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Valentin RODRIGUEZ

Master 2 journalisme sportif

Promotion Pierre Barbancey

Ecole du Journalisme de Nice

MEMOIRE

En quoi les médias favorisent-ils le football business ?

Média d’accueil : RMC Sport

Année 2017-2018
Valentin RODRIGUEZ
Master 2 journalisme sportif

Promotion Pierre Barbancey

Ecole du Journalisme de Nice

MEMOIRE

En quoi les médias favorisent-ils le football business ?

Média d’accueil : RMC Sport

Année 2017-2018

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REMERCIEMENTS

Tout d'abord, je tenais à remercier RMC Sport, qui m'a accueilli six mois pour effectuer mon
stage de fin d'études. J'ai énormément appris et progressé auprès de grands professionnels.
C’était un rêve d’enfant de pouvoir travailler dans ce média. Je voulais tout particulièrement
remercier Jalil Bennani, secretaire général de la rédaction RMC Sport ainsi que Pierrick
Taisne et Matthieu Le Chevallier, rédacteurs en chef de RMC Sport. Grâce à eux, je me suis
bien adapté dans la rédaction . C'est une chance d'avoir pu faire des choses variées, aussi
intéressantes les unes que les autres. Je me suis senti à l'aise chaque jour et dans mon élément.
J'ai su m'adapter à toutes les tâches demandées et cela m'a permis de prendre des initiatives et
être fort de proposition.

Je tenais également à remercier Jérome Thomas, Laurent Picat, Pierre Rondeau et Yvan
Gastaut d’avoir répondu à mes questions. Un apport capital dans la rédaction de ce mémoire.

Enfin, je remercie mon école, l'EDJ et sa direction (Marie, Dominique, Yasmina, Stéphane et
Laetitia ) qui m'ont permis d'acquérir des bases solides, et ce sur tous les supports (TV, radio,
presse écrite, web). Toutes les rencontres et tous les cours ont été bénéfiques pour moi.
Chaque journaliste, universitaire ou intervenant m'a apporté quelque chose de différent et de
complémentaire. Cela me permet d'aborder le monde du travail et le milieu du journalisme
avec plus d'assurance et de sérénité. Deux années que je n’oublierai jamais.

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RÉSUMÉ EN FRANÇAIS ET EN ANGLAIS

Mon travail parle de la relation des médias avec le football et son économie. Le football, sport
le plus populaire et le plus pratiqué au monde est devenue une véritable opportunité de se
faire de l’argent poour tous les acteurs de la pratique. Joueurs, clubs, sponsors, supporters
mais surtout les médias. Depuis plusieurs années maintenant les médias et le football file le
parfait amour. Un attachement révélé par les droits audiovisuels mais aussi par l’enjeu social
et financier que represente le football. Cette pratique qui reprensente bien plus qu’un sport .
La médiatisation de ce sport a entrainé l’apparition de nouveaux acteurs qui sont désormais
les piliers du football et de son business.

My work talks about the media's relationship with football and its economy. Football, the
most popular and most popular sport in the world, has become a real opportunity to make
money for all players in the game. Players, clubs, sponsors, supporters but especially the
media. For several years now the media and the football file the perfect love. An attachment
revealed by the audiovisual rights but also by the social and financial stake that represents
football. This practice is much more than a sport. The mediatization of this sport has led to the
emergence of new players who are now the pillars of football and its business.

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SOMMAIRE

Introduction..........…………………………………………………………………………7

Partie I: football et médias, amour inevitable?....................……………………………10

A – Le football et la télévision ........................................ ....……………………………..10

B –Les autres supports et le football ................................................................................17

C – Le football est unique.....................................................……………………….……22

Partie II : les autres acteurs du football business............………….…………………...27

A – Le sponsoring, l’autre partenaire privilégié...........................…..……...…………..27

B – L’omniprésence des agents sportifs.....…………………………………...………....32

C – Les investisseurs étrangers..................................…………...…………………....….36

Conclusion………………………………………………………………………………...42

Bibliographie........................……………………………………………………………..44

Annexes…….........................……………………………………………………………..46

 
 

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INTRODUCTION

Problématique : En quoi les médias favorisent-ils le football business ?

15 juillet 2018 : La France est championne du monde de football pour la deuxième fois de son
histoire. L’équipe de France s’impose 4-2 face à la Croatie lors de cette finale. Vingt ans
après son premier sacre en 1998 en France avec une large victoire face au grand Brésil. Le
match diffusé à 17 heures (heure française) a été vu par plus de 19 millions de personnes
devant leur poste de télévision. Pour l’occasion, des centaines de milliers de supporters se
sont réunis dans les 230 fan-zones organisées dans les grandes villes pour la finale. Ils sont
des milliers à sortir dans les rues de l’Hexagone pour laisser exploser leur joie. Parmi les
fêtards, des fans de football confirmés, évidemment. Mais aussi des supporters occasionnels,
pas toujours concerné par le ballon rond mais portés par un élan populaire hors du commun.
Tout les âges et toutes les classes sociales se rassemblent pour agiter drapeaux tricolore et
fumigènes devant l’Arc de triomphe, dans les rues de Lyon, de Marseille et bien d’autres
encore.

Le président de la République, Emmanuel Macron et sa femme Brigitte Macron ainsi que


d’autres politiques comme la ministre des sports Laura Flessel sont présents pour l’occasion
et ne cache pas sa joie à chaque but français. Il dégage même une grande complicité avec
plusieurs joueurs dans le vestiaire après la rencontre. Les joueurs filment avec leurs
téléphones tous ces moments de bonheur et de joie. Des centaines de caméras, de
journalistes, de photographes venus du monde entier sont présents et ne ratent pas un instant
de cet événement. Plus d’un milliard de personnes dans le monde vont suivre cette finale.
Tous les médias internationaux font des éditions spéciales pour faire vivre au plus près cet
événement. Pour l’occasion, la radio RMC qui a suivi au quotidien cette Coupe du monde
avec des émissions en direct tous les jours de 13 heures à minuit, fait vivre son antenne toute
la nuit, non stop. Le football français est sur le toit du monde. Depuis la libération de Paris en
1944, et la victoire en Coupe du monde en 1998, jamais un tel engouement populaire ne s’est
produit dans l’Hexagone.

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Mais un soir de fête n’est pas suffisant. 16 juillet 2018, les Français ont à nouveau envahi les
Champs- Elysées l’après-midi pour fêter ses champions du monde. La bande à Griezmann et
Pogba est acclamée par des centaines de milliers de supporters sur la plus belle avenue du
monde. Les Bleus sont partis de la place de l’Etoile à 19h20 pour aller jusqu’au rond-point
des Champs-Elysées, comme leurs ainés le 13 juillet 1998. Ces derniers avaient été acclamés
par un demi-million de personnes. Les joueurs sont accueillis par une foule en délire, dans un
brouillard de fumigènes, de nombreux médias sont bien évidemment présents pour suivre ce
moment d’histoire. Le bus est accueilli par la patrouille de France et protégé par une
importante présence policière. Quinze minutes après, les Bleus ont pris la direction de
l’Elysée pour aller rencontrer le président de la République qui les à nouveau remercié pour
ce titre mondial. Après une petite heure à l’Elysée, direction l’hôtel Crillon pour clôturer
cette parenthèse enchantée. Dans quelques mois, les joueurs se verront décerner la légion
d’honneur, comme les champions de 1998. Dans quelques semaines, l’équipementier Nike va
sortir le maillot des Bleus avec deux étoiles. Pour parer à la forte demande, la marque à la
virgule aurait lancé 8 millions de maillots en production selon le site Fashionetwork, un
record en vue. Il y a 20 ans, Adidas avait écoulé 800 000 maillots à la suite du premier sacre
mondial. Un chiffre qui devrait être battu par Nike cette année. Selon des prévisions de la
marque, nous pourrions atteindre 1,6 millions de maillots vendus. Il y a 20 ans, le PSG et
l’OM ne dépassaient pas les 200 000 ventes par an. Désormais le club de la capitale vend un
million de maillots chaque saison. De plus les points de vente se sont multipliés et les
marques bénéficient de l’avantage que représente Internet où chaque consommateur, peu
importe son lieu de vie peut s’acheter un maillot.

Aujourd’hui pour regarder du football à la télévision, il faut être abonné à plusieurs chaines
(BeIN Sports, Canal + et RMC Sport). Plus de 60 euros de frais par mois pour suivre les
rencontrés télévisées. Désormais, un maillot de football coûte 85 euros. Lionel Messi,
meilleur joueur de la planète, touche plus de 60 millions d’euros par an. En aout 2017, le
brésilien Neymar a été acheté par le PSG pour 222 millions d’euros. Les joueurs sont payés
des centaines de milliers d’euros par mois. Des émissions spéciales sur le mercato animent les
médias. Ces derniers débattent sur la valeur marchande des joueurs. Un engouement
médiatique qui a fait apparaître de nouveaux protagonistes. Tous d’abord les sponsors qui ont
vu en la retransmission télévisuelle un bon moyen de se faire de l’argent. Les agents sportifs
sont venus s’immiscer dans le monde du football en ayant pour rôle d’intermédiaire entre le

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joueur et le club. Le football et le joueur sont devenus des produits financiers qui attirent de
nouveaux acteurs. C’est le cas également des investisseurs étrangers (Qatar, Etats-Unis,
Russie) qui voient dans ce sport un bon moyen de se développer et d’améliorer son business
et sa notoriété. Des pays où le sport n’est pas populaire et pourtant, il y a tellement d’argent
qui génère dans ce milieu que ce dernier attire tout type de protagoniste.

Un siècle plus-tôt en 1918, qui aurait pu imaginer un tel engouement pour ce sport ?
Comment une pratique sportive réunit des millions de personnes et génère aujourd’hui autant
d’argent ? Un sport en France qui n’était même pas encore professionnel et qui va l’être en
1932. Longtemps, le football en particulier, n’a jamais fait la Une de l’actualité. Les gens en
France s’intéressent plus à la boxe, au vélo ou encore à l’athlétisme. Ce n’était pas un enjeu
en termes d’informations. Le football n’entrait jamais dans la catégorie des sujets de société
dits « importants ». Mais ce sont les médias qui vont commencer à voir le sport comme un
produit financier.

Ce fut d’abord le cas de la presse écrite a qui rapidement saisi les avantages commerciaux à
rendre compte des exploits des champions. Elle a inventé de toute pièce, le Tour de France à
la fin du XIXe siècle pour dynamiser le lectorat du journal L’Auto face à son concurrent Le
Vélo. La radio a suivi, avec notamment sa capacité à retransmettre en direct des évènements
sportifs. Enfin la télévision qui grâce à l’image permettait aux téléspectateurs de participer
pleinement derrière leurs postes, aux manifestations sportives. Le football possède deux
avantages qui font qu’il est devenu un sport majeur, il est considéré comme un sport
accessible (règles simples) et il accorde du crédit à la question identitaire. Les sommes payées
par les opérateurs de télévision pour diffuser des les matchs de football ot connu depuis les
années 1980, une hausse exponentielle en France. Les chaines de gratuites diffusent les
événements internationaux et matchs de l’équipe de France alors que les chaines payantes
diffusent les matchs de championnat. Le football devient un important moyen d’audience. Ce
sport devient populaire et surtout médiatique. Un phénomène de société qui est né il y a un
peu plus de 40 ans grâce à un engouement médiatique.

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Partie I : football et médias, amour inévitable ?

Dans la première partie, il convient d'évoquer comment la télévision et le football se sont


rencontrés et comment a évolué la relation entre les deux et d’expliquer comment
actuellement ils ne peuvent plus se passer l’un de l’autre (A). Par la suite il sera intéressant
d’analyser comment sont les relations entre le football et les autres supports tels que la
presse écrite, la radio et le web (B). Enfin, il faudra parler des avantages du football, ce qui
fait que cette pratique est un partenaire privilégié des médias. (C).

