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Lettre circulaire du 21 septembre 1799 du Ministre de l'Intérieur aux professeurs d'histoire des Écoles
centrales.
(AN F17 1339, PM p. 90)
[…]
Votre cours, destiné, ainsi que tous ceux des écoles centrales, à conduire les jeunes gens depuis la fin de
l'instruction du premier âge jusqu'au moment où ils se livrent à l'étude particulière de la profession qu'ils veulent
embrasser, ne doit renfermer que ce qui est nécessaire à la généralité des citoyens qui ont le loisir de se donner
une éducation soignée.
Ses principaux avantages seront :
1. de donner à vos élèves une connaissance générale des événements qui se sont successivement passés
chez tous les peuples qui ont mérité des historiens, de manière que, dans ce genre, rien ne leur soit
absolument étranger et ne les arrête dans le cours de leurs études et de leurs lectures ;
2. de leur faire observer la marche de l'esprit humain dans les différents temps et dans les différents lieux ;
les causes de ses progrès, de ses écarts, de ses rétrogradations momentanées dans les sciences, dans les
arts, dans l'organisation sociale et dans la relation constante du bonheur des hommes avec le nombre et
surtout la justesse de leurs idées ;
3. de les rendre capables de pousser plus loin leurs recherches, s'ils en ont le désir ou le besoin.
Vos leçons doivent donc présenter un tableau sommaire de l'histoire universelle, accompagné de l'indication des
sources où l'on peut puiser des connaissances plus approfondies sur chacune de ses parties, et de bons conseils
sur la manière de se servir de ces auteurs et de les apprécier.
Circulaire du 4 juillet 1820 relative aux programmes des cours d'histoire des collèges royaux.
(CIOIP, t. 2, p. 375-376; PM, p. 115-116)
[…]
Le professeur aurait une fausse idée des soins qu'on attend de son zèle s'il se croyait obligé d'entrer dans les
développements et dans les discussions de haute critique qui appartiennent à un enseignement approfondi : ce
n'est point ici un cours de faculté. Le professeur ne peut espérer d'être utile à ses élèves qu'en se mettant toujours
à leur portée ; c'est pour eux et non pour lui qu'il doit faire sa classe. Son objet étant de graver dans leur mémoire
les principaux faits de l'histoire, dont on n'acquiert la connaissance qu'imparfaitement et avec beaucoup de
difficultés dans un âge plus avancé, il ne doit chercher d'autres ressources d'intérêt que dans la simple exposition
des faits historiques et dans la liaison naturelle qu'ils ont entre eux.
Il devra surtout éviter tout ce qui pourrait appeler les élèves dans le champ de la politique, et servir d'aliment aux
discussions des partis.
Cet avertissement regarde particulièrement le Professeur chargé de l'enseignement de l'histoire moderne. Sans
doute il lui serait difficile et il ne conviendrait même pas de dérober à la jeunesse la connaissance de certains
faits qui sont du domaine de l'histoire ; mais il doit s'abstenir de tout commentaire.
J. Leduc Finalités de l’enseignement de l’histoire 2
Instruction du 17 juillet 1840 relative à l'exécution de l'arrêté du 14 juillet 1840 prescrivant un nouveau
règlement pour l'examen du baccalauréat es lettres.
(CIOIP, t.3, n° 821, p. 70 ; PM, p. 167)
[…]
Pour le programme d'histoire, il contient surtout un cadre d'histoire universelle dans lequel on s'attache aux
grandes divisions, aux grands résultats, beaucoup plus qu'à des détails. Il ne faut pas qu'un homme digne de ce
nom ignore le genre humain, comme dit Bossuet. En géographie comme en histoire, c'est l'ensemble qui importe
; et il convient de se tenir à une égale distance d'une philosophie de l'histoire qui dégénérerait en notions
systématiques, où les faits réels ne seraient plus reconnaissables, et d'un enseignement détaillé et minutieux qui
accumulerait les faits sans ordre et sans lumière et s'adresserait à la mémoire bien plus qu'à l'intelligence.
Instruction générale du 15 novembre 1854 sur l'exécution du plan d'étude des lycées.
(BAIP, t.5, n° 59, p. 360-375 ; PM, p. 253-255)
[…]
Division de grammaire.
[…]
Le professeur n'oubliera pas qu'il s'adresse à des élèves très jeunes, très peu avancés, dont le jugement n'est pas
formé encore et qui manquent, sur la plupart des sujets dont on leur parle, des notions les plus élémentaires. Il
s'imposera la loi de ne pas trop élever son enseignement, d'éviter les généralités, les digressions savantes, et de
s'attacher au récit des événements ; il se bornera même aux plus importants, à ceux qui ont eu quelque influence
sur la destinée des peuples ou sur la marche générale de l'histoire. Au lieu de multiplier les faits, il les
développera de manière à frapper l'attention des élèves et à graver une forte empreinte dans leur mémoire.
[…]
Division supérieure.
[…]
Au lieu d'un long récit, continué de classe en classe avec une inévitable monotonie de langage, dans lequel nulle
circonstance n'était oubliée, nul détail passé sous silence, les leçons du professeur signaleront aux élèves les
hommes, les événements et les peuples qui ont laissé une profonde empreinte de leur passage sur la scène
historique et auxquels s'attache un intérêt général. La description des caractères individuels et nationaux, les
tableaux des crises par où passent les sociétés et de l'action qu'exercent sur le développement des peuples la
religion, les arts, les lettres, l'industrie, le commerce, la diplomatie, la guerre ; la nature et les causes des relations
que le voisinage ou l'éloignement même forme entre les nations diverses : tels seront les objets principaux qui,
animant l'exposition du professeur, devront se graver dans la mémoire des élèves et leur rappeler les faits
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J. Leduc Finalités de l’enseignement de l’histoire 3
particuliers. Sobre de détails dans l'énumération des événements de médiocre importance et se contentant de lier
par de rapides transitions les scènes mémorables qui seules ont de l'intérêt, il réussira d'autant mieux à s'emparer
de son auditoire et à l'instruire qu'il n'appellera son attention que sur ce qui en est réellement digne et qu'il le
soulagera du fardeau des fais insignifiants et des considérations superflues.
Circulaire du 18 mai 1859 relative à l'enseignement de l'histoire et de la géographie dans les lycées.
(BAIP n° 113, mai 1859, p.92 ; PM, p. 283)
[…]
Un autre point, sur lequel j'appelle toute votre attention, est la tendance à l'esprit de système qui se manifeste
chez certains professeurs par des attaques dirigées contre les grandes réputations historiques. Un des principaux
avantages de l'enseignement de l'histoire doit être de former l'esprit de la jeunesse à l'amour du bien, en lui
inspirant l'admiration pour les hommes qui ont honoré leur pays et l'humanité. Les rabaisser en insistant sur leurs
faiblesse ou sur leurs fautes, c'est accoutumer les esprits au dénigrement et au scepticisme, c'est s'écarter de la
voie morale où il importe de retenir l'enseignement de l'histoire.
Les professeurs doivent aussi éviter deux autres écueils. Les uns donnent trop de développement à la tactique
militaire […] D'autres professeurs, au contraire, se renfermant dans des considérations politiques, se bornent à
indiquer les guerres sans les raconter. L'enseignement historique des lycées doit éviter également ces deux excès.
Monsieur le Recteur, je vous adresse le programme pour le nouveau cours d'histoire dans les classes de
philosophie qui doit s'étendre depuis 1789 jusqu'à nos jours, afin que ceux qui, dans quelques années, feront les
affaires du pays sachent de quelle manière ce pays a jusqu'à présent vécu.
[…]
J'ai disposé les programmes de manière à ce que les événements accomplis dans les différents pays s'éclairent et
s'expliquent les uns les autres. A ce sujet, vous aurez, monsieur le Recteur, à rappeler aux professeurs une des
lois de leur enseignement, celle qui les avertit de moins tenir à donner beaucoup qu'à bien choisir ce qu'ils
donnent. Vous leur ferez aussi remarquer que je me suis efforcé de porter la lumière plutôt sur les choses que sur
les personnes. Les hommes passent, les faits demeurent et nos enfants n'auront affaire qu'avec les conséquences.
