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Fiches...................................................................................................31
- Pourquoi l'oraison................................................................31
- Le don du temps..................................................................32
- Le silence............................................................................33
- Le corps...............................................................................34
- La fidélité............................................................................35
- Les Trois........................................ ....................................36
- Le secret..............................................................................37
- Présence et Absence............................................................38
- Dieu m'aime........................................................................39
Remarque préliminaire :
Cet ensemble de documents n’est qu’un exemple parmi d’autres. Il est très perfectible. On peut le prendre
tel quel ou en extraire des éléments. Une partie de son contenu est un fruit de la pratique de l’oraison. Il
ne mentionne pas les petites histoires instructives et amusantes qui doivent émailler les exposés pour
instruire, en faisant rire, les participants. Surtout il n’exprime pas la réalité profonde d’une école
d’oraison qui a pour but de toucher le cœur des participants ; ce qui n’est possible que si les
organisateurs parlent avec leur cœur, car, selon le Père Caffarel : « Seul un cœur peut parler à d’autres
cœurs ».
1°) Objectif
Présentation de l’oraison par des laïcs à d’autres laïcs (5 à 30 personnes), pour les aider à connaître
l’oraison (qu’est-ce que c’est, pourquoi, comment), et à les initier à une pratique quotidienne durable.
Cette activité doit s’effectuer en lien avec le diocèse et avec la participation sinon l’assentiment du clergé
local.
Une équipe de 2 à 5 laïcs motivés et unis dans le Seigneur. Chacun doit s’engager fermement à pratiquer
l’oraison quotidienne (s’il ne la pratique pas déjà) et à participer à toutes les activités de l’école d’oraison
(EO).
Outre les séances de l’EO, l’équipe se réunit avant chaque séance afin de la préparer (même parfois après
plusieurs années de fonctionnement). Dans certaines équipes, durant cette préparation, les intervenants
présentent aux autres leur exposé afin de recueillir leurs observations.
Si possible un des organisateurs sera doué pour être « maître chanteur ».
Certaines équipes sont accompagnées par un prêtre ; c’est une bonne chose, s’il pratique lui-même
l’oraison quotidienne. En général le prêtre n’assure pas les exposés, mais le soutien spirituel propre à son
sacerdoce (Eucharistie notamment). Pour éviter une focalisation sur des méthodes particulières
d’ « oraison » (franciscaines, ignaciennes, bénédictines, thérésiennes etc…), on sera très prudent si l’on
choisit un religieux, afin d’éviter une orientation liée à une spiritualité particulière.
3°) Durée
Une session d’EO comprend 5 à 7 séances réparties sur des soirées, des après-midi, des journées (3 à 4),
ou 2 week-end. Les intervalles entre séances (8 à 15 jours) permettent d’évaluer les progrès des
participants.
Les périodes les plus favorables semblent être l’Avent et le Carême.
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4°) Lieu
L’ « environnement » est très important. Le lieu doit être silencieux, ni trop grand ni trop petit pour 25
personnes. Il doit pouvoir être aménagé et décoré spécialement pour l’EO. Il doit être confortable et
commode à tous points de vue, sol recouvert de tapis pour l'utilisation du petit banc ; et l’on doit être sûr
de sa réservation. Certaines écoles d’oraison ont eu lieu dans un oratoire ou une petite chapelle. Son
usage, si possible, est gratuit.
Cinq parties :
Prière d’entrée
Exposé doctrinal
Echanges entre participants sur le comment (à partir de la 3ieme)
Exposé pratique
Oraison
Les oraisons ne sont jamais « guidées » (pour ne pas les dénaturer). A la première séance, elle est limitée
à 20 minutes ; ensuite 30 minutes, toujours dans le plus parfait silence.
A la dernière séance l’oraison a lieu au cours d’une Eucharistie, entre la doxologie et le Notre Père,
devant l’Hostie Consacrée disposée sur une petite croix de bois éclairée par un spot.
Le corps et l’oraison
Le corps et la prière
Le petit banc
Comment être fidèle chaque jour
Les pratiques de l'oraison
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8°) Frais
Sauf une quête anonyme pour couvrir éventuellement les frais de chauffage, il n’est pas demandé de
contribution aux participants (jusqu’à maintenant). Les frais sont pris en charge par les organisateurs. Par
contre les participants reçoivent des cadeaux, chacun à chaque séance. Les principaux sont : à la première
séance, un petit banc adapté à la taille, et, à la dernière séance, qui se termine par une collation, une icône
de Troussures (reproduction vernie collée sur plaque de bois).
Certaines EO commencent chaque séance par un repas (chacun apporte une partie à partager)
Cela favorise la connaissance et l’union, et peut inciter les participants à continuer, après l’EO, à se
rencontrer pour pratiquer périodiquement l’oraison en commun.
Il est bon de solliciter d’autres soutiens, par exemple celui d’un Carmel voisin. Dans ce cas ne pas oublier
de rendre compte à ceux qui prient pour nous.
10°) Publicité
L’EO doit être annoncée par tous les moyens possibles : radio, presse, affiches dans les églises, annonces
à l’issue des messes, tracts, suffisamment à l’avance.
A la dernière séance, elle est annoncée (avec la date). Elle a lieu, souvent au même endroit, environ un an
après l’EO. On y rappelle les enseignements fondamentaux, et les participants sont invités à témoigner de
leur vie d’oraison (échanges sur la manière, jamais sur le contenu).
Notes :
Les documents ne doivent jamais être distribués aux participants avant les exposés, mais, à l’issue de la
séance.
Plutôt que présenter les schémas tout faits, il est préférable de les dessiner au fur et à mesure en
interactivité avec les participants. Pour cela il est commode de les dessiner à l’avance, avec un crayon dur
dont le trait est invisible à un mètre. Outre l’intérêt pour les participants, cela permet à l’intervenant
d’éviter la panne sèche ou d’omettre un point important.
Il est très important de bien respecter le sens exact des mots que l’on emploie, afin d’éviter les
confusions, les malentendus, les contre sens, etc. Pour cela, il convient de s’astreindre à donner aux mots
importants (amour, prière, foi, etc) le sens qui est le leur dans la Bible, notamment celui que Jésus leur
donne.
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Oraison. Voici un mot qui suscite des interprétations diverses. Pour beaucoup, c’est une
forme de prière (les oraisons de la messe) ou de discours (les oraisons funèbres de Bossuet). Pour
d’autres, c’est un moment quotidien d’intimité avec Dieu. Les personnes « mystiques » qui la pratiquent
se trouvent généralement dans des monastères clos, lieux de silence et de vie spirituelle intense.
Cependant, on dit que la spiritualité est en train de devenir à la mode. Malheureusement elle risque
de se dégrader en techniques plus ou moins illusoires dans la mesure où l’on veut absolument en
éliminer l’acteur principal : Dieu.
Mais voici que naissent un peu partout, en France, en Belgique, en Suisse, des « écoles d’oraison »
catholiques qui proposent une initiation à l’oraison accessible à tous. En effet, la pratique de l’oraison
véritable, dont le fondement est dans la Bible, n’est pas un luxe réservé seulement aux « âmes d’élite »,
mais une nécessité pour tous.
Encore faut-il savoir ce qu’elle est réellement, les fruits qu’elle produit et comment elle se
pratique : Qu’est-ce que c’est ? Pourquoi ? Comment ?
Ce sont ces trois questions qui seront l’objet d’une soirée d’échanges et d’informations
le..........à.......... où nous sommes tous invités (gratuitement) par l’école d’oraison, mise en place par les
Equipes Notre Dame.
EO11
ECOLE D'ORAISON
20 30 Accueil Bienvenue
20 35 Présentation X Programme de la soirée, présentation des
organisateurs, annonce de l’EO
21 15 Echanges X Questions
Ecole d’oraison
Remarque :
l’oraison ?
L’oraison est une relation intime avec Dieu qui m’aime, me parle et agit au plus profond
de mon être :
« La chose la plus merveilleuse qui puisse arriver à un homme, c’est de se taire pour
laisser Dieu parler et agir en lui » (Dag Hammarrskjöld).
Pourquoi l’oraison ?
Parce que l’oraison est un moyen efficace pour Dieu de m’unir à lui, et pour moi de
devenir son enfant aimant. « La seule chose nécessaire » selon Jésus (Luc 10,42).
Comment l’oraison ?
En donnant chaque jour à Dieu un temps fixé, où je me rends disponible à son Amour, sa
Parole, son Action, en restant aussi silencieux que possible.
Comment débuter ?
Puis, avec le secours de Dieu et des Saints, en entrant dans le silence des sensations, des
sentiments, des pensées et des désirs qui me sont propres, afin d’être disponible pour
Dieu.
Comment terminer ?
Remarque :
La prière est une démarche de l’homme vers Dieu.
L’oraison est une démarche de Dieu vers l’homme.
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Ecouter avant de parler
Aucun homme ne peut valablement concevoir Dieu, à moins que Dieu lui-même ne se
révèle à lui. Il ne peut ni le voir, ni l’imaginer, sans se tromper, même si la création témoigne de son
existence. Mais voici que Dieu est venu, en la personne du Fils fait homme, nous révéler qui il est. Il est
venu nous parler. C’est pourquoi le premier de tous les commandements est : « Ecoute Israël » (Dt 6,4
Mc 12,29), écoute ton Dieu qui te parle, écoute Jésus, Parole de Dieu.
