Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Exponentielle de matri es
21
I DÉFINITION ET PREMIÈRES PROPRIÉTÉS Démonstration : Par continuité de la transposition,
∞ ∞ t k
DÉFINITION 1 Soit A ∈ Mn (C). On définit t t
X Ak X A
exp(A) = = = exp(tA) = exp(−A)
l’exponentielle de A par k=0
k! k=0
k!
II CALCUL PRATIQUE DE L’EXPONENTIELLE Remarque 2 Toute matrice complexe est semblable à une somme di-
recte de blocs de Jordan :
Plusieurs cas sont à considérer : h i
A = P J1 ⊕ J2 ⊕ · · · ⊕ Jk P−1 .
— Si A est diagonalisable, on l’écrit sous la forme
On a alors
λ1 h i
exp(A) = P exp(J1 ) ⊕ · · · ⊕ exp(Jk ) P−1 .
A = P−1
..
P.
.
λn Remarque 3 Il y a un seul cas dans lequel le calcul de exp(A) est
rapide, c’est celui où A possède un polynôme annulateur du type
k (X − λ)q (c’est-à-dire que le polynôme caractéristique de A est de la
λ1 forme (X − λ)n ).
k −1
Alors A = P ..
P pour tout k ∈ N On écrit alors
.
A = (A − λIn ) + λIn
λkn
et, puisque λIn commute avec tout le monde, on applique la formule
et du binôme de Newton, ce qui donne
λ1
e
q−1
exp(A) = P −1 ..
P.
X 1
. exp(A) = eλ (A − λIn )k .
k!
eλn k=0
Remarque 1 Un blo de Jordan est une matrice de la forme PROPOSITION 21.8 La fonction exp est localement lip-
λ 1
schizienne. Plus précisément, sur B(0 ; R), elle est 2R eR -
.. lipschitzienne.
λ .
Jλ = .
..
Démonstration : Soit R > 0. Soiernt A, B ∈ B (0 ; R). Alors
. 1
λ X∞
A k − Bk
eA − eB = .
On peut donc écrire Jλ = λIn + J0 , où J0 est nilpotente d’ordre n. k=0
k!
On trouve alors :
1 1 1 1
L’écriture
1 1!
2! 3! (n−1)!
Ak − Bk = (A − B)(Ak−1 + Ak−2 B + · · · + Bk−1 )
1 1
..
.
0 1 mène à la majoration :
1! 2!
.. .. .. 1
. . .
Ak − Bk 6 k Rk−1 kA − Bk
3!
exp(J) = eλ
.
. .. 1 1
ce qui après sommation donne
1! 2!
eA − eB 6 eR kA − Bk .
1
1 1!
1
THÉOREME 21.10 La fonction exponentielle est différen- Démonstration : L’idée est d’utiliser la propriété déjà connue
sur R !
tiable en tous points. n
k
Notons an,k = , de sorte que
nk
Soit A ∈ Mn (C). Fixons momentanément une matrice n n
H ∈ Mn (C). On propose une représentation intégrale de
1 X
In + A = an,k Ak .
eA+H − eA en posant n k=0
1
ϕ : t 7−→ e(1−t)A et(A+H) . Or, an,k croît vers à k fixé. De plus, pour tout x ∈ R,
k!
∞ n
(Attention, a priori les matrices A et H ne commutent x n X xn X
ex − 1 + = − an,k xk
pas, ce qui interdit toute simplification.) Une dérivation n n=0
n! k=0
soigneuse montre que tend vers 0 (faire un DL).
′ (1−t)A t(A+H) (1−t)A t(A+H) Ici, si l’on munit Mn (K) d’une norme subordonnée k·k,
ϕ (t) = e (−A) e +e (A + H) e
n ∞
A n Ak
(1−t)A t(A+H)
=e He ,
X X
1+ − eA 6 an,k Ak −
n k=1 k=0
k!
ce qui pemret d’écrire n
X 1 X∞
kAkk
6 an,k − kAkk +
eA+H − eA = ϕ(1) − ϕ(0) k=1
k! k=n+1
k!
n ∞
kAkk
Z 1 Z 1 X 1
X
= ′
ϕ (t) dt = e (1−t)A
He t(A+H)
dt 6 − an,k kAkk +
k=1
k! k=n+1
k!
