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Bénin

2012

www.africaneconomicoutlook.org
Bénin
L’économie béninoise a connu une légère croissance, estimée à 3.0 % en 2011. Une tendance qui devrait se
confirmer avec des projections de croissance de 4.2 % en 2012 et 4.1 % en 2013.

Malgré quelques tensions inflationnistes prévues en 2012, le cadre macroéconomique devrait rester stable
jusqu’en 2013.

Les services sociaux de base et l’emploi des jeunes représentent des défis majeurs pour l’amélioration des
conditions de vie de la population.

Vue d'ensemble

L’activité économique au Bénin s’est progressivement rétablie en 2011, au lendemain de l’élection


présidentielle de mars, suivie par des législatives en avril. La relance de l’agriculture après les inondations de
2010 et la remise en état des infrastructures ont porté le taux de croissance à 3.0 % contre 2.5 % en 2010. Le
redressement devrait se poursuivre en 2012 et en 2013 avec des taux de croissance prévus à 4.2 % et 4.1 %.
L’économie béninoise, trop peu diversifiée, n’en reste pas moins vulnérable aux chocs extérieurs. L’économie
dépend trop largement de l’agriculture et du commerce. Les stratégies de relance de la croissance sur la
période 2011-15, axées sur la modernisation et la diversification du secteur agricole et le développement des
infrastructures, devraient cependant permettre une croissance forte et durable.

Le maintien de la stabilité macroéconomique pour accompagner la croissance reste important. A cet égard,
l’accent devra être mis en 2012 et 2013 sur les retombées des réformes en cours dans les régies financières et
au Port autonome de Cotonou (PAC), afin d’augmenter les recettes fiscales. La priorité devra aussi porter sur la
maîtrise de la masse salariale et l’accroissement des dépenses affectées aux secteurs sociaux prioritaires. Le
recours aux ressources concessionnelles et la promotion du partenariat public-privé pour le financement des
projets de développement contribueront à maintenir la viabilité de la dette. La politique monétaire devra
poursuivre deux objectifs : atténuer les tensions inflationnistes générées par la levée partielle des subventions
sur le prix de l’essence au Nigeria voisin, et assurer un niveau de liquidité adéquat pour soutenir l’activité.

Sur le plan social, la pauvreté persiste au Bénin, avec plus de 35 % de la population concernée. Le pays aura du
mal à atteindre la plupart des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) à l’horizon 2015. Aussi la
Stratégie pour la croissance et la réduction de la pauvreté (SCRP) 2011-15 met-elle l’accent sur l’éducation et à
la santé.

Le chômage des jeunes reste inquiétant. L’inactivité et le sous-emploi s’avèrent deux fois plus élevés chez les
jeunes que chez les adultes, en raison de la faiblesse de l’offre d’emploi, de la réticence des employeurs à
recruter de nouveaux venus sur le marché du travail et de l’inadéquation entre la formation et l’emploi.
Plusieurs programmes ont été initiés depuis 2006 pour lutter contre le chômage des jeunes. Leurs résultats
paraissent mitigés, en raison du manque de moyens des structures en charge de l’emploi et du manque
d’informations fiables sur la situation de l’emploi des jeunes. L’emploi en général et celui des jeunes en
particulier représentent l’un des principaux objectifs transversaux de la SCRP.

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Figure 1 : Taux de croissance du PIB réel (Occidentale)

10%

8%
Crois s ance réelle du PIB (%)

6%

4%

2%

0%
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Taux de crois s ance du PIB réel (%) Afrique de l'Oues t - Taux de crois s ance du PIB réel (%) Afrique - Taux de crois s ance du PIB réel (%)

2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.

http://dx.doi.org/10.1787/888932623478

Tableau 1 : Indicateurs macro-économiques

2010 2011 2012 2013

Taux de croissance du PIB réel 2.6 3 4.2 4.1

Taux de croissance du PIB réel par habitant -0.3 0.2 1.5 1.4

Inflation IPC 2.1 2.7 5.4 2.9

Balance budgétaire % PIB -1.6 -0.6 -0.2 -1.1

Balance courante % PIB -6.9 -8.7 -8.7 -9

2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.

http://dx.doi.org/10.1787/888932604896

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Développements récents et perspectives

Tableau 2 : PIB par Secteur (en pourcentage du PIB)

2006 2011

Agriculture, foresterie, pêche et chasse 36 36.1

Agriculture, élevage, sylviculture et pêche - -

dont agriculture - -

Mines et extraction 0.3 0.3

dont pétrole - -

Industries manufacturières 8.4 8.6

Electricité, gaz et eau 1.3 1.2

Electricité, eau et assainissement - -

Construction 4.5 4.7

Vente en gros et de détail, hôtels et restaurants 14.7 18.4

dont hôtels et restaurants - -

Transports, entreposages et communications 8.8 9

Transport et stockage, information et communication - -

Finance, immobilier et services aux entreprises 11.9 10.4

Intermédiation financière, services immobiliers, services aux entreprises et autres services - -

Services des administrations publiques 14.1 11.3

Administration publique et défense, sécurité sociale, éducation, santé et travaux sociaux - -

Administration publique, éducation, santé - -

Administration publique, éducation, santé et autres services sociaux et personnels - -

