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Fiche lecture : Les eaux troubles du Mojito

auteur :
Philippe Delerm est l’auteur de divers recueils de
nouvelles dont La première gorgée de bière et autres
plaisirs minuscules (Gallimard 1997) qui connut un
immense succès à sa sortie. Avec "Les eaux troubles du
mojito et autres belles raisons d’habiter sur terre", cet
ancien professeur de français (il a quitté ses fonctions
d’enseignant en 2007) renoue avec cette façon de regarder
le quotidien auquel les lecteurs avaient totalement adhéré
à "La première gorgée de bière".
Ce recueil contiens 40 textes courts.

Ces belles raisons d'habiter sur terre, elles sont


nombreuses, et le message de Delerm est clair : il nous
invite à prendre le temps de vivre chaque instant avec
bonheur, à déguster un mojito (paradoxal), avec lequel [on
ne domine rien. La dégustation devient fascination, et c'est
lui qui commande. Le plus étonnant est cette persistance du
sucré dans une mangrove aux tons si vénéneux] p.48 Les
eaux troubles du mojito, à se souvenir du goût perdu du
Guignolet : [Avant même de voir arriver la bouteille, on
retrouve pourtant en mémoire l'idée sucrée de la cerise,
alcoolisée juste ce qu'il faut pour ne pas sembler doucereuse.]
p.42 Guignolet ou rien ! ou encore à savourer une
pastèque « paradoxale » elle aussi : elle [n'a goût de rien,
et c'est donc elle qu'on désire en vain] p.9 Le mensonge de
la pastèque, et comment résister à ce navet cru que l'on
croque en cachette et qui [délivre en bouche un arôme
légèrement fumé, une tonalité de noisette, quelque chose de
secret qui semble aller à l'encontre de sa consistance.] p.92
Croquer un navet
Des instants aussi que l'auteur veut faire partager à ses
lecteurs, comme le temps qu'il passe avec ses petits-
enfants par exemple, dans deux de ses courts textes : Ses
lèvres bougent à peine p.11 : [Souvent, en le croisant les
gens souriaient, et on se sent plutôt fier d'avoir pour petit-fils
un dévoreur de livres.] J'aime bien cet endroit ! p.57 [… il
brûle sans l'avouer du désir de lire comme son frère, en
épelant le monde au lieu de l'inventer.]
Le temps qu'il fait est une obsession, avoue Delerm, et il
est vrai qu'on le retrouve dans plusieurs textes. Beaucoup
de lumière d'abord avec Il pleut de la lumière p.45 [Ici
(en Provence) bien sûr, la rentrée c'est encore l'été. Mais les
regards sont aimantés, tout change sans changer. Il pleut de
la lumière.] Des sensations aussi comme dans Les
réponses de Monsieur Hulot p.75 [Oui, l'été se ressemble.
Oui, le matin la vie est neuve ; si bonne à boire quand on se
lève le premier. On marche, on regarde la mer, on attend le
café. On fait son film.]p.77 Ou encore dans Le temps est
une plage p.93 [On a mérité que le soleil soit là, que la
chaleur décrispe, allège.(...) Parfois aussi et comme en
contraste nécessaire, il faut un jour de pluie, il faut un peu
d'ennui, des excursions et des K-way, des aquariums et des
fromageries.] Il nous surprend même avec cette petite
humanité qui se fait et se défait dans Averse p.15, [Les
autres se sont poussés pour accueillir le nouveau naufragé.
On les remercie d'un hochement du chef qui signifie eh oui,
on en est tous réduits au même sort.]
Delerm aborde aussi les choses sous un angle singulier.
Ainsi de la représentation du roi se meurt qu'il suit Au
troisième balcon p.71 : [ Il faut tant se ramasser, se
pencher en avant, se concentrer, faire effort, que l'on reçoit
en retour une bulle de théâtre pur, débarrassée de tous les
rites sociaux contingents, de toute la bourgeoisie.]

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