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CPGE ERA MARRAKECH Problème de Mathématiques

Problème : Décomposition de Dunford

On considère E un K espace vectoriel de dimension finie et f un endomorphisme de E dont le polynôme caractéristique est
k
Y
scindé sur K, χf = (X − λi )mi
i=1
avec k, m1 , ..., mk des entiers de N∗ et λ1 , ..., λk les valeurs propres de f , éléments de K.

Pour i ∈ J1, kK, on note Fi = Ker[(f − λi IdE )mi ] que l’on appelle sous-espace caractéristique de f associé à la valeur pro-
pre λi .

On se propose de montrer l’existence et l’unicité d’un couple d’endomorphismes


(d, n) ∈ L(E) × L(E) vérifiant


 f = d + n;

d est diagonalisable;


 n est nilpotent
d et n commutent.

Un tel couple (d, n) s’appellent la décomposition de Dunford de f .


M k
¬ Montrer que E = Fi .
i=1  k
M




 E = Fl → E
M
l=1
Pour i ∈ J1, kK, On note pi ∈ L(E) la projection sur Fi parallèlement à Fl , pi : k
 X
l6=i
x = xl 7−→ xi




Y l=1
On définit aussi le polynôme Qi par Qi = (X − λl )ml .
l6=i

­ Montrer que pour tout i ∈ J1, kK, le sous-espace caractéristique Fi est stable par f .

On note ainsi fi l’endomorphisme induit par f sur Fi .

® Soit i ∈ J1, kK. Justifier que l’application ni = fi − λi IdFi est un endomorphisme de Fi nilpotent.

¯ Dans cette question, on se propose de montrer l’existence de la décomposition de Dunford.


k
X
On définit le couple (d, n) ∈ L(E) × L(E) par d = λi pi et n = f − d.
i=1
k
M
(a) Montrer que d est diagonalisable. [On pourra écrire la matrice de d dans une base adaptée à la somme directe E = Fi ]
i=1
(b) Montrer que n est nilpotent.
(c) Montrer que d et n commutent.

° Dans cette question, on se propose de montrer que pi , d, et n sont des polynômes en f .

(a) Montrer que Q1 , Q2 , ..., Qk sont premiers entre eux dans leur ensemble.
(b) Justifier qu’il existe U1 , U2 , ..., Uk ∈ K[X] tel que U1 Q1 + U2 Q2 + ... + Uk Qk = 1.
(c) Montrer alors que pi = Ui (f ) ◦ Qi (f ).
(d) En déduire que d ∈ K[f ] puis n ∈ K[f ].

± On se propose maintenant de montrer l’unicité de la décomposition de Dunford,


0 0
Soit alors (d , n ) ∈ L(E) × L(E) vérifiant la décomposition de Dunford ci-dessus.
0 0
(a) Montrer que d et d commutent et n et n commutent.
0 0
(b) Montrer que d − d est diagonalisable et n − n est nilpotent.
( On pourra utiliser la partie A).

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CPGE ERA MARRAKECH Problème de Mathématiques

0 0
(c) Conclure que d = d et n = n .

² Soit A ∈ Mn (C), justifier qu’il existe un unique couple de matrices (D, N ) ∈ Mn (C) × Mn (C) vérifiant :


 A = D + N;

D est diagonalisable;


 N est nilpotent
D et N commutent.

Un tel couple (D, N ) s’appellent la décomposition de Dunford de A.

Caractérisation d’une matrice nilpotente

*****Fin de l’énoncé****

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École royale de l’air de Marrakech Corrigé du problème