A- Le football et la télévision
Nous sommes en 1976. Grâce à la belle épopée européenne de Saint Etienne, le football
français renait doucement de ses cendres, après une douloureuse période marquée notamment
par son absence aux Coupes du monde de 1970 et 1974. Jean Sadoul, président de la ligue
nationale de football, cherche à profiter de cette éclaircie pour améliorer la notoriété et
l’image du championnat. Pour cela, il va se tourner vers un média qui accorde une place de
plus en plus importante au sport, la télévision. L’émission « Stade 2 » existe déjà, et Jean
Sadoul propose à Robert Chapatte et Roger Couderc de leur céder les droits du championnat
de France de première division (aujourd’hui appelé « ligue 1 ») pour en faire une émission.
Roger Couderc (spécialiste de rugby) repousse la demande : « Ça n’intéressera personne, tout
le monde s’en fout de voir les buts les uns après les autres ». Plus pour embêter son
concurrent que pour la réussite et l’intérêt de la proposition, TF1 décide de passer le marché.
C’est le début de « Télé foot ».

En 2006, France 2 devance TF1 contre un chèque de 24,5 millions d’euros pour avoir le droit
de diffuser des extraits du Championnat de France pour une seule saison dans le cadre d’une
émission dominicale. Deux ans plus tôt, Canal+ acceptait de verser à la Ligue de football
professionnel, 600 millions d’euros par saison en échange de l’exclusivité de la diffusion des
matchs de Ligue 1.1

En moins de trente ans, le paysage télévisuel a été bouleversé. Le phénomène n’est spécifique
ni au football ni à la France. Entre 1980 (JO de Moscou) et 2008 (JO de Pékin), le montant
des droits télévisuels des Jeux Olympiques est passé de 88 millions de dollars à près de 2

                                                                                                               
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Football et Télévision, l’amour à tout prix ? , Emmanuel Durand, Victoriano Melero Laurent Vallée, Yves
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milliards de dollars. Mais pour le football, l’évolution reste plus impressionnante. L’exemple
de la Coupe du monde est représentatif. La Coupe du monde 1998 n’aura couté qu’à
l’ensemble de ses diffuseurs que 130 millions d’euros, soit à peine plus que le chèque signé
par TF1 (120 millions) pour la diffusion exclusive sur le seul territoire français du Mondial
2010 en Afrique du Sud.1 Cette année, pour la Coupe du monde en Russie, TF1 a diffusé 28
des 64 rencontres de la compétition. Pour financer les droits de retransmission (le Mondial
2014 avait coûté 130 millions d’euros aux chaines françaises), TF1 a vendu ses publicités au
prix fort : jusqu’à 145 00 euros le spot des de trente secondes de pub pour les matchs de
poule des Bleus. Pour la finale le 15 juillet 2018, le spot à coûté 280 000 ; voici ci-dessous les
détails des tarifs établis avant la compétition par la Une.

Tarifs publicitaires de la finale de la Coupe du monde 2018 sur TF1

Dimanche 15 juillet 2018.


Base : tarif brut 30 secondes si l’ équipe de France est qualifiée.
Intitulé de l’écran entre parenthèses.

§ Avant le match : 113 000 € (1658) / -44% vs 2014 : 200 000 € (2058)
§ Après les hymnes : 250 000 € (1668) / -16% vs 2014 : 298 000 € (2068)
§ 1er écran mi-temps : 280 000 € (1808) / idem 2014 : 280 000 € (2128)
§ 2e écran mi-temps : 275 000 € (1818) / -2% vs 2014 : 280 000 € (2138)
§ 3e écran mi-temps : 275 000 € (1828) / -2% vs 2014 : 280 000 € (2148)
§ Avant prolongation (option) : 206 000 € (1869) / -8% vs 2014 : 224 000 € (2169)
§ Avant tir au but (option) : 206 000 € (1879) / -8% vs 2014 : 224 000 € (2179)
§ Avant la remise de la Coupe : 280 000 € (1888) / +12% vs 2014 : 250 000 € (2198)
§ Après le match : 162 000 € (1908) / x3 vs 2014 : 55 000 € (2229)

Base : tarif brut 30 secondes si l’ équipe de France n’ est pas qualifiée.

§ Avant le match : 60 000 € (1658) / -33% vs 2014 : 90 000 € (2058)


§ Après les hymnes : 120 000 € (1668) / -23% vs 2014 : 155 000 € (2068)
§ 1er écran mi-temps : 145 000 € (1808) / -6% vs 2014 : 155 000 € (2128)
§ 2e écran mi-temps : 140 000 € (1818) / -10% vs 2014 : 155 000 € (2138)
§ 3e écran mi-temps : 140 000 € (1828) / -10% vs 2014 : 155 000 € (2148)
§ Avant prolongation (option) : 105 000 € (1869) / -9% vs 2014 : 116 000 € (2169)
§ Avant tir au but (option) : 105 000 € (1879) / -9% vs 2014 : 116 000 € (2179)
§ Avant la remise de la Coupe : 143 000 € (1888) / -5% vs 2014 : 150 000 € (2198)
§ Après le match : 90 000 € (1908) / x3 vs 2014 : 30 000 € (2229)
Source TF1 Publicité, 29 janvier 2018 3

                                                                                                               
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Football et Télévision, l’amour à tout prix ? , Emmanuel Durand, Victoriano Melero Laurent Vallée, Yves
Wehrli
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Article SportBusiness.club

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On peut dire que le football a besoin de la télévision pour exister. Tout simplement parce que
celle ci est devenue sa source principale de revenus. Plus de la moitié du budget des clubs de
Ligue 1 française se composent des recettes de vente des droits audiovisuels.

À gauche, les budgets des clubs de Ligue 1 et à droite répartition des droits TV (saison 2017-
2018).1

1. PSG 540 M€
2. OL 240 M€
3. Monaco 170 M€
4. OM 120 M€ (estimation)
5. Lille 90 M€
6. Saint-Étienne 68 M€
7. Bordeaux 65 M€
8. Rennes 50 M€
9. Nantes 45 M€
.... Nice 45 M€
11. Montpellier 43,5 M€
12. Toulouse 34 M€
13. Metz 33 M€
14. Caen 32 M€
..... Dijon 32 M€
16. Strasbourg 30 M€
17. Angers 28 M€
18. Guingamp 26 M€
...... Troyes 26 M€
20. Amiens 25 M€

Les plus grandes compétitions de football sont les plus exposées médiatiquement et celles qui
ont le plus gros succès populaire.

Pour la télévision gratuite les revenus proviennent essentiellement de la publicité comme


évoqué ci dessous. La demi-finale France-Portugal de la Coupe du monde 2006 a réuni
devant les postes de télévision français pas moins de 22,4 millions de téléspectateurs. Mais le
fait que le football soit un sport unique provient de la constatation suivante : la simple
                                                                                                               
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Article Foot mercato

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comparaison entre leur montant et le gain de recettes publicitaires aboutit au fait que les
chaines perdent de l’argent en obtenant les droits de retransmettre les compétitions.

Malgré la victoire des Bleus en finale de Coupe du monde cette année, TF1 n’a pas eu un
investissement rentable dans cet événement, avec 19,3 millions de téléspectateurs pour
regarder France-Croatie et même jusqu’à 22, 3 millions à la fin du match. En part d’audience,
c’est un record ou presque ; 82,2% du public était devant TF1 pour ce match, davantage
qu’en 1998, 2000 et 2016. Malgré ces bons chiffres la première chaine a perdu près de 15
millions d’euros. Elle a empoché 58 millions d’euros de recettes publicitaires grâce aux prix
élévés du spot dans la finale (voir ci-dessus), mais cela reste une somme insuffisante car TF1
a déboursé environ 75 millions d’euros pour la totalité de l’événement. Heureusement, la
victoire des Bleus aura limité la casse, en comparaison avec 2014, en achetant moins de
matchs, les pertes de la chaine avoisinaient 30 millions d’euros pour cette Coupe du monde au
Brésil.

Malgré les pertes, les télévisions continuent d’investir des millions d’euros dans les
compétitions de football. Ce n’est donc pas une stratégie économique pour TF1 mais c’est
pour son image que la chaine adopte cette tactique ; elle est numéro 1 en France et pour le
bien être de sa grille et de sa réputation, il est capital de diffuser les matchs de l’équipe
nationale du sport le plus populaire et pratiqué dans le monde. 1

Pour la télévision payante ce n’est clairement pas la même chanson, car son modèle
économique est différent et ses ressources proviennent principalement des abonnements. 34
ans que Canal+ diffuse le championnat de France de football. « Un produit spécialement fait
pour la télévision payante », explique Pierre Rondeau, économiste du sport. « Le
championnat est présenté comme un feuilleton chaque saison. Des héros, des drames, des
exploits, du suspens, ce qui en fait un moteur principalement d’abonnement », décrit Pierre
Rondeau. Chaque saison Canal+ vend le championnat depuis plusieurs années à travers des
bandes annonces dignes des plus grands films de cinéma. L’économiste ajoute « Les recettes
apportées par les opérateurs comme Canal+ représente la plus grande part du budget des
clubs. On peut dire que ces derniers jouent un rôle de producteur qui vend son produit. Ce
serait illogique de voir Canal+ baisser le montant des droits payés à la LFP, en ayant le
risque de voir la valeur de son produit (la ligue 1) être dévaluée et surtout au risque de
perdre un nombre important d’abonnée », précise- t-il. Un rôle de producteur qui n’a pas
                                                                                                               
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Article Huffpost

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d’importance pour les chaines gratuites comme TF1 ; en effet la valeur des droits versés par la
Une à la Fédération française de football n’a pas de conséquence directe avec la qualité des
joueurs appelés à jouer en Equipe de France.

A intervalles réguliers et pour des raisons juridiques, les droits audiovisuels du football
doivent être remis en vente. Fin mai 2018, la Ligue de Football Professionnel a annoncé la
nouvelle répartition des droits TV de la Ligue 1 pour la période 2020-2024, 1,153 milliard
d’euros par saison. Un montant record pour les clubs de l’élite qui se partageaient jusqu’à
maintenant un peu plus de 760 M€ par an, soit une augmentation de 60%.1 Cette forte hausse
des droits TV devrait permettre à la Ligue 1 de franchir un cap en se mettant au niveau des
grands championnats européens. C’est l’agence Mediapro qui a frappé un grand coup sur le
marché français en empochant 8 des 10 matchs de Ligue 1 à partir de 2020. De façon précise,
le groupe espagnol récupère les lots 1, 2 et 4. Le grand match du dimanche à 21 heures et les
deux magazines du dimanche 19h et 23h (lot 1), les matchs du vendredi à 21 heures et samedi
17 heures et le magazine de présentation du vendredi soir (lot 2), le match du dimanche à 13
heures et le multiplex du dimanche à 15 heures ainsi que le magazine du dimanche matin et la
co-difusion d’un match de choix 2 à 5 avec beIN SPORTS (lot 4). Ce qui veut dire que
Mediapro aura les dix grosses affiches de la saison et du troisième choix lors des 28 autres
journées. De plus, il aura le deuxième et cinquième choix lors de chaque journée. La Ligue de
Football Professionnel a précisé que le groupe espagnol Mediapro s’engage à créer une chaîne
sportive pour diffuser les lots obtenus.

Depuis 2016, beIN SPORTS était le diffuseur des matchs de choix 4 à 10. Désormais, il va
voir son offre Ligue 1 considérablement baisser dès 2020. La chaîne a obtenu le lot 3 avec 2
matchs de Ligue 1 par week-end, le match du samedi à 21 heures et celui du dimanche à 17
heures. Elle diffusera également un magazine le samedi à 23 heures qui pourra exploiter les
images des deux premiers matchs du week-end diffusés sur la future chaîne Mediapro.

Le grand perdant se nomme Canal+ ; diffuseur historique du championnat de France depuis


1984, la chaîne cryptée ne retransmettra plus aucun match à partir de 2020. Aucune de ses
offres n’a été retenue par la LFP. A noter que le lot 6 comprenant les droits VOD avec les
extraits en quasi-direct a été acquis par le groupe Free qui fait son apparition dans le monde
des droits sportifs en France.

