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CHAPITRE NIGER
INTRODUCTION
Les plus importantes ressources naturelles du Niger sont l'or, le fer, le charbon, l'uranium
et le pétrole, mais le Niger est régulièrement classé parmi les pays les plus pauvres de la
planète. Selon les données 2014 de la Banque Mondiale, 48,90 % de la population vit sous le
seuil de la pauvreté, la consommation énergétique par habitant est la plus faible du monde,
quatre enfants sur dix sont en état de sous-nutrition chronique, la moitié seulement de la
population a accès à l’au potable. En 2016, selon le classement du rapport annuél du
Programme des Nations Unies pour le Développement le Niger est classé 188ème sur 188
avec un indice de développement humain de seulement 0,35. Le pays est soumis à de fortes
contraintes dues à la rareté des ressources, à l’aridité du climat, accentuée du reste par les
changements climatiques, à une croissance démographique à un rythme annuel très élevé.
Du point de vue de l’éducation, les indicateurs traditionnels restent les plus bas du monde
comme on doit s’y attendre du fait du poids démographique spectaculaire, de la pauvreté,
mais aussi des coûts élevés des intrants scolaires comme le constate le Programme Sectoriel
de l’Education et de la Formation (PSEF 2014-2024) dont s’est doté le pays. Dans ce
contexte, la disposition d’enseignants bien formés et en nombre suffisant est un défi de taille
d’autant plus redoutable que leur niveau de rémunération se situe aux environs de 10 fois le
PIB/habitant d’un pays qui reste l’un des plus pauvre du monde.
LE FOND CONTEXTUEL
GEOGRAPHIE
Situé en Afrique occidentale entre les parallèles 11°37 et 23°33 de latitude nord d'une part, et
les méridiens 16° de longitude est et 0°10 de longitude ouest d'autre part, le Niger avec ses
1 267 000 km², est le plus vaste des pays de l'Afrique occidentale et se classe 6e à l'échelle
continentale (après l'Algérie, la République démocratique du Congo, le Soudan, la Libye et le
Tchad). Sa situation géographique en fait un carrefour d'échanges entre l'Afrique du Nord et
l'Afrique au Sud du Sahara. Le territoire du Niger est constitué à 80 % du Sahara et du Sahel.
Seule une bande au sud du pays est verte. L'accès à l'eau est un problème pour une grande
partie de la population, même si des efforts significatifs sont enregistrés dans ce domaine.
Le désert progresse de 200 000 hectares chaque année. Les programmes gouvernementaux de
reforestation se heurtent aux fréquentes sècheresses et à la demande croissante en bois et en
terres agricoles. Depuis 1990, la végétation a perdu un tiers de sa surface et ne couvre plus
qu'une très faible portion du territoire dont 8 % seulement enregistre plus de 400
millimètres de pluie par an. L’Agriculture dont dépend la survie des populations devient
hypothétique dans ces conditions et le pays est en situation de pénurie alimentaire récurrente.
Toutefois, grâce aux résultats des programmes étatiques, le Niger présente depuis 2005 des
signes de régénération de la végétation par rapport aux années 1970. La dégradation des
terres a été nettement réduite, l’érosion diminuée, la fertilité augmentée et la productivité
agricole améliorée de façon significative.
Du point de vue de la faune, certains animaux, comme les éléphants, les lions et les girafes,
sont en danger de disparition en raison de la destruction de la forêt et du braconnage. Le
dernier troupeau de girafes en liberté de toute l'Afrique de l'Ouest évolue dans les environs du
village de Kouré, à 60 km de la capitale Niamey. D'autre part, un parc portant le nom de
« Parc du W » (appelation du fait de la forme du fleuve niger à cet endroit) existe sur le
territoire de trois pays : le Niger, le Bénin et le Burkina Faso. Dans le fleuve Niger en proie à
des problèmes d’ensablement, les hippopotames sont protégés et se multiplient.
