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« Conférences spirituelles »
Fils de la Charité.
1- L'Oraison
2- La Prière
3- La Chasteté
4- Vers la Sainteté
6- La Joie
7- L'Eglise
8- Notre-Dame
9- L'Esprit-Saint
11- L'Humilité
13- La Foi
14- L'Obéissance
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R. P. GASTON COURTOIS
Fils de la Charité
L’OBÉISSANCE RELIGIEUSE
Collection
« Conférences spirituelles »
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Éditions de l'IRIS `
1601 est, Boul. Gouin, Montréal 12
P. Québec - Canada
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L’OBÉISSANCE RELIGIEUSE
R.P. Gaston COURTOIS
Procureur Général à Rome des Fils de la Charité
Nous le savons bien, l'obéissance fait partie de l'équipement d'une âme religieuse. C'est une vertu
essentielle, fondamentale. N'est-ce point la vertu par excellence du Christ que nous avons à
continuer ?
En vérité, l'obéissance n'est pas toujours chose facile. Certes, notre noviciat nous a formés à cette
attitude profonde de conformité à la volonté de nos supérieurs, mais l'expérience prouve que, dans la
suite de l'existence, l'obéissance peut à certaines heures être crucifiante. Il nous est bon de méditer
sur l'obéissance pour être en mesure de fournir par notre fidélité quotidienne un témoignage
d'authenticité à notre oblation et donc une source de fécondité missionnaire à notre vie religieuse.
Sainte Catherine de Sienne nous rapporte, dans ses Dialogues, qu'elle avait un jour ardemment
supplié le Père des cieux de lui révéler le secret de l'obéissance et voici la réponse divine : « Tu
trouveras l'obéissance d'une manière parfaite dans la contemplation de mon Fils aimé. Cette vertu a
été si ardente en lui que pour l'accomplir, il a accepté de mourir sur la croix. Si tu me demandes d'où
procède son obéissance si prompte et si fidèle, tu sauras qu'elle vient de son immense amour et pour
moi et pour vous. C'est donc en lui que tu trouveras la source de la véritable obéissance. »
Oui, contemplons le Christ Jésus, notre Modèle et notre Maître bien-aimé.
Dès le premier instant de sa venue en ce monde, nous révèle saint Paul dans l'épître aux Hébreux,
Notre-Seigneur a fait monter de son cœur vers son Père cette déclaration : « Voici que je viens, ô
Père, pour accomplir ta volonté ».
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2° - POURQUOI NOUS DEVONS ÊTRE OBÉISSANTS
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1. Une condition de force.
Vous connaissez le vieil adage militaire : « La discipline est la force principale des armées ».
Elle est aussi la force principale de toute Communauté, quelle, qu'elle soit, qui ne veut pas périr. Si
chaque membre n'en faisait qu'à sa fantaisie, sous prétexte de suivre son génie personnel, ce serait
peu à peu l'effritement et bientôt la mort de la Communauté en tant que telle. Rappelez-vous la parole
du Maître : « Tout royaume divisé contre lui-même périra ».
Au contraire, si sans supprimer ni affaiblir les initiatives légitimes, mais au besoin en les
stimulant et en les orientant, l'autorité sait qu'elle peut compter sur l'obéissance totale des sujets et
que chacun d'eux agira dans le sens des directives données, il en résulte une force de cohésion
irrésistible au service de l'œuvre commune, et ici chez des religieux, au service de la sainte Eglise.
Voyez par exemple la Compagnie de Jésus elle a été fondée par un ancien capitaine qui n'a pas
hésité à lui fixer l'obéissance comme vertu caractéristique. Vous le savez, on n'y plaisante pas avec
elle. Le résultat est probant : les jésuites sont plus de 40.000 à travers le monde et exercent sur tous
les plans, dans tous les domaines, une influence bénéfique prépondérante.