                                                                                                               
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Article Foot mercato

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Cependant deux lots sont encore sur le marché : Le lot 5 comprenant le Trophée des
Champions, les Multiplex J19, J37 et J38 ainsi que les barrages n’a pas trouvé acheteur. Le
directeur général de la LFP, a précisé que la Ligue allait se diriger vers des chaînes en clair
pour ce lot. La stratégie est simple, apporter encore plus de visibilité à la Ligue 1 car le
domaine comptable est déjà assuré. Puis, le lot 7 comprenant les magazines du lundi et du
jeudi fera lui aussi l’objet d’une remise sur le marché dans les prochains mois, comme la
Ligue 2 qui n’était pas comprise dans la consultation du jour ; ci-dessous la composition des
lots1 :

En plus d’un apport financier évident, la télévision a une influence sur la notoriété et
l’accroissement de la valeur économique des différents acteurs du monde footballistique. A
l’origine, on craignait au début du vingtième siècle que diffuser les matchs à la télévision

                                                                                                               
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Article media sportif

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allait vider les stades. Force est de constater que c’est bien le contraire.

Pour faire face aux menaces des nouveaux modes de consommation des contenus
audiovisuels (le replay, le streaming, internet par exemple), le sport et précisément le football
est un partenaire majeur pour les opérateurs de télévision ; avec la radio, elle a un avantage
spécifique par rapport aux autres supports tels que la presse écrite et le web : la puissance du
direct. Les séries, les films, les émissions peuvent être regardés à n’importe quelle heure,
n’importe quel moment à postériori. Regarder un match de football en direct a beaucoup plus
de valeur que de le regarder ultérieurement ; cela n’a pas la même saveur de regarder une
rencontre sportive en connaissant le résultat, et cela encore plus dans notre société et mode de
consommation actuels. Aujourd’hui, tout va plus vite et sauf si on n’a pas de connexion
internet, il est difficile de regarder un match rediffusé sans connaître d’avance le score final.
Ce pouvoir du direct permet au sport et au football d’être incontournable et permet à la
télévision de garder toute sa place dans le mode de consommation visuelle de la population.
Malgré tout, le football est aussi inévitable dans les autres supports, tels que la radio, la presse
écrite ou encore le web.

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B- Les autres supports et le football
Aujourd’hui, le partenaire médiatique privilégié du ballon rond est la télévision. Mais la radio,
comme la TV, possède un avantage redoutable, le pouvoir du direct. La radio instaure un
rapport de proximité entre l’auditeur et l’événement sportif. Edmond Dehorter, le parleur
inconnu alors, commente en 1924 le tournoi des 5 nations à Paris, le tournoi olympique de
football, les Six jours au Vel d’hiv’, les Jeux Olympiques d’été, en haut d’une nacelle afin de
mieux vivre les épreuves. On remarque une influence de la médiatisation du sport et du
football sur la radio ; elle inscrit le sport dans la sphère privée. L’augmentation du nombre de
poste-radio favorise l’acculturation du plus grand nombre. La radio des années 30 prépare la
population française à rentrer dans l’ère de la consommation sportive de masse. Pour Yvan
Gastaut, historien du sport, « dans les années 20 et 30, la radio est utilisé comme un outil
d’information sportive. Avant cela c’était seulement militaire. Et cette période correspond à
la massification du sport. C’est un média d’émotion. Au début du XXe siècle la radio est un
outil de luxe. Elle amplifie la passion du sport. A l’époque il y avait seulement la presse. Dans
les années 70, quand vous êtes un supporter de football, vous lisez la presse, vous allez au
stade et vous écoutez la radio. Il y avait très peu de matchs télévisés » explique Yvan Gastaut.
Mais le véritable tournant pour la radio est lancé par RMC. En 2006 sur RMC à 23 heures, il
y avait une rediffusion de l’émission de Brigitte Lahaie. Gilbert Bribois, journaliste RMC,
décida de lancer « L’After foot » une émission de 22 heures à minuit sur le thème du ballon
rond. Jérôme Thomas, producteur de l’émission depuis 11 ans nous explique cette initiative :
« Gilbert trouvait ça frustrant qu’après les matchs, les supporters ne puissent pas réagir, il y
a tellement de choses à dire après une rencontre de football. Il a fait son étude de marché en
Espagne où c’est très culturel. Les émissions d’après-match sont les plus écoutées. Les
Espagnols vont parfois jusqu’à 3 heures du matin les soirs de grand match. Il a présenté ce
projet à François Pesenti (patron d’RMC). Mai 2006 après un quart de finale de finale de
Ligue des champions, l’After est né. » Une émission qui s’est installé sur la grille et qui fait
désormais plus de 300 000 auditeurs tous les jours. C’est aujourd’hui la seule émission de
radio à parler 7 jours sur 7 du ballon rond. RMC a réussi son pari de faire du football l’un de
ses compagnons de réussite. Pour la Coupe du monde 2018, le média a frappé fort : « pendant
la Coupe du monde, il y a qu’une seule radio qui existe, c’est nous ! Quelle radio à part RMC
fait tous les matchs et prend l’antenne tous les jours de 13h jusqu’à minuit avec un
programme 100% Coupe du monde ? De ce fait, nous sommes la radio de la Coupe du
monde » affirme Jérôme Thomas.

  17  
Concernant la presse écrite, je journal l’Equipe joue un rôle principal. Le quotidien consacre
environ le tiers de son contenu rédactionnel au football. Le journal jouit d’une position de
leader incontestable depuis sa création en 1946. Pourtant à ses débuts, le journal autrement
appelé « l’Auto » ne s’intéressait guère au football. Les disciplines populaires étaient les
sports mécaniques et le vélo. Désormais, la majorité des « unes » du journal sont sur le
football, au détriment parfois d’autres performances sportives des autres disciplines.
« L’Equipe s’adapte à la passion du football et du lecteur. Surtout à l’époque des années 70
avec l ‘épopée de l’AS Saint Etienne qui crée un engouement nouveau pour le ballon rond, »
précise Yvan Gastaut. Ci-dessous voici quelques « unes » du quotidien datant du mois d’août
2017 liées aux transferts incroyables du PSG avec l’arrivée de Neymar pour la somme record
de 222 millions d’euros et celle de Kyllian Mbappe pour 180 millions d’euros, les deux
transferts les plus chers de l’histoire.

Source : canal-supporters

Avec des ventes à plus de 300 000 exemplaires par jour, l’Equipe monopolise le monde de la
presse sportive. Mais son record historique de vente se fera le 13 juillet 1998 lendemain de la
victoire française en Coupe du monde 1998 : 1 645 907 exemplaires vendus (la Une ci
dessous).

  18  
Source : l’équipe

Cette même année de 1998, un épisode a profondément marqué la relation entre le ballon rond
et le journal. Nous sommes à quelques semaines du début du Mondial 1998, un des plus
grands évènements médiatiques jamais organisé en France. Pour l’occasion, le journal relaie
les doutes de la majorité des Français qui ne croit pas à une victoire finale des Bleus. Le
sélectionneur de l’époque (Aimé Jacquet) est sévèrement critiqué. A quelques mois de la
compétition, une réunion éditoriale s’organise à l’Equipe pour décider d’une trêve et d’un
soutien à la quête nationale mais c’est trop tard, le mal est fait. Le première étoile remportée
par l’équipe de France réjouit plus de 60 millions de personnes met le journal hors jeu.
Quelques minutes après la fin de la finale, Aimé Jacquet, nouveau héros national déclare : « je
ne pardonnerai jamais. », étrange déclaration d’un homme qui vit un moment d’histoire. En
cette année, le quotidien qui n’avait fait que son travail est donc coupable de s’être trompé, la
liesse populaire rend l’affaire facile à juger, on la surnomme « l’affaire Jacquet ».1

Suite à cette affaire, l’image et la crédibilité du quotidien sont sévèrement entachées. Qui va
désormais prendre le risque de l’analyse, de l’opinion ? L’important sur cette période est de
soutenir, d’accompagner et de véhiculer le rêve. Ce soir-là, de nombreuses têtes sont tombées
à la direction du journal. Cette victoire du 12 juillet 1998 va transformer le football en
phénomène social et en un produit de consommation. Tout le monde parle de football. Les
joueurs deviennent des vedettes dont toute la presse parle.

                                                                                                               
1
. L’Affaire Jacquet de Vincent Duluc

  19  
Ces vedettes représentent un contenu médiatique dont on ne peut plus se passer. C’est normal,
plus ils sont présent plus les audiences augmentent. Mais pour avoir le droit de parler avec
eux, il faut entretenir de bonnes relations. En 2006 lors de la finale de la Coupe du monde
entre la France et l’Italie, Zidane fait parler suite à son fameux « coup de boule ». Claude
Droussent (directeur de l’Équipe) critique ce geste dans un éditorial. Il le paiera. On ne touche
pas à Zidane. Le joueur, en colère, ne pardonnera pas, mais surtout il y eut une pression
terrible de la part des partenaires de la star. Les annonceurs font plier le journal. Le
surlendemain, l’éditorial fait une ode à Zinedine Zidane. Surréaliste car encore une fois, huit
ans après l’affaire Jacquet, le journal avait encore fait son travail de journaliste. La preuve que
les dossiers sensibles ne doivent pas être abordés. Le quotidien ne doit pas toucher à certains
dossiers (Platini, Zidane) sous peine de voir l’image de son journal dégradé.1 La preuve aussi
que le football est à part. Malgré sa mauvaise image, le journal arrive à se diversifier en
s’adaptant aux nouveaux modes de consommation sportifs et grâce à l’importance du football
dans le paysage médiatique, avec notamment la création d’un site internet pour optimiser au
mieux ses contenus.

Depuis 10 ans, Laurent Picat est rédacteur en chef Web pour le site RMC Sport. Douze
personnes travaillent au quotidien pour la plateforme. Et comme de nombreux médias, RMC
Sport a bénéficié de l’évolution financière des enjeux du football et notamment du football
français : « Il y a 10 ans, la ligue 1 était beaucoup plus calme. Il n’y avait pas les
investisseurs étrangers. Il y a plus d’angles, d’info. Les moyens des clubs étaient différents, il
y avait moins de transferts importants, Un exemple, le PSG ne faisait pas de tournée en Asie.
Forcément plus la Ligue 1 se développe plus on profite de cet ascension. La Ligue 1 se
rapproche des meilleurs en Europe, c’est excitant à suivre.» Il n’hésite pas à nous expliquer
que l’argent dans le football est un domaine qui intéresse fortement les lecteurs : « Nos
articles les plus lus sont souvent liés à l’aspect financier du foot, aux maillots, aux transferts..
Ce qui plait, c’est le quotidien, et les maillots, tout le monde en porte. Le maillot d’un club
t’identifie de plus près à ton club. Quand le PSG dépense 400 millions d’euros sur le mercato
de l’été 2017, chez nous ça se traduit sur le site par un record d’audience avec 23 millions de
visites,» détaille Laurent Picat. En juillet 2018 le record a été battu avec 30 millions de visites
sur le site, une affluence qui coïncide notamment avec la victoire des Bleus lors de la Coupe
du monde de football en Russie. Un succès qui s’explique également par les avantages de ce

                                                                                                               
1
Autopsie du sport français de Daniel Riolo

  20  
support : « Nous on traite l’information non stop, on est disponible sur plusieurs supports,
ordinateurs, Smartphones, tablettes accessibles 24h24. On a cet avantage là par rapport aux
autres. Mais la télévision et la radio sont plus puissantes car cela monopolise plus de moyen.
20 millions de téléspectateurs pour la Coupe du monde, ce n’est pas des gens qui sont sur le
site mais nous on est avant et après l’événement. C’est à ce moment-là que notre rôle est
important. », conclut-t-il.