Même pour les faits, il conviendra de ne pas les étudier à la façon de Suétone et de Saint-Simon, mais de les
regarder de haut et de loin, bonne manière pour bien voir. On s'arrêtera donc uniquement sur ceux qui sont
considérables ou caractéristiques et que le temps, en jetant dans son crible, n'a point encore laissé passer et se
perdre.
J'ai introduit dans l'histoire des idées et des événements de ce siècle quelques notions d'économie politique. Ce
n'est pas à dire que nos chaires doivent se transformer et que les faits aient à y céder la place aux théories
hasardées. Au lycée on ne fait pas de la science nouvelle : on donne la science faite et éprouvée. Or, depuis un
siècle que les économistes sont à l'œuvre, ils ont mis en lumière un certain nombre de vérités que personne
aujourd'hui ne conteste plus et dont l'éducation peut déjà s'emparer, au grand profit de nos élèves et du pays.
Tant que la guerre et les intrigues de cours ont été les grandes affaires des sociétés, Machiavel et l'histoire-
bataille suffisaient. Aujourd'hui il faut autre chose. Les faits économiques ont pris une trop grande place dans
notre société pour que l'histoire puisse les négliger, si elle veut rester ce qu'elle doit être : le trésor de l'expérience
humaine et la maîtresse de la vie, magistra vitae. L'Angleterre a pu traverser paisiblement une crise épouvantable
parce que les ouvriers connaissent tout ce que nos jeunes gens ignorent encore : les ressorts si délicats de la
production et de la vie économique. Nos misères de 1848 sont venues de cette ignorance.
Grâce à cet enseignement, nos élèves, en sortant du lycée, ne tomberont plus dans l'inconnu. Nous leur aurons
montré le terrain où, jusqu'à cette heure, ils marchaient sans guide et nous les aurons mis en état de comprendre
les événements au milieu desquels la vie sérieuse vient les surprendre. Jeter un jeune homme dans la cité sans lui
avoir rien dit de l'organisation et des nécessités qu'il y rencontre, c'est comme si l'on jetait dans la bataille un
chasseur à pied avec l'armement des francs-archers de Charles VII.
Vous connaissez le but de ce cours : éclairer la route où nos enfants s'engagent en devenant hommes ou citoyens.
Quel en sera l'esprit ? Un esprit de paix et de justice.
J'ai toujours trouvé à l'histoire une grande vertu d'apaisement. Elle montre par toutes ses leçons que, si l'absolu se
trouve dans la vérité religieuse et dans la vérité scientifique, la politique est, comme la loi, une question de
rapport, une convenance entre les choses déjà faites ; que même il faut compter, sans les subir, avec les passions,
les préjugés, et que la plus grande des forces c'est la fermeté dans la modération.
L'histoire stimule les timides en leur faisant voir les nécessités impérieuses des choses et elle calme les
impatients en leur prouvant que rien de durable ne s'improvise, que ce qu'il y a de plus dans le présent, c'est
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J. Leduc Finalités de l’enseignement de l’histoire 4
toujours du passé, et qu'il faut en tout l'aide du temps, ce puissant maître, comme dit un des nôtres, le vieil
Eschyle.
Aussi suis-je convaincu que l'étude, faite de bonne foi, des épreuves que nous avons subies depuis quatre-vingt
ans est plutôt de nature à apaiser les esprits en les éclairant qu'à les irriter, et qu'elle contribuera à améliorer nos
institutions plutôt qu'à les ébranler
[…]
Le gouvernement impérial cherche, comme son glorieux fondateur, la réconciliation des partis, et sa plus belle
victoire serait de réunir tous ceux qui nous ont légué nos révolutions, pour qu'il n'en restât plus qu'un seul, celui
de la France.
Aussi, monsieur le Recteur, je n'ai pas besoin de vous dire qu'en instituant ce cours nouveau, le gouvernement ne
songe pas à faire de tous nos professeurs d'histoire des avocats intéressés et aveugles d'une cause qui n'est plus à
gagner.
Quand on n'est qu'un parti, on fausse l'histoire pour la faire servir à ses desseins ; mais quand on représente,
après les avoir noblement servis, les intérêts généraux du pays et la nation même, avec ses aspirations les plus
généreuses, on ne craint pas la lumière ni la comparaison avec personne et on demande simplement la vérité.
Méthodes d'enseignement dans les années de l'enseignement secondaire spécial (4 avril 1866)
(BAMIP, n° 104, p. 593-638)
[…]
Année préparatoire
Histoire de France (simples récits)
Le cours d'histoire pour cet âge n'est pas un cours critique. Il se compose de biographies détachées et de faits
isolés que le professeur raconte avec simplicité, mais avec art, ayant soin de faire ressortir vivement les grandes
qualités des personnages illustres et laissant dans l'ombre leurs défauts et leurs vices. Il ne craint pas d'entrer
dans de minutieux détails, parce qu'ils intéressent les enfants ; mais il s'appuie sur les grands traits qui frappent
leur jeune imagination et y laissent une trace profonde ; enfin il résume son récit par quelques bonnes pensées
qui forment peu à peu dans leur cœur comme un fonds de morale pratique.
[…]
Troisième année d'enseignement
Histoire de France et histoire générale depuis 1789
Tout homme doit connaître, dans la mesure de son éducation, l'histoire de son pays. Tout Français doit avoir en
mémoire les grandes choses accomplies par la royauté, le clergé, la noblesse et le peuple, depuis le
commencement de la monarchie jusqu'en 1789 et savoir la part qu'on prise les aïeux à la transformation de
l'ancienne société et à l'établissement de la France nouvelle. Il importe surtout que les élèves de l'enseignement
spécial qui doivent composer la partie la plus intelligente du peuple, parmi les classes livrées aux arts usuels,
soient mis au courant des progrès réalisés dans les temps modernes, pour se préserver de ce dédain du présent et
de cette hâte funeste vers l'avenir qui empêchent d'apprécier sainement le temps où l'on vit et d'être un membre
intelligent et utile de la cité. Il faut donc qu'ils étudient l'histoire contemporaine pendant le cours de cette année
pour que ceux qui ne pourraient pas achever leurs études sortent du collège spécial connaissant ce qui s'est passé
en France et en Europe. Le cours comprend l'histoire de la France et l'histoire générale depuis 1789 jusqu'aux
temps actuels. Son but et son objet sont de développer un patriotisme sincère, un amour généreux du pays et du
Prince qui le personnifie, un sentiment élevé et profond de la grandeur de la France et de la dignité du nom
français.
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J. Leduc Finalités de l’enseignement de l’histoire 5
Circulaire du 16 août 1874 relative à l'application du nouveau plan d'études des lycées
(BAMIP, n° 340, p. 604-605 ; PM, p. 441)
[…]
Histoire
[…]
Le programme de l'Histoire contemporaine en Philosophie s'ouvre par une étude aussi précise que possible des
diverses institutions antérieures à la Révolution. La première période s'arrête en 1815 ; la seconde ne doit
présenter qu'un récit sommaire des événements accomplis de 1815 à 1848.
Le programme écarte avec soin tout ce qui pourrait soulever des controverses ; il donne aux élèves des notions
indispensables sur les faits et les questions économiques qui occupent une si grande place dans le temps actuel.
Dans les divers programmes, pour alléger l'enseignement, on a retranché quelques questions d'un intérêt
secondaire ; le professeur restera libre de les traiter s'il en a le temps ; quelques autres sont indiquées comme
devant être traitées d'une façon très sommaire. On a donné une plus grande place à l'histoire des institutions ; on
a cru important de montrer aux élèves comment les divers peuples qui passent sous leurs yeux sont gouvernés ;
on a voulu leur faire connaître ce qu'est une société, ce qu'est la nature humaine et quel est le jeu des institutions.
On s'est aussi préoccupé d'enseigner aux élèves ce qui concerne la civilisation, les arts et les sciences, le
commerce et le travail industriel, aux différentes époques et dans les différentes sociétés.
L'enseignement de l'histoire, dans son ensemble, reste ce qu'il était. Les professeurs comprendront la nécessité de
réduire un peu le récit des guerres, afin de donner une part de leur temps à l'histoire intérieure des sociétés. Ils
n'auront pas à élever leur enseignement au dessus du niveau moyen de l'intelligence de chaque élève.
Lettre du 15 juillet 1890 aux membres du personnel administratif et enseignant des lycées et collèges.
