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Kenya

2012

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Kenya
La croissance économique a été modérée en 2011 mais elle devrait légèrement augmenter en 2012 et
2013

L’année 2011 a été marquée par une forte dépréciation de la monnaie et une inflation rapide, lesquelles
devraient toutes deux se stabiliser en 2012 et 2013.

Le chômage des jeunes représente 70 % du chômage total.

Vue d'ensemble
En 2011, l’économie du Kenya a enregistré une croissance mitigée, ses principaux moteurs étant les secteurs de
l’intermédiation financière, du tourisme, du bâtiment et travaux publics (BTP) et de l’agriculture. Le taux de
croissance du produit intérieur brut (PIB) a été estimé à 4.2 % pour les neuf premiers mois, contre 4.9 % au
cours de la même période en 2010. Globalement, la croissance de 2011 a été freinée par un environnement
macroéconomique instable se caractérisant par une inflation croissante, une dépréciation du taux de change et
des coûts énergétiques élevés. En outre, le pays a manqué de précipitations au cours du premier semestre
2011, ce qui s’est répercuté sur la production alimentaire globale. L’année 2011 devrait donc enregistrer une
croissance positive modérée, estimée à 4.5 %. Celle-ci devrait grimper à 5.2 % en 2012 pour atteindre 5.5 % au
cours des années suivantes.

Le Kenya a connu une activité politique apaisée en 2011 par rapport à 2010. Cette année-là, les tensions
s’étaient accrues dans le cadre des campagnes de référendum pour la nouvelle constitution (promulguée le
27 août 2010) ainsi que de la convocation de six Kenyans devant la Cour pénale internationale (CPI) à la suite
de la crise postélectorale de 2008. L’année 2011 a été marquée par l’adoption de lois appliquant la nouvelle
constitution et par la présentation des six personnes devant la CPI tandis que les partis politiques commençaient
à préparer les élections prévues en 2012.

Globalement, les résultats de l’évaluation des politiques et des institutions du pays (Country Policy and
Institutional Assessment – CPIA) de 2011 ont plus ou moins reflété ceux de 2010. Les notes attribuées aux
politiques macroéconomiques, aux institutions de coopération économique, à l’intégration régionale et au
commerce, à l’environnement de la réglementation des affaires, aux politiques environnementales, à l’efficacité
de la mobilisation des recettes, à la qualité de l’administration publique ainsi qu’à la transparence, la
responsabilité et la corruption sont toutes restées inchangées pendant deux années consécutives. Les autres
notes de la CPIA ayant peu varié, il en va de même pour le résultat global de l’évaluation.

Le chômage des jeunes est un problème grandissant, puisqu’il représente 70 % du chômage total au Kenya. Le
Fonds pour le développement des entreprises des jeunes (Youth Enterprise Development Fund), principal
remède contre ce fléau depuis cinq ans, a déboursé, entre autres initiatives, 5.96 milliards de shillings kenyans
(KES) en faveur de quelque 157 538 entreprises, organisé des foires commerciales, bâti des appentis et des
stands et lancé des formations de préfinancement, tout cela à destination des jeunes. Ce fonds va se développer
dans les années à venir afin de faire progresser l’emploi des jeunes.

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Figure 1 : Taux de croissance du PIB réel (Orientale)

10%

8%
Crois s ance réelle du PIB (%)

6%

4%

2%

0%
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Taux de crois s ance du PIB réel (%) Afrique de l'Es t - Taux de crois s ance du PIB réel (%) Afrique - Taux de crois s ance du PIB réel (%)

2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.

http://dx.doi.org/10.1787/888932623915

Tableau 1 : Indicateurs macro-économiques

2010 2011 2012 2013

Taux de croissance du PIB réel 5.6 4.5 5.2 5.5

Taux de croissance du PIB réel par habitant 3 1.8 2.5 2.8

Inflation IPC 4.1 14 7.6 6.9

Balance budgétaire % PIB -7 -6.9 -8 -7.5

Balance courante % PIB -6.8 -12.2 -11.5 -12.4

2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.

http://dx.doi.org/10.1787/888932605314

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Développements récents et perspectives

Tableau 2 : PIB par Secteur (en pourcentage du PIB)

2006 2010

Agriculture, foresterie, pêche et chasse 26.8 25.2

Agriculture, élevage, sylviculture et pêche - -

dont agriculture - -

Mines et extraction 0.5 0.8

dont pétrole - -

Industries manufacturières 11.5 11.4

Electricité, gaz et eau 2 2.7

Electricité, eau et assainissement - -

Construction 4.4 4.9

Vente en gros et de détail, hôtels et restaurants 12.2 13.6

dont hôtels et restaurants 1.7 1.9

Transports, entreposages et communications 11.9 11.2

Transport et stockage, information et communication - -

Finance, immobilier et services aux entreprises 10.8 12.3

Intermédiation financière, services immobiliers, services aux entreprises et autres services - -

Services des administrations publiques - -

Administration publique et défense, sécurité sociale, éducation, santé et travaux sociaux - -

Administration publique, éducation, santé 6.1 5.3

Administration publique, éducation, santé et autres services sociaux et personnels - -

Autres services communautaires, sociaux et personnels - -

Autres services 13.8 12.5

Produit intérieur brut aux prix de base / au coût des facteurs 100 100

Vente en gros et de détail, hôtels et restaurants - -

2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.

