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Université de Tours–L2S3 Mathématiques–algèbre–année 2008/09

Examen
Première session – Lundi 5 janvier 2009 – durée 2h
**** Tous documents et appareils électroniques interdits ****

Exercice 1 Parmi les 7 propositions suivantes, lesquelles sont vraies ou fausses ?


Justifiez les réponses par une démonstration si vous estimez qu’une assertion est
vraie et par un contre-exemple si vous pensez que c’est faux. J’insiste sur le fait
qu’aucun point ne sera accordé sans justification même en cas de réponse correcte.
Les questions posées ne demandent pas de longs développements, une rédaction
soignée et concise est attendue.

1. Toute matrice de Mn (R) a au moins une valeur propre réelle.

2. Le sous-ensemble des matrices inversibles est un sous-espace vectoriel de Mn (R).

3. Une symétrie est toujours inversible.


18 27 9
4. −9 9 0 = −12391.
0 18 −27

5. Si deux endomorphismes ont même polynôme caractéristique alors ils sont


semblables.
K[X] → K[X]
6. L’application ϕ : P (X) 7 → XP (X) est un endomorphisme injectif.

7. Soit E de dimension n et f ∈ L(E) un endomorphisme nilpotent. Alors le


polynôme caractéristique de f est Pf (X) = (−X)n .

Exercice 2
1. Énoncer le théorème de trigonalisation.
2. Démontrer-le.
3. Pourquoi un endomorphisme d’un C-espace vectoriel E de dimension finie est-il
toujours trigonalisable ?

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 
0 1 1
Exercice 3 Soit A =  1 0 1  .
1 1 0
1. Diagonaliser la matrice A (on justifiera qu’elle est bien diagonalisable, on cal-
culera une matrice de passage ainsi que l’inverse de cette dernière).
2. Application : trouver au moins une matrice X ∈ M3 (C) (à coefficients eventuelle-
ment complexes) qui vérifie l’équation matricielle X 2 = A.

Barême envisagé : Exercice 1 : 7 pts ; Exercice 2 : 7 pts ; Exercice 3 : 6 pts.

2
Université de Tours–L2S3 Mathématiques–algèbre–année 2008/09
EXAMEN du Lundi 5 janvier 2009 : CORRECTION

Une solution de l’exercice 1.


„ «
0 1
1. FAUX. Soit A = . Alors PA (X) = X 2 + 1 et le polynôme caractéristique n’a pas de racine réelle.
−1 0
2. FAUX. Par exemple IN et −IN sont des matrices inversibles de MN (K) et pourtant IN + (−IN ) = 0 et
0MN (K) ∈ / GLN (K).
3. VRAI. Une symétrie s ∈ L(E) vérifie s ◦ s = idE ce qui prouve que s ∈ GL(E) avec s−1 = s (on dit que c’est
une involution).
4. FAUX. Le déterminant vaut −12393. Ne surtout pas chercher à calculer bêtement ! Une manière de voir que le
résultat annoncé est faux est de remarquer que chaque coefficient est multiple de 9 donc le déterminant sera multiple
de 93 donc en particulier de 3. Or 12391 n’est pas divisible par 3 donc c’est faux. „ «
1 0
5. FAUX. Par exemple, les endomorphismes de R2 dont les matrices dans la base canonique sont = I2
0 1
„ «
1 1
et ont tous deux (X − 1)2 pour polynôme caractéristique. Pourtant la deuxième matrice ne peut pas
0 1
être semblable à I2 car sinon elle devrait être égale à I2 .
6. VRAI. On a bien que ϕ ∈ L(K[X]) car pour tous P, Q ∈ K[X] et λ ∈ K, ϕ(P + Q) = X(P + Q) = XP + XQ =
ϕ(P ) + ϕ(Q) et ϕ(λP ) = X(λP ) = λXP = λϕ(P ). De plus, si P ∈ ker(ϕ), ϕ(P ) = XP (X) = 0K[X] donc P est le
polynôme nul ce qui prouve que ker(ϕ) = {0K[X] } c’est-à-dire que ϕ est injectif.
7. VRAI. Même si E est un R-espace vectoriel, on peut toujours le considérer comme un C-espace vectoriel. Comme
f est nilpotent, Il existe k ∈ N∗ tel que f k = 0L(E) . Donc X k est un polynôme annulateur. La seule valeur propre
de f est donc 0. Son polynôme caractéristique dans C[X] est donc (−X)n (il est scindé donc ne peut avoir comme
facteur irréductible que X, il est de degré n avec (−1)n comme coefficient dominant). Comme (−X)n ∈ R[X], c’est
le polynôme caractéristique de f même si l’espace vectoriel est réel.

Une solution de l’exercice 2.


1. Le théorème de trigonalisation peut s’énoncer : Un endomorphisme f d’un K-espace vectoriel de dimension finie
(K = R ou C dans le cours) est trigonalisable si et seulement si le polynôme caractéristique Pf de f est scindé dans
K[X].
2. Démonstration du sens direct. On suppose que f est trigonalisable, c’est-à-dire qu’il existe une base (e) =
(e1 , · · · , en ) de E (qu’on suppose de dimension n) telle que
0 1
λ1 ∗ ··· ··· ∗
B .. . C
B 0
B
λ2 . .. C
C
..
B C
Mat(f, (e)) := A = B 0
B .. .. C
B 0 . . .C
C
B .
.. ..
C
B . C
@ . . . ∗ A
0 ··· ··· 0 λn

(les λi sont les valeurs propres–éventuellement non distinctes–de f ). On en déduit que

n
Y
Pf (X) = PA (X) = (λi − X).
i=1

Démonstration de la réciproque. On raisonne matriciellement par récurrence.


