères de famille comparent leurs filles:
A : Malgré ma patience, ma douceur, ma colère, rien n'y fait, ma fille
η 'est pas soigneuse !
Β : De mon côté, j 'ai également tout essayé, j 'y renonce !
JE SUIS RENVERSE !
populaire.
Situation: A l'annonce d'un nouvel arrivant dans 1'établissement, personne
ne s'y attendait, surtout pas le chef en place:
A : Je vous annonce l'arrivée d'un nouveau chef de service venant de la
région parisienne !
Β : Quelle surprise 1 j'en suis renversé, ce n'était pas prévu, pour quel
motif cette arrivée ?
IL S'EN REPENTIRA !
populaire.
Situation: Un monsieur très en colère qu'on lui ait posé un 'lapin' (c'est-
à-dire qu'on ne soit pas venu au rendez-vous fixé):
A : J'avais donné rendez-vous á X pour aller â la chasse, eh bien, il ne
s'est pas réveillé, j'ai attendu pour rien ! il s'en repentira de
m'avoir fait un coup pareil !
Β : C'est certain qu'il s'en mordra les doigts de t'avoir posé un lapin !
AU REVOIR !
ironique, populaire.
Situation: Une femme réclame auprès de son épicier qui lui a vendu de vilains
fruits la fois dernière:
A : La semaine dernière, quand j'ai déballé mes fruits, ils étaient avariés,
si c'est tout ce que vous avez à m'offrir, 'au revoir'/'salut'/'merci ' !
(le plus usité)
Β : Ne vous fâchez pas, je vais vous dédommager, pour que vous veniez me
revoir.
427
TU RIGOLES !
populaire. Se traduit également par c'est une plaisanterie ou quoi ?
Situation: Deux collègues attendent la visite d'un 'grand' patron, l'une
demande à l'autre:
A : Es-tu disponible ce week-end pour le patron ?
Β : Tu rigoles ou quoi ? tu sais très bien que j 'ai une compétition de golf 1
JE NE RIS PAS !
familier.
Situation: A la suite d'un ordre donné pour effectuer un travail, cet ordre
paraît 'anormal' aux yeux de celui qui le reçoit et qui ne le prend pas au
sérieux:
A : Vous me ferez 500 photocopies pour demain !
Β : D'accord, ce sera fait dans 5 minutes !
A : Je ne ris pas, je n'ai pas dit 50 mais 500 pour demain, ce n'est
pas une plaisanterie mais un ordre du patron.
HISTOIRE DE RIRE
populaire.
Situation: Se dit en début de phrase pour annoncer qu'on va faire »me
bonne farce:
A : Histoire de rire un peu on va annoncer à X que son pneu est crevé I
Β : Tu crois que ça va le faire rire ? j 'ai plutôt l'impression qu 'il
va se fâcher !
A : Peu importe, nous, ça nous amusera de le voir en colère J
LAISSEZ-MOI RIRE !
populaire.
Situation: On veut faire croire à un Monsieur que X est sérieux alors qu'il
connaît ses antécédents, il ne veut pas le croire et demande,si l'on ne se
moque pas de lui:
A : Je vous assure, X est très sérieux dans son travail !
Β : Laissez-moi rire ! je 1'ai déjà pratiqué dans une autre affectation,
je sais ce qu'il vaut.
EN ROUTE !
populaire.
Situation: Un chef à une bande de scouts qui s'apprête à lever l'ancre
pour partir en camp de vacances:
A : Allez, en route (mauvaise troupe) 1
Β : En avant, marchons, nous y allons !
C'EST ROYAL !
familier.
Situation: A une personne à qui l'on vient d'offrir un 'très joli' cadeau:
A : oh, cher Monsieur, je suis confuse, voici un bien joli cadeau, c'est
royal 1
Β : Rien η 'est trop beau pour vous, ma chère !
430
CE N'EST PAS ÇA QUI NOUS RUINERA !
familier.
Situation: Quelqu'un qui a bien envie de s'offrir une bricole en parle
avec son mari ou sa femme pour engager la dépense:
A : Sur le marché j 'ai vu un vase magnifique qui ne coûte que 10 francs,
j 'aimerais tant me l'offrir !
Β : Tu aurais tort de t'en priver, ce η 'est pas ça qui nous ruinera !
ah ! SALUT
formule de refus, populaire.
Situation: Deux copains essayent de s'attribuer la tâche de dire à un
troisième qu'il ne serait pas de la virée prévue pour dimanche:
A : Je compte sur toi pour dire à X qu 'il ne sera pas des nôtres dimanche,
on η 'a pas besoin de lui !
Β : Ah salut ! c'est trop facile de me refiler le sale boulot, va le dire
toi-même !
LA TROUVER SAUMATRE
populaire.
Situation: En parlant de son enfance dorée, puis de son mariage difficile
financièrement, une amie raconte à B:
A : Jeune, j'avais tout ce que je voulais, mes parents me pourrissaient,
quand je me suis mariée, ça a changé de note, on η 'avait pas de quoi
finir les fins de mois, je te jure ça a été dur !
Β : Je comprends bien, tu as dû la trouver saumâtre !
SAUVEZ-VOUS !
familier.
Situation: A des enfants qui viennent d'avoir des bonbons et n'ont plus
rien à attendre:
A : Λ présent que vous avez eu vos bonbons, sauvez-vous vite, je ne veux
plus vous voir, allez, allez ...
Β : Oui maintenant nous pouvons partir.
434
DIEU SAIT/DIEU LE SAIT !
plutôt usité Dieu seul le sait.
moyennement employé.
Situation: Deux personnes s'interrogent sur: le temps de demain ? ou
11 avenir ?
A : Croyez-vous qu'il va pleuvoir cette nuit ?
Β : Ça, ma brave dame. Dieu seul le sait !
ÇA SE SAURAIT !
populaire.
Situation: A l'aéroport on entend dire qu'une nouvelle compagnie aérienne
devrait faire escale dans notre pays. Les gens sont surpris, étonnés:
A : Paraît-il qu 'une autre compagnie aérienne va se poser â Ouaga !
Β : Ce η 'est pas possible, une pareille nouvelle ne s'annonce pas
du jour au lendemain, ça se saurait !
PEUT-ON SAVOIR !
populaire.
Situation: A un Monsieur qui demande â son collègue des nouvelles de Madame,
son épouse:
A : Bonjour X, avez vous reçu de bonnes nouvelles de Madame ?
Β : Excusez-moi, mais je ne suis pas marié !
A : Peut-on savoir ?
QUI SAIT ?
moyennement utilisé.
Situation: En se quittant après de bonnes vacances, deux amis souhaitent
se retrouver l'an prochain dans le même lieu, à pareille époque:
A : Au revoir, à l'année prochaine, même lieu, même époque !
Β : Qui sait ? le monde est si petit et le hasard si grand !
IL SAIT Y FAIRE !
populaire.
Situation: En parlant de son petit dernier une maman sait bien qu'elle
'fond' devant tout ce que lui demande cet enfant:
A : C'est mon dernier, vous savez, il sait y faire pour avoir ce qu'il veut,
à chaque fois je me fais avoir, je suis gâteuse avec lui !
Β : Que voulez-vous, déjà à cet âge il sait s'y prendre.
JE L'AI SEC !
on emploie plus souvent JE L'AI EN TRAVERS/ÇA M'EST RESTE EN TRAVERS
(de la gorge).
Situation: Un homme un peu aigri par la vie explique á un copain les raisons
de son attitude:
A : Tu vois, si j'en suis là aujourd'hui, c'est â cause de mon chef qui ne
pouvait pas me souffrir, il a fait le maximum pour me faire renvoyer,
je lui en veux et, encore aujourd'hui je l'ai sec !
Β : Je comprends à présent ton attitude,et que tu l'aies en travers de la
gorge est tout â fait normal.
ÇA PETE SEC !
populaire argotique.
Situation: Deux personnes parlent de la guerre au XXX et relatent les faits:
A : Vous avez entendu les nouvelles, ça n'a pas l'air d'aller dans la
région !
Β : Oui, j 'ai entendu dire que ça pète sec dans le coin l
SECOUEZ-VOUS !
populaire.
Situation: Un général de l'armée entraîne des soldats :
A : A mon commandement, en avant ....
et secouez-vous bande de .... !
Β : Mon Général, on en a plein les bottes ....
A : On est pas au club Med. !
TU NE TE SENS PLUS ?
populaire, vulgaire.
Situation: A un homme qui se mettait à commander tout le monde en l'absence
du chef:
A : Eh, ça ne va pas, t'es pas le chef, tu ne te sens plus, nous, ce n'est
pas à toi que 1 'on doit obéir !
Β : Si, tant qu'il ne sera pas de retour !
ÇA SENT LE ROUSSI !
populaire.
Situation: Deux personnes se trouvent prises à partie au sein d'une émeute:
A : Viens, barrons-nous, ça sent le roussi !
Β : En effet, tout ceci ne me dit rien qui vaille !
SERIEUSEMENT ?
elliptique, populaire.
Situation: Deux personnes discutent de choses plus ou moins sérieuses:
A : Je suis invité chez le président dimanche !
Β : Sérieusement ?
A : Oui, chez le président du club de tennis !
SERVICE, SERVICE !
pas très usité.
Situation: Dans une entreprise un sous directeur qui ne partage pas l'avis
de son patron explique à son collègue:
A : Je ne suis pas du tout d'accord avec le boss sur ce point de vue, mais
il faut se plier â sa discipline !
Β : Que veux-tu, service, service, étant donné ton rang tu η'as qu'à te
soumettre sans mot dire !
