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Cameroun

2012

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Cameroun
La croissance économique estimée en 2012 à 4.4 % sera soutenue par une reprise de l’activité pétrolière.
Les prévisions pour 2013 (4.6 %), quoique confirmant la vigueur de la croissance, restent encore en deçà
de la performance requise pour atteindre à temps les Objectifs du Millénaire pour le Développement
(OMD).

La politique économique sera marquée par la poursuite de la mise en œuvre des grands projets structurants
identifiés dans le cadre du Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE).

L’insertion des jeunes camerounais dans la vie économique du pays reste un défi à relever. Si l’Etat a
récemment démontré une volonté d’œuvrer en faveur d’une meilleure insertion des jeunes, celle-ci devra
davantage se concrétiser à court et moyen terme.

Vue d'ensemble

L’économie camerounaise devrait continuer de progresser en 2012 pour se stabiliser à un taux de croissance de
4.4 % contre 4.1 % en 2011.

Au niveau sectoriel, les perspectives pour la période 2012‑13 laissent entrevoir une croissance de 5 % du
secteur primaire grâce à la bonne tenue aussi bien du sous-secteur vivrier (+5 % en moyenne) que du sous-
secteur des produits de rente (+5.7 % en moyenne). Le secteur secondaire est prévu croître de 1.4 % sur la
même période, tiré par les activités du sous-secteur des BTP, l’amélioration de l’offre énergétique et la
production des industries agroalimentaires et manufacturières. Le secteur tertiaire devrait également
progresser de 3.7 % grâce notamment au dynamisme dans les transports et les télécommunications.

La consolidation de la croissance prévue en 2012 risque d’entrainer une hausse de l’inflation de 2.7 %, toutefois
contenue en deçà de la limite communautaire de 3 %. En matière de finances publiques, le solde budgétaire
global va s’établir à 0.2 % en 2012 contre ‑1.3 % en 2011, en raison de l’accroissement des recettes pétrolières.
Le solde du compte courant devrait connaître une légère amélioration avec un déficit de près de ‑5.4 % du PIB
(contre ‑6.3 % en 2011) conséquence de l’amélioration du déficit de la balance commerciale (‑1.4 % en 2012
contre ‑3.7 % en 2011).

Un ralentissement soutenu de l’activité économique dans la zone euro pourrait à moyen terme se traduire par
une baisse de la demande extérieure pour le Cameroun, l’Union europénne demeurant son premier partenaire
commercial. Dans ce contexte, l’enjeu majeur pour le Cameroun repose sur la poursuite de la politique de
relance du secteur agricole, de développement des infrastructures et de renforcement de l’offre énergétique,
indispensable pour soutenir la croissance. Le Gouvernement doit également poursuivre la mise en œuvre des
réformes structurelles pour améliorer la compétitivité de l’économie et le climat des affaires.

Dans le domaine de la promotion de l’emploi des jeunes, un certain nombre de plans/programmes d’appui à
l’insertion socio-économique des jeunes ont été mis en place. Le gouvernement devrait toutefois veiller à une
application plus cohérente de ces programmes en liaison avec la Politique nationale de l’emploi. En outre, il est
essentiel d’orienter la stratégie de l’emploi sur le partenariat entre universités et entreprises pour faciliter le
processus de transition vers le marché du travail.

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Figure 1 : Taux de croissance du PIB réel (Centrale)

12.5%

10%
Crois s ance réelle du PIB (%)

7.5%

5%

2.5%

0%
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Taux de crois s ance du PIB réel (%) Afrique centrale - Taux de crois s ance du PIB réel (%) Afrique - Taux de crois s ance du PIB réel (%)

2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.

http://dx.doi.org/10.1787/888932624542

Tableau 1 : Indicateurs macro-économiques

2010 2011 2012 2013

Taux de croissance du PIB réel 3.2 4.1 4.4 4.6

Taux de croissance du PIB réel par habitant 1 2 2.2 2.5

Inflation IPC 1.3 2.5 2.7 2.7

Balance budgétaire % PIB -1.1 -1.3 0.2 0.8

Balance courante % PIB -5.8 -6.3 -5.4 -3.5

2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.

http://dx.doi.org/10.1787/888932604972

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Développements récents et perspectives

Tableau 2 : PIB par Secteur (en pourcentage du PIB)

2006 2011

Agriculture, foresterie, pêche et chasse 21 23.4

Agriculture, élevage, sylviculture et pêche - -

dont agriculture - -

Mines et extraction 11.2 7.2

dont pétrole - -

Industries manufacturières 17.8 16.2

Electricité, gaz et eau 1.1 1

Electricité, eau et assainissement - -

Construction 3.2 5.5

Vente en gros et de détail, hôtels et restaurants 21.4 19.4

dont hôtels et restaurants - -

Transports, entreposages et communications 4.8 7

Transport et stockage, information et communication - -

Finance, immobilier et services aux entreprises 5.2 10.9

Intermédiation financière, services immobiliers, services aux entreprises et autres services - -

Services des administrations publiques 3.6 8.1

Administration publique et défense, sécurité sociale, éducation, santé et travaux sociaux - -

Administration publique, éducation, santé - -

Administration publique, éducation, santé et autres services sociaux et personnels - -

Autres services communautaires, sociaux et personnels - -

Autres services 10.6 1.2

Produit intérieur brut aux prix de base / au coût des facteurs 100 100

Vente en gros et de détail, hôtels et restaurants - -

2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.

http://dx.doi.org/10.1787/888932625530

Selon les données de l’Institut national de la statistique, la croissance s’est établie à 4.1 % en 2011 après un
niveau atteint de 3.2 % en 2010. La structure de la production revèle un fort potentiel dans les secteurs
agricole, forestier et minier. La répartition sectorielle en pourcentage du PIB reste constante d’une année à
l’autre et est dominée par le secteur des services (46.4 % en 2011 et 43.2 % en 2010). Le secteur secondaire a
représenté 26.4 % en 2011 contre 27.7 % en 2010.