Ainsi la relation entre Dieu et les hommes, la religion, commence nécessairement par l’écoute.
Mais comme il s’agit d’une relation d’amour, elle est réciproque : l’homme à son tour répond par une
parole, la prière. Ainsi cette relation fait alterner
la Parole et l’Ecoute..
Dieu peut à la fois écouter (le Père), parler (le Fils), agir (l’Esprit). Mais pour l’homme l’alternance est
obligatoire ; il est incapable de parler et d’écouter simultanément. En effet, pour être vraies, l’écoute,
comme la parole, requiert en exclusivité la totalité de ses facultés. L’écoute et la parole sont
complémentaires : chacune n’existe que pour l’autre. Elles sont inverses dans leur mouvement : parler
c’est émettre, écouter c’est recevoir.
Ainsi la prière de l’homme est une parole vers Dieu qui l’écoute ; l’écoute par l’homme est une
disponibilité à Dieu qui parle.
On a essayé de représenter par un schéma un résumé de la relation Dieu-Homme.
Il montre que ce qui nous coupe de Dieu, c’est l’orgueil, le péché originel (la désobéissance en est
seulement la conséquence). Mais la barrière de l’orgueil a été franchie par l’humilité de Dieu : l’Esprit a
suscité l’Immaculée Conception, puis a œuvré l’Incarnation du Fils en Marie. Ainsi la Parole de Dieu est
devenue accessible aux hommes. Cette Parole, qui est la personne du Christ, l’Eglise nous la donne par
l’Evangile, les sacrements et l’amour d’une multitude de frères. Tout cela nous atteint de l’extérieur de
nous-mêmes, comme la semence atteint la terre. Mais cette même Parole se trouve aussi enfouie à
l’intérieur, au plus profond de notre cœur, où elle est accessible par l’oraison. Ainsi, de l’extérieur par
l’Eglise, et de l’intérieur par l’oraison, la Parole peut imprégner l’être tout entier.
Ces deux moyens ne sont pas concurrents, au contraire ils se conjuguent et s’entraident
harmonieusement chez celui qui s’y livre. Il peut alors répondre à la Parole d’amour par sa propre parole
d’amour, la prière.
« A des Juifs qui croyaient en lui, Jésus disaient... vous voulez me tuer parce que ma parole
n’entre pas en vous. » (Jn 8, 31 et 37)
Ils entendent, comprennent, sont bouleversés (furieux ou joyeux), mais leur cœur de piere reste
impénétrable, ils n’écoutent pas vraiment.
Chacun peut avoir sa définition personnelle de l’oraison. Celles des mystiques célèbres sont
très précieuses, mais elles sont relatives à leurs personnes, leurs vies, leurs époques, etc... Il semble plus
simple, plus instructif et plus universel de contempler les oraisons si diverses décrites dans la Bible. En
voici, parmi d’autres, quelques unes issues des évangiles :
Celle de Marie : L’Annonciation ( l’oraison parfaite)
Celle de la Samaritaine, ou celle de Zachée
Celle de Marie la sœur de Marthe (merveilleusement heureuse, assise aux pieds de Jésus)
Celle de Cléophas, accompagné de Marie son épouse, sur la route d’Emmaüs
Celle de Pierre, à qui Jésus demande : « M’aimes-tu ? »
La relation Dieu - Homme
DIEU - AMOUR
orgueil IC
Marie
Jésus
Jésus
Je désire
m’unir à toi
Prières
Eglise oraison
Je veux
ce que tu veux
Eva
ngi
le Action
Sac
rem
ent
s
Foi
Communion H
des saints
Je sais que tu m’aimes
HOMME
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Peu de gens connaissent vraiment l’oraison, et donc peu la pratiquent. Cela vient, pour
une part, d’une méprise due au mot lui-même, issu du latin os-oris, qui signifie la bouche, et par
extension, ce qui en sort : la parole. Pour cette raison on lui a donné le sens de prière vocale (les oraisons
de la messe) ou le sens de discours (les oraisons funèbres de Bossuet), sans rapport avec le sens mystique.
Pour la plupart aujourd’hui, l’oraison est « une forme particulière de prière » (Théo page 741). Cette
définition implique une interprétation vague du mot prière, qui ne respecte pas son sens universel et
précis. En réalité l’oraison et la prière sont deux formes de relation avec Dieu, de natures nettement
différentes.
La prière est principalement une démarche de l’homme vers Dieu, plus précisément pour les
chrétiens, vers Dieu le Père, (par le Fils et dans l’Esprit) pour louer, adorer, demander, remercier, se
plaindre, offrir, intercéder, etc…Alors que l’oraison est principalement une démarche de Dieu vers
l’homme, dont l’objet est l’union intime de Dieu avec une personne humaine.
Dans la prière l’homme s’exprime, et Dieu écoute. Dans l’oraison Dieu parle (par le Fils), agit (par
l’Esprit) et l’homme se tait. Ainsi est-il tout entier disponible à cette parole et à cette action, même si, sur
le moment, il ne les perçoit pas, car seul d’abord son cœur profond est touché. Dans la prière l’homme a
l’initiative (avec l’aide de l’Esprit Saint) ; dans l’oraison, c’est Dieu qui a l’initiative. Pour l’homme, la
prière est active, l’oraison passive.
Dans la pratique il arrive souvent que l’on passe de la prière à l’oraison ou de l’oraison à la prière.
Mais cela ne doit pas empêcher d’en faire clairement la distinction. Beaucoup de personnes pensent
pratiquer l’oraison, alors que, sans en avoir conscience, en fait, elles pratiquent la prière personnelle.
C’est très bien. Mais la prière, même personnelle, ne remplace pas l’oraison, et réciproquement. Il est
donc très utile de ne pas les confondre, si l’on veut les pratiquer véritablement, l’une et l’autre.
Comme toute attitude chrétienne, l’oraison a son fondement dans l’Ecriture, et notamment dans
l’Evangile. Chaque récit d’une rencontre personnelle entre Dieu et un être humain peut être considéré
comme un récit d’oraison : par exemple celui du buisson ardent pour Moïse, ou celui de l’Annonciation
pour Marie. On constate que ces récits sont innombrables dans la Bible. Le mot « oraison » ne figure pas
dans les évangiles, non plus que de nombreux autres inventés par les théologiens, tels que trinité ou
sacrement, mais on en trouve précisément la substance, accompagnée de la pensée de Jésus qui la qualifie
de « seule chose nécessaire » dans l’épisode de Marthe et Marie (Luc 10, 38-42). Evidemment, d’autres
« choses » sont très importantes : la charité, la foi, la lecture de la Parole, la prière, les sacrements,
l’Eglise, etc. Mais, selon Jésus, seule l’attitude de Marie de Béthanie, assise à ses pieds pour l’écouter, est
« nécessaire ».
Il existe deux moyens pour « écouter ». L’un est l’Eglise, qui nous donne les évangiles, les
sacrements et l’amour d’une multitude de frères. C’est un moyen qui nous atteint par l’extérieur. L’autre,
l’oraison, permet à Dieu d’atteindre, par l’intérieur, directement le cœur de « tout homme de vérité »
(Jean 18,37) qui ne refuse pas d’écouter. Ni interchangeables, ni concurrents, ces deux moyens se
fécondent mutuellement.
Puisque Dieu, « qui nous aime le premier », est lui-même l’origine de toute relation avec Lui, de
toute religion véritable, et puisque l’oraison a pour objet de mettre notre coeur à l’entière disposition de
son Amour, on voit que, loin d’être une « dévotion » parmi d’autres, elle est bien, selon la parole de
Jésus, « la seule chose nécessaire ».
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Structure de la personnalité
Un peu d’anthropologie chrétienne ! Sous ce nom savant on trouve des notions sur la structure
de la personnalité (comment nous sommes faits), tirées de la Bible. Ces notions sont utiles pour mieux se
connaître, et mieux comprendre la nature des relations entre nous, et avec Dieu.
- Le corps
qui nous met en relation avec le monde extérieur, le monde des
sensations (les cinq sens).
- L’affectivité
qui nous met en relation avec le monde des sentiments, des émotions
(la sympathie, l’antipathie, la colère, la joie, l’envie, la peur,
l’angoisse, la sérénité, etc...)
- Le mental
qui nous met en relation avec le monde des idées, des raisonnements,
souvenirs, sciences, jugements, imaginations, etc...
- Le coeur
au centre de l’être, le cœur, le cœur profond, n’est pas le siège des sentiments (c’est l’affectivité qui
l’est), mais comme on dit le coeur d’un arbre, il est le plus profond de la personne, l’essentiel unique de
son être.
Le coeur est généralement ignoré par les psychologues, comme par la plupart des gens. Il est pourtant la
faculté qui nous met en relation avec Dieu. Dieu y habite. Il est le lieu de la liberté et de l’amour. S’il
n’est pas utilisé, il s’atrophie, on devient incapable d’aimer, incapable de toute relation avec Dieu.
Normalement les couches de notre personnalité communiquent entre elles et avec le monde
extérieur (ce que symbolisent les pointillés). Ainsi notre corps enregistre les sensations de chaud, de
froid, etc., il peut aussi agir sur le monde extérieur. Nos sentiments dépendent souvent de ce que voit le
corps ; le mental peut contrôler : laisser libre cours aux sentiments ou au contraire les inhiber. Le mental
dépend du cerveau qui fait partie du corps. Il peut aussi agir sur le corps par les ordres qu’il lui donne.