VOTRE SERVITEUR !
de temps en temps employé à la télévision ou à la radio quand la personne qui
a la parole ne veut pas se nommer, soit par discrétion, soit par modestie;
Situation: Un speaker ouvre le journal parlé et présente les personnes qui
participeront au débat:
A : Bonjour M, MM, sans tarder je vous présente M. X, Mine. Z, Prof. Machin,
Maître Chose et votre serviteur qui animeront le débat que nous avons
le plaisir de vous présenter, et je passe la parole à notre animatrice...
Β : Merci Léon, nous vous laissons le soin d'ouvrir les hostilités...
440
essaie SEULEMENT !
populaire. On dit également essaie pour voir 1
Situation: Un gars fort en colère sur un parking a bien envie de se défouler :
A : J'ai bien envie de donner un coup de pied à ta voiture car elle gêne
le passage !
Β : Essaie seulement l et tu verras l
SI ON VEUT !
populaire.
Situation: Une personne pleine d'imagination explique â son ami un projet sans
grande importance, l'ami écoute d'une oreille distraite et répond avec une
certaine mollesse pour éviter la discussion:
A : On pourrait faire ceci et faire cela afin d'augmenter considérablement
le rendement, qu 'en penses-tu ?
Β : Si on veut, on verra bien, de toute façon ça ne fera du mal à personne 1
SI JE SUIS MALADE !
peu usité. On dit plus souvent Ça va pas ?
Situation: A quelqu'un qui a accepté une chose dont il n'est pas capable
d'assumer l'exécution:
A : Non mais, t'es pas malade d'avoir accepté ce travail, ça va pas, tu sais
bien que tu ne t'en sortiras pas !
Β : Au contraire, ça va très bien et je vais te prouver que ce η 'est pas
une mission 'impossible'.
441
C'EST SIGNE !
populaire.
Situation: Une personne assez maladroite renverse du café sur la robe de
son invitée, elle est désolée et s'excuse elle-même:
A : Oh, que je suis maladroite, c'est bien de moi ça, c'est signé !
Β : Ce n'est pas grave, nous allons réparer cela en lavant de suite.
442
Se dit très souvent aux enfants pour toutes les bêtises qu'ils font:
. quand ils renversent un récipient,
. quand ils tombent de vélo,
. quand ils se tachent en mangeant,
. quand ils cassent quelque chose etc
la phrase type qui accompagne dans le langage populaire : c 'est signé !
SOIGNEZ-LE BIEN !
populaire.
Situation: Des gendarmes viennent d'arrêter un voyou qu'ils recherchent
depuis longtemps, enfin ils ont un motif d'inculpation, à la relève de
la garde les anciens recommandent aux nouveaux:
A : Nous vous le confions, soignez-le bien/soignez-le comme il le mérite !
Β : Ne vous inquiétez pas les gars, ça va être sa fête, depuis le temps
qu 'il nous nargue, on va pas le louper !
IL FAUT SOIGNER ÇA !
ÇA SE SOIGNE !
populaire, voir l'expression précédente.
C'EST DU SOLIDE !
populaire.
Situation: A quelqu'un qui a un bon argument pour défendre quelqu'un qui
est accusé:
A : Je vous dis d'avancer cet argument, je vous assure que c'est du solide !
Β : J'espère qu'avec cela l'avocat de la défense pourra défendre son client.
444
SONGEZ Y BIEN !
populaire.
Situation: A quelqu'un qui ne veut pas faire les formalités pour le permis
de conduire dés à présent:
A : A votre place je m'y prendrais dés à présent,si vous voulez que tout
soit en règle pour le jour que vous avez fixé, pensez aux imprévus et
aux conséquences que ça entraînerait pour votre travail, songez-y bien I
Β : J'y pense, j'y pense, mais le détail me paraît si long !
ÇA SORT DU COEUR 1
familier.
Situation: A l'hôpital autour d'un malade qui vient d'être opéré pour de
multiples fractures:
A : Nous formulons des voeux de prompt rétablissement, ça paraît banal
mais ça sort du coeur !
Β : Je sais bien que vous êtes de tout coeur avec moi, merci.
Situation: Une petite fille qui vient de tomber et qui s'est fait mal appelle
instinctivement sa maman, celle-ci constate:
A : Dès que tu as besoin d'un secours, tu appelles ta maman, c'est que tu
as encore besoin d'elle, cet appel sort du coeur I
Β : Oh oui, je t'appelle sans même y penser.
JE VOUS EN SOUHAITE 1
populaire.
Situation: Une dame vient d'acheter un magnifique tissu de soie, mais il est
très délicat à manipuler et ä coudre, son amie la met en garde:
A : Tu as acheté ce magnifique tissu ! eh bien je t'en souhaite, tu vas
avoir beaucoup de mal à le coudre l
Β : Je savais bien que ce serait difficile, mais je η'ai pu résister à la
beauté.
446
JE M'EN SOUVIENDRAI !
populaire.
Situation: Un homme qui vient d'être rayé au sein d'un club par la méchanceté
d'un membre:
A : Si je suis viré, c'est de la faute à X, je m'en souviendrai ! il me le
paiera ! je ne suis pas prêt à lui pardonner !
Β : Allez, calme-toi, ça ne sert à rien de t'énerver ainsi !
C'EST DU SPORT !
populaire.
Situation: D'un devoir très confus, avec beaucoup de rectifications un élève
observe:
A : Ça va être du sport de présenter quelque chose d'homogène !
Β : Allez, il faut s'accrocher, on y arrivera !
IL VA Y AVOIR DU SPORT !
similaire au précédent, projeté dans l'avenir.
EXEMPLE A SUIVRE !
langage courant.
Situation: Deux hommes parlent affaire:
A : J'admire le Japon qui est un pays sans matières premières et qui réussit
économiquement !
Β : En effet, c'est un exemple à suivre !
UNE SUPPOSITION
langage courant. Supposons.
Situation: Une personne demande à une autre d'imaginer quelle serait sa
réaction en cas d'incendie:
A : Une supposition, un incendie éclate ! que faites-vous ?
Β : Je suppose que j 'essaierai de sortir par tous les moyens.
VOUS ME SURPRENEZ !
populaire. Là vous m'ètonnez.
Situation: Deux personnes parlent du temps qu'il a fait l'an passé à la
même époque :
A : L'an passé il faisait 40 degrés déjà à cette époque ...
Β : Là vous me surprenez alors que nous ne sommes pas encore dans la
période chaude !
CELA ME SURPRENDRAIT !
populaire.
Situation: Dans un aéroport les passagers attendent pour prendre l'avion,
il y a encore beaucoup de fret à charger:
A : Cela me surprendrait que 1 'on parte à 1 'heure étant donné le fret qui
reste à charger !
Β : Ce serait surprenant qu'il décolle dans une heure !
TAÏAUT !/TAYAUT !
Ne sert exclusivement que dans la chasse à courre.
Peut parfois être pris pour un cri de victoire comme Youpi !
TAILLONS-NOUS !
populaire.
Situation: Des flics font une descente dans un bar. Un consommateur donne
l'alerte:
A : Taillons-nous, voilà les flics .'.'.'.'
Peut-être mis en parallèle avec 22 voilà les flics !
TANNANTE
peu usité, par contre très employé: usante.
Situation: D'une femme qui n'arrête pas de donner des recommandations à son
fils dès qu'il prend la moto:
A : elle est usante avec tous ses discours !
451
TU NOUS TANNES !
peu usité, par contre très employé: tu nous fatigues.
Situation: Un gamin qui a toujours le moral à zéro avec ses mauvaises notes,
ses copains en ont plein le dos:
A : Tu nous fatigues avec ton moral, tu crois que ce n'est pas dur pour nous ?
ÇA FAIT TANT !
familier. Au lieu de donner une somme précise comme:
Trente et un freuics - on dit: ça fait tant.
Situation: A l'épicerie, le client réclame son 'ardoise', son addition:
A : Vous me direz combien ça fait Mme X ?
Β : Ça fait tant.
(maison lui montre le papier sans annoncer clairement le montant, c'est plus
simple et plus pratique de montrer du doigt un chiffre).
TANT QUE TU Y ES
familier.
Situation: A table S se lève pour chercher â boire, sa mère l'interpelle et
lui dit:
A : Tant que tu y es, apporte-nous donc du pain !
On utilise également: Tant qu'à faire...
Β : Bien sûr, tant qu'à faire je peux faire (autre chose).
A TANTOT !
abréviation de à tout à 1 'heure !
à cet après-midi ! (plus précisément)
C'EST LE TARIF !
populaire.
Situation: Pour entrer dans un club, les copains exigent deux tournées
générales et l'expliquent au nouveau venu:
A : Alors, c'est bien compris ? Deux tournées générales ?
Β : (un autre ancien) mon vieux c'est le tarif !
C : OK les gars, je suis des vôtres !
C'EST DE LA TARTE !
populaire. Mais on emploie plutôt c'est pas de la tarte !
Situation: Autour de la confection d'un puzzle:
A : Ben mon vieux, c 'est pas de la tarte à monter ce truc là !
Β : Allez, patience ! accroche-toi !
454
ÇA SE TASSERA !
populaire.
Situation: Deux copains qui sont fâchés:
A : Je sais, il y a de l'eau dans le gaz entre nous.
Β : En effet, en ce moment tu es particulièrement désagréable, mais t'en
fais pas, ça se tassera !
On peut également utiliser: ça se passera !
TA TA TA...!/TARATATA !
populaire, peu employé.
Coupe la conversation, marque la méfiance.
Situation: Une personne qui raconte ses exploits du week-end au golf:
A : Tu as vu, j'étais en super forme, j'ai fait un drive terrible, puis j 'ai
remonté tout le parcours, puis je suis arrivé premier, puis ....
Β : Taratata, à d'autres, je n'étais pas là pour le voir, donc je ne peux
le croire.
