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L'ARCHITECTURE
GRECQUE
3
Habitat, urbanisme et fortifications
commercial@ed1tions-picard fr
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Sommaire
Planches couleurs 1. L'évolution des matériaux et des techniques, 156 L'architecture militaire
9
-
Les fondations et le sous-sol Les murs Les pavements, les - 6. Les fortifications urbaines
Historique de la recherche 17
-
enduits muraux et les peintures Les baies et leurs fermetures - 294
1. Lafanction des murailles dans une cité grecque, 294
Les toits et leurs couvertures
J. Un intérêt tardif et limité à l'habitat de l'élite, 17 2. Les débuts des murailles urbaines, 299
2. L'alimentation en eau des maisons; l'évacuation de leurs eaux usées, 169
Le droit à l'eau - Les puits domestiques - Les citernes domes-
2. La maison grecque selon Vitruve et les sources littéraires, 2 0 Localisation et tracés des premières murailles ?rccqucs
tiques - L'évacuation et la réutilisation éventuelle des eaux do-
3. L'interprétation globale d'unefauille domestique, 29 Caractéristiques des murailles archaïques
mestiques - L'irrigation et les jardins, dans les maisons urbaines
4. Urbanisme etfartifications, 3 0 3. Les murailles urbaines de l'époque classique, 309
Techniques et appareils de murs Topographie et tracés Les
et à la campagne
différentes parties d'une muraille classique
PREMIÈRE PARTIE 4. Les villes hellénistiques face à la poliorcétique, 317
L'habitat Matériaux et techniques - Topographie et tracés - Courtine et
DEUXIÈME PARTIE
tours dans les murailles hellénistiques Portes et poternes
1. L'habitat urbain 34 L'urbanisme et la topographie urbaine
L'habitat aux 34 7. Les fortifications extra urbaines 343
1. époques géométrique et archaïque,
4. L'organisation de la ville 180
Les débuts de l'Âge du Fer - Le plan curviligne - Le plan rec- 1. Une question de définition: places fartes ou «oilles-forteresses»], 343
1. L'urbanisation, 180
Questions de définition - Les groupes d'habitat dispersé et ceux
tangulaire 2. Les farteresses et les fortins, 3 4 7
4 SOMl\WRE SOMl\IAIRE 5
« De murailles il entoura la ville, il {•ln Il' m. i on
ct fit les temples aux dieux, l't il partagea le champ )>.
INTRODUCTIO
Remerciements
Au_ fil ?u t?xte le mots grec gui ?ouchent à l 'architecture sont donnés, à la première occurrence, en grec et
. , en trans-
littération italique, avec une traduction. Les autres mots grecs sont en général
.
simplement translittérés , de même q ue
r:rtams m?t et?an?ers. éanmoins, un terme antique ou étranger passé dans l'usage français courant
,
if: comparer
:
meure pas moins que ces entités autonomes sont Enfin, je ne saurais trop remercier Gérard
max. maximum
indissociables. Dans un livre récent consacré aux Nicolini pour sa patience, ses relecture et cs ug-
:
c. r.: compte rendu
op. cit. ouvrage cité :
coll. : collection maisons et à la ville d'Olynthe, N. Cahill souli- gestions amicales.
prof profondeur
DAI: Deutsches Archaologisches Institut
:
s. d. sans date
:
gnait2 justement que l'étude de la cité grecque doit
diam.: diamètre
dim.: dimensions
s. o. sub uerbo, renvoi à une notice
: «commencer avec l'étude de la maison grecque»,
ÉFA: École française d'Athènes
Suppl. Supplément :
en reprenant une affirmation d'Aristote: « toute
trad. traduction Marie-Christine Hellmann
:
polis (n6ÀLS') est composée d' oikoi (oÎKOS', pl. OÎKOL) » C? RS, Ul\1R 70+1.
(Politique, 1253b ), en ce sens qu'une cité organisée «Archéologies ct Sciences de l'Antiquité ».
Les légendes des figures sont toujours
données dans le même ord re. l ocahte,, nom du ·
est une communauté d'ensembles domestiques. Université de Pari Ouest Nanterre La Défense.
monument; désignation
.
Les dates avancées s'entendent no rma 1. Città greca antica 1999, p. VII.
l ement avant .- c ·, sauf dans
J quelques rares cas où l'ère chrétienne est mentionnée. 2. CAHILL 2002, p. VII.
6
7
Pl. I. Délos, Maison des dauphins. Vue sur la cour péristyle et sa mosaïque ; au fond, un groupement de trois pièces.
Pl. li. Délos, Maison à une seule colonne. Le raccord de la bande noire de la mosaïque
contre la plinthe montre que la colonne appartient à un état antérieur.
8 9
Pl. Ill. Délos,Maison du trident. Vue perspective restaurée, Pl. IV. Délos, Quartier du stade. Restes d'un enduit mural.
par Albert Gabriel. Fonds Gabriel Chaise. Pl. VI. Délos, Maison de l'Hermès. Les trois niveaux de l'habitation, après la restauration des deux premiers.
10
11
Pl. VIII. Latô. L'.agora vue du sud; au fond, les gradins devant le prytanée. Pl. X. Messène, fortifications. La cour ronde de la porte d'.A.rcadie et le pilier autrefois
dressé au milieu de l'ouverture, pour relier deux portes à deux vantaux.
Pl.IK Trézène, fortifications hellénistiques. Tour en appareil rectangulaire à Pl. XI. Héraclée du Latmos, fortifications de l'acropole. Vestiges d'une des tours
bossage,
pleine au premier niveau, ayant conservé
l'escalier de pierre qui mène à l'étage. rectangulaires et de la courtine adjacente, directement fondée sur le rocher.
12 13
Héraclée du Latmos, front est des fortifications. Vue de l'intérieur
Pl. XII.
d'une tour d'artillerie à deux étages, avec une fenêtre de tir ébrasée. Pl. XIV. Aigosthènes. Vue d'ensemble des fortifications.
14
15
Historique
de la recherche
sons hellénistiques dégagées à Délos, qu'il releva Paris 1981 (plans et élévations
conformer aux tendances affichées par les architectes de maisons), et précède Italia antica.
de son temps, qui accordaient d'une manière géné- entre 1908 et 1911 (fig. III et 4) avant de poursuivre Envois de Rome des archueaesfrançais
rale une place prépondérante aux besoins de la vie ses travaux pionniers sur l'architecture domestique à en Italie et dans le monde méditerranéen
aux XI.\ et .\'.\' siècles, Paris 2002
quotidienne et aux formes urbaines. Rhodes et en Turquie3.
(où la priorité est donnée aux palais .
Le choix d'un site sicilien n'était pas non plus Cet intérêt tardif pour l'habitat et l'urbanisme
2. MERrt:.:\? 2003, p. 11.
indifférent. Grâce aux fouilles de Pompéi et d'Her- grecs peut également s'expliquer d'une autre façon:
3. Albert Gabriel (1883 1972), peintre,
culanum, les architectes qui travaillaient sur le sol ita- sur tous les sites où ont travaillé ces architectes, les P1,o, dir..
architecte. archéologue, 1•qvageur. P.
lien avaient pris assez tôt conscience de l'intérêt que temples étaient soit petits, soit très mal conservés, cat. expo. Istanbul 2006. et Ph. f1t.\lSSI.
J.-Ch. MORETTI, P. P1 .o-, .• ïlbert Gabriel.
pouvait présenter l'étude d'une ville prise comme un alors que certaines maisons impressionnaient à la
Pl. XVII. Po se1,id ·
»).
16
HISTORIQJ EDE LA RECHERCHE 17
Fig. 2 Sélinonte, plan urbain
restauré. Lavis gris, « Envoi
de Rome » par J. Hulot. Document
ENSBA, Paris.
cae constituuntur..
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gvnaeconuis appellatur · 3 C
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t lita, in qui-
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altitudinibus., au t una,
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quae ad
meridiem spectat, excelsionbus columnis
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pensiy lum, quod unam altiorem habet porticum
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untut: Habent autem eae domus vestibula earem·lü et
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prias cum dzgnztate porucusque perisMiorum alb
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zanuas pro-
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et ex intestino opere lacunanzs
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ornatas., et in orzcz
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• • ditem vero spectantes oecos quadratos ita ambla
m agnz.t u dime, r .
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faciliter in eo quattuor tricliniis stratis ministrafonu
. . . .
PÉRISTYLE
.
" lu darum-
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REZ-DE-CHAUSSÉE
dzcuntur, quod in his viri sine interpellationibus mulierum ver-
santur. Praetera dextra ac sinistra
Ces appartements ont des vestibules magnifiques (fig. 6)
- alors même qu'il s'agissait, à l'évidence, Fig. 6. Proposition de restitution
domunculae constituunt ur
.
h a b entes proprios umuas, triclinia et
. avec des portes particulières d'aspect prestigieux, des d'une demeure exceptionnelle. Jusqu'au début du de la maison grecque selon Vitruve.
cubicula commoda'U! D'après V Laloux, L'Architecture
.
aedificant, sed
q??a de maison en compagnie de leurs
.
.
fileuses. À droite les appelle andronas. Mais voilà ce qui est vraiment bien même Vitruve n'avait pas pu connaître l'habitat sur les plans.
?' et
e? ""
parte ?quilia, ex altera ostiariis
non spatio-
cellas, statimque
et à gauche de la prostas se trouvent
des chambres
dont l'une est dite thalamos, l'autre amphithalamos. Tout
surprenant; en grec et en latin on ne s'accorde pas. grec des v' et rv" siècles av. notre ère, une telle démar- 11. P PARJS, BCH 8, 1884,
etsuiv, et GARD:\'ER 1901.
p. 485
tanuae zntenores fimuntur. En effet les Grecs appellent andronas les salles où se che n'était nullement jugée anachronique.
Hic autem locus inter duas ianuas 12. D'où la recherche permanente
graece.8vpwp?v _appellatur. Deinde est au?o?r, sous les portiques, sont disposés des salles à tiennent habituellement les banquets entre hommes Contre toute attente, la publication des maisons du « megaron type», encore perçu
introitus in perisrylon.
Id peristylum in tribus partibus habet porticus ?rois lits (triclinia) pour l'usage quotidien, des chambres et où les femmes n'ont pas accès». de la ville de Priène, fouillée de 1895 à 1899, celle dans les maison de Priène par
inque parte' quae a coucher et des petites pièces pour les
7. Ce sous-chapitre 2 reprend
les spectat ad mendiiem, d.uas ·
esclaves. Cette des habitations de Délos, mises au jour à partir de W. B. D1:\'S?IOOR, The Architecture ef
antas inter se spatio amplo Ancient Greece, Londres- ew York 1950,
?ra.?de lignes de mon article: Vitruve . .
distan- par?e .de l'habitation est appelée le gynécée. 3. Cette Parce que l'archéologie classique a longtemps été 1880 et surtout de 1903 à 1912, enfin la grande
et I invennon d'une maison tes, tn qu?bus trabes 3• éd. revue.
invehuntur, et quantum inter antas
grecque distal jugée inséparable des sources littéraires, sinon fondée publication des realia de la ville d'Olynthe, explorée
Mélanges Pi.erreAupert
2008, 61-72.'
ex eo tertia adempta
spatium datur introrsus. Hic locus aliud
p?r?ie Jouxte des appartements plus vastes, qui ont des 13. Au rassemblement des sources
r
p.
8. Texte latin d'après
CALLEBAT 2004.'
nonnullos pros tas.' apu
,1i d
a zios pastas nominatur
·
. penstyles plus élégants, dont les quatre parties sont sur celles-ci, et que Vitruve était le seul à parler avec à partir de 1928, ont renforcé le besoin de recourir effectué par A. PEtl:.RS, D. M. RoBI'\SO ,
2 ln hiZS lOCZS
r. .
modifications.
cum lanijiczs habent
oeci maeni' in quibus
·
sessionem.
0 .
matres ami·z·tarum.
ln prostadis
fi le sud, ?omporte des colonnes
plus élevées. Ce péris- paragraphes ont été considérés très tôt comme étant toute interprétation des ruines d'une maison grec-
ajouter désormais HL'SSO'\ 1983 pour
les document sur papyru et HU.L\t.\.'\:\'
autem dextra ac la description d'une fastueuse « maison standard»
tyle qm a un portique plus haut est dit «rhodien». que. Cette tendance culmina en 1935 dans un article 1994 pour les écrits sur pierre.
20 HABITAT, URBANISME ET
FORTIFICATIO S
HISTORIQUE DE LA RECHERCHE 21
Fig 9 Pompéi, Maison du faune
Plan du dernier etat avec deux atria
et deux péristyles D'après Gros
2001, p. 47 fig. 31.
10m
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j
5
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I
qui prolongent un atrium par une cour péristyle, sur pastas; alors que D. M. Robinson pensait que ce plan
un plan axial23 (fig. 9), ainsi que des grandes maisons n'existait pas avant le dernier tiers du v' siècle, date 23. Remarque déjà faite par GR.\H.\.\1
grecques construites à l'époque hellénistique tardive de la construction de la nouvelle Olynthe, on a pu 1966, p. 16-19.
pour d'importants personnages d'Italie du Sud et de montrer qu'il remonte au moins au vir' siècle dans le 24. S. AJOS.\, Considerazioni
Sicile. Ces dernières reproduisent parfois des schémas monde grec (irifra, p. 41 ). Quelques maisons à pastas sull'architettura dornestica siciliana di
qui se sont conservés pendant toute la période répu- - ou, plutôt, de plan apparenté - ont également été età ellenistica in riferimcnto al \'I libro
del De Architectura, Vünano Genoca 2003,
blicaine, comme les deux cours voisines, dont l'une relevées en Gaule Narbonnaise (fig. 12)jusque dans la p. 49-61.
?--?????? s Cl 20
pouvait être bordée d'un péristyle rhodien24 (fig. 99). seconde moitié du Ier siècle av. notre ère, et il ne paraît 25. DRERL"P 1967; KR.\l"SL 1977;
Si les réalités du terrain s'avèrent le plus souvent
0 10
pas excessif d'y voir, de la part de leurs propriétaires, L.\.'\'.G 1996, p. 98-103.
Fig. 8. Délos, îlot de la Maison des masques. À g. le plan restitué par J. Chamonard (BCH 57, 1933, dépl. 1 ), à dr. son interprétation par A. Rumpf (Jdl 50, 935, p. 7). fort éloignées de la description de Vitruve, il n'en reste une marque d'affirmation grecque face au modèle 26. Sur le sens du mot pastas en grec
ancien, voir HELUIA.',;,,; 1992, p. 326,
pas moins que l'auteur met à notre disposition une romain 28• et Mégara Hyblaea 2004, p. 469-470:
14. A. RnrPF, Zurn hellenistischen part importante du vocabulaire de la maison grecque, Le type de la maison dite à prostas est moins tout en désignant habituellement un
Haus,Jdl 50, 1935, p. 1-8. d'A. Rumpf 14 qui prétendait montrer, en modifiant grecque Vitruve ne songeait qu'à une demeure d'ex- et cette constatation suffit à légitimer le recours per- répandu et semble à première vue nettement plus portique, il peut s'appliquer à tout
espace de communication, fermé par
15. R. \'..\LLOIS, REG 49, 1936, p. 154. légèrement des plans publiés auparavant par Joseph ception, très étendue et diversifiée, dont seules quel- sistant au De Architectura. C'est bien pourquoi, depuis spécifique de l'Égée. Nous reviendrons en détail sur un mur percé d'une baie. C'est à tort
16. KREEB 1985, résumé au début Chamonard, que l'îlot de la Maison des masques à ques parties peuvent éventuellement se retrouver dans la première moitié du xx' siècle, les antiquisants uti- les maisons construites au rv' siècle à Priène, à propos que W. B. D1:\'Sl\fOOR, The Architecture
de l'article de REBER 1988. of Ancient Greece, ew York 1950, p. 393,
Délos s'accordait tout à fait avec le texte de Vitruve certaines maisons fouillées, qui ne sont pas celles de lisent systématiquement les termes pastas (TTaŒTcis-) et desquelles les archéologues allemands, et plus spécia-
17. Le commentaire de C..\LLEBAT 2004, voyait dans la pastas, à la suite d'auteurs
221-223, est manifestement inspiré (fig. 8): par conséquent, la description de l'ingénieur la classe moyenne nous reviendrons plus loin sur les prostas (îîpOŒTClS') pour analyser une maison grecque: lement Th. Wiegand, ont adopté ce terme pour la du début du xx' s., une alcôve ou une
première fois29• On accède ici aux pièces principales -
:
p.
de l'édition de Vitruve publiée à Turin romain pouvait et devait être compris comme la habitations à deux cours, sur les loges de portier entre la typologie de l'habitat grec est fondée sur la distinc- exèdre donnant sur la cour intérieure.
en 1997 par P. Gros, A. Corso forme «normale» d'une grande habitation hellénis- deux seuils, sur les salles de réception en exèdre et tion entre les maisons dotées d'un péristyle et celles en général une seule, ou deux au maximum - par un 27. Olynthus 1938, p. 143-151, 162.
et E. Romano), qui accrédite la thèse Cf la synthèse «Haus», signée
de Rumpf.
tique. R. Vallois a fait justice de cette affirmation, sur les salles de banquet «cyzicènes»18 ••• Mais on n'a qui en sont dépourvues, et dans cette seconde catégo- petit auvent ou une sorte de vestibule réduit à deux de D. M. Robinson et utilisant
18. Cyzique étant réputée pour peut-être trop brièvement15• Constatant cinquante pas encore identifié avec certitude dans une maison rie les habitations à pastas sont conventionnellement supports entre le prolongement des murs latéraux, en largement les fouilles d'Olynthe :
son luxe, il doit s'agir d'une version ans plus tard que l'idée de Rumpf avait toujours importante des logements pour les hôtes, ni une pina- distinguées de celles dites à prostas25• bordure d'une cour de dimensions médiocres (fig. 13). Real-Encyclopddie Suppl. VII, 1940,
micrasiatique de la salle de banquet, surtout col. 252-278.
cours, M. Kreeb a cru devoir méthodiquement ruiner cothèque ou une bibliothèque privée, bien que des Les archéologues ont en effet l'habitude de par- Cette fois, nous voilà assez loin de l'emploi du mot
largement éclairée par de hautes 28. A. BOUT, Olbia de Provence
fenêtres et offrant deux lits à trois places sa démonstration, en rappelant ce qui était une évi- sources littéraires témoignent de l'existence de biblio- ler d'une «maison à pastas» lorsque l'accès à deux ou dans le De architectura et dans divers textes grecs, qui (Hyères-les Palmiers, Var la maison :
autour desquels on peut circuler (selon dence depuis Chamonard: là où Rumpf voulait voir thèques personnelles dès le ye ou même le vie siècle". trois pièces mitoyennes se fait par une sorte de cor- suggèrent une majestueuse « colonnade en avant», de !'Ilot VI et l'évolution de la maison
Vitruve VI, 3, IO; voir C.'\LLEBAT 2004,
une seule vaste Maison des masques - ainsi nommée Alors que J. Raeder voyait dans le modèle vitruvien -
ridor transversal, devant une cour soit un schéma dans un contexte monumental plutôt que domesti- à pastas de type olynthien, RE4 99
p. 153-155).
19. Logement pour hôtes: Euripide,
-
d'après les motifs de sa mosaïque principale se trou- une description poétique, qu'il voulait rapprocher des tripartite. Cet espace allongé est délimité par un mur que". La prostas à la manière de Priène, qui existait (Mélanges] Coupry), 1997, p. 443-457.
Voir toutefois à ce sujet les réticences
Alceste, v.545-549; bibliothèques privées vait en réalité un îlot d'habitation qui comprenait au palais macédoniens ou du « Palais des colonnes» à percé d'une porte ou, à partir de la période classique, déjà au vr siècle à l'Ancienne Smyrne, se retrouvera de GROS 2001, p. 142-145, pour
par une véritable colonnade placée au niveau des Ensérune, Olbia et Vaison-la-Romaine.
des Grecs: Antike Bibliotheken, rez-de-chaussée quatre logements (A, B, C, D), dont Ptolémaïs" (fig. 132), A. Corso estime, quant à lui, : au rv' siècle dans les maisons de Colophon ainsi qu'en
\\'. HOEPI":\"ER éd., Mayence 2002, p. 23. 29. WIEGA.'m, SCHRADER 1904, p. 285
Une inscription de Chios mentionnant deux étaient aussi modestes que leurs boutiques atte- que Vitruve aurait pu puiser son inspiration dans plu- deux tiers du plan, celle-ci peut occuper toute la lar- Thrace, à Maronée et à Abdère", respectivement et suiv.
une pinacothèque (K. A. GARBRAH, <.,PE nantes i6. Alors que tous les connaisseurs de l'habitat sieurs habitations opulentes élevées à Délos au rit siè- geur de la maison, ou seulement une partie (fig. 10). colonies de Chios et de Clazomènes, puis de Téos. 30. Juste remarque de R,\.E.DLR 1988,
73, 1988, p. 73 n° 7) est trop lacunaire délien ont rejeté l'analyse erronée de Rumpf, la ten- Cette acception archéologique du mot pastas étant La présence d'une prostas dans les maisons du Pirée
pour as urer que celle-ci appartenait cle, dont les traits auraient été diffusés en Occident p. 360-361.
bien à un certain Théodoros. tation vitruvienne est restée suffisamment forte pour par le grand nombre d'Italiens qui vivaient et com- conforme au sens de toutes ses attestations dans la conçues par Hippodamos de Milet reste contestable 31. G. L\\'.\S,
. G. KARADEDOS dans
20. RAEDER 1988. que cet article continue de séduire, au point d'avoir merçaient dans l'île2i: pourtant, nous verrons que les littérature grecque ou en épigraphie26, les fouilleurs (fig. 65); quoi qu'il en soit, le plan à prostas n'a été Hommages Larandis 1990, p. 662-680
(Maronée) ;J. W. GRAHAl\!, Notes
21. A. CORSO, La casa greca secondo été accepté dans deux excellentes éditions récentes maisons déliennes et la demeure vitruvienne ont fort d'Olynthe ont accrédité cette catégorie typologique, que rarement reconnu en Grèce continentale, et tou- on Houses and Housing-Districts
Vitruvio, Archeologia Veneta 21-22, Venise qui commentent le livre VI du De Architectura17• peu de points communs22. Plutôt que d'imaginer un après avoir couramment rencontré sur ce site l'asso- jours sans assurance. On a cru le lire dans une maison at Abdera and Himera, AJ4 76, 1972,
1998-1999, p. 37-49 if. let. II de son 295-301.
commentaire à Vitruve, édité et traduit
Reconnaissons, toutefois, que ce point de vue est voyage de Vitruve en Grèce, on peut penser qu'il aura ciation, jugée «canonique», d'un corridor (fig. 11) ou d'Orraon en Épire, datable du milieu ou de la seconde p.
devenu minoritaire. Pour la plupart des archéologues d'une colonnade et de deux ou trois pièces devant une moitié du IVe siècle, ainsi que dans un habitat hellénis- 32. Geschichte des IVii/mens 1999, p. 40 I
en italien, Turin 1997 . mêlé plusieurs sources d'inspiration géographique- (Orraon ; E.J. HOL\IBER<,, The Swedish
22. Constatation rappelée dans SIEBERT de la fin du xx' siècle et du début de notre xxr' siècle ment proches. Il lui était facile d'avoir une connais-
cour27 (fig. 42-43). Mais le cas d'Olynthe ne doit pas tique d'Aséa en Arcadie32: en fait, le plan de la mai- Excavation at Asea in Arcadia, tockholm
2001, p. 121. il ne fait plus de doute qu'en parlant de la maison sance directe des maisons pompéiennes ou romaines occulter l'ancienneté et la relative banalité du plan à son 1 d'Orraon n'est pas vraiment comparable à celui 1944, p. 147-153 maison 1
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10
Phase la
Phase Ib
12
13
possèdent une salle pour les banquets entre hommes, des agglomérations grecques quasiment ignoré e
semble bien avoir ignoré une séparation des sexes à la jusqu'ici ont maintenant été publiée avec oin
manière orientale42 (irifra, p. 53-55). mais aussi à celle des habitats d'autres civili ations et
Récapitulons: tout en sachant que la terminolo- d'autres époques, comme les maisons égyptiennes,
gie de Vitruve est mal adaptée aux divisions de la plu- mésopotamienne , islamiques, ou encore celle de
part des maisons grecques, les archéologues de tous Indiens d'Amazonie, dans des ouvrages interdisci-
pays ont tendance à la conserver, une attitude princi- plinaire qui s'interrogent sur des a pect méconnus
palement dictée par l'habitude ou par la convention, ou négligés auparavant43• Aucun secteur dome tique
les fouilles d'Olynthe et de Priène étant devenues des n'est plus considéré a priori comme étant moins inté-
références établies pour tous ceux qui veulent décrire ressant que le pièces décorées ou les cours de gran-
des unités domestiques nouvellement fouillées. des dimensions; c'est pourquoi les lieux où les Grecs
faisaient la cuisine, où ils procédaient à leurs ablution
et où, enfin, ils se soulageaient - des zones occultée
3. Linterprétation globale par Vitruve, mais non par les auteurs grecs - sont
aujourd'hui l'objet de toutes les attentions de archéo-
d'une feuille domestique logues. Surtout, on évite généralement d'étudier l'ar-
chitecture domestique en la séparant de artefact :
illustrer des communications orales. L'ouvrage resti- le vocabulaire antique connu pour les différentes par- Ayant constaté une fois pour toutes que la lecture l'habitation bénéficie d'une analy e globale, en accord
tuait partout des villes découpées à angles droits et ties de la maison; pour se conformer au petit nombre des textes anciens était d'un maigre secours pour avec la pensée d'Aristote, selon qui Yoikia (olxlc),
couvertes de maisons standardisées, en supposant que de textes grecs qui, avant Vitruve, suggéraient déjà comprendre le fonctionnement d'une maison grec- la «maison», ne peut vraiment être comprise qu'à
l'homme qui donna son nom à ce plan, Hippodamos une division des habitations selon le sexe, les maisons que, des archéologues anglo-saxons ont jugé plus condition d'être appréhendée comme centre de l'oikos
de Milet, n'avait fait qu'appliquer la notion démocra- profitable d'adopter, depuis les années 1980, une (oLKOS), la «famille», dans sa situation socio-écono-
de tous les sites étudiés dans ce livre ne pouvaient
tique de l'égalité des citoyens devant la loi. Si cette échapper à la recherche d'un quartier ou de pièces grille d'analyse qui reprend des méthodes familières mique et dans ses liens avec la cité". La mai on et on 42. Conclu ion de Prxv no 1987, entre
théorie a fait long feu, surtout après les derniers tra- réservés aux hommes, en opposition au gynécée ou aux préhistoriens, aux ethnologues et aux anthropo- contenu forment un tout où chaque partie e t mi e en autre.
vaux allemands consacrés à l'urbanisme milésien logues: c'est l'examen comparatif de tous les restes, rapport avec d'autre éléments, aussi bien l'allure de 43. Voir par ex. M.J\\11',0 Dome tic
quartier des femmes. Pourtant, au moment où fut
,
tectes-archéologues allemands restait traditionnelle L'organisation d'une habitation grecque e t désor- mique de toute orte recueillie dan t lle ou tell pièce
reconnu, grâce à une relecture approfondie des textes 44. D. \GU, The Household
Br.
basée sur la vieille répartition: pastas à Olynthe,prosta; mais couramment comparée, non seulement à celle ou dans la cour, l'alimentation en eau, etc. En 1953, ef Aristotle 's Polis,
as the Foundation
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en 1970, celle de l'îlot de la Maison des comédiens sollicitude que les propriétaires de vastes demeures
se conformaient déjà en partie à cette méthode, mais très décorées, et il ne semble nullement incongru, en
d'une manière non sy tématique'", tant il est vrai que ce début de notre xxr siècle, qu'un spécialiste de l'ha-
l'étude synthétique d'une fouille domestique n'a vrai- bitat grec s'interroge sur les logements provisoires,
ment été pratiquée que depuis une date relativement sur ceux des «sans-abri» ou des soldats en campagne,
récente, en particulier pour les maisons de Pompéi". enfin sur l'organisation des maisons closes48•
Alors qu'on a longtemp voulu identifier une cuisine On souscrira pour conclure à ces remarques de
sur des critères avant tout techniques (nature du sol, S. Rougier-Blanc, au terme d'une brève mise au point
pré ence d'un foyer ou de cendres et d'une adduction sur les orientations actuelles de la recherche dans le
ou d'une évacuation d'eau à proximité), de nos jours domaine de l'architecture domestique grecque: par
le caractère le plus souvent mobilier de la cuisine et
rapport à la fin du xrx- siècle, ce ne sont pas tant les
de ses usten iles a été reconnu, tandis que la nature de
questions qui ont changé que « la manière de les poser
la vaisselle et le nombre des fragments trouvés dans
et de tenter de les résoudre», car l'habitat est désor-
45. DELOR.\IE 1953; Îlot des comédiens chaque e pace servent à des calculs statistiques déter-
1970. mais abordé par le biais d'autres «problématiques
minants": Cette démarche est de toute façon la seule communes»49.
46. \oir le remarque de M. TRC\fPER,
Topaz1112, Lyon 2001 [2003], p. 795-
envisageable quand les restes architecturaux sont très
796, et encore TRC'.\fPER 2005 (à propos maigres et donnent l'impression que les pièces sont
de la publication di per ée de la Mai on
somme, pour les villes «nouvelles» par rapport aux d'adapter, au Pirée comme ailleur , un agencement
semblable (fig. 20), un cas banal jusqu'à la fin de
de eaux à Délo ,jugée mal adaptée 4. Urbanisme etfartifications villes «anciennes» -, n'a fait que croître, en revenant qu'il avait connu dans sa ville natale.
l'époque archaïque. Pour tenter de préciser la date et sans cesse sur la question des idées politiques et du
aux que tion que po ent le cinq états Enfin, ce n'est pas un hasard i A. von Gerkan
de cette mai on ingulière . la fonction des espaces, il ne reste alors que le
recours Étant admis que la maison et la ville posent des rôle joué par Hippodamos de Milet dans la concep- a également analysé et publié des fortifications:
4 7, Démarche prônée dan CAHILL à l'examen comparé de la stratigraphie et des trou- tion de
2002 en tenant compte de éventuel problèmes distincts et doivent d'abord être consi- ce plan. c'est précisément son travail à Milet qui lui avait fait
vailles en tout genre. Les archéologues savent aujourd'hui qu'Hippo- comprendre que, d'une manière générale, le tracé
déplacements ou réutilisation d'objet); dérées séparément, leurs relations ne sauraient être
En définitive, la principale conséquence de l'im-
cf. B. . LLT, L. C. £\"ETT dan minimisées au motif qu'une « maison peut être isolée damos n'était pas l'inventeur du maillage orthogo- et les différents états d'une muraille en apprennent
The Archaeology ef Household Activities, portance désormais accordée aux aspects économi- nal, et il faudra aussi renoncer à écrire que Milet fut long sur le développement d'une cité (fig. 22). Et
P. :-.L Aurso: ed. Londre
1999
sans pourtant différer des maisons de ville o'".
ques et sociaux dans l'étude des unités d'habitation reconstruite, après sa prise par les Perses et sa des- que dire de ces villes nouvelles ou de ces colonie ,
p. 43-56; ALLI 2005. Cette dém;rche Il reste que la mise en rapport systématique de
uppo: e, évidemment, de ne plu est bien l'élargis ement du champ d'étude: l'archéo- truction en 494, selon un nouveau plan où les îlots qui avaient été fortifiées trè peu de temp aprê s
électionner le te ons en ne gardant
l'habitat et de l'urbanisme est le fait d'une tendance
logie de la maison grecque est devenue celle des mai- se coupaient à angles droits, en réservant des parties leur fondation, en tenant peut-être compte de
que ceux jugé e thétique ou pouvant récente de la recherche, manifestement plus marquée
ons grecques, multiples et variées. On n'hésite pour l'agora, pour les temples et tous les bâtiment voies de circulation primitive pour fixer l'empla-
ervir à la datation. plus à en Allemagne qu'ailleurs. L'étude de l'urbanisme
48. B. A. rt.r, Hou ing the Poor consacrer du temps aux logements modestes et à ceux
grec était déjà au départ une spécialité allemande, -
officiels ce même plan qu'avait tenté de reconstituer cement des portes? Nous verrons toutefoi qu'en
and the Homele in Ancient Greece où des artisans vivaient et travaillaient A. von Gerkan (fig. 278). Car des prospections géo-
Annen/ Greek House 2005, p. 140-159.'
tout à la fois puisque sa véritable naissance date de la parution, en raison de e particularité intrin èque , l'étude d
e? s?m?e pu?lie_r l'habitat du Grec «moyen», qui 1924, d'un maître livre signé de l'architecte Armin physiques récentes ont montré que la ville de Milet fortification 'e t a sez tôt con ti tuée en p êcialité
49. . ROLC,IER-BLA.'>C., L'ar hitecture ?
na hvre qu un équipement minimal dans
dome tique grecque dan le Dictionnaire peu de piè- von Gerkan Griechische Stadteanlagen. Dans les années
:
a dû connaître dès le VIe siècle un découpage en par- quasiment autonome, qui a parfoi tendance à 'af-
ces, montée en matériaux pauvres. Même celles rectangulaires qui rappelle celui des fondations franchir de aspect urbanistique pour e con ntrer
des Antiquités grecques et romaines:
autour si la fouille qui ont suivi, l'intérêt pour les plans réguliers ou
de article domus; thalamus etgynaeceum, d'une habitation aisée est toujours considérée archaïques en Occident51• La reconstruction de la ur de considération purement technique ou hi to-
Anabases -1, 2006, p. 225-229.
comme orthogonaux, couramment dits « hippodaméens » par
pl?s fructueuse et a priori plus facile à interpréter, les ville au v: siècle aura donc repris un système anté- riques, comme la date et le lieu d l'invention de la
50. BRl!:\I.\t' 1995 p. 79. opposition à ceux où les pâtés de maisons sont irré-
artisan ont maintenant droit à presque
autant de guliers, comme les parcelles elles-mêmes (fig. 21) - en rieur, et il est probable qu'Hippodamos s'est contenté catapulte. 51. Voir par ex . Mégara Hyblaea 2004.
L'habitat
**
Frg. 22. Assos, lesvestiges Au terme de ce bref historique de la recherche, il malgré des soins redoublés, la fouille d'un quartier
du rempart et de la porte ouest
n'est peut-être pas inutile de relever que la plupart des domestique risque de rester malaisée à interpréter, à
à deux tours, devant la nécropole.
sites dont nous allons parler sont moins bien connus cause des remaniements constants, au moins partiels,
du public, même cultivé, que ceux qui sont dominés subis par les maisons. Il n'est alors pas étonnant que
par des temples bien conservés. Si l'on excepte quel- dans le secteur de l'archéologie domestique et urba-
ques lieux très visités, comme Délos ou Pergame, les nistique, les publications approfondies et bien diffu-
vestiges de l'habitat sont en effet moins spectaculaires ées, qui offrent de bons dessins restitués, ne soient
que ceux des monuments religieux ou des théâtres, ou pas des plus nombreuses. Il faut néanmoins espérer
encore ceux des «tombes macédoniennes», qui frap- qu'à l'avenir nous trouverons plus de reconstitutions
pent l'imagination par leur habile construction en en 3D montrant des Grecs qui vaquent à leurs activi-
voûte autant que par leur contenu. Quant aux vestiges tés journalières; ce genre de maquettes ou d'images
des fortifications, en général impressionnants, ils sont virtuelles, qui aident couramment à faire connaître la
souvent mal accessibles. Les archéologues ont parfois vie de nos ancêtres celtes ou gallo-romains, fait encore
le sentiment que l'habitat est un domaine d'étude trop défaut pour le monde grec.
particulièrement ingrat; dans le meilleur des cas, et
32 HABITAT, RB I ME ET FORTIFICATIONS
Chapitre 1 .
L'habitat urbain F,g. 24. Certovatoje 7 (ternto1re d'Olb,a
Pontique). habitat archaïque. Plans
et coupes de « huttes ». D'après
S. D. KryJcikij, Territoires des cités
grecques 1999, p. 264.
,
entre 1 700 m2 et près de 4 000 m2 sur une hauteur, à
Mycènes, à Tirynthe et à Pylos (fig. 62), et qui repré-
sentent une architecture de prestige, à l'instar des
palais crétois, quelques habitations importantes1 sont
également connues (à Mycènes: la Maison du sphinx,
celle du marchand d'huile ... ), qui sont associées à la 24
sphère palatiale par leur participation à la vie écono-
;:
mique du palais et par des techniques architecturales en oubliant que certaines maisons arrondies pou-
:_i::<· 1.· analogues. Mais il est sûr que la moyenne des maisons
helladiques était peu monumentale: avec leurs fonda-
vaient tout aussi bien abriter des indigènes et illustrer,
par conséquent, la phase précoloniale3• On mettra
.·-··.-·.- .3-' .. -:.·_:. ;,.·. tions et un soubassement de moellons sous des murs encore à part les huttes ou cabanes remarquées dans
·:: en pierre ou en briques crues, qui étaient ensuite
i.f..14 enduits, leur construction reflétait des méthodes tra- u des colonies fondées en mer Noire: en fait plus sou-
vent rectangulaires que rondes ou ovales, ces structu-
ditionnelles. Sur un plan en principe rectangulaire res semi enterrées et creusées d'une fosse à l'entrée
(entre 60 et 120 m2 au sol), ces maisons avaient au (fig. 24) ont été aisément adoptées par les colons grecs
maximum trois ou quatre pièces (fig. 23), de fonction au VIe siècle, pour la simple raison que c'était le mode
J,
généralement polyvalente. Nous verrons qu'après f,J-,,,- traditionnel d'habitat dans le Pont",
avoir subi une éclipse au début du I" millénaire, ce Le cas de plusieurs sites d'Asie Mineure est diffé-
plan rectangulaire sera à nouveau prédominant. rent. À l'Ancienne Smyrne et à Mélié, des agglomé-
rations qui remontent à l'époque protogéométrique,
Le plan curviligne existaient depuis le xe siècle et au moins jusque vers
700 des petites maisons monocellulaires, ovales ou
Au début du Jer millénaire le plan curviligne ne plutôt rectangulaires à angles arrondis, en briques
constitue pas une innovation; depuis l'ère néolithique ou en pisé5 (fig. 25). Il en allait de même à Phocée, 3. GRANDJEA 'I 1988 p. 346-340
..
0 5m que, retrouvées isolées dans des colonies grecques. AKURGAL 1987, p. 17-18.
Les habitations curvilignes, ainsi que les prétendus établies plus fermement), des maisons absidales ou
6. O. ÔZYIG!T, Diejüng ten
ovales furent construites à Asiné, à Athènes et en
1. D ..\RCQlIE 2005.
«silos» de Mégara Hyblaea2, ont été rattachés d'em- .?..
Ausgrabungen in Phokaia, !tyme 2007,
de campement dans des huttes ou dans des cabanes, dans les îles (Lesbos, Oikonomos, Koukounariès .. .)7. 7. MAZARAKIS AL--;L\..'1 1987, p. 43-113.
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de l'argile8• Découverts à Ithaque, à Pérachora et à dégagé en Crète et il est resté quasi inconnu en
Samos, des modèles en terre cuite de maisons ovales Méditerranée occidentale, où ne peuvent guère être
UNITÉ IV - 1, PllASES l ET 2 d'époque géométrique ou archaïque (fig. 27) aident à citées que deux maisons absidales, plus précisément
D
mieux se représenter les vestiges dégagés, en confir- sur l'île d'Ischia, où Pithécusses12 (fig. 29) constitue
PHASE I
,\UTRE mant que la porte pouvait être percée sur un long le premier établissement d'Érétrie en direction de
PHASE 2
'1- mètres côté9. l'ouest. Au début de l'âge du Fer, la prépondérance de
Les fouilles entreprises depuis 1996 près d'Oro- ce plan dans les communautés eubéennes est assuré-
pos sont d'un intérêt tout particulier, car sur ce site ment un fait notable. D'une manière générale, le plan
les fonctions domestiques, artisanales, et funéraires curviligne suppose un habitat dispersé ou, au moins, 8. Bullarchi, 2002.34 7.
ou cultuelles apparaissent entremêlées dans un même un minimum de distance entre les unités d'habitation, 9. SCHATTNER 1990, p. 28 et suiv.
26
espace. À Skala Oropou, des maisons ovales ou absi- afin de ne pas gêner l'écoulement des eaux. Toutefois, 10. éanmoins, dans le monde grec,
il est arrivé que des sépultures d'enfants
dales ont été rassemblées depuis le milieu du vnr pour des raisons qui nous échappent (géographiques, pas seulement des nouveaux-nés, mais
siècle, et jusqu'à la fin du vie, par groupes de deux ou anthropologiques?) et qui divergent sans doute aussi, parfois, des adolescents soient
ou trois, séparées par des vides et jointes à de peti- d'un endroit à l'autre, les maisons rondes, ovales ou restées dans ou très près des habitations.
peut-être parce qu'elles n'étaient pas
tes structures rondes (qui pouvaient être des silos, ou absidales ont été progressivement supplantées par perçues comme une source de pollution
des abris pour animaux?); le tout formait une unité des habitations de plan rectangulaire13• L'évolution majeure: Ricerche su/la casa 1996, p. 84.
d'habitation familiale (un oikos) entourée d'un mur n'a pas été linéaire, mais le changement est acquis au 11. A. MAzARAKIS-AINIA."-;, Les fouilles
de clôture, appelé «péribole» par le fouilleur, qui VIIe siècle et ne laissera subsister que de rares excep- d'Oropos et la fonction des périboles
dans les agglomérations du début
devait les protéger contre de fréquentes inondations tions, localisées: on sait ainsi que le plan curviligne de !'Age du Fer, Habitat et urbanisme 2002,
(fig. 28). Dans cet enclos plus ou moins rectangulaire restera employé à Clazomènes jusqu'au vie siècle 14• p. 183-227; Io., Architecture and ocial
et à sa limite étaient enterrés les enfants mais aussi structure in Early Iron Age Greece,
--
33 34
Il s'agit d'abord d'oikoi indépendants à une espace couvert, qui contenait autant que po ibl un Fig. 33. Kastanas. Plan du secteur
ou deux pièces multifonctionnelles, comme on en puits. Au départ le ti su urbain de Mégara Hyblaea fouillé. Époque tardo-géométrique.
connaît à l'Ancienne Smyrne (fig. 30), à Phocée et D'après B. Hansel, Kastanas,
était peu serré, contrairement à la pha e remontant
Die Grabung und der Baubefund,
à Emporio de Chios (fig. 255), où ils sont dispersés aux années 700 sur deux autres sites siciliens. Les ix 1989, fig. 103.
sur les pentes depuis la fin du vnr siècle et surtout maisons monocellulaires trouvée à Syracu e, sur l'îlot
pendant le vue siècle15• Dans les Cyclades, l'organi- d'Ortygie, sont encore plus petites (ca 3,50 x 3,50 m) Fig. 34. Mégara Hyblaea. Schéma
théorique de la répartition des lots
sation de Minoa d'Amorgos était semblable à celle que celles de Mégara, mais les dix habitation de la fin dans l'îlot 18. D'après Mégara Hyblaea
de Zagora d' Andros, où la plupart des habitations du du vnr siècle retrouvées à axos22 sont hétérogène , 2004, fig. 473.
vnr siècle sont monospaces, bien que quelques-unes quoique toutes dépourvues de cour: dan un ecteur
aient été divisées par un mur de refend (fig. 263); elles déjà densément occupé, elles ont des plans carrés ou
contiennent parfois un foyer fixe bordé de pierres ainsi rectangulaires (entre 7 ,80 x 3,50 m et 4,29 x 3,59 m)
qu'une banquette le long d'un mur pour y installer et la Maison 5 était déjà bipartite.
des jarres, dans une pièce aérée par des jours triangu- Les sociétés grecques archaïques étant de toute
laires en haut des murs16 (fig. 31). À Xombourgo de façon inégalitaires, l'existence de maisons plus impor-
Tènos, des maisons de date tardo-géométrique, faites tantes, situées près de ce secteur clé que représente
d'une ou de deux pièces de 20-25 m", alignées et non l'agora de Mégara Hyblaea, doit s'expliquer par le
communicantes, dont certaines contenant un foyer -
fait que les premiers colons ceux qui ont bénéficié
central, occupaient des terrasses successives17 (fig. 32); des lots de base, égalitaires - formaient une orte
ce système de «maisons en rangées»18, qui se retrouve d'aristocratie par rapport aux nouveaux arrivant , de
à Onythé en Crète et à Delphes dans l'aire du Pilier sorte qu'ils ont pu aisément remodeler, regrouper et 15. Bo.\RD?L\.', 1967, urtout fi?. 4.
