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Cours de génie électrique

Chapitre 2 : Le transformateur monophasé


L’énergie électrique n’étant pas directement stockable, il faut à tout instant adapter le niveau de production à la
demande et acheminer cette énergie des lieux de production vers les points de consommation qu’ils soient chez les
particuliers où vers les industriels ou activités tertiaires.

Pour pouvoir transporter l’électricité à distance en minimisant les pertes en ligne il faut réduire le courant en
élevant la tension. C’est le transformateur qui permet cette adaptation de niveau en régime alternatif.

I. Définition
Le transformateur est un convertisseur statique réversible qui convertit un signal alternatif en un autre signal
alternatif de même fréquence, mais de valeurs efficaces différentes.

Autrement dit le transformateur assure, avec un excellent rendement, un transfert d’énergie électrique par une
liaison magnétique entre deux réseaux électrique, afin de les isoler l’un de l’autre (isolation galvanique) et d’adapter les
tensions. Pour représenter un transformateur monophasé on utilise l’un des deux symboles suivants :

Notations:

 Primaire : indice 1 ou P
 Secondaire : indice 2 ou S
 Grandeurs à vide : indice 0 ou v
 Grandeurs nominales : indice n
 Grandeurs en court-circuit : indice cc.

II. Constitution et principe de fonctionnement


1. Constitution d’un transformateur monophasé
La figure ci-dessus illustre le schéma de principe d’un transformateur monophasé. Constitué principalement :

- D’un circuit magnétique constitué par un empilage de tôles minces et isolées entre elles par un vernis, il est donc
feuilleté, pour diminuer les pertes dues aux courants de Foucault. Il est formé d’un alliage limitant les pertes par
Hystérésis. Il permet de canaliser les lignes de champ magnétique.
- D’un bobinage primaire de N1 spires et un bobinage secondaire de N2 spires isolées entre elles par un vernis. Les
deux enroulements sont placés autour d’un noyau magnétique afin de diminuer les fuites magnétiques et
d’augmenter le champ. L’enroulement qui comporte le nombre de spires le plus élevé est l’enroulement haute
tension, il est constitué d’un fil plus fin que l’autre enroulement basse tension.

2. Principe de fonctionnement
Les transformateurs utilisent le phénomène d’induction électromagnétique. L’enroulement primaire est soumis à
une tension sinusoïdale. Il est donc traversé par un courant sinusoïdal et donne naissance à travers le circuit magnétique à
un flux sinusoïdal. Ce flux engendre alors une force électromotrice induite e1 dans l’enroulement primaire et e2 dans
l’enroulement secondaire. Au niveau des bornes du secondaire, apparaît alors une tension U2 sinusoïdale dont la fréquence
est la même que celle de la tension appliquée au primaire, mais dont l’amplitude est différente. Le comportement du
transformateur peut alors être appréhendé par le schéma reporté ci-dessous.

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On utilise la convention récepteur pour le primaire (le sens positif de U1 est pris en opposition avec celui de I1) et
générateur pour le secondaire (le sens positif de U2 est pris dans le même sens que celui de I2).

Les f.e.m e1 (t) et e2 (t) sont de sens opposé aux flux ϕ1(t) et ϕ2(t) d’après la loi de Faraday :
( )
 ( ) e1 et e2 : les f.e.m induites au primaire et au secondaire, en volts [V]

( ) ϕ1 et ϕ2 : les flux magnétiques au primaire et au secondaire, en webers [Wb]


 ( )

Les bornes marquées par un point • sont dites homologues. Ce sont des bornes telles qu’un courant entrant
corresponde à un flux positif, les tensions qui pointent vers ces points sont en phase.

Exercice 1 : Formule de Boucherot pour le transformateur

La tension sinusoïdale U1 (t), de pulsation ω crée à travers chaque spire, un flux ϕ (t), sinusoïdal de même
pulsation.

1- Déterminer le déphasage de ϕ (t) par rapport à U1 (t).


2- Donner l’expression instantanée du flux ϕ (t).