En revanche, la contribution du secteur primaire, tirée par l’agriculture et la sylviculture, a augmenté de 21.7 %
en 2010 à 22.9 % en 2011. Le sous-secteur agricole a contribué à hauteur de 3.1 % à la croissance du secteur
primaire. La mise en œuvre des mécanismes de stabilisation a permis de maintenir un revenu stable aux
producteurs. De même, le sous-secteur élevage et pêche a fortement progressé entre 2010 et 2011, avec une

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contribution à la croissance passant de 3.0 % à 16.3 %, en raison de la distribution des intrants et du matériel
aux groupes d’éleveurs.

Le secteur secondaire a contribué à 26.4 % du PIB en 2011, tiré par les secteurs du BTP (bâtiments et travaux
publics), de l’agro-alimentaire et dans une moindre mesure de l’eau et de l’électricité.

La production manufacturière augmente de 4.3 % en 2011 sous l’impulsion de l’agroalimentaire (+5.3 %) et


d’autres industries manufacturières (+3.3 %). La mise en services des centrales du programme thermique
d’urgence en fin 2011 devrait permettre d’accroître la production d’électricité, ce qui va stimuler la valeur
ajoutée des branches agro-industrielles et manufacturières.

Le sous-secteur BTP représente 3.4 % du PIB en 2011 grâce en partie aux efforts du gouvernement visant
l’amélioration du réseau routier et le contrôle des normes techniques de construction des bâtiments publics.

Dans le domaine des industries extractives, l’exploitation du pétrole démeure la principale activité, malgré une
baisse tendancielle de la production pétrolière de 12.6 %. En ce qui concerne les mines et la recherche minière,
les actions du Gouvernement ont porté essentiellement sur l’attribution de 100 titres de recherches minières
artisanales et de permis d’exploitation du diamant de Mobilong à la société Cameroon and Korea Mining. Il
convient également de noter qu’il est prévu de mettre en œuvre des projets d’exploitation du cobalt à
Nkamouna et d’exploitation du fer à Mbalam.

La part du secteur tertiaire dans le PIB s’est établie à 46.4 % du PIB en 2011 contre 43.2 % en 2010, en raison
d’une reprise des activités dans le domaine du commerce, des transports et des télécommunications. Par
exemple dans le domaine des transports, le démarrage des activités de la CAMAIR-Co a permis une
augmentaion du trafic passager de 1.2 % et du fret aérien de 5.7 % au cours du premier semestre 2011. De
même, les télécommunications ont continué à progresser aussi bien en termes de nombre d’abonnés (7.5 % de
croissance en 2010 pour un nombre d’abonnés de 8.9 millions, et 5.5 % de croissance au premier semestre de
2011) que de chiffre d’affaires (9.0 % de croissance). Dans le sous-secteur du tourisme, le nombre des nuitées a
augmenté de 9.6 % par rapport à 2010, selon le Ministère des Finances (MINFI).

Globalement, avec la mise en œuvre de la Stratégie pour la croissance et l’emploi, le taux de croissance
économique est projeté à 4.4 % et 4.6 % respectivement en 2012 et 2013. Ces projections se justifient par la
poursuite des actions initiées en 2010 visant notamment la modernisation de l’appareil productif et le
développement des infrastructures.

Les perspectives au niveau sectoriel pour la période 2012‑13 laissent également entrevoir une croissance de
5 % du secteur primaire grâce à la bonne tenue des sous-secteur vivrier (+5 % en moyenne) et des produits de
rente (+5.7 % en moyenne). Le secteur secondaire devrait croître de 1.4 % sur la même période soutenu par
les activités du sous-secteur des BTP, l’amélioration de l’offre énergétique et la production des industries
agroalimentaires et manufacturières. Le secteur tertiaire devrait également progresser de 3.7 % grâce
notamment au dynamisme dans les transports et les télécommunications.

La poursuite de la politique de relance du secteur agricole, de développement des infrastructures et de


renforcement de l’offre énergétique devrait soutenir la consolidation de la croissance camerounaise dans un
contexte de turbulences économiques dans la zone euro. Toutefois, un ralentissement économique soutenu en
zone euro risquerait d’affecter à moyen terme la demande extérieure et de contenir la croissance.

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Politiques macroéconomiques
Politique budgétaire
L’objectif prédominant du budget 2012 reste l’amélioration des conditions de vie des populations à travers la
consolidation de la croissance et la maîtrise des chocs externes en mettant en place une politique budgétaire
contracyclique.

En ce qui concerne la mobilisation des recettes, l’Etat a privilégié l’élargissement de l’assiette fiscale par une
modernisation de l’administration fiscale et le renforcement de l’efficacité du recouvrement, tout en mettant en
place des incitations permettant notamment aux entreprises exerçant dans l’informel d’en sortir
progressivement.