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DEMOGRAPHIE
Les différentes ethnies sont : les Haoussas (55,4 % de la population), établis entre le
Dallol Maouri et Zinder, qui vivent dans le centre et l'est du pays avec une aire culturelle
largement étendue au Nigeria ; les Zarma-songhayDjermas (22,2 %) qui occupent l'ouest du
pays ; les Touaregs (9,3 %) vivant dans pluisuers régions avec une prédominance dans le
nord ; les Peuls (8,5 %) répartis sur tout le territoire avec une forte concentration dans la
région de Tillabéri ; les Kanouris (4,2 %) et les Boudoumas dans l'extrême est ; les
Gourmantchés (0,3 %) dans le sud-ouest du pays et les Toubous (0,1 %) et les Arabes au
nord et nord-est.
Tranche d’âge Types de population
0 et 4 ans 50.41% rurale 81.53%
15 et 64% 47.02% urbaine 18.47%
Plus de 65 ans 2.57 %
SYSTEME SOCIAL
Le Niger présente une diversité culturelle autour des grands groupes ethnolinguistiques que
représentent les Haoussas, les Zarma-Songhays, les Touaregs et les Peuls. Il faut y ajouter en
plus faible representation les Kanouris, les Gourmanthés, les Toubous et les Arabes.
Le Niger compte offiellement 10 langues nationals que sont l’arabe, le boudouma, le peul ou
fulfudé, le gourmantché, le haoussa, le kanouri, le zarma-songhay, le tamajaq, le tassawaq et
le toubou. Cependant la plupart des populations parlent soit le haoussa ou le zarma-songhay.
La langue officielle est le français qui est également langue d’eneignement. L’Arabe est
également langue d’enseignement et on peut aussi souligner des experiences d’enseignement
bilingue à l’école primaire: français/haoussa; français zarma/songhay.
La société traditionnelle est toujours fondée sur une stratification sociale encore très étanche
de nos jours surtout dans les zones rurales. S’il n’y a pas aujourd’hui de grands problèmes de
cohabitation entre les différents groupes ethniques, il est au contraire difficile aux personnes
issues de castes inférieures (souvent des groupes socioprofessionnels traditionnels comme les
bouchers, artisans griots) d’épouser des personnes issues de castes supérieures ou nobles. De
même, on nepeut parler d’égalité des sexes malgré certaines dispositions légales fixées par
l’Etat. L’influence prépondérante de l’Islam conjuguée avec la dimension sexiste de certaines
coutumes, développent un statut différent à l’homme et à la femme. La place des femmes est
très restreinte dans la société et elles assujeties à l’obéissance au père ou au mari en accord
avec le droit coutumier et par le droit islamique. Les filles sont beaucoup moins scolarisées
que les garçons. La tradition les pousse souvent à des mariages précoces et les confine à des
tâches domestiques. Dans les villages les jeunes filles arrivent souvent très en retard en classe
le matin, parce qu’avant de se rendre à l’école elles doivent aider la mère à faire les tâches
ménagères exclusivement dévolues aux femmes. La mendicité et le travail des enfants
représentent également des facteurs qui peuvent avoir une influence négative sur la
scolarisation.
Toutefois, on note aussi au Niger l’existence d’une cohésion sociale dont la promotion n’est
pas étrangère au principe sociétal du « cousinage à plaisanterie » qui en instaurant une
relation badine entre les différents groupes, leur permet de mieux vivre ensemble. Le
« cousinage à plaisanterie » est un excellent moyen de résolution des problèmes sociaux et à
faire de la société nigérienne une société tolérante.