(BAMIP, supplément au n° 922, p. 474-488 ; PM, p. 546-557)
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J. Leduc Finalités de l’enseignement de l’histoire 6
Il existe pour le jugement sur la valeur morale des hommes et des actions un consentement universel, dont le prix
est considérable, en un temps où les bases métaphysiques de la morale sont discutées. Le professeur d'histoire a
donc le droit d'être un moraliste : il en a le devoir. Il évitera de dogmatiser, de prêcher, mais il s'arrêtera devant
les honnêtes gens, quand il en rencontrera. Il s'étendra sur la charité d'un Saint Vincent de Paul. Il économisera
sur les détails des campagnes de Louis XIV le temps nécessaire pour faire aimer les personnes de Corneille, de
Molière, de Turenne et de Vauban. Il louera les actions vertueuses comme les hommes de bien.
L'éducation civique reste une partie de l'éducation morale ; la charge principale en revient au professeur
d'histoire. L'enseignement des lettres et des sciences forme l'honnête homme cultivé : l'enseignement de l'histoire
prépare l'écolier à la vie pour une date précise et des conditions déterminées.
La science de l'éducation a des principes immuables, applicables aux hommes de tout temps et de tout pays ;
mais les générations se succèdent dans les écoles et ne se ressemblent pas […] Les jeunes générations françaises
ont de la bonne volonté, de la générosité, de la docilité et l'esprit ouvert. Elles ont besoin d'être prémunies contre
l'esprit d'indifférence, contre le scepticisme, la défiance d'elles-mêmes et la redoutable opinion que l'individu est
peu de chose et l'effort d'une personne de nul effet. Il faut donc éveiller en elles le goût de l'action. Le pays, qui
leur appartiendra demain, est affaibli par des divisions politiques et religieuses : il faut leur inspirer l'esprit de
tolérance ; il est menacé par des périls extérieurs : il faut cultiver en elles le sentiment national
[…]
La culture du sentiment national est délicate. Il faut avant tout fortifier le naturel amour du pays natal, raisonner
cet instinct et l'éclairer, mais, en France, sous peine d'une déchéance de notre esprit, nous ne devons ni oublier
l'homme dans le citoyen, ni rétrécir, au profit apparent de notre pays, la place de l'humanité.
Si notre histoire doit être particulièrement étudiée, l'histoire universelle doit donc être enseignée. Celle-là sera
toujours encadrée dans celle-ci. La méthode qui prescrit de mettre partout notre pays au premier plan et le monde
dans le prolongement expose l'écolier à des préjugés trop forts. Nul pays n'a subi plus que la France l'action du
dehors puisqu'elle est un mélange de races et qu'à son origine elle a reçu de Rome et de la Germanie des
éducations diverses. Par contre nul pays n'a, plus que le nôtre, agi sur le monde. Nous n'avons jamais été, nous
ne serons jamais des particularistes. Il fait partie de notre profession de Français d'aimer l'humanité et de la
servir. La connaissance de l'histoire générale nous est indispensable.
Donner à l'écolier l'idée exacte des civilisations successives et du progrès accompli au cours des siècles et la
connaissance précise de la formation et du développement de la France ; lui montrer l'action du monde sur notre
pays ; se servir de la comparaison avec l'étranger pour éclaircir son jugement sur nous-mêmes ; lui enseigner à
rendre à tous les peuples la justice qui leur est due, élargir l'horizon de son esprit et, à la fin, lui laisser avec la
connaissance de l'état de son pays et de l'état du monde la notion claire de ses devoirs de Français et de ses
devoirs d'homme, telle est la part de l'enseignement historique dans l'éducation.
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J. Leduc Finalités de l’enseignement de l’histoire 7
Sur aucune question d'histoire, un professeur ne doit tout dire […] La diplomatie et la guerre comptent
parmi les principales occupations des hommes. Elles sont très visibles et très bruyantes. Il est clair qu'il faut
leur donner dans l'enseignement une grande place, mais nulle part le détail ne doit être plus soigneusement
évité qu'ici.
[…]
3. La méthode démonstrative.
Le professeur, par cela même qu'il choisit entre les faits, les groupe en vue d'une démonstration. Cette
méthode doit être appliquée à chaque leçon et à l'ensemble de chaque cours.
[…]
Dans les classes supérieures, le professeur doit, autant que possible, orienter son enseignement vers le
présent. Il marquera les origines des faits les plus considérables d'aujourd'hui. Tel fait a pu paraître pendant
longtemps le plus considérable d'une époque ; mais le temps a marché ; on découvre alors que tel autre, plus
petit en apparence, était gros de conséquences. Dès que ces conséquences ont apparu, l'enseignement doit en
tenir compte
[…]
Le cours d'histoire en philosophie, c'est l'histoire de notre siècle, celle que nous faisons […] Tout cela, c'est
sans doute de la politique ; mais le moyen n'a pas encore été trouvé de distinguer entre l'histoire et la
politique. Puis nous ne pouvons faire que l'élève de philosophie ne soit pas électeur trois ans ou plus souvent
deux ans, voire même un an après s'être levé des bancs du collège
[…]
4. La méthode pittoresque.
[…]
La méthode démonstrative s'allie avec la méthode pittoresque qui seule peut être employée avec les enfants.
Il va sans dire que le pittoresque et le démonstratif doivent être répartis par portions inégales sur les diverses
périodes des neuf années d'enseignement. Le premier doit dominer, et de beaucoup, dans les classes
élémentaires et de grammaire
[…]
La méthode pittoresque et la méthode démonstrative combinées laisseront dans l'imagination et dans l'esprit
de l'élève l'idée, éclairée par des images, des transformations successives. Cette idée, c'est précisément
l'histoire.
Un vif mouvement d'opinion s'est produit en ces dernières années en faveur de l'enseignement de l'histoire et de
la géographie locales dans les divers ordres d'enseignement et tout particulièrement dans les écoles primaires et
primaires supérieures.
[…]
On est d'autant plus attaché à son pays qu'on a de plus nombreuses raisons de l'aimer, de s'y sentir en quelque
sorte solidaire des générations disparues et l'amour du sol natal, comme je le disais à la Chambre des Députés,
est le plus solide fondement de l'amour de la patrie.
C'est pénétré de cette conviction que je crois devoir vous recommander de porter votre attention la plus vigilante
sur l'enseignement de l'histoire et de la géographie locale.
[…]
Sans qu'il soit absolument nécessaire de faire une place à part à la géographie et à l'histoire locales, il est
souhaitable qu'elles soient pour nos maîtres un objet de constante préoccupation.
D'une manière générale, le professeur n'aura pas à faire le récit continu des événements ; il supposera connue la
trame de l'histoire […] Une exception sera faite, en première année, pour l'histoire de l'Antiquité et du Moyen-
âge que les élèves maîtres n'auront pas eu antérieurement l'occasion d'étudier ; même dans ce cours, les
événements ne seront racontés que pour caractériser les diverses époques et les diverses civilisations : il s'agit
moins d'apprendre aux élèves des noms et des dates que de les faire réfléchir sur les causes et les effets des
grands événements, sur la formation et le développement des institutions humaines.
[…]
7
J. Leduc Finalités de l’enseignement de l’histoire 8
Un dernier mot sur l'esprit général de l'enseignement historique. Si le programme des écoles normales, à la
différence de celui des écoles primaires supérieures, qui est presque exclusivement réservé à l'histoire de France,
porte sur l'histoire des grandes puissances de l'Europe et du monde, la France n'en doit pas moins demeurer au
premier plan des préoccupations du professeur. L'histoire de France possède une valeur éducative toute
particulière, parce que la France a été de tout temps, au siècle des croisades comme à l'époque de la révolution,
sous Louis XIV comme au siècle des lumières, l'éducatrice du genre humain. Même lorsqu'on étudie les autres
nations, c'est le rôle de la France et sa mission historique qu'il faut montrer aux élèves maîtres. Instituteurs, ils
seront, dans chaque commune, les représentants de l'esprit national ; le réseau de nos écoles est l'armature de la
patrie. Et de tous les enseignements de l'école, c'est, avec celui de la morale civique, celui de l'histoire qui peut le
plus solidement unir les volontés françaises. Les écoles normales failliraient à leur premier devoir si, faute d'un
enseignement historique inspiré par un juste sentiment national, leurs élèves entraient dans la carrière
d'instituteurs sans aimer le génie de la France.
