Vous êtes sur la page 1sur 4

Sequence 2 : Les Contemplations, Victor Hugo 1ere

Texte BAC n°9 :


« Les separes », Poesies inedites, Marceline Desbordes-Valmore (1860)

LES SEPARES

N'ecris pas. Je suis triste, et je voudrais m'eteindre.


Les beaux etes sans toi, c'est la nuit sans flambeau.
J'ai referme mes bras qui ne peuvent t'atteindre,
Et frapper a mon cœur, c'est frapper au tombeau.
5 N'ecris pas !

N'ecris pas. N'apprenons qu'a mourir a nous-memes,


Ne demande qu'a Dieu... qu'a toi, si je t'aimais !
Au fond de ton absence ecouter que tu m'aimes,
C'est entendre le ciel sans y monter jamais.
10 N'ecris pas !

N'ecris pas. Je te crains ; j'ai peur de ma memoire ;


Elle a garde ta voix qui m'appelle souvent.
Ne montre pas l'eau vive a qui ne peut la boire.
Une chere ecriture est un portrait vivant.
15 N'ecris pas !

N'ecris pas ces deux mots que je n'ose plus lire :


Il semble que ta voix les repand sur mon cœur ;
Que je les vois bruler a travers ton sourire ;
Il semble qu'un baiser les empreint sur mon cœur.
20 N'ecris pas !
Sequence 2 : Les Contemplations, Victor Hugo 1ere

Texte BAC n°9 :


« Les separes », Poesies inedites, Marceline Desbordes-Valmore (1860)

EXPLICATION LINEAIRE

Introduction :
 Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859) : comedienne et cantatrice française, vie
mouvementee, œuvres nombreuses et diverses (poemes, contes, roman autobiographique...)
 Les poésies inédites : recueil paru a titre posthume, tres sentimental, aborde les themes de
l'amour/ mort /famille /enfants.
 Poeme « Les separes » : compose de quatre quatrains, chacun suivi d'un refrain.Fait
reference a la relation tumultueuse avecson amant Henri de Latouche : rupture difficile a
supporter pour la poetesse

….......................... LECTURE EXPRESSIVE (entrainez-vous en vous enregistrant) …....................

Problematique : Comment la poetesse utilise-t-elle l'ecriture poetique pour exprimer la souffrance


d'un amour perdu ?

Decoupage du texte :
 v.1 a 5 : la fin d'une epoque heureuse
 v.6 a 15 : solitude et nostalgie
 v.16 a 20 : confusion des sens

Partie 1 : La fin d'une epoque heureuse (v.1 à 5)

v1 : « N'ecris pas.. » = imperatif, forme negative (defense) + anaphore à chaque quatrain


→ amorce assez brutale qui met directement en valeur la presence d'un destinataire. En debut de
quatrain la poetesse semble etre certaine de sa decision, resignee.

v1 : « Je suis triste » = vocabulaire des sentiments


→ registre lyrique present des le debut, a la fois pour exprimer la douleur de la poetesse mais aussi
pour justifier cette demande de mise a distance.

v1 : « m'eteindre » = polysemie
→ plusieurs sens possibles : soit elle veut mourir (pour ne plus ressentir de tristesse), soit elle veut
que la flamme de l'amour disparaisse (pour ne plus souffrir)

v2 : « beaux etes » = connotation meliorative


→ reference a des moments heureux et agreables passes ensemble, sorte d'apogee de la relation
avant un declin progressif

v2 : « nuit sans flambeau » = metaphore


→ l'absence de lumiere traduit l'absence d'espoir quant a la poursuite de la relation amoureuse. Le
flambeau peut aussi representer la passion amoureuse, qui n'est plus presente entre les deux amants.

v3 : « J'ai referme mes bras » = metaphore


→ repli sur soi, lapoetesse n'est plus prete a accueillir un nouvel amour
v4 : « frapper a mon cœur, c'est frapper au tombeau » = parallelisme
→ la relation amoureuse a totalement detruit le cœur de la poetesse, qui est desormais une coquille
vide et morte. Elle n'est plus capable d'en aimer un autre a present

v5 : « N'ecris pas ! » = refrain, phrase exclamative, antiphrase ?