http://dx.doi.org/10.1787/888932625872

L’horticulture, la canne à sucre, le pyrèthre, le café, le thé et les produits d’origine animale figurent parmi les
principales productions agricoles kenyanes. Au deuxième trimestre 2011, ce secteur a progressé d’à peine
5.2 %, contre 5.8 % au cours du même trimestre en 2010. Durant le premier semestre 2011, la production de
thé s’est élevée à 178 462 tonnes, contre 213 012 tonnes au cours de la même période en 2010. Cependant,
grâce au prix d’enchères moyen, la valeur de ce produit a bondi de 218 à 250 KES par kilogramme en un an.
Dans le même temps, les exportations de fleurs coupées sont passées de 35 239 à 49 387 tonnes, les
exportations de légumes ont augmenté de 37.2 %, atteignant 38 584 tonnes, et la quantité de fruits exportés a
progressé de 32.3 % à 6 499 tonnes. Les bons résultats du segment horticole s’expliquent par l’amélioration de
la demande extérieure. Au premier semestre 2011, la production de café a chuté à 14 694 tonnes contre
23 062 tonnes au premier semestre 2010 en raison de précipitations inadéquates dans les zones de culture du

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café. Toutefois, le prix d’enchères moyen au premier semestre 2011 a grimpé à 496 KES par kilogramme contre
318 KES au premier semestre 2010. Sur la même période, les livraisons de canne à sucre ont augmenté de 2.82
à 2.97 millions de tonnes tandis que le total des livraisons de lait aux usines de transformation a chuté de 267 à
260 millions de litres. Cette baisse s’explique par les mauvaises conditions climatiques, qui ont entraîné une
moindre production de fourrage.

En 2011, le tourisme a enregistré des gains substantiels, les recettes bondissant de 32.8 % à 97.9 milliards KES,
aidées par l’affaiblissement du shilling et une hausse de 15.4 % des arrivées, atteignant 1.26 million. Le
Royaume-Uni est resté le principal pays d’origine des touristes, avec 203 290 arrivées, suivi des États-Unis
(119 000), de l’Italie (96 000), de l’Allemagne (68 000) et de l’Inde (58 986). Néanmoins, les touristes en
provenance d’Europe ont été moins nombreux que prévu, principalement à cause de la crise de la zone euro.
L’augmentation des arrivées en provenance des marchés émergents, dont les Émirats arabes unis (EAU)
(46.8 %), la Pologne (62.9 %), la Russie (46.6 %), la République tchèque (51.6 %) et la Hongrie (42.1 %), a été
le principal moteur de la croissance totale. Le tourisme régional a lui aussi fortement contribué à cette
performance, avec respectivement 36 030, 31 355 et 28 435 arrivées en provenance de l’Ouganda, de l’Afrique
du Sud et de la Tanzanie. Malgré les résultats record enregistrés en 2011, les avis décourageant les voyageurs
de se rendre dans le pays en raison des opérations de sécurité en cours en Somalie ainsi que la crise de la zone
euro vont probablement ralentir la croissance du secteur touristique en 2012.

Le secteur manufacturier du Kenya est dominé par la transformation des denrées vivrières et des biens de
consommation en rapide progression, le raffinage du pétrole brut et la fabrication à petite échelle d’articles
ménagers, de pièces automobiles et d’outils agricoles. Au premier semestre 2011, les différents segments de
l’industrie manufacturière ont enregistré des résultats mitigés : la production de tôles galvanisées s’est élevée à
136 655 tonnes contre 101 826 tonnes sur la même période en 2010. La production de sucre transformé a, elle,
augmenté de 17.7 %, atteignant 297 252 tonnes, contre 252 550 tonnes sur la même période en 2010. En
revanche, la production de ciment a chuté de 8.5 % au même moment, à 1 601 590 tonnes, tout comme le
nombre de véhicules assemblés localement, qui est passé de 2 839 de janvier à juin 2010 à 2 550 sur la même
période de 2011. En 2011, la croissance du secteur manufacturier a été freinée par les coûts de production
élevés, les fortes taxes, la médiocrité des infrastructures et les importations bon marché.

Le Kenya importe du pétrole brut qu’il raffine pour son usage intérieur et pour l’exportation. Ces cinq dernières
années, la quantité de produits pétroliers importés n’a progressé que marginalement, passant de
3 172 900 tonnes en 2006 à 3 844 600 tonnes en 2010. Quant aux exportations, elles ont reculé à
99 800 tonnes en 2008 et 95 100 tonnes en 2010. Au premier semestre 2011, la production électrique totale a
augmenté de 20.4 %, atteignant 3 542 millions de kilowattheures (kWh) contre 2 942 sur la même période en
2010. Cette production était à 44.3 % hydraulique, 35.6 % thermique et 20.1 % géothermique. De janvier à juin
2011, la production d’hydroélectricité a progressé de 17.3 %, à 1 570 millions kWh, et la production d’énergie
thermique de 39.4 %, à 1 259 millions kWh.

Ces cinq dernières années, le secteur du BTP est resté un moteur important de la croissance économique du
Kenya. Au premier semestre 2011, il a progressé de 8.1 %, contre 2.0 % au premier semestre 2010. Cette
croissance est imputable à l’augmentation des crédits bancaires accordés au secteur privé en faveur du
développement immobilier et aux intenses investissements réalisés dans les projets d’infrastructures routières
par l’État en différentes points du territoire. Le BTP devrait encore progresser au cours du prochain exercice,
stimulé par une forte demande de logements dans le pays et l’engagement des autorités en faveur de
l’amélioration des infrastructures.

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Politiques macroéconomiques
Politique budgétaire
Le cumul des recettes recouvrées par le pouvoir central pour l’exercice 2010/11 s’est élevé à
667.5 milliards KES (soit 24.2 % du PIB), alors que l’objectif était de 686.4 milliards (24.9 % du PIB). Au premier
trimestre 2011/12, ce cumul était de 149.1 milliards KES (soit 4.5 % du PIB), l’objectif étant de
179.4 milliards (5.5 % du PIB). Le recouvrement total de recettes devrait atteindre respectivement 26.1 et
25.8 % du PIB en 2012 et 2013.