Instructions du 20 juin 1923 relatives au nouveau plan d'études des écoles primaires élémentaires
(BAMIP n° 2517, 1 août 1923, p.101-104)
[…]
Histoire et géographie
On s'est parfois demandé quel devait être, à l'école primaire, le caractère de l'enseignement historique et
géographique : on a voulu opposer le point de vue scientifique et le point de vue civique, les uns soutenant que
l'historien, même à l'école primaire, ne doit avoir d'autre souci que de dire toute la vérité, les autres estimant que
l'instituteur doit surtout s'attacher à cultiver, par le récit des gloires et par la description des beautés de notre
pays, le sentiment patriotique.
Nous nous refusons à poser le problème en ces termes. Nous nous refusons à opposer les droits de la science et
les droits de la France. Le patriotisme français n'a rien à craindre de la vérité. Ce ne sont pas seulement les
gloires communes, ce sont aussi, ce sont surtout les souffrances communes qui scellent l'unité nationale.
L'instituteur n'a pas à les dissimuler. Certes l'enfant de l'école primaire est trop jeune pour qu'on étale devant lui
et qu'on livre à sa libre discussion tous les documents sur lesquels pâlissent les historiens. Mais l'instituteur peut,
sans hésiter, lui raconter l'histoire de notre pays telle qu'elle résulte des recherches impartiales des savants. La
place de la France dans le monde est assez grande, son rôle assez noble pour qu'un enseignement sincère,
soucieux de vérité jusqu'à l'intransigeance, favorise l'éclosion et l'épanouissement du sentiment patriotique. Et tel
doit être le but de l'enseignement historique et géographique à l'école primaire.
[…]
Le Conseil supérieur n'a pas eu à délibérer sur la méthode à suivre dans l'enseignement historique et, ici comme
ailleurs, il laisse aux maîtres une grande liberté. Il a cependant tenu à réagir contre la tendance de certains
pédagogues qui, pour éviter de faire un appel excessif à la mémoire, en viendraient à éliminer de l'enseignement
historique les dates sans lesquelles il n'y a pourtant pas d'histoire puisque, sans elles, il n'y a pas d'ordre dans le
temps. Le Conseil supérieur a précisé qu'il faudrait faire connaître aux enfants non seulement les principaux faits
de notre histoire nationale, mais leurs dates. Ces dates ne doivent pas être nombreuses : si l'écolier du cours
élémentaire en retenait une trentaine pour les seize siècles qu'il doit parcourir, ce serait suffisant. Et l'écolier du
cours moyen n'aurait guère besoin d'en retenir davantage pour les trois siècles suivants.
[…]
La liberté du maître dans le choix des méthodes est encore limitée par les lois de la psychologie enfantine.
Certaines méthodes ont été mises à la mode qui sont contraires à ces lois. Telle est celle qui, croyant s'appuyer
sur une règle pédagogique certaine (aller du connu à l'inconnu) conseille de remonter du présent au passé.
[…]
La comparaison du passé et du présent sera l'un des moyens de rendre vivant l'enseignement historique. Tous les
moyens que l'on pourra employer pour obtenir ce résultat seront bons, à la condition qu'on ne tombe pas dans des
exagérations puériles. Sous prétexte de nouveauté pédagogique, gardons-nous de fausser la réalité historique […]
Il est dangereux de les faire assister ou participer à des "reconstitutions" où la vérité historique est fatalement
violée. Le cinéma lui-même, si utile lorsqu'il s'agit de reproduire des scènes réelles, le mouvement et la vie des
objets ou des êtres actuels, risque de transformer l'histoire en un roman à la Dumas père et de créer, par la suite,
dans l'esprit de nos écoliers, de déplorables erreurs. L'histoire est une résurrection, soit. Mais le passé n'en est pas
moins le passé. Et c'est donner de lui une idée fausse que de faire croire qu'il est le présent.
Instructions du 3 septembre 1925 relatives aux programmes de l'enseignement secondaire dans les lycées
et collèges
(JO du 3 septembre 1925, p. 8662)
[…]
8
J. Leduc Finalités de l’enseignement de l’histoire 9
Instructions du 30 avril 1931 relatives aux modifications des horaires et des programmes de
l'enseignement secondaire.
(BAMIP, n° 2686, 1 juin 1931, p. 599-600)
[…]
Histoire et géographie
[…]
Des professeurs, ceux surtout qui manquaient d'expérience, et, plus encore, certains examinateurs du
baccalauréat ont interprété comme un minimum ce qu'on avait voulu présenter comme un maximum ; ils ont pris
chaque terme des programmes comme exigeant des développements. On a donc estimé cette fois qu'il y avait
avantage, pour éviter pareille équivoque, à indiquer seulement les têtes de chapitre, en laissant le professeur juge
de la mesure et des formes dans lesquelles chaque question devait être traitée.
Mais il ne faudrait pas que l'on en conclût que l'enseignement lui-même puisse se réduire à un simple résumé
très général, abstrait, sec et froid. On ne conçoit pas que l'étude de l'histoire et de la géographie puisse être
efficace sans être vivante et pittoresque […] L'enseignement doit être avant tout aussi concret que possible,
s'adresser en quelque mesure à l'imagination et non pas seulement à l'intelligence ni surtout à la mémoire et
toujours rester à la portée des élèves, proportionné à leur âge. Dans les classes inférieures, en particulier, ce qui
importe, ce ne sont pas les institutions et les guerres mais plutôt les tableaux et les anecdotes et aucun appareil
savant n'y serait à sa place […] Ce même souci de tout ce qui peut frapper ou séduire l'esprit doit continuer à
inspirer l'enseignement historique à tous ses degrés, sans cesser de tenir compte, de toute évidence, de la maturité
et de la vigueur croissante des intelligences, de leur aptitude de plus en plus grande à abstraire et à comprendre.
Dans les dernières années du cours d'études, on tendra surtout à dégager les traits distinctifs, les caractères
généraux d'un temps, d'une civilisation ou d'une contrée ; à faire saisir l'enchaînement des événements en histoire
et, en géographie, la manière dont les divers caractères d'un pays, géologiques, physiques, économiques ou
politiques se conditionnent l'un l'autre ou réagissent l'un sur l'autre. Mais l'érudition pure et les discussions
savantes n'ont pas de place légitime dans l'enseignement secondaire.
Instructions du 30 septembre 1938 relatives à l'application des arrêtés du 30 août 1937 et du 11 avril 1938
fixant les programmes de l'enseignement du second degré.