31
des Rhodiens19, pourrait avoir été destiné à plusieurs agrandir leurs lots. À partir du VIf siècle, de nouvelle 16. L. MARA!\GOL', 1inoa on Amorgos,
générations d'une même famille. Mais en Macédoine, pièces (jusqu'à trois, plus petites) ont donc ouvent été Excaoating Classical Culture 2002, p. 2 5-
dans la« Toumba » de Kastanas, des petites rues sépa- ajoutées sur chaque lot de Mégara par une sorte de 316. Pour Zagora voir G\!'.IBITOC,LOl
1981 et infra, fig. 263.
raient des maisons déjà construites à plusieurs pièces duplication, de préférence du côté nord, ou encore en
1 7. Geschichte des r vohnens 1999, p. 190-
communicantes, entre le x" et le VIIIe siècle (fig. 33); mordant sur la cour (fig. 35). 192.
comme dans les Cyclades, elles étaient couvertes de Fondée vers 540-530 en Campanie par Phocée, 18. L'expre ion est de K. F\C,I R. ·1
R \I,
toits plats où l'on pouvait monter par une échelle Élée était un autre site important à l'âge archaïqu Greek Iron Age Architecture, Decelopments
32
din, était séparé de la zone d'habitation par un petit qui varie de 5 à 13 m ( oit une urface d'au moin dan iéLia 200 , surtout p. 207-234.
38 HABIT T, RB I ME ET FORTIFICATI NS
1. L'HABIT T REAI 39
Fig. 35. Mégara Hyblaea. Quatre
hypothèses de regroupements
des lots dans les nots 3 et 6. D'après
Mégara Hyblaea 2004, fig. 476.
..................
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A p o I' o c;
..... : ...
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Fig. 37. Monte San Mauro. maisons
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13°,20.
à pastas. D'après U. Spigo dans
13,20
Urbanist,ca e ardlitettura 2005, p. 104.
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39
:/ les maisons tardo-archaïques, qui étaient rarement une des quatre colonies d' Andros dans cette région, 28. Pour des maisons de axo
/?:---- pourvues de foyers. En revanche, l'identification assu- fondée en 655-654 selon Thucydide. Fouillé depuis occupées de la fin du VIII• s. jusqu'à la
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rée d'une salle pour des banquets, dans une grande les années 1990 par une mission gréco-canadienne, fin du VII<, dont au moins une à pastas,
I I I
voir supra note 22 et M. C. Ltxrixt,
I I I
maison à cour de Iaitas datable des années 500, sinon l'habitat s'étend en terrasses sur les deux hauteurs L'abitato proto-arcaico di Naxos di
?
I I I
:
I Ili de la fin du VIe siècle, constitue une exception25, puis- naturellement fortifiées de Palaiokastro, à 4 km de Sicilia (scavi 1998-1999), Le due città di
Naxos, Alti del Seminario di tudi (Giardini
i?
!,):?
:, que nous verrons que l'andrôn (àv8pwv) est surtout l'embouchure du Strymon et à proximité d'Amphi-
p Naxos 2000), M. C. LENTIM clir., axos
I
caractéristique de la période classique. polis, donc à un important carrefour de routes32. 2004, p. 28-39.
\
p. 103-121.
Edificio A.XIV Edificio A.XVIII au fil de l'époque archaïque le type d'habitat dit « à à l'origine qu'une seule pièce, ont été détruites dans
pastas»26• Remontant au vnr siècle - ainsi qu'on peut
30. G. Puxxou, Amvrakia: the
les années 500 et immédiatement reconstruites. La Residence in the Archaic Period,
le constater à Éleusis, entre autres27 -, il apparaît Maison A, une des premières connues et des mieux Ardiaiologia kai technès, 112, Athènes
-
conservées ses murs montent jusqu'à 4 m de hau-
r=»: au VIt siècle en Sicile, autour de l'agora de Mégara
Hyblaea ainsi qu'à Naxos28, puis au VIe siècle à teur-, se compose désormais (fig. 39) d'une grande
2009, p. 31-3 7 [ en grec, résumé en
angl.].
31. Y GRA'l"DJEA."-, Le formes
36 37 Agrigente et sur des sites indigènes de Sicile fortement cour au fond de laquelle deux petites pièces sont pré- prédominantes de la maison thasienne,
hellénisés (Monte San Mauro, fig. 37), avant de deve- cédées d'un espace transversal à colonnade, où un Hommages Larandis 1990, p. 3 79-39 l,
nir un modèle pour ainsi dire banal dans l'île, vers la escalier conduit à l'étage sans doute desservi par une et GRANDJEA."< 1988, p. 442-444.
25 m2), elles sont le plus souvent divisées en deux piè- les archéologues aiment y voir l'indice d'une spéciali-
ces - l'une carrée, l'autre rectangulaire - (fig. 36), plus sation progressive des fonctions, une telle explication fin de ce même VIe siècle29. Bien qu'il ait également galerie en bois. 32. Voir le site Internet de la mission:
< http:/ /www.argilos.org>
rarement en trois pièces. été signalé en Grande Grèce (dès la fin du VIIe siècle, Pour sa part, le type dit à prostas existait déjà au et D. :t\1ALAMIDOlJ, Private Dwelling
ne peut être retenue systématiquement. Lorsque c'est
à Policoro), le type à pastas ne connut pourtant jamais VIe siècle à l'Ancienne Smyrne33, bien avant d'être and Town Planning in Argiles, Thrace
Étant admis que le modèle à pièce unique est resté le même genre d'objets qui a été recueilli dans toutes
en Occident une diffusion aussi importante que dans largement diffusé à Priène au IVe siècle (fig. 63). On [en grec, résumé en angl.], Archaiologia
dominant jusqu'au VIe siècle, les avis diffèrent sur les qu'au surplus celles-ci ne communiquent
les pièces et kai technês, 113, Athènes 2009, p. 19-25.
raisons exactes de cette multiplication des pièces, qui la mère patrie. Dans le cours du VIe siècle il se ren- a souvent suggéré que ce plan devait être issu du
pas directement entre elles, il est bien plus probable 33. AKURGAL 1987, p. 38-40.
succède un peu partout à la phase monocellulaire24• contre par exemple à Ambracie, où des maisons pré- mégaron anatolien34, c'est-à-dire de la vieille maison
que la multiplication ou la subdivision d'un espace 34. DRERUP 1967. Pour toute cette
1. L'HABITAT RBAIN 41
40 HABITAT, URBANISME ET FORTIFICATIONS
Fig. 40. Ancienne Smyrne, plan F,g. 42. Olyn he, mot B VI. Plan
de maisons du type dit mégaron. KS
de l'état fouillé. D'après Olvntnus
2 moitié du V1ie s. Dessin M. Erdim S T R E. E. T VD
1946, pl. 98.
dans A urgal 1983, fig. 20a.
Fig. 43. Olynthe, Villa des bronzes.
Fig. 41. Athènes, au sud-Ouest Plan de l'état fouillé. D'après Otvnttuis
de l:A.gora. Deux états successifs des 1946, pl 202.
maisons C et D. au v6 s. (en haut) et
après 350 (en bas). Dessin J. Travlos,
Ancient Greek Houses 2005, p. 73.
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atypique car trop irrégulier, la maison à pastas - de cle mesurent ca 20 x 20 m, soit 400 m", dans la ville Fig. 47. Himère, les nots 1-111
forme «traditionnelle», c'est-à-dire sans portique basse, contre ca 16 x 16 m, soit 255 m", dans les îlots du quartier nord de la ville haute.
mais avec un espace transversal fermé, peut-être à de la ville haute, qui font 32 m de long. Dans tous les
Planimétrie de l'habitat. D'après
•
44
ces assez réduites (fig. 45). Ainsi, la pièce qui ouvre sur
N
une face latérale de la prostas menant à l'oikos est un
andrôn à trois lits seulement. Alors que les murs étaient PHASET t
habituellement recouverts d'enduits peints, le confort
restait très relatif, avec juste quelques baignoires et de
.PHASE il
rares latrines.
Non loin du sanctuaire de Claros, la ville de
Colophon était elle aussi composée de maisons à pros-
tas, densément regroupées dès le ye siècle etjusqu'àla
fin du IVe sur les terrasses du flanc nord de son aero-
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pole". C'est sans doute la forte pente qui explique la
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petitesse (entre 100 et 200 m2) et l'étroitesse de ses
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maisons mitoyennes, où l'on entrait par une cour pla-
cée au sud, pavée et presque toujours alimentée par
un puits. Au fond de la cour, un oikos carré, précédé
45 45. En dernier lieu: O. BEI.\'EDERE,
Fig. 44. Thasos, quartier de la Porte du
d'un porche profond, est souvent complété sur le côté La casa greca a Himera, Urbanistica
40. V SvoRONOS-HADJIMICHALIS, L'évacuation de la fumée dans par deux autres pièces, dans le sens nord-sud (fig. 46, e Archuettura 2005, p. I 02.
Silène. Plan des nots 1 et 2 vers 400.
lesmaisons grecques des V- et IV'- siècles, BCH 80, 1956, p. 483-
DessinT Kozelj dans Grandjean 1988, 506. 307). Mais l'originalité de Colophon, qui vivait de 46. M. C. LE!\"TI;>,t, L'architettura
pl. 85. domestica in Sicilia tra VIIIe V sec.
41. CAHILL 2002, p. 155-161. l'agriculture comme tant d'autres petites villes, réside A.C., Urbanistica e Arduiettura 2005,
Fig. 45. Priène, plans de trois maisons 42. Détails dans GRANDJEAN 1988, surtout p. 441 et suiv. dans ces tours quadrangulaires ajoutées dans un p. 100-101.
Recension
du type à prostas. D'après Wiegand, développée: B. HoLTZMANN, REA 94, 1992, p. 261-267. angle de la cour pendant une deuxième phase, au 4 7. D. MERTENS, ota sut!' ediliza
Schrader 1904, p. 288. 43. WIEGAl'ffi, SCHRADER 1904; RUMSCHEID 1998, p. ive siècle (fig. 198 k et 199), apparemment pour abriter 10 20 30 40 so selinuntina del V sec. A. C., tudi sulla
88-89 et
140-148. Sicilia Occidentale in onore di Vincenzo Tusa,
une pièce à porte décentrée et murs stuqués, donc un Padoue 1993, p. 131-139 pl. 35-39.
44. HOLIAND 1944;
andrôn. Un escalier extérieur menait à un étage dont
Geschichte des Wohnens 1999, p. 280-291.
47
48
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I été retrouvé près d'un foyer domestique,
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50 (p. 99-101, pour la « Villa des bronzes»);
cf 0/ynthus 1938, p. 322-325, et, pour
Thasos, GRA.J'\/DJEAN 1988, p. 167.
recevaient de petits autels quadrangulaires, annoncia- dont peu de maisons ont été dégagées, on en a relevé
teurs du culte domestique pratiqué à l'intérieur de la dans deux cours. L'autel en marbre à base moulurée, 52.J. W GRAHAM, Olynthiaka,
Hesperia 22, 1953, p. 196-198 et pl. 63
maison. La découverte de figurines représentant des qui couvrait 1,22 x 0,85 m au centre de la Maison aux (restitution). CJ M. SICA, Eusèbeia
_J divinités protectrices, posées autrefois sur des étagères mosaïques d'Érétrie53, n'était donc pas une banalité. domestica, Attestazioni di culto nelle
case di Olinto, Sins 3, Bari 2002,
en bois ou des banquettes en argile au niveau du sol, Pendant toute la période grecque, la cour (aÙÀ.î], p. 107-177.
ne suffit généralement pas à assurer l'existence d'un aulè) restera l'espace principal des habitations, le cli- 53. DUCREY 1993, p. 65-66.
véritable culte domestique. Il faut pouvoir y ajouter mat méditerranéen autorisant à passer une bonne 54. À en juger par des harangues
d'autres objets à fonction cultuelle, en particulier des partie de son temps à l'air libre plutôt qu'à l'inté- de Démosthène, qui semblent reprendre
vases" ou des brûle-parfums et, surtout, des autels. Ils rieur d'une pièce. Est-ce aussi pour cette raison - et des lieux communs sans doute
un peu excessifs: «aujourd'hui tous
49 sont le plus souvent petits, portatifs et en terre cuite pas seulement parce que le luxe individuel était mal
(fig. 50), plutôt qu'en pierre -
donc du type arulae, vu, au moins jusqu'au milieu du rv' siècle54 - que les
ceux qui s'occupent de politique sont
tellement riches que certaines maisons
Les plans et l'organisation intérieure Pirée, Néa Halos ... Les deux types d'entrée existent un modèle originellement produit en Grande Grèce, Grecs n'ont longtemps accordé qu'un intérêt limité particulières qu'ils se sont fait construire
dépassent en magnificence bien des
à Olynthe, mais l'accès direct est tout de même plus mais vite diffusé. Le site d'Olynthe offre de ce point à l'aménagement de leurs pièces couvertes? La cour édifices publics» ( Contre Aristocrate, 2008);
L'examen de toutes ces maisons d'époque clas- fréquent. Avec un prothyron, le seuil de la maison, qui de vue une bonne documentation. Dans la « Maison était d'autant plus importante qu'elle pouvait être uti- « quelques-uns se sont fait des maisons
sique révèle des tendances ou même des traits est en retrait par rapport à la rue, possède son propre aux multiples couleurs», par exemple, la pastas abritait lisée pour tout55. Dans la mesure où elle est au centre plus importantes que les édifices
constants. deux autels portatifs51, alors que dans la cour propre- publics» (3e Olynthienne, 29).
petit toit, tandis que l'endroit où le corridor débouche de la circulation elle commande le plan de la plupart
Alors que des pièces de stockage ou des bouti- ment dite est resté visible, en négatif, l'emplacement 55. Geschichte des vV!Jhnens 1999,
dans la cour est dépourvu de seuil49 (fig. 48). Lorsque des maisons56 (fig. 52), elle permet de faire entrer la p. 537-544.
ques peuvent ouvrir directement sur la rue, on entre la largeur de l'ouverture sur rue dépasse 2, 7 5 m, et a d'un autel maçonné, environné de bases rectangu- lumière dans un habitat dont les murs extérieurs sont 56. Sauf dans les régions où l'on a
normalement dans l'habitation par une cour, soit fortiori si la base d'un pilier est conservée en travers, laires qui ont pu servir à fixer les supports d'un toit de préférence aveugles, elle favorise le stockage et longtemps gardé l'habitude de passer
sans transition (à Colophon), soit par l'intermédiaire on peut restituer, comme à Érétrie ou à Halieis, une protecteur de l'autel", comme on en voit figurés sur toutes sortes d'activités de production pour la cellule d'une pièce dans l'autre: dans la Grèce
du Nord-Ouest et dans la Maison]
48. Au:r 2005. p. 59 et n. 5, d'un vestibule plus ou moins profond, qui contribue porte cochère à deux battants séparée d'une autre certains vases. Dans cette ville où les autels mobiles familiale comme pour un débouché extérieur, à plus
avec leréférence aux autre sites. de Dystos, comme dans les maisons
à isoler la maison de la rue. Ce corridor, également porte à un seul vantail, pour les piétons (fig. 49). étaient majoritaires, les fouilleurs ont encore retrouvé grande échelle. Elle pousse aussi à faire sa toilette et classiques d'Himère et de Géla,
49. Pour le cas particulier du deuxième
attesté sur des vases peints et dans la littérature anti- la trace d'un autel fixe dans la cour de dix habitations à laver des tissus près du puits souvent présent dans où la cour est petite, enfin dans
euil qui. à l'époque helléni tique, En plus d'éventuels chasse-roues, des bases s'éle- les maisons crétoises dépourvues de cour
lai uppo. er une loge de portier, que sous le nom de prothyron (TTpô8upov), a été retrouvé vaient parfois de part et d'autre de la porte d'entrée: si (fig. 51 ), où subsistait une dépression rectangulaire, la cour. Il est vrai qu'en dehors d'Olynthe57, où un
mir fig. (iefra, p. 62).
110. ur de nombreux sites, tels que Halieis48, Érétrie, Le elles ne supportaient pas les poteaux d'un auvent, elles cependant que dans l'agglomération de Colophon, petit espace au sol étanche côtoie une pièce chauffée 57. 0/ynthus 1938,p. 199-203.
6 HABIT T RB I ME ET FORTIFICATIO S
1. L'HABITAT URBAIN 47
Fig. 51. Olynthe. maison A VI 5.
Restitution de la cour avec son Fig 53 Olynthe, vasQLJP sur pied pour
autel et l'escalier en bois. la toilette. D'après 0/ynthus 1946.
D'après 0/ynthus 1938, pl. 73 pl. 219,2.
Fig. 52. Athènes, maisons d'époque Fig. 54. Olynthe. plan d'un « kitchen
classique au sud de la stoa sud complex » type. D'après J. W. Graham,
de IAgora. Plan par I. Travlos, Hesperia 23, 1954, fig. 3a
The Atheman Agora XIV. The Agora of
Athens, 1972, p. 177-179.
53 54
par un foyer, on n'a guère retrouvé de salles de bains nous sommes forcément en présence d'un local
privées datables du v: siècle. Même si les baignoires fermé; il pouvait s'agir d'un four ou d'un équipement
en terre cuite étaient connues d'Aristophane58, voire de cuisine abrité sous un auvent.
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d'auteurs antérieurs, les habitants devaient le plus À l'orée du Céramique d'Athènes, la découverte
LJ;-d..,,,.,. By souvent se contenter de quelques affusions devant d'une pièce (K1) qui paraît avoir fonctionné comme
A.l?.Cv?,r/,-. -."/,.> .e.rru.
51 une sorte de vasque sur pied, également présente sous une cuisine63, dans l'état du grand « Bau Z », est
1
la pastas des maisons d'Olynthe (Xournptoi'. loutèrion; d'ailleurs un des nombreux arguments qui incitent à
fig. 53), et parfois figurée sur des vases59. voir dans ce bâtiment une joyeuse taverne (fig. 180)
Enfin et surtout, la cour était le lieu habituel pour plutôt qu'une maison d'habitation pour une famille
cuisiner. En effet, dans tout le monde grec, où les nombreuse. Et les fouilleurs de la petite ville d' Argi-
foyers fixes et a.fortiori les fours construits sont devenus los se sont étonnés à bon droit qu'une des deux piè-
exceptionnels après l'époque archaïque, la nourriture ces qui composent la Maison B, en donnant sur une
devait principalement être accommodée dans la cour cour, possède un grand four et paraisse entièrement
ou sous un espace bordant la cour, à l'aide de petits dévolue à la cuisine64: ils proposent de l'interpréter
fours sur pieds ou de réchauds. Ils étaient moins sou- comme une maison communautaire, une sorte de
vent fixes que portatifs: à Colophon, des foyers fixes boulangerie.
ont été remarqués sous la prostas de deux maisons seu- Qu'elles soient relatives à la cuisine ou à d'autres
lernent'". Si des « blocs avec cuisine» ont été trouvés à opérations, toutes ces activités pratiquées dans la cour
Olynthe (fig. 54), il n'est pas assuré qu'ils servaient en avaient pour conséquence des déchets et des pots cas-
58. Guêpes, l. 141-142: dans une salle
premier lieu à faire la cuisine (supra, p. 43), d'autant sés. C'est pourquoi on creusait parfois dans un coin de chauffée, avec évacuation de la fumée
que les foyers fixes rectangulaires n'y sont pas nom- la cour, près de la porte sur rue, une fosse à déjections par une cheminée.
breux, et il en va de même à Halieis, où les trois pré- entourée de pierres. Attesté à Halieis et ailleurs65, le 59. GIKOU\'ÈS 1962, p. 77-99.
tendus « kitchen complex» semblent bien avoir eu une koprôn (xorrpon/) tenait commodément lieu de latrines 60. Geschichte des r Vohnens 1999, p. 290.
destination non domestique. Toutes les habitations improvisées (fig. 55), dont le contenu pouvait être 61. CAHILL 2002, p. 143-144 («House
olynthiennes pouvaient utiliser la cour pour préparer recyclé en fumier si les habitants de la maison s'adon- of the Tiled Prothyron ») et,
plus généralement, p. 162-163.
et consommer des aliments, comme dans la maison naient à l'agriculture. Alors que les Égyptiens avaient
62. B. A. SPARKES, The Greek Kitchen,
«à l'entrée pavée en terre cuite», dépourvue de «kit- déjà choisi de satisfaire leurs besoins entre quatre ]HS82, 1962,p.121-137;JHS85,
chen complex»61• L'analyse de la fouille de cette habi- murs (selon Hérodote, II, 35), les Grecs ont longtemps 1965, p. 161-163; L. FOXHALL, House
tation laisse penser que la nourriture était préparée gardé l'habitude de se soulager plus ou moins discrè- clearance: unpacking the 'kitchen' in
Classical Greece, Building Communities
sous sa pastas, de même que dans d'autres maisons où tement dans la rue. De toute façon, les fosses ouvertes 2007, p. 233-242.
des meules ont été mises au jour dans la cour, ou dans dans la cour domestique, dont les souillures liquides 63. KNIGGE 2005, p. 19-20.
une pièce ouvrant sur celle-ci. Nous ne pouvons que étaient évacuées vers la rue par un canal de drainage, 64. <www.argilos.org>
souscrire aux conclusions de B. A. Sparkes, au terme donnaient tout autant de travail aux hommes chargés 65. AuLT 2005, p. 63-65. D'une surface
de son étude des « batteries de cuisine» grecques: du nettoyage urbain, les coprologues (iefra, p. 220)66• de 2,25 à 5 m" env., ces fosses n'ont pas
« Mobility is a marked characteristic of Greek coo- toujours été correctement identifiées
En bordure de la cour s'est imposée partout la
par les fouilleurs, qui peuvent y voir
king equipment( .... ), the word kitchen, when applied tendance ancienne-déjà remarquée dans les maisons un cellier ou une citerne. La situation
to ancient Greek homes, indicates less location than de l'époque géométrique - à placer les pièces à vivre près de la porte de la cour est
function»62. Si Aristophane connaît effectivement un suggérée par un passage d'Euboulos
(füm TTFllPW, diatètèria) le dos au nord, ouvrant sur la concernant la ville de Thèbes (Athénée,
ipnôn (rnvwv: Guêpes, 1. 837) et un optanion (ôrrrdvrov: cour par le sud. Les avantages de cette disposition, Deipnosophistes X, 417 b).
Cavaliers, 1. 1033), il ne faudrait pas en conclure que qui seront appréciés jusqu'à la période hellénistico-
52 66. REBER 1998, p. 139-141.
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Fig 55. Halieis, Maison 7. Plan romaine comprise, ont été maintes fois relevés par des au me siècle compris 70). L' andrôn est habituellement
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de l'état fouillé, montrant dans auteurs anciens67: plusieurs textes affirment qu'une situé au rez-de-chaussée et à un angle de la maison
la cour C un koprôn rectangulaire
et un puits, au nord. ri' s.
maison ouverte au sud et abritée des vents du nord ou à proximité (fig. 5 7), mais beaucoup d'habitations
D'après Ault 2005, fig. 7. favorise le bien-être et la santé, car les rayons du soleil n'en possédaient pas, puisque la présence d'un espace
vont pénétrer pendant l'hiver dans les portiques, qui qui n'était pas utilisé tous les jours reflète l'aisance
Fig. 56. Priène, restitution
d'un andrôn dans une maison.
procureront ensuite de l'ombre l'été. du propriétaire. Sa multiplication dans des demeures
0 torn
Dessin U. Judi-Neubauer dans Parmi ces pièces ayant le dos au nord, la plus aisées d'Érétrie ne saurait donc surprendre; comme
Haus und Stadt 1994, fig. 212. grande est souvent appelée oikos par les archéologues, la Maison II (fig. 58), la Maison aux mosaïques,
qui emploient même parfois la transcription latine de construite vers 370, disposait de plusieurs andrônes de
Vitruve, oecus. À Colophon comme à Priène, l' oikos est différentes tailles (à trois, sept et onze lits), et le vesti-
la pièce principale, la salle de séjour où l'on arrive par bule de celui à sept couches était lui aussi orné d'une
la prostas pour se réunir, manger, travailler; à Olynthe mosaïque71 (n° 8 et 9 sur la fig. 70). Malgré son origine
67. Dont Xénophon, Memer. III, 8, 8, elle fait partie du «kitchen complex». Elle tient lieu orientale et aristocratique, le banquet était finalement
Econom. IX, 4; Ari tote, Econom. I, 7, 6.
de salle d'apparat et de réception quand il n'existe devenu une pratique pour ainsi dire indispensable,
68. Olynthus 1938, p. 57, 173-185.
pas dans la maison d' andrôn «canonique» pour les au v" siècle, dans les cités démocratiques", mais sans
69.GR..\.\'DJf?\., 1988, p. 295; REBER
banquets entre hommes. Les archéologues identifient nécessiter un cadre architectural fixe: la littérature
un andrôn - généralement précédé d'une anticham-
1998, p. 134-136.
70. Ch. Pu.o dan icilia ellenistica 2006, représentations sur des vases grecs
(irifra, p. 55) et les
p. 156-157 (àpropo d'un andrôn à Géla). bre, qui l'isole du reste de l'habitation - lorsque cette montrent qu'il suffisait, pour organiser un symposion
71. Érétne 2004, p. 162 et 206 (d'aprè pièce a livré de la vaisselle de banquet et bénéficie (cup.rrootov), d'installer le mobilier adéquat - lits ou
d'une architecture élaborée, sur un plan carré (à Éré- même seulement matelas, tables - dans des pièces non
DU.,REY 1993 ; REBER 1998, surtout
p. 66 et uiv
trie, à Priène, fig. 56) ou rectangulaire (à Olynthe)68; spécialisées et dépourvues de sol lavable, sous la pas-
72. AVLT 2005, p. 69-70. ''oublions
pa· que dan toutes le habitations la porte est de préférence désaxée, afin de pouvoir tas ou encore dans la cour73• Dès lors, dans une pièce
moderne d'une certaine taille existait, aligner des lits le long des murs soigneusement peints de bonnes dimensions, c'est surtout la découverte de
au moin ju qu'au début de notre
et éventuellement percés d'une fenêtre. En comptant vaisselle pour banquets et d'ossements d'animaux qui
x.-:,...? ., une pièce ré ervée
aux grandes
occasion . une longueur minimale de 1, 7 0 m et une largeur oriente vers son interprétation comme andrôn".
73. K. More Thoughts
?1. Lv: 'CH, maximale de 0,75 m par lit, ce sont trois à onze lits, Tout en n'étant pas la norme, l'étage est fréquent
on thepace of the ympo ium, Building
Commumtus 2007, p. 243-249.
souvent sept, qui pouvaient tenir dans la pièce69• Une - ou, au minimum, un étage partiel. C'est un point sur
canalisation peut aider à évacuer l'eau de lavage du lequel]. W Graham a insisté75, non seulement parce
74. CJ GR,\: DJH..x 1988, p. 111-112.
sol: en effet, l'idéal était de pouvoir protéger la par- que l'étage est régulièrement mentionné dans la lit-
75.J. \\'. GR..\H\.\I, Olynthiaka 5:
tie centrale de la pièce par un sol lavable, pavé ou
the econd torey, Hesperia 23, 1954, térature grecque, mais aussi parce que, même sur un
p. 320-328. De même à Halieis: AULT mosaïqué, tandis que les lits étaient surélevés par une site aussi faiblement conservé en hauteur qu'Olynthe,
2005, p. 73. petite plate-forme maçonnée (au moins du ye siècle on peut distinguer la base ou les traces d'un escalier
58
JEr
Secteur des hommes et gynécée et des tuiles depuis les maisons, ce qui laisse supposer
intérieur dans une proportion importante d'habi- que ces personnes étaient rassemblées à l'étage, où il
tations, en général du côté nord et dans un coin de S'il est une légende qui a la vie dure, c'est bien était sûrement plus facile de les surveiller. De même
la pastas (fig. 51 et 59). À Olynthe comme ailleurs, le celle du «gynécée»: la majorité des archéologues et connaît-on, par des textes épigraphiques de Délos hel-
départ de la plupart des escaliers consiste en une seule des historiens considère comme caractéristique de lénistique, des andrônitidès qui ne sont rien d'autre que
marche de pierre, le reste étant en bois avec une pente la civilisation grecque un clivage entre le gynécée, le des ateliers pour travailleurs masculins, certainement
minimale de 45°; un nombre supérieur de marches lieu de la maison réservé aux femmes, et le secteur des esclaves, et des gynaikônitidès, qui employaient des
« en dur» est plus rare. Des modèles votifs de mai- où circulent les hommes. L'idée vient, assurément, esclaves du sexe féminin à divers travaux, sans doute
sons-tours en calcaire (fig. 60), recueillis dans le sanc- d'une interprétation abusive du passage de Vitruve d'abord textiles, suivant la tradition. Mais pour les
tuaire d'Héra à Samos, montrent que l'élévation en consacré à la maison grecque, que nous avons exa- autres conditions sociales, une séparation réelle et
hauteur a commencé dès l'époque archaïque, même miné p. 20-21. journalière était difficilement concevable. N'oublions
si la multiplication des immeubles à deux ou trois éta- Pourtant, l'analyse approfondie des textes, alliée pas que dans le monde homérique, les femmes filent
ges constitue dans l'ensemble un phénomène tardif à celle des données archéologiques, montre bien et tissent au sein du mégaron de la demeure d'Ulysse,
(irifra, p. 84-85).
qu'une stricte ségrégation hommes/femmes, dans cette grande salle dotée d'un foyer, qui sert aussi aux
Les chambres à coucher, en particulier la chambre des espaces spécifiques à chaque sexe, n'existait pas réunions et réceptions de prestige entre hommes".
conjugale (8ciÀaµos-, thalamos), sont à l'étage lorsqu'il véritablement en Grèce ancienne, où la séparation Envisageable, à la rigueur, dans de vastes habita-
existe, ainsi qu'il ressort de quelques testimonia, dont devait être limitée à des circonstances particulières. tions, une répartition binaire des espaces ne pouvait 77. S. RouGIER-BL\NC, Les Maisons
un assez célèbre passage d' Aristophane (Thesmophories, On comprend bien que les esclaves de sexe masculin exister dans les petites unités domestiques) a fortiori homériques, Vocabulaire architectural et
que Xénophon à propos de la demeure d'Ischoma- 13, Nancy 2005, p. 216 et suiv.
pressant, est obligée de descendre au rez-de-chaussée la « gender archaeology» chère aux Anglo-Saxons,
chos, dans !'Attique du ye siècle: «l'appartement des 78. NEVEIT 1999, surtout p. 18, 68
pour s'y soulager, sans doute sur le koprôn. Les Grecs du M. Jameson, L. Nevett et leurs émules sont, après et suiv.; Y GRANDJEA1'1, À propos
femmes (gynaikônitis) yuvmKWVL ns-) est séparé par une d'autres78, longuement revenus sur cette question, de la demeure d'Ischomachos
V- siècle ne disposaient pas encore de latrines privées,
forte serrure de l'appartement des hommes tandrônius, pour conclure que «women were not kept in seclu- (Xénophon, Économique, IX, 2-10),
aménagées comme celles que nous verrons parfois à Hellèmka Symmikta, Ét. archéologi,e classique
àv8pwvL ns-), de crainte ... que les serviteurs ne fas- sion in woman's quarters»79• Dans la pratique, ce
partir du ive siècle; on connaissait les pots de cham- 7, Nancy 1991, p. 67-83.
sent des enfants sans notre aveu» (Économique IX, 5). sont les activités qui étaient distinctes selon le sexe: les
bre ou des sortes de tinettes76, mais la famille mise en 79. D. COHEN, Seclusion, Separation
60 Démosthène, dans son discours Contre Évergos et femmes savaient qu'elle devaient s'éloigner quand le and the Status of Women in
scène par Aristophane ne semble pas en avoir prévu à
Mnésiboulos, XLVII, 57, parle de servantes qui habi- maître de maison recevait, de même qu'elles sortaient Classical Athens, Greece and Rome 36,
l'étage. Reste le cas des maisons dépourvues d'étage, 1989, p. 3-15, et déjà auparavant
tai?nt dans la tour d'une maison rurale, une remarque momentanément du mégaron homérique lorsqu'une
où le thalamos et toutes les autres pièces privées étaient S. WALKER, Women and Housing in
qm peut être rapprochée à la fois de vestiges connus réception s'y tenait (fig. 62). Classical Greece: the Archaeological
76. Pour la vaisselle pouvant ervir nécessairement au même niveau. Du coup ces pièces
(fig. 61) et d'un passage de Thucydide Evidence, Images of Women in Antiquity,
de toilette ou d'urinoirs: cu 2005,
sont souvent, de nos jours, plus difficiles à différencier (II, 4, 2) selon Les realia révèlent une constante communication
p. 69 n. 82. lequel les femmes et les esclaves jetaient des pierres A. CAMERON, A. KUHRT ed., Londres
dans les ruines. entre les espaces domestiques, et même si quelques 1983, p. 81-91.
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(supra, p. 50), on a constaté que l' andrôn était absent chambre conjugale au premier étage, comme le font
dans beaucoup de maisons, et pas seulement celles maints archéologues81 (fig. 63) d'après des textes litté-
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') d'époque classique exhumées à Athènes: à Olynthe,
l'andrôn permanent n'a été prévu que dans un tiers des
raires. Si l'on tient à déterminer quels locaux étaient
susceptibles d'être utilisés de préférence par la maî-
.·. ·:
habitations'". Partout, il suffisait de déplacer des meu- tresse de maison et ses servantes, il vient tout de suite
bles pour recevoir dignement un groupe d'amis et de à l'esprit qu'elles devaient surtout aller et venir dans
12.79
connaissances, ainsi que le suggère Platon dans sa des- la cour, ne serait-ce que pour faire la cuisine.
cription de la maison de Callias (Protagoras, 3 l 4-3 l 6d). Dès 1901, E. Gardner avait formulé cette conclu-
0 5 10m ·-- ... - - -- - -- - - - - - - .. - - - --- -- --- - - - - - - -- - - - - -- --? - - - - - -- ----- -
Selon les circonstances, le secteur où s'activaient les sion de bon sens82 en Grèce ancienne, les hommes
:
femmes et l'andrônitis pouvaient d'ailleurs être inter- vivaient et travaillaient la plupart du temps hors de chez
vertis. C'est ce qui ressort du passage de Lysias, Sur le eux (à l'agora, sur leurs terres, dans leurs boutiques ... )
meurtre d'Eratosthène, 8: « dans cette petite maison à et ne regagnaient leur habitation, pratiquement, que
[ J
vases, décorés de ce qu'on appelle des «scènes de Les pièces fouillées ne contiennent pas toujours deux niveaux disposés de la même manière, l'appar- pour dormir. Pendant ce temps la maison, à commen-
gynécée», peuvent donner l'impression que les fem- des objets typiques de telle ou telle activité et devaient tement des femmes est en bas et l'appartement des cer par sa cour, était investie par les femmes, qui se
mes évoluaient entre elles, dans une sorte de char- être, pour la plupart, de fonction variable («a flexi- hommes à l'étage», une disposition récente, consé- repliaient dans une autre partie de la maison quand
mant sérail, la céramique ne les montre pas occupées ble pattern», selon la juste expression de L. Nevett), cutive à la naissance d'un enfant, car « pour que [sa les hommes de la famille recevaient des visiteurs, afar- 80.
tum s'ils voulaient tenir un symposion - ce qui n'arrivait
dans un lieu clos dès lors qu'elles se trouvaient à l'in- CAHILL 2002, p. 180 et suiv.
avec un mobilier facile à transporter d'un endroit à mère] ne courût pas de risque en descendant l'esca-
81. Haus und Stadt 1994, p. 218;
térieur d'une maison. En revanche, il est certain que l'autre. C'est pourquoi il est rarement possible de lier quand il fallait lui donner son bain, c'est moi qui pas tous les jours, loin de là. En somme, le «gynécée» H. LlUTER-BUFE & H. L'\CTER,
legroupe féminin sortait peu et ne devait pas avoir de leur attribuer avec assurance un des noms antiques m'installai en haut et les femmes en bas». Lorsqu'une devait être cette zone domestique où les femmes se reti- Wohnhauser und Stadtviertel des
contact, à l'extérieur, avec des hommes qui n'étaient maison est à plusieurs niveaux il paraît donc impru- klassischen Athen, AM 86, 1971, p. 109-
connus pour les parties d'une maison. S'il est assez raient lorsque l' andrôn était occupé, ou qu'un symposion 124 (à propos d'une maison sur la Pnyx).
pas de la famille. dent de mettre systématiquement les femmes et la
aisé de reconnaître un andrôn standard et permanent était organisé en un point quelconque de la maison. 82. GARDNER 1901.
[ABÜERA
seze ITI81sons standard a prostas. D'après o· ry:.:.,..,. des maisons 5 et 6 (à g et au centre)
10'
????s
et d'une maison standard
Haus und Stadt 1994. fig. 176.
0
-----, !1
tj à prostas. Éch. 1 :400. D'après Haus
10 20m v:mm
!,1
und Stadt 1994, fig. 20.
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OIKOS
Fig. 66. Mégara Hyblaea.
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Les lots dans l'îlot 6: à g. le plan
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9.
,1 2004, fig. 474.
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6E-10
6W-10
0 10 20m
I an doute destinée à une grande famille,
ectcur de la ville d'Olynthe où l'habitat
dans un
était moin
_t
den e, la « Villa de la Bonne Fortune »90 e
·.
I
comment le
....-:::/?:.::--
· type à pastas a pu évoluer vers le type à cour
péristyle,
en multipliant les retours de la première
A1 sur les autres côtés91• Si cette habitation ne
colonnade
1
pas ède
qu'un péri tyle partiel (fig. 68) avec une
colonnade
Cfl ur deux côtés, amorçant un retour sur le troi
I
·.:,. ième ,
__
au moins six maisons à péristyle complet,
OIKOS
l??.xilll....
112, rassemblant
I
entre huit et dix colonnes, ont finalement été
::_: décou-
vertes à Olynthe, dont la «Maison du h
comédien»
(datable avant 400, alors que la Villa de la
Bonne
Fortune est plus récente) et celle des deux Érotes.
C'est en effet dès la fin du ye siècle, et plus encore +I.lo
;.:: :·.: ·.:.:-:: .. ?·.: : . ·: :·· -:?::.: ·:.;·:<·. le premier état remonte à la fin du ye siècle
..
-, son -n
A2 introduction dans l'architecture domestique va de
i...-..LL-111?????:q:1•.•••
.
... .· ...
.
pair avec la multiplication et la différenciation des
pièces qui ouvrent sur elle. Celles-ci sont de plus en
?
plus ornées, par des peintures murales, des tissus, des
?
0
meubles en tout genre, posés sur des mosaïques de
sol imitant des tapis à motifs floraux (fig. 69): dans
•o.49
une maison de la rue Ménandrou, exceptionnelle-
ment étendue pour l' Athènes du début du IVC siècle,
l' andrôn et son vestibule présentaient des méandres,
: ..
l, des palmettes et des griffons, des motifs nettement
Fig. 68. Olynthe, Villa de la Bonne Fortune. Plan de l'état fouillé. Relevé Travlos, 0/ynthus 1938, pl. 84.
ar.h. 1.TP.,\VLOS
ISi.V.
J
plus courants à l'époque que les mosaïques rondes94• I.
CAHILL
2002.
2002, p. 256-257 (réfute
-·\-·
ment, est le plus souvent accessible par un prothyron, l'interprétation de la Villa comme
un «club» ou une hôtellerie, formulée
pour ainsi dire de règle dès qu'une maison atteint une par certains à cause de sa taille,
certaine taille (supra, p. 46). Lorsque Platon montre de sa position excentrée, des symboles
sur les mosaïques, de la grande
Socrate et un ami traversant le vestibule de la maison
capacité des jarres et de l'absence de
-- -- ------------?--??
de Callias, un riche Athénien95, ils débouchent sur
-- --- --
salle de bains: W McDONALD, Villa
'. une cour qui n'est pas dotée d'un péristyle complet
mais de deux TTpOŒTWLa. (prostôia), un terme attique
or Pandokeion?, Studies Presented to David
M Robinson, G. MYLONAS
Louis 1951, p. 365-373).
ed., I, Saint
qui s'emploie pour le portique en façade de grands 91. D'où l'expression «pastas-peristyle»
Fig. 67 Olynthe. deux maisons des édifices publics, mais aussi pour des colonnades dans employée dans 0/ynthus 1938, p. 143,
place, oit en émigrant à élinonte, cette sous-colonie
rangées A 1 et A 2. Plan restitué une demeure imposante?". Ces promenoirs devaient pour distinguer ce type particulier
où le lot tandard sont deux fois plus de péristyle, que l'on retrouve
Epoque de la guerre du Péloponnèse. grands. border la cour sur deux côtés opposés, le principal à Délos
au 11' s.: infra, p. 78.
D'après Haus und Stadt 1994, fig. 68. De la même manière, si l'on examine de
près les et celui « du fond» (sans doute le côté nord et le côté 92. Petite synthèse dans WALTER-
mai on olynthienne 89, il s'avère que la
diversifica- sud), où donnaient les pièces garnies pour l'occasion KARYDI 1998, avec renvoi à
tion ociale par de demeure plus
grandes et opu- de lits et de bancs mobiles, alors qu'en temps normal O. ALEXANDRI,AD
22, 1967, Chron.,
lente n'a pa attendu plu de cinquante pl. 91, et ibid. 30, 1975,
Bl, pl. 25 b.
ans après au moins l'une de ces pièces servait de cellier.
la première in tallation, en 432, 93. Pour le cas du «Bâtiment F»
pour e manifester. Non seulement la cour péristyle permet une
L'impre ion d'uniformité que le site donne ur ]'Agora d'Athènes, voir
infra, p. 251. \
à pre- meilleure répartition de la lumière, mais toute la vie \
mière vue e t trompeu e, car l'habitat a 94.J. W GJW-IAM, Houses of Classical \
y évolué très \
\
tôt· en apparence identique aux domestique s'organise autour de son plan quadra?- Athens, Phoenix 28, 1974, p. 45-54.
autres par son plan gulaire, qui régularise celui de l'ensemble de la m_ai- 95, Protagoras, 314 e et suiv.
quasi arré, la pré ence d'un «oikos ;
unit» et d'une son. L'existence de ce genre de cour étant, au moms commentaire dans Pi:.SANDO 1989
'
our à pastas, chaque mai on était en réalité surtout p. 102-109, avec un
plan
différente au début, réservée à des maisons d'une grande sur-
et unique fig. 671•
face, seuls des Grecs aisés pouvaient envisager une
restitué.
96. HEU.MANN 1992,
Fig. 69. Athènes. maison au 7 rue
Ménandrou. Restes de la mosaïque d'un andrôn et de son vestibule.
_ ____J
p. 356-357. D'après Walter-Karydi 1998, fig. 18. Début du ives.