Les dépenses totales de l’État pour l’exercice 2010/11 se sont élevées à 811.8 milliards KES (dont 73 % de
dépenses courantes), un chiffre inférieur à l’objectif de 918.1 milliards KES. Les dépenses courantes, plus faibles
que prévu, ont été consacrées au fonctionnement et à la maintenance des infrastructures publiques, aux salaires
et au paiement des retraites, représentant respectivement 14.4, 3.8 et 3.1 milliards KES. Au premier trimestre
de l’exercice 2011/12, les opérations budgétaires de l’État s’élevaient à 192.7 milliards KES, en-deçà de
l’objectif de 239.9 milliards KES. Cette médiocre absorption des dépenses s’explique principalement par une
faible utilisation des dépenses de développement financées au niveau national et à l’étranger. Les dépenses
totales devraient augmenter modérément, de 33.2 % du PIB en 2011 à 33.3 % en 2013.

Au cours de l’exercice 2010/11, l’État a maintenu une politique budgétaire prudente, le déficit budgétaire se
limitant à 137.6 milliards KES (5.0 % du PIB) sur la base des engagements. Ce déficit était conforme à l’objectif
de 6.8 % du PIB. Le solde budgétaire global cumulé, sur la base des engagements (hors dons), a enregistré un
déficit de 43.6 milliards KES (soit 1.3 % du PIB) à la fin du premier trimestre de l’exercice 2011/12 contre
22.3 milliards KES (0.8 % du PIB) sur la même période lors de l’exercice 2010/11. Le solde primaire devrait
s’élever à 5.2 % en 2012 et 4.6 % en 2013.

Tableau 3 : Opérations financières de l'Etat (en pourcentage du PIB)

2003 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Recettes totales (avec dons) 20.9 21.8 22.5 23.2 23.3 24.9 26.4 26.1 25.8

Recettes fiscales 18.2 18.7 19.6 20.4 20.7 21.3 23.2 22.4 21.9

Recettes pétrolières - - - - - - - - -

Dons 1.4 1.3 0.9 1.1 0.9 1.3 1.5 1.6 1.8

Dépenses totales (et prêts nets) (a) 24.4 25.2 23.4 27.4 27.8 32 33.2 34.1 33.3

Dépenses courantes 21 20.7 18.7 20.7 20.1 21.7 21.5 22.3 21.7

Sans les intérêts 17.7 18.0 16.2 18.2 17.8 19.1 18.8 19.5 18.8

Salaires 7.9 7.4 7.4 7.5 7.1 7 6.9 6.5 6.1

Intérêts 3.3 2.7 2.5 2.5 2.4 2.6 2.7 2.8 2.9

Solde primaire -0.2 -0.7 1.6 -1.7 -2.1 -4.4 -4.2 -5.2 -4.6

Solde global -3.6 -3.4 -0.8 -4.2 -4.5 -7 -6.9 -8 -7.5

2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.

http://dx.doi.org/10.1787/888932626860

Politique monétaire
L’année 2011 a été tumultueuse pour les autorités monétaires kenyanes compte tenu des taux d’inflation élevés
et de la forte dépréciation de la monnaie. Le taux d’inflation d’un mois sur l’autre a atteint une moyenne de
12.9 % de janvier à octobre avec un pic à 19.7 % en novembre 2011, alors que l’objectif était de 5 %. Ce
niveau élevé s’explique en grande partie par la hausse du prix alimentaires et des boissons sans alcool ainsi que
des frais de transport. L’indice des denrées vivrières et des boissons sans alcool a bondi de 26.2 % par rapport à
octobre 2010 et l’indice du transport de 26.22 %. Cette augmentation de l’indice du transport reflète la montée

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en flèche du prix des carburants. Selon la banque centrale du Kenya (BCK), la crise monétaire de la zone euro a
également déstabilisé le niveau des prix. L’inflation devrait retomber en dessous de 10 % au cours des deux
prochaines années grâce à une meilleure production de denrées vivrières et la stabilité du prix des carburants.

Entre janvier et octobre 2011, le shilling kenyan s’est déprécié de 25.2 % face au dollar américain (USD),
passant d’une moyenne de 81.11 KES pour 1 USD à 101.51 KES pour 1 USD. La monnaie s’est également
dépréciée sur la même période face à la livre sterling (GBP), passant d’une moyenne de 127.86 KES pour 1 GBP
à 160 KES pour 1 GBP, et face à l’euro (EUR) (moyenne de 108.29 KES pour 1 EUR à 139.07 KES pour 1 EUR).
Pour stopper la chute de la monnaie nationale, le Comité de politique monétaire (Monetary Policy Committee
– MPC) a progressivement augmenté le taux de la banque centrale (Central Bank Rate – CBR), qui est passé de
6 % en janvier 2011 à 18 % en décembre 2011. Le MPC a également augmenté le coefficient de trésorerie
(Cash Reserve Ratio – CRR) afin de compléter ces hausses de CBR. En mai 2011, le CRR a été relevé de
25 points de base à 4.75 %, puis à 5.25 % en décembre 2011. Le taux de change devrait se stabiliser entre 85
et 95 KES pour I USD au cours des deux prochaines années.

La pression inflationniste de 2011 et la dépréciation du shilling kenyan peuvent être mises en relation directe
avec la politique de la BCK adoptée en 2010, qui a abaissé le CBR de 7 à 6 % entre janvier et décembre. Le but
était de relancer les prêts et de stimuler l’économie par une consommation accrue. Cette politique a été une
grande réussite, comme en témoigne la croissance de 5.6 % obtenue en 2010. Cependant, la hausse de la
consommation a fait grimper les prix à la consommation et mis la pression sur le shilling kenyan du fait de la
demande accrue d’importations, qui sont passées de 11 283 millions USD en 2009/10 à 13 659 millions USD en
2010/11. Par ailleurs, le crédit intérieur a augmenté de 254.4 milliards KES (23.4 %) sur l’exercice 2010/11,
alors que l’objectif était de 205.9 milliards KES (18.9 %). Cette forte progression reflète une demande intérieure
plus importante que les estimations.