Le deuxième schéma montre une situation extrême : « l’homme ancien » (St Paul). 13
Les facultés sensibles sont imperméables les unes aux autres et avec l’extérieur. Elles sont fissurées à
l’intérieur d’elles-mêmes. L’homme est divisé, en conflit avec
lui-même et avec les autres. Son coeur est comme une pierre
dure et inerte. Dieu s’y trouve en prison, forcé à l’inactivité.
L’homme ancien est totalement incapable d’aimer et de se
sentir aimé, ennemi de tous et de lui-même, il est absolument
malheureux.
Dans ce schéma le «moi» est situé dans les facultés sensibles.
Par exemple dans le corps, c’est le cas du jouisseur qui vit
principalement de ses sensations. Ou bien dans l’affectivité,
c’est le sentimental qui est gouverné par son « ressenti » et
peut devenir une girouette que toute impression nouvelle fait
tourner. Enfin, dans le mental, l’intellectuel qui se délecte
indéfiniment de ses idées et raisonnements sans rien percevoir
des joies ou des peines de ses proches.
L’homme ancien est l’esclave de ses facultés sensibles,
son coeur est mort.
Naturellement, on n’est jamais complètement l’homme ancien ou l’homme nouveau, mais entre les
deux, tantôt plus l’un, tantôt plus l’autre, en espérant cependant que l’on devienne progressivement
l’homme nouveau.
Le cœur est l’ « organe » de la prière et aussi de l’oraison. La prière sort du cœur en mettant en œuvre
les facultés sensibles. Pour l’oraison, les facultés sensibles se taisent, le cœur est la demeure où Dieu
vient aimer.
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Comment cela s’applique-t-il à la relation homme - femme ?
La relation peut se limiter aux corps (lien 1), et rien d’autre : une copulation sans grande différence avec
celle des animaux.
Si la relation concerne les affectivités (lien 2), c’est déjà plus humain ; les sentiments s’accordent, à
condition d’être réciproques. Le danger serait que l’un des deux, homme ou femme, ne souhaite que le
rapport sexuel, alors que l’autre ressent un sentiment amoureux.
Quand la relation va jusqu’au mental (lien 3), la parole est là, le dialogue est ouvert et l’entente
mutuelle s’enrichit par l’échange des idées sur toutes choses.
Attention : cette affirmation, l’amour c’est Dieu, n’a de sens que si l’on donne au mot amour le
sens que Jésus lui donne. Ce n’est pas n’importe quel amour qui est Dieu. Pour Jésus, aimer
c’est vouloir le bonheur de l’autre au point de donner sa vie.
quotidienne Décision de
Vie l’oraison
-----------------------------------------------------------------------------------------------------
--------------
Recueillement
F.E.C.
Prières à Marie
et aux Saints
Offrande
Je t’aime Je suis là pour Interruption
Je reste Toi douce
Rejet
immédiat
Rien Je parle à
Dieu, prière
Je réfléchis
méditation
Dieu
me prend
Dieu parle Autres
à
mon cœur
Garder
dans son Dialogue
coeur
Action
de grâce Décision
-----------------------------------------------------------------------------------------------------
-------------- Action Action
CHARIT CHARIT
E E
Vie quotidienne
16
La prière est une démarche de l’homme vers Dieu. L’oraison, elle, est une démarche
de Dieu vers l’homme.
Aussi, durant l’oraison, est-il essentiel de laisser l’initiative au Seigneur. Le Père
Caffarel disait : « A l’oraison, c’est Jésus qui prend le volant ! ». La conduite de l’oraison, c’est Dieu qui
l’assure, pourvu que l’on ne prenne pas sa place.
Cependant, il est bon d’encadrer ce temps de l’oraison par deux petits moments de prière : l’un, au début,
pour demander l’aide de l’Esprit-Saint, afin de nous mettre en état de disponibilité, d’abandon, et l’autre,
à la fin, pour remercier des bienfaits reçus pendant l’oraison et revenir à notre vie active de baptisé.
Parcours d’oraison
Décision
Donner un temps à Dieu, et non pas se donner du temps pour Dieu : « je suis là pour toi, tu fais ce que tu
veux de ce temps ».
Le dessin présente cinq parcours possibles (ce ne sont que des exemples). Il arrive que l’on
passe de l’un à l’autre au cours d’une même oraison.
L’oraison est détournée vers la prière ou la méditation. Dès qu’on le perçoit, on en sortira, en douceur,
après mémorisation de son éventuelle richesse, sans se culpabiliser on revient à : « Parle, Seigneur, ton
serviteur écoute ».
Afin de ne pas favoriser ce détournement, il est préférable de choisir des moments nettement différents
pour la lecture de la Parole de Dieu et pour l’oraison.
Probablement l’oraison la plus fructueuse, car elle est une preuve objective de notre amour pour Jésus. Le
manque creuse le désir ; le fait de rester courageusement donne souvent accès à des parcours plus
gratifiants avant la fin des trente minutes (Dieu ne nous prive pas longtemps de ce que nous lui
sacrifions).
Parcours rouge (l’emprise de Dieu) 17
Totale initiative de Dieu (directement ou après l’Attente) . C’est l’oraison de Camille au théâtre. Elle
peut, dans les débuts, être accompagnée de phénomènes mystiques (extase par exemple), auxquels il
convient de ne pas s’attacher. Jésus ne nous impose que ce que nous désirons au fond de nous même, sans
toujours en avoir conscience (le chemin de Damas).
C’est sans doute l’oraison la plus courante ; celle dont on trouve dans la Bible des récits innombrables.
Elle nous suggère souvent des actes concrets d’amour du prochain. Elle influence notre vie quotidienne.
Vécue comme une aventure d'amour avec Jésus, elle nous établit dans son intimité. Quand on abandonne
cette oraison, la vie spirituelle est affectée et l’on en garde la nostalgie.
Il ne s’agit pas de phénomènes explicables, comme ceux qui sont produits naturellement par les
émotions : frissons, larmes, variations du rythme cardiaque ou respiratoire, bien-être physique ou
psychologique, sensation de légèreté, etc...
Il s’agit de phénomènes rares, non expliqués, en contradiction avec les connaissances habituelles de la
biologie, mais suffisamment constatés pour qu’on ne puisse mettre en doute leur réalité : extase, inédie,
apparition, lévitation, stigmates, bilocalie, larmes inépuisables, etc...accompagnés souvent par l’inhibition
des facultés sensibles.
Ces phénomènes peuvent n’avoir aucun rapport avec Dieu ; ils ne peuvent alors être qualifiés de
« mystiques ».
Ils peuvent se produire pour n’importe qui, même une personne totalement athée. Il serait très risqué de
vouloir en déduire une interprétation quelconque (par exemple baser une décision sur eux).
Il est recommandé de les accepter, humblement, mais de ne pas les désirer et encore moins de
les rechercher. Il est toujours bon de demander conseil à une personne avertie.
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Vocabulaire spirituel
Lectio Divina Méditation priante Mt 4,4 Analyse de texte pour se préparer à la prière
de Lc 8,4-21 et à l’action évangélique.
L’Ecriture (Spiritualité bénédictine, entre autres)
Trois manières :
Jn 14,9 - vision sacramentelle : Eucharistie
Contemplation Voir Dieu 1 Jn 3,2 - vision sensible : apparition
- vision spirituelle : mystique
(vision en plénitude : vie éternelle)
M’aimes tu ?
L’amour pour un chrétien n’est pas d’abord une sensation, un sentiment, une pensée, même s’il est vrai
que l’amour est générateur de sensations, de sentiments et de pensées. L’amour est d’abord une décision
libre qui provoque des actions. L’essentiel n’est pas dans ce que je ressens, il est dans ce que je veux et ce
que je fais.
Tous les couples connaissent une période où ils confondent se plaire et s’aimer.
Beaucoup disent qu’ils s’aiment, sans se rendre compte qu’ils ne font que se plaire. Il y a une grande
différence entre s’aimer et se plaire.
Se plaire ou s’aimer ?
On se plaît par nos qualités, celles que l’on constate, complétées par celles que l’on imagine. C’est la
base de la séduction et du désir, puis de l’accomplissement du plaisir.
C’est très bien, mais ce n’est pas encore l’amour.
Malheureusement nous avons aussi des défauts. Ils nous empêchent de nous plaire toujours. Il arrive un
temps où l’on se plaît moins, et même, peut-être, un temps où l’on cesse de se plaire, où l’on se déplaît.
C’est alors que, par hasard, on rencontre une autre personne « qui a tout pour plaire » (croit-on) . Et le
couple se déchire en disant : « Tu ne m’as jamais aimé ! ».
Ce qui est probablement vrai, car, comme on le dit, « un amour qui finit n’a
jamais commencé ».
Les qualités sont utiles, notamment parce qu’en permettant de se plaire, elles
ouvrent le chemin à l’amour. Mais seul l’amour peut assurer la solidité du couple.
Le champs d’action de l’amour, ce ne sont pas les qualités ou les bonnes actions, ce sont les défauts, les
torts, les humiliations, les souffrances, les déceptions, toutes les duretés de la vie, la mort. L’amour, seul,
est plus fort que la mort.