58 H \Bl'Ii\'I: RB.\ ·1
?1L ET F RTIFI ATI
1. L'HABITAT URBAIN
59
------- ? 1g /1 r retr e. vlarson I. Les deux
andrônes vus du "Ord-es! la cour
péristyle est à gauche
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tion d imposante maisons à deux cours, l'une dotée ·?n
que la partie des maisons d'Érétrie à cour péristyle
G H
d un péri tyle, l'autre en étant dépourvue, devenait devait être l' andrônitis, interprétée comme un secteur K .\\·
,?
qua i inévitable. tourné vers la vie publique, alors que la gynaikônitis ·v..·
L'urbani me contemporain a limité l'extension devait coïncider avec la partie sans péristyle, plus
.t?
de fouille d'Érétrie, mais celles-ci ont tout de même
permi de dégager, au nord-ouest de la ville et vers
intime. Mais cette interprétation ne peut être acceptée
sans réserve, car deux cours n'entraînent pas nécessai-
0 0 ao
.,.,..,...._,..-r-.,.....,...;:.....,.-,-,..,.....:;?.-.?.???-.,....,..,...,?
o
on centre, une zone d'habitation qui s'était étendue rement une répartition sexuée des espaces. En outre,
à partir du début du I\,e siècle. C'est ici qu'est apparu nous avons vu que la maison vitruvienne - où l'on
pour la première foi dans le monde grec - au stade pénètre par la gynaikônitis, alors que l'entrée dans les K'
actu l de fouille - le plan à deux cours. On sait maisons d'Érétrie se fait par l'andrônitis supposée - est
que la Mai on II d'Érétrie (1260 m2; fig. 57-58) et dotée de péristyles dans ses deux cours et s'éloigne
la Mai on aux mo aïque (625 m2; fig. 70) possèdent I
par bien d'autres traits des demeures d'Érétrie qui. I N
ju qu'à troi andrones mo aïqués, ouvrant sur une cour
97. Rfl!fR 1!)<18, p. 166-169,
ornée d'un péri tyle; c'était apparemment là une
faut-il le rappeler, n'ont ni exèdre, ni pinacothèque I
I 0 I.
et fa trie _004 p. 98-99. ou bibliothèque, et peuvent encore moins offrir un I I
:\1 I -02, dus au fait que les mai ons d'Érétrie n'étaient '
pas, l'hypothèse d'un tel plan, un rapprochement a été
ernble-t-il, urmontées d'un étage, mais il faut noter
qu de mai on érétrienne plu
tenté avec une maison tardo-classique de Maronée ?
I I
modestes, réduites en Thrace'?": assurément, celle-ci possède bien deux
à une eule cour, ont également de
standing élevé. cours, l'une à péristyle et l'autre sans colonnad?s
K. R ber avait propo é de rattacher ce qu'il
-------
«Zw ihof-Typu » à la mai on grecque selon
appelle le
Vitruve,
(fig. 72), mais ce plan n'est pas d'origine, puisqu'il
résulte de la réunion de deux unités domestiques l .
O'la..t' ,,.1&_
..,__ ...&.. ·0---··
I
HABn: 72
0 1. LRB. ·1
xrr ET FORTIFI ATI
1. L'HABITAT URBAIN
61
Fig 73. Éleutherna. ma son
h érusnque sur l'acropole
d Plan D'après A. Kalpa rs.
1s1.
------ EVOLUTION D UNE
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Eli uthema li, 1994, pl 5.
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Fig. 74. Kassopé, les maisons 1 et 3. ---------'..--?--?-
Plans restitués. Seconde rnomé
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du s Éch 1 :400. D'après
Gescnaite des Wohnens 1999, p 375.
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73
0 10m
d'abord distinctes. L'intérêt de la grande maison de P'lZlZlZZZZJ I 1
l\faronée vient surtout du schéma particulier de sa IV8 S.avJC. Hellénistique. Iardo. hellénistique et romain 5
cour à péristyle, qui illustre l'état achevé du
type à
«pastas-péristyle» iinfra, p. 78): ici c'est bien une pas-
tas, raccordée aux murs latéraux par des
pilastres, qui
a été complétée ultérieurement par trois galeries sur ··. représenter qu'une évolution du vieil espace mono- comme tous ceux qui se sont par la suite intéressés à Fig. 75. Priène, Maison 33. l.'.évolution
les autres côtés. cellulaire des temps géométrique et archaïque. Cet l'habitat, ont généralement voulu mettre en évidence des plans successifs. D'après Gros
OIKOS
I? ·?-{ habitat d'une simplicité fondamentale se rencontre une maison type pour chaque cité. Ainsi qu'on peut 2001, p. 47 fig. 31.
encore au rv siècle (à Thasos, entre autres), réunis-
I
·?
!
le constater, les traits de tous ces «standards» ont été
3. L)habitat de t:époque hellénistique ?? ?, sant dans la même pièce le « séjour» et la chambre reproduits sans précaution dans les manuels succes-
:17L272a::::::mz•-==-?t:::12?:-:/ à coucher. sifs d'archéologie, qui ont contribué à répandre une
l
et du début de la période romaine I
I
1
Quant aux deux types principaux d'habitat, ceux vision simplificatrice de «la maison délienne», après
dits à pastas et à prostas, ils ne connaissent pas le même
avoir évoqué «la maison olynthienne » ou «la maison
Les sites et les régions destin. Après son expansion à Colophon et à Priène,
de Priène». Bien sûr, chaque ville ou région a cultivé
Certaines regions, où l'architecture de l'habi- ---- 48'--------t4·t- le plan à prostas disparaît progressivement à
l'époque
médio-hellénistique, même s'il est encore visible sur
quelques sites, comme Abdère et Pergame, jusqu'au
ses particularités, mais il n'en reste pas moins que ses
maisons manifestent aussi des variations individuelles,
tat ne révèle pas de changements qui reflètent les goûts et les besoins différents de leurs
majeurs au fil des rer siècle av. notre ère compris 1°3. La cour à
siècles, sont des conservatoires de traditions. pastas se habitants.
La mai- maintient partout jusqu'à la période augustéenne,
son crétoise est toujours construite sur Délos reste la principale référence pour la période
un terrain en
pente, où des petites pièces irrégulières mais avec une moindre fréquence'?'. Elle
s'ajoutent les est désor- hellénistique, même si le niveau de vie élevé et les ori-
unes aux autres; le plan, resté linéaire mais éclipsée par la cour péristyle,
(fig. 73), peut
forme dévelop- gines cosmopolites des Déliens, enrichis par le com-
comprendre une pièce à foyer fixe et se passe pée du modèle simple, en multipliant
le nombre des merce à grande échelle en Méditerranée, confèrent à
souvent colonnades, comme on peut le voir par exemple
d'une cour. Lorsqu'elle existe, cette cour dans l'habitat délien un caractère plutôt exceptionnel. Une
est de toute les phases hellénistiques de
façon dépourvue de colonnades'". la Maison 33 de Priène bonne partie des habitations de Délos, fouillées dès
Une petite cour (fig. 75). Même petit ou
du même type simple, et non
nécessairement orien- r -·.? tronqué, le péristyle semble 1880, a eu la chance d'être magistralement
103. D. U.ZARlDIS, Praktika I 966, p. 59
IOI. \'. H \l?l\!ICH\IJ, Recherche tée au sud, caractérise aussi
I I avoir la préférence, car c'est
le symbole de l'appar-
décrite et suiv. ; WULF 1999; Geschicht.e
à Latô III :\Ia1 on .. BCJ! 95, 1971. l'habitat illyro-épirote
I. J
foyer fixe au sol (d'où le nom de "' affirmait, vers 280, qu'une « maison plans remar- Treas, Asia Minor Stud. 11, Bonn
102. G dtichte dei Holmms I CJqg, «Hearth-room» ou r./1 sans colonnes est quablement divers, destinées à des personnes 1994,
laide»105? aisées p. 52-62.
« Herdraumtypus » donné
p. 5>-i67 Dy to . 375--1-21
Kassopè, par les spécialistes anglo- comme à d'autres plus modestes, ont été 105.
nbracie, Orraon, Lt'ucade. Vitsa, axon à ce type de maison), et Nous commencerons par présenter quelques sites dégagées sur Anthologie grecque VII, 648, I. 5
'lïtani. c'est autour de cette l'île; elles sont assez bien conservées en et suiv.
440 K.t!hpolis.
(J. A. B,c1.. alle fig. 195), plutôt qu'autour ?ù l'habitat hellénistique est largement hauteur dans
\\: Bl H \11. \pt rçu sur !"habitation de la cour, que les
I
attesté, en leur état de la seconde moitié du ne siècle 106. Voir principalement CHAMON .\RD
préhi torique rt antique autre pièce s'ordonnent signalant des ressemblances ou de la pre-
et des différences, avant de
.
---+44-·
.
M.:mummtrt. Tirana 1989. ?e cette architecture domestique. La
p. +1-1-8. Eubée (fig. 493), ce genre de plan majorité de ces et les 107. CHM!ONARD 1922, p. 53
(fig. 74) pourrait ne péristyles de marbre y triomphent, mais
:
sites est connue depuis les colonnes par exception, dans une habitation,
longtemps et leurs fouilleurs,
74 peuvent toutefois manquer et le c'est un long vestibule qui tient lieu
type à pastas subsiste, de cour.
62 R BITAT, CRBA.T TI ,\1£ ET FORTIFICATIO
S
1. L'HABITAT URBAIN
63
------- QUARTIER DE L'INOPOS
10-,.
1,'
77
I?
I.
I
I
I
Ruelle de 11
M1leon de r E?e Fig. 77 Délos, Quartier de l'lnopos.
Plan de la Maison à une seule colonne
(à gauche, C) et de la Maison de
l'lnopos. à péristyle sur deux côtés (A,
à droite). D'après Chamonard 1922,
pl.XXVIII.
Dans le Quartier bles lorsqu'on parcourait une ruelle pour entrer dan
1. L'HABITAT URBAIN
65
F g 79 Délos. Marson V de l'îlot des
buou . Plan d'une pièce de réception
D'après BCH93. 1969, p. 262
- ----- Fig. 80. Délos, Maison des co?édie?s.
Restitution des deux por?hes d entree
sur rue. Dessin P. Fister, Ilot des
comédiens 1970, P- 18.
A
A
B
C
D ,.·
?*•?:···.=:·.?IIIJll??-11111!.
!li!. ?IJ!ll
..?-:?-_!!,!!!!!?l!I??!-.?:"!_!!'._.?:;?_.:.; ·: :
80
le vestibule de la maison. Dans d'autres habitations, et 224-225), parfois en stucs moulurés, sur les murs et
des reliefs et surtout des statues ou statuettes
d'appar- même (plus rarement) sur des plafonds. Certains lieux
tement ont été exposés dans la cour, ainsi
que dans trahissent par un détail original les goûts ostentatoires
toutes les pièces du rez-de-chaussée et de
l'étage, à de leur propriétaire, qui souhaitait posséder un rap-
l'aide de niches murales (dans la Maison
de l'Hermès, pel de la grande architecture. Dans l'habitation V de
112. Pour les mo. aïques et la peinture, où la disposition du décor statuaire
,01r lu bib. et un ré umé dan. GD, fut spécialement l'îlot des bijoux, une pièce de réception à tapis de sol
p. 115-130; pour le décor statuaire étudiée) ou sur des bases au sol, parfois
en calcu- mosaïqué (fig. 79) est accessible par une baie large de
et e lien awe rarchitecture: lant leur angle de vue comme chez
?I \RC?\DI. A,, .\lwée
Dioskouridès et 2 m devant laquelle ont été incrustées des bandes de
J. de Délos, BÉE1R Cléopatra 112• L'important était de pouvoir
213. 1969, et ?I. KRU.B, BCH 108, en imposer marbre, en deux demi-cercles symétriques' 13: il s'agit
l<l8-!, p. 317-343, d'où KRn:B aux vi iteurs, dès leur arrivée dans la
1988. maison. bien d'une copie de ces chemins de roulement à l'in-
113. :\. Bt \l'\C,-KOL.lll., Ein neureiche D'une manière générale, les habitations
Hau auf Delos, Bathron, Beilriige ::.ur
délien- térieur de la cella des temples, où pivotaient de lourd?s
ne sont plus décorées que
la moyenne de celles des
Arch,ltktu, und rrrurmdtm .hiïnslmjü,
autres cités. Les archéologues ont portes à deux battants. L'imitation de la grande archi-
He nri I- DrauJ, .... H. Brxrxc,
éd. arrebruckl988.
f
Hn L£R ..
ligné la variété et le nombre
maintes fois sou- tecture, religieuse ou civile, est tout aussi évidente
p. 99-106. Bien des mosaïques de sol dans une façade à fronton et une porte en arc de l'îlot
q 1' lk s'impose, l'mterpn:tation n'a pa (fig. I, II), dont la disposition
été r
pri t· dan II Bl.RI' 200 I, p. +t est moins dépendante de la Maison des comédiens (fig. 80), dans les piédes-
du cadre architectural que les
114. lhlRI 2001, p. 29.
enduits peints, étalés en taux carrés qui surélèvent des colonnes du péristyle,
tyle d'appareil et en bandeaux
ou en frises (fig. IV-V au sein de l'habitation II de l'îlot des bijoux114 (fig. 81),
I. L'HABITAT URBAIN
67
,-
F g 82 Dé os. Quart, r du théâtre.
Fig. 83 Délos, Ma sor
Pla r , u parte d'autre ·
- ?--
/
u
I
I
t
0 I 2 3 It- 5 10M
]<lll8,p. 1- -1-8.
compo ante qua i canonique de la maison
type de salle est orienté au nord
ou au nord-est en complètent
délienne bien celles de Délos, en révélant toute la
118. Con lu rion de 1 Rl ?11·1.R 1998; voir antichambre et d'un andrôn (cf fig. 70-71). Lamajo- ouvrant sur la cour péristyle
par une porte à deux variété des
(fi.is. 82, 119 , qui comprend au si maisons grecques de l'époque hellénistique.
au i i'.\1. 'I Rl ?IPI R, Dilft-rt·ntiation in
the
un ve tibule, une rité des autres pièces, disposées autour de la cour ou vantaux encadrée de hautes
Helleni ti hou e of Dt lo the question cour, un ecteur de ervice, une alimentation fenêtres. Certaines salles La cour intérieure est habituelle
f functional r a , Bui/din? Commumh,.!i
:
1. L'HABITAT URBAIN
69
--
1
Fig 84 Pe a. plan des maisons
Fig. 85. Thasos, Quartier de la po_rte
au sud de l'agora. dans l'urbanisme
----r---__---1_
···-j---- -- ----- d'Hermès. Plan au sud, une maison a
,
10
onhogona . D'après Ma arenas, Giouri
; __--_-_-- ::::_·--- ---.
:
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rue de I.a porte d' Hermè?
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10 15m
Tony KoielJ
1. L'HABITAT URBAIN
71
Fig. 86 Pergame. les maisons Fig. 89. laitas, Mai?on à péristyle I.
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Sahou 1994. fig. 33. a
Ftg. 88. Morgant1na. Maison
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1. L'HABITAT URBAIN
73
servant pour des banquets. Comme ce
Fig. 90. Mégara Hy laea, Mason schém a Putot, rarement sur d'autres sites siciliens, où la présence Fig. 92. Solonte, Maison à péristyle
9, 19 Plan de l'éta final. Dessin rare est apparu pour la première fois en
. 1
d'un étage est de préférence liée à une construction dite « Ginnasro ». Élévation restituée
du péristyle. D'après Wolf 2003, p. 37
des our/les, 1983, p 46 fig. 34. , possible que en pente.
sa_presence sur p us1?u?s sites de Sicile
. .
1 fig. 8.
(Morgantina, Alors que les maisons à péristyle demeurent incon-
F,g. 91. Solente, Maison a péristyle Iaitas, Syracuse ... ) sou imputable à l'influence ,
nues dans des villes comme Sélinonte et Camarina, où
dite « Gmnasio ». Coupe restituée sur doniennc en Occident. L'hypothèse paraît mace-
la trame urbaine est rigide, elles se sont imposées dans
I s trois niveau . D'après Wolf 2003,
par l'existence de ce groupement dans un confortée
d ssm anne é 39. hypo gee
,
plusieurs autres cités, avec une grande variété de for-
d'A rp1 en Apu1·re, qm constitue une variante
· · ·
1. L'HABITAT URBAIN
75
?
F,g. 93. Agngente, quartier heflénist,co- Fig. 94. Lacres Épizéphyrienne,
roma • msula 1. Plan restitué Maison des lions. Vue perspective du
L
CASAIII CARDO I
d s maisons A (à dr., au sud) et plan restitué de la phase C1 ; au fond,
81-82 (à g. au nord) avant leur fusion. la muraille est de la ville. D'après Barra
D'apr s E. De Miro. S1C11Ja enerûstiœ Bagnasco 1992, pl. XLI, 1.
,,
2006. p. 81.
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11 Fig. 95. Lacres Épizéphyrienne,
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Maison des lions. Vue perspective
restituée de la phase C3. D'après Barra
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Bagnasco 1992, pl. XLII.
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claire de l'habitat dans la ville de Tyndaris131, fondée pour sept lits, une salle de bain pavée munie d'un 94
en 396 par le tyran Denys sur un promontoire au canal d'évacuation et même une latrine, raffinement
nord de la Sicile. L'urbanisme orthogonal sur des ter- peu banal. Malgré une décoration très soignée dans
rasses (fig. 298) rappelle celui de Solonte, mais la ville sa troisième phase, la Maison des lions n'a jamais opté
a subi un grand remaniement à l'époque impériale. pour une cour péristyle et s'est toujours contentée du
Contrairement aux autres habitations, la Maison B et plan à pastas (fig. 95). Ce n'était pas étonnant en Italie;
la Maison C semblent toutefois avoir conservé leurs sur le site d'Élée le plan à pastas fut aussi longtemps
plans de l'époque hellénistique tardive, qui comprend majoritaire par rapport au plan à cour péristyle, au
un groupement de trois pièces donnant sur la cour moins jusqu'aux me-ne siècles. C'est alors seulement
péristyle. qu'apparaissent les grands péristyles et que le goût
Des constatations légèrement différentes ont été pour la décoration se manifeste largement à Élée133,
faites en Italie du Sud, où l'aisance semble avoir avec le recours à l'opus signinum ou à des mosaïques
été moins répandue qu'en Sicile. Jouxtant le rem- plus recherchées, sans oublier les peintures murales.
part sud de Locres Épizéphyrienne, le quartier de Ce goût culmine dans la Maison aux fresques, qui
Centocamere rassemblait des locaux destinés à l'arti- doit son nom à des fresques du rue style ornant la
sanat et à l'habitat (fig. 160), tandis que la seule mai- dernière phase d'occupation de la maison, au 1er siècle
son à peu près luxueuse de la ville, occupée jusqu'au de notre ère, lorsqu'elle s'étend sur plus de 700 m2.
milieu du me siècle, a été élevée hors les murs132, un
peu plus à l'est. La Maison des lions ainsi nommée - Les plans et I' aménagement intérieur
à cause des belles simas à gargouilles léonines prove-
nant d'un temple du ye siècle, remployées dans ses La majorité des pièces des maisons hellénistiques,
-
murs fut en effet bâtie sur les ruines d'un sanctuaire qui ne présentent ni décor ni mobilier caractéristi-
131. HOU.EC.\ARO ÜLSF..'\ 1995, p. 242- suburbain, en prenant appui sur la muraille par deux
247: cf E4A \ 11, 19 6, s.v. «Tindari». ques, reste multifonctionnelle. On peut encore espérer
de ses côtés: cette situation vraiment hors
132. B\RRA Bxc: co 1992 et
·
normes fait reconnaître un andrôn par sa taille et par son sol dallé,
:\1 B.\RRA B \(,.
douter d'une destination exclusivement domestique ou même mosaïqué selon un schéma de préférence
\!CO, U culto di Adone
a Locri Epizefiri, Ostraka 3/2, Rome pour la «Casa dei Leoni», où subsistent effective- concentrique sur les sites de la Méditerranée orien-
Jq94, p. 231-243. CJ.ici fig. 160. ment les traces d'un culte d'Adonis. De la seconde
133. tale, mais très simplement géométrique en Occident,
. RLCO. Pae tum ed Elea tra moitié du Ive siècle au début du me, cette demeure
Mazna recia e Roma, Tramonte della où règne l'opus signinum. Toutefois, la bordure suréle-
Ma? G? est progressivement passée d'une superficie d'envi-
ia. Alb del Qjiarantaquallresimo vée pour disposer les lits se raréfie autant que la posi-
Com» d'tud: su/la .\!agna Grecia; ron 290 m2 (fig. 94) à plus de 350 m2 au
sol, auxquels tion désaxée de la porte; surtout, c'est la pièce elle-
'Taranto 200./, Tarente 2005, p. 577-641. 'ajoutaient 60 m2 à l'étage, en comprenant un andrôn
même qui semble manquer de plus en plus souvent.
76 95
HABITAT, RBANI 1E ET FORTIFICATIONS
I. L'HABITAT URBAIN
77
Fig. 97 Délos. Maison du Dionysos.
La colonnade de la cour restaurée en
1904
l_?
97
De toute façon le demeure qui avaient besoin en tout économiques. Les péristyles ioniques sont rares
permanence d'une pace de réception n'étaient pas les et normalement choisis pour l'étage, sur un rez-de-
plu nornbreu: e , elles appartenaient à des personnes chaussée dorique (à Pella, à Iaitas dans la Maison
qui exerçaient une profe sion publique ou tenaient à à péristyle I, et dans le prétendu « Ginnasio » de
montrer leur po ition sociale élevée. C'est pourquoi la Solonte), mais des habitations de Solonte superpo-
grande mai on aux archive de Kallipolis!" compre- sent, par exception, des cours à rez-de-chaussée ioni-
nait deux andrones, et la Maison II d'Érétrie, trois dans que et un premier étage à chapiteaux corinthiens!".
es deux pha es (fig. 71 ). L'augmentation
du nombre Lorsque le péristyle d'étage est ionique ou corinthien,
de lit e t également ignificative: parmi les magni-
les colonnes sont fréquemment réunies par des para-
fique andrones mo aïqué des énormes demeures de
pets découpés de losanges en relief (fig. 92). L'emploi
Pella, l'un, dan la Maison du rapt d'Hélène, pouvait de l'ordre ionique est tout aussi rare pour des exèdres
accueillir ju qu'à dix-neuf lits (fig. 96).
au rez-de-chaussée, comme dans la Maison I B du
i la re erre à objets
précieux, dite tamieon Quartier du stade à Délos, qui paraît s'être inspirée
TaµLELOV, paraît avoir plutôt sa place près
de la des exèdres ioniques de l'agora des Italiens. Enfin,
chambre à coucher, d'aprè l'épigraphie, elle
se dans la cour de la Maison des tritons, la galerie cou-
trouvait néce airement au rez-de-chau sée dans les
·
l. L'HABITAT URBAI
79
Fig. 99. Délos, Maison du trident. Vue F-rg. 100 Démétnas, palais Hypothèse
sur le péristyle rhodien avec de restitution du péristyle du complexe
sa colonnade haute restaurée. de l'Anti-anaktoron, avec un péristyle
« rhodien ». D'après P Marzolff,
I
A Daruo carrée, dessert une partie
et sr-HER..\Kl..Emou, gagnaient ainsi en confort, car elles profitaient davan- résidentielle, tandis que la
pathellem: ti: che palastartige Gebâude de l'hellénisme tardif fouillée au pied de l'acropole deuxième, rectangulaire et plus
in der :\'ahe der Akropolis von Rhodos, tage du soleil en hiver mais s'en trouvaient
mieux pro- petite, en contrebas,
de Rhodes141 (mais dans ce dernier cas la publica- es? liée à un secteur de stockage
a
1. L'HABITAT URBAIN
81
Fig 102. Érythrées. maison
-- 1" F-1g. 103. Pella, Maison de Dionysos.
h rus ique à d u cours. Plan restitué. Dessin W Hoepfner,
Plan restitué. D'après Akurgal 1987.
fg 134b.
I 0 5 10 15 20m Basileia 1996, p. 3.
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I Fig. 104. Pella, Maison de Dionysos.
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cour on passait dans une seconde, garnie d'un petit ou des poids de métier à tisser. Toutefois, une pareille
péristyle à quatre colonnes, sur lequel ouvraient division des fonctions n'est pas envisageable dans la
d'un côté une grande salle à foyer, de l'autre des piè- Maison 49, 19 de Mégara Hyblaea (fig. 90), pas plus 103
ces de service. En somme, la mise en relation avec que dans d'autres grandes configurations siciliennes à
la division vitruvienne, qu'E. Akurgal avait proposée deux cours 148, tout simplement parce que la deuxième
pour cette habitation, ne s'impose pas, alors qu'elle cour ne résulte que d'un agrandissement ou d'une
est nettement plus justifiée pour des demeures de annexion de la maison voisine. Il n'en reste pas moins
Macédoine. En effet, non loin d'un palais également que c'est peut-être l'existence de ces deux cours dans
à plusieurs cours, deux maisons construites147 vers l'habitat hellénistique de Sicile qui a pu inspirer à
330-320 et nommées d'après le sujet de leurs mosaï- Vitruve l'image d'une maison grecque idéale (supra,
ques de sol ont été fouillées à Pella (fig. 84): la super- p. 22); n'oublions pas non plus que le théoricien
ficie de celle dite « du rapt d'Hélène» atteint environ romain pouvait encore moins ignorer les plans des
2 350 m", tandis que la Maison de Dionysos (fig. 103) habitations aisées de Pompéi (fig. 9) où deux cours,
couvre environ 3 160 m2 grâce à ses deux parties l'une à atrium et l'autre à péristyle, se succédaient dès
qui ont chacune leur cour péristyle, successivement le ne siècle av. notre ère.
ionique et dorique, tout en étant séparées par une L'étage était plus facile à envisager lorsque les
magnifique exèdre (fig. 104). On a donc dépassé les maisons peuvent s'appuyer sur une pente, comme
650 m2 de la Maison aux mosaïques d'Érétrie (fig. 70), à Pétrès, à Pergame ou à Solonte, des villes qui se
où la cour la plus ornée servait peut-être aux récep- sont développées sur le flanc d'une colline, tandis
mn,
tions, comme à Pella, tandis que l'autre, plus simple, qu'à Délos, seules la Maison de l'Hermès149 et celle
con tituait un secteur de service. Ce genre de secteur, de Fourni dont la complexité suggère qu'il s'agis- -
qui existe aussi dans des habitations à cour unique sait d'un édifice utilisé par une association, et non
147. ?l\K.\RO. '\S, G10CR1 1989. /telle la Maison des sceaux à Délos, fig. 76) et doit être d'une simple habitation ont été élevées en paliers -
distingué des locaux proprement voués à l'artisanat,
148. Lxernplc dan Hou.1G.\.\RD
L'I 19!)5. comprend par exemple une pièce qui renferme des
successifs, avec deux étages superposés au péristyle f11
C:::t'2 l,
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:, -
du rez-de-chaussée (fig. VI et 105). En l'absence de
149. Üf.l.(>R\11. 1953. jarres et d'autres où étaient manœuvrés des meules pente un deuxième niveau nécessitait de bonnes
104
82 HABIT.\T, CRBA.''H ME ET FORTIFICATIO S
1. L'HABITAT URBAIN
83
Fl . 105. Délos, Maison de !'Hermès.
r
Coupe sur les d1ff érents niveau . avant
:-;''.... ? ;
la res a ra on du pénstyle du 2 étage.
Dess,nY. Fomine dans Delorme 1953.
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105
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+3.?0t..
A? 107
108
réduite: on a relevé 3,20 m à la Maison des tritons 153• convenait encore mieux pour des maisons à plus d'un Fig. 107 Délos, Maison du trident.
Comme l'existence d'un péristyle au sol n'implique étage. Il ne paraît pas injustifié de voir dans la haute Traces de I' emplacement
pas nécessairement celle d'un étage et d'une deuxième
Maison aux frontons une manifestation ostentatoire de l'escalier dans l'enduit mural.
I galerie à colonnades154, l'hypothèse d'un deuxième
I
de la richesse de son propriétaire, puisque cette habi-
niveau doit toujours être confortée par des trouvailles Fig. 108. Délos, Quartier du théâtre,
tation, qui occupait une surface réduite au sol, devait insu/a Ill. Escalier en pierre.
d'architecture attribuables à l'étage, par exemple des
être visible de loin, tandis que ses habitants profitaient
colonnes de hauteur moindre que celles appartenant
de la vue offerte par de larges fenêtres à
F' au péristyle du rez-de-chaussée. L'escalier, meneaux sur
intérieur deux niveaux (fig. 109).
ou extérieur, était le plus souvent en
bois; des restes En fort contraste avec les luxueuses maisons
d'escaliers limités à un départ en pierre complété à
par péristyle mises au jour à Alexandrie, les maisons d'au
des marches en bois155 subsistent aussi
contre certains moins deux étages (les papyrus locaux disaient
murs déliens (fig. 107), et le tout était alors:
englobé dans « à trois niveaux», TpLŒTEyos-,
I
une pièce particulière qui formait la tri.stegos) construites
cage d'escalier. dans cette ville devaient être le propre des
w?- quartiers 153. Chiffres et exemples donnés par
1?2Û'\ Mais les degrés pouvaient être entièrement
en pierre: pauvres, ceux où se pressait une population cosmopo- BRUNEAU 1995, p. 93-94.
Çf Solonte, où
on en connaît à Délos (fig.
108) comme dans l'huilerie lite d'immigrés, près du port occidental. le deuxième niveau est à
5, 70 m
0 d'Argilos (fig. 207) et dans la Maison du
rapt d'Hélène L'existence au-dessus du rez-de-chaussée dans
à Pella, où sont conservés
d'immeubles alexandrins à deux ou trois niveaux, la maison dite « Ginnasio »:
les restes d'un escalier en et Wou 2003,
106 même plus, est assurée par la découverte, p. 18.
pierre pour un étage partiel, qui
ne couvrait pas toute dans les
fouilles, de maisons-tours miniatures en 154.J. W GRAHAM, Hesperia 23,
la superficie du
rez-de-chaussée. terre cuite p. 321.
1954,
fondations, pour supporter des murs et des colonnes qui faisaient parfois office de lanterne,
ces murs portants épais, la présence d'un étage se La présence d'un deuxième
escalier en plus de et par des 155.
olidement montés en pierre au rez-de-chaussée; c'est déduit151 d'après des cavités carrées régulièrement mentions dans des papyrus d'époque GD, p. 73.
l'e?calier central, ainsi que
l'épigraphie délienne, romaine ou 156. NmvICKA 1968, p. 20-21, 108-109,
ce qui a fait défaut dans certaines riches maisons byzantine156• Les appartements
de ménagées dans des parois, pour encastrer des poutres qui mentionne la location
de synoikiai (ŒVVOLKLa, pl. dans ces tours étaient 133; NOWICKA 1975, p. 61 et suiv.;
Morgantina, privées d'un étage complet au-dessus du supportant un plancher (fig. 112), ou encore d'après ŒUVOLKLm), prouvent que
habituellement locatifs, mais la situation de HUSSON 1983, p. 25 7 et suiv.
plusieurs familles pouvaient ces loca-
rez-de-chaussée car les colonnes du péristyle étaient un départ d'escalier (fig. 105 et 106), plus rarement se partager taires n'avait rien de commun avec celle Les papyrus révèlent aussi que le
mot
150. D\IJ Hl.R 1994, différentes parties d'une maison, de Timothée
p. 154. partiellement en briques150• En effet, selon Vitruve qui le fils du stratège Conon: pyrgos peut désigner une «tour»
(II d'après des éléments qui ne peuvent appartenir qu'à devenait ainsi un immeuble celui-ci habitait probable? à un seul étage, contrairement aux
151. KRU.B 1985. de rapport. Il est facile
8, 1 7-18), des murs en briques ne pouvaient admettre
un étage152• La hauteur moyenne des colonnes des ment lui-même la «tour magnifique» habitudes terminologiques françaises:
152. Ln tout cas, a Delos, ?e se repr?s:nter des synoikiai ne
possédant qu'un seul qu'il s'était fait
ce ont un étage qu'avec une épaisseur minimale d' 1 construire à Athènes, tout comme, avant en Grèce ancienne, toute maison à
de bloc d'anhitecture qui ont suggéré pied 'lz, péristyles permet de constater qu'à Délos, la hauteur etage loue a part,
d'après la Maison des comédiens lui, Timon deux
oit 0,45 m, et il fallait l'épaisseur de deux ou le Misanthrope157• niveaux, peu étendue au sol, n'est
la recon titution de la Mai on trois des pièces sous plafond tournait autour de 5 m ou à Délos, où la pas
porte d'entrée principale est moins haute qu'un pyrgos à un seul
au. fronton dan. l'ilot de la Mai on briques romaines, qui mesurent habituellement 1 x doublée Si l'étage de ces maisons étage.
plus, ce qui laisse imaginer la hauteur et la raideu? d?s ?ar ?ne autre porte sur rue, locatives possède en 157. Selon Aristophane, Ploutos
d ·
comédien .
1,5 pied, pour oser bâtir plus d'un étage. En débouchant sur un esca- principe son propre accès par la
plus de escaliers, tandis que la hauteur des pièces d'étage etait lier intérieur (fig. 180 (Timothée) et Pausanias
80). Mais on admettra que
le mot
rue, la plupart de I 30
ces habitations hellénistiques 4 (Timon); deux cas gui
semblent'
continue, comme exceptionnels.
84 H BIT T, CRBANI ?1£ ET FORTIF1CATIO
I. L'HABITAT URBAIN
85
Fig ,œ. Dé os, no de la Maison. d?s
com ens. Vue perspective restrtuee,
-----------------_,
montrant maison-tour au frontons.
·
109
1. L'HABITAT URBAIN
87
F,g 112 Orraon. Maison 4 Façade
nord vu de l'intérieur; avec des
n r s bras es sous les trous
qu, receva ent les poutres
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du d u ème nrveau.
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autres pierres stuquées 165• Mais la fréquence des autels (sanctuaire d:t\lexandre le Grand ?).
dans la vaste Maison de Fourni, au sud de Délos, est Plan des locaux. D'après Wiegand,
Schrader 1904, fig. 166.
une des raisons qui poussent à y voir le local d'une
association cultuelle plutôt qu'une simple habitation, Fig. 116. Délos. autel en moellons
à l'instar de !'Établissement des Poséidoniastes de stuqués dans la rue longeant
Bérytos166, dont le plan (fig. 114) montre mieux les !'Établissement des Poséidoniastes
de Bérytos.
fonctions de lieu de réunion et de sanctuaire. Pour sa
part, la Maison 22, près de la porte ouest de Priène,
est supposée avoir été vouée au culte d'Alexandre le
Grand167: en plus d'une mosaïque de galets, chose
exceptionnelle dans l'habitat de cette ville, elle possé-
dait, parmi les pièces donnant sur sa cour, une petite
salle de banquet, une chapelle contenant une base et
164. Bx: . 1.,t 1993. p. 95-98. une table d'offrandes, ainsi qu'une salle plus grande
renvoie à li \\10 \RD 1922. p. 202.
où des figurines en terre cuite et une statuette en mar-
165. Ruapitulation dans 113
\: \l . ROC"-"\. Ein klas,iç,cht'r bre (d'Alexandre?) voisinaient avec une autre table
Hau, I,, r. L? 2006/2. p. 1-7 d'offrandes, devant un podium à degrés (fig. 115). Il
comment reconnaim- un autel que les lampes à huile, posées dans des petites niches existait aussi des autels collés contre le mur extérieur
dome tique. qui animaient parfois les murs 164, ne pouvaient appor- des maisons, près de la porte d'entrée; à Délos, ce:
166. Ré urnés dan GD 124- et C,D 57. ter qu'une faible clarté. De toute façon, dans l'habi-
massifs de maçonnerie rectangulaire, hauts de 0,50 a
167. Rt?, cnun 1998. p. 93-98. tat grec, la fonction des fenêtres n'a pour ainsi dire
168. C11 \\I() \RI) 1922. p. I 04--105;
1,30 m et recouverts de stucs peints qui évoquent les
jamai varié au fil des siècles: elles n'étaient pas desti- dieux Lares168, sont interprétés comme une importa-
Ph. BRl \L, Recherche. sur les cultes
née à la vue, mais juste à l'aération et à l'introduction
1
d D lo à l'époque hellênistique et à l'époque tion italique (fig. 116). L'autel peint d'une maison de
tmpénale, Bf.Em 21 r. 1970. n. 16 i d'un minimum de lumière. Seules font exception les
et p. j89-613. 640-612. l'îlot I du Quartier du stade était même complété par
haute fenêtres des pièces de réception donnant sur la une banquette le long de la façade. Ce genre d'autel,
116
88 HABIT\'[ CRBA.'\'I 1E ET FORTIFICATIONS
1. L'HABITAT URBAIN
89
Fig. 1lZ Mus e de Délos. Réchaud
à sole et trois cheminées.
I
---_, Fig. 118. Leucade, plans de deux
maisons hellénistiques. Dans celle
de droite, au centre, une petite
salle de bain ouvre sur la cour, à
côté du puits. D'après M. Fiedler,
Archaiologia kai technès 112, 2009,
I p. 42.
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118
qu'il faut peut-être aussi restituer à Kassopè de part dans un angle d'une habitation 170• Dans sa deuxième
et d'autre de l'entrée169 de la Maison 1, pouvait être
phase, la Maison à péristyle I de Iaitas possédait un
utilisé à l'occasion pour un culte public, d'autant qu'il foyer dans un coin de la pièce 23, et les grandes mai-
empiétait sur le domaine urbain. sons d'Érétrie171 avaient adopté une sorte de «kitchen
complex», qui associait une cuisine avec son matériel
Cuisine et toilette caractéristique et une petite salle de bain chauffée
depuis le foyer de la cuisine. Au contraire, à Délos,
Pour faire la cuisine comme pour chauffer un où les fragments de tant de réchauds en terre cuite
espace, les réchauds mobiles en terre cuite sont ont été retrouvés, on n'hésitait pas à cuisiner sur les
devenus de plus en plus fréquents; un certain
type terrasses des habitations, ainsi qu'en témoignent les
169. G chichte de brasero décoré, à pied élevé, était même particu-
des lfohnens 1999, p. 380. trouvailles des Maisons des sceaux et de l'épée, entre
170. B. T \KIRGL, Fire and moke: lièrement répandu en Méditerranée orientale, alors autres 172.
hearth . brazier· and chimney in the ·
171. D\l.CHER 1994. p. 41; Rt.Bu 1998. et en Crète (fig. 195), sous la forme de
quelques blocs favorisée par une bonne alimentation en eau, comme
172. Bl"RI200 I, 60; TRDIPER as emblés au sol, des foyers ou des
2005.
11 p. fours construits à Leucade où la petite salle de bain de la Maison A
p. 373-376. ont parfoi été retrouvés, en général contre le mur
ou (fig. 118), plutôt rustique, a été rajoutée en mordant
0 HABIT T, 119
RBANI 1E ET FORTIFICATIO S
1. L'HABITAT URBAIN
91
sur la cour, à proximité du puits173• Mais
des
ont surtout été repérés dans les habitations bains Fig. 122. Délos, Maison des tritons.
de gens Plan montrant, en grisé,
aisés, qui avaient un certain souci de leur le /aconicum (AM) et son vestibule
Érétrie!", à Délos175 (fig. 119) et à Locres confort: à AL. D'après Îlot des comédiens
Épizéphy- BS
rienne, où la salle d'eau de l'imposante Maison 1970, plan A
des
lions était dallée et munie d'un canal
d'évacuation.
Dans la majorité des cas, les salles de bains •li f ff ff f If ff l f t8rt t ft f I It It
privées '?E '"'' Ht flt fff fff "' Ht flt t flt
I
ff
de la période hellénistique, autant que 1ft •••
possible pro- ...
tégées par des enduits muraux et des sols
étanches,
trahissent le goût du luxe, même si elles n'étaient
pas
nécessairement chauffées comme dans une
maison
de Delphes 176 (fig. 120) ou encore à Érétrie,
par un
canal qui court contre la paroi voisine de la cuisine
ou
même sous la baignoire (Maisons I et II), ce qui cor-
respond à une forme primitive d'hypocauste. Dans
tous ces lieux la baignoire-sabot en terre cuite, a priori
portative mais habituellement scellée au sol, était bien
plus courante que la cuve plate maçonnée et encas-
trée, avec une coupelle entre les pieds pour vidanger,
comme celles découvertes à Priène!", à Delphes, à
Morgantina (Maison à la citerne couverte d'arcs)
et dans la Maison à péristyle I de Iaitas, où la salle
d'eau, au sol en opus signinum, était alimentée par une
canalisation et chauffée, elle aussi, grâce à un foyer
extérieur1 78•
Toujours en Sicile, mais à la basse époque hel-
lénistique (à partir du ne siècle), sont apparues dans
certaines habitations des salles circulaires voûtées,
où la température était maintenue constante par une
source de chaleur au centre: ce genre d'étuve sèche
a été identifié dans la Maison à péristyle 3 de laitas,
dans la « Casa del vano circolare » de Solonte et dans
un secteur récent de la Maison au chapiteau toscan
de Morgantina179• Les étuves de ce type étaient spé-
cialement nombreuses en Occident, dans un contexte
domestique comme dans des établissements de sport
m,1a1mimmmmia:itx:1am:itmmm!II?o?=============1t::=:=============t2::::=============?? ou dans des thermes. Mais si l'on considère l'évo-
lution rapide des bains privés ou publics en Grèce
Fig. 120 Delphes, salle de bain hellénistique. Plan des vestiges. D'après BCH76, 1952, p. 542.
1. L'HABITAT URBAIN
93
Fig. 123. Délos, Quartier du théatre,
Maison N de l'ilot Ill. Les restes.
1. L'HABITAT URBAIN
95
Fig 126. Délos. rue du Stade.
Colonnade supportant selon l es VI'Iles , ce qui doit
s'expliquer par l'origine Fig. 128. Patras. Maison 3!. Plan
,
de chaque cit?; on ne montrant la cour à atrium. Epoque
.
. . .
ques crues persiste pour les murs, mais la b?que cuite
app araît souvent dans cet assemblage typiquement
incertum mixtum, alors que l' appare11
·
96 HABIT T, 1RB 11
1E ET FORTIFICATIO s
1. L'HABITAT URBAIN
97
Fig 129 Solon e. Maison
d'Harpocra e. Plan montrant la cour l Fig. 131. Patras, Maisons 41 et 42.
P ns yle è qua re colonnes. D'après Plan montrant une cour à quatre
Wal 2003, plan 32. Patras. 42 colonnes et une autre à atrium
normal. Époque impériale. D'après
Fig. 130. Pompéi, Domus de Trebius I AD30, 1975, B1, p. 110 fig. 6.
Valens. Plan restitué D'après
.
J.-P. Adam, La construction romaine,
1984, p. 328. I
I
ï
C
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3)::.-t:;/ 2 ,·
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Patras 41
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0 5m
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TABLINVM du peuple. D'où, par exemple, l'idée
PERISTYLIVM tion des péristyles, considérés de vouloir loger
comme des espaces plus le tyran Pisistrate près de sa
amples que l'étroit atrium, les
seuls qui soient capa- protectrice Athéna sur
l'Acropole d'Athènes, plutôt que sur
bles d'accueillir des jeux
d'eau. Cette constatation a l'Agora, tout
salon t1 i, en répétant à l'envi205 que les
été faite en Afrique du Nord203 Athéniens auraient
"U
TRICLINIVM mais également aux
portique /? 0
li AESTIVUM Ü I
-------------------------
OE CVS stade, la distinction entre 535-552;
« maison italique à atrium» C'est pourquoi les pour la Cyrénaïque: A. Sn;ccm,
et «maison grecque
à péristyle» n'est plus
archéologues italiens ont appelé « Palais Architettura Cirenaica,
signifiante, des colon- Rome 1975, surtout
en raison de la nes» une résidence unique en p. 142-149.
« continuité fonctionnelle» son genre, longue
deux types, de toute entre les d'environ 110 m pour une largeur 204. GROS 2001, p. 141 et suiv
façon destinés au même de 43 m, mise au (surtout
130 social2°4? groupe jour au centre d'une ville orthogonale p. 149), avec de nombreux
exemples.
en Cyrénaïque, 205. Par ex. dans PEsANDo 1989,
Ptolémaïs. Difficile à dater en p. 213.
raison de son plan très 206. Selon Plutarque, Démétrios,
23-24.