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ECONOMIE
La croissance du PIB réel au Niger est passée de 4.1 % en 2013 à 7.1 % en 2014, et pourrait
se situer à 6.0 % en 2015 à 6.5 % en 2016 malgré le contexte sécuritaires. Cette performance
de l’économie nigérienne s’explique par la production agricole améliorée grâce à de bonnes
conditions climatiques, ainsi que par le dynamisme des sous-secteurs de la construction, des
transports et des communications. Cependant, le faible indice de développement humain
(IDH) de 0.35 traduit le déficit de développement des services sociaux de base et une
mauvaise distribution des richesses générées. Source: Perspectives économiques en Afrique (PEA)
2015
Dans le secteur minier, les efforts de développement se poursuivent avec l’application
intégrale des dispositions de la loi minière de 2006 qui permet d’augmenter les recettes
fiscales du pays (notamment celles relatives à la taxe sur la valeur ajoutée, TVA). En matière
d’environnement des affaires, le Niger a marqué le pas dans ses réformes en 2014, ce qui
n’est pas de nature à dynamiser le secteur privé et à accompagner la diversification de
l’économie susceptible d’impulser une croissance inclusive. Cependant, la hausse de la dette
publique conjuguée à la chute du prix du pétrole et l’obscurcissement des perspectives liées à
l’exploitation de l’uranium risquent de porter un coup aux performances économiques de
2014.
PIB aux prix courant (en milliards de dollars) 7.12 (FMI 2015)
Revenu national brut par habitant (en dollars) 410 (BM 2014)
SYSTEME POLITIQUE
Ancienne colonie française devenue État indépendant en 1960, le Niger est gouverné par le
président Hamani Diori selon un régime civil à parti unique. En 1974, il est renversé par un
coup d'État mené par le lieutenant-colonel Seyni Kountché. Ce dernier dirige le pays avec un
petit groupe de militaires jusqu'à sa mort en 1987. Son chef d'état-major, le colonel Ali
Saibou lui succède et instaure une « politique de décrispation » qui aboutit à la
démocratisation du pays en 1990. Après une conférence nationale pour la paix civile est en
juillet 1991 et une transition vers des élections libres et transparentes dirigée par Amadou
Cheiffou. En avril 1993 Mahamane Ousmane devient président après son élection
démocratique. Les résultats des élections législatives de 1995 forcent à la cohabitation entre
le président et son rival, ancien premier ministre; cette paralysie gouvernementale justifie le
coup d'État du colonel Ibrahim Baré Maïnassara à l'abandon de la Troisième République en
1996. Le 9 avril 1999, Baré est tué dans un coup d'État mené par le commandant Daouda
Malam Wanké, qui établit un régime de transition pour un retour à la démocratie. Lors des
élections législatives et présidentielle d'octobre et novembre 1999, la coalition du
Mouvement national pour la société du développement (MNSD) et de la Convention
démocratique et sociale (CDS) menée par Mamadou Tandja gagne les élections. Mamadou
Tandja est réélu président en décembre 2004 et choisit de nouveau Hama Amadou comme
premier ministre. Mahamane Ousmane, à la tête de la CDS, est réélu Président de
l'Assemblée nationale par ses pairs.
Le 4 août 2009, le président Mamadou Tandja réussit son coup de force lors du référendum
constitutionnel décrété illégal par la Cour constitutionnelle et contesté dans tout le pays. Le
18 février 2010, un coup d'État est perpétré par le chef d'escadron Salou Djibo qui devient
chef de l’ État durant une transition qui finit par redonner le pouvoir aux civils, notamment à
Mahamadou Issoufou après des élections reconnues libres et transparentes par les différents
observateurs. Il nomme le même jour Brigi Rafini au poste de Premier ministre. Après un
premier mandat, des élections présidentielles et législatives en février et mars 2016,
contestées par l’Opposition politique qui n’a pas pris part au second tour, ramènent
Mahamadou Issoufou au pouvoir. Il nomme une fois encore Brigi Rafini au poste de Premier
ministre.
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RELIGION ET PHILOSOPHIE
LE SYSTÈME ÉDUCATIF
Le système éducatif nigérien à l’instar de tous les pays ouest africain est un héritage de la
colonisation française. Il s’agit d’une simple ramification du système implanté en Afrique
occidentale française (AOF) à partir de St Louis du Sénégal par les colonisateurs, les
religieuses et Dard J. le premier instituteur à partir de 1817. L’objectif principal reconnu à
cette époque est « de former des subalternes indigènes en vue d’assurer la bonne marche de
l’administration coloniale ». Les tentatives premières de création d’écoles, selon plusieurs
auteurs Inné M. (1987) et Meunier Olivier (2000) furent marquées par des tâtonnements, du
bricolage et de l’improvisation au gré des conquêtes militaires. Ainsi Meunier O. (2000 P.