Beaucoup, hélas, se plaisent sans s’aimer, ils veulent le meilleur sans le pire,
mais quand le pire survient ils perdent tout. Heureusement d’autres arrivent a s’aimer même à des
moments où il leur semble impossible de se plaire.
Ils appliquent ce que dit Jésus en Luc 6, 27-36 : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous
haïssent... » A certains jours, mon conjoint semble être mon ennemi, mon ennemi personnel. Si je l’aime,
je vais décider, malgré tout, de lui faire du bien, tout le bien que je peux, le bien qu’il veut. La crise
passera, et l’amour aura grandi, et l’on se plaira de nouveau, souvent plus qu’avant.
Une manière, entre beaucoup d’autres, d’aimer son ennemi, est de prier pour 20
lui. Un mari qui prie pour sa femme, change son regard sur elle, et elle, comme par miracle, se
métamorphose en ange délicieux !
« l’amour supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne passera
jamais. » (1 Cor 13,1-13)
On trouve dans l’Evangile de Jean un exemple de la confusion entre se plaire et s’aimer ; un véritable
dialogue de sourds. Jésus prend Pierre à part et lui pose trois fois la question : « m’aimes –tu ? » (Jn
21, 15-19) et Pierre fait trois fois la même réponse. La traduction française ne permet pas de
comprendre le sens du texte. En effet, dans le texte grec originel ce n’est pas une simple répétition.
Lorsque Jésus demande à Pierre : « m’aimes-tu » il emploie le verbe agapeïn . Il s’agit de l’amour
parfait, l’amour qui fait que l’on donne sa vie, l’Amour de Jésus, l’Etre de Dieu. Pierre, lui, répond
complètement à côté ; il emploie le verbe phileïn : aimer au sens de plaire. Oui Seigneur, tu me plais
bien, je t’aime bien. C’est pour Jésus une terrible déception, après ces années ensemble, la passion, le
reniement pardonné, lui qui a l’intention de confier à Pierre son Eglise. Alors Jésus lui donne une
seconde chance, il renouvelle sa demande. Hélas, Pierre ne comprend toujours pas, il persiste dans la
même réponse : Jésus lui plaît bien ; mais pas question de donner sa vie pour lui.
Alors voici la merveille, pour Pierre et pour nous :
pour le troisième « m’aimes-tu », Jésus emploie, lui-même, le verbe phileïn : m’aimes-
tu un petit peu ?
Et Pierre se fâche : Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime un petit peu.
Mais il n’en reste pas là. Avec patience, Jésus explique à Pierre qu’un jour viendra, où,
devenu vieux, son amour pour lui le conduira enfin à donner sa vie, ce qu’il fera en
mourant crucifié comme lui.
Ainsi Jésus ne désespère pas de nous, quelque soit notre médiocrité présente. Le
couple aussi doit être patient avec lui-même, l’amour a besoin de temps, mais aussi de
détermination, pour, au delà de la plaisance mutuelle, progressivement atteindre un
amour qui soit participation de l’Amour parfait qui est Dieu.
21
L'oraison de Marie
La Bible est remplie de récits des rencontres personnelles des hommes avec Dieu. Ces récits, très
nombreux et pourtant différents, sont autant d'enseignements sur l'oraison.
Il en est un, très spécialement instructif, celui de la rencontre de Dieu et de Marie à l'Annonciation ,
l'oraison de Marie.
Pour nous aujourd'hui, la Parole n'a plus besoin d'être portée par un ange, puisqu'elle est la
personne même de Jésus, donnée par le Père, éclairée par l'Esprit-Saint, transmise par l'Eglise. La
Parole habite notre cœur.
Attitude de Dieu.
Dieu fait à Marie sa déclaration d'amour (Dieu ne sait parler que d'amour), en trois temps comme
il convient.
- Le compliment :
Cela commence par une prière de louange et un nouveau nom: « Comblée de Grâce », sois heureuse, je
suis avec toi.
Chacun est pour Dieu objet d'admiration ("mon Immaculée Conception à moi c'est mon baptême"
Romain CM2). A l'oraison, mes péchés ne peuvent empêcher le Père d'admirer en moi l'image de Jésus
inscrite par le baptême.
- Le cadeau :
Sois consolée, Marie, "tu as trouvé grâce", ta prière est exaucée. Le plus magnifique cadeau que Dieu
puisse faire à Marie, c'est la venue du Messie. Pour l'obtenir elle a donné ce qu'elle a de plus précieux:
elle a renoncé à toute possibilité d'en être la mère en consacrant sa virginité. Et voici que, justement,
dans cette virginité, elle est exaucée.
L'oraison est une source irremplaçable de bienfaits. Au delà de ce que nous demandons, Dieu donne
toujours le meilleur.
- La demande :
Il y a une seconde demande, simple et discrète, "elle en est à son sixième mois".
L'oraison de chaque jour permet de déceler quel est l'acte d'Amour que Jésus me demande pour
aujourd'hui.
"Que veux-tu que je fasse pour toi ?"
Attitude de Marie. 22
Marie est devenue la personnification de la joie de Dieu. L'oraison est la fête du cœur.
Ce n'est pas la première déclaration d'amour que Marie reçoit. Elle a déjà accueilli celle de Joseph, son
mari, dans le bonheur de l'amour naissant. Ce jour là, son cœur avait déjà pris l'attitude de l'oraison.
Mais, en même temps que la joie, la souffrance s'installe en elle : ce que Dieu demande est
radicalement contraire à son projet de vie :
- son mariage avec Joseph ne peut être que détruit; elle sait que cet "homme juste" ne
pourra accepter l'imposture blasphématoire de passer pour le père d'un enfant qui vient
de Dieu.
- que va devenir sa vocation à la virginité ?
Elle ignore à ce moment là, que Dieu, à qui rien n'est impossible, préservera avec tendresse tout ce qui lui
est cher.
Ce que Dieu demande à l'oraison apparaît au début comme déraisonnable, trop difficile et facultatif :
"Comment cela peut-il se faire, puisque je dois rester vierge ?" *
Malgré la nuit de l’intelligence, des sentiments, et des sensations, le cœur de Marie exauce la
prière de Dieu. Si Marie pesait le pour et le contre, comme probablement le jeune homme riche, elle
dirait non. Mais le cœur ne calcule pas, il aime et s'abandonne à la volonté de l'aimé:
Je veux ce que tu veux.
Marie est l'épouse de l'Esprit-Saint, comme son cœur est l'époux de la Parole.
Consolatrice de Dieu,
L'oraison transforme les deux partenaires de la rencontre: Dieu s'incarne en moi ; et moi je suis divinisé
par Dieu, "participant de la nature divine" (2 Pierre 1,4).
L'oraison est une réaction d'amour à une parole d'amour, le support quotidien et décisif de ma vie
aujourd'hui, un exercice de vie éternelle.
"Qu'il me soit fait selon ta Parole".
* Dans le texte original grec, le terme employé signifie un présent qui dure.
23
Croire et voir
C’est un peu trop facile de répliquer : il y a beaucoup de choses que l’on ne voit pas et qui pourtant
existent bien. D’ailleurs, croire ou ne pas croire ne change rien au fait que Dieu existe (ou n’existe pas).
Il n’empêche que croire sans voir est bien difficile. Mais, il est tout aussi difficile de voir sans croire. Il ne
suffit pas de voir, il faut comprendre ce que l’on voit, être capable de l’interpréter avec exactitude. Par
exemple un sourire peut être interprété comme une moquerie ou au contraire comme une manifestation
d’amitié, selon ce que je sais de la personne qui me fait ce sourire.
Le spectacle d’un beau coucher de soleil produira pour un incroyant une émotion purement esthétique.
Alors qu’un croyant y verra une évocation de la beauté et de la bonté de Dieu : il verra Dieu dans ce
coucher de soleil.
En résumé : il faut croire pour voir, et, tout autant, il faut voir pour croire.
La foi commence par une confiance, même minuscule, une confiance qui est un cadeau de Dieu.
A tous, Dieu offre, sans cesse, ce cadeau. La question est : à quel moment je vais saisir ce cadeau ?
Combien de temps me faudra-t-il pour me décider à faire confiance ?
Celui qui accepte de commencer à croire est comme celui qui fait crédit (c’est le même mot), il
prête sa foi, comme le semeur : il sème sans savoir s’il récoltera. Mais, en retour, il ne tarde pas à voir, la
semence lève. Ce qu’il voit confirme ce qu’il croit, et sa foi grandit en même temps que sa capacité à
voir. Il entre dans un mouvement de croissance et de confirmation de sa foi, une découverte émerveillée,
progressive et sans fin de la Vérité qui est Dieu.
Lorsque Jésus a expliqué à ses amis très proches, les disciples, qu’il serait mis à mort à Jérusalem,
mais que le troisième jour il ressusciterait, ils ne l’ont pas vraiment cru, malgré la confiance et l’amitié
qu’ils avaient pour lui, même le disciple Jean.
Relisons le récit de la découverte du tombeau vide, le troisième jour dans l’Evangile de ce même Jean :
Pierre partit donc avec l’autre disciple, pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble,
mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau.
En se penchant il voit que le linceul est resté à sa place ; cependant il n’entre pas.