(JO du 9 octobre 1938, p. 1197-1216)
Préambule
[…]
Ce qui distingue donc l'enseignement du second degré, ce sont moins les matières qu'on y enseigne que l'esprit
dans lequel on les enseigne et les fins qu'on poursuit en les enseignant. Dans les différentes carrières qu'ils
choisiront plus tard, ses élèves n'auront peut-être pas souvent l'occasion d'utiliser directement les notions
positives d'histoire, de littérature, de sciences acquises par eux au cours de leurs études. Mais ils auront besoin,
en maintes circonstances, de savoir démêler le vrai du faux à travers les contradictions des hommes ; ils devront
être à même de reconstruire, à l'aide de quelques indices fragiles et fragmentaires, un état psychologique ou un
état de fait, selon la plus haute vraisemblance ; ils devront être capables de faire face à des situations inopinées,
de résoudre des problèmes imprévus, d'imaginer des moyens nouveaux exactement adaptés à des fins nouvelles,
de faire ce qu'ils n'auront jamais fait ; ils devront être capables d'examiner toutes choses en les rapportant à leurs
principes et de raisonner sur elles en ne faisant état que de faits bien et dûment constatés ; ils devront être exercés
à observer, à mesurer, à critiquer leurs propres observations, en procédant à des vérifications rigoureuses, à des
dénombrements complets, à des expériences décisives ; ils devront être capables d'embrasser une question
complexe dans son ensemble et de l'analyser dans ses détails, en mettant chaque chose à sa place et sur son plan,
d'exposer clairement, méthodiquement, objectivement une affaire, de lire une pièce (lettre, document, rapport) et
de la lire entre les lignes, en en saisissant exactement la signification, la portée, la valeur, le ton, en perçant
jusqu'à l'esprit et à l'âme du rédacteur et jusqu'aux choses, à travers les mots ; ils devront être capables
d'exprimer, de leur côté, par la parole et par la plume, tout ce qu'ils auront à dire, sans rester en deçà et sans aller
au-delà de leur pensée ; ils devront posséder l'art de persuader les hommes, c'est-à-dire de convaincre leur raison
et de gagner leur cœur ; ils auront besoin de connaître et de comprendre le monde où ils sont appelés à vivre et,
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J. Leduc Finalités de l’enseignement de l’histoire 10
pour cela, de savoir ce qu'il a été, ce qu'il est devenu et comment il va ; ils devront surtout connaître les peuples
dans leur diversité individuelle et nationale et dans leur unité humaine, pour être capables de comprendre leurs
besoins et d'entrer dans leurs idées, dans leurs sentiments, dans leurs passions, parce que, dans le maniement des
affaires publiques et privées et même dans la vie courante, les erreurs de psychologie sont plus fréquentes, plus
désastreuses et lus difficilement réparables que les fautes de technique
[…]
Enseignement de l'histoire (premier cycle)
Le premier cycle s'étend actuellement sur quatre années. Par une répartition qui s'est imposée en 1938 comme
elle s'était imposée en 1902, on étudiera, dans chacune des quatre années, chacune des quatre grandes périodes
de l'histoire […]
Le parcours forcément rapide d'un champ historique aussi vaste exige une application, plus rigoureuse encore
que par le passé, des principes pédagogiques de simplification et de sélection […] D'après quels critères doit
s'opérer le choix nécessaire des questions et des faits qui forment la matière pédagogique ? On peut en distinguer
deux principaux : leur importance et leur nature. L'importance d'un fait se mesure généralement à l'ampleur et à
la durée de ses répercussions. Quant à sa nature, elle doit être telle qu'elle soit assimilable par l'intelligence des
enfants auxquels on s'adresse, le principe d'adaptation au niveau intellectuel de l'auditoire étant pour le maître un
impératif catégorique. L'enseignement du premier cycle ne retiendra donc que quelques grands événements,
quelques personnages illustres ou représentatifs, quelques notions suggestives de civilisation, principalement de
civilisation matérielle ; et il les présentera sous la forme la plus concrète, la plus pittoresque, la plus vivante
possible […] En résumé l'enseignement historique du premier cycle aura un caractère avant tout narratif et
descriptif. Il fera largement appel à l'imagination de la jeunesse. Il réduira au minimum la place donnée aux
institutions. Il s'interdira tout recours à des notions ou a des formules abstraites, qu'il s'agisse d'activité politique
ou religieuse, économique ou artistique. Mais il ne s'interdira pas de faire appel au jugement et à la réflexion qui,
avec la mémoire, doivent être sollicités et exercés à tout âge, dans toutes les classes du second degré
[…]
L'enseignement de l'histoire, par sa nature même, présente les plus grandes difficultés. Il lui faut satisfaire à des
exigences diverses et quasi contradictoires. D'une part, ayant mission d'évoquer les sociétés disparues, d'y
transporter en imagination son jeune auditoire, il réclame, pour cet effort de résurrection, des qualités
exceptionnelles de cœur et d'esprit, principalement le don de la vie, le sens des réalités et de l'humain. Mais,
d'autre part, portant sur des faits ou des états d'une extrême complexité, parfois d'une extrême confusion – tels
que révolutions guerres, crises de toute espèce – il doit, pour les faire comprendre ou apprendre, les éclairer, les
débrouiller, y introduire une netteté de lignes et un ordre que le réel ignore. Tels sont les deux pôles entre
lesquels se trouve placé l'enseignement historique et telle est sa double loi.
Vous voudrez bien appeler l'attention des instituteurs sur certaines modifications que l'arrêté du 14 septembre
dernier a apportées au programme de l'enseignement primaire élémentaire et que je juge importantes pour la
formation des esprits des élèves.
Il leur est demandé dans l'étude de l'histoire de France d'insister sur la continuité de l'effort qui a été fait à travers
les siècles pour construire, maintenir et relever la France. Trop souvent la passion politique enlève à l'historien
l'impartialité qui lui serait nécessaire pour juger l'œuvre qui a été accomplie sous des régimes politiques très
différents. Trop souvent aussi on a, de nos jours, tendance à croire que l'œuvre civilisatrice de la France est née
d'hier et se trouve liée à une certaine politique ou à une certaine philosophie. Il faut avoir une conception plus
libérale de l'histoire. Si on ne saurait trop insister sur l'importance que présente, pour notre pays, la grande
Révolution de 1789, il ne faut pas la représenter comme ayant rompu complètement avec tout le passé et encore
moins croire qu'avant 1789 la France n'avait pas déjà dans le monde une grande influence. On ne doit pas
chercher à opposer les régimes et à diviser les esprits. L'œuvre utile est, bien au contraire, de montrer à l'enfant
qu'elle a été l'œuvre de chaque siècle et de lui faire comprendre que, si de grandes choses ont été accomplies de
nos jours, elles n'ont été possibles que grâce aux lents efforts de nos ancêtres.
5 mars 1942 : Instructions relatives au nouveau Plan d'études des Écoles primaires élémentaires.
(JO du 21 mars 1942, p. 124a-125a)
[…]
Histoire
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J. Leduc Finalités de l’enseignement de l’histoire 11
La plus grande partie des leçons d'histoire à l'école primaire sera consacrée à l'Histoire de France ; et les
programmes prescrivent qu'elle sera enseignée "en insistant sur la continuité de l'effort français, à travers tous les
régimes, pour construire, maintenir, relever la France".
La marque distinctive de la France c'est en effet la cohésion de son territoire et de son peuple, sa vitalité dans les
épreuves, la parenté spirituelle de ses grands hommes à travers les âges. Les Croisés de Godefroy de Bouillon
sont du même sang que les volontaires de 1792 et les héros de l'épopée africaine. L'instituteur n'oubliera jamais,
et les rubriques des programmes le lui rappellent sans cesse, qu'en enseignant l'histoire, son premier devoir est de
sauvegarder et d'entretenir chez les enfants qui sont confiés le sentiment de l'unité de la Patrie. Si la France fut
parfois en péril, c'est pour avoir laissé se dresser les unes contre les autres des factions haineuses. Mais la patrie
demeure intacte tant que subsiste chez ses fils le sens de la communauté française.
Il ne s'agit pas de transformer l'Histoire de France en apologie perpétuelle, de nier les erreurs, les fautes, les
crimes même, dont malheureusement ne sont exemptes les annales d'aucun pays. A l'école primaire, comme dans
les ouvrages de la science, le souci de la vérité reste le grand devoir du maître. Mais ce n'est pas manquer à ce
devoir que d'aborder l'histoire de France dans un esprit de sympathie, que d'y rechercher ce qui est de nature à
réunir les Français plutôt qu'à les diviser, que d'y mettre en lumière ce qu'elle renferme d'admirable et parfois
même de merveilleux ; ce n'est pas manquer à la vérité que de s'abstenir, en ce qui concerne les autres peuples,
de tout dénigrement systématique ou de certaines omissions tendancieuses, que de signaler, à travers toutes les
époques, les traits de courage et de générosité qui ont valu à notre patrie un prestige reconnu de tous, que de
relever chez elle, sous tous les régimes en en tous les temps, la présence d'hommes dévoués au bien public, qui
ont servi, illustré la France et surtout manifesté avec force, quand il s'est agi d'union et de paix, qu'ils s'appellent
saint Louis, Sully, l'abbé de Saint-Pierre ou Victor Hugo, la tendance commune des familles spirituelles
françaises.
Régime féodal, formation des communes que les rois ont favorisée, progrès du pouvoir royal par
l'affaiblissement des grands vassaux, création progressive d'une administration et d'une justice royales,
centralisation opérée par la monarchie et que la révolution ne fit que confirmer, compléter et organiser ; depuis
plus de dix siècles, notre histoire s'est déroulée avec une parfaite continuité et comme sous l'empire d'un même
dessein. Toutes les générations ont accepté le même devoir et vécu les mêmes espérances, avec la même foi dans
le destin de la patrie.
Telle est la grande leçon que l'enfant doit d'abord retirer de l'enseignement de l'histoire. S'il quitte l'école sans
l'avoir reçue, celle-ci n'aura pas rempli son devoir envers lui, ni envers la patrie.