Autres services communautaires, sociaux et personnels - -

Autres services 0 0

Produit intérieur brut aux prix de base / au coût des facteurs 100 100

Vente en gros et de détail, hôtels et restaurants - -

2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.

http://dx.doi.org/10.1787/888932625454

La reprise amorcée depuis 2006 à la faveur d’une bonne campagne agricole et des réformes structurelles a
connu un frein à partir de 2009. Le taux de croissance de l’économie réelle est passé de 2.7 % en 2009 à 2.6 %
en 2010. Ce ralentissement est dû à divers chocs : la baisse des exportations en 2009, suite à la crise financière
mondiale, le désarmement tarifaire entamé par le Nigeria en 2009 et les inondations de 2010. Cette catastrophe
a endommagé les infrastructures et affecté l’agriculture, tout comme le commerce et le secteur informel.

L’année 2011 a été marquée par les élections, présidentielle et législatives, qui ont ralenti l’activité au premier
semestre. Cependant, la reprise dans l’agriculture et la remise en état des infrastructures après les inondations
de 2010 se sont soldées par un redressement, avec une croissance estimée à 3 % en 2011. Ce taux demeure
toutefois insuffisant pour permettre une amélioration du revenu par tête, pour une population qui croît au

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rythme de 3 % par an.

Au-delà des facteurs conjoncturels, la faiblesse de la croissance reflète des contraintes structurelles : la trop
faible diversification de l’économie nationale et une industrie peu développée.

Le secteur agricole, 35 % du Produit intérieur brut (PIB), tarde à se moderniser et à se diversifier. Pour faire
diminuer la pauvreté, il faudrait que les 70 % d’actifs employés dans l’agriculture voient leurs revenus
augmenter. L’activité agricole est dominée par la filière coton, environ 40 % des exportations. Ses
performances sont minées par des problèmes d’organisation, les aléas climatiques et l'archaïsme des outils de
production. Malgré les réformes engagées dans la filière, la production décline, avec un recul annuel moyen de
25 % depuis 2007. La production de coton a atteint en 2010 son niveau le plus bas depuis vingt ans. En
revanche, la production vivrière a augmenté, grâce au Programme d’urgence d’appui à la sécurité alimentaire
élaboré en réponse à la crise alimentaire de 2008. De même, les performances de certaines cultures
d’exportation, dont l’anacarde, ont soutenu l’activité agricole.

Le secteur des services, plus de 50 % du PIB, englobe le commerce et les activités du PAC. Sa contribution à la
croissance a chuté d’une moyenne de 1.7 % sur la période 2005-2008 à un niveau moyen de 0.9 % entre 2009
et 2011. Le secteur tertiaire a été durement touché par les répercussions de la crise financière et économique
mondiale de 2008 sur les activités d’exportation et de réexportation ainsi que sur les recettes portuaires.

Au niveau de la demande, la consommation finale (environ 90 % du PIB) a été le principal moteur de la


croissance en 2011. Elle a augmenté de 4.5 % en 2011 contre 2.5 % en 2010, sous l’impulsion de la
consommation des ménages et de la hausse de la masse salariale dans la fonction publique. Le taux
d’investissement, pour sa part, s’est accru avec la réhabilitation des infrastructures endommagées par les
inondations, passant de 21.0 % en 2010 à 21.6 % en 2011. Il reste inférieur à une moyenne africaine de 24.0 %.
Le relèvement du taux d’investissement, en particulier de l’investissement privé, constitue un défi important
pour le Bénin dans ses efforts de diversification et de relance.

Le redressement de la croissance économique devrait se confirmer en 2012 et 2013, avec la mise en œuvre des
stratégies de développement définies par le gouvernement, en particulier la SCRP 2011-15 et le plan triennal
de relance de la croissance. La croissance économique est prévue à 4.2 % et 4.1 % respectivement en 2012 et
2013.

Ces niveaux de croissance découleront des mesures prises pour accroître la valeur ajoutée dans les secteurs
agricole et des services. Dans l’agriculture, il s’agit surtout de la fourniture d’intrants spécifiques pour la
production vivrière, de l’aménagement et la mise en valeur des vallées, de l’assainissement de la filière coton,
de l’amélioration des conditions de stockage et de la mécanisation agricole. Au niveau des services, les deux
quais du PAC concédés à un opérateur privé et l’introduction d’un guichet unique ont amélioré la compétitivité
du port. Le désengorgement du port, avec l’ouverture de ports secs, est également porteur de croissance. Par
ailleurs, le secteur secondaire devrait tirer profit de la relance de l’activité des industries textiles avec le
redressement de la filière coton et une implication plus forte du secteur privé.

S’agissant des composantes de la demande, la consommation finale attendue en 2012 s’élève à 3.1 %, puis 5.0
% en 2013, grâce aux augmentations de la masse salariale et aux exportations de produits agricoles.
L’investissement s’inscrirait en hausse de 5.7 % en 2012 et 4.0 % en 2013, sous l’impulsion du plan
d’infrastructures, notamment dans les secteurs des transports et de l’énergie.

Cependant, l’aggravation de la crise de la dette dans la zone euro, la baisse du cours du coton ainsi que
l’instabilité politique et les mesures de libéralisation au Nigeria peuvent remettre en question les projections de
croissance pour 2012 et 2013. En particulier, l’élimination partielle des subventions sur les produits pétroliers au
Nigeria devrait avoir des effets négatifs sur l’inflation au Bénin et le revenu réel des populations.