En effet, l'obéissance est d'autant plus une force pour une congrégation qu'elle facilite grande-
ment le travail des supérieurs. Quand ils ont à donner des ordres, quand ils établissent par exemple la
liste des changements, ils ne faut pas qu'ils aient à se demander à chaque instant : « Comment celui-
ci va-t-il réagir ? ... Comment celui-là va-t-il prendre la chose ?. » Ayant en leur Conseil pris leurs
décisions, ils doivent être assurés qu'elles seront suivies, car ils ne peuvent appliquer leurs facultés au
bien général s'ils n'ont pas une absolue sécurité sur ce point. Sinon il n'y a pas moyen de travailler, il
n'y a pas moyen de gouverner. Alors les supérieurs sont tentés « pour le bien de la paix » de laisser
faire. Peu à peu, c'est l'esprit d'indépendance qui s'installe dans la congrégation au préjudice de
l'esprit religieux, et la Communauté se dégrade à la manière des murs d'une maison dont le ciment
serait de mauvaise qualité.
C'est un fait : tant vaut l'obéissance, tant vaut l'esprit religieux. Or, plus il y a de véritable esprit
religieux dans une congrégation, plus le bon Dieu la bénit et lui envoie des vocations.
Quand il n'y a pas assez de vocations dans un institut, c'est que l'obéissance n'y est pas suffisante.
Au contraire, lorsque les religieux sont toujours disponibles entre les mains de leur supérieur et prêts
à partir au bout du monde s'il en exprime le désir, alors le signe de Dieu marque leurs fronts et les
jeunes gens sont toujours attirés vers le reflet divin qui s'en dégage.
Nous savons combien dans tous les milieux, aujourd'hui, l'autorité est battue en brèche et
combien l'obéissance, pourtant si nécessaire, est difficile à obtenir des enfants.
Le respect de toute autorité et surtout de l'autorité religieuse est la première condition pour en-
traîner nos élèves à l'obéissance.
Les grands chefs sont d'abord ceux qui savent obéir ; il en est de même pour les éducateurs. Ils
prêchent par leurs exemples encore plus que par leurs discours.
On ne dira jamais le mal que peut causer un religieux capricieux et fantaisiste qui croit montrer
de la personnalité en manifestant son indépendance : il ne fait qu'encourager chez ses élèves un esprit
d'insubordination, dont il sera un jour prochain la première victime.
Au contraire, une équipe d'enseignants qui forme avec le supérieur de la maison un bloc sans
fissure constitue pour les jeunes une leçon de choses, qui les influence profondément et qui toute leur
vie restera pour eux inoubliable.
1. Fécondité.
L'obéissance assure la fécondité de la vie religieuse et apostolique parce que c'est dans la
mesure où, par la volonté et autant que possible par le cœur, on ne fait qu'un avec le supérieur, que
coule dans l'âme du religieux ce que j'appelle la « gratia capitis », c'est-à-dire la grâce qui passe par
le chef. Lorsqu'on n'est pas uni à lui, la grâce du Seigneur passe plus difficilement, l'âme devient
aride et l'action devient stérile. Lorsque, au contraire, on est profondément uni à lui, on est dans les
dispositions les meilleures pour recevoir avec abondance les secours d'en-haut.
En résumé, le secret de notre fécondité c'est l'incorporation de notre vouloir humain au vouloir
divin exprimé par la docilité envers nos supérieurs.
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2. Paix.
L'obéissance est une source de paix pour notre âme. On est sûr de ne pas se tromper
lorsqu'on obéit. On n'est jamais sûr de ne pas se tromper lorsqu'on désobéit.
« Obedientia et pax ». « Obéissance et paix », c'était la devise du bon pape Jean XXIII.
Obéissance et paix. Obéissance d'abord, la paix en sera la conséquence immanquable. Combien de
fois, soit dans l'intimité, soit même en public, il a répété cette devise qui a guidé toute sa vie.
« J'ai toujours été un obéissant, me déclara-t-il un jour, j'avais rêvé d'être curé et voilà que j'ai
été choisi par mon évêque pour devenir son secrétaire, puis après avoir fait la guerre comme
sergent-infirmier, j'ai été quelque temps professeur avant d'être nommé à la Propagation de la Foi ;
puis sans l'avoir cherché, je suis entré dans la carrière diplomatique ; ma vie a été faite de missions
auxquelles je ne m'attendais pas, parfois bien difficiles et même à un certain moment bien pénibles,
mais j'ai toujours obéi et j'ai toujours conservé la paix. Le bon Dieu semble avoir ainsi béni ma
« mesquine personne » et ma pauvre existence ». A entendre Jean XXIII, on découvre la notion
fondamentale qui relie l'obéissance à l'humilité.