En 2011, la pression budgétaire s’est s’accentuée dans un contexte politique marqué par la tenue de l’élection
présidentielle. La politique budgétaire s’est traduite par une hausse des dépenses totales d’environ 8 %,
caractérisée par une augmentation des dépenses en capital de près de 14 % et une augmentation des dépenses
courantes d’environ 6 %. Si les dépenses courantes continuent de représenter près des trois quarts des
dépenses totales, la part relative des dépenses en capital, financées sur ressources propres de l’Etat, s’est par
contre légèrement accrue en 2011. La hausse des dépenses publiques a partiellement été contrebalancée par
l’augmentation des recettes, notamment des recettes pétrolières soutenues par la bonne tenue des cours du
baril.

L’amélioration des procédures de recouvrement des recettes fiscales à travers l’élargissement de l’assiette
fiscale et la dynamisation de la Douala Stock Exchange va se poursuivre en 2012 et devrait favoriser la
mobilisation des ressources internes. Sur le plan externe, le Gouvernement va renforcer ses partenariats
traditionnels (bilatéral et multilatéral) à travers la mobilisation des financements traditionnels tels que les fonds
de l’Initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE), tout en continuant sa stratégie de diversification des
sources de financement avec les pays émergents (Chine, Inde, Brésil, Corée du Sud).

Tableau 3 : Opérations financières de l'Etat (en pourcentage du PIB)

2003 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Recettes totales (avec dons) 16.9 47.6 20 21.2 17.1 16.6 17.2 17.9 18.3

Recettes fiscales 10.6 17.2 10.9 11.1 10.3 10.3 10.6 10.5 10.4

Recettes pétrolières 4.1 - 6.4 7.8 4.6 4.2 4.5 5.3 5.8

Dons - - - - - - - - -

Dépenses totales (et prêts nets) (a) 15.4 14.6 15.7 19 17.5 17.7 18.5 17.7 17.5

Dépenses courantes 13.3 11.7 11.7 13.4 13.5 13.8 14 13.2 12.8

Sans les intérêts 11 10.8 11.2 13 13.2 13.5 13.6 12.9 12.5

Salaires 5.3 4.5 4.4 5.4 5.7 5.4 5.4 5.6 5.6

Intérêts 2.3 0.9 0.5 0.4 0.3 0.3 0.3 0.4 0.3

Solde primaire 3.8 34 4.8 2.6 -0.1 -0.8 -1 0.5 1.2

Solde global 1.5 33 4.3 2.2 -0.4 -1.1 -1.3 0.2 0.8

2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.

http://dx.doi.org/10.1787/888932626518

Politique monétaire
La politique monétaire est définie et conduite par la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) dont
l’objectif est d’assurer la stabilité des prix internes et externes. Pour atteindre cet objectif, la BEAC dispose de
trois instruments: le taux d’intérêt directeur, la politique d’intervention sur le marché qui lui permet d’agir sur

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le marché monétaire et de contrôler la quantité du refinancement, et la politique des réserves obligatoires.
Depuis la crise financière de 2008, la BEAC a assoupli les conditions de refinancement des établissements de
crédit mais l’effet sur l’activité économique est resté limité en raison de la surliquidité du système bancaire.

Une progression du taux d’inflation est à noter, passant de 1.3 % en 2010 à 2.5 % en 2011; ce qui reste
conforme à la norme communautaire. Cette augmentation s’explique principalement par le regain de l’activité
économique. Par ailleurs, le Gouvernement a poursuivi ses efforts en faveur de la facilitation des importations
(réduction des droits de douane sur plusieurs produits alimentaires en vue de l’approvisionnement des marchés)
et de la subvention des produits pétroliers à la pompe, ce qui a contribué à contenir le niveau de l’inflation.

La politique monétaire contracyclique poursuivie par la BEAC pour stimuler l’activité économique (ralentie par la
crise financière) s’est traduite par une diminution du niveau des réserves de l’Etat estimées à 5.5 mois
d’importations de biens et services en 2011 (7.1 en 2010). La reprise amorcée en 2010 a permis une
reconstitution des avoirs extérieurs qui ont enregistré une hausse de 4.3 % suivie d’une baisse de 10 % en
2011. Les crédits à l’économie ont progressé de 17 % environ. Les crédits à court terme sont restés
prédominants dans les créances du système monétaire sur l’économie. La masse monétaire (M2) progresse avec
un taux de croissance estimé à 9.8 % en 2011 mais dans une moindre proportion qu’en 2010.

Les activités du marché monétaire demeurent timides avec une seule opération enregistrée sur le
compartiment interbancaire au cours de l’année 2011. L’encours des placements à la BEAC des établissements
de crédit éligibles et des institutions financières publiques est passé à 192 milliards XAF (Franc CFA BEAC) en
juin 2011 contre CFA 346 milliards en juin 2010 avec un encours des crédits consolidés sur l’Etat s’élevant en
glissement annuel à CFA 231 millions. Le taux de couverture de l’émission monétaire s’est stabilisé autour de
95 %, en deçà du niveau sous-régional.

Coopération économique, intégration régionale et commerce


Le Cameroun appartient à la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) et à la
Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale (CEEAC)[1] qui devraient fusionner pour faciliter la
création d’une monnaie unique africaine d’ici 2028 pour les huit Communautés économiques régionales (dont la
CEEAC), délimitées par l’Union africaine. Dans ce contexte, un Comité de pilotage a été installé le 5 juillet 2010
avec pour objectif de faciliter le processus de rationalisation devant conduire à terme à une harmonisation du
cadre institutionnel et des projets de la CEEAC et de la CEMAC.

Le Cameroun renforce aussi sa coopération avec les nouveaux pays émergents, sans toutefois abandonner ses
partenaires traditionnels. Ainsi au premier semestre de l’année 2011, 18 accords et conventions de financement
d’un montant de CFA 675 milliards ont été signés entre le Gouvernement et les bailleurs bilatéraux et
multilatéraux.

