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HISTOIRE
DE LA
COIFFURE
ET DES
COIFFEURS
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HISTOIRE
D E LA
C O I F F U R E t-
ET DES
COIFFEURS
PAUL GERBOD
Direction éditoriale
Bethsabée Blumel
Conception graphique et mise enpage
Jean-Pierre Delarue
Recherche iconographique
Christian Limouzy
Françoise Narti
Lecture-Correction
Service Lecture-Correction Larousse
Composition
Michel Vizet
Fabrication
Marlène Delbeken
Couverture
Gérard Fritsch
Simone Matuszek
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TABLE
INTRODUCTION il
CHAPITRE1ER Un art... vieux comme le monde
(Antiquité, MoyenÂge, Renaissance)
L'Antiquité dela coiffure 18
Quelques survivances préhistoriques 18
Barbes et perruques pharaoniques 20
CommentavoirdebeauxcheveuxdanslÉ ' gyptedespharaons 23
Lefer àfriser :une invention assyrienne? 24
Variantes hébraïques 25
Innovations helléniques 26
Letonsor romain, arbitre des élégances 31
Delatrèshauteantiquitédurasoir 33
Sophistications féminines àRome 34
LesconseilsdeséductiondupoèteOvide 38
Romains glabres et élégants chevelus 39
CoiffureetoisivetéselonSénèque 42
Àl'école deRome 43
Apulée,auteurlatin duir siècle
denotreère,faitlé' logedescheveluresféminines 45
Imaginations médiévales (Y-XVesiècle)
Desbarbares aux cheveux longs (v'-vnr siècle) 46
Desrois chevelus àCharles le Chauve 48
Lesroischevelus,unelégende? 50
Raffinements byzantins 51
Desbarbiers conquérants 52
Descoiffures féminines en mouvement 56
Interdits ecclésiastiques et résistances laïques 57
UnecoiffureféminineàlamodeauXVsiècle:
lacoupeàlÉ ' cuelle 60
Blondes et bouclées :naissance d'un idéal féminin 61
LaRenaissance et ses coiffures (XVI"siècle)
Unretour àl'Antique 64
«Labarbomania» 65
Blondeurvénitienne et senteurs d'Orient 67
Commentobtenirdublondvénitien 71
CHAPT
IREV A uservice desarts dela coiffure
Académies, cours et écoles de coiffure 280
Apprentissage sur le tas 280
Une scolarisation théorique et pratique 282
Formation permanente 286
Compétitions et rencontres 287
La complicité de l'image et de l'écrit 289
Unpionnier dujournalisme dela modeféminine 291
Des coiffeurs à la page 292
Techniques de pointe 294
Shampooings et soins 294
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I m a g e et v é r i t é 373
Des mal-aimés 373
Défense et illustration des coiffeurs 375
Du passé à l'avenir 378
Bibliographie 381
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les ouvrages et, dèsleXIXesiècle, sur les revues et catalogues traitant despar-
fums, des cosmétiques, des lotions nécessaires à l'entretien ou à l'embellisse-
ment descheveux, desmoustaches et dela barbe. Lesinstruments nécessaires
à la coiffure (peignes, ciseaux, bigoudis, «coupe-choux», rasoirs électriques
oujetables) ainsi que l'aménagement des salons de coiffurefont également
l'objet denombreux articles.
Il s'agit là d'une ardente obligation car, depuis l'aube de l'humanité, les
cheveux, et parfois les moustaches et la barbe, ont été teints, taillés, rasés,
frisés ou défrisés, ondulés, nattés, graissés, dégraissés, oints, parfumés, déco-
lorés, poudrés. Et, par-delà les âges, les nations, les civilisations, à travers les
frontières terrestres, les mers et les océans, se sont accumulées recettes et
inventions... C'est un art plus qu'un métier, élaboré depuis des siècles par
desartistes, dubarbier égyptienaux célébritésactuelles delaHaute Coiffure.
Ceshommeset cesfemmesincarnent, chacun à sa manière, selon les époques,
les lieux et l'environnement social, tout un héritage gestuel, une somme de
savoir technique, ungoût, une esthétique, une sensibilité vive aux tendances
de la mode et de la clientèle. Dès le XVIesiècle, les modesfrançaises s'impo-
sent enEurope, et coiffeurs et coiffeusespartentpourl'étranger. Cegoûtpour
la France persiste aux siècles suivants, avant que des modes «exotiques»
empruntées à l'Amérique et à l'Afrique ne viennent perturber une hégé-
monie séculaire.