Situation: Une prof., au lycée, écrit au tableau les formules de maths à
appliquer:
A : Pour appliquer tel exercice, voici la formule A + Β χ X et taratata
dans ce cas veut dire etc
BON TEINT
langaga courant.
Situation: Lors d'une campagne politique deux personnes échangent leur point
de vue sur les opinions du candidat:
A : Il fait de belles promesses, mais comme c'est un communiste 'bon teint'
on peut s'attendre à un retournement de situation une fois au pouvoir.
Β : Naturellement, puisque ce qu 'il prêche est contraire à sa doctrine.
IL ETAIT TEMPS !
familier.
Situation: En haute montagne, deux skieurs viennent de dévaler le flanc de
la montagne à toute allure sentant derrière eux le mauvais temps qui gagnait
du terrain. En se mettant à l'abri dans un refuge:
A : Ouf, il était temps, deux minutes de plus et nous étions pris dans
l'orage.
Β : En effet, on 1'a échappé belle, à peu plus on y avait droit !
SI JE LE TENAIS !
populaire.
Situation: Un gars vient de faire une vacherie à son copain, celui-ci n'est
pas content du tout, dans sa barbe il ronchonne:
A : Ah, si je le tenais celui-là, il ne serait pas très fier de ce qu'il a fait!
Β : Allons, calme-toi, il ne 1'a peut-être pas fait exprès.
TIENS !
familier.
Situation: Au sortir de la messe, étonnement de M. le Curé de voir M. le
Maire :
A : Tiens ! quelle surprise ? on vous voit assez rarement.
Β : Oui, je voulais vous faire la surprise, mais, tiens ! vous n'êtes plus
en soutane ? vous êtes en 'civil ', je ne connaissais pas ce changement
chez vous !
IL A DE QUI TENIR !
familier.
Situation: Dans un ménage, quand il s'agit des défauts, c'est toujours: TON
fils, TA fille, quand il s'agit des qualités, c'est toujours: MON fils, MA
fille, donc, un jour de mauvaise humeur, où tout va mal:
A : Ce gosse, il est vraiment têtu, on n'en fera rien !
Β : Bien sûr, il a de qui tenir !
TIENS-TOI DROIT !
N'est sans doute plus usité, mais l'a beaucoup été dans la génération précé-
dente comme un leitmotif pour éviter les scolioses. A la longue on s'est
aperçu que c'était un coup d'épée dans l'eau c'est-à-dire que ça ne servait
à rien.
TENEZ-VOUS EN LA !
ordre sec et bref, n'amène pas de réponse.
Situation: Un commandant à un soldat:
A : Faites-mois ce que je vous ai dit et tenez-vous en là ! inutile d'en
faire plus !
Β : Bien, mon commandant !
458
VOUS TENTEZ DIEU !
très peu usité.
Je dirai plutôt Vous tentez le diable !
Situation: Devant une vitrine de pâtissier deux dames qui essayent de faire
un régime amaigrissant:
A : Bon sang que c'est beau et que ça sent bon ! vous venez, on rentre !
Β : Vous savez bien que je ne pourrai pas résister devant tant de bonnes
choses, vous tentez le diable !
ÇA NE ME TENTE GUERE !
familier.
Situation: Le matin, au réveil, dans des draps encore bien chauds, alors
qu'il fait bien froid dehors:
A : Il est l'heure de se lever, regarde la neige 1
Β : Ça ne me tente guère d'affronter ces intempéries, on est si bien ici !
UN PEU DE TENUE !
peu usité de nos jours, il y a tant de laisser aller.
Situation: A deux jeunes filles qui rient trop fort et sont un peu trop
maquillées:
A : Allons, mesdemoiselles, un peu de tenue que diable !
Β : Mais madame, qu 'est-ce qu 'on fait de mal ?
A : Rien, c'est la présentation de votre personne qui est choquante.
QUELLE TENUE !
assez familier.
Situation: Un homme arrive au tennis pour jouer, il est en complet veston,
son ami surpris l'interroge:
A : Quelle tenue pour jouer !
Β : Rassure-toi, j 'ai de quoi me changer dans mon sac.
On peut dire également: En voilà une tenue 1
TERMINUS !
populaire.
Situation: En rentrant d'une boum, on dépose les uns après les autres les
copains chez eux, en leur ouvrant la portière et pour les inviter à des-
cendre, chacun s'écrie:
A : Terminus, tout le monde descend !
Β : Ah bon ! on est déjà arrivé !
ça chauffe TERRIBLE !
usité par une certaine jeunesse qui emploie toujours et souvent les mêmes
mots. S'utilise très souvent derrière le verbe trouver.
. Comment me trouvez-vous ? terrible !
. Comment trouvez-vous la musique de la boîte ? terrible !
. Comment trouvez-vous mon copain ? terrible ! et 1 'appartement ? terrible !
S'utilise selon la mode. En ce moment il y a Super ! tout est Super !
PETITE TETE !
expression familière.
Situation: Une enfant qui a oublié ses devoirs â la maison s'excuse auprès
de la maîtresse:
A : Madame ! j'ai oublié mes devoirs !
Β : Quelle étourdie tu fais, petite tête va !
IL A LA GROSSE TETE !
familier.
Situation: Au sport un enfant vient de réussir quelques petits exploits
locaux, mais il est grisé et se croit devenu important et supérieur à ses
camarades. L'un d'eux veut le 'doucher' en lui faisant comprendre que ce
n'est pas son avantage:
A : Tu sais, ce η 'est pas parce que tu es le premier en sport qu 'il faut te
croire un crac ! ton exploit relativement modeste de 1 'autre jour t'a
monté à la tête, depuis tu ne te crois pas 'rien', t'as la grosse tête !
Β : Tu me fous la paix, si tu ne veux pas que je t'en fasse une grosse tête!
(c'est-à-dire lui faire enfler sous les coups et non sous l'orgueil)
TU AS PERDU LA TETE !
familier.
Situation: Une amie raconte qu'elle voudrait rejoindre d'autres amis le
week-end dans un endroit impossible:
A : Je voudrais bien aller en brousse dimanche chercher les copains !
Β : Mais t'as perdu la tête, tu ne te rends pas compte de la distance et du
danger de traverser certaines zones ! Exploit impossible â moins d'être
folle !
460
C'EST TEXTUEL !
peu usité.
on emploie plutôt C 'est dans le texte !
Situation: Discussion sur les salaires par les grévistes:
A : Puisque je te dis qu 'on a droit à .... c 'est écrit dans le texte de la
convention collective.
Β : X nous a dit qu 'on η'avait droit à rien du tout parce qu 'on η 'était pas
majeurs: textuel (voilà ce qu'il a dit)!
TINTIN !
amusant.
Situation: Deux gosses qui se disputent un morceau de chocolat, l'un plus
filou est arrivé à tout attraper:
A : Tu vas me donner un bout de chocolat 1
Β : Tintin, tu n'auras rien du tout, t'avais qu'à te dépêcher !
QUEL TINTOUIN !
populaire.
Situation: Dans une cour de récréation, on ne s'entend plus, tant les
enfants sont excités:
A : Quel tintouin aujourd'hui, pas moyen de calmer ces enfants !
Β : Vraiment jamais je η 'ai entendu pareil chahut, pareil tintamarre !
IL Y A DU TIRAGE !
moyennement usité.
Situation: D'un ménage qui ne 'marche' pas très bien une voisine, mauvaise
langue, raconte :
A : vous savez, il y a du tirage chez les X, je les ai entendus se cha-
mailler hier soir, depuis ils se font la tête.
Β : Oh, vous savez, on dit qu'il y a du tirage dans les meilleurs ménages,
ça ne durera pas.
DEMAIN LE TIRAGE !
. demain le tirage de la loterie !
. demain le tirage au sort des 1/4 de finales !
TOMBER A POINT
familier.
Situation: A un voisin qui passe par hasard devant l'école,un enfant en panne
l'interpelle:
A : Vous tombez à point/à pic, je viens de crever/je suis en panne, pouvez-
vous me ramener ?
Β : Pour tomber à point, je tombe à point, je te cherchais pour t'inviter
dimanche à la piscine.
TA POMME !
argot.
Situation: La classe est terminée, reste un méchant chantier, la surveillante
en colère somme un élève, le dernier, à ramasser tous les papiers:
A : Allez, on a pas idée de laisser une classe dans un état pareil, ramassez
les papiers I
Β : Je n'ai vraiment pas de bol, c'est toujours pour ma pomme les corvées !
(a été une chanson de Maurice Chevalier)
IL TONDRAIT UN OEUF !
populaire.
Situation: Pour décrocher une situation un homme est prêt à faire n'importe
quoi, pourvu qu'il arrive à ses fins.
Deux employés observent son manège et commentent:
A : Pour avoir les faveurs du patron/
X tondrait un oeuf/
X ferait n'importe quoi/
X tuerait père et mère/
X mangerait de la soupe sur la tête d'un pouilleux/
X écorcherait un pou pour en avoir la peau.
Β : Faut-y tomber bien bas pour en arriver là, c'est un lèche-botte.
DU TONNERRE ¡
familier, très usité.
Situation: En sortant d'un magasin de mode, deux jeunes femmes admirent
leur nouvelle acquisition:
A : Comment trouves-tu ma nouvelle robe 7
Β : Du tonnerre, là-dedans tu es sensas !
464
TOPE !
populaire. Pour les jeunes.
Situation: A la sortie du lycée deux gamins font la course pour rentrer:
A : Je te parie que je serai à la maison avant toi !
Β : D'accord, tope-là, on verra, rendez-vous à la maison !
(le marché est conclu en se tapant dans la main - tope-là ! est la
déformation de tape-là ! )
JE M'EN TORCHE !
surtout pas, trop vulgaire.