Le commerce extérieur est faiblement diversifié aussi bien au niveau des produits que de l’orientation
géographique avec l’Union européenne comme premier partenaire commercial (41 % des échanges en valeur)
suivie par l’Asie Orientale (18.3 %), la zone CEMAC (8 %), l’Amérique du Nord (4.7 %), l’Afrique de l’Ouest
(3.4 %) et l’Amérique latine (2.6 %). Depuis au moins cinq ans, la balance commerciale du Cameroun est
déficitaire et se creuse en raison de l’importance des importations dominées par les produits alimentaires, les
hydrocarbures, les carburants et lubrifiants, les produits chimiques inorganiques et les engrais. Une légère
amélioration de la balance commerciale pourrait intervenir en 2012 (‑1.4 % du PIB contre ‑3.7 % en 2011),
suite à l’amélioration des recettes pétrolières. Cela aura pour conséquence un rétrécissement du déficit du
compte courant de 6.3 % du PIB en 2011 à 5.4 % du PIB en 2012.

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Tableau 4 : Comptes courants (en pourcentage du PIB)

2003 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Balance commerciale 1.3 3.7 3.6 2 -1.1 -2.7 -3.7 -1.4 0.5

Exportations de biens (f.o.b.) 17.8 21.4 24.3 25.3 17.3 16.2 16.7 18.7 20.2

Importations de biens (f.o.b.) 16.5 17.7 20.7 23.3 18.4 18.9 20.4 20.1 19.7

Services -6.5 -4.5 -1.9 -5 -4 -1.7 -1.6 -2.6 -2.5

Revenu des facteurs -3.9 -1.8 -2.4 -1.4 -0.6 -2 -1.7 -2.1 -2.2

Transferts courants 1.4 1.7 2.2 2.6 2.3 0.7 0.7 0.8 0.7

Solde des comptes courants -7.8 -0.8 1.4 -1.9 -3.3 -5.8 -6.3 -5.4 -3.5

2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.

http://dx.doi.org/10.1787/888932627506

Politique de la dette
Le Cameroun a connu un allègement substantiel de sa dette en 2006 à la suite de l’atteinte du point
d’achèvement de l’initiative PPTE. Le ratio de la dette publique/PIB, d’environ 14 % en 2011, en baisse
significative comparativement au niveau enregistré en 2005 (52 %). Le stock de la dette publique s’est accru en
2011 pour atteindre 1 720 milliards XAF, répartis en 1 180 milliards de dette extérieure et 540 milliards de
dette intérieure.

Les paiements au titre de la dette extérieure se sont élevés à 45.4 milliards XAF sur une dotation annuelle de
80 milliards, soit un taux d’exécution de 56.8 %. Ils ont été composés de 14.9 milliards d’intérêts et
30.5 milliards de principal. S’agissant de la dette intérieure, les paiements effectués se sont chiffrés à
114.7 milliards XAF sur une prévision annuelle de 290.8 milliards, soit un taux d’exécution de 39.4 %. Ils sont
composés notamment de 25.7 milliards d’amortissements du principal, de 44.3 milliards de remboursement de
crédits de TVA et de 43.6 milliards d’arriérés intérieurs. Le Cameroun envisage de recourir à un nouvel
emprunt obligataire d’un montant de 200 milliards XAF pour financer les projets structurants annoncés par le
Président de la République dans le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE). Le ratio
d’endettement du Cameroun reste faible à environ 14 % bien en deçà de la référence communautaire qui est
fixée à 70 %.

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Figure 2 : Part de l’encours de la dette extérieure dans le PIB et ratio du service de la dette sur les
exportations (en pourcentage)

50%

40%

30%
Pourcentage

20%

10%

0%
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Dette/PIB Service de la dette/Exportations

2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.

http://dx.doi.org/10.1787/888932624542

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Gouvernance économique et politique
Secteur privé
Selon les résultats du Recensement général des entreprises de 2009, le Cameroun compte 93 969 entreprises
concentrées en grande partie dans les villes de Yaoundé et de Douala. La forme juridique fait ressortir la
prédominance des SA, SARL et SARLU. Les mesures prises par le Gouvernement depuis plusieurs années,
consignées dans le rapport du Cameroon Business Forum (CBF), marquent les efforts entrepris pour créer des
conditions plus favorables à la création d’entreprise même si le chantier des réformes du climat des affaires
reste important. Selon le rapport Doing Business, le Cameroun a connu une bonne progression sur le plan des
réformes liées à la création d’entreprise. Globalement, il se positionne au 161ème rang sur le classement 2012,
en progression continue depuis 2010 où il occupait le 173ème rang. Le CBF vise, parallèlement aux objectifs du
DSCE et s’agissant du cadre des affaires, le renforcement du suivi et du dialogue sur le climat des affaires entre
le Gouvernement et le secteur privé, la poursuite de l’harmonisation du cadre juridique avec le modèle de
l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA) et la mise en œuvre de la Charte
des investissements.