Cet été RMC SPORT (ancien SFR Sport) a obtenu les droits TV de la coupe d’Europe de
football. Le site internet par conséquent a dû faire un article sur le premier match de l’histoire
de la chaîne « comment regarder Bordeaux Ventspils » Laurent Picat justifie ce choix :
« c’est normal, c’est une logique de groupe où les intérêts se rejoignent. L’intérêt du site
rejoint l’intérêt du groupe à mettre en valeur les matchs qui sont diffusés sur nos antennes.
C’est du gagnant/gagnant » avant d’ajouter « C’est une bonne nouvelle pour le site que nous
ayons ces droits. Il va y avoir une dimension vidéo beaucoup plus importante pour nous et un
traitement plus poussé sur les Coupe d’Europe de football. L’objectif est de combler les
lecteurs ».Des propos qui montrent bien à quel point le football est plus qu’un sport, il est
devenu aussi un produit financier. Mais pourquoi le football et pas un autre sport ? , qu’a-t-il
de plus que les autres disciplines (rugby, tennis, basket etc..) ?

  21  
C. Le football est unique
Le football est le sport roi en France et dans de nombreux pays. Avec presque deux millions
de licenciés, le foot est le sport le plus populaire en France, loin devant le tennis.

Source : les héros du sport

Une popularité moins significative dans toute une partie de l’Asie, où on lui préfère le cricket
et aux Etats-Unis, le football américain est le sport de prédilection. Mais le football a acquis
une dimension culturelle, notamment à partir du vingtième siècle où il devient l’un des
phénomènes essentiels. 1

                                                                                                               
1
Article RFI

  22  
« Au début du XXe siècle personne ne s’intéresse à cette pratique en Europe. Aujourd’hui
c’est devenu un jeu avec des retombées politiques, diplomatiques. Le football compte dans
tous les domaines, l’économie, la culture, le social et la politique. Regardez comment
Emmanuel Macron s’est servi de la victoire pour bonifier son image, sa communication. Les
années 70 80 sont un véritable déclic dans lequel les médias ont leur place. Au début du
siècle on aurait plutôt misé sur le cyclisme, l’athlétisme. Le foot écrase tout désormais, »
détaille Yvan Gastaut.

Comme évoqué précédemment, l’engouement fluctue notamment avec les victoires lors des
plus grandes compétitions comme la Coupe du monde (1998 et 2018) et l’Euro (2000). Et ce
malgré les différentes affaires qui ont noirci son actualité comme l’affaire Knysna en Afrique
du Sud pour le mondial 2010, les accusations de corruption de la FIFA (Fédération
internationale de football association) ou encore les propos du joueur français Karim
Benzema après sa non sélection en équipe de France pour l’Euro 2016.1

Cette réussite populaire, le football la doit en partie à ses spécificités. « Il est très accessible,
très simple à comprendre avec des règles universelles. Il propose des scénarios renversants et
tous ces éléments mis à dos font que le football a un temps d’avance sur les autres. Il y a une
dimension de spectacle, avec le stade aussi. Et puis le football il n’y a pas de répit, quand il
n’y a plus le championnat, il y a le mercato ou les compétitions internationales contrairement
à d’autres sports où il y a une pause, » évoque M. Gastaut. Il y également dans cet
engouement, une dimension de spectacle. « Les médias participent à cette théâtralisation en
faisant monter la pression avant, pendant et après. Le supporter a l’impression de jouer un
rôle et de pouvoir avoir une influence sur le cours de la partie en encourageant son équipe ou
en sifflant l’adversaire ou même l’arbitre », nous précise Yvan Gastaut. Avant d’ajouter « le
football est un monde infiniment discutable, les supporters aiment bien parler, débattre de la
rencontre après le match. Ils aiment bien discuter de leur sélection. C’est pour cela que l’on
dit que la France compte 60 millions de sélectionneurs. Il y a toujours de quoi débattre dans
ce sport. Comme si cette victoire ou cette défaite leur appartenait. » L’exemple parfait est en
1998 ou en 2018, le million de personnes défilant sur les Champs-Elysées juste après le titre
de champion du monde de la France, comme si cette réussite appartenait à chaque français

                                                                                                               
1
Article RFI

  23  
présent ce jour-là. C’est une pratique qui permet d’exprimer une identité, locale ou nationale,
c’est un vecteur de fierté et de patriotisme. Il est souvent considéré comme un reflet de la
société. Tous les faits et gestes des joueurs de l’équipe de France sont scrutés par les
politiques. Au moment de l’affaire Knysna lors du mondial 2010, le président de la
République Nicolas Sarkozy était intervenu, recevant chez lui, le capitaine de l’époque,
Thierry Henry. Plus récemment, certains politiques ont réagi aux propos de Karim Benzema
disant que « Deschamps avait cédé à une partie de la France raciste » suite à sa non sélection
évoquée plus haut. Ces déclarations avaient créées des tensions autour des questions de
communautarisme. Mais le moment où le football est principalement porteur d’enjeux
important, est lors des grands évènements comme la Coupe du monde.

Dès la première édition de la Coupe du monde en 1930, les États ont apporté leur soutien à
l’organisation de la plus prestigieuse des compétitions de football. Après avoir été plébiscité
par le Congrès de la FIFA en 1929, la Fédération uruguayenne trouva ainsi un soutien de
poids en la personne d’Enrique E.Buero (ambassadeur de l’Uruguay en Belgique). Enrique
parcourut l’Europe et fit marcher ses contacts pour convaincre les équipes nationales
européennes de traverser l’Atlantique. Cet événement coïncidait avec le centenaire de
l’indépendance de la « Suisse » de l’Amérique du Sud. La municipalité de Montevideo
d’ailleurs baptisa l’enceinte de 100 000 places construite pour l’occasion : El estadio
centenario (le stade centenaire). Mais lors de cette première, la sécurité n’est pas une priorité.
Des incidents violents entre spectateurs ont lieu pendant la finale opposant l’Argentine et
l’Uruguay. Ce n’est qu’à partir de 1974, deux ans après le massacre des Jeux Olympiques de
Munich que la question de la sécurité est devenue un enjeu majeur dans l’organisation et pour
les pouvoirs publics. En accueillant une Coupe du monde, les États deviennent une cible
prioritaire pour le terrorisme international. Mais cela permet aussi aux politiques de montrer
toute leur maitrise sur la sécurité et de prouver qu’ils conservent le monopole. C’est d’ailleurs
sur ce point que le président russe Vladimir Poutine focalisera toute son attention, lors de la
Coupe du monde 2018.1

La Coupe du monde 1966 disputée au Royaume-Uni marque l’avènement de la télévision


dans les stades de football. Ces derniers sont spécialement aménagés pour fournir les
meilleures retransmissions télévisées possibles. Des équipes de télévision européennes

                                                                                                               
1
La Coupe du monde : un enjeu politique et économique pour les Etats ? De Paul Dietschy

  24  
viennent seconder la BBC et l’ITV pour filmer le principal événement télévisuel depuis les
obsèques de Winston Churchill, un an plus tôt. Plus de 600 millions de téléspectateurs sont
présents devant leur poste pour assister à « la revanche sportive » de la Seconde Guerre
mondiale entre les Anglais et la sélection ouest-allemande, avec un score final de 4-2 pour les
Anglais. Douze ans plus tard, la compétition se déroule en Argentine. Elle fait l’objet d’une
organisation autour de l’Ente Autarquico Mundial 1978 dirigé par l’amiral Lacoste. Grâce à
celui-ci, la junte argentine signe plusieurs contrats avec des firmes multinationales
concernant notamment la modernisation du système de télécommunications argentin afin
d’optimiser la retransmission des rencontres et l’ordre régnant dans le pays de Videla. A
l’époque, Siemens passera le réseau télévisuel à la couleur pour 48 millions de dollars ; sa
filiale majoritaire Osram fournira le matériel d’éclairage et Bosch livrera les salles de mixage,
les caméras et les cars de retransmission.1

Malgré la victoire de l’Argentine en finale de sa Coupe du monde contre les Pays-Bas (3-1),
la dictature de Videla n’en tire aucun bénéficie. Cette compétition contribuera à
l’augmentation de la dette argentine qui s’élève alors à quelques centaines de millions de
dollars avant que la guerre des Malouines ne ruine définitivement ce qu’il reste de crédit à ce
régime criminel. Dans la mémoire collective, le titre que l’équipe de Diego Maradona va
chercher en 1986 va largement contribuer à effacer le souvenir de cette Coupe du monde
passant des mains du général Videla à celles du capitaine de l’époque Daniel Passarella. En
1998, la première victoire tricolore en Coupe du monde est celle de la France surnommée la
France « black-blanc-beur » et la foule était comparable à celle de la libération. L’optimisme
suscité par la victoire a pu faire augmenter de quelques dixièmes de point la croissance
économique, boostée par le boom de la téléphonie mobile et d’Internet. Jacques Chirac,
président de l’époque a même gagné en popularité grâce à ce succès. Mais l’invasion de la
pelouse du Stade de France par des jeunes supporters maghrébins lors du match France
Algérie en 2001, puis les émeutes de l’automne 2005, viennent rappeler le caractère éphémère
et symbolique de ces succès mondiaux.2

Au regard de l’histoire de la compétition, l’enjeu d’une Coupe du monde qu’elle soit


organisée ou seulement disputée par l’équipe nationale est donc d’abord appréciable à partir

                                                                                                               
1
La Coupe du monde : un enjeu politique et économique pour les Etats ? De Paul Dietschy
2
La Coupe du monde : un enjeu politique et économique pour les Etats ? De Paul Dietschy

  25  
de critères qualitatifs difficilement mesurables. Ainsi la victoire de l’équipe de la RFA
(Allemagne de l’ouest) en 1954 a permis sans aucun doute au peuple ouest-allemand de
manifester pour la première fois un sentiment de patriotisme et de fierté nationale, neuf ans
après la défaite de 1945.

On peut donc identifier des enjeux sectoriels plutôt qu’un enjeu général. Le premier se mesure
en terme d’attractivité. Dans la compétition économique, accueillir un tel évènement montre
la capacité à influencer les autres acteurs des relations internationales et à mobiliser les
ressources disponibles. La Coupe du monde sert de vitrine à la modernité supposée des pays
hôtes. De plus au niveau économique, ce genre de compétition permet de réaliser des
investissements structurels en termes de transports. L’affluence de centaines de milliers de
spectateurs entraîne un boom de la consommation ; par exemple, en Croatie, la vente de
viande a augmenté de 30% cet été 2018, suite au bon parcours des Croates.

Par ailleurs, accueillir une Coupe du monde permet de lancer un programme de modernisation
des stades, visant aussi à régler les problèmes récurrents de violences sportives, à mettre en
œuvre un réaménagement urbain et permettant aussi d’attribuer aux stades une autre utilité
autre comme des lieux que celle du profit. En 2006 après la Coupe du monde allemande, les
spectateurs allemands ont ainsi pu bénéficier d’enceintes modernisées et plus confortables
pour suivre le championnat de Bundesliga et les clubs d’outre-Rhin ont accru leurs recettes.
« On a fabriqué un ensemble d’équilibre économique, politique et diplomatique qui est un
levier absolument nécessaire pour le foot. On est dans la passion. Des territoires comme la
Chine, l’Océanie qui étaient réticents à ce sport, se rendent compte de l’importance qu’il a
en Europe et commence à instaurer cette discipline. C’est un phénomène qui va durer »,
analyse Yvan Gastaut.

Aujourd’hui, le football est mondialement connu. 211 pays ou territoires sont membres de la
FIFA contre 192 représentés aux Nations Unies. De plus, de nombreuses pratiques liées au
ballon rond se développent comme le football féminin ou bien le futsal. Le football s’est
trouvé de nouvelles perspectives.1  

                                                                                                               
1
Article RFI

  26  
Partie II : Les autres acteurs du football business

Dans la deuxième partie, il convient d'évoquer comment la médiatisation du football a permis


à un autre acteur du football business de se développer, le sponsoring (A). Par la suite il sera
intéressant d’analyser l’apport des agents dans le business des marchés des transferts (B).
Enfin, il faudra citer les nouveaux acteurs du football business, les investisseurs
étrangers.(C).

