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Cours de morphosyntaxe (suite)

1-2 Les fonctions de la subordonnée complétive conjonctive


Dans une structure phrastique et de par son équivalence à un SN, la
subordonnée complétive conjonctive aura les fonctions suivantes :
a) Complément d’objet direct du verbe de la principale : c’est la fonction la
plus « usuelle des complétives conjonctives » (page 24). La majorité des
constructions transitives simples peuvent se transformer en phrases complexes
comportant des subordonnées complétives conjonctives directes. Ce type de
phrases aura la forme [V que P] ; souhaiter que P, vouloir que P, savoir que P,
demander que P, dire que P, jurer que P, craindre que P, apprendre que P,
remarquer que P, souligner que P, etc.
(15) Je souhaite qu’il réussisse →je souhaite sa réussite.)
(16)Mon ami m’a appris qu’il y avait des gorges superbes dans la région →
Mon ami m’a appris l’existence des gorges superbes dans la région.
(17) Les nomades craignent que le nombre de points d’eau diminue → Les
nomades craignent la diminution du nombre des points d’eau.
Dans une construction transitive directe, la fonction COD est attribuée à la
proposition [que P] qui est équivalente au SN.

b) Complément d’objet indirect du verbe de la principale. Elle est


introduite par à ce que, de ce que :
(18) (a) Je veillerai à ce que tout aille bien.
(b) Je m’étonne de ce qu’il parte.

La majorité des verbes avec « à » ont une complétive avec la locution


conjonctive « à ce que » : s’attendre à, s’exposer à, se résigner à, se résoudre à,
renoncer à, prendre garde à, faire attention à, consentir à, tenir à, veiller à,
aboutir à, parvenir à, s’habituer à, etc. Toutefois, quelques verbes construits avec
« à » introduisent une subordonnée complétive directe avec la conjonction
« que ». Nous citons entre autres : conclure à, penser à, croire à, songer à,
(19) Je pense à l’organisation du congrès → Je pense que le congrès sera
organisé.

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Les verbes construits avec « de » introduisent une complétive avec « de ce
que », mais la langue moderne tend à remplacer systématiquement « de ce que »
par « que », comme : s’étonner de ; venir de, provenir de, etc.
(20) Je m’étonne (de ce) que le torrent ait creusé le rocher.
Seuls certains verbes se construisent obligatoirement avec « de ce que » à savoir,
venir de, provenir de, etc.
(21) L’échec de notre équipe vient d’un manque d’entraînement → L’échec de
notre équipe vient de ce qu’elle manque d’entraînement.

c) Sujet du verbe de la principale


(22) Qu’il réussisse est mon souhait le plus cher. →Sa réussite est mon souhait
le plus cher).
(23) De toi dépend qu’il réussisse. →Sa réussite dépend de toi.
(24) 1-Que la réunion a été annulée est exact → Il est exact que la réunion a été
annulée.
La complétive qui est placée en tête de phrase fonctionne comme sujet du
verbe de la principale. Cependant, quand elle se positionne après les
expressions comme : il est exact, il est souhaitable, il est indispensable, il est
curieux, il est certain, il est indispensable, etc. le pronom impersonnel « il »
joue le rôle du sujet apparent et la subordonnée complétive aura la fonction
du sujet réel de la principale.

d) Attribut du sujet de la principale


(25) (a) Mon souhait est qu’il réussisse.
(b) La vérité est que je ne m’y attendais pas.
e) Apposée à un nom ou à un pronom de la principale :
(26) (a)Je ne souhaite qu’une chose, qu’il réussisse.
(b)Qu’il réussisse, voilà mon souhait le plus cher.

f) Complément du nom ou ce qu’on appelle complément déterminatif du


nom
(27) (a) Je formule le souhait qu’il réussisse.
(b)Nous sommes partis avec l’espoir que nous allions changer d’avis