Pour n = 1, c’est vrai (il n’y a rien a démontrer car une matrice de taille 1 × 1 est triangulaire supérieure !).
Supposons que c’est vrai au rang n−1 pour n ≥ 2 fixé (c’est-à-dire que, pour toute matrice A′ de taille (n−1)×(n−1)
telle que PA′ soit scindé, il existe P ′ ∈ GLn−1 (K) et T ′ ∈ Mn−1 (K) triangulaire supérieure telles que P ′ −1 A′ P ′ =
T ′ ).
Soit A ∈ Mn (K) (on appelle f l’endomorphisme associé dans la base canonique de Rn ) avec PA scindé. Comme
PA est scindé, il a au moins une racine λ ∈ K qui est une valeur propre de A. Soit ε1 6= 0 un vecteur propre associé
à λ. Comme {ε1 } est une famille libre, par le théorème de la base incomplète, on peut la compléter en une base
(ε) = (ε1 , ε2 , · · · , εn ) de E. Alors
λ ∗ ··· ∗
0 1
B 0 C
Mat(f, (ε)) = B .
B C
@ ..
C
A ′ A
0

(la colonne de 0 vient du fait que vect(ε1 ) est stable par f ). On a Pf (X) = (λ − X) × PA′ (X) et donc, comme Pf est
scindé, PA′ (X) est encore scindé. On peut donc appliquer l’hypothèse de récurrence à la matrice A′ ∈ Mn−1 (K) :

3
il existe P ′ ∈ GLn−1 (K) et T ′ ∈ Mn−1 (K) triangulaire supérieure, telles que P ′ −1 A′ P ′ = T ′ . Soit

1 0 ··· 0 1 0 ··· 0
0 1 0 1
B 0 C B 0 C
P =B . et Q=B .
B C B C
.. ..
C C
@ P′ A @ P ′ −1 A
0 0

Le simple calcul P Q = In prouve que P est inversible et P −1 = Q. Puis

λ ∗ ··· ∗ λ ∗ ··· ∗ λ ∗ ··· ∗


0 1 0 1 0 1
B 0 C B 0 C B 0 C
P −1 B .. CP = B . C=B .
B C B C B C
@ .. A @ ..
C
@ . A′ A P ′ −1 A′ P ′ T′ A
0 0 0

et cette dernière matrice est triangulaire supérieure. On en conclut que la matrice A de départ est trigonalisable ce
qui termine la récurrence et la preuve.
3. Par le théorème d’Alembert-Gauss, tout polynôme complexe P ∈ C[X] est scindé. Comme le polynôme
caractéristique d’un endomorphisme d’un C-espace vectoriel E est un polynôme de C[X], il est scindé et donc
l’endomorphisme est trigonalisable par le théorème qu’on vient démontrer.

Une solution de l’exercice 3.


1. On commence par calculer le polynôme caractéristique : PA (X) = −(X −2)(1+X)2 . Ce polynôme est scindé avec
2 et −1 comme racines. On en déduit que A est au moins trigonalisable (car il est scindé) mais on a besoin d’éléments
supplémentaires pour prouver qu’elle est diagonalisable (car PA n’est pas à racines simples). On détermine donc les
sous-espaces propres E2 et E−1 .
Détermination de E2 . La matrice
0 1
−2 1 1
M − 2I3 = @ 1 −2 1 A
1 1 −2

est clairement de rang 2 (elle n’est évidemment pas de rang 0 ou 1, ni de rang 3 car 2 est valeur propre). On en
déduit que E2 est une droite vectorielle. Un vecteur directeur évident est (1, 1, 1) d’où E2 = R(1, 1, 1).
Détermination de E−1 . La matrice
0 1
1 1 1
M + I3 = @ 1 1 1 A
1 1 1

est de rang 1 de façon évidente. Donc E−1 est de dimension 2 par le théorème du rang ; on peut donc affirmer
maintenant que A est diagonalisable. Encore une fois, on peut trouver une base de E−1 de tête : E−1 = R(1, −1, 0)⊕
R(1, 0, −1).
Matrice de passage et son inverse. On déduit de ce qui précède que
0 1 0 1 0 1
2 0 0 1 1 1 1 1 1
−1 −1 1@
P AP = D avec D=@ 0 −1 0 A, P =@ 1 −1 0 A et P = 1 −2 1 A.
0 0 −1 1 0 −1 3 1 1 −2

2. Comme A = P DP −1 , l’équation matricielle X 2 = A peut s’écrire X 2 = P DP −1 . Posons


0 √ 1
2 0 0
∆=@ 0 i 0 A de sorte que ∆2 = D.
0 0 i

Alors : X 2 = P ∆2 P −1 = (P ∆P −1 )(P ∆P −1 ) et on remarque que X = P ∆P −1 convient. Un simple calcul donne

0 √ √ √ 1
2 + 2i √2−i √2 − i
1@ √
X= √2 − i √2 + 2i √2−i
A.
3
2−i 2−i 2 + 2i

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