98 H BIT T, 'L'RBA.-: 'I ME ET FORTIFICATIO
S
1. L'HABITAT URBAIN
99
F,g l32. Ptolémaïs, Palais 11
. Fig. 134. Athenes. bordure ouest
des colonnes », Plan du premier
de !Agora. Plan du Bâtiment F
niveau. , ..-1 s. D'après Pesce 1950,
pl. I. f-.....-....,.?-r"lffl""T9{7•...-4?3....-r--:--r--.,.?(2;SJ-;?llî et des Bâtiments C et D. Vers 530.
?,4 D'après Archaeology of Athens
Fig. l33. Ptolémaïs,« Palais I 1994, p. 229.
des colonnes ». Détail d'une voute
•
- D
en cul-de-four. ,,e-1 s. D'après Pesce
1950, pl. XIII B. t ... - ... :. .--:·
.,.. ·-- Fig. 135. Athènes. bordure ouest
de !Agora. Plan du Bâtiment F
I
lai sous la Tholos, et de l'ancien
.... Bouleutèrion. Vers 500. D'après
•
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132
134
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K O L O N O S AGORAl05
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Temple
de Meter
Route
135
original (fig. 132), de son décor architectural colonnades, est rejeté en position désaxée au sud; descendants, Hérodote évoque la
(?g'. 133)
et des mosaïques de pavement - tous aussi nches résidence (oikia) domestique que des bâtiments publics:
dans le premier salon a été restitué, au-dessus de g?o:- de Polycrate de Samos à côté de
que finement travaillés - qui sont à coup sû.r hellé-
avec un andrôn comme pièce
ses colonnes lisses sur un premier tambour végétalise,
murs sans doute en briques, car les
principale209, ce qui nous
renvoie inévitablement à fondations sont
nistiques, alors que des embellissements romams sont ce que Vitruve appelle un oecus aegyptius (VI, 3, 8-9), l'image aristocratique du faibles, des colonnades en bois semblent
banquet oriental. C'est tourner sur
reconnaissables dans certaines parties des thermes et soit un deuxième ordre de colonnes formant "" en partie de là qu'est trois côtés d'une cour, qui voisine
( née l'hypothèse d'attribuer à avec un secteur où
des boutiques, en particulier), cette demeure conçue galene sure'l evee
. , , Pisistrate le «Building l'on circule par une cour plus petite,
a cie ouver t , qu distribue la lumière
·
1
1·
1. L'HABITAT URBAIN
101
Fig. 136. Ugan • Palais royal. Plan.
age du Bronze récent. D'après
C.F.A. Sc:hae er. Ugar,t,ca IV. 1962,
19. 21.
D 1.Phose
I ? Z.Phase
u) 3.Phase
I
0 Sm
E
de la ville. La date de construction du Bâtiment F qui recevra finalement son pendant au nord-ouest
intetptetazum: di comestifunerari
.deu::.a ed
i11 abitato. A/li del conregno intemanonale; pouvant être descendue après le milieu du VIe siè- (fig. 137). Le «palais» de Larissa sur l'Hermos n'en
R- 26-29 Aprile 2006, G. B-\R.TOLO?I,
a..
cle, il est aussi envisageable d'installer ses fils - qui reste pas moins unique en son genre, surtout par sa
ont beaucoup œuvré sur l'Agora216 - ou, selon une
?I G. BL. Tm.ni I dir., aaur
11 'Antùhità, 14/ I. Rome 2007-2008, petite taille, de sorte qu'il est légitime de se poser la
urtout p. 426 et uiv, hypothèse récente, un groupe familial aristocratique, question: était-ce réellement un palais?
218.J. P\P.\DOPOLIDS, Ceramicus dans ce qui serait une prestigieuse demeure « sacra- En Grèce continentale, il a fallu attendre l'arri-
n drvidu . The Early Iron Age Potters' Field li ée»217. L'idée retiendra sans doute plus l'attention
the 4rw of the Classical Athenian Agora,
i11 vée au pouvoir de la dynastie macédonienne pour
He J, 1ia 11/J/1/. 31, 2003, p. 296 n. 142. que d'autres spéculations, comme celle d'une hôtelle- qu'apparaissent des résidences qui diffèrent des gran-
219. H. L« ILR, Die beiden âlteren rie, un type d'édifice encore inconnu au VIe siècle, ou des demeures à cour péristyle avant tout par leurs
I yrannenpalâ, te in Larissa am Hermos, celle d'un grand atelier de potiers, avancée principa-
B]b 1,·. 1975, p. 33-5 7, a apporté de dimensions, très supérieures-". Assurément, comme
lernent?" en raison de la présence d'un four dans le
corr ·ction. à la publication initiale
de ], Bouuxr , K. CHUOW. Lanssa am Bâtiment A, qui serait légèrement antérieur à F
les maisons à double cour d'Érétrie ou de Pella, haute?r et h?rs des quartiers d'habitation - avec des également été identifiées des structures
(?) dont les propriétaires devaient jouir d'une position except10ns, signalées plus
destinées au
1/ermns I: du Bautm, Berlin 1940. Si l'on tient absolument à reconstituer, loin -, ils comportent, en
pour sociale supérieure, les palais hellénistiques dégagés plus du secteur privé culte (en plus d'?n hérôon, situé à
220. D'où l'expre ion «dilatation cette époque archaïque, ce que certains ont appelé le et résidentiel, une entrée
monu- quelque distance), au
ue e paces» dan. G. L. GR.\ SIGU, par les fouilles profitent souvent de plusieurs cours, men?ale et des pièces ou stockage (magasms), aux réceptions
«système palatial», il semble plus justifié de se tour- des bâtiments à destination (salles d'audience
La ( ittà l' il palazzo reale, La funzionc magnifiées par d'interminables galeries à colonnades. pub?ique ..Le souverain se ou de b,anquets), à la vie
pubbli di uno pazio private, ner vers !'Éolide, car ce système relève bien d'une montre dans cette partie du artistique et scientifique,
,1
Mais ils se distinguent aussi des grandes maisons par palais, gm correspond
parfois à un véritable « quar-
?atronnee par le souverain: le théâtre
Ardtiuetura e attà 2007. p. 43-65.
idéologie fondamentalement orientale, matérialisée est d'une
d'autres particularités: placés autant que possible en tier royal»221 ,
reparti
. importance toute particulière, mais 221. H.
' sur plusieurs terrasses.
.
les bibliothèques LAUTER, Les éléments de la
Ont (fig. 138) et les alignements hellénistique,
d'œuvres d'art ne sont regi.a
p. 345-355.
fiystème palatial 1987 '
1. L'HABITAT URBAIN
103
I
Fig 139 Pasargades, le palais
t ses Jard ns. Restitution
----------------- Fig. 140. A1ga1 (verçma). Plan
sch ma ique D'après D. Stronach de l'édifice partiellement dégagé
dans ielsen 1994. p. 39 fig. 12. par les fouilles françaises au XIX0 s.
D'après L. Heuzey, H. Daumet,
MACÉDOINE Mission archéologique
de Macédoine. 1876, pl. 14.
Mission de Macedoiné .
Planche 14,
pas non plus négligés. C'est pourquoi ces palais n'ont Nous verrons que les palais hellénistiques décou-
généralement pas été construits d'un seul tenant, verts sur quelques sites entrent plus ou moins dans
mais, pour la plupart, en plusieurs phases. ce schéma oriental, auquel se superposent inévitable-
En définitive, c'est surtout par cette multiplication ment des éléments locaux223.
des fonctions que les palais hellénistiques se rattachent
à la vieille conception du palais oriental, illustrée en Les palais du continent grec
Mésopotamie, à Babylone et dans l'empire perse, en et de I' Asie Mineure
particulier à Pasargades et à Suse. La place occupée
par des jardins d'agrément (fig. 139) est à cet égard Parmi les palais au plan et au décor d'allure grec-
exemplaire222. On n'a pas pu prouver, à ce jour, que que qui ont été dégagés dans le nord de la Grèce, celui
des jardins ou au moins des plantations dans des bacs d'Aigai, la première capitale des rois de Macédoine,
garnissaient les cours de Pella ou de Vergina, mais est connu des antiquisants depuis le XIXe siècle grâce à
la probabilité est forte car des mentions littéraires une publication française (fig. 140), qui ne pouvait tou-
222. \\. o ,r:, Hellrnistische ou des traces archéologiques attestent l'existence de tefois pas comprendre, à cette date, l'importance du
Hrmch.irt ?iirtcn, Basileia 1996, jardins d'agrément à l'intérieur d'autres palais (en
p. ?6-1 i3 attestation littéraire
·
site et du palais de Palatitza, ancien nom de Vergina224.
I Ill L. ' The Gardens or the
); principe dans la cour) ou en lisière, voire même tout Même si la ville alentour reste à explorer en profon-
He Ile 111 tic Palace , The Rora! Palace autour, lorsque des animaux vivaient dans un parc deur, les récentes fouilles grecques ont permis de faire
lnstitutton in lh« First .\!illmi;,m BC.
emblable à ce paradeisos (napci8nŒos) où les souve- le lien entre ce palais édifié sur un terrain en légère
R iona/ Dn:elo/munl and Cultural Interchange
B 11.c en Eas! and JléJ/, .\!onographs the rains perses pouvaient chasser. Les ensembles pala- pente et un petit théâtre situé un peu plus bas, visible
of
J ,, /1 1 l "P/The Danish Instuute at Athens 4, tiaux (l3aŒLÀ{i:a, basileia, sing. ?aŒLÀEiov) possédant depuis une terrasse qui bordait la résidence au nord:
I ·,u r ed., Aarhus 2001, p.
165-187. des jardins: à Alexandrie, à Antioche, dans les com- en effet, selon Diodore de Sicile (XVI, 91, 4-95), c'est
223. Conclu ion de l'anaiv, e
plexes de Jéricho, d'Iraq al-Amir et d'Aï Khanoum
dl :\11.1 f. 1994. dans ce théâtre que Philippe II aurait été assassiné
ont évidemment tous situés en Méditerranée orien- en 336. Comme d'autres palais hellénistiques, celui-ci
224. L. Hu 11.Y, H. D \l ,11:r, Mission
archéolo?ÎiJue de, Harédowe, Paris 1876. tale, seuls Athénée et Platon mentionnent des jardins adopte le plan d'une très vaste habitation (104,50 x
225. G1. otv r I qq3_ p. 84- 88; palatiaux en Occident, ceux des tyrans de Syracuse.
88,50 m) à cour péristyle entourée de multiples piè-
W Hmn LR. lum Typu: der Basileia uivant l'hypothèse d'I. Nielsen, ces parcs et ces jar- ces225 (fig. 141); on
1---
und der kôniglic hm Androne , Basileia
dins d'agrément associés aux palais pourraient reflé- y remarque de nombreuses sal-
JC)() • urtout p. 9-1 T, les de banquets, ainsi qu'une tholos226 et une exèdre à Echelle de 0.002 p" mer-e
226. Dont ter l'éclectisme des royautés hellénistiques, qui ont Sulpis sculn
rination re tr di curée,
la de façade tristyle in antis. L'entrée était particulièrement
ar l'en emble. mal conservé, n 'est pa dû 'inspirer de plusieurs modèles: non seulement
le monumentale, pour impressionner les visiteurs avec
<
1. L'HABITAT URBAIN
105
,
Fig 143. Pella, le complexe
; ? palatial. Plan des vestiges. D'après
278 LITS M. Siganidou dans Basileia 1996,
I
I
p. 145.
• •
Fig. 144. Démétrias. Plan de la
r( £
trame urbaine montrant la position
I
·•"""" du palais. Vers 200. D'après
P Marzolff, Basi!eia 1996, p. 149.
t
J.
143
141 142
Fig. 141. Aiga1 Nergina), palais. façade de la Grande tombe du jugement à Lefkadia), années: il apparaît que la partie nord-est du palais est
Plan restituant des salles
ouvrait par deux demi-colonnes accolées sur un pro- située tout près du puissant rempart, où se trouve une
de banquets autour de la grande
cour. D'après W. Hoepfner, Basileia fond vestibule, qui pouvait servir aussi bien de salle porte d'un modèle unique car sa position l'a fait doter
1996, p. 9. d'attente que de salle d'audience. Quant à la petite de trois entrées, l'une extérieure, l'autre médiane et la
cour péristyle et à ses pièces rajoutées en annexe à troisième intérieure229.
Fig. 142. Aigai Nergina), palais. Vue
perspective restituée. Proposition l'ouest, on a supposé à bon droit qu'elles étaient dévo- L' anaktoron de Démétrias, en Thessalie, ne ressem-
de D. Pandermalis reproduite dans lues au service. Les éléments d'architecture conservés, ble pas à ceux d' Aigai ou de Pella. Son fouilleur a rap-
Basileia 1996, p. 64 fig. 4. dont certains peuvent provenir de l'étage, sont d'une pelé que les palais hellénistiques entretiennent deux
qualité hors pair, qu'il s'agisse des chapiteaux ioni- sortes de rapports avec la ville : soit ils se maintiennent
ques ou des tuiles décorées de la couverture227. à l'écart du centre (àAigai, Alexandrie, ou Pergame ... ),
En bordure nord de la ville de Pella (fig. 291 qui soit leur position en bordure (à Démétrias'", dès le
),
succéda à Aigai comme nouvelle capitale du royaume premier état du palais) ne les empêche pas d'être
de Macédoine, le complexe palatial est d'une étendue intégrés à la trame urbaine. Dans son dernier état,
très supérieure (environ 60 000 m2) à celle du palais sous Philippe V, le palais de Démétrias est devenu une
d'Aigai, bien que n'aient pu être fouillées, incomplè- véritable citadelle quadrangulaire garnie de tours
tement à ce jour, que cinq grandes cours péristyles228 aux angles, près d'une agora sacrée (fig. 144). Cette
(fig. 143). L'occupation des lieux remonterait déjà à la résidence à cour péristyle très soignée est liée à des
première moitié du ive siècle. Après un grandiose pro- structures plus ou moins proches: le théâtre, construit
pylon d'une largeur de 15 m, ouvert au sud pour domi-
un peu en contrebas, et le monument mémorial du
227. ?1. H.\:\lL\l':X, .\fusée du Loucre; ner la ville, les salles périphériques de la première cour fondateur de la dynastie, dressé à quelque distance
u. sculptures grecques II, Paris 1998, pourraient avoir été destinées au logement et aux sur une colline. Bien visible dans cette position élevée,
réceptions - surtout en bordure septentrionale, où la
p. 230 et .uiv.: D. P\.'>DER:\1.-\LI
dan. Amt/os [Mélanges efferts à Manolis I' hérôon de Démétrios 1er légitimait ainsi la dynastie au
galerie à colonnade se terminait par deux absides. Ici 144
AndroniAos]. The alonique 1987, p. 579-
pouvoir en son palais, comme dans ces villes où le l'urbanisme grecs en se faisant
05 [en grec]. aussi l'architecture est innovante, avec des chapiteaux construire près de l'ac- de l'enceinte urbaine (fig. 145). Elle ouvrait
228.
tombeau du héros fondateur se trouvait au cœur de la tuelle Kazanlak, vers
la fin du rv' siècle ou au début par un
G1. .orvrs 1993, p. 88-91 ; en ofa et d'autres taillés pour des colonnes du
ioniques cité pour mieux la protéger. me, une capitale
fortifiée divisée en îlots rectangulai-
propylon sur une grande cour où s'élevait
?1 IC,\: IDOl , Die Basileia von Pella '
aux trois quarts engagées. L'une des cours à porti- un aligne- 231. A. WASOWICZ, Influence
Ba tna 19. p. 144-147 'avec bib., Nous verrons que ce genre de citadelle à quatre r:s: chacun contenait deux ou ment de quelques pièces derrière
,
ques, qui comprend des installations hydrauliques, trois maisons, de pré- une colonnade232: de l'urbanisme grec sur ]'habitat
229. Chronique du BCH 128-129, tours d'angle est largement répandu en Méditerranée ference du type a' as les foui?eurs y voient tantôt indigè?e du Pont-Euxin, Archeologi,a
p tas, autour d , une agora réservée un «palais», tantôt un 54,
2004-2005. p. 1482. doit être une palestre, et la plus orientale semble avoir sanctuaire ou, plutôt, des salles de VarsoVIe 2003, p. 7-15.
orientale et qu'il en existait aussi plus au nord de au centre, sur la
valeur de deux îlots231 A' l'an banquets.
230. P. ?l\Rzo1.n, Der Palast von été reliée au théâtre, collé à une colline. En g1 e nord Le palais que Mausole s'était 232. The Thracian Ci!)!
outre, la , ·
Démétrias, en Thrace. Seuthès, le roi des Thraces
·
de l a ville était
.
insérée une forteresse
.
of Seuthopolis,
Derne tria: , Basilna 19 6, p. 148-163. topographie de la ville a été précisée ces dernières bardée de tours fait construire vers D. P DIMITROV, M. CrcIKOVA
aux angles et sur 36? environ dans sa nouvelle capitale, ed.,
Odryses, s'est sans doute inspiré des techniques et de les courtines rectilignes, Halicarnasse, Oxford 1_978 ;]. Boozsx, Palastartige
à l'instar doit sans doute aussi être rattaché Anlagen rm Schwarzmeergebiet,
au modèle de la 1996, surtout p. 213-220.
Basileia
1. L'HABITAT URBAIN
107
/
Fig. 14s. Seuthopohs. Plan urbain,
avec l'agora au centre (3)
et la citadelle (4) au nord,
renfermant un possible « palais »
(6). D'après Basileia 1996, p. 214.
I
I
·······---? Fig. 147. Pergame, le groupe des
palais IV et V. État après la fouille.
D'après Alt. Pergamon V 1, 1930,
pl. IV-V.
I ······-
...
I
... ··
0 40
.. :.·:.::.-·.:,;_..·
.... ·······
145
?
citadelle fortifiée. Ce palais était connu par une remar- plus reconnu comme tel, et l'on s'interroge sur la
HALIKARNASSOS que de Vitruve (II 8, 10-11) qui précise qu'il avait été
signification exacte du « groupe III», dépourvu de
édifié en briques vernissées. La technique étant bien péristyle. Les palais I, IV et surtout V (fig. 14 dif-
attestée à Babylone, le dynaste cari en aurait donc choisi 7)
fèrent des maisons de l'élite locale par leur situation
un habillage oriental. D'après la restitution du
plan en hauteur et leur décoration raffinée,
de la ville par W Hoepfner et E.-L. Schwandner233 à base de pla-
cages de marbre, de luxueuses mosaïques à
I
1. L'HABITAT URBAIN
109
-- -- -------
C.ARTE
/
,--- F•g. 150. Iraq al Amir. le château
du Tobiade Hyrcan. Plan de l'étage
D'après Er. Will, Fr. Larché et al.,
O E L'A N TI O U E A LE X A N O R I E Iraq al Amir, le château du Tobiade
ET DE SES f"ÂU80URGS Hyrcan, 1991, pl. 2.
.Jreuéc
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peu partout; on remarquait aussi des sanctuaires, un
en position isolée dans un domaine du
théâtre d'accès direct depuis la résidence principale, type paradei-
sos, pour le dynaste Hyrcan242• On ne saurait parler
une palestre, un stade ... Le Mouseion (µova{Cov)
M A 1' et ici d'un véritable palais, mais plutôt d'une
sa bibliothèque correspondaient à une version locale demeure
unique, à mi-chemin entre un palais et une résidence
., 148. Détail du plan urbain d'.Alexa ndrie antique, montrant I' emplacement des pa lais, à d raite. D • après
faubourgs et ses environs, Copenhague 1872.
Mahmoud Pacha. Mémoire sur l'antique Alexandrie, ses
du gymnase grec, pour la promotion de l'éducation
et des arts, enfin, le tombeau ou Sèma
d'Alexandre
d'agrément aristocratique. L'appareil mégalithique
irrégulier des murs du rez-de-chaussée
le Grand et des Ptolémées jouait le
rôle d'un hérôon correspond
Des palais hellénistiques à une technique syro-phénicienne et
dynastique. Mais le comble du luxe était atteint l'organisation
avec générale reste conforme à la tradition orientale:
d'inspiration orientale des architectures temporaires: aux
pavillons dressés les
pièces du premier niveau étaient dévolues
-
pour banqueter et festoyer le plus vaste239 ayant
été et au service, alors que la partie
au stockage
Le complexe royal d'Alexandrie pourrait avoir commandé par Ptolémée II vers 274-270, en complé- résidentielle et le sec-
eu des affinités avec celui de Pergame, mais à une teur de réception occupaient un étage
ment à une procession en l'honneur de nettement plus
Dionysos -, a luxueux (fig. 150). Décoré de stucs peints
échelle très supérieure. Selon Strabon (XVII 1, 8-10), succédé sous Ptolémée IV un véritable sur des murs
palais flottant à l'appareil régulier, en pierres de
les « quartiers royaux (basileia) occupaient un quart sur deux niveaux, la « thalamège »240 taille, l'étage trahit
(fig. 149). Elle une influence alexandrine, perceptible
de la surface totale» d'Alexandrie, en rassemblant comprenait, en plus des appartements dans les log-
privés, de mul- gias à colonnes corinthiennes ouvertes sur les
plusieurs bâtiments ou espaces parfois inconnus à tiples salles pour des banquets façades
et d'autres réservées nord et sud, dans la galerie péristyle qui
Pergame237. Nos sources restent avant tout littéraires, pour le culte. Le concept de la tente les relie, dans
ou du pavillon, le porche d'entrée nord à
les fouilles récentes n'ayant pu assurer qu'un point: embelli par des tissus chatoyants
et supporté par de
colonnade corinthienne
la localisation des basileia dans la partie nord-ouest de distyle in antis, et jusque dans le style des
hautes colonnes, dont certaines
à chapiteaux corin- reliefs anima-
la ville, le long de la côte qui part de la presqu'île de liers de la frise. Néanmoins, la
thiens dorés et peints, d'un
modèle local, était bien façade nord renvoie à
nouveau au milieu oriental par ses deux
i?-
Lochias et pratiquement en bordure de la voie cano- évidemment emprunté à la cour tours d'angle,
perse, et le yacht sur quand bien même elles sont surmontées 239. ous en possédons la description
pique au sud (fig. 148). C'est aussi un peu au sud de ce le il ne faisait que perpétuer de frontons
une tradition héritée (fig. 151), et le système de voûtes
par Callixène de Rhodes dans
I
secteur qu'ont été découvertes de luxueuses maisons des pharaons, tandis
que les jardins rappellent plus appareillées qui cou- Athénée, Deipn. V, 196-197. Restitution
à péristyle ornées de mosaïques. À proximité du port ceux des pharaons que vrent la majeure partie du niveau 1 dans F STUD 'ICZKA, Das Symposion
les paradeisoi des Perses. On a sans doute été
royal s'étendait un palais précédé d'imposants propy- sait que Denys puis emprunté à l'Égypte, où cette technique Ptolemeios II, Abhand. Leipzig
30, 2, 1914.
Hiéron II de Syracuse importè- était ancien- 240. Cal!ixène de Rhodes dans
lées et doté de plusieurs cours péristyles, dont l'un? rent plusieurs de ces idées nement connue.
fastueuses en Méditerranée Athénée, Deipn. V, 203-206. Restitution
spécialement étendue (selon Polybe XV, 28?3 l, ): qm occidentale241. Il est bien possible que les
1 dirigeants hasmonéens par F CASPARI, Das ilschiff Ptolemaios
pouvait servir aux cérémonies et aux réceptions, si elle En continuant vers de Judée-Palestine aient davantage N,]dl31, 1916, p. 1-74.
l'est, d'autres édifices hors embelli leurs palais
contenait des andrônes238• Agrandi par chaque souve- saisonniers que leur résidence principale 241. Athénée, Deipn. V, 207.
Fig. 149 Hypothèse de restitution de la thalamège ?o??es montrent un plan et des techniques
carac- dej érusalem,
de Ptolémée IV. D'après F. Caspari, Jdl 31, 1916, rain ' l'ensemble devait donc convenir aux obligations te,nstiques non retrouvée. Le palais d'hiver de 242. Flavius Josèphe, Guerre des
annexe p. 22. ?u monde oriental, mais l'habillage ou Jéricho, peu à peu XII 4, 1, 229-236. Publication par Juifs,
publiques, tout en préservant le caractère pnve d u
, .
decor reste le agrandi en trois phases et spécialement
indubitablement en grande partie choyé en der- Er. WILL, Fr. LARCHÉ et al. 'Iraq
logement de la famille royale et de ses hôtes. En face, grec. nier lieu par Hérode le Grand243 al Amir.'
.•
237 1IELSE'.\ 1994, p. 130-138; G. GRIMM, Alexandria, ?njordanie, près de l'actuelle (37-4 av.J-C.), est le le château du Tobiade
die erste
«chateau» d'Iraq al Amir
Amman, le Qasr ou mieux connu. Comme à Alexandrie,
Hyrcan: Paris-
Beyrouth 1991 (recension développée
Kômgsstadt der hellenistischen ?t?lt,
Mayence 1998, p. 38-40 l'îlot d'Antirrhodos, ainsi nommé pour rapp_eler la a pu être en partie recons- il se composait
P. PL,. ABE.'\E, Architettura
22;
et fig.
de grands ensembles qui par R. G1NOU\'ÈS, Syria 71, 1994,
e urbanistica nell'Ale sandria dei merveilleuse Rhodes, possédait son propre peut port, t,?i? grâce. aux nombreux blocs comprenaient, en plus des 442); Fr. WCHÉ et al., 'Iraq al Amir,
p. 433-
Tolernei, Il quartiere palaziale, Architettura e cùtà conservés, bien que appartements privés et d'une zone
2007, p. 170-186. pour accéder à une autre résidence royal?. ?u?o?r du 1
:?fice soit resté inachevé. Au début administrative un
du It siècle, ce
le château du Tobiade
238. Geschichte des iti1hnens 1999, surtout p. 464-468. Hyrcan, II, Restitution
palais «intérieur», des jardins étaient disséminés un batiment rectangulaire secteur fortifié qui évoque et reconstruction,
Beyrouth 2005.
(19 x 3 7 ,50 m) avait été édifié vaguement une tétr;pyr-
gia, des salles de réception et des 243. E. ETZER, The Architecture
jardins, ainsi qu'un the Great Builder, of Herod,
Tübingen 2006.
110 H BIT T, CRB ?I M[ ET F RTIFI ATION
1. L'HABITAT URBAIN
111
F,g. 151. Iraq al Amir. le cnàteau
du Iobiade Hyrcan. Vue perspective
resntu de la façade nord.
D'après Er. w,11, F. Lardlé et a?..
.
rr
Iraq al Amir, le château du Iobiede I Maison de Livie
Hyrcan. 1991, pl. 100.
a.
à droite. D'après G. Carettoru.
.
Das Haus des Augustus auf dem ,-;.?.?,;
Palatin, 1983, p. 8 pl. 1. C
Bibliothèques
153
dJ
propylées'". Dans la première phase, qui remonte
au début du nt siècle, cette résidence du gouverneur
-o LL
........ ? -·-
rappeler les sols mosaïqués TTJpLOv, ergastènon) dispersés dans une ville grecque 247. P BER:\TARD, La colonie grecque
de la Macédoine247, dans d'Aï Khanoum et l'hellénisme en Asie
ou alentour remarque vite que ces
les antéfixes à
palmettes des toits «corinthiens» en locaux, générale- centrale, Afghanistan, les trésors retrouvés,
terre cuite, et dans les ment voués à la fois à la production et au cat. expo. Paris, 2006,
152 chapiteaux corinthiens de type commerce, p. 54-67.
«libre» à la manière séleucide248, n'ont jamais bénéficié d'un aussi grand 248. P
pour des colonnes intérêt que BERNARD, Syria 45, 1968, p. 129-
l'artisanat dans le monde romain, les
== qui reposent néanmoins 140.
hippodrome terminé par un théâtre-auditorium. En sur des bases à double tore archéologues
artisans, mais l'inspiration grecque ou se lit très du monde grec ayant longtemps 249. NIELSEN 1994, p. 173-180;
fait, la véritable originalité de l'Hérodion vient d'un
perses. estimé qu'il n'y P GRos, Le palais hellénistique
dans les salles de banquets, dans le décor architectu- avait pas grand chose à attendre
nombre toujours croissant d'installations hydrauli-
Il est hors de doute que les structures palatiales hel- d'une structure et l'architecture augustéenne;
ral et les ornements muraux, ainsi que dans les pave- lénistiques, composées d'aspect trop «pauvre»250• Aujourd'hui l'exemple du Palatin, Basileia
que , dont deux piscines et des bains privés d'un palais avec des bâtiments ce genre de 1996,
(fig. 152). ments mosaïqués. publics en annexe, jugement dépréciatif n'a plus guère p. 234-239; R. FORTSCH,
Die
La préférence donnée aux groupements ont servi de modèles à l'architec- cours, grâce Herste!Jung von Ôffenilichkeit in der
de petites En Asie centrale, le palais dégagé dans le secte?r ture résidentielle à de nombreuses recherches
alles et aux corridors, plutôt qu'aux cours romaine, et plus spécialement à menées hors du cadre spàtrepu blikanischen Wohnarchi
péristyles, sud d' Aï Khanoum forme un bloc compact pre- des époques celle restreint du Céramique d'Athènes ou als Rezeption hellenistischer
tektu r
révèle les affinités orientales des concepteurs tarda-républicaine et augustéenne249. du « Quartier Basileia,
et des cédé d'une cour péristyle de 13 7 x 108 m, dotée de Palatin, où Octave-Auguste Au des potiers» de Corinthe, les seuls ibid., p. 240-249.
avait choisi de s'installer, qui aient retenu
assez tôt l'attention. Il reste toutefois 250. Voir par ex. l'avis
beaucoup à faire 1922, p. 207-215.
de CHA1\10NARD
1. L'HABITAT URBAIN
l13
Fig. 155. Thon os. S1tuat1on des.
a euers de trat emen du rrunerai F,g 157. Thonkos. Plan du secteur
dans la plaine et dans la ville : plans sud de l'agglomération avec une
des laveries n° 1, 4 et 11, près tour dans une unité d'habitation
t
du héâ re. Les tables de lavage
;
-?---
J. E Jones. Bautechm der Anti .e le temple double d'Hygie
1991, p 109. · et sa petite stoa. D'après Travlos
?1\
..
1988, p. 441 fig. 556.
Lil?
F,g 156. Agriléza. ensembles .'.
m?
artisanau n° A, 8 et C. Plans avec
les détails agrandis de C. D'après t\\_":·?:-}·7
I)' '
t(
J.E. Jones, Bautechmk der Antike
_
(?,.f:.J:,f·?,???------------------
1991, p. 112. ..
J.T.
1981
N
I
0 10 que ce qu'ont cru bien des historiens, puisque la haute ou même d'un moulin, les pièces sans
spécialisation de quelques artisans était tout de même aménagement
155 particulier étaient sans doute des pièces à vivre et à
largement reconnue; ce qui est sûr, c'est qu'artisanat
dormir, alors que les éléments de confort recensés
avant qu'une documentation suffisante puisse aboutir ne rimait pas nécessairement avec pauvreté et
margi- sont plutôt rares - juste une salle de bains et deux
à des études statistiques fiables, d'autant que les dis- nalisation sociale.
andrônes caractérisés.
cussion se sont le plus souvent focalisées, non sur la Plus concrètement, nous essaierons dans les pages
La simplicité primait aussi dans la petite agglo-
topographie, l'organisation et l'articulation matérielle qui suivent de comprendre comment se présentaient,
mération de Thorikos, qui a rassemblé dans des
des ateliers, mais sur leurs productions ou encore sur du point de vue architectural et topographique, rues
les tortueuses, au milieu de quelques bâtiments civiques
des questions socio-économiques, comme le statut installations artisanales ou commerciales dans
le et de modestes sanctuaires, des
monde grec, par rapport à l'habitat proprement maisons irrégulières,
des producteurs: alors que sous les Pisistratides et dit. composées de petites pièces où le décor architectural
sous Solon, vers la fin du VIe siècle, les artisans étaient est très rare254• La cour péristyle reste
favorisés et les étrangers qui venaient travailler ou Les sites industriels et les secteurs y inconnue et
la densité de la construction au sol a
commercer à Athènes obtenaient aisément le droit artisanaux poussé à recher-
cher l'élévation en hauteur. Tourné
de cité251, la littérature grecque postérieure ne laisse
vers l'activité
minière, entre la seconde moitié du ye siècle et
pas de doute sur la dévalorisation du travail artisa- Si l'artisanat intégré à une unité
domestique n'est jusque
vers les années 295, ce groupement était
nal et du commerce dans la société grecque. Platon pas toujours aisé à reconnaître, il n'en
va pas de même situé assez
loin de la forteresse construite par les
n'était assurément pas le seul à penser qu'«on ne pour l'industrie métallurgique ou
minière. Au sud-est Athéniens sur
la presqu'île orientale
de l'Attique, à proximité (infra, p. 344), et l'on a pensé
tolérera pas qu'aucun citoyen fasse l'artisan» (Lois, des mines d'argent exploi- qu'en cas de danger, les quatre épaisses tours
846d)252, car le travail pour autrui, qui fatigue le corps tées dans le district du
Laurion, ont été mis au jour rondes
qui sont intégrées à des maisons, dans
et entraine souvent l'instabilité géographique, passe
de véritables «factories»
à l'échelle de l'Antiquité, en la partie sud
de l'agglomération255, devaient
pour empêcher de bien s'occuper des affaires de la activité au ye et surtout au rv' siècle253• servir à la fois pour
Tous les amé- le guet et comme refuge
nagements pour le traitement du (fig. 15 7). Mais leur faible
cité. Pour cette raison, on a même pensé qu'un grand minerai, qui néces- 253.J. E.jONES, The Planning
diamètre ne leur permettait d'accueillir
nombre de citoyens d'Athènes, et finalement de toute sitait beaucoup d'eau, sont
bien discernables: les lave- qu'un petit and Constructions of Attic
nombre de personnes; il paraît donc Ergasteria,
cité grecque démocratique, étaient des propriétaires ries sont de grands bassins
rectangulaires taillés dans plus convaincant Bautechnik der Antike 199 I, p. 10
7 -115
le roc, à sols et
de ne leur accorder qu'une fonction d'habitation, E. PHOTOS:}ONES,j. E.jONES, ABSA 89,
;
I. L'HABITAT URBAIN
l15
Fig. 158. Lacres Épizéphyrienne,
-------
t"""-
Fig. 161. Lacres Èp12éphyrienne,
quartier de Centocar:nere. . .
11JILF.ll.ŒS quartier de Centocamere.
Restitution perspective de at?l1e_?
I
(.1 Œ11È.RE "-ORD
Restitution de maisons des ilots 12
de potier et de la maison cont1gue et
l
13• D'après
Arte M. Barra Bagnasco, Grec,
12. D'après M. Barra Bagnas_co,
., A.Sk.LEi"ll:ION
J
"?_,iFORUM
/
hellénistique au sud de la citadelle.
Fig. 159. Corinthe, schéma u;bain Ql'.\R:CTER DES l'OTil'R.S Plan partiel montrant des pièces
"·'?'"''"
PON:!'£
/-
de
des potiers et des fabricants PORTE pressoir et des cuves. D'après
de terres cuites architecturales. DEl'IIUONTE
Brun 2004, p. 104.
D'après Corinth, the Ce?tenary,
Princeton 2003, p. 267 fig. 16·2· Fig. 163. lsthmia, quartier de
Rachi.
__./ Plan de détail d'une huilerie.
D'après
Brun 2004, p. 103.
159
158
161
-----1
162
,_
I
.. (fig. 159), donne une meilleure idée du fonctionne-
ment d'un tel ensemble258. En plus des fours - qui,
ici, sont d'abord creusés dans le rocher-, des puits et
des citernes nécessaires, les fabriques comprenaient 163
une cour, une aire de séchage, des bassins parallè- (fig. 158). Il semble toutefois que les potiers n'habi-
les et étanches (pour le traitement de l'argile?), et taient plus dans leur unité productive lorsque celle-ci
même un petit sanctuaire, comme dans le « Potters'
bJ 'J ,. Quarter» fouillé plus anciennement. En Occident, à
avait pris une certaine importance (fig. 161 ).
Alors qu'il est relativement facile de reconnaître
Locres Épizéphyrienne, le Céramique du quartier de les locaux des potiers, ne serait-ce que par les frag-
Centocamere, florissant à l'époque hellénistique259, ments d'objets et les fours retrouvés, ce n'est pas
Fig. 160. Lacres Épizéphyrienne,
plan du quartier de Centocamere :
était séparé de la face interne de la muraille sud par toujours le cas pour d'autres productions. Les instal-
les îlots artisanaux sont répartis de une voie de circulation et traversé lui-même par une lations dégagées sur des terrasses de Mycènes, dans
de l'accès aux matières premières, puisque les pote- villes surtout coloniales. Implanté à partir du milieu
part et d'autre de la plateia parallèle avenue est-ouest (fig. 160). Il comprenait des îlots irré-
au rempart sud (B = le sanctuaire de ries étaient des complexes rassemblant toutes sortes du v; siècle à l'ouest de la cité, et finalement intégré la «Citadel House Area», avaient d'abord été prises
guliers au sud de cette avenue, et plus réguliers du
la stoa en U ; R, au sud de Marasà d'infrastructures spécifiques, des bassins ou des cuves à celle-ci au moment de la construction du rempart pour des bassins de teintureries avant d'être identi-
côté nord; dans le mieux dégagé
= la Maison des lions). D'après
pour traiter les matériaux, des pièces ou des cours classique, le « Quartier des potiers» de Corinthe n'a (F, datable entre la fiées comme des fouloirs, des maies de pressoirs et
Barra Bagnasco 1992, plan I. fin du IVe siècle et le milieu du me siècle), des
structures
pour servir à la production, au séchage et à la vente pas été dégagé en totalité et n'est réellemen? connu des cuves à huile, plutôt que de vin260 (fig. 162). Un 258. MERKER 2007.
à cour sans colonnade, donnant sur de
de vases et d'autres objets en terre cuite (fig. 158). que par une grande fabrique de fig?rine,s qm a cou- nombreuses groupe d'huileries fouillé à Isthmia a connu le même 259. Co TAMAGXA, S,\BB10:-E 1990,
petites pièces, sont associées à des fours circulaires p. 231-250; voir aussi supra, p. 76-77.
Le Céramique d'Athènes (KEpaµELKOS', fig. 187) a vert jusqu'à 280 m", les autres officmes et?nt supp?- sort, puisque ses aménagements ont successivement
de différentes tailles, dont un 260. L. BowKETT, H-éll Built M;·cenae, 36,
été bien publié, mais ce genre de quartier a aussi été sées257. Un groupe d'ateliers de terres cuites ar?h1- pour la fabrication de été pris pour des teintureries ou des pressoirs à vin.
25 7. A. N. STILLWELL, Corinth XV, I, très gros produits, ainsi qu'à des puits et The Hellenistic Dye-Works Oxford 1995.
The Potters' Qy.arter, Princeton 1948. mis en évidence à Corinthe et dans plusieurs autres tecturales, plus au nord sur a rou te du Lécha10n
·
1
des bassins Au sud du hiéron de Poséidon, avaient été bâties dans Contra: BRC\f 2004, p. 103-105.
nent des pistes qui ne sont pas toujours confirmées (if Bullarchi, 2000.447).
264. Si l'on suit la classification connaissaient les magasins-entrepôts, qui ne prévoient 270. M. BARRA BAGNASCO, Edilizia
de TRüMPER 2003 et, surtout, par les observations sur le terrain. Puisque nombre pas l'habitation et sont fréquemment destinés au seul - privata e impianti produttivi urbani,
celle de KARVONIS 2008. Maison A viii 7 Maison A viii 9
de «boutiques» ne consistaient qu'en un fragile abri Greci in Occidente 1996, surtout p. 353-
stockage, non à la distribution (irifra, p. 279 et suiv.).
354.
166
r--
Fig. 168. Délos. Quartier du stade.
Maison B. Plan de la parfumerie
I
168
connu par de in cription que vestiges d'une «maison-atelier» à plusieurs pièces parfumerie et les maies du pressoir.
par leur in taUation voir par ex. l'argile nécessaire à la fabrication de figurines-": c'est e claves, pour une production à forte valeur ajoutée?
:
irrégulières qui, d'après les morceaux de sculptures
G. L\BARRC, :\1.-Th. LE D1'.\.\HET, Les usage domestique retrouvés dans la Maison A VIII 9 du moins ce que uggère la découverte de quelques Les dimensions et le décor d'autres maies trouvées sur
métier· du textile en Asie Mineure inachevées retrouvés dans un puits comblé de la cour,
d'Olynthe e t faible, or elle était réunie par la pastas à exemplaires en terre cuite et de treize moule , en l'ab- l'île, comparables à celles de la Maison I B du Quartier
de l'époque heUéni tique à l'époque devait être habitée entre 4 75 et 275 environ par de
sa voisine, la Maison A VIII 7, où le nombre de poids sence de four, celui-ci étant peut-être situé ailleurs. du stade, viennent suggérer qu'un artisanat des huiles
impériale, Aspects de l'Artisanat du Textile
dans le monde méditerranéen (Égypte, Grèce, retrouvé est vraiment hors normes -
24 7 sous la Lor que de installations à coup sûr artisanales parfumées s'était développé à Délos et avait acquis
générations successives de sculpteurs du marbre, dont
Xlonde romain), Lyon 1996, p. 49-116, Mikion et Ménon, qui ont gravé leur noms respecti-
pastas et 50 dans une pièce, tous d'un type spécial271: ont été mi au jour, encore faut-il pouvoir le inter- une certaine réputation hors de l'île, conformément à
et G. L.\B..\RRE, Les métier du textile vement sur un stylet et sur un pied de vase280 (fig. 172).
en Grèce ancienne, Topoi 8, Lyon 1998, serions-nous en présence d'un atelier, dont le esclaves préter correctement. Nous avons vu que des identi- une remarque de Pline l'Ancien (HN, XIII, 4). Toutes ces maisons sont à la foi différente et sembla-
p. 791-814. étaient logé(e) dans A VIII 9 (fig. 166)? Néanmoins, fications avancées pour des sites péloponnésiens ont Mais, bien souvent, ces maisons d'artisans ne bles; comme celles d'Athènes uniquement vouée à
273. La di tinction est difficile car pour le tissage comme pour d'autres activités exercées été contestées, mais la liste n'est pas close. Prises iso- se distinguent par aucun mobilier ni trait
le pres e à levier, par ex., sont utilisées architec- l'habitation, elles réunissent des salles à l'architecture
dans le cadre domestique, il n'est pas toujours évident lément, hors de leur contexte architectural, des cuves tural, et aucun local ne semble d'emblée affecté au
à la foi pour le vin et pour l'huile: indifférenciée et disposent de leur propre adduction
J.-P BRL''.\, La discrimination entre de trancher entre une simple occupation familiale et étanches peuvent faire penser à des huileries ou à des travail artisanal. En bordure de l'Agora d'Athè- 278. H. A. THmlP'>O'.\, Hesperia 23.
d'eau, ainsi que d'une cour qui donne ur la rue soit 1954, p. 54-55 mai l'artisan
leinstallations oléicoles et vinicoles, une organisation commerciale'?", alors que la distinc- ateliers de foulons, mais aussi à des bains276 (fig. 123- nes, une habitation au plan irrégulier (fig. 1 70), qui
BCH uppl. 26, 1993, p. 511-537. directement, soit par un corridor d'entrée. Pour le en question n'était pa forcément
tion est plus facile à faire en présence d'installations 124 ), tandis que les fours ou les fourneaux ne sont pas remonte à la seconde moitié du V" siècle, possédait le cordonnier irnon, connu pour avoir
274. 1\1.-Cl. A\10L'RETrI, Le pain et l'huile travail comme pour l'exposition de produits de l'arti-
lourdes et spécifiques: des pressoirs à vin ou à huile273, non plus d'interprétation univoque. Dans le Quartier au moins deux petites pièces autour d'une di .cuté philo ophie avec cerate .
dans la Grèce antique, Paris 1986 ; SIEBERT cour (il est san, il est sûr que cette cour devait jouer un rôle aussi
200 I, p. 88-89. des fours, ou un moulin à céréales. . En effet, si la du stade de Délos fut construite vers les années 100, vrai que sa fouille n'a pas pu être menée à bien) 279. « Indu triel» étant ici s\ non,, me
.
où, capital que la rue, par où arrivaient et partaient le d'e arti anal»: R.,. YoL ·c;.·
275. C.\HILL 2002, p. 253-255. plupart des maisons, urbaines ou rurales, ont possédé sur les ruines d'un habitat modeste contenant deux à proximité d'un puits, étaient disséminés
des centai- matériaux comme les acheteur An Indu trial Di trier of Ancient
à partir du ve siècle un appareil à moudre très simple
.