[…]
L'histoire locale s'insère dans chacun des chapitres de l'histoire de France, l'illustrant, l'enrichissant, lui donnant
un attrait nouveau. Mais au sens large l'histoire locale c'est, en réalité, l'histoire provinciale, beaucoup mieux
connue, riche en faits importants et à laquelle il faudra consacrer cinq ou six leçons spéciales, d'autant que,
depuis l'arrêté ministériel du 24 décembre 1941, l'une des questions d'histoire du certificat d'études sera
obligatoirement empruntée à l'histoire régionale.
[…]
Grâce à des exercices répétés, où les problèmes de calcul mental joueront leur rôle, la notion de temps devra être
acquise le plus tôt possible, ainsi que la notion de siècle. Les instructions de 1923 ont rappelé fortement l'utilité
des dates qui permet à l'écolier "de repérer les faits dans la durée et d'avoir une idée de l'évolution historique"
[…] Quinze à vingt dates étudiées au cours élémentaire, trente à quarante apprises au cours moyen
[…]
L'on se préoccupera aussi de donner toute sa valeur au rôle personnel des grands hommes. A tous les cours, une
grande place sera donnée aux biographies des hommes illustres et héros nationaux. Outre que ce n'est pas fausser
l'histoire que d'y montrer le rôle des puissantes individualités qui ont marqué les événements de leur empreinte,
les vies des hommes illustres plaisent aux enfants et fournissent souvent de salutaires exemples pour les leçons
de morale
[…]
Il sied enfin de réagir contre la tendance qui réduisait de plus en plus l'histoire des guerres aux détriments de la
vérité historique tout court […] Victoires, défaites et traités constituent par eux-mêmes des événements de
première grandeur pour la vie nationale et ils entraînent des conséquences trop graves et souvent trop durables
pour que l'on ait le droit de les passer sous silence. Les guerres fournissent d'ailleurs la preuve des vertus
héroïques de notre peuple ; et l'enfant trouvera dans leur étude des leçons capables de développer en lui le
dévouement à la patrie et la fierté d'un ordre viril.
Enfin, en enseignant l'histoire, le maître ne manquera pas d'en dégager les leçons […] Il est légitime que
l'histoire ne se borne pas à relater les événements mais qu'elle en juge les acteurs. Elle pèse les mérites et les
fautes et elle veut que les hommes se montrent égaux aux responsabilités qu'ils ont assumées ; elle respecte ceux
qui savent demeurer grands dans le malheur ; elle admire ceux qui se sont voués avec une abnégation totale à des
fins qui les dépassent ; elle n'accable que la légèreté, l'égoïsme, la fourberie et la lâcheté.
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En termes mesurés, avec la pondération et les nuances qui s'imposent, mais sans équivoque, l'instituteur
n'hésitera donc pas, à l'occasion, à porter sur les événements et sur les hommes un jugement impartial ; le
criterium en sera clair et simple, ce sera le dévouement au bien public, le service de la patrie.
Circulaire du 7 décembre 1945 : Instructions relatives à l'application de l'arrêté du 17 octobre 1945 fixant
les horaires et les programmes (enseignement primaire).
(BO, n° 3, 10 janvier 1946, p. 93-94)
[…]
Histoire
Depuis 1887, l'enseignement élémentaire de l'histoire a pris peu à peu une forme savante, abstraite ; de plus en
plus, il s'est encombré de termes techniques, dont les élèves ne comprennent plus le sens. Aussi donne-t-il
souvent de médiocres résultats.
Il a semblé qu'il y aurait avantage à le rendre moins ambitieux et à le rattacher, autant que possible, à l'histoire
locale, si riche et si variée en France ; car ainsi l'enfant pourrait prendre contact avec la réalité historique.
Comme les programmes de 1923, les programmes de 1945 introduisent l'enseignement de l'histoire au cours
élémentaire seulement. Mais ils présentent deux nouveautés essentielles : on embrassera, dans chaque cours,
toute l'histoire de France des origines à nos jours ; il n'y aura plus d'enseignement suivi de l'histoire.
Avec les débutants, il ne s'agit pas de lier les leçons les unes aux autres avec le souci de la continuité historique ;
il s'agit de choisir, dans chacune des grandes périodes de notre histoire nationale, une ou plusieurs figures de
premier plan, un événement saillant, un ou plusieurs monuments caractéristiques. Mais un personnage, un
événement, un monument n'ont de sens que dans la mesure où ils sont l'expression d'une époque. On prendra
donc la précaution de les "situer" en évitant de s'engager à ce propos dans de longs développements : quelques
mots suffiront pour créer l'atmosphère convenable
[…]
Il conviendra, dès le cours élémentaire, d'apprendre quelques dates, jalons posés à travers les siècles, destinés
bien plus à éviter les confusions grossières qu'à mesurer le temps écoulé, ce qui est à coup sûr hors de la portée
de l'enfant.
Au sortir du cours élémentaire, l'élève a retenu quelques "belles histoires". Il est temps maintenant, sans changer
de domaine, de percevoir une réalité plus complexe, d'étudier les faits essentiels, de les localiser dans le temps
avec précision. Les grandes dates seront mises en relief et apprises par cœur. Les programmes fixent les limites à
ne pas franchir. Ils recommandent expressément de proscrire le vocabulaire technique et de fuir l'abstraction. Les
maîtres insisteront plus particulièrement sur ce qui fait l'originalité profonde de chaque période : conditions de la
vie matérielle et du travail, organisation sociale, institutions politiques même, à condition de faire un choix.
[…]
L'histoire locale peut et doit fournir très souvent un point de départ pourvu qu'on sache en explorer et en
exploiter toutes les richesses
[…]
Ainsi comprise, la leçon d'histoire – qui est aussi une leçon de morale, de civisme et de patriotisme – rejoint
donc la leçon d'observation et en utilise les procédés. Elle diffère cependant de la leçon de choses en ce qu'elle
fait appel à la sensibilité de l'enfant, à son imagination, à son goût du merveilleux. Mais la discipline rigoureuse
de l'observation lui donne cette assise solide sans laquelle elle ne serait que fantaisie ou roman.
Le champ de l'enseignement de l'Histoire dans nos classes du Second degré ne cesse de s'élargir.
Élargissement dans le temps : il ne suffit plus d'arrêter l'étude du passé à 1914 voire à 1919 ; la connaissance de
l'histoire immédiatement contemporaine, au moins jusqu'en 1939 – et pour combien d'années cette date de 1939
restera-t-elle encore l'étape suprême ? - devient une des conditions essentielles de la formation de l'homme et du
citoyen de demain.
Élargissement dans l'espace : nos programmes, naguère centrés au premier chef sur la France et accessoirement
sur l'Europe, embrassent aujourd'hui, dans une certaine mesure du moins, l'histoire de tous les peuples ; en
particulier la création de l'Union française nous assigne comme un devoir de plus en plus inéluctable de projeter
sur le passé de ceux qui se sont associés à nous une lumière jusque-là distribuée avec trop de parcimonie;
Élargissement dans la conception même de l'Histoire qui n'est plus seulement, pour les programmes officiels
comme pour les historiens, politique, diplomatique, militaire, mais qui englobe désormais l'analyse des faits
économiques et sociaux, la description des civilisations et des cultures, l'examen de l'évolution des techniques.
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[…]
L'essence même de notre enseignement, qui est de faire mesurer et comprendre le "développement évolutif" de
l'humanité, exige de nous un récit aussi continu que possible […] La première tâche du professeur d'histoire, et
non la moins essentielle, doit donc consister à distribuer, dès la rentrée, entre la trentaine de semaines ouvrables
dont il disposera, les chapitres du programme […] Rien ne lui interdira, cela va de soi, d'user d'une faculté qui lui
est depuis longtemps reconnue : celle de traiter avec une ampleur inégale les divers éléments du programme.
[…]
Le professeur d'histoire se doit, chaque fois qu'il traite une question, de montrer qu'il est "au courant" des
derniers travaux importants parus sur elle et qui modifient parfois de façon sensible jusqu'aux conclusions des
manuels les plus récents. L'histoire enseignée doit être, dans les deux cycles, et notamment dans le second, le
reflet de l'Histoire érudite, sans cesse remise en chantier et plus ou moins renouvelée.