Je m'en fiche !
populaire.
Situation: Deux jeunes ont envie d'aller au cinéma, mais les parents ne
sont pas d'accord:
A : Je m'en fiche, j'irai quand même, tant pis pour l'avis des vieux, j'en
ai trop envie !
Β : Moi aussi, je me fiche pas mal de ce que peuvent penser les voisins si
je rentre tard.
LE TORCHON BRULE !
familier.
Situation: Deux commères en parlant du ménage qui habite au 4ême:
A : Vous savez Mme X, le ménage Ζ s'est disputé hier soir, j'ai tout entendu,
le torchon brûle entre les deux époux !
Β : Il m'avait bien semblé, remarque que ça n'allait pas très bien, ils se
font la tête.
IL Y A DE QUOI SE TORDRE !
populaire. Moyennement usité.
Situation: Devant les invraisemblances que racontent la bonne femme du
bistro une voisine s'écrie:
A : Il y a de quoi se tordre de tout ce que vous racontez, ce ne sont que
des âneries !
Β : Moi je trouve que ce η 'est pas si marrant que ça, il n'y a pas de quoi
rire !
465
TOTAL
peu usité, plutôt: Résultat !
Situation: Une femme qui voulait cacher un accrochage avec la voiture à son
mari s'est trouvée prise en faute, elle raconte à son amie:
A : Je voulais camoufler la beigne de la voiture à mon mari et juste il
est tombé dessus, résultat, â vouloir atténuer ma faute il est entré
dans une colère noire, j 'aurais mieux fait de lui avouer.
Β : Faute avouée est à moitié pardonnée !
Β : En effet, il n'a pas touché une balle ! (se dit également du foot)
PAS TOUCHE !
populaire. Pour
Situation: A uneles tout-petits.
enfant qui approche sa main du feu:
A : Pas touche bébé, (sans âge défini) ça brûle !
Β : Je voulais voir si c 'était chaud !
TOUJOURS
peu usité, lourd comme style, même dans le langage parlé.
En fin de phrase arrive parfois comme un cheveu sur la soupe, c'est-à-dire
qui n'a rien à voir avec ce qui précède.
Situation: Une jeune fille demande à ses parents la permission de sortir
le soir:
A : Il y a une boum chez Y ce soir, j 'aimerais bien y aller !
Β : Il en est hors de question, d'ailleurs je n'aime pas ces fréquentations,
toujours !
Synonyme de Oser.
Situation: Un élève pas d'accord avec un prof de géo défend son point de vue,
situation assez délicate vue de la génération précédente qui n'aurait jamais
oser contester, les élèves avaient toujours tort.
Un parent à son enfant:
A : Tu as un certain toupet de discuter ainsi !
Β : Hais les choses dites étaient tellement énormes, le prof prenant
position je ne pouvais laisser passer cela sans défendre mon point
de vue !
TOUT LE RESTE
peu usité. Terme assez vague, il vaut mieux être plus précis.
Situation: Avec l'harmattan il y a beaucoup de poussière, une femme commande
à son boy de faire la poussière:
A : Il faut faire la poussière, du buffet, de 1'argentier et de tout le
reste....
Β : J'ai déjà fait le buffet et 1'argentier, le reste sera pour demain !
Β : Vous en faites pas, les gars, on aurait été vous chercher avec pour tout
bagage: notre courage !
TOUT EST LA !
moyennement usité.
Situation: Des parents cherchent à savoir entre deux enfants qui dit la
vérité:
A : il faudrait savoir qui a attaqué le premier ?
Β : Tout est là, une fois qu'on connaîtra la vérité, tout se trouvera clair
et 1 'on pourra résoudre le problème.
ON S'HABITUE A TOUT !
populaire.
Situation: Deux personnes comparent leur mutation:
A : Au Burkina, je m'y sens bien, malgré le manque de magasins, de distrac-
tions disons intellectuelles, etc.... on se rattrape en vacances !
Β : Bien sûr, on s'habitue à tout et c'est d'autant plus facile que tout
le monde ici est dans le même cas.
CAPABLE DE TOUT
familier.
Situation: Une jeune qui a du mordant et qui veut arriver dans la vie, même
en faisant des choses, à la limite de l'honnêtetê, annonce à ses copains
son programme après les examens:
A : Dès que j'ai mes examens, je file et je vais essayer d'entrer dans une
grande école.
Β : C'est sûr, toi tu auras tes examens, pour y arriver, tu es capable de
tout, c 'est-à-dire: flatter, mentir, bluffer etc....
C'EST TOUT !
Situation: En faisant l'inventaire pour faire un rallye, deux personnes font
un check-up:
A : Numéro 32, la manivelle, numéro 33, la roue de secours, numéro 34 deux
bidons de secours pour 1 'essence, numéro 35 quatre bidons de secours pour
l'eau potable, et voilà c'est tout pour ma liste, elle est complète !
Β : Ma liste est complète également, je pense que nous η 'avons rien oublié.
Bon, c'est tout ! en voiture !
ET TOUT
moyennement usité.
Situation: Deux personnes comparent leur situation, bien sûr on ne voit que
le bon côté chez l'adversaire. L'une d'elles rétablit donc l'ordre:
A : Bien sûr, j 'ai une bonne situation, mais il faut voir les inconvénients :
la distance du lieu de travail, la chaleur près des machines â repasser et
tout (le reste) !
ET TOUT ET TOUT !
moyennement usité.
Situation: (on pourrait prendre l'exemple précédent)
Deux personnes parlant des avantages d'une station de sports d'hiver, l'une
cherchant à convaincre 1'autre :
A : Tu devrais venir avec nous, cette station est formidable, elle a le
soleil, l'enneigement, l'altitude, les distractions, les forêts, les
remonte-pentes et tout et tout....
Β : Tout ce que je demande, c'est le calme et le repos.
471
DU TOUT !
elliptique, peu usité.
Situation: Devant une vitrine de pâtissier:
A : Vous aimez les choux á la crème ?
Β : Du tout !
Situation: Madame sort d'un magasin avec une nouvelle robe et des nouvelles
chaussures, son mari la taquine:
A : Ah, ça η 'a pas traîné pour que tu êtrennes tes nouvelles affaires, il
fallait que ce soit tout de suite !
Β : J'ai profité de l'occasion que nous sortions pour les mettre !
SOYEZ TRANQUILLE !
courant.
Situation: Une femme doit s'absenter et recommande à la voisine de veiller
sur son fils au retour de l'école:
A : Ça ne vous ennuie pas de jeter un coup d'oeil sur X à son retour de
1 'école pour qu 'il ne fasse pas trop de bêtises ?
Β : Soyez tranquille, j'y veillerai comme si c'était le mien, vous pouvez
partir en paix !
LAISSEZ-MOI TRANQUILLE !
familier.
Situation: Au club de tennis, un bon joueur est sans cesse sollicité par des
joueurs nettement moins bons, qui veulent le défier en match, un peu ça va,
mais au bout d'un moment il perd patience et explique:
A : Je ne refuse pas de jouer, mais laissez-moi tranquille un moment, nous
verrons plus tard !
Β : On veut bien te foutre la paix, mais promets-nous que tu rejoueras !
474
LAISSE ÇA TRANQUILLE !
populaire.
Situation: A un enfant qui touche à tout et particulièrement à un fer à
repasser auquel il risque de se brfiler:
A : Je t'ai déjà dit de laisser ça tranquille !
Β : Je η 'ai pas touché, j 'ai juste regardé !
JE SUIS TRANQUILLE !
familier.
Situation: Au club de tennis, je joue si mal que je suis sûr qu'on ne
viendra pas me chercher, à un copain:
A : Je suis tranquille (syn: en paix) qu 'on ne viendra pas me chercher, je
joue trop mal !
Β : Et moi, je suis tranquille ("syn: sûr de moi) que tu n'es pas si mauvais
que ça, allez, viens !
TRANQUILLISEZ-VOUS !/RASSUREZ-VOUS !
peut s'appliquer au précédent.
Situation: Deux personnes expliquent leurs maux de santé:
A : Dès que je vais au soleil, j'ai des maux de tête épouvantables !
Β : Tranquillisez-vous, ce η 'est pas grave, beaucoup de personnes sont
dans ce cas, il faut seulement prendre quelques précautions, comme
mettre un chapeau 1
A : Rassurez-vous, je n'étais pas plus inquiète que ça !
REGARDEZ-MOI CE TRAVAIL !
populaire.
Situation: Devant une prise de courant qui tient vaille que vaille dans le
mur et crée de faux contracts une personne méticuleuse est offensée:
A : Non mais, regardez-moi ce travail ! comment voulez-vous qu'il n'arrive
pas d'accident avec pareil bricolage !
Β : Ça marchait tant bien que mal jusqu'à aujourd 'hui !
475
QUEL TRAVAIL, CE TRAVAIL !
peu usité.
Situation: Devant un travail qui n'est ni fait ni à faire une personne
s'insurge :
A : Mais quel travail ce travail, on a jamais vu quelque chose d'aussi mal
fait !
Β : Rassurez-vous patron, l'auteur de ce travail a été renvoyé !
ET TOUT LE TREMBLEMENT !
populaire.
Situation: Des personnes qui invitent leurs petits-enfants à passer des
vacances recommandent aux parents:
A : Apportez de quoi coucher les enfants et tout le tremblement !
Β : Nous allons essayer de ne rien oublier, il faut tant de choses pour
les petits .'.'.'
TRES !
peu usité dans ce sens.
Situation: Deux personnes regardent leur score au dernier tournoi de bridge:
A : Etes-vous satisfait de votre score ?
Β : Très !
ou (contraire)
Β : Pas très !