276. \'oir par ex. TRC:\IPCR 2006: fours, une demeure à étage ; la partie sud de la cour nes de petits clous et d'œillets qui pourraient then , Hesperia 20, 1951. p. 217-228;
ce que Chamonard prenait avec - une meule transportable de l'une ou l'autre pièce communiquait avec ce qui a d'abord été pris pour un appartenu à un cordonnier, d'après l'hypothè e des
avoir Ce genre d' « unité mixte», pour reprendre la ter-
cf.T L. HL\R, He .peria 38, I 69. p. 383-
prudence pour unefallonica, en plein minologie des archéologues spéciali és dans l'étude 394. Documentation commodément
Quartier du théâtre, emble bien avoir vers la cour-, le véritable moulin (µuÀ.wv, mylôn) était restaurant donnant sur une courette (fig. 168), avant fouilleurs américains278• Sur les pentes de !'Aréopage rassemblée dans B. T\.\J...IRU, Living
de l'habitat, se rencontre également dan d'autres
été un bain public. un objet encombrant, qui appartenait à la catégorie qu'on ne s'avisât qu'il y avait ici un producteur et qui regardent vers l'Agora, dans ce quartier and Working Around the Athenian
qualifié cités, en particulier celle liées à leur terroir agricole: Agora: A Preliminary Ca. e tudy of
277. J.-P BRL''.\, Laudatissimum.fuit immobilière. Le moulin à mouvement rotatif, qui vendeur d'huile pour parfums!", qui avait sans doute d'«indu triel» par les Américains279, plusieurs mai-
antiquitus in Delo insu/a, La maison 1B ainsi à Pétrès, où les magasins ouvrant tout le long de Three House , Ancient Greek Houses 2005,
ignale une boulangerie à Pompéi, a été reconnu dans ciblé comme débouché les établissements sportifs sons de part et d'autre d'une rue large p. 67-82.
du Quartier du tade et la production de 4 à 5 m la rue principale formaient une orte de « centre com-
de parfums à Délos, BCH 123, 1999, des mai ons d'Athènes dès le ye siecle, ainsi qu'à date voisins. À côté de deux maies et de leurs pressoirs, devaient être occupées par des marbriers, 280. C. L\\\ IO'\, J!arbleœorkm in the
87-155.
d'après mercial», selon l'expression de P Adam-Véléni (supra,
p. hellénistique dans la Maison des sceaux de Délos274, une banquette portait quatre fourneaux maçonné leur sol jonché d'éclats ou de Athenian .lgora The Athenian ,lgom Pichat
poussière de marbre. p. 70), et dans la petite ville de Haliei , où plu ieur Book 'enes 27 , Athene 2006.
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MAISON DE MIKION ET MENON
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Fig. 172. Athenes,
C. Lawton,
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sud-ouest de l:A.gora. La
dite de Mikion et
maison
Ménon. D'après
Marbleworkers tn the
Athenian Agora, 2006, p.
173 Halieis, «
17.
I quartier
des marbriers. Dessin J. Travlos, industriel » Détail d'une
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Hesperia 20, 1951, p. 169. à pressoir. D'après
B. A. Ault,
Structures rurales 1994,
p. 206.
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artisanale sur rue et le niveau supérieur, dont
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Fig. 180. Athènes, « Bâtiment Z ».
cu If ci·1 e a reconnaître et localiser
PORTESACREE ,
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cm ps reste Fig. 181. Délos,
Plan de l'état 1 (en clair) sous l'état avec cer- Maison
2 (en noir). D'après Knigge 1988, __ titude, ne serait-ce que parce que les essais d'identifi- ·' du Lac. Vestiges de
p. 89 fig. 88b.
_ _r cation reposent souvent sur des présupposés. La ")
la porte
de l'entrée principale.
le seuil
façon et les chambranles
dont N. K. Rauh a naguère suggéré de voir dans doriques en
marbre. Dessin Y. Fomine
la dans ED '
Mais?m du Lac, à Délos:ioo (fig. 181), une auberge p. 314 fig. 25.
297. Références: H. HERTER, passage de l'orateur Isée (VI, 20) nous apprend qu'un activités malodorantes et jugées dangereuses, dès lors
Die Soziologie der antiken Prostitution nommé Euktémon possédait près d'une petite porte
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qu'elles utilisaient du feu.
im Lichte der heidni chen und
christlichen Schrifttums, ]ahrbuch far
Antike und Christentum 3, Münster 1960,
dans la muraille d'Athènes - il en existait bien une ici,
ouverte juste au nord du bâtiment - une synoikia où
Les nuisances provoquées par certains artisans
sont effectivement invoquées dans de nombreux arti-
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p. 70-111.
des esclaves étrangères se livraient à la prostitution. cles juridiques, à partir du début de l'ère chrétienne
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298. B. A. AcLT dans Ancient -
Greek
S'il n'est pas assuré que cette synoikia se confondait et jusque dans le Code civil napoléonien, qui est à la
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Houses 2005, p. 147-150.
299. L. H. KRAYNAK, Hostelleries
avec le «Bau Z » (de son côté, U. Knigge pense plutôt base de notre législation. Rédigée en grec au W siè- ( -?. ::· .
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au «Bau Y», voisin), on suivra volontiers B. A. Ault
qf Ancient Greece, Dissertation Univ.
of California, Ann Arbor Xerox 1984, lorsqu'il envisage298 de reconnaître dans cette struc-
cle de notre ère par l'architecte Julien d'Ascalon en
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Palestine, une compilation des lois et des coutumes
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p. 23. ....
ture, peut-être bien dès son premier état, une taverne- relatives au voisinage et à la mitoyenneté traitait "Il
10
Topoi 5/2, Lyon 1996, p. 561-572. ces, la possibilité qu'il offrait d'y manger (grâce à une des qu'elles entraînent. Nous ne connaissons pas de
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301. Pollux, Onomasticon, IX, 34, vraie cuisine), boire et dormir, sa bonne alimentation règlement qui aurait été édicté en Grèce classique à ?
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compte parmi les composantes des ports en eau, enfin les objets féminins retrouvés, l'ensemble ce sujet; mais puisque des passages écrits par Julien ...; ?i-- 21'J -+----,-------
les «porneia, qu'on peut aussi appeler
de ces indices oriente aisément vers une telle interpré- d'Ascalon rappellent d'anciennes lois grecques (au
tavernes».
tation, d'autant que quelques témoignages littéraires sujet de l'évacuation des eaux, en particulier), tandis
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302. C. SALJOU, Le traité d'urbanisme ./ ..2 flt
de Julien d'Ascalon, Droit et architecture viennent conforter l'idée que certaines auberges anti- que d'autres renvoient au droit romain ou au Talmud,
en Palestine au Ff siècle, Paris 1996. ques299 proposaient les services de courtisanes.
il est très probable que cet architecte aura rassemblé
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Liariisanai en milieu urbain
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pour son usage personnel et celui de ses confrères blanchisseurs, qui utilisent des fumigations; les potiers, rv siècle les habitations où les fouilleurs croient recon-
des normes urbaines traditionnelles. Il déclare, par eux, ne sont acceptés que dans les villages, où la den- 70
naître des restes caractéristiques de quelques activités
I
exemple, que la construction d'un lupanar ne doit sité de l'occupation au sol est moindre qu'en ville. Si 184
artisanales, le plus souvent dans la cour305: production
pas être autorisée au voisinage d'une maison d'ha- les plâtriers et les chaufourniers sont admis en milieu de pain et d'huile, tissages, ateliers de sculpteurs et de 304.J.-Ch. Grande colonnade
bitation, au motif qu'un tel établissement représente spécialités, y compris des boulangers et des cabare- BALTY,
urbain, de même que les boulangers et les teinturiers, coroplathes ... Mais c'est surtout Athènes qui consti- et quartiers nord d'Apamée à la fin
un «outrage» pour le voisin: il faut en conclure que tiers (fig. 184), en plus des petits ateliers de céramistes de l'époque hellénistique, CRAI 1994,
c'est à condition de respecter une distance minimale tue un exemple privilégié du lien entre artisanat et
le problème se posait régulièrement. Pour ce qui qui ont fonctionné lors de chantiers des époques clas- p. 77-101.
d'avec les voisins. agora. Sur ses abords ouest et sud-ouest, on ajoutera sique et hellénistique. 305. CAHILL 2002, p. 273-276, et
concerne les artisans, Julien d'Ascalon veut exclure Les dangers des ateliers urbains étaient donc aux maisons de marbriers et aux fours déjà signalés On sait également qu'à Olbia Pontique, des ate- if. N. Household Industry in
CAHILL,
totalement de la ville ceux dont l'activité est constante, connus par expérience et la tendance à les repous- Greece and Anatolia, Ancient Greek Houses
des traces de l'activité de bronziers ou de forgerons
c'est-à-dire les verriers, les forgerons, les fondeurs de liers métallurgiques étaient actifs dès la seconde moi- 2005, surtout p. 54-60.
ser loin du centre, dans des zones où ils pouvaient (au rv siècle, l'un d'entre eux a d'ailleurs exercé dans
statues, les fabricants de garum ou de conserves de tié du vie siècle dans l'habitat, au nord du téménos et 306. C. C. Merrusca, Bronze
s'agrandir sans gêner les voisins, s'avère de plus en la cour de la Maison D)3°6, sans doute pour fabriquer and Ironworking in the Athenian
poisson, ainsi que les fromagers, ces derniers devant de l'agora; à l'époque classique, des restes suggérant
plus marquée au fil des siècles'?". Il n'empêche: quand des statues destinées aux sanctuaires. Des ateliers Agora, Hesperia 46, 1977 p. 340-379.
être éloignés au mininum de 3 stades, c'est-à-dire de des travaux de bronziers ont aussi été découverts dans Handwerk auf der
bien même l'artisanat représentait déjà une nuisance G. Zil\11\lER,
Agora - eine notwendige Ergânzung,
CJ.
coroplathes et de tabletterie ont également été repérés d'autres directions, à partir du même sanctuaire et de
303. Cf par ex. A. FERDIÈRE, La place environ 500 m ... D'autres artisans doivent être « iso- à l'époque grecque, il a toujours réussi à garder une dans des groupes de pièces situées aux abords
lés, non contigus à d'autres maisons» - ce qui revient
de l'artisanat en Gaule romaine est et l'agora308• De toute façon, depuis l'époque archaïque, Gri.echische Agora 2006, p. 33-40.
du Centre, Nord-Ouest et Centre- bonne place au sein des villes et plus précisément nord de l'Agora d'Athènes?". Dans l'ensemble de 307. T L. SHEAR, Hesperia 44 197 5,
Ouest. .. , Revue archéologi,que du Centre à les diriger vers la périphérie, où ils trouveront plus ce les fondeurs et les forgerons grecs étaient habituel-
autour de l'agora, sans doute parce que c'est là que secteur on peut donc légitimement conclure l'exis- surtout p. 346-355 (v< s.);J. Mc CAMP,
de la France 45-46, 2006-2007 [en ligne]. aisément de la place -, ce sont les vanniers et les à lement installés au sein des villes, à la rigueur près II, Hesperia 65, 1996, surtout p. 239-240.
circulait le plus grand nombre d'acheteurs potentiels. tence de zones d'artisans ou de boutiquiers
de toutes des murailles, comme à Athènes dans le quartier du 308. DUPONT 2002, p. 41.
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Céramique (on se souvient des fosses de fondeurs qui Les ateliers à la périphérie urbaine et extra muros
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ont précédé le «Bâtiment Z», et suivi son dernier
état) ; de même, à Thasos, deux modestes ateliers de C'est l'exemple des ateliers de potiers qui laisse le
fonderie, l'un d'eux fabriquant aussi de l'orfèvrerie, mieux comprendre pourquoi un type d'artisanat en à pilier central), les potiers avaient pourtant en outre fosse contenait des tuiles bien rangées. Les fouilleurs
grâce à un four à deux orificesê'", ont été fouillés juste est venu à s'éloigner fréquemment des secteurs d'ha- besoin de bassins de purification et de décantation de ont noté la qualité de la technique des murs et des
derrière le rempart, près de la porte du Silène. bitation pour migrer à la périphérie des villes. l'argile, ainsi que de hangars couverts, ou au moins
Les potiers - qui, sauf exception, fabriquaient
À partir de l'époque hellénistique, les agoras enduits.
d'aires servant au tournage, au séchage, au stockage Pour en revenir au cas d'Athènes, on voit que
vont encore mieux assumer leur rôle de marché, en normalement aussi des tuiles dans leurs fours de et à l'exposition (à défaut de boutique), enfin de dépo-
grand calibre311 - appréciaient de pouvoir se rappro-
s'entourant de grands portiques à files de boutiques des ateliers des potiers y ont coexisté avec l'habitat,
toirs ... sans même parler d'une éventuelle habitation dès l'époque protogéométrique et pendant une assez
le long de leurs murs postérieurs; ces pièces toutes cher de matières premières nécessaires, les gisements des artisans sur place. Comme la plupart des ateliers longue période, principalement sur la pente nord
semblables furent alors mises en location (fig. 185 ; d'argile et l'eau, ou les dépôts alluviaux, sans oublier de potiers n'ont été fouillés que très partiellement, de l'Acropole ; puis, à partir de l'époque archaïque,
if. fig. 380). On connaît par exemple l'organisation de le bois, utilisé en quantités importantes comme com- celui de Phari312, situé au sud-ouest de l'île de Thasos,
l'agora de Pella où, dès le dernier quart du nt siècle, beaucoup d'artisans ont peu à peu migré vers l'ouest,
309. Y bustible. Une po ition excentrée était alors préférable, dans une zone argileuse, est un des rares qui soit sus-
GRA,"<DJEAN, Installations
les potiers et les coroplathes ont commencé à occuper pour se fixer soit immédiatement à l'intérieur de la
artisanales dans le quartier de la porte au mieux le long de la face interne de la muraille, près ceptible de bien nous renseigner sur les in tallations
du ilène à Thasos, Thasos, Matières des ateliers-boutiques dans les portiques qui bordaient muraille thémistocléenne, oit déjà en dehor , sur
des portes et des grandes voies de communication, utilisées (fig. 186), vers le dernier quart du VIe siècle
premières 1999, p. 161-169 (cet artisanat
les côtés est et ouest de la place (fig. 291 ), en voisinant la route occidentale, en tout cas à proximité d'une
exi tait déjà ici avant la construction sinon hors les murs. Cet emplacement permettait ou la première moitié du ye siècle. En plus de
avec des marbriers, des artisans du métal, des bou- deux nécropole et dans une zone riche en eau. Le nom
du rempart). de disposer d'une surface supérieure à celle que l'on fours piriformes, ont été découverts ici les murs d'un
chers et des poissonniers, dont subsistent les détritus; qui désigne le Quartier des potiers, le Kérameikos, va
310. I. AKAMATIS, Egnatia 5, pouvait espérer en ville, où les fours ne pouvaient être bâtiment allongé, à toit en appentis couvert de tuiles,
The saJonique 1995-2000, p. 257-281 tous pouvaient profiter des puits et des adductions désormais se confondre avec celui de la principale
que de technique simple, et l'espace limité empêchait construit à environ 35 m d'un bassin de purification,
[en grec].
d'eau potable qui desservaient le secteur. En revan- nécropole d'Athènes, traversée par une grande « rue
aussi de multiplier les aires de travail pour augmen- qui était alimenté par une citerne presque carrée et
311. M.-Fr. BILIDT, Centres
che, les structures qui dégageaient un maximum de des tombeaux» et le dromos, la voie en direction de
de production et diffusion des tuiles ter la production. S'il ne reste souvent d'un atelier muni de deux ouvertures dont l'une débouchait sur 312. ·ot,j.
dans le monde grec, Artisanat en Grèce nuisances étaient situées à l'arrière de l'agora: un four l'Académie (fig. 187), ce qui explique qu'en plu de F. BLO PLRRI.\CU',
qu'un ou plusieur fours, de types différents (en fer à une terrasse dallée (un autre bassin?). À peu près au
trois fours à l'angle du nouveau mu ée du ite troi
. PER!Sfl:.RI, n atelier de potier
ancienne 2000, p. 193-240. ovale, un four carré et quatre fours circulaires!". archaïque à Phari, Ateliers de potier.
cheval, quadrangulaires à muret central, piriformes centre de l'atelier, sous une pièce rectangulaire, une autres fours d'époque classique aient été retrouvé
19 2,
p. 11-40.
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.. v' extramuros, parce qu'elles essayaient de tenir compte de la face interne du rempart. Nous ne reviendrons
des voies principales de circulation. Le groupement pas sur le véritable « Céramique», bien organisé,
de fabricants de terres cuites architecturales situé juste qui fonctionna près de la face interne de la muraille
hors de l'enceinte de Corinthe et entre les Longs Murs, de Locres Épizéphyrienne, à faible distance du port
en direction du port de Léchaion (fig. 159), a été bien (fig.160-161)320. C'est juste un four du W siècle qui a
étudié316, mais il en existait sûrement d'autres encore. été repéré le long du rempart sud de Siris-Héracléia,
Celui-ci bénéficiait de bancs d'argile à proximité et mêlé à des habitations des rv' et nt siècles, tandis qu'à
de ressources suffisantes en eau et en bois; surtout, Camarina les fours d'époque grecque étaient à l'est
la date du début de son activité, le vie siècle, coïncide du rempart (fig. 287) et qu'à Métaponte les officines
avec celle de l'aménagement par le tyran Périandre étaient plus dispersées321: près de la porte nord de la
du port de Léchaion, d'où la bonne diffusion de cette muraille et contre sa face interne ont été retrouvés
production en Méditerranée. En mer Noire, les fours quatre fours (un archaïque, deux hellénistiques) et
I
des officines de potiers furent souvent aussi implan- leurs constructions annexes, sans que le potier puisse 316. MERKER 2007.
tés à la périphérie des villes, de part et d'autre des habiter sur place, mais d'autres ateliers ont été loca- 317. DuPOl\'T 2002, surtout p. 39-41.
remparts317: on en a reconnu à Nymphaion (où deux lisés dans une ligne d'habitation juste près du sanc- 318. Synthèse dans T. FISCHER-R\.,SE:\',
fours circulaires sont installés dans le sanctuaire de tuaire urbain et près de l'agora (fig. 189). Et bien Ergastena in the Western Greek World,
Déméter, dès la seconde moitié du vie siècle), à Histria que des ateliers aient été localisés au sein même de Polis and Politics, Studies Presented to J1ogens
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I 200 m
100 Herman Hansen on his Sixtieth Birthay,
0 (aux époques classique et hellénistique, plusieurs fours la ville d'Agrigente, ils semblent avoir été au moins
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se concentrent à la fois près d'une zone d'habitat et de
Copenhague 2000, p. 91-120.
aussi nombreux à l'extérieur: près de la porte V de 319. M. Fornu,10NT, Les ateliers
la ligne nord-sud du rempart), à Olbia (où les vestiges la muraille, une terrasse rocheuse a même été occu- de Sélinonte, Ateliers de potiers 1992,
313. KNIGGE 1988, p. 164-165; sont toutefois peu clairs avant l'époque romaine), à p. 57-68; A. DELL'Acuo, Taranto,
pée depuis la fin du VIe siècle, jusqu'au ne siècle av. Arte artigumato 1996, p. 51-79.
A. M. MONACO,AM 114, 1999, e
Chersonèse (où deux ateliers hellénistiques périur- J.-C., par des fabricants de figurines en terre cuite322
p. 105-116. 320. M. BARRA BAG:\'ASCO, ceramico
sous le grand monument funéraire de la 3e borne, non du côté des Longs Murs et dans la direction du Pirée, bains font contrepoint à cinq ateliers situés en ville), à
TI
314. PARI.AMA, STAMBOLIDÈS 2000, à destination d'un sanctuaire des divinités chthonien- di Loc ri, Arte e artigianato 1996, p. 2 7-34;
loin de bassins313. En fait, ce sont les travaux liés au donc à mi-chemin entre le marché athénien et l'ex- Panticapée (en contrebas de l'acropole fortifiée), etc. N. CUOl\fO DI CAPRIO dans Ateliers de
p. 210 et suiv. les officines retrouvées
: nes. Enfin, à Marseille, on a constaté que des potiers
récemment datent de l'époque réseau du métro d'Athènes, à la fin de notre XXe siè- portation par voie maritime315, tout en étant liés à Dans les fondations occidentales, où les colons potiers1992, p. 78-80 (Siris-Héracleia),
se sont établis à l'extérieur du rempart archaïque dès 81-84 (à Locres, cinq fours dans l'habitat
hellénistique, mais elles ont sans doute cle, qui ont permis de préciser l'implantation et les
succédé à d'autres ateliers, antérieurs.
d'importantes nécropoles où leur production pouvait ont trouvé une riche tradition indigène de production le début du ye siècle, mais sans quitter totalement la et un en dehors de la muraiJJe).
caractéristiques des ateliers de potiers de la ville. Sans être écoulée, au moins en partie. céramique318, des publications plus abondantes qu'en ville323. 321. E. M. Dz juuis, Metapotuo,
315. Ü. ZACHARIADOU, D. KYRIAKOU,
E. BAZIÔTOPOULOU, Ateliers de potiers surprise, ceux-ci sont en majorité situés hors les murs, Pour autant que nous puissions en juger d'après Grèce continentale montrent qu'en plus des ateliers Dans l'île de Thasos, les potiers de Phari n'étaient Bari 2001, p. 1 76-180 (avec bib.).
à l'angle des rues Lenormant et de parfois même assez loin, d'abord (aux VIe et ye siècles) une documentation encore très lacunaire, il en allait à implantés en pleine ville (par exemple sur l'acropole 322. E. DE MIRO, Agngento I, 1 santuari
Constantinople, Ateliers de potiers 1992, pas les seuls artisans qui avaient choisi la zone périur- Rome 2000, 40-41.
au nord-ouest (fig. 188), par où arrivait l'aqueduc de peu près de même dans d'autres villes grecques, où les de Sélinonte, et à Tarente, où les
urbani, p.
p. 53-56; E. BASIÔTOPOUWU-V ALAVANI sanctuaires et une baine ou même une situation extra murosï", Près de la 323. Marseille 2001, p. 127, 132, 299-
dans Archaeology of Athens 1994, p. 45-54 l'Hymette314, mais ils sont devenus plus nombreux officines de vases et de tuiles étaient établies de préfé- nécropole étaient aussi intégrés au tissu urbain319), porte de Zeus et d'Héra, mais à quelques mètres en 306.
[en grec]. entre le IV' et le me siècles vers le sud-ouest, à la fois rence près des portes urbaines plutôt que franchement nombreux sont ceux qui ont tenté de se rapprocher dehors de l'enceinte, existait entre le If siècle av. notre 324. GR.MTIJEA., 1988, p. 243-244.
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ère et le rie siècle apr. J.-C. un établissement artisanal petite industrie dérivée des huileries329, celles-ci étant
comprenant une cour sur laquelle ouvraient au moins nombreuses à Délos comme dans toutes les villes
deux pièces; l'une, pourvue d'un four, était prolon- grecques ... Quant aux potiers, il est vrai qu'aucun
gée par un secteur couvert ?ù un_e table de de leurs ateliers n'a jusqu'ici été mis au jour
dans l'île
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_J L. bien fondée portait un pressoir a VIS pour le raisin de Délos ni dans celle de Rhénée, malgré
les attesta-
(fig. 190). Une petite installation vinicole pouvait aisé- tions épigraphiques de cette activité; si la propriété
ment fonctionner intra muros - celle découverte au d'Apollon appelée Kerameion par les administrateurs
versant ouest de l'Acropole d'Athènes (fig. 191) ne du sanctuaire doit bien être une exploitation agri- 325. M. Scouaou, Une installation
comprenait qu'une aire de foulage en pente vers une cole, puisqu'elle est décrite dans les inventaires avec
I
de pressoir à Thasos ... , Artisanat en Grèce
jarre326, et celles du Bosphore cimmérien, très nom-
Jl ----.J j breuses mais sans doute surtout destinées à une pro-
les mêmes termes que les autres fermes, le
doit venir d'une ancienne poterie ou tuilerie à cet
toponyme
ancienne 2000, p. 27-40.
1. L'HABITAT URBAIN
137
------.
,·(1111,,
1/
ti
Chapitre 2. L a
I I \\\/I I l,0
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- ? Fig. 194. Érétrie, Quartier ouest
'
du 1V" s.. avec un complexe artisanal
?
-?
--- dont une huilerie. à l'est de la cour
?
?
10. D'après Reber 1998, p. 73
fig. 104.
10_ M•n ,o.,m6dbo,•l
,-__ CANAL Traces de murs
193
192
Chor iai de Béotie, Lhomme et l'eau Ill, agraire dans les colonies, en Italie ' ABSA 80, 1985, p. 119-128; Io., Is it
du Sud ainsi qu en nombreuses fermes qui donnent l'impression a
P Lou. ed., Lyon 1986, p. 93-99. Chersonèse Tau nque, qm. a ete
·
, , .
' ' d' av01r
.
F?rm? The Definition of Agricultural
C. \1. xro ·.\GHA:-;, Dwing . progressivement · ,
ete h b_itees en permanence, on sait Sites and Settlements in Ancient Greece
[. tablishrnent in Clas. ical and m?eux co?n?, et des travaux de
prospection en Grèce ? que, dans certai- '
Agriculture in Anrient Greece, Proceedings
nes regions de Grèce, les paysans
·
/
F,g 195 Orraon. Marson 1 Plan
r s , u des d u nrv au (C: Cour).
ORRAON ( AMMOTOPOS) lie t vrai qu'à ce jour aucune ferme n '.t
·
pourtant tri s
.
D'après Haus und Sradt 1994. signa ]'ee sur la terre d'Argolide, t
·
r
p. 32 19. 308
depur
·
à l'agriculture ' alors que des instal-
t ouJiours
. .
•.
retrouvé sur place . La plus petite, qm
•
11
son du matériel
est aussi la plus ancienne, ne mesure que 8,50 x 14 m
et comprend trois pièces de 3 x 4 m, ouvertes sur une
cour fermée. Mais on a pu mieux restituer une maison
mise au jour sous le mur de fortification du Déma, non
loin d'Athènes Construite vers 420, elle présente un
12•
-
équipée d in tallations agricoles qu'il s'agisse de par des bâtiments d'exploitation au sein Jan a priori très olynthien, sur 22,05 x 16, 10 m, soit
d'une cour ?ne surface d'environ 355 m2 (fig. 198 b). Au nord de
ferme i olée ou d'unités domestiques appartenant et par d'autres structures aménagées à
.
faible distan ce, Ja grande cour, longée par une véranda ( ou pastas),
à un groupement, au sein duquel subsistent des vides comme des abns ou des enclos pour
animaux, une on retrouve une file de pièces dont un probable petit
important ont attestées à partir du vie siècle. On aire à battre le blé et même, à l'occasion,
une tour andrôn, ainsi que d'autres éléments de confort connus
e time aujourd'hui qu'un dème attique typique de isolée.
dans l'habitat urbain à la même date
- même si la
l'époque da sique, éparé du dème voisin par une Ces remarq?es sont encore plus valables
pour des fonction des pièces, ici comme dans d'autres maisons,
di tance de 3 à 4 km, e composait d'un petit nom- bourgades. En Epire, au nord-ouest de l'actuel
village est loin d'être assurée 13•
bre de maisons (entre six et dix) qui comprenaient au d'Ammotopos, les habitations de l'antique
Orraon Les archéologues qui ont publié la maison du
mininum une cour et un étage, pour des occupations formaient, depuis la seconde moitié du rv' siècle,
une Déma se sont intéressés peu après à une habitation
variée 3. Di tantes les unes des autres de 100 à 300 m, petite ville fortifiée de plan orthogonal, sur 5,5
hecta- semblable construite sur une série de terrasses arbo-
ce habitations étaient implantées le long d'une route res Chaque îlot ne comprend qu'une seule
7.
rangée rées près du village de Vari dans !'Hymette'+, non loin
où un ou deux puits publics étaient la norme, ainsi de maisons, dont les murs en pierres de
taille sont d'une grotte de Pan et des Nymphes, un type de sanc-
qu'un sanctuaire, parfois aussi un four de potier et, un parfois exceptionnellement bien conservés en
peu plus loin, des «périboles» renfermant des tombes
hau-
teur (fig. 111 ). Dans la Maison 1, la vie était organi-
tuaire très rural. La famille qui occupa du troisième o--====--===--5 m
quart du IV" siècle jusqu'au premier quart du me siè-
familiales. sée autour d'une salle de séjour à foyer fixe, où
l'on cle cette propriété (fig. 197), plus petite que la maison
Toutefois, avec l'avancement des fouilles, des entrait par un vestibule depuis la petite cour
pavée, du Déma et que la moyenne des maisons d'Olynthe
pro pections et des publications de structures domes- dans laquelle se trouve un des escaliers qui mènent
à
tiques, les définitions et les distinctions déjà anciennes l'étage (fig. 195). C'est aussi par la cour qu'on accé- 196
semblent souvent peu pertinentes. Il s'avère que des dait à l' andrôn et à une pièce qui servait peut-être à
habitations dispersées dans la campagne ont davan- la fois de cellier et d'écurie, d'après plusieurs étroites Fig. 196. Halieis, Maison D. Au nord
de la cour qui comprend un koprôn
3. U)H\l.\ 1993. tage de points communs avec des maisons urbaines fenêtres sur cour et le fait qu'elle était surmontée d'un
.
et un puits, les restes de /'huilerie:
4. BRl 2004. p. 97-98. qu'avec des exploitations agricoles, tandis que dans espace de faible hauteur où pouvaient être logés des une jarre est enfoncée dans le sol
5 .. \n.tly e du phénomène par bien des agglomérations les habitations présentent esclaves. Les objets retrouvés un peu partout mon- à côté d'une maie de pressoir à
K RI Bl R, Living and Hou ing in à la fois des traits urbains et des traits campagnards, contrepoids rectangulaire. D'après
C:la .. irai Helleni tic Eretria, Building
trent que les habitants de cette maison pratiquaient Ault 2005, fig. 15.
Communities 2007. urtout p. 285-287.
tout simplement parce qu'une ville grecque restait en l'agriculture; ils suggèrent d'interpréter comme un
6. .U!ILI. 2002, urtout p. 238 et uiv
permanence très liée à son terroir. entrepôt une autre pièce allongée, qui ouvrait sur la Fig. 197 Vari, maison rurale.
7 G Holmms 1999, p. 384-
1cl11i.hu des
La présence d'un fouloir à vin en plein cœur grande salle. Plan d'après Attic Country House
t11 , d'aprê plu ieur travaux de ·
d'Athènes (fig. 191) témoigne indubitablement du Parmi les maisons de la même époque mises
1973, p.441.
Dakaris récapitulé par l\f.-P. DAL'· £, côté resté toujours «rural» de la ville", et il n'est pas au jour dans une autre bourgade de plan régulier,
Le, villes rnolo: se, Épur; Illyne;
- - -- -.®..- ---
,\!acédome .•. : mélangtS
offens au professeur
étonnant que le quartier ouest d'Érétrie, qui était à Halieis - aujourd'hui Porto Cheli -, certaines abri- ??>---
Pierre Cabaner, D. BLRRA:-;G£R-AL'i£R\'E l'origine résidentiel, soit devenu à l'époque hellénis- taient des équipements pour écraser des olives et
éd., Clermont-Ferrand 2007, urtout
tique une zone plus modeste où dominaient les acti- produire de l'huile (fig. 173), ainsi que des fosses à
p. 230-231.
vités artisanales, et même agricoles dans la partie est déjections entourées de pierres, les koprônes8 (fig. 55),
8. B ..\. At LT, Aôprones and Oil Pre e
de la Maison IV, où une huilerie utilisait les
:
Dome uic ln. tallation: Related to pièces P dont le contenu servait ensuite de fertilisant. Ce
A?ricultural Producti,it) and Proces ing et B, la pièce D étant dévolue au stockage5
at Cla: .ical Haliei: tructures rurales
(fig. 194). tableau suggère que les habitants de Halieis exploi-
,
Les archéologues ont aussi constaté à maintes repri- 10. M. H.jAMESON, Oil Presses
1991, p. 197-20 : comparai on taient les ressources de leur chôra pour produire de
ave le in tallation. retrouvée es que des maisons situées dans d'autres of the Late Classical/Hellenistic Period
villes pou- l'huile d'olive à une échelle non pas familiale mais Techniques et sociétés
'
dan une ferme de Chersonè e vaient posséder des pièces affectées à la production 2001, p. 281-299.
Taurique. quasi industrielle, peut-être bien à destination du l I. D. R. KELLER, M. B. wALLACE,
agricole: c'était le cas entre autres à Olynthe6, où cer-
9. L. FoxH.\LL, mall Rural Farm tead marché athénien. Dans cette bourgade, nous avons The Canadian Karystia Project:
nuent Greece, A Material taines habitations produisaient du vin ou de l'huile. Two Classical Farmsteads EchosCl
ne m donc autant affaire à des « structures rurales» qu'à ' 32 '
C ultural Analy i . Chora und Polis, Pourtant, ces maisons n'étaient pas de véritables fer- n. S. 7, 1988/2, p. ]5]-157.
r. Korn éd., Munich 2004, p. 249-270. des «maisons-ateliers» (fig. 196) où, par ailleurs, la
mes, qui sont caractérisées, comme nous le verrons, 12. Dema House 1962.
céramique retrouvée est plutôt de caractère urbain9. 13. NEVEIT 1999, p. 83-84.
14. Attic Country House 1973.
197
140 HABIT T, 'RBANI fE ET FORTIFICATIO S
2. L'HABITAT RURAL
141
Comparaisons des plans
1
d, l<t upt r lu il totd.1t t·st O(, up, t· p,.r l.. Hir ·t ,,t
m isons rurales e urbaines.
son d va , . b. Maison pastas. alors qut le, cours de maison dI L111 I t 11
o ma. c. maison pastas c(Ill texte urbain, ont une upcrtn ic r{ duiu .
t l t .Jr
?
d e
tons de l'îlot de la Maison des comédiens représentait
un élément de prestige en front de mer (fig. l
09). Et
s'il est difficile d'admettre qu'à Vouliagméni, un petit
complexe proche du sanctuaire d'Apollon au cap
Zôster, dont la première phase remonte à la fin du vr
g
ou au début du ye siècle, puisse être une « Maison
des
prêtres»18, c'est bien à cause de la tour en saillie
sur
(elle mesurait 17, 70 x 13, 70 m: soit
ca 241 ?2), prati- un angle de sa cour à pastas (fig. 198
h-j), un schéma
quait l'apiculture, comme on s y attend toujours dans qui rappelle inévitablement celui de la maison rurale
cette région15• Mais à part une aire à battre le blé, de Vari.
placée un peu plus loin, aucu?e trace du travail
d? la En fait, c'est l'examen des exploitations
agricoles
terre n'est clairement perceptible dans cette habita- reconnues avec certitude, par des testimonia écrits ou
tion: ni mortier ni pressoir, et même nul cellier n'est par des fouilles, qui permettra de réaliser plus claire-
reconnaissable a priori, alors qu'il n'est pas douteux ment où se situe la différence entre maisons urbaines
que la pièce carrée aux murs plus épais que les autres, et domaines ruraux.
à l'angle sud-ouest de la maison, doit être le premier
niveau d'une tour, seule élévation en hauteur de l'en-
semble. Nous verrons que les tours qui appartiennent
2. Les exploitations agricoles
à une exploitation agricole sont effectivement nom-
breuses, surtout en Attique, et dans ce cas le rez-de-
Le dossier épigraphique
chaussée servait habituellement à remiser l'outillage
de production, tandis que du personnel
pouvait être Il existe un gros dossier épigraphique,
logé à l'étage. La maison de Vari est donc intéressant
généra- des ventes et des baux de domaines
lement considérée comme une ferme16, à l'instar agricoles, qu'il
de est même parfois possible de comparer
Ia demeure d'Ischomachos,
décrite par Xénophon à des actes
de vente de maisons urbaines.
dans l'Économique, IX, 3 la distribution Ainsi, l'habitat dans
:
des pièces y la partie médiane de l'île de Tènos
rappelle celle des maisons urbaines, à nous est connu
cette différence d'après un long registre de ventes et de prêts concer-
T près que la famille gère aussi un grenier 15. Toutefois, les ruches ne sont pas
0 à grains et nant des biens-fonds19, datable des années
une cave à vin. 300. Sur réservées aux maisons rurales
quarante-sept actes enregistrés, quinze traitent
'.o·········:\ Ces quelques exemples suffisent à montrer que maisons urbaines (c'est-à-dire: construites
de
et l'apiculture était répandue partout,
même et surtout à petite échelle, comme
par l'existence d'une cour grec, les maisons en ville sont parfois attenantes
autour de laquelle sont à un 17. Çf. les remarques de NEVEIT
terrain à bâtir (olKÔTTEOOV, oikopédon) 1999,
0 ordonnées différentes salles, à la
manière de l'habitat provisoirement p. 81 et suiv., ou d'E. Poul.AKI,
Classical
S 10 30 1:-
utilisé pour la culture, alors que les and Hellenistic Periods,
tan.11,,1 u U M.
d'Olynthe (fig. 198). Néanmoins,
les pièces des mai- domaines ruraux Country Houses
comprennent normalement une maison
I
LJ L.J
2003, p. 41-43.
sons à la campagne,
qui gardent généralement un sol d'habitation
en terre battue, associée à un terrain (xwp(ov, chôrums 18. Comme le voulaient F. Stavropoulos
sont souvent un peu plus nombreu- ou des terrains et I. Travlos: TRAVLOS 1988,
de culture avec des conduites p. 4 78-4 79.
ses que celles de
la moyenne des maisons d'eau, certaines terres 19. JG XII, 5.2, 872. Dernière
de même date,
urbaines étant éloignées de la maison. Ces édition,
et l'importance de la
cour est accrue: propriétés, délimi- traduction et commentaire :J. GAME,
dans la maison rurale tées par des murets, peuvent comprendre Actes de vente dans le monde
du Déma, un peu plus de 50 un cellier à grec, Témoignages
% vin, éventuellement dans une tour. épigraphiques des ventes immobilières,
Lyon
2009, surtout p. 105-145 et 1 73-190.
142 HABIT T, RB I ME ET FORTIFICATIONS
2. L'HABITAT RURAL
143
N
0 Rhér.éevflle
Nécropole
De,; into. m.uion-, Olllp1t·mentaires
nées d.ui- un mvcntarro
.
.
<
dr- propriété
Ion mises en I ocauon, pnncipalement
. . .
nous so n t d on.
rurales d'A po. 1
csda\'CS d c s exe
randi
·
.
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masculin iandrônion.
thalamos) quand is
·1
• , .
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Rhénéc. 11 a été rédig{ par les oikèma,
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orte que type de local ou de bâtimc nt ( Jn
'1r ,t
sanctuaire de Délos aux III'-rl" siècles20; ··
j
0 Site de ferme
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.
1
c-rnuv.to Je l']: c 1)/e
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tylc elliptique et le fait qu'il ne rcrJresente mieux le local à
l'étage (urrEpWLOJ/, 1!}/JeTOll)rl
.
0
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ne iidilûtl},
ou k;peroz
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exteneur comme dans des, .
maisons
, .
y mentionne, sans ordre précis, des constructions sign al,ee sur trois
.
·
, ,
fcerrnecs
. • • •
?es travaux des champs: .
jouent un rôle capital: le fait
.
727m que les bergeries (TTpo?aTwv, probatôn). Des Les Tables d'Héraclée en Lucarne, sur lesquel-
les on t a ussi été gravés vers 300 des baux de ter-
PYRGO maisons
rurales comme celles du Déma ou de Vari,
OJO qui ne pou- -
.. rams sa crés , permettent de compléter ce ta bl eau
21
vaient être que des fermes modestes, t-
·
I I
116m possédaient pro- .
bablement du bétail, mais en petit nombre, À l'étable pour les bovins, longue de 22 pieds et large
de sorte
que tout ce monde devait vivre et dormir de 18 pieds, et à la grange pou? la paille, lo?gue de 18
habituelle- l5 pieds de large, s'ajoute un cellier de 15 x
ment dans la cour. Si trois domaines d'Apollon pieds sur
n'ont
15 pieds dans une partie reculée, to?tes la plus grande salle, au sol cimenté, occupait
pas de bergerie, celui de Charoneia en a même cd?s co??r:- un angle.
liées à ses deux cours, et celle de Phoinikès
deux, rions étant couvertes et munies d un isposiu e Alors qu'un moulin fixe à céréales n'a été installé
est « dou- que
ble», donc assez grande. Ces baraques ou ces fermeture. tardivement dans une des pièces septentrionales, c'est
enclos
couverts, normalement démunis de porte au sans doute pendant toute la période
même fermes d'occupation
titre que le fournil (L TTVWV, ipnôn) et, parfois, une Les vestiges de qu'un angle de la pastas, où furent dégagés à la fois
un
06 contenant un moulin fixe (µuÀ.wv, mylôn), sont
pièce
four conique en terre sur socle, un foyer
associés fixe, des res-
I
à des constructions certainement plus solides, majorité des domaines agricoles, fouillés ou
Si la tes de réchauds portatifs et de vaisselle
mais qui utilitaire, a dû
os ne disposaient pas toutes d'une porte fermant simplement reconnus sur le continent grec, ne sont pas servir de cuisine25• Il y avait donc plusieurs
à clé:
antérieurs au ye siècle, celui qui a été mis en évidence
bouches
? l'habitation (oikia) comprenait un KÀ.ELCJLOV Oe à nourrir dans cette ferme manifestement
56 habitée en
à Kopanaki, dans le nord de la Messénie, remonterait
I kleision
est le seul espace possédé par tous les domaines), permanence, où une basse-cour côtoyait un élevage
L
mot cependant au milieu du VIe siècle22• Il regroupait sur
traduisible ici par « salle commune» plutôt que par de moutons et de chèvres. En même
30 20 x 17 m environ
-
malheureusement, la fouille de terrasse antiques, à double
temps, des murs
«cabane», un ou deux thalamoi (l'un d'eux se trouve - parement semblable à
dans le kleision), une ou deux salles où travaillaient les est' restée incomplète une douzaine de pièces dis- celui des murs urbains26, témoignent de
200 tribuées sur trois ailes d'une cour allongée, où l'on
l'exploitation
agricole des côtés sud et est de l'île de Délos.
entrait par un prothyron. Détruit par un incendie vers
Fig. 200. Les sites de fermes Une ferme plus proche du type épigraphique
475, ce grand domaine isolé est attribué à des colons des
prospectes à Rhénée, l'île voisine N domaines de Rhénée a été fouillée à Naxos,
I
de Délos D'après R. Charre, lacaniens, ce qui expliquerait qu'il ne soit pas compa- dans la
région de Mélanès27• D'époque classique, elle
Temtoires des cités grecques 1999,
p. 136.
0
Sondage ? rable aux habitats ruraux de date postérieure.
