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STENDHAL

Le Rouge et le Noir

Lect. dr. Bartoș Bianca-Livia


Structure des cours
1. Cours introductif, généralités, courants
2. Le (pré)romantisme avec Chateaubriand – Mémoires d’outre-tombe
3. Évolution romantique chez Victor Hugo – Notre-Dame de Paris
4. Stendhal – entre le romantisme et le réalisme – Le Rouge et le Noir
5. Le réalisme, le nouveau courant moderne
6. Le réalisme balzacien – Le Père Goriot
7. La modernité de Flaubert – Madame Bovary
8. Le bovarysme.
9. Le naturalisme – généralités
10. Le naturalisme de Zola – L’Assommoir
11. La modernité poétique : le symbolisme
12. Le décadentisme fin de siècle
13. La nouvelle fantastique : Guy de Maupassant – Le Horla
14. Conclusions
Révision
• C1 : Chateaubriand – précurseur du romantisme français
• Introduction, hypothèse, arguments, exemples, conclusion
• C2 : La dilogie sublime-grotesque dans le roman Notre-
Dame de Paris de Victor Hugo
• Introduction, hypothèse, arguments, exemples, conclusion
C3 : La dilogie sublime-grotesque dans le
roman Notre-Dame de Paris de Victor Hugo
• Introduction : nom complet, courant, œuvre(s) représentatives ;
• Explication du titre
• Hypothèse + Arguments
• Acception dénotative des termes ;
• Acception classique (XVIIe) et des Lumières (XVIIIe) ;
• Principe du drame romantique illustré dans la préface de Cromwell (1827) : « le sublime et le grotesque
se croisent comme dans la vie et dans la création » (V. Hugo)
• La dilogie dans le roman : portait de Quasimodo, antithèse Quasimodo et La Esmeralda ;
• Conclusion
• Les connecteurs logiques !
La dilogie sublime-grotesque romantique
ESMERALDA

« merveilleuse grimace »
« Idéal du grotesque »
« harmonie »
« yeux de flamme » « nez tétraèdre, bouche en
fer à cheval, petit œil gauche
« brune » obstrué… »
« une grosse tête hérissée de

QUASIMODO
« être humain ou fée » cheveux roux, entre les deux
« nymphe, déesse » épaules une bosse énorme… »
« des mains monstrueuses »
« beauté des Andalouses »
« diable »
« cyclope »
« trapu »
« singe »
Chapitre V Quasimodo, p. 72
Stendhal
Nom (complet) ;
Dates biographiques importantes ;
Le saviez-vous ?
Pourquoi l’étudie-t-on ?
« Je mets un billet à une loterie dont le gros lot se réduit à ceci: être lu en 1935 »
(Stendhal,Vie de Henry Brulard)
Structure du cours

• Explication du titre ;
• Résumé du roman ;
• Analyse des seuils ;
• Typologie et portrait du personnage (romantique) ;
• Stendhal, entre le romantisme et le réalisme ;
Explication du titre
• Titre complet ;
• Sous-titre ;
« Le Romanticisme est l’art de présenter aux
peuples les œuvres littéraires qui, dans l’état
actuel de leurs habitudes et de leurs croyances,
sont susceptibles de leur donner le plus de plaisir
possible. » (S, Racine et Shakespeare)
• Titre original ;
• Sens dénotatif et plusieurs sens connotatifs ;
Le Rouge Le Noir

« Un peu adroite depuis qu’elle aimait pour « De grands yeux noirs, qui, dans les moments tranquilles,
expliquer sa rougeur, elle se plaignit d’un affreux annonçaient de la réflexion et du feu, étaient animés en
mal de tête » (128) cet instant de l’expression de la haine la plus féroce. »
« Entre ces deux femmes dont un trouble extrême (Portrait de Julien, 63)
couvrait les joues de rougeur et d’embarras, la « Et quand même je le retirerais de chez vous, dit le
pâleur hautaine, l’air sombre et décidé de Julien paysan, qui avait tout à coup oublié ses formes
formait un étrange contraste. » (146) révérencieuses, cet habit noir lui restera ? » (69)
« elle [Mme de Rênal] avait mis du rouge pour « La jalousie de ces ouvriers grossiers [les frères de Julien]
cette grande cérémonie » (315) avait été tellement provoquée par le bel habit noir » (99)
« triste habit noir » (233) – Mme de Rênal
« Elle n’est pas jolie, elle n’a point de rouge. « Julien ne pensait plus à sa noire ambition, ni à ses
(SAINTE-BEUVE) (Épigraphe du Livre projets si difficiles à exécuter » (165)
deuxième) Julien au séminaire de Besançon : « ce qu’il vit au
séminaire est-il trop noir » (114) : homme noir, pain noir,
« Vous êtes donc à la mode ! Et elle riait de bon robe noire, tableaux noircis
cœur en songeant au rouge que madame Valenod « cette robe noire fait briller encore mieux la beauté de sa
se croyait obligée de mettre toutes les fois qu’elle taille. Elle a un port de reine ; mais pourquoi est-elle en
attendait Julien. (325) deuil ? » (648)
« Julien hésite-t-il entre
l’uniforme et la soutane »
Paul Bourget