Le rôle du CBF consiste également à formuler et à mettre en œuvre, dans certains domaines, des réformes en
droite ligne avec l’amélioration du climat des affaires au Cameroun. C’est dans ce contexte que les actions
suivantes ont été entreprises: (i) création de trois nouveaux Centres de formalités de création d’entreprise; (ii)
simplification des formulaires de déclarations fiscales de 32 à 22 formulaires ; (iii) vulgarisation des mécanismes
de règlements alternatifs des litiges. Quelques mesures de suivi ont été prises par le gouvernement, en
l’occurrence, (i) la mise en œuvre du projet de dématérialisation des procédures des opérations du commerce ;
(ii) l’extension des guichets uniques de facilitation des transactions foncières et domaniale dédiés aux
entreprises dans tous les chefs-lieux de département ; (iii) la mise en œuvre de la déclaration pour
l’accomplissement des obligation fiscales ; et (iv) la poursuite de la mise en œuvre du plan d’action prioritaire
pour la réforme du système judiciaire.

Secteur financier
Le système financier camerounais est caractérisé par une forte surliquidité, une forte concentration des activités
de crédits et de dépôts et un faible développement des innovations financières. Le marché bancaire est en
particulier faiblement développé et les opérations de prêts ne concernent que les banques du même groupe.
Les premiers bénéficiaires des crédits accordés sont les entreprises privées, avec environ 65 % du total des
crédits. Les entreprises publiques et les particuliers détiennent respectivement 13.2 % et 12.2 % de l’encours
des crédits. La répartition des crédits à l’économie selon la durée est dominée par les crédits à court terme qui
représentent 64.9 %, les crédits à moyen terme et à long terme représentant 32.9 % et 3.2 %, respectivement.

Le marché boursier, faiblement capitalisé (XAF 94 milliards en 2011) est animé par seulement trois entreprises à
savoir la SEMC, la SAFACAM et la SOCAPALM. En vue de promouvoir et de dynamiser le marché financier, le
Gouvernement envisage de prendre plusieurs mesures dont: la création d’un cadre législatif sur les Organismes
de placement collectif des valeurs mobilières (OPCVM) et la finalisation des réformes sur la dématérialisation des
valeurs mobilières.

Le secteur de la microfinance reste un complément efficace du secteur bancaire traditionnel dans le financement
à court terme des activités en faveur des pauvres. Le Gouvernement entend améliorer le rôle de refinancement
des établissements de microfinance de la Banque centrale à travers: (i) la consolidation et l’extension des
services financiers de base, ainsi que l’amélioration de la qualité des prestations des Établissements de
microfinance (EMF) ; (ii) le renforcement du contrôle et de la transparence au sein des EMF, (iii) le partage des
rôles entre la Commission bancaire de l’Afrique centrale et la Cellule de contrôle des EMF ; et (iv) le
renforcement de la monétisation.

Il convient de relever que le système financier s’est enrichi d’un nouvel établissement financier public et de
deux établissements spécialisés de crédit, portant ainsi à 15 le nombre des banques en activité. La mise en
œuvre du plan d’action de renforcement de l’intermédiation financière s’est poursuivie avec la signature des
textes visant à renforcer le cadre juridique et réglementaire et à diversifier les instruments financiers.

Malgré l’assainissement du système financier, les normes prudentielles ne sont pas toujours respectées par
toutes les banques. Ainsi, sept banques en activité disposent de fonds propres nets suffisants pour honorer
l’ensemble des normes prudentielles. La norme prudentielle respectée par le plus grand nombre
d’établissements est celle se rapportant au rapport de liquidité. La norme relative au coefficient de
transformation constitue celle à l’égard de laquelle l’on observe le plus grand nombre de banques en infraction.

Gestion du secteur public, institutions et réformes

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Au cours de l’année 2011, le Gouvernement a mis en œuvre une série de reformes structurelles et
institutionnelles dont le but est d’assainir les finances publiques et d’améliorer le cadre des affaires ainsi que la
compétitivité de l’économie. S’agissant des entreprises publiques, il convient de signaler que le lancement des
activités de la Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co) est effectif depuis le 28 mars 2011. A partir de 2012,
le réseau sera déployé en Afrique de l’Ouest et dans la CEMAC. De même, les actions engagées à la Campost
avec l’assistance technique de la société française d’études postales (Sofrepost) ont permis : (i) d’améliorer le
service courrier sur le triangle Douala-Yaoundé-Bafoussam et sur les villes périphériques; (ii) d’accroître le
chiffre d’affaire et le résultat net de l’entreprise; et (iii) de réduire le montant de la dette vis-à-vis des
épargnants.

Un plan de modernisation des finances publiques a été adopté avec: (i) la mise sur pied du manuel de
préparation du budget programme; (ii) l’élaboration d’un cadre participatif et opérationnel pour la chaîne
Planification-programme-budgétisation-suivi/évaluation (PPBS) ; (iii) l’élaboration des stratégies sectorielles et
ministérielles prioritaires assorties des plans d’action prioritaires et (iv) la création d’un Comité interministériel
d’examen des programmes.

La phase opérationnelle de décentralisation entamée par le Gouvernement en 2010 s’est poursuivie en 2011
avec l’augmentation du nombre de départements ministériels ayant transféré leurs compétences. De même, en
vue de favoriser et d’optimiser la mobilisation des recettes des collectivités territoriales décentralisées, le
Comité national de finance local (CONFIL) a été crée et le décret fixant les modalités de coopération
décentralisée signé.