Les prospections effectuées à Délos comme
à
nait sur 880 m2, dans une clôture de forme
plusieurs cours dallées et des bâtiments dont
conte-
ovoïde,
21. /G XIY, 645 I,
22. N.
I. 138-139.
l()'n
[I)
5 KALTSAS, ArchEph 983 (1985),
le prin-
I
Rocher Rhénée ont abouti à la reconnaissance de plusieurs p. 207-237.
I
Fig. 201 Rhénée. Plan d'ensemble cipal, dans un angle, pourrait être une
de la ferme de Palaia Vardhia. exploitations (fig. 200), qui ne peuvent toutefois maison-tour, 23. Sur les limites de la documentation
E5 pas divisée par un mur intérieur.
D'après R. Charre, épigraphique: M. BRC'.'IET, BCH 114,
?
être rapprochées de manière convaincante
M.-Th. Le Ornahet, Territoires
f?-\- des inven- Ce schéma est en gros comparable 1990, p. 669-682.
taires épigraphiques23. Dans l'île de Rhénée24, quel- à celui des
des cités grecques 1999, p. 136. fermes édifiées sur le continent après 24. R. CHARRE, M.-Th. Couru.ouo.
ques murs épais, en pierres manifestement le ye siècle,
extraites à mais, dans ce cas, en plus de bâtiments LE DrNAHET, Sites de fermes à
Rhénée,
E4A--
proximité, dessinent des structures fermées,
en liaison
d'habitation Territoires des cités grecques 1999, p. 135-
et d'exploitation construits d'un
F4
avec des terrasses de culture et des seul tenant autour 157.
cavités paremen- d'une ou de plusieurs cours, on remarque
G4 tées, qui tiennent lieu de citernes habituel- 25. M. BRUl'ŒT, La campagne délienne,
récupérant les eaux lement une série de locaux ou d'espaces L'espace grec, Cent cinquante ans de
pluviales. L'ensemble de Palaia
Vardhia (69/71 x situés à une fouilles
E3 distance variable, tout en étant des de l'Écolefrançaise d'Athènes,
Paris 1996,
39 m; fig. 201) se
compose de deux cours séparées dépendances de surtout p. 63-64.
la ferme. Dans la campagne
F3-f par un mur de refend, mais
peu de bâtiments y sont attique, où un grand 26. M. BRUNET, Terrasses de culture
nombre de ruines agricoles ont bénéficié antiques, L'exemple de Délos, Cyclades,
G3-\-
conservés, complétés par une
probable citerne; plus d'analyses
précises28, ces exploitations, isolées Méditerranée 3-4, Aix-en-Provence
au nord de l'isthme
a été relevé un site comparable. sans être très éloi- p. 5-11.
1990,
gnées les unes des autres, et à
Au sud-est de l'île de
Délos, la «ferme aux jamba- proximité de tombes 27. M. KREEB, Zur typologischen
familiales, sont souvent dominées par une
F2-\- ges de granit», qui
semble avoir été occupée du ye tour. Non Einordnung eines Bauernhofs
loin du Laurion, une propriété de klassischer Zeit auf Naxos, Praktika tou
20. J. H. Kr r, The Temple E tate
·
2. L'HABITAT RURAL
145
F,g 203 Paia,a opraisra (legréna).
erme à our Plan d'ensemble
D'après Structures rurales 1994,
\ \ \
t :. ..
p 115
, r, .. 1 0 r ,...
t
Fr 204 Pala a ooraise (légréna). l p ?·rl"'t {\)1/fltry H,>L1Se
erme occrden ale Plan d'ensemble. 1083 t-' 1 )f3
203 204
V
était
pour sa part une demeure du type à pastas, dont
205 le
schéma est assez semblable à celui de la maison rurale
du Déma: les pièces d'habitation se trouvaient
bâtiment d'exploitation, complétés à l'extérieur par au nord
et des extensions suivaient sur plusieurs
des enclos à animaux et des aires circulaires à côtés, où l'on
battre distingue les celliers et au moins une étable.
le blé, dont deux à quelques dizaines
de mètres des Un autre groupe de domaines de grandes dimen- 0
cours. L'ensemble était entouré de murs de
terrasses, sions, de date hellénistique ou impériale, fut mis au
comme d'autres propriétés du même secteur qui com-
jour en Macédoine lors de travaux récents sur le tracé
prennent aussi des structures disperséees
(fig. 204). de l'ancienne via Egnatia. Dans cette région de viticul-
Des tours en position isolée, ou intégrées
à la cour ture et d'oléiculture, des tours sont souvent présentes
d'une ferme, ont également été signalées au
prè d'aires à battre le Sounion, sur un des côtés de l'exploitation. Mais dans le golfe
blé, mais le nombre de fer- murs ou de longs bâtiments de service, étaient amé-
du Strymon, près de l'actuelle Asprovalta, une grande des traits défensifs. Le complexe de
mes d'époque classique est moins nagées sur les flancs nord et est de la partie principale. Trypiméni Pétra à
29. Goi.rn. 2000. p. 78-85: revient ur important dans le maison d'habitation rectangulaire à deux étages, divi- Vrasna couvrait une surface trapézoïdale de
.a Clifl?farm» et la «Prince -Farrn », dème du Sounion que dans le reste de la Des enclos curvilignes,
à l'ouest et au sud, devaient 4 000 m2
campagne
«
entrr autre sée en trois pièces à la base, trônait au milieu de la environ, où trois des cinq côtés étaient munis
attique29. respectivement servir à rassembler de tours
30. I
Bo 'c dan. Thasos matières
1
Dans l'île de Thasos, les exploitations
cour centrale d'un complexe rural" (fig. 206) qui fut
battre le blé, tandis qu'un
des animaux et à carrées, à l'opposé de l'étroite porte d'entrée32•
IQQ<J. p. IOl-115 [en grec]. agricoles brièvement en usage à partir de la fin du rv' siècle, petit atelier métallurgique Les
.''
ont toujours été installées sur des murs en briques sur un socle en calcaire
31. P. .\I>\\1-\·u.F?,1. Asprcvalta, éminences dans avec une extension maximale de 915 m2• En position
a même fonctionné
dans la partie sud-ouest de cet supportaient
Liotopi
l'arrière-pays, entre les forêts et les étendues des toits couverts de tuiles laconiennes.
Rout cheh. Countrv Hou e of Clas ical-
d'oliviers
ensemble, au cours de la
troisième phase. Parmi les piè-
Ht lleni tic Date. C?mtn House 2003, qui ont peu à peu remplacé la dominante près d'une route importante, cette maison- ces réparties autour de la vaste
-
vigne, mais il est pos- La région du golfe du
Strymon étant soumise au cour, avec un deuxième
p. 101-lüï.
ible que cette situation ait été liée tour pouvait surveiller aussi bien la circulation que les IV' siècle à de niveau pour celles adossées au flanc
au développement terres alentour. Deux autres cours, encloses par des fréquentes incursions, il s'y trouvait sud, plusieurs
d'autres lieux de production étaient destinées à la fabrication aussi 32. P ADAM-VELENI, The Fortress
qui présentent également bien qu'au
stockage des denrées alimentaires: l'une Complex at Vrasna, Country House
2003,
contenait un p. 95-98.
116 HABITAT, URBA'\1 1E ET FORTIFICATIO S
2. L'HABITAT RURAL
147
h{·
pre oir a Iuu t. deux meules ct un mortier ont
. ,
Fr 207 Arg los. acropole. Plan de la
·1
·
1J '111• ( llll
maison one contenan une huilerie.
,
re troll\ c. , t111t· 'autre était un moulin à céréale, ct d cs nu ir \ I 1 . l <JL I
< l t ill' t
I ( <Jll
,
D'après Z Bonras, J Perreault. BCH ilo. à grain occupaient la partie nor? de I cnscm,b I e.
\ H pt ·itt..,, dont I.1 Hh r.011 1·-,t rarcu« 111 l.ui <'.
124, 2000. p 4 fig. 223
.
acropole d ?r-
11 <
.
< ck I or d( Jct t 11i.,i•1e pl.« l d.ins un <mglt Iu, 2(J<I
11
dut [J or.i:»,
< .
B >r dC
FIG. 208 ÇaJ a. ferme 1. g-ilm, n'a connu entre 350 ct 200 ?u
B une occupation Cc n'est qu<' dans des cornpl<·'\cs importants, comme 2002, P 102
Restitution a onométnque. D'après ag-rairc. mais au cin d'une maison forte. de_ 14 x 14 n?, rd. «fatt iria » Iurato dans l'arrière-pays
de Camarina,
A. B. otesm ·ov, I V Jacen o. où une huilerie occupait
a mur dt· pierres très épais,
,
ïemtoues des cités grecques 1999,
.
r qui mesurait 2.:i,+O x :25 m ct comprenait treize pièces
tout c rez- de - chaussée avec un bas. m de lavage
.
. et, couvertes. que l'on croit éventuellement discerner un
p 301.
· ·
1
,
dan. la cour, deux meules ct un pitlzos ?ou?hc se?ant andrôn parmi un ensemble de pièces résidentielles, à
,
a ·toc k-cr le olive , fig
·
.
, 207 ' le premier etagc
· ctant côté de magasins ct d'espaces destinés à la production
san: doute dévolu à l'habitation. de l'huile.
De telles précaution. défen. ives ?a?prochent ces
exploitations de: maisons rurales fortifiées, ;o.u?antes La question des tours
en ::\Iéditcrranéc ct en mer Noire, plus precr??ment
,
en Cl. 1er. one c Taurique où ont été inventonees de
.
,
Ce qui distingue les fermes des colonies occidenta-
nombreuse. ferme d'époque hellénistique . Dans
. .
:H
les, c'est l'existence très problématique des tours, puis-
un ternit on de' oupé en plu de quatre cents lots rec-
.
·e
que celle qui a été restituée dans un angle de la ferme
tangulaire d'environ 26 hectares, délimités par ?es Iurato est tout aussi hypothétique que celle supposée
route , ce ferme couvraient de grandes superficies, dans la ferme Stefan à Métaponte37• Ailleurs, on ne
peut qu'être frappé par le nombre de maisons rurales
ou de fermes possédant une tour: soit ces tours sont
de 600 à 1200 m2, parce qu'elles pouvaient également comprises dans un corps de ferme, soit elles s'élèvent
posséder des cours ou des bâtiments ?xtéri?urs à la isolées, prises ou non dans un enclos, tout en étant
cour principale. Sans doute pour se premumr contre dans la dépendance d'une exploitation voisine. À
les raids scythes, une tour carrée faisait partie de ces Thasos, les tours intégrées à une ferme (comme celle
structures indépendantes, à moins qu'elle n'occupât de Kamnarokaïko, au sud de l'île) semblent avoir
été
un des angles de la cour rectangulaire, dont les murs au moins aussi fréquentes que celles qui se
dressent
étaient presque aussi épais que ceux de la tour, par en apparente et trompeuse autonomie près des
terres
exemple à Çajka, où la ferme I fut occupée entre 260 fertiles des côtes sud et est38. Selon des calculs assez
et le début du rie siècle (fig. 208). Certaines fermes récents, les exploitations agricoles de l'Attique com-
de Crimée étaient même garnies de tours dans deux plétées par une tour seraient même un peu plus nom-
angles, une particularité qui fait songer aux résiden- breuses que celles dépourvues de tour39.
ces rurales fortifiées du sud de l'Asie Mineure, munies La question de l'architecture et de la fonction de
de deux ou de quatre tours aux angles, avec des murs ces tours édifiées loin des centres urbains
a donné
en pierre toujours d'une épaisseur remarquable: il lieu à de multiples discussions depuis le XIXe
est alors permis de parler d'un type particulier de
siècle,
lorsqu'elles ont attiré l'attention des voyageurs et des
construction militaire en zone rurale que nous étu- premiers archéologues, surtout dans les îles'". En effet, 35. CARTER 2006, surtout p. 136 et 145-
dierons plus loin, chapitre 7.
alors que les rares tours attachées à des unités domes- 146 (tableaux).
Des installations beaucoup plus anciennes sont
tiques urbaines avaient évidemment pour fonction 36. C. A. D1 STEFANO, La casa greca ne!
connues en Italie du Sud, où les exploitations rurales
l'habitation, la destination de celles qui sont situées IV sec. A.C. nella Sicilia sud-orientale,
sont très dispersées à travers la chôra. Dans celle il caso della chora di Camarina,
de extramuros ne saurait être définie que cas par
Métaponte (fig. 286) ont été fouillés une douzaine de cas, en La, Sicilia dei due Dionisi (Atti. della settimana
tenant compte des constructions voisines et des éven- di studio, Agrigente; 1999), N. BOMCASA,
domaines, pour la plupart dans leur état du IV' siècle, L. BRACCESI, E. DE MIRO dir., Rome
tuelles terrasses de culture. La découverte d'éléments
2002, p. 93-115.
mais il subsiste des vestiges remontant au vr siècle, de pressoirs et d'outils agricoles au
comme à Cugno di Pero, où une ferme de plus de
rez-de-chaussée 37. CARTER 2006, p. 144: les murs
d'une tour appartenant à une exploitation montre de la tour supposée, de plan carré,
225 m2 disposait de plus de quatre
pièces, toujours que ces bâtiments servaient d'abord au stockage ne sont pas plus épais que les autres,
en briques crues sur socle de pierres35. et au
Une « fatto- travail, mais des ouvriers ou des servantes et la découverte de poids de métier
ria » exceptionnellement grande
a été dégagée en
pouvaient à tisser n'assure pas l'existence d'un
aussi être logés au niveau supérieur. Nous étage.
I 969 à Contrada Lago del
Lupo; une autre, à Ponte verrons que
dans les régions exposées à la piraterie, ces 38.
Fabrizio, était dépourvue de
cour, contrairement
tours pou- R. ÜSBORJ'-IE, Island Towers,
vaient aussi être aptes à l'observation et à la the Case of Thasos, ABSA 8 I, 1986,
à la ferme Stefan, dont la
petite cour centrale était défense p. 167-188.
(p. 356-35 7).
entourée de plusieurs bâtiments. 39. LOHMANJ\" 1993, p. 137.
En Sicile, seuls les En plus des tours remarquées dans la
territoires de Géla et de Camarina
ont été à peu près région du 40. Voir en particulier L. Ross, Reisen
Laurion (fig. 15 7) et dans toute la campagne
33. <wwwargilo: .org> aussi bien étudiés que celui
de Métaponte; à défaut attique, auf den griechischen lnseln des iigiiischen
en Mégaride, en Béotie, ainsi
34. -0\\l(U 1975,p.59et 112 d'un bilan complet, c'est le
plan de ces exploitations qu'en Asie Mineure et Meeres, Halle 1840-1843 (avec un essai
Kou en Crimée, on sait que ce genre d'interprétation).
et uiv .• A. B. :\IKO\', construites dans l'île à partir du ye de structure est pré-
I \.J xczxxo, Le territoire agricole siècle qui a déjà pu sente en mer Ionienne (dans les îles de 41. S. MORRIS, The Towers of Ancient
de Cher onè o. taurique,
être analysé", Il rappelle
le plan des maisons rurales Pharos et de Leukas, Result of a Topographic Survey
Temtoires
Leucade 41, fig. 210) et en mer Égée: à Thasos,
dt.1 cités f!,recques 1999. p. 289-321 de Vari ou du
Déma, en ce sens qu'il à Lesbos, 1991-1992, Hesperia 70, 2001, p. 285-
\Rfl.R 2006.
;
s'agit d'unités en Eubée, dans les Sporades 34 7 (if. A. Dousoucu, S.
plus souvent rectangulaires et principalement dans Momus,
les Cyclades - où ce « trait fondamental
•
2. L'HABITAT RURAL
149
,r J irj r j l
tr 1, I
tv•
2. L'HABITAT RURAL
151
Fig 213 Siphnos Plans à la base
de vm -qua re tours . dans la plus
-----
gr nde (n° 34, la « our blanche • ). r •
res s d'un presso r. D'après
30.30?28
J H Young, AJA 60. 1956. p 139
19 2
Q30
0 9
(
jjJ •
\
vantail était a, ujctti par des barres
\
horizontales, comme à Arnorgos t
et ,l ·a\.o : L. H\s1:LBFRGFR, AA 1978, \
p. 3 lj-375. qui relève a priori de la technique défensive, d'autant depuis longtemps été interprétées comme servant
que des barres horizontales permettaient une ferme- au guet et à la protection des animaux, ainsi que des
'\
50. R Io11.1-K.\s11\.Bll:\'eta/., }
2. L'HABITAT RURAL
153
être attribué aux nornb ir: .u.un , It rour-, de.., l \c!?tdt , .i i i-i ctr clc.., tour
Peut ega1 em ent
,
F . 215. Amorgos. our de R1cht1. .
I· lAtuque '1\ de ld 1Iégaride, ck Lesbos' et d,· I' \ w
.
o aI de l'appareil du mur.
1p h nos
.
qui ,
liées à des exploitatio- t rr. 1- 1
de . ,
111veaux ·
l'île dl' ?iphnos le sont toutes. Cc plan plus propre :1
. ,
a Vlll OU h Ulilerie (un
, ·
contrepoids de presse a o ives a 1·
la défense et d'autres traits architecturaux d'un cer-
. ,
'
ete retrouve dans la
, , tour la mieux conservée, A vpros tain nombre dr- ces structures, en particulier la pré-
,r,
blanche» ' près d'une citerne 1, ou
.
niveau servant à regarder au lorn sages (à Leucade, à Naxos, à Amorgos, fig. 215), ainsi
bonne visibilité. que la porte à fermeture renforcée, suggèrent que
.
Il faut encore mentionner un type particulier de
.
était creusée, à l'intérieur, de deux rangées de quatre des tours liées à une exploitation était très supérieur 59. Un modèle de maison-tour trouvé
à Samos remonte même au milieu
cavités rectangulaires, profondes d'environ 25 cm, à celui des tours réellement isolées, H. Lohmann du VI' s.: SCHATTNER 1990, n° 26,
d'où mille deux cents boulins. Les volatiles péné- jugeait qu'il fallait éviter de considérer séparément à un étage et à toit plat supporté
traient par la dernière assise, lisse à l'intérieur mais les tours agricoles et celles susceptibles de par des poutres saillantes (mais les
taillée en tablette saillante vers l'extérieur. Il n'est
servir au n° 27 et 28, datés des VIIIe et
des
guet ou à l'envoi de signaux63: malgré leur technique VIIe-VIe s., peuvent difficilement être
pas indifférent de relever que ce pacifique colombier,
constructive, il estimait justifié de «démilitariser» a qualifiés de « Turmhaus », n'ayant
construit un peu en hauteur et assez proche du rivage priori les tours et de considérer que,jusqu'à qu'un seul niveau).
pour servir à l'occasion d'amer aux marins, exigeait preuve du 60. LoHMANN 1993, p. 150.
contraire, chaque tour isolée avait de grandes chan-
lui aussi une échelle pour accéder au seuil, comme 61. N. SPENCER, Towers and
ces d'être tout simplement une partie d'une
nous l'avons vu dans les Cyclades. ferme, Enclosures of Lesbian Masonry in
c'est-à-dire un exemple d'architecture rurale. Dans Lesbos ... , Structures rurales 1994, p. 207-
Le fait qu'à ce jour, seules les tours des
dèmes ces conditions, il paraît évident que
seul un riche pro-
213 (grandes tours rectangulaires, jugées
attiques et celles des îles de Siphnos, Thasos, de date archaïque d'après l'appareil
Kéa, priétaire terrien a pu prendre à sa charge la construc- des murs).
Naxos, Arnorgos et Leucade aient été bien ou
assez tion d'un tel édifice, visible de loin, qui contribue
bien explorées, incite à la prudence dans à le 62. A. KONECNY, Militarisches
l'interpréta- mettre personnellement en valeur64. Formengut- Zivile Nutzung, die
tion de cette architecture. N'oublions pas
que la majo- Quoi qu'il en soit de leurs fonctions, nous ne lykischen Türme, REA, 96, 1994,
rité de ces tours reste difficile à dater p. 315-326, et lD., Hellenistische
avec précision pourrons pas nous dispenser de revenir sur les
:
entre la fin du vr siècl« (à Thasos,
d'après une inscrip- tours Turmgehofie in <,entral- und Ostlykien, Wiener
indépendantes dans le cadre de l'étude des fortifica- Forschungen cur Archaologi,e 2, Vienne
199 7.
tien)" et le début du me siècle, la
période ve-rve siè- tions, où seront aussi envisagées les résidences 63. LOHMANN 1993, p. 138 et suiv.
cles paraissant prédominante
en Attique. Si celles de forti-
fiées des zones frontières. 64. Çf H. LOHMANN dans Stuttgarter
Thasos sont plus souvent de plan
quadrangulaire que Kolloquium 2002, p. 110-147, surtout
136.
2. L'HABITAT RURAL
155
/ .
I apitr 3. Matena x, ------
t-1
r
(f-r
Ç +
t vi-
rt
techniques
,-.
et hydraulique
En conséquence, le niveau du sol diffère générale- celles du Pirée et de Rhodes hellénistique, toutes
ment d'une pièce à l'autre.
deux
dépourvues d'une nappe phréatique abondante, qui
La construction d'une maison sur une pente per- aurait empêché de creuser trop en profondeur, on
met d'économiser une partie des fondations: le pre- connaît des caves servant de cellier ou d'entrepôt
mier niveau, à moitié enterré, sert alors de substruc- dans des maisons spacieuses d'Alexandrie9, et
tions pour le niveau supérieur. Cette méthode a été
surtout
à Mégare: en effet, la fréquence des caves à murs
I. GR.\'1,DJI.\'> 1988, p. 368, qui renvoie largement utilisée à l'époque hellénistique, depuis la de
?!\Rn\, Manuel d'architecture grecque pôros bien appareillés est un fait
,1 R.
Macédoine (Pétrès) jusqu'en Sicile (Solon te, fig. 91
remarquable des mai-
I \lat 'naux rt techniques, Pari. 1965, )6, sons de Mégare classique et hellénistique
p. 314. ainsi qu'à Pergame et à Éphèse, où les « Hanghauser » (fig. 216),
réputées dans l'Antiquité pour la qualité de
2. D \LC.HIR 1994, p. 26 11ai on seront toujours appréciés à l'époque romaine. leur
construction10• Mais la fonction de ces caves
à péri. tyle I ; A. Pr CHLO\\ dan
Si une construction en pente peut semble
lluhmm?5bau un Altertum 1973, p. 102- entraîner la avoir été un peu différente sur le littoral nord
101 (p rite mai on. utili ant aussi création d'une boutique ou d'un lieu de stockage de la
exemple à Thorikos, à Orraon-Ammotopos, à Iaitas, en mer Noire, à Mésembria ou à Olbia Pontique. 6. WOLF 2003.
la paroi roc-heu e verticale, dan la
région d'Hérarlée du Latmos . I. L)évolution des matériaux ou encore en Carie2); ce dernier a même parfois été
demi sous-sol, il arrivait aussi que des caves
entière- deux villes ont en commun leurs caves
maçonnées,
Ces
7. M.-Ch. HELLMANN, Caves et sous-sols
ment en sous-sol jouent le rôle de silos ou
3. 1922. p. 25; 1924, entaillé de manière à former une partie d'un mur (à d'entrepôts 7. adjointes à des fondations qui sont, elles aussi, dans l'habitat grec antique, BCH 116,
H.\.\10 ·.\RD
237: le mur porte même parfois et des techniques De la même manière, une fonction
de stockage pou-
d'une 1982, p. 259-266.
p. Latô). Pour les maisons de Délos, la dureté du sol gra- très bonne qualité. Puisque Olbia11 était un
ur le roc. vait être donnée à une ancienne citerne carrefour 8. M. K. LANcooN, The Quarries
nitique ou gneissique rendait malaisé le creusement rectangulaire, commercial dans une région vinicole, à l'instar of Peiraieus, AD 55, Mélétès, A, 2000
4. . KR\ ZHICKIJ, Origines
Les fondations et le sous-sol ou encore une citerne en
cloche, un sort qu'ont égale- de
développement d'une koinè de fondations, qui restent peu profondes", et il faut Rhodes, on a pensé que les amphores à vin [2004], p. 235-250.
tt ment connu des petites carrières
urbaines lorsqu'elles étaient
architecturale dan le cité grecque mettre à part les faibles fondations de l'habitat dans habituellement stockées dans ces caves, mais on 9. NOWICKA 1969, p. 114 (caves
et le établi sèment helléni é Pendant les fouilles anciennes les archéologues n'étaient plus exploitées. Comme
elles appartenaient sait voûtées); HUSSON 1983, p. 131-133
la région d'Olbia Pontique, qui superposent des cou- que celles-ci étaient également destinées
·
n'ont pas toujours prêté attention aux fondations; les à des particuliers elles
ont été récupérées, surtout au à l'habita- (fonction mentionnée surtout
(, I' - t• s. a. C. , Une koinè pontique. ches d'argile et de terre mêlée à de la cendre et des tion, en souvenir de ces cabanes semi-enterrées, dans des papyrus d'époque romaine
publications récentes sont heureusement plus prolixes Pirée8 et à Rhodes, à des
fins domestiques: avec leurs typi-
Cités gTtcques, Jon.élis indigènes et empires fragments de céramique". Pour le reste, on c?nstate ques de la construction autochtone ou byzantine).
mondiaux sur le littoral nord de la mer Xoire à ce sujet. faces aplanies elles ont
été converties, non seulement (fig. 24), qui ont
(vtr 5. a. - 111' f. p. C), Ausonius; Mémoires
que la majorité des habitations grecques possede des en citerne, mais
dû être adoptées par les premiers
colons du Pont12•
IO. Elles restent malheureusement
.
Alors que certains murs étaient exempts de fon- aussi en atelier, en cellier, voire peu publiées: Chronique du BCH 109,
18, . BRr.. ox, A. Iv .\..Yrcmi;:, fondations élevées sur une ou deux assises en moellons en Dans les maisons olbiennes d'époque
hellénistique,
bruts, plutôt qu'en pierres taillées - toujours locales.
.
habitation ... Toutefois, même 1985, p. 771, et ibid. 113, 1989, p. 594;
J.-L. FtRR.\RY éd., Bordeaux 2007, dations, en reposant sur une base de terre compacte1, si ce phénomène est
qui étaient sans étage et de dimensions TRAVLOS 1988, p. 259 et fig. 342-343.
urtout p. 129-130. il n'est pas rare que des maisons, quelle que soit leur lié au développement
urbain, les caves associées à médiocres au
Les deux techniques peuvent au?si coexiste,r, s?r sol malgré une grande cour (200 m2 11. A. WASOWICZ, Olbia Pontique
5. Rrn.R 1998, p. 21. taille, aient été fondées directement sur le rocher (par _u? des maisons grecques
sont aussi rares que la liste des au maximum), la
même site, comme dans le quartier ouest d Eretne présence de locaux d'habitation au niveau et son territoire, Paris 19 7 5.
inférieur
·
villes riches en
niveaux souterrains est courte.
Après (fig. 21 7), desservi par un escalier de 12. KRYJ1TSKI 1982 et S. KRvzmcKIJ,
pierre, se justifiait loc. cit. note 4.
' ,
rnoe Il ons qm devait
les protéger del humidité et des
·
chocs. ·,
,
posteneurs, 1 a mamere l a p l us
.
,. .
de prévenir les distorsions dues aux sersrnes. ?ive:s
ma tériaux ont été recensés pour ces socles, d apres
Jes disponibilités loca!es : de gros galets d e nviere ('a
.. ,
OJ nthe, à Locres Epizéphyrienne), des moellons
br:ts, des blocs plus ou moins taillés, et même des
p Jaques de
calcaire taillé. Plusieurs assemblages pou-
vaient coexister dans une meme maison, correspon-
A •
grossièrement taillés, les constructeurs des luxueuses l'extraction sur place était aisée. En plus des
demeures d'Érétrie16 avaient décidé de former l'équi-
briques,
le gneiss et le marbre ont ainsi été
mis en œuvre à
valent d'un socle d'orthostates avec d'imposantes Thasos, et Délos est un des nombreux sites où
pierres trapézoïdales à parement ciselé, ou encore
les
murs de toutes les maisons ont été très habituellement
des grands blocs polygonaux réunis dans le sens ver- élevés en pierre, principalement du gneiss.
tical en empilant des pierres plus petites (fig. 218),
On l'a
aussi constaté sur la colline en marbre de
Dystos en
une technique sophistiquée également appréciée
dans les Cyclades pour des édifices civils ou religieux.
Eubée ou encore à Orraon-Ammotopos d'Épire - où
la conservation des murs en appareil
Quant aux briques leurs calibres varient selon les pseudo-isodome
est remarquable, sur plus de 2 m de hauteur
sites, mais elles sont toujours rectangulaires et leur
112)- et en Sicile à Mégara Hyblaea, où
(fig. 111-
longueur tourne généralement autour de 0,45 m. Si l'appareil
de pierre, en orthostates sous des blocs
elles étaient en principe employées crues,
plus petits, fut
des briques choisi dès le premier lotissement du site.
cuites ont aussi été mises en œuvre pour renforcer
les Certaines techniques employées pour les appa-
angles, dès le milieu du IVe siècle dans des
maisons reils complets de pierre demandent
de Kassopè, et dès la seconde
moitié du même siècle
à être exami-
nées plus à fond. Même si l'appareil est
à Thasos17• Le recours aux briques
était particulière- globalement
de médiocre qualité, les blocs
ment fréquent en Thessalie sont souvent mieux
(à Démétrias), en Grèce taillés près de l'entrée et aux angles,
du Nord et du Nord-Ouest comme à Éré-
(à Pétrès), enfin dans les trie (fig. 58) et à Pergame, où les pierres
?
colonies occidentales, où la bonne
pierre était nette- sont plus ou
moins polygonales. Les îles des Cyclades,
charbon de bois ment moins à portée de main qu'en
Grèce métropoli- y compris
leurs colonies comme Thasos19, se distinguent
C) poches de pisé taine. Les briques n'étaient
pas non plus inconnues à par la
préférence donnée au montage des murs en
e3 fragments de mortier Délos (par exemple dans la
Maison des sceaux), mais parement (fig. 220), celui de l'extérieur étant
double
219
--
o S 10 15
--
20 25Cm
pour les cloisons intérieures
terre dans un coffrage,
on préférait tasser de la
sur un socle de gneiss : parfois
plus soigné et plus monumental; cette
parfois dite « cycladique » permet généralement
alors
technique
14. Érétrie 2004, p. 170.
15. Geschichte des Wohnens 1999, p. 530;
complétées par des chaînages
en bois, ces cloisons en une New Halos 2003, p. 42 (traces des
meilleure conservation. Parmi les sites non chaînages).
13. L. ,. 00\1\-?lw O\" d'autant plus qu'il s'y trouvait parfois plusieurs piè-
pisé (fig. 219) étaient
une particularité de la construc- volcani-
L'a hiiectur dome tique à
,
faut néanmoins admettre que la destination exacte de tion ques, seules Phocée et sa colonie occidentale, 16. REBER 1998, p. 21 et 140-141.
ce , réunies par des galeries. La même
délienne18• Vélia,
;\1 mbria. IV-II a\:j.-C .. interprétation ces caves est rarement claire dans d'autres régions de ont eu recours à l'appareil polygonal à 17. Bib. dans GRANDJEAN 1998, p. 384
.
zones dccorat1ves P
.
. .
soubassement de mur en calcaire ;
et d' argi il e. Les plafonds portaient unifor-
mortier de chau avec eclats det chaux
cou leur rouge ou pune; pour ce q ut .est
. .
,
mr mem une
,
d? gale s ; s. couche de mortier '
enrichi «tapis»
. .
che de pierres .
étant ensuite recouverts d un mortier
,
Fig. 222. Thasos. îlot de la Porte
chaux, l es ga e ts
I
1
,
du Silène. La Maison de l'est dans
. .
En la
chaque siit e et même ' à
la limite, chaque maison
Alors qu , une maison
.
avaien t
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non à Thasos28• Dans une maison d'Érétrie, une la Maison aux mosaïques d'Érétrie deux :
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Fig 228. Délos. restes
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porte donnant sur une rue parallèle h
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d'un chariot.
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Fig 230. Eretne. Quartier ouest.
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Éch. 1.30. D'après Reber 1998,
p. 122 f,g. 193.
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ioniques à fasces (fig. 228). Leur largeur rétrécit
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vers le haut, car les chambranles monolithes en mar-
bre sont taillés et fixés sur le seuil de manière à s'incli-
ner vers l'intérieur de la baie46•
Sauf exception, comme à l'issue intérieure d'un
vestibule (fig. 110), les battants ouvrent vers l'inté-
rieur", On se souvient que les portes d'entrée sur rue
étaient plus larges, surtout lorsqu'il fallait prévoir le
passage pour une charrette48 (fig. 49 et 229) en plus
y
d'une étroite porte piétonne, dans les villes où l'urba- 0
nisme n'était ni trop pentu ni trop tortueux. D'après
les traces des trous de fixation sur les seuils, même les
baies intérieures, qui ne dépassaient pas I m de lar-
geur, étaient plus souvent fermées par deux battants
que par un seul49 (fig. 59 et 230), mais l'absence fré-
quente de toute trace de pivots sur les seuils intérieurs
q D
prouve que des battants n'avaient pas toujours
été
prévus. Puisque de nombreux anneaux en fer ont
été
retrouvés dans les fouilles, il nous faut supposer l'ac- 230
une en haut et en bas), où les clous étaient régulière- les chambranles sont en bois, plus rarement en mar- crochage de nattes ou de tentures, un procédé 46. Ch. LLINAS, Inter duas januas
ment disposés et décorés de cabochons". Mais alors connu verticaux ou horizontaux pouvaient être bouchés avec Maison du Lac, ÉD, surtout p. 309-324;
à la
bre (dans des maisons plus riches), mais sur le site de à toutes les époques et dont l'usage
est confirmé par
que les planches de la plupart des portes de maisons de vieux tissus, les baies plus importantes
Délos, qui présente la plus grande variété de seuils des inscriptions (ID 354, I. donnant sur if. CHAMONARD 1924, p. 261-283.
grecques, intérieures et extérieures, n'étaient pas 68). Plus rarement, le mur la rue étaient complétées par des volets à un ou 47. O!Jnthus 1938, p. 255-256.
( en marbre, en gneiss, ou encore en bois, lorsque le qui longe la cour se composait deux
clouées avec un tel souci décoratif, la riche documen- d'une rangée de piliers battants51, du même type que ceux des portes, comme 48. Ainsi la Maison II d'Érétrie; pour
seuil manque) et d'encadrements, l'usage du marbre serrés: à Orraon-Ammotopos50 c'est sans doute un Halieis: AULT 2005, p. 59-60.
tation, archéologique et papyrologique, que nous a en témoignent les cavités pour fermeture et les
ne semble pas être en corrélation avec une distinction cellier, d'après la vaisselle et des traces 49.
laissée l'Égypte gréco-romaine à ce sujet suggère restes de nourriture ' laissées par des pivots latéraux. Néanmoins, les volets REBER 1998, p. 120-121.
44. Huus urd tadt 1994. p. 155 fig. 148. que sociale. Alors que beaucoup de chambranles déliens qui profitait ainsi d'une large
ventilation (fig. 195). 50. Haus und Stadt 1994, p. 146-148,
j des portes en bois de maisons de Grèce continentale clos avaient pour inconvénient de plonger la pièce
p. 31 fi?. 299. ne sont que de minces dalles, la Maison du Lac On imagine la fraîcheur qui
s'insinuait à travers les d'après les publications précédentes de
45. Ht O\ 1983. p. 93-107 (même si pouvaient aussi être peintes45. dans le noir, à moins de laisser la porte ouverte, une S. Dakaris.
celle du Dionysos offrent de bons exem-
(fig. 181) et fe?êtres dépourvues de vitrages,
pendant la mauvaise
le pone. peinte. reflètent un goût trè Pour les tableaux des portes existaient également arrivée d'air étant de toute façon indispensable même 51. Reconstitution d'un volet à Orraon-
égyptien]. ples de portes extérieures à encadrements doriques, saison et même tout au long
de l'été, dans ces îles des
plusieurs possibilités. À Pergame comme à en hiver, afin que puissent s'échapper la
fumée et le Arnmotopos: Wohnungsbau im Altertum
Thasos plus sobres et plus nombreux que les encadrements Cyclades balayées par le vent.
Tandis que les jours 1973, p. 109. Çf Îlot des comédiens 1970,
monoxyde de carbone des braseros ...
p.134etfig. l02.
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Pour éviter les intrusions intempestives les baies une légère pente vers un angle et en calant des petites
du rez-de-chaussée pouvaient être closes par des bar- bordures d'argile sur les côtés. Il suffisait alors d'insé-
reaux de métal (fig. 2 31) ou des sortes de claustra en rer une pierre concave dans l'angle pour diriger l'eau
pierres2. À Délos ont aussi été retrouvés de nombreux vers une jarre placée en dessous55•
éléments de cadres de fenêtres en marbre (fig. V) : Les toits en croupe des maisons de plan curvili-
des jambages, des linteaux moulurés (fig. 232) et des gne se composaient de chaume - quelques modèles
appuis monolithes, ces derniers parcourus par une de maisons archaïques, retrouvés à Samos
(fig. 27), en
feuillure et, parfois, par un canal qui empêchait l'eau donnent une idée56 -, de même que les toits à une
de pénétrer à l'intérieur53. Mais toutes les fenêtres seule pente de deux maisons rectangulaires de date
n'étaient pas forcément entourées de pierres spécia- géométrique, à Delphes57. Mais la couverture de tui-
lement taillées, ni même de bois, puisqu'il suffisait de les en terre cuite, qui protégeait mieux des intempé-
découper les pierres d'assise en fonction de l'ouver- ries et du feu, sans exiger un renouvellement annuel
ture et d'y poser une bordure de stuc blanc. comme le chaume, s'est peu à peu imposée à partir du
On avait recours à peu près à la même techni- moment où le plan rectangulaire a supplanté le plan
que pour créer des placards ou des niches dans le curviligne; on revint alors aux tuiles en terre cuite,
parement interne de certains murs à double cours; la déjà en usage à l'époque mycénienne58. Ce
cavité rectangulaire recevait ensuite un cadre en bois
type de
couverture, sur un toit à double versant, n'a pour-
et parfois même des battants. Les exemples en sont
tant jamais fait disparaître les toits en terrasse, même
nombreux dans les maisons déliennes (fig. 233), mais dans le nord de la Grèce où la pluviosité était plus
le dispositif est nettement moins attesté ailleurs54.
forte: les toits d'Olynthe étaient normalement pen- 52. CHAMONARD 1924, p. 289, 293;
Îlot des comédiens 1970, p. l 09 fig. 89.
tus et couverts de tuiles, mais on connaissait aussi
Les toits et leurs couvertures y En Égypte ptolémaïque les maisons ne
les toits plats59. L'étude des toits de Halieis, d'Érétrie possèdent que des jours ou sont même
et de Délos révèle qu'un mélange des deux parfois privées de fenêtres, en raison
Sous le toit le plafond des maisons était habituel-
systèmes du climat, mais dans les archives de
pouvait aisément se rencontrer dans une même habi- Zénon celles de la demeure d'un grand
lement constitué par la charpente laissée apparente.
tation, surtout s'il fallait faire face à des dénivellations. dignitaire sont dites « barreaux» ou
à
Les toits en terrasse sont toujours restés très en Des pans de couvertures étaient alors imbriqués de à « grillages de barreaux obliques»
faveur, et pas seulement dans les îles au (HUSSON 1983, p. 109-118).
sud d'Athè- différentes façons (fig. 109 et 234), d'où un toit non
nes. Les fouilles de Zagora, menées
avec grand soin, 53. CHAMONARD 1924, p. 289 et suiv.
232 233 homogène, comme on peut en voir aujourd'hui
donnent une idée de la construction 54. CHAMONARD
•
Fig. 231. Délos, exemp es d e f enetres qn·11 agees.
·
d'aprè s Îlot des comédiens 1970,
traditionnelle encore dans le sud de la France et sur tout le pour- 1922, p. 201-203;
I J .·
p. 109 fig. 89 2, d'après Chamonard d'un tel toit (fig. 31): des poutres GRA.t'\TDJEAN 1988, p. 412.
1924, p. 293 fig. 168.
;
transversales, qui tour méditerranéen. Mais la Maison d'Harpocrate,
supportaient de fines plaques de 55. LA.Ne 1996, p. 110.
schiste, étaient à Solon te, montre une combinaison plus originale: à
Fig. 232. Délos, Quartier du théâtre, insu/a li. Encadrement de fenêtre en pierre à moulures ioniques. posées en rangs serrés sur les murs 56. SCHATTNER 1990, p. 180-184.
et maintenues au côté de toits en tuiles corinthiennes, un toit en terrasse
centre par un ou deux poteaux 57. LUCE 2009, p. 34 et 65.
Fig. 233. Délos, Quartier du théâtre. Seuil d'une boutique fermée par plusieurs battants en bois, dont le pied avait été recouvert avec une couche d'opus
à l'intérieur, une niche murale. était isolé du sol par une signinum, 58. HELLMANN 2002, p. 299.
dalle de pierre. Au-dessus,
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d'un auven • sur des vases pem s. même type appar t enar u a la ( en majorité u recs .
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tes architectoniques n
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61. HH 1.\1, 200:2. p. 285-286.
concave puis convexe. Il est bien possible que les t?:- marque de standing, puisque même dans l'habitat aisé les astynomes de Pergame se préoccupaient du bon
62. ilot dt1 comidtms I 9i0. p. 6!-66. propne- Fig. 238. Pergame, deux modèles
63. \irhi d,111 la maison de Van Altic
le corinthiennes ait été réservées à de riches des Déliens, qui connaît aussi les antéfixes (fig. 236), écoulement de l'eau des fontaines publiques - bien de citernes domestiques, en cloche
taire cette hypothèse avait été avancée à propos de
:
..mmh) /!ou e 19i3. p. l2i. les tuiles à chéneau simple n'étaient pas des plus cou- sûr, cela faisait partie de leurs fonctions -, mais afin ou en bouteille. D'après W. Brinker,
:
l
théorie72: le pragmatisme prévaut lorsque nécessité (n° 1, à jours latéraux).
léoacuatum de leurs eaux usées fait loi. L'eau des puits et des citernes pouvait donc à 69. GRANDJEAN 1988, p. 391 et n. 4;
REBER 1998, p. 126 fig. 197-198.
l'occasion être bue, d'autant que «l'eau qui vient de
70. Geschichte des Wohnens1999, p. 161
Zeus» bénéficiait a priori d'un préjugé favorable. et 191 : restitution des toits à Emporio
Le droit à I' eau Il est rare que des maisons grecques aient pu être de Chios et Xombourgo de Tènos,
dotées d'une adduction d'eau particulière, venant dessin d'un modèle géométrique
Dans la Grèce antique, chaque famille était de Chanialé Tekké en Crète.
?
jugée d'un réseau urbain, avant l'époque romaine. Ce
responsable de son approvisionnement en 71. MARTTh' 1974, p. 57-67; HELLMANN
I
eau, qui système n'avait été prévu que dans quelques villes 1999, n° 2, surtout p. 20-21.
devait être suffisant pour les besoins
0,22 plusieurs de hellénistiques globalement bien approvisionnées et 72. Les textes antiques à ce sujet
personnes. Mais des règles collectives
s'appliquaient situées au nord d'une ligne passant par Athènes: l'eau sont bien connus; exemples dans
dès qu'une maison s'avérait à la
fois dépourvue d'un M.- Chr. HELLMANN, L'eau des citernes
L--· ·--
accès particulier à l'eau et
taine ou d'un puits banal: il
trop éloignée d'une fon-
était alors permis d'aller
d'une source plus ou moins éloignée avait été guidée
jusqu'à l'unité domestique par des canalisations en
et la salubrité, textes et archéologie,
Eau, santé et maladie 1994, surtout p. 274-
terre cuite. On l'a constaté pour la « Maison B » de 275.
se servir chez le
voisin (Platon, Lois 844 a-b). À l'épo-
que hellénistique, quand
Leucade, dépourvue de puits dans la cour, contrai- 73. Geschichte des Wohnens l 999, p. 421.
l'urbanisation grandissante rement à d'autres maisons de l'île (fig. 118)73, et sur- 74. P ADAM-VELEN!, Petres 1995,
s'est accompagnée d'un
accroissement des besoins, tout à Pétrès en Macédoine occidentale74. Dans cette The Fountain District, AEMTh 9, 1995
236 237 [1998], p. 15-23. Çf supra, p. 70.