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(c)(P1) La certitude de l’arrivée des pluies réjouit les cultivateurs → (P2)
La certitude que les pluies arrivent réjouit les cultivateurs.
Le SN complément du nom « de l’arrivée de pluies » est remplacé dans P1
par la subordonnée complétive que les pluies arrivent.
Comme le SN, la complétive est ici une expansion du nom « la certitude ».
g) Complément de l’adjectif
(28) (a) Je suis fière de ta confiance.→ je suis fière que tu me fasses
confiance.
(b) Les ménagères sont enchantées de l’installation de l’eau courante. →
Les ménagères sont enchantées que l’eau courante soit installée.
Que tu me fasses confiance et que l’eau courante soit installée sont deux
complétives qui ont la fonction de complément de l’adjectif.

g) Complément de l’adverbe
(29) (a) Vivement que tu finisses tes révisions !
(b) Heureusement que tu caches tes secrets !

1-3 Le mode du verbe dans la subordonnée complétive conjonctive1

Le choix du mode du verbe de la subordonnée complétive dépend de la classe


sémantique à laquelle appartiennent le verbe, le nom ou l’adjectif faisant partie
de la principale et qui reçoivent l’élargissement de la complétive.

1) A l’indicatif : (que +indicatif)


(30) Il expliqua à sa mère qu’il voulait faire du cinéma.
Le verbe de la proposition subordonnée complétive conjonctive se réalise à
l’indicatif dans les cas suivants :
a) Après les verbes de déclaration : déclarer, affirmer, dire, soutenir,
annoncer, admettre, remarquer, jurer, raconter, exprimer, expliquer, et bien
d’autres verbes qui ont le même sens.
(31) (a) Il a déclaré qu’il était innocent.

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Cf. BENTOLILA, A., Grammaire alphabétique, Paris, Nathan/VUEF, 2001, pp : 297-300.

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(b) Il m’a dit qu’il a réussi son concours avec excellence.
b) Les verbes d’opinion et de jugement : croire, penser, juger, estimer,
juger, trouver, considérer, supposer, répondre, etc.
(32) (a) Je crois qu’il réussira.
(b) Je trouve que tu exagères.
c) Après les verbes de connaissance et de perception : apprendre, ignorer,
savoir, s’apercevoir, se rendre compte, être certain, être sûr, être
persuadé, être convaincu, entendre, sentir, voir, etc. et également après
les expressions verbales comme : avoir la certitude, la conviction,
l’impression, l’intuition, la preuve, l’idée, etc.
(33) (a) Je sais qu’il est venu.
(b) Je vois que vous avez fait des progrès.
(34) J’ai l’impression que tu caches un grand secret.
(35) Nous sommes persuadés que tu as fait de ton mieux pour trouver toutes les
solutions possibles.
d) Après certaines expressions impersonnelles comme : il est certain, sûr,
clair, exact, convenu, évident, incontestable, probable, vrai, visible,
vraisemblable, etc. on dirait, il paraît, il me semble…
(36) (a) Il est sept heures et il n’est pas toujours là ! Il est probable qu’il a raté
son train.
(b)On dirait qu’elle est jeune.

2) Au conditionnel (que + conditionnel)


a) avec la valeur du futur dans le passé :
(37) Je savais qu’il réussirait.
b) avec la valeur d’hypothèse :
(38) (a)Je pense que j’aimerais bien vivre dans une ville côtière.(Si j’en avais
la possibilité.)
(b) Nous savons qu’il pourrait réussir (sous entendu : s’il le voulait, si on
l’aidait.)
c) Pour respecter la concordance temporelle :
(39) J’étais sûr que la voiture ne serait pas réparée pour cette semaine
3) Au subjonctif :

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Les verbes introducteurs qui sont suivis de subjonctif ont en commun
d’exprimer une certaine subjectivité.
a) - Après des verbes de volonté : désirer, souhaiter, ordonner, interdire,
défendre, redouter, permettre, obtenir, proposer, conseiller, suggérer, exiger,
accepter, attendre, préférer, etc.
(40) (a)Il a exigé que l’activité scientifique soit reportée.
(b) Je veux qu’il réussisse

-Après des verbes de volonté construits avec la locution conjonctive « à ce


que » comme : consentir, s’attendre, veiller, tenir, faire attention, s’opposer à ce
que. Ce type de verbe oblige l’usage du verbe de la subordonnée au subjonctif.