→ phrase repetee 4 fois en fin de quatrain, cette fois a la forme exclamative pour insister sur
l'interdiction. Impression que la poetesse tente de se convaincre elle-meme, sorte de cri du cœur
(antiphrase : dire le contraire de ce que l'on pense, par ironie ou pour attenuer)

Transition : Ce refrain sème le doute sur les sentiments profonds de la poétesse : souhaite-t-telle
mettre de la distance ou bien renouer avec son amant ? La nostalgie exprimée en 2e partie est un
indice.

Partie 2 : Solitude et nostalgie (v.6 à 15)

v6 : « N'apprenons qu'a mourir » = negation restrictive


→ il n'y a plus d'autre solution, la situation est simple mais sans issue

v6 : « apprenons » , « nous-memes » = 1ère personne du pluriel


→ l'utilisation du pluriel prouve que pour la poetesse leur couple existe toujours

v7 : « qu'a Dieu... qu'a toi » = parallelisme


→ Dieu et l'amant sont mis sur le meme plan, ce qui montre toute l'importance et l'influence qu'il
avait sur elle

v7-8 : « si je t'aimais / que tu m'aimes » » = opposition imparfait / present


→retournement de situation de la part de la poetesse, pour tenter de se rassurer, comme si son
amour a elle etait au passe (donc termine) et que son amant l'aimait encore

v8, 9, 12 : « ecouter / entendre / voix / m'appelle » = champ lexical de l'ouïe


→ a defaut de ne plus pouvoir serrer son amant dans ses bras, la poetesse se rattache au souvenir
de sa voix et a ses mots

v11: « Je te crains ; j'ai peur de ma memoire » = jeu sur les complements


→ dans la premiere partie de la phrase, « te » designe l'amant. Mais celui-ci n'est plus reellement
present dans la vie de la poetesse et il est donc remplace par le terme « memoire » dans la seconde
partie : il n'est plus qu'un souvenir

v13-14 : « Ne montre pas l'eau vive a qui ne peut la boire. / Une chere ecriture est un portrait
vivant. » = proverbes, present de verite generale
→ le vers 13 fait penser a l'episode mythologique du supplice de Tantale, condamne dans les
Enfers a la soif et a la faim eternels (pour avoir fait cuire son fils). La simple vue de son amant est
comme une torture pour la poetesse
→ le vers 14 peut faire reference a l'expression latine « verba volent, scripta manent » = les
paroles s'envolent, les ecrits restent. En effet, la poetesse accorde une valeur toute particuliere aux
ecrits laisses par son amant, car ils lui permettent de les relire sans cesse et ainsi d'imaginer qu'il est
encore aupres d'elle.

Transition : Le souvenir de son amant se fait de plus en plus présent, au point que l'homme semble
réellement physiquement présent.
Partie 3 : Confusion des sens (v.16 à 20)

v16 : « N'ecris pas ces deux mots que je n'ose plus lire » = rupture syntaxique + periphrase
→ Modification du rythme qui montre l'emotion grandissante de la poetesse. Elle est visiblement
en train de relire les dernieres lettres que lui a laissees son amant de la quitter. L'emotion est
intense, soit parce qu'il s'agit de lettres prouvant un amour revolu, soit parce qu'il s'agit de la lettre
de rupture

v17 et 19 : « sur mon coeur » = repetition à la rime


→ Rime extremement simple avec la reprise des memes termes : l'emotion grandissante perturbe
la poetesse et la qualite de l'ecriture s'en ressent.

v17-19 : « ta voix / je vois / bruler / un baiser » = utilisation de 3 des 5 sens


→ les propres sens de la poetesse semblent la tromper : elle espere tellement le retour de son
amant qu'il lui semble etre present a ses côtes.

v20 : « N'ecris pas ! » = exclamation finale


→ autant un ordre qu'un appel au secours

CONCLUSION :

//

Vous aimerez peut-être aussi