68) affirme « au départ des sous officiers vont s’essayer à dispenser un enseignement dans
leurs camps comme à Doulsou en 1898, Dosso en 1889, Sorbon Hawsa en 1900 puis Niamey
en 1902. Mais ces « écoles » n’ont qu’une durée de vie très courte et ne donnent pas les
résultats escomptés. »
rurales s’accroissent et en milieu urbain les écoles à trois classes sont portées à six. A partir
de 1947 l’école va s’ouvrir à la zone nomade avec les tentes classes qui suivent le
déplacement des populations auxquelles elles sont attachées. Il faut également noter
l’ouverture des Médersa avec la première à Say en 1957.selon le rapport UNESCO (1961),
l’ensemble des élèves inscrits dans les écoles publiques et privées, primaires et secondaires,
donne un total de 28019 sujets dont 8064 filles soit 28% et un taux brut de scolarisation
d’environ 4,6%.
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ÉCHELLE DE L'EDUCATION
Le système éducatif nigérien est géré par quatre départements ministériels à savoir: le
Ministère de l’Enseignement Primaire, de l’Alphabétisation, de la promotion des Langues
Nationales et de l’Education Civique; le Ministère des Enseignements Secondaires; le
Ministère des Enseignements Professionnels et Techniques; le Ministère de l’Enseignement
Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.
La structure du système éducatif au Niger couvre à la fois: le secteur formel et non formel
Ordre d'enseignement Age officiel d'entrée dans le cycle Durée du cycle en année
Préscolaire 4 ans 3
Moyen 17 ans 3
Supérieur 20 ans 4
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INSCRIPTIONS
Le nombre d’enseignants du préscolaire est passé de 4 335 en 2013 à 5021 en 2014 soit un
accroissement de 15,8%. Dans cet ordre d’enseignement, le personnel enseignant est
essentiellement composé de femmes qui représentent plus de 89% des enseignants.
L’encadrement pédagogique du personnel enseignant est assuré actuellement par 58
inspectrices et inspecteurs.
15900 Etablissements dont 13541 au Public ; 49564 enseignants au public dont 126
directeurs déchargés ; 2204 Instituteurs ; 42071 Instituteurs Adjoints ; 201 Moniteurs ; 1515
sans formation pédagogique ; 3573 Autres diplômes pédagogiques ; 2.277.021 élèves dont
45.0 % de filles ; 57 974 salles de classe dont 55 388 utilisées et 23 178 en dur.
DÉFIS
Les données démographiques actuelles confortent l’analyse du Rapport d’état sur le Système
Educatif National du Niger (RESEN) publié en 2010, qui fait de la démographie galopante le
premier des défis majeurs sont susceptibles de complexifier davantage le développement du
secteur éducatif dans le futur. Le problème de la croissance de la population était déjà un
problème le long de l’histoire du système éducatif, mais devant l’absence de réaction des
politiques publiques à laquelle se joignent la modestie de la croissance économique et des
coûts unitaires par rapport au PIB exhorbitants, le développement de l’éducation au Niger
devient très problématique. Le Programme Sectoriel de l’Education et de la Formation (PSEF
2014-2024) estime que la population d’âge scolaire augmenterait d’environ 60% entre 2010
et 2024. La forte croissance de la population d’ensemble du pays et le maintien de sa
distribution par âge auront comme conséquence une croissance forte de la population d’âge
scolaire au cours des 15 années à venir; il est ainsi anticipé que le nombre des jeunes de la
classe d’âge comprise entre 6 et 11 ans 1,92 millions en 2001 à 2,92 millions en 2015, une
augmentation d’un million d’enfants sur 14 années (+ 52 %) constituant ainsi une pression
forte de la demande potentielle de scolarisation sur le système éducatif nigérien. La réalité
des données connues à ce jour dépasse largement les prévisions puisque les 6-11 ans sont
aujourd’hui estimés à 3.645.402. En outre, avec plus de 50 % de la population qui a moins de
15 ans, les défis quantitatifs du système éducatifs déjà importants aujourd’hui, deviendront
encore plus difficiles à tenir.
