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Introduction à la réduction - Polynôme caractéristique et

décomposition de Dunford
Tout au long du problème, K désigne R ou C. Soient E un K-espace vectoriel de dimension finie n ∈ N∗ . On
note e l’endomorphisme identité de E. Si f est un endomorphisme de E :
— On dit que λ ∈ K est une valeur propre de f s’il existe x ∈ E \ {0} tel que f (x) = λx. Un tel vecteur x est
dit vecteur propre associé à la valeur propre λ. On note Sp(f ) l’ensemble des valeurs propres de f .
— Pour λ ∈ Sp(f ), on appelle sous-espace propre de f associé à la valeur propre λ et on note Eλ (f ) le
sous-espace vectoriel de E :
Eλ (f ) = ker(f − λe).
— On appelle polynôme caractéristique de f et on note χf le polynôme en λ de degré n :

χf (λ) = det(λe − f ).

— On rappelle qu’il existe un polynôme non nul de plus bas degré qui annule f qu’on appelle Polynôme Minimal
de f et qu’on note πf . On rappelle aussi que les valeurs propres de f sont exactement les racines de πf .
— De la même manière, on définit le polynôme caractéristique χA d’une matrice carrée A ∈ Mn (K) par :

χA (λ) = det(λIn − A).

— Dans ce problème, on admet le résultat suivant, dit lemme de décomposition des noyaux :

Si f est un endomorphisme de E et P1 , . . . , Pk des polynômes deux à deux premiers entre aux. En notant
P = P1 . . . Pk , on a :
Mk
Ker(P (f )) = Ker(Pi (f )).
i=1

L’objectif ultime de ce problème est de démontrer le résultat suivant, dit Décomposition de Dunford :
Si f est un endomorphisme de E dont le polynôme caractéristique est scindé sur K, alors il existe un unique
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couple d’endomorphismes (d, ν) ∈ (L(E)) tel que :
i) d est diagonalisable.
ii) ν est nilpotent.
iii) d ◦ ν = ν ◦ d.
iv) f = d + ν.
De plus, d et ν sont des polynômes en f .

Partie 1 : Idéaux d’un anneau - Anneau principal - Identité de Bezout généralisée.


Dans cette section, A est un anneau commutatif.
1. Soient I et J deux idéaux de A. Montrer que I + J = {i + j, (i, j) ∈ I × J.} est un idéal de A. Généraliser le
résultat pour plusieurs Idéaux de A.
2. Soit a ∈ A.
(a) Montrer que aA = {ax, x ∈ A} est un idéal de A.
(b) Montrer que aA est le plus petit idéal contenant a. On l’appelle idéal engendré par a.

Dans la suite, un idéal du type aA est dit idéal principal. On dit qu’un anneau est principal si tout idéal de
cet anneau est principal.
3. Montrer que K[X] est un anneau principal.
4. (a) Soient P1 , . . . , Pk ∈ K[X] et note D leur PGCD. Montrer que P1 K[X] + · · · + Pk K[X] = DK[X]
(b) En déduire l’identité de Bezout généralisée ; Si P1 , . . . , Pk sont k polynômes premiers entre eux dans leur
ensemble, alors il existe U1 , . . . , Uk ∈ K[X] tels que :

U1 P1 + · · · + Uk Pk = 1.

5. Soit f ∈ L(E). On reprend la notation Ann(f ) = {P ∈ C[X], P (f ) = 0} de l’ensemble des polynômes qui
annulent f . Justifier l’écriture Ann(f ) = πf .K[X].

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Partie 2 : Propriétés élémentaires du polynôme caractéristique.
Soit f un endomorphisme de E.
1. Montrer que λ ∈ K est une valeur propre de f si et seulement si χf (λ) = 0.
2. Montrer qu’effectivement, pour λ ∈ K, χf (λ) est un polynôme de degré n en λ.
3. Montrer alors qu’un endomorphisme f de E admet au plus n valeurs propres.
 
A1 A2
4. Soit A ∈ Mn (K) une matrice de la forme A = , où A1 ∈ Mn1 (K), A3 ∈ Mn2 (K) et
0 A3
A2 ∈ Mn1 ,n2 (K). Montrer que det(A) = det(A1 ) det(A3 ). Montrer qu’on a aussi χA = χA1 χA2 .
   
In1 0 In1 A2 A1 0
Indication : Ecrire A = .
0 A3 0 In2 0 In2
5. Montrer que deux matrices semblables ont même polynôme caractéristique.

Partie 3 : Condition de diagonalisabilité - Sous-espaces propres - Lemme de codiagonalisabilité.


1. (a) Soit f un endomorphisme de E. Montrer que f est diagonalisable 1 si et seulement s’il 2 existe un
polynôme scindé à racines simples qui annule f .
(b) En déduire que f est diagonalisable si et seulement si son polynôme minimal est scindé et à racines
simples.
2. Soient f et g deux endomorphismes diagonalisables de E tels que f ◦ g = g ◦ f . On note λ1 , . . . , λk les valeurs
propres de f .
k
M
(a) Montrer que E = Eλi .
i=1
(b) i. Montrer que pour tout i ∈ {1, . . . , k}, Eλi est stable 3 par g. On note alors, pour tout i ∈ {1, . . . , k},
gi l’endomorphisme induit par g sur Eλi . En d’autres termes, gi est l’endomorphisme de Eλi défini
par :

gi : Eλi −→ Eλi
x 7−→ g(x)

k
M
ii. Ecrire la matrice de g dans une base de E adaptée à la décomposition E = Eλi .
i=1
(c) i. Montrer que pour tout i ∈ {1, . . . , k}, gi est diagonalisable.
ii. Montrer alors que f et g admettent une même base de diagonalisation 4 .