Et il voit le linceul affaissé sur place, et le linge qui avait recouvert la tête, non pas affaissé comme le
linceul, mais resté en forme de rouleau, à son emplacement exact.
C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau.
Il vit et il crut.
24
Jusque là, en effet, les disciples n’avaient pas vu que, d’après l’Ecriture, il fallait que Jésus
ressuscite
d’entre les morts. Ensuite les deux disciples rentrèrent chez eux. »
(Jean 20, 1-10)
Marie-Madeleine voit le tombeau vide. Elle en conclut qu’on a enlevé le corps. Elle est trop
anéantie par le chagrin pour analyser les détails de ce qu’elle voit. Elle n’est sensible qu’à l’absence du
corps. Elle ne pense ni à l’Ecriture, ni à l’éventualité d’une résurrection. Lorsque Jésus lui apparaît, elle
le prend pour le jardinier. Il faudra que Jésus lui parle (Jn 20, 14-16) pour qu’enfin elle croit à la
résurrection.
Pierre voit la même chose que Jean, sa seule réaction est l’ « étonnement » (Lc 24,12).
Jean, lui, connaît l’Ecriture ; il voit les détails, le linceul affaissé sur place, et le linge qui a gardé la
forme de la tête, à sa place exacte. Cela prouve que le corps n’a pas pu être enlevé. Il a « traversé » les
linges en laissant tout très exactement en place. La résurrection avec un corps « spirituel » demeure la
seule hypothèse possible, une hypothèse cohérente avec les annonces de l’Ecriture, et celles de Jésus lui-
même, dont Jean se souvient bien.
Lui, contrairement à tous les autres, n’aura pas besoin de voir le ressuscité pour croire en la
résurrection : il croit ce qu’il voit.
Son amour pour Jésus lui a permis de voir ce que les autres n’ont pas vu.
Ainsi le don de la foi est adapté à chaque personne, pourvu qu’on ne le refuse pas.
25
La Bible et l’oraison
Si l’oraison est un temps de rencontre entre Dieu et un être humain, humainement elle est impossible.
Mais « rien n’est impossible à Dieu » (Lc 1,37). Ainsi l’oraison existe parce qu’elle est l’œuvre de Dieu,
la Présence active de Dieu dans un homme.
Pour en connaître les chemins, nous possédons un moyen simple, nous avons la Bible.
Elle raconte des récits d’oraison, innombrables, variés, instructifs. La Bible est universelle, à tous elle
révèle ce que Dieu fait, ce qu’il dit, ce qu’il veut, ce qu’il est. Éclairée par l’Esprit-Saint reçu en Église,
elle est accessible à tous.
Les oraisons décrites dans la Bible ne sont pas des modèles à imiter, chaque oraison quotidienne est
unique, imprévisible et personnelle. Ce qui nous est montré, ce sont les attitudes, les attitudes de Dieu,
attitudes que nous retrouvons aussi, avec joie, dans nos propres oraisons, et les attitudes humaines,
l’écoute et le don de soi, comme celles de Samuel: « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ». (1Samuel
3,10)
Un exemple dans l’Ancien Testament : le récit de la rencontre de Dieu avec Moïse dans l’épisode du
buisson ardent. Ce n’est pas une initiative de Moïse, ce n’est pas une prière de Moïse. C’est Dieu qui
attire Moïse, grâce à un phénomène : « et Dieu l’appela du milieu du buisson, et dit : « Moïse ! Moïse ! »,
il répondit : « Me voici » » . Il s’ensuit un dialogue entièrement conduit par Dieu qui révèle son Nom,
sa compassion, expose ses projets et confie à Moïse la mission de les réaliser. Finalement, après bien des
objections, Moïse accepte. Quelle est, pour aujourd’hui, la mission que Dieu me confie ?
On demande souvent : que faut-il faire pendant le temps de l’oraison ? Regardons Marie pendant son
oraison, une oraison parfaite, le récit de l’Annonciation (Lc 1,26-38) : Marie ne fait rien. Elle ne fabrique
pas de prière. C’est l’ange qui entre chez elle. Elle est seulement disponible, attentive, bouleversée,
consolée, rassurée, confiante, coopérante, aimante. Elle n’est pas en extase, elle écoute, elle se tait, sauf
pour demander comment, ou exprimer la réponse à la demande qui lui est faite de la part de Dieu : « qu’il
me soit fait selon ta parole ».
Si nous imaginons des chemins vers l’oraison fondés sur notre savoir, nos émotions, notre aptitude à
parler à Dieu, notre goût pour « la vie intérieure », nous risquons de ne jamais vivre l’oraison. Le chemin
de l’oraison, c’est l’oraison elle-même. Celle qui consiste à écouter et non à parler, à se laisser conduire
et non à conduire, à essayer d’être disponible à Dieu, en un mot, à se laisser aimer par Jésus.
OUI ou NON
Plusieurs origines à ce manque de motivation : celles qui résultent d’une information insuffisante
ou erronée à propos de l’oraison ; et celle, plus grave, qui résulte de notre tiédeur.
Parfois on nous présente l’oraison comme un art tellement sublime, qu’il nous semble
inaccessible. Mais ce n’est pas l’oraison qui est sublime, c’est Dieu qui est ineffable. C’est Lui
qui « fait » notre oraison, et non notre « sainteté », il nous suffit d’être disponible. C’est pourquoi
l’oraison est à la portée de tous, et aussi, nécessaire à tous.
A l’inverse, on dévalorise l’oraison en la présentant comme une forme de prière. Ceux qui prient
chaque jour, ont déjà des formes de prière qui généralement leur conviennent bien. Pourquoi
devraient-ils en changer ? Mais non, l’oraison n’est pas plus une forme de prière que l’écoute
n’est une forme de parole.
L’oraison est victime d’une méconnaissance générale dans l’Eglise. On en parle peu en catéchèse,
ou dans les homélies. Ceux qui devraient la promouvoir ne peuvent le faire par ce que, souvent,
ils sont eux-mêmes peu informés et ne la pratiquent pas. Il est résulte que l’oraison est considérée
comme une activité facultative, une sorte de luxe spirituel pour ceux qui ont le temps. Cependant
les bons exemples donnés actuellement par des personnes éminentes dans l’Eglise ne manquent
pas.
Le manque de motivation pour l’oraison, c’est surtout notre manque de motivation pour le Christ.
Notre foi est-elle vraiment vitale pour nous ? La foi est nécessaire à l’oraison comme l’oraison
est nécessaire à la foi. L’Amour supporte le froid, apprécie le chaud, mais « vomit » le tiède (Ap
3,16). Laisser le Christ frapper à notre porte, sans lui ouvrir, c’est se priver de l’essentiel, car c’est
Lui qui nous aime le premier ; sans Lui, nous ne pouvons rien faire.
Nous n’osons pas dire non ; et le courage nous manque pour dire un vrai oui. Aurions nous peur ?
Avant de l’accomplir, l’effort de la décision nous apparaît immense, comme celui du fumeur qui
décide de s’arrêter. Mais après coup, il ne reste que la perspective incomparable des bienfaits dont
l’Amour impatient veut nous combler.
Alors, oui ou non ? Jésus attend notre réponse, immédiatement.
La genèse de la prière
Tous nous avons besoin d’apprendre à prier, à bien prier. Le Saint-Esprit nous aide, mais il
ne supprime pas notre responsabilité : c’est nous qui faisons notre prière ; nous la décidons, la
choisissons ou l’inventons, et enfin l’exprimons.
Saint Jacques (4,3) parle de prières mauvaises . Qu’en est-il des nôtres ? Si nous estimons la valeur
de nos prières seulement à partir des émotions qu’elles nous procurent, nous sommes dans l’illusion, avec
des prières complaisamment centrées sur nous-mêmes. Si nous attendons d’être dans la détresse ou
l’euphorie, notre prière sera peut-être vraie (même les athées prient alors), mais elles font de Dieu
l’instrument de notre superstition. Pourtant, Jésus nous demande de prier sans cesse, tous les jours.
Comment, les jours ordinaires, exprimer une prière agréable à Dieu ?
C’est là que nous pourrions analyser, contempler, comment le Magnificat a pu jaillir du cœur
de Marie. Ce n’est pas seulement le fruit d’une connaissance de l’Ancien Testament (cité plus de 70 fois),
ni celui d’une inspiration soudaine ou d’une intelligence géniale ; c’est l’aboutissement d’une
préparation, la conséquence d’une suite d’évènements, une véritable genèse, une genèse où s’unissent
intimement la vie de Marie et la vie de Dieu.
Dans l’oraison, Dieu parle à Marie par l’intermédiaire de l’Ange (en effet, à ce moment, la Parole n’est
pas encore incarnée). Dieu sollicite sa coopération pour un projet inimaginable, impossible à comprendre
pour elle, sur le moment. Cependant elle l’accepte. Non pas en disant « oui », comme quelqu’un qui
saurait exactement ce qu’on lui demande, mais en acceptant « qu’il soit fait selon la Parole » ; car celui
qui aime n’attend pas de tout comprendre pour vouloir ce que veut l’aimé.