« Moi, pauvre paysan du Jura, se


répétait-il sans cesse, moi,
condamné à porter toujours ce
triste habit noir ! Hélas ! vingt
ans plus tôt, j’aurais porté
l’uniforme comme eux ! » (702)

Bonaparte, Premier Consul, par Jean Auguste Dominique Ingres, 1804


Résumé
• Structure
• Genèse (prolepse, anagrame, affaire Berthet)
• Cronotope
• Déroulement de l’action (schéma narratif
classique dans la linguistique structurale)
Situation initiale
Élément déclencheur
Péripéties/aventures – le point culminant
Dénouement
Analyse des seuils : l’incipit
« La petite ville de Verrières peut passer
pour l’une des plus jolies de la Franche-
Comté. Ses maisons blanches avec leurs
toits pointus de tuiles rouges s’étendent sur
la pente d’une colline, dont des touffes de
vigoureux châtaigniers marquent les
moindres sinuosités. Le Doubs coule à
quelques centaines de pieds au-dessous de
ses fortifications bâties jadis par les
Espagnols, et maintenant ruinées. » (p. 31)
Paul Cézanne, La Route en Provence, 1890-1892
Analyse des seuils : l’excipit
« Mathilde parut […] en longs vêtements de deuil […]
Restée seule avec Fouqué, elle voulut ensevelir de ses propres mains la
tête de son amant. Fouqué faillit en devenir fou de douleur. Par les soins
de Mathilde, cette grotte sauvage fut ornée de marbres sculptés à grands
frais en Italie.
Madame de Rênal fut fidèle à sa promesse. Elle ne chercha en aucune
manière à attenter à sa vie ; mais, trois jours après Julien, elle mourut en
embrassant ses enfants. » (pp. 1083-1084)
Typologie du personnage romantique stendhalien

• Refus des convenances sociales, focalisé sur sa propre subjectivité ;


• Évité par la société : existence d’auto-suffisance ;
• Charmant et séducteur, mais préfère la solitude et l’isolement ;
• Être contemplatif, mélancolique, se trouvant dans un permanent
contact avec la nature ;
• Idéalisme du héros historique ;
Fragment à analyser
« La délicatesse de femme était poussée à un point excessif chez Madame de Rênal. Elle se faisait
l’image la plus désagréable d’un être grossier et mal peigné, chargé de gronder ses enfants,
uniquement parce qu’il savait le latin, un langage barbare pour lequel on fouetterait ses fils.
VI L’ennui
Avec la vivacité et la grâce qui lui étaient naturelles quand elle était loin des regards des
hommes, Mme de Rênal sortait par la porte-fenêtre du salon qui donnait sur le jardin, quand
elle aperçut près de la porte d’entrée la figure d’un jeune paysan presque encore enfant,
extrêmement pâle et qui venait de pleurer. Il était en chemise bien blanche, et avait sous le bras
une veste fort propre de ratine violette.
Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l’esprit un peu romanesque de
Mme de Rênal eut d’abord l’idée que ce pouvait être une jeune fille déguisée, qui venait
demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut pitié de cette pauvre créature, arrêtée à la porte
d’entrée, et qui évidemment n’osait pas lever la main jusqu’à la sonnette. Mme de Rênal
s’approcha, distraite un instant de l’amer chagrin que lui donnait l’arrivée du précepteur. Julien,
tourné vers la porte, ne la voyait pas s’avancer. Il tressaillit quand une voix douce dit tout près
de son oreille : »
« – Que voulez-vous ici, mon enfant ?
Julien se tourna vivement, et, frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une
partie de sa timidité. Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout même ce qu’il venait faire. Mme de Rênal
avait répété sa question.
– Je viens pour être précepteur, Madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu’il essuyait de
son mieux.
Mme de Rênal resta interdite, ils étaient fort près l’un de l’autre à se regarder. Julien n’avait jamais
vu un être aussi bien vêtu et surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d’un air doux. Mme
de Rênal regardait les grosses larmes qui s’étaient arrêtées sur les joues si pâles d’abord et maintenant si
roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec toute la gaieté folle d’une jeune fille, elle se
moquait d’elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c’était là ce précepteur qu’elle s’était
figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !
– Quoi, Monsieur, lui dit-elle enfin, vous savez le latin ? »