A l'opposé, le grand cri de révolte des anges fut « non serviam ». Ce cri de désobéissance était au
fond un cri d'orgueil ; il devait amener le plus grand trouble de l'histoire du monde. Celui qui le
prononça le premier était un ange remarquable, porteur de lumière pour les autres, Lucifer, mais
refusant la lumière pour lui-même. A l'heure actuelle, il est complètement enténébré. C'est le cas
limite d'une existence brisée. Eh bien ! le religieux qui un jour s'écrie « non serviam » manque aussi
sa vie et brise son idéal. Qu'il cherche son indépendance : l'Eglise par pitié la lui accordera et lui
signifiera son exeat, mais retourné dans le monde il traînera sa vie comme un boulet jusqu'à sa mort
et, au moment d'entrer dans l'éternité, il aura au fond de lui-même le remords de celui qui n'a pas
vécu son « serviam » jusqu'au bout.
3. Liberté spirituelle.
L'auteur de la récente biographie de saint Gérard Majella, ce jeune rédemptoriste qui fit par son
obéissance, de son vivant, des miracles extraordinaires, disait de lui qu'il avait concilié en lui deux
choses apparemment contradictoires : le maximum de la liberté intérieure et le maximum de
l'uniformité de sa volonté à celle de Dieu.
En effet, « servire Deo, regnare est ». C'est acquérir une véritable royauté sur soi-même que de
ne vouloir que ce que Dieu veut. Dieu est amour, il ne peut vouloir que notre plus grand bien. Insérer
fidèlement notre volonté dans la sienne, c'est non seulement lui témoigner le plus grand hommage de
confiance auquel il puisse être sensible et dans lequel il ne se laisse jamais vaincre en générosité,
c'est aussi s'assurer le maximum de liberté spirituelle, car il n'abandonne jamais ceux qui
s'abandonnent à lui. Il est toujours prêt à faire la volonté de ceux qui s'efforcent loyalement
d'accomplir les siennes.
Loin de nous infantiliser, la pratique quotidienne de l'obéissance mûrit notre âme et confère à
notre don sa dimension plénière.
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3° - QUALITÉS DE L'OBÉISSANCE
a) surnaturelle.
C'est là où la foi doit jouer à plein. Il y a obéissance et obéissance. Comme cette vertu est un
des principes de notre vie, si l'idée que nous nous en faisons n'est pas juste, toute notre existence reli-
gieuse en sera faussée. On rencontre des conceptions erronées de l'obéissance qu'aucune âme
consacrée ne peut accepter : par exemple celle qui fait du supérieur un expert auquel on obéit par
prudence, pour s'épargner des erreurs ou des mécomptes ; c'est sa science ou son expérience qui font
le crédit de ses directives.
Ou bien l'obéissance qui se base uniquement sur l'affectivité. Si le supérieur est sympathique, on
le suivra jusqu'au bout du monde. S'il ne se dégage pas de lui je ne sais quel magnétisme séducteur,
ou si son tempérament ne cadre pas avec le nôtre, alors on le subit, on reste passif, en se contentant
d'une obéissance purement extérieure.
Cela est loin de l'esprit religieux qui fait de l'obéissance un hommage à Dieu dans la personne de
ceux que l'Eglise a investis auprès de nous de son autorité.
Sans doute, il nous serait infiniment plus agréable que Dieu révélât lui-même ce qu'il désire de
nous en toutes choses ou constituât à cet effet un ange auprès de nous, Mais quel serait le résultat de
cette manière de faire ? Le plus souvent, un extraordinaire accroissement d'amour-propre ou, en cas
de refus, une culpabilité plus évidente. Dans sa sagesse et sa bonté, Dieu ne l'a pas voulu ainsi : il a
placé des hommes à notre tête, des hommes comme nous, mortels, faibles et limités, mais c'est pour
nous une occasion providentielle d'exercer notre foi, de lui témoigner notre confiance, de lui prouver
notre amour.