[…]
Rares sont heureusement ceux d'entre nous qui se satisferaient d'un enseignement historique conçu comme un
"échantillonnage discontinu en profondeur" au mépris d'un des principes de cet enseignement que nous tenons,
on le sait, pour fondamental : le respect de la continuité historique.
[…]
Ainsi conduit, l'enseignement de l'histoire dans nos lycées et collèges ne se borne pas à évoquer, dans leurs
grandes lignes certes, mais aussi dans leur réalité concrète, le passé plusieurs fois millénaire de l'humanité et
l'apport des divers pays à la civilisation ; en contribuant à former – comme l'écrit un historien contemporain –
"des hommes capables de se situer, en toute connaissance de cause, à leur juste place dans le double réseau des
générations qui les ont faits tels qu'ils sont et des contrées du globe qui les entourent, qui pressent, qui
concurrencent ou qui secondent celle dans laquelle ils vivent", il convie et apprend à examiner tous les
problèmes nationaux et tous les problèmes humains. Par lui, et de cette manière, l'Histoire, loin de se borner à
être – comme le croient d'aucuns – un recueil de dates, une liste de personnages, un catalogue de faits et un
répertoire d'anecdotes, peut devenir une lumière, un guide, une école de prudence et de sagesse et, aussi, un
réconfort.
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J. Leduc Finalités de l’enseignement de l’histoire 14
moins, ainsi, sera-t-elle préservée des entraînements obscurs par où des individus et des collectivités ne font que
s'affirmer, sans avoir appris à projeter aucune lumière sur leurs mobiles profonds et livrent ainsi le monde au
choc des rapports de force.
Et enfin quelle autre étude que celle de l'histoire procurera jamais ce sentiment de la continuité du devenir
humain, de la solidarité des générations, grâce auquel, pour peu que l'homme – et singulièrement le jeune
homme – ait au cœur quelque générosité, son désir d'être quelqu'un sera orienté de la manière la plus forte vers le
service de l'utilité commune ?
Aussi bien constatons-nous aujourd'hui un mouvement affirmé, conforme à l'esprit humaniste, pour considérer
que, dans tous les compartiments de la science, un intérêt majeur s'attache à la position historique des problèmes
: est-ce le moment de délaisser l'étude de l'histoire ? Au surplus, en liaison sans doute avec un certain sentiment
des services à attendre de la culture historique, le goût de la lecture de l'histoire s'est visiblement répandu dans le
public adulte. Faut-il priver cette tendance de ses supports dans l'enseignement, si indispensables pour former le
lecteur à la réflexion critique ? Par qui, de quelle manière, ce lecteur aura-t-il été mis en garde contre tout ce qui
– livres ou films – constitue à proprement parler des contrefaçons de l'histoire ?
[…]
La trame des événements, comme celle du développement des civilisations, est continue ; le respect de cette
continuité n'a pas cessé pour nous d'être un principe fondamental. Mais il apparaît comme désormais plus
nécessaire que jamais qu'un certain nombre de questions, jugées relativement secondaires, soient l'objet d'une
étude plus rapide que celles auxquelles on réservera, selon les méthodes préconisées ci-dessus, le maximum
d'attention. Ainsi une série de médaillons seront-ils reliés entre eux – mais bien réellement reliés – par un fil
relativement ténu […] Le principe de la différenciation admis, il fallait faire le départ. Il a été établi en fonction
de deux préoccupations : ne pas concentrer l'attention de manière exagérée sur l'histoire de France, tout en lui
maintenant sa juste place ; accorder une place aussi large que possible aux faits de civilisation. C'est le résultat
de ce travail qu'apportent les programmes du 27 novembre 1956.
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J. Leduc Finalités de l’enseignement de l’histoire 15
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J. Leduc Finalités de l’enseignement de l’histoire 16
Ces objectifs et les exigences qu'ils impliquent valent pour toutes étapes d'une formation qui, de l'école
élémentaire à la fin du tronc commun, doit être envisagée dans sa continuité.
[..]
En définitive, histoire, géographie, sciences politiques, économiques et sociales ne sont que des moyens au
service d'une éducation globale pour une meilleure connaissance de l'héritage culturel de l'humanité et du monde
dans lequel vont vivre les élèves. Le nouvel enseignement de ces disciplines doit, sans altérer les apports
spécifiques de leurs différentes composantes, constituer un ensemble cohérent, destiné à donner aux élèves, tout
autant que des connaissances volontairement limitées mais sûres, des moyens de connaissance et des méthodes
leur permettant de mieux comprendre le monde dans lequel ils vont vivre et de jouer dans la société un rôle
responsable.
[…]
Classe de sixième
[…]
Le choix de sujets privilégiés, la recherche de l'essentiel ne doivent pas conduire à la mise en place de notions
isolées. L'écueil serait en effet d'aboutir à une vision fragmentaire de l'histoire. On s'assurera contre ce risque en
faisant construire aux enfants une bande chronologique sur laquelle seront localisées soigneusement les périodes
étudiées (à cette occasion quelques dates clés seront inscrites et mémorisées)
Il faut, par ailleurs, bien faire prendre conscience aux enfants des simultanéités, des antériorités, des postérités.
C'est en utilisant la bande chronologique et par des comparaisons entre les périodes qu'on atteindra cet objectif.
Pour marquer la continuité entre les périodes étudiées, qui seules apparaissent sur la bande chronologique, il
conviendra d'indiquer quelques repères.
Le sens de la continuité historique, la capacité de structurer le temps sont également développés grâce au choix
d'un thème diachronique, d'une étude en très longue durée montrant l'évolution d'une activité, d'une technique,
des origines à nos jours. Un thème de ce genre permet en outre d'accéder à l'époque contemporaine et par
conséquent d'établir la relation entre des faits historiques passés et des situations actuelles. L'accent est ainsi mis
sur les permanences et les transformations caractéristiques de l'évolution historique.
La présentation d'un thème tel que l'évolution de l'agriculture de la préhistoire à nos jours, qui se rapporte à la
principale activité des hommes de l'antiquité, autorise par ailleurs de nombreux recoupements avec les questions
historiques et géographiques retenues dans le programme.
[…]
Classe de cinquième
L'étude en longue durée proposée, centrée sur les transports et les échanges, permet la structuration du temps et
l'émergence du passé dans le présent. Elle permet également d'établir un lien original entre les diverses parties du
programme.
Arrêté du 16 juillet 1980 : Objectifs, programmes et instructions pour le cycle moyen de l'école
élémentaire.
(BO n° 31, 11 septembre 1980, p. 2349)
1. Objectifs
Les objectifs généraux des activités d'éveil en histoire-géographie visent à permettre à l'élève :
n. de mieux se situer dans l'espace et dans le temps ;
o. d'ordonner la masse des informations dont il dispose et dont il disposera et de développer son
esprit critique à cet égard ;
p. de mieux comprendre la société dans laquelle il vit et la place qu'elle occupe dans le monde et
dans l'histoire.
Les objectifs plus spécifiques auxquels on s'attachera plus particulièrement au cycle moyen et qui sont ici
distingués pour la clarté de l'exposé, visent, quant à eux :
q. le développement d'attitudes favorisant l'attention, l'observation, la curiosité à l'égard du
présent et du passé ;
r. l'acquisition de savoir-faire permettant d'aborder au collège l'étude scientifique de l'histoire et
de la géographie ;
s. la fixation d'un certain nombre de connaissances de base pour progresser ultérieurement.
L'ensemble de ces objectifs contribue ainsi, non seulement à l'épanouissement personnel de l'enfant, mais aussi
au développement de son sentiment d'appartenir à une collectivité nationale. Ils s'intègrent ainsi,
fondamentalement, dans les objectifs plus généraux de l'éducation morale et civique.
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J. Leduc Finalités de l’enseignement de l’histoire 17
[…]
Annexe 1
Finalités et objectifs de l'enseignement de l'Histoire, de la géographie et de l'instruction civique dans les lycées.
L'enseignement de l'histoire et de la géographie dans les lycées est orienté essentiellement vers la compréhension
du monde actuel. Il est de ce fait étroitement lié à l'instruction et à la formation civiques. Ces finalités ne peuvent
donc se différencier de celles exprimées pour les collèges : "Répondre à la curiosité des élèves à l'égard du
monde qui les entoure … Apprendre à se situer dans le monde, à mieux comprendre les problèmes qui s'y
posent, à exercer les droits et à respecter les devoirs de l'homme et du citoyen".