A. Le sponsoring, l’autre partenaire privilégié

La relation privilégiée entre les médias et le football profite à un autre acteur majeur du
football business, le sponsoring. Comme les droits télévisuels, le sponsoring est un noyau dur
du financement des clubs. Jusqu’en 1970 la publicité est interdite à la télévision. A partir ce
moment-là, la retransmission sportive devient une vitrine publicitaire pour les annonceurs.
La valeur ajoutée de l’image sportive d’un club, d’une compétition ou d’un joueur existe et
augmente considérablement, avec une déferlante télévisuelle entre 1998 et 2002 et ses
publicités dans lesquelles les champions du monde 1998 sont les protagonistes. Encore
aujourd’hui, on peut apercevoir Zinedine Zidane sur nos écrans de télévision pour des
publicités. Cette relation entre le football et l’entreprise joue un rôle important et introduit
dans les clubs la culture du marketing. En plus de vendre des maillots ou des écharpes, les
clubs de foot se lancent dans une véritable stratégie de merchandising en proposant des
produits de consommation courante (vêtements, sacs, parfums, grille-pain). Avant l’arrivée du
Qatar en 2011 à la tête du PSG, c’était Lyon et Marseille qui étaient les premiers, réalisant
ainsi plus de 10 % de leur chiffre d’affaire.1 Aujourd’hui le PSG logiquement arrive en tête
des clubs français en la matière. L’arrivée de la star Neymar à l’été 2017 a boosté son avance.
En octobre 2017, 50 000 maillots floqués Neymar sont vendus, 86 000 (dont 11 000 la 1ère
journée) maillots ont été achetés au début de l’été 2018 (dont 60% de maillots français), soit
1.100 par jour ; on peut compter aussi 300 000 produits dérivés vendus depuis l’arrivée de
Neymar à Paris. 70% des flocages réalisés en boutique sont au nom de Neymar, devançant
ainsi Cavani et Mbappé. Seulement 10% des maillots achetés ne sont pas floqués, et 4000
visiteurs chaque jour en moyenne viennent à la boutique située sur les Champs-Elysées ; sa
fréquentation est en hausse de 40% en septembre 2017, par rapport à septembre 2016 ; de

                                                                                                               
1
La surenchère des sponsors dans le football de Jean-François Nys

  27  
même que la fréquentation était en hausse de 80% en août 2017 par rapport à août 2016, avec
cette année, 1 000 visiteurs par jour en semaine au mégastore du Parc des Princes (contre 350
en moyenne l’année dernière) ; des sommes faramineuses sont dépensées par les supporters.
1
Mais cette pratique de gagner de l’argent grâce à l’image d’un club date de la fin du XIXe
siècle, époque pendant laquelle le football se professionnalise. A partir de 1896, une série de
50 joueurs de cricket fait partie d’un jeu de cartes à collectionner ; ils se retrouvent dans les
cartons insérés dans des paquets pour éviter que les cigarettes ne s’abiment, le fabricant s’en
sert pour faire leur promotion. Les tabacs ont remarqué que ces cartes étaient un bon moyen
de fidéliser leurs clients et ont ainsi développer des albums collecteurs jusqu’à la Seconde
Guerre mondiale. Dans les années 30, des joueurs de football de haut niveau (Dean,
Matthews) posent fréquemment pour la promotion de certains produits de consommation
comme les cigarettes et les cosmétiques. En France, c’est un club qui va se lancer. En 1929
Jean-Pierre Peugeot ayant réuni toutes les usines sur le site de Sochaux, choisit le club de
football (FC Sochaux) pour valoriser l’image de sa marque. L’équipe professionnelle du
football club de Sochaux est née. L’homme d’affaire déclara à l’époque que le FC Sochaux
était une équipe pro dont le rôle était de « porter bien haut le fanion des automobiles Peugeot
à travers la France, au cours des rencontres qu’elle aura à disputer avec les meilleures
équipes nationales. » M. Peugeot va plus loin dans sa démarche et décide de rendre cette
publicité encore plus efficace en recrutant des grands noms du ballon rond et organise des
rencontres amicales dans toute l’Europe face aux plus grandes équipes. Le non
professionnalisme ne l’effraie pas puisqu’il décide de créer sa propre compétition : la Coupe
Peugeot en 1930, un tournoi qui regroupe les meilleurs clubs français. C’est seurlement en
1932 que la structure deviendra professionnelle2.

Dans les années 1960, avec l’apparition, de la télévision dans les foyers, le ballon rond va
être utilisé massivement comme un support publicitaire. La Coupe du monde 1966 disputée
en Angleterre et remportée par le pays hôte marque le commencement de la médiatisation du
football et de l’attrait qu’il va constituer pour les sponsors.3
Qu’il est loin le temps où Manchester United signait son premier contrat de sponsoring
maillot avec le groupe Sharp pour 600 000 euros en 1982 et ce jusqu’en 2000. Aujourd’hui le
club anglais de Paul Pogba est détenteur du sponsor maillot le plus cher avec le constructeur
                                                                                                               
1
Article RMC Sport
2
Professionnalisation du football et industrie automobile : les modèles turinois et sochalien de P. Diestchy et A.
Mourat
3
« La surenchère des sponsors dans le football » de Jean- François Nys

  28  
automobile américain Chevrolet pour la somme de 65 millions d’euros par an, jusqu’en 2021,
il se place ainsi juste devant le FC Barcelone et son contrat avec le groupe japonais de
commerce et service en ligne Rakuten (55 millions d’euros par an jusqu’en 2021). Les
facteurs qui expliquent la notoriété des sponsors clés (Adidas/ Nike) sont « la durée du
partenariat, le montant investi et la couverture géographique » nous explique Pierre
Rondeau. Prenons l’exemple du FC Barcelone, l’un des plus grands clubs de l’histoire du
football. 20 ans que le club et Nike sont partenaires. A la fin de l’année 2016, le Barça et
Nice prolongent leur partenariat de 10 ans, soit jusqu’en 2026. Le club catalan perçoit depuis
cette année, plus de 150 millions d’euros annuels (par saison). Le précédent contrat rapportait
une cinquantaine de millions d’euros par an. C’est ainsi une nouvelle marge financière offerte
par Nike qui permet au Barca de prolonger ou acheter des joueurs plus facilement sur le
marché des transferts. De son côté, Chelsea a scellé un contrat avec la « marque à la virgule »
de 60 millions de livres par saison (66 millions d’euros) sur 15 ans. Plus les clubs sont
prestigieux et performants, plus la durée du contrat est longue.
Voici le top 10 des contrats équipementiers les plus lucratifs du monde en 2018 :
EQUIPE SPONSOR MONTANT
FC Barcelone NIKE 150 millions d’euros
Manchester United ADIDAS 95 millions d’euros
Chelsea NIKE 66 millions d’euros
Bayern Munich ADIDAS 60 millions d’euros
PSG NIKE 60 millions d’euros
Real Madrid ADIDAS 40 millions d’euros
Arsenal PUMA 40 millions d’euros
Liverpool NEW BALANCE 30 millions d’euros
Juventus de Turin ADIDAS 23 millions d’euros
Milan AC PUMA 20 millions d’euros
*source : sport market

« En sponsorisant une équipe de football, les entreprises visent plus à améliorer leur image
que leur notoriété déjà élevée pour la majorité d’entre elles. Cela permet aussi d’améliorer
les ventes, c’est indéniable, » précise Pierre Rondeau. Malgré la crise économique en 2008,
les clubs européens n’ont pas été touchés. Par exemple, le réassureur américain AIG n’a pas
quitté le club de Manchester United avant la fin de son contrat mi-2010. Les Mancuniens ont
rapidement pris un remplaçant : le groupe Aon, numéro un mondial du courtage d’assurances
de 2011 jusqu’à 2014.

  29  
Si des sponsors arrivent à se pérenniser d’autres disparaissent, comme Opel. Le constructeur
allemand a disparu du monde du football suite à des problèmes financiers malgré ses contrats
avec le PSG, le Bayern Munich ou encore le Milan AC.1

En 1990, avec comme modèle les ligues américaines, Arsenal est devenu l’un des premiers
clubs à enregistrer son nom comme marque commerciale. Aujourd’hui ce phénomène se
développe et de nombreux clubs vendent dans diverses boutiques, des produits à leurs logos et
couleurs. Mais même si les sponsors visent en priorité des partenariats avec des clubs, certains
cherchent à s’associer avec les meilleurs joueurs de la planète. La signature de grandes stars
du football entraine immédiatement la vente de plusieurs centaines de milliers de maillots.
Prenons l’exemple de Cristiano Ronaldo. En 2018, cet été, il quitte le Real Madrid pour la
Juventus de Turin contre un chèque de 100 millions d’euros, devenant à cette occasion, le
joueur le plus cher de l’histoire du club. En 24 heures, 520 000 maillots ont été vendus
flockés à son nom ce qui a rapporté 54,6 millions de recettes à la Juve. Cristiano Ronaldo
représente 140 000 000 de followers sur Instagram. Sa marque déposée « CR7 » est estimée à
102 millions d’euros. Pour le club italien, c’est le jackpot, + de 1,4M d’abonnés sur Instagram
et + 1,1 M d’abonnés sur Twitter suite à l’arrivée du portugais.2
.

Voici le top 5 mondial des joueurs ayant le plus gros contrat équipementier du foot en
2018 :

JOUEUR EQUIPEMENTIER SOMME


Cristiano Ronaldo NIKE 20M/AN
Lionel Messi ADIDAS 12M/AN
Neymar NIKE 12M/AN
Gareth Bale ADIDAS 5M/AN
Mario Balotelli PUMA 5M/AN
* article sportune

                                                                                                               
1
La surenchère des sponsors dans le football » de Jean- François Nys
2
Reportage France TV : Cristiano Ronaldo à la conquête de l’Italie.

  30  
A travers ces chiffres, nous remarquons la lutte entre les deux monstres du sponsoring, Adidas
et Nike qui se livrent une surenchère sans merci pour équiper les clubs, les joueurs mais
également les équipes nationales. Prenons l’exemple de Nike qui a réussi à chiper à Adidas
l’équipe de France en 2011. Un fait important puisque Adidas était un partenaire privilégié de
la sélection tricolore depuis 37 ans pour près de 10 millions d’euros par saison. L’offre de
Nike s’élève à 42 millions d’euros par saison. Adidas a réussi néanmoins à conserver son
contrat avec la sélection Allemande malgré la concurrence de Nike.

Mais Adidas peut tout de même se consoler d’être le partenaire historique de l’organisation
mondiale du football : la FIFA. De plus, l ‘équipementier fournit les ballons officiels de la
Coupe du monde depuis 1970 et propose un modèle de ballon à chaque édition (Tango en
1978, Questra en 1994 ou encore Tricolore en 1998). Pour la Coupe du monde 2006 en
Allemagne, la marque avait vendu pour plus de 10 millions d’exemplaires du ballon officiel
du Mondial (dont 1 million en France). Et la compétition allemande avait permis aux deux
monstres (Nike et Adidas) de développer leur vente de maillots de près de 33% en Europe.1

Nous assistons à une surenchère des sponsors qui ne cessent d’augmenter au fil des années.
Cette réalité s’explique par « une offre limitée pour les sponsors » selon Pierre Rondeau.
« Dans les 5 plus grands championnats européens, la Ligue 1, la Série A, la Liga, la Premier
League, il n’y a que 20 clubs et en Bundesliga allemande, 18 clubs et les équipes nationales
sont naturellement limitées également. Conséquence, une explosion des prix pour obtenir des
contrats exclusifs. Cela ne fait que commencer, » conclut l’économiste.

                                                                                                               
1
La surenchère des sponsors dans le football » de Jean- François Nys

  31  
B. L’omniprésence des agents sportifs

L’engouement médiatique du football a révélé aux yeux du monde entier le produit financier
que pouvait représenter ce sport. Depuis plusieurs années, un acteur en est devenu l’un des
rois, l’agent sportif. L’explosion des transferts dans le football depuis plusieurs années est
liée à l’omniprésence de ces agents sportifs.