L'évocation de cette longue etpersistante cristallisation capillaire, traversant
lessièclesdans l'écrit, l'image et la gestuelleprofessionnelle,permet demieux
comprendre la nature et la démesure de tout un univers. Dans sa diversité
apparente sedéfinissent un certain nombre delignes deforce dans unejungle
étonnante desuperstitions et detabous. Lachevelure incarne entoutpremier
lieu chez l'homme la force vitale sans cesse renouvelée, depuis le mythe de
Samsonjusqu'aux toisons romantiques desartistes et despoètes duXIXesiècle.
La chevelureféminine, enrevanche, seprête demanièreplus attachante aux
jeux de l'amour et de la séduction.
Confrontés depuis des siècles à maints débordements capillaires considérés
comme attentatoires à l'ordre établi, aux bonnes mœurs et aux enseigne-
ments de diverses religions - enpremier lieu du christianisme -, les censeurs
n'ontpas manquépour multiplier et inventer tabous et interdits.
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INCURSIONS LEXICALES
Lechampsémantique créé par les deux vocables connexes cheveuet chevelure est couvert par
une végétation luxuriante et diverse de noms, de qualificatifs, d'expressions et de locutions.
Ainsi se révèle l'importance que les hommes ont accordée de tout temps àcette composante
majeure du corps humain : la chevelure.
Le cheveu s'écrit, en ancien français, chevol, cevel, ceviel, chavel, cavel, caviel, cheviel, chaviel,
chavol, chaveil ou chevoil, ou bien encore crin et poil. Lachevelure est appelée crine; l'argot la
nomme cresson, crin, douilles, mousse, persil, plume, poil ou tiffes, ainsi que crayons, alfa, gazon,
roseaux, vermicelle, baguettes detambour, petite choucrouteou marguerite (quand il s'agit de têtes
chenues). De son côté, la barbe devient dans la langue verte une barbouze, et un barbu, un
barbouzeux. L'homme de l'art chargé de soigner cheveux, barbe et moustaches fut longtemps
appelé barbier, barbier-chirurgien ou barbier-étuviste, quand il n'était pas posticheur. Les coiffeurs
ou, plutôt, les «coeffeurs »s'imposent surtout au XVIesiècle, lorsque certains d'entre eux se
spécialisent dans la coiffure pour dames. De nos jours, du moins lorsqu'il s'agit de coiffeurs
pour hommes, ils sont appelés familièrement merlans, pommadiers ou pommadins, quelquefois
tifmen et tiffiers. Cette familiarité n'exclut pas des termes plus recherchés commecapilliculteur
(ou capillicultrice), biocosméticien ou, mieux encore, thérapeute capillaire (lorsqu'il s'agit des
soins concernant le cuir chevelu). Quelques coiffeurs avaient tenté sans grand succès d'accli-
mater le terme de capillartiste (titre d'une revue professionnelle).
Les cheveux se prêtent à l'adjonction de qualificatifs nombreux et divers. Ils peuvent être
en broussaille (ou échevelés), longs dans le cou, plats et rares, épars, épais, fins et légers,
souples, brillants, raides, éclatants, frisés, bouclés, ondulés, frisottés, rebelles, fourchus,
cassants, poisseux, drus, hirsutes, ébouriffés ou en bataille. Ils passent par toutes les couleurs,
naturelles ou artificielles : ne sont-ils pas blonds, bruns, noirs, aile decorbeau, couleurdejais, châ-
tains, couleurdepaille, de chanvre, de lin, roux (les rouquins et Poildecarotte), gris, argentés, poivre
et sel, blancs et, éventuellement, rouges ou bleus, sinon violets ou verdâtres?Barbes et mous-
taches, selon leurs formes (très nombreuses) ou leur couleur, ont suscité également une
longue suite de qualificatifs évocateurs.
Il s'est enfin créé, à partir des cheveux, de la chevelure, de la barbe et des moustaches, des
locutions et expressions insérées dans la langue de tous les jours et le plus souvent fort
suggestives. En voici un certain nombre : s'arracher les cheveux, se faire des cheveux, saisir
l'occasion par les cheveux, faire dresser les cheveux sur la tête, avoir mal aux cheveux, il y a un
cheveu, venir comme un cheveu sur la soupe, à un cheveu près, couper les cheveux en quatre,
passer la main dans les cheveux, s'empoigner par les cheveux. Il est permis aussi de rire dans sa
barbe, sinon de dire «la barbe!» à son interlocuteur ou de faire la barbe à quelqu'un, quitte, il
est vrai, à s'esquiver à la barbe de ces importuns.