Dans l’action, Marie a décidé de mettre en œuvre la partie de l’oraison qu’elle a bien comprise. Elle
part « en hâte » vers sa cousine, un voyage long et risqué. Cette décision révèle concrètement la réalité de
sa foi devant l’invraisemblable ; une foi obscure et néanmoins agissante. Sans la pratique la foi
s’évapore. Avec la pratique, la foi se confirme. On peut penser que durant ce voyage, Marie a
intensément médité l’oraison vécue par l’intermédiaire de l’Ange.
Enfin Marie rencontre Elisabeth (Maison de Dieu). Elisabeth, image de l’Eglise, remplie d’Esprit-Saint,
confirme et éclaire la foi de Marie. La maternité d’Elisabeth est devenue une évidence, les paroles de
l’Ange sont devenues une lumière merveilleuse qui la comble au-delà de tout. Marie sait, Marie
comprend : alors elle peut prier, elle peut crier victoire, la victoire de l’Amour. Le Magnificat déborde
de son cœur, une prière vraie, celle où « la bouche parle de l’abondance du cœur ».
Ce qui vaut pour la mère, vaut pour les enfants. Avec elle, nous pouvons prier comme elle ; à
condition de suivre le même chemin. Ce chemin commence par l’oraison, parce que tout commence par
l’initiative de Dieu : Jésus vient nous parler et nous sauver, chacun et tous. Sans l’Annonciation et sans la
Visitation, il n’y a pas de Magnificat ! Sans la pratique quotidienne de l’oraison, sans la mise en œuvre
concrète de notre modeste foi, sans l’accueil de l’Esprit-Saint reçu en Eglise, nous nous privons des
préalables nécessaires à une prière quotidienne vivante, vraie, joyeuse, une bonne prière.
28
Comment ?
Le don du temps.
Au départ, il y a la décision de donner chaque jour un temps à Dieu. Ce doit être un vrai
cadeau. Non pas un temps que je me donne pour Dieu, avec la perspective de l’utiliser à ma manière,
mais un temps que je donne vraiment, c'est-à-dire un temps qui appartient totalement à Dieu. Il en fera ce
qu’il voudra. Cette décision et ce cadeau, j’en suis l’auteur, avec l’aide du Saint-Esprit.
Le silence.
Sans le silence, il n’y a pas d’oraison. Le silence des sensations, des sentiments, des pensées
et des désirs, hormis celui d’être entièrement disponible à Jésus. Mais ce silence là n’est pas à ma portée.
Je peux cependant le désirer de tout mon cœur, en mettant tout en œuvre pour l’obtenir, en demandant
l’intercession de Marie, celle de mes amis, mes saints préférés, et surtout la médiation de Jésus auprès du
Père. Car seul le Père peut me donner ce silence. En échange du cadeau de mon temps, le Père me fera
cadeau de son silence, ce silence par lequel Il écoute le Fils.
Ainsi le temps pour l’oraison commence par un temps de prière.
L’oraison.
S’il ne l’est pas, je dois affronter deux éventualités : ou bien je m’ennuie, ou bien je suis livré aux
distractions de toutes sortes, bonnes ou moins bonnes, qui me privent de l’oraison véritable. Dès que je
prends conscience de la situation, du bruit qui occupe mon être, alors je reviens à la prière initiale, pour
obtenir de Dieu ce silence qui me manque. Il peut arriver que le temps donné pour l’oraison passe tout
entier dans des allers et retours apparemment infructueux. Mais j’aurai bien tort de mépriser ce temps qui,
en réalité, témoigne de ma bonne volonté, de ma fidélité, et donc prouve mon amour pour le Christ. Je
dois absolument croire que durant « ce temps perdu », Jésus a mis sa Parole dans mon cœur, et l’Esprit
Saint a travaillé à ma conversion.
Si, soudainement et d’une façon stupéfiante, le silence m’est donné, alors je suis vraiment en
oraison, Jésus s’est uni à moi. Le temps n’existe plus ; il n’y a aucun risque que je m’ennuie. Il n’y a
aucune place pour les distractions, une joie inexprimable occupe l’intégralité de mon être. Seul subsiste le
désir que cela ne s’arrête jamais. Ce qui se passe en moi ne m’est pas perceptible, peut-être pour ne pas
casser le silence bienheureux. Plus tard peut-être je saurai ce qui m’a été dit. En pratique,
progressivement, le silence s’estompe et c’est la fin de l’oraison, sans conscience de sa durée.
L’issue.
Avant de revenir à la vie quotidienne, secrètement accompagné par Jésus, car lui ne me quitte
pas, il est convenable de remercier. Ainsi le temps de l’oraison se termine par un temps de prière et la
perspective réjouissante de l’oraison de demain.
29
Obstacles pratiques
Manque de temps
Ignorance ou méconnaissance de l’oraison (présentée comme une forme
de prière)
Autres priorités (ignorance de la nécessité de l’oraison)
Obstacles moraux
Indécision
Egoïsme : argent, confort, télé, … MOI !
Orgueil : mépris de Dieu (péché originel)
Mensonge : absence de vérité dans sa vie
Obstacles spirituels
Dangers
Bienfaits
Saint Augustin
31
1
Pourquoi l’oraison ?
L’Eglise est le canal par lequel l’Amour, qui est Dieu, irrigue le monde. L’Eglise est un moyen
qui atteint l’homme par l’extérieur :
Mais il existe un second moyen, qui atteint l’homme directement, de l’intérieur, c’est
l’oraison. Dans l’oraison, Dieu aime, parle et sanctifie. Ainsi ton cœur est imprégné des pensées, des
désirs et de la vie même de Dieu. Ensuite, de ce cœur comblé, peuvent jaillir et rayonner, le moment
venu, les bienfaits de Dieu dans ton être tout entier. Il suffit que tu laisses Dieu envahir ton cœur, lui
permettant ainsi d’intervenir, sans altérer ta liberté.
Ces deux moyens, l’Eglise et l’oraison, se fécondent mutuellement pour « diviniser » l’homme.
C’est un grand malheur que des chrétiens, qui ont l’Eglise, soient, par ignorance, privés de
l’oraison.
C’est un grand malheur que des non chrétiens, qui, sans le savoir, pratiquent l’oraison, soient, par
ignorance, privés de l’Eglise.
A Marthe de Béthanie, accaparée par le service, qui reproche à Jésus de laisser sa sœur ne rien
faire et demeurer assise à ses pieds, toute heureuse de l’écouter, Jésus répond :
Pour la vie spirituelle, beaucoup de choses sont très utiles, très importantes, mais, pour tous,
Le don du temps.
(Dag Hammarskjöld)*
(Ap 3,20)
Le silence
Le corps
Par les attitudes, la parole, le chant, la danse, les gestes, ton corps est un auxiliaire efficace pour exprimer
tes prières : louange, adoration, demande, offrande, soumission, joie, action de grâce, etc…
Pour l’oraison, il te faut chercher une position stable, indolore, immobile, reposante mais bien éveillée, à
garder tout le temps de l’oraison. Ce sera plus
facile si tu es en bonne santé, sans besoins immédiats,
simplement inactif et calme.
(Un petit banc de prière est utile, à condition d’être bien utilisé et d’être adapté à la dimension de tes
jambes.)
35
La Fidélité.
Si tu n’entends rien, tu ne sens rien, tu ne comprends rien, si Dieu semble répondre à ton silence par son
propre silence, alors, surtout, n’attribue pas ce silence à la médiocrité de ton amour. Ne te désoles pas, ne
te culpabilises pas ;
Les Trois
* Elisabeth de la Trinité
** Camille C.
37
Le secret
N’est-il pas encombré, encombré de tes rancunes, tes doutes, tes angoisses,
tes idoles, tes désirs égoïstes, tes remords, ton orgueil… ?
Si tu l’appelles, aussitôt elle est là, active, intelligente et discrète. Elle va faire le ménage dans ton cœur,
le désencombrer, l’embellir, et l’imprégner de son parfum,
l’Esprit Saint.
Présence et Absence
C’est une grande grâce qu’il nous fait, car s’il se manifestait tel qu’il est,
nous ne pourrions supporter sa perfection :
« Nous serons semblables à Lui, parce que nous le verrons tel qu’il est. »
(1 Jn 3,2)
L’Absence est une souffrance bénéfique ; elle nous purifie en nous montrant que
les bienfaits de Dieu sont moins désirables que Lui-même.
l’Eglise,
et aussi,
Dieu m’aime
Tout se tient,
« Il (le corps) est pour le Seigneur, et le Seigneur est pour le corps » (I Co 6,13)
Saint Paul, en si peu de mots, nous donne la clé du sujet et des deux parties qui le composent :
Le corps pour la prière
L’oraison pour le corps
En effet, dans la prière le corps est pour le Seigneur, dans l’oraison le Seigneur est pour le corps.
La prière est une activité de notre cœur profond* qui nous conduit vers Dieu, qui s’adresse à Dieu.
Notre corps s’y associe tout naturellement, notre corps prie, même si cette prière est intérieure. Ne
sourions nous pas, en silence, à une personne que nous aimons ?
Debout, nous sommes comme le Serviteur prêt à se rendre à tout ordre de son Maître. Debout, les pieds
bien appuyés sur la terre, nous sommes « comme un arbre planté près d’un ruisseau, qui donne du fruit en
son temps » (Ps I,3).
Nous pouvons lever les bras, paumes vers le ciel, et pourquoi pas, chanter et danser, pour la louange ; ou
bien les bras croisés sur la poitrine, ou les mains jointes, pour signifier notre recueillement.