L’agent sportif a un rôle d’intermédiaire entre le joueur et le club. Lors d’un transfert, les
joueurs déterminent leurs prétentions salariales, ils ne connaissent pas non plus le salaire des
autres joueurs. Il est compliqué aussi pour eux de savoir quels sont les clubs intéressés par
leur « candidature », et ne connaissent pas la santé financière et la qualité du management du
club ; celui-ci, de son côté, a besoin de savoir quels joueurs pourraient fournir son effectif et
dans quelle état de forme est le joueur qu’il achète. C’est pourquoi l’agent sportif va avoir un
rôle primordial ; il doit savoir se rendre utile pour son joueur et va ainsi faciliter la relation
entre les deux protagonistes.1 Son rôle principal est de défendre les intérêts du joueur qui l’a

                                                                                                               
1
Marché des transferts et agents sportifs : le dessous des cartes de Jean-François Brocard

  32  
mandaté dans le cadre de la négociation avec le club, en vue de la signature du contrat. Il doit
lui donner des conseils juridiques et financiers afin d’optimiser la qualité du contrat.
Mais il peut rendre service au joueur dans d’autres domaines : la gestion de son patrimoine
(via des conseils fiscaux) et la gestion de son image (mise en relation avec des sponsors).

Il y a trois types d’individus derrière ce rôle d’agent sportif, selon les services offerts :
-­‐ Les proches des joueurs
-­‐ Les anciens footballeurs professionnels qui offrent leur réseau
-­‐ Les diplômés universitaires qui offrent leurs compétences techniques

Selon une étude de la Commission européenne, on évalue à 200 millions d’euros le total des
commissions annuelles, touchées par les agents sportifs en Europe. Les institutions comme la
FIFA cherchent à réguler l’accès à la profession. Pour être agent, il faut détenir une licence
délivrée par l’intermédiaire de la fédération nationale. Cette licence est un gage de qualité,
permettant d’attester les compétences juridiques de l’agent sportif. 1

Pourtant, de nombreux faux agents existent dans le milieu. À l’INF Clairefontaine (le plus
prestigieux centre de formation français), où de nombreux grands joueurs français se sont
révélés, comme Thierry Henry, Nicolas Anelka, William Gallas ou encore Blaise Matuidi,
organise chaque année une sélection : 1000 jeunes joueurs sont scrutés et seulement 25 seront
recrutés par les clubs professionnels. En France, il est interdit de signer un contrat avec un
joueur mineur. Pourtant, de nombreux faux agents sont là pour dénicher la perle rare alors
qu’ils sont censés ne pas y avoir accès. Sans la licence FFF, la personne peut encourir jusqu’à
2 ans de prison. Un agent professionnel doit savoir se rendre utile très tôt pour le jeune joueur
et être très convaincant pour les parents, par exemple, en donnant de l’argent aux parents pour
payer des frais de scolarité ; si le joueur reste deux ans à Clairefontaine, l’agent s’engage à
payer les 7000e euros par année.2

Le talent n’est pas une question d’âge. C’est intéressant de recruter de très jeunes joueurs, car
ils peuvent être modelés à l’image et à la culture de jeu du club en question. Faire signer un

                                                                                                               
1
Marché des transferts et agents sportifs : le dessous des cartes de Jean-François Brocard
2
Reportage Cash investigation : Foot business : enquête sur une omerta

  33  
joueur à 12 ans est l’assurance d’avoir des indemnités plus tard quand le joueur signera avec
un autre club.

Prenons l’exemple de la Masia à Barcelone, le centre de formation le plus réputé du monde.


Les trois quarts des footballeurs professionnels du FC Barcelone ont été formés ici. C’est ici
notamment qu’un certain Lionel Messi (détenteur du plus gros salaire annuel dans le monde
avec plus de 100 millions d’euros) a été formé. Après 1 an de formation, si le joueur de 13
ans quitte le club pour un autre, son club touche 90 000 euros d’indemnité. Recruter un jeune
joueur a un autre avantage, cela permet au club formateur, et ce durant toute la carrière du
joueur, d’encaisser 5% pour chacun de ses transferts. Exemple : Thiago Motta formé au FC
Barcelone, a joué durant toute sa carrière, à l’Atlético Madrid, au Genoa, à l’Inter de Milan et
au PSG ; à chaque fois Le Barça reçoit sa part, une somme évaluée à plus de 710 000 euros.
« La course à l’âge », c’est s’assurer une confortable rente pour un club formateur.

Autant d’argent n’attire pas seulement les professionnels du football ; il existe des sociétés de
fond d’investissement qui s’intéressent de plus en plus au succès du football.
Eliaquim Mangala est un défenseur international français, jusqu’en 2011 il joue au Standard
de Liège. Le club décide de vendre son joueur au FC Porto. Le club portugais achète le joueur
6 M et sa clause libératoire est évaluée à 50 M. Fin 2011, le club coté en bourse est éliminé de
la Coupe d’Europe. Il a besoin d’argent rapidement. Quelques jours plus tard, les Portugais
annoncent qu’ils vendent un tiers des droits économiques du joueur Mangala (33,33% =
2.647.059 millions d’euro). L’action du club remonte. Le nouveau propriétaire s’appelle
Doyen Sports, un fond d’investissement, spécialiste de l’extraction d’Uranium et de Charbon.
Le groupe détient une vingtaine de joueurs et investit 2.5M en moyenne par joueur. En France
et en Angleterre c’est interdit. Dans le monde, il existe plus de 1000 sociétés de fond
d’investissement présentes dans l’univers du football.

L’arbitre du foot européen, l’UEFA n’a toujours pas interdit ces mesures. Des risques de
trucages peuvent apparaître si plusieurs joueurs d’un même fond d’investissement s’affrontent
dans une même rencontre. La FIFA, arbitre du football mondial, souhaite interdire à des
tierces personnes de signer un contrat avec une personne directement liée au football. A
l’heure actuelle, il n’y a toujours pas de sanction attribuées aux fonds d’investissement.1  

                                                                                                               
11
Reportage Cash investigation : Foot business : enquête sur une omerta

  34  
Seulement 25% des transferts internationaux se font par l’intermédiaire d’un agent licencié,
les pratiques du marché font débat mais rien n’est fait contre. Aujourd’hui il est difficile de
savoir quels sont les bénéficiaires des transferts. Qui a exactement bénéficié de l’indemnité de
222 millions d’euros, du transfert de Neymar du FC Barcelone au Paris Saint Germain en
2017 ? Les dérives évoquées précédemment remettent en cause le contrôle de l’activité des
agents sportifs. Cette accélération financière est révélatrice des sommes qui sont désormais
injectées dans le football tant pour les droits TV que pour les transferts des joueurs. Ce n’est
donc pas surprenant de voir apparaitre des intermédiaires venant d’univers étrangers au
football qui veulent aussi une part du gâteau. Une similitude que l’on retrouve chez les
nouveaux acteurs du football business, les investisseurs étrangers qui rachètent les clubs de
football.

  35  
C. Les investisseurs étrangers
Aujourd’hui en Ligue 1, les quatre premiers de la saison dernière sont détenus par (à
différentes parts) par des investisseurs étrangers. Depuis 2011, le Paris Saint Germain
appartient à 70% au fond d’investissement qatari, Qatar Investment Authority.et l’AS Monaco
à 66% au milliardaire russe Dimitri Rybolovlev. En 2016, le président lyonnais Jean-Michel
Aulas a déclaré que 20% de son capital avait été racheté par le fond chinois IDG et la même
année l’Olympique de Marseille a été racheté par le milliardaire américain, Franck McCourt.
Ligue 1 et Ligue 2 confondues, nous pouvons constater une dizaine d’autres investisseurs
étrangers. Il y a différentes raisons qui expliquent cet intérêt. 1

Pour Yvan Gastaut, la principale raison est « l’exposition médiatique du foot. De plus en plus
de personnes regardent ce sport. C’est le plus populaire et le plus facile à comprendre. Pour
les investisseurs, investir de l’argent dans le football assure une médiatisation certaine et
permet une grande visibilité. » La deuxième raison selon l’historien est le prix des clubs. Le
PSG n’a été acheté que 40 millions d’euros par le fond qatari. Franck McCourt a déboursé 45
millions d’euros en 2016 pour racheter l’OM. Des prix bien éloignés des clubs étrangers. Le
Milan AC a été vendu à un fond d’investissement chinois pour une somme entre 500 et 700
millions d’euros. Son voisin, l’Inter, a été cédé par un fond d’investissement indonésien pour
270 millions d’euros. Des chiffres qui s’expliquent par une divergence au niveau des
performances sportives. « La France n’a que deux victoires en Coupe d’Europe :
l’Olympique de Marseille en 1993 et le Paris Saint Germain en 1996. Cette année, aucun
club français en quart de finale de Ligue des champions. La finale d’Europa League de l’OM
la saison dernière est un arbre qui cache la forêt. Donc investir en France permet aux
investisseurs étrangers de prendre moins de risques et de bénéficier de la médiatisation de ce
sport, » explique M. Gastaut.

                                                                                                               
1
Article The conversation

  36  
L’autre raison évoquée précédemment est la future valorisation des droits TV. Fin mai 2018,
la Ligue de Football Professionnel a annoncé la nouvelle répartition des droits TV de la Ligue
1 pour la période 2020-2024, 1,153 milliard d’euros par saison. Un montant record pour les
clubs de l’élite qui se partageaient jusqu’à maintenant un peu plus de 760 M€ par an. Soit une
augmentation de 60%.1 Cette forte hausse des droits TV devrait permettre à la Ligue 1 de
franchir un cap en se mettant au niveau des grands championnats européens. À titre de
comparaison, la Liga espagnole est évaluée à 1,6 milliard, la série A italienne à 1,05 milliard
et la Premier League représente 2,3 milliards d’euros. Des chiffres qui permettent aux
investisseurs de s’implanter pendant que les prix des clubs sont encore faibles.

Enfin un dernier point important à ne pas négliger pour Yvan Gastaut, c’est le développement
et l’attractivité du sport en France. « La France a organisé l’Euro 2016 de football. Elle va
organiser la Coupe du monde 2018 féminine ainsi que les Jeux Olympiques de 2024
notamment. Ce qui offre une grande visibilité et une certaine réputation sur le plan
international. De plus la victoire de l’équipe de France à la dernière Coupe du monde en
Russie, est positive pour le sport français, » assure l’historien.

En résumé, une exposition médiatique élevée, une belle valorisation des droits TV à prévoir et
un prix d’achat des clubs expliquent la présence importante des investisseurs dans notre
football. Des investisseurs qui arrivent de l’étranger mais qui n’adoptent pas tous la même
stratégie.

Prenons les deux plus gros clubs français actuels, le Paris Saint Germain et l’AS Monaco.
Depuis 2011, le PSG appartient au fond souverain du Qatar. Son budget est le plus important
en France avec 5OO millions d’euros de budget. Sa stratégie, acheter des grands joueurs
confirmés comme Neymar, Ibrahimovic ou encore cet été Gianluigi Buffon. Les Parisiens
veulent rivaliser avec les meilleurs et ont pour objectif de gagner la Ligue des champions.
Selon l’Observatoire du football, le PSG a dépensé près de 850 millions d’euros pour faire
son effectif actuel. Son trio d’attaque (Neymar-Cavani-Mbappe) représente 466,5 millions
d’euros d’achats. C’est le deuxième effectif le plus cher d’Europe derrière le club anglais de
Manchester City avec 853 millions d’euros, une première dans l’histoire du football.