Coopération économique, intégration régionale et commerce


Les pays de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE), à savoir le Burundi, le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda et
la Tanzanie, se sont constitués en union douanière à part entière le 1 er janvier 2010. Ils ont adopté un tarif
extérieur commun (TEC) à trois tranches : 0 % (matières premières et biens d’équipement), 10 % (biens
intermédiaires) et 25 % (produits finis). Des tarifs allant jusqu’à 100 % s’appliquent aux produits jugés sensibles
pour les États membres. C’est le cas du maïs, du riz, du ciment, du sucre et des produits laitiers. Les membres
continueront à percevoir les recettes douanières séparément jusqu’à ce qu’ils conviennent d’un mécanisme de
partage.

En outre, le protocole de marché commun de la CAE est entré en vigueur le 1er juillet 2010, autorisant
potentiellement la libre circulation des biens, des services, des personnes et du capital au sein d’une zone
regroupant au total 135 millions de personnes. Compte tenu de la quantité importante de lois à modifier dans
tous les pays afin de se conformer au protocole, la transition devrait se faire lentement.

Le Kenya a déjà pris des mesures importantes pour maîtriser et respecter les dispositions du protocole. Un
groupe de travail chargé de passer en revue les lois nationales et de les adapter au protocole de marché
commun a rendu son rapport. Les domaines nécessitant une harmonisation sont, entre autres, l’investissement,
les taxes, le travail, l’éducation, les normes, la concurrence, le transport, les communications et les services
financiers. Ce rapport a été transmis au procureur général, qui devait soumettre un projet d’amendements
divers au parlement. Les barrières non tarifaires (par exemple les barrages routiers, les différentes normes de
qualité, l’inefficacité du port de Mombasa et autres formalités administratives) continuent à entraver le libre-
échange des biens et à renchérir le coût des affaires.

Le remplacement des pratiques administratives douanières sur papier par une interface électronique, Simba, est
une étape importante en faveur de la compétitivité et de la facilitation du commerce. Avec la mise en service
de Simba, les contrôles douaniers font l’objet d’une vérification informatique, ce qui limite les contrôles
physiques. Ce programme a permis aux importateurs et exportateurs de déposer leur documentation en ligne.
En 2012, la mise à niveau de Simba devrait renforcer l’automatisation du dédouanement de marchandises à tous
les passages frontaliers kenyans.

Les recettes d’exportation ont progressé, passant de 4 932 millions USD sur l’exercice 2009/10 à 5 541 millions
USD sur l’exercice 2010/11. Les principaux produits d’exportation de l’exercice courant jusqu’en juin 2011 ont
été le thé (24.4 %), l’horticulture (16.1 %), les biens manufacturés (14.7 %), les matières premières (6.9 %), le
café (4.7 %) et les produits pétroliers (2.6 %). Ces meilleurs résultats d’exportation sont dus à une
augmentation des recettes liées au café, aux biens manufacturés et à l’horticulture, qui ont gagné
respectivement 9.6, 17.5 et 2.4 %. Les exportations de biens manufacturés ont continué à bénéficier du marché
régional. Les exportations devraient se stabiliser à environ 16 % du PIB au cours des deux prochaines années.

La valeur des importations a progressé de 21.1 %, passant de 11 283 millions USD sur l’exercice 2009/10 à

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13 659 millions USD sur l’exercice 2010/11. Les principaux produits d’importation de l’exercice courant jusqu’en
juin 2011 ont été le pétrole, les biens manufacturés, les produits chimiques, les machines et les équipements de
transport. La valeur accrue des importations s’explique surtout par les importations de pétrole, de machines,
d’équipements de transport et de biens manufacturés. Les importations de pétrole ont représenté 24.2 % du
coût global des importations sur l’exercice 2010/11, contre 23.3 % en 2009/10. Les cours internationaux du
pétrole ont grimpé de 74.8 USD le baril en juin 2010 à 112.15 USD le baril en juin 2011. Les importations de
machines et d’équipements de transport ont représenté 28.9 % du total des importations et ont augmenté de
3 212 à 3 942 millions USD, grâce au développement continu des infrastructures. Les importations de produits
manufacturés (des biens intermédiaires pour la plupart) ont représenté 14.8 % de la facture des importations et
ont bondi de 1.625 à 2.021 millions USD tandis que les produits chimiques ont représenté une part de 13.5 %.

Au cours de l’exercice 2010/11, 47 % des exportations étaient destinés aux pays africains et 53 % au reste du
monde. Les principales destinations des exportations kenyanes ont été l’Ouganda (14.6 %), le Royaume-Uni
(9.2 %), la Tanzanie (8.0 %), les Pays-Bas (6.5 %), les États-Unis (5.6 %), le Soudan (4.6 %), le Pakistan (4.2 %),
l’Égypte (4.1 %) et les EAU (4.1 %). Les exportations vers la CAE ont représenté 26.4 % du total sur l’exercice
2010/11 et les exportations vers le Marché commun d’Afrique australe et d’Afrique orientale (Comesa) 34.6 %
du total sur la même période.

Au cours de l’exercice 2010/11, la part des importations kenyanes en provenance des pays africains a été de
11.6 %, contre 88.4 % pour le reste du monde. Globalement, le Kenya augmente ses importations en
provenance d’Asie. Sur l’exercice 2010/11, le pays a principalement importé depuis les EAU (13.0 %), la Chine
(12.1 %), l’Inde (11.6 %), l’Afrique du Sud (5.8 %), le Japon (5.1 %), le Royaume-Uni (4.6 %) et Singapour
(4.0 %). Les importations en provenance de la CAE ont représenté 2.2 % des importations totales tandis que les
importations originaires du Comesa ont représenté 3.9 % sur l’exercice courant jusqu’en juin 2011.