Cette orientation doit être accentuée dans les lycées où les élèves sont plus âgés, plus mûrs. Nombre d'entre eux
accèdent à la majorité légale en cours d'études. Aussi convient-il de faciliter leur insertion dans la société
contemporaine, qu'il s'agisse de la France ou du monde.
Arrêté du 9 mars 1982 : Modification des programmes des disciplines des classes de première et des
classes terminales.
(BO spécial n°3, 22 avril 1982, p. 23-24)
[…]
Instructions
Les finalités de l'enseignement de l'histoire et de la géographie ont déjà été définies avec les programmes de
seconde pour l'ensemble du cycle des lycées.
[…]
Pour l'histoire du temps présent, les sources sont partielles, quelquefois partiales et le recul manque pour dégager
l'essentiel de la masse des faits. Il convient donc de privilégier les structures et les tendances profondes. Il faut
se borner aux faits établis, indiscutables, éviter les explications hâtives, simplistes ou manichéennes, ne pas
hésiter à offrir éventuellement plusieurs interprétations possibles. Cette attitude réaliste doit permettre aux élèves
de critiquer les informations reçues et de leur donner leur importance véritable. Il existe des ouvrages accessibles
et sérieux qui permettent de dominer le programme.
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J. Leduc Finalités de l’enseignement de l’histoire 18
- Faire comprendre progressivement aux élèves qu'ils seront appelés à exercer des responsabilités dans une
société démocratique où ils auront des droits et des devoirs, où ils devront respecter les différences légitimes,
travailler à améliorer la participation de chacun à la vie nationale et se préparer à défendre les valeurs
démocratiques.
[…]
Première période : Grande section, CP, CE1
Au cours de cette première période les objectifs principaux sont les suivants :
t. rendre l'enfant capable de distinguer : l'ici (qu'il voit) et l'ailleurs (dont il reçoit les images) ; le
maintenant (qu'il vit) et l'autrefois (dont on lui parle et dont il découvre les témoignages) ; la
réalité et la fiction (particulièrement dans les media)
u. l'amener à découvrir, à explorer, à structurer son environnement spatial et temporel ; à enrichir
son vocabulaire de quelques mots simples toujours reliés à leurs utilisations ;
v. le rendre conscient, par des situations vécues en classe, de quelques éléments importants de la
vie collective (travail en commun, vote, respect des autres) ;
w. éveiller sa curiosité et son intérêt pour des événements, des modes de vie, des personnages plus
lointains dans le temps ou dans l'espace, en faisant appel à son imagination, à sa mémoire et en
suscitant des interrogations qui n'auront pas toujours de réponse immédiate.
[…]
Seconde période : CE2, CM1, CM2
Il s'agira maintenant de permettre à l'enfant :
x. d'élargir et de consolider les repères qu'il a commencé à acquérir dans le temps et dans
l'espace;
y. de perfectionner ses méthodes de travail, en particulier dans l'utilisation et l'organisation de
l'information […]
z. de compléter les connaissances acquises à la phase précédente en procédant désormais de
façon plus systématique à la présentation de grandes périodes historiques et des grands traits de
la géographie française située dans l'ensemble européen ;
aa. de prendre progressivement conscience de la nature de la société dans laquelle il vit, de la
diversité de cette société et du rôle qu'il sera appelé à y jouer.
Arrêté du 14 novembre 1985 fixant les programmes des classes des collèges.
(BO n° 44, 12 décembre 1985, p. ???)
[…]
Nature et objectifs
L'enseignement de l'histoire et de la géographie se propose de répondre à la curiosité des élèves pour le monde
qui les entoure ; il leur donne le sentiment des solidarités qui les lient à ceux qui les ont précédés et à leurs
contemporains.
Sans altérer les apports spécifiques de chaque discipline, cet enseignement constitue un ensemble cohérent qui
vise à donner aux élèves, tout autant que des connaisances limitées mais sûres, des moyens de connaissance et
des méthodes leur permettant de mieux connaître le monde et de jouer dans la société un rôle responsable.
La conscience de la diversité des milieux et des civilisations est particulièrement propice à la remise en question
des idées reçues, à l'acquisition du sens de la relativité, au développement de l'esprit critique, à la reconnaissance
de l'universel au sein des différentes cultures. La présence dans les classes d'élèves d'origine étrangère peut
constituer l'occasion de mieux présenter certains événements historiques ou des faits de civilisation.
Cet enseignement permet de comprendre la multiplicité des réponses apportées par l'homme aux défis de la
nature et de l'histoire et crée les conditions d'un dialogue fécond entre les peuples.
[…]
En histoire il convient d'élaborer une trame chronologique aux repères peu nombreux, bien connus des élèves et
significatifs : événements marquants, faits de civilisation. En outre l'élève se familiarise avec les temps de
l'histoire : temps court des événements, temps plus long des cycles économiques et des changement sociaux,
longue durée des civilisations; Le professeur insiste sur la mise en perspective des réalités – l'espace, les
sociétés, les économies, les techniques, les mentalités – qui constituent une civilisation. Il donne à l'histoire
nationale la place qui lui revient dans le dialogue des grandes civilisations. Il montre comment s'est constituée
l'identité nationale et fait apparaître, à travers les siècles et les régimes, la continuité de l'histoire de la France,
creuset de peuples et de cultures, ainsi que la nature des défis successifs auxquels notre pays a été confronté.
Arrêté du 14 mars 1986 relatif à l'enseignement de l'histoire et de la géographie dans les lycées.
(BO spécial n° 1, 5 février 1987, p. ???)
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L'enseignement de l'histoire et de la géographie dans les lycées est orienté essentiellement vers la compréhension
du monde actuel. Il est de ce fait étroitement lié à l'éducation civique.
[…]
Plus particulièrement l'enseignement de l'histoire et de la géographie en classe de seconde se fixe un double
objectif :
Un objectif de méthode. Il convient de donner aux élèves la possibilité de consolider et d'élargir la maîtrise de
l'outillage mental (vocabulaire, concepts, modes de raisonnement) et des techniques (prises de notes,
entraînement à l'expression écrite et orale, méthodes de travail personnel et de groupe, savoir-faire propres à
chaque discipline) indispensables pour suivre avec profit un enseignement au lycée ;
Un objectif culturel. L'âge des élèves, leur plus grande maturité, l'importance des questions figurant au
programme donnent la possibilité de faire comprendre, même sommairement, la démarche de l'historien et du
géographe. La recherche suppose une problématique, se nourrit de documents, demande des mises en relation de
phénomènes différents. L'enseignement implique une réflexion sur la notion d'objectivité qui évite à la fois le
scepticisme et le schématisme.
[…]
Entraînement aux méthodes de l'histoire. Il ne s'agit naturellement pas ici de parvenir à une compétence
professionnelle mais d'acquérir une attitude d'esprit qui doit être celle de l'homme cultivé et du citoyen
responsable : capacité à construire une problématique et à saisir la multiplicité des causes dans les sciences
humaines ("Les faits ne parlent qu'à ceux qui savent les interroger" écrivait Marc Bloch), développement de
l'esprit critique à l'égard du document ou de l'explication en histoire, consentement au fait et au réel (l'histoire,
école d'humilité), apprentissage de la liberté (la connaissance du passé éclaire le présent et la conscience que
nous prenons de notre héritage nous permet de choisir ce que nous entendons assumer et refuser)
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Arrêté du 29 mai 1996 : Organisation des enseignements dans les classes de 6e de collège.
(MEN, CNDP, 1999, p. 14-15)
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hommes en géographie, on peut tenter une première approche de l'histoire de l'humanité qui, sans négliger les
autres cultures, est essentiellement organisée autour de la lente constitution du patrimoine culturel européen
[…]
Ce parcours met en œuvre l'approche critique et problématique inséparable de la pratique de l'histoire et de la
géographie.
A cet égard, l'acquisition de grands repères historiques et géographiques est fondamentale. Chaque thème d'étude
comporte l'indication de repères qu'il est indispensable de mémoriser, afin de prendre conscience de la durée et
de l'espace.
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