Sachant que la relation qui lie le flux au champ magnétique B [unité : Tesla T] s’écrit :

3- Montre que : U1 eff = 4,44 N1 f Bmax S

Avec : U1eff est la valeur efficace de la tension U1(t) appliqué au primaire ; f est la fréquence du réseau ; S est la
section droite du circuit magnétique en [m²] ; Bmax est la valeur maximale du champ magnétique en [T]

Remarque :
Le transformateur est une machine à flux forcé : alimenté par une tension efficace constante, il fournit au
secondaire une tension sinusoïdale de valeur efficace constante.

III. Le transformateur parfait


Un transformateur est dit parfait lorsqu’il ne présente aucune perte, c’est-à-dire la puissance fournie à la charge
égale à la puissance absorbée.

Les hypothèses du transformateur parfait, on néglige :

- les résistances des enroulements r1 et r2


- les inductances de fuite lf1 et lf2
- la réluctance du circuit magnétique

1. Le rapport de transformation « m »
Par définition, le rapport de transformation du transformateur m est le rapport entre le nombre de spires au
secondaire par rapport au nombre de spires au primaire, soit :

Appelons V1 la valeur efficace de V1 au primaire et V2 la valeur efficace de V2 au secondaire alors :

 Si m > 1 alors V1 < V2 le transformateur est dit élévateur de tension


 Si m < 1 alors V1 > V2 le transformateur est dit abaisseur de tension
 Si m = 1 alors V1 = V2 le transformateur est dit d’isolement.

2. Le modèle du transformateur parfait


Un transformateur parfait est alimenté au primaire par une
tension sinusoïdale V1(t). Il alimente une charge, telle que le courant
i2(t) présente un déphasage d’un angle φ2 avec la tension V2(t).

La valeur de l’intensité efficace du courant I2 dépend de la


charge appliquée au secondaire, il en est de même pour le facteur de
puissance cos φ2. Ces deux grandeurs imposent la valeur de l’intensité

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efficace du courant I1 appelé au primaire, ainsi que le facteur de puissance du primaire, sachant que φ1 = φ2.

3. Le bilan des puissances


- Les puissances absorbées au primaire : ; ;
- Les puissances restituées au secondaire : ; ;
- Le transformateur parfait ne subit aucune perte donc : ; ;
- Le rendement :

IV. Le transformateur réel


1. Schéma électrique équivalent à vide
Le transformateur monophasé réel est équivalent à vide (i2=0) à une
bobine à noyau ferromagnétique et peut donc se modéliser par le schéma électrique
ci-contre :

Détermination de Rfer et Lm : on mesure V1, I10 et P10


En négligeant l’influence la chute de tension aux bornes de lf1 et r1. On a :

et avec √ et

- Il apparaît au secondaire du transformateur une tension V20 telle que : m =


- En réalité, le courant i10 n’est pas sinusoïdal (circuit magnétique non linéaire).

2. Schéma électrique équivalent en charge

On applique le Théorème d’Ampère :


- A vide: 0 N1 i10
- En charge: ch N1 i1 N2 i2
Or : 0ch car le flux est forcé par la valeur efficace de V1 : V1 E1 4, 44 N1f̂ (Formule de Boucherot)
D’où : N1 i10  N1 i1 N2 i2  N1 i1 N1 i10  N2 i2 Soit i1 i10mi2
Le courant m i2 correspond au courant appelé au primaire par un transformateur parfait débitant au secondaire
un courant i2.
On en déduit le schéma équivalent du transformateur réel:

Avec :

- r1 et r2 : les résistances des enroulements primaire et secondaire, modélisent les pertes joules
- lf1 et lf2 : les inductances de fuite des enroulements primaire et secondaire, modélisent les fuites magnétiques.
- Rf : la résistance modélisant les pertes dans le fer (pertes par hystérésis et pertes par courant de Foucault).
- Lm : l’inductance magnétisante.

Remarques :
Les pertes magnétiques, appelées aussi pertes dans le fer. Ce sont les pertes dues pertes par hystérésis et par
courants de Foucault. Ces pertes ne dépendent que de la valeur efficace et la fréquence de la tension appliquée au primaire.