Partie 4 : Matrice Compagnon - Théorème de Cayley-Hamilton.


Pour tout polynôme P = a0 + · · · + ap−1 X p−1 + X p , on note C(P ) la matrice de taille k :

−a0
 
0 ... ... 0
 .. 
 1 0
 . −a1  
.. . ..
C(P ) =  0 1 . ..
 
 . 

 . . ..
 .. ..

. 0 −ap−2 
0 ... 0 1 −ap−1
1. Montrer que χC(P ) = P . (Pour cette raison, C(P ) est dite matrice compagnon du polynôme P ).
2. Dans ce qui suit, l’objectif est de démontrer le théorème de Cayley Hamilton, à savoir : Pour tout endomor-
phisme f de E, on a χf (f ) = 0.
Soit donc f un endomorphisme de E et montrons le résultat.
On se fixe x ∈ E \ {0}.
(a) Montrer qu’il existe un plus petit entier p ∈ N∗ tel que la famille (x, f (x), . . . , f p (x)) soit liée.
1. Un endomorphisme est dit diagonalisable si sa matrice dans une certaine base de E est une matrice diagonale.
2. On pouura librement utiliser ici le lemme de décomposition des noyaux !
3. Un sous-espace F de E est dit stable par un endomorphisme h de E si on a h(F ) ⊂ F .
4. C’est à dire une base dans laquelle à la fois la matrice de f et celle de g sont diagonales.

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(b) Montrer que la famille (x, f (x), . . . , f p−1 (x)) est libre et qu’on peut alors écrire
f p (x) + ap−1 f p−1 (x) + · · · + a0 x = 0, avec a0 , . . . , ap−1 ∈ K

On note alors P = X p + ap−1 X p−1 + · · · + a0 .


(c) Montrer qu’il existe une base B de E dans laquelle la matrice de f s’écrit :
 
C(P ) A
0 D
(d) En déduire que (χf (f )) (x) = 0.
(e) Conclure.

Partie 5 : Décomposition en sous-espaces caractéristiques -Famille de projecteurs associée - Décom-


position de Dunford.
Dans ce qui suit, K = C.
k
Y
Soit f un endomorphisme de E. On écrit 5 χf = (X − λi )ai . On note, pour chaque i ∈ {1, . . . , k}, Pi =
Y i=1
(X − λi )ai et Qi = Pj .
j6=i
k
M
1. (a) Montrer qu’on a E = Ker(Pi (f )) et ensuite que pour tout i ∈ {1, . . . , k}, E = Ker(Pi (f )) ⊕
i=1
Ker(Qi (f )).
(b) Montrer que Q1 , . . . , Qk sont premiers entre eux dans leur ensemble.
(c) En déduire qu’il existe U1 , . . . , Uk ∈ C[X] tels que :
k
X
(Ui (f )) ◦ (Qi (f )) = e (∗)
i=1

2. On note maintenant, pour tout i ∈ {1, . . . , k}, pi = (Ui (f )) ◦ (Qi (f )).


(a) Montrer que pour tout i ∈ {1, . . . , k}, pi est un projecteur.
(b) Montrer que c’est la projection sur Ker(Pi (f )) parallèlement à Ker(Qi (f )).
k
M
Ainsi, p1 , . . . , pk est la famille de projecteurs associée à la décomposition E = Ker(Pi (f )), dite
i=1
décomposition en sous-espaces caractéristiques.
k
X
3. On note maintenant d = λi pi et ν = f − d.
i=1

(a) Montrer que d est diagonalisable.


(b) Montrer que ν est nilpotent.
(c) Conclure.
4. Dans cette question, on se propose d’achever la preuve de la décomposition de Dunford en démontrant l’unicité
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du couple (d, ν). Soit donc (d0 , ν 0 ) ∈ (L(E)) vérifiant (i), (ii), (iii) et (iv). On va montrer que d = d0 et
ν = ν0.
(a) Montrer que d − d0 = ν − ν 0 .
(b) i. Montrer que d0 ◦ f = f ◦ d et en déduire que d ◦ d0 = d0 ◦ d.
ii. En déduire que d − d0 est diagonalisable.
(c) i. Montrer de la même manière que ν ◦ ν 0 = ν 0 ◦ ν.
ii. En déduire que ν − ν 0 est nilpotent.
(d) i. Soit λ une valeur propre d’un endomorphisme nilpotent. Montrer que λ = 0.
ii. Que peut-on dire d’un endomorphisme h de E qui soit à la fois diagonalisable et nilpotent ?
iii. Conclure alors que d − d0 = ν − ν 0 = 0.

5. Vous pourrez vous amuser à justifier cette écriture !

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