Gestion des ressources naturelles et environnement


Le Cameroun est un pays aux dotations naturelles immenses et d’écosystèmes très divers. Le pays est
signataire de plusieurs conventions internationales au rang desquelles la Convention sur la diversité biologique
et la Convention de l’ONU sur le changement climatique. Cependant, le pays subit une pression significative sur
sa biodiversité et ses ressources biologiques qui s’est traduite par une dégradation de ses forêts, un taux de
déboisement de 0.9 % par an et une diminution continue de sa superficie de terres arables par habitant. Le
rapport sur le développement humain 2011 indique un indice de performance environnemental du Cameroun
qui se situe à 44.6. La diminution de la couverture forestière est de l’ordre de 1 % par an, tandis que les
espèces menacées concernent 11 % de l’ensemble des espèces. En moyenne 204 personnes sur 1 million sont
victimes des catastrophes naturelles; 15.3 % de la population vivent sur des terres dégradées et la pollution de
l’air à l’intérieur constitue un facteur de décès de 664 personnes pour un million d’habitants.

Dans le cadre du DSCE, le gouvernement entend mettre en œuvre un certain nombre d’actions visant
l’aménagement et la régénération des forêts, la protection de la fertilité des sols, la conservation des ressources
en eau et la conservation de la biodiversité.

Contexte politique
Le contexte politique a été marqué en 2011 par l’organisation de l’élection présidentielle par l’organisme
indépendant nouvellement créé, Elections Cameroon (Elecam).

Elecam a enregistré au départ plus d’une cinquantaine de dossiers de candidatures dont 23 ont été retenues au
final. La Cour Suprême a proclamé les résultats officiels le 21 octobre 2011, après avoir classé sans suite
18 recours en annulation déposés par l’opposition. Le Président sortant Paul Biya a été reconduit avec 77.99 %
des voix, avec un taux d’abstention de 34.17 %. Il était suivi de Ni John Fru Ndi qui a enregistré 10.71 %, puis
Garga Haman Adji avec 3.31 %. Suivaient Adamou Ndam Njoya avec 1.73 % des voix et Ayah Paul Abine avec
1.26 % des voix; le reste des candidats ayant enregistré chacun moins d’un pour cent de voix.

Le nouveau Gouvernement, conduit par le Premier Ministre Philémon Yang a été formé le 9 décembre 2011.
L’organisation et la structure du gouvernement ont pris en compte les grands équilibres traditionnels et
l’urgence de la réalisation du projet de société du Président Paul Biya qui ambitionne de faire du Cameroun un
pays émergent d’ici 2035. Les principaux changements concernent d’une part, la création d’un ministère en
charge des marchés publics et directement rattaché à la Présidence de la République et, d’autre part,
l’augmentation du nombre de femmes dans l’équipe gouvernementale.

Perspectives économiques en Afrique 2012 11 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA


Contexte social et développement humain
Développement des ressources humaines
Avec un taux de croissance annuelle de 2.8 %, la population camerounaise a été estimée à
19 406 100 d’habitants en 2010. Elle est essentiellement jeune avec plus de sa moitié âgée de moins de 20 ans.
Face à cette main-d’œuvre potentielle, le Gouvernement compte poursuivre ses efforts d’amélioration du
niveau de formation et de promotion d’un système éducatif performant, accessible au plus grand nombre et en
adéquation avec le marché de l’emploi.

La priorité du Gouvernement camerounais dans le secteur éducatif reste la poursuite des Objectifs du Millénaire
pour le développement (OMD). Il s’agit plus spécifiquement de l’atteinte des OMD 2 et 3 relatifs à l’éducation
primaire universelle et à la promotion de l’égalité des genres. En 2011, l’allocation budgétaire à ce secteur a
baissé à 14 % (contre 16 % en 2010) dont une partie significative a été consacrée aux dépenses de
fonctionnement. Les actions programmées dans ce secteur s’articulent autour de: (i) l’organisation en 2012 d’un
grand forum du système éducatif en vue de définir les grandes orientations stratégiques du secteur de
l’éducation ; (ii) la réforme de tous les programmes scolaires, professionnels et universitaires selon l’approche
par les compétences, en vue de les rendre cohérents, en conformité avec l’amélioration du rendement interne
et de l’efficacité externe du système ; (iii) la création d’une agence d’assurance-qualité commune à l’ensemble
du système éducatif et destinée à définir les normes curriculaires, à orienter les apprenants vers les divers
parcours existants et potentiels en relation avec la demande réelle du marché de l’emploi ; et (iv) la
construction et l’équipement des établissements d’enseignement secondaire et de centres de formation de
référence, d’un centre de formation aux métiers par région en tenant compte des spécificités régionales ainsi
que d’un centre d’ingénierie de la formation et de la qualification professionnelle.

En matière de santé, la stratégie pour l’horizon 2011‑15 se concentre sur la réduction de la mortalité infanto-
juvénile, la santé maternelle et la lutte contre le VIH/Sida. Un cadre de dépense à moyen terme (CDMT) a été
élaboré pour la période 2011‑2013, basé sur quatre programmes à savoir : (i) santé de la mère, de l’adolescent
et l’enfant ; (ii) lutte contre la maladie notamment le Sida, le paludisme, la tuberculose le diabète et
l’hypertension artérielle ; (iii) promotion de la santé et (iv) viabilisation du district de Santé. Le budget alloué au
secteur santé bien qu’en augmentation chaque année reste toujours en deçà des exigences internationales.

Réduction de la pauvreté, protection sociale et travail


En 2011, le Gouvernement camerounais a poursuivi la mise en place des programmes ciblés appelés filets
sociaux dont l’objectif est de venir en aide à certains groupes de personnes vulnérables tels les handicapés, les
personnes du troisième âge, les femmes veuves, les populations marginalisées etc. Les actions menées en vue
de la garantie du droit à la sécurité sociale ont concerné la mutualisation du risque-maladie et le paiement des
prestations sociales.