Nombre d’analystes ont également pointé du doigt un autre défi, pas des moindres,
notamment le niveau élevé de rémunération des enseignants (estimé à près de 10 fois le
PIB/habitant du pays selon le resen 2010). Le recrutement de volontaires rémunérés à un
niveau d’environ 3,5 fois le PIB/habitant) avait dans le passé permis de faire très rapidement
des progrès significatifs de scolarisation. Depuis cette période, la titularisation d’enseignants
contractuels représente la tendance et les augmentations du salaire de base et l’octroi de
primes et bénéfices divers au cours du temps a fini par creuser les plafonds.
On doit sans doute ajouter comme défi le problème de la qualité qui résulte de la mauvaise
santé du système traduite par l’instabilité de l’année, la non fiabilité des types nouveaux
d’enseignants et le déficit de pilotage pédagogique.
Les disparités selon le genre et selon la zone (urbain/rurale) représentent aussi des défis
récurrents du système.
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C’est en 1945 que pour la première fois une école normale est créée pour former en trois ans
les moniteurs d’enseignement recrutés avec le certificat d’études pour les écoles rurales
(cours normal de Kollo). Entre 1945 et 1960, les Nigériens doivent se rendre dans les écoles
normales des autres territoires de l’A.O.F. A partir des années 1960, l’objectif d’accélération
de la scolarisation du primaire se traduit par le recrutement et la formation rapide de
moniteurs auxiliaires n’ayant que le certificat d’études primaries. les Cours normaux de
Tahoua, Tillabéry et Zinder qui recrutent avec le Certificat d’Etudes Primaires Élémentaires
(CEPE) pour une formation de trois ans assortie d’un an de stage au bout duquel ils
devenaient Instituteurs adjoints. Entre 1970 et 1976, les Cours normaux sont transformés en
Ecoles normales et recrutent désormais à partir du Brevet d’Etudes du Premier Cycle (BEPC)
pour un cursus d’un an pour d’instititeurs adjoints et 3 ans pour les instituteurs. On note
également que le développement des effectifs d’élèves a nécessité Durant cette période la
formation de Moniteurs auxilliaires de l’enseignement primaire en 6 mois parmi les titulaires
du CEPE. À partir de 1980 la durée de la formation des instituteurs adjoints est portée à deux
ans. En 2002, avec la mise en oeuvre du Programme Décennal de Développement de
l'Éducation (PDDE), la durée de la formation est ramenée à un an, puis une fois encore à
deux ans en 2008. À ce dispositif de formation des maîtres, il faut ajouter des initiatives
diverses de formation continue et de renforcement des capacities.
Pour le Secondaire, la formation des enseignants est assurée dans des cycles spéciaux des
écoles normales recrutant avec le baccalauréat pour une formation courte puis à l’Université
de Niamey avec la Faculté de Pédagogie (devenue École Normale Supérieure (ENS) à la
rentrée 1994-1995) pour une formation de deux ans débouchant sur le Diplôme Aptitude
Pédagogique aux Fonctions de Professeurs de Collège d’Enseignement Général (DAP CEG).
Les Facultés de l’université dédiée aux études littéraires et scientifiques générales continuent
d’être des grands pourvoyeurs d’enseignants sans formation pédagogique au Secondaire.
L’évolution des filières de l’ École normale supérieure a abouti à l’offre de parcours de
Certificat d’Aptitude Pédagogique de l’Enseignement Secondaire qui consacre l’accès aux
postes d’enseignement dans le cycle moyen (lycée, secondaire second cycle) meme si dans la
réalité, ce diplome n’est pas rendu obligatoire pour enseigner dans les établissements qui font
largement appel aux titulaires de licence et master en lettres et sciences.