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Politiques macroéconomiques
Politique budgétaire
La politique budgétaire mise en œuvre en 2010 et 2011 a été prudente et conforme aux objectifs retenus dans
le cadre du programme conclu avec le FMI (Fonds monétaire international), au titre de la Facilité élargie de
crédit, approuvé le 14 juin 2010. La mobilisation des recettes fiscales a été ralentie par la baisse de la
compétitivité du port et les difficultés de mise en œuvre du nouveau programme de vérification des
importations. Du coup, le gouvernement a régulé le niveau des dépenses publiques, afin de respecter le critère
relatif au déficit budgétaire.

Les recettes fiscales sont demeurées stables à 16.2 % du PIB entre 2009 et 2011 et les dépenses de l’État sont
passées de 26.0 % à 21.9 % du PIB. Le ratio du déficit budgétaire global rapporté au PIB a été ramené à 1.6 %
en 2010 et 0.6 % en 2011 après avoir atteint 4.3 % en 2009. Le déficit budgétaire est financé par un
endettement intérieur et des appuis extérieurs à caractère concessionnel.

La réduction des dépenses publiques n’a pas permis d’atteindre les objectifs pour les dépenses d’investissement,
ni celles allouées aux secteurs sociaux prioritaires. En 2011, le gouvernement a accordé la priorité, en ce qui
concerne les dépenses d’investissement, au paiement des décomptes des années antérieures. Du coup,
l’exécution du programme d’investissement a été ralentie. Les objectifs de dépenses allouées aux secteurs
sociaux prioritaires, tels qu’ils ont été fixés dans le cadre du programme économique et financier, n’ont pas été
atteints en 2011. Leur taux d’exécution s’est élevé à 75 % seulement.

Pour 2012, la politique budgétaire devrait rester prudente avec un déficit budgétaire global prévu à 0.2 % du
PIB. Les recettes fiscales devraient légèrement progresser pour atteindre 16.3 % du PIB, soit une hausse de 0.1
point de pourcentage par rapport à 2011. Cette progression est attendue grâce à plusieurs facteurs : le guichet
unique du PAC, le programme de vérification des importations, mais aussi la poursuite de la généralisation de
l’identifiant fiscal unique. Les dépenses publiques seraient en baisse de 0.1 point de pourcentage du PIB par
rapport à 2011. Toutefois, la structure des dépenses reste inchangée. Les dépenses courantes devraient
représenter environ 72 % des dépenses totales en 2012 contre 23 % pour les dépenses d’investissement. Les
dépenses courantes sont dominées par la masse salariale qui représente environ 45 % des recettes fiscales,
contre un maximum de 35 % fixé par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Cette part de
la masse salariale s’explique par les différentes augmentations de salaires accordées par le gouvernement et
l’intégration des agents contractuels dans la fonction publique.

Tableau 3 : Opérations financières de l'Etat (en pourcentage du PIB)

2003 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Recettes totales (avec dons) 18.6 19.2 23.8 21.3 21.7 20 21.6 21.6 20.7

Recettes fiscales 15.1 15.4 16.9 17.2 16.1 16.2 15.9 15.8 16.2

Recettes pétrolières - - - - - - - - -

Dons 1.8 2.3 3 1.8 3.2 1.5 2.5 2.9 2.1

Dépenses totales (et prêts nets) (a) 20.6 19.7 23.6 23 25.9 21.6 24.1 23.2 21.7

Dépenses courantes 13.9 15 16.1 15.7 15.8 15.5 15.1 14.2 16.1

Sans les intérêts 13.3 14.6 14.5 15.3 15.3 15 14.2 13.4 15.5

Salaires 5.2 5.5 5.4 6.1 7.3 7.3 7.4 7.1 7.6

Intérêts 0.6 0.4 1.6 0.3 0.5 0.5 0.9 0.8 0.6

Solde primaire -1.4 0 1.8 -1.4 -3.7 -1 -1.6 -0.8 -0.5

Solde global -2 -0.5 0.2 -1.7 -4.2 -1.6 -2.5 -1.6 -1.1

2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.

http://dx.doi.org/10.1787/888932626442

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Politique monétaire
Le Bénin est membre de l’UEMOA. Sa politique monétaire, conduite par la Banque Centrale des États de
l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), vise la stabilité des prix, devant servir de socle à une croissance économique
durable dans la sous-région. En 2011, la BCEAO n’a pas changé ses taux directeurs. Ainsi, le taux minimum de
soumission aux opérations du marché ouvert (open market) et le taux de prêt marginal sont demeurés à 3.25 %
et 4.25 %. Ces niveaux sont en vigueur depuis juin 2009. Les coefficients des réserves obligatoires ont été
progressivement harmonisés pour les ramener à 7.0 % depuis décembre 2010.

Le taux d’inflation pour 2011 est estimé à 2.7 %, contre 2.1 % en 2010. En hausse, l’inflation reste inférieure au
seuil de 3.0 % fixé par l’UEMOA. Cette accélération de l’inflation en 2011 découle du renchérissement des prix
des denrées alimentaires, à la suite des inondations de 2010, de la hausse du prix des carburants, ainsi que des
spéculations sur les prix de certaines denrées après l’entrée en vigueur du programme de vérification des
importations.