TREVE DE
peu usité. Arrêtons ! cessons ces sous-entendus !
Situation: A la suite d'une invitation une personne ne veut pas dire vraiment
ce qui lui a pas plu dans le menu, la maîtresse de maison qui sent une re-
tenue s'inquiète:
A : Trêve de sous-entendus, dites-moi ce qui η 'allait pas dans mon menu ?
Β : Je ne voulais pas vous le dire, mais le poisson avait un goût !
PAS TRISTE !
populaire.
Situation: A la sortie d'une pièce de théâtre particulièrement bien jouée:
A : Le gars qui interprétait 1 'amant ! il η 'était pas triste celui-là !
Β : En effet, son côté comique naturel l'a beaucoup servi.
TROGNON
affectueux.
Situation: Une maman à son petit garçon qui est vraiment adorable:
A : Tu es tout trognon,habillé comme ça, on dirait un nounours !
Β : (sa voisine) c'est vrai que ce petit est vraiment mignon !
477
ET DE TROIS !
populaire.
Situation: Une maman qui compte les bêtises de son fils de quatre ans lors
de la soirée et qui se fâche,car cela commence à compter:
A : Et de trois, ça commence à bien faire, vas-tu te tenir tranquille !
Β : C'est pas ma faute, je suis tombé !
SI JE NE ME TROMPE
familier.
Situation: Sur un stade, des athlètes évoquent leurs performances de l'an
passé:
A : Si je ne me trompe, c'est vous gui avez gagné le 100 m haies l'an
passé !
Β : Effectivement, il n'y a pas d'erreur, c'est bien moi, je souhaite
rééditer !
JE ME TROMPE FORT, OU
Situation également semblable aux deux précédentes.
Situation: Un homme vient d'acheter un fort joli cadeau pour Madame, il le
fait admirer à son meilleur ami:
A : Regarde ma dernière acquisition !
Β : Bile est formidable, ta femme sera séduite ou je me trompe fort !
PAS TROP !
familier.
Situation: Sur le palier d'un immeuble une femme demande des nouvelles de
l'enfant qu'elle a entendu pleurer la nuit:
A : Comment va votre fille que j'ai entendu se plaindre cette nuit ?
Β : Pas trop....
C'EST TROP !
familier.
Situation: A une réception la maltresse de maison voit arriver une dame
avec une magnifique gerbe de fleurs:
A : (En prenant le bouquet) Oh, je suis confuse, il ne fallait pas, c'est
trop....
Β : Mais non, mais non, ça me fait plaisir !
RIEN DE TROP !
familier.
Situation: Deux personnes se croisent le matin au départ de la maison et
échangent quelques mots au sujet du temps:
A : Il ne fait pas très chaud ce matin I
Β : C'est vrai, il n'y a rien de trop ! (= s'il pouvait faire quelques
degrés de plus !)
J'AI TROUVE !
populaire.
Situation: En regardant la télévision, une personne vient de trouver l'énigme
soumise aux téléspectateurs:
A : Ayez, j'ai trouvé !
Β : Eurêka, moi aussi !
TSS TSS !
populaire.
Situation: Deux hommes parlent de sport, l'un d'eux s'avance, peut-être un
peu à la légère, sur le temps d'un record de 110 m haies:
A : En 78, X avait gagné l'épreuve du 100 m haies en 15 secondes 1
Β : Tss, tss, là vous m'étonnez, je crois qu'il faut vérifier vos dires,
c'est pratiquement impossible.
ET D'UN !
populaire. On peut dire également: Un de chute !
Situation: Dans une cour de récréation, un gamin tombe, la surveillante qui
en rcimasse une dizaine,à chaque fois á sa collègue:
A : Et c'est parti, et d'un I
Β : Un de chute, au suivant 1
483
ET D'UNE 1
vulgaire.
Situation: Dans une explication orageuse entre copains à quelqu'un qui se
mêle de ce qui ne le regarde pas:
A : Toi, d'ailleurs, tu n'as qu'à la boucler, et d'une ! et toi, je ne t'ai
rien demandé I
Β : Pour qui tu te prends, je la fermerai si je veux l
Situation: Un inculpé se fait interroger par la police:
A : Pourquoi étais-tu sur les lieux du crime à 16 H 30 ?
Β : J'étais à la séance de cinéma qui commençait à 16 H 15, et d'une, et de
plus j 'étais avec mes parents, et de deux !
C'EST TOUT UN
populaire.
Situation: Au moment des préparatifs pour un départ en vacances, un homme
qui charge la voiture à son voisin:
A : Λ chaque fois que nous partons, c'est tout un cirque avec les gosses,
il n'y a jamais assez de bazar !
Β : Chez nous c'est pareil, c'est tout un tralala pour rassembler les
affaires à tout le monde 1
C'EST USE !
pas très usité.
Se dit d'une formule, d'une 'bonne' excuse vieilles comme le monde.
Situation: Une personne qui n'a nullement envie d'accepter une invitation à
tin dîner répond au téléphone qu'elle est souffrante, mais son interlocutrice
au bout du fil n'est pas dupe:
A : Accepterez-vous de venir dîner ce soir ?
Β : Oh, excusez-moi, je suis souffrante et je ne peux sortir.
A : D'accord, ce sera pour une autre fois. Et en raccrochant le combiné:
c 'est usé comme formule 1
ÇA USINE ICI !
populaire.
Situation: Un homme qui rentre dans une usine et qui voit tout le monde â
l'oeuvre interroge l'assemblée:
A : Alors ? ça usine ici ?
Β : Ouais, ouais, tout le monde travaille pour livrer la commande dès ce
soir.
VA I
familier, fréquent.
Peut se rapprocher de Tope !
Acceptation, approbation.
S'adresse â l'interlocuteur qui lui fait une offre, une proposition.
A : Oue direz-vous de vacances sur la Côte d'Azur ?
Β : Eh bien va !l!l!
484
VA POUR
pas très usité, mais s'emploie néanmoins dans les mêmes conditions que dans
l'expression précédente à la différence que le pour entraîne une idée de
nombre derrière lui.
Situation: Dans un café, deux joueurs de tiercé:
A : Combien tu mets dans la première ?
Β : Va pour 100 francs.
VA !
populaire.
Sert à accentuer la principale.
Situation: Une femme confie à son amie qu'elle organise une réception le
lendemain et qu'elle se fait du souci:
A : Quand même je me demande si le repas leur conviendra !
Β : We te fais pas de soucis, ça ira, va .'...
VA DONC !
s'emploie rarement seul et est souvent suivi d'une injure.
Situation: Deux voyous s'insultent dans la rue:
A : De toute façon, tu n'es qu'un connard !
Β : Va donc, eh patate !
LA VACHE !
populaire.
En parlant d'une personne, d'une action qui implique un sentiment d'im-
puissance, de désappointement.
Situation: A la fin d'un défi de tennis un joueur à son cimi venu l'encourager:
A : La vache, c'est un dur à battre !
Β : Effectivement, votre match a duré trois heures.
Situation: Une jeune fille apprenant que sa meilleure amie a dit du mal d'elle:
A : Tu savais que X m'avait cassé du sucre sur le dos en mon absence ?
Β : Tu me surprends, oh, la vache ! ! !
PEAU DE VACHE !
S'emploie en parlant d'une personne qui vient de vous faire une 'crasse',
c'est-à-dire qui vient de vous jouer un mauvais tour. Peut s'employer dans
la conversation courante,quand deux personnes discutent en face à face ou
qu'elles parlent d'une troisième.
Situation: Deux amies sont dans une voiture et cherchent à se garer sur un
parking. En apercevant la voiture qui manoeuvre devant elles:
. Elle vient de prendre la place que je désirais, quelle peau de vache !
LES VACHES !
expression argotique.
employée lorsqu'on parle d'un groupe de personnes dont on admire ou on
désapprouve le comportement:
. Ils ont réussi à faire ce qui était impossible. Ahrles vaches !
. Ils m'ont bien eu, ah,les vaches !
C'EST VACHE !
argotique.
Exprime le contretemps, la malchance ou la méchanceté.
S'emploie en parlant d'un fait ou d'une action.
. Il avait fait toutes ses plantations, il ne pleut pas, c'est vache !
. Il ne l'a pas aidé dans son travail, c 'est vache de sa part !
QUELLE VACHERIE DE
argotique.
Exprime toujours le mécontentement, le désappointement....
Vacherie a ici le sens de 'cochonnerie', c'est-à-dire d'une chose qui n'a
pas de bonne qualité.
. Quelle vacherie de machine, elle ne marche jamais !
ÇA SE VAUT !
Synonyme de c'est du pareil au même ! c'est du kif-kif ! Cette dernière
tournure est argotique, ça se vaut ! est familier.
. Du point de vue du kilométrage, que tu ailles à Paris ou à Londres, ça se
vaut !
VALOIR QQN
Implique une comparaison d'une personne ou d'un groupe de personnes â une
autre personne ou â un autre groupe de personnes.
. Tu η 'as rien â envier à McEnroe, tu le vaudras un jour !
ÇA VAUT MIEUX !
Situation: Une femme parle â sa voisine de son jardinier:
A : Au fait ! je ne vois pas ton jardinier, il ne vient plus ?
Β : Ça vaut mieux pour lui, il passerait un sale quart d'heure après le
coup qu 'il m'a fait !
SANS VANITE !
familier, mais d'un certain niveau. Moyennement fréquent.
Utilisé lorsque l'on parle à un interlocuteur et que l'on souligne l'infériorité
de ce dernier sur ladite question. Fausse modestie.
Situation: Deux comédiens qui prétendent avoir le rôle principal:
A : Je pense que ce rôle est écrit pour moi, il me va comme un gant 1
Β : Sans vanité, il me convient beaucoup mieux étant donné mon physique !