Au cours de l’exercice fiscal se terminant en juin 2011, la balance globale des paiements du Kenya a enregistré
un excédent de 261 millions USD alors qu’il était de 592 millions USD en 2009/10. Cette baisse s’explique par
l’augmentation des importations de pétrole, de biens intermédiaires et de biens d’équipement. Quant aux
comptes courants, ils ont été déficitaires de 3 380 millions USD sur l’exercice 2010/11 contre 1 920 millions USD
en 2009/10. Cela résulte d’une détérioration de 1 767 millions USD du déficit des échanges de marchandises,
qui a largement contrebalancé l’amélioration du compte des services (progression de 307 millions USD de son
excédent sur l’exercice 2010/11). En outre, selon les chiffres du compte de capital, l’excédent du compte de
capital et financier est passé de 2 512 millions USD sur l’exercice 2009/10 à 3 641 millions USD sur l’exercice
2010/11. L’accumulation de cet excédent est en grande partie due aux flux financiers, qui ont atteint
3 412 millions USD sur l’exercice 2010/11 contre 2 331 millions USD au cours de l’exercice précédent. Les
résultats du compte financier reflètent une amélioration des flux privés à court terme, dont les crédits
commerciaux. Les transferts de capitaux nets ont augmenté de 49 millions USD, passant de 180 millions USD sur
l’exercice 2009/10 à 229 millions USD sur l’exercice 2010/11.

Tableau 4 : Comptes courants (en pourcentage du PIB)

2003 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Balance commerciale -7.7 -14.5 -15.7 -18.8 -19.5 -19.5 -25.3 -24.5 -24.1

Exportations de biens (f.o.b.) 16.3 15.6 15.2 16.8 15.2 15.3 16.6 16.1 15.9

Importations de biens (f.o.b.) 23.9 30.1 30.9 35.6 34.7 34.8 42 40.6 40.1

Services 3.4 4.7 4.6 4.6 6.6 5.2 5.6 5.4 5.1

Revenu des facteurs -0.6 -0.3 -0.5 -0.2 -0.2 0 -0.1 -0.1 -0.1

Transferts courants 5.8 7.9 7.8 7.8 7.8 7.6 7.6 7.7 6.8

Solde des comptes courants 1 -2.1 -3.8 -6.6 -5.3 -6.8 -12.2 -11.5 -12.4

2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.

http://dx.doi.org/10.1787/888932627848

Politique de la dette

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L’objectif général de la stratégie de gestion de la dette est de répondre au besoin d’emprunt du pouvoir central
à un coût minimal et avec un faible niveau de risque. Elle vise également à faciliter l’accès de l’État au marché
financier et à soutenir le développement d’un marché intérieur des capitaux qui soit opérationnel. Le pays est
doté d’un département de gestion de la dette, qui fait actuellement l’objet d’une transformation pour devenir
un bureau de gestion de la dette à part entière, dans le cadre d’un programme de réforme destiné à renforcer
la gestion financière.

Fin juin 2011, la dette publique et garantie par l’État du Kenya s’élevait à 1 491.4 milliards KES, soit une
augmentation de 21.7 % par rapport aux 1 225.7 milliards KES de fin juin 2010. Cette progression de l’encours
de la dette globale de l’État comprend 103.9 milliards KES de dette publique et 161.8 milliards KES de dette
extérieure. Le pourcentage de dette publique par rapport au total est descendu de 53.9 à 51.2 % sur la période,
alors que celui de la dette extérieure a augmenté de 46.1 à 48.8 %. En pourcentage du PIB, l’encours de la
dette publique globale a grimpé de 49.9 à 54.0 % sur la période. La dette extérieure est notamment passée de
23.0 à 26.3 % du PIB et la dette intérieure de 26.9 à 27.7 % du PIB. Les prévisions budgétaires pour 2011/12
tablent sur un emprunt intérieur de l’État de 119.5 milliards KES (3.9 % du PIB) et un emprunt extérieur de
116.7 milliards KES (3.8 % du PIB).

Figure 2 : Part de l’encours de la dette extérieure dans le PIB et ratio du service de la dette sur les
exportations (en pourcentage)

50%

40%

30%
Pourcentage

20%

10%

0%
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Dette/PIB Service de la dette/Exportations

2010 : estimations ; 2011 et années suivantes : prévisions.

http://dx.doi.org/10.1787/888932623915

Perspectives économiques en Afrique 2012 9 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA


Gouvernance économique et politique
Secteur privé

En 2012, le rapport Doing Business de la Banque mondiale sur la pratique des affaires a classé le Kenya en 109e
position sur 183 pays, soit trois places de moins qu’en 2011. La notation financière (Fitch) pour 2011 s’est
maintenue à B+ pour la dette extérieure à long terme, B pour la dette extérieure à court terme et BB- pour la
dette intérieure à long terme. Ces notes n’ont pas changé depuis 2009.

Les petites et moyennes entreprises (PME) jouent un rôle important dans l’économie kenyane. En 2011, ce
secteur employait près de 80 % de la main-d’œuvre totale et contribuait au PIB à hauteur de 20 %. La vente de
biens et de services à l’Ouganda et à la Tanzanie, deux pays voisins, a été le principal moteur de la croissance
des revenus dans 76 % des PME. Si les entreprises kenyanes ont rapidement exploité les opportunités offertes
par la région, les experts ont néanmoins indiqué que des partenariats avec les entreprises locales des pays
étrangers seraient primordiaux pour créer la confiance nécessaire à une entrée réussie sur de nouveaux
marchés. Les obstacles à la croissance des PME restent le coût élevé de la finance et le manque de politiques
publiques ciblées en faveur des petites et nouvelles entreprises du Kenya.

Le marché d’actions du pays a fait l’objet d’une restructuration en 2011, la bourse des valeurs de Nairobi
(Nairobi Stock Exchange) devenant la bourse des titres de Nairobi (Nairobi Securities Exchange – NSE). Le but
était de lancer de nouveaux instruments financiers sur le marché, tels que les contrats à terme. En 2011, les
performances sur le marché d’actions n’ont rien eu d’impressionnant. L’indice boursier NSE 20 a chuté, passant
d’une moyenne de 4 464.92 en janvier 2011 à seulement 3 109.79 en décembre 2011. La capitalisation
boursière a également décliné, passant de 1 166.99 milliards KES en janvier 2011 à 845.55 milliards KES en
décembre 2011. Cette tendance baissière constatée à la NSE résulte d’une baisse d’intérêt des investisseurs
étrangers, du fort taux d’inflation et d’une dévaluation de la monnaie. L’année 2012 s’annonce maussade
puisque les investisseurs vont probablement rester en dehors du marché face à une inflation persistante et à
l’incertitude liée aux élections générales de 2012.