                                                                                                               
1
Article Foot mercato

  37  
Source :* Observatoire du football

  38  
Pour Monaco, le projet est différent. Son budget est de 170 millions d’euros. Depuis 2014, les
Russes dénichent des pépites en formation ou en post-formation pour les revendre à prix d’or.
Le Rocher s’est fait une spécialité en terme de vente : Bernardo Silva (acheté 15 millions en
2015) vendu pour 50 millions d’euros en Angleterre la saison passée, Anthony Martial
(acheté 5 millions d’euros en 2013) vendu à Manchester United en 2015 pour 50 millions et
l’année elle a vendu la nouvelle perle du football français, Kylian Mbappe (formé au club)
pour 180 millions d’euros au PSG. La liste est encore longue. Comme disait l’ancien
président de l’Olympique de Marseille, Vincent Labrune, l’ASM est un « dépôt vente ». Une
réalité qui n’empêche pas le club du Rocher de faire des performances sportives. Champion
de France 2017, les Monégasques se sont hissés dans le dernier carré de la Ligue des
champions. Des résultats qui permettent une valorisation des joueurs et par conséquent une
revente importante à posteriori. Suite à cette saison 2016-2017 exceptionnelle, le club de la
Principauté a battu des records sur le marché des transferts à l’été 2017, avec un total de
357,5 millions d’euros de revenus sur le mercato. En plus de la vente de Kylian Mbappe (180
millions d’euros) Monaco a vendu huit joueurs dont trois pour des montants supérieurs à 40
millions d’euros. Jamais un club n’avait récolté autant d’argent.1

Pourtant à son arrivée au club en décembre 2011, l’homme d’affaire russe avait opté pour une
toute autre tactique. Souhaitant être le concurrent numéro 1 du Paris Saint Germain sur la
scène nationale, le Rocher n’avait pas hésité à débourser 105 millions d’euros pour signer les
stars colombiennes James Rodriguez et Radamel Falcao. Des investissements qui avaient
porté leurs fruits puisque que Monaco avait terminé second du championnat dès sa remontée.
Mais l’ASM avait creusé son déficit et avait été sanctionné par l’UEFA avec une amende de
13 millions d’euros pour ne pas avoir respecté les règles du fair-play financier. Ce dernier
oblige une équipe européenne à ne pas dépenser plus que ce qu’elle ne gagne. En outre, le
milliardaire a subi un divorce couteux parallèlement à cette sanction.

C’est pour cela qu’en 2014 le club prend un nouveau virage. Monaco arrête les grosses
dépenses et fait signer des jeunes joueurs prometteurs. Tiemoué Bakayoko recruté en
provenance de Rennes en 2014 pour 8 millions d’euros a été revendu 3 ans plus tard à

                                                                                                               
1
Article Le Parisien

  39  
Chelsea pour 40 millions d’euros. Autre point fort monégasque, son anticipation, puisqu’elle
avait déjà prévu le départ de son milieu de terrain en recrutant un autre grand espoir, le belge
Yuri Tielemans (20 ans). Le modèle monégasque est marqué par des cycles, une année basée
sur la vente des meilleurs joueurs, une autre par la conservation de certains de ses cadres.

Alors que Monaco met ses jeunes à l’honneur, le PSG privilégie ses stars. Hormis pendant les
tournées estivales où le club de la capitale fait jouer ses jeunes, ils restent pour la plupart en
réserve ou sur le banc de touche. Un club avec 500 millions d’euros de budget annuel est une
entreprise de spectacle où le résultat est obligatoire. Ce n’est pas une entité sportive dans
laquelle un jeune est amener à progresser vers le plus haut niveau en obtenant du temps de
jeu. Formé au PSG, Adrien Rabiot est une exception, il est parvenu à se faire une place de
titulaire dans le « onze parisien » depuis deux ans.1

Depuis son arrivée il y a 7 ans, l’émir du Qatar a dépensé plus d’un milliard d’euros dans le
projet parisien. Il voulait faire du PSG un rival des grands d’Europe et notamment Manchester
City, détenu par un autre pays du Golfe depuis 2008, le prince d’ Abou Dhabi des Emirats
Arabe Unis. Qatar/Emirats arabe unis, une rivalité qui dépasse les frontières du sport et qui a
pris une dimension encore plus importante depuis la crise du Golfe en juin dernier et la
rupture diplomatique consommée entre les deux nations. Pour redorer son image Doha a
besoin d’une victoire sportive. Malgré l’absence de victoire européenne, le PSG version Qatar
continue son opération séduction.

Depuis 2014, il vise le marché asiatique en y organisant notamment les préparations d’avant
saison du club parisien. L’arrivée de joueurs internationalement connus comme Neymar ou
Buffon est un solide argument de séduction. Le match du trophée des champions 2018 s’est
d’ailleurs déroulé à Shenzen (Chine) entre Paris et Monaco le 4 aout dernier. C’est ainsi que
le club a ouvert récemment son premier bureau en Asie à Singapour. Par ailleurs, avec
l’appui de la Ligue de Football professionnel, le match PSG- Nice (14 mars) a été programmé
un dimanche à 13 heures, heure de grande écoute en Asie. Il a été suivi par 1,6 millions de
téléspectateurs en Chine soit une audience « 16 fois supérieure à la moyenne pour un match
de Ligue 1 » précise la LFP dans un communiqué.2

                                                                                                               
1
Article Eurosport
2
Article Europe 1

  40  
Désormais, le club compte 25% de ses supporters à travers le monde sur le continent asiatique
et plus de 17 millions d’abonnés sur les réseaux sociaux chinois comme weChat et Weibo.
Des chiffres encore éloignés des clubs anglais comme Manchester qui compte plus de 100
millions d’abonnés en Asie.

  41  
CONCLUSION
Au fil de ce mémoire, nous avons pu constater la relation indispensable entre le football et les
médias. Aujourd’hui le football est omniprésent, c’est une réalité, dans notre télé, nos
journaux, sur les sites internet, et à la radio. Il fait partie de notre quotidien. La préparation
des joueurs est observée toute la semaine par les médias. Il y a des conférences de presse
hebdomadaires et des compétitions annuelles, avec l’élection du meilleur joueur du tournoi.
De plus, après les matchs, des émissions de télé et de radio pour débattre du contenu de la
rencontre sont un rendez-vous incontournable. Pour le plus connectés, des articles fusionnent
sur le web, l’information sur le football ne s’arrête jamais. Le ballon rond et les médias sont
inséparables. Avec l’explosion des droits télévisuels, le football et les médias ne peuvent plus
se passer l’un de l’autre.

Le football est plus qu’un sport ou une passion, en 40 ans, il est devenu une industrie du
spectacle dans laquelle les médias semblent désormais réduits à assurer la promotion de ses
blockbusters. Mais à travers cette relation, une question se pose ; quelle est la place du métier
de journaliste dans ce rapport ? Les journalistes cherchent-t-ils leur place dans ce couple ?
L’émotion prédomine souvent sur la réflexion. Stéphane Guy, commentateur des matchs de
Ligue 1 sur Canal +, répète souvent : « Encore 20 minutes dans ce passionnant match de
Ligue 1, j’espère que vous vous régalez chers abonnés de Canal. » Pense- t-il vraiment ce
qu’il dit ? N’a-t-il pas l’impression de vendre en permanence un « spectacle-business » qu’est
devenu le football ?

Malgré tout, je pense qu’un journaliste sportif reste un passionné de sport ; et pour un
passionné de foot, comme pour n’importe quelle passion d’ailleurs, ce qui est fondamental,
tout au début, avant même de penser « business », avant même que la compétition démarre,
c’est le plaisir émotionnel que va procurer le jeu, ce mélange de différentes émotions
importantes qui arrivent tour à tour, sans prévenir, avec force ou insidieusement, ces émotions
indispensables comme la peur, la tristesse, la joie, la colère, ce qui nous fait avancer dans la
vie, alors voilà ce qu’apporte le football aux aficionados, mais aussi à tous les spectateurs
occasionnels, pendant les grands évènements notamment, car ressentir ses émotions fait
oublier tout le reste, notre conscience n’est focalisée que sur notre corps et plus rien d’autre
n’a d’importance à cet instant ; c’est magique, instantanée comme une drogue, qu’on
redemande sans cesse ;

  42  
Grâce aux médias, ces émotions peuvent être réactivées sans cesse, on se repasse
inlassablement tous les buts marqués et autres belles actions de jeu à la télé, dans les journaux
on regarde et on affiche parfois les belles photos des joueurs en pleine action sur le terrain, et
on lit les titres élogieux des victoires, on écoute à la radio la voix de ce héro du jour, le buteur,
qui commente son match, et sur le web on partage nos émotions, nos avis entre supporters…

Alors oui les médias favorisent le foot-business, ils font et défont la notoriété d’un club, d’un
joueur, vont parfois au delà de l’information purement journalistique pour vendre, et pour
faire de l’argent, beaucoup d’argent, beaucoup trop ? C’est un autre débat…
Mais pour la majorité d’entre nous, tous ceux qui n’ont pas la chance de vivre un tournoi, une
compétition ou un évènement international dans un stade, le média est un outil formidable,
dont quasiment personne aujourd’hui ne se passe, et permet la diffusion des matchs pour les
faire vivre comme si nous y étions, un accès à l’information instantané; la banalisation des
hautes technologies nous fait oublier cette chance de pouvoir suivre à distance tous les
évènements.
Alors laissons l’émotion prédominer sur la réflexion de ce mariage de raison qu’ont fait
depuis longtemps maintenant les médias et le football.

  43  
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages  :  
 
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l’amour à tout prix ? éditions Choiseul, « Géoéconomie », 2010

Vincent Duluc, L’affaire Jacquet, éditions Prolongations, 2008

Daniel Riolo, Autopsie du sport français, éditions Hugo sport, 2017

Paul Diestchy, La Coupe du monde : une enjeu politique et économique pour les États ?
éditions Choiseul, « Géoéconomie », 2010

Jean- François Nys, La surenchère des sponsors dans le football, éditions Choiseul,
« Géoéconomie », 2010

Paul Diestchy, Professionnalisation du football et industrie automobile : les modèles turinois


et sochalien, 2006

Jean-François Brocard, Marché des transferts et agents sportifs : le dessous des cartes,
éditions Choiseul, « Géoéconomie », 2010

Article web/presse :

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ligne avec 2014 (consulté le 26 mars 2018)  http://sportbusiness.club/coupe-du-monde-2018-
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FOOTMERCATO, 12/06/2018, Ligue 1 : la répartition des droits TV pour 2017/2018


(consulté le 29 mars 2018)  http://www.footmercato.net/ligue-1/ligue-1-la-repartition-des-
droits-tv-pour-2017-18-devoilee_229012

HUFFINGTONPOST, 16/07/2018, Malgré la victoire de l’équipe de France, TF1 a perdu 15


millions d’euros avec la Coupe du monde 2018 (consulté le 29 mars 2018)  
https://www.huffingtonpost.fr/2018/07/16/malgre-la-victoire-de-lequipe-de-france-tf1-a-
perdu-15-millions-deuros-avec-la-coupe-du-monde-2018_a_23483004/

FOOTMERCATO, 29/05/2018, Droits TV : la ligue 1 vendue pour 1, 153 milliard d’euros


par saison ! (Consulté le 30 mars 2018)  http://www.footmercato.net/ligue-1/droits-tv-la-ligue-
1-vendue-pour-1-153-milliard-d-euros-par-saison_227985

MEDIASPORTIF, 29/05/2018, Droits TV Ligue 1 (2020-2024) : Mediapro et BeIN sports


raflent la mise, Canal + bredouille (consulté le 30 mars 2018)  
https://www.mediasportif.fr/2018/05/29/droits-tv-ligue-1-2020-2024-mediapro-et-bein-sports-
raflent-la-mise-canal-bredouille/

  44  
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http://www.rfi.fr/hebdo/20160610-france-euro-2016-pourquoi-foot-dechaine-passions-
foules-engouement

RMC SPORT, 26/09/2017, vente de maillots rupture de stock, fréquentation, des chiffres
records (consulté le 20 juillet 2018) https://rmcsport.bfmtv.com/football/vente-de-
maillots-rupture-de-stock-frequentation-les-chiffres-record-du-psg-1264623.html

THE CONVERSATION, 27/03.2018, le foot français, nouvel eldorado des investisseurs


étrangers (consulté le 30 juillet 2018)  https://theconversation.com/le-foot-francais-nouvel-
eldorado-des-investisseurs-etrangers-93928

EUROSPORT, 30/03/2018, Monaco, un modèle dont le PSG peut s’inspirer (consulté le 8


août) https://www.eurosport.fr/football/coupe-de-la-ligue/2017-2018/monaco-un-modele-
dont-le-psg-peut-s-inspirer_sto6694787/story.shtml

LE PARISIEN, 01/09/2017, Mercato : avec le départ de Mbappé, Monaco a battu des records
de vente (consulté le 3 août) http://www.leparisien.fr/sports/football/mercato-avec-le-
depart-de-mbappe-monaco-a-battu-des-records-de-ventes-01-09-2017-7228269.php

EUROPE 1, 03/08/2018, Le PSG à la conquête de la Chine, (consulté le 12 août)


http://www.europe1.fr/sport/le-psg-a-la-conquete-de-lest-3725201

Reportage TV :

Reportage  Cash  investigation,  2015  :  Foot  business  :  enquête  sur  une  omerta  
 
Reportage  Stade  2,  2018  :  Cristiano  Ronaldo  à  la  conquête  de  l’Italie.  
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

  45  
ANNEXES

LAURENT PICAT : Rédacteur Web chez RMC SPORT, depuis 10 ans

Quelle est la différence entre votre traitement de l’info de maintenant et celle d’il y a 10
ans ?