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242
243
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VJ e haut perchée d'artisans, une conduite enterrée nombreuses à partir du ive siècle, il ne s'en trouve pas Fig. 242. Érétrie, Maison aux
. ,
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amenait l'eaupotable captée à une source Jusqu , a dans chaque habitation de la cité ". Comme Thasos, mosaïques. La dalle-margelle
L I
une fontaine publique; de là elle était distribuée par
des tuyaux souterrains en terre cuite dans l?s rues et
l'île de Leucade bénéficiait d'une bonne pluviosité, en
sorte que les puits sont courants dans les cours des mai-
d'un des puits.
210. Les puits domestiques Les puits privés sont en principe circulaires,
?·.:.·>··: ...
à l'époque archaïque c'était même la seule forme
Fig. 240. Thasos, quartier de la Porte
du Sifene. Restitution des maisons
·.::,_:{. À condition de disposer d'une nappe phréatique connue sur la plupart des sites. Leur diamètre à l'em-
des îlots I (à g.) et li (à dr.) à la fin suffisante et pointtrop profonde il était facile de forer bouchure est variable à Thasos il est en moyenne de
:
du ,ve s., avec des puits des puits; la méthode était simple 75• Même à l'époque 0,50 m, mais à Syracuse'" il va de 0,60 m à 1, 10 m
dans les cours. D'après Grandjean
hellénistique, on persista souvent à se contenter de selon les zones de la ville, les puits hellénistiques
1988, pl. 90.
parois en pleine terre ou d'une section en maçonne- paraissant plus étroits. Les puits carrés sont toujours
Fig. 241. Érétrie, Maison aux rie sur une faible hauteur seulement à partir de l'em- restés moins banals. Certains s'expliquent par leur
mosaïques. Détail du chemisage bouchure (fig. 239). Les puits ont donc toujours eu la
d'un des puits. D'après Ducrey
position dans la maçonnerie d'un mur, comme ce
faveur des Grecs, même quand les cours péristyles se puits du Quartier du théâtre à Délos (îlot III, Maison
1993, p. 76 fig. 84.
sont multipliées et avec elles les citernes creusées sous
K), dont l'ouverture est encadrée de marbre mouluré.
le sol de la Malheureusement, il n'existe pas de
cour. Seuls des puits de date hellénistique étaient entière-
statistiques fiables sur legoût des anciens Grecs pour ment maçonnés, ou chemisés à l'aide de cylindres en
les puits, les archéologues ayant rarement
manifesté terre cuite superposés81 (fig. 241); tous étaient autant 75. Exemples dans Vitruve,
de l'intérêt pour des installations d'une
technique que possible creusés d'encoches sur la paroi, pour VIII, 1- 7.
De architectura
aussi modeste, au point que la découverte
d'un puits permettre d'y descendre. Si leurs parois construi- 76. Mégara Hyblaea 2004, p. 486 et suiv.
est d'abord prétexte à la publication
du matériel qui tes étaient parfois chaulées par souci 77. Y GRANDJEAN, L'eau dans la ville
l'a comblé plutôt qu'à sa description d'hygiène (à de Thasos, Eau, santé et maladie 1994,
précise. Délos), la perméabilité aux infiltrations polluantes
La fréquence des puits est frappante p. 283-295.
à Mégara était le point faible de tous ces puits, qui étaient nor-
Hyblaea, où la construction de petites 78. Geschichtedes Wohnens
1999, p. 417.
maisons en malement dépourvus d'enduit hydraulique, avec des
PROF. MAX.: 3,52 m.
dur, dès la fin du vnr siècle, est allée 79. MERTENS 2003, p. 247
de pair avec le exceptions qui ne font que confirmer la règle. Pour (dans les maisons du V's. à Sélinonte);
I
creusement d'un puits dans la cour
I attenante à l'ha- signaler un puits au niveau du sol une dalle de pierre DUCREY 1993, p. 75-77 (dans la Maison
bitation". À Thasos, où les aux mosaïques, trois puits dont un à
I
puits constituent l'unique évidée (fig. 242), monolithe ou dilithe, pouvait
I
... ·-· mode d'alimentation de la
ville, ils sont habituelle-
suffire, cylindres chemisant les parois)
mais il existait aussi des margelles un peu plus hautes
·
I :
-· et REBER 1998,p. 142-145.
:·: -·
·
•.
...
. .-.·.:
ment situés dans des cours
.1, li (fig. 222 et 240) ou des et donc plus visibles: en terre cuite, grossière
.
- -----_,
--
--------.
244
246
L'idée prévaut qu'à l'époque hellénistique c'est du visiteur89. Leur couverture en partie tombée per-
]'appauvrissement progressif de la nappe phréati- met à la fois d'estimer leur volume de stockage?" et de
245 que, venu s'ajouter à des besoins en e_au accrus, qui comprendre la technique de couvrement employée,
par poutres planes (fig. 245) - c'est la plus ancienne -
_a
entraîné le recours grandissant aux citernes domesti-
Les puits découverts dans l'habitat hellénistique ques. Pourtant, les raisons de l'adoption de ce dispo- ou par des arcs (fig. 246). La décantation se faisait le
lorsqu'il fallait pallier l'absence ou l'insuffisance d'une
d'Alexandrie font partie d'un système d'approvision- sitif diffèrent selon les sites: dans les maisons hellénis- plus souvent de manière naturelle, par gravité, les bas-
nappe phréatique par le stockage des eaux pluviales.
nement en eau particulièrement original et com- Toutefois, à cause de la méfiance des Grecs envers tiques de Crète (par exemple celles d? Nissi, une des sins de décantation construits en amont de la citerne,
plexe, dans le domaine privé comme dans le secteur deux collines où s'étendait l'antique Eleutherna), les comme celui de la Maison du Diadumène (fig. 24
l'eau stagnante, les citernes83 ont surtout collecté de 7),
public82. Les puits des premiers niveaux d'occupation, citernes représentaient de toute façon le seul mode étant beaucoup moins fréquents que les grilles placées
l'eau pour des lavages; elle n'était considérée comme
de conception semblable à ceux fouillés dans le reste d'approvisionnement. Ailleurs elles pouvaient être au débouché des tuyaux verticaux. Quant aux mar-
potable, après ébullition, qu'à défaut de fontaines ou
du monde grec, avec des échelons sur les parois pour de puits. Par souci d'hygiène et pour assurer leur étan-
aisément creusées sous les cours dallées, avec une
gelles, elles étaient identiques à celles utilisées pour
faciliter le curage, atteignent la nappe phréatique, chéité, les parois de ces citernes étaient normalement
couverture au même niveau, l'orifice de puisage étant les puits et pouvaient même être complétées par un
comme il est normal. Mais cette ville se distinguait recouvertes d'un mortier hydraulique. plutôt en bordure qu'au centre de la cour. À l'ins-
regard (fig. 248); s'il existait des édicules à treuil en
par l'existence d'adductions complémentaires, ces On en connaît dès le ye siècle, dans la ville haute
tar de la Maison à péristyle 1 de Iaitas, chacune
des marbre il va de soi qu'ils n'ont jamais été courants,
petites citernes en bouteille ou en galerie que reliaient riches maisons à péristyle de Solonte y
d'Himère (alors que les maisons de la ville basse ont possédait une compris dans des maisons déliennes aisées.
des canalisations (les « hyponomes » de la littérature sinon deux citernes, de toutes les formes86,
à cause
des puits), à Camarina84 et à Olynthe (fig. 244). Elles Grâce à une expertise récente des ressources en
antique). Celles-ci étaient alimentées de deux maniè- sont le plus souvent en cône ou en forme de cloche,
du manque de puits et de fontaines
publiques. Il en eau de Délos, le nombre élevé et les dimensions impor-
res, en plus de l'éventuelle récupération des eaux allait de même à Pergame où ce
type de réservoir
82. Du \71 à .llf\andrie 2009.
sinon en bouteille, à col en terre cuite et fond creusé tantes des citernes de l'île (fig. 249) pourraient s'ex-
pluviales: par les eaux d'infiltration, ainsi que par un était traditionnellement recherché
(fig. 238), ce qui
83. Parfois complétée , comme au centre en cuvette pour permettre la décantation". pliquer de deux façons91 parce que la pluviométrie, 86. Wou 2003, p. 75 (pas seulement
grand canal qui captait l'eau douce du Nil et traver-
:
explique les prescriptions rigoureuses
aujourd'hui, par de grande jarre Leur contenance est très variable d'une ville à l'autre des astynomes très variable d'une année à l'autre, rendait la recharge sous la cour péristyle).
à large embouchure, qui recueillaient sait toute la ville, dès sa fondation. à l'époque hellénistique,
exigeant l'inventaire et l'en- 87. HELLMANN 1999, p. 20.
et d'une maison à l'autre. Mais, partout, la bonne des nappes irrégulière, la «surcapacité» des citernes
é?akment l'eau de pluie. tretien des citernes87• Et l'on
a constaté que même était peut-être destinée à recueillir, pendant les années 88. COLLIN-BOUFFIER 2006
84 ... \11.EC,RO, O. BLL\TcDERl: et al., Les citernes domestiques
alimentation en eau d'une maison, par de grandes
les habitants de villes
où les puits ne manquaient pas (forme habituellement en cloche).
H1mr7,1 IL Rome 976; citernes et d'autres ressources hydrauliques (fig. 167 pluvieuses, un « stock de réserve» en prévision d'une
Cour -Boi mm 2006. ont finalement aussi opté
pour des citernes: ainsi à 89. CHAMONARD 1924, p. 330-351.
par exemple), doit faire songer à un atelier artisanal année plus sèche. En outre, le mélange des eaux d'ori-
85. La rnéconnai ance de cette Déjà intégrées aux palais minoens, les citernes Camarina, où la maison C29 possède
deux citernes88, 90. D'après des chiffres donnés dans
·
intégré à l'habitat plutôt qu'à une production simple- gine diverse étant une pratique habituelle, beaucoup
particularité a parfoi fait prendre ont aussi été largement utilisées au I" millénaire et surtout à Délos. CHAMONARD 1924 et SIEBERT 200 I,
une citerne pour un ·ilo. av. ment familiale, lorsque des restes d'objets fabriqués de citernes creusées dans les cours étaient
également ce volume peut varier de 41,07 m3 à
notre ère dans l'ensemble du monde Qu'elles soient privées ou rattachées
méditerranéen, ont été découverts. à un bâtiment alimentées, dans les années de recharge maximale 190 m3, selon l'importance de la maison.
public, les citernes déliennes ne cessent d'attirer l'œil de la nappe aquifère, par un puits situé au
91. Chronique du BCH 127, 2003
voisinage. [2006], p. 520-522.
172 HABIT T, URBANI 1E ET FORTIFICATIO S
dessus d'une pente. À Locres Epizé?hyrienne, dans 1? lations n'ont pas atteint la taille et la sophistication de de la pièce, entourant un bassin
dont l'eau servait à se laver les mains).
«Casa dei Leoni», la seule du quartier sud de Marasa certaines constructions romaines (fig. 252 et 410, 82).
102. Aux exemples donnés
que l'on peut qualifier de luxueuse, des latrines ?nt Il devait en exister à Pergame pendant la période atta- par CHAMONARD 1922, p. 181-190,
aussi été reconnues grâce à des dalles en terre cuite lide, donc avant 133 av. J-C., d'après une attestation on ajoutera ceux de l'îlot des bijoux
en pente vers une canalisation d'évacuation, sur un dans le règlement des astynomes'P", Mais peut-être et de la Maison de Fourni,
où la présence de plusieurs latrines est
251 côté d'une petite pièce placée à l'écart, peut-être pour étaient-elles intégrées à des établissements publics:
éviter trop d'odeurs nauséabondes'P"
- encore que c'est en effet là que l'on pouvait trouver des latrines
un des arguments avancés en faveur
de son interprétation comme siège
nos ancêtres aient certainement eu un odorat moins à murs décorés, avec sièges sur plusieurs côtés et sol d'une association (if à ce sujet
M. TROMPER, Negociating Religious
sensible que le nôtre. en pierre ou en mosaïque de tuileaux, comme dans
la and Ethnic Identity: the Case of
Même si elles sont devenues plus nombreuses à la Palestre du Lac à Délos ou dans le gymnase hellénis- Clubhouses in Late Hellenistic Delos,
basse latrines privées n'ont
époque hellénistique, les tique de Minoa d'Amorgos107 (fig. 253). Hephaistos 24, Brême 2006 [2007]),
p. 113-139).
sauf à Délos où elles sont
jamais été généralisées101,
103. De même à Priène, dans
présentes dans la grosse majorité des habitations, L'irrigation et les jardins, dans les les Maisons XXIV et XXV
même les plus modestes 1°2. Les murs d'un petit local
maisons urbaines et à la campagne (WIEGAl'\TD, SCHRADER 1904, p. 294).
rectangulaire laissé ouvert, habituellement situé près 104. SIEBERT 2001, p. 11 7.
de l'entrée de la maison 1°3, portent alors la trace
de L'eau de pluie servait-elle aussi à irriguer des 105. Essai
de synthèse dans
l'accrochage, au-dessus d'un caniveau en pierre ou jardins ou, au moins, quelques plantations dans la R. NEUDECKER, Die Pracht der Latrine ...
,
a
et la dispositionperfectionnent le modèle domesti- naient quelques plantes aromatiques pour la cuisine, 110. L. FoxHALr, Olive Cultivation in
que des Grecs105. Ceux-ci
connaissaient pourtant le plutôt que des fleurs pour le plaisir'!", qui devaient Ancient Greece: Seeking the Ancient Econonry,
252 Oxford 2007.
•
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L'urbanisme
être ré crvée aux grand jardin de ou erain ui- l'existence de quelques rare mai ons
urbaine dotée
vant une mode orientale fig. 139)? En tout ca de d'un jardin, la formule de bornes
véritable: arbre étaient d autant plu exclu à fai- hypothécaires
d'Attique et d'autres régions de Grèce,
«une mai on
ble di tance de· mur que le Grec connaissaient et un jardin», n'impose pas l'image
d'une proximité
le d mmage que eux- i pouvaient eau er, par des immédiate, dans la gros e majorité des
racine envahi· ante et par le rui ellement: « contre attestations.
Conformément à quelques inscriptions115, le
et la topographie
le mur d'autrui ou un mur mitoyen, que per onne ne jardinet
attaché à une propriété urbaine devait
' plutôt se trou-
creu e de fo ni n'empile de jarre , qu'on ne mette ver, regroupé avec d'autres jardins, dans les
pa· de plantation ni ne fa e rien d'autre qui pui e faubourg
ou plus précisément près du rempart,
puisque la zone
nuire au mur», lit-on dan le règlement des astyno- à proximité de celui-ci restait libre de
construction
me de Pergame!". (irifra, p. 323). Il est tout à fait significatif qu'à
Même ile grandes demeure d'époque hellénis- Délos,
dépourvue de rempart, les jardins urbains
tique n ontjamai po édé un «espace vert», qu'il soit connu
par l'épigraphie étaient autrefois regroupés à
urbaine
d'agrément ou garni de plante utiles - au contraire sanctuaire d'Apollon et du Lac sacré (fig.
l'e t du
de· domus romaine , normalement complétées par 254), dans la
basse plaine humide de l'Inopos, mais ils ont
un hortus , on a uppo é que de jardins auraient disparu
au fur et à mesure que l'urbanisation
pu être attaché trè tôt à de maisons urbaines de la
progressan".
On pourrait penser que la question se présentait
Grè e antique. E timant que la colonie de Mégara sous un autre jour à la campagne et que des
Hyblaea n'a longtemp compté qu'un nombre limité jardins
111. (,. KLAHF. R.\( li. Dit·
cultivés y jouxtaient plus aisément une exploitation
A tynomenin chrifi von Peruamon,
d'habitant , qui di po aient chacun d'une superficie agricole. Mais la situation diffère d'un lieu à l'autre.
Ibhandlunëen der deutsehm Akadnnie de, uffi ante, G. Vallet et Fr. Villard e ont demandé si Dans la liste des domaines ruraux de Tènos, il n'e t
ll'is hoflcn ?u B lin. 1953 1951 . le première mai ons du site, sur leur lotissement,
f;. • (j, col. III, I. I l>0-164.
comptabilisé qu'un seul kèpos (KijTios) attenant à une
n'étaient pa entourée d'un espace libre formant jar- exploitation, tandis qu'un autre, isolé dans le paysage,
112. \l.J11i JI /11 a 2004. p. -8ï-588.
din. Dan leur nouvelle analy e des lieux, M. Gras et
113. RR<> -. I'll H Kl 1989. jouait le rôle de repère topographique117• Néanmoins,
H. Tréziny admettent que la première génération de d'après les termes des baux déliens (supra, p. 144,
114. C RRO - 111 H KI. 1989. p. 30,
colon a bien pu utili er de lot comme des jardins,
Ü- 2 OfJ_(l3 confirmés par des prospections ou des fouilles récen-
mai il pen ent pour leur part que l'habitat est rapi-
tes, les fermes de l'île d'Apollon et de Rhénée pos-
dement devenu compact112•
sédaient bien des jardins, des sortes d'enclos munis
En fait, c'e t bien ce qui caractérisait tous
les d'une porte, pour empêcher les divagations des ani-
c ntre urbain de Grèce: la densité générale
D de l'ha- maux. Il faut donc les distinguer des terrains en friche
bitat et la relative petites e de parcelles construites
(sing. xwp(.ov, chôrion), parcelles de culture non clôtu-
250 m" en moyenne dan le villes de Grèce
classique, rées qui peuvent provisoirement être utilisées comme
elon \'\. Hoepfner et E.-L. Schwandner) ne devaient
des jardins, mais à condition de pouvoir bénéficier de
guère lai er de place pour des jardins potagers ou
l'irrigation, comme les «véritables» jardins. Ceux-ci,
de verger 113• Tout au plu pouvait-on
faire pousser répartis sur les terrasses de culture soutenues par des
provi oirement de plantations sur un terrain
à bâtir, murs, étaient en effet irrigués118 par gravité, grâce à
mai chaqu Athénien n'allait pa arracher
la maison des petits canaux dérivés d'un canal plus grand, ali-
voi ine pour en récupérer le terrain et le
transformer menté en amont par un bassin de retenue des eaux
en jardin, comme le rapporte
l'orateur Isée dans son pluviales qui était lui-même entouré de murets recou-
di cour ur Dikaiogénè 114• Si
l'épigraphie révèle verts d'enduit hydraulique.
L'organisation de a ille I
- ceux qui rassemblent des maisons isolées ou villages s'est accrue et que l'habitat est devenu plus
4 Ir. Km 11, Fouilles de Vroulia Rhodes),
di persées: dans ce groupe se trouvent Emporio de dense dans une zone limitée, au sein de laquelle le
Berlm 1914. Chios3 (fig. 255) et Mélié en Asie Mineure (fig. 425), secteur privé et le secteur public ou sacré se séparent
5. I-, question a été traitée dan Corinthe et Égine en Grèce propre. Ce genre d'habi- progressivement, pour faire place à une architecture I
.\f. ? rtranran L'tbanization 800-600 BC,
tat, qui se compose souvent de maisons ovales, peut monumentale". Surtout, il existe désormais des villes r i
R O BOR'\L, B. Ct ,LUTE ed., Oxford I
précéder le stade des agglutinations, défini ici en troi-
'
2005. associées à un territoire dans la campagne, qui leur ;
I
6. :\1. C. \'. \'m,, Urbanizarion in Late sième lieu; fournit des ressources.
and ubaeornetric Greece, Ltbaniration - ceux qui sont formés de petits noyaux, pro-
the \leaiterranean, m the .\ïnth to
bablement familiaux, entourés d'un mur de clôture
11
\l\t/1 Centuries BC, Atta Hvpetborea 7, Les groupes d'habitats dispersés et ceux
Copenhague 1997. p. 132. ou, suivant l'expression d'A. Mazarakis-Ainian, d'un formés de noyaux ceints d'un péribole
7. On reste un peu perplexe devant la « mur de péribole»: nous avons vu que ce schéma,
méthode proposée par :\1. H. H.\.,SE'\, lui aussi à dominante ovale, caractérise Skala Oropou
The Method: the Demograpl!V
L'habitat dispersé a longtemps constitué le cadre
5/w(f!,1111
ef the
(fig. 28), Érétrie et quelques autres villes; de vie le plus courant. En Ionie, la pente occidentale
METRES
A, 1e11t Columbia-
Creel. Citv-state Culture,
Londres 2006 (pour le calcul du nombre - les agglutinations organisées: elles impli- d'Emporio de Chi os (fig. 255) et la presqu'île de Phocée, I
10
I I
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I I
10
I I
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I I
so
I,
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I ,
10
I I
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I I
so
derrière un rempart de l'époque dont l'occupation remonte au IXe siècle, étaient ainsi
classique), avec des murs mitoyens, comme à Prinias (fig. 256) couvertes par des noyaux dispersés d'habitations9.
:\loRG\.,,JJ. Coi.t.rox, The Polis en Crète où l'agglutination est de toute façon tra-
8. C. Aux siècles postérieurs, l'implantation des maisons en Grèce continentale se composait aussi de villages ou
a. a Phy uc al Entitv, The Polis as an Urban ditionnelle, à Zagora d'Andros ou Koukounariès et à Argos 11, diffère des synœcismes postérieurs, ceux
ordre dispersé fut souvent conservée sur les terrains de hameaux non fortifiés (kômai, sing.
KWµTJ): d'abord des époques classique et hellénistique (iefra, p. 206),
en forte pente, par nécessité - ce fut encore le cas
Croire a;,d a Pulihcal Community; ymposium
de Paros (fig. 262 et 265) dans les
1996, Acts of the Co/ienhaP,en Polis Centre 4, Cyclades, éclatés, ils ont peu à peu évolué par concentration
?1. H. H\
L, cd .. Copenhague 1997, mais également à l' Ancienne Smyrne à la fin et en ce qu'il préserve des terrains vierges et ne nécessite
au IVe siècle dans la bourgade de Dystos", en Eubée regroupement, entre le vin- et le vue siècle, 11. Voir par ex. F. DE POLIGNAC,
p.87-lH. du vtr siècle (fig. 25 7) et à Thorikos en Attique. Par en se tour- pas de déplacer des populations.
(fig. 492) -, mais, partout ailleurs, les unités rectangu- nant vers un pôle formé Analyse de l'espace urbain et
9. H. TR!II Y, RE1 2006, p. 240. par l'agora, où se trouvaient L'habitat réparti en structures nucléaires isolées
exception, l'agglutination peut aboutir à un aligne- laires se sont assez vite regroupées jusqu'à former des les lieux de culte
urbanisations en Grèce archaïque
héroïques et divins. Ce mode d'ag-
:
10. Gmhichle des Hohnms 1999, p. 353. ment de maisons semblables, Vroulia de Rhodes4 par un mur de péribole a été mis en évidence récem- quelques pistes de recherche récentes,
alignements réguliers. Au début du re' millénaire, la glutination, constaté à Athènes
(fig. 259), à Corinthe REA 2006, p. 203-223, surtout p. 204,
ment, à partir des fouilles d'Oropos ou plutôt de Skala et LUCE 1998.
-?
,n onore di A o, Vita, 2000. '-..--·---------- "./' r
p 2 fig. 5.
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260
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261
4. L'ORGANISATION DE LA VILLE
183
" qui accueillaient tout ,t
, diI ·tincts ,
d t'LI'\ !10),lUX , .
-lui de <
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de m,us
1
- ·o leur a ign
li cmcnt est assez régulier, au pomt
/.J ha) ".
plan «proto-orthogona I ». on t vu un
qut, certam Y
rigueurs , appliquer au cas
.
qw pou rrait à la .
Lr terme. . .
,
lignes paratacn-
, .
a Rh O des , orgam ee en
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d e \ rouha ,
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semblables (fig. 258), ou encore a
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. , ,
nc1en ne myrne au vrr siècle, ou d es rues
. .
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. , .
a une voie
.
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. .
1
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de rues clairement i'd enn'fi a-
d'autant qu en l'absence
,
.
Emporio de Ch10s ' la circulation entre
. .
'
bles comme a
plus1eur mai 0 ns
.
empruntait des sortes de placettes
·
.
date à laquelle fut aussi construit un tern-
.
·,
au \I SICC e,
• e
1
. .
l'a lomération
vit le jour vers le début du rx" si?cle
et ?it fin à son
activité vers 700, avant de connaitre
une renais ance au vie siècle.
Avec ]'examen de plusieurs agglomérations du
Géométrique récent, surgit inévitablement une ques-
tion troublante: pourquoi un nombre non négligeable
d'entre elles (Lefkandi en Eubée, Zagora et Hypsili
d'Andros, mais aussi Haghios Andréas à Siphnos,
fig. 427, Koukounariès de Paros ... ), qui semblaient
polis.
D '
S'il est un fait
reconnu et admis depuis
longte mps.
Grand
?
c est biien que 1 es co l ornes, surtout ·
port
en Occident ·11
trent mieux les processus d'urbanisation
.
, I US·
metropo names M.
, 1·
.
19
que les vill es
ais l es archéologues
.
n'ont pas fini
Temple d'Athena d'en prendre la mesure, car beaucoup
d'incertitudes
subsistent encore dans la restitution
des premiers
plans urbains, et il est vrai, aussi, que
toutes les villes
occidentales n'ont pas été fondées de la
même façon.
Comme d'autres colonies qui ont assimilé
une popu-
l ( PAROS 1991 lation indigène, Syracuse pourrait
avoir été créée
par regroupement de villages20• Ce n'était
pas le cas
265
\?
(
- ,/ 267
•
17. D. CHIL-\RDI. The Emergence of
Paru the Capital. Habita! et Urbanisme porte Sud-Ouest ,
,.../',...::.· de Mégara Hyblaea ni d'autres fondations, mais les
2 02. p. 229-249 [avec la bib. porte certaine donne à penser que la cité a pu être formée à peu près
antérieure]. avis divergent sur le mode initial de répartition de la
? ?} porte probable L_,) vers 700. À l'arrivée des colons, dans le courant du
,
18. G. REGER. Islands with one poli
r- u i land with everal poleis, __ rue attestée
) C-':r/r_,,.
\
terre.
On alongtemps pensé qu'un petit nombre de
vnr siècle, il faut envisager une phase de campement
dans des huttes ou des cabanes arrondies, comme on
Tiu Polis as an 'tban Centre and as a
rue restituée
I ?
• •. • •• •• I colons mégariens s'étaient dispersés sur des lots
R litical ûiTTl1111Jni9. ?1. H. Hxx E: en a retrouvé plus au nord en Italie. L'accroissement
_
·
ed ..
r'\
)
4. L'ORGANISATION DE LA VILLE
187
Fig 268. Olbra Pontique
Plan de la lie. autour de l'agora (li).
---
D'après s rvzhi 11. Arhtte tura
enttcn h gosudarst Severnogo
')
-f
Pticemomorie. 1993, fig. 53.
.. -2
.. -4
-J
c:::::l
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-· -5
planificationorthogonale n'est que partielle. Thasos, répartie en îlots à une date peut-être bien antérieure25•
colonie de n'a jamais connu un plan urbain
Paros, Fondée au vie siècle, Kerkinitis fut aussi reconstruite
régulier. En mer Noire, celui-ci est surtout visible à sur un schéma régulier vers 4 70-460, et son territoire
0 50M
ll:=:=====:1=========- partir de l'époque hellénistique, lorsque le maillage fut découpé comme celui de quelques colonies occi-
orthogonal s'imposa dans tout le bassin méditerra- dentales, où le système de division du sol semble avoir
néen. Dans le Pont-Euxin, la situation est très variable
été primordial26.
d'une ville à l'autre; il apparaît que les habitants se
partir de l'observation du ciel, pour parvenir à tirer réunis dos à dos et ouvrant sur des voies secondaires En effet, si l'on considère des villes comme
sont approprié plus aisément les techniques, le décor
des lignes à peu près parallèles puis perpendiculai- (fig. 34-35), que des îlots ont été créés. L'agora, quant Agrigente, Casménai, Métaponte, Poseidonia- 23. A. WASOWICZ, Influence de
res (même si elles n'étaient pas vraiment droites) sur et les murailles « à lagrecque» que le plan orthogo- Paestum (mais bien d'autres pourraient être citées: l'urbanisme grec sur l'habitat indigène
à elle, aurait été formée dès la mise en place du plan, du Pont-Euxin, Archeologia (W) 54,
nal réservant une agora entourée d'édifices publics23•
un terrain peu accidenté, mais si les colons ont tenu en réservant des lots là où deux axes importants se Locres Épizéphyrienne, Tarente ... ), il est maintenant
Bien qu'Olbia Pon tique soit une colonie
2003, p. 7-15: comparaisons des cas de
compte des chemins préexistants cela expliquerait de Milet, elle acquis qu'au vie siècle au plus tard, et parfois même
rencontraient; de la même façon, des sanctuaires ont ne semble pas avoir jamais
Seuthopolis, Néapolis Scythique et Vani
que le plan de Mégara n'est pas résolument orthogo- suivi un plan de ce type; très peu de temps après la fondation, des sites occi- en Géorgie.
été rapidement dessinés en accordant au téménos d'un même aux époques classique et
nal. Sur l'ensemble ou sur une partie du terrain temple l'espace d'un lot d'habitation, ou en lui per- hellénistique, ses mai- dentaux choisis par des colons grecs ont été partagés 24. A. WAsow1cz, Problèmes du plan
(?), sons étaient groupées en îlots régulier dans les colonies de la mer
des lots égalitaires, mesurant en moyenne 11 x 11 I 12 denses, sans uniformi té24 selon une opération d'arpentage simple et logique en
mettant de déborder sur un lot voisin. (fig. 268), et il en allait de
Noire, La colonisation grecque en Méditerranée
m, ont alors été tracés le long de ces rues. La langue même pour d'autres colo- parcelles de dimensions égales pour chaque colon. ÉFR, 2 51 ), Rome 1999,
Néanmoins, il s'en faut que le principe du lot éga- nies milésiennes, comme
occidentale ( coll.
grecque connaît anciennement un mot pour désigner Histria ou Panticapée, qui Cette répartition, qui tenait éventuellement compte p. 195-208.
litaire, pour tout colon, ait pu être appliqué partout, étaient soumises à un plan
le « terrain à bâtir» donné en lot standard: c'est I' oiko- radial, selon les axes des de la morphologie locale (chemins préexistants, colli- 25. Haus und Stadt 1994, p. 12.
ne serait-ce que parce que l'installation des colons s'est voies partant de la ville
pédon (oLKOTTE8ov), alors que les mots vers la chôra. Seule Chersonèse nes, cours d'eau ... ), permettait de garantir, au moins 26. Çf T FISCHER-HANSEN, The Earliest
traduisibles par faite progressivement sur bien des sites, les emplace- Town-Planning of the Western Greek
«îlot» semblent plus tardifs, à l'instar du latin insula. a été divisée en
quartiers rectangulaires (fig. 269), tout
ments étant déjà occupés par des indigènes - par comme sa chôra, dès les ve-1ve
au début de l'occupation des lieux, une certaine équité Colonies, Introduction to an Inventory of
À Mégara, c'est effectivement grâce aux files de siècles; on sait que de communautaire. En général, dans ces villes nouvelles, Poleis, Acts
lots, exemple à Naxos de Sicile, à Syracuse (fig. 267), où la toute façon sa
ef a Symposium, Copenhague,
métropole, Héraclée Pontique, fut quelques larges artères orientées le plus souvent est- 1995, M. H. HANSEN ed., Copenhague
1996, p. 317-373.
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la ville haute, traversée par une plateia large d'environ Corcyre vers 600, et l'un d'entre eux, «le réseau bleu»
·o--- 6 20 m la seule repérée, sur laquelle ouvrent des mai-
s?ns q? ne mesurent que ca 16 x 16 m (if fig. 4 7). À
transversal, paraît bien remonter à la première moitié
du VIe siècle29• En revanche, à Ambracie, fondée
Fig. 271. Poseidonia.
Plan d'ensemble de la ville
à l'époque républicaine. Dessin
par
Poséidonia, où la trame monumentale date du milieu les mêmes Corinthiens au dernier quart du VIIe siè- D. Theodorescu, CRAI 1994, p. 228.
2006, p. 173 et uiv. bitat au début du V- siècle, sur des lots de 220 m2• Le plan orthonormé. Non seulement nous savons que dans !'Antiquité III, Actes du 111' colloque
couvrir jusqu'à 20 x 20 m -, mais elle est réduite dans rents ont été relevés à Apollonia d'Illyrie, fondée
par ce type de maillage était en vigueur avant le temps international de Chantil?J 1996, p. CABANES
éd., Paris 1999, p. 343-349.
1
la Ro 1tzque
quelque para ra
1 > "sopotou 2004, plan 1
donne comme
plan urbain. D'après E. Greco. Inside Ar c héepto léemos, d ont I a carnere., fi ls
the Cn in the Gree World. 2009, politique se
dans les années 425/ 424: bien que ace 1
l
·=1:---?"············= _:. descendue du second quart du ye siècle (après la vic-
toire des Grecs au cap Mycale, pensait-on) aux années
450-440, d'après la forme du sigma sur les bornes qui
273
matérialisent les lignes du plan de la ville". Ce qui
est sûr, c'est que l'aménagement du port d'Athènes fit
d'Hippodamos, dans des fondations coloniales, mais une grande impression sur tous les contemporains et
il est maintenant établi que la cité de Milet fut elle- permit au Pirée d'être considéré comme le modèle de
32 •. want tout Harpocration,
Hé vrhius, Photios et la ouda. La même divisée de manière orthogonale dès l'époque la ville moderne, en fort contraste avec Athènes qui
plupart de ce· texte. ont été rassemblé archaïque, au moins en partie. Il est en fait proba- a toujours continué de se développer suivant le vieux
dans Fragmente der Yorsokratiker, H. DIEL.',, ble qu'Hippodamos, qui était réputé dans l'Antiquité
W KRX\Z éd., Dublin-Zürich 1969, 13· schéma radial. La rumeur publique dut alors associer
èd .. L p. 389-391. pour avoir été le promoteur d'une division géométri- le nom d'Hippodamos au plan de villes fondées ou
33. Ainsi dan A.\\'. L\\\RE:\"CE, Greek
que des villes, s'est simplement inspiré de l'urbanisme restructurées après Le Pirée, suivant les mêmes prin-
Archue-ture, Yale Universirv Press, 1996 de son lieu de naissance.
j'éd .. p.191. cipes géométriques. Si ce n'est lui, c'est sûrement un
Sans doute à cause du caractère très moderne de de ses disciples qu' Aristophane a brocardé dans les
34 .. \ffirmation de Xénophon,
ce plan, aujourd'hui encore volontiers adopté pour
Andocide et Démo thène, entre autres. Oiseaux (v. 1004-1009), sous les traits d'un urbaniste
On admet deux tran littérations pour des villes nouvelles, comme il l'était également au
· engoncé dans ses figures géométriques, à l'instar d'un
Irrrroôdus La àyop<i « hippodamienne » Moyen Âge (fig. 272), peu de Grecs illustres ont été Thalès de Milet, pour placer l'agora:
:
If
? f;
,,
1" sur l'ancienne. En particulier, la superficie comme
N
/.\ M l'emplacement exacts de l'agora commerciale et de
l'agora «hippodaméenne» restent à préciser, sachant
"I
-i>
.c--v/
?G: -?
:,o
'.
que la première devait être liée au lieu de trouvaille de
la stèle d'un agoranome42 et des restes d'une «
grande
<:/ ?
stoa» au nord-est de l'anse de Kantharos
I
:\hm 1974, p. 15-16, 103-106, 274; étaient manifestement jugées fondamentales et préoc- trois sortes de lois ... ». surtout pour la partie sud45 (fig. 278), on a longtemps texte repris en grec, avec de légères
reconnaître. C'est pourquoi il faut combiner les deux modifications, par G. STEINHAUER dans
D. .\ Hf RI, O.·. ervazioni ulle origini cupaient au plus haut degré les Grecs, dès le V- siècle. cru que cette reconstruction du ye siècle rassemblait
Division des villes et découpage du Pirée: ces Atene l'Occidente, I grandi
dell'urbani: rica ippodamea, Runsta manières (ce qui est en effet possible si l'on construit e
temi; Le premesse,
Si l'on s'en tient aux sources, il n'est donc guère jus- seules expressions ont suffi pour faire d'Hippodamos des îlots d'habitation qui se rapprochaient du carré, i protagonisti, le firme della comumcarume e
tonca Italiana 87,. ·aple 1975, p. 5-16; les maisons de la même manière que chez les
\. Bl R. , Hippodamu and the Planned tifié de considérer d'emblée Hippodamos comme un l'inventeur du plan orthogonal. En réalité, l'exposé paysans en évoquant de manière frappante un damier, dell'interarume, i modi dell'intervento ateniense
les vignes sont rapprochées, comme on
même in Occidente, Atti del Convegno Internarionale,
itv; Histona 25, Wiesbaden 1976, architecte, ainsi qu'on peut le lire dans tant d'études dit, en quin- si les dimensions de ces îlots différaient
p. 41+-t28;J. ZID\T, Hippodamo
d'Aristote montre bien qu'il n'a jamais voulu dire conce) et ne pas découper la ville tout entière en un
légèrement à Atene 2006, Tripodes 5, E. GRECO,
von Milet, eine Rolle in Theorie und ou notices de lexiques, surtout allemandes et italien- qu'Hippodamos était l'inventeur d'une division spa- l'intérieur des quartiers nord et sud: par exemple, ils M. LOMBARDO dir., Athènes 2007,
tracé régulier, mais certaines parties ou des
Praxi der griechi.chen tadtplannung, nes'", qui lui ont été consacrées depuis le xrx' siècle, tiale, mais avant tout d'une division des citoyens en quartiers; auraient mesuré 44, 10 x 35,33 m dans la partie méri- p. 181-209 (contra EICKSTEDT 1991, p. 82
car, ainsi, pour ce qui est de la sécurité et suiv.); article analysé dans LONGO
B]b 180.1980.p.31-+4;P.BE,,1::\1.rr1 et qui ont tendance à se concentrer sur un aspect et de l'harmo- dionale de la ville, mais 44 x 32 m à l'est du sanctuaire
Fu.n\l, Ippodamo di Mileto, Architetto e trois classes". Ses idées sur les lois et les magistrats, nie, la disposition sera bonne».
2008.
filo ofa. 'na ticostrunone filologica della
particulier de sa personnalité, celui de spécialiste du tous élus, font de lui un théoricien de la politique, d'Athéna, chaque îlot étant divisé en quatre parcelles 42. G. STEINHAUER, BCH 118, 1994,
Du temps d'Aristote, Hippodamos
fi rsonalità, Florence 1982; Ch. TR!EBEL- schéma urbain orthogonal. au sens étymologique du terme; s'étant livré à une
était donc égales de 22 x 16 m. C'est oublier qu'avant A. von p. 51-68.
UH Bl.RT' C. 'Hippodamos ?k. Relisons Aristote qui, ayant vécu un siècle seule-
considéré comme un partisan du plan
orthogonal, Gerkan, Th. Wiegand pensait disposer d'éléments 43. IC IF, 1668, 4.
von Milet, taatstheoreùker oder réflexion globale sur la meilleure structure politique, mais à partir d'une réflexion
1.
ment après Hippodamos, peut être jugé assez fiable, théorique sur la division pour restituer l'urbanisme de Milet avec des îlots de 44. Une division appelée per strigas
radtplaner, Hephaistos 516, Brème il estimait que la division du territoire devait logi- sociale, qui rappelle celle
!G84, p. 3ï-59; Haus und tadt 1994, même s'il est clair que celui-ci n'inspire aucune sym- formulée par Platon dans 100 x l 7 5 pieds ioniens environ, donc des propor- par les Italiens, en référence
urtout p. 299 et suiv,
quement refléter son système de répartition sociale. ses Ims. Il est exact à l'orthogonalité des camps romains.
pathie au philosophe de Stagire. Car avant de présen- que le plan du Pirée, qu'Aris- tions plus allongées, et proches de celles des fonda-
40. \: B. GOR\t.\. , Ari totle' Hippodamos aurait donc tenté de le mettre en pra- tote avait sous les yeux, se 45. Sur le caractère hypothétique
ter ses idées qu'il va finalement critiquer une à une, compose de rues plus ou tions coloniales archaïques. Sachant que ce plan
Hippodamo Politic· 2.1267 b22-30), tique au Pirée, et c'est là que le verbe KŒTŒTɵvw moins larges (fig. 276) se du de ce plan reproduit partout: F LONGO,
Historia +4. \\ïe baden Aristote (Politique II, 8, 1) ne se prive pas de souligner coupant à angles droits41 (les ye siècle
s'appuyait sur des sanctuaires déjà existants Mile to, Città greca antica 1999,
1995, p. 385- (katatemno), « découper en tranches», peut être inter- plateiai font entre 14
395. l'allure extravagante d'Hippodamos, en qui il voit un et 8 m de largeur, les sténopoi 5 p. 183-203, et surtout les deux articles
prété comme une allusion à un urbanisme orthogonal. pour délimiter des îlots
m) à date archaïque, W Hoepfner a fait par la suite le
de B. WEBER cités note 47.
presque carrés, de 40/ 40,50 x même choix46: dans la partie nord de la ville, des îlots
46. Haus und Stadt 1994, p. 19 et suiv.
4. L'ORGANISATION DE LA VILLE
195
nt «standard» de 29,40
x -,..!. ?
Fig 278 Milet. Hypo hèse de
ri roureue°:ed contre I. r.
resn u 10n du plan de la ville à date pie s (soit un rapport 5: 9, .
JOO x !80
imp nale. D'après Ger an 1924, aura1e nt
. renfermé six parcelle- Ï(!t nu- .
6 partie ud)
' des sondages ct des
la
pie ds -r0utefois
19 .
l.'
d e.50 X 60
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en 1992 ont
ques.·
geop hysiques commencées
,
pro?p ect10ns
pnses
.
depuis
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re\e·'I'e d'autres
, ·
. .
'au Delphinion,
.
un sanctuaire qm
J'Hérôon I II
JUsqu
ïsme ' un îlot de la partie nor d ,
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, 1,
monte a arc ra 1
selon un mo d u
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atteignent
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de 90 o soit un angle - ·
temp
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celui du temp 1 e prece d ent, d ata-
droit par rapport à
·
',etait sans , .
, . .
e Del p hinion, a
tenu compte de ancienne plamfica- 1
' e •'
1
. ,
Par la suite lesconstructeurs ont toujours respecte les
rancies lignes de cet urbanisme originel (fig. 280),
g . ' ' '
même à l'époque romame, l orsque l e reseau a ete
aminci dans sa partie centrale.
En tout cas, rien ne prouve qu'Hippodamos fut
lui-même responsable de la reconstruction de Milet,
ni participé, comme on l'a main-
même qu'il y ait
tes fois écrit; en revanche il est maintenant sûr qu'il
11 J
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qui a favorisé la constitution d'une légende et d'une effectivement retrouver dans le quadrillage orthogo-
interprétation libre de sa doctrine, dont les
adeptes, nal le concept de divisibilité infinie des figures
qui vivaient en communauté,
étaient de géomé-
toute façon triques et plus généralement le goût pour les
tenus au secret. Assimilable à une rapports
religion, le pythago- des nombres, ainsi que pour l'opposition
risme prétend à une connaissance
totale de l'univers: impair/pair,
il serait abusif d'aller plus loin et de chercher
celui-ci serait dominé par
l'harmonie réalisée grâce à dans
cette planification une valeur symbolique,
une classification et un ordre
hiérarchique des nom- traduisant
l'idée pythagoricienne d'une numérisation totale
bres, lesquels sont à
l'origine de toutes choses exis- de
l'univers, où chaque nombre exprimerait une idée
tantes, formant une véritable
cosmogonie - comme abstraite, le nombre 4 exprimant la justice car c'est
l'explique Aristote dans
Métaphysique, 985b-986a, le premier divisible en parties
où est aussi
rappelée l'importance capitale, égales, le nombre 5
dans la représentant le mariage car il résulte de l'addition
doctrine pythagoricienne,
des notes et des intervalles des deux premiers chiffres pair et impair
musicaux, traduits en
rapports simples. Si l'on peut (2+3), et le
nombre 7 figurant un rythme naturellement parfait...