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La limitation des pertes par hystérésis se fait par l’utilisation d’un matériau plus résistif, généralement le Fer avec
addition de Silicium.

La réduction des pertes par courant de Foucault se fait par l’utilisation d’un circuit magnétique composé de tôles
feuilleté.

3. Modèle de Kapp
L’approximation de Kapp consiste à négliger le courant
i10 devant i1 lorsque le transformateur fonctionne en charge. Vu
du secondaire, le transformateur est alors équivalent à une f.e.m.
Es en série avec une impédance Zs :
Avec : Es mV1 V20 et Zs R sjXs

La résistance ramenée au secondaire: Rs m r1 r2


2
-

La réactance ramenée au secondaire : Xs  l2f  m l1f 


2
-

Exercice 2 :

Toujours dans l’approximation de Kapp, montrer que : Rs m r1 r2 et Xs  l2f  m l1f 
2 2

Remarques :

- Les grandeurs du primaire sont multipliées par m² lorsqu’elles sont ramenées au secondaire.
- Les grandeurs du secondaire sont divisées par m² lorsqu’elles sont rapportées au primaire.

3.1 Détermination des éléments du modèle de Kapp [ RS et Xs]


- Essai à vide (I2=0) sous tension primaire nominale: On mesure V1 et V20=Es, on en déduit m =
- Essai en court-circuit (V2=0) sous tension primaire réduite pour obtenir I2cc=I2N : On mesure V1cc, I2cc ou I1cc et P1c
on en déduit .
- L’essai en court-circuit étant réalisé sous tension primaire réduite (V1cc représente 5 à 10% de V1N), les pertes fer
sont très faibles (le flux est forcé par V1) et peuvent être négligées en première approximation :

. On en déduit : et √ .
- Essai en continu, méthode voltampère-métrique : On peut accéder à en mesurant directement r1 et r2 en continu (il
n’y a plus de f.e.m. induite en continu et le transformateur est équivalent à r1 coté primaire et r2 coté secondaire).

3.2 Exploitation du modèle de Kapp


Un des objectifs de la modélisation du transformateur est de prédire la chute de tension en charge : V 2 V 20 V 2
Exercice 3 : Méthode graphique pour la détermination de la chute de tension V2

A partir du modèle de Kapp :

1- Ecrire la loi des mailles.


2- Tracer le diagramme de Kapp (Fresnel).
 Méthode générale pour la détermination de la chute de tension V2
- A partir de l’impédance de la charge Zc Rc jXc, on détermine la valeur efficace du courant I2 et :

√( ) ( )

- Les paramètres Rs et Xs étant connus. On détermine ensuite graphiquement (diagramme de Fresnel) ou à l’aide de la
formule approchée la chute de tension au secondaire :

Remarque :
La chute de tension « relative » est une grandeur qui figure sur la plaque signalétique de certains transformateurs
monophasés. Elle est exprimée en % de la tension secondaire et s’écrit :

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4. Le bilan des puissances et rendement


Les essais suivants permettent de mesurer le rendement du transformateur monophasé :

- En utilisant la méthode directe :

- En utilisant la méthode indirecte :


u

 Essai à vide : Il permet de mesurer les pertes fer


Les pertes fer sont localisées dans les tôles qui constituent le circuit magnétique. On les considèrera constantes car
seules les variations de la tension primaire ou de la fréquence peuvent agir sur la valeur des Pfer :

(Car )

 Essai en court-circuit à I2CC = I2N : Il permet d’effectuer un mesurage direct très précis des
pertes joules dissipées dans les enroulements du transformateur.

V. La plaque signalétique d’un transformateur monophasé


Sur un transformateur on trouve toujours une plaque, dite plaque signalétique sur laquelle apparaissent les
indications suivantes : SN U1N U20 f
Exemple : 600 VA 220 V 24 V 50 Hz
Ces indications permettent de déterminer :
 Le rapport de transformation : m = U20 / U1N
(0,109) transformateur abaisseur.
 L’intensité efficace du courant nominal au primaire : I1N = SN / U1N
(2,73 A).
 L’intensité efficace du courant nominal au secondaire : I2N = SN / U20
(25 A).

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