Secteur financier
En 2011, le nombre d’institutions bancaires s’est maintenu à 43 et les établissements de prêts immobiliers à un
(1). Rafiki – une institution de microfinance acceptant les dépôts – s’est vu accorder le droit d’intervenir à ce
titre à l’échelle nationale, portant le nombre d’établissements nationaux de ce type opérant au Kenya à six (6).

Le total des actifs des banques a bondi de 21 %, passant de 1 548.4 milliards KES en juin 2010 à
1 873.8 milliards KES fin juin 2011. Cette croissance des actifs est due à une augmentation des dépôts, des
profits mis en réserve et des injections de capitaux. Au cours de l’exercice courant jusqu’au 30 juin 2011, les
bénéfices avant impôts du secteur bancaire ont augmenté de 16.9 %, passant de 34.9 milliards KES en juin 2010
à 40.8 milliards KES en juin 2011. Les dépôts ont progressé de 15.9 %, de 1 219.5 milliards KES en juin 2010 à
1 412.8 milliards KES en juin 2011. Cette hausse est imputable à la multiplication des agences, aux transferts de
fonds des migrants et aux recettes d’exportation. Les prêts non productifs (PNP) ont baissé de 5.2 %, passant de
61.5 milliards KES en juin 2010 à 58.3 milliards KES fin juin 2011. Cette amélioration sur le front des PNP est en
grande partie due au fait que les institutions financières ont poursuivi le déploiement de normes d’évaluation
améliorées. Le secteur bancaire devrait rester stable au cours des deux prochaines années.

Gestion du secteur public, institutions et réformes


Le Kenya est doté d’une organisation gouvernementale adéquate et fonctionnelle, avec des missions
ministérielles et départementales bien précises. L’État est en train de moderniser son programme de réforme
de la gestion financière publique sur cinq ans. De nouvelles institutions ont été créées par la constitution
promulguée en août 2010 pour aider à améliorer l’administration publique et la gouvernance. Parmi elles, la
Commission indépendante pour les élections et les frontières, la Commission sur l’affectation des recettes, la
Commission sur la rémunération et un pouvoir judiciaire modernisé, doté d’une nouvelle Cour suprême. Au
cours des trois prochaines années, des administrations décentralisées seront créées dans 47 nouveaux comtés.

L’État a continué à adopter des contrats-plans dans le cadre d’une réforme du secteur public destinée à
optimiser l’efficacité de gestion du service public. Le recrutement des fonctionnaires s’est considérablement
amélioré : la loi prévoit qu’il s’effectue dans différents groupes ethniques et la nouvelle constitution garantit la
présence de 30 % de femmes. La Commission kenyane sur le service public (Public Service Commission of
Kenya – PSCK) veille à agir en toute impartialité lors du recrutement, de l’avancement et des mesures
disciplinaires concernant les fonctionnaires. La liste des candidats présélectionnés est publiée et les personnes
recrutées apparaissent également dans les journaux locaux à grand tirage. Les postes à pourvoir sont souvent
annoncés sur le site Internet de la PSCK (http://www.publicservice.go.ke) de même que les procédures de

Perspectives économiques en Afrique 2012 10 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA


candidature.

Gestion des ressources naturelles et environnement


La loi sur l’environnement exige que l’Autorité nationale de gestion environnementale (National Environmental
Management Authority – NEMA) réalise chaque année des contrôles environnementaux et soumette un rapport
annuel sur l’état de l’environnement au parlement. Ce rapport fait état des problèmes environnementaux et
des interventions potentielles à réaliser par différents secteurs afin d’améliorer l’état et la qualité de
l’environnement. Il sert également de base à la préparation de politiques sectorielles opérationnelles, à
l’amélioration de l’intégration des préoccupations environnementales dans les processus de développement et à
la préparation de plans d’action environnementaux. Le Kenya a élaboré sa première stratégie nationale de lutte
contre le changement climatique (National Climate Change Response Strategy – NCCRS) en avril 2010. Cette
stratégie a pour but de renforcer la participation du pays dans les discussions internationales sur le changement
climatique. Le Kenya a également pris des dispositions particulières en faveur de la protection de
l’environnement dans sa nouvelle constitution.

Les autorités continuent à œuvrer à la protection de l’environnement, l’accent étant actuellement mis sur la
forêt Mau et le nettoyage du bassin fluvial de Nairobi. La réhabilitation de l’ensemble forestier Mau comporte
cinq phases, conformément aux recommandations du groupe de travail ad hoc. Les deux premières phases sont
déjà achevées. Durant la première, l’État a récupéré 4 530 hectares de terrain forestier inoccupé. Lors de la
deuxième phase, il a repris possession de 19 000 hectares occupés illégalement par des squatteurs en décembre
2009. Plus de 1 400 hectares de forêt ont été replantés et le pays prévoit de réhabiliter 5 000 hectares
supplémentaires pendant la saison des pluies d’avril et mai 2012. Une fois ce projet terminé, le travail de
protection se concentrera sur les quatre grands châteaux d’eau restants.