488
ET JE M'EN VANTE !
Exprime la satisfaction d'avoir accompli quelque chose.
Situation: Devant les décombres de la maison après le passage du cyclone:
A : J'ai pris cette assurance avant le cyclone et je m'en vante !
Β : Tu as eu le nez creux !/tu as eu du flair !
Exprime la fanfaronnade, lorsque la personne sait qu'elle n'aurait pas du agir
tout à fait comme elle l'a fait.
. J'ai pris le plus facile et je m'en vante !
VE
régional, se dit dans le Midi. On peut aussi trouver té ! bé !
Situation: Dans le midi, un monsieur d'âge respectable attire l'attention
de son voisin en lui désignant une jolie fille qui passe:
A : Té, elle est pas jolie cette petite ?
Β : Je pense bien ! tu as bon goût !
(expression qui, en fait, demande l'approbation de l'interlocuteur).
PAS DE VEINE !
peut aussi être remplacé par pas de bol ! ou pas de chance !
Situation: Sur le quai d'une gare complètement désert:
A : Tu as manqué ton train d'une minute, pas de veine !
Β : C'est vrai, je n'ai pas de bol aujourd'hui !
VENDREDI 13
Jour et nombre qui dit quelque chose aux personnes superstitieuses seins plus.
. Il faut acheter un billet de la loterie nationale un vendredi 13, ça
porte bonheur I
ADJUGE VENDU !
formule utilisée lors de ventes aux enchères par le commissaire-priseur.
Plus familièrement cette expression peut se traduire par tope-lâ ! qui
marque un accord entre deux personnes.
A : Que penses-tu de vacances en Espagne ?
Β : Adjugé, vendu !
JE ME VENGERAI !
familier.
Situation: Un élève vient d'avoir une altercation avec son professeur, il
en parle à son ami:
A : Le professeur m'a humilié devant tous mes amis !
Β : Et alors ?
A : Je ne pouvais rien faire contre lui, car c'est un de mes professeurs,
mais tu me connais: je me vengerai !
491
VENGEANCE !
tournure surtout employée lors de combats et criée par une foule. Aujourd'hui
très peu usitée ou seulement lors de luttes amicales pour demander une re-
vanche .
Situation: Les 3 Mousquetaires essuient l'affront de quelques rôdeurs dans
la forêt qui leur barrent le passage, dans la bagarre, un de ces derniers
est blessé, il crie â ses acolytes:
A : A moi, à l'aide, vengeance I
Β : Ne t'inquiète pas, nous attaquons et tu seras vengé sous peu, nous
les aurons l
ÇA VIENT ?
populaire.
synonyme de Magne toi i/Grouille-toi !/Dépêche-toi !
Peut aussi être pris dans le sens est-ce que ça arrive ?
Situation: Une maman qui attend son enfant pour le conduire à l'école:
A : On est en retard, ça vient I
Β : Oui, oui, j'arrive, voilà, voilà !
Situation: Au buffet de la gare, un client attablé qui a commandé au garçon
un sandwich et qui commence à s'impatienter étant donné la lenteur du service:
A : Alors, ce sandwich, ça vient ?
Β : Oui, voilà, tout de suite 1
VOIR VENIR
A deux sens:
. Tu es un petit malin, mais je te vois venir ! On dit parfois avec tes gros
sabots. Sens aimable.
Sens méfiant, n'accordant aucune confiance à l'interlocuteur.
Situation: Deux hommes politiques manoeuvrent par des paroles habiles la
foule qui les écoute. L'un s'adresse à l'autre (en particulier) pour lui
faire part qu'il comprend très bien que ses paroles, sous des aspects d'une
grande banalité, sont une habile manoeuvre pour amener les gens à penser
comme il le désire:
A : Le discours que tu viens de prononcer face à tes administrés est en fait
une habile manoeuvre politique, je te vois venir....
Β : (niant l'évidence) Mais non,tu te trompes, je ne veux faire de tort à
personne !
Dans ce cas on annonce à la personne qui est en face que l'on n'est pas dupe
de sa manoeuvre.
. J'ai mis un peu d'argent de côté, cela me permettra de voir venir.
Dans ce cas,la personne veut dire qu'elle a eu la prudence d'économiser et
qu'elle peut envisager le futur sous un angle plus favorable.
492
OU VEUT-IL EN VENIR ?
familier.
Interrogation sur une idée émise, on ne voit pas la finalité d'une démarche,
1'aboutissement.
. Cela fait une heure que tu m'expliques, mais oû veux-tu en venirà la fin ???
(a la fin marque ici l'impatience).
DU VENT !
populaire.
synonyme de du balai ¡/ouste !/au large !
se dit à une personne que l'on connaît bien. C'est une expression assez
vulgaire. Effectivement se dit de quelqu'un qui gêne, se trouve sur le
passage, m'agace au point que je veux la voir disparaître, me saoule de
paroles et je ne souhaite plus que son départ.
Situation: Dans un bureau d'études, une personne essaye de se concentrer sur
de fastidieux calculs, et s'adresse à un représentant en bimbeloterie qui
tient à placer à tout prix sa marchandise:
A : Mais vous ne vous rendez donc pas compte que vous gênez, que je ne peux
travailler en votre présence, alors que je η'ai absolument rien à acheter,
du vent, dégagez, je η 'ai pas besoin de vous !
Β : Vous faites votre métier, moi le mien qui consiste à vendre, quitte à
déranger !
Situation: Une vieille mémê, qui balaye devant sa porte, au chat qui ne
daigne pas se déranger:
BON VENT !
exprime la satisfaction de voir la personne s'en aller. Synonyme de Bon
débarras ! Peut se dire au sujet d'une personne. On peut aussi dire Ouf !
qui marque le soulagement. Cette dernière expression semble néanmoins avoir
moins de force.
. Ma belle-mère vivait avec nous depuis six mois, elle est partie, bon vent!!!!
. Cette fois il est allé trop loin, je vais lui dire ses quatre vérités !
A LA VERITE
permet un temps de pause, donne un délai de réflexion avant de répondre. Peut
aussi
. Λ latraduire
vérité, un
je embarras passager.
ne sais que dire !
AU VESTIAIRE !
cette invective s'accompagne souvent de projection de différents objets en
direction de la personne concernée.
AMENE TA VIANDE !
argotique.
Dans le même genre on trouve ramène-toi !
Se dit surtout entre personnes qui se connaissent bien.
Situation: Dans une ferme c'est la période de la récolte. Un homme travaille
d'arrache-pied tandis que l'autre regarde la télévision:
A : Tu ne crois pas que tu pourrais m 'aider au lieu de rester planté devant
la télé ?
Β : Aujourd'hui je n'ai pas le coeur au travail.
A : Allez, amène ta viande et ne discute pas !
VICTOIRE !
cette expression peut se rapprocher de vengeance ! quant aux situations
d'emploi.
Situation: Un sportif vient de battre officiellement un record du monde alors
que tout le monde le croyait mauvais, un journaliste l'interroge:
A : Vous venez de battre le record du monde, qu 'elles ont été vos premières
paroles ?
Β : Victoire ! victoire ! sur le mauvais sort qui me poursuivait.
On aurait pu dire: Vengeance ! vengeance face au destin jusqu'alors si fatal.
JAMAIS DE LA VIE !
Exprime un refus catégorique.
Synonyme de plutôt mourir !
A : Vas-tu au dernier spectacle de X dimanche ?
Β : Jamais de la vie !
Exprime la négation totale.
Situation: Deux chercheurs discutent à propos d'une expérience qui aurait
eu lieu:
A ·. Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais l'on dit grue 1 'on a trouvé
le vaccin contre tous les cancers dans vos laboratoires.
Β : Jamais de la vie, nous ne travaillons même pas sur le cancer !
DE LA VIE!/DE MA VIE !
S'emploie toujours dans une phrase négative. Donne une référence de durée.
. De ma vie je n'ai jamais rien vu d'aussi beau !
C'EST LA VIEILLERIE !
familier, mais on dit plus souvent c'est de la vieillerie !
Situation: Une vieille grand-mère qui se plaint à sa voisine de ses
rhumatismes:
A : Je me demande ce que j 'ai à mon genou gauche, il ne veut plus plier.
Β : Bah, ne cherchez pas ma brave dame, c'est de la vieillerie !
Se dit en se moquant de soi-même quand on perd la mémoire, qu'on ne voit plus
très clair, ou simplement qu'on a pas vu un objet qui crevait les yeux, quand
on entend pas certains bruits ou qu'on ne comprend pas les jeunes qui avancent
trop vite dans la vie:
. Bah, tout ça, c'est de la vieillerie !
IL VA Y AVOIR DU VILAIN !
familier. Terme négatif.
C'est l'annonce de quelque chose qui va tourner au vinaigre.
Situation: Un couple parlant des voisins du dessus:
A : Tu as vu, Dupont est encore rentré complètement saoul !
Β : Effectivement, sa fernie va sans doute lui passer un savon, il va y
avoir du vilain dans le ménage ce soir, ça va chauffer 1
FAITES VINAIGRE !
familier.
Situation: Deux voleurs, lors d'un hold-up, entendent la voiture des flics
arriver:
A : Hep les gars, voilà les flics !
Β : D'accord, bien compris, on fait vinaigre !
Situation: Un orage se prépare, une maman demande de l'aide à son fils
pour fermér les volets avant que le vent ne les claque:
A : Viens vite, un orage se prépare, il faut faire vinaigre pour fermer
les issues !
Β : D'accord, je fais du plus vite que je peux!
VINGT-DEUX !
populaire.
Est surtout assimilé à la présence de policiers:22 ν'la les flics ! pour
mettre en garde les gens qui fraudent à ce moment-là, à cet endroit. Peut
aussi exprimer la surprise de voir arriver les gendarmes.