k
M
¬ Montrons que E = Fi .
i=1
Soit i ∈ J1, kK, on pose Pi = (X − λi )mi , puisque les λi sont deux à deux distincts, alors les Pi sont premiers entre eux deux
à deux, de plus P1 P2 ..Pk = χf est annulateur de f , par application du théorème de décomposition des noyaux, on trouve
M k Mk
E= Ker(Pi (f )) = Fi .
i=1 i=1
­ Soit i ∈ J1, kK, on a Fi = Ker(Pi (f )), puisque Pi (f ) est un polynôme en f , donc commute avec f , par conséquent
Fi = Ker(Pi (f )) est stable par f .
Remarque: Fi = Ker((f − λi IdE )mi ) est appelé sous espace caractéristique de f associé à la valeur propre λi
A titre d’information, on peut montrer que dim(Fi ) = mi .
® Soit i ∈ J1, kK. Pour x ∈ Fi , on a (f − λi IdE )mi (x) = 0, puisque (fi − λi IdFi )mi (x) = (f − λi IdE )mi (x), car x ∈ Fi , alors
(fi − λi IdFi )mi (x) = 0, par conséquent nm
i (x) = 0, d’où ni
i mi
= 0, ainsi ni est un endomorphisme nilpotent de Fi (d’indice
≤ mi ).
X k
¯ On définit (d, n) ∈ L(E) × L(E) par d = λi pi et n = f − d.
i=1
k
M
(a) Pour tout i ∈ J1, kK, soit Bi = (ei,1 , ei,2 , ..., ei,ri ) une base de Fi , (notons que ri = dim(Fi ) = mi ), comme E = Fi , alors
i=1
B = (e1,1 , e1,2 , ..., e1,r1 , e2,1 , e2,2 , ..., e2,r2 , ......, ek,1 , ek,2 , ..., ek,rk ) est une base de E adaptée à cette somme directe.
On a pour tout x  ∈ Fi , d(x) = λi x, car p j (x) = 0 si j 6= i et pi (x) = x.
λ1 Ir1 ... ...
 ... λ2 Ir2 ... 
Ainsi M atB (d) =   ···
 puisque cette matrice est diagonale, alors d est diagonalisable.
··· ··· 
... ... λk Irk
(b) Montrons que n est nilpotent.
On pose m = M ax(m1 , m2 , · · · , mk ). Soit xi ∈ Fi , alors n(xi ) = f (xi ) − d(xi ) = fi (xi ) − λi xi = ni (xi )
ainsi nm (xi ) = nm i (xi ) = 0, car ni est nilpotent d’indice ≤ mi et m ≥ mi .
M k X k Xk
Soit maintenant x ∈ E = Fi , alors x = xi avec xi ∈ Fi , par suite nm (x) = nm (xi ) = 0, car nm (xi ) = 0, ainsi nm = 0,
i=1 i=1 i=1
donc n est nilpotent d’indice ≤ m.
(c) Montrons que d et n commutent.
Soit xi ∈ Fi , on a d(xi ) = λi xi et n(xi ) = f (xi ) − λi xi .
D’une part d ◦ n(xi ) = d(n(xi )) = d(f (xi ) − λi xi ) = d(f (xi )) − λi d(xi ) = λi f (xi ) − λ2i xi , car xi ∈ Fi et f (xi ) ∈ Fi (Fi est
f -stable).
D’autre part n ◦ d(xi ) = n(d(xi )) = n(λi xi ) = λi n(xi ) = λi (f (xi ) − λi xi ) = λi f (xi ) − λ2i xi .
par conséquent d ◦ n(xi ) = n ◦ d(xi ).
Mk X k Xk k
X
Soit maintenant x ∈ E = Fi , alors x = xi avec xi ∈ Fi , par suite d ◦ n(x) = d ◦ n(xi ) = n ◦ d(xi ) = n ◦ d(x), ainsi
i=1 i=1 i=1 i=1
d ◦ n = n ◦ d.
° ...............
(a) Montrons que Q1 , Q2 , ..., Qk sont premiers entre eux dans leur ensemble.
Par absurde, supposons que Q1 , Q2 , ..., Qk ne sont
Y pas premiers entre eux dans leur ensemble, alors ils ont une racine commune
complexe α. puisque α est une racine de Q1 = (X − λl )ml , alors il existe i ∈ J2, kK tel que α = λi . d’où α = λi est une racine
l6=1
Y
de Qi = (X − λl )ml ce qui est absurde.
l6=i
(b) Comme Q1 , Q2 , ..., Qk ne sont pas premiers entre eux dans leur ensemble, par application du théorème de Bézout, il existe
U1 , U2 , ..., Uk ∈ K[X] tel que U1 Q1 + U2 Q2 + ... + Uk Qk = 1.
(c) Montrons que pi = Ui (f ) ◦ Qi (f ).
D’après la question précédente, on a IdE = (U1 Q1 )(f ) + (U2 Q2 )(f ) + ... + (Uk Qk )(f )
donc pour tout x ∈ E, on a x = [(U1 Q1 )(f )](x) + [(U2 Q2 )(f )](x) + ... + [(Uk Qk )(f )](x).
Soit i ∈ J1, kK, montrons que [(Ui Qi )(f )](x) ∈ Fi = Ker(Pi (f )). où Pi = (X − λi )mi
On a Pi (f )([(Ui Qi )(f )](x) = Pi (f ) ◦ Ui (f ) ◦ Qi (f )(x) = Ui (f ) ◦ (Pi (f ) ◦ Qi (f ))(x) = Ui (f ) ◦ ((Pi Qi (f ))(x) = Ui (f ) ◦ χf (f )(x) = 0
(car χf (f ) = 0, d’après le théorème de Cayley-Hamilton).
Puisque x = [(U1 Q1 )(f )](x) + [(U2 Q2 )(f )](x) + ... + [(Uk Qk )(f )](x) et [(Ui Qi )(f )](x) ∈ Fi , alors par définition de pi , on aura
pi (x) = [(Ui Qi )(f )](x), ainsi pi = (Ui Qi )(f ).
(d) On a pour tout i ∈ J1, kK, pi = (Ui Qi )(f ) ∈ K[f ].