Dans le cadre de l’encadrement de la jeunesse, l’action gouvernementale s’est traduite par des programmes
d’insertion socio-économique et de lutte contre le chômage des jeunes. C’est dans ce contexte que le
gouvernement a récemment initié le recrutement 25 000 jeunes dans la fonction publique, suite à la décision
présidentielle prise dans le contexte de la dernière élection présidentielle de 2011. Cette mesure vient en
complément du Programme d’appui à la jeunesse rurale et urbaine (PAJER-U) qui a permis l’élaboration d’un
manuel de procédure d’accès au financement et la mise en place d’un Fonds national d’insertion des Jeunes.

Égalité hommes-femmes
Selon les résultats du troisième Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) de 2010, le
Cameroun compte 50.6 % de femmes dans sa population. Le taux d’accroissement de cette population féminine
est de 10.1 % contre 9.9 % pour la population masculine.

Le Cameroun a ratifié les conventions internationales en matière d’égalité des sexes, y compris la Convention
sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW). Toutefois, on observe
une persistance des disparités fondées sur le sexe dans les secteurs clés de l’éducation, la santé, l’emploi,
l’environnement. Ces disparités sont renforcées par le poids de la culture et des traditions.

Les inégalités en termes de revenus persistent et la pauvreté touche plus les femmes (52 % de la population
pauvre). L’emploi est tout aussi défavorable aux femmes, avec un taux d’activité au sens du Bureau
international du travail (BIT) de 79.5 % pour les femmes contre 86.2 % pour les hommes.

Sur le plan politique, seules neuf femmes figurent parmi la soixantaine de membres du nouveau gouvernement.

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Analyse thématique : Promouvoir l’emploi des jeunes

La promotion de l’emploi des jeunes est au cœur des préoccupations du Gouvernement camerounais. Elle
connaît un coup d’accélération avec notamment l’élaboration et la mise sur pied d’un Plan Jeunesse (2009‑13)
visant à rendre opérationnelle la politique nationale de la jeunesse adoptée en 2006. Malgré ces efforts, le
chômage et le sous-emploi des jeunes sont restés persistants. En effet, selon la dernière Enquête nationale sur
l’emploi et le secteur informel (EESI) réalisée par l’Institut national de la statistique (INS) au cours de l’année
2010, le taux de chômage élargi des jeunes (15 à 35 ans) se situe à près de 13.0 %. Le sous-emploi est estimé à
71.9 % (dont 54.4 % et 79.2 % respectivement en milieux urbain et rural).

La décision de recrutement de 25 000 jeunes camerounais prise par le Président de la République le 10 février
2011 vise à induire une dynamique nouvelle sur le marché de l’emploi. Cette décision s’inscrit dans le cadre de
la mise en œuvre de la Stratégie pour la croissance et l’emploi et intervient dans un contexte socio-économique
caractérisé par une forte demande sur un marché de travail où le secteur formel ne couvre qu’environ 10 % des
emplois. La tranche de la population ciblée (17‑40 ans) par ce recrutement constitue un poids démographique
se situant à environ 37 % de la population totale. Même si le taux de chômage pour cette tranche d’âges est
relativement bas (5.4 % selon la définition du BIT), il est fortement masqué par un sous-emploi global qui
touche plus de 70 % de personnes en activité. Les diplômés de l’enseignement supérieur sont les plus affectés
que ce soit par le chômage que par le sous-emploi.

Il convient alors de s’interroger sur les principales raisons de la persistance du chômage de ces derniers. Une
telle entreprise recommande, cependant, une analyse de la stratégie d’emploi des jeunes au Cameroun, ainsi
qu’une attention toute particulière à la transition de l’école au travail et l’inadéquation des compétences.

Pilier de la politique nationale de la jeunesse, le Plan Jeunesse (2009–13) vise à assurer l’insertion socio-
économique des jeunes. Il repose sur 13 programmes prioritaires dont le Plan d’action national pour l’emploi
des jeunes (PANEJ), qui constitue la principale stratégie mise en place par les pouvoirs publics pour favoriser
l’emploi de la tranche de la population âgée de 15 à 35 ans. Il est élaboré par le Ministère de la formation
professionnelle (MINEFOP) en concertation avec le Ministère de la jeunesse et de l’éducation civique (MINJEUN)
et bénéficie de l’expertise du Fonds national de l’emploi (FNE). Les axes stratégiques du PANEJ reposent sur
deux modules : un premier basé sur les services de soutien à la création d’emplois et un second sur la création
d’emplois effectifs sur le terrain à travers des actions concrètes. Le premier module comprend cinq composantes
ou programmes, à savoir : décentralisation et emploi des jeunes ; gouvernance, secteur privé et emploi des
jeunes ; politique et systèmes de formation professionnelle ; systèmes d’information du marché du travail et
consolidation de l’emploi des jeunes par la lutte contre le VIH/Sida. Le deuxième module compte quant à lui
11 composantes ou programmes, à savoir : volontariat et emploi des jeunes ; développement des PME/PMI ;
emploi des jeunes dans l’économie informelle urbaine ; entreprises coopératives de travailleurs jeunes ;
développement de l’emploi des jeunes en milieu rural ; activités de haute intensité de main-d’œuvre et emploi
des jeunes ; diaspora et emploi des jeunes ; secteur public et emploi des jeunes ; secteur industriel et emploi
des jeunes et secteur des services et emploi des jeunes.