Peut être aussi employé pour exprimer la réponse affirmative à un défi par
rapport à la personne qui lance ce défi.
499
Vingt-deux peut être aussi synonyme de chiche !
Situation: Deux prisonniers font un plan pour s'évader:
A : Pour s'évader il faudrait assommer les trois gardes !
Β : Et alors, où est le problème ?
A : Trois ! t'es pas cap ?
Β : Vingt- deux !
A : OK, on marche comme ça !
VINGT DIEUX !
populaire, s'emploie uniquement en milieu paysan.
Peut être un juron, mais peut-être également admiratif.
Situation: Un paysan à son cheval qui refuse d'avancer par peur de l'orage:
. Mais vingt dieux, vas-tu avancer !
Situation: Un paysan à qui l'on apprend que le fou du village lui a volé
un poulet:
. Vingt dieux, il va me le payer, ce malotru !
Situation: Un paysan qui voit passer une belle génisse pour la foire:
. Vingt dieux qu'elle est-y belle c'te bête !
TU AS DES VISIONS !
familier.
On peut dire également Tu as la berlue !
Situation: Au village, une paysanne à sa voisine:
A : Il m'a semblé voir le fils de X l'autre jour, il est-y déjà de retour
du service militaire ?
Β : Tu as la berlue, jamais de la vie, il est à 5.000 Km d'ici, sa mëre me
l'a encore confirmé hier 1
Situation: Deux amies racontent leurs emplettes dans les grands magasins:
A : Tu sais, il m'a semblé voir un manteau de fourrure pour moins de trois
mille francs !
Β : Tu as des visions ! tu oublies un zéro tout simplement, retourne et
constate. Je ne voudrais pas t'enlever tes illusions, mais au moment
de faire le chèque tu t'en serais aperçu !
501
VIVAT !
On trouve plus souvent: fiourra 1/Youpie ! etc....
502
QUI VIVE ?
familier.
Ce sont surtout les sentinelles qui utilisent cette expression losqu'elles
sentent une présence non identifiée.
Néanmoins on trouve plus souvent: Qui va là ? (plus usité que gui vive ?
qui, lui, a disparu du langage).
VIVE...!
familier.
Cri de joie, peut être populaire comme Vive la révolution !
Peut s'employer pour tout ce qui fait plaisir:
Vive les vacances !, Vive le soleil !, Vive les belles filles !, Vive Noël
et Nouvel An !, Vive le bébé qui vient de naître !
A un anniversaire: Vive X dont c'est la fête ! etc
Situation: Dans une salle de classe après l'annonce d'un jour de congé:
A : Hep les gars, le Prof X vient de nous donner congé vendredi !
Β : Hourrah ! vive le Prof X !
En France, le président de la république termine ses discours par:
Vive la Republique ! Vive la France !
VIVEMENT !
familier.
Situation: Deux profs se rencontrent, ils ont chacun une classe parti-
culièrement chargée et pénible:
A : Je suis épuisé, ces élèves me crèvent â être si bruyants !
Β : Moi aussi, vivement les vacances !
Situation: Deux amis se quittent au club le dimanche soir en évoquant le
bon week-end qu'ils viennent de passer, aspirent au prochain:
A : Allez, au revoir, c'était super !
Β : Oui, vivement dimanche prochain !
VIVEMENT QUE !
familier.
Vivement ce soir qu 'on se couche ! veut dire j 'en ai marre, ça suffit pour
aujourd 'hui!
Situation: Depuis le matin un balayeur ramasse des feuilles mortes, c'est
1'automne :
A : Depuis ce matin que je m'échine à ramasser ces maudites feuilles, y en
a marre, vivement ce soir qu 'on se couche !
Β : Vivement que cette chute des feuilles s'atténue, en hiver on s'esquinte
bien moins !
VOGUE LA GALERE !
familier.
On peut dire: Advienne que pourra !
on laisse aller....
Situation: Un comptable qui essaye depuis des mois â maintenir le navire
hors d'eau, n'arrive plus à assumer les échéances, il se décourage car
peu aidé par son entourage:
A : M. le Directeur, si un compromis n'est pas signé d'ici la fin du mois,
c'est la faillite, si vous ne m'aidez pas, je ne peux rien faire, je suis
obligé de laisser filer et vogue la galère !
Β : Que voulez-vous que j 'y fasse, les ouvriers ne veulent pas reprendre
le travail, si la maison ferme ils verront bien, advienne que pourra !
(COUCOU) LE VOILA !
familier.
Se dit en accueillant une personne ou en jouant avec un enfant au jeu de
cache-cache.
Situation: A une soirée, tout le monde est réuni pour l'anniversaire de X,
jusqu'à présent il est le seul à manquer, tout le monde l'attend, et enfin
le carillon de la porte retentit:
A : Ça a sonné ! je suis sûr que c 'est lui !
Β : Enfin le voilà 1
ou
Β : Coucou, le voilà 1 (beaucoup moins usité pour un adulte que la forme
ci-dessus).
Situation: Un enfant se cache et appelle sa mère pour qu'elle joue à le
chercher :
A :Ayez 1 je suis caché, cherche-moi !
Β : Coucou, le voilà mon bambin !
504
EN VEUX-TU EN VOILA !
familier.
Situation: A la foire, un copain demande à son pote s'il a vu beaucoup de
manèges à sensation:
A : Hep, quand tu as été à la foire, as-tu remarqué s'il y avait beaucoup
de grands manèges ?
Β : Tu parles, il y en avait partout en veux-tu en voilà !
Situation: De retour de la pêche, une marchande demande si la pêche a été
bonne pour les soles,car elle a une grosse commande :
A : Vous voilà de retour, la pêche a-t-y été bonne pour les soles, 1 'hôtel
X en veut 10 kg ?
Β : Tu parles ! aujourd'hui il n'y avait que ça qui remontait dans les filets,
il y en a en veux-tu en voilà !
Situation: A l'école un maître se désole devant une copie:
A : Mon Dieu ! des fautes d'orthographe, en veux-tu en voilà, c'est une
catastrophe !
QUE VOILA !
régional peut-être, pas très usité.
Situation: Une personne devant sa terrasse qui vient d'être recarrelêe:
A : Que voilà du beau travail, félicitations !
Β : Merci, je ne fais que mon travail, mais j'essaye de le faire bien.
Précède un compliment: Que voilà une belle écriture !/une bel enfant !/une
jolie robe ! etc....
VOILA !
familier, populaire.
Se dit surtout après un appel 'à la criée'.
Situation: Dans un café ou un restaurant:
A : Garçon !
Β : Voilà, voilà, j'arrive !
EN VOILA ASSEZ !
familier.
Situation: Un homme dans la rue qui se fait insulter depuis un moment par
une bonne femme qui prétend qu'il est mal garé :
A : En voilà assez, je ne peux vous supporter davantage, allez-vous dégager
pour que je puisse partir ?
Β : En voilà assez ! En voilà assez!! vous en avez de bien bonnes, vous
η 'aviez qu 'à pas gêner !
VOILA, ET VOILA !
peu usité.
Situation: De retour à la maison après avoir cassé la voiture, un père â
son fils:
A : Tu n'es qu'un maladroit, un bon à rien, tu as encore abîmé la voiture
après avoir esquinté le vélo, cassé un carreau et voilà et voilà
Β : Oui, je η 'ai pas la baraka !
Situation: Dans un bureau un patron constate qu'un employé ne vaut vraiment
pas grand chose, il en parle au chef de service:
A : Voilà, et voilà c 'est toujours le même qu 'on épingle en train de faire
des bêtises !
Β : Je vous l'avais bien dit qu'il finirait mal.
506
VOILA-t-IL PAS/VOILA-ti-PAS
populaire. Se dit dans le milieu paysan.
Situation: Deux paysans discutent dans un bistro de leurs animaux:
A : Ma jument elle était bien malade l'aut' nuit, et aujourd'hui voilà-ti-pas
qu 'elle se met à boiter !
Β : Sacré nom, t'a pas d'chance, après ton ch'val, ν'la la jument qui déconne !
QUE VOIS-JE ?
familier, mais pas très usité.
Situation: Une maman à son enfant qui rentre de l'école tout taché:
A : Pue vois-je sur ton tee-shirt tout neuf ?
Β : Oh, ce η 'est rien, il fait si chaud que mon chocolat du goûter a fondu
et j'ai essuyé mes doigts après mon maillot.
TU VOIS fA D'ICI ?
familier.
Situation: Deux filles qui parlent de l'ami de l'une d'elle:
A : Tu vois ça d'ici, la tête qu'il ferait, si je lui annonçais que je le
quitte ?
Β : Oh oui, j'imagine très bien, lui qui est si sûr de sa personne, il
tomberait de haut.
ON AURA TOUT VU !
familier.
Situation: Devant une affiche de cinéma porno deux petites vieilles
s'exclament:
A : Décidément on aura tout vu en ce bas monde ! Ces affiches sont ignobles !
Β : Hé oui, ma chère, quand je pense que nos grands-mères ne montraient même
pas leurs chevilles ! ! !
IL EN A VU !
En tant qu'expression on dirait plutôt: Il s'en est vu !
Situation: Un garçon qui sort d'une maison de rééducation suite à un grave
accident de moto. Ses copains en parlant de lui:
A : Le pauvre ! il s'en est vu (de la souffrance) pour remarcher en claudi-
quant si peu, il était si amoché !
Β : Le résultat est là, bravo, grâce à sa volonté et â son courage il a
passé le cap.
JE L'AI ASSEZ VU !
Situation: A la fin de la journée deux secrétaires quittent le bureau:
A : Ouf ! la journée est finie, le boss était particulièrement pénible, ça
va pour aujourd 'hui, je l'ai assez vu !