Un jour que sainte Gertrude suppliait Notre-Seigneur de corriger lui-même certains défauts,
hélas ! trop apparents, chez l'un de ses supérieurs ; le Christ lui répondit : « Non seulement cette
personne, mais toutes celles qui gouvernent ta congrégation si chère.. pourtant à mes regards, ont
chacune leurs défauts ; ne le sais-tu pas ? Nul ici-bas n'est exempt de misères, et c'est là un des effets
de ma divine miséricorde, qui accroît ainsi les mérites de tous. Les inférieurs, pour se soumettre, ont
besoin d'une vertu plus grande, si le représentant de l'autorité est imparfait, que si sa conduite est
irréprochable ».
Ainsi, l'esprit de foi découvre le Christ qui se voile dans notre supérieur. C'est au Seigneur que
nous adhérons à travers lui. Soyez assurés qu'il ne peut manquer au religieux qui obéit de cette
manière surnaturelle.
b) Générosité.
Il se peut que de temps en temps l'obéissance nous coûte, soit parce qu'elle bouscule nos
habitudes, soit parce qu'elle nous commande quelque chose de contraire à nos goûts ou à nos
conceptions.
Certes, encore une fois, nous avons toujours le droit et même parfois le devoir d'ouvrir avec
confiance notre cœur au supérieur et d'attirer respectueusement son attention sur tel ou tel aspect du
problème qui aurait pu lui échapper, mais s'il maintient sa décision, il faut nous soumettre sans retard
et sans hésitation.
C'est ici qu'il faut se montrer généreux et, comme dit Péguy, « faire espérance » au Seigneur,
croyant bien d'ailleurs que le Seigneur est près de nous à. ce moment-là et qu'il est tout disposé à
nous aider d'une manière merveilleuse. Si nous montrons notre bonne volonté, les choses s'arrangent
souvent bien mieux que nous ne le pensions. Il arrive même parfois que Dieu se contente de notre
acceptation généreuse et intervient lui-même pour adoucir l'amertume du sacrifice sans nous en
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enlever le mérite.
Rappelons-nous l'histoire d'Abraham. C'était tout de même dur pour le patriarche de sacrifier son
fils Isaac. Dieu s'est contenté de son acceptation ; il a substitué le bélier au dernier moment.
Et puis, quand on obéit c'est le Seigneur qui mène, on ne risque rien à le suivre. Sur le champ, on
ne comprend pas toujours, mais un jour on s'aperçoit - longtemps après parfois - que tel ordre qui
nous avait été pénible, qui avait semblé maladroit, inopportun, avait été au fond le point de départ de
grandes grâces pour nous-mêmes et pour les autres.
Le Cardinal Gasquet disait un jour : « En revenant sur les années écoulées, mes observations
personnelles me permettent d'attester que certaines déterminations prises par obéissance,
contrairement à d'autres qui, à mon jugement d'alors, me semblaient préférables, se sont souvent
révélées, en fait, être les plus justes et les meilleures, Et même celles que je regardais comme des
erreurs m'ont donné, sous l'obéissance, des résultats que, dans la suite, je dus -reconnaître comme
vraiment providentiels ».
e) Humble.
« On n'est obéissant qu'autant qu'on est humble, disait sainte Catherine de Sienne, et l'on ne
saurait être humble si l'on n'est pas obéissant ». Elle ajoutait : « L'obéissance ne peut vivre dans une
âme on elle ne trouve pas l'humilité ».
Méfions-nous de l'orgueil. C'est l'orgueil qui est souvent la cause des désobéissances. Pour
amener Adam et Eve à désobéir, le démon s'est servi de l'orgueil : « Vous serez comme des dieux ».
Il y a toujours au fond de notre cœur une tendance à l'idolâtrie de nous-mêmes et il faut peu, de
choses pour nous faire cabrer. Les prétextes sont vite trouvés : le supérieur n'a pas eu la manière
aimable et respectueuse qui aurait sauvegardé notre dignité ; il a manqué d'égards vis-à-vis de nous, il
s'est laissé influencer par des tiers, etc., etc.