Contexte politique
Même si le gouvernement de grande coalition mis en place après la crise postélectorale de début 2008 a amené
deux partis politiques différents à cohabiter, leurs résultats sont louables. La coordination entre le bureau du
Président et celui du Premier ministre a bien fonctionné et a permis de restaurer la stabilité dans les fonctions
d’État. Tandis que le gouvernement se réunit toutes les semaines sous la direction du Président afin de discuter
de la politique nationale, le Premier ministre préside différents groupes thématiques, dont ceux relatifs au
territoire, à la sécurité alimentaire et au développement du secteur privé. Toutes les décisions officielles sont
publiées sur le site www.statehousekenya.go.ke. Cette bonne concertation a permis aux autorités de mettre en
place plusieurs réformes entre 2009 et octobre 2011. La plus importante d’entre elles a été l’adoption d’une
nouvelle constitution en août 2010 et le vote de 16 lois avant la date butoir du 27 août 2011.

Perspectives économiques en Afrique 2012 11 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA


Contexte social et développement humain
Développement des ressources humaines
Le Kenya se classe parmi les premiers pays d’Afrique subsaharienne dans les comparaisons internationales des
résultats des élèves de primaire. Des lacunes subsistent cependant dans les politiques, notamment dans
l’enseignement postprimaire et en termes d’utilisation des ressources. Le déploiement des professeurs reste en
particulier très inégal selon les régions.

Le Kenya doit encore atteindre des objectifs sanitaires mondiaux et régionaux. Le pays ayant signé la
déclaration d’Abuja, il s’est engagé à ce que les dépenses de santé représentent 15 % du budget total de
n’importe quel exercice. Cet objectif n’est pas encore atteint puisque les dépenses moyennes de santé entre les
exercices de 2007/08 et de 2010/2011 sont ressorties à 4.7 % du budget total de l’État.

En 2010, le paludisme restait la principale cause des décès enregistrés (27 %), suivi de la pneumonie et du sida,
représentant respectivement 18 et 11 % des décès. Enfin, le cancer et la tuberculose étaient chacun à l’origine
de 10 % des décès. Ces statistiques ne font que confirmer l’état déplorable du système de santé kenyan puisque
la maladie s’étant révélée la plus meurtrière – le paludisme – peut être à la fois évitée et soignée.

Réduction de la pauvreté, protection sociale et travail


Les autorités ont préparé une politique nationale de protection sociale afin de guider le développement d’un
système de protection sociale et d’harmoniser les interventions existantes. Pour améliorer la protection sociale
et réduire la pauvreté, l’État a (i) plus que triplé le budget alloué au programme de transfert d’argent aux
orphelins et enfants vulnérables (OVC) entre les exercices 2009 et 2010 ; (ii) attribué 1 milliard KES au
programme de subventions sur les denrées alimentaires en 2010/11 ; (iii) augmenté les fonds alloués pour le
transfert d’argent aux personnes âgées ; et (iv) lancé le programme Kazi Kwa Vijana en direction des jeunes sans
emploi. Un projet de politique nationale concernant les OVC a également été mis en place. Une récente
évaluation indépendante de l’impact du transfert d’argent en leur faveur a montré son efficacité en termes de
réduction de la pauvreté et d’amélioration du bien-être des ménages. Plusieurs programmes d’alimentation sont
opérationnels, notamment le programme de repas scolaires, l’aide alimentaire d’urgence pour les terres arides
et semi-arides, le programme de sécurité contre la faim, le programme santé et nutrition à destination des
personnes vivant avec le VIH/sida et le fonds national de réserve pour la sécheresse.

Le Kenya a ratifié sept des huit conventions fondamentales de l’Organisation internationale du travail (OIT)
relatives aux normes du travail. La seule n’ayant pas été ratifiée est la convention de 1948 concernant la liberté
syndicale et la protection du droit syndical. Le 7 mai 2001, le Kenya a ratifié la convention 182 de l’OIT
concernant l’interdiction des pires formes de travail des enfants et l’action immédiate en vue de leur
élimination. Il a également ratifié 49 autres conventions de l’OIT. La non-ratification des mécanismes de
contrôle internationaux et l’absence de mécanismes nationaux pour faire appliquer les normes internationales
prévues dans les actes internationaux ratifiés par le Kenya restent un obstacle majeur à la protection et à la
promotion des droits du travail. Toutefois, la nouvelle constitution fournit de vastes garanties aux travailleurs,
dont le droit de grève.

Les autorités ont élaboré la politique et les stratégies nationales pour l’emploi, la politique de productivité
nationale, la politique nationale sur l’hygiène et la sécurité au travail, la politique sur le VIH/sida, la politique
nationale de formation professionnelle et la politique sur le travail des enfants. Le vote de cette dernière en
2007 et l’adoption de la loi de 2009 relative au Conseil national de la jeunesse (National Youth Council – NYC)
facilitent le recentrage sur l’emploi des jeunes et assurent une représentation à 30 % de ces derniers dans le
secteur public. La loi sur le NYC présente les structures qui permettront aux jeunes de participer à toutes les
décisions.

Les politiques publiques reconnaissent et encouragent les initiatives engagées par la communauté. Elles sont
instaurées de manière équitable, croissante et à grande échelle (fonds pour les circonscriptions, enseignement
primaire gratuit, programme en faveur des terres arides et semi-arides, programme pour le VIH/sida, fonds
pour les entreprises des femmes et fonds de transfert des autorités locales vers les conseils locaux). Ainsi, un
fonds pour le développement des entreprises des jeunes et des femmes a été mis en place pour accorder des
prêts à des jeunes ou groupes de jeunes et créer ce faisant des emplois pour ces derniers et augmenter le
nombre d’entreprises dirigées par des jeunes dans le pays. En outre, le ministère créé et réhabilite des centres
d’émancipation des jeunes dans ses 210 circonscriptions. Il s’agira de centres d’information à guichet unique
pour les jeunes. Des bourses d’étude locales et des subventions aux frais de scolarité des écoles polytechniques
ont également été instaurées. Enfin, une partie des plans de relance comprenaient la construction d’écoles et
d’établissements de santé ainsi que des interventions agricoles.