Β : Tu as raison, à chaque jour suffit sa peine !
IL FAUT VOIR !
familier.
Situation: Devant un magnifique catalogue d'appartements à acheter une femme
s'enthousiasme auprès de son mari pour un qui réunit toutes les qualités et
tous les avantages. Celui-ci la calme et lui dit:
A : Attends, attends, ne t'emballe pas comme ça, il faut voir .... après nous
jugerons !
Β : Tu parles d'un rabat-joie que tu fais ! jamais rien ne t'emballe, il te
faut toujours réfléchir !
ON VERRA !
familier.
Situation: En ouvrant le frigo, je crie à ma mère:
A : Tu sais qu 'il y a plein de restes ?
Β : Oui, oui, on verra 1 (ce qu'on fera à manger)
C'EST TOUT VU !
familier. Ne supporte pas la discussion: terminé !
Situation: Un couple essaye de faire des projets de vacances, le mari souhaite
la mer, la femme la montagne et les enfants 1'étranger. Qui va 1'emporter ?
Le mari : Je crois qu'avec toutes vos idées de grandeur on va tout de suite
être d'accord, nous n'avons pas les moyens d'aller à l'étranger !
La femme: Allons, étudions, on va voir 1
Le mari : C'est tout vu ! nous η 'avons pas les moyens, un point c 'est tout !
Situation: Entre un prof et un élève qui se plaint d'avoir trop de devoirs
pour les vacances:
A : Mon petit, il faudra faire un choix entre le tennis et les maths !
Β : C'est tout vu .... la seule chose intéressante est le tennis !
ON VERRA BIEN !
familier.
Situation: A la veille de rendre mon devoir, je me demande bien s'il va
convenir:
A : Tu penses que mon devoir est bon ? je me fais du soucis.
Β : Ça ne sert à rien, on verra bien !
510
Essaie un peu, POUR VOIR !
Situation: Un gamin qui n'a pas envie de faire ses devoirs fait part à sa
mère d'être malade le lendemain au lieu d'aller à l'école:
A : Je crois que je vais être malade pour 1'interro de demain !
Β : Essaie un peu pour voir ! (si tu oses I)
VOYEZ-VOUS
familier.
Situation: En raison de la grève des trains, deux personnes s'inquiètent sur
le moyen de rentrer le soir du travail:
A : Ce qui m'inquiète, voyez-vous, c'est la correspondance à Choisy-le-Roi !
Β : Ben moi, voyez-vous, ce n'est pas ça, mais la durée de la grève qui
perturbe tant mon commerce !
VOYONS VOIR !
familier.
Situation: Chez le docteur:
A : J'ai très mal là, sur le côté quand j'appuie, aie !!
Β : Voyons-voir ! déshabillez-vous 1
VOYONS !
familier.
Situation: A un gamin qui pleure parce qu'il a perdu ses billes:
A : Enfin, voyons, tu ne vas pas pleurer pour ça ?
Β : Sen si, j'y tenais, c'était mes plus beaux 'canons' !
AH, JE VOIS !
familier.
Situation: Suite de la précédente:
Ά : Ah je vois, j 'espére que ça va s'arranger d'ici quelques jours pour les
malaises.
Β : Oui, rien de plus naturel !
511
J'AI VU LE MOMENT OU
Situation: Deux gars en rêcrê au sujet d'une fille:
A : X était tellement en colère 1 'autre jour qu 'on lui ait soufflé sa petite
amie que je voyais le moment où il allait la gifler !
Β : Tu penses, il a bien trop peur de la perdre en agissant ainsi !
On peut dire également: je voyais le coup où il allait....
IL FAUDRAIT VOIR !
familier.
Situation: Lors d'un procès un témoin explique au président:
A : Puisque je vous dis, M. le Président, que ce soir lâ j 'étais en virée
au village d'à côté !
Β : Faudrait voir à ne pas nous raconter d'histoires, hier vous disiez le
contraire !
C'EST BIEN VU !
moyennement usité.
Situation: Un professeur explique une leçon à ses élèves. A la fin de ladite
leçon il demande si tout le monde a bien compris:
A : Avez-vous bien compris les démonstrations aujourd'hui ?
Β : OK, c 'est bien vu ! (bien compris)
Situation: Autour d'une table de billard:
A : Attention, je vais marquer le point en me servant de la bande....
Β : (Effectivement le point est bien joué, avec un sens du jeu le joueur a
contourné la difficulté, et son partenaire de répondre): c'est joli,
bien vu !
EN VOITURE !
Se dit sur le quai d'une gare.
En voiture Simone ! expression employée pour inviter tout le monde à partir,
le plus souvent en voiture.
Situation: Après une bonne après-midi passée à la plage, il faut rassembler
les enfants pour rentrer à la maison:
A : Allez les gosses, en voiture, on rentre !
Β : Déjà !
A LA BONNE VOTRE !
A votre santé !
On dit aussi Λ la vôtre ! qui veut dire: je vous en souhaite:
Situation: Deux femmes qui gardent des enfants insupportables:
A : Demain, c'est à votre tour de garder les gamins de Mme X, à la vôtre !
Β : Ça, avec des garnements pareils je n'ai pas fini d'en voir !
IL EN VEUT !
très usité en parlant de quelqu'un qui a de la volonté.
Situation: Au T.C.O. lors d'un défi, deux spectateurs avancent un pronostic:
A : C'est sur, X va gagner, bien que moins fort techniquement au tennis, il
a tellement de hargne/il en veut tellement/il est tellement accrocheur
qu'il finira par dominer Y par sa détermination !
Β : C'est possible, il fait tout pour y arriver.
JE M'EN VOUDRAIS !
familier.
Se défendre de faire certaines choses tout à fait contre sa façon de penser.
. aller à la messe le dimanche ! je m'en voudrais !
. aller à la chasse à 5h du matin ! je m'en voudrais !
. aller à la piscine en ce moment ! je m'en voudrais !
. rencontrer telle personne que je ne peux pas voir ! je m'en voudrais !
514
JE VEUX !
Pas très usité sous cette forme, se traduit par ben oui alors ! Assez
populaire.
VEUX-TU TE TAIRE !
Assez employé pour arrêter là un dialogue qui η'a que trop duré, la personne
à qui on intime l'ordre de se taire est en position d'infériorité, mais n'a
pas forcément tort.
Situation: Un gosse qui casse les pieds à ses parents pour avoir encore du
dessert, il parle sans arrêt jusqu'à obtention de ce qu'il désire, à la
longue ça devient usant.
La mère: Mais, veux-tu bien te taire, en voilà assez !
VRAI !
Interrogation - surprise - étonnement.
Moyennement usité.
Situation: Devant un tableau où sont affichés les résultats d'examen un élève,
surpris, interpelle son copain:
A : Eh, tu te rends compte, X est reçu, il va être content !
Β : Vrai ! quelle surprise !
515
AH ! J'y SUIS !
Exprime le soulagement, la joie d'être parvenu à un résultat qui a demandé
beaucoup d'efforts pour l'atteindre.
Se dit souvent lors d'une conversation où de nombreuses explications sont
nécessaires à un des interlocuteurs. Soudain c'est l'illumination, tous les
éléments se mettent en place dans sa tête, la personne s'écrie j 'y suis !
Dans le langage des bandes dessinées cette expression pourrait être maté-
rialisée par tilt ou une ampoule éclairée.
ÇA Y EST !
Synonyme de ouf ! si le ça y est 1 exprime le soulagement.
Synonyme de hourra ! s'il exprime la joie d'arriver â son but.
A : As-tu terminé cet exercice fastidieux ?
Β : Oui, ça y est !
A : As-tu ton examen ?
Β : Oui, ça y est !
516
C'EST-Y-PAS
Expression populaire plutôt employée dans les milieux paysans. Exprime tou-
jours une constatation d'un fait ou d'une situation.
Situation: Deux paysans constatent qu'un mouton est entré dans la maison et
a tout renversé:
A : Ah,ma brave dame, c 'est-y pas un malheur de voir ça !
Β : Bah, c'est pas bien grave, le mouton n'a rien cassé !
(possibilité de l'employer avec d'autres noms)
. C'est-y pas un problème/c'est-y pas la bonne solution de ....
517
YOUPIE !
Exprime la joie.
S'adresse en premier à soi-même et â toute personne qui peut l'entendre.
Peu souvent utilisé sous cette forme, plus souvent utilisé sous la forme
d'onomatopée. Chouette !/génial !/super !/extra !
Situation: Devant la liste des résultats au bac:
A : Youpie, je suis reçue, et toi ?
Β : Chouette, moi aussi, quelle chance !
Youpie ! je vais en vacances !/ Youpie ! j'ai trouvé du travail .'/
Youpie ! j 'ai trouvé une fille formidable !/ Youpie ! on a congé demain !
ZUT !
très souvent utilisé.
Implique un sentiment personnel dû â une action personnelle ou à quelque
chose qui touche personnellement.
Exprime la déception, voire la colère.
Familier.
Situation: Devant la têlê, lors du mundial, au sifflet de l'arbitre pour
annoncer la fin du match:
A : Hourrah 1 'argentine a gagné, je 1 'avais bien dit qu 'ils étaient les
plus forts !
Β : Zut ! et moi qui ai parié 10.000 francs que ce serait la France, j'ai
perdu !
Situation: Lors d'une scène de ménage:
A : Puisque je te dis de faire des économies, tu dépenses de trop pour ta
beauté !
Β : Ça par exemple ! et toi avec tes cigarettes, zut ! (pour ne pas dire
un gros mot) tu m'énerves à la fin avec tes reproches !
518
BIBLIOGRAPHIE
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