L'amour-propre est blessé, l'orgueil s'infiltre et le démon de la désobéissance pénètre dans notre
cœur. C'est alors le murmure, la critique et même parfois la révolte latente, sinon ouverte.
Murmures, critiques, révoltes, sont autant de fallacieuses compensations à la frustration que
provoque dans une âme orgueilleuse toute abdication de sa volonté propre.
Rien n'est plus dangereux, car alors on détour ne son âme de Dieu, en la détournant de l'autorité
qui représente Dieu.
Même quand on murmure sans y mettre d'amertume, quand on ne prétend que constater
objectivement les erreurs, les méprises ou les fautes de l’autorité, on perd quelque chose de son élan
au service du Seigneur et on peut se faire à soi-même un mal considérable.
On peut en faire aussi beaucoup aux autres car en répétant à autrui ce que siffle le serpent, ni sert
d'agent au démon pour accomplir sa sinistre besogne. Rien n'est plus délétère, rien n'est plus
dissolvant que la critique des supérieurs, cela ronge c'est comme le cancer des communautés.
d) Fidèle.
Notre obéissance doit être fidèle.
Pour être en mesure de répondre généreuse ment par un OUI plénier à tous les ordres importants
qui peuvent modifier les conditions de notre vie, comme un changement de poste ou d'occupation, il
faut s'être entraîné à dire « oui » à Dieu à travers toutes les petites prescriptions de notre existence
quotidienne dans l'observation, par amour, de notre règle et de notre devoir d'état.
Voulez-vous un exemple : savoir le soir se coucher à l'heure en esprit d'obéissance. La tentation
est terrible pour celui qui a beaucoup à faire et qui se sent jeune, plein de vigueur et de santé, de
retarder son coucher. Qu'est-ce qui va arriver ? Il manquera de sommeil ; le matin il aura du mal à se
lever ; il se lèvera tout de même parce qu'il veut être ponctuel, mais son oraison sera un pieux
assoupissement et malgré ses efforts, il aura la tête lourde pour donner ses cours : le devoir d'état s'en
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ressentira, le caractère finira par s'aigrir.
Il y a ainsi beaucoup de ces petits riens qui ont leur importance et même une répercussion sur la
vie religieuse : arriver toujours à l'heure, fermer les portes doucement, tenir fidèlement ses comptes ;
détails : toutes ces marques de respect envers les supérieurs, tous ces efforts pour être toujours
souriant vis-à-vis de tous et créer dans la communauté une atmosphère joyeuse et familiale. Mais
précisément la vie est faite de ces petits détails, de ces disponibilités de bonne volonté, qui facilitent
grandement l'obéissance le jour où l'obéissance nous met sur la croix.
Nous sommes des serviteurs inutiles, il faut bien nous rappeler cela. Ce n'est pas nous qui faisons
le bien, c'est le Seigneur qui le fait par nous. N'allons pas nous attribuer à nous-mêmes le bien qu'il
nous fait faire. Lorsqu'il veut que nous partions ailleurs, c'est le moment de nous rappeler que nous
n'avons plus grâce d'état pour notre ancien poste. Il faut que nous orientions notre esprit vers les âmes
nouvelles qui nous attendent et pour lesquelles nous aurons mission et grâce en vue de leur
communiquer avec efficacité le message divin.
« Euge serve bone et fidelis - Parce que tu as été fidèle dans les petites choses, je t'établirai sur
de plus grandes ».
Mais la véritable récompense de l'obéissance, ce sera Notre-Seigneur lui-même : « Ecce ego ero
merces tua nimis » « Je serai moi-même ta récompense dès ici-bas, en te donnant la paix, la
fécondité et l'union avec moi, car il n'y a pas d'intimité divine possible avec le religieux
désobéissant. »
Oui, Dieu nous récompense déjà sur la terre, mais il nous récompensera surtout dans l'éternité
quand il nous dira merci d'avoir prolongé ici-bas sa vertu essentielle de parfait religieux du Père : la
sainte obéissance.
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