A genoux : cette attitude traditionnelle n’est pas très confortable. Cependant elle exprime bien notre
humilité devant Dieu, et par nos bras et nos mains tendus, notre désir du Seigneur.
Certains aiment se prosterner, tout petits et soumis, proches de la terre d’où nous venons et où nous
retournerons, pour exprimer la prière d’adoration : « Dieu est ton Seigneur, prosterne-toi devant Lui »
(Ps 45,12).
Chacune de ces attitudes convient pour exprimer une facette de notre prière : louange, demande,
supplication, jubilation, offrande, pénitence, consécration, remerciement, plainte, adoration, foi, désir,
etc…
A chacun de choisir celle qui est la plus adaptée et de trouver son propre rythme liturgique. Car il existe
une liturgie personnelle comme il existe une liturgie communautaire. Cela sera facilité si notre corps est
calme, reposé, détendu, respirant librement.
A l’oraison la participation du corps est tout autre. L’oraison, en effet, n’est pas une activité venant
de nous, mais une mise en disponibilité de tout notre être à une action et une parole, qui, cette fois, est le
fait de Dieu seul.
Dans l’oraison, le corps (comme l’affectivité et le mental*) a pour mission de se laisser imprégner de la
présence de Dieu qui envahit notre Cœur profond.
41
Pratiquement, nous devons faire de notre corps un allié qui ne gênera en rien cette présence de Dieu dans
notre cœur.
Il ne s’agit pas pour le corps d’exprimer une prière qui serait notre œuvre, mais de se taire pour
laisser Dieu parler et agir dans notre cœur.
C’est pourquoi, à l’oraison, il nous faut trouver une attitude de silence pour notre corps, une position où il
sera parfaitement en paix.
L’immobilité étant l’un des éléments de ce silence, il nous faut tenir compte de notre condition physique,
de notre âge, de notre santé, de l’état de nos articulations, pour trouver une position tenable, si possible,
durant le temps de l’oraison, une demi-heure par exemple. Une position confortable (sans souffrance
physique), mais sans risque de s’endormir.
Une autre caractéristique du silence du corps est l’absence de sensations. Le rythme cardiaque, la
respiration se ralentissent, ou en tout cas se calment, la pesanteur s’estompe, au point qu’on ne les perçoit
presque plus. Alors notre être peut se centrer sur notre cœur profond où Dieu demeure.
C’est le moyen d’être à la fois à genoux, debout (par le buste) et assis ! Les trois attitudes fondamentales
des trois religions monothéistes. Pour y être bien, il faut le choisir à sa taille (surtout celle des jambes),
écarter les genoux bien à droite et à gauche, et le cou-de-pied reposant par terre, sans chaussures, car
porter celles-ci donne généralement des crampes. Mettre des chaussettes aide bien, car le froid aux pieds
a curieusement tendance à refroidir aussi l’oraison !
Assis sur le banc, nous sommes plus légers, mais il faut veiller à ce que le dos soit bien droit (les
vertèbres empilées comme une pile d’assiettes), la tête, soit un peu rentrée dans le cou (cela exprime
notre recueillement en nous-mêmes), soit droite (en attitude d’éveil et d’écoute). Nos mains : elles
peuvent être posées sur les cuisses, ou bien se rejoindre ou s’ouvrir en offrande. On peut aussi laisser les
bras tomber naturellement.
En ce cas aussi il faut veiller à se tenir le dos droit, les pieds bien à plat par terre ; un petit coussin sur la
chaise ou sous les pieds sera peut-être nécessaire pour l’équilibre des jambes. Pour les bras et les mains,
mêmes possibilités que sur le petit banc.
Le principal est que notre corps soit bien, dans une attitude stable et éveillée. C’est pourquoi le fauteuil
profond n’est pas du tout recommandé ! Mais si je dois rester allongé, l’expérience montre que l’oraison
n’est pas très facile au lit. Heureusement, toutes les formes de prière sont alors un recours et une
consolation. Saint François de Sales écrit longuement à une malade à ce sujet : « Ne vous fâchez pas de
demeurer au lit sans pouvoir faire la méditation…il est mieux d’être sur la croix avec notre Sauveur que
de le regarder seulement ».
En guise de conclusion : Notre corps peut devenir un très puissant allié, pour la prière comme pour
l’oraison, si nous usons avec lui de fermeté, mais aussi de bienveillance, sans présumer de nos forces,
sans non plus les sous-estimer !
Nous ne sommes pas seuls… « les saints anges poussent à l’oraison, et se tiennent alors à nos
côtés, joyeux et priant pour nous » (Evagre le Pontique)
(1)
(2) (2)
(3)
Il comporte 4 éléments : un siège (1), deux pieds (2), une entretoise (3).
1) Outillage
Une scie à denture fine ou une scie sauteuse, une râpe à bois ou une ponceuse à bande montée en poste
fixe, du papier de verre à grain moyen, et à grain fin pour ponçages, un pinceau plat à vernir.
Fausse équerre à se fabriquer : triangle dont l’angle en fausse équerre est de 86° (arctg de 14) découpé
dans du contre plaqué de 5 mm d’épaisseur (pour éviter le contact avec la colle durant le montage, l’angle
sera coupé sur 1 cm environ).
2) Matériaux :
Une bande de contreplaqué d’épaisseur 5 mm , largeur 14 cm, longueur environ 95 cm (variable selon la
taille), le fil du bois des plis extérieurs du contre plaqué doit être dans le sens de la longueur de la bande.
Mastic colle « ni clou ni vis » de Pattex en tube, ou plus commode, en cartouche sous pression.
Vernis pour deux couches.
Pour une construction par quantité, on approvisionne de la bande de CP (ép : 5 mm) de 14 cm de large, fil
du bois extérieur dans le sens de la longueur (2m50 ou 3m10).
Siège :
Largeur : 14 cm
Grande longueur (avant arrondissement des angles) : 30 cm
Petite longueur (avant arrondissement des angles) : 24 cm
Arrondir les angles et les bords
Entretoise :
Hauteur : 14 cm
Longueur : 16 cm
Arrondir seulement le bord inférieur (qui n’est pas collé)
Pieds :
Largeur : 14 cm
Grandes hauteurs : 21, 20,5, 20, 19,5, 19, 18,5 cm (tailles pour adultes)
Petites hauteurs : les mêmes diminuées de 1 cm
Arrondir les bords verticaux
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Banc : utilisation
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Le banc permet une position humble, stable, éveillée, immobile, détendue, et, sauf arthrose
des genoux, indolore.
Pour se poser :
Commencer par une génuflexion en utilisant le banc tenu à la main comme canne pour garder l’équilibre.
Se mettre à deux genoux écartés.
Glisser le banc sous les fesses, le grand bord sur l’avant, et s’asseoir.
Laisser les bras pendre ou poser les mains sur les cuisses.
Si besoin, optimiser la position pour être bien à son aise.
Pour se relever :
Remarque :
NPMA
H voix d’homme
F voix de femme
___________
H O Dieu, notre Père, donne-nous un esprit de fils, l’Esprit de Jésus, pour que nous te
priions comme des enfants, tes enfants.
Avec Jésus nous découvrons, O Père, ton Nom secret : Amour .Pour que ce Nom soit connu de tous les
hommes, avec Jésus ton Fils, nous te demandons :
F Avec celle qui a donné à ton Fils le Nom de Jésus, avec Marie libérée de toute crainte et remplie
d’allégresse, nous proclamons la réponse de l’Esprit :
H Dans ce monde de tant d’injustices, de violences et de morts, ce monde presque sans amour, avec
Jésus, nous t’implorons, O Père :
F Mais avec la Vierge victorieuse, la Mère aimante de Celui dont le règne n’aura pas de fin, avec notre
mère et notre reine, nous crions la victoire de l’Amour :
Magnificat...
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H Dans ce monde de suffisance, où les orgueilleux dominent et écrasent les petits, O Père, avec Jésus,
nous désirons ardemment :
F Alors avec Marie ta petite servante, qui a fait de ta Parole un homme accessible à tout homme, nous
affirmons avec elle, avec ton fils Jésus, que ta toute puissance est au service des pauvres et des petits :
Magnificat...
H Dans ce monde où tant de tes enfants meurent de faim, où tant d’hommes et de femmes meurent du
manque d’Amour, O Père plein de tendresse, avec Jésus nous te demandons :
F Alors avec Marie, notre maman pauvre, qui contemple ta gloire et la perfection de ton oeuvre, notre
coeur est rempli d’action de grâce pour la bonté de notre Dieu :
Il comble de biens les affamés et renvoie les riches les mains vides.
Magnificat...
H Nous qui nous reconnaissons pécheurs, indignes d’être appelés tes enfants, malheureux par nos
fautes mais confiants en ta miséricorde, avec Jésus pardonnant sur la croix, O Père :
Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
F Avec Marie immaculée dans son être et dans sa conception, avec l’Immaculée Conception, la mère
du Premier Relevé d’entre les morts, nous crions notre joie :
Magnificat..