(41) (a) Le concierge veille à ce que l’immeuble soit bien tenu.


(b)Je m’attends à ce que tous les étudiants aient de très bonnes notes.

b) Après des verbes signifiant une désactualisation comme : refuser, défendre,


empêcher, interdire, nier, etc.
(42) Cet auteur refuse que son livre soit vendu à un tel prix !
c) Après certaines tournures impersonnelles comme : il faut que, il est
obligatoire que, indispensable que, préférable que, il vaut mieux que, il
voudrait mieux que, il est possible que, il est souhaitable que, il est
intéressant que, il est important que, peu importe que, il (me, te,…) semble
que, navrant que, etc.
(43) (a) Il est préférable que tu partes avant la nuit.
(b) Il vaut mieux que tu t’en ailles.
(c)Ne m’attendez pas pour dîner, il est possible que je sois un peu en retard.

d) Après les verbes exprimant un sentiment : se réjouir, déplorer, regretter,


admirer, aimer, craindre, déplorer, douter, apprécier, détester, s’inquiéter,
redouter,
(44) (a)Je crains qu’il n’ait échoué.
(b)Je me réjouis que tu aies réussi ton examen.
(c)Ce monsieur déteste qu’on le fasse attendre.

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e) Ou les verbes être, trouver, estimer, juger, etc. + un adjectif exprimant le
sentiment : être heureux, malheureux, triste, surpris, étonné, stupéfait, ému,
content, mécontent, désolé, ravi, etc.
(45) je suis ravi que tu viennes avec moi au cinéma.

f) Après des verbes de déclaration, d’opinion ou de perception exprimant un


fait non encore réalisé), de doute ou de crainte : douter, craindre… :
(46) Je doute fort qu’il soit capable d’un tel exploit.

g) Et également après des verbes exprimant une idée de négation comme nier,
contester, démentir, douer, etc.
(47) Je doute qu’il puisse faire ce travail avant dimanche.
Mais, quand « douter » est utilisé à la forme négative, le verbe de la
subordonnée se met à l’indicatif avec l’idée de la certitude.
(48) Je ne doute pas qu’il est très bricoleur. (= j’en suis sûr, je le sais)

h) Le subjonctif est aussi en usage après le verbe trouver, (estimer, juger),


normal, anormal, drôle, bizarre, étonnant, étrange, désolant, navrant, stupide,
ridicule, utile, inutile, honteux,…
(49) Je trouve anormal que tu n’aies pas encore terminé ce travail.

i) Ensuite, le verbe de la subordonnée complétive conjonctive se met au


subjonctif après les formules constituées avec le verbe avoir + un nom,
comme : avoir besoin, envie, peur, honte, le désir, la surprise, (de) la chance,
etc.
(50) Tu as de la chance que ton père n’ait rien vu.
4) A l’indicatif ou au subjonctif : parfois un verbe peut accepter l’indicatif
ou le subjonctif, selon les cas.
a) Dans les constructions négatives ou interrogatives
(51) (a) Je ne pense pas qu’il vienne. Je ne pense pas qu’il viendra.
(b) Pensez-vous qu’il vienne ? Pensez-vous qu’il viendra ?

(52) (a) Je crois qu’il sera là ce soir.

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(b) Crois-tu qu’il soit là ce soir ?
(c) Non, je ne crois pas qu’il soit là ce soir.

b) Certains verbes ont deux sens différents selon le mode :


-Admettre :
(53) (a) J’admets volontiers que j’ai eu tort. (= c’est vrai j’ai eu tort).
(b) J’admets que vous arriviez en retard de temps en temps mais pas tous
les jours ! (= je peux comprendre que…).
-Comprendre, dire, crier, écrire, téléphoner, entendre, supposer, …
(54) (a) Dites à ce client que je ne serai pas là demain (c’est une information) et
qu’il veuille bien rappeler jeudi (c’est une demande).
(b) J’entends que les voisins de dessus sont rentrés. (C’est un fait)
(c) J’entends que vous fassiez exactement ce que je vous ai demandé (c’est
un ordre)

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