La masse monétaire a augmenté de 10.4 % en 2011 contre 7.2 % en 2010. Cette augmentation résulte d’une
consolidation des avoirs extérieurs nets et de crédits plus importants au gouvernement et au secteur privé. Une
hausse de 10.8 % des crédits à l’économie a été enregistrée en 2011, en rapport avec les créances bancaires
contractées par les entreprises d’importation de produits pétroliers et alimentaires, ainsi que par les entreprises
de BTP (Bâtiment et travaux publics), dans le cadre de l’exécution de projets d’investissements publics.

Pour l’année 2012, le taux d’inflation devrait dépasser la barre des 3 %, en raison de la réduction des
subventions à l’essence au Nigeria. La politique monétaire devrait, dans ce contexte, viser à atténuer les
tensions inflationnistes tout en assurant un niveau de liquidité adéquat pour soutenir l’activité économique. La
hausse de la masse monétaire devrait se situer à 10.5 %, en raison de la progression des crédits au secteur
privé et des souscriptions des banques aux émissions de bons du Trésor.

Coopération économique, intégration régionale et commerce


Le déficit du compte courant extérieur s’est accru en 2011, passant de 6.9 % à 8.7 % du PIB à cause de la
dégradation de la balance commerciale et de la baisse des appuis budgétaires. Les importations de biens et
services ont connu une augmentation en volume de 8.2 % contre 0.2 % en 2010, en liaison avec la hausse des
achats de produits alimentaires, de produits énergétiques et de biens d’équipement. Les exportations se sont en
revanche repliées en volume de 4.5 %, avec la baisse des ventes de coton et le ralentissement du commerce de
réexportation vers le Nigeria.

Le déficit du compte courant est financé par des entrées nettes de capitaux publics et privés à hauteur
respectivement d’environ 40 % et 60 % entre 2009 et 2011. Les flux d’investissements directs étrangers,
provenant essentiellement d’Europe, demeurent encore relativement faibles, représentant moins de 2 % du PIB
contre une moyenne de 4 % à l’échelle du continent. Ils sont concentrés dans les infrastructures portuaires, le
commerce et les télécommunications.

Le déficit du compte courant devrait se situer à 8.7 % et 9.0 % du PIB respectivement en 2012 et 2013. La
stabilité du déficit par rapport à son niveau de 2011 résulterait de la poursuite de la hausse des importations et
de la baisse des transferts courants reçus, qui limiteront l’impact positif de l’accroissement des exportations.

En matière d’intégration régionale, le Bénin est lié notamment aux accords commerciaux de la Communauté
économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’UEMOA. Le pays applique le tarif extérieur
commun (TEC) de l’UEMOA qui comporte 4 bandes se situant entre zéro et 20 %. Des discussions sont en cours
au niveau de la CEDEAO pour la mise en place du TEC élargie à 5 bandes. L’entrée en vigueur du TEC au niveau
de la CEDEAO pourrait ralentir considérablement le commerce de réexportation du Bénin à destination du
Nigeria, une source importante de revenus. Le gouvernement devra anticiper sur cette évolution en accélérant
la diversification de sa base de production et d’exportations.

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Tableau 4 : Comptes courants (en pourcentage du PIB)

2003 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Balance commerciale -7.8 -10.5 -14.4 -13.7 -12.5 -9.1 -12 -11.4 -11.4

Exportations de biens (f.o.b.) 15.2 5.7 9.2 9.8 10.6 12.5 11.5 11.9 10.9

Importations de biens (f.o.b.) 23 16.1 23.5 23.4 23.1 21.6 23.5 23.3 22.3

Services -1.6 -1 -1.3 0.3 -1 -2 -0.1 0.3 -0.8

Revenu des facteurs -0.7 -0.6 -0.2 -0.2 -0.2 -0.3 -0.4 -0.4 -0.3

Transferts courants 4.8 6.3 5.6 5.5 5.9 4.5 4.2 3.9 3.5

Solde des comptes courants -5.3 -5.7 -10.2 -8.1 -7.7 -6.9 -8.2 -7.6 -9

2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.

http://dx.doi.org/10.1787/888932627430

Politique de la dette
L’analyse de la viabilité de la dette actualisée en 2011 indique que le risque de surendettement du Bénin est
faible, pour deux raisons. D’une part, la stratégie d’endettement fixe les termes et conditions des nouveaux
emprunts (recours à des concours concessionnels pour le financement du déficit public). D’autre part, le pays
bénéficie de l’Initiative pour les pays pauvres très endettés depuis 2003 et de l’Initiative d’allègement de la
dette multilatérale depuis 2006. L’encours de la dette extérieure, 17.8 % du PIB en 2011, est composé à plus de
80 % de la dette multilatérale et à plus de 90 % de prêts concessionnels. Le ratio entre le service de la dette et
les exportations de biens et services s’établit à 5.0 % en 2011 contre 4.1 % en 2010. En outre, le Bénin n’a pas
enregistré d’accumulation d’arriérés de paiement extérieurs depuis 2006. L’encours de la dette intérieure est
stable à 12 % du PIB en 2011.