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chapitre I
U n art... vieux
c o m m e le m o n d e
Antiquité,
A .
Moyen Age, Renaissance
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L'Antiquité de la coiffure
laissent pousser leurs cheveux d'un seul côté, les graissent et les ramassent
en coques près de l'oreille. Les Apaches laissent tomber leurs cheveux
jusqu'au niveau des yeux. Les Creeks se rasent la tête - qu'ils peignent en
rouge -, àl'exception d'une longue mèche. Les Crows conservent une crête
médiane à laquelle ils attachent une parure de crin et des piquants de
porc-épic. Les Sioux tressent leur chevelure en deux ou trois nattes.
Les coiffures féminines traditionnelles, d'une diversité étonnante en
Afrique, marquent la distinction entre les ethnies : les coiffures targuie,
peule, bororo sont autant d'architectures complexes de tresses minuscules Le peigne est le plus ancien des outils de
coiffure. Celui-ci, encore rudimentaire,
tissées selon des recettes issues de la nuit des temps. Seules quelques peu- est en bois.
Peigne achanti, originaire d'Afrique de l'Ouest, Paris,
plades àtravers le monde semblent avoir échappé au despotisme des arts de musée des Arts africains et océaniens.
la coiffure : les Bochiman d'Afrique du Sud, aux cheveux crépus, serrés «en
grains depoivre », les Aïnous du nord duJapon, dont la chevelure, la barbe
et les moustaches constituent une toison vierge de tout soin capillaire, ou
encore les aborigènes australiens, les Pygmées africains et quelques tribus de
la forêt amazonienne (du moins au siècle dernier).
Lorsque, au milieu du XIXe siècle, les Français découvrent les îles
Marquises, les indigènes, ceuxqu'ils qualifient de «derniers sauvages », par-
tagent leurs cheveuxpar une raie médiane et les tordent encoques dechaque
côté du crâne, quand ils ne les nouent pas au sommet du crâne pour les
laisser s'épanouir en gerbe. Les femmes portent des chevelures noires et
brillantes, qui «ruissellent enflots sur leurs épaules »ou qu'elles relèvent en
épais chignons agrémentés de couronnes defeuillage ou defleurs. Hommes
et femmes ne dédaignent pas l'usage de lotions huileuses pour rendre leurs
chevelures plus «chatoyantes ».
Dans les sociétés qui paraissent avoir échappé à toute contamination
culturelle étrangère, la préoccupation capillaire semble obéir à des motifs
divers. Les Inuit se taillent les cheveux afin d'indiquer leur appartenance à
telle ou telle tribu; les Jivaros, réducteurs de têtes, prennent grand soin de
leur chevelure noire et lustrée, qu'ils coupent enfrange droite sur le front et
Rasoirplat datant de l'âge du bronze. Les
qu'ils laissent pousser dans ledosjusqu'à lataille ; ils rassemblent alors leurs premiers rasoirs doivent leur existence à la
cheveux en trois nattes, la plus longue rejetée en arrière et les deux plus découverte des métaux durspermettant un
tranchant aiguisé. Auparavant, les hommes
courtes ramenées sur chaque oreille. Les Indiens Camayuras (dans le centre de la préhistoire se rasaient sans doute avec
des couteaux en silex.
du Brésil) coupent leurs cheveux noirs et raides «au bol », quelques mèches Danemark,muséedeMolsgard.
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tombant sur les yeux et recouvrant le haut des oreilles. Ainsi, une certaine
diversité dans la coiffure, liée defaçon évidente àdes traditions et àdes rites
religieux, caractérise les populations dites «primitives ».
Dans les civilisations anciennes, la pilosité est considérée comme la
distinction principale entre l'homme et l'animal. Ce qu'il y a d'animal en
l'homme étant représenté par sa chevelure, sa barbe... Ainsi, se couper les
cheveux, se raser la barbe, c'est devenir plus humain, c'est un signe de civi-
lisation, commeen témoigne le soin accordé aux cheveux et àla barbe dans
les sociétés de l'Antiquité.