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BUTS / OBJECTIFS
Pour répondre aux engagements internationaux et faire face à une pression démographique,
les objectifs de la formation étaient plus quantitatifs que qualitatifs. Depuis la mise à la
retraite massive des enseignants expérimentés en ….le Niger a dû adopter une politique de
contractualisation de l’enseignement. Par conséquent, le recours accru au recrutement des
enseignants contractuels et les solutions alternatives mises en place ont entrainé une diversité
importante dans les qualifications des enseignants. C’est ainsi que les contractuels du cycle
de base 1 sont en très grande majorité titulaires du BEPC ou du Baccalauréat. Certains sont
diplômés des écoles normales d’instituteurs et d’autres non. Parmi ceux qui n’ont pas reçu
une formation initiale, certains ont suivi des stages de mise à niveau et d’autres non (PSEF
2014/2024). Il y a donc dans le système les catégories suivantes : (1) contractuels bac+
formation initiale d’un an à l’ENI ; (2) contractuels bac + formation complémentaire (45 ou
15 jours) ; (3) contractuels bac (sans formation initiale et sans formation complémentaire) ;
(4) contractuels BEPC+ formation initiale d’un an à l’ENI ; (5) contractuels BEPC+
formation initiale de deux ans à l’ENI ; (6) contractuels BEPC + formation complémentaire
(45 ou 15 jours) ; (7) contractuels BEPC (sans formation initiale et sans formation
complémentaire).
Pour ce qui est des contractuels du cycle de base 2 et moyen (secondaire 1er et 2ème cycles)
la situation est plus complexe du fait de la fermeture des filières « enseignants » à l’ENS
depuis le début des années 90. Les trois quarts des enseignants n’ont pas reçu une formation
initiale professionnelle, mais tous sont titulaires de l’un ou l’autre des diplômes suivants : (1)
enseignants titulaires d’un diplôme bac + 5 ou plus; (2) enseignants titulaires d’un diplôme
bac + 3 ou bac + 4 au plus ; (3) enseignants titulaires d’un diplôme bac + 2 au moins;
Les deux premières catégories sont majoritaires dans le moyen et la dernière au cycle de base
2. On assiste à des aberrations ou des sociologues enseignent des matières comme la
littérature et des psychologues des matières scientifiques. Le bilan à mis parcours de la mise
en œuvre du programme décennal de l’éducation en 2007 a conduit à l’élaboration d’un
nouveau programme dans l’école normales d’instituteurs. Ce programme va être révisé en
2011. Les objectifs visés étant : (1) d’améliorer la qualité des programmes en offrant aux
enseignants une formation professionnelle de qualité ; (2) d’adapter la formation des
enseignants du Cycle de Base 1 aux avancées scientifiques et techniques enregistrées dans
toutes les disciplines et domaines d’études intervenant dans leur formation ; (3) d’adapter la
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formation professionnelle des enseignants aux orientations définies par la Loi d’Orientation
du Système Educatif Nigérien (LOSEN) et aux options fondamentales du PDDE ; (4) de
développer chez les nouveaux enseignants, la motivation et l’engagement volontaire dans le
processus de développement économique et social de leur pays. Programme d’études des EN
(2011 p4). La formation dans les EN doit préparer au métier d’enseignant, c'est-à-dire doter
les élèves-maîtres de compétences nécessaires pour faire classe avec efficacité.
Au Niger, la formation des enseignants du niveau primaire est assurée par les écoles normales
d'instituteurs (ENI). Depuis 2010, le nombre de ces ENI est passé de 5 à 11 afin de
l’autonomisation de chaque region en matière de structure de formation. Ces écoles reçoivent
aussi bien des élèves boursiers de l'Etat que des élèves inscrits à titre privé.
La formation comprend une partie théorique sous la forme d’Unités de Formation (UF) et une
partie pratique à travers des stages pratiques. La phase pratique est assurée par les encadreurs
des ENI et le personnel du pilotage pédagogique sur le terrain (les inspecteurs de
l’enseignement de base, les conseillers pédagogues, les directeurs d’école et les maîtres des
écoles d’accueil).
L'accès aux écoles normales d'instituteurs est ouvert par voie de concours:
1. un concours direct à l’intention des titulaires du B.E.P.C pour devenir instituteurs adjoints
en deux ans; aux titulaires du baccalauréat pour devenir instituteurs en un an ;
2. un concours professionnel ouvert aux instituteurs adjoints pour devenir instituteurs en un
an.