0 0 n
Z 1
kAk
6 1+ − e|A|
= e(1−t)A H etA dt + R(H). n
0
−−−−→ 0.
n→∞
ce qui prouve la convergence simple. Alors θ 7→ Rz (θ) est un morphisme de groupes. Son générateur infi-
Voyons maintenant la convergence uniforme. Soit K un nitésimal est
compact de Mn (K). Alors il existe M > 0 tel que, pour tout dRz 0 1 0
A ∈ K, on ait kAk 6 M. Alors l’écriture précédente prouve Jz = (0) = −1 0 0
dθ 0 0 0
que, pour tout A ∈ K :
et l’on a
A n M n
1+ − eA 6 eM − 1 + . Rz (θ) = exp(θJz ).
n n
Quel est le lien avec ce qui précède alors ? Nous avons
simplement écrit que, en notant ϕ(t) = exp(tA),
Avant de passer à une deuxième formule intéressante,
voici un petit paragraphe qui éclaire les calculs précédents. 1 1 1
exp(A) = ϕ1 = ϕ ·ϕ ···ϕ
k k k
IV.b Morphismes de groupes de R vers GLn (C)
puis effectué une approximation de Taylor d’ordre 1 :
Soit ϕ : R → Gℓ(E) un morphisme de groupe continu,
1 1 A
du groupe (R, +) dans le groupe Gℓ(E), ◦ — ce que ϕ ≈ ϕ(0) + ϕ′ (0) = In +
l’on appelle parfois un groupe a un parametre d'endo- k k k
morphismes.
Il vérifie donc La formule de Trotter
ϕ(t + s) = ϕ(t) ◦ ϕ(s) (∗) Enfin, signalons que, si A et B ne commutent pas, l’ex-
ponentielle de leur somme ne se laisse pas calculer facile-
pour tous s, t ∈ R, et ϕ(0) = Id. ment. Il existe toutefois une formule intéressante :
Montrons d’abord que ϕ est nécessairement de
classe C1 . Pour cela, notons Φ la primitive de ϕ qui s’an- THÉOR EME 21.13 (Formule de Trotter) Pour toutes ma-
nule en 0. trices A, B ∈ Mn (K),
On peut alors écrire k
Z s lim eA/k eB/k = eA+B .
k→∞
Φ(t + s) − Φ(t) = ϕ(t + u) du
0
Z s Démonstration : On pose
= ϕ(t) ◦ ϕ(u) du
A+B
0 Sn = exp
n
= ϕ(t) ◦ Φ(s).
A
B
Tn = exp exp .
n n
Or, au voisinage de 0, Φ(s) est inversible (puisque Φ(s)/s
et la factorisation déjà vue montre que
tend vers Id et que Gℓ(E) est notoirement ouvert). Prenons
s dans ce voisinage, on obtient alors kSn n
n − Tn k 6 n e
kAk+kBk
kSn − Tn k .
Ainsi,
∀t ∈ R ϕ(t) = Φ(t + s) − Φ(t) ◦ Φ(s)−1 ,
kSn − Tn k = e(A+B)/n − eA/n eB/n
ce qui prouve que ϕ est bien de classe C1 — et, par récur-
A+B 1
rence, de classe C∞ . = +O −
n n2
Notons alors
A 1 B 1
a = ϕ′ (0). Ip + +o Ip + + o
n n2 n n2
L’équation fondamentale (∗) nous donne alors
1
=O
n2
ϕ(t + s) − ϕ(t)
ϕ′ (t) = lim ce qui permet de conclure que
s→0 s
ϕ(s) − ϕ(0) n kSn − Tn k −−−−→ 0.
= lim ◦ ϕ(t) n→∞
s→0 s Or
′
= ϕ (0) ϕ(t) = a ◦ ϕ(t). Sn
n = e
A+B
Retour au as général
Il ne reste plus qu’à synthétiser tout cela : pour k =
1, . . . , r, on écrit chaque bloc Tk sous forme d’une expo-
nentielle :
Tk = exp(Mk )
puis l’on remarque que
exp(M1 )
P−1 AP =
..
.
exp(Mr )
M1
= exp ..
= exp(M)
.
Mr
ce qui montre, par la proposition 21.4, que
A = exp(PMP−1 ).