BARBESETPERRUQUESPHARAONIQUES
Letempssembles'être arrêté dansl'île Les premiers coiffeurs et coiffeuses de l'Egypte pharaonique apparaissent
d'Ombaï(Indonésie) où cetindigène sur quelques bas-reliefs ou fresques funéraires évoquant des scènes dela vie
arbore unecoiffure aussi étonnante que
savante! quotidienne. Certains d'entre eux se déplacent et opèrent en plein air, sous
ndraovnuéresier.eprésentantunnatureldel'îledO
IG ' mbaï,
un arbre à l'abri du soleil, d'autres sont attachés à de riches particuliers et
font alors partie de la domesticité. Ménafré, dont on aretrouvé le tombeau
au XIXesiècle, fut ainsi au service des premiers rois. Les coiffeurs disposent
de peignes, de rasoirs en bronze, de miroirs, de pots de cosmétiques,
d'huiles, d'onguents et de parfums, de boucles et de nattes postiches. Ils
peuvent soigner le cuir chevelu, lutter contre la calvitie deleurs clients, mas-
quer la canitie par l'emploi de teintures. La science de ces professionnels
s'étend aux sourcils et aux cils, àla barbe et auxmoustaches, qui sont rasées
ou épilées. Laprofession debarbier, évoquée dansla Satire desmétiers écrite
parle scribe Khétyvers 2000av.J.-C., estpeu lucrative et considérée comme
ingrate : «Le barbier rase jusqu'aux limites du soir, il se déplace dans son
secteur et va de rue en rue, cherchant qui raser. »
Sefaire couper les cheveux et se faire raser sont des usages très répandus
dans la société égyptienne, où l'on prend grand soin deson apparence exté-
rieure. Seuls les pauvres ou les étrangers montrent un visage négligé.
Dans l'Égypte despharaons, se raser était Cependant, un des attributs du pouvoir royal est précisément le port de
dictépar des impératifs hygiéniques,
esthétiques ou religieux. Les soins capillaires labarbe. Ainsi lepharaon semontre-t-il, lors des cérémonies officielles, avec
exigent même dans lesplus humbles villages
d'avoir recours au barbier, et on accepte
une barbe postiche, longue, étroite et légèrement recourbée, symbole de
d'attendre patiemment son tour.
F
puissance et de force virile. La reine Hatshepsout (XVIIIe dynastie) se fait
ouresxx,
quedynast
delatoiem beléd'eOdusirhat,
, val esNobledatant
s delaXIX' représenter avec une barbe afin d'affirmer que, bien que femme, elle était
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COMMENTAVOIRDEBEAUXCHEVEUX
DANSLÉ
' GYPTEDESPHARAONS
Les bas-reliefs et les peintures des tombeaux de l'ancienne Égypte nous montrent
un assez grand nombre de scènes de toilette, signe de l'importance qu'accordent
les Égyptiens à la propreté. Lafemmereprésentée (généralement uneprincesse ou
une noble) est assise sur une natte, entourée dejeunes esclaves, Syriennes rame-
nées des conquêtes asiatiques ou petites Noires enlevées en Nubie, qui peignent,
arrangent et parfument sa chevelure (une coiffure très soignée est un élément
essentiel de la toilette) ou la parent d'ornements divers. Lesservantes se livrent à
des soins longs et minutieux qui exigent patience, expérience et dextérité. Des
coffrets de toilette en bois précieux, enrichis d'incrustations d'ivoire ou de métal,
contiennent tout unattirail d'objets detoilette :pots à fards, pinces à épiler, miroirs
de bronze aux manches sculptés, flacons de parfums. Pour conserver de beaux
cheveux et favoriser leurpousse, les Égyptiennes utilisent diverses recettes dont un
certain nombre de papyrus nous ont livré les secrets. Voicil'une des plus connues
d'entre elles : faire frire soigneusement dans de l'huile un pied de lévrier, des
noyaux de datte et unsabot d'âne, et se servir ensuite du mélange sous forme de
frictions répétées. Mais ces prescriptions ne sont pas toujours suivies d'un effet
magique; il convientde masquerune tête plus oumoinschauvepar uneperruque.
Celle-ci devient, de toutes façons, un ornement qui s'impose dans la haute société
égyptienne et contribue à la beauté féminine selon des usages immémoriaux.
Cesfemmesportent surleur
perruque despetits cônesde
graisseparfumée qui,
enfondant, recouvriront
leurs cheveux desenteurs.
Scènedeharem,latoilette
desfemmes,fresquedelatombe i
-',i. deNakht,valéedesNobles.