Le concours est organisé par les directions régionales de l'éducation, sous la responsabilité du
Ministère de l’éducation nationale. La formation du personnel d'encadrement pédagogique du
primaire est assurée par l'Ecole Normale Supérieure (ENS) de l’Université Abdou Moumouni
de Niamey. Depuis la mise en oeuvre du PDDE, le besoin de développement de la
scolarisation primaire requiert de plus en plus d’enseignants, des previsions entre 3000 et
3500 chaque année, d’où la multiplication des écoles normales.
Par ailleurs, la formation continue des enseigants du primaire est mise en œuvre à travers: (1)
les activités de supervision et d’animation pédagogique effectuées par les encadreurs
(directeurs d’école, conseillers pédagogiques, et inspecteurs), (2) les sessions de formation
organisées au niveau des CAPED. Pour toutes ces activités, des indicateurs de suivi
permettant de mesurer le niveau de performance des acteurs ont été retenus. Pour les rapports
à produire par les acteurs, leur périodicité et leur contenu ont été prédéfinis.
La formation du personnel enseignant aussi bien au cycle de base 1 et base 2 et moyen se fait
essentiellement dans les établissements publics. Le recrutement se fait en fonction des
projections, des besoins et de la planification de l’Etat. Certes les établissements privés
s’essayent à délivrer des diplômes dans les métiers de la formation sous le contrôle strict de
l’Etat dans le cadre du contrôle de la qualité.
Avec la nouvelle vision du ministère dans le cadre de la décentralisation et la recherche de
qualité de l’éducation onze écoles normales ont été programmées dont huit sont déjà
opérationnelles. Les inscriptions ne cessent de croître aussi bien à titre privé que la sélection
de l’Etat. Ainsi selon le MEN/E/PLN/EC (2014 p.36) en quatre ans les effectifs des élèves
maîtres ont presque doublé passant de 6804 en 2011 à 12684 en 2014 dont 20,9 % à titre
privé.
Au niveau du cycle de Base 2, la situation est beaucoup complexe que celle observée dans le
cycle de Base 1 avec le recrutement quasi exclusif d’enseignants contractuels. Les profils
sont très diversifiés. On note des appelés du service civique national (ASCN), des
contractuels, des titulaires et des coopérants. Il s’agit dans la grande majorité d’enseignants
sans formation initiale en pédagogie. La fermeture de la section DAP/CEG de l’ENS pendant
plusieurs années a favorisé le recrutement des enseignants non qualifiés dans l’enseignement
de base 2.
Les personnels d’encadrement du premier cycle et du second cycle suivent une formation
professionnelle de deux ans pour les premiers et un an pour les second et obtiennent
respectivement le grade de conseiller pédagogique et d’inspecteur pédagogique. Depuis
l’avènement du LMD l’ENS offre différents master dans les métiers de la formation
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CURRICULA
Neuf (9) compétences relevant de trois (3) grands domaines représentant globalement le
champ d’activités de l’enseignant sont attachées à la formation:
L’option retenue d’une entrée par les compétences dans l’élaboration des curricula des EN
impose un changement de paradigme car, il s’agit de passer de la logique de l’enseignement à
celle de l’apprentissage, l’élève-maître étant le principal acteur du processus de construction
de ses apprentissages et de développement de ses compétences. La philosophie du nouveau
curriculum des ENI privilégie l’alternance : Pratique / Théorie / Pratique (Altet M. 1996)
DE LA PRATIQUE À LA PRATIQUE
- en passant par une analyse théorique, explicative et réorganisatrice de schèmes d’action
DE LA THÉORIE À LA THÉORIE
en passant par une activité pratique de mise à l’épreuve des concepts préalables : une
conceptualisation.
Il n’existe pas de corps d’enseignants spécifiques aux EN. Les 282 enseignants (15 femmes)
ont des profils très variés. On dénombre des conseillers pédagogiques, des chargés
d’enseignement et des inspecteurs. L’ouverture de la filière des encadreurs des EN prévue à
l’ENS, n’est pas encore réalisée.