4. L'ORGANISATION DE LA VILLE
199
, i
sooe Pan scheMdt1qup
K..
daris vr env•rol"rerrer?
• ,
KASSOPE
•
0000 D apres Haus
J ur.o Stadt 1994, p. 120.
Î
KAP SOUNION 1994/1996
0 ,o lO JO ., so
Au cap Sounion, le système d'insulae carrées, conte- larges de 4,40 met équidistantes. C'est ce quadrillage,
nant des maisons également carrées'" (fig. 282), est faits d'îlots de 120 x 160 pieds attiques, soit un rap-
sur le temple périptère de Poséidon, sans doute
axé
port 3: 4, qui a déterminé la place de l'agora au cen-
à d'Athènes. Dans le Péloponnèse peu-
l'instigation
tre, le sanctuaire d'Athéna Polias étant situé un peu
• 'oublion pa que c'est seulement vers la fin du ioniens, qui connaissaient avant Pythagore les pro- rent être cités Stymphale en Arcadie et Kyparissia51 plus haut, selon la volonté de l'architecte Pythéos
vr iècle ou le début du \.e que le pythagorisme est portions numériques et les triangles rectangles. dont le nom antique n'est pas assuré) entre l'Élide et
arrivé en Italie du ud, c'e t-à-dire lorsque le grand (fig. 284 et 464).
Dans ses multiples combinaisons, ce schéma l'Arcadie: les îlots d'habitation, larges de 54 m pour
mouvement de la colonisation, associé au plan d'ur- À Priène, comme dans quantité d'autres villes
orthogonal bénéficia, à partir du ye siècle, d'une deux maisons séparées par un étroit passage destiné
bani me régulier qui ré erve différentes zones, est ter- définies par l'urbanisme orthogonal, l'espace concédé 50. H. R. GüEITE, Stadtische
extraordinaire faveur dans tout le monde grec. au drainage, s'y développent
sur des rectangles étirés, Siedlungen in Attika, Stadt und Umland
miné. En fait, ni le quadrillage, ni l'intérêt pour le aux sanctuaires urbains est modeste54: non seulement
En Grèce du Nord, Olynthe, refondée en 432 à comme à Kassopè en Épire52,
fondée par synœcisme 1999, surtout p. 165-166; GüEITE 2000.
nombre 3 'qui apparaît au i, rappelons-le, dans l'or- ces sanctuaires ne sont pas à l'origine des
côté de sa vieille ville typique du plan « spontané» ms 350 et peut-être découpée axes du plan 51. Chronique du BCH 127, 2003
(fig. 283) à l'inspira- urbain, mais, surtout, les îlots qui leur sont réservés ne
gani ation ociale de !'Attique à l'époque archaïque) (fig. 281), fut découpée en îlots de 87 x 36 m. En tion de sa voisine [2006], p. 781-782 (plan datable entre le
Ambracie, dont le plan d'urbanisme se trouvent pas au centre de la cité. Au \"'
ne tradui ent pécialement des idées pythagoricien- tenant compte des avenues nord-sud larges de 5 à et plus ancien (fig. contraire, c'est s. et le milieu du T\"' s.).
38). En Asie Mineure, Priène fut
ne , comme l'immortalité de l'âme et la métempsy- 6 m et coupées par des rues perpendiculaires est- refondée vers 353/352
l'alignement sur le vieux sanctuaire du mont Ithômè 52. Geschichte des Wohnens 1999, p. 368
sur un terrain en forte pente et sur les anciens sanctuaires urbains qui est à la et suiv.
cho e. uivant de cycle co miques. En revanche, l'un ouest ces îlots contenaient deux bandes parallèles de certes favorable à la base
défense53, mais qui a nécessité 53. WIEGM'1D, SCHRADER 1904;
et l'autre témoignent ûrement du rôle primordial des cinq ?aisons séparées par une venelle est-ouest, de de la topographie singulière de Messène, refondée
l'insertion d'escaliers RUMSCHEID 1998.
dans les étroites rues nord-sud par les Thébains en 369 pour opposer à la vieille
mathématique dan la formation des philosophes orte que chaque parcelle mesurait 58 x 5 7 ,5 pieds. coupant à angles 54.
droits les rues principales est-ouest: MARTIN 1974, p. 255-256.
Sparte une ville monumentale55. Avec ses orientations 55. THEMELIS 1999.
Fig 285 Nedpo.i::, Le- vt
de la cité antique d'époque c ass que
sous la ville moderne de Naples.
D'après E. Greco, ArchStorAnt 7,
1985, p. 125.
285
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Fig. 284. Priène. Restitution peu claires, en dehors d'une bande centrale nord-sud autres est-ouest, d'une largeur allant de 13 à 6,50 m57.
génerale par A Zippelius en 1908.
qui rassemble l'agora, les sanctuaires et les bâtiments Ainsi ont été obtenus de grands rectangles mesurant
Dessin original DAI Istanbul,
reproduit dans Haus und Stadt 1994 , civiques, Messène représente une exception notable environ 400 x 300 m, coupés par de nombreuses
fig 216. dans la préférence grandissante pour les quadrillages voies secondaires (les sténopoi, larges de 3 m) qui déli-
uniformes, les lots de dimensions égales et les portes mitent des îlots de 37 x 80 m, scindés en deux pour
urbaines orientées sur les grandes voies: les concep- l'habitat (fig. 273). Qu'un tel plan ait été conçu par '.•
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teurs de Messène ont probablement voulu lui conférer Hippodamos lui-même, selon diverses sources anti-
·<?? ?--•,,; -.?ü-, •
..-- ... ,. ,>-, .. ,.,...-;.,
partie attenante à la ville constituera un seul lot avec de son temps l'absence de véritable agglomération PLA GÉNÉRAL
une autre située à la frontière, la seconde en partant de sanctuaires et de monuments dignes de ce nom' DFS
de la ville avec la seconde en partant des frontières, elle a commencé d'être mieux organisée à partir du
RUINES DE LATÔ
et ainsi de suite». Toutefois, une telle simultanéité, début du me siècle, mais sur un plan polycentrique
eyk
qui n'avait lieu d'être que si l'exploitation du terri- et constellé de sanctuaires plutôt modestes63• Tout
toire jouait un rôle essentiel dans l'économie d'une au long du Ier millénaire, la plupart des villages de Fond d plan SEYK
cité, ne semble pas avoir existé sur le terrain avant le Crète sont eux aussi restés des groupements sinueux Fond de carte du service géographiqu.c
rv' siècle, et jamais sous une forme aussi stricte, sauf ignorant de la géométrie, à cause de leur position en de l'armée grecqu
à Camarina: c'est lors de la refondation de la ville, général escarpée et de leur superficie relativement
en 461, que fut tracé un plan d'urbanisme orthogo- faible: on a souligné que ni le site montagneux de
nal (fig. 287) dont les orientations nord/ est-sud/ ouest Latô (fig. 289), ni les deux collines d'Éleutherna ne
correspondent à celles des lots dans la campagne'". devaient contenir respectivement plus de 200 ou 300
maisons64•
L'urbanisme hellénistique Autre exemple de ville durablement irrégulière,
en partie pour les mêmes raisons celle fondée au
:
Malgré sa large extension, le plan orthogonal n'a vnr siècle par des Doriens de Sparte dans le secteur
pas triomphé partout, en particulier dans les villes sud-est de l'île de Théra, au sommet du Méso Vouno,
60. G. D1 STEFANO, Aspetti urbanistici anciennes. Même à la période hellénistique, celles-ci choisi pour ses qualités défensives naturelles65• Il reste
e topografici per la storia di Camarina, ne connaissent pas de changements majeurs. Elles assez peu de témoins de la petite ville archaïque, qui
Camarina 2006, surtout p. 167-171.
peuvent, à la rigueur, accueillir un nouveau quartier s'est agrandie à partir du moment où elle fut occupée
61. MARTIN 1974, p. 206.
qui tranche avec le noyau antérieur, comme à Argos par une garnison ptolémaïque, mais l'étroitesse du
62. La urprise d'un voyageur
est rapportée dans E. PERRIN, Héraclidè
où un secteur plus ordonné semble se développer au plateau rocheux empêchait de toute façon de boule-
le Crétois à Athènes, les plaisirs nord-est de la ville à partir du IVe siècle, et à Délos où verser le schéma initial, caractérisé par un seul axe
du tourisme culturel, JŒG 107, 1994, l'opposition est frappante entre l'enchevêtrement des urbain (fig. 290) des constructions étaient entassées
:
p. 192-202.
rues, à la fois étroites et parfois étranglées, du vieux de part et d'autre d'une longue rue principale dont un
63. P. CARTLEDGE, A. SPAWFORTH,
Hellenistic and Roman Sparta, A Tale
Quartier du théâtre61 (fig. 21) et le plan régulier du élargissement, au centre, correspond à l'agora, vague-
of two Cities, Londres 2002, 2" éd. secteur nord, du côté de Skardhana (fig. 288). D'autres ment trapézoïdale (fig. 366) et à peine régularisée à
64. A. K..\LPAXIS, Le città cretesi, villes avaient décidé de s'agrandir spontanément, sans l'époque hellénistique par l'édification sur ses bords
Cittàgreca antica 1999, p. 111-127.
plan directeur, à commencer par Athènes qui, com- d'une stoa fermée et d'une terrasse pour un petit tem-
65. 11ARTL, 1974, p. 82-83, 206;
parée à d'autres villes mieux planifiées, pouvait faire
Das dorische Thera V, Stadtgeschichie
ple de Dionysos. Des maisons à péristyle ont aussi été
élevées sur des terrasses, mais, bien évidemment, il ne
und Kultstduen am nordlichen Stadtrand,
\V. HOEPFNER éd., Berlin 1997.
mauvaise impression à des visiteurs non prévenus62.
Quant à Sparte, où Thucydide (I, 10) avait déjà noté pouvait être question d'îlots normalisés.
\
289
License.
Fig. 293. Néa
Halos. Plan de la
basse. D'après H. ville
Reinder Reinders
Archaiologiko Ergo '
Thessat,as 2006
p. 144 fig. 3. '
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Fig 29 Doura-Europos
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ne semble pas
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façon (fig. 297), si bien76que
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même Eapert O.P.LG
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encore sujet à discuss10n
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ne pe?t C6'ord 'THEBAULT G6om
\
G.
ll.J ,?? 2001/1 n° 3, p. 11.
i
0
..J
._.; général
, 2188 Fig. 296. Cyrène. Plan
e, romaine.
de la ville à l'époque
0
D'après Cirene « Atene d'Africa
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C:
Luni dir 2006, p. 38.
u M. ..
i.tJ
z
2224
2209
9 zones fouillées
500m
: dome uc
que Séleucie, From Hou e to tenement
conquête macé- parallèles au rempart oriental), alors Ak'\.andria,
un groupe de cités antérieures à la architecture in Hellenistic
E
hellénistique une
au contraire, n'a pas connu à
date 2007, P· 3?7-311, '"
!h
donienne, parmi lesquelles Damas: sans doute parce parce qu'elle Building Commumtzes
à ,\nunoopoh ,
division régulière de son plan, peut-être p B.\LLLT, D'Ale'\.andrie ré eau viairc.
n'était pas une création ex nihilo, Damas hellé- et
qu'elle forteresse. é{Ç)l)tienne
n'aurait été conçue que comme une
fondation
d'un plan 2008, p. 152-1 GO.
ni tique?" n'a été dotée que partiellement maillage orthogonal a été mis Rue dans l:4ntiquité
IÎ'
298
IL) Le lame
l - Quart'
( I •
.. 18 • Art.a artigianak
19 - CiSlmia pubbhca
::
20 - Bottcp della tcala in manne
l uaaa?f???=
21 - Edlficio con forno e d lio
22 • Edifie10 sacro a fabuiolo
?
23 • Cu:1 delle maschere
li con m.actn
2-4 • Ed1r1C10
li ?9
i:
fniil : Colonn, d 25 Qua <kl œrchie Ul mOMIICO
•
26 • Casa di Arpocrate
27 • Bottep delle anfore
28 - La cd. ara d? enlia
297
d'urbanisme et d'architecture de d'y restituer des pâtés exceptionnel par le traitement de son paysage acci- 82. L\RTI, 1974, p. 126-146;
réguliers de maisons mesurant 7 5 pieds (Naples, fig. 285)78. Les fortes pentes d'une colline que les Hécatomnides aient spécialement favorisé ce
l'habitat helléni tique à olunte, de côté, soit denté, fait de pentes tantôt douces, tantôt brutale 82. R.\DT ]999.
environ 22 x 22 m ou 486 m2, comme
n'ont jamais empêché le choix de ce type de plan, genre de schéma complexe'", qui se remarque dans
Etudes et tracaux 14, Var ovie
1990,
le proposait Déjà habitée et fortifiée à l'époque archaïque, l'acro- 83. L'étude en cour de fortification
p. 91-130; Ü. BEIXLDERE, E.
W Hoepfner. Les villages du Fayoum comme le montrent les villes de Tyndaris (fig. 298), plusieurs cités de Carie (à Labraunda, Halicarnasse, de Pergame a montré que la muraille de
TER:\IIXE,
L'urbanizzazione della co ta nord- où est attestée la pole entourée de ravins au nord et au nord-est culmine
pré ence grecque - Philadelphie, la dernière colonie grecque de Sicile, ou encore de l'acropole dite « philérairique » devait
orientale della icilia e la truttura Héraclée du Latmos, Kéramos, etc.) ainsi que dans à 330 m; elle avait été retenue au I\,e iècle par le roi en réalité remonter au I\ au plu
Soknopaiou Nèsos,
Tebtynis - ont aussi un schéma orthogonal
Solonte (fig. 299).
.
urbana di Tindari, Mélanges ]os de H'aele des cités voisines, comme Cnide, Cos, Rhodes, tard :J. Loar: ·rlL:-., Die tadtrnauern
qui n'est Lysimaque comme une excellente place forte83, récu-
2005, p. 85-91.
pa parfaitement régulier. Dans certaines villes, le terrain en pente fut Camiros ... et, bien sûr, Priène. L'hypothèse d'une
de· helleni ti chen Pergamon. Er le
pérée à partir de 281 par son général, Philétairo .
Ergebni e der ncucn For chungen,
même utilisé pour mettre en valeur une grandiose
·
influence hécatomnide sur certaines de ces cités a été Celui-ci poursuivit l'aménagement du site, avant de tadtbejeshgungen 20 IO, p. I 07-13<.
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J.T
1980
souvent peiner dans des rues étroites ruelle comme on le croit parfois. (fig. XV) ou à Solonte. La toute façon les plus larges; certaines, qui ont mani- 97. L. CA\'ALIER,j. DES COL'RTIL.5,
ou des carre-
Néanmoins, seules plupart des voies secondaires n'étaient
86. Çf Mégara Hyblaea 2004. fours à brusques décrochements quelques grandes artères, comme les plateiai de cer- donc accessi- festement joué un rôle majeur dans l'urbanisme, Degrés et gradins en bordure de rue:
(fig. 21 ). taines villes orthogonales de I' Asie bles qu'aux piétons et aux ânes
ou à d'autres bêtes de ont aménagements pour les pompai?,
87. iARTIN 1974, p. 206-207, Partout, la largeur de la grande Mineure hellénisti- même été bordées de degrés ou de gradins Rue dans L'A11tiquité 2008, p. 83-91.
majorité des rues somme, mais non aux charrettes et autres (fig. 304),
et nombreux exemples dans
était souvent inférieure à 3 m et que, ou encore celles de Néapolis en chariots93. afin que les spectateurs puissent suivre plus
rarement supérieure, Campanie, ainsi Les Cyclades et la Crète aisément 98. À Thasos: DUCHÊNE 1992·
GR.A.\1DJEA.\1 1988, p. 427 (étude
avant l'époque hellénistique, à 6 que la rue principale d'Europos-Doura, d'aujourd'hui, où subsistent les processions97• Il était donc habituel que à Thourioi: E. GR.Eco, Nomi delle
de la voirie de Thasos, p. 421-432). m, voire même à atteignaient bien des rues en pente et même des rues
ou dépassaient les 10 m de large. en escalier, donnent strade neUe città greche, Koina,
88. H. Ml' 4 rn, pour les artères importantes87• Des fouilles récen- fussent dénommées d'après des sanctuaires: la
CHE, Thorikos, A Mining L'élargissement une bonne idée de cette situation rue Miscellanea di studi arclzeologici in onore
fut progressif: les rues de Thorikos tes ont même révélé que l'artère inchangée depuis des Charites, la rue d'Héraclès98 ... Les carrefours
Town in Ancient Attika, Gand
1998, p. 59; dite dromos (8p6µos-) l'Antiquité. Alors que dans plusieurs villes (trio- di P. Orlandini, M. CASTOLDI dir., Milan
(fig. 15 7) allaient ou Voie des Panathénées à Athènes90
Wohnu11gsbau imAüertum 1973, p. 131-132 de 2,15 à 3,50 m pour (fig. 353) était
escarpées, doi, sing. Tp[o8oc_:;), simples croisements plus 1999, p. 223-229.
P. MJ\RZOLFF'. 2,50 à 4 m dans l'aggloméra- comme Latô, les voies serpentent ou moins
tion d'Halai Aixonidès, voisine large de 15 m dès avant le rv' siècle, en degrés irrégu- élargis, accueillaient des fontaines et surtout des petits 99. Résumé et références
89.J. ou BOUCHET, Les noms de la (fig. 302), celles d'Or-
date à laquelle liers entaillés dans le rocher dans FICL'CIELLO 2008, p. 206-207
rue
raon-Ammotopos faisaient de 2,50 à fut tracée l'avenue de même largeur (fig. 303), où étaient aussi sanctuaires, où les processions marquaient l'arrêt; en
en grec ancien, Rue dans
/'Antiquité 2008, qui traverse d'est insérées des plaques de (pour Athènes, Corinthe, Délos ... ).
p. 57-61 (avec 3,35 rn, tandis en ouest l'agora de Pella pierre, Éleutherna a tout de
bib.); FJCUCIELLO 2008. que celles de Démétrias, une (fig. 291 ), les autres rues plus des enclos du type abaton (èi?arnv) (fig. 305), on Pour Alexandrie: D. HE:\JNIG, Strassen
fondation hellénistique même connu à la basse époque
90. E. GR.Eco, ArchStorAnt n.
2001, au plan particulièrement parallèles atteignant 9 m et les perpendiculaires 6 m hellénistique des rues retrouvait là les divinités protectrices des carrefours, und Stadtvierte] in der griechischen
p. 25-38.
s. 8,
uniforme (fig. 144), mesu- de large, sauf près du palais
un peu plus droites,
plus larges et dallées94• Polis, Chiron 30, 2000, p. 595-615.
rent toutes environ 7 ,85 m de de Pella où l'on mesure Hermès, Artémis ou Hécate99• En dehors des sanc-
91. Bullarchi, 1992.392. large, sauf une rue près À vrai dire, les Grecs ne se 100. Il en va de même en zone rurale:
du théâtre dont la largeur également 9 m91• Ailleurs, les difficultés de circulation sont jamais sérieu- tuaires, les bâtiments profanes qui marquent de leur dans Je registre hellénistique de ventes
est limitée à 6,25 m88. Il est sement préoccupés d'organiser
dues à l'étroitesse des rues et des multiples la circulation dans empreinte la topographie de la ville sont principale- de Tènos, une propriété est située par
«passages» leurs villes. À toutes
les époques, dans toutes les rapport « au bain et tous les ouvrages
ment des ouvrages hydrauliques'!": ainsi, l'existence hydrauliques».
214 HABITAT, URBANISME ET
FORTIFICATIONS
son geste en faisant graver son nom sur une grande Une remarque du Pseudo-Aristote confirme que
plaque de calcaire bleu gris encastrée dans le sol, à l'on chercha très tôt à remédier à des embarras gênant
un croisement111• dans les rues étroites de la vieille Athènes: « Hippia
En l'absence de dallage, il arrivait que la chaus- d'Athènes mit en vente ce qui, aux étages, débordait
sée en terre battue fût bordée par un caniveau et un sur la voie publique, les rampes <l'e calier, les balcon
trottoir nivelé par des dalles: on l'a constaté aussi bien et les portes qui s'ouvraient vers l'extérieur» (Économi-
à Kyparissia112 qu'à Olbia de Provence' 13• Même si que, II, 2)116• Aristote accordait des attributions ana-
ceux de la principale plateia de N éapolis de Campanie logues aux astynomes athéniens: «ils empêcheront
étaient exceptionnellement larges, les trottoirs n'ont d'empiéter par des constructions sur la voie publique,
jamais été courants à l'époque grecque; leur exis- d'élever des balcons en saillie sur la rue, de placer ur
tence se justifiait souvent par d'impérieuses nécessités, le haut des maisons des chéneaux qui 'écoulent ur
comme à Thasos où c'est l'abondance des pluies et la voie publique, et d'ouvrir des fenêtre sur la rue»
des ruissellements, toujours dans la rue dite de la (Constitution des Athéniens, 50, 2).
Porte du Silène' 14, qui a d'abord entraîné l'exhausse- Dans la pratique, l'interdiction courante d'empié-
ment des maisons, puis la construction d'un trottoir, à ter sur la voie publique, avec des seuils et des battants
partir de la deuxième moitié du ne siècle. de porte, des perrons munis de balustrade ou avec
,
conduit au théâtre, or J. Chamonard a noté que ce de véritables balcons, e t liée à l'entretien de la voie: 111. . WIEGA."Œ, Zwei Beitrâge
Sélinonte 1°9, ont également été datées du v: siècle et La réglementation: empiètement
sont aussi les seules « bordées de boutiques sur toute non seulement les piétons souffrent du rétrécissement zur Topographie olunts, R.\-198, 1991,
même de la première moitié, tandis qu'à Marseille, le sur la voie publique et propreté p. 121-130.
leur longueur » '?" (fig. 176). Des dalles assez réguliè- de la rue, mais les saillies peuvent entraîner un rejet
dallage des rues apparaît au plus tard au rv' siècle' IO. 112. Chron. BCH 127, 2003 [200 ],
res ou des gros pavés couvraient les rues B et D mal contrôlé des eaux de pluie et des eaux usées. La
de Une succession originale a été relevée dans la princi- De nombreux textes anciens, qui traitent de la
p. 782.
Colophon (fig. 307), de même que les rues principales «stèle du port» de Thasos, qui nous a fait connaî- 113.
pale avenue de Solon te, celle qui mène à l'agora: son propreté des rues, rassemblent des réglementations
VERDI:-;" 1997, p. 427-442.
de l'agglomération de Burgaz, où les tre un règlement d'urbanisme remontant aux année
106. 'HA\10 'ARD 1922, p. 82. Cnidiens pour- revêtement primitif en pierres ou en éclats de pierres préventives aussi bien que prohibitives. Il faut croire
114. GRi\NDJL\.'\' 1988 p. 250,431
107., r. TL'\'\ el al., The Preliminary raient avoir résidé jusqu'à la fin du rv' siècle'?'. Le 4 70-460, est tout aussi claire sur ce points: « dan et pl. 87.
fut remplacé au ne siècle par des dalles en terre cuite que la propreté urbaine représentait un réel problème,
Results of Burgaz Excavations, dallage de la rue de la Porte du Silène à Thasos, qui cette rue, interdiction de faire un seuil» ( ... ) « depui 115. PU\TO:\', Lois, 779c (trad. CCF;,
Rnt<,( HLID 2009, urtout p. 524-525.
d'environ 34 x 34 cm de côté, disposées en rangées puisque Platon y avait également songé en organisant
remonte au V- siècle, avait parfois été cloisonné avec la saillie de la balustrade, on ne fera pa couler d'eau 116. Trad. dan Mxartx 1974, p. 50.
sur 8 m de largeur. Effectuée lorsque la ville était flo- sa cité idéale: « Des
108. GR.\: 'DJEA.'\' 1988, p. 428-429. des plaques transversales, afin de prévenir les
glisse-
astynomes] s'occuperont de tout dans cette rue»!". Serait-ce pour se conformer à un 117. DL'CHÊXE. 1992, p. 55. Le terme
109. ?ftRIT 2003, p. 247. rissante et que les constructions se multipliaient, cette ce qui concerne la propreté dans la ville et empêche- np&ppayµa (prophragma p ut dé ign r,
ments 108 (fig. 308); les plaques de calcaire de certaines règlement du même genre que les maison construi-
.
110. Jfanezlle 1999, opération était due à un mécène local, Antallos fils ront qu'aucun particulier n'empiète sur les terrains selon le contexte, un balcon ou une
p. 73. rue importantes et de croisements, dans la tes dans les îlots orthogonaux d'Olynthe parai ent impie balu trad
ville de d'Asklapos, qui avait voulu donner de la publicité à publics pour bâtir ou creuser»!".
.
d'ouvrir de fenêtres surprend, puisqu'elles étaient de étant responsable de l'entretien de sa portion de rue
déposer leurs ordures; il est même précisé que le loca- de colon cherchaient un lieu favorable à la fonda-
toute façon rares dans les façades sur rue, et placées comme de sa propre maison; c'était même la pre-
taire du jardin devra tenir propre le terrain en ques- tion d'une nouvelle agglomération, il emble bien
de préférence en hauteur. Peut-être le législateur son- mière règle de la gestion collective de la voirie, avant
geait-il aux volets encombrants, ou - plutôt - vou-
tion, grâce au recyclage en fumier des immondices qu'une alimentation suffisante en eau était ouvent le
que n'interviennent les magistrats concernés: «la
rassemblés dans un koprôn « construit», c'est-à-dire critère principal du choix: il n'y a pas lieu d'en douter
lait-il prévenir toute velléité de jeter des ordures par propreté de la rue sera assurée par l'habitant, chacun
entouré de pierres et couvert. dans le cas de Syracuse ou de Mar eille (irifra, p. 229),
le fenêtre 119? devant chez lui. Si personne n'habite, elle sera à la
L'interdiction de souiller les rues, d'y déposer des charge du propriétaire du bâtiment. Et [les épistates ?] comme dans celui de Mégara Hyblaea.
L'alimentation publique en eau Les théoriciens de l'Antiquité qui e sont inter-
ordures ou d'y déféquer, était formulée encore plus nettoieront eux-mêmes chaque mois ( ... )123».
fréquemment. On a parfoi cru que le passage d'Aris- Lorsque l'habitant voulait bien s'appliquer à ras- rogés sur la cité idéale ont régulièrement insi té sur
tophane où un nommé Blépyros se soulage dans la -
sembler ses déjections les ordures ménagères, le pro-
Les historiens ont parfois eu tendance à suresti-
mer l'importance de l'eau dans la question de l'urba-
l'importance de éléments naturels, à commencer
rue (Assemblée desfemmes, v. 320-323), en espérant qu'on duit des tinettes et celui du balayage de la rue - dans nisation. En effet, alors que le sanctuaires ont habi-
par l'eau, pour la vie urbaine. Les Grecs ont d'em-
ne le verra pas dans la nuit noire, faisait allusion à blée compris que chacun avait droit à l'eau, ce que
119. FY RYA: , Cber die Fen
ter son koprôn, cette fosse à immondices creusée assez pro- tuellement été fondés près d'un point d'eau126, il n'en
zur rra: e in then und Pirâu , Boreas la peur d'une amende. En réalité, Blépyros craignait fondément dans un coin de la cour (fig. 55, 196), près Platon souligne à plusieurs reprises dans se Lois;
23/24, Mun ter 2000/2001, p. 73-75. allait pas de même pour les agglomérations, loin de Aristote notait également que la cité «doit avant tout
surtout d être vu parce qu'il était travesti en femrnc'F". de la porte d'entrée, c'est alors qu'intervenaient les
120. E.J. Ü\\L .s.The koprologoi at là. L'existence de sources ou de puits a pu favoriser disposer en abondance de sources et de rui seaux qui
Nombreux devaient être les Athéniens qui, comme coprologues, des sortes d'entrepreneurs placés sous
A.then in the fifth and fourth centurie le choix d'un emplacement, mais ce n'était souvent
B ..
Classical Qjwterly 33, Oxford 1983,
,
lui, déféquaient sur la voie publique: Hérodote la responsabilité des astynomes ou des épistates. Ils qu'un motif secondaire au regard de la recherche des
soient à elle, à défaut, on a trouvé moyen d'en avoir
p. 44--50. oppo e (II, 35) les Égyptiens aux Grecs qui faisaient en construisant en grand nombre de vastes réservoirs
paraissent avoir eu aussi bien un rôle de vidangeurs, défenses offertes par un site escarpé, de la proximité
121. IC II2, 380, I. 37-39. leurs besoins dans la rue, et un décret d'Athènes daté en pénétrant dans les cours privées, que de balayeurs
pour les eaux de pluie» (Politique VII, 11, 3; trad.
de la mer ou d'une voie de circulation. Si les habi-
122. . \LIOt·, Le nettoyage de rues des années 320-319, concernant l'aménagement de CUF). L'autonomie en eau est encore plus indi p nsa-
de rue 124. Tandis qu'Aristote attribuait aux astynomes tants de Zagora d'Andros pouvaient profiter d'un bon
dan l'Antiquité fragment de discours ble quand il faut soutenir un siège, car les as aillants
l'agora du Pirée, donne l'impression qu'ils y tenaient,
:
normatifs, La tille et ses déchets dans le d'Athènes la volonté d'empêcher les coprologues de point d'observation en hauteur, ils devaient tout de
monde romazn: rebuts el reqclages, Actes pui que le décret rappelle « qu'il ne soit permis [à per- décharger leur fardeau « à moins de 10 stades de la commenceront par tenter de couper l'approvi ion-
même se rendre hors de la ville pour puiser à une nement des habitants, par exemple en creu ant une
du colloque de Poitiers; 2002, P. BALLET, onne ni] de jeter des déblais ni [rien] d'autre, ni de ville» (Constitution des Athéniens, 50, 2), soit largement
P. ORDIE.R, • T.
D1Euoo:-;:-;É-GL\D éd., source l'eau qu'ils stockaient ensuite dans des jarres. galerie souterraine à cette fin.
déféquer sur l'agora ni dans les rues»121• En donnant plus d' 1 km, la ville de Thasos, qui avait aussi choisi
Si l'alimentation individuelle des mai on - par
Montagnac 2003, p. 37-49.
Quelques siècles plus tard, la cité crétoise de Latô
123. DLCHf.:-;E 1992, I. 19-23 de la une traduction de cette inscription, C. Saliou souli- de rassembler ses ordures hors du circuit urbain, pré- était tout aussi dépourvue de source ou de puits, en des puits ou des citernes, beaucoup plus rarement
tele du port de Thaso . De telle gne avec raison que ce genre d'interdits grecs vaudra conisait un endroit point trop éloigné, pour éviter les
di .po ition ont toujour en vigueur, ·
ville constitue [ ... ] l'un des enjeux et l'une des expres- rée comme la solution à privilégier127, la nécessité
124. I. Vvnx.jardin et ervices de ments thasiens, liés au bail d'un jardin attenant à un tout de suite que ce site constituait un admirable
ion de la dialectique de l'individuel et du collectif, de mettre cet élément primordial à la di position de
voirie, BCH 100, 1976, p. 555-564. terrain découvert, tous étant propriétés d'Héraclès125, poste de surveillance de la plaine, abrité derrière des
125. JG, XII du privé et du public»122• Chaque riverain était donc tous impliquait de toute façon des ouvrage collectif!
8, 265 et BCH 61, 1937, signalent un lieu situé juste à l'extérieur des portes rochers abrupts que complétait un imposant rempart
126. HELL\L\."\:\ 2006, p. 249 et suiv
p.379-409. in tamment prié de balayer devant a porte (fig. 309), (fig. 311 ). N'oublions pas que, même à Délos, où pre -
de la ville, où les Thasiens venaient clandestinement parfois uni à l'habitat (fig. 289). En revanche, lorsque
127. \'oir notre première partie,
que toutes les maisons hellénistiques po édaient leur chap. 3, 2.
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renforcé: le fait que les autorités de Pergame soient transportée par une petite tranchée (fig. 313) dan en terre cuite en traver ant une colline sur environ 135. K.
affectée au creu ement d'un puit GREWE, Licht am Ende
trouver «rentable» de s'investir dans la construction allées jusqu'à faire vérifier le bon fonctionnement une galerie longue de 1 036 m, où une légère pente
public: ?1IGEOTIE 1992, p. 251-253 250 m (fig. 314), peut-être à la fin du VIe siècle, ce qui des Tunnels, Planung und Trassinung
n° 79. et l'entretien de ces installations. des citernes domestiques (fig. 312) par les astynomes était prévue pour l'écoulement. Elle aboutissait dans im antikm Tunnelbau. Mayence I 98.
laisse envisager des lien entre les île de amos et de
133. Cf .\LIO 1994, p. 124, et supra, On a souvent écrit que les tyrans de la Grèce montre bien à quel point le problème de l'eau était la ville environ 1 km en aval, plusieurs réservoirs Naxos136• Un aqueduc du même type, creu é dan le
136. V L\.\IBRJ,OLD.\I\J?, A. 'e\\. Early
ou Archai Building on • 'a.xo , Jfé/a,uçes
fig. 238. archaïque avaient eu spécialement le souci d'offrir à perçu comme une cause d'intérêt collectif 133• des fontaines servant ensuite à la distribution. Haute rocher sur environ 1,35 m de profondeur, de ervait J Coulton 2005, urtout p. 79-81.
y racuse
n'ont longtemps retenu l'attention qu'en rai on
d'
paragraphe de Thucydide (VI, 100) qui relate
co:?
ment les Athéniens ont voulu les mettre hor du
, a ge
a'1 cur arnv?_c a? ?or d d c a VI le, ct celles d'
.
1
·1 Fig 317. Pergame Elém n s
Agrigente, en pierre de la condu e
œuvr de l mgemeur en chef Phaiax, n'étaient sous pression du Madradag
exa-
minées qu'à travers le prisme de Diodore de D'après E. Fabricius, Fr Graeb r
icile ·
I?
galeries superposées - la plus profonde portait 316
IRTl
la
l
canalisation et celle du haut servait à la maintenance de chapiteaux remployé dans un mur, le bâtim nt
314 tout en allégeant le poids des terres - et entrecoupée' ne daterait pourtant que de année. 500-475: ut-
de nombreux puits carrés servant de regards (fig. p
316). être Mégare a-t-elle été durablement préoccupée
Même en achant que ce ouvrages étaient forcément par
Fig. 314. Naxos. DETAIL A-A le problème de l'eau, qui pouvait être ré:
olu d'un
Section de l'aqueduc grec antérieurs au passage des Athénien en 415, leur date manière satisfai ante par des ingénieur. locaux d
en tuyaux de terre cuite
précise reste à fixer. haut niveau. Cette fontaine rectangulaire, la plus
(en bas) et de la phase romaine,
une canaüsatron construite D'autres villes ont attendu l'époque clas ique grande connue en Grèce (19 x 13,70 m, constitue
(en haut) D'après sinon hellénistique pour développer un système d'ad- l'aboutissement d'une conduite qui ras cmble le· eau.
V. Lambnnoudakis, Melanges
duction d'eau par des canalisation ouvertes au niveau de sources et de puits repéré sur de colline plus
J. Cou/ton 2005, p. 80. au
du sol. L'agora de Tha os et ses abords, par exem- nord. En partie taillée dans le rocher, elle offre un ba: -
ple, furent alimentés à partir du rv' (?) siècle par une
- - ---- ---
Fig. 315. Athènes, à l'est sin de puisage à l'avant (fig. 318), divi é en deux capa-
de lï\cropole. Puits de regard rigole creusée dans un alignement de blocs en mar- cité: 164 m3 x 2) par l'extrémité de la paroi axiale qui
E·m···K?T']§f[J
--- -
dans un tunnel d'adduction.
D'après E. Ziller, AM 2, 1877, pl. 8, 7.
bre, parfois dotés de cuvettes de puisage et de bassins
de décantation; l'eau est supposée avoir été captée à
-- divisait aussi le réservoir postérieur, afin de pouvoir
en mettre la moitié hors eau si néce saire. Enduit ur
partir de puits publics. Au rt siècle, l' Agora d'Athènes wmz,mmiiUr.:$&2G'A9mt.m,w»McS<>J?&J.t«:.scZttllA.Ul';JN <;Qhn# la face interne de ses murs en grand appareil eudo-
possédait aussi ce genre de canalisation d'adduction
..
p
isodome, ce ré ervoir, qui servait naturellement au si
315 en pierre, près de la Voie des Panathénées. 317 à la décantation, était parcouru par cinq rangées de
On sait que les ingénieurs romains ont admira- sept piliers octogonaux supportant la lourde couver-
la ville d'Arnphipolis au milieu du IV" siècle; il avait blement maîtrisé la technique des aqueducs aériens Sélinus, a été doublé sous l'Empire par une deuxième ture plate en terre (fig. 319).
on origine à une vingtaine de kilomètres de la cité137. portant une conduite ous pression, mais on oublie conduite descendant du Madradag : c'est elle qui Ce type de grande fontaine publique, à ré er-
Quant à la ville d'Athènes, elle était alimentée depuis parfois que ce système avait déjà été utilisé à grande passait sur les arches encore visibles au nord de la voir précédé d'un bassin de puisage!", était surtout
le milieu ou le dernier quart du vie siècle par une cana- échelle dès le II" siècle av. notre ère à Pergame, lors- ville. En revanche, des pierres semblables à celles connu dans la région de Corinthe à l'époque archaï-
li ation qui partait du nord-e t de l'Hymette ; connue que l'extension de la ville a rendu insuffisantes les découvertes à Pergame, percées d'un trou circulaire que - il suffira de citer les fontaines Glaukè, Peirène et
depuis longtemps, elle a été réétudiée récemment!". citernes particulières ou les sources sur l'acropole141. pour faire passer une canalisation sous pression juste Lerna à Corinthe-, mais on continua d'en construire
En arrivant dans la cité elle se divisait en plusieurs Car le mécanisme du siphon inversé était déjà connu au-dessus du sol, ont aussi été relevées à Laodicée-
137. Y GR.\: DJL"-'\', L'eau dan la ville jusqu'aux périodes hellénistique et romaine: à
de Thasos, Eau, antê et maladie 1994, branche qui, cependant, ne datent pas toutes de la des Grecs depuis le nt siècle. Dressés au sol et régu- du-Lycos, à Antioche-du-Méandre et à Antioche-de- Olynthe (sur la colline nord) 145, à Camiro de Rhode
urtout p. 288-289; \'. A PlKOL'L.\S, même époque. Certaines sections circulaient dans lièrement espacés, de gros blocs en trachyte ont été Pisidie, à Smyrne142; ces ouvrages doivent remonter à (fig. 320), à Tènos, ainsi qu'en Occident, à Camarina
Horos 8-9, Athene 19 0-1991 [1993],
p. 285-289 pour Arnphipoli ; en grec).
des tunnels hauts de 1, 10 m à 1,30 m, parfois même retrouvés sur deux collines au nord de l'acropole de la même époque. Tous ont finalement été combinés et à Morgantina. Sur le flanc de l'acropole d'Apol-
138. Wa.ssm-morgung antiker tâdte
sur deux niveaux superposés, tous coupés de regards Pergame; ils sont percés d'un trou de 0,30 m de diamè- avec des aqueducs romains, comme ce fut aussi le cas lonia d'Illyrie, au-dessus d'un quartier d'habitation,
1987,
p. 167-J7J;R. T LLE-KAsTE'.\BEI:--:, circulaire semblables à des puits (fig. 315). D'après tre qui maintenait les tuyaux d'une canalisation sans pour les aqueducs souterrains et aériens d'Éphèse, l'énorme fontaine bâtie au IV" siècle e rattache au
Das archaise he asserleitungsnetzfar At/zen, le lettres peintes sur les tuyaux en terre cuite139, une
:\fayence 1994.
I I
doute en plomb (fig. 31 7). En fait il ne s'agissait que qui forment un ensemble aussi long et complexe que même type tout en étant d'une conception très origi-
section près de la station de métro Évangélismos doit 142. G. \\'mm, \Vasserleitun?en in
de l'extrémité d'une très longue conduite qui, issue du celui de Pergame. nale!"': en haut, un canal horizontal recevait le eaux
139. P\Rl.\?L\, TA.\IBOLIDl:.S 2000, kleina iati. chen tad ten, ]dl I(), l 904.
p. 209 et 222-223 diam. ext. de remonter à la première phase de l'aqueduc, tandis Madradag, courait sur plus de 40 km pour descendre de sources, pui quatre travées de captage larges de p. 86-101. Mai le conduites de la ville
tuyaux, 0,305 m). que des tuyaux du V" siècle ont été retrouvés non loin lentement de 1 174 m de hauteur à 208 m, en aug- de Priène n'entrent pa· dan. la mêrru-
Lesfontaines publiques 50 m, créées par cinq murs en cascade, condui aient
140. ugge tion de Cour ·-
du théâtre de Dionysos. Tous ces tuyaux d'adduction catégorie « sous pre:. ion».
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mentant la pression par le franchissement de vallées, l'eau vers le bas (fig. 321), où elle était réunie dans un
BOL ITILR, Le. adduction hydrauliques avaient des dimensions assez uniformes: longs de 143., Ht.U.'\'LR, Dir Krone KPTJl'?)
jusqu'à la colline Saint-Georges. Là, presque à l'en-
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d ville grecque de icile: Il n'est pas indifférent qu'Eupalinos, le concep- autre canal horizontal qui l'amenait dans un bas in von '.\Iegara, A.li 11 (), 200} 12005 J,
de. ouvrage· technique· méconnu ,
0,60 à 0,90 m, ils étaient emboîtés les uns dans les trée de la ville, un réservoir à bassin de décantation teur du tunnel de Samos, ait été originaire de Mégare, de puisage à façade ornée de cinq colonnes dorique p. 107-145.
Technique el sociélis 2001, p. 513-527. autres en veillant à l'étanchéité des joints. À toutes était le point de départ d'une conduite qui s'élevait où un autre intéressant ouvrage hydraulique est
Cf OU.I. -BOl rnrn 1987. entre deux antes (une bouche d'eau ru tique avait 144. Gt.\<,f.R 1983, p. 71 et uiv
le époques, les coudes ou les déviations sont restés sur la forte pente de l'acropole avec une pression de bien conservé au centre de la cité. L'initiative de sa
141. Fr. GR.\I.Bf.R, Die Was erleitungen, au i été prévue en cas de faible débit). Ces fontaine 145. O(mtlzl{j 1946, pl. 88.
très rares. 18 atmosphères, pour alimenter la zone des «palais». construction143 a longtemps été attribuée au tyran 146. Apollonia d'Illyrie,
Alt. Pergamon, I (3 , Ladt und Landschoft, monumentales helléni tique ne devaient donc plu l , .WI/\
Berlin 19 l 3; Hassm-ersorgung ntiker tddte iles aménagements souterrains de Sicile ont été Cet ouvrage, complété dès l'époque hellénistique par Théagénès de Mégare et sa paternité à Eupalinos, seulement subvenir aux be oin des habitant, elle
auhêologique el historique. coll. l?J<R, 391,
l 987, p. 11-4 7 (par G. G.-\RBRECHT
as ez peu étudiés, c'e t surtout parce qu'ils ont
V Dixro, Ph. LJ.:\H.\RD r, Fr. Qt \ 11
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été une canalisation du même type venant de la vallée du dans un âge avancé. D'après la céramique et le profil contribuaient aus i à embellir la ville. éd., Rome 2007 [2008]. p. 255-265.
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