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LenaifSamsonabandonnépendantson
sommeilauxciseauxperfidesdelabelle
Dalila,coifféeethabiléeàlamodedu
xvrsiècle.Ainsidépouilédesonopulente
chevelure,ilseretrouverasansforceface
àsesadversaires.
HaunséseB
m deroM
samoeurl(in1s5.06-1554),SamsonetDalia,
VARIANTESHÉBRAÏQUES
Le peuple juif a subi, entre l'Exode et son installation définitive en Canaan,
maintes influences étrangères, et son art de la coiffure manque d'originalité.
Pourtant, l'Ancien Testament est fort riche en références concernant les che-
veux et les barbes. Dans le Cantique des cantiques, la passion de l'amant se
déchaîne, violente et irrésistible, à l'évocation imagée des cheveux de
l'aimée, semblables à « un troupeau de chèvres à l'aube suspendues aux
flancs de la montagne de Galaad ». L'amante répond sur le même ton : «Sa
tête est de l'or pur, ses boucles sont comme des régimes de dattes, noires
comme le corbeau. »Elle ajoute : «Tatête se dresse comme le mont Carmel
et la chevelure de ta tête est comme la pourpre, un Roi suspendu à tes Decettegraminée, appelée «nard», est
tresses. » Les cheveux longs paraissent avoir eu une certaine vogue dans plus extrait unparfum desplus recherchéset des
chersdansl'Antiquité méditerranéenne.
PlanchebotaniquedeTurpin,débutduXX
I1siècle.
la Bible. Le prophète Habacuc est arraché de. terre par ses cheveux
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Commentnepasêtresensibleàlagrâce
espiègledecettejeuneCrétoise,surnommée,
dufait desonélégance,«laParisienne».
Seslonguesbouclesanglaisessontrejetéesen
arrièreavecdésinvoltureetsesyeuxsont
sForeusqliugendéistea«ulakPharôisiel.nne»(1700-1400av.J.-C.)
provenantdeCnossos,Irâklton,Muséearchéologl>(Ilftl.
Lemiroirtenaitunegrandeplacedansla
toiletedu' nefemmegrecque.Ilestaussiun
oM bjetd'aort,îte,gI\"r-V
acieuxetrichementdécoré.
muisréoeirdàubLouvre. siècleav./.-C.,Paris,
LE TONSORROMAIN,ARBITREDESÉLÉGANCES
C'est en fait un art déjà original et européanisé qui caractérise la société
romaine àpartir du IVesiècle av.J.-C. Les premiers barbiers formés dans la
Sicile grecque auraient été introduits àRomepar un certain Ticinius Menas
vers 350 av. J.-C. Par la suite, le tonsor entre dans la vie quotidienne des
Romains. Dans les quartiers populaires, il siège enplein air oudans quelque
taverne et se déplace d'un endroit à l'autre à la rencontre de ses clients. Il
exerce également parfois son art dans ce qu'on pourrait appeler un «salon
de coiffure », luxueusement aménagé. Ces tonstrinae sont des lieux de
rendez-vous élégants, que fréquente une jeunesse dorée avide de nouvelles
et depotins mondains, soucieuse d'être «au parfum »des nouvelles modes
capillaires. Le maître coiffeur officie, entouré d'aides moins expérimentés,
appelés circitores. Il doit aussi bien savoir couper les cheveux, raser ou tailler
les barbes, teindre les cheveux, épiler les poils disgracieux, soigner les mains
et les pieds. Untoilettage complet exige des heures depatience et d'habileté.