PRATIQUE DE L'ENSEIGNEMENT
Le nouveau curriculum des EN organise la formation initiale des enseignants autour de deux
axes principaux: (1) Les Unités de formation composées des domaines de formation.Ceci
fait de l’unité de formation le pilier central de la formation dans les EN ; (2) Les stages
pratiques articulés aux UF pour chaque filière.
La formation des élèves – maîtres ne vise donc pas à apprendre des corps de connaissances
constitués, mais plutôt à développer en eux les compétences nécessaires pour faire classe.
DÉFIS
Selon Meunier (Olivier Meunier 2000), sur un plan historique, la formation des enseignants
au Niger témoigne de sérieuses difficultés, notamment parce qu’elle s’est présentée comme
secondaire par rapport à des objectifs décidés par l’ancien colonisateur ou les bailleurs de
fonds. Socialement, elle a souvent été en décalage par rapport aux besoins réels et à leur
évolution et n’a pas été pensée en amont des projets éducatifs pour leur donner cohérence et
solidité. La formation des formateurs relève de l’enseignement supérieur, mais selon lui, on
peut s’interroger sur la pertinence de ces formations et sur le peu d’articulation entre
recherche et formation de formateurs dans le supérieur.
Mais de façon plus générale, l’Afrique subsaharienne est confrontée à une grande pénurie
d’enseigants très remarquable dans des pays comme le Niger du fait de la très forte
croissance démographique qui généré régulièrement des défis gigantesques et constants en
matière de scolarisation.
La pénurie aiguë d’enseignants qualifiés a été identifiée comme l’un des plus grands défis à
l’atteinte des buts de l’EPT en 2015 et jusqu’à 4 million de nouveaux enseignants seront
nécessaires pour l’Afrique subsaharienne (ASS) si la scolarisation primaire universelle (SPU)
doit être atteinte.
Dans cette perspective, les efforts des responsables du Niger en charge de l’éducation
devraient s’inscrire résolument dans L’Initiative de l’UNESCO pour la formation des
enseignants en Afrique subsaharienne (TTISSA) qui envisage comme BUT : « Améliorer
l’accès, la qualité et l’équité de l’éducation afin de réaliser l’EPT en Afrique
Subsaharienne » ; OBJECTIF GENERAL: « Accroître le corps professoral en quantité et en
qualité dans les pays d’Afrique Subsaharienne » et OBJECTIFS SPECIFIQUES : (1).
L’Amélioration du statut et des conditions de travail des enseignants, (2). L’Amélioration
des structures d’administration et de gestion, (3). Adoption de politiques appropriées
relatives aux enseignants.
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CONCLUSION
Malgré les efforts entrepris par les autorités du Niger dans le cadre de l'atteinte des Objectifs
du Millénaire pour le Développement OMD à l'horizon 2015, beaucoup reste à faire pour
l'amélioration de la formation des enseignants.
Sur la base des données présentées dans ce chapitre consacré à la formation des enseignants
au Niger, il ressort que les défis sont à la fois nombreux et diversifiés. La démographie
galopante du Niger implique de grands défis de scolarisation, donc de grand défis en matière
de formation d’enseigants en quantité et en qualité. Mais on doit noter également que le
Niger semble avoir pris conscience de l’importance du problème crucial de la
contractualisation du personnel enseignant et de sa formation des enseignants, du moins dans
les discours. Des écoles normales d'instituteurs ont été créées dans toutes les régions du pays
et de nouvelles universités ont vu le jour, mais la cohérence du dispositif requiert une
véritable politique de recrutement, de formation et d’utilisation des enseigants qui tienne
compte de tous les aspects du problème.
C’est le prix à payer pour que le pays puisse prendre en charge ses énormes défis de
scolarisation induits par une croissance démographique non maîtrisée à laquelle se greffe une
croissance économique très timide.
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RÉFÉRENCES
INNE, Marcel. « La politique d’éducation au Niger ‘’in Pédagogie pratique pour l’Afrique (France),
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