Les retraites et systèmes d’épargne pour les personnes âgées offrent une certaine sécurité de revenu à environ

Perspectives économiques en Afrique 2012 12 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA


la moitié des employés du secteur formel. Des systèmes privés bien développés relayent les programmes
publics pour les catégories de revenu supérieures, avec d’importantes améliorations récentes dans leur
réglementation et leur supervision. La caisse nationale de sécurité sociale (National Social Security Fund – NSSF)
et les plans nationaux d’assurance santé sont désormais ouverts aux personnes non salariées, dont l’adhésion
continue d’augmenter. Le plan national d’assurance santé teste une couverture pour les patients externes, ce
qui devrait minimiser les dépenses de santé exorbitantes dans les foyers les plus pauvres.

Égalité hommes-femmes
L’accès des filles à l’éducation s’est nettement amélioré grâce à la politique de gratuité de l’enseignement
primaire, notamment depuis 2006 et, plus récemment, grâce à l’instauration de la gratuité dans l’enseignement
secondaire. Même si les garçons restent toujours plus nombreux dans les écoles secondaires, le nombre de filles
augmente simultanément grâce à cette politique. L’accès aux services médicaux est non discriminatoire.

Depuis 2010, l’année d’adoption de la nouvelle constitution, la politique de 30 % de recrutement dans toutes les
agences publiques a permis à un nombre croissant de femmes d’occuper des postes à responsabilités au sein de
l’administration : le nombre de femmes ministres est passé de deux en 2006 à sept en 2009/10, le nombre de
secrétaires permanentes de cinq à sept et le nombre de femmes membres du parlement de 18 à 22 sur la
même période. Les autorités ont également adopté une législation et mis en place des programmes destinés à
améliorer l’accès des femmes aux ressources et aux opportunités d’emploi. Ainsi, le Fonds pour les entreprises
des femmes créé en août 2007 a permis à un plus grand nombre de femmes d’accéder à un financement afin de
monter leur entreprise. Les fonds sont acheminés jusqu’à la population par différentes sources, notamment des
comités de développement de circonscription. Depuis 2010, près de 166 610 femmes ont bénéficié de ces fonds,
avec des investissements dans le commerce de gros et de détail, l’élevage de volaille et de bétail laitier, les
salons de coiffure, la vannerie, le transport et les communications.

Le Kenya a ratifié la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes en
1984 et soumis des rapports périodiques en temps voulu. Les hommes et les femmes ont la garantie d’un statut
et d’une protection identiques devant la loi, ce qui est plus explicite dans la nouvelle constitution. En 2006, le
Kenya a également adopté une loi sur les infractions sexuelles, qui offre une meilleure protection aux femmes
et déclare illégale toute violence à leur encontre. Cette loi a permis de protéger les femmes et d’empêcher des
violences, plusieurs contrevenants ayant été emprisonnés en 2010 et 2011.

Perspectives économiques en Afrique 2012 13 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA


Analyse thématique : Promouvoir l’emploi des jeunes

Le chômage des jeunes est un problème grandissant au Kenya. Selon le recensement de la population et des
logements de 2009, 34 % des Kenyans ont entre 15 et 34 ans. Il s’agit d’une main-d’œuvre importante, qui
pourrait contribuer à la croissance économique de manière significative. Pourtant, une grande partie de cette
force vive n’est pas exploitée. Selon l’enquête intégrée sur le budget des ménages au Kenya (Kenya Household
Integrated Budget Survey – KIHBS) de 2005/06, le chômage s’élevait à 25 % chez les 15-19 ans, 24.2 % chez les
20–24 ans, 15.7 % chez les 25-29 ans et 7.5 % chez les 30-34 ans. Il est accablant de constater que le chômage
des jeunes représente 70 % du chômage total au Kenya.

Ce phénomène a des conséquences sur la répartition des revenus puisque seuls ceux qui fournissent les facteurs
de production bénéficient des retombées de la croissance. Compte tenu des bonnes performances économiques
de ces dix dernières années, les jeunes sans emploi sont privés de gains. L’État kenyan doit donc intervenir de
toute urgence pour régler le problème du chômage des jeunes.

Cette situation des jeunes est en grande partie due au fait que l’économie nationale dépend actuellement de
l’agriculture. Pourtant, les jeunes Kenyans se déplacent en masse des campagnes vers les villes. Les zones
urbaines ne sont pas en mesure de créer des emplois aussi rapidement que la population y augmente. C’est ce
facteur qui est à l’origine du fort taux de chômage des jeunes.

Le secteur informel reste le principal employeur, avec plus de 75 % de l’emploi total. Cela place les petites
entreprises au centre de la création d’emplois dans le pays. La politique d’enseignement primaire gratuit pour
tous adoptée par l’État vise à doter la population kenyane de compétences élémentaires et constitue une base
solide pour une main-d’œuvre bien formée. Il s’agit d’une stratégie progressive de lutte contre le chômage des
jeunes. L’inconvénient de ces stratégies est qu’elles opèrent sur le long terme. Par conséquent, le Kenya va, à
court ou moyen terme, continuer à faire face à un chômage des jeunes galopant.

La principale solution à moyen terme réside dans le Fonds pour le développement des entreprises des jeunes,
qui est opérationnel depuis cinq ans. À ce jour, ce fonds a déboursé 5.96 milliards KES en faveur de quelque
157 538 entreprises de jeunes. Il a organisé des foires commerciales pour la jeunesse, bâti des appentis et des
stands pour les jeunes, conclu un partenariat avec l’université Kenyatta au centre d’affaires et d’incubation de
Chandaria, lancé une formation au préfinancement (obligatoire pour les jeunes), les a aidés à monter des
sociétés d’épargne et de crédit, a formé 2 500 jeunes dans 24 circonscriptions et a aidé 6 000 jeunes à
décrocher un emploi à l’étranger, notamment au Moyen-Orient. Ce fonds va se développer aux cours des
années à venir afin de faire progresser l’emploi des jeunes.

Perspectives économiques en Afrique 2012 14 | © BAfD, OCDE, PNUD, CEA

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