H Nous qui craignons les difficultés de la vie, nous qui sommes angoissés par la peur des souffrances et
la peur de la mort, nous aspirons à la fin de nos épreuves, nous te supplions avec Jésus à Gethsémani,
notre âme triste mais sûre de ta tendresse, O Père :
F Mais avec Marie, Océan de Souffrance, Marie debout près de la croix, mais aussi Marie toute aimée
de Dieu, avec Marie rassurée, nous savons que nous sommes aimés, toujours :
Magnificat...
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H Nous qui sommes faibles, asservis à nos tendances, et même complices du Prince de ce monde, O
Père, avec Jésus ressuscité, nous espérons notre libération :
F Alors, avec Comblée de Grâce, Marie bénie entre toutes les femmes, nous pouvons crier victoire,
célébrer le triomphe de l’Amour qui fait toutes choses nouvelles, la plénitude de la fidélité :
Magnificat...
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Pratiques de l’oraison.
La montagne.
« L’oraison mentale n’est, à mon avis, qu’un commerce intime d’amitié où l’on
s’entretient souvent seul à seul avec ce Dieu dont on se sait aimé ». Après avoir ainsi
défini l’oraison, Thérèse d’Avila propose une méthode destinée à ses sœurs carmélites.
Cette méthode, très détaillée, ressemble à l’ascension progressive d’une montagne, avec
des étapes caractéristiques correspondant chacune à un type d’oraison, en commençant par
les plus accessibles aux débutants, pour finalement atteindre le sommet de « l’union
transformante des septièmes demeures ». La mise en œuvre de cette méthode
perfectionnée nécessite une formation sérieuse et l’accompagnement d’une personne
avertie. La durée du temps quotidien réservé à l’oraison est importante : deux fois une
heure pour les carmélites. Cette méthode a fait la preuve de ses bienfaits pour les
personnes qui vivent une vocation consacrée dont l’emploi du temps prévoit,
systématiquement, celui de l’oraison.
L’étoile.
Il ne s’agit pas d’une méthode : chaque oraison peut donner lieu à une ou plusieurs
formes d’oraison, sans lien organique avec les oraisons précédentes. Hormis le don du
temps et le don de soi-même, le silence, elle laisse à Dieu la totalité de l’initiative. La
notion de niveau et donc de progrès, qui s’applique bien à la vie spirituelle, n’est pas ici
applicable à l’oraison elle-même, imprévisible comme Dieu est imprévisible. Le fait d’être
débutant ou « expérimenté » a peu d’importance puisque c’est Dieu qui « fait » l’oraison.
Il suffit de s’y abandonner. L’étoile ne nécessite pas une longue formation. Elle est
presque immédiatement accessible à toute personne de bonne volonté, même non
chrétienne, selon la parole de Jésus : « Tout homme de vérité écoute ma voix ». Elle est
bien adaptée aux laïcs engagés dans la vie active de la famille, la profession, la société,
l’Eglise, etc.
Remarques :
- Il est clair que l’oraison est la même pour « la montagne » et pour « l’étoile » ; l’oraison
d’union et l’emprise de Dieu désignent la même réalité.
Le « problème » du mal.
Pour beaucoup l'existence du mal prouve l'inexistence de Dieu : « Si Dieu existait ces
choses là n'arriveraient pas ! » Certains raisonnent : le mal est absurde, l'absurde ne s'explique pas, donc
la mal ne s'explique pas ! Enfin d'autres pensent pouvoir renoncer à toute explication en déclarant que
c'est un mystère.
Mais, pour un chrétien, un mystère n'est pas une chose où il n'y a rien à comprendre mais, au
contraire, une chose où il y a trop à comprendre.
Des théologiens, comme Saint Thomas d'Aquin, ont élaboré des explications sur l'origine et la
finalité du mal (péché, souffrance, mort), en se fondant sur l'Ecriture. C'est en effet dans la Bible que l'on
peut trouver une compréhension du mystère du mal. Par exemple le livre de Job est particulièrement
instructif à ce sujet.
Satan est l'auteur du mal, et non pas Dieu. Pour cela, il met souvent en oeuvre des moyens
ordinaires: la méchanceté des hommes qui se font ses complices, les catastrophes naturelles, la
maladie progressivement destructrice, la mort.
Cependant Dieu n'est pas exonéré de toute responsabilité, puisque Satan ne peut agir qu'avec sa
permission. Dieu, qui ne revient jamais sur ses dons, n'a pas retiré à Satan son pouvoir de « Prince
de ce monde ». Un prince dont le projet est de détruire l'oeuvre de Dieu.
L'idée très répandue qui fait du malheur le signe de la culpabilité, et du bonheur le signe de
l'innocence, la théologie de la rétribution, (il faut bien récompenser les bons et punir les méchants
en ce monde, puisqu'il n'y en a pas d'autre), est radicalement désapprouvée par Dieu. Cela
marque une étape importante de la pédagogie de l'Ancien Testament, dans son évolution vers le
Nouveau Testament, l' Alliance Nouvelle.
Apparemment Dieu ne fait rien pour secourir Job. Au contraire, à ses justes plaintes il répond en
le remettant vertement à sa place. Après le mépris de sa femme (« Maudis Dieu et meurs !»),
après les conseils erronés de ses amis théologiens, voici que vient le sentiment de l'abandon de
Dieu (comme pour Jésus sur la croix).
Bien que n'ayant commis aucune faute, Job est écrasé par le malheur, et, dans son désespoir,
regrette d'être né. Mais il ne maudit pas Dieu.
C'est alors, au plus profond de sa misère, que Job prononce une phrase inattendue, tout à fait
incroyable, mais absolument révélatrice :
Voir Dieu, c'est l'objectif de toute la Bible, objectif impossible sans mourir, selon l'Ancien
Testament. Mais pour Jésus (« Qui me voit, voit le Père »), cette vision, partielle ici bas, est possible.
Selon Saint Jean elle nous rend semblables à Dieu:
« Nous serons semblables à Lui parce que nous le verrons tel qu'Il est » (1 Jn 3,2)
Conséquences: 51
Tout baptisé connaît Dieu généralement d'abord par « ouï-dire », puis, un certain jour, il le connaît
personnellement, par exemple à l'occasion d'une oraison où son Amour se révèle. S'agissant de Dieu en
effet, le ouï-dire, bien que nécessaire, ne peut être suffisant. Ainsi, comme pour Job, l'épreuve peut me
révéler Dieu, en même temps qu'elle me révèle qui je suis et quels sont mes vrais amis.
Nos épreuves peuvent nous révolter, mais elles peuvent aussi nous délivrer de notre suffisance en ouvrant
nos yeux sur notre dépendance vis à vis de Dieu. Avec le temps, nous devenons même capables de
comprendre comment nos souffrances, unies à celles du Christ, sont elles aussi salvatrices pour nous et
pour ceux que nous aimons.
Cela ne signifie pas que le mal soit une forme de bien qui serait à rechercher. Bien au contraire, Job n'a
pas recherché ses malheurs; nous devons lutter de toutes nos forces contre le mal. Mais lorsque l'épreuve
injuste et incompréhensible survient, c'est notre fidélité à Dieu qui prouve notre amour. C'est le moment,
selon la parole de Ste Thérèse de Lisieux de « trouver délicieuse la part du gâteau que Jésus nous donne »
C'est un fait que les Saints sont généralement très durement éprouvés, à l'image de Marie et du Christ; en
même temps qu'ils sont bénéficiaires d'une joie manifestement divine. Nous ne devons pas en conclure
que le malheur est le seul chemin vers Dieu, mais avec Saint Paul nous devons penser que Dieu « fait tout
concourir à notre bien » (Rom 8,28). Pour chacun Dieu limite les épreuves aux possibilités de sa
faiblesse, exauçant ainsi la prière enseignée par Jésus : « Ne nous soumets pas à la tentation ». En effet,
« Il se souvient de son amour ».
A l'oraison, l'absence de Dieu, surtout pour ceux qui ont un moment savouré sa présence, peut être une
épreuve terrible. Le sentiment que Dieu ne m'aime plus est une souffrance indicible, à la mesure de mon
désir d'aimer et d'être aimé. Bien des Saints ont vécu longuement cette souffrance, en reconnaissant,
après coup, les grâces extraordinaires qui en ont résulté.
Notre foi et notre raison nous disent que nos souffrances qui nous semblent « interminables » sont en
réalité temporaires; le bonheur est éternel, comme Dieu.
Remarques :
Le psychanalyste Jung estime que le livre de Job est une « non réponse » au problème du mal ;
peut-être n'a-t-il pas perçu que l'essentiel du livre n'est pas d'ordre psychologique mais spirituel. S'il
apparaissait que la révélation chrétienne soit sans réponse à une question importante de la vie humaine, je
cesserais d'être chrétien. Mais non, la Parole de Dieu est exempte de lacunes. C'est ma compréhension qui
est déficiente.
Nous ne savons rien réellement de la souffrance des autres; la pitié n'est pas la compassion.
Par contre, Dieu, Lui, souffre toutes nos souffrances, infiniment plus intensément que nous.
Chacun a ses épreuves, certains beaucoup plus que d'autres. Ceux là doivent nous inspirer de
l'admiration et de la reconnaissance, tant nous leur sommes redevables, car leurs prières pour nous sont
irrésistibles pour Dieu. C'est imiter Jésus que de les soutenir matériellement, moralement et
spirituellement. Leur joie, et plus tard leur bonheur, sera à la mesure de leurs souffrances.