Le Rouge et le Noir – Livre I, chapitres 5-6


Caractérisation du personnage romantique

Julien Sorel
• fils d’un charpentier de Verrières ;
• passionné de Napoléon, rêve à une carrière militaire ;

Portrait
Attentes de Mme Rênal : « être grossier et mal peigné […] un prêtre sale et mal vêtu »
Réalité : « jeune paysan presque encore enfant, extrêmement pâle […] Le teint de ce petit
paysan était si blanc, ses yeux si doux » […] « une jeune fille déguisée »

! (double) quiproquo
Caractérisation du personnage romantique

Louise de Rênal

• épouse du maire de Verrières ;


• belle femme dans la trentaine, issue de la bourgeoisie de province
• traits physiques : « une femme avec un teint si éblouissant », « regard rempli
de grâce », « beauté » ;
• traits de caractère : timide, naïve, mais souvent audacieuse et tourmentée par
les remords ;
• Maîtresse de Julien (amour et ambition) ;
Caractérisation du personnage romantique

Mathilde de la Mole

• Haute noblesse parisienne, très fortunée ;


• Belle et séduisante ;
• Ennuyée par l’aristocratie de son temps, elle rêve aux temps historiques :
fascinée par l’histoire de Marguerite de Navarre et Boniface de la Mole ;
• Maîtresse de Julien (ambition) ;
Le désir mimétique (triangulaire)
René Girard, Mensonge romantique et vérité romanesque, 1961

« Le vaniteux ne peut pas tirer ses désirs


de son propre fonds ; il les emprunte à
autrui. » (René Girard, p. 11)

« Pour qu’un vaniteux désire un objet, il


suffit de le convaincre que cet objet est
déjà désiré par un tiers, auquel s’attache
un certain prestige » (René Girard, p. 12 )
Le désir mimétique (triangulaire)
Exemple premier

« le Valenod est tout fier des deux


beaux normands qu’il vient
d’acheter pour sa calèche. Mais il
n’a pas de précepteur pour ses
enfants.
– Il pourrait bien nous enlever
celui-ci. » (p. 52)
Le désir mimétique (triangulaire)
Deuxième exemple

« Vous ferez la cour à une femme de la


société, mais sans vous donner les
apparences de la passion, entendez-
vous ? Je ne vous le cache pas, votre
rôle est difficile ; vous jouez la
comédie, et si l’on devine que vous la
jouez, vous êtes perdu. » (p. 846)
Un triangle renversé

« elle [Mathilde] était en proie


aux plus vives douleurs que
l’orgueil et l’amour puissent faire
éprouver à une âme humaine.
Dans quelle atroce démarche elle
venait de tomber ! » (p. 895)
Stendhal – entre le romantisme et le réalisme

Roman réaliste ?
• Sous-titre : « chronique du XIXe siècle »
• Définition-épigraphe du réalisme :
« Un roman : c’est un miroir qu’on promène le long d’un chemin. (Saint Réal) »
(p. 184)
« un roman est un miroir qui se promène sur une grande route » (p. 770)

! Roman publié en 1830, lorsque le réalisme n’était pas encore présent dans les esprits.
Romantisme ou Réalisme
• prédilection pour le passé historique* • Sous-titre ; chronique de la réalité
contemporaine : Stendhal – peintre des
mœurs
Fidélité au réel : fait-divers ;
• Épigraphe : « le roman est un miroir qu’on
promène le long d’un chemin »
Évocation de ses propres sentiments UN MIROIR – vraisemblance
Focalisation interne ON promène – narrateur omniscient,
focalisation externe
Ruptures temporelles : intrusions auctoriales, LE LONG d’un chemin – chronologie
flash-back obligatoire
• Refuge dans la nature
• Goût pour l’antithèse
* Souci du réel : Pendant son exil à l’île de Guernesey, Hugo visitait le champ de bataille de Waterloo, où il achève Les Misérables.
Bibliographie (facultative) utile

• Philippe Berthier (spécialiste de Stendhal), Stendhal, Avec Stendhal,


Le Paris de Stendhal…
• Maria Vodă-Căpușan, La littérature française au XIXe siècle
• René Girard, Mensonge romantique et vérité romanesque (pour le
désir triangulaire)
• Albérès, Stendhal
Possibles sujets d’examen
Le désir triangulaire dans Le Rouge et le Noir stendhalien
Le portrait des personnages principaux
Stendhal – entre le romantisme et le réalisme
Lecture suivante : Balzac, Le Père Goriot
Nom complet
Dates importantes
Le saviez-vous ?
Pourquoi l’étudie-t-on ?
La lecture du roman !
Fiche de critique
Merci pour votre attention !
Lect. dr. Bianca-Livia Bartoș

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