« Il y a 10 ans, la ligue 1 était beaucoup plus calme. Il n’y avait pas les investisseurs
étrangers. Il y a plus d’angles, d’info. Les moyens des clubs étaient différents, il y avait moins
de transferts importants, Un exemple, le PSG ne faisait pas de tournée en Asie..
Forcément plus la ligue 1 se développe plus on profite de cet ascension. La ligue 1 se
rapproche des meilleurs en Europe, c’est excitant à suivre.» « Depuis l’arrivée des qataris
(PSG) et des Russes (Monaco) en France et depuis le mercato dernier, il y a un engouement
important sur le foot business. Quand le PSG dépense 400 millions d’euros sur le mercato de
l’été 2017, chez nous ça se traduit sur le site par un record d’audience.» (30 millions de visite
en 2018).

Quels sont les articles les plus souvent lus ?

« Nos articles les plus lus sont souvent liés à l’aspect financiers du foot, les maillots, les
transferts.. Ce qui plait c’est le quotidien, les maillots tout le monde en porte. Le maillot au
club t’identifie de plus près à son club. »

Quel est l’avantage de votre support par rapport aux autres ?

Nous, on traite l’info non stop, on est disponible sur plusieurs supports, ordinateurs,
Smartphone, tablettes accessibles 24h24 que les autres supports. On a cet avantage là par
rapport aux autres supports. Mais la télé et la radio sont plus puissantes car cela monopolise
plus de moyen. 20 millions de téléspectateurs prou la coupe du monde, ce n’est pas des gens
qui sont sur le site mais nous on est avant après. C’est à ce moment là que notre rôle est
important.

  46  
Cet été RMC SPORT a obtenu les droits de la coupe d’Europe. Le site internet par
conséquent à du faire un article « comment regarder Bordeaux Ventspils, pourquoi ?

C’est normal, c’est une logique de groupe où les intérêts se rejoignent. L’intérêt du site
rejoint l’intérêt du groupe à mettre en valeur les matchs qui sont diffusé sur nos . C’est du
gagnant, gagnant. C’est une bonne nouvelle pour le site que nous ayons ces droits. Il va y
avoir une dimension vidéo beaucoup plus importante pour nous et un traitement plus poussé
sur les Coupe d’Europe de football. L’objectif est de combler les lecteurs.

Yvan Gastaut, écrivain, historien du sport et maitre de conférences à l’UFR STAPS de


l’Université de Nice.

Comment la radio traite le football ?


Dans les années 70 quand vous aimez le football. Vous lisez la presse, vous allez au stade et
vous écouter la radio. Il n’y avait pas de matchs télévisés ou très peu. Il y a un tournant, la
retransmission en direct des matches dans les années 70, 80. Il n’y avait pas de match télévisé
ou très peu. La radio avait cette utilité pour les gens. On suivait le déroulé des championnats
grâce à la radio. Mais le tournant c’est RMC qui va le créer avec au début des années 2000
les premières émissions de débat sur le foot. Ils ont fait un pari en privilégiant le football.
Les années 20 et 30, la radio est utilisé comme un outil d’information sportive. Avant cela
c’était seulement militaire. Et cette période correspond à la massification du sport. C’est un
média d’émotion. A l’époque, la radio est un outil de luxe. Elle amplifie la passion du sport.

La médiatisation du football l’aide à être encore plus populaire ?

Oui le c’est le sport le plus médiatisé donc il est le plus connu. Donc il a de plus en plus
adhérents et donc il est encore plus médiatisé. Les footballeurs sont devenus des stars avec
des salaires astronomiques, ce qui attise les passions. Le football prend beaucoup de place au
détriment des autres.

  47  
On ne serait pas dans une overdose du football ?

Ben les médias ne font que répondre à une demande. On est dans l’ère du temps. Il y a 20 ans
, l’ événement c’était les hymnes, le match et on rendait l’antenne que ce soit à la radio ou à
la télé. Maintenant, que ce soit dans la presse écrite, on a du 24 sur 24 avec la préparation
des joueurs quelque jours avant, l’avant match avec un échauffement et des journalistes
embarqués sur le terrain. Un suivi permanent qui est le reflet d’un marché.

Les médias participent au football business ?

Les médias font des paris, c’est un des acteurs. Les médias sont friands des stratégies des
clubs, des finances, des transferts. Tous les types de médias que ce soit le web, la radio, et la
télé bien sur. Donc pour moi oui mais ce sont pas les seuls acteurs.

Comment l’Equipe s’est tourné vers le football ?

L’équipe s’adapte à la passion du football et du lecteur, et commence à s’intéresse a partir


des années 70 et 80 . L’épopée des Verts dans les années 70 a créé un engouement nouveau
pour foot. Il y a un déclic qui se produit et les médias s’en sont servis. Les différents types de
médias se développent alors. Avant 45 le football est anonyme, on s’intéresse plus au vélo, la
boxe.

Le football est l’un des des phénomènes du XX e sicle vous êtes d’accord ?

Bien sûr, au début du XXe siècle personne ne s’intéresse à cette pratique en Europe.
Aujourd’hui c’est devenu un jeu avec des retombées politiques, diplomatiques. Le football
compte dans tous les domaines, l’économie, la culture, le social et la politique. Regardez
comment Emmanuel Macron s’est servi de la victoire pour bonifier son image, sa
communication. Les années 70 80 sont un véritable déclic dans lequel les médias ont leur
place. Au début du siècle on aurait plutôt misé sur le cyclisme, l’athlétisme. Le foot écrase
tout désormais.

  48  
Il a quoi en plus que les autres ?

Il est très accessible, très simple à comprendre avec des règles universelles. Il propose
des scénarios renversants et tous ces éléments mis à dos font que le football a un temps
d’avance sur les autres. Il y a une dimension de spectacle, avec le stade aussi. Et puis le
football il n’y a pas de répit, quand il n’y a plus le championnat, il y a le mercato ou les
compétitions internationales contrairement à d’autres sports ou il y a une pause.

Il n’y a pas d’overdose ?

Les médias traduisent un état d’esprit, on a fabriqué une passion au tour du football. On a
fabriqué un ensemble d’équilibre économique, politique diplomatique qui sont des leviers
autour du foot qui sont devenues une véritable nécessité. On est dans la passion.
Des territoires comme la Chine, l’Océanie qui était réticent envers ce sport se rendent compte
l’importance qu’il a en Europe et commence à se diriger vers cette pratique. C’est un
phénomène qui va durer. On est dans un rapport de force , il faut avoir un équilibre dans
cette relation. C’est un autre type de journalisme maintenant.

Pourquoi les investisseurs étrangers s’intéressent au football ? On en voit de plus en plus


en France

L’exposition médiatique du foot. De plus en plus de personnes regardent ce sport. C’est le


plus populaire et le plus facile à comprendre. Pour les investisseurs, investir de l’argent dans
le football assure une médiatisation certaine et permet une grande visibilité Mais la Ligue 1
est encore en retard sur le plan sportif. La France n’a que deux victoires en Coupe
d’Europe : l’Olympique de Marseille en 1993 et le Paris Saint Germain en 1996. Cette année,
aucun club français en quart de finale de Ligue des champions. La finale d’Europa League de
l’OM la saison dernière est un arbre qui cache la forêt. Donc investir en France permet aux
investisseurs étrangers de prendre moins de risques et de bénéficier de la médiatisation de ce
sport.

  49  
La France va attirer de plus en plus dans le futur ?

La France a organisé l’Euro 2016 de football. Elle va organiser la Coupe du monde 2018
féminine ainsi que les Jeux Olympiques de 2024 notamment. Ce qui offre une grande
visibilité et une certaine réputation sur le plan international. De plus la victoire de l’équipe
de France à la dernière Coupe du monde en Russie, est positive pour le sport français

Jérôme Thomas, producteur de l’After Foot pour RMC Sport depuis 11 ans

Pourquoi avoir crée l’After Foot ?

Gilbert trouvait ça frustrant qu’après les matchs, les supporters ne puissent pas réagir, il y a
tellement de choses à dire après une rencontre de football. Il a fait son étude de marché en
Espagne où c’est très culturel. Les émissions d’après-match sont les plus écoutées. Les
Espagnols vont parfois jusqu’à 3 heures du matin les soirs de grand match. Il a présenté ce
projet à François Pesenti (patron d’RMC). Mai 2006 après un quart de finale de finale de
Ligue des champions, l’After est né. » Une émission qui s’est installé sur la grille et qui fait
désormais plus de 300 000 auditeurs tous les jours. C’est aujourd’hui la seule émission de
radio à parler 7 jours sur 7 du ballon rond. RMC a réussi son pari de faire du football l’un
de ses compagnons de réussite. Pendant la Coupe du monde, il y a qu’une seule radio qui
existe, c’est nous ! Quelle radio à part RMC fait tous les matchs et prend l’antenne tous les
jours de 13h jusqu’à minuit avec un programme 100% Coupe du monde ? De ce fait, nous
sommes la radio de la Coupe du monde »

Depuis 2016, l’After est retransmis sur RMC Sport News, Qu’est-ce que ça change pour
vous ?

La présence de la caméra change un peu le ton. On a une obligation de posture. Au début


c’était un peu perturbant pour tout le monde. Mais dans le fond, l’émission n’a pas change.
Etre à la TV nous offre une plus grande visibilité.

  50  
Pierre Rondeau, expert en économie du sport

Comment le football est traité aujourd’hui par la télévision ?

Un produit spécialement fait pour la télévision payante, Le championnat est présenté comme
un feuilleton chaque saison. Des héros, des drames, des exploits, du suspens, ce qui en fait un
moteur principalement d’abonnement. Les recettes apportées par les opérateurs comme
Canal+ représente la plus grande part du budget des clubs. On peut dire que ces derniers
jouent un rôle de producteur qui vend son produit. Ce serait illogique de voir Canal+ baisser
le montant des droits payés à la LFP, en ayant le risque de voir la valeur de son produit (la
ligue 1) être dévaluée et surtout au risque de perdre un nombre important d’abonnée »

Comment expliquer que TF1 perde à chaque fois de l’argent quand elle investit dans la
diffusion d’une compétition internationale ?

Ce n’est pas une stratégie économique pour TF1 mais c’est pour son image que la chaine
adopte cette tactique ; elle est numéro 1 en France et pour le bien être de sa grille et de sa
réputation, il est capital de diffuser les matchs de l’équipe nationale du sport le plus
populaire et pratiqué dans le monde.

Pourquoi les sponsors investissent dans le football ?


En sponsorisant une équipe de football, les entreprises visent plus à améliorer leur image
que leur notoriété déjà élevée pour la majorité d’entre elles. Cela permet aussi d’améliorer
les ventes, c’est indéniable

Comment expliquer cette explosion des prix pour les sponsors ?

Tout simplement par une offre limitée pour les sponsors. Dans les 5 plus grands
championnats européens, la Ligue 1, la Série A, la Liga, la Premier League, il n’y a que 20
clubs et en Bundesliga allemande, 18 clubs et les équipes nationales sont naturellement
limitées également. Conséquence, une explosion des prix pour obtenir des contrats exclusifs.
Cela ne fait que commencer

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