L'outillage apparaît fort divers : rasoir (novacula), ciseaux ou, du moins,
ce qui en tient lieu (forfex), peigne (pector), miroir (en métal poli), fer
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DELATRÈSHAUTEANTIQUITÉ
DURASOIR
' erasoirné'taitpasàol'rigineunfragmenttranchantdepieredurecommelo' b
L
sidienneoulesilex?Lespréhistorienssin' terogentetrestentévasifs.Dumonis,
commeÉ l'gyptepharaoniqueoulescivilsationsmésopoatmeinnes,laGrècehomé-
riqueconnaîtlerasoir.Danslessépulturesceltesetétrusques,lesarchéologuesont
découvertunnombreassezconsidérabledo'bjetsenbronze,enformededem-i
lune,avecunbordconvexecoupant,quil'sconsidèrentgénéralementcommedes
rasoirs.DanslaRomeantique,letonsorsesertdu'nrasoirappelénovacula,de
formecourbe,qui'lrangedansunétui,outheca.Commeilne'xistepasencorede
«cuirda'fûtage»nidecrèmeoudemouseàraser,lerasage,selonlespoètes
latins,estuneopérationlongue,délicate,queqluepeutraumatisante,etquiparfois
peutmêmeblesser.Ausirecourt-ondepréférenceàdessubstancesdépilatoires
ouàlapinceàépiler.Ilfaudraplusieurssièclespourquelerasoirdemétal
deveinnevram i entfonctionnel,masiquedeprogrèstechniquesréalisésdepuisle
«coupe-chou»denospèresetgrands-pèresjusqua'urasoirjetableàuneouplu-
sieursalmesouaurasoirélectrique,instrumentssufsiammentprécispourépou-
serdansleurcourselesplusnifm i esdéclivitésetaccidentsdeterrain,du'neetmpe
àla'utre!
Paralèlement,ilfautévoquerlestribulations
historiquesdesciseaux,instrumentsdecoifage,
dérivésdurasoir,appelésforfexetformésàol'rigine,
danslaRomeimpériale,dedeuxbranchesplusoumonis
coupantes,réuniesparunepartiecourbeenformedeferàcheval.
Le rasoir, sommaire au temps de l'âge du bronze, est devenu
plus pratique et plus élégant, comme en témoignent ces deux
modèles carthaginois aux formes gracieuses et au décor suggestif
Carthage, muséeLavigerie.
SOPHISTICATIONSFÉMININESÀROME
Abandonnant les coiffures simples et austères des grandes dames
delaRépubliquecommeLivieetOctavie,lesrichesRomaines,
àpartir du IIe siècle de notre ère, se laissent tenter par des
coiffures plus élaborées, influencées par la Grèce et l'Orient.
Parmileurs nombreuxdomestiques, très spécialisés dans leurs
tâches quotidiennes, setrouvent dejeunes esclavesquiseconsacrent
à la toilette matinale de leur maîtresse. Elles disposent d'un « outillage »de
fers à friser, de fioles de teintures ou d'onguents, de flacons de parfums,
depoudres diverses, depinces àépiler. Plaute, ironique, note qu'il
faut, pour «attifer »une femme de la tête aux pieds, un attirail
aussi important que pour équiper une galère à trois rangs de
rames. Les cinéraires font chauffer les fers, les calamistres
crêpent les boucles, lespsecades les parfument, les ornatrices
doivent épiler, appliquer une teinture noire sur les cils et le tour
des yeux, et surtout veiller àl'ordonnance des coiffures naturelles ou
desperruques;les catoptristes sebornent àtenir lesmiroirs, cequin'est
CoiffureraffinéeportéeparlesRomainesdu pas une mince affaire, car la matrone tient à suivre la bonne marche des
Iersiècleapr.J.-C., quisuscitel'ironie opérations. Cet essaim de coiffeuses, appelées aussi tonstrices, n'est pas
mordantedeJuvénal:«Qued'étages
superposés,quellessubstructuresdanscet à l'abri des piqûres d'épingles ou des coups violents donnés par une
édificedontelle[lafemme]chargeet
suursételèevnemsaarbtête.
B »(Satires, VI.) matrone en colère à cause d'une boucle mal ajustée. Ovide met en
muséeduCapriteo,leV .ibiaMatidia,90-100apr.J.-C.,Rome, garde les maîtresses qui injurient et maltraitent leurs esclaves : « Que la
coiffeuse n'ait rien à craindre de vous, s'écrie-t-il; je hais les femmes
qui leur déchirent la figure avec leurs ongles ou prennent une épingle à
cheveux et la lui enfoncent dans le bras. Elle [la coiffeuse] voue aux dieux
infernaux la tête de sa maîtresse, tête qu'elle tient entre ses mains; en même
temps, couverte de sang, elle laisse tomber ses larmes sur cette odieuse
chevelure. »
Dès le début de l'Empire, les matrones sont de moins en moins nom-
breuses à conserver des coiffures hautes, en forme de tours, dites tutuli. Il
semble que cesoit Messaline, femmedel'empereur Claude, qui ait introduit
à Rome, au Ier siècle apr. J.-C., des coiffures frisées plus élaborées qu'aux
siècles précédents. L'influence de la Grèce est en fait importante, et l'art
de la coiffure se développe en toute liberté dans la société aristocratique.
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