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k
X
Puisque d = λi pi , pi ∈ K[f ] et K[f ] est un K espace vectoriel, alors d ∈ K[f ].
i=1
Comme n = f − d, alors n ∈ K[f ].
± On se propose maintenant de montrer l’unicité de la décomposition de Dunford,
0 0
Soit alors (d , n ) ∈ L(E) × L(E) vérifiant la décomposition de Dunford ci-dessus.
0
(a) Montrons que d et d .
0 0
Puisque d ∈ K[f ], pour montrer que d et d commutent, il suffit de montrer que d commute avec f .
0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
f ◦ d = (d + n ) ◦ d = d ◦ d + n ◦ d = d ◦ d + d ◦ n = d ◦ (d + n ) = d ◦ f .
0
De même façon, on montre que n et n commutent.
0 0
(b) Montrons que d − d est diagonalisable et n − n est nilpotent.
0 0
Comme d, d sont diagonalisables et commutent, alors d, d sont codiagonalisables, ainsi il existe B une base de E dans laquelle
0 0 0 0 0
M atB (d) = D et M atB (d ) = D sont diagonales, puisque M atB (d − d ) = D − D est diagonale, alors d − d est diagonalisable,
0
ainsi d − d est diagonalisable.
0 0
Comme n, n sont nilpotents et commutent, alors n − n nilpotent.
0 0 0
(en effet notons m (respectivement. m ) l’indice de nilpotence de n (respectivement. n ), comme n, n commutent, par la formule
0 0
du Binôme de Newton on montre que (n − n)m+m = 0).
0 0 0 0 0 0
(c) Comme f = d + n = d + n , alors n − n = d − d , ainsi n − n est à la fois nilpotent et diagonalisable, donc n − n = 0, d’où
0 0
n = n et par conséquent d = d.
Remarque: Le seul endomorphisme est à la fois diagonalisable et nilpotent est l’endomorphisme nul
en effet, soit g un tel endomorphisme, on sait que πg = X p où p est l’indice de nilpotence de g, comme g est diagonalisable alors
πg = X p est scindé à racines simples, donc p = 1, par conséquent g = πg (g) = 0.
² Soit A ∈ Mn (C), on considère f l’endomorphisme de Cn canoniquement associé à A.
puisque χf est scindé sur K = C, alors il existe un couple d’endomorphismes (d, n) ∈ L(Cn ) × L(Cn ) vérifiant

f = d + n;


d est diagonalisable;
n est nilpotent


d et n commutent.

On pose alors D = M atBc (d) et N = M atBc (n) où Bc désigne la base canonique de Cn donc


 A = D + N;

D est diagonalisable;


 N est nilpotent
D et N commutent.

Remarque: Méthode pratique pour déterminer les matrices D et N vérifiant la décomposition de Dunford d’une matrice
A ∈ Mn (K).
k
Y
1. On calcule χA = (X − λi )mi le polynôme caractéristique de A.
i=1
On pose Fi = Ker((A − λi In )mi ).
2. On détermine Bi une base de Fi et B une base adaptée à la somme directe Mn,1 (K) = F1 ⊕ F2 ⊕ · · · ⊕ Fk .
3. On pose ∆ = M atB (d).
D’après ce qui précède on trouve ∆ = diag(λ1 , · · · , λ1 , λ2 , · · · , λ2 , · · · , λk , · · · , λk ) avec λi est répétée mi fois.
4. On a D = M atBc (d), alors D = P ∆P −1 où P est la matrice de passage de la base canonique Bc à la base B.
5. On pose N = A − D, (N est forcément une matrice nilpotente).

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