Ces indicateurs reflètent un profil d’endettement acceptable. Les projections et les tests de résistance effectués
à l’horizon 2031 indiquent également une poursuite d’une dette soutenable, qui requiert cependant le maintien
d’une politique prudente d’endettement.

En particulier, le recours excessif au marché régional, dont les ressources ne sont pas concessionnelles, pourrait
à terme fragiliser la situation d’endettement du pays. En effet, le gouvernement émet depuis 2006 des bons du
Trésor et des obligations garanties de la BCEAO sur le marché régional à des conditions non concessionnelles.

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Figure 2 : Part de l’encours de la dette extérieure dans le PIB et ratio du service de la dette sur les
exportations (en pourcentage)

150%

125%

100%
Pourcentage

75%

50%

25%

0%
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Dette/PIB Service de la dette/Exportations

2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.

http://dx.doi.org/10.1787/888932623478

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Gouvernance économique et politique
Secteur privé
L’environnement des affaires au Bénin bénéficie d’une relative stabilité politique et macroéconomique. Bien que
des réformes visant l’amélioration du climat des affaires soient en cours, le classement du Bénin en 2011 dans le
rapport « Doing Business » de la Banque mondiale s’est détérioré, passant de la 173e place en 2010 à la 175e
place en 2011, sur un total de 183 pays. Ce recul est observé dans plusieurs domaines dont la réglementation
relative à l’octroi de permis de construire, la protection des investisseurs, les paiements des impôts, le
commerce transfrontalier et le traitement de l’insolvabilité.

Un des obstacles majeurs à l'investissement est la faiblesse du système judiciaire et de l’accès à l’information
juridique. Chaque année, seulement 8 % des procès commerciaux portés devant les tribunaux sont résolus.

Par ailleurs, l’environnement des affaires pâtit des mouvements récurrents de grève dans les différents
compartiments de l’administration publique. Durant l’année 2011, la quasi-totalité des départements ministériels
se sont mis en grève en exigeant une meilleure harmonisation des primes dans la fonction publique et une
augmentation des salaires.

Pour améliorer le climat des affaires et dynamiser le secteur privé, le gouvernement a poursuivi les réformes
structurelles engagées depuis 2006. En 2011, la mise en œuvre de ces réformes s’est traduite par la mise en
place effective du guichet unique au PAC et du guichet unique des entreprises, censés réduire les formalités. En
outre, le secteur privé a bénéficié en 2011 de la construction de deux nouveaux terminaux à conteneurs, de la
signature d’une convention de concession des installations portuaires, ainsi que de la construction du port sec
d’Allada.

Le gouvernement encourage une implication plus forte du secteur privé dans la mise en œuvre de la SCRP
2011-2015. Il a ainsi érigé en priorité le développement du partenariat public-privé, en vue du financement
d’un important plan de développement des infrastructures. Ces infrastructures portent notamment sur la
construction d’un nouvel aéroport international, d’un port minéralier, d’un barrage hydroélectrique et la
réhabilitation du chemin de fer Cotonou-Niamey.

Secteur financier
En tant que membre de l’UEMOA, le Bénin voit son secteur bancaire régi au niveau communautaire. Ce cadre
communautaire connait un renforcement significatif depuis 2010 avec l’entrée en vigueur de la réforme
institutionnelle de l’UEMOA et de la BCEAO avec, à la clé, l’adoption d’une nouvelle loi bancaire. Le niveau de
capitalisation des banques en 2011 s’est amélioré. Dix des treize établissements bancaires de la place se sont
conformés au relèvement des fonds propres décidé par le Conseil des ministres de l’UEMOA. Les dispositions
nécessaires ont été prises pour veiller à ce que le capital de toutes les banques soit conforme aux règles en
vigueur.

L’accès aux services financiers est en amélioration, comme en témoigne la progression constante du ratio entre
les crédits à l’économie et le PIB. Ce ratio avoisinerait 25 % en 2011 contre 23 % en 2010 et 22 % en 2009,
mais demeure encore inférieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne (40 %). Les taux d’intérêt offerts par
les banques béninoises sur les crédits accordés aux entreprises et aux ménages demeurent les plus élevés de
l’UEMOA. Ils se sont élevés en moyenne à 11.3 % sur la période 2009-11 contre un niveau moyen de 8.5 %
dans l’UEMOA. La part des crédits à long terme reste également faible, à l’instar de l’ensemble des pays de
l’UEMOA, en se situant à moins de 5 % en 2011. Il est donc important que des efforts soient fournis pour alléger
le coût du crédit et favoriser un accès plus important des entreprises et des ménages aux services financiers et à
des ressources longues.

Dans le secteur de la microfinance, la supervision et le suivi ont été renforcés à la suite de la défaillance de
certaines institutions en 2010 en liaison avec le phénomène de la pyramide de PONZI. L’Assemblée nationale a
voté en janvier 2012 la loi habilitant la BCEAO à superviser et à intervenir dans les systèmes financiers
décentralisés qui collectent des dépôts ou détiennent un portefeuille de prêts supérieur à 2 milliards XOF (Franc
CFA BCEAO).