Ces axes stratégiques sont renforcés sur le terrain par deux types de mesures actives mises en place par le FNE.
Le premier type de mesures concerne l’appui à l’insertion des jeunes à la recherche d’un emploi. Le deuxième
revoie aux mesures en amont à l’attention des jeunes scolaires ou universitaires pour leur permettre de mieux
construire leur itinéraire de qualification, en vue de leur future insertion.

En ce qui concerne les mesures d’appui à l’insertion des jeunes à la recherche d’un emploi, le FNE a mis sur pied
un dispositif qui se déroule en trois temps : l’accueil, le bilan professionnel et l’orientation. Ce dispositif est
renforcé par trois autres mesures que sont les techniques de recherche d’emploi organisées sous forme de
séminaires, un programme d’emploi diplômé conçu à l’attention de jeunes diplômés sans expérience
professionnelle, et des programmes de formation qualifiante pour les jeunes n’ayant aucune connaissance en
termes de métier. Ces mesures viennent en amont de la recherche d’emploi, du fait de l’écart observé entre
les produits du système scolaire et les besoins des entreprises en termes de qualification. Elles visent à créer
une passerelle entre le système éducatif et le milieu professionnel.

Le bilan de ces mesures en faveur des jeunes au 30 juin 2011 est mitigé (239 782 jeunes insérés) du fait de
l’hétérogénéité des acteurs intervenant dans le processus. C’est pourquoi, dans le souci d’accroître leur
efficacité, il est envisagé la création d’un guichet unique géré par le FNE et qui servira de soutien à la réforme
du système éducatif telle que prévue par le Plan Jeunesse.

Comme indiqué ci-dessus, des programmes pour l’emploi des jeunes existent sans qu’il y ait de cohérence entre
ceux-ci et la Politique nationale de l’emploi, qui elle-même tarde à se faire approprier par les différents acteurs
du marché du travail. La conséquence de cet état de choses est que les différents curricula sont déconnectés des
besoins du marché de l’emploi. Cette situation est aggravée par l’absence de dialogue avec les employeurs et
les milieux d’affaires concernant les programmes et les méthodes d’enseignement dans le secondaire et le

Perspectives économiques en Afrique 2012 13 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA


supérieur.

La réforme du système éducatif a pour objectifs généraux, l’amélioration des structures de formation des jeunes
et la promotion de l’adéquation entre la formation et l’emploi. Pour garantir le succès de la réforme, il est
crucial pour le Gouvernement d’orienter sa stratégie sur un partenariat entre universités et entreprises pour
faciliter une plus grande convergence entre curricula et besoins du marché de l’emploi. Il est également
important d’harmoniser les structures d’intervention (qui sont trop nombreuses et onéreuses en termes de
coûts administratifs) en veillant à garantir une plus grande adéquation entre la priorité que constituent les
jeunes et les moyens dégagés.

Au Cameroun, le chômage est surtout un chômage de première insertion. Il affecte essentiellement les jeunes et
les diplômés du supérieur et croît avec le niveau d’instruction. Selon la dernière enquête nationale sur l’emploi
et le secteur informel, le taux de chômage des personnes âgées de 17 à 40 ans est en dessous de 9.0 % pour les
individus ayant atteint au plus le niveau secondaire et au dessus de 13.0 % pour ceux de l’enseignement
supérieur. Plus précisément, quelque soit le type de formation considéré (académique ou professionnelle), il est
de 13.7 % chez ceux titulaires d’un Baccalauréat, 22.8 % pour ceux ayant un Baccalauréat plus deux années
d’études supérieures (Bac+2), 15.7 % pour les titulaires d’un Bac+3 et 10.4 % pour les détenteurs d’un
Bac+4/Bac+5. L’âge moyen des jeunes diplômés en situation de chômage est de 25.9 ans. Ces jeunes chômeurs
sont en majorité des primo demandeurs d’emploi (59.5 % contre 40.5 % pour ceux ayant occupé un emploi). En
outre, il s’agit d’un chômage de longue durée puisque 56.6 % d’entre eux sont depuis plus d’un an à la
recherche d’un emploi. La durée moyenne du chômage est de 34.3 mois. Par ailleurs, parmi les jeunes
chômeurs, 65.9 % préfèrent être salariés du secteur public ou du secteur privé formel, 21.6 % sont pour un
emploi indépendant et 12.4 % sont indifférents. D’autre part, les prétentions salariales des candidats au
recrutement se situeraient en moyenne à environ XAF 119 412 par mois. Cette moyenne varie à la hausse en
fonction des diplômes pour se situer à près de 400 000 XAF pour des titulaires d’un doctorat ou plus.

Ces faits stylisés semblent suggérer que la principale raison du chômage des jeunes au Cameroun provient
essentiellement du côté de la demande. En effet, la préférence des jeunes pour l’emploi salarié accroît celle-ci,
notamment en direction des secteurs public et privé formel qui garantissent un emploi décent et sûr. Or la
capacité d’accueil du premier est limitée, même si les prétentions salariales pourraient être satisfaites par la
grille salariale actuelle du statut général de la fonction publique. La faible activité économique ne permet pas au
secteur privé formel de créer des emplois. Pourtant des mesures d’incitation existent. Une raison régulièrement
avancée par les opérateurs économiques privés est la corruption qui limite le volume d’investissement et par
conséquent le niveau de l’emploi. Toutefois, les raisons du chômage peuvent également provenir du côté de
l’offre ainsi que de problèmes temporaires et structurels.

Notes
[1] La CEEAC compte, en dehors des six pays de la CEMAC (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale,
République centrafricaine et Tchad), l’Angola, le Burundi, la RDC et São Tomé et Príncipe.

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