Gestion du secteur public, institutions et réformes


Les indicateurs en matière de réformes et d’amélioration de la qualité du secteur public paraissent assez
mitigés. Le pays a poursuivi la mise en œuvre du Plan d’actions pour l’amélioration de la gestion des finances
publiques couvrant la période 2009-13. Le rattrapage du retard dans le vote des lois de règlement et des audits
des flux financiers afférant aux appuis budgétaires est en cours. Le degré de perception de la corruption
demeure encore élevé. Le pays se maintient, en effet, à la 110e place sur 178 au classement 2011 de

Perspectives économiques en Afrique 2012 10 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA


« Transparency International », avec une note en léger repli par rapport à 2010. Les autorités se sont toutefois
résolument engagées dans la lutte contre la corruption avec l’adoption d’un nouveau projet de loi en août 2011.

Pour assurer un développement harmonieux de l’ensemble du territoire national, le gouvernement a engagé


des réformes sur la décentralisation et la déconcentration, l’aménagement du territoire et le foncier. La mise en
œuvre depuis 2009 de la Politique nationale de décentralisation et de déconcentration a permis de faire des
avancées en matière de gouvernance locale et de valorisation des potentialités des collectivités territoriales. Le
niveau des transferts aux collectivités territoriales dans le budget général de l’État est en progrès quoique
demeurant faible (3.2 % en 2010 contre 1.9 % en 2008). La décentralisation et la déconcentration seront
essentielles pour atteindre les objectifs fixés dans la SCRP 2011-15 et exigeront de nouveaux transferts de
compétences aux autorités locales, assortis de la mise à disposition des moyens financiers et humains
nécessaires aux communautés locales.

Le programme de renforcement de l’efficacité des entreprises publiques à travers une participation accrue des
partenaires privés n’a pas connu de progrès significatifs en 2011. En particulier, l’appel d'offres pour la
privatisation de Bénin Télécoms a été infructueux, des réformes étant indispensables au sein de cette entreprise
pour la rendre viable. La situation financière de la Société béninoise d’énergie électrique (SBEE) reste difficile et
engendre des perturbations importantes dans la fourniture d’électricité.

Gestion des ressources naturelles et environnement


Le Bénin fait face à de nombreux problèmes environnementaux, avec la déforestation, la désertification,
l’aggravation de la pollution atmosphérique et de la dégradation des côtes, à cause notamment d’un exode rural
massif. Selon l’index Mundi, la proportion de la superficie du pays couverte par la forêt n’était plus que de
41.2 % en 2010 contre 52.1 % en 1990. Plus de 60 000 hectares seraient détruits chaque année à cause de
l’agriculture, l’élevage, l’exploitation forestière incontrôlée et des feux de brousse.

Le Bénin a cependant pris des mesures actives pour améliorer l'environnement. Un certain nombre de réserves
de chasse et parcs nationaux ont été établis et plus de 5 000 hectares ont été alloués pour le reboisement des
terres. Plus de 6 % de la superficie totale des terres s'inscrit dans le programme écologique. Le nombre de
forêts ayant bénéficié de plan d’aménagement participatif a augmenté, de même que les superficies reboisées.
Le gouvernement a aidé en 2010 à la création de plus de 4 000 hectares de nouvelles forêts dans plusieurs
communes du pays.

S’agissant de l’accès aux infrastructures de base, le Bénin a réalisé des progrès importants en ce qui concerne
l’accès des populations à l’eau potable. Les programmes mis en œuvre par le pays ont ainsi permis de faire
passer le taux d’accès à l’eau potable de 63 % en 1990 à 75 % en 2011. En revanche, peu d’avancées ont été
notées sur l’accès aux installations d’assainissement amélioré qui avoisine 12 % en 2011 contre un objectif de
53 % en 2015.

Contexte politique
La situation politique est demeurée stable, marquée en 2011 par la réélection de Yayi Boni, le président en
exercice. Les élections législatives tenues en avril se sont soldées par un renouvellement à 42 % du Parlement.
Elles ont permis de renforcer le pouvoir du président réélu, en accordant la majorité des sièges à son alliance.
Cette nouvelle configuration politique devrait donner plus de marge de manœuvre au gouvernement pour la
conduite des réformes. Lors de la législature précédente, la forte opposition parlementaire avait freiné
l’adoption de plusieurs lois et souvent contraint le gouvernement à avoir recours aux ordonnances et aux
collectifs budgétaires dans la gestion des finances publiques.

Des élections municipales et communales prévues au premier semestre 2013 devraient mobiliser une bonne
partie de la classe politique ainsi que les populations. En raison du flou qui entoure encore la Liste électorale
permanente informatisée, ces élections pourraient engendrer des tensions susceptibles de perturber l’activité
économique.

Perspectives économiques en Afrique 2012 11 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA


Contexte social et développement humain
Développement des ressources humaines
En 2011, l’Indice composite de développement humain (IDH) s’établit à 0.427 au Bénin. Il reste inférieur au
niveau moyen de 0.463 atteint en Afrique subsaharienne. Le Bénin a perdu quatre places dans l’IDH par rapport
à 2010, en se classant au 167e rang sur une liste de 187 pays. Le niveau de développement humain demeure
faible, malgré l’amélioration des soins et des services sociaux de base, avec la mise en œuvre des stratégies
précédentes de réduction de la pauvreté.

En matière d’éducation, le taux net de scolarisation primaire est passé de 86 % en 2003 à 93 % en 2010, celui
des filles passant de 70 % à un peu plus de 80 %. Cependant, des efforts sont encore nécessaires pour améliorer
le taux de rétention des enfants dans le système scolaire, réduire les disparités entre les régions et entre les
sexes, et faciliter l’accès à l’enseignement secondaire, technique, professionnel et supérieure.

En matière de santé, les progrès réalisés dans le domaine de la vaccination des enfants et l’accès aux soins de
santé primaires ont permis d’élever l’espérance de vie à la naissance à 56.1 ans en 2011 contre une moyenne
de 54.4 ans pour l’Afrique subsaharienne. Le taux de mortalité infantile et celui des moins de 5 ans ont baissé,
pour atteindre respectivement 79 et 110 pour 1000 naissances vivantes en 2011 (contre 89 et 128 pour 1000
en 2005). Le taux de prévalence du VIH/sida s’est légèrement réduit, se situant à 1.2 % en 2011 contre 1.4 %
en 2000.

En dépit de ces avancées, la plupart des OMD relatifs au développement humain seront difficilement atteints à
l’horizon 2015. Les autorités leur ont donc accordé une place prépondérante dans la SCRP 2011-15. Le
gouvernement a fait une priorité de l’éducation primaire, la mortalité infantile et la santé maternelle.

Réduction de la pauvreté, protection sociale et travail


La pauvreté demeure un sujet de préoccupation majeure au Bénin, avec plus de 35.0 % de la population
concernée en 2009, contre 33.3 % en 2007. En vue de poursuivre les efforts de réduction de la pauvreté, le
gouvernement a élaboré une nouvelle SCRP 2011-15. Sa mise en œuvre se fait à travers un Programme
d’actions prioritaires.

Le taux d’engagement des dépenses prioritaires à fin 2011, fixées à 132 milliards XOF en 2011, n’a été exécuté
qu’à hauteur de 75 %. Les dépenses de santé et d’éducation représentent respectivement 2.5 % et 3.5 % du
PIB selon l’IDH 2011. Elles restent donc inférieures aux objectifs respectifs de 4.8 % et 4.5 % du PIB fixés en
2008. Les pouvoirs publics comptent néanmoins porter ces taux à 5.0 % pour l’année 2012. En outre,
l’orientation économique proposée pour le budget 2012 se trouve en phase avec la stratégie de réduction de la
pauvreté. Le secteur social occupe une place importante dans le programme d’investissements publics, avec une
part d’environ 35 % des investissements dont 10 % pour la santé et 5 % pour l’éducation.

Le régime béninois de sécurité sociale comprend trois branches : les prestations familiales, les risques
professionnels et les pensions. Le principal défi à relever porte sur l’extension de la sécurité sociale aux
personnes qui n’en ont jamais bénéficié, soit plus de 85 % de la population. Dans cette perspective, le
gouvernement a procédé en décembre 2011 au lancement officiel du Régime d’assurance maladie universelle
(Ramu). Le Ramu, dont l’entrée en vigueur est prévue en avril 2012, vise à améliorer l’accessibilité financière
des populations aux soins et services de santé de qualité.

Le Bénin a ratifié les conventions contre le travail des enfants et signé plusieurs dispositions règlementaires et
programmes de sensibilisation contre le trafic des enfants. Malgré ces efforts, la situation des enfants reste
préoccupante. Le Bénin est en effet devenu une plaque tournante du trafic d’enfants en Afrique de l’Ouest et les
droits des enfants et des adolescents continuent d’être régulièrement violés. Des actions prioritaires visant à
garantir le respect des droits des enfants ont été définies dans la SCRP 2011-15. Il s’agit notamment de la
généralisation de points focaux « protection de l’enfance » dans les ministères en charge des services sociaux
essentiels, la mise en œuvre du plan d’action national de lutte contre la traite des enfants à des fins
d’exploitation de leur travail et la création d’un fonds de protection de l’enfant et de l’adolescent.

Égalité hommes-femmes
Dans le secteur de l’éducation, les actions menées depuis 2006 n’ont pas permis de réduire sensiblement les
disparités en termes de genre. Le rapport femme/homme pour la population ayant au moins une éducation
secondaire est de 43.6 % en 2010 selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
L’indicateur Mo Ibrahim de 2011 montre que sur la question du genre, le Bénin a un score inférieur à la
moyenne de l’Afrique et se classe 28e sur 53 pays.

Perspectives économiques en Afrique 2012 12 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA


Le Bénin dispose d’une fonction publique à dominante masculine, avec 73.1 % d’hommes contre 26.9 % de
femmes ayant moins facilement accès aux postes à responsabilités. D’après l’IDH 2011, elles occupent 12 % des
sièges au Parlement contre 10 % en 2009, encore loin de la moyenne mondiale de 19 % de présence féminine
dans les instances législatives.

L’activité des femmes, confinée au commerce, n’empêche pas ces dernières d’avoir un accès difficile au crédit,
faute de garanties. D’où le nombre croissant des institutions de microcrédit, pour satisfaire une partie de leurs
demandes.

S’agissant de la protection des femmes, le Bénin a ratifié de nombreux documents internationaux et régionaux
dont la Convention sur l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard des femmes. Des bureaux
chargés des questions du genre ont été institués dans tous les ministères.

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Analyse thématique : Promouvoir l’emploi des jeunes

Un état des lieux fait ressortir un chômage plus important chez les jeunes, en raison notamment de la faiblesse
de l’offre d’emploi, de la réticence des employeurs à recruter de nouveaux venus sur le marché du travail et de
l’inadéquation entre la formation et l’emploi. Situation qui a conduit les autorités à initier plusieurs programmes,
mais avec des résultats mitigés, en raison notamment de la faiblesse des ressources affectées aux structures en
charge de l’emploi. L’emploi, et particulièrement celui des jeunes, devrait constituer l’un des principaux
objectifs transversaux des stratégies de développement pour les années à venir, et en particulier la SCRP sur la
période 2011-15.

Chaque année, une forte proportion de demandeurs d’emploi arrive sur le marché du travail pour se confronter
à une offre limitée. La situation est d’autant plus difficile pour les jeunes que les employeurs rechignent à
recruter des personnes sans expérience.

Les statistiques les plus récentes, tirées du recensement général de la population de 2002, révèlent que seuls
33.0 % des jeunes ont un emploi rémunéré contre 72.5 % pour les adultes. Environ de 17.0 % des jeunes
travaillent gratuitement dans l’entreprise ou le cadre familial, contre 5.9 % pour les adultes. Par ailleurs, 62.0 %
des jeunes ruraux travaillent (rémunérés ou non) contre 35.7 % des jeunes urbains. Ces chiffres traduisent le
fort taux de chômage ou de sous-emploi des jeunes et le caractère urbain du phénomène.

Parmi les obstacles à l’emploi des jeunes, il faut mentionner la déficience des flux d’information entre
chercheurs d’emploi et recruteurs et l’inadéquation entre la formation et l’emploi.

Le système éducatif se caractérise par la prépondérance des structures d’enseignement primaire et secondaire
général, essentiellement publiques. Sur 80 000 diplômés par an, environ 75 % sortent de l’enseignement
secondaire général contre 5 % pour la formation professionnelle et 20 % pour l’enseignement supérieur. En
outre, les formations professionnelles délivrées par des entités privées, relativement chères, ne répondent pas
aux besoins du marché du travail. Elles sont davantage orientées vers la délivrance de diplômes et
insuffisamment vers des formations qualifiantes permettant d’accroître les chances réelles d’insertion. Le taux
d’employabilité des jeunes diplômés est estimé à 10 %, reflétant l’inadéquation entre la formation et l’emploi.

Cette situation est aggravée par l’absence d’un cadre de concertation entre les employeurs et les responsables
des écoles sur les méthodes d’enseignement dans le secondaire et le supérieur.

Plusieurs programmes et actions ont été initiés, avec l’appui technique du PNUD et de l’Organisation
internationale du travail (OIT). Quatre grandes initiatives peuvent être mentionnées. La première porte sur la
création d’emplois temporaires à travers le Programme d’appui à l’emploi salarié. Ce programme favorise la
pré-insertion et l’insertion des jeunes et des femmes dans l’administration publique et, plus récemment, dans les
entreprises et structures privées. Le programme a bénéficié à 1 590 jeunes entre 2007 et 2011. La seconde
initiative concerne la formation d'entrepreneurs, avec le Programme d’appui à l’emploi indépendant, créé en
2006 pour soutenir l’activité des jeunes ayant opté pour l’emploi indépendant. Quelque 5 184 personnes en ont
déjà bénéficié. La troisième initiative relève de l’apprentissage et des programmes de formation professionnelle,
à travers le Renforcement des capacités des demandeurs d’emploi, initié en 2007. La quatrième, enfin, porte
sur le Fonds national de promotion de l’entreprise et de l’emploi des jeunes, lancé en 2008 pour faciliter
l’accès des petits et moyens entreprises et des jeunes aux moyens et outils de production par le biais du crédit.
Ce programme a permis de financer 575 projets et a généré 3 500 emplois entre 2008 et 2011.

Toutes ces initiatives n’ont pas eu une répercussion significative sur l’emploi des jeunes. Cette situation est
imputable en particulier à la faiblesse des ressources affectées aux structures en charge de l’emploi, car elles
proviennent principalement du budget national. Le manque d’informations fiables sur la situation de l’emploi des
jeunes constitue également une contrainte à l’affinement des politiques de soutien à l’emploi et l’atteinte de
résultats plus satisfaisants.

Convaincu que l’emploi décent, et en particulier celui des jeunes, constitue la principale voie pour s'affranchir de
la pauvreté, le gouvernement a inscrit l’emploi des jeunes parmi ses objectifs transversaux de la SCRP 2011-15.

Le gouvernement a élaboré en octobre 2011 une nouvelle politique nationale de l’emploi, assortie d’un plan
national d’actions couvrant la période 2012-16, et qui vise à faciliter l’accès à l’emploi par l’accroissement de
l’offre et de l’employabilité des jeunes ainsi qu’à améliorer le fonctionnement du marché de l’emploi. Le
gouvernement entend par ailleurs mettre en place un projet d’entreprenariat agricole avec l’appui du PNUD,
d’autres partenaires techniques financiers et du centre Songhaï.

Perspectives